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TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 25 avril 1995

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[Français]

Le président: Mesdames et messieurs, nous allons continuer notre travail cet après-midi. Nous allons commencer la deuxième séance par la participation du deuxième groupe. Il est constitué deM. Steve Wendt, chef de la division de la conservation des oiseaux migrateurs au ministère de l'Environnement, de M. Philip Smith, directeur de la division des comptes nationaux et de l'environnement à Statistique Canada, et de M. Fern Filion, chef de la division de l'étude socio-économique au ministère de l'Environnement. Je vous souhaite la bienvenue.

[Traduction]

Je peux vous dire que le groupe qui vous a précédés ce matin a jeté les bases nécessaires pour effectuer un examen approfondi de la question dont nous sommes saisis aujourd'hui. Nous étudions la question des espèces sauvages et de leurs multiples facettes, au sens le plus large, si vous voulez. Par conséquent, ceux qui vous ont précédés ont réchauffé l'atmosphère. Nous sommes prêts à nous lancer dans cette étude.

Avant de vous laisser la parole, j'aurais deux points à signaler à mes collègues. Pendant le déjeuner, le greffier a étudié la possibilité de transformer cette étude en un vidéo éducationnel, d'une durée de 30 ou 35 minutes, où l'on résumerait les audiences que nous tiendrons entre ce moment-ci et la fin de nos travaux, jeudi prochain. Le vidéo sera produit cet été, avec les ressources et le budget disponibles.

Donnez-vous votre bénédication à ce projet?

Des voix: D'accord.

Le président: Cela étant réglé, je passe à la deuxième annonce, moins réjouissante mais tout de même nécessaire. Je tiens à vous rappeler que nous avons reçu à nos bureaux respectifs un avis au sujet des audiences de la semaine prochaine qui porteront sur la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Nous reprenons nos séances de rédaction et l'avis pour la semaine prochaine se résume un peu comme ceci: mardi matin, après-midi et soir; mercredi matin, après-midi et soir; et jeudi matin, après-midi et peut-être le soir aussi, s'il le faut.

J'espère que vous pourrez vous reposer au cours du week-end et revenir en forme à Ottawa, car les travaux de rédaction de la semaine prochaine seront ardus.

[Français]

M. Sauvageau (Terrebonne): Je ne sais pas si le moment est opportun, mais étant donné que vous parlez de la rédaction du rapport, j'aimerais vous faire part de deux petits points.

D'abord, la nouvelle revue de la LCPE, parlons-en! Le Comité commence la rédaction du rapport. À plusieurs points de vue, je suis d'accord avec mes collègues libéraux, sauf que quand on lit les points de vue du Comité, il n'y a pratiquement que des citations provenant du côté libéral. J'apprécierais, si c'est possible, qu'il y ait une plus grande ouverture. Il n'y a aucun commentaire qui vient du Bloc et il y a un seul commentaire du Parti réformiste. Je crois que mon collègue réformiste s'opposerait aussi à cette situation. C'est mon premier commentaire.

Le deuxième, c'est que le bureau de circonscription reçoit, par la poste, des centaines d'exemplaires du rapport. Je le trouve très bien fait - je siège au Comité - , mais il y a un peu de gaspillage.

Je pense qu'on devrait commencer par donner l'exemple. Je ne sais pas si là-dessus j'aurais l'accord des libéraux pour qu'on puisse commander le nombre désiré, que ce soit 5, 10 ou 20 exemplaires, au lieu d'en recevoir 100 par la poste, ce qui coûte je ne sais combien au gouvernement. De toute façon, ça reste sur nos tablettes.

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Le président: Les commentaires sont bienvenus. S'il n'y a aucune objection, nous allons communiquer, dès demain, votre observation aux rédacteurs pour leur faire savoir ce que vous avez suggéré. Merci beaucoup.

[Traduction]

Monsieur Wendt, vous pouvez commencer l'exposé de votre groupe, qui sera suivi d'une période de questions.

Bienvenue à notre comité.

M. Steve Wendt (chef, Division de la conservation des oiseaux migrateurs, Environnement Canada): Merci, monsieur le président.

Je suis heureux d'avoir l'occasion de me présenter devant le Comité permanent de l'environnewment et du développement durable pour parler de l'état des espèces sauvages au Canada.

Ce matin, nous avons abordé des questions qui touchent l'ensemble de la planète, donc, pendant la période de questions, si vous voulez me questionner sur l'état des espèces sauvages dans le monde entier....

Cependant, rien que pour le Canada, le sujet est trop vaste pour que je puisse en traiter complètement.

Je commencerai mon exposé en faisant quelques observations générales sur les changements observés dans la faune et la flore sauvages et dans notre capacité de les comprendre et de réagir. J'expliquerai certaines difficultés associées à l'étude des espèces sauvages. L'habitat est la clé de la survie des espèces sauvages; j'aborderai donc cette question. Ensuite, je tenterai de vous donner un aperçu seulement de l'état de certaines grandes catégories d'espèces sauvages.

La définition des espèces sauvages que j'utilise est tirée de la politique canadienne sur les espèces sauvages. Elle englobe tout ce qui vit à l'état sauvage, y compris le lichen que l'on voit à l'écran.

Les différentes espèces sauvages qu'on retrouve au Canada changent continuellement. Certaines espèces s'adaptent bien à la vie près des humains. Bon nombre d'entre elles prospèrent. Je pense, notamment, aux oiseaux qui s'alimentent aux mangeoires et qui modifient leur territoire en fonction de la nourriture que leur offrent les êtres humains.

Les tourterelles tristes ont élargi leur territoire jusqu'à des régions des Prairies où la population érige des brise-vent. Ls chevreuils en profitent lorsque l'exploitation forestière ou d'autres activités leur ouvrent des habitats boisés.

Les oies blanches abondent désormais, grâce à la combinaison de plusieurs facteurs: la nourriture qu'elles trouvent dans les terres arables, quelques années de climat arctique doux et les réserves fauniques aménagées dans les gîtes d'hivernage des Étas-Unis.

Dans bien des cas, ce sont les espèces non indigènes, celles apportées par des voyageurs de toutes les régions du monde, qui ont profité de nos largesses. Les terres arables au Canada abritent plus de 500 espèces végétales étrangères. Certaines sont très belles, comme la chicorée.

De nombreuses espèces sont sensibles aux changements provoqués par les êtres humains. Les oiseaux prédateurs, comme les rapaces, les pies-grièches et les hiboux, sont susceptibles d'absorber des produits chimiques toxiques qui se trouvent dans leur chaîne alimentaire. D'autres espèces ont dû réduire leurs exigences en matière d'habitat, comme l'alque marbrée, qui fait son nid dans les aires de peuplement vieux près des côtes. L'écureuil volant a besoin de grandes étendues de forêt et sa population a diminué là où il a dû réduire petit à petit son habitat. Les grizzlis ne peuvent pas survivre près des grands centres urbains.

Dans l'ensemble, les Canadiens ont de moins en moins de contacts avec les espèces sauvages. Même si l'on retrouve des populations prospères d'oiseaux et de mammifères dans les régions éloignées, la diversité naturelle des espèces sauvages diminue près des établissements humains. Près de nos localités, nous constatons une diminution de la diversité des habitats et une augmentation des espèces non indigènes. Nous perdons contact avec les espèces sauvages.

Même si, ces dernières années, nous n'avons pas pris de mesures supplémentaires pour recueillir sur le terrain des données sur l'état des espèces sauvages, notre capacité de comprendre les tendances observées dans les habitats fauniques s'est accrue. De nombreux organismes gouvernementaux utilisent de nouveaux systèmes d'information automatisés pour traiter et diffuser les renseignements sur les espèces sauvages et leur habitat. Ces nouveaux outils nous permettent de faire d'énormes progrès en matière de conservation.

Malgré les nouvelles techniques de surveillance des habitats, il ne faut pas oublier que les tendances observées dans les habitats ne décrivent pas, à elles seules, toute la situation. Une espèce migratrice peut réagir à des presssions environnementales dans des habitats éloignés où elle se rend à certaines époques de l'année. Notre évaluation des exigences des espèces sauvages en matière d'habitat est imprécise. Je pourrais vous donner de nombreux exemples où un habitat qui semble adéquat aux yeux de l'analyste humain n'est pas prisé par l'animal. Même si l'habitat semble satisfaisant, l'espèce doit pouvoir s'y rendre à partir d'un autre point. L'histoire de la région, la mobilité de l'espèce, sa rareté et une bonne dose de chance sont autant de facteurs déterminant si une espèce ira s'installer où nous pensons la retrouver.

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Parmi les grands progrès effectués ces dernières années, mentionnons l'accroissement de notre capacité de travailler en collaboration pour préserver les espèces sauvages. Le Plan nord-américain de gestion de la sauvagine est une initiative conjointe visant à préserver les espèces sauvages qui vivent dans les régions arables. La Stratégie forestière nationale a tracé la voie d'une collaboration sans précédent de l'industrie, du gouvernement et des groupes d'intérêts afin de protéger nos forêts.

L'histoire de la contamination des Grands Lacs illustre la valeur d'une approche axée sur l'écosystème. Presque tous les contaminants diminuent depuis les années soixante-dix. Les organismes fédéraux et provinciaux de protection de la faune cherchent de meilleures façons de collaborer.

Au niveau international, la diminution de la diversité biologique est source d'inquiétude. Certains ont comparé le taux actuel de disparition des espèces à la situation qui devait exister vers la fin de l'ère des dinosaures.

La disparition des espèces est plus lente au Canada que dans bien des pays. Cela s'explique en partie par la récente période de glaciation au Canada. Il y a seulement 10 000 ans, une grande partie du territoire canadien était couverte de glace. Voilà pourquoi nous avons moins d'espèces sauvages que les régions des tropiques et pourquoi nