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TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 17 octobre 1995

.0920

[Traduction]

Le vice-président (M. Volpe): On m'informe que l'un des députés du Parti réformiste s'en vient. Et qu'il nous demande de faire comme s'il était parmi nous. Je déclare la séance ouverte et je souhaite la bienvenue à nos trois invités.

Comme vous le savez, nous commencerons par une table ronde de la petite entreprise avec pour thème l'agriculture et la transformation des aliments. Nous recevons ce matin Mme Christine Jalilvand de Montréal qui est présidente de Namtrade International; M. Robert Shore de Shore Holsteins International Inc., de London en Ontario et M. Garth Jenkins de Abegweit Seafoods Inc., de Summerside dans l'Île-du-Prince-Édouard, également connue pour être la capitale mondiale de la TPS.

Madame et messieurs, je m'excuse de notre retard. Chaque témoin a normalement une quinzaine de minutes pour nous exposer son point de vue sur la question à l'étude, après quoi les députés de part et d'autre de la table lui posent des questions dans une atmosphère de saine franchise. Le but est d'informer le comité sur une question au sujet de laquelle nous aurons à prendre des décisions.

N'attendons pas davantage. Qui d'entre vous parlera le premier?

Monsieur Bob Shore.

.0925

M. Robert Shore (président, Shore Holsteins International Inc.): Bonjour, mesdames et messieurs. Je suis ravi de me retrouver dans la capitale nationale.

D'abord un bref survol de notre compagnie. Nous sommes dans l'exportation de bétail et de produits génétiques. Nous sommes établis dans l'ouest de l'Ontario. La compagnie a été créée en 1949 par mon père et son frère, aujourd'hui décédé, pour tenir des ventes aux enchères et exporter du bétail aux États-Unis. Ils étaient tous deux des éleveurs et possédaient leurs propres troupeaux et c'était pour eux une façon de se diversifier.

L'entreprise a suivi son petit bonhomme de chemin jusqu'en 1955 où je suis entré dans la compagnie. Je suis devenu commissaire-priseur de ventes de bétail. J'ai aussi souvent été juge lors de compétitions internationales.

C'est vers 1967 que j'ai commencé à aller souvent au Mexique. Nous voulions trouver de nouveaux débouchés pour nos produits génétiques, à part le marché local et celui des États-Unis. Ça a très bien marché au Mexique et dans les années qui ont suivi, nous avons expédié 7, 8 ou 10 000 têtes de bétail dans ce pays. Nous avons fait la même chose en Italie, avec autant de succès. Puis, nous nous sommes tournés vers l'Angleterre. À une certaine époque, nous étions le plus gros fournisseur d'animaux de reproduction pour l'Espagne.

Vu tous les risques inhérents à ce type d'activités, il a fallu obtenir des lettres de crédit bancaire. Heureusement, les crédits ont été débloqués à temps pour nous permettre de charger les navires ou les avions pour le transport des animaux. Et puis, certains pays exigeaient une garantie d'exécution et trouvaient toujours un prétexte pour la conserver en totalité ou en partie.

Mais surtout, nous avons travaillé d'arrache-pied. C'est une entreprise familiale. Aujourd'hui, un de mes frères est un des associés et deux de mes fils y travaillent. Une de mes filles travaille pour nous et un autre de mes frères aussi. Nous sommes donc une petite entreprise familiale.

Notre seule occupation, c'est le bétail. Toute notre activité porte sur l'élevage, la promotion, la vente et l'exportation de bêtes de race, que ce soient des animaux vivants ou des embryons.

Le marché a changé un peu au fil des années. Par exemple, le marché mexicain se portait très bien jusqu'en décembre 1994 et puis, comme vous le savez tous, le peso s'est effondré. Depuis, le marché est à peu près mort.

Nous avons aussi rencontré des obstacles à cause de la SEE qui voulait conserver pour elle le marché européen, en particulier celui de la France. On nous a fermé l'accès à ce marché en se servant d'un protocole sanitaire. Par contre, il y a toujours d'autres marchés qui s'ouvrent.

Nous voyageons beaucoup; que ce soit moi, mes fils, ma fille ou mon frère. Deux grosses expéditions de bétail vont se faire cette semaine, la première au Japon et l'autre vers la République dominicaine. Des bêtes à nous sont en quarantaine et attendent d'être expédiées en Équateur et au Brésil.

Il y a une vingtaine d'années, avec certains de nos concurrents, nous avons formé la Canadian Livestock Exporters Association. Nous comptons une dizaine de membres d'est en ouest du pays. Nous nous rencontrons tous les deux ou trois mois. Nous ne formons pas un cartel, nous voulons seulement échanger des idées et nous entraider si possible. En cas de difficultés, s'il faut s'adresser aux autorités, un groupe comme le nôtre a plus de poids qu'un petit éleveur isolé de Glanworth en Ontario.

Ça marche bien. Nous avons un code de bonne conduite et tout manquement peut conduire à l'expulsion du membre. Jusqu'à présent, nous n'avons perdu personne.

Nous avons aussi un troupeau de reproduction de vaches Holstein. À partir de ce troupeau, nous produisons beaucoup d'embryons et nous en fournissons aussi qui proviennent d'autres éleveurs de partout au pays. Ils sont destinés à l'exportation et aboutissent dans un grand nombre de pays.

Au fil des années, nous avons expédié des produits génétiques dans une soixantaine de pays. Nous n'élevons pas que les vaches Holstein, comme le nom de la compagnie pourrait le laisser croire. Nous avons exporté cinq races laitières, sept de bestiaux à viande, trois de mouton, trois de porc et sept de cheval dans ces pays. Nous avons travaillé partout: en Amérique du Sud, en Europe, en Australie, dans certains pays d'Afrique, dans les Antilles, au Mexique, etc.

.0930

Pour ce qui est des programmes fédéraux, Agriculture Canada joue un rôle treès important dans le domaine de l'élevage. C'est ce ministère qui délivre le certificat sanitaire des animaux destinés à l'exportation, une homologation très prisée à l'étranger. Nous en sommes très fiers et avec raison.

Il arrive que les critères du certificat venant d'un pays acheteur, établis par négociation ou unilatéralement - parfois par des gens qui ne travaillent pas sur le terrain - aboutissent à des exigences inacceptables. Lorsque les vétérinaires en chef à Ottawa négocient ces critères, ils devraient au moins communiquer avec les exportateurs qui connaissent les problèmes avant d'accepter telle ou telle chose.

Le vice-président (M. Volpe): Pourriez-vous donner aux citadins que nous sommes, qui ne connaissent rien à l'élevage, un exemple de ce dont vous parlez?

M. Shore: Prenons le cas de la Chine. Le certificat exigé par la Chine est très strict. Par exemple, le bétail doit appartenir à un troupeau où l'on n'a signalé aucun cas de leucose bovine enzootique. La leukose, c'est une forme de leucémie. C'est une maladie non évolutive, mais entre 15 et 20 p. 100 des bêtes en sont porteuses. Elles sont asymptômatiques et n'en meurent pas, mais elles sont séropositives.

Si l'on exclut les bêtes qui sont porteuses, 95 p. 100 de celles qui se trouvent au Canada ne pourraient plus être exportées. Il y a des gens qui ne savent pas ce que cela représente; nous, et nous le savons, parce que nous faisons passer le test au bétail, aux chevaux, aux moutons et aux autres bêtes qui viennent de tous les pays. Je pense que nous devrions avoir davantage notre mot à dire et peut-être aussi les vétérinaires de districts qui font les tests et qui voient bien les résultats. C'est important, je crois.

Nous avons aussi participé à pas mal de missions commerciales. Certaines ont été très agréables, d'autres pas très utiles et certaines excellentes. Ma fille a participé à une de ces missions en Australie et elle est allée directement sur le terrain où elle a rencontré des gens qui travaillent dans ce domaine ce qui nous a valu beaucoup de commandes grâce à un agent local particulièrement compétent. Moi-même, mes frères et mes fils avons participé à plusieurs de ces missions et souvent on ne fait que passer. On ne rencontre pas les bonnes personnes ou alors on s'y rend à une époque de l'année où tout le monde est en vacances.

Quand on prépare une mission commerciale, il faudra demander l'avis aux gens qui travaillent dans le secteur pour bien organiser le programme. Ce n'est qu'une observation que je vous fais. Je suis certain que dans d'autres domaines les missions commerciales sont plus utiles qu'elles ne l'ont été pour nous.

Les missions qui viennent de l'étranger peuvent être très utiles, pourvu qu'elles soient composées des bonnes personnes. Sinon, ces gens-là viennent faire du tourisme à bon compte et ça n'aboutit à rien. J'ai vu les deux genres de mission.

Au lieu de payer les yeux de la tête pour envoyer ou faire venir ici des gens dont ce n'est pas le métier - ce que font aussi les États-Unis et l'Europe - je dis qu'il faut se servir de cet argent pour faire venir des acheteurs sérieux. Il faut aussi faire un tri et ne pas faire venir tous ceux qui demandent de l'information; cela aiderait beaucoup l'industrie de l'élevage.

L'ACDI nous a beaucoup aidé à trouver de nouveaux marchés. Dans notre domaine, les résultats se font attendre parce que les bêtes sont jeunes et doivent grossir; il y a les neuf mois de gestation et puis il faut attendre encore deux ans pour voir si ce sont de belles bêtes avant de les exporter.

.0935

Je répète qu'il est très important pour le gouvernement de ne pas gaspiller de l'argent. Il n'y a plus d'argent à gaspiller. Je le sais pertinemment; je suis un contribuable. Je connais la situation. À mon avis, certains programmes seraient très utiles à notre industrie. Mais je sais que les fonds publics sont limités.

Nous avons un problème au niveau de l'évaluation génétique. Si vous ne connaissez pas ce domaine, c'est pour vous dire que le bétail que je veux exporter a une certification génétique. Le manque d'argent signifie que certains de ces fonds sont menacés. Les membres de la Canadian Livestock Exporters Association ne s'opposent pas à verser une contribution pour renflouer ces fonds, et nous estimons que tous les autres exporteurs qui ne contribuent pas au fonds de la CLEA, devraient aussi faire leur part. Leur contribution serait faible, mais ils devraient participer. Ainsi, il nous serait possible de continuer d'appliquer certaines évaluations génériques. Si nous les perdons, nos concurrents en Europe, aux États-Unis, en Australie et ailleurs prendront le dessus.

À mon avis, il devrait y avoir une loi stipulant que tous les membres de notre industrie contribuent à un tel fonds, et pas seulement les membres de la Livestock Exporters Association.

C'est tout ce que j'avais à dire. J'espère ne pas vous avoir retenus trop long temps.

Le vice-président (M. Volpe): Non, vous avez pris exactement 10 minutes. Merci beaucoup, Bob. Soit dit en passant, nous avons déjà reçu votre mémoire. Certains députés l'ont lu avant que ne témoigniez devant le comité. Il est une bonne source de renseignements additionnels.

Nous allons maintenant passer à Christine Jalilvand de Namtrade International.

[Français]

Mme Christine Jalilvand (présidente, Namtrade International Inc.): Bonjour. Je tiens d'abord à vous dire que je ne suis pas habituée à parler en public. J'espère que je pourrai vous transmettre, dans ma présentation, la passion que m'inspire mon métier.

Le document a été préparé en anglais parce que c'est ma langue de commerce. Cependant, comme je suis bilingue, j'utiliserai probablement les deux langues au cours de ma présentation.

En fait, les choses se font dans un ordre logique. Mon collègue exporte les animaux vivants, et nous nous occupons essentiellement des animaux déjà abattus et de certaines parties d'animaux congelées.

Je suis la directrice de Namtrade, une maison de commerce international qui s'occupe essentiellement de produits congelés, comme la viande et la volaille. Cela inclut le poulet, la dinde et d'autres produits de la volaille. Nous faisons également le commerce du porc canadien et québécois, du boeuf et d'autres produits.

Vous trouverez des annexes à la fin du document.

[Traduction]

Sachez que notre maison de commerce assume pleinement les risques commerciaux et financiers de toute transaction. Nous ne sommes pas un intermédiaire dans le sens général du mot.

Certes, nous achetons le produit de nos fournisseurs et nous le revendons à nos clients. La plupart du temps, il s'agit de transactions directes. Par contre, à un certain moment, le produit nous appartient officiellement. Cela signifie que nous devons avoir des marges de crédit et de fonds disponibles suffisants, par le biais de nos banques et de nos fournisseurs, pour pouvoir acheter le produit. En conséquence nous avons accumulé beaucoup d'expertise dans l'évaluation des risques associés au commerce étranger, parce que, au bout du compte, ce sont nous qui assumons les conséquences de nos décisions.

On peut commercer dans bien des domaines. Nos activités commerciales se concentrent principalement dans le domaine des aliments congelés, parce que c'est un domaine dans lequel j'ai accumulé beaucoup d'expérience au fil des ans. J'ai commencé dans l'élevage des poulets aux États-Unis à mon retour de France. J'y ai établi de bonnes relations. Je suis ensuite venue au Canada. J'ai obtenu la citoyenneté canadienne et j'ai poursuivi les mêmes activités ici. Ayant travaillé pour une autre maison de commerce, je suis ensuite devenue gestionnaire et propriétaire de celle-ci.

.0940

[Français]

Le commerce international se fait essentiellement au téléphone. Cela nous donne une énorme souplesse au niveau des ressources que nous pouvons utiliser et revendre. Cela veut aussi dire que nous ne sommes pas limités au Canada en ce qui a trait aux ressources.

Comme vous le voyez dans les annexes, une grande partie de nos produits provient des États-Unis. La deuxième région la plus importante est évidemment le Canada, et nous faisons même du commerce avec la Chine, l'Espagne et d'autres pays.

La proportion des produits provenant du Canada et des États-Unis dépend de plusieurs facteurs, entre autres le taux de change du dollar canadien par rapport au dollar américain et la compétitivité relative de chaque industrie.

Je vais vous donner un exemple très concret. La volaille était un domaine réservé essentiellement aux Américains. Depuis un an et demi, à cause des changements à l'allocation de quotas de poulets en Ontario et au Québec, on a des surplus, ce qui nous a permis de faire beaucoup d'exportation de produits canadiens dans le monde entier.

J'aimerais également vous dire que nos produits sont constitués d'aliments de base. Ce sont, en général, des produits excédentaires. On parle ici de produits de base comme des cuisses de poulet, des foies de porc ou des tripes de boeuf. Ce sont des produits qui peuvent bouger en grand volume et qui représentent, pour les pays acheteurs, un très bon rapport qualité-prix et protéines-prix.

Les pays qui achètent nos produits en ont besoin pour bien manger. Donc, nous sommes habitués à produire en grande quantité. La marge de profit est relativement petite par rapport à celle d'autres industries manufacturières. C'est pour cela qu'il est extrêmement important que nous soyons très concurrentiels par rapport au reste du monde.

Notre succès tient au volume, et non à chaque transaction en soi. À cet égard, nous avons des idées très arrêtées sur l'aide que le gouvernement peut nous apporter et sur la façon dont certaines politiques peuvent nous faciliter ou nous compliquer la vie.

[Traduction]

Il est également important de souligner que 90 p. 100 de nos transactions se font en dollars américains - sauf avec Cuba, bien sûr, avec qui nous transigeons en dollars canadiens. Nous transigeons à l'occasion en devises étrangères également; toutefois, la plupart de notre commerce se fait en dollars américains.

Cela représente donc un fardeau bien précis en termes de comptabilité, finances et taux de change car nous devons tenir compte de tout cela dans nos diverses transactions. Nous voulons, d'une part, faire des bénéfices sur la transaction commerciale, et d'autre part, nous ne voulons pas voir nos profits disparaître à cause des fluctuations du taux de change.

À cet égard, d'une manière générale, les mesures et la volatilité occasionnelle du dollar canadien peuvent nous causer énormément d'ennuis. Nous avons dû mettre en place des procédures internes perfectionnées afin de pouvoir suivre nos transactions de près.

Pour ce qui est de l'intervention gouvernementale, j'utilise l'analogie des deux solitudes. On a parfois l'impression que les fonctionnaires se trouvent d'un côté et les entreprises de l'autre. Nous avons parfois l'impression que vous ne nous écoutez pas, et vice versa. Toutefois, cette réunion-ci est vraiment une exception à la règle, et je voudrais donc vous remercier de m'avoir donné l'occasion de vous parler. Néanmoins, nous avons quand même l'impression que les fonctionnaires s'orientent dans une voie et les entreprises dans une autre et qu'il y a très peu de rapports entre les deux.

.0945

À notre avis, le gouvernement peut nous aider à devenir plus compétitifs dans quatre domaines: le financement et l'assurance de l'expansion des exportations; l'information au sujet des marchés; l'élimination des barrières qui bloquent notre accès aux marchés étrangers; et l'uniformisation de la qualité des programmes d'inspection, comme l'a mentionné l'un de mes collègues.

Si je mentionne le programme de financement et d'assurance - je parle plus précisément des programmes de la SEE - c'est que ce programme a connu des améliorations énormes. Il y a quelques années, il aurait été impensable de faire appel à ce programme parce que le coût de cette assurance était démesurément élevée comparé à notre marge bénéficiaire.

Le programme s'est considérablement amélioré; toutefois, il n'est toujours pas compétitif face à des programmes semblables en Europe et en Australie. Le premier concurrent du Canada, ce sont les États-Unis, mais dans notre domaine, il y a également l'Europe et l'Australie.

Nos clients nous disent directement qu'ils obtiennnet de meilleures conditions d'assurance et de délais de paiements plus longs des Australiens ou des Européens. Nous sommes donc systématiquement défavorisés. Nous avons le choix entre ne pas assurer la transaction et d'assumer ainsi tous les risques ou l'assurer et demander des prix qui ne sont presque plus compétitifs.

Je vais vous citer un exemple que j'ai présenté dans mon mémoire. Je parle du marché polonais où nous faisons affaires depuis cinq ans. Je pense que Namtrade a été l'un des premiers dans le secteur de la volaille. Récemment, nous avons examiné la possibilité d'appliquer une politique globale de la SEE à la Pologne - un marché très important pour les denrées alimentaires. On nous a demandé des vérifications indépendantes des livres de toutes ces entreprises. Or cela n'existe pas à l'heure actuelle en Pologne car, évidemment, c'est un nouveau marché. Les mécanismes ne sont pas en place et les données nécessaires pour préparer ce genre de rapport ne sont pas disponibles.

Par ailleurs, nous connaissons très bien certains de ces clients. Ils sont en affaires depuis un certain temps. Nous leur donnons une côte... À l'origine, un grand nombre de nos clients a été rejeté. Un client a été accepté, mais la côte est si élevée qu'il est presque impossible de conclure des affaires.

De ce point de vue, je pense que la SEE doit se comporter de façon responsable et éviter de perdre de l'argent. Par contre, la SEE doit trouver des moyens plus créatifs quant à sa méthode d'évaluation des conditions de paiements. Il lui faudrait probablement aussi avoir des programmes à long terme. Dans certains marchés, il faut aider les exportateurs, sinon ils n'y gagneront jamais d'emprise.

Si nous ne réussissons pas à fidéliser ces nouveaux pays qui commencent à importer, il sera extrêmement difficile de rattraper le temps perdu et de faire naître la même bonne volonté chez les importateurs. Une autre possibilité, et c'est peut-être difficile, mais la SEE devrait pouvoir comparer ses propres tarifs avec ceux d'autres sociétés d'assurance du monde. La société devrait se renseigner sur ce que font les autres pays, car nous sommes parfois extrêmement pénalisés.

[Français]

Le réseau canadien peut nous apporter beaucoup d'aide dans un autre domaine, celui de l'information au sujet des marchés. Toutes nos ambassades ont des attachés commerciaux qui devraient pouvoir nous faire connaître les derniers développements et nous fournir de l'aide quand c'est nécessaire.

Je suis personnellement entrée en contact avec plusieurs de ces personnes, par télécopieur ou par téléphone. En général, ce sont des personnes extrêmement bienveillantes et elles essaient de nous aider, mais, à mon avis, elles n'ont ni les armes ni la formation nécessaires pour le faire. Elles n'ont pas une idée très claire des véritables intérêts à défendre, parce que cela ne fait pas partie de leur expérience ou de leur formation.

.0950

Nous avons fait certaines transactions en nous basant sur certains rapports de conseillers commerciaux. Ces rapports nous ont permis de trouver de nouveaux clients et nous avons parfois demandé de l'aide pour mieux connaître leur situation financière et leur réputation. En général, nous nous sommes heurtés à des murs, probablement parce que cela ne fait pas partie des pouvoirs de ces conseillers commerciaux. La communauté des affaires devrait peut-être avoir davantage à dire sur le rôle des conseillers commerciaux, afin qu'ils puissent être utiles à tous.

Les marchés changent et les situations politiques évoluent rapidement. Il est donc clair qu'ils pourraient jouer des rôles un peu différents de ceux qu'ils jouaient il y a 20 ans.

Nous avons participé à plusieurs missions commerciales. J'aimerais vous faire remarquer qu'elles durent trop longtemps et qu'elles ne sont pas bien focalisées. Généralement, on nous propose des voyages d'une durée minimum de deux semaines, ou parfois même de trois semaines. Je voyage partout dans le monde et j'essaie de limiter mes voyages à une semaine, d'un week-end à l'autre, parce qu'il est très difficile d'être à l'extérieur du pays pendant très longtemps. Les missions commerciales devraient être limitées à un ou deux pays au maximum, et les voyages devraient être moins longs. Cela aurait un avantage certain.

Quant aux barrières à l'entrée de certains marchés,

[Traduction]

Cela relève vraiment de la politique en général, et je n'ai donc rien de bien nouveau à ajouter. Par contre, j'aimerais souligner que les exportateurs - et non le gouvernement - sont normalement les premiers à être informés au sujet des barrières non tarifaires.

Il serait utile d'avoir un réseau de communications nous permettant de signaler immédiatement des obstacles au commerce. Comme mon collègue m'a dit, cet obstacle pourrait prendre la forme d'un certificat sanitaire trop exigeant qui à pour effet d'empêcher l'exportation.

Nous percevons immédiatement ce qui constitue un vrai obstacle au commerce, tandis que les fonctionnaires ne partagent pas nécessairement ce point de vue. Voilà donc pourquoi il nous serait utile de pouvoir communiquer directement avec un fonctionnaire... qui ne doit pas nécessairement être un inspecteur d'Agriculture Canada, puisque celui-ci se préoccupe d'autres choses, notamment l'hygiène et les normes.

D'autres facteurs interviennent également et qui ne tombent pas nécessairement dans le même domaine. Par exemple, notre programme d'inspection vétérinaire est connu à travers le monde et le Canada est le leader reconnu dans ce secteur. Nous devons sans cesse améliorer les normes dans ce domaine, afin que les autres pays concluent que si un produit a été inspecté par le système canadien, il est bon. Il n'a pas besoin d'être inspecté en plus par d'autres pays.

Nous devons donc faire connaître davantage nos propres normes et l'application de nos normes de qualité. À mon avis, on pourrait même vendre nos techniques. Il devient tout à fait évident que lorsqu'un produit a été approuvé par le Canada, il doit également l'être en Pologne ou en Slovaquie. Parfois les pays imposent des exigences impossibles, même si le produit a été jugé parfaitement satisfaisant ici.

.0955

Nous ne voulons pas de cadeaux du gouvernement canadien ni de quiconque. Ce que nous voulons c'est que les exportations soient reconnues comme une activité extrêmement importante pour le Canada. Nous aimerions donc que vous nous aidiez à mettre au point des outils qui nous permettront de devenir immédiatement plus efficaces sur ce marché.

Nous devons trouver des solutions créatrices, de l'aide créatrice. Dans notre propre industrie, par exemple, j'ai mentionné qu'il nous faudrait un logiciel - qui nous fait gravement défaut et qui coûterait très cher à mettre au point - pour traiter toutes les données sur les taux de change et d'autres questions de ce genre. Notre industrie est un secteur très important de l'économie canadienne, mais elle est relativement petite comparativement à d'autres grandes entreprises. Nous avons donc besoin d'un peu d'attention.

Il faudrait rationaliser l'information disponible au Canada. Il y a beaucoup de programmes; je ne le nie pas. L'ennui, c'est qu'il faut essayer de se retrouver dans un dédale d'informations avant de pouvoir déterminer celui auquel nous pourrions avoir accès. Ces programmes devraient tous être faciles à reconnaître, accessibles par modems, de façon conviviale, afin que nous puissions profiter de ce qui existe.

Comme je l'ai déjà mentionné, le milieu des affaires devrait participer autant que possible à la conception et à l'examen des programmes conçus pour augmenter les exportations.

Je tiens également à vous dire que les exportateurs ne peuvent pas toujours fournir de preuves documentaires de ce qu'ils avancent. Je ne vais pas vous dire le taux d'assurance de la COFACE en France ou dans d'autres régions. Toutefois, nous recevons beaucoup de réactions tout à fait authentiques et il faudrait que le fardeau de la preuve soit allégé afin que vous puissiez agir en vous fondant sur les réactions que nous obtenons, sans attendre nécessairement que nous vous fournissions des preuves concrètes.

Enfin, il ne suffit pas de produire du bétail, il faut également produire plus d'exportateurs et, à cette fin, nous devrions attacher beaucoup plus d'importance aux langues étrangères au Canada et cesser de compter uniquement sur l'immigration pour répondre à ce besoin. Nous devons nous adapter au fait que les exportations sont devenues un domaine vraiment très complexe, et non pas une activité que l'on entreprend à la petite semaine, ayant un caractère exotique mais sans importance. Il serait probablement assez facile de créer des programmes de formation simples qui susciteraient de l'intérêt et, par conséquent, compteraient des personnes plus compétentes dans ce domaine.

C'est tout.

Le vice-président (M. Volpe): Merci beaucoup, madame. Vous avez certainement touché à de nombreux aspects. Nous reviendrons à vous, car je vois qu'il y a déjà des députés qui veulent vous poser des questions, mais nous allons d'abord écouter M. Jenkins de la Société Abeqweit Seafoods Inc.

M. Garth Jenkins (président, Abegweit Seafoods Inc.): Merci, monsieur le vice-président.

Mesdames et messieurs, je m'appelle Garth Jenkins et le non de ma société est Abegweit Seafoods Inc. Pour ceux qui ne le sauraient pas, Abegweit est le nom autochtone de l'Île-du-Prince-Édouard.

Notre secteur d'activités c'est la pêche. Nous avons un chiffre d'affaires de 10 millions de dollars, ce qui fait de nous une petite entreprise. Quatre-vingt pour cent de ces 10 millions de dollars proviennent de nos exportations, nous sommes donc une entreprise qui dépend de l'exportation. Nous exportons dans les pays suivants: Le Japon, les États-Unis, la France, la Norvège, l'Angleterre, la Belgique, la Suède, l'Allemagne, le Mexique et encore.

Nous exportons du crabe des neiges, du homard, du thon rouge, du maquereau, de la rogue de hareng, du hareng, de l'éperlan, des athérinidés, du requin, de l'aiguillat, du crabe commun, de l'araignée, des oursins; bref, tout ce qui nage dans la région où nous pêchons.

.1000

J'aimerais pouvoir vous dire que nous avons percé sur le marché japonais parce que j'avais une vision et que j'ai commencé à vendre dans ce pays. Mais ce ne serait pas vrai. En fait, ce sont les Japonais qui sont venus nous trouver. Ils cherchaient du thon rouge. Ils nous ont pris par la main - nous n'avions aucune expérience dans le domaine et nous ne savions même pas ce qu'il fallait en faire - ils nous ont montré comment transformer le poisson. Nous pensions qu'il y avait un marché au Japon, alors nous nous sommes lancés et nous avons commencé à exporter du thon.

C'est ce que nous faisons depuis de nombreuses années maintenant. Nous avions d'autres produits de la mer que nous exportions vers les États-Unis et qui les intéressaient. Nous avons conclu une entente avec eux. Ils enverraient du personnel dans notre usine pour montrer à nos gens comment préparer les produits à la japonaise, pour le marché japonais. Nous avons accepté de vendre ce que nous produisions ensemble à ces entreprises.

Les Japonais ont ainsi pu s'assurer un approvisionnement à long terme des produits qu'ils voulaient. Cela nous a permis d'apprendre et de pénétrer un marché et une culture dont, en rétrospective, je ne savais absolument rien. C'était un peu comme essayer de vendre un produit sur Mars. Nos deux pays sont très différents sur le plan social et il était très difficile pour des Canadiens de comprendre le marché japonais.

Nous avons appris lentement et il nous a fallu trois ans pour nous adapter à ce qu'ils considéraient être la méthode japonaise et à atteindre un niveau de qualité qui leur soit acceptable. Mais, ensemble, nous avons produit quelque chose qui a été accepté sur ce marché. Je suis maintenant très fier de dire que plusieurs de nos produits, et notamment le crabe des neiges, est considéré comme la première marque au Japon.

Nous croyons que le principal obstacle que n'importe quelle entreprise canadienne qui espère s'implanter sur le marché japonais doit surmonter, c'est son ignorance de la société et de ce qui est important pour les Japonais.

Les États-Unis qui étaient notre principal marché, sont devenu le deuxième, loin derrière le Japon où nous exportons maintenant 75 p. 100 de notre production. En fait, nous sommes une entreprise japonaise. Nous essayons de maintenir une certaine présence sur le marché américain car nous estimons qu'en affaires la diversification est importante. Si nous perdons un marché, il nous en reste un autre.

Nous utilisons certaines des méthodes que nous avons apprises des Japonais pour produire les fruits de mer que nous exportons aux États-Unis.

Cette sonnerie est très déconcertante.

Le vice-président (M. Volpe): J'aurais dû vous dire de ne pas y prêter attention. Cette sonnerie convoque les députés à la Chambre afin qu'elle puisse commencer ses travaux. Elle continuera à sonner tant qu'il n'y aura pas quorum à la Chambre.

M. Jenkins: J'espère qu'ils l'ont.

Le vice-président (M. Volpe): Oui, il y a probablement quorum maintenant, mais ne vous inquiétez pas. Le seul autre moment où la cloche sonne c'est pour convoquer les députés à un vote. Mais nous ne prévoyons pas de vote ce matin.

Nous avons déjà un député du parti réformiste ici présent. Nous allons l'attacher, lui passer les fers aux chevilles, pour qu'il ne puisse pas s'échapper.

Continuez, monsieur Jenkins.

M. Jenkins: Depuis l'Accord de libre-échange, nous avons constaté que les Américains ont érigé de nouvelles barrières non tarrifaires. Dans le secteur des fruits de mer, la barrière qui me nuit le plus, ainsi qu'aux autres entreprises du secteur c'est que l'un des laboratoires américains qui inspecte les fruits de mer vient de décider de faire des tests pour mesurer la concentration de listéria. Listeria appartient à la famille des bactéries. Les tests ont montré, si je me souviens bien, que la concentration était de l'ordre de une ou deux parties par million. En termes de tests, cela s'appelle une trace.

.1005

Donc les Américains ont consulté leurs règlements et ils ont constaté que le niveau de tolérance pour listeria était zéro. Nous étions soudain dans l'eau chaude. Ils ont alors commencé à tester tous les fruits de mer, et en particulier le homard.

Pour vous donner une idée de la situation, dans tous les autres pays occidentaux à part les États-Unis, la concentration acceptable de listeria est de 100, ce qui est bien en deçà du niveau tolérable pour la santé. Une telle concentration ne rend jamais malade.

Le vice-président (M. Volpe): Est-ce 400 parties par million?

M. Jenkins: Oui.

Notre industrie s'est trouvée subitement aux prises avec d'énormes quantités de homard, de crabe des neiges et d'autres produits de cette nature qui étaient refusés et qui devaient même être ramenés au Canada. Les États-Unis représentaient aussi un marché très important pour d'autres entreprises que la nôtre, et même plus important que pour nous, car nous dépendons des Japonais.

Notre industrie a dû trouver un moyen de remédier à cette situation. Un traitement par la chaleur peut tuer la listeria. Certains ont donc pensé que nous devions faire cuire le homard une seconde fois. Nous le faisions déjà cuire pour retirer la chair de la carapace, mais une seconde cuisson éliminerait la listeria. C'est en effet ce qui s'est produit, mais on obtenait malheureusement un produit inférieur, parce qu'on le faisait cuire deux fois.

Dans notre cas, nous avons résolu le problème - touchons du bois - parce que mes fils tenaient de leur mère: ils étaient plutôt bien instruits. L'un d'eux est chimiste. Nous avons examiné le problème avec son aide. Il a proposé que nous introduisions de l'ozone dans l'endroit où nous transformons le produit. L'ozone tue les bactéries, la listeria et tout ce qui se trouve sur la surface des produits, si l'on procède comme il se faut. Nous avons donc créé dans notre entreprise un milieu contenant de l'ozone. Cela nous a coûté entre 3 000$ et 4 000$, mais cela nous a débarrassés du problème.

Alors, d'autres ont découvert ce que nous faisions. Il leur en coûtait des centaines de milliers de dollars - de fait, pour une entreprise c'était même 500 000$ - pour chauffer de nouveau le produit. En réalité, le chauffage du produit ne coûte pas 500 000$, mais lorsqu'on chauffe ainsi de nouveau un produit, on perd une partie de son poids, car le faire bouillir permet une plus grande évaporation de l'humidité et il faut donc mettre une plus grande quantité du produit dans la boîte, pour atteindre les poids minimums requis.

Les membres de notre industrie ont donc adopté la méthode que nous avions inventée dans notre usine.

Aux États-Unis, si quelqu'un se plaint que nous faisons du dumping, ou ce que les Américains considèrent comme du dumping, ou si quelqu'un estime que nous pratiquons des prix inférieurs, par exemple... Actuellement, il s'agit du crabe des neiges. Les Américains de ce secteur estiment que le crabe des neiges en provenance du Canada nuit à leur marché. On nous impose soudain toutes sortes de tests pour notre crabe des neiges.

Les résultats des tests sont négatifs dans la plupart des cas, mais il faut tout de même de 4 à 6 semaines pour obtenir une autorisation. Le temps constitue un facteur restrictif. Même si rien ne cloche dans le produit et même s'il n'y a pas de traces de bactéries, comme la listeria, le simple fait d'être obligés de subir ces tests signifie qu'on ne peut pas mettre le produit sur le marché avant 4 à 6 semaines.

Nous constatons que les barrières non tarifaires aux États-Unis sont liées, en réalité, aux plaintes reçues des membres de l'industrie, je pense. J'ignore s'il en est ainsi dans tous les cas, mais c'est certainement vrai dans le secteur du poisson.

.1010

Notre autre marché, en plus des États-Unis, est l'Europe. Dans le passé, nous avons pu vendre beaucoup de produits en Europe. On y est très méticuleux en ce qui a trait à la paperasse et à toutes sortes d'autres détails. Si l'inspecteur du gouvernement a utilisé un tampon en caoutchouc pour les certificats sanitaires au lieu d'un sceau, ce sera refusé. Il faut en tout respecter la loi à la lettre, en Europe.

Quant au Mexique, quelle catastrophe! Nous avons expédié une cargaison de produits au Mexique, après avoir effectué toutes sortes de recherches, car nous pensions qu'il y aurait des difficultés. Nous nous sommes donc renseignés auprès de notre ambassade là-bas, auprès de courtiers en douanes et d'autres personnes. Nous pensions que tout irait comme sur des roulettes.

Lorsque nos produits sont arrivés à la frontière, nous avons découvert qu'ils n'étaient pas acceptables, car on les a arrêtés à la frontière. Notre plus grand problème dans ce cas particulier a été de découvrir ce qui n'allait pas et pourquoi le produit n'irait pas plus loin que la frontière.

En l'occurrence, on a accepté notre principal produit, mais des échantillons de homards, de poissons salés, de crabes et de produits coûteux ont été refusés. Ils ne pouvaient pas les accepter. Nous avons laissé notre produit principal continuer sa route, le principal camion a passé la frontière, mais ils ont gardé les échantillons.

Nous avons découvert par la suite que nous n'avions pas du tout besoin de certificats ou d'autres documents. Nous avions seulement besoin d'un connaissement pour faire accepter les échantillons, car ils sont censés passer presque sans entraves.

Mais ils ont malgré tout refusé de les laisser passer et voulaient encore 300$ ou 400$ pour la procédure d'autorisation. Nous avons refusé. Nous ne voulions pas leur donner plus d'argent. Je pense que dans ce cas particulier, ils ont probablement mangé les échantillons.

Le vice-président (M. Volpe): Ils ont détruit les preuves, je suppose.

M. Jenkins: Je ne sais vraiment pas. Je ne voulais payer à personne encore plus d'argent. Dans certains pays, c'est ainsi qu'on fait des affaires.

Heureusement pour nous, nous n'avons pas trop souvent connu ce genre d'expérience, ce qui m'a donné l'impression qu'au Mexique, les choses ne fonctionnent pas encore de la même manière qu'en Europe, au Canada, aux États-Unis ou au Japon. Je me demande si l'on est encore aux prises avec les changements que nécessite le libre-échange à cet égard.

Je conseille à toute nouvelle entreprise qui veut exporter de mettre le Mexique tout au bas de sa liste. Il faut d'abord acquérir de l'expérience dans d'autres pays où il y a moins de difficultés.

Je reviens à l'Europe dans un instant. Nous nous sommes aperçus que les Européens examinent la procédure d'inspection utilisée au Canada pour assurer la qualité des fruits de mer.

Il semble qu'on y utilise ce qu'on appelle le «système des points de contrôle critiques pour l'analyse des dangers (HACCP)», et aussi la norme ISO 9000.

Dans le secteur alimentaire, ils semblent plutôt portés à utiliser le programme HACCP. À mon avis, au Canada, nous allons probablement constater que nous devrons adopter ce programme HACCP si nous voulons continuer de vendre des fruits de mer en Europe. Jusqu'ici les Européens ont accepté notre programme de gestion de la qualité (PGQ) et nos bonnes pratiques industrielles (BPI) mis au point par le ministère des Pêches et Océans, comme étant au même niveau que leur HACCP, mais je pense que maintenant ils commencent à le contester.

.1015

Pour moi, il est clair qu'il n'y a aucune différence. Je pense qu'ils veulent simplement nous obliger à utiliser leur système. Nous allons donc être obligés d'adopter leur HACCP, le système de points de contrôle critiques pour l'analyse des dangers, ce qui ne devrait pas nous poser trop de problèmes. Je vous le répète, il est très proche de notre propre système.

Pour ce qui est du rôle du gouvernement au niveau du commerce international, je pense que le secteur privé a tendance à en demander trop au gouvernement. On s'imagine qu'il suffit de s'adresser au gouvernement ou à ses missions, et que ses missions devraient pouvoir fournir instantanément toutes ces informations voulues. C'est vrai dans le cas de renseignements d'ordre général et d'informations sur le contexte historique, mais quand il s'agit d'une analyse à jour du marché et de savoir ce qui se passe sur le marché, je pense qu'on en demande trop au gouvernement. Je crois qu'il n'est pas équipé pour cela, e je pense d'ailleurs que ce n'est pas son rôle.

En ce qui nous concerne, nous nous servons des renseignements que nous fournissent les missions et les services gouvernementaux, et qui nous permettent d'avoir une toile de fond, et nous trouvons nous-mêmes nos informations sur les conditions actuelles du marché.

Donc, je crois que le secteur privé en demande trop au gouvernement. Les Canadiens ont malheureusement pris l'habitude, dès que quelque chose ne va pas, d'en accuser le gouvernement et de réclamer que le gouvernement règle le problème, que ce soit de sa faute ou non. Là encore, on en demande trop. C'est à nous de régler nos problèmes.

Si l'on veut exporter, il faut savoir ce que l'on veut. Il faut aller sur place, il faut affronter la concurrence sur place. On ne peut passer son temps à réclamer n'importe quoi au gouvernement et à l'accuser ensuite s'il ne le fait pas. C'est à l'exportateur lui-même de prendre l'initiative.

Nous avons profité des programmes des Affaires étrangères, mais je suis bien d'accord avec mes collègues, certaines missions commerciales durent trop longtemps. Quelquefois, on ne retire strictement rien d'une foire commerciale. D'autres fois, elles sont extrêmement fructueuses. Ce n'est pas une critique. C'est peut-être le gouvernement qui est responsable de la longueur des missions commerciales, mais il faut bien reconnaître qu'une fois qu'on vous a amenés à une foire commerciale, c'est à vous de vous débrouiller. C'est à vous de rencontrer d'autres hommes d'affaires, et si vous ne le faites pas, n'allez pas vous en prendre au gouvernement.

Personnellement, j'estime que le monde est saturé de foires commerciales. On pourrait passer sa vie à se rendre d'une foire commerciale à l'autre. Tous les jours, y compris même peut-être le Jour de Noël, on pourrait en voir une différente.

Nous n'assistons plus à toutes ces foires commerciales car nous pensons que les consommateurs en sont saturés et nous ne croyons pas que ce soit vraiment un moyen efficace de faire passer notre message et nos produits aux consommateurs. Nous préférons les contacts individuels et éventuellement une petite présentation en solo, quelque chose comme cela. C'est beaucoup plus efficace.

Je pense que le gouvernement lui-même le reconnaît, et qu'il a aussi pris ses distances. Ces foires commerciales coûtent cher.

La Food Ex, au Japon, où nous avons eu un centre pendant cinq ans, nous coûtait dans les 40 000$ par an. Le stand du gouvernement lui coûtait la bagatelle d'environ 400 000$. Les responsables se sont penchés sur la question, et je crois que le gouvernement a pris ses distances. Nous aussi. Je pense que c'est une attitude logique et raisonnable.

.1020

J'ai participé à divers comités consultatifs aux Affaires étrangères et au MPO, et je pense que les autres ministères feraient bien de regarder comment les Affaires étrangères ont abordé la fameuse privatisation, l'idée de faire participer le secteur privé à l'élaboration des programmes du ministère. Je crois qu'à cet égard le ministre et ses hauts fonctionnaires ont fait preuve d'une très grande ouverture d'esprit et ont eu une attitude très positive.

Le comité consultatif auquel je participe est présidé par le secteur privé. Il y a des représentants du secteur privé dans tous les sous-comités; en fait, il y a très peu de fonctionnaires gouvernementaux dans ces sous-comités. On donne suite aux suggestions du comité consultatif et pourtant, si vous y pensez bien, ce que nous faisons, nous, les représentants du secteur privé, nous disons à ces hauts fonctionnaires et à ce ministère qu'ils ne font pas bien leur travail et qu'il faut changer telle et telle chose.

Ils ont très bien accueilli ces critiques et ont réalisé certaines modifications. Ils n'ont pas fait tous les changements demandés, mais quand ils ne l'ont pas fait, ils nous ont expliqué pourquoi ils ne le faisaient pas. En tout cas, qu'il s'agisse du ministre, de ses hauts fonctionnaires ou de toutes les personnes avec qui j'ai pu discuter, l'ambiance a été excellente.

Je ne pourrais vraiment pas en dire autant du ministère des Pêches et des Océans. Tous les comités consultatifs de ce ministère sont présidés par des fonctionnaires. Pour les gens du secteur privé, ces comités consultatifs sont une pure façade, un moyen pour le ministère de se dérober quand il se fait critiquer par le secteur privé en disant que les comités consultatifs sont justement là pour ça. En réalité, ces comités consultatifs au ministère des Pêches et des Océans sont à peu près totalement inutiles.

Le vice-président (M. Volpe): Je suis désolé de vous interrompre, puisque nous parlons d'ouverture à la critique.

Personnellement, j'ai du mal à accepter les critiques de mes collègues, et je sais qu'ils vont me critiquer si je ne passe pas aux questions et réponses. Je pense donc que vous pourriez développer un peu cette idée à l'occasion des questions et réponses, d'autant plus que vous parlez du gouvernement et de la restructuration.

Je suis sûr que M. Penson, député réformiste, va vouloir vous interroger à ce sujet.

M. Penson (Peace River): Merci, et j'espère que nous allons effectivement approfondir la question.

Je voudrais tout d'abord remercier nos témoins. L'industrie alimentaire est une importante source d'emplois au Canada. Comme vous le savez, c'est une des industries qui contribuent le plus à la création d'emplois. Par conséquent, si nous exportons plus, nous créons plus d'emplois au Canada.

Je voudrais poursuivre sur ce que disait M. Jenkins, mais auparavant j'aimerais poser une ou deux questions à M. Shore et à Mme Jalilvand.

Vous avez tous deux parlé de problèmes avec le Service des délégués commerciaux, qui ne fournit pas suffisamment de renseignements sur le marché dans certains domaines particuliers. M. Jenkins y a aussi fait allusion.

Je me demande si l'on ne devrait pas pouvoir obtenir un certain nombre de renseignements élémentaires sur place; à partir de là, si votre entreprise a besoin de renseignements plus précis, elle pourrait éventuellement les obtenir moyennant finance. Le ministère pourrait peut-être faire appel à un sous-traitant pour les obtenir. Les services gouvernementaux sauraient où aller chercher les renseignements ou à qui faire appel pour les obtenir, mais disons que ce serait un service payant à partir de là. Voilà pour ma première question.

Mme Jalilvand: Je n'aurais aucune objection à payer si je savais que les informations que j'obtiendrais en vaudraient la peine.

À cet égard, ce que je souhaiterais, c'est que les délégués commerciaux cherchent un peu plus à se placer dans l'optique des gens d'affaires. À ce moment-là, on verra. Comme le disait monsieur, il n'est pas question de demander à quelqu'un d'autre de faire mon travail. Cependant, je sais que nous sommes bien placés pour entendre parler de la restructuration du marché ou des pressions du gouvernement pour entraver certains processus.

.1025

Dans ce sens, je ne veux pas qu'ils fassent des recherches spéciales. Dans certains de ces marchés, ces gens savent jusqu'à quel point ils sont importants au plan local. Cela fait partie de leur vie sociale régulière. Dans ce sens, ils pourraient nous donner beaucoup plus de feedback.

Je ne suis pas contre le fait de payer pour obtenir cette information, mais encore une fois je ne veux pas utiliser le gouvernement comme un fonds de recherches privé. Je sais que c'est autre chose; cependant, la quantité d'informations qu'ils reçoivent ou que nous pourrions recevoir gratuitement est énorme et pourrait être très utile pour l'industrie. Dans d'autres pays, j'ai l'impression qu'il y a un lien plus fort sur ce plan.

M. Penson: Ont-ils plus de personnel ou juste plus de personnel spécialisé dans certains marchés?

Mme Jalilvand: Je crois que c'est plus spécialisé, surtout pour ce qui est des domaines qu'ils veulent développer. Donc nous obtenons une meilleure formation sur les produits que nous ne pouvons pas vraiment développer à partir du Canada.

M. Penson: Quant à la SEE et à l'assurance des exportations, est-ce que les membres du groupe ont souscrit à des polices d'assurance privées au lieu de faire une demande d'assurance auprès de la Société pour l'expansion des exportations?

Mme Jalilvand: Bien sûr, j'ai une assurance maritime pour toutes les cargaisons que j'ai expédiées. L'assurance privée n'est pas du tout une option à cause du coût, et c'était pareil pour la SEE jusqu'à tout récemment.

M. Penson: Mais plus tôt vous nous avez dit que la SEE n'est pas concurrentielle dans le domaine de l'assurance des exportations par rapport à certains pays européens. Est-ce vrai?

Mme Jalilvand: Oui, elle est devenue plus concurrentielle, mais elle a du chemin à faire. Cependant, nous n'avons pas d'autre choix; nous devons l'utiliser.

Un problème, par exemple, c'est que la SEE a ce que l'on appelle une politique «globale». Nous ne pouvons pas choisir les marchés que nous voulons assurer. Nous devons assurer tous les marchés où nous pourrions vendre des produits canadiens. Donc, dans ce sens, nous nous trouvons parfois dans une très mauvaise position.

M. Penson: Vous aimeriez donc assurer une transaction précise...

Mme Jalilvand: Pas des transactions, des marchés précis.

M. Penson: ... plutôt qu'un ensemble global.

Mme Jalilvand: Oui.

M. Penson: Par souci du temps, je vais passer à autre chose. J'aimerais poursuivre sur ces questions, mais il ne nous reste pas beaucoup de temps.

Concernant les barrières non tarifaires mentionnées par M. Jenkins, nous savons que ces barrières sont imposées souvent, mais dans le cadre du GATT nous avons fait des programmes dans ce domaine. Je crois savoir que ce n'est plus permis d'imposer des barrières non tarifaires en vertu du GATT.

Est-ce qu'il y a des cas précis où le gouvernement du Canada pourrait amener un autre pays devant l'Organisation mondiale du commerce à cause des barrières non tarifaires? D'après ce que j'ai compris, il faut procéder pays par pays; il faut que le Canada présente le cas à l'OMC. Est-ce que ce ne serait pas une façon d'établir un précédent pour dire à ces pays qu'on ne les laissera pas imposer des barrières non tarifaires?

M. Jenkins: En réalité, dans les cas que j'ai mentionnés, je ne pense pas qu'on ferait appel au GATT. Je crois que dans le cas du listeria, un des cas les plus importants de l'industrie de la pêche aux États-Unis, on ferait monter le niveau américain au niveau mondial acceptable. Il est impossible d'obtenir un niveau de tolérance zéro, peu importe le domaine.

M. Penson: Mais même là, n'est-il pas vrai que nous tenons des discussions qui sont censées faire avancer les normes des pays de l'ALENA? Comment est-ce que cela se déroule? Je crois comprendre que les négociations traînent, qu'elles n'avancent pas beaucoup. Croyez-vous que l'on puisse les faire avancer?

M. Jenkins: Je ne suis pas au courant des progrès, mais je sais que le Canada discute de la question du listeria avec les États-Unis. Jusqu'ici, les États-Unis... À mon avis, ce n'est pas facile, car la question touche le Food and Drug Department aux États-Unis ainsi que la sécurité et la santé publiques. Je crois qu'il est très difficile pour eux, à l'intérieur de leur pays, de s'éloigner de cela.

M. Penson: Mais il faut sûrement harmoniser les normes si nous devons avoir un vrai accord commercial.

M. Jenkins: Oui, je crois que nous faisons des progrès.

Le vice-président (M. Volpe): Merci, monsieur Penson.

Monsieur Lastewka.

.1030

M. Lastewka (St. Catharines): Merci, monsieur le président.

Je veux m'assurer d'avoir bien compris la discussion sur la SEE. Si je comprends bien les coûts de la SEE sont moins élevés que les coûts d'assurance, comme vous l'avez mentionné, mais pas aussi concurrentiels que ceux qui existent dans d'autres pays. Maintenant, il y a des régimes d'assurance subventionnés, et c'est là que j'ai beaucoup de difficultés. Le milieu des affaires nous a dit à plusieurs reprises que nous devons sortir de ce domaine et arrêter de le subventionner; cependant, lorsque nous commençons à parler en termes précis, et de la SEE précisément, leurs coûts sont trop élevés. Pourriez-vous m'expliquer cela un peu plus? Si leurs coûts sont trop élevés et que d'autres pays donnent des subventions, est-ce que vous nous suggérez d'augmenter nos subventions?

Mme Jalilvand: Je ne veux pas dire quelque chose qui pourrait être interprété de façon très négative; cependant, vous me demandez de quelle façon le gouvernement peut améliorer certains programmes. En tant que Canadiens, nous faisons concurrence à d'autres personnes qui essaient d'exporter leur viande, des Européens aux Australiens. Nous faisons concurrence au sein du même marché. Notre conclusion a été que l'assurance comme moyen de subventionner les exportations... C'est discutable. Ce n'est probablement pas noir sur blanc. Cependant, c'est quelque chose que d'autres pays offrent comme service à leurs exportateurs.

Nous pourrions également prendre une autre position et les empêcher de le faire; c'est un autre choix du même côté du problème. Mais il est évident que nous faisons face à certains domaines où il peut s'agir d'une barrière à long terme. On peut le voir de plusieurs façons. On peut soit essayer d'éliminer l'autre côté, soit essayer d'améliorer son côté, mais c'est une question qui revient toujours, surtout quant aux modalités de paiement. Les Européens ont l'habitude d'accorder des périodes assez longues - - il s'agit souvent de 60 jours - alors qu'en Amérique du Nord nous payons des fournisseurs en l'espace de 7 à 10 jours, ce qui est la norme dans l'industrie. Être en mesure d'assurer représente un grand avantage, et nous devons y faire face souvent. On pourrait soulever cette question lors d'une discussion sur l'OMC, par exemple.

M. Lastewka: Une chose qui est bien avec ce genre de séance, c'est que beaucoup de petites et moyennes entreprises nous expriment leurs opinions. J'aimerais poser une question à chacun d'entre vous. Quant au commerce des PME, quel devrait être le rôle du gouvernement... est-ce que le gouvernement devrait faire plus ou moins pour vous aider à rendre votre entreprise plus prospère et pour vous permettre d'exporter ?

Le vice-président (M. Volpe): Allez-y, monsieur Shore. Vous pouvez répondre en premier.

M. Shore: Je ne me plains pas, et payer pour ce que nous obtenons ne me dérange pas, mais je crois qu'il faut nous écouter. Je ne suis pas un mendiant; je ne veux pas obtenir quelque chose pour rien. Mais s'il y a un problème légitime, j'aimerais pouvoir entrer dans le vif du sujet avec les personnes appropriées pour résoudre le problème, peu importe s'il s'agit d'une barrière commerciale ou d'un protocole sur la santé.

Pour ce qui est de la SEE, je ne trouve pas le coût trop élevé. Je trouve que la SEE est trop lente et qu'elle veut des transactions qui sont trop grosses. La nature de nos affaires est telle qu'une transaction de 50 000$ ou de 100 000$... la SEE veut des transactions qui valent des millions de dollars. Au sein de nos petites entreprises, nous n'avons pas beaucoup de transactions de l'ordre d'un million de dollars.

Le vice-président (M. Volpe): Monsieur Jenkins, voulez-vous donner votre opinion?

M. Jenkins: Je crois que le plus grand problème pour les petits et moyens exportateurs est d'ordre financier. C'est le plus grand fil conducteur ici. Nous ne sommes pas sur un pied d'égalité avec d'autres pays. Dans le cas du Japon, lorsque vous faites des affaires au Japon et que vous empruntez de l'argent là-bas, vous payez moins de 1 p. 100 d'intérêt. Si le gouvernement, avec l'industrie et les banques, pouvait créer de meilleurs systèmes financiers, cela représenterait un très grand pas en avant.

Pour ce qui est des choses que les gouvernements ne devraient pas faire: je crois que les gouvernements ne devraient pas essayer de tout faire pour tout le monde. Ils devraient concentrer leurs efforts sur certains pays, sur certains produits et élaborer une stratégie mettant le maximum de chances de leur côté, tirer à coup sûr plutôt qu'au hasard.

.1035

Mme Jalilvand: Le gouvernement, selon moi, doit défendre nos intérêts. Il a pour rôle de prendre en compte l'évolution de la conjoncture dans tous les autres pays grâce aux renseignements que nos propres sources extérieures lui fournissent. Il lui est ainsi possible d'intervenir à tout moment, soit en protestant, soit en prenant des mesures pour nous aider. Dans cette mesure, c'est un rôle de protecteur. Ce n'est pas lui demander plus que ce qu'il fait, mais lui demander de le faire un petit peu différemment.

Mme Beaumier (Brampton): Est-ce que vous exportez beaucoup de viande de boeuf en Europe? Je vais vous expliquer pourquoi je vous pose la question. Ce n'est pas une question piège.

Je sais que l'injection de certaines hormones qu'auparavant le Canada interdisait est maintenant autorisée à cause de l'ALENA. Y a-t-il eu une incidence sur le marché européen pour les exportations de viande de boeuf canadienne?

M. Shore: C'est à moi que vous posez la question?

Mme Beaumier: Je crois.

M. Shore: Notre compagnie n'exporte pas de viande de boeuf en tant que telle. Nous exportons du bétail, des produits génétiques. Notre problème, c'est que le protocole sanitaire adopté par la Communuauté européenne élève des barrières commerciales très restrictives pour les produits génétiques en provenance de l'Amérique du Nord.

Mme Beaumier: Vous avez parlé de virus, mais est-ce que l'autorisation canadienne visant l'injection de ces hormones a eu aussi une incidence?

M. Shore: Vous voulez parler d'injections pour la production de lait? Est-ce que nous produisons plus de lait?

Mme Beaumier: Non, les hormones de croissance pour le bétail.

M. Shore: Cela concerne l'industrie du boeuf, que je ne connais pas bien.

Mme Jalilvand: Je crois pouvoir vous répondre.

M. Shore: Vous pouvez probablement répondre.

Mme Jalilvand: Traditionnellement, les Européens n'ont jamais donné leur autorisation qu'à quelques établissements pour l'exportation. Ce sont des établissements de production de viande bovine qui n'ont pas le droit d'utiliser d'hormones. C'est la raison pour laquelle à l'origine aucun élevage de bouvillons n'avait d'ailleurs été approuvé ni au Canada ni aux États-Unis. C'est le même problème.

Depuis, rien n'a changé. Ceux qui ont été approuvés le sont toujours, mais cela n'a aucune mesure avec ce que nous pourrions expédier. Cela fait très peu d'établissements, et le marché est très limité. Encore une fois, c'est une barrière non tarifaire.

Les choses commencent seulement à bouger aux États-Unis, où il a fallu approuver certains établissements d'élevage ou d'abattage de porc qui jusqu'à présent ne l'étaient pas. Nous avons d'ailleurs fait notre première livraison à l'Europe il y a quelques semaines.

Le moment va probablement venir aussi pour le Canada, mais cela nécessite beaucoup de démarchage. C'est toujours important.

Mme Beaumier: Vous avez parlé tout à l'heure de l'expertise canadienne en matière de tests. Vous disiez que nous devrions exercer des pressions pour que les tests réalisés au Canada soient agréés quand les produits sont importés par différents pays.

Est-ce qu'il ne faudrait pas que cela marche dans les deux sens? Comment proposez-vous de réaliser au Canada...

Mme Jalilvand: Une question qui reste toujours controversée, c'est par exemple celle de la salmonelle. Je crois savoir qu'au Canada tout animal qui présente des signes de salmonelle est automatiquement rejeté. Cependant, nous ne faisons pas des tests de salmonelle sur une base régulière parce que ce test en lui-même ne sert à rien. Tester un seul animal n'exonère pas tout le troupeau.

C'est le manque d'hygiène qui est responsable de l'apparition de cette bactérie. Par conséquent, nous mangeons du poulet qui n'est pas constamment testé pour la salmonelle. Il a été conseillé aux consommateurs de bien cuire leur poulet, et en Amérique du Nord il y a très peu de cas de salmonellose.

.1040

Cependant, quand j'expédie ce même poulet inspecté conformément aux normes canadiennes - et je dois dire que dans ce domaine le Canada et les États-Unis sont très similaires - dans un autre pays, en Pologne, en Slovaquie ou en Slovénie, il lui faut passer le test de la salmonelle. Je peux me retrouver avec un conteneur entier rejeté simplement parce qu'ils ont trouvé une trace de salmonelle dans une seule boîte. Il serait donc préférable que nous puissions appliquer nos propres normes.

Mme Beaumier: Très bien. Je comprends maintenant ce que vous voulez dire.

Le vice-président (M. Volpe): Merci, chers collègues.

Je tiens à remercier les témoins. Je sais que nous vous avons fait attendre. Je sais aussi que certains députés aimeraient vous poser plus de questions, mais je ne voudrais pas aggraver la situation dont nous sommes responsables. Nous devons entendre un autre groupe de témoins dans quelques instants.

Je tiens à remercier chacun et chacune d'entre vous au nom de tous les membres du comité, non seulement de votre patience, mais également de vos exposés fort instructifs.

J'ai dit tout à l'heure à notre attaché de recherche que chacun d'entre vous nous a exposé une perspective totalement différente de ce que nous avions entendu jusqu'à présent. Votre présence aujourd'hui aura au moins enrichi notre compréhension de ce qui pourrait ou devrait être fait en réponse à certains autres témoignages. Je tiens donc encore une fois à vous remercier infiniment d'être venus.

Vous pouvez rester si vous le désirez, mais je propose à tout le monde de faire une petite pause pendant que le groupe suivant s'installe. Encore une fois, merci.

.1042

PAUSE

.1050

[Traduction]

Le vice-président (M. Volpe): Nous commençons maintenant la deuxième partie de notre séance.

Ce matin, nous traitons des renseignements et informations fournis par le secteur privé sur le marché. C'est une question d'actualité, et, bien qu'elle ait été soulevée par le dernier groupe de témoins que le comité a entendus, étant donné qu'il y a quorum et que des députés ministériels et de l'opposition sont présents, nous allons commencer par une brève présentation.

Nous accueillons M. Jeff Carruthers, directeur des Services d'information gouvernementaux chez Info Globe; de Prospectus Inc., nous accueillons M. Jan Fedorowicz, associé principal, d'Ottawa, qui est accompagné de M. Marvin Bedward, aussi associé de cette entreprise; de 11 CORINFO Research and Information, nous accueillons M. Ron MacSpadyen, directeur, de North Bay, Ontario. M. MacSpadyen devra être patient, parce qu'il sera le dernier à prendre la parole.

Selon la pratique habituelle, nos témoins auront de 10 à 15 minutes pour faire des remarques liminaires; et il y aura ensuite une période de questions. Étant donné que nous accusons un léger retard, pour lequel je vous présente mes excuses, je vous demanderais de vous limiter à 10 minutes. Les députés auront alors plus de temps pour vous poser des questions.

Comme je l'ai dit aux témoins précédents, la période des questions n'a pas pour objet de mettre qui que ce soit dans l'embarras. Plutôt, elle nous permet de mettre à profit toutes vos connaissances.

Monsieur Jeff Carruthers.

M. Jeff Carruthers, (directeur, Services d'information gouvernementaux, Info Globe): Merci, monsieur le président.

Notre témoignage est tout à fait d'actualité. Je travaille pour le Globe and Mail, qui fait partie de Thomson, une grande société canadienne d'information. La société Thomson est justement à examiner les façons dont elle pourrait moderniser ses méthodes de collecte d'informations en faisant appel, plus particulièrement, à l'électronique.

.1055

Je suis ici ce matin pour mettre en relief trois grandes questions - je résumerai rapidement mon mémoire.

Notre expérience sur le marché nous a montré que les entreprises, les petites et les grandes, veulent essentiellement une chose: qu'on leur procure des informations dont elles peuvent se servir sur-le-champ.

Nous disposons de tellement d'informations de nos jours qu'on ne sait plus où donner de la tête. Le truc - c'est vraiment un truc - et moi et mes collègues tentons de trouver le meilleur truc qui existe dans le monde électronique - c'est de fournir au client les informations dont il a besoin au moment où il en a besoin, non pas avant ni après, et de lui fournir ces informations sous une forme qui lui permette de les utiliser. Voilà de quoi il s'agit.

Deuxièmement, je dirais que le secteur de l'information au Canada en est à ses premiers balbutiements. Il n'y a que quelques acteurs d'importance, tels que le Globe and Mail, Thomson, Southam et Infomart.

La prolifération des petites entreprises dans ce secteur s'amorce à peine. Au sud de la frontière, où le secteur de l'information existe depuis bien plus longtemps, la multiplication des petites entreprises s'est faite il y a environ 10 ans et a donné lieu à bien des choses qui se produisent aujourd'hui et qui font toute une différence.

Les choses commencent donc à bouger, et je crois que la transmission électronique de l'information, l'Internet et les autres choses de ce genre font qu'il est maintenant moins coûteux et difficile de se lancer en affaires dans ce secteur. Toutefois, au Canada, nous accusons un retard par rapport à nos concurrents américains, tant du point de vue du secteur de l'information que du point de vue de ce que j'appelle la culture de l'information.

Les entreprises canadiennes qui comprennent la culture de l'information sont très rares. On commence à peine à saisir qu'il est important d'obtenir des informations au moment opportun et sous une forme qui permette de les utiliser sur-le-champ afin de vraiment faire une différence sur le marché.

Que ce soit pour les entreprises du marché intérieur qui doivent se battre contre d'autres sociétés qui tentent de s'approprier leur marché ou pour les petites et moyennes entreprises qui veulent pénétrer sur les marchés d'exportation, celles qui intéressent votre comité, la compétitivité est essentielle. Si vous ne pouvez soutenir la concurrence au pays, vous ne disposerez pas de suffisamment de ressources pour pénétrer sur les marchés d'exportation. Je le répète, d'après notre expérience, les entreprises canadiennes n'ont pas encore compris en quoi consiste cette culture de l'information.

Troisièmement, quel est le rôle que le gouvernement et le secteur privé peuvent jouer? Je sais que c'est un mot à la mode, mais, à mon sens, la solution, c'est le partenariat. Le gouvernement a des informations; parce qu'il dispense de nombreux programmes, il a une capacité analytique. Même avec les compressions budgétaires, il continue de dispenser bien des programmes et de recueillir des informations. Il a donc des renseignements qui pourraient être très précieux s'ils étaient présentés et fournis de façon pratique aux entreprises. Mais dans leur forme actuelle, les informations du gouvernement n'ont pas une grande valeur.

Voilà où le secteur privé entre en jeu. Qu'il s'agisse de petites entreprises à leur début ou de grandes sociétés comme celles que je représente, il faut mettre ces informations à la disposition du secteur privé, qui devra ensuite se créer un marché, des produits de différentes tailles, des produits électroniques, des documents de référence, de bons vieux imprimés, et tout le reste, en vue de répondre aux besoins émergents d'informations des entreprises canadiennes, plus spécialement les PME. Ce sont elles qui ont le plus besoin d'informations et qui sont le moins en mesure d'en trouver.

Monsieur le président, ce sont là les trois points que je voulais soulever. Je m'arrête donc ici. Merci beaucoup.

Le vice-président (M. Volpe): Vous avez été bref et êtes allé droit au but. C'est très bien. Vous en avez aussi profité pour faire la promotion de votre secteur. Merci. Nous reviendrons à vous pendant la période de questions.

Nous cédons maintenant la parole à MM. Jan Fedorowicz et Marvin Bedward, de Prospectus Inc.

M. Jan Fedorowicz (associé principal, Prospectus Inc.): Je tiens d'abord à dire que je suis tout à fait d'accord avec ce que mon collègue vient de dire.

En un sens, notre entreprise est à l'autre extrémité de l'éventail. Notre société est petite; elle n'a ni la taille ni l'importance d'Info Globe, mais nous en sommes venus à des conclusions semblables sur ce dont on a besoin, particulièrement en ce qui concerne la transmission d'informations pouvant être utilisées sur-le-champ. Cela nous apparaît essentiel pour les gens d'affaires.

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Notre approche au cours des dernières années a été de nous spécialiser dans l'élaboration de produits d'information pour les entreprises. Nous produisons et publions des guides, des brochures de renseignements, des manuels de toutes sortes et de plus en plus de produits électroniques, c'est-à-dire des DOC, des bases de données en direct et ce genre de choses.

Cependant, ce n'est pas la seule chose que nous faisons. Nous avons découvert que pour que nos produits d'information soient utiles, pertinents et utilisables, nous devions les intégrer à une stratégie en trois points qui s'appuie surtout sur la fonction de consultation stratégique qui fournit la matière intellectuelle, si vous voulez, afin de nous assurer que l'information est pertinente, actuelle, réelle. À l'autre extrémité, nous fournissons divers services aux petites entreprises, ce qui nous permet de rester près des utilisateurs finals de l'information. Nous avons donc une stratégie en trois points selon laquelle nos produits d'information sont appuyés par ces autres activités.

Au cours de la dernière décennie - rapidement; je ne veux pas faire de publicité pour notre société, ou quoi que ce soit - nous avons essayé d'élaborer des solutions pratiques visant à aider les gouvernements et les sociétés à gérer l'information.

Encore une fois, l'élément clé est la gestion de l'information. Je suis d'accord avec l'idée selon laquelle nous sommes inondés d'informations; personne ne peut plus s'y retrouver. L'information doit être structurée de manière à être utile et accessible. Les mots «utile» et «accessible» sont très importants. Nous avons donc appliqué des solutions innovatrices à la mise en forme et à la présentation de l'information et nous avons utilisé des formats multimédias.

Il y a 10 ans, nous faisions toujours des publications classiques, nos manuels comportaient des tableaux, des graphiques, des études de cas, du texte et des statistiques; tout cela a été intégré dans nos manuels. Aujourd'hui, nous nous dirigeons plutôt vers les DOC multimédias, qui font le même genre de choses.

Nous avons innové avec des publications en cocommandite. Nous nous sommes rendu compte il y a 10 ans que les gouvernements n'avaient plus l'argent et les ressources voulus et qu'ils devaient passer le chapeau et faire appel à plusieurs personnes différentes - encore une fois, la notion de partenariat - afin de pouvoir produire des publications de qualité.

L'information sur demande est la notion selon laquelle les gens d'affaires veulent ce qu'ils veulent quand ils le veulent. Ils ne veulent pas attendre. Ils veulent obtenir ce qu'ils demandent, pas plus. Il ne sert à rien de leur donner 700 pages si tout ce qu'ils veulent, c'est la réponse à une question en particulier. Nous avons donc recours à des systèmes d'information sur demande, à des documents servant à répondre aux demandes reçues par télécopieur, à des systèmes d'information interactifs comportant des menus d'aide qui permettent aux gens de choisir exactement ce qu'ils veulent.

Naturellement, cela signifie des systèmes d'information interactifs. L'utilisateur doit pouvoir définir ce qu'il veut. Il ne sert à rien de dire tout simplement qu'il existe tout un tas de renseignements et qu'il suffit de choisir parmi ces renseignements. Il faut pouvoir les aider davantage.

Dans notre énoncé de mission, nous nous sommes donné comme objectif de fournir à nos clients la capacité de diffuser des renseignements commerciaux utiles et pratiques partout, en tout temps, à tout auditoire et en tout format. Nous croyons que la technologie actuelle rend cela possible. Nous avons fait quelques projets dans ce domaine, et je pense que cela nous a donné une bonne idée de ce dont il s'agit.

Par exemple, nous avons participé à la conception des Centres de services aux entreprises du Canada. Il y a plusieurs années, le ministre d'Industrie Canada de l'époque a demandé s'il était possible de concevoir une solution à guichet unique, et nous avons donc participé à la conception de cette solution avec Industrie Canada.

Plus récemment, nous avons travaillé pour le ministère des Affaires étrangères en créant une base de données détaillées sur la façon de faire des affaires avec le Mexique. Naturellement, cette initiative s'inscrivait dans le cadre de l'ALENA, et nous avons ainsi rédigé et publié un manuel sur la façon de faire des affaires avec le Mexique qui, non pas par coïncidence, mais parce que nous l'avions planifié ainsi, a paru au moment même où l'ALENA était annoncé, et c'était le premier livre de ce genre à être produit. La publication de ce manuel nous a en quelque sorte permis de participer au projet d'élaboration d'une base de données détaillées, et j'en parlerai davantage un peu plus tard.

En ce moment, nous travaillons à l'élaboration d'un plan d'activité pour l'OCDE en vue de la création d'un réseau international de centres pour les PME, un réseau mondial en vue de centraliser l'information au sujet des PME au niveau international.

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En outre, nous avons fait beaucoup de travail dans le domaine du développement économique régional, plus particulièrement à Terre-Neuve et pour la société FedNor, pour le nord de l'Ontario, et, encore une fois, nous avons une perspective particulière sur ce que cela représente.

J'aimerais vous parler brièvement de ce que nous avons appris grâce à ces projets.

L'élément important en ce qui concerne les Centres de services aux entreprises du Canada, c'est la notion du guichet unique facilement accessible par télécopieur, téléphone ou directement. Il y a un centre de services aux entreprises du Canada dans chacune des provinces. Il est possible de communiquer avec ces centres en composant un numéro 1-800. On peut s'y rendre en personne, et ces centres disposent d'un système de réponse par télécopieur.

Il existe un processus pour traiter avec le client. Pour les demandes ordinaires, il y a un processus, et pour les demandes détaillées, il y en a un autre.

Des agents d'information très spécialisés font le tri lorsqu'ils reçoivent des demandes de renseignements. Ils décident s'il s'agit d'une demande ordinaire à laquelle il est possible de répondre en faisant appel à la base de données ou par le service de réponse par télécopieur. Est-ce que le client a besoin de consulter un conseiller pour obtenir des renseignements plus détaillés? Un client a-t-il besoin d'être renvoyé à des partenaires, à des agents de programmes fédéraux? Le client a-t-il besoin de consulter de la documentation dans la bibliothèque?

On travaille beaucoup avec le client. On n'essaie pas tout simplement de s'en débarrasser. Il doit vraiment y avoir un contact personnel. L'une des choses que nous avons apprises, c'est que les gens aiment parler à des personnes. Lorsqu'ils se perdent dans l'Internet ou sur l'inforoute, ils aimeraient avoir un agent de la circulation pour les aider à trouver la sortie la plus proche.

Il faut intégrer cette notion d'aide personnelle, un genre de counselling, à toute la série de produits d'information électroniques. La vision des CSEC, c'est l'intégration. Ici, je vous ai montré ce qu'étaient les CSEC à l'heure actuelle, et vous pouvez voir ici ce vers quoi ils se dirigent, c'est-à-dire qu'ils soient accessibles par le téléphone ou l'ordinateur. Grâce à un logiciel convivial, il sera possible d'obtenir des données grâce à divers médias, et ce logiciel, ainsi que l'accès à des conseillers, permet aux utilisateurs d'obtenir les services et les renseignements voulus. Le système est conçu pour être avant tout lancé et dirigé par l'utilisateur. Cependant, si l'utilisateur s'y perd, il existe des services de conseillers pour le diriger. Ces deux éléments font donc partie de la vision des CSEC.

Dans le cadre du projet mexicain dont je vous ai parlé, nous avons tenté de créer une base de données globales sur tout ce qui concerne le Mexique. Cette base de données comporte des profils de marché et des résumés de marché. Je n'ai pas pu les étiqueter tous, mais il y a plus de 40 résumés et plus de 40 profils sur divers secteurs - textiles, télécommunications, construction, etc. - sur le marché mexicain. Il existe un répertoire des foires commerciales et des conférences professionnelles, des répertoires d'industries, des guides d'affaires, comment exporter, de la documentation, les procédures d'expédition et les tarifs et douanes.

Ce sont des renseignements très détaillés qui permettront aux gens de suivre les divers processus requis. Cela comprend également des documents de référence pour les programmes gouvernementaux, des bibliographies, des exemples de succès, une famille de produits différents sur des questions d'affaires: quel est le climat d'investissement? Est-il facile d'obtenir du financement? Quelle technologie est disponible au Mexique?

Il y a en outre des outils de planification pour aider les gens à élaborer des plans d'exportation, choisir un partenaire, déterminer s'ils sont prêts à exporter, pour les aider à faire un suivi logistique, comprendre les questions de financement... tout.

Nous avons donc élaboré une série complète de produits. Je pense qu'il est très important pour les gens d'avoir des données globales. Ils ne veulent pas nécessairement tout savoir, mais lorsqu'ils consultent une base de données, ils veulent savoir qu'elle contient tous les renseignements concernant leur problème particulier, et qu'ils ne manqueront rien d'important. Ils peuvent ensuite mieux choisir les renseignements qu'ils recherchent.

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Le monde de l'information dans lequel nous vivons présente une dualité assez particulière. On veut être certain d'avoir tout regardé et choisi l'élément d'information qui répond à ses besoins particuliers.

C'est donc la base de connaissances que nous avons élaborée sur le Mexique. Je pense qu'elle peut servir de modèle pour élaborer des renseignements sur tout autre marché stratégique ou tout autre pays dans le monde vers lequel le Canada voudrait se tourner; cette méthode ne se limite pas uniquement au Mexique. La structure, le cadre, le logiciel que nous avons mis au point - et nous avons un genre de modèle de démonstration de ce logiciel - peuvent servir de banque de renseignements sur n'importe quel marché. Le logiciel est très facile à utiliser et facilement accessible.

Une chose que nous avons apprise dans le cadre de ce projet, c'est que l'élément crutial du succès n'est pas vraiment la technologie. La technologie est là, elle existe, elle est extrêmement perfectionnée, elle fait tout ce que nous lui disons de faire. Ce n'est pas non plus une question de données, car les données sont là. Nous croyons que l'élément crucial, c'est plutôt le processus. Il faut concevoir un processus axé sur l'utilisateur, sur ce que l'utilisateur veut et sur ce qu'il recherche. La technologie appropriée vient ensuite appuyer ce processus; on peut ensuite trouver les données appropriées. Sans le processus, nous n'avons rien.

C'est ce que nous avons appris - et nous avons payé cher pour l'apprendre, car c'est un travail pénible - car nous avons dû gérer des quantités énormes de données sur le Mexique et garder ces données à jour, pertinentes, des données qui permettent d'agir, comme mon collègue l'a dit, et nous assurer que les utilisateurs en étaient satisfaits.

Nous avons donc élaboré un processus - et je n'entrerai pas dans les détails - qui devait tenir compte d'une part du domaine de l'information, c'est-à-dire le rassemblement des données et de la documentation, d'autre part du domaine de la production, c'est-à-dire comment livrer l'information aux gens, par quel média; et d'un secteur commercial où tout cela doit être logique sur le plan économique. Nous avons élaboré ce processus et nous en avons reconnu l'importance.

Notre projet avec l'OCDE nous a appris que nous avions besoin de liens internationaux. Il ne suffit pas d'avoir une base de données intérieure, car, oui, même si cela nous permet d'avoir au Canada des données assez complètes et détaillées, nous avons en outre besoin de faire le lien avec ce qui se passe dans tous les autres pays du monde. Nous sommes donc en train de mettre au point un réseau de centres nationaux pour les petites et moyennes entreprises qui seraient reliés à un centre international qui serait, lui, directement relié à l'OCDE.

L'objectif de tout cela, c'est de créer un réseau dans lequel les renseignements au sujet des petites et moyennes entreprises, et plus particulièrement au sujet du commerce - le commerce et les activités d'affaires internationales des petites et moyennes entreprises - sont facilement transmis dans le monde entier, ce qui permet de savoir assez rapidement ce qui se passe dans d'autres parties du monde, et on a, par-dessus tout, un endroit logique où trouver ces renseignements. Encore une fois, il s'agit du concept du guichet unique. Si on veut obtenir ce genre de renseignements, où doit-on s'adresser? Eh bien, l'OCDE estime que si on crée de tels centres crédibles pour ce genre d'information, les gens pourront commencer par s'adresser à ces centres pour obtenir ce qu'ils cherchent.

Enfin, nos projets dans le domaine du développement économique régional nous ont appris une autre leçon, c'est-à-dire que l'on ne peut séparer les questions commerciales des autres questions de développement économique. Tous ces éléments doivent s'imbriquer les uns dans les autres.

Ce que l'on constate si on regarde nos activités de développement économique régional, c'est qu'au fur et à mesure que les gens arrivent ils doivent encore une fois être évalués. On doit leur demander ce qu'ils veulent, ce dont ils pensent avoir besoin. Les besoins peuvent être très différents: planification d'affaires, conseils, sources de technologie, perfectionnement des techniques, financement. Pour être efficace dans le domaine du commerce international, une entreprise a besoin de tout cela.

Donc, avant de pouvoir commencer à exporter, il faut bien comprendre tous les autres éléments également, et c'est pourquoi nous disons que la fonction de la promotion du commerce international ne peut être dissociée de toutes les autres fonctions. Cela revient à tous les genres de produits d'information qui existent - l'infrastructure, la défense d'intérêts, la planification stratégique régionale. Il y a toute une série d'éléments qui doivent tous être parfaitement intégrés dans une structure de soutien.

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Voilà donc certains des projets auxquels nous avons participé. Notre expérience nous a démontré qu'il existe une complémentarité naturelle entre l'information du secteur public et du secteur privé. L'un ne peut pas se passer de l'autre. Les deux sont vraiment nécessaires pour pouvoir fonctionner ensemble et fonctionner de façon intégrée.

Le gouvernement, de par son rôle en matière de politique publique, a accès à beaucoup de renseignements au sujet des règles et des règlements, des normes, des procédures officielles, des renvois, des renseignements sur les possibilités génériques. Il est bien placé pour recueillir énormément de renseignements.

Par ailleurs, le secteur privé est en meilleure position pour fournir des conseils plus subjectifs, des évaluations, des services de consultation et de formation ainsi qu'une aide au niveau de l'établissement de partenariats et la conclusion de marchés, services qu'on ne veut pas vraiment que le gouvernement fournisse, mais qui doivent être fournis. Il y a donc là une certaine complémentarité.

Par exemple, comment exporter. Voici l'information que le gouvernement peut fournir, et celle que le secteur privé peut fournir. Ils peuvent travailler ensemble, et je pense que ce serait une bonne façon de s'y prendre. Nous avons une proposition assez concrète, si vous voulez, ou une suggestion, sur la façon dont cela pourrait fonctionner.

Oui, il y a énormément de données dans le secteur privé, et il existe des quantités énormes d'informations gouvernementales dans divers types de bases de données. Nous avons donc besoin d'un point d'accès, d'un genre d'outil pour naviguer ou trouver son chemin, qui permettrait aux gens de faire une petite auto-évaluation ou de planifier, ou tout simplement pour les guider.

Où puis-je obtenir de l'information au sujet des prix dans la ville de Mexico? Où puis-je obtenir de l'information au sujet des transporteurs qui pourront expédier mes produits dans le Sud-Est de l'Asie? Posez ces questions, et votre navigateur vous dirigera vers celui qui dispose de ces renseignements dans le secteur privé. Les renseignements existent; il n'est pas nécessaire de faire en double ce que le secteur privé fait déjà.

Il existe donc une quantité énorme d'informations, mais il faut être capable de naviguer à travers tout cela, et c'est pourquoi nous nous intéressons à l'élément éclaireur. Nous prenons toujours le point de vue d'un utilisateur qui est une petite entreprise. Que voit-il? Eh bien, ce qu'il devrait voir, c'est un outil assez simple qui se présente sous forme de menu qui lui permet de choisir et d'interagir, et d'obtenir l'information à travers le média avec lequel il se sent le plus à l'aise. Si l'utilisateur a besoin de l'aide d'un expert, il peut alors l'obtenir.

Si l'utilisateur est à l'aise avec un service interactif en direct, il peut utiliser le babillard électronique ou faire imprimer des documents. Il peut également tout simplement utiliser l'outil pour exécuter certaines commandes, parce qu'il n'est pas à l'aise avec le service interactif et qu'il préfère tout simplement commander un rapport ou un disque ou une autre publication.

En prenant comme point de départ le point de vue de l'utilisateur, on peut concevoir un système facile d'accès pour l'utilisateur. Il peut donc en profiter. Outre l'information, l'utilisateur a en fait besoin d'un instrument de planification en matière d'exploitation. Il faut aider les gens à planifier ce qu'ils font, à élaborer un plan d'exportation. Nous voyons la planification comme un processus continu et permanent. Nous l'avons indiqué ici par un genre de cercle.

On voit ici les éléments d'un plan d'entreprise. On a d'abord l'analyse de la situation, la recherche de marchés, l'analyse financière, les sources de technologie, les fournisseurs, les partenaires, etc., car chaque fois qu'on fait quoi que ce soit, chaque fois qu'on prend une mesure, chaque fois qu'on passe à l'étape suivante, on obtient de l'information additionnelle, et il faut corriger les hypothèses et réviser les décisions.

Nous pensons que grâce à ce modèle interactif souple de plan d'entreprise, qui est différent de l'ancien plan d'entreprise statique traditionnel, on peut concevoir des bases de données qui alimentent des éléments essentiels de ce modèle et qui vous donnent... Pour une analyse de la situation, on aurait par exemple une base de données sur des renseignements de base dans le domaine des affaires. Pour une analyse financière, on a peut-être besoin d'informations concernant les prix et les coûts. On est en train de mettre au point le RTC, et d'autres bases de données qui fournissent des renseignements sur le domaine technologique.

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On peut très bien concevoir un réseau intégré homogène avec pour partenaire le secteur privé, car c'est là que se trouve toute l'information. On peut très bien concevoir un réseau homogène qui va intégrer les renseignements nécessaires au plan d'exportation, à point nommé, et grâce auquel les gens vont pouvoir trouver le guide dont ils ont besoin dans leurs démarches. Une grande société n'en aura sans doute pas besoin, mais pour une petite compagnie, encore mal assurée, qui peut être prête à exporter sans en avoir l'expérience, ce genre d'aide pourrait être extrêmement utile... Il y aurait donc dialogue au cours du processus, et les renseignements nécessaires seraient alors fournis.

Pour que cela se réalise, il faudrait procéder aux analyses d'écart entre ce qui est nécessaire et ce qui est offert et se demander ce qui est disponible du point de vue des compétences, du financement, du partenariat, des débouchés, des études de marché et de l'aide à la planification. Quel genre de renseignements le gouvernement possède-t-il? Quel genre de programmes et de services le gouvernement offre-t-il? Du côté du secteur privé, quels renseignements existent, quels services sont offerts?

C'est une façon tout à fait simpliste d'aborder la question, je le reconnais, mais c'est ainsi que se font les analyses d'écart. Quand on connaît l'ampleur de l'écart, c'est là qu'on peut évaluer à quel point le partenariat avec le secteur privé est crucial, car c'est là qu'il faut oeuvrer pour que les exportations soient florissantes, pour que l'accès rapporte, pour que les renseignements transmis aux PME soient complets.

Si l'on fait ce genre d'analyse de l'écart, on en conclut que le secteur privé peut faire certaines choses et le secteur public d'autres.

Permettez-moi de me résumer maintenant. Nous pouvons tirer quelques leçons de notre expérience. Les entreprises veulent un point d'accès unique qui soit pratique. L'aspect technologique ne pose pas de difficulté. Il s'agit avant tout de concevoir un processus. Nous devons intégrer ce que nous faisons à ce qui se fait sur la scène internationale, et ce que nous faisons pour stimuler le commerce doit s'intégrer aux autres initiatives de développement économique que nous prenons. Nous pensons que le gouvernement pourrait être utile en venant compléter ce qui existe déjà comme appui au commerce grâce à deux mesures: participer - il faudrait définir cette participation - à l'élaboration d'un outil de planification des exportations et d'un accès global; et travailler de concert avec le secteur privé pour repérer les lacunes majeures en matière de renseignements. Ces deux mesures ensemble, à mon avis, pourraient être utiles pour nous permettre de parcourir le chemin qui nous sépare de notre but.

Merci.

Le vice-président (M. Volpe): Merci beaucoup.

M. Ron MacSpadyen, de la société 11 CORINFO, accompagné d'un collaborateur.

M. Ron MacSpadyen (directeur, 11 CORINFO Research and Information Services): Merci beaucoup. Je vais être bref, car je crois comprendre que vous êtes en train de respecter votre emploi du temps.

Permettez-moi de vous expliquer qui nous sommes. Nous sommes des courtiers de l'information, des intermédiaires. Les entreprises nous téléphonent, sans frais, pour nous poser des questions. Nous leur donnons un prix représentant ce qu'il leur en coûtera pour recevoir réponse à ces questions, et elles décident ensuite d'acheter ou non.

On nous pose le genre de questions que vous trouverez à la deuxième page de notre mémoire écrit. On nous demande des choses comme: «Combien de sacs de mousse de tourbe a-t-on exportés vers le Nord-Est des États-Unis l'année dernière? Dans le domaine du recyclage des pneus, quelles sont les plus récentes tendances technologiques? À Dallas, au Texas, quelle est la distance moyenne que parcourent les navetteurs? Comment le marché mondial du vin se répartit-il par pays? Quels sont les pays exportateurs de gants en caoutchouc?» etc.

Il s'agit donc d'un guichet unique, un point de vente unique. Il s'agit de renseignements commerciaux sur mesure, et c'est ce que les gens des PME veulent. Je n'en dirai pas plus, car il s'agit d'un système simple que vous comprendrez aisément.

Par contre, je voudrais souligner une chose qui se trouve à la page 3 de mon mémoire, car je pense que cela illustre ce qui se fait de bien au gouvernement fédéral sur le plan de la diffusion d'informations. Il existe d'excellents produits, services et programmes qui sont offerts, et je sais que vous en connaissez un grand nombre.

Je voudrais en signaler quatre en particulier. Tout d'abord, le service d'information en direct à propos de l'ALENA, et je tiens à féliciter celui qui y a songé. C'est un bon service, qui est utilisé intensément par les PME. Le service FaxLink est un service de télécopieur que vous connaissez sans doute et qui est une excellente idée aussi. Industrie Canada, parce que le ministère joue le rôle d'indicateur en matière de commerce international, rend de grands services aux PME parce qu'il fournit des renseignements sur la propriété intellectuelle exclusive. Le programme NEEF en est un que les PME avec lesquelles nous travaillons quotidiennement estiment être d'une grande utilité.

Je voudrais vous soumettre six recommandations. Je me contenterai de n'en développer que trois, très brièvement.

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Je recommanderais tout d'abord de laisser au secteur privé le soin de faire des études de marché et de réunir les renseignements concernant les concurrents. Je comprends qu'on dira que je prêche ici pour ma paroisse, mais c'est une chose dont nous sommes convaincus. Nous pensons qu'on devrait envisager sérieusement de tracer une ligne de démarcation qui permettrait...

Le vice-président (M. Volpe): Excusez-moi; je sais que nous n'avons pas beaucoup de temps et je me rends compte que vous faites de votre mieux pour nous faire gagner du temps, mais je vous prierais de ralentir, car nos interprètes ont beaucoup de mal à vous suivre.

M. Penson: J'invoque le Règlement. Y a-t-il quelqu'un ici qui a besoin de l'interprétation?

Le vice-président (M. Volpe): Je vous rappelle que notre séance est retransmise sur les ondes simultanément en français et en anglais.

Je demanderais à notre témoin de passer de la cinquième à la quatrième vitesse, tout simplement.

M. MacSpadyen: Si cela vous convient, volontiers alors.

Le vice-président (M. Volpe): Merci.

M. MacSpadyen: La ligne de démarcation, donc, qui nous intéresse concerne les renseignements sur les concurrents et les études de marché. Ces deux éléments devraient être réservés au secteur privé. Le gouvernement fédéral, selon nous, devrait se borner à offrir un service de référence juste et équitable, ou encore un réseau semblable à celui dont nous venons de parler.

Pour faire une petite analogie, je vous parlerai de l'Institut canadien de l'information scientifique et technique, qui a mis au point le système en direct CAN/OLE, que vous connaissez sans doute, car il a été élaboré par le gouvernement fédéral au début des années 1970. C'était une initiative audacieuse, et, à la réflexion, elle a permis de lancer les services en direct au Canada.

Les Services d'information Globe, notamment, profitent de l'excellent travail que le gouvernement fédéral a fait très longtemps ici, au Canada, pour faciliter l'accès en direct à l'information.

Bien entendu, l'Institut canadien de l'information scientifique et technique a réévalué ce programme, et d'ici à la fin de cette année CAN/OLE n'existera plus, essentiellement parce qu'une grande partie des renseignements offerts par CAN/OLE est offerte désormais par le secteur privé.

De la même façon, une grande partie des études de marché et des renseignements sur la concurrence que possède le gouvernement actuellement provient du secteur privé, et il y a danger de concurrence sur ce plan. Nous estimons qu'une telle concurrence n'est pas nécessaire.

À propos de la deuxième recommandation, je vous incite à réfléchir à la possibilité que le gouvernement fédéral favorise les possibilités de levier offertes par les nouvelles technologies de l'information et en accélère le déploiement. Le gouvernement devrait étudier la mise au point d'une stratégie de diffusion de l'information fondée sur Internet, qui offre toute une game d'outils interactifs.

Je voudrais préciser ma pensée. Permettez-moi de vous donner la liste de ces outils interactifs.

Tout d'abord, il s'agit d'une chose qui n'existe pas actuellement dans le système Internet des ministères.

Par exemple, on ne peut pas trouver le texte complet de l'ALENA en tapant des mots clés. Ainsi, si le point d'origine d'un bien constitue un problème pour moi, il me suffirait de taper ce mot, et le tour serait joué. Le texte de l'ALENA qui porte sur cette question apparaîtrait automatiquement sur mon écran. On y trouverait également les notes de service que l'on peut obtenir actuellement en composant le numéro d'information sans frais de l'ALENA.

L'accès audio qu'offre Internet pourrait donc servir de support à ce qui intéresse les PME à cet égard. Il y a une quantité de renseignements qui se prêteraient à ce support.

Par exemple, dans les missions commerciales, les attachés commerciaux prennent la parole lors de divers congrès, et les PME s'intéressent énormément à ce qu'ils ont à dire. Bien entendu, cela pourrait être retransmis sous format audio grâce à Internet.

Le courrier électronique me permet de parler à des gens qui appartiennent aux groupes commerciaux, et il serait important que la liste des services et les nouveaux groupes... Permettez-moi de vous donner deux autres outils que j'estime important d'utiliser.

En troisième et dernier lieu, la troisième recommandation préconise que le gouvernement fédéral reconnaisse que les étude de marché et les renseignements sur la concurrence constituent une composante intégrante permettant de pénétrer sur les marchés d'exportation, et qu'on envisage sérieusement d'encourager les investissements dans ce domaine.

Je trouve toujours intéressant de rencontrer un exemple qui a été cité un peu plus tôt aujourd'hui, à savoir celui d'une société qui dépense 40 000$ pour obtenir un marché étranger alors que nous recevons un coup de téléphone ici, au Canada, où on nous pose des questions comme: «Quelle est cette société qui m'a contacté aujourd'hui, et quel est le canal de distribution de ce produit en Europe?» Ce genre de questions n'existeraient pas si la société avait fait ce qu'il fallait.

Cela touche à ce que Jeff a dit à propos de l'acquisition d'une culture de l'information par les PME, mais si le gouvernement veut offrir une aide quelconque, ou s'il veut participer aux coûts de l'entreprise, je vous encouragerais à envisager une subvention pour l'obtention de renseignements, pour les études de marché et pour les renseignements sur la concurrence, toutes choses que les entreprises devraient se hâter d'obtenir.

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Un projet à cet effet est en cours dans l'État du Minnesota. Le projet connaît un succès modéré. Il a été évalué par plusieurs groupes différents et est tenu en grande estime par l'équivalent américain des PME.

Merci de nous avoir invités à comparaître.

Le vice-président (M. Volpe): Merci beaucoup, monsieur MacSpadyen.

Passons immédiatement aux questions. Certains députés s'intéressent aux aspects techniques de vos exposés. Je suis certain que vous voudrez tous poser des questions.

Monsieur Mills.

M. Mills (Red Deer): J'aimerais poser deux questions d'ordre général, mais elles ne s'adressent pas à un témoin en particulier.

Étant donné qu'existe toute cette information, que son potentiel est énorme, ainsi que son potentiel d'utilisation, les PME doivent faire un certain effort pour la vendre. Cela ne signifie pas seulement vendre des données à un propriétaire ou à la direction d'une entreprise, mais également qu'il faut mettre ces outils à la disposition de toutes sortes d'entreprises. Cela revient à ce que le premier témoin a dit au sujet de la culture de l'information. De plus, nous traînons un peu de l'arrière et nous ne sommes pas réellement concurrentiels sur le marché international.

D'abord, comment s'attaquer à ce problème? Je sais qu'un homme d'affaires peut facilement être convaincu de l'utilité d'un produit, mais je sais également qu'il est très difficile de traduire une bonne idée en un produit qui fonctionne et qui se vend. C'est la première question que je voulais soulever.

Ensuite, je ne suis pas certain du rôle que devrait jouer le gouvernement. À votre avis, le gouvernement pourrait jouer un rôle mineur, et le secteur privé pourrait offrir un service plus efficace et moins coûteux.

Prenez les services d'information ALENA en ligne et FaxLink. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement devrait se préoccuper de ces choses. D'après vous, cela concerne-t-il le gouvernement? Pouvez-vous fournir de meilleurs services, à un prix moins élevé et de façon plus efficace à l'intention du secteur privé? C'était l'autre question que je voulais poser.

Le vice-président (M. Volpe): Monsieur Carruthers.

M. Carruthers: J'aimerais répondre en premier. Je vais dire quelque chose qui va sûrement faire sursauter l'auditoire. C'est d'ailleurs la réaction que j'espère obtenir.

Lorsque vous voulez commercialiser un produit de l'information, vous devez surmonter deux obstacles, comme c'est le cas pour tout produit que vous voulez vendre. Vous devez d'abord déterminer qui a besoin de votre produit, et vous devez ensuite le rejoindre. C'est à vous de vendre le produit. À prime abord, c'est simple, mais c'est ce qui fait que la commercialisation d'un produit est extrêmement difficile.

Je dis que le gouvernement a une communauté de clients. Chaque ministère fait affaire avec une communauté de gens d'affaires, que ce soit dans le domaine du commerce, de l'agriculture, des subventions pour le colza ou pour les tarifs de transport. Les ministères savent qu'il existe un certain groupe de personnes s'intéressant à tel ou tel aspect de l'information.

Il s'agit en effet de trouver une façon de rendre les fonctionnaires plus accessibles au secteur privé canadien - ce genre d'information est extrêmement important - sans pour autant porter atteinte à leur vie privée. Voilà le noeud du problème. Si c'était possible, les grandes et petites entreprises redoubleraient leurs efforts, et nous serions dans une meilleure position.

Ensuite, et ceci pourrait paraître étrange, étant donné le climat financier actuel, le gouvernement devrait se servir de nos produits. Il devrait les acheter. J'ai apporté une série de produits que nous fabriquons. Voici de bons vieux produits imprimés. Nous produisons également des produits sur DOC et des produits en ligne. Le gouvernement achète beaucoup de données, mais il ne s'en sert pas autant qu'il le pourrait.

Lorsque nous essayons de vendre un produit à un entrepreneur, nous lui disons que le produit va lui rendre la vie plus facile. Si cet entrepreneur sait que des fonctionnaires au gouvernement font plus ou moins la même chose que lui, et qu'ils ont acheté le produit et le trouvent utile, c'est quand même significatif. Par contre, certains ne seront pas convaincus de l'utilité du produit et ne l'achèteront pas.

Ce sont les deux choses que je voulais dire.

Le vice-président (M. Volpe): Une bonne partie des données provient de ces mêmes ministères que vous aimeriez avoir comme clients. Je ne comprends pas tout à fait. Si vous voulez avoir des renseignements sur les douanes et accises qui seraient utiles pour les petites et moyennes entreprises, le gouvernement dispose probablement déjà de cette information. Pourquoi une personne viendrait-elle vous voir dans ce cas?

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M. Carruthers: Je vais vous donner un exemple. Je ne suis pas avocat. Ceux d'entre vous qui sont avocats savent que le gouvernement du Canada imprime beaucoup de lois. Mais allez voir un avocat et demandez-lui ce qu'il achète. En fait, il achète des versions annotées des lois, produites par des entreprises privées. Pourquoi? Parce que les lois ont été annotées, enrichies de renseignements additionnels utiles qui les expliquent.

De même, il existe des banques de données en ligne. Pensez à la suggestion faite par mon collègue, Ron. Il a parlé d'une version numérisée de l'ALENA accessible par occurrence, ou du fait qu'une entreprise privée pourrait la mettre au point. De cette façon, l'ALENA devient intelligible, parce qu'il devient utile. Voilà notre défi.

Voici un autre exemple. Permettez-moi de me vanter un peu. Ce livret s'appelle le Canadian Federal Government Handbook. Ce document contient le Budget des dépenses, qui, sous sa forme de Livre bleu, est très volumineux. Mais l'information a été condensée dans ce petit livre, et nous y avons également inclus des renseignements sur les ministères, les dépenses et les fonctionnaires importants auxquels on peut poser des questions. Je vais laisser ces documents au comité.

Je crois que beaucoup de fonctionnaires trouvent ce genre de références très utiles. Si vous vous fiez à l'annuaire du gouvernement fédéral, vous verrez que lorsque vous l'aurez finalement entre les mains, l'information sera déjà périmée et les fonctionnaires auront été mutés ailleurs. Le secteur privé est probablement beaucoup plus apte à trier l'information que vous, et ce genre de références aident le gouvernement à devenir plus efficace dans ses transactions avec ses clients.

Vous avez posé une bonne question. Si nos produits ne vous aident pas à faire votre travail au gouvernement plus efficacement, nous allons faire faillite.

M. Mills: Mais le gouvernement ne devrait-il pas seulement offrir un service de référence? Votre exemple démontre la faiblesse du gouvernement. Il n'est pas efficace. Il fait une montagne d'un rien. Le gouvernement est devenu énorme, énorme et inefficace.

M. Carruthers: C'est pourquoi nous avons un débouché. Cela a créé un créneau pour nous.

M. Mills: Le rôle du gouvernement pourrait donc se limiter à être un service de référence. Laissons le secteur privé s'occuper du reste.

M. Fedorowicz: Le gouvernement dispose également d'une montagne de renseignements. Ces renseignements doivent être triés et classés, comme l'a dit M. Carruthers. C'est le tri, le classement et la présentation qui transforment l'information brute en un produit de valeur. Il faut donc établir un partenariat entre le secteur privé, qui organise l'information, et le gouvernement, qui la produit. Il faut donc établir une espèce de relation.

Je voulais dire deux choses en réponse à votre question sur la commercialisation. À part le défi de la commercialisation, comme M. Carruthers l'a appelé, il y a une autre façon de commercialiser l'information: c'est de la simplifier et de la rendre accessible. Si c'est le cas, les gens voudront essayer de l'utiliser. D'après moi, la raison pour laquelle les gens ne se sont pas intéressés davantage à la technologie de l'information, c'est parce qu'elle est difficile à utiliser; les gens ont donc peur de s'en servir.

Si nous voulons créer une culture de l'informatique au Canada, nous devrions faire en sorte que l'information devienne plus intelligible, plus accessible et plus facile à utiliser. Même si le système de banques de données, le logiciel et toute la technologie qui sous-tend l'ordinateur sont extrêmement complexes et perfectionnés, l'utilisateur ne devrait s'occuper que d'un simple écran. L'utilisateur devrait pouvoir s'en servir aisément. La technologie devrait être intelligible. L'utilisateur ne devrait pas avoir à s'occuper de mécanismes complexes.

Les gens savent que nous vivons à l'âge de l'information. Ils savent que ces outils sont à leur disposition. Ils savent qu'il existe partout des ordinateurs et des logiciels. Mais ils ont peur de s'en servir, parce que c'est encore trop compliqué. C'est donc un autre aspect du défi de la commercialisation.

Beaucoup de ces initiatives peuvent également bénéficier de la privatisation. Le gouvernement peut agir en tant que catalyseur. Il peut faire démarrer un processus, comme il l'a fait au XIXe siècle lorsqu'il a construit le chemin de fer national. Nous pouvons lancer certaines initiatives informatiques, tout en acceptant le fait qu'elles seront ultimement privatisées, si possible, et qu'en fait elles devraient l'être.

Prenez l'exemple des Centres de services aux entreprises canadiennes. Au moment où ces centres ont été conçus, le ministre avait certes donné le mandat de les réaliser, mais il était clair que ces centres pourraient être privatisés un jour. Ils peuvent être gérés par le secteur privé, la participation du gouvernement n'étant plus nécessaire. Mais le gouvernement doit être ouvert à l'idée que le secteur privé prendra la relève.

Nous avons donc fondé ces centres. Ils sont devenus une réalité. Mais le gouvernement devrait s'en défaire, parce qu'il n'a plus de rôle à jouer là-dedans. Les centres existent maintenant. On devrait faire un appel d'offres. On devrait trouver une entreprise privée qui peut les gérer et lui laisser le soin de le faire.

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M. Mills: Je pourrais faire une remarque politique, mais je vais m'en abstenir.

Le vice-président (M. Volpe): Je suis content que vous ayez résisté à la tentation, monsieur Mills. Pendant un instant, je pensais entendre votre voix.

Voulez-vous faire une remarque, monsieur MacSpadyen? Non.

Avez-vous une autre question à poser, monsieur Mills?

M. Mills: Non, ça va.

M. Alcock (Winnipeg-Sud): Vous avez dit que vous alliez faire sursauter certaines personnes dans la salle. J'aimerais explorer davantage cette question. Comme vous le savez, il y a eu des débats aux États-Unis concernant l'autorisation qui donne accès à la montagne d'information qui existe pour pouvoir la miner. En premier lieu, il faut modifier les règlements qui permettent d'avoir accès à cette information. Deuxièmement, il y a la question du prix qu'on fait payer au grossiste de l'information, si vous me permettez l'expression.

D'après vous, quels obstacles existent à l'heure actuelle au Canada pour ce qui est de l'accès, et deuxièmement, comment devrait-on établir le prix de l'information à votre avis?

M. Carruthers: Votre question porte justement sur une des choses les plus sujettes à controverse qui pourraient se produire et au sein de notre industrie et au sein de celle de l'information. Si on réussit à régler cette question, ce sera probablement un des éléments les plus puissants. Je vais essayer de vous donner quelques exemples.

À l'heure actuelle, il y a tout un débat au sein du gouvernement. J'espère que le débat va enfin prendre fin, peut-être demain - mais j'en doute - ou après-demain. La question en litige est de savoir si la Couronne devrait utiliser son droit d'auteur pour empêcher le secteur privé de diffuser, de distribuer ou de commercialiser de l'information qui provient du gouvernement.

Il est important de mentionner les choses positives qui se produisent. Le ministère de la Justice a créé un site Internet, et c'est un des nombreux sites Internet qui ont été mis en place ces dernières semaines ou ces derniers mois. Il donne à n'importe qui au Canada accès aux lois du Canada. On a jugé qu'il s'agit de l'information du gouvernement qui a été recueillie au nom de tous les Canadiens. Je n'utilise pas le libellé exact, mais si on mentionne la source, on peut utiliser ces renseignements. Il n'y a pas de redevances à payer. Il n'y a pas d'instructions quant à l'utilisation de ces renseignements.

Pendant très longtemps on a dit qu'on ne pouvait pas avoir accès aux lois du Canada parce qu'elles étaient la propriété du gouvernement. Comme le gouvernement ne savait pas ce que vous alliez en faire, il allait essayer de vous faire payer.

À mon avis, c'est l'erreur fondamentale que nous avons commise au Canada, surtout au niveau fédéral, mais également au niveau des gouvernements provinciaux.

Le gouvernement des États-Unis donne des renseignements gratuitement, et il fait un effort spécial pour le faire. Il donne des renseignements gratuitement sous quelque forme que l'on veut. Grâce à cela, des centaines et des centaines de compagnies ont été créées. Comme je l'ai déjà dit, ces compagnies font différents emballages de cette information et les vendent au prix maximum.

Par conséquent, il y a des compagnies aux États-Unis qui sont très au courant de la valeur de l'information. Il y a toute une industrie qui a surgi et qui fait beaucoup de bénéfices. Il faut faire exactement la même chose au Canada. Il faut mettre fin au débat.

Le Conseil consultatif sur l'autoroute électronique a conclu que le gouvernement canadien devrait décider qu'il détient cette information au nom de tous les Canadiens, et qu'il devrait la rendre accessible sans essayer de faire des bénéfices. Si on essaie de faire des bénéfices, on va commencer à mettre en place des contraintes, qui vont créer des problèmes.

Deuxièmement, j'estime que l'un des défis les plus importants auxquels le gouvernement est confronté, c'est de mettre dans une forme plus utilisable toute l'information qui existe dans les différents systèmes. Je ne parle pas de la propriété exclusive, mais plutôt de formats assez normalisés. Ensuite, il faut donner accès à cette information. Il y a tout un tas de gens qui aimeraient beaucoup se lancer dans une telle entreprise. Je suis tout à fait sérieux. Je connais des gens qui veulent lancer une entreprise de ce genre. À l'heure actuelle, ils ne peuvent pas le faire à cause de cet obstacle.

Le fait d'avoir des sites Internet partout dans le monde a été utile. Tout d'un coup, malgré le processus qu'il faut suivre, des ministères ont commencé à publier de l'information. Et cela se fait même si les responsables de la technologie de l'information disent qu'on ne peut publier cette information. Cela se fait même si des fonctionnaires du Conseil du Trésor disent que cette publication n'est pas conforme aux règlements concernant le logo du gouvernement du Canada, etc. On publie cette information de toute façon, et je félicite ceux qui le font. Davantage de personnes devraient le faire. De cette façon, on devrait pouvoir éliminer toutes les contraintes selon lesquelles il faut procéder d'une certaine façon.

Vous avez parlé du ministère de la Justice? Très bien. Il faut que davantage de ministères le fassent.

Je me laisse emporter un peu lorsque je parle de cette question, car elle est très importante pour notre industrie.

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M. Alcock: Je voudrais entendre ce que les autres ont à dire sur ce sujet, mais je voudrais aussi ajouter que la convergence au sein du gouvernement est importante.

M. Carruthers: Oui.

M. Alcock: Vous avez parlé de la fixation des prix. Si je comprends bien, les tribunaux américains étaient d'avis que les gens avaient déjà payé pour l'information...

M. Carruthers: Exactement.

M. Alcock: ...et qu'il était donc inopportun de leur imposer ce montant.

M. Carruthers: Oui, nous utilisons bien sûr des renseignements fournis par le gouvernement, mais la valeur se trouve au niveau de l'emballage, de l'étiquetage et de la présentation d'ensemble. On y sue sang et eau, et c'est justement cela que nous vendons.

M. Alcock: Certains d'entre nous autour de cette table croient que le gouvernement a aussi une certaine valeur.

M. Carruthers: Bien sûr.

Le vice-président (M. Volpe): De qui parlez-vous, monsieur Alcock?

Des voix: Oh, oh!

M. Alcock: Je ne ferai pas de commentaires là-dessus.

M. Mills: Vous voyez, il ne peut pas y résister.

M. Alcock: C'est juste que j'en ai eu assez des arguments simplistes.

Il semble que le gouvernement devrait changer sa façon de diffuser l'information et le format utilisé, mais il y a aussi de gros problèmes à assurer la confidentialité des renseignements personnels - je ne veux pas nécessairement que vous divulguiez tous les renseignements que le gouvernement aurait sur moi - ainsi que des secrets d'une entreprise sur sa stratégie et ses projets. J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.

M. Marvin Bedward (associé, Prospectus Inc.): C'est une question de partenariat. Il faut inviter dans son enceinte des représentants du secteur privé et des fournisseurs d'information pour discuter de ce qu'on veut publier, de ce qu'on peut divulguer ou non.

Lorsque nous avons constitué une banque de connaissances sur le Mexique en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères, nous avons joué un rôle important dans l'élaboration et la collecte de données, et nous savions si les renseignements venaient du bureau ou d'ailleurs. Ensemble nous avons décidé ce qui pouvait être divulgué. C'est vraiment une question de partenariat. On peut partiellement régler le problème de confidentialité, car le partenaire connaît aussi les exigences gouvernementales en matière de confidentialité.

M. Alcock: Alors, la valeur ajoutée à la diffusion n'est pas uniquement au niveau du gouvernement, mais également au niveau de l'entreprise.

M. Bedward: C'est juste.

M. Fedorowicz: Nous sommes loin de croire que le gouvernement n'a aucune valeur ajoutée. Le gouvernement fournit des renseignements dérivés de ses propres activités d'élaboration de politiques et de planification ainsi que de leadership stratégique, et a donc des renseignements bien précis.

Nous pouvons aussi obtenir d'autres genres de renseignements, car il y a des délégués commerciaux sur place qui rassemblent des renseignements secrets ou publics. Ces données-là ont une certaine valeur, mais seulement si on peut les obtenir assez rapidement et les transmettre aux bonnes personnes. Nous pensons que ce serait une bonne idée d'avoir un partenaire du secteur privé qui puisse vous aider à faire cela.

Nous l'avons constaté, par exemple, avec la base de connaissances sur le Mexique. Lorsque l'ALENA a été annoncé, les quelques personnes affectées au dossier du Mexique ont été inondées. Elles répondaient au téléphone toute la journée. Elles n'avaient aucune ressource et pas assez de temps pour rassembler quoi que ce soit. Il fallait les aider. Ce que nous avons fait.

Nous avons élaboré un processus pour rassembler, utiliser et diffuser l'information. Les gens sur place nous ont beaucoup aidés, car ils avaient des idées stratégiques et savaient qui pourrait se servir des renseignements. Ils pouvaient nous mettre en contact avec leurs délégués commerciaux, etc. Cela avait une certaine valeur. Nous en avons ajouté une autre sorte, et ensemble nous avons créé un assez bon produit. Vous voyez là l'exemple des deux partenaires.

M. MacSpadyen: Puis-je ajouter deux choses?

M. Alcock: Votre quatrième recommandation aussi, si vous le voulez bien.

M. MacSpadyen: Ma quatrième recommandation porte sur les principes de non-exclusivité et de coûts marginaux. Contrairement à Jeff, nous sommes tout à fait disposés à parler des coûts marginaux. Cela nous importe peu. Si on veut que le secteur privé ait les renseignements, cela coûtera sans doute quelque chose. Nous sommes prêts à accepter cela.

Pour ce qui est de la propriété exclusive, dont on a déjà parlé, j'ai toujours cru que le gouvernement fédéral tentait de déjouer les tentatives du secteur privé d'obtenir des renseignements.

D'après notre expérience, la plupart des fournisseurs d'information et le gouvernement fédéral pourraient s'entendre sur plusieurs choses ou plusieurs domaines où les renseignements sont à la fois non exclusifs et non confidentiels. Nous pourrons sans doute nous entendre là-dessus. Pour nous, cette histoire de brouiller les pistes ne fait que ralentir tout le processus.

Le secteur privé comprend bien que certains renseignements sont la propriété exclusive du gouvernement et sont confidentiels. Nous sommes bien sûr prêts à accepter cela. Ce qui nous intéresse vraiment, c'est le reste, l'autre 90 p. 100. Je pense que la plupart de ceux ici présents seraient d'accord pour dire qu'il n'y a rien dans ce secteur de l'univers de l'information qui ne peut pas progresser.

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M. Penson: Un des problèmes que j'entrevois dans les propositions que vous avez faites, c'est que je devrais mettre à pied certains membres de mon personnel, parce qu'une des principales tâches que nous avons en tant que députés, c'est de diffuser l'information. C'est juste une farce.

C'est un des problèmes que nous avons. Les gens sont assoiffés d'information, mais la forme qu'elle prend ici au gouvernement est difficile à comprendre pour beaucoup de gens. Alors, pour ce qui est de l'aspect facilité d'usage, j'apprécie ce que vous nous dites.

On a fait allusion à l'OCDE, au partage de l'information et au travail de nos délégués commerciaux à l'étranger lorsque nous avons des renseignements commerciaux qui sont conçus pour l'entreprise canadienne. Comment pourrions-nous nous occuper de cela sans que ces renseignements deviennent publics? Nous vivons dans un monde très concurrentiel et nous essayons d'obtenir une part du marché. Comment pourrions-nous traiter cette information afin de la préserver pour les entreprises canadiennes?

M. Fedorowicz: Il est assez facile d'ajouter certains avertissements à l'information, comme Ron vient de le dire. Le secteur privé est prêt à collaborer. Nous ne sommes pas des requins qui cherchent à s'entretuer. Il existe un certain sens des responsabilités quant à l'utilisation de l'information.

On entend parler des renseignements commerciaux comme s'il s'agissait de quelque chose d'unique, et que soit le secteur privé, soit le secteur public doit s'en occuper. Je ne pense pas que les renseignements commerciaux soient quelque chose d'homogène. Il y a toutes sortes de renseignements commerciaux. Si j'essaie de vendre un produit à quelqu'un dans un pays étranger, il pourrait m'être très utile de savoir que cette personne aime le violet. Alors je porterai une cravate violette. Cela peut être quelque chose de tout à fait insignifiant. Des choses auxquelles vous n'auriez jamais songé.

Les délégués commerciaux peuvent vous fournir ce genre de renseignements. Ils sont branchés. Ils assistent à toutes sortes de rencontres. Ils peuvent vous donner certains de ces renseignements. Si je devais exporter dans un pays étranger, je ne me fierais pas exclusivement à cette information. Je voudrais l'obtenir, mais je voudrais également avoir ma propre compagnie de recherche en marketing, je voudrais peut-être avoir des partenaires dans ce pays-là, etc., afin d'avoir un bon aperçu de la situation globale. Nous devons essayer de voir comment mettre tout en oeuvre de façon à ce que les gens aient accès à une vaste gamme d'informations.

Pour ce qui est de l'initiative de l'OCDE, vous obtenez ce que vous y mettez. Si vous ne voulez pas que certains renseignements soient diffusés, ne les envoyez pas. C'est aussi simple que cela. Par exemple, il y a une annexe à l'information dans notre base de données mexicaines expliquant qu'elle est disponible au Canada pour les entreprises canadiennes parce que les renseignements ont été recueillis aux frais du contribuable canadien.

M. Penson: Mais quel contrôle exercez-vous à partir de ce moment-là?

M. Fedorowicz: Nous n'avons aucun contrôle, mais nous n'allons pas prendre cette information et essayer de la vendre aux États-Unis. Nous ne le ferons pas.

M. Bedward: L'autre aspect de la question, c'est que nous sommes un pays relativement ouvert, où sont établies un certain nombre de filiales de compagnies étrangères. Elles peuvent avoir accès à cette information et la diffuser n'importe où dans le monde. C'est très difficile de contrôler cela, parce que vous devez donner aux gens l'accès à cette information.

En fait, beaucoup de renseignements que nous fournissons sur le commerce sont recueillis à partir de la base de données nationale sur le commerce des États-Unis. C'est ce que nous transmettons à d'autres personnes au Canada.

Il faut que vous réfléchissiez à la valeur de cette information, en ce sens que vous ne pouvez pas en contrôler la circulation. C'est probablement une des ressources les plus difficiles à contrôler. Ce que vous pouvez contrôler, c'est la vitesse à laquelle cette information est transmise à votre auditoire cible. Voilà la question.

M. Penson: Afin que les entreprises canadiennes soient les premières à y avoir accès.

M. Bedward: Oui, c'est exact.

M. Carruthers: Est-ce que je peux aller un peu plus loin? Je pense que tout le monde est d'accord sur la situation idéale, qui prévaudra peut-être un jour, lorsque les compagnies canadiennes, petites ou grandes, seront extrêmement sophistiquées lorsqu'il s'agira de savoir ce dont elles ont besoin et comment l'obtenir. Voilà où nous voulons aller et voilà où beaucoup de nos concurrents en sont déjà aujourd'hui même.

Essentiellement, le défi pour le Canada, tant le gouvernement que le secteur privé, c'est comment faire en sorte que nos entreprises deviennent comme cela? Quelle est l'infrastructure? Je ne veux pas dire l'infrastructure construite par le gouvernement. Quels éléments doit-on réunir dans notre pays afin de recueillir, diffuser, reconstituer, commercialiser, vendre et utiliser l'information?

.1155

Il va falloir déterminer comment construire cette infrastructure de sorte qu'un élément d'information qui provient du bureau du délégué commercial au Japon se rende jusqu'aux sociétés canadiennes. Il se peut que les sociétés canadiennes reçoivent cette information aussi vite que les sociétés étrangères, mais puisque ces dernières savent comment l'obtenir, ce qu'il faut en faire et d'où ça provient, elles peuvent réagir tellement vite qu'elles réussissent à en tirer profit avant tous les autres. À l'heure actuelle, nous ne sommes pas dans cette situation.

Il ne s'agit pas de contrôler cette information et de la donner seulement à certaines personnes. Il faut adopter une approche tout à fait différente. Il faut fournir cette information à tout le monde immédiatement et travailler très fort pour s'assurer que les sociétés canadiennes sachent comment en tirer profit pour pouvoir réagir plus vite que tous les autres.

Le vice-président (M. Volpe): Et que fait-on d'une société canadienne qui ne veut pas que le gouvernement diffuse son information à une autre société canadienne?

M. Carruthers: Je dirais que cela revient à la question de la non-exclusivité. Dans le monde de l'information, tout va s'y trouver. Vous ne saurez jamais comment contrôler cela. Peu importe ce que vous faites, vous ne réussirez jamais. Tout va dans le sens opposé. Il faut établir votre processus, vos politiques et vos systèmes en vous disant que tout le monde va l'obtenir.

Je vais vous donner un exemple. Disons que vous ne voulez pas qu'une autre partie obtienne un élément d'information; alors vous donnez cette information à seulement quelques personnes. Déjà vous avez accordé à ces quelques personnes un avantage par rapport à tous les autres. C'est ce qui arrive à l'heure actuelle, non pas parce que c'est ce qu'on cherche, mais plutôt parce que c'est comme cela que le système fonctionne.

En effet, les sociétés canadiennes qui pourraient vraiment tirer profit de cette information pourraient être parmi celles qui ne reçoivent pas cette information. Il y a beaucoup de petites compagnies canadiennes qui ont accès à des documents provenant des secteurs public ou privé, qui pourraient faire toute la différence. Mais nous ne savons pas qui sont ces compagnies; alors nous devons acheminer cette information à plus de gens d'une façon qui leur permettra de reconnaître si oui ou non cette information est importante, et ensuite ils pourraient peut-être s'en servir. Voilà le défi.

M. Penson: Et cela comprend également les clients qui paient pour ce service.

M. Carruthers: Absolument.

M. English (Kitchener): M. Alcock a posé ma question, mais j'imagine que cela ne va pas m'arrêter.

M. Alcock: Cela ne vous a jamais arrêté avant.

M. English: Monsieur Carruthers, selon votre déclaration écrite, les États-Unis représentent un modèle pour ce qui est de l'information en termes généraux, et vous avez parlé de la révolution qui s'est produite là-bas. Quant à la question qui nous intéresse, c'est-à-dire les petites et moyennes entreprises et les marchés d'exportation, les États-Unis ont mieux fait les choses dernièrement, quoi qu'il faut admettre que leur monnaie a perdu beaucoup de valeur par rapport à celle d'un bon nombre de pays du monde.

Mais il reste toujours qu'il y a d'autres pays qui normalement réussissent beaucoup mieux - par exemple, certains pays européens. Que font-ils? Que font, par exemple, les Hollandais et les Allemands, qui exportent leurs produits et qui pénètrent de façon assez dynamique sur les marchés de l'Europe de l'Est, et même de l'Asie? Que font-ils de différent? D'où proviennent leurs informations?

Tout comme M. Federowicz, j'ai été professeur d'université, et je m'inquiétais toujours en voyant les étudiants qui apportaient des piles et des piles de livres. À un moment donné, il faut cesser de chercher des informations et il faut commencer à rédiger votre dissertation.

En écoutant les exposés ce matin, il me semble que c'est le problème des Canadiens. Nous avons une abondance d'informations. Nous avons un bon accès à l'information américaine, en anglais, ce qui est censé représenter un énorme avantage pour nous. Et pourtant, si vous examinez ce qui se passe depuis 25 ou 30 ans, vous constaterez qu'il y a un bon nombre de pays qui ont réussi beaucoup mieux que nous à ce sujet.

Par exemple, que font les Allemands ou les Hollandais que nous ne faisons pas pour obtenir de l'information commerciale - et ici je parle surtout des Allemands - pour les petites et moyennes entreprises?

M. Carruthers: Il faut prévoir deux ou trois jours pour pouvoir discuter de cela. C'est une histoire très compliquée. Je vais vous faire part de mes réflexions, et j'imagine que mes collègues auront d'autres réflexions à faire qui seront également importantes.

Il est de tradition chez les Allemands, par exemple, d'avoir une intégration beaucoup plus poussée de leurs organismes privés, publics ou semi-publics, et ici je vous parle d'une intégration relative aux gens - c'est-à-dire les personnes qui entrent en communication avec d'autres - et relative à l'organisme. Cette intégration est beaucoup plus poussée, et ils communiquent beaucoup plus facilement l'information entre eux.

.1200

Les compagnies canadiennes et américaines ont tendance à être beaucoup plus égalitaires et moins structurées de cette manière. Dans notre pays, tout au moins, nous avons traditionnellement obtenu l'information dans un forum public. C'est beaucoup plus le cas chez nous que, disons, au Japon ou en Allemagne.

Je simplifie peut-être à outrance, mais je soutiens qu'il faut donc compenser cette différence organisationnelle entre le secteur privé et le secteur public en étant beaucoup plus rapides et plus intelligents dans la manière d'obtenir et d'utiliser l'information et d'en tirer profit. C'est d'autant plus important pour nous de bien faire de ce côté-là.

L'an passé, l'information sur ordinateur coûtait très cher. Je dirais qu'aujourd'hui, demain et au cours des prochaines semaines et des prochains mois, le coût va baisser énormément. La technologie et l'information sont beaucoup plus présentes, et nous pouvons en profiter. Il y a 10 ou 20 ans, c'était impossible.

C'étaient donc là mes réflexions.

Le vice-président (M. Volpe): Merci beaucoup.

Je vais demander aux députés d'aller à l'arrière. Nous avons prévu une démonstration de techniques de pointe. Il semble qu'un débat très animé pourrait surgir, mais je tiens quand même à remercier chacun de nos témoins pour cette séance riche d'information, cela dit sans jeu de mot. J'espère que cela nous aidera à enrichir notre réflexion dans le contexte des autres exposés que nous avons entendus jusqu'à maintenant.

Au nom du comité, je remercie donc chacun d'entre vous pour le temps et l'énergie qu'il a consacrés à son exposé. Merci.

Chers collègues, nous allons commencer la démonstration dans quelques minutes. Nous avons: Cynthia Hoekstra, de la Bibliothèque du Parlement; et Ross Gordon, bibliothécaire chargé de la base de données, également de la Bibliothèque du Parlement.

Je pense que M. Carruthers va rester derrière, de même que M. Marvin Bedward et un représentant de l'Institut canadien de l'information scientifique et technique.

Il s'agit d'une séance organisée à l'avance à l'intention des députés.

La séance est levée.

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