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HUMA Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le jeudi 20 mars 2003




¹ 1520
V         La présidente (Mme Judi Longfield (Whitby—Ajax, Lib.))
V         Mme Jean Rasmussen (directrice, Alphabétisation familiale, «British Columbia Literacy»)
V         La présidente

¹ 1525
V         Mme Elaine Cairns (vice-présidente, «Alberta Literacy»)
V         La présidente

¹ 1530
V         Mme Cate Sills (directrice exécutive, «NorthWest Territories Literacy Council»)

¹ 1535
V         La présidente
V         Mme Marg Rose (directrice exécutive, «Literacy Partners of Manitoba»)

¹ 1540
V         La présidente
V         Mme Monique Guay (Laurentides, BQ)
V         Mme Marg Rose

¹ 1545
V         Mme Elaine Cairns
V         Mme Monique Guay
V         Mme Jean Rasmussen

¹ 1550
V         Mme Marg Rose
V         Mme Monique Guay
V         La présidente
V         Mme Monique Guay
V         La présidente
V         Mme Monique Guay
V         La présidente
V         Mme Monique Guay
V         La présidente
V         M. Gurbax Malhi (Bramalea—Gore—Malton—Springdale, Lib.)
V         Mme Jean Rasmussen
V         M. Gurbax Malhi
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Elaine Cairns
V         Mme Cate Sills
V         Mme Marg Rose

¹ 1555
V         M. Gurbax Malhi
V         Mme Cate Sills
V         Mme Marg Rose
V         M. Gurbax Malhi
V         Mme Elaine Cairns
V         Mme Marg Rose
V         Mme Cate Sills
V         La présidente
V         M. Peter Goldring (Edmonton-Centre-Est, Alliance canadienne)

º 1600
V         Mme Jean Rasmussen
V         M. Peter Goldring
V         Mme Jean Rasmussen
V         M. Peter Goldring
V         Mme Marg Rose
V         M. Peter Goldring
V         Mme Marg Rose
V         M. Peter Goldring
V         Mme Marg Rose
V         Mme Elaine Cairns
V         M. Peter Goldring
V         La présidente
V         Mme Jean Rasmussen

º 1605
V         M. Peter Goldring
V         Mme Jean Rasmussen
V         M. Peter Goldring
V         Mme Jean Rasmussen
V         M. Peter Goldring
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Marg Rose
V         La présidente
V         Mme Marg Rose
V         La présidente
V         M. John Finlay (Oxford, Lib.)

º 1610
V         Mme Marg Rose
V         Mme Cate Sills
V         Mme Marg Rose
V         Mme Elaine Cairns
V         Mme Jean Rasmussen
V         M. John Finlay

º 1615
V         Mme Elaine Cairns
V         M. John Finlay
V         Mme Elaine Cairns
V         M. John Finlay
V         Mme Marg Rose
V         Mme Cate Sills
V         M. John Finlay
V         Mme Cate Sills
V         M. John Finlay
V         Mme Cate Sills
V         M. John Finlay
V         Mme Cate Sills
V         La présidente
V         Mme Libby Davies (Vancouver-Est, NPD)

º 1620
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Libby Davies
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Libby Davies
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Libby Davies
V         Mme Jean Rasmussen

º 1625
V         Mme Libby Davies
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Marg Rose
V         Mme Libby Davies
V         Mme Marg Rose
V         Mme Libby Davies
V         Mme Marg Rose
V         Mme Cate Sills

º 1630
V         La présidente
V         Mme Libby Davies
V         La présidente
V         Mme Libby Davies
V         La présidente
V         M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.)
V         Mme Cate Sills
V         M. Raymond Simard
V         Mme Elaine Cairns
V         M. Raymond Simard
V         Mme Elaine Cairns
V         M. Raymond Simard

º 1635
V         Mme Marg Rose
V         Mme Cate Sills
V         M. Raymond Simard
V         Mme Marg Rose
V         M. Raymond Simard
V         Mme Jean Rasmussen
V         La présidente
V         M. Peter Goldring
V         Mme Marg Rose

º 1640
V         M. Peter Goldring
V         Mme Marg Rose
V         M. Peter Goldring
V         Mme Marg Rose
V         M. Peter Goldring
V         Mme Marg Rose
V         M. Peter Goldring
V         Mme Marg Rose
V         M. Peter Goldring
V         Mme Marg Rose
V         M. Peter Goldring
V         Mme Marg Rose
V         M. Peter Goldring

º 1645
V         Mme Jean Rasmussen
V         M. Peter Goldring
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Marg Rose
V         M. Peter Goldring
V         La présidente
V         M. Eugène Bellemare (Ottawa—Orléans, Lib.)
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Cate Sills

º 1650
V         Mme Elaine Cairns
V         Mme Marg Rose
V         M. Eugène Bellemare
V         Mme Marg Rose
V         Mme Libby Davies
V         Mme Elaine Cairns
V         Mme Marg Rose
V         Mme Libby Davies
V         Mme Marg Rose
V         Mme Libby Davies
V         Mme Cate Sills
V         Mme Libby Davies
V         Mme Cate Sills
V         Mme Marg Rose

º 1655
V         Mme Libby Davies
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Libby Davies
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Libby Davies
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Libby Davies
V         Mme Jean Rasmussen
V         La présidente
V         M. Raymond Simard
V         Mme Marg Rose
V         Mme Elaine Cairns
V         Mme Jean Rasmussen

» 1700
V         Mme Marg Rose
V         M. Raymond Simard
V         La présidente
V         Mme Marg Rose
V         La présidente
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Marg Rose
V         La présidente
V         Mme Marg Rose
V         Mme Cate Sills
V         Mme Elaine Cairns
V         La présidente
V         Mme Jean Rasmussen
V         La présidente
V         Mme Jean Rasmussen
V         Mme Marg Rose
V         La présidente










CANADA

Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées


NUMÉRO 018 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le jeudi 20 mars 2003

[Enregistrement électronique]

¹  +(1520)  

[Traduction]

+

    La présidente (Mme Judi Longfield (Whitby—Ajax, Lib.)): Je déclare ouverte la  réunion du Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées.

    Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous poursuivons notre étude sur l'alphabétisation. Nous recevons aujourd'hui des représentants de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, des Territoires du Nord-Ouest et du Manitoba.

    J'invite Mme Jean Rasmussen, directrice de Alphabétisation familiale pour l'organisme British Columbia Literacy, à prendre la parole. Cependant, j'aimerais également présenter nos autres témoins avant qu'elle commence.

    Nous accueillons Mme Elaine Cairns, vice-présidente de l'organisme Alberta Literacy, Mme Kate Sills, directrice exécutive de Northwest Territories Literacy Council, et Mme Marg Rose, directrice exécutive de Literacy Partners of Manitoba.

    Je vous souhaite la bienvenue au nom du comité.

    Chacun de vous disposera de cinq minutes pour présenter son exposé, qui sera suivi d'une période de questions.

    Jean, vous avez la parole.

+-

    Mme Jean Rasmussen (directrice, Alphabétisation familiale, «British Columbia Literacy»): Merci d'avoir précisé que j'ai cinq minutes, parce que je me suis chronométrée.

    Des voix: Oh, oh!

    Mme Jean Rasmussen: Madame la présidente, messieurs et mesdames les membres du comité permanent et chers collègues, j'aimerais tout d'abord remercier, au nom du personnel de Literacy B.C. et de sa directrice exécutive, Linda Mitchell, DRHC de nous avoir donné l'occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Je remercie également le Secrétariat national à l'alphabétisation de fournir à des coalitions comme la nôtre les ressources et les conseils dont nous avons besoin pour remplir notre mandat.

    British Columbia Literacy est l'organisation provinciale chargée de promouvoir et de faciliter l'élaboration et la coordination des activités d'alphabétisation en Colombie-Britannique. Notre organisation a pour mission centrale de susciter de vastes partenariats sectoriels, de renforcer les capacités communautaires et d'intégrer des activités d'alphabétisation et d'apprentissage dans tous les secteurs et à tous les niveaux du gouvernement.

    Tout comme mes collègues, je suis venue ici aujourd'hui pour vous décrire certaines de nos réalisations et pour suggérer des moyens de progresser dans ce dossier très important. Un très grand nombre d'intervenants sont plus décidés que jamais à susciter le changement nécessaire pour assurer l'alphabétisation de tous les citoyens de notre pays et pour en faire des gens qui seront équipés pour l'avenir et capables de continuer à apprendre toute leur vie durant.

    Pour réaliser cet objectif, il nous faut une direction nationale, une vision et une stratégie claires ainsi qu'un plan d'action défini avec la collaboration des nombreux groupes directement intéressés par cette question, y compris tous les paliers de gouvernement, les associations d'alphabétisation, les entreprises et l'ensemble de la société. Votre comité peut jouer un rôle capital à cet égard en aidant le gouvernement fédéral à définir ce plan d'action. Toute stratégie pancanadienne doit reposer sur des données d'études probantes et miser sur l'expertise, les structures et les partenariats qui existent déjà.

    Grâce à l'aide généreuse des gouvernements fédéral et provincial, la Colombie-Britannique a pu mettre en place les conditions préalables qui en feront un véritable ban d'essai et permettront de lancer des projets pilotes novateurs inspirées de données empiriques solides.

    Voici comment les choses se passent dans notre province. Grâce au programme de subventions communautaires, financé à la fois par le gouvernement fédéral et la province, nous avons pu financer des programmes et renforcer les capacités locales par l'entremise d'un réseau provincial de coordonnateurs régionaux de l'alphabétisation.

    En 2000, nous avons mené une consultation d'envergure provinciale sur l'alphabétisation et l'apprentissage auprès de tous les secteurs et des groupes intéressés. À l'issue de cette consultation qui a duré un an, 20 recommandations ont été formulées; elles serviront d'amorces de discussions et contribueront à la mise au point d'un plan stratégique pluriannuel d'alphabétisation et d'apprentissage en Colombie-Britannique.

    Nous avons mis à l'essai des projets comme celui du Centre d'éducation familiale Canucks à Vancouver; il s'agit d'un projet pilote d'alphabétisation et d'apprentissage en milieu familial, fondé sur une approche globale en quatre volets; notre projet auprès des jeunes en difficulté a également été une réussite. Nous avons piloté avec succès dans différentes régions dont Upper Skeena, Lillooet et Fraser River Canyon, des projets d'apprentissage communautaire dont l'alphabétisation était une priorité reconnue.

    Nous avons également réussi à convaincre la Chambre de commerce de la Colombie-Britannique qu'il fallait instaurer un programme de formation de base. Nous avons intéressé les milieux d'affaires aux activités d'alphabétisation familiale, si bien qu'ils nous ont donné des ressources et des services en nature, d'une valeur de 500 000 $ au cours des quatre dernières années.

    Au cours de nos ateliers d'été, nous avons formé des milliers d'intervenants en alphabétisation dans divers domaines, notamment l'alphabétisation en milieu de travail et en milieu familial et la formation des tuteurs bénévoles.

    Nous sommes maintenant prêts à passer à l'étape suivante en instaurant des projets d'apprentissage communautaire qui pourraient servir un double objectif. Premièrement, réaliser les objectifs du gouvernement fédéral en matière d'apprentissage et de compétence, au moyen d'une approche horizontale comportant une collaboration avec DRHC, Industrie Canada, Santé Canada et AINC pour la mise sur pied de projets communautaires d'apprentissage. Ces activités se traduiraient par une collaboration entre les communautés autochtones et non autochtones sur le plan de l'apprentissage. De plus, ces projets illustreraient le rôle de l'alphabétisation familiale dans la mise en valeur du capital social et humain.

    Le deuxième objectif consisterait à appuyer la candidature de Vancouver pour les Jeux olympiques, en proposant une décennie d'alphabétisation et d'apprentissage. Cette idée s'inspire de projets comme celui des aptitudes de base de Birmingham aux États-Unis, qui ont été couronnées de succès. À Birmingham, on a lancé un projet de mobilisation de la ville entière afin d'améliorer sur une période de 10 ans la capacité de lire et de compter de personnes de tous les niveaux, secteurs, cultures et âges. On en est actuellement à la septième année et les résultats du projet dépassent les attentes.

    En nous inspirant de telles réussites, nous pourrions au Canada élaborer un accord national sur l'alphabétisation et les compétences essentielles. Nous pourrions augmenter nos capacités d'alphabétisation et d'apprentissage en accordant plus de ressources au Secrétariat national à l'alphabétisation et aux organisations provinciales d'alphabétisation et en accordant un financement de base stable pour le programme. La demande de services de soutien et l'élaboration de programmes, particulièrement dans le domaine de l'alphabétisation familiale, excèdent les ressources dont nous disposons actuellement. Nous pourrions également subventionner les communautés d'apprentissage, projet communautaire qui favorise le développement et la prospérité socio-économiques. Enfin, nous pourrions investir dans nos gens et dans nos collectivités comme ils le souhaitent. L'alphabétisation et l'apprentissage sont les pierres d'assise de cet investissement.

    Merci.

+-

    La présidente: Merci, madame Rasmussen.

    Elaine Cairns, de l'organisme Alberta Literacy.

¹  +-(1525)  

+-

    Mme Elaine Cairns (vice-présidente, «Alberta Literacy»): Madame la présidente, je suis heureuse de comparaître devant le comité. Je m'appelle Elaine Cairns et je suis vice-présidente de Literacy Alberta, à titre bénévole. Des milliers de Canadiens et Canadiennes oeuvrent bénévolement dans le domaine de l'alphabétisation. Je suis également la coadministratrice de la Further Education Society of Alberta, organisme sans but lucratif qui a pour but d'offrir des activités d'apprentissage aux personnes qui doivent surmonter plusieurs obstacles.

    Imaginez un Canada où tout le monde lirait. Imaginez un Canada où tout le monde écrirait. Imaginez un Canada où tous les enfants se feraient lire des histoires tous les jours. Imaginez un Canada où les gens qui ont du mal à lire et à écrire se sentiraient valorisés et appuyés. Imaginez un Canada où l'on s'exprimait dans un langage clair.

    Imaginez un Canada où les organisations d'alphabétisation auraient les ressources nécessaires pour répondre aux besoins. Imaginez un Canada qui appuierait et valoriserait l'alphabétisation sous toutes ses formes. Imaginez une stratégie d'alphabétisation pancanadienne qui nous permettrait de réaliser tous ces souhaits. Voilà ce dont nous rêvons pour notre pays, et votre comité peut jouer un rôle déterminant afin de nous aider à réaliser ce rêve.

    Dans notre province, Literacy Alberta est le maître d'oeuvre de la promotion de l'alphabétisation. Elle aide les organisations dans ce secteur à accroître les ressources communautaires de manière à pouvoir répondre aux besoins d'alphabétisation. Ainsi, il y a 74 programmes de tuteurs bénévoles dans 80 collectivités en Alberta. De plus, Literacy Alberta aide les personnes analphabètes à surmonter cet obstacle et à se sentir valorisées et respectées.

    À titre d'exemple, notre projet BLAST enseigne à ces personnes à parler en public. J'ai eu l'occasion de les entendre lors de notre dernière conférence provinciale, et j'aimerais que ce soit ces personnes qui vous parlent aujourd'hui parce qu'elles sont extraordinaires.

    Lorsque quelqu'un a une idée pour répondre à un besoin d'alphabétisation, nous l'explorons, en débattons et la perfectionnons jusqu'à ce que le projet soit bien défini et prêt à être lancé. Cela se fait dans le cadre du partenariat fédéral-provincial en matière d'alphabétisation, avec l'aide de spécialistes de la province et du gouvernement fédéral et parfois également avec un certain financement de ces deux ordres de gouvernement.

    Je peux vous décrire mon expérience personnelle parce qu'en 1994, ma partenaire Laureen MacKenzie et moi-même avons eu une idée que nous avons proposée aux responsables de ce partenariat fédéral-provincial. Nous avons obtenu une petite subvention qui nous a permis d'approfondir et de perfectionner notre idée et c'est ainsi que Literacy and Parenting Skills a vu le jour. Il s'agit d'un programme d'alphabétisation en milieu familial qui aide les participants à apprendre à lire tout en rehaussant leurs aptitudes parentales. Notre programme est maintenant connu à l'échelle nationale et on l'a adapté pour différentes clientèles: Premières nations, francophones, parents presque analphabètes dont l'anglais est la langue seconde.

    Nous avons pu lancer ce projet grâce aux ressources gouvernementales qui nous ont aidés à perfectionner notre idée. Il en va de même de beaucoup d'autres projets. Grâce à l'excellent travail du Secrétariat national à l'alphabétisation, nous pouvons donner aux parents les moyens d'aider leurs enfants à lire et à écrire, aider les organismes à rédiger leurs documents en langage clair ou encourager les intervenants en alphabétisation à cerner les méthodes d'enseignement les plus efficaces.

    Tous ces projets ont pu voir le jour et se poursuivre dans nos communautés grâce au financement du Secrétariat national à l'alphabétisation. Le Secrétariat a réalisé de grandes choses avec un budget de 28 millions de dollars, ce qui revient à moins de un dollar par personne au Canada. On pourrait cependant faire beaucoup plus en traçant une stratégie d'alphabétisation pancanadienne qui favoriserait les partenariats intersectoriels de manière à ce qu'on examine tout ce qui se fait sous l'angle de l'alphabétisation. En élargissant le mandat du Secrétariat, on permettrait à des programmes efficaces de prendre de l'expansion partout au pays, ce qui est impossible actuellement parce qu'on doit financer les projets novateurs de courte durée.

    Nos activités portent fruit et elles suscitent l'intérêt non seulement des milieux oeuvrant dans le domaine de l'alphabétisation mais également dans les milieux de la santé, de la garde d'enfants ou de la justice. Malheureusement, nous n'avons pas toujours le financement à long terme nécessaire pour soutenir d'excellents projets, si bien que certains disparaissent faute d'argent.

    Le Secrétariat pourrait prendre l'initiative d'établir des partenariats intersectoriels, avec la collaboration des gouvernements provinciaux qui ont déjà commencé à mettre sur pied de tels partenariats. Par exemple, la stratégie d'alphabétisation parent-enfant de l'organisme Alberta Learning rassemble des ressources de divers ministères pour encourager et mettre au point des projets d'alphabétisation familiale dans notre province.

    S'il disposait de plus de ressources, le Secrétariat pourrait également seconder les coalitions d'alphabétisation qui sont actuellement sous-financées et doivent passer leur temps à chercher de l'argent pour pouvoir faire cet important travail. Les intervenants en alphabétisation ont le savoir-faire nécessaire pour développer les capacités à l'échelle communautaire. Nous savons comment établir des partenariats, collaborer, élaborer des projets et obtenir des résultats dans le domaine de l'alphabétisation. Nous avons besoin de votre aide pour pouvoir en faire davantage.

    En terminant, je vous rappelle que savoir lire est la première compétence essentielle, grâce à laquelle tout devient possible.

    Merci.

+-

    La présidente: Merci, madame Cairns.

    Nous allons ensuite entendre Cate Sills, du Northwest Territories Literacy Council.

    Bienvenue, Cate.

¹  +-(1530)  

+-

    Mme Cate Sills (directrice exécutive, «NorthWest Territories Literacy Council»): Merci.

    Mesdames et messieurs les membres du comité, je m'appelle Cate Sills et je suis directrice exécutive du Northwest Territories Literacy Council. Nous sommes une organisation sans but lucratif dont le mandat est de promouvoir et d'appuyer l'alphabétisation dans toutes les langues officielles dans les Territoires du Nord-Ouest.

    Pour beaucoup de Canadiens, les Territoires du Nord-Ouest semblent une immensité vide. En fait, il y a 42 000 habitants dans notre territoire, dont environ la moitié sont des Autochtones. Nous avons 11 langues officielles: l'anglais, le français et neuf langues autochtones et inuites. Nous avons une activité économique importante, notamment dans les secteurs minier, pétrolier et gazier.

    Nous sommes riches sur le plan des ressources et de la culture, mais en même temps les Territoires du Nord-Ouest ont l'un des plus faibles taux d'alphabétisation au pays. Parmi nos résidents autochtones, 50 p. 100 ne sont pas suffisamment alphabétisés pour répondre aux exigences complexes du monde d'aujourd'hui. Au Canada, c'est inacceptable.

    Puisque vous travaillez à une vision nationale renouvelée en matière d'alphabétisation, je suis heureuse de pouvoir vous présenter un point de vue du Nord sur la question—un point de vue souvent absent dans nos écrits nationaux. Je suis aussi heureuse de vous mettre au défi d'appliquer à l'échelle nationale certaines des leçons que nous avons apprises.

    Comme les autres Canadiens peu alphabétisés, les gens du Nord qui ont des compétences limitées dans ce domaine se heurtent à de nombreux défis. Ils ont du mal à trouver des emplois dans une économie reposant sur l'information et la technologie. Ils ont du mal à aider leurs enfants à s'alphabétiser. Ils ont du mal à être des participants actifs à la prise de décision dans leur communauté.

    Mais il y a aussi d'autres défis en matière d'alphabétisation qui sont particuliers au Nord. Il y a la difficulté d'atteindre des gens dans des régions reculées; d'appuyer une démarche multilingue et multiculturelle en matière d'alphabétisation; et de reconstruire une solide identité autochtone en veillant à ce que la langue, la culture et la connaissance autochtones conservent une place égale dans notre société à l'avenir.

    Avec l'appui du Secrétariat national à l'alphabétisation et du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, nous nous sommes attaqués à ces défis. Nous avons adopté un modèle qui appuie la mise en place de nouveaux partenariats et renforce les capacités de la communauté à partir de la base. Nous pensons qu'au lieu d'agir à la place des gens, il est beaucoup plus efficace de leur donner la capacité ou les compétences dont ils ont besoin pour accomplir quelque chose pour eux-mêmes.

    À titre d'exemple, je vous parlerai d'un programme que nous avons mis au point et qui s'intitule «Tools For Community Building». Avec ce programme, nous aidons les communautés à définir, planifier, appliquer et soutenir leurs propres programmes d'alphabétisation dans le cadre de partenariats communautaires locaux.

    Grâce à ce programme, Holman, une petite communauté inuite de la côte Arctique, a pu élaborer son propre plan global d'alphabétisation familiale au niveau communautaire en organisant des partenariats avec l'école locale, la garderie, le programme linguistique et culturel, les aînés et les parents. Le résultat a été tout un éventail de programmes qui appuient des activités culturelles et des activités d'alphabétisation en anglais et en langue inuinnaktune, c'est-à-dire qu'on a atteint le double objectif d'un appui à l'alphabétisation par la langue et d'une revitalisation de la culture.

    Dans les Territoires du Nord-Ouest, nous avons aussi réussi à reconnaître que l'alphabétisation n'était pas une question unidimensionnelle. Pour faire correctement notre travail, nous devons miser sur nos ressources et trouver des moyens d'intégrer l'alphabétisation aux programmes et services gouvernementaux existants ou nouveaux.

    Nous avons par exemple travaillé avec le gouvernement territorial pour faire de l'alphabétisation familiale un élément essentiel du programme national pour les enfants aux Territoires du Nord-Ouest. Cela nous a permis d'avoir une aide pour former aux méthodes d'alphabétisation familiale plus de 150 praticiens des programmes d'aide aux familles, d'alphabétisation pour les adultes, du programme d'aide préscolaire aux Autochtones et des écoles. Cela nous avait aussi permis d'appuyer des projets pilotes d'alphabétisation familiale et de réaliser des ressources d'alphabétisation pour les parents. L'alphabétisation familiale est ainsi devenue partie intégrante de bon nombre de programmes d'aide à la petite enfance et à la famille aux Territoires du Nord-Ouest.

    J'encourage le comité à réfléchir aux idées qui ont conduit à ces succès et je passe maintenant à la partie suivante de mon exposé, pour proposer au comité certaines recommandations d'action. Chacune des recommandations que je vais vous présenter peut s'appliquer au niveau fédéral et contribuer à l'élaboration d'une stratégie pancanadienne sérieuse en matière d'alphabétisation.

    La première recommandation concerne la nécessité d'appuyer une infrastructure permettant de développer la capacité et les partenariats communautaires et respectant la diversité et la culture. Ce principe doit être la pierre angulaire de tout plan national d'action sur l'alphabétisation. Une bonne partie des solutions aux défis de l'alphabétisation doivent être trouvées au niveau communautaire. C'est pourquoi le gouvernement fédéral doit jouer un rôle et renforcer la capacité communautaire en soutenant l'infrastructure d'alphabétisation, en encourageant la recherche et en appuyant les partenariats.

    L'un des moyens d'y parvenir serait d'augmenter le financement et d'élargir le mandat du Secrétariat national à l'alphabétisation pour profiter de ses excellentes réalisations. Grâce à ses divers canaux de financement, le Secrétariat soutient une infrastructure nationale qui crée et renforce à son tour la capacité communautaire. Malheureusement, le Secrétariat est limité par un budget de seulement 28 millions de dollars par an, c'est moins que le budget d'un seul collège au Canada.

    La seconde recommandation porte sur la nécessité d'intégrer l'alphabétisation aux programmes et politiques fédéraux existants. Cette intégration permettrait de promouvoir une démarche pluridimensionnelle d'appui à l'alphabétisation au niveau communautaire.

¹  +-(1535)  

    Le comité devrait recommander que les politiques et les ministères fédéraux clés soient revus dans l'optique de l'alphabétisation. Ce que je veux dire, c'est que tous les ministères, les programmes et les politiques fédéraux devraient être remaniés de façon à appuyer l'alphabétisation. On pourrait élargir le budget et le mandat du Secrétariat pour qu'il pilote cette initiative. Par exemple, l'alphabétisation familiale ne faisait pas explicitement partie des objectifs du plan d'action national pour les enfants, alors qu'elle aurait pu. C'est un bon exemple de l'aide qu'on pourrait apporter à l'alphabétisation au sein des programmes fédéraux clés en dehors du Secrétariat national à l'alphabétisation.

    La troisième recommandation concerne la nécessité d'avoir un leadership, une vision et un soutien soutenus. C'est le bon moment pour élaborer un accord ou une entente intergouvernementale sur l'alphabétisation. Cet accord devrait établir des priorités, normes et protocoles pancanadiens en vue de nouveaux investissements fédéraux; et des mesures de reddition de comptes sur ces investissements. Le moment est aussi opportun pour élaborer une stratégie d'alphabétisation autochtone en partenariat avec les communautés autochtones et inuites. Cette stratégie pourrait activement appuyer la revitalisation linguistique et culturelle en tant que partie intégrante de l'alphabétisation autochtone.

    Pour conclure, dans cet exposé, je n'ai pu qu'esquisser les mesures indispensables pour faire avancer l'alphabétisation au Canada. Toutefois, le Movement for Canadian literacy a fait un énorme travail d'élaboration de priorités essentielles pour tout le secteur de l'alphabétisation. J'encourage le comité à examiner ces recommandations pour le gouvernement fédéral et son cadre pour un programme national d'action sur l'alphabétisation.

    Merci de m'avoir donné l'occasion de vous faire cet exposé.

+-

    La présidente: Merci d'avoir pris la peine de venir.

    Notre dernier intervenant aujourd'hui est Marg Rose, et elle représente Literacy Partners of Manitoba.

+-

    Mme Marg Rose (directrice exécutive, «Literacy Partners of Manitoba»): Merci, madame la présidente, honorables députés, chers collègues et amis de l'alphabétisation.

    Nous prenons l'alphabétisation très au sérieux dans notre province car c'est un avantage et une obligation sur le plan économique et social, particulièrement aujourd'hui. Je suis ici à titre de directrice exécutive de la Coalition provinciale pour l'alphabétisation qui regroupe plus de 130 organisations et 200 autres membres et sympathisants du secteur des affaires, pour vous proposer quelques réflexions. J'ai consulté des gens d'affaires, de simples particuliers et des partenaires gouvernementaux avant de venir ici aujourd'hui.

    Le Manitoba aborde l'avenir alors qu'un tiers de sa population en âge de travailler n'a pas un diplôme d'études secondaires. Nous constatons avec inquiétude que 43 000 personnes qui ne sont pas des personnes âgées n'ont pas un niveau de neuvième année et ne peuvent pas s'intégrer aux trois douzaines de programmes gratuits de notre province. Comme il est urgent de renforcer notre action, je vais vous soumettre sept idées clés.

    Premièrement, comme Cate vous l'a dit, notre groupe estime aussi que vous devriez commencer par voir ce que le gouvernement fédéral peut faire et prendre l'initiative de la mise en place de cette stratégie nationale pour améliorer l'alphabétisation et lui donner un rang plus prioritaire dans l'échelle des politiques et des programmes.

    Votre comité peut prendre l'initiative d'une révision de toutes les politiques et toutes les ententes sous l'angle de l'alphabétisation. Il faut que l'accès à l'alphabétisation et la formation aux compétences essentielles deviennent une priorité pour chaque ministère fédéral, notamment toute la mécanique de DRHC, si nous voulons respecter le programme d'inclusion sociale. Cet effort sera payant dans divers domaines, la santé, la justice, les affaires autochtones et indiennes, l'immigration, le revenu et la citoyenneté, car les progrès dans tous ces domaines sont fondamentalement liés aux progrès de l'alphabétisation des adultes.

    Vous avez dans votre trousse d'information divers extraits de nos récentes séances de formation avec les autorités de la santé, et vous pourriez peut-être envisager de créer un prix de reconnaissance de l'alphabétisation reposant sur la facilité de lecture, la clarté du langage et l'inclusion d'une formation élémentaire.

    Deuxièmement, en mettant de l'ordre dans vos affaires, vous pourriez vous appuyer sur le solide modèle de partenariat qui existe déjà et fonctionne très bien grâce au Secrétariat national à l'alphabétisation. Au Manitoba seulement, ces projets du Secrétariat ont permis de débloquer au niveau de la province 50 p. 100 de fonds supplémentaires depuis 1995 pour l'alphabétisation. D'une formule initiale de partage égal des coûts, on est passé à un doublement de ces montants au niveau provincial.

