[Enregistrement électronique]
Le jeudi 30 novembre 1995
[Traduction]
Le président: Mes chers collègues, la séance est ouverte.
Nous allons entendre aujourd'hui un exposé au nom du Musée canadien de la nature qui est représenté par M. Allan Emery, son président; Robert Leblanc, le chef de l'exploitation; etM. Patrick Colgan, le vice-président directeur.
Ceux d'entre vous qui suivent les péripéties de la vie de ce musée, savent que, ces derniers mois, le Musée de la nature a été la cible d'un certain nombre d'articles de journaux à cause d'événements dont nous parlerons plus tard - et à cause de certains de ses plans. M. Emery vous présentera un aperçu de ce qui se passe dans l'établissement qu'il dirige, après quoi, nous passerons aux questions.
Nous allons également profiter de la présence de M. Emery pour lui demander ses vues sur l'unité nationale.
Sans plus attendre, nous vous donnons la parole, M. Emery. Vous disposez d'une dizaine de minutes après lesquelles nous vous poserons des questions. Merci d'être venu.
M. Allan Emery (président, Musée canadien de la nature): Merci beaucoup de m'avoir invité. Je suis toujours très heureux de comparaître devant votre comité. Je sais que certaines des questions qui nous ont été posées dans le passé étaient destinées à aller au fond des choses et je ne doute pas qu'il en sera de même aujourd'hui.
La meilleure façon de commencer est peut-être de rappeler à tout le monde que nous sommes devenus une société d'État en 1990 et qu'un nouveau conseil d'administration a alors été constitué. Le conseil a aussitôt déclaré que le musée devait améliorer ses activités dans quatre domaines différents et qu'il devait aussi changer ses méthodes de fonctionnement. Les quatre grandes directives qui nous ont alors été données étaient les suivantes: il fallait accroître notre responsabilité à l'égard de la société; il fallait que nous adoptions une perspective vraiment nationale et que nous utilisions des méthodes modernes, dynamiques et interactives de communication; il fallait aussi que nous acquérions une dynamique d'entreprise.
Notre musée est un vrai musée de la nature - il s'occupe de tout ce qui a trait à la nature. Nous nous employons à améliorer l'attitude et le comportement des gens à l'égard de la nature. Notre collection actuelle comprend environ 8 millions de spécimens et d'objets que nous conservons pour les générations futures et pour la recherche. Nous faisons de la recherche fondamentale sur les moyens d'assurer - croyez-moi, c'est vrai - la survie à long terme de l'humanité.
Nous entretenons un dialogue permanent avec les Canadiens au sujet de la nature et de la place que nous y occupons. L'an dernier 3 millions de personnes au Canada et à l'étranger ont participé à ce dialogue. Depuis plusieurs années, ce sont les familles avec des enfants qui constituent notre public privilégié. Nous avons découvert, comme l'ont fait d'autres chercheurs, que lorsque vous concentrez vos efforts sur les familles avec enfants, vous touchez en fait tous les membres du public.
Notre action s'effectue à la base, à l'échelon communautaire et nous disposons d'une solide phalange de bénévoles dévoués. Nous sommes actuellement en train d'établir des ententes de partenariat avec des organismes du secteur privé sur le plan national et international.
Depuis près de deux ans, nous faisons de gros efforts pour améliorer nos activités dans le domaine de nos collections, compte tenu de la médiocrité des locaux dans lesquels nous nous trouvons actuellement - comme le vérificateur général l'a indiqué dans son rapport, les collections sont en danger - et pour cela, nous essayons notamment de construire un nouveau bâtiment qui regroupera les locaux à Aylmer. L'avantage que présente ce bâtiment est qu'il sera construit par une société privée conformément au cahier des charges établi par nous, sans coût supplémentaire pour l'État. Nous allons simplement passer un contrat unique au lieu de louer de multiples locaux éparpillés dans la Région de la capitale.
Le site choisi convient parfaitement à un musée. Il comprend des terres humides résiduelles, et nos plans d'amélioration permettront de les utiliser pour des activités d'interprétation et d'en assurer la conservation.
Certains d'entre vous savent aussi probablement que nous avons profondément modifié notre façon d'assumer nos responsabilités à l'égard de la société. À mon avis, nous avons fait de gros progrès dans plusieurs domaines, notamment celui de la recherche. Nos recherches se font maintenant sur une base multidisciplinaire et les projets que nous avons entrepris sont destinés à créer des modèles qui offriront une solution scientifique aux problèmes sociétaux liés à la nature.
Ce changement d'orientation est très important et il a d'ailleurs suscité de vives controverses dans le monde entier. Il repose sur le principe suivant: le musée a une mission et les chercheurs qui y travaillent doivent assumer la même mission alors que la tradition, dans des établissements tels que le nôtre, voulait que les chercheurs soient totalement indépendants et libres de suivre leur inspiration.
Nous avons aussi apporté des ajouts importants à nos programmes publics. L'un des résultats les plus spectaculaires dans ce domaine a été la signature d'un accord entre le Canada et le Mexique, aux termes duquel chaque pays s'engage à protéger certaines zones fréquentées par l'exceptionnel papillon migrateur qu'est le Monarque. Nos deux pays ont donc décidé de réserver trois zones près du lac Érié et dans les hautes chaînes de montagne du Mexique.
Le Mexique nous a dit que c'était une exposition itinérante organisée par nous avec deux autres partenaires qui l'a incité à signer cet accord. Il s'agissait d'une exposition itinérante consacrée au Monarque dont une des étapes a été Mexico. Cette exposition a suffisamment impressionné les Mexicains pour que ceux-ci décident de conclure cet accord.
Au cours de l'année écoulée nous avons aussi commencé à utiliser de nouvelles techniques de communication. L'un des projets en cours nous permettra de participer à une sorte de table ronde électronique qui doit se dérouler à Montréal en 1996. Ce projet permettra d'associer les Autochtones au congrès mondial sur la conservation de l'UICN et aura un public potentiel de 35 millions de personnes. Voilà une méthode fort intéressante de diffusion à très grande échelle.
Je voudrais maintenant, si vous me le permettez, monsieur le président, vous parler de ce que nous considérons comme notre mandat, mais aussi des raisons pour lesquelles nous pensons que nous avons un rôle particulièrement important à jouer dans le maintien de notre unité.
Lorsqu'on demande aux gens de décrire ce que le Canada représente pour eux, presque tous parlent d'abord de la nature. Notre histoire est fondée sur les ressources naturelles. Une grande partie de notre art, comme en témoignent le Groupe des sept et les formes d'expression culturelle telles que celle des Autochtones est aussi fondée sur la nature.
La nature est quelque chose de très proche pour tous les Canadiens. Le climat est suffisamment rigoureux pour que nous en parlions beaucoup - comme c'est le cas aujourd'hui. Si vous regardez une carte, vous constatez que le Canada est presque totalement inhabité. Autrement dit, c'est une contrée qui a presque entièrement conservé son état naturel.
La nature, et l'utilisation que nous en faisons, est un sujet constant de conversation. La nature canadienne attire les touristes et sa popularité grandit rapidement. Grâce à son omniprésence, elle crée un lien puissant entre tous les Canadiens.
Depuis qu'il est devenu société d'État, le Musée canadien de la nature déploie énormément d'efforts pour contribuer à créer un fort sentiment d'unité dans toute la nation. La plupart des changements que nous avons apportés sont directement inspirés par la notion que la nature est le lien qui unit tous les Canadiens.
Vous avez donc déjà un établissement qui consacre une grande partie de ses efforts à exploiter l'idée que la nature contribue puissamment à l'unité des Canadiens. Notre recommandation la plus importante est donc que vous nous aidiez à obtenir les moyens nécessaires pour que nous remplissions cette mission.
Ce matin, Patrick a suggéré que le meilleur moyen de le faire serait de tripler notre budget. On sait que c'est impossible pour le moment, mais il est intéressant de noter que nous avons des coûts fixes très élevés si bien que des augmentations marginales de notre capital de fonctionnement augmentent considérablement notre capacité de production.
Je voudrais souligner quelques points.
Premièrement, le musée s'efforce de trouver un moyen de faciliter le dialogue au sujet de notre intérêt commun pour la nature. Nous créons actuellement ce que l'on appelle des centres de communication. Ils sont très loin d'ici, éparpillés dans tout le pays et ils permettent à des personnes de toutes les régions du Canada d'avoir des conversations en temps réel au sujet du monde naturel. Ces conversations seront guidées par le musée qui sera lui-même influencé par elles, ce qui lui permettra d'enrichir son capital de connaissances et de compétences.
Nous avons déjà plusieurs types de centres qui fonctionnent, appelés centres thématiques, l'un d'entre eux dans notre domaine de recherche. Nous avons un Centre canadien de la biodiversité. Une fois que ce dialogue avec les Canadiens se sera poursuivi pendant un certain temps, nous pourrons faire profiter tout le monde, depuis le Canadien ordinaire jusqu'aux décideurs gouvernementaux, des connaissances ainsi accumulées. J'ai déjà mentionné un des accords conclus grâce à ces dialogues dirigés.
Le Musée canadien de la nature a donc un rôle très réel à jouer dans l'établissement de ce dialogue avec les Canadiens. Certains des sujets dont nous discutons revêtent une importance critique pour les Canadiens comme pour le monde entier.
Permettez-moi de faire une brève digression et de vous rappeler qu'en réalité, nous ne connaissons pas le nombre exact d'espèces animales et végétales existant actuellement dans le monde. Il y en a probablement 15 à 30 millions. Ces espèces disparaissent aujourd'hui à un rythme égal ou même plus rapide que celui qui existait à l'époque où les dinosaures ont disparu de la surface de la terre.
Entre autres projets, nous essayons de créer un modèle prévisionnel qui nous montrerait comment empêcher l'humanité de connaître le même sort que les dinosaures. La disparition incontrôlée d'espèces animales et végétales est aujourd'hui un grave danger pour notre planète et, bien entendu, pour le Canada.
Dans le secteur des collections, nous créons des centres thématiques dans tout le Canada en établissant des réseaux nationaux et internationaux de collections d'histoire naturelle avec des centres d'excellence régionaux.
Dans le domaine des affaires, nous nous sommes aperçus que nous étions capables d'amener les entreprises privées à s'intéresser aux réalités de la protection de l'environnement et d'en profiter pour édifier un avenir meilleur fondé sur le principe de la durabilité.
Nous avons actuellement trois programmes destinés à répondre aux préoccupations du Canada dans le domaine sociétal et celui de la nature, qui revêtent une importance critique: l'étude de l'Arctique qui vise la promotion de la durabilité dans le Nord; l'étude de la biodiversité dont l'objet est de nous permettre de comprendre la diversité des choses de la nature afin de trouver une solution durable aux besoins de la société; un programme appelé Origines, fondé sur le principe que la clé de l'avenir se trouve dans le passé.
Nous considérons donc que la mission du musée est d'établir un dialogue avec tous les Canadiens. Nous sommes ici pour essayer d'améliorer l'attitude et le comportement des gens à l'égard de la nature. Nous mesurons ces changements des connaissances, des aptitudes, des compétences et du comportement en poursuivant ce dialogue dirigé avec les Canadiens. Nous créons ainsi une boucle parfaite qui permet au musée et aux habitants du Canada de collaborer à la recherche d'un avenir commun et dans laquelle la nature est le thème qui nous unit.
C'est cet objectif qui inspire l'action du Musée canadien de la nature dont l'ambition est de contribuer directement et dans un esprit de concertation au renforcement de l'unité de notre pays.
Je vous remercie de votre attention.
Le président: Merci. J'ai apprécié vos remarques, et je dis cela au nom de mes collègues. Je suis certain qu'ils partagent ma réaction.
Avant de donner la parole à M. Hanrahan du Parti réformiste, je profiterai du fait que je préside ce comité pour vous poser trois ou quatre questions au sujet de la controverse dans laquelle le musée s'est trouvé engagé, ces derniers mois.
Premièrement, vous avez sur les bras au moins cinq bâtiments condamnés dont Travail Canada voudrait que vous vous débarrassiez. Votre intention est de regrouper vos locaux dans un immeuble à Aylmer, mais ce projet a aussi heurté quelques écueils. J'ai donc l'impression que vous êtes pris entre le marteau et l'enclume - ou entre des terres humides et des bâtiments condamnés.
Ma première question, M. Emery, concerne les bâtiments eux-mêmes. Étant donné ce que Travail Canada vous a dit - je croyais d'ailleurs que cette semaine était la date limite qui vous avait été imposée - allez-vous les fermer?
M. Emery: Oui. En fait si vous vous étiez trouvé avec nous dans mon bureau aujourd'hui, vous auriez été entouré de cartons et de rubans adhésifs. Nous installons les occupants des édifices condamnés dans des locaux temporaires, aussi bien dans le bâtiment principal où les expéditions sont conservées que dans certains des autres bâtiments qui n'ont pas été condamnés. Nous avons aussi été obligés de louer d'autres locaux, ce qui représente des frais supplémentaires pour nous, mais nous évacuons effectivement les lieux tout en faisant de notre mieux pour maintenir un programme actif.
Nous sommes cependant confrontés à de sérieux problèmes, dont le moindre n'est pas le coût accru que cela représente, et qui est très important. Cela signifie également que les collections sont maintenant moins bien protégées qu'elles ne l'étaient auparavant. On nous a accordé l'accès aux bâtiments afin d'assurer le soin des collections, mais nous ne pouvons le faire que de manière temporaire et seulement à certains moments.
Le président: Cela va donc exacerber le problème que le vérificateur général avait mentionné dans son dernier rapport. Il avait noté que vous ne remplissiez pas votre fonction principale de manière satisfaisante, qui est la gestion de vos collections. À cet égard, la situation a-t-elle encore empiré?
M. Emery: Oui. Je crois cependant qu'il n'est pas juste de dire que nous n'assurons pas comme il se doit la gestion des collections. C'est le ministère des Travaux publics qui est le propriétaire des bâtiments où nous sommes logés depuis des années. Nous n'avons pas eu le loisir de décider ou de définir la nature de ces bâtiments. Lorsqu'on nous en a confié la garde en octobre 1994, nous avons agi immédiatement pour essayer de remédier à la situation.
Tous les défauts des bâtiments que nous sommes capables de corriger - c'est-à-dire, tout ce qui n'est pas la responsabilité du propriétaire - l'ont été. Ce sont les autres défauts relevés qui ont incité Travail Canada à fermer les bâtiments, et nous n'avons aucun contrôle là-dessus.
La solution que nous avons trouvée - ou que nous croyons avoir trouvée - est d'inviter le secteur privé à construire pour nous un bâtiment qui répondra à tous nos besoins, ce qui n'était pas le cas de ceux que nous occupions jusqu'à présent.
Le président: Vous parlez du nouveau bâtiment à Aylmer.
M. Emery: Oui, c'est cela.
Le président: Avant d'en parler, monsieur Emery, j'ai une dernière question à poser au sujet des bâtiments actuels.
Excusez-moi, monsieur Hanrahan, de retarder votre intervention.
Vous êtes en train de déménager le personnel de cinq édifices condamnés. Ai-je donc raison de penser qu'ils vont se retrouver, au moins temporairement, dans des locaux où ils seront très à l'étroit? Si c'est le cas, quel effet cela a-t-il sur le moral du personnel? On nous a dit, à tort ou à raison, qu'au cours des derniers mois, le moral n'était pas très bon.
M. Emery: Je crois que tout déménagement de ce genre, qu'il soit voulu ou non, crée des problèmes pour le personnel. Je sais qu'une installation dans des locaux exigus nuit au moral, mais cela aura aussi l'effet salutaire que nous attendions depuis un certain temps. Notre personnel était en effet éparpillé entre 13 ou 14 édifices, ce qui rendait la communication difficile. Croyez-moi si vous voulez, mais ce déménagement aura au moins l'avantage d'améliorer la situation dans ce domaine. Bien entendu, la raison pour laquelle nous voudrions avoir un seul bâtiment, c'est que nous créerions ainsi la masse critique que seul permet le regroupement du personnel.
Le président: Je vais maintenant donner la parole à M. Hanrahan. J'aurais un certain nombre de questions à poser au sujet du site d'Aylmer, mais je crois qu'il est temps de laisser la parole à mes collègues.
Monsieur Hanrahan, vous avez huit minutes.
M. Hanrahan (Edmonton - Strathcona): Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre exposé. Il est probable que la dernière chose dont vous ayez besoin est d'être obligé de venir témoigner devant un comité alors que vous êtes en plein déménagement. Nous essayerons donc de nous montrer aussi compréhensifs que possible.
Nous avons reçu votre rapport annuel hier soir et, lorsque je l'ai parcouru, j'ai noté un certain nombre de points. Le premier est la directive du conseil d'administration qui accroît votre responsabilité envers la société. Vous avez dit que vous aviez déjà des activités dans trois régions. Avez-vous également dit que vous avez l'intention d'en porter le nombre à sept?
M. Emery: Non. J'ai simplement dit que nous avions actuellement trois centres thématiques, mais l'idée d'assumer une plus grande responsabilité envers la société a des répercussions beaucoup plus vastes que cela. Le principe de la responsabilité est fondé sur l'idée qu'il est possible pour la société de connaître et de mesurer l'apport de notre établissement à la communauté et aussi, de savoir que son argent est dépensé à bon escient. Nous avons donc fait le nécessaire dans tous les domaines pour que cela se réalise.
Je vais vous donner quelques exemples. Nous avons créé des comités consultatifs constitués de personnes extérieures au musée afin d'étudier nos principales fonctions internes. Ces comités nous fournissent des conseils qui nous permettent d'être sûrs que les démarches que nous avons adoptées sont appropriées et que les thèmes choisis sont adaptés aux besoins de la société.
Dans le domaine des programmes publics, j'estime que les centres de communication ont un rôle essentiel à jouer. Grâce à ces centres, tous les Canadiens ne seront plus obligés de se présenter humblement aux portes de ce temple de la science mais ils pourront au contraire participer et en fait, prendre une part importante aux décisions concernant non seulement l'avenir du musée mais aussi leur propre avenir. Cela permettra à tous les Canadiens de découvrir directement combien les préoccupations qu'ils peuvent avoir et les questions qu'ils peuvent se poser se présentent sous des formes très diverses.
M. Hanrahan: Sachant le rôle d'évaluation du musée... faites-vous des évaluations?
M. Emery: Certainement. Nous utilisons diverses méthodes pour cela. Il y a la méthode normale qui consiste à évaluer les résultats obtenus en fonction des attentes. Mais cela va beaucoup plus loin que cela.
M. Hanrahan: Qui fixe les objectifs?
M. Emery: Ils sont fixés dans notre plan d'entreprise, qui est approuvé par les ministres fédéraux.
M. Hanrahan: Je conçois très bien que les communications interactives se développeront. Pour devenir un établissement à vocation vraiment nationale, il faut effectivement suivre l'orientation que vous décrivez. L'homme de la rue prendra mieux conscience de ce rôle. Ce qui me frappe surtout ici, c'est la volonté d'acquérir un «dynamisme d'entreprise». Comment procédez-vous, et quels résultats avez-vous obtenus?
M. Emery: La loi de 1990 a modifié le statut financier de l'établissement. Auparavant nous étions ce que l'on appelait une corporation ministérielle, ce qui nous empêchait de solliciter des dons et d'avoir librement accès à des débouchés commerciaux.
La nouvelle loi, la Loi sur les musées proclamée en 1990, a changé cela, et on attend maintenant de nous que nous tirions une partie de nos revenus de sources externes en utilisant deux méthodes différentes. La première est la collecte de fonds. Les résultats ont été très satisfaisants dans ce domaine. Notre première grande campagne était destinée à recueillir de l'argent pour pouvoir accueillir la collection Pinch, une importante collection de minéraux, car il nous fallait construire une galerie. Nous avons réussi à recueillir 8 ou 9 millions de dollars pour cela.
Nous avons également créé une structure qui assure des revenus commerciaux au musée et nous la développons. Notre revenu provenant sources externes qui était pratiquement nul au départ, représente aujourd'hui 12 ou 13 p. 100 du total, à une époque qui, vous en conviendrez, est probablement une des plus difficiles de l'histoire du Canada pour ceux qui veulent créer des entreprises.
M. Hanrahan: Pensez-vous que cette tendance se poursuivra et que, dans vos plans futurs, les revenus commerciaux occuperont une place encore plus importante et l'aide du gouvernement diminuera?
M. Emery: Certainement.
M. Hanrahan: C'est excellent.
Pourriez-vous nous donner un bref exemple de ces activités commerciales qui ont donné de si bons résultats?
M. Emery: Oui. Les exemples abondent mais je vais vous donner celui qui me vient le premier à l'esprit.
Sur le plan international nous nous sommes affirmés - à juste titre, je crois - comme un des chefs de file dans le domaine de la gestion de la biodiversité. Comme vous le savez, le Canada a été un des principaux promoteurs de la Convention de la diversité biologique à Rio, en 1991. Dans le cadre de cette convention, tous les pays signataires ont convenu de prendre un certain nombre de mesures: création d'une stratégie canadienne sur la biodiversité; création d'un répertoire national et détermination des méthodes et des moyens à utiliser pour préserver et soutenir la biodiversité dans ces pays. Nous avons conclu des accords écrits avec un certain nombre de pays et nous avons entrepris des études financées par ces pays ou par des agences d'aide internationale.
Un autre projet assez intéressant est celui que nous avons entrepris avec la société Placer Dome. Placer Dome est une grande société minière qui essayait d'obtenir un permis d'exploitation d'une mine d'or au Kazakhstan, un pays fort intéressant qui a des frontières communes avec la Sibérie et avec la Chine. Placer Dome avait été invité par le Kazakhastan à faire quelque chose de vraiment spécial pour lui. Le président du conseil d'administration et moi-même nous connaissions parce que nous avions réussi dans le passé à obtenir de l'argent de Placer Dome. Nous avons donc été invités, aux frais de Placer Dome, à nous rendre au Kazakhstan afin de donner des conseils sur la façon de créer un nouveau musée national.
Voilà donc deux exemples de notre dynamique d'entreprise.
M. Hanrahan: J'ai une dernière question à vous poser, si vous me le permettez. Vous allez construire de nouvelles installations à Aylmer et j'imagine que le point suivant a certainement été évoqué à un moment ou à un autre: si le référendum d'il y a quelques semaines avait donné un résultat différent et si le Québec avait déclaré son indépendance, qu'arriverait-il au bâtiment d'Aylmer et au musée?
M. Emery: Je crois que seul le gouvernement du Canada est en mesure de répondre à votre question. En ce qui nous concerne, et à mon avis, un autre référendum donnera le même résultat.
M. Hanrahan: Espérons que vous avez raison, mais les résultats du dernier référendum ne justifient pas tellement votre confiance dans l'avenir.
Avez-vous tenu compte de cette situation? Vous avez bien dû en discuter à un moment ou à un autre.
M. Emery: En fait, pas du tout. Notre conseil d'administration nous a donné l'ordre de ne pas engager cette discussion. Je sais bien qu'il en a probablement parlé lui-même à huis clos, mais nous avons suivi les directives du Conseil du Trésor du Canada qui, dans sa décision concernant le transfert de garde, nous a donné pour instruction de nous installer sur le site du chemin Pink à Aylmer.
M. Hanrahan: Donc, pour vous autres, il n'y a pas de problème.
M. Emery: Il y en a probablement un, mais nous n'avons aucun contrôle sur lui.
M. Hanrahan: Merci beaucoup.
M. Peric (Cambridge): Monsieur Emery, merci d'avoir bien voulu comparaître aujourd'hui.
Pourriez-vous nous fournir d'autres détails sur ce site d'Aylmer? Pourriez-vous nous expliquer ce qui vous a incité à choisir des terres humides pour y construire le nouveau bâtiment du musée?
M. Emery: C'est une histoire longue et compliquée. Les Travaux publics étaient propriétaires de tous les immeubles et locaux que nous utilisions jusqu'en 1994, époque à laquelle nous avons obtenu la garde de nos biens.
En 1988, c'est-à-dire plusieurs années plus tôt, les Travaux publics avaient acheté pour nous le site d'Aylmer, sans aucune participation de notre part. Ce terrain de 180 acres était en fait plus vaste que celui auquel nous sommes censés avoir accès maintenant. À l'époque, le terrain était classé zone industrielle. Il appartenait à Northern Telecom.
Lors de l'achat du terrain, les Travaux publics nous ont demandé d'indiquer à quels besoins les locaux devaient répondre. Lorsqu'il a créé ce programme architectural, comme on l'appelle, c'est-à-dire lorsqu'il a défini les besoins en matière de construction, le ministère des Travaux publics a effectué une étude du terrain afin de voir s'il était contaminé ou si d'autres problèmes environnementaux de ce genre se posaient. Le ministère a alors découvert que Northern Telecom avait eu un petit déversement de substances hautement volatiles. Il a donc entrepris un programme d'assainissement. À la même époque on a estimé - cela demandait deux ou trois ans, je crois - que la construction d'un bâtiment répondant à nos exigences coûterait environ 100 millions de dollars de plus au gouvernement du Canada et que nous ne pourrions nous y installer qu'entre 2004 et 2008.
À l'époque où la Loi sur les musées a été adoptée, la politique du gouvernement était de transférer les bâtiments spécialisés à l'organisme responsable de leur utilisation. Ce transfert de garde des locaux n'a eu lieu, comme je l'ai déjà dit, qu'en octobre 1994. Jusqu'à cette date, nous n'avions pas compétence pour choisir l'endroit où le bâtiment serait construit; nous n'avions en fait pas droit au chapitre. Dans notre premier plan de société, sachant déjà que la garde des locaux nous serait confiée mais avant que ce transfert n'ait été fait, nous avions demandé qu'un appel d'offres mondial soit lancé pour la construction d'un immeuble et pour le choix d'un site. Le Conseil du Trésor nous a alors donné pour instruction de réviser notre plan de société et d'indiquer que le site d'Aylmer serait celui où nous nous installerions. C'est le site du chemin Pink qui est mentionné dans la directive du Conseil du Trésor qui nous a été donnée concernant le transfert de garde des locaux.
Dès que nous avons obtenu la garde des bâtiments, nous avons entrepris une étude du terrain. Nos chercheurs, et d'autres spécialistes recrutés par nous par l'intermédiaire de AXOR, ont commencé une étude sur la sensibilité environnementale de ce terrain. C'est à cette époque que nos études - et non celles de Travaux publics - ont montré que nous avions affaire à ce que l'on appelle des terres humides résiduelles. Autrement dit, c'étaient des terres humides autrefois pleinement fonctionnelles qui étaient le vestige de terres humides beaucoup plus étendues.
Quant au terrain lui-même, sa section ouest est bordée par une carrière. Au sud, il y a une grande route, le chemin Pink. Au nord, l'aire limitée que nous devions acquérir est couverte par une forêt de pruches mortes. À l'est, il y a un corridor d'environ 500 mètres de long qui mène à des terres humides plus vastes, mais qui sont malgré tout entourées de tous les côtés par des routes. Bien qu'il s'agisse de terres humides et qu'elles aient leur importance, elles n'ont tout de même pas une importance nationale.
Par contre, ce serait un site merveilleux pour le musée. Premièrement, puisqu'il s'agit d'un zonage industriel, si nous ne prenions pas le terrain, il serait de toute façon exploité à des fins industrielles et les terres humides seraient condamnées. Si nous prenons le terrain, nous pourrons fournir la preuve - ce que nous avons fait dans nos plans d'évaluation et de réduction des impacts - que nous sommes capables de préserver les terres humides et leurs fonctions, au prix de quelques changements mineurs, et que nous sommes aussi capables d'organiser un programme d'interprétation qui permettra au public de découvrir l'importance des terres humides.
En dernière analyse, cependant, la décision ne nous appartient pas. Encore une fois, c'est une décision pour laquelle le gouvernement du Canada doit vraiment se demander...
Mais avant de le dire, j'ai une autre remarque à faire. Entre 1988 et aujourd'hui, le gouvernement du Canada a adopté une nouvelle politique de gestion des terres marécageuses. Cette politique n'existait pas au moment de l'achat du terrain et ce n'est que par la suite que de nouvelles exigences ont été imposées en ce qui concerne les biens appartenant à l'État.
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas vraiment à nous de décider. Le ministère des Travaux publics demeure l'agent responsable. Le ministère de l'Environnement a fait des commentaires sur le rapport d'évaluation du milieu que nous avions préparé pour lui. Il a fait part de ses commentaires au ministère des Travaux publics. Il appartient maintenant aux deux ministères de décider s'il convient ou non de céder du terrain au musée.
M. Peric: Vous nous dites que le ministère des Travaux publics a acheté ce terrain sans vous consulter et sans vous demander quels étaient vos besoins, qu'ensuite il n'y a pas eu d'étude environnementale, et que nous nous retrouvons maintenant avec le terrain sur les bras.
M. Emery: Vous exagérez peut-être un peu mais nous avions bien décrit aux Travaux publics le genre de bâtiment dont nous avions besoin. Le ministère savait aussi quelle distance nous jugions acceptable entre l'Édifice commémoratif Victoria et le nouveau bâtiment où se trouverait tout notre personnel. Il savait enfin que nous souhaitions avoir un cadre naturel. Lorsqu'il a acquis le terrain il a effectué une évaluation du milieu mais celle-ci portait sur la contamination et non sur la sensibilité écologique. Ce n'est que lors du transfert de la garde des locaux en 1994 que nous avons fait une évaluation de la sensibilité écologique du terrain.
Le président: Monsieur Emery, vous étiez censé recevoir un rapport du ministère des Travaux publics - déjà reporté une fois, je crois - le 15 novembre. L'avez-vous reçu?
M. Emery: De quel rapport parlez-vous exactement?
Le président: Du rapport d'évaluation du ministère.
M. Emery: En fait, c'est le ministère de l'Environnement qui effectue l'évaluation et il a effectivement soumis son rapport au ministère des Travaux publics à qui il appartient de réagir à l'évaluation.
Le président: L'a-t-il fait?
M. Emery: Il prépare sa réponse.
Le président: Je croyais qu'il devait donner sa réponse avant la fin d'octobre. Il ne l'a pas fait. La réponse a été reportée au 15 novembre avec le même résultat. Et vous nous dites qu'elle est à nouveau reportée.
M. Emery: C'est exact.
Le président: Vous ne savez pas quand on aura cette réponse.
M. Emery: Non, nous n'en sommes pas sûrs.
Le président: Monsieur Serré.
[Français]
M. Serré (Timiskaming - French River): Merci de votre présentation.
Je ne comprends pas très bien ce qui se passe en ce qui concerne les bâtisses qui sont condamnées et celles qui devraient être bâties et qui ne le sont pas. J'aimerais que vous m'expliquiez brièvement ce qui va se passer dans les prochains mois en ce qui concerne les musées. Est-ce qu'ils seront encore ouverts au public? Que deviennent les activités pendant la période de transaction? Que deviennent les employés? Bref, que va-t-il se passer dans les mois qui viennent?
[Traduction]
M. Emery: Je dois reconnaître en effet qu'il règne une certaine confusion. Je suis certain que lorsqu'on n'est pas directement impliqué dans tout cela, la situation peut paraître bien compliquée à un observateur. En deux mots, comme je viens de le dire au président, nous ne savons pas exactement quand une décision sera prise au sujet de la nouvelle installation d'Aylmer.
N'oubliez pas qu'il y a plusieurs options. Selon la première, on nous demandera d'accepter le terrain et de construire sur celui-ci. Selon une seconde option, il est possible que les Travaux publics et Environnement Canada décident de ne pas transférer la garde du terrain au musée, auquel cas nous chercherons à acheter un autre terrain sur lequel construire. Dès que les Travaux publics auront pris leur décision, il nous suffira de quelques semaines, voire de quelques jours pour agir.
En ce qui concerne ce que nous allons faire de notre personnel au cours des prochains jours, je peux vous dire qu'il est déjà en train de déménager. Au 5 septembre, tout le monde sera installé dans des locaux provisoires. La question est donc réglée.
La difficulté, comme je le disais, est que certaines de nos activités seront compromises, en particulier dans le domaine de la recherche et des collections, car ces bâtiments sont surtout occupés par les services scientifiques du musée.
Le déménagement aura aussi des répercussions sur les programmes publics. Certaines échéances ne seront probablement pas respectées et d'autres devront sans doute être abandonnées, mais d'une façon générale, nos activités dans ce domaine pourront se poursuivre dans la plupart des cas. La principale difficulté sera due au fait que nous n'aurons plus accès à nos locaux pour y préparer des expositions et pour y effectuer des travaux spécialisés. Nous devrons donc sous-traiter, ce qui doublera nos coûts. Nous serons donc obligés de mettre certaines de ces activités en veilleuse.
[Français]
M. Serré: Sera-t-il possible d'aller voir vos expositions pendant les deux prochaines semaines?
[Traduction]
M. Emery: Oui, absolument.
[Français]
M. Serré: Il faudrait y aller pendant la fin de semaine.
[Traduction]
M. Emery: Vous vous amuseriez beaucoup.
[Français]
M. Serré: Mes enfants y sont allés et ils ont beaucoup apprécié.
Comme le président l'a dit, il y a eu plusieurs articles négatifs dans la presse ces derniers mois, et il faut reconnaître que l'impression que les gens ont du musée et de ce qui s'y passe n'est pas très bonne ces derniers temps.
Qu'entendez-vous faire? Cette impression, qu'elle soit justifiée ou non, n'aide certainement pas le musée à atteindre ses objectifs. Qu'allez-vous faire pour améliorer votre image vis-à-vis du public en général?
[Traduction]
M. Emery: Nous le faisons effectivement, et nous l'avons déjà fait. Je crois qu'il est cependant important de reconnaître - et j'insiste sur le fait que c'est indispensable pour comprendre ce qui se passe ici - qu'il y a des méthodes traditionnelles pour traiter les gens, en particulier les professionnels, dans les établissements de recherche, et que nous ne respectons pas ces traditions. Nous faisons les choses à une échelle qui a soulevé l'ire de certains chercheurs quelque peu «réactionnaires» dans le monde entier. Il y a une raison importante pour cela: nous considérons que le Musée canadien de la nature a été chargé par le gouvernement du Canada de remplir certaines activités.
Si nous avions de l'argent à ne pas savoir qu'en faire, ce qui n'est pas le cas, il serait tout à fait possible de lâcher complètement la bride sur le cou des chercheurs et de leur curiosité naturelle les guider dans leurs recherches. Nous estimons cependant qu'il est beaucoup plus important que le Musée canadien de la nature oriente - sans les imposer - les activités de nos professionnels de manière à ce qu'ils demeurent fidèles au mandat de l'établissement. C'est cela qui, comme je le disais, a suscité beaucoup de controverses.
Comme vous le savez également, à cause de ce que nous avions prévu dans l'examen de programmes, nous avons commencé par licencier 20 p. 100 de notre personnel, soit environ 50 personnes. Sept d'entre elles étaient des chercheurs. Plusieurs de ces derniers ont entrepris alors - «alors» veut dire en 1993 - une campagne pour discréditer l'établissement, et ils la poursuivent encore aujourd'hui. Leur position est en grande partie fondée sur une conception traditionnelle du règlement de ce genre de questions plutôt que sur une approche plus moderne.
Le président: Monsieur Emery, vos critiques ont dit que si vous construisiez sur le site d'Aylmer cela entraverait les fonctions des terres humides, ce qui enfreint la politique fédérale de gestion des terres marécageuses. Est-ce vrai?
M. Emery: C'est faux. D'après l'analyse de nos plans de réduction des impacts faite par le ministère de l'Environnement.
Le président: Donc, selon vous, si vous construisez là, cela n'enfreindra pas la politique fédérale de gestion des terres marécageuses. Comme vous le savez, le gouvernement se considère un peu comme un des chefs de file mondiaux dans le domaine de la protection de ces terres.
M. Emery: Effectivement. En fait, si vous me permettez une brève explication supplémentaire, nos plans de réduction des impacts servent non seulement à maintenir la fonction de base des terres humides, mais comme nous avons convaincu les Travaux publics d'ajouter ce que l'on appelle un «programme de compensation», nous pourrons gérer les terres humides qui ne nous sont pas assignées mais qui jouxtent les nôtres, ce qui compensera très largement les dommages que nous pourrions leur faire subir.
Le président: Vous pouvez donc assurer au comité et au public que les terres humides ne souffriront pas de la construction de votre immeuble et que leur fonction pourra être maintenue.
M. Emery: Absolument.
Le président: Vous pouvez vraiment nous l'assurer?
M. Emery: Absolument. J'irais même plus loin. Nous pourrons en fait améliorer certaines choses dans les terres humides. Prenez le cas de la rainette faux-criquet à laquelle les groupes de défense de l'environnement s'intéressent; eh bien, la conception du bâtiment et l'aménagement paysager contribueront à améliorer l'environnement dans lequel vivent ces rainettes.
Il faut bien comprendre que lorsqu'on applique la politique de gestion des terres marécageuses, ce n'est pas pour interdire tout aménagement de ces terres. Le but poursuivi est d'en préserver le caractère fonctionnel. Selon l'analyse effectuée par le ministère de l'Environnement ainsi que par les membres des ministères fédéraux responsables de la politique de gestion des terres marécageuses, nos plans respectent parfaitement les politiques et tiennent totalement compte des diverses variables conformément à l'esprit et à la lettre de la loi.
Le président: Vous avez parlé de la rainette faux-criquet. Je pourrais également mentionner la fougère de Clinton. Êtes-vous sûr... savez-vous réellement tout ce que représente la protection de l'habitat de ces espèces rares et d'autres espèces? Le savez-vous vraiment? Pouvez-vous vraiment m'assurer que vous savez vraiment tout ce qu'il faut faire pour protéger cet habitat?
M. Emery: Je vous assure sans la moindre hésitation que nous savons ce qu'il faut faire pour préserver cet habitat.
Il y a cependant une réserve à faire. La carrière échappe au contrôle du gouvernement fédéral. Elle est exploitée par une entreprise privée. Actuellement, une canalisation de 30 pouces apporte l'eau qui irrigue les terres humides. Si cette carrière réduit ou supprime cette alimentation en eau, nous ne pourrons rien faire et une partie des fonctions des terres humides disparaîtra. Si Aylmer élargit la route, cela réduira aussi la capacité des terres humides. Nous ne pouvons rien faire dans ces domaines mais nous sommes capables de gérer tout ce qui est placé sous notre contrôle.
Le président: Mais l'aménagement du site aurait des répercussions sur le budget de gestion des eaux souterraines. Avez-vous déterminé ce que seraient ces répercussions et les avez-vous quantifiés?
M. Emery: Certainement.
Le président: Vous en êtes bien certain?
M. Emery: Oui, monsieur.
Le président: Eh bien, il n'y a rien de tel que d'entendre les paroles de quelqu'un qui est sûr de soi.
Monsieur Assadourian.
M. Assadourian (Don Valley-Nord): Votre rapport m'a beaucoup intéressé. Je suis un passionné de la nature et je suis autant que possible tous les programmes de télévision consacrés à la nature - en dehors de la période de questions, bien entendu.
Quels sont les rapports que vous entretenez avec d'autres établissements similaires du monde entier, en particulier en Amérique du Sud, où des hectares de terre sont détruits à une vitesse effarante par des sociétés minières, entre autres, surtout au Brésil? Quels sont les effets sur l'environnement, et quel genre de coopération trouvez-vous dans ces pays? Vous avez parlé du Kazakhstan, mais vous ne nous avez jamais vraiment parlé de ceux qui détruisent l'environnement et la nature.
M. Emery: Je trouve intéressant que vous m'interrogiez au sujet de l'Amérique du Sud. Nous faisons de gros efforts pour établir une sorte d'accord Nord-Sud. Nous avons déjà signé des accords avec le Chili et la Colombie, et avec le Mexique et le Costa Rica en Amérique centrale. Dans toutes ces régions nous essayons d'établir une formule de partenariat afin d'aider nos interlocuteurs à comprendre toutes les variables qui jouent un rôle si important dans la protection de l'habitat.
Il importe aussi de comprendre qu'il faut pouvoir utiliser les ressources de la nature. Un monde dans lequel il y aurait un divorce entre la nature et nous est impensable. Nous faisons nous-mêmes partie de la nature.
Nos rapports avec les pays d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale reposent sur ce concept. Nous avons, par exemple, aidé le Costa Rica à rédiger une étude sur son propre pays. Nous organisons actuellement une conférence sur la biodiversité au Chili. Nous préparons un accord sur la diversité avec Cuba, et un autre avec la Colombie.
Mme Guarnieri (Mississauga-Est): Je comprends très bien que vous ayez le sentiment d'enfreindre des «traditions», comme vous le disiez, je crois. Étant donné le climat financier actuel, nous demandons aux organismes d'État d'accroître leur efficacité, mais je suis curieuse de savoir ce que vous avez à répondre aux graves craintes du vérificateur général qui disait que le musée a lamentablement échoué dans l'exercice de sa fonction de base, qui est la gestion de son unique et irremplaçable collection de huit millions de spécimens de plantes, d'animaux et de minéraux.
Le vérificateur général fait remarquer qu'il ne s'agit pas simplement, loin de là, de résoudre le problème du manque d'information concernant les collections, et que la construction d'un nouvel immeuble et de nouvelles installations pour vos spécimens n'y changera pas grand-chose.
Que faites-vous, à court terme, pour régler ce problème?
M. Emery: La lacune la plus grave, en ce qui nous concerne, concerne les installations destinées à abriter les spécimens. Ce problème existe depuis très longtemps et il faut à tout prix que nous lui trouvions une solution.
Le vérificateur général a aussi parlé de l'information relative aux collections, des moyens d'accès à celles-ci et des méthodes d'utilisation de l'information les concernant. Dans ce domaine, notre musée est le chef de file mondial. Je me hâte de préciser que beaucoup de musées étrangers suivent notre exemple. Ce que nous faisons s'écarte cependant de certaines conceptions traditionnelles de la gestion des collections. Or, c'est sur ces conceptions traditionnelles que le vérificateur général a fondé son jugement.
En voici un exemple. Le vérificateur général a dit que nous avions un très gros «arriéré». Ce mot n'a pas bonne presse, mais dans le contexte où le vérificateur général l'utilisait, cela signifie que les matériaux ramenés du terrain n'ont pas été répartis en spécimens, mis dans des bocaux distincts, nommés et inventoriés.
Dans la gestion moderne des collections, ce serait une perte colossale d'argent de le faire. Vous perdez une grande partie de l'information liée aux matériaux de collection recueillis sur le terrain si vous les fractionnez. Vous compromettez souvent la possibilité de les soumettre à des tests chimiques. Selon les méthodes que l'on utilise aujourd'hui, il est préférable de les laisser tous dans l'état où ils ont été trouvés tant qu'on n'en a pas besoin plutôt que de les fractionner et de les classer séparément. Cela coûte d'ailleurs très cher, et nous n'avons pas beaucoup d'argent.
Dans de telles conditions, les collections ne courent absolument aucun danger. En fait, elles sont souvent en meilleur état lorsque vous n'y touchez pas.
L'accès à l'information est une autre préoccupation du vérificateur général. Il a raison de dire que notre capacité d'accès électronique à l'information - c'est-à-dire, grâce à des ordinateurs - n'est pas aussi bonne qu'elle devrait l'être. Nous sommes pourtant égaux à la moyenne de tous les établissements mondiaux qui conservent des collections ou peut-être même au-dessus de la moyenne. Nous élaborons actuellement, en collaboration avec la société Digital, ce que nous appelons un «système d'information scientifique» qui sera probablement le meilleur du monde et qui sera certainement utilisé par beaucoup d'établissements étrangers. Nous pensons que le système sera prêt d'ici un an.
Mme Guarnieri: Pourrais-je avoir un éclaircissement? Excusez mon ignorance, car je ne suis pas spécialiste du catalogage de ces spécimens, mais voulez-vous dire qu'il est plus coûteux de les laisser en vrac que de les cataloguer?
M. Emery: Non, il est plus coûteux de les cataloguer; beaucoup plus.
Mme Guarnieri: Je vous avais mal compris.
Le président: Monsieur Hanrahan.
M. Hanrahan: Je voudrais laisser de côté les questions de fonctionnement au quotidien et les complications auxquelles vous faites face pour revenir à la raison principale pour laquelle vous êtes venu ici aujourd'hui, compte tenu du mandat de notre comité, qui est de nous aider à mieux nous comprendre et à nous connaître, à mieux apprécier les valeurs, les aspirations et le sentiment de fierté qui nous unissent, de célébrer les valeurs que nous partageons, de mieux connaître notre territoire... Les musées ont un rôle important à jouer dans ce domaine. Cela n'a pas grand rapport avec les questions qui ont été posées plus tôt au sujet des communications.
Ce qui m'intéresse, c'est la vocation nationale du musée. Si j'enseigne la biologie à Edmonton - Strathcona, ou n'importe où ailleurs au Canada, et si je veux avoir accès aux spécimens dont vous disposez pour faire découvrir à mes étudiants toute la diversité de notre environnement, tous ces éléments communs, et le travail que vous faites pour préserver cela, y a-t-il des programmes spéciaux pour cela?
M. Emery: Nous ne les avons pas encore vraiment mis en oeuvre. Nous travaillons dans trois domaines différents pour que cela devienne une réalité.
Tout d'abord, nous avons une stratégie canadienne visant la création d'un réseau électronique reliant les musées et d'autres collections de l'ensemble du pays. Nous avons déjà commencé. Il y a deux ans que nous y travaillons. Nous avons passé des accords de partenariat avec un certain nombre d'autres musées du Canada.
Deuxièmement, nous sommes en train d'établir ce que j'appelle des «centres de collection régionaux» qui permettront de faire bénéficier différentes régions du Canada de compétences spécialisées afin de rationaliser toutes les collections qui existent en notre pays. Il s'agit en fait d'améliorer l'efficacité de collections conservées dans des établissements disparates, sans lien entre elles, afin d'en faire des instruments culturels beaucoup plus puissants dans notre pays.
Nous sommes en fin sur le point de lancer un projet qui nous permettra de faire partie du World Wide Web. Cela permettra d'accéder à l'information que nous détenons, de quelque endroit où l'on se trouve dans le monde.
Nous utilisons une méthode tout à fait spéciale pour cela. La plupart des bulletins du World Wide Web sont en fait des brochures électroniques. Le nôtre offrira cependant un niveau élevé d'interactivité, ce qui permettra aux gens de s'instruire en accédant à notre bulletin. Ce système aménagera ainsi un accès direct au type d'information dont les gens auront besoin sur la collection et sur son contenu. Si les spécialistes veulent étudier plus à fond notre base de données, nous leur donnerons les moyens de le faire.
Dans le souci d'acquérir un dynamisme d'entreprise, nous espérons entre autres choses, mettre au point une méthode qui permettra aux sociétés du secteur privé en particulier, d'accéder à nos données moyennant finances, ce qui permettra de rentabiliser l'information que nous conservons sous forme électronique.
M. Hanrahan: Excellent.
Je suis tout à fait conscient des contraintes financières auxquelles vous êtes soumis et du conflit que vous vivez en ce moment, mais je voudrais vous demander - comme je l'ai fait au Conseil des arts du Canada lorsqu'il a comparu mardi dernier - s'il vous serait possible de soumettre au comité trois ou quatre propositions concrètes bien élaborées qui nous aideraient à nous acquitter de notre mandat pour la promotion de l'unité canadienne.
J'accorderais une attention particulière aux conditions climatiques et biologiques lorsque vous parcourez le Québec, au lieu de l'Ontario, des Maritimes ou de l'Ouest. Les similarités sont si nombreuses qu'à moins de consulter une carte, il vous serait impossible de savoir si vous vous trouvez au Québec ou en Ontario.
Nous sommes unis par une multitude de liens géographiques et j'aimerais que cela fasse l'objet d'une exposition. Si je dois vivre dans le même climat, le même milieu biologique que mes concitoyens du Québec, il est bien évident que cela crée des points communs qui, réunis, créent ce que l'on pourrait appeler une personnalité canadienne. C'est cela que nous recherchons.
M. Emery: En effet.
M. Hanrahan: Peut-être pourriez-vous exploiter cette idée. Je n'attends pas de miracle, étant donné toutes les difficultés que vous vivez actuellement, mais c'est là notre objectif. Notre tâche ne consiste pas à faire enquête sur les terres humides ou autre chose, bien que la question ne soit pas sans importance.
M. Emery: Je crois qu'il importe de bien comprendre que le musée poursuit actuellement un certain nombre de projets de ce type.
Qui est votre public? Lorsque vous aurez terminé votre travail, à qui en parlerez-vous?
M. Hanrahan: C'est une question à laquelle nous voudrions sans doute répondre collectivement, mais je laisse le soin de le faire à notre président.
Le président: Excusez-moi, je n'ai pas saisi la question.
M. Emery: On m'a demandé si je pourrais soumettre quelques idées de projet qui pourraient être utilisées pour renforcer l'unité canadienne. On m'a aussi demandé de tenir compte de la similarité des zones biologiques et géologiques. Lorsque j'ai entendu cette question, je me suis demandé quel était le public visé.
Le président: C'est le pays tout entier.
M. Emery: Comment allez-vous faire pour l'atteindre?
Le président: Nous allons préparer un rapport que nous diffuserons dans l'ensemble du pays.
M. Emery: Mes suggestions éventuelles seraient donc présentées en termes faciles à comprendre pour le profane?
Le président: Bien sûr. Ce que nous voulons faire ne doit pas nécessairement être financièrement viable demain ou le jour suivant. Lorsque l'unité nationale est en cause, j'estime que nous devrions échanger des idées sur ce que nous pourrions faire pour promouvoir l'identité de notre pays, aider à célébrer ses succès, et apprendre à mieux nous connaître.
M. Emery: L'idée me vient qu'au lieu de vous contenter d'un rapport, il serait peut-être plus amusant et encore plus utile d'employer certaines techniques modernes de communication. Je suggère donc de rechercher une formule de coopération qui vous permettrait de trouver un moyen de le faire.
Je peux certainement vous donner une idée de ce que nous faisons dans le cadre de nos plans de travail, ou de ce que nous pourrions faire si nous avions plus d'argent. Mais s'il existait un moyen de faire plus largement connaître vos intentions, il me semble que ce serait beaucoup plus utile.
Le président: Je crois que vous nous avez déjà donné là une idée. Si nous avons, par exemple les 50 meilleures idées sur la manière de célébrer la grandeur du Canada et 50 autres sur la manière d'apprendre à mieux nous connaître, une des suggestions pourrait porter sur la manière de communiquer tout cela.