    Le Secrétariat national à l'alphabétisation a aussi eu un impact considérable sur le Manitoba en appuyant des projets pilotes et l'échange d'information. Une fois que de nouvelles méthodes, de nouveaux supports ou de nouveaux modèles ont été testés, notre gouvernement provincial a été plus en mesure d'assumer la facture du financement supplémentaire ou du soutien permanent.

    Par exemple, un projet initial du Secrétariat d'un montant de 80 000 $ pour une campagne de sensibilisation sociale aux besoins en alphabétisation a donné un rendement de 7 dollars pour un. Cette subvention d'amorçage nous a permis d'aller chercher 40 000 $ auprès de la province pour appuyer cette campagne, de recueillir 58 000 $ auprès du secteur des affaires lors des deux tournois de golf PGI suivants, que nous avons consacrés à des bourses d'apprentissage et à de nouveaux matériels; d'obtenir une subvention de 100 000 $ de Manitoba Lotteries pour réaliser une série d'émissions télévisées que des milliers de personnes ont pu recevoir par satellite cet hiver, et enfin d'avoir un lien avec la Winnipeg Foundation grâce à la publicité faite pour cette campagne à la radio et au moyen d'affiches. Ils ont entendu parler de nous et nous sommes maintenant leur partenaire dans un nouveau fonds, le Literacy for Life Fund.

    Ce fonds a déjà accumulé un demi-million de dollars en quelques mois, stimulé par l'offre de DRHC de verser un dollar de contrepartie pour chaque dollar que nous trouvons au niveau local. Dans un marché monétaire aussi incertain, cet exemple montre que cet investissement, qui a rapporté 7 $ pour chaque dollar fédéral, était sage. J'aurais bien aimé en faire autant avec mon REER.

    À partir de succès comme celui-là, nous aimerions que vous réclamiez une expansion des activités encouragées par le Secrétariat national à l'alphabétisation dans trois nouvelles directions.

    Premièrement, qu'on prévoie une tranche spécifique des fonds du Secrétariat national à l'alphabétisation pour des projets axés sur les Autochtones, mais avec une composante de mentorat pour l'administration, la formation et des liens avec des succès démontrés.

    Deuxièmement, qu'on augmente l'appui à la R-D de propositions de projets communautaires et à leur évaluation.

    Troisièmement, qu'on élargisse le Secrétariat national à l'alphabétisation pour établir un nouveau fonds de collaboration interprovinciale et territoriale qui impliquerait au moins deux partenaires gouvernementaux et une représentation de la base pour éviter les répétitions, encourager le partage d'information, respecter la diversité et avoir un important effet multiplicateur.

    Passons maintenant à L'Institut canadien de l'apprentissage, récemment annoncé. Nous souhaiterions que vous vous assuriez qu'il consacrera au moins 25 p. 100 de ses ressources à analyser des succès démontrés en alphabétisation familiale et des adultes. Puisque 25 p. 100 de notre population adulte souffrent de graves lacunes de compétence, cet institut ne devrait pas se limiter à l'éducation postsecondaire.

    Enfin, nous vous encourageons à faire preuve de leadership en vous faisant les champions de cette stratégie pancanadienne et en invitant les provinces à établir un nouvel accord. Vous l'avez déjà fait. Voyez comme le modèle de collaboration sur les compétences essentielles a entraîné une mobilisation nationale et une participation directe de divers paliers de partenaires. Les résultats de ces efforts antérieurs sont vérifiables et ils ont eu des répercussions sur l'alphabétisation locale et les programmes sur les lieux de travail en donnant à des personnes l'accès à une nouvelle formation et à de nouveaux matériaux d'apprentissage.

¹  +-(1540)  

    L'alphabétisation doit être considérée comme appartenant légitimement à l'ensemble de la formation aux adultes.

[Français]

    Puis on y va! Je vous souhaite bonne chance et bienvenue à ce monde incroyable de l'apprentissage des adultes.

[Traduction]

    Nous ne pouvons plus attendre. Il est temps d'agir.

[Français]

Mais ça vaut la peine. Merci.

[Traduction]

+-

    La présidente: Merci beaucoup.

    Nous passons maintenant à la période des questions et réponses. M. Goldring a déjà accepté de céder le premier tour à Mme Guay.

    Madame Guay, vous avez sept minutes.

[Français]

+-

    Mme Monique Guay (Laurentides, BQ): Merci, madame la présidente. Merci, monsieur Goldring, de me permettre de poser mes questions tout de suite. Je vais devoir quitter parce que j'ai une réunion importante à un autre comité, mais je veux que vous sachiez qu'on apprécie votre présence aujourd'hui et que c'est très important aussi que vous vous soyez déplacées pour venir nous faire vos commentaires.

    D'entrée de jeu, je dirai que l'éducation est strictement de juridiction provinciale, et vous n'êtes pas sans le savoir: vous travaillez avec des instances provinciales. Donc, il y a un arrimage à faire avec les provinces, en particulier au Québec, où on parle une langue tout à fait différente du reste du Canada. L'alphabétisation est aussi importante, mais elle est peut-être faite de façon différente. Chaque système d'éducation au Canada est aussi différent. Donc, pour moi, c'est très important qu'on continue de respecter ce qui se fait déjà.

    J'aimerais savoir de votre part ce que le fédéral pourrait faire à très courte échéance, tout en respectant les juridictions, car il est évident que si on ne respecte pas les juridictions des provinces ou qu'on fait du dédoublement, ce n'est pas souhaitable, car on veut absolument que ce soit rentable. Si on investit un dollar, on veut que cela nous rapporte un dollar, et non pas moins. Donc, il faut tenter de ne pas dédoubler des choses, mais plutôt d'agir en complémentarité et de façon correcte avec ce qui se fait déjà, pour ne pas se retrouver avec des groupes sans but lucratif qui offrent les mêmes services et qui deviennent inefficaces.

    Pour ma part, c'est ce qui m'inquiète beaucoup lorsque le fédéral vient toucher à des juridictions qui sont à 100 p. 100 provinciales en faisant des investissements. C'est important qu'on vienne chercher notre part ici, c'est sûr; surtout que l'alphabétisation est une priorité. Mais il faut aussi savoir qu'il y a des associations qui font déjà du travail sur le terrain. Les provinces mettent aussi des sous.

    Peut-être que vous pourriez aussi me dire quelle est la différence entre le fédéral et les provinces au niveau de l'alphabétisation. Quelle part fait-on? Est-ce qu'on peut faire mieux? Alors, la question est lancée. Si vous voulez y répondre, la parole est à vous.

[Traduction]

+-

    Mme Marg Rose: Je peux commencer, pour le Manitoba.

    En termes budgétaires, le gouvernement fédéral investit 648 000 $ dans des projets, cette année, et la province consacrera 1,3 million de dollars à leur mise en oeuvre. Mais dans le cadre du Plan d'action national pour les enfants, on consacre aussi des fonds au programme d'alphabétisation familiale. Il est difficile de considérer seulement telle somme, de tel ministère, dans le domaine de l'éducation.

    Comme vous l'avez dit, ce sont bien entendu les provinces qui offrent les services. Mais le gouvernement fédéral, comme on l'a vu dans mon exemple, facilite cette prestation de services par divers moyens, notamment par l'octroi de bourses, et grâce aux tournois de golf Peter Gzowski. La promotion et la publicité ont permis la création de ce fonds de dotation qui contribuera à la prestation des programmes, entre autres.

    On a donc ici un modèle, et les recommandations formulées dans la stratégie nationale proposées par le Movement for Canadian Literacy présentent des exemples concrets de la contribution du fédéral dans les partenariats avec les provinces. On y propose environ 14 idées.

    Quelqu'un d'autre veut-il intervenir?

¹  +-(1545)  

+-

    Mme Elaine Cairns: Je vous dirais de regarder ce qui fonctionne bien maintenant et c'est le cas du partenariat fédéral-provincial pour l'alphabétisation. Malgré des ressources limitées, ces partenariats ont trouvé moyen de collaborer. Ils communiquent ensemble, précisément pour éviter ce que vous craignez.

    Voilà pourquoi il faut un contexte national, qui permet de dire aux provinces par exemple, qu'une activité d'alphabétisation familiale qui fonctionne bien au Nouveau-Brunswick pourrait être adaptée à la situation albertaine et qu'il faut que ces deux provinces se parlent. Nous voyons déjà la grande efficacité de la collaboration entre les gouvernements fédéral et provinciaux.

    En Alberta, par exemple, le Secrétariat a financé la mise sur pied de divers programmes d'alphabétisation familiale. Une fois ces modèles conçus, le gouvernement provincial est intervenu et a décidé de consacrer annuellement 1,3 million de dollars à la mise en oeuvre de ces excellents programmes dans les collectivités. C'est précisément ce dont nous avons besoin. À partir de là, on peut élargir le concept et la compétence existe.

[Français]

+-

    Mme Monique Guay: N'existe-t-il pas déjà un panel pour toutes les provinces et pour les territoires, où on peut s'asseoir ensemble et comparer les différents programmes ou les façons de faire qui sont les plus efficaces et où on peut se servir de programmes qui ont peut-être très bien fonctionné dans une province et qui pourraient être appliqués ailleurs? N'y a-t-il pas un endroit où on peut échanger là-dessus?

    J'ai une dernière question. Où devrait-on prendre l'argent? Selon vous, au niveau fédéral, d'où l'argent devrait-il venir?

[Traduction]

+-

    Mme Jean Rasmussen: Ce genre d'activité a déjà lieu, grâce au Secrétariat et aux coalitions provinciales et territoriales. Les directeurs exécutifs de la coalition se voient régulièrement pour parler des projets en cours dans leurs provinces ou leurs territoires, et pour choisir leurs orientations futures.

    Il y a beaucoup de collaboration, et pas seulement à ce palier. Il y en a aussi entre les praticiens de partout au pays, qui partagent leur expérience sur les programmes qu'ils mettent au point et sur les résultats qu'ils en tirent, notamment pour les pratiques exemplaires. Cela se fait donc déjà.

    En Colombie-Britannique, nous recevons actuellement 900 000 $ du gouvernement fédéral pour la conception de programmes d'alphabétisation ou de projets pilotes. Le nombre de personnes qui ont fait des demandes de financement de projet a doublé cette année. Il faudrait donc 1,8 million de dollars pour répondre aux besoins pour ces programmes, d'après le nombre de demandes.

    Tout ce que je peux dire, c'est qu'on a fait un excellent travail de sensibilisation pour tous les secteurs, tous les groupes d'âges et d'intérêts et qu'on a préparé le terrain pour beaucoup de gens qui considéraient que l'alphabétisation n'était pas un problème pour eux, comme les entreprises en Colombie-Britannique. De grandes entreprises sont prêtes à offrir de l'argent ou une contribution en nature, sous forme de services. Mais comme organisme, nous n'avons pas la capacité de faire ce qu'il faut, pour assumer la croissance.

    Voilà ce qu'il nous faut. Nous avons aussi besoin d'une sorte de... Quand on parle d'une stratégie pancanadienne, il est vrai qu'il y a beaucoup de communications, mais à un certain niveau. Il faut que tous les paliers de gouvernement participent, d'une façon ou d'une autre.

    J'ai déjà dit que nous envisageons la création d'une communauté d'apprentissage, une décennie d'apprentissage, à Vancouver, en nous jumelant au projet de Birmingham, sur les compétences de base. À Vancouver, la population est d'environ 1 million d'habitants et nous voulons travailler avec leur maire pour lancer cette initiative. Nous parlons d'un modèle national, qui pourrait servir à d'autres villes canadiennes.

    Je crois que c'est la clé. Si nous mettons au point des projets ou des modèles forts dans une partie du pays, le Secrétariat national à l'alphabétisation peut les diffuser, ce qui est extrêmement important pour notre travail.

¹  +-(1550)  

+-

    Mme Marg Rose: Je tiens à préciser que je pense qu'il est important de développer cela, mais je ne veux pas que vous ayez l'impression que c'est suffisant, car effectivement, c'est quelque chose qui se fait, mais souvent en dehors de nos bureaux. Le Secrétariat national à l'alphabétisation, par exemple, a un agent qui s'occupe de tous les projets nationaux à base communautaire, c'est-à-dire plus de 200 par an. Imaginez la charge de travail d'un médecin qui essaierait de jongler avec une telle masse de travail, avec toutes sortes de paliers de partenaires. La capacité est saturée actuellement.

    Vous avez entendu Charles Ramsay, de la Base de données en alphabétisation des adultes. C'est là que nous essayons souvent de concentrer l'information, pour pouvoir y aller. Mais il y a un arriéré qui représente des semaines de travail. Donc, l'organisation et l'infrastructure sont saturées, et je suis heureuse que vous ayez soulevé ce point.

[Français]

+-

    Mme Monique Guay: C'est pour ça, d'ailleurs, qu'on revoit tout le dossier de l'alphabétisation. On sait qu'il y a des problèmes et qu'il faut apporter des améliorations.

    J'ai deux petites questions techniques pour vous, madame la présidente. J'aimerais simplement savoir s'il y aura des gens du Québec qui viendront témoigner au comité. Je pense que ce serait important.

[Traduction]

+-

    La présidente: Oui, nous avons en fait séparé cela. Nous avons eu des votes de l'Ouest, du Nord...

[Français]

+-

    Mme Monique Guay: D'accord, vous répondez à ma question.

    Je veux savoir aussi quand on va faire le rapport. On reçoit beaucoup de monde, mais quel est notre échéancier? Est-ce qu'on va le faire avant la fin de la session parlementaire? Si c'est le cas, il faudrait que ça progresse rapidement.

[Traduction]

+-

    La présidente: Avant la fin de la session parlementaire.

[Français]

+-

    Mme Monique Guay: Avant la fin juin. Donc, on peut dire qu'on pourra déposer un rapport pour le mois de juin et qu'on pourra avancer pendant l'été, que les fonctionnaires vont pouvoir travailler. C'est ça?

[Traduction]

+-

    La présidente: C'est en tout cas ce que nous espérons.

[Français]

+-

    Mme Monique Guay: Parfait. Merci.

[Traduction]

+-

    La présidente: Merci.

    Monsieur Malhi.

+-

    M. Gurbax Malhi (Bramalea—Gore—Malton—Springdale, Lib.): Merci, madame la présidente.

    Quels sont les principaux obstacles à l'alphabétisation dans votre région?

    Vos organisations ont-elles du mal à répondre à la demande? Dans l'affirmative, le secteur bénévole de vos régions a-t-il contribué à la formation en alphabétisation?

+-

    Mme Jean Rasmussen: Puis-je préciser quelque chose? Vous posez plusieurs questions. Vous parlez des obstacles pour les gens qui veulent s'alphabétiser?

+-

    M. Gurbax Malhi: Oui, de la formation. Quels sont les obstacles les plus importants à l'alphabétisation dans votre région?

+-

    Mme Jean Rasmussen: Dans la région.

    M. Gurbax Malhi: Oui.

    Mme Jean Rasmussen: Je pense que ce sont les mêmes dans toutes les régions. Tout d'abord, il y a eu diverses études récentes sur ces questions et sur les obstacles. Il y a notamment les difficultés que les gens ont à suivre un programme à cause de questions comme la garde des enfants, les déplacements, et aussi l'impossibilité de s'inscrire à des programmes parce qu'ils sont souvent remplis au maximum. En Colombie-Britannique en tout cas, les gens ne peuvent pas se faire admettre à un programme d'alphabétisation et il y a des listes d'attente extrêmement longues.

+-

    Mme Elaine Cairns: C'est ce que je pense aussi. Il y a toutes sortes d'obstacles et nous essayons d'aider les gens à les surmonter.

    En Alberta, nous avons plus de 1 500 enseignants bénévoles formés, et il y a 2 300 étudiants. Il y a évidemment plus d'un enseignant pour travailler avec ces étudiants, donc nous avons besoin de plus de professeurs pour faire ce travail. Nous avons aussi besoin de plus de professionnels formés. Nous avons besoin de plus de programmes, mais nous n'avons pas le financement pour cela, c'est aussi simple que cela. Nous faisons de notre mieux avec des montants et des ressources très limités. Nous continuons à faire ce que nous pouvons, à travailler ensemble, mais il nous faudrait plus de moyens.

+-

    Mme Cate Sills: Je suis bien d'accord. Dans le Nord, bien souvent il n'y a pas de programmes, ou alors simplement un programme dispensé au niveau du collègue et beaucoup trop avancé pour des gens qui ont des besoins d'alphabétisation élémentaire.

    Donc il s'agit de donner un accès élémentaire aux programmes et aux services.

+-

    Mme Marg Rose: Si on regarde les projets qui donnent de bons résultats, on constate que les adultes sont plus enclins à participer si nous utilisons des outils technologiques. Or beaucoup de programmes ne font pas appel à la technologie récente. Dans le cadre de certains programmes comme AlphaRoute, on fait l'essai de projets offerts grâce à Internet, mais on se trouve alors à supposer les connaissances les plus poussées chez l'apprenant le plus démuni. Nous avons constaté de bons résultats dans certains cas. Il faut cependant un plus grand nombre d'heures et nous ne pouvons dans ce cas compter uniquement sur la générosité des intervenants comme nous l'avons fait jusqu'à maintenant.

    L'alphabétisation ne peut reposer uniquement sur des bénévoles. Par exemple, il y a 500 volontaires au Manitoba. Si nous devions tous les payer, leurs rénumérations équivaudraient aux subventions du gouvernement fédéral. Le moment est venu d'examiner le rôle du gouvernement dans un domaine qui comporte des avantages économiques. L'alphabétisation n'est pas seulement une question de se donner bonne conscience; elle comporte des avantages économiques pour toute la société.

¹  +-(1555)  

+-

    M. Gurbax Malhi: Vos organisations ont-elles du mal à répondre à la demande? Dans ce cas, les bénévoles de vos régions contribuent-ils à l'application des programmes d'alphabétisation?

+-

    Mme Cate Sills: Oui. La plupart des coalitions secondent les activités sur le terrain, en offrant de la formation, du soutien et des ressources aux intervenants en alphabétisation dans les collectivités de tous les territoires et de toutes les provinces. Elles discutent également avec les collectivités de leurs besoins au chapitre de l'alphabétisation et des moyens de collaborer à la mise sur pied de programmes locaux.

    Comme Marg l'a dit, nous avons obtenu de très bons résultats et nous sommes maintenant rendus à une étape où nous avons besoin de nouveaux investissements dans le domaine de l'alphabétisation pour que les collectivités puissent participer activement, pour que nous puissions continuer à offrir de la formation aux intervenants et des services de soutien pour que tout le monde ait également accès aux programmes.

+-

    Mme Marg Rose: Voici un organigramme que je vais remettre à votre attaché de recherche. Il illustre les différents niveaux d'intervenants dans une coalition provinciale. Des entreprises, des syndicats, des gens de la base, des bénévoles, des élèves et des universités sont représentés. Tous les gens sont autour de la table, alors que voulons-nous de plus? Lors du Sommet national, on a dit que l'alphabétisation est un objectif des 500 principaux dirigeants du domaine de l'éducation au pays. Tout le monde reconnaît l'importance de tels programmes. Nous avons maintenant l'occasion de revoir le niveau d'investissement dans ce domaine.

+-

    M. Gurbax Malhi: Les accords relatifs aux programmes d'alphabétisation devraient-ils servir de moyen d'améliorer les capacités de lecture des travailleurs? Dans ce cas, comment pourraient-ils contribuer à aider les gens à améliorer leur capacité de lire et d'écrire?

+-

    Mme Elaine Cairns: Je ne m'occupe pas de l'alphabétisation en milieu de travail. Je pense qu'il sera préférable que vous posiez la question à des intervenants de ce domaine qui doivent comparaître devant votre comité.

    Je me contenterai de dire que toute formation doit comporter un volet d'alphabétisation, car il est évident qu'on ne peut progresser dans son travail à moins de savoir lire et écrire.

+-

    Mme Marg Rose: Vous avez cependant négocié la mise en place d'un programme national pour les enfants et les études démontrent que les garderies jouent un rôle majeur dans l'amélioration des conditions de vie de bien des gens.

    Étant donné que la plupart des ententes sur le développement du marché du travail sont dévolues aux provinces, on peut difficilement les assortir de conditions après coup, mais le gouvernement fédéral pourrait peut-être financer le coût des services de garde d'enfants et les mesures de soutien aux apprenants. Pour offrir un programme, il en coûte en moyenne 30 000 $ dans notre province; cela comprend la rénumération de l'enseignant, les heures de cours, les frais généraux et les mesures de soutien. Si le gouvernement fédéral assumait le coût des mesures de soutien lié à la distance et aux déplacements, on pourrait offrir plus d'heures de cours et donc d'intervention directe auprès des élèves.

+-

    Mme Cate Sills: Je crois comprendre que les ententes sur le développement du marché du travail sont en voie de renégociation ou le seront sous peu. À mon avis, ces ententes illustrent très bien comment nous pouvons intégrer l'alphabétisation dans d'autres programmes et services gouvernementaux. Ces ententes en sont un exemple, mais les ententes du développement des ressources humaines autochtones en sont un autre. De plus, des fonds prévus à la partie 2 de la Loi sur l'assurance-emploi pourraient assurément servir à financer les activités d'alphabétisation. Différents programmes et services gouvernementaux pourraient servir à financer ces activités pendant que le gouvernement fédéral négocie ces accords avec les provinces et les territoires.

+-

    La présidente: Merci.

    Monsieur Goldring.

+-

    M. Peter Goldring (Edmonton-Centre-Est, Alliance canadienne): Merci, madame la présidente.

    Mesdames, je vous remercie de vos exposés.

    J'aimerais savoir comment on évalue et on mesure l'alphabétisme. On nous cite beaucoup de statistiques établies à l'échelle nationale, selon lesquelles 15 p. 100 des Albertains se situent au premier niveau d'alphabétisme et 21 p. 100, au deuxième niveau. Comment évalue-t-on les participants à ces programmes? Comment fait-on pour établir leur niveau d'alphabétisme? Les enfants et les adultes qui s'inscrivent à ces programmes doivent-ils subir une épreuve d'évaluation préalable?

º  +-(1600)  

+-

    Mme Jean Rasmussen: Permettez-moi de répondre.

    Tout adulte qui s'inscrit à un programme quel qu'il soit, offert par une maison d'enseignement ou un organisme communautaire, doit subir une évaluation.

+-

    M. Peter Goldring: Les enfants aussi?

+-

    Mme Jean Rasmussen: Beaucoup d'enfants aussi. Dans le cas des enfants, il s'agit des programmes offerts en milieu scolaire, de la maternelle à la 12e année, à moins que vous ne vouliez parler de l'alphabétisation familiale. Pour les enfants qui fréquentent l'école en Colombie-Britannique, le milieu scolaire devient un partenaire dans le cadre du projet d'alphabétisation familiale. Dans leur cas, c'est l'école qui leur fait passer les épreuves.

+-

    M. Peter Goldring: Nous essayons de suivre l'évolution des besoins à l'échelle nationale. Les documents contiennent une foule de pourcentages et il y a les statistiques, fédérales ou provinciales, et nous nous trouvons devant une véritable avalanche de chiffres. Mais j'aimerais savoir, en définitive, si les enfants subissent les mêmes épreuves que les adultes, celles sur lesquelles les statistiques se fondent. Le savons-nous?

+-

    Mme Marg Rose: Les niveaux d'alphabétisation se fondent sur les résultats des tests administrés aux adultes. Pour l'instant, nous nous limitons à la clientèle adulte. Si nous profitons de l'occasion pour financer les programmes à l'intention des adultes et des enfants, une partie de ces soldes ira aux enfants.

+-

    M. Peter Goldring: Attendez un peu. Si vos statistiques sont établies en fonction de l'ensemble de la population...

+-

    Mme Marg Rose: Elles se fondent sur la population canadienne adulte.

+-

    M. Peter Goldring: Mais d'après les programmes offerts en Alberta et les propos que nous avons entendus, il semblerait que l'on s'occupe beaucoup des enfants, des adolescents et d'autres secteurs de la population. Est-ce que l'on sait avec certitude s'il existe un problème d'analphabétisme chez ces clientèles? Si vous avez effectivement fait subir des tests et savez qu'il existe un problème, comment avez-vous évalué les résultats de vos programmes? Savez-vous combien d'adultes ou d'enfants ont bénéficié de votre aide? Avez-vous réussi à relever le niveau d'alphabétisme de ces personnes au point de pouvoir qualifier votre intervention de réussite? Comment répondez-vous à ces questions? Comment faites-vous pour répondre à ces questions?

+-

    Mme Marg Rose: Vous voulez peut-être parler de l'Alberta, mais moi je ne connais que la situation au Manitoba.

+-

    Mme Elaine Cairns: Je travaille avec les gens de la base. Je ne peux pas vous donner de statistiques mais je peux vous décrire les gens auprès desquels nous intervenons. Comme je travaille avec eux tous les jours, je sais que les statistiques sont exactes. J'ai constaté à quel point un programme d'alphabétisation peut changer la vie de quelqu'un. Une jeune femme est inscrite à un de nos programmes d'alphabétisation et d'aptitudes parentales. Elle a participé à nos activités pendant très longtemps avant d'avoir assez confiance en elle pour retourner aux études. Elle l'a fait et après quelques années à peine, elle a obtenu son diplôme de douzième année.

+-

    M. Peter Goldring: Je sais qu'on peut citer des cas particuliers, mais les statistiques indiquent que les pourcentages ne changent pas en Alberta. Nous devons examiner la question du financement. En Alberta par exemple, 1,2 million de dollars ont été consacrés à ce programme précis. Comment évaluez-vous la réussite du programme? Dans certains cas, les programmes s'adressent aux enfants. Bien sûr, c'est une bonne chose de disposer de livres, d'un bibliobus et d'autres ressources pour que les enfants puissent se familiariser avec tout cela. Je voudrais cependant savoir si vos programmes réussissent vraiment à améliorer la capacité de lecture ou s'ils se limitent à fournir davantage de matériel didactique et d'aide à l'alphabétisation?

    Une fois qu'on aura répondu à cette question-là, il faudra se demander si ces programmes ne font pas double emploi avec les programmes scolaires réguliers et les services des bibliothèques. Pouvez-vous chiffrer les progrès que vous faites? Avez-vous des statistiques qui pourraient les confirmer?

+-

    La présidente: Madame Rasmussen, allez-y.

+-

    Mme Jean Rasmussen: J'ai mentionné tout à l'heure le Centre d'éducation familiale Canucks, qui est un projet pilote provincial et national. Il vise précisément à établir des résultats tangibles, comme vous le souhaitez. C'est un centre virtuel, doté de locaux permettant aux Canucks de faire connaître leur nom. En fait, les intervenants travaillent avec la commission scolaire, aux niveaux primaire et secondaire. Ce sont les partenaires du programme. Ils travaillent avec les bibliothèques, les garderies, les centres de ressources familiales et les centres de loisirs. Ainsi, les responsables de tous ces programmes peuvent se regrouper et mettre en commun leur savoir-faire et les tests qu'ils administrent.

    Nous aimerions connaître le résultats de nos interventions sur une période de trois ans pendant laquelle nous travaillerions ensemble de manière à commencer à offrir l'apprentissage au moment de la conception et à le poursuivre pendant toute la vie. Nous n'avons pas un système aussi intégré qui pourrait nous donner l'information. J'ignore à quel document vous faites allusion.

º  +-(1605)  

+-

    M. Peter Goldring: Il y en a plusieurs.

+-

    Mme Jean Rasmussen: Dans l'esprit d'une approche globale en matière d'alphabétisation familiale, nous essayons de faire appel aux spécialistes dans les secteurs qui existent déjà, de savoir quel genre d'épreuves on administre afin de trouver les moyens d'aider ce petit être à commencer son apprentissage. Nous tâchons de documenter cet apprentissage, de l'évaluer et d'en voir les retombées. Quels sont les résultats d'un programme où le parent et l'enfant participent à la démarche? Nous trouverons des façons de l'évaluer et sommes en train d'élaborer des instruments pour le faire.

+-

    M. Peter Goldring: Mais vous ne les avez pas encore.

+-

    Mme Jean Rasmussen: Non, pas encore. L'alphabétisation en milieu familial est une approche toute nouvelle, fondée sur l'intégration de différents services. C'est justement une des raisons pour lesquelles nous demandons votre appui. Nous voulons être en mesure de faire précisément ce que vous demandez, c'est-à-dire d'évaluer les résultats obtenus après trois ans.

    Nous avons de l'information sur des formules qui ont été adoptées ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni. Ces pays documentent et évaluent les retombées de leurs interventions sur une période d'un certain nombre d'années. Par exemple, le National Center for Family au Kentucky a fait certaines études. On a démontré que lorsque les parents et les enfants participent ensemble à ce type de programme, y compris les enfants et les familles pauvres et en difficulté, après 10 ans 85 p. 100 des enfants avaient un fonctionnement correspondant ou supérieur à leur degré de scolarisation et 66 p. 100 des parents avaient un emploi rémunéré ou avaient entrepris des études.

+-

    M. Peter Goldring: Nous devrions peut-être instituer des programmes de ce genre.

+-

    Mme Jean Rasmussen: C'est ce que nous souhaitons. Nous voulons être en mesure d'attester les résultats de tels programmes. Voilà pourquoi nous travaillons avec ce centre. Il n'y a qu'un centre dans une seule province dans tout le pays.

+-

    Mme Marg Rose: Oui, je comprends votre agacement. Nous avons rencontré le directeur des politiques de la Chambre de commerce du Manitoba, et il nous a demandé quand nous en aurions terminé. Quand allez-vous atteindre votre but? Il voulait lui aussi une réponse statistique.

    Nous l'avons rassuré. Si nous savons qu'il y a un problème... Et la raison pour laquelle vous voyez des enfants dans ces images, c'est parce que les adultes s'excluent parfois. Si vous tombez de cheval 50 fois, allez-vous revenir à ma belle petite écurie même si je la rends accueillante? Non. Souvent, les adultes s'excluent. Mais lorsque leurs enfants leur demandent de leur lire une histoire avant de se coucher ou qu'ils ont du mal à faire leur devoir, souvent, ils reprennent l'initiative. L'alphabétisation de la famille nous permet souvent de rejoindre au même moment l'adulte et l'enfant parce que l'analphabétisme peut devenir un problème intergénérationnel. En premier lieu, l'alphabétisation de la famille nous permet de rejoindre deux générations du même coup, et on adore en avoir deux fois pour son argent, n'est-ce pas?

    Deuxièmement, au Manitoba, toute personne qui se présente chez nous est évaluée. Heureusement, avec l'un des projets du Secrétariat, le CARA, soit le Canadian Adult Reading Assessment, ses auteurs de l'Université de l'Alberta ont pu rejoindre toutes les juridictions. On mesure le niveau ou plutôt le stade; il est insultant pour un adulte de se faire dire à quel niveau il est, donc nous préférons utiliser les niveaux fonctionnels. Pour atteindre le niveau 1, il faut être en mesure de comprendre les lettres imprimées de base, et le niveau 2 est plus complexe.

    Donc on évalue les adultes. À la fin de l'année, ou lorsqu'ils quittent le programme, ils sont évalués de nouveau. Rien qu'au Manitoba, 130 adultes ont quitté l'aide sociale après être passés par un programme d'alphabétisation. La province a récupéré son argent; elle a gagné de l'argent avec les personnes qui suivaient ce programme.

+-

    La présidente: Merci.

    M. Goldring me prie de vous demander si le comité peut obtenir une copie du document d'évaluation que vous venez de mentionner.

+-

    Mme Marg Rose: Bien sûr.

+-

    La présidente: Bien, merci.

    Nous passons maintenant à M. Finlay.

+-

    M. John Finlay (Oxford, Lib.): Merci, madame la présidente.

    Ayant été dans le milieu de l'éducation, je sais que c'est du ressort provincial, et je vois que vous parlez en fait d'initiative nationale étant donné qu'il s'agit d'un problème national.

    Au Sommet national sur l'innovation et l'apprentissage de novembre 2002, on a dit que le réseau pancanadien d'alphabétisation était la priorité numéro un de notre pays en matière d'apprentissage. Étant donné que les provinces et les territoires contrôlent leur propre système, croyez-vous que la stratégie pancanadienne d'alphabétisation est le meilleur moyen qui soit pour remédier à l'analphabétisme au Canada? Si vous croyez que c'est la meilleure façon de procéder, quel rôle le gouvernement fédéral peut-il vraiment jouer pour hausser le taux d'alphabétisation partout au pays?

º  +-(1610)  

+-

    Mme Marg Rose: Comme nous venons de le dire, commencez par faire le ménage chez vous. Tâchez de tirer parti de l'Institut canadien sur l'apprentissage. Essayez de conclure un accord; nous savons qu'il existe une volonté en ce sens, et c'est à vous d'en profiter. Les provinces vont venir à la table, je crois, parce que les dirigeants du milieu des affaires, de l'industrie et du secteur de l'éducation ont approuvé cette initiative au sommet national.

+-

    Mme Cate Sills: Les provinces et les territoires sont déjà à la table. Je sais que le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a lancé une stratégie quinquennale d'alphabétisation, et il a augmenté les crédits qu'il investit dans ce secteur. Je sais qu'il serait parfaitement disposé à conclure un partenariat avec le gouvernement fédéral pour soutenir cette initiative. Les crédits qu'il a pu trouver pour remédier à certains problèmes liés à l'analphabétisme dans le Nord sont tout simplement insuffisants, je crois donc qu'il saisirait volontiers cette occasion.

    Mais la discussion n'a jamais eu lieu, et je crois qu'il est important de voir ce qu'il est possible de faire. Nous avons créé ce programme national pour les enfants qui montre comment les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux peuvent travailler ensemble. On l'a fait pour la santé, par exemple; la santé est également du ressort provincial, mais le gouvernement fédéral a un rôle très important à jouer dans ce domaine aussi.

    Il est temps de s'écarter de ces vieux contentieux constitutionnels et d'envisager de nouveaux partenariats et de nouveaux accords qui nous permettront d'avancer rapidement dans ce domaine.

+-

    Mme Marg Rose: Le Conference Board du Canada s'est également emparé du flambeau à son congrès national. J'étais au sommet rural avec des dirigeants du milieu rural, et il y a été question d'alphabétisation et de formation de base. Les gens en parlent, et bien sûr, ce sont les gens qui élisent les gouvernements. Je crois qu'on tient donc là une occasion unique. Le Canada est l'un des rares pays industrialisés du monde qui n'a pas de stratégie nationale.

+-

    Mme Elaine Cairns: Je suis d'accord avec mes collègues. Je vous invite instamment à prendre connaissance du travail qu'a accompli le Movement for Canadian Literacy dans le sens d'une stratégie pancanadienne d'alphabétisation. Nous sommes tous d'accord avec son texte à 100 p. 100, et nos coalitions sont prêtes à y consacrer toute leur énergie. Le travail est déjà fait, et comme tout le monde le dit, la conjoncture est favorable et il est temps d'agir.

+-

    Mme Jean Rasmussen: Si vous partez de l'hypothèse que l'alphabétisation, c'est l'affaire de tous... Et comme nous l'avons dit plus tôt, on n'a pas de mal à attirer les gens à la table; ils sont déjà là. Tout le monde est préoccupé par ce problème. C'est ce qu'on nous dit, et nous entendons des échos dans les provinces et les territoires, dans les milieux d'affaires et de l'éducation, et dans les ministères chargés de l'enfance et de la famille, et l'on ne cesse de dire partout que l'alphabétisation est la solution.

    Quand on parle d'alphabétisation, soit dit en passant, on parle de lecture aussi bien que de calcul. Ce n'est peut-être pas dit explicitement comme c'est peut-être le cas au Royaume-Uni, mais chose certaine, nous parlons de la faculté qu'a une personne de lire, d'écrire et de compter.

    La volonté est là au niveau provincial et dans le milieu des affaires aussi. Ce qu'il faut, c'est une volonté commune à tous les gouvernements, tous les ministères et tous les ordres de gouvernement, pour faire avancer ce dossier. Cette idée d'une stratégie pancanadienne est quelque chose que mes collègues et moi-même désirons depuis très longtemps. Nous devons tous chanter en choeur, comme Linda Mitchell se plaît à le dire. Je pense que c'est vrai; nous sommes prêts. Et notre pays n'avancera pas si nous ne réglons pas ce problème. Voyez ce qu'on a fait au cours des 12 dernières années sur le plan des niveaux d'alphabétisation et des changements qui ont été opérés, c'est tout simplement insuffisant. Nous devons aller plus loin et nous devons investir dans ce secteur, pas seulement de l'argent mais aussi de l'énergie et du temps, et il faut en faire un engagement concret ainsi qu'une priorité.

+-

    M. John Finlay: Je me suis intéressé à cela un peu par le passé, et à mon avis, l'une des choses à faire, c'est d'en finir avec la stigmatisation qui est liée à l'alphabétisation. Je sais que les gens sont capables de dissimuler un handicap pendant très longtemps. Il y a une chose que nous avons apprise dans un petit projet que nous avions lancé dans mon comté, et c'était que l'enseignement dans une classe, dans une salle où certains jeunes—et d'autres qui étaient plus vieux aussi—n'avaient jamais réussi, étant donné qu'il s'agissait d'illettrés fonctionnels, ne marchait pas. Il faut utiliser d'autres lieux ou nous devons changer le contexte d'apprentissage d'une manière quelconque. Et cela complique davantage les choses, n'est-ce pas, lorsqu'on essaie de codifier les méthodes et qu'on dit que telle manière de faire est la bonne et la seule?

º  +-(1615)  

+-

    Mme Elaine Cairns: Voilà pourquoi nous pensons qu'il faut aller rejoindre les gens où ils sont. Nous travaillons dans les refuges pour femmes, nous travaillons avec les centres de ressources familiales dans les projets d'habitation pour personnes à faible revenu, et nous collaborons avec des organisations des églises et des groupes culturels. Nous allons où se trouvent les gens.

    Voilà pourquoi l'alphabétisation familiale est une initiative si formidable parce que même si je ne vais pas chez-vous pour apprendre à mieux lire et écrire à cause des tas de facteurs que vous venez de mentionner, j'irai chez-vous parce que j'ai peur et que je veux aider mes enfants. Je veux donner ce qu'il y a de mieux à mes enfants, quoi qu'il arrive. Donc, souvent, l'alphabétisation familiale fait que ces gens viennent à nous, et de là, nous pouvons les faire passer dans des classes d'éducation de base pour adultes. Nous pouvons ensuite les évaluer et leur montrer qu'ils ont beaucoup avancé, et de là, nous pouvons les faire avancer beaucoup.

    Voilà pourquoi il y a aujourd'hui cette occasion à saisir, et c'est parce que l'alphabétisation familiale connaît un très grand succès. Les services de santé sont intéressés, les travailleurs des garderies sont intéressés, et les services sociaux sont intéressés aussi. Donc tout le monde est intéressé, et il nous manque seulement les moyens de concrétiser tout cela.

+-

    M. John Finlay: Donc on ne manque pas de travail du côté social?

+-

    Mme Elaine Cairns: On ne chômera pas.

+-

    M. John Finlay: Mais peut-être qu'on manquera d'argent.

+-

    Mme Marg Rose: Avant de s'inquiéter de la stigmatisation de ceux qui pourraient être intéressés, nous avons déjà assez d'apprenants bien disposés à nos portes qui doivent mobiliser toute notre attention.

    Nous avons des points d'entrée multiples : la technologie en milieu de travail, votre propre projet en Ontario, Alpharoute, et comme je l'ai mentionné, le téléapprentissage. Il y a 2 000 personnes qui participent aux 34 programmes communautaires au Manitoba. En 10 semaines de diffusion de ces émissions de télévision d'une demi-heure, avec la stratégie de téléapprentissage Math Works, 20 000 personnes ont téléchargé le guide d'étude et nous avons eu 317 000 correspondances sur notre site web. Vous avez donc raison de dire qu'il est temps de quitter les sentiers battus.

+-

    Mme Cate Sills: Nous avons envisagé des initiatives semblables au niveau de l'apprentissage à distance aussi bien qu'en milieu de travail. Dans le Nord, l'industrie diamantaire a fait plus que sa part, elle aide les employés autochtones à s'alphabétiser. Mais elle a fait un pas de plus, étant donné que ses travailleurs travaillent par relais, deux semaines sur place et deux semaines de congé. L'industrie a également inclus l'alphabétisation en milieu familial dans son programme. Elle se sert des textes qu'on emploie au travail pour encourager l'alphabétisation, et elle encourage aussi les travailleurs à lire à leurs enfants. Elle a intégré dans la formation qu'elle dispense au travail des méthodes propres à l'alphabétisation familiale, et elle travaille de concert avec les communautés autochtones pour encourager le mouvement. La stigmatisation est moindre parce que les gens en profitent.

+-

    M. John Finlay: Je n'étais pas au courant de cela. Vous dites deux semaines sur place, et deux semaines de congé.

+-

    Mme Cate Sills: Ils travaillent par relais.

+-

    M. John Finlay: Est-ce pour leur permettre de faire ce qu'ils font comme Autochtones et...

+-

    Mme Cate Sills: Non. Il s'agit d'un site éloigné, et les gens y vont à coup de deux semaines. Ils sont là pendant deux semaines, et ils ont deux semaines de congé. Les gens rentrent chez-eux et...

+-

    M. John Finlay: Ils rapportent les livres à la maison et ils les lisent aux enfants.

+-

    Mme Cate Sills: Certains d'entre eux le font, et d'autres vont à la chasse.

+-

    La présidente: Merci, monsieur Finlay.

    Madame Davies.

+-

    Mme Libby Davies (Vancouver-Est, NPD): Merci beaucoup.

    Tout d'abord, je dirai à tous les témoins qu'ils ont été formidables. Vous avez présenté un trésor d'informations. J'ai le sentiment que si nous disposions de quelques heures de plus nous pourrions concevoir le plan pancanadien d'alphabétisation ici-même, grâce à tout ce savoir que vous avez. Nous pourrions le faire ici-même dans cette salle, j'en suis convaincue.

    Le comité étudie cette question, et nous espérons qu'en recueillant cette information nous pourrons vraiment présenter les recommandations que nous devons faire au gouvernement pour réellement élargir tout ce secteur, tant sur le plan des finances que de la portée. Je pense donc que vous avez effectivement fait valoir des aspects importants aujourd'hui.

    Il y a deux ou trois choses sur lesquelles j'aimerais qu'on s'attarde. Je suis tout à fait d'accord pour dire qu'il nous faut une vaste stratégie qui permette aux gens de multiples secteurs d'y adhérer, et qui puisse être mise en oeuvre localement. Je pense que c'est vraiment là que la créativité se manifeste. Nous pouvons le constater à partir tout simplement de ce que vous nous dites, dans différentes régions de tout le pays.

    Je reconnais aussi—et en fait je n'y avais pas pensé avant de l'entendre dire aujourd'hui—qu'il est essentiel que les ministères fédéraux eux-mêmes examinent cette question, voient comment ils fonctionnent ou comment ils réalisent leurs propres programmes. Il est très important pour nous de nous arrêter et de nous demander ce que font ces ministères fédéraux qui sont carrément engagés dans l'exécution de programmes, partagent-ils une approche commune pour ce qui est de l'intégration des services et de la prestation de ceux-ci là où les gens se trouvent? Je pense donc que c'est très important.

    J'ai quelques questions à poser. Il est à souhaiter qu'on affecte davantage de ressources financières à une stratégie nationale. C'est assez essentiel. Comment ces fonds sont-ils répartis, avez-vous une idée de ce qu'ils devraient principalement viser dans le secteur communautaire ou avons-nous en fait besoin d'examiner ce qu'il en est d'une élaboration de programme qui est assurée directement par un service gouvernemental? Je suis curieuse de savoir sur quoi vous mettez l'accent.

    J'ai trouvé très intéressant, Jean, de vous entendre parler un peu du modèle de Birmingham. Je me demande si vous pourriez nous en parler un peu plus. Est-ce une initiative de la ville de Birmingham et comment s'y est-on pris pour traiter avec des secteurs de toute la ville, et différents types de services?

    Peut-être pourriez-vous commencer par répondre à ces questions.

º  +-(1620)  

+-

    Mme Jean Rasmussen: Voulez-vous que je commence par Birmingham?

+-

    Mme Libby Davies: Certainement.

+-

    Mme Jean Rasmussen: Un monsieur du nom de Geoff Bateson, qui est le gestionnaire du partenariat des compétences de base de Birmingham, est venu en Colombie-Britannique pour la semaine d'alphabétisation des familles et qui a pris la parole à notre petit-déjeuner des champions et à différents autres événements, notamment au Yukon. Il a vraiment su enthousiasmer beaucoup de gens, parce que ce qu'on est parvenu à faire à Birmingham c'est... J'ai intitulé son exposé—«Déplacer les montagnes», parce que c'était vraiment de cela qu'il s'agissait. De comment s'y prendre.

    Birmingham a lancé une initiative à la grandeur de toute la ville pour améliorer les capacités de lecture et de calcul dans tous les secteurs et dans tous les groupes d'âge. Et ce qu'on a fait, à l'époque, il y a neuf ans, c'est que différentes personnes se sont réunies et ont reconnu qu'il y avait un problème.

    Birmingham avait une industrie du coton, ce que j'ai trouvé renversant. Je n'avais pas la moindre idée qu'on transformait le coton à Birmingham. À la fermeture de cette usine, on cherchait un moyen de revitaliser la communauté. Un des grands problèmes tenait au fait que la main-d'oeuvre n'avait pas de grande capacité de lecture ni de calcul. Divers secteurs se sont ralliés, se sont réunis et ont reconnu que c'était un problème et qu'il fallait faire quelque chose à ce sujet. Au début il y avait neuf organisations ayant un intérêt direct à prendre cet engagement—comme dirait Geoff—envers le but, pas la personne.

    L'engagement visait une période de dix ans pendant laquelle ont verserait des sommes provenant de ces différents secteurs—l'éducation en était un, la bibliothèque en faisait partie, leur gouvernement municipal, ce genre de chose—et l'on verrait ce qu'on pourrait faire pour changer ces statistiques.

    Il y a eu une forte participation, parce que la volonté était là. La volonté était là parce que essentiellement, ils étaient acculés au mur. On se disait: «Qu'allons-nous faire? Cette ville n'est pas prospère, elle ne progresse pas, il nous faut la réinventer.» Et croyez-le ou non, c'est maintenant une destination touristique. Voilà ce qu'on a fait—et on est parvenu à transformer une ville salle et crasseuse d'Angleterre pour en faire une destination touristique.

+-

    Mme Libby Davies: Ici nous n'entendons pas souvent parler de programmes qui durent 10 ans.

+-

    Mme Jean Rasmussen: C'est un engagement de 10 ans.

+-

    Mme Libby Davies: Nous en avons de cinq ans. C'est quelque chose de très important, j'en suis sûre, de votre point de vue, que d'essayer de bâtir dans la durée, c'est-à-dire de disposer d'un financement stable qui permette de continuer à construire, pour que vous ayez ce degré de participation et que les gens aient une certaine assurance quant à la continuité du programme.

+-

    Mme Jean Rasmussen: C'est juste. Et c'est ce qu'ils savaient. Ils savaient que cinq ans n'allaient pas suffire. On serait tout juste parvenu à préparer des gens, à les engager, à établir des relations, à mettre en place une forme de mécanisme pour se financer.

    Mais ils se sont aussi mis dans un esprit de «remise en état». Il a cité l'exemple des orphelinats. Ils se sont rendus dans ces orphelinats et ont examiné le matériel dont disposaient les enfants qui s'y trouvaient. Il n'y avait pas de livres. Il n'y avait rien. On s'est donc demandé comment régler le problème tout de suite? N'enrégimentons pas des gens dans des programmes pour 15 ou 20 ans. Voyons simplement ce qu'il vous faut en tant qu'individus pour pouvoir vaquer à vos affaires et mettons en place les moyens nécessaires.

    J'ai inclus à l'intention des attachés de recherche des documents qui portent sur le partenariat des compétences de base de Birmingham—c'est un très bon rapport. Je pourrais vous en faire parvenir d'autres, Libby, si cela vous intéresse.

º  +-(1625)  

+-

    Mme Libby Davies: Certainement.

+-

    Mme Jean Rasmussen: Faisons donc quelque chose, plutôt que de simplement y réfléchir, et comme je l'ai dit, ils y sont très bien parvenus.

+-

    Mme Marg Rose: Je suggérerais au comité de se rendre à Edinburgh cet été , parce qu'il y aura un rassemblement international qui portera sur le modèle des sociétés d'apprentissage de Norman Longworth. Il propose une charte de l'apprentissage. Je pense que Birmingham est l'une des villes signataires de cette charte. C'est semblable, vous avez raison.

    C'est un processus de dix ans, mais pensez-y : ça ne coûte pas un cent. Dans ce modèle, il s'agit d'une économie de troc informelle où vous pouvez avoir une compétence et vous enregistrez cette compétence dans une banque. Alors M. Simard est peut-être excellent dans les programmes de comptabilité, et pour ma part j'inscris mes besoins et mes compétences—l'alphabétisation n'est donc plus un sujet de honte dans cette mise en commun de talents—, et je peux souhaiter m'instruire sur les programmes de comptabilité. Un lien est donc établi par lequel il m'enseignera cette compétence; je vais apprendre de lui, et en échange je pourrai être en mesure d'aider quelqu'un grâce à une autre compétence que je possède. C'est donc une économie de troc informelle. La pratique se répand en Europe, et il y aura une conférence internationale sur cette question à Edinburgh en juin.

    Une autre approche est celle des communautés alphabétisées certifiées. Le gouverneur de la Georgie a examiné la situation des régions économiquement faibles de cet État et a dit qu'elles devaient se doter d'une approche à long terme qui rassemble plus de gens à la table.

    Un rapport a été rédigé sur la première expérience pilote canadienne inspirée de cette approche—le rapport de David Sherwood intitulé De l'étincelle au brasier continuel, qui se trouve dans la base de données en alphabétisation des adultes. Vos attachés de recherche pourraient y jeter un coup d'oeil. C'est en français et en anglais.

    Nous l'avons piloté au Manitoba dans une localité, celle de Beauséjour. Nous avons tenté de le faire en un an. Il aura un effet à long terme, mais c'est maintenant la Chambre de commerce de Beauséjour qui se l'est approprié. Nous avons une charte organisationnelle et il me semble qu'il y a 14 membres à la table qui gèrent cette question. Nous avons du personnel des services de santé, nous avons le maire, nous avons le conseil municipal qui disent oui, si quelqu'un s'apprête à faire des affaires dans notre petite localité, nous voulons avoir un plan d'apprentissage à long terme, parce que nous savons que nous avons besoin d'une stratégie pour les travailleurs âgés.

    Je vous encourage donc à examiner ces modèles internationaux qui sont des modèles à long terme.

+-

    Mme Libby Davies: Pour ce qui est des services gouvernementaux ou fédéraux par rapport aux services communautaires, pour ce qui est de l'utilisation qui devrait être faite des fonds, avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?

+-

    Mme Marg Rose: Je pense que le Secrétariat national à l'alphabétisation est bien placé pour fournir ce savoir-faire et ces conseils, parce qu'on y sait bien ce qui fonctionne.

+-

    Mme Libby Davies: Non, je vous demande votre avis sur ce sur quoi il faudrait mettre l'accent si le programme était élargi?

+-

    Mme Marg Rose: De notre point de vue, étant donné la composition démographique du Manitoba, je pense que nous devons viser à nous implanter davantage dans la communauté autochtone, parce que c'est un cauchemar administratif. On se renvoie constamment la balle, du provincial au fédéral et ainsi de suite. Je pense donc que nous devons forger des ententes avec les Premières nations.

    Nous avons un atlas de l'alphabétisation qui répertorie les endroits où les niveaux d'alphabétisation sont élevés et 22 des 25 communautés dont la moitié de la population adulte a des problèmes d'alphabétisation sont des communautés autochtones. Si bien qu'au Manitoba, ce serait une priorité.

    Je ne sais pas ce que vous en pensez.

+-

    Mme Cate Sills: Je pense qu'il faut un investissement soutenu au niveau communautaire et qu'il s'agisse de la communauté autochtone, des familles, des personnes ayant un handicap, des personnes âgées, je pense qu'il est difficile de cibler un groupe, mais je pense que les communautés qui disposent de bons moyens de soutien...

    Le travail en développement communautaire et en renforcement des capacités communautaires nous a demandé pas mal de temps. Nous y travaillons depuis six ou sept ans. Dans les deux dernières années, nous avons commencé à percevoir des résultats concrets et un véritable sentiment d'appartenance.

    Les communautés décident de ce dans quoi elles veulent investir leurs énergies, que ce soit l'alphabétisation des familles, le soutien aux adultes qui ont des besoins en alphabétisation, et ainsi de suite, et je pense qu'il est vraiment critique dans tout type d'investissement de mettre en place un processus qui soutienne cette capacité au niveau communautaire, qui soutienne ce sentiment d'appartenance.

º  +-(1630)  

+-

    La présidente: Merci.

+-

    Mme Libby Davies: Puis-je poser une question à Jean?

+-

    La présidente: Je regrette, vous devrez attendre le prochain tour.

+-

    Mme Libby Davies: C'était juste au sujet de...

+-

    La présidente: Monsieur Simard.

+-

    M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.): Merci, madame la présidente.

    Je souhaite la bienvenue à nos témoins. En vérité, on a déjà répondu à un bon nombre de mes questions, du moins dans une certaine mesure, si bien que je risque de dire des choses que vous avez déjà entendues mais je veux essayer de les approfondir un peu.

    Pour ce qui est d'une stratégie nationale, nous continuons d'en parler et dans une certaine mesure cela m'effraie, parce que normalement quand les gouvernements font cela, ils ont une politique universelle, et c'est très dangereux. Ce qui va fonctionner dans le centre-ville de Toronto peut ne pas fonctionner à Lac du Bonnet, au Manitoba, par exemple.

    J'ai bien sûr entendu dire ici que les défis varient d'une région à l'autre, naturellement. Par exemple, je crois que c'était dans les Territoires du Nord-Ouest, où les localités sont assez isolées les unes des autres, et il y a là des problèmes ou des défis liés à la diversité des langues.

    La stratégie nationale est probablement une bonne idée, mais prévoyez-vous que les différentes régions et les provinces joueront un rôle peut-être dans l'organigramme? Pensez-vous que le Secrétariat national à l'alphabétisation pourrait s'en charger, puis des représentants provinciaux? Et avez-vous pensé à une stratégie nationale avec des stratégies régionales et locales? Comme elles seront toutes différentes, ce qui arrive à un bout du pays pourrait différer complètement de ce qui se passera à l'autre bout.

+-

    Mme Cate Sills: À mon avis, le Secrétariat national à l'alphabétisation serait le secret de polichinelle du gouvernement. Il est très bien parvenu à établir les types de partenariats et la capacité nécessaires au niveau régional et local, ainsi qu'au niveau provincial et territorial, pour répandre l'alphabétisation. Je pense donc qu'on a déjà la structure d'un système d'exécution. Son mandat doit être élargi, il doit disposer de plus de ressources, et je pense qu'il a la capacité de faire avancer cette cause. Je pense aussi qu'il doit bénéficier d'un certain appui pour travailler dans un esprit de collaboration avec différents ministères de même que pour faire avancer cette idée d'intégration dans tout le gouvernement.

+-

    M. Raymond Simard: Vous avez aussi différentes forces. Je l'ai constaté en écoutant les conversations qu'on a eues ici, par exemple, Elaine a parlé d'un programme très réussi d'alphabétisation des familles et des talents multilingues qu'on a là-bas. Avez-vous examiné à l'échelle du pays si nous pourrions aller là-bas et capter ces points forts des différentes provinces sans avoir à les réinventer?

+-

    Mme Elaine Cairns: Il nous est venu l'idée d'un manuel d'alphabétisation et de compétences parentales. Nous n'avions même pas fait publier le manuel pour les apprenants réguliers avant d'être pressentis par des représentants des peuples des Premières nations qui ont dit en avoir aussi besoin. Puis, en moins d'un mois, nous avons reçu un appel téléphonique d'organisations francophones qui nous ont dit qu'elles aimeraient travailler à la fois en alphabétisation et en matière de compétences parentales. Puis nous avons été pressentis par des personnes ayant un handicap, qui aimeraient l'avoir pour des parents qui accusent un retard de développement. Nous sommes donc toujours en retard.

    Mais nous avons le savoir-faire. Nous avons trouvé comment établir des partenariats avec la communauté francophone, avec les Premières nations. Nous avons maintenant aussi des programmes d'anglais langue seconde. Nous aimerions prendre une envergure nationale. Nous aimerions que les autres profitent de notre expérience, ceux qui le veulent, ceux qui ont une idée. C'est pourquoi nous disons que le mandat du Secrétariat doit être élargi, parce que maintenant il est autorisé à financer des projets innovateurs à court terme, mais quand un de ces projets réussit et qu'on souhaite en faire un projet national, qu'arrive-t-il alors? Abandonne-t-on les gens et les laisse-t-on réinventer la roue et créer un autre programme d'alphabétisation des familles qui ressemble au vôtre, mais qui prend un autre nom?

+-

    M. Raymond Simard: Ça existe déjà.

+-

    Mme Elaine Cairns: Oui, il est là, utilisez-le.

+-

    M. Raymond Simard: Marg, vous avez parlé de technologie. Vous avez vraiment retenu mon attention, parce que j'ai toujours pensé que pour amener quelqu'un du niveau un ou du niveau deux au niveau trois, il faudrait une longue période d'enseignement individualisé et très intensif. Je ne pensais pas qu'on pouvait le faire au moyen d'Internet ou par télé-enseignement. Ai-je tort? Est-ce qu'on peut vraiment faire beaucoup par le télé-enseignement?

º  +-(1635)  

+-

    Mme Marg Rose: C'est ce que montre l'étude AlphaRoute. Nous nous demandions si l'on pouvait vraiment prendre quelqu'un ayant peu de compétences et s'attendre à ce que cette personne puisse fonctionner indépendamment, par exemple? Mais il y a des cybertuteurs ainsi que d'autres niveaux de soutien. Nous ne pouvons pas continuer de nous attendre à ce que les gens adhèrent au programme. Il y a tellement d'obstacles concrets à ce que l'on peut offrir, et je pense que nous devons examiner cela de plus près.

    C'est pourquoi la base de données en alphabétisation des adultes nous sert de dépôt commun. Et des endroits comme AlphaPlus en Ontario, qui héberge un grand nombre de programmes innovateurs, doivent aussi être accessibles à plus de gens. AlphaPlus dispose de milliers de ressources, mais c'est essentiellement pour l'Ontario. Ceux d'entre nous qui vivent à l'extérieur aimeraient pouvoir y accéder, mais ils doivent d'abord servir leurs propres collectivités, bien sûr.

    Il y a des choses comme cette émission de télévision, que nous avons produite sans fonds du gouvernement, sauf pour une participation indirecte des loteries. Je sais qu'au Secrétariat on souhaiterait vraiment que ce soit peut-être d'une envergure nationale, mais il faut répartir les fonds et ils sont limités. Nous recevons donc des appels, parce que c'est radiodiffusé sur une chaîne par satellite, c'est transmis à des collectivités de tout le pays, et nous lançons un appel à l'action au cours de l'émission—c'est une version en DVD—où nous demandons «Voulez-vous apprendre davantage? Appelez Learn Line».

    Learn Line est un projet organisé par ABC Canada. Je sais que vous avez entendu Christine Featherstone un peu plus tôt. Vous voyez donc comment nous sommes tous interreliés. On se préoccupe de la promotion dans les médias. Nous répondons au service Learn Line et orientons les gens vers les programmes. Alors en fait, nous sommes tous coordonnés, nous servons une part donnée du gâteau.

+-

    Mme Cate Sills: J'aimerais quand même ajouter à propos de la technologie que nous ne devons pas perdre de vue la question de l'accès. Ce n'est pas tout le monde qui a accès à la technologie informatique, à la large bande, à toutes ces choses, qui sont vraiment essentielles pour que cela fonctionne.

+-

    M. Raymond Simard: J'ai une dernière question. Nous avons parlé de Birmingham. Je me demandais s'il y avait un pays qui pouvait offrir un exemple de bon programme? Pourquoi tout réinventer? Il doit bien y avoir déjà quelque chose qui fonctionne. Dans quel pays cela se trouverait-il?

+-

    Mme Marg Rose: En Suède. Ils sont brillants.

+-

    M. Raymond Simard: Merci.

+-

    Mme Jean Rasmussen: Il y a des moyens pour nous de travailler avec des villes comme Birmingham sans réinventer la roue et tirer des enseignements de leur approche pour tous les secteurs et tous les groupes d'âge afin de favoriser l'alphabétisation et l'apprentissage du calcul.

    La Suède serait l'endroit idéal, mais je pense qu'il y a d'autres pays et d'autres exemples de modèles de programme que nous devrions examiner. Aux États-Unis, on finance l'alphabétisation des familles par des fonds du gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral a un modèle complet à quatre composantes pour ce qui est de sa définition de l'alphabétisation des familles. Grâce aux efforts du National Centre for Family Literacy au Kentucky, on est parvenu à adopter cette approche et à l'étendre à l'échelle de tout le pays.

    Je dirais qu'il y a des programmes plus près de nous que nous pourrions examiner et que nous examinons effectivement. Le Canucks Family Education Centre est en fait une adaptation du programme complet du National Centre for Family Literacy.

    La Suède, c'est formidable, mais les États-Unis, c'est bien—surtout dans ce cas-là, tout comme le Royaume-Uni. Je pense donc qu'il y a d'autres modèles qui se rapprochent davantage de ce que nous faisons.

+-

    La présidente: Merci.

    Monsieur Goldring, pour le second tour.

+-

    M. Peter Goldring: Merci beaucoup.

    [Note de la rédaction: Inaudible]... Est-ce que Statistique Canada va examiner les statistiques à ce propos? Je pense que c'est une donnée statistique naturelle que Statistique Canada devrait présenter aux 10 ans, ou régulièrement.

    Nous pouvons tous reconnaître l'avantage qu'il y a à investir davantage dans l'alphabétisation et l'aide aux autres, mais je me dis que nous devons vraiment avoir un moyen d'évaluer la réussite et de voir quels sont les progrès que nous avons accomplis. Par exemple, Statistique Canada a commencé récemment à recueillir des données statistiques sur l'itinérance. On le fait selon le groupe d'âge, et c'est ainsi qu'on a effectué une ventilation en quatre ou cinq catégories différentes, et on en est arrivé à... Peut-être qu'on examine ces données ou qu'on les utilise, mais il nous faut quelque chose que nous puissions utiliser à l'échelle nationale pour pouvoir évaluer les réactions et les réussites aussi.

    Qui voudrait répondre à cette question?

+-

    Mme Marg Rose: Je crois que vous avez eu une séance d'information de Statistique Canada, mais l'enquête internationale sur l'alphabétisation a été rédigée et gérée par le Canada et effectuée avec le concours de pays industrialisés du monde entier, en 1995. Nous avons donc un ensemble de données pour le Canada, dont on peut prendre connaissance. Puis il y a eu un autre volet en 2002, et les résultats paraîtront bientôt, mais...

º  +-(1640)  

+-

    M. Peter Goldring: Ne pourrions-nous pas faire notre propre enquête?

+-

    Mme Marg Rose: Elle a été faite au Canada.

+-

    M. Peter Goldring: Par Statistique Canada?

+-

    Mme Marg Rose: Oui, au Canada. En 1995, 5 600 Canadiens ont été interrogés, ce qui représente un échantillonnage suffisant pour que nous disposions de données nationales.

    Bien que le Manitoba n'ait pas acquis un échantillon au cours de la première phase, le gouvernement du Manitoba a dit en 2002: «Venez et interrogez nos gens, parce que seulement 200 avaient été interrogés en 1995». Eh bien, ce n'est pas suffisant, et un échantillonnage plus vaste du test d'alphabétisation a été acheté au Manitoba en 2002.

+-

    M. Peter Goldring: Pourrions-nous avoir des renseignements sur la méthodologie et les détails du test? En particulier, j'aimerais voir un de ces tests pour savoir comment il est constitué, comment on pose les questions, sur quoi cela porte.

+-

    Mme Marg Rose: Il est assujetti à un droit d'auteur, sinon il pourrait y avoir plagiat, mais il y a des extraits du test.

+-

    M. Peter Goldring: Faites-moi confiance.

+-

    Mme Marg Rose: Le rapport intitulé Litéracie, économie et société et le rapport intitulé Lire l'avenir: Un portrait de l'alphabétisme au Canada, qui se trouvent sur le site Web, contiennent des extraits de questions posées. Par exemple, dans une question de niveau un enquêteur pourrait demander: «Sur cette feuille d'information, qui prenait la parole à 15 h?». C'est un type de question. Une question de niveau deux pourrait être: «Dans combien de temps M. Goldring prendra-t-il la parole?». Alors vous devez avoir deux niveaux, la réflexion et la soustraction.

+-

    M. Peter Goldring: J'aimerais vraiment le voir pour constater jusqu'où on allait.

    Je pense que votre observation sur le nombre de personnes interrogées est très importante : 5 000 c'est loin d'être une étude en profondeur des niveaux d'alphabétisation de la société canadienne.

    Comme il ne me reste que quatre minutes, je vais aborder le deuxième volet de ma question, qui a trait au fait qu'il faut bien comprendre que l'éducation comme beaucoup d'autres choses sont des domaines de compétence provinciale selon la Constitution. Peut-être qu'on devrait aller davantage dans ce sens, avec une certaine supervision fédérale. Dans chaque province, y a-t-il une organisation ou une entité provinciale qui relève du gouvernement provincial et qui rassemble véritablement les différents groupes intéressés, comme les conseils scolaires, les bibliothèques, l'industrie, les nouveaux Canadiens, les enfants d'âge préscolaire, tous ces intéressés, et qui supervise tout cela maintenant?

+-

    Mme Marg Rose: C'est essentiellement le rôle que jouent les coalitions.

+-

    M. Peter Goldring: Ne serait-il pas plus raisonnable de faire une partie de ce que vous aimeriez faire, c'est-à-dire une participation fédérale mais sous supervision provinciale, si la province désignait un coordonnateur provincial de tous ces efforts afin qu'il y ait une certaine cohérence dans l'approche?

    Je regarde les livrets ici. Je m'y reporte tout le temps et je constate qu'il s'agit d'un groupe—c'est le groupe de l'Alberta—mais on n'y trouve pas grand-chose sur l'approche industrielle.

    Je pense qu'il est bien reconnu que le degré d'alphabétisation au niveau industriel en matière de technologie est très important aussi, tout autant certainement qu'il l'est pour les enfants et à tous les niveaux. Mais est-ce que nous tenons compte de tous les facteurs pour assurer un financement approprié qui soit suffisant à tous les niveaux et de façon égalitaire?

+-

    Mme Marg Rose: Il y a un responsable du Secrétariat à l'alphabétisation dans chaque province. En Colombie-Britannique, c'est la moitié d'un poste. En Saskatchewan, c'est la moitié d'un poste. En Alberta, c'est un poste. Au Manitoba, il y en a quatre—quatre équivalents temps plein à notre département d'alphabétisation et d'enseignement pour les adultes. Ils financent l'exécution du programme, ils les évaluent, ils leur donnent de la formation. Alors à quatre ils n'ont pas vraiment le temps d'assurer en plus la coordination de tous les autres intervenants. Ils sont déjà assez occupés à évaluer et à faire la comptabilité des sommes qu'ils versent.

    À notre bureau, en tant que coalition, nous avons un mandat élargi de sensibilisation du public et nous veillons à rassembler les gens à la table. Nous avons deux employés à plein temps et trois entrepreneurs. Nous voudrions vraiment faire davantage.

+-

    M. Peter Goldring: Vous devez avoir raison et quand on considère la chose du point de vue du fédéral, il faut espérer que tout soit bien coordonné. Comme je le disais... [Note de la rédaction: Inaudible]... quels sont les principaux objectifs et étant donné que les tests d'alphabétisation semblent ici faire intervenir des adultes. Les chiffres cités sont troublants parce qu'ils sont élevés: environ 40 p. 100 de la population a du mal à lire le journal. C'est très troublant. On veut certainement toucher tous les secteurs de la population, de manière équitable, et on espère qu'au bout du compte, après dix ans de financement, Statistique Canada ou un autre organisme pourra faire un suivi et nous dire si les résultats sont bons ou non.

    Peut-être faut-il investir davantage, mais sans balise nous permettant d'évaluer ce qui a été fait, il est très difficile, en toute objectivité, de simplement dire qu'il faut émettre un chèque plus important. Il est très difficile pour nous de faire ce genre de...

º  +-(1645)  

+-

    Mme Jean Rasmussen: Vous venez de défendre l'idée d'une stratégie pan-canadienne.

+-

    M. Peter Goldring: Une stratégie pan-canadienne avec un suivi provincial...

+-

    Mme Jean Rasmussen: Oui, c'est ça. Nous n'avons plus rien à faire ici.

+-

    Mme Marg Rose: Si ce n'est que provincial, il y aura des dédoublements. Voilà pourquoi une coordination pan-canadienne...

    Je suis ravie de vous entendre parler de coordination, parce qu'aux yeux de certains, il s'agit simplement d'un autre couche qui s'ajoute. Dans les faits, quand on peut coordonner, savoir ce qui se passe dans les autres provinces et tabler sur les succès et les leçons tirées de ces expériences, c'est plus efficace.

+-

    M. Peter Goldring: Comme pour la santé, disait quelqu'un.

    Une voix: Oui, tout à fait.

+-

    La présidente: Monsieur Bellemare, c'est à vous. 

[Français]

+-

    M. Eugène Bellemare (Ottawa—Orléans, Lib.): Merci, madame la présidente.

    Mesdames,

[Traduction]

C'est très rafraîchissant d'entendre les gens qui travaillent sur le terrain. Parfait.

    Il est bon d'entendre parler d'autres endroits que la Suède. Pour moi, la Suède est toute petite, nordique et dotée d'une population homogène.

    Le Canada est le pays le plus grand. Plus grand que la Russie. Il a déjà été plus petit que l'URSS, mais du point de vue géographique, désormais, c'est le plus grand. Nous avons de nombreux groupes linguistiques. Et parmi cette multiplicité linguistique, deux langues émergent. Et bien entendu, il y a les gouvernements provinciaux et territoriaux qui voient le fédéral comme le tyran au gousset bien garni qui vient usurper leurs pouvoirs. C'est du moins ce que pensent certaines provinces. Elles voient le fédéral comme le bailleur de fonds qui devrait se contenter de leur donner de l'argent sans dire un mot.

    Notre comité devrait-il se concentrer, par exemple, sur les programmes d'adaptation à la vie, les programmes d'autonomie fonctionnelle, les programmes de formation de base, l'apprentissage de la lecture et du calcul jusqu'au niveau 1 ou 2, et, peut-être même, jusqu'au niveau 3? C'est une liste de souhaits, un cycle familial. Faut-il plutôt que le fédéral s'oriente sur la productivité d'abord, plutôt que sur l'autonomie?

    Vous vous êtes concentré, vous, sur l'autonomie, en aidant les gens à sortir de leur misère, à apprendre à lire, à compter, à faire des choses fondamentales. Certains diront qu'au niveau fédéral, en fait, ce qui compte vraiment, c'est la main-d'oeuvre et l'argent. On parle de productivité et de technologie dans le secteur manufacturier. Ainsi, dans les mines de diamant, on peut former les gens au fur et à mesure qu'ils travaillent, afin qu'ils soient plus productifs à l'usine, à la manufacture, ou dans la mine, à l'extraction.

    Je parle de productivité et non d'autonomie personnelle, qui comprendrait tout, notamment la lecture. Sur quoi devons-nous nous concentrer? Peut-être qu'il ne faut pas choisir, et prendre les deux?

    Madame Rasmussen?

+-

    Mme Jean Rasmussen: Comment pouvons-nous être des citoyens productifs, au Canada, si nous ne sommes pas autonomes, si nous ne sommes pas bien alphabétisés? Je crois que les deux sont liés.

    Pour moi, l'un n'exclut pas l'autre. C'est ce que nous disent les statistiques. C'est ce que nous constatons, nous qui travaillons sur le terrain depuis une vingtaine d'années. Il faut les deux. Le pays ne saurait être productif si ses travailleurs ne sont pas suffisamment instruits, et instruits pour la vie. À mon avis, il n'y a pas à choisir entre les deux.

+-

    Mme Cate Sills: D'après notre expérience dans le nord, on commence à constater que les grandes entreprises, comme employeurs, ont reconnu qu'elles ne peuvent se concentrer exclusivement sur la productivité. Elles doivent s'assurer que leurs employés ont un soutien pour la vie quotidienne, ont un appui sous forme de counselling, dans certains cas et qu'il faut les voir comme des personnes à part entière, ce que sont en effet les travailleurs.

    La main-d'oeuvre n'est pas qu'une question de productivité. Les travailleurs sont aussi des parents, des électeurs, des membres de la collectivité. Les employeurs qui décident de favoriser l'alphabétisation en milieu de travail reconnaissent qu'il faut soutenir toute la personne, et non pas seulement sa productivité ou le bilan de l'entreprise.

º  +-(1650)  

+-

    Mme Elaine Cairns: J'aimerais ajouter que nous ne deviendrons pas une société où la lecture sera plus facile. La technologie continuera de progresser. Les exigences en matière de lecture et d'écriture croîtront. Il y a à peine quelques années, on apprenait à se servir d'ordinateurs et maintenant ils sont partout; et il en est de même des téléphones cellulaires, des télécopieurs, etc., et tout cela exige des capacités de lecture et d'écriture. Il faut que je sache comment mettre mon ordinateur en marche. Il faut que je comprenne ce qu'il me demande de faire, même si on a essayé de les rendre aussi simples que possible.

    Comme société, pour être productif, il nous faut reconnaître qu'on sera de plus en plus exigeant pour ce qui est de nos compétences en lecture et en écriture et non le contraire.

+-

    Mme Marg Rose: J'aimerais qu'on revienne sur rôle du gouvernement. Les programmes en milieu de travail se concentrent sur les résultats financiers, sur ce qui est rentable pour l'entreprise. Quant au gouvernement, ne doit-il pas veiller à ce que tous aient les mêmes possibilités? Il y a de moins en moins de postes de débutants. Si l'on se concentre uniquement sur la productivité, on passera à côté d'éléments importants. Pensons aussi aux parents... On passera à côté des personnes âgées, qui nous coûtent cher du point de vue santé.

    Le gouvernement ne s'occupe pas uniquement du capital humain. Il y a aussi l'intérêt des entreprises qui doivent aussi être à la table—et elles vous en diront davantage plus tard.

    Je sais que Palliser Furniture, une entreprise qui a gagné des prix, dans notre province, a un programme d'alphabétisation au travail qui ne limite pas seulement à la documentation liée au travail; il est question d'alphabétisation de la famille.

[Français]

+-

    M. Eugène Bellemare: Merci beaucoup.

+-

    Mme Marg Rose: De rien.

[Traduction]

+-

    Mme Libby Davies: J'ai quelques questions dans la même veine, une sur la Colombie-Britannique et une autre, qui s'adresse à tous.

    Marg, je crois que vous avez dit que le Manitoba dépensait 1,3 millions de dollars, et que le SNA vous verse 600 000 $.

    Pour la Colombie-Britannique, je crois que vous avez parlé de 900 000 $ du gouvernement fédéral. Quelle est la contribution de la province? Avez-vous ce chiffre, ici?

    Pendant que vous cherchez, je vais poser l'autre question. Je crois que vous avez dit que l'un des conseils d'administration, celui de la Colombie-Britannique, Literacy B.C., comptait quatre apprenants. Je présume qu'il est assez important que les apprenants participent à divers niveaux, ne serait-ce que pour la rétroaction sur le programme et pour la conception de programmes. Est-ce assez répandu et accepté partout, ou est-ce différent d'un endroit à l'autre? Devons-nous nous préoccuper du fait que les apprenants ne sont pas nécessairement engagés dans le processus?

+-

    Mme Elaine Cairns: Nous travaillons tous à encourager la participation des apprenants, quand nous pouvons. Au conseil d'administration de Literacy Alberta, par exemple, nous avons deux apprenants et je suis ravie de vous annoncer qu'à notre dernière élection, 10 ou 12 apprenants ont présenté leur candidature pour ces deux postes—je ne me souviens pas du nombre exact. Alors oui, c'est ce que nous faisons. Notre organisation compte parmi ces membres 80 apprenants, et nous essayons d'augmenter leur nombre.

    Vous avez tout à fait raison. Il faut écouter les apprenants, et nous le faisons tous, de diverses façons.

+-

    Mme Marg Rose: Nous avons un bureau de conférenciers pour les apprenants et, comme Elaine le disait, normalement l'un d'entre eux m'accompagnerait. Lorsque je vais quelque part, j'emmène un apprenant avec moi, car je peux vous parler de statistiques jusqu'à ce que vous périssiez d'ennui—j'en ai d'autres, si vous en voulez—, mais ce sont les histoires des apprenants qui commandent l'attention et qui motivent d'autres apprenants éventuels.

+-

    Mme Libby Davies: Je trouve que c'est quelque chose qu'on peut oublier dans de nombreux secteurs de service. C'est une chose à laquelle il faut toujours penser de façon très systématique afin de pouvoir rendre des comptes et dire qui bénéficie de ces services.

    Je suis très heureuse d'apprendre que vous le faites souvent. C'est bien.

+-

    Mme Marg Rose: C'est un défi, car l'analphabétisme est lié à un revenu modeste et ces personnes ont tendance à se déplacer souvent.

    Nous ne voulons pas les institutionnaliser. Le fait d'être un jour apprenant ne veut pas dire qu'on l'est pour toujours. Tout comme ceux qui survivent au cancer ne sont pas que des survivants. Nous devons faire attention.

+-

    Mme Libby Davies: Est-ce que cela devient votre identité? Oui.

+-

    Mme Cate Sills: C'est en tout cas ce que nous constatons dans les Territoires du Nord-Ouest. Les apprenants ne font pas partie de notre conseil d'administration, mais nous avons de nombreuses personnes qui exécutent les programmes et qui pourraient être qualifiés d'«apprenant» selon la définition que l'on donne à ce terme... Elles tâchent de se débrouiller malgré un faible niveau d'alphabétisation, comme l'ont fait leurs parents. Elles participent au processus.

+-

    Mme Libby Davies: Ainsi, ils participent tous; c'est peut-être un meilleur terme.

+-

    Mme Cate Sills: Oui, ils participent pleinement au processus. Ou alors, ils sont membres de notre conseil d'administration, pas nécessairement en tant qu'apprenants, mais à titre de personnes qui ont des problèmes d'alphabétisation.

+-

    Mme Marg Rose: Il y a également le Learners Advisory Network, un projet du Movement for Canadian Literacy. Il s'agit d'un groupe national qui comprend un représentant de chaque province qui fournit des conseils à l'organisme national.

º  +-(1655)  

+-

    Mme Libby Davies: Très bien.

    Avez-vous trouvé le chiffre?

+-

    Mme Jean Rasmussen: Sept cent milles dollars.

+-

    Mme Libby Davies: Ce n'est pas beaucoup.

    Lorsque j'ai appris que le Manitoba avait un budget de 1,3 million de dollars, j'étais curieuse de savoir quel était celui de la Colombie-Britannique.

+-

    Mme Jean Rasmussen: Il nous faut plus d'argent.

+-

    Mme Libby Davies: C'est moins que le fédéral...?

+-

    Mme Jean Rasmussen: C'est moins que le fédéral... Il s'agit de projet à frais partagés. J'ai ici la déclaration d'Audrey Thomas; il y a 700 000 $ et pour ce qui est des demandes d'autorisation de projets, il y a 36 projets dont le Ministry of Advanced Education pourrait s'occuper. Ce serait...

+-

    Mme Libby Davies: Est-ce que le gouvernement provincial a réduit les budgets des programmes d'alphabétisation?

+-

    Mme Jean Rasmussen: Disons qu'il n'y a pas eu d'augmentations. Nous aimerions recevoir plus d'argent et nous en aurions besoin. Mais il n'y a pas eu de réductions comme telles.

    Comme nous le disions tout à l'heure, le financement de base des coalitions n'a pas changé depuis 10 ans. Nous recevons aujourd'hui exactement le même montant qu'il y a 10 ans pour administrer nos programmes. Ce que nous avons réussi à faire avec cet argent relève du prodige.

+-

    La présidente: En réponse à certaines questions que vous posiez, le Secrétariat national à l'alphabétisation a fourni ce document à chacun d'entre nous et vous y trouverez, Libby, les renseignements sur le financement. Je pense que vous pouvez les lire. Je vous recommande également de parcourir l'autre document très long qui nous a été fourni par la Bibliothèque du Parlement. Monsieur Goldring, je pense que vous y trouverez également les réponses à certaines de vos questions. Voilà, nous avons tous un peu de devoirs à faire.

    Avant de permettre à M. Simard de poser la dernière question, M. Bellemare s'interrogeait sur les entreprises qui offrent des cours d'alphabétisation en milieu de travail. Le 3 avril, nous accueillerons les représentants de certaines entreprises qui sont prêtes à partager avec nous leurs pratiques exemplaires. Je sais que vous ne voudrez pas rater cette réunion.

    Monsieur Simard.

+-

    M. Raymond Simard: Merci, madame la présidente.

    Je voudrais juste poser deux courtes questions. J'ai l'impression que bon nombre de personnes qui travaillent dans ce domaine sont bénévoles. Je serais curieux de savoir quel pourcentage d'entre elles ont reçu une formation appropriée.

    Deuxièmement, nous avons appris dernièrement qu'il y a beaucoup d'organismes qui travaillent dans ce domaine, que cela nous plaise ou non, parce que la demande existe. Si jamais il y avait une stratégie nationale pensez-vous qu'il y aurait une rationalisation de tous ces organismes? Pensez-vous qu'il y aurait beaucoup moins d'organismes comme le vôtre ou pensez-vous que vos organismes travailleraient de concert avec tous les autres?

+-

    Mme Marg Rose: Puis-je commencer? Vous serez fiers d'apprendre que le Manitoba est un chef de file à plusieurs titres et que nous avons plusieurs niveaux de formation. Le premier niveau est un cours de 15 heures à l'intention des personnes qui veulent enseigner uniquement aux adultes. Le niveau deux comporte des cours de courte durée sur, par exemple, la façon de motiver les apprenants et sur la manière d'enseigner à une classe qui comporte plusieurs niveaux. Le niveau trois est presque un cours universitaire de deuxième année.

    L'ennui, c'est que personne ne reconnaît cette formation sauf ceux qui travaillent déjà dans le milieu. Nous avons fait une étude intitulée «Millennium Project», financée par le Secrétariat national à l'alphabétisation. Le salaire moyen d'un professeur en alphabétisation est de 12 à 15 $ l'heure. Étant donné la pénurie d'enseignants, les enseignants diplômés veulent tous évidemment enseigner dans les centres d'éducation des adultes ou dans le système scolaire.

    Au Manitoba, les enseignants ne sont pas des bénévoles. Les bénévoles font des tâches comme siéger au sein des conseils communautaires, conduire et faire un peu de travail comme tuteurs. Mais il y a des personnes rémunérées qui sont passionnées et qui veulent continuer à travailler dans le domaine. Nous avons à l'heure actuelle un grave problème de relève puisque les personnes qui sont arrivée dans ce domaine parce qu'elles y croyaient passionnément ont maintenant atteint l'âge où elles songent à la retraite. C'est un grave problème.

    Les autres ont peut-être quelque chose à dire au sujet de la formation.

+-

    Mme Elaine Cairns: Je pense que vous avez soulevé une question très importante. Nous agréons les tuteurs volontaires mais nous aimerions bien avoir un sceau. En fait, nous examinons cette question. Nous étudions ce que le Manitoba a fait, car on y trouve d'excellents programmes et nous avons beaucoup à apprendre de cette province.

    Ce que dit Marg est tout à fait vrai. Nous avons des bénévoles dévoués, mais qui n'ont pas la formation que nous souhaiterions et qui travaillent avec des étudiants peu alphabétisés.

+-

    Mme Jean Rasmussen: En Colombie-Britannique, le University College of Fraser Valley et l'Université de Victoria offrent des programmes. Mais la plupart des bénévoles reçoivent une formation de 20 à 30 heures qui leur est fournie par l'organisme local avec lequel ils vont travailler. Ce n'est pas assez.

»  -(1700)  

+-

    Mme Marg Rose: Je vous encouragerais à poser cette question aux représentants de la Nouvelle-Écosse, si vous les recevez, car ils ont mené un projet d'évaluation de la formation antérieure avec l'aide financière du Secrétariat national à l'alphabétisation. Vous allez avoir l'impression que nous sommes payés pour leur faire de la publicité, mais c'est là qu'est l'expertise. Ils voudraient aider les personnes qui travaillent dans le domaine à obtenir des crédits en vue d'un diplôme de baccalauréat en éducation, je crois.

+-

    M. Raymond Simard: Très bien. Merci.

+-

    La présidente: Je remercie chacun d'entre vous d'être venus aujourd'hui.

    À vous entendre parler du Secrétariat national à l'alphabétisation, il est évident que vous êtes très heureux du travail qu'il fait. S'il y a un message qui revient constamment, c'est qu'il n'a pas assez d'argent. Si j'ai bien compris, vous croyez également que le Secrétariat est le bon mécanisme de prestation et que vous serez heureux de continuer à travailler avec lui.

    Je vais donner à chacun d'entre vous la chance de nous dire dans quelle mesure il faudrait augmenter le budget du Secrétariat afin qu'il puisse mieux vous aider, ainsi que vos collectivités, à faire votre travail. Marg, nous allons commencer par vous.

+-

    Mme Marg Rose: Oh, mon Dieu.

+-

    La présidente: Quelqu'un a dit qu'il fallait doubler son budget.

+-

    Mme Jean Rasmussen: Il est de 28 millions à l'heure actuelle.

+-

    Mme Marg Rose: Nous avons fait une analyse sur place des décisions fondées sur les faits dans notre coalition et nous avons constaté que nous fonctionnons à un niveau qui dépasse trois fois notre niveau de financement. Mais je pense qu'avant de lancer un chiffre comme cela sur la table, il faudrait beaucoup plus de réflexion.

+-

    La présidente: Eh bien, essayons ceci. Quel est le rendement de chaque dollar que nous donnons au Secrétariat? Pour un programme, vous avez mentionné un rapport de 1 à 7. Serait-il réaliste d'envisager un rapport de un à quatre, ou chaque dollar en entraînerait quatre ou cinq?

+-

    Mme Marg Rose: À mon avis, cela dépend si l'on considère que l'éducation est un bon investissement ou si c'est quelque chose qui doit procurer un rendement important. Dans notre domaine, même un rapport de un à deux constitue un assez bon rendement.

    Si les organismes bénévoles doivent générer un rendement, je pense qu'il est raisonnable de penser qu'ils auront besoin de plus d'aide pour la comptabilité. Bon nombre de ces organismes ont des trésoriers bénévoles. On ne peut pas nous demander une meilleure comptabilité sans nous fournir plus d'aide professionnelle.

+-

    Mme Cate Sills: Je ne sais pas si je peux donner un chiffre. Je pense qu'il ne suffirait probablement pas de doubler son budget. Je pense qu'il faudrait étudier la question, mais on pourrait toujours commencer par doubler.

+-

    Mme Elaine Cairns: En un mot, je donnerais au Secrétariat tout ce qu'il demande. Mais comme je le disais dans mon exposé, nous dépensons moins d'un dollar par personne au Canada.

+-

    La présidente: Lorsqu'ils liront vos témoignages, les gens du Secrétariat penseront peut-être pouvoir obtenir beaucoup plus qu'avant, car vous leur avez manifesté un appui très clair.

    Jean.

+-

    Mme Jean Rasmussen: J'allais dire qu'il faut lui donner beaucoup plus d'argent.

    Je pense que cela dépend de ce que nous attendons de Secrétariat. S'il doit appliquer une stratégie pan-canadienne en collaboration avec les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, il lui faudra beaucoup d'argent. Combien? Je ne le sais pas. Cela dépend des attentes.

+-

    La présidente: Je suppose aussi que cela dépend si on élargit ses pouvoirs et si on lui permet de financer d'autres initiatives et pas seulement des projets à court terme.

+-

    Mme Jean Rasmussen: Oui.

+-

    Mme Marg Rose: En outre, s'il y avait une approche plus intégrée où, par exemple, le Secrétariat travaillerait avec le ministère de la Santé ou le ministère de la Justice—par exemple, notre étude sur la santé est financée par la direction générale de la santé de la population et de la santé publique—alors, l'alphabétisation deviendrait l'affaire de tout le monde et il faudrait que le Secrétariat en assure la coordination. Je sais que cela l'intéresse beaucoup, mais il lui faudra une ou deux personnes pour s'en occuper.

-

    La présidente: Santé Canada pourrait toujours donner de l'argent au Secrétariat. Il pourrait redistribuer les fonds plutôt que de garder tout l'argent.

    Encore une fois, je vous remercie tous et chacun.

    La séance est levée.