Je crois que les Canadiens ont une foule d'idées intéressantes à proposer, mais comment les faire connaître de manière à ce que la bonne idée née à Halifax soit communiquée à Cranbrook en Colombie-Britannique ou à Lethbridge en Alberta, comment faire pour partager toutes ces idées et les mettre en oeuvre? Après tout, nous formons un seul et même pays. C'est un des défis que nous avons à relever, monsieur Emery.
M. Emery: Cela me paraît fort utile. Je sais qu'on ne manque pas d'idées chez nous.
Le président: Écoutez, si vous pouviez nous soumettre ne serait-ce que trois ou quatre idées qui nous en mettraient plein la vue, nous vous en serions reconnaissants.
M. Emery: Très bien.
Le président: Vous avez terminé, je pense, monsieur Hanrahan?
M. Hanrahan: À ce propos, je me souviens d'un film de l'Office national du film qui date de25 ans. Intitulé Hélicoptère Canada, il a été abondamment utilisé dans toutes les écoles au Canada. Je crois que c'était une contribution très utile à l'unité de notre pays. Cette forme de communication est un peu démodée aujourd'hui, mais il faudrait trouver quelque chose du même genre, quelque chose d'aisément accessible, qui pourrait être utilisé dans les centres communautaires et les établissements scolaires, et qui concrétiserait toutes ces idées.
M. Emery: En effet. Cela vous intéressera peut-être de savoir que l'Office national du film prépare Hélicoptère II.
M. Hanrahan: Vraiment?
M. Emery: Oui, mais je crois effectivement que la meilleure solution serait d'utiliser des techniques plus modernes plutôt que de se contenter d'un film, par exemple. Nous serions heureux d'y réfléchir.
Puis-je revenir très brièvement au débat qui ne semble pas être encore apaisé au sujet du site d'Aylmer? Je crois qu'il est important que nous sachions tous qu'au musée nous avons fait tout notre possible pour le protéger, maintenant qu'on a décidé que nous l'occuperions. C'est fait. Reste à savoir si le gouvernement du Canada devrait effectivement nous confier la responsabilité de ce terrain. Étant donné les variables qui entrent en jeu, nous sommes capables de le gérer, mais nous sommes impuissants devant certaines variables qui échappent à notre contrôle.
Pour revenir de façon plus générale à l'esprit de votre question, monsieur le président, la politique de gestion des terres marécageuses sera parfaitement respectée, ne serait-ce que parce qu'elle a retenu tant d'attention, mais il serait peut-être important de se demander si le fait que nous sommes capables de respecter cette politique est une raison suffisante pour que nous restions là-bas.
Le président: À ce propos, je crois que certains de vos critiques ont dit qu'il y avait d'autres sites aux alentours d'Aylmer qui conviendraient parfaitement, des sites dont le choix ne provoquerait pas des réactions aussi hostiles de leur part. Qu'en pensez-vous?
M. Emery: Nous avons examiné ces sites, et si on nous donne pour instruction de ne pas utiliser le site d'Aylmer, nous pourrions utiliser immédiatement l'un des autres.
Le président: À votre avis, votre efficacité serait-elle alors aussi grande?
M. Emery: Oh, absolument. Bien entendu, le problème c'est qu'avec tous ces changements, cela augmenterait les coûts d'environ deux millions de dollars.
Le président: En ce qui concerne le site d'Aylmer dont nous parlons, reconnaissez-vous que certaines mesures d'atténuation des impacts devraient être prises -
M. Emery: Absolument.
Le président: - et avez-vous la certitude que les mesures que vous utiliseriez seraient efficaces? L'êtes-vous vraiment?
M. Emery: Oui. Je crois qu'il faut bien comprendre qu'il ne s'agit pas simplement - pas maintenant, en tout cas; plus maintenant - de respecter la lettre et même l'esprit de la loi. Il y a une apparence, ou une présence, qui est peut-être même transcendée par ces... il ne s'agit pas simplement d'appliquer ces politiques.
Le président: En ce qui concerne l'unité nationale, nous sommes heureux de vous entendre dire que vous allez, vous aussi, emprunter l'autoroute de l'information, si je puis me permettre cette expression, et que vous le ferez encore plus à l'avenir.
Mais qu'en est-il des mesures les plus visibles adoptées pour partager vos produits, si je peux m'exprimer ainsi, avec les établissements lointains? Avez-vous un programme de prêts à d'autres musées?
M. Emery: Oh, oui.
Le président: Avez-vous aussi des expositions itinérantes?
M. Emery: Il existe de nombreuses méthodes classiques de le faire, et nous les utilisons. Nous avons des expositions itinérantes. Chacune d'entre elles circule pendant cinq ans au Canada ou à l'étranger, après quoi elle revient pour être remise en état avant de repartir pour une autre période de cinq ans. Ces expositions ont une vie utile de 10 à 15 ans. Mais nous en avons actuellement 20 ou25 qui circulent dans le pays.
De plus en plus, cependant, au lieu d'utiliser les locaux des musées, nous choisissons des endroits qui se prêtent à une plus grande circulation du public. C'est ainsi que nous avons des expositions itinérantes dans des aéroports et des centres d'achat. Cela me paraît être un des moyens d'attirer l'attention de la population sur la puissance unificatrice de la nature au Canada et aussi, d'atteindre des personnes qui ne fréquentent pas habituellement les musées. En tout cas, nous faisons tout ce qui se fait habituellement.
Nous publions des livres - en fait, certains sont d'étonnants succès de librairie - en association avec certaines maisons d'édition. Nous avons, par exemple, lancé une série d'ouvrages avec Somerville qui, au total, ont atteint 2,5 millions de personnes environ. Nos publications ont donc beaucoup de succès.
Nous avons aussi des jouets et des jeux de patience. Nous produisons des CD-ROM. Toutes les méthodes traditionnelles de diffusion au-delà de nos murs sont utilisées par nous, mais nous ne nous en contentons pas.
Le président: Merci.
Une dernière question à propos du site d'Aylmer - s'agit-il seulement d'une question d'échéance - de quel délai disposez-vous? Si vous obtenez l'autorisation de l'utiliser - au grand dam de certains critiques au nom de l'écologie - quand pensez-vous que vous pourriez obtenir cette autorisation? Quand pourriez-vous construire, et quand pourriez-vous vous installer là-bas?
M. Emery: Ma réponse sera très brève et je donnerai ensuite peut-être la parole au chef de l'exploitation.
On nous a dit que d'ici trois jours à trois semaines, le ministère des Travaux publics devrait répondre au rapport qu'il a reçu d'Environnement Canada. Nous pourrions alors passer à l'action dans les deux semaines qui suivent.
Bob, vouliez-vous ajouter quelque chose?
Le président: Combien de temps prendra la construction?
M. Robert Leblanc (chef de l'exploitation, Musée canadien de la nature): La majorité des membres de notre personnel et des collections seront installés dans le nouvel immeuble 14 mois environ après le premier coup de pioche.
Le président: Dans 14 mois.
M. Leblanc: Environ.
Le président: Merci.
Nous serons heureux que vous nous fassiez part de vos idées sur l'unité nationale. Donnez libre cours à votre imagination. Toutes vos suggestions seront les bienvenues.
M. Emery: Merci beaucoup.
Le président: Merci, et merci aussi à vos collègues.
La séance est levée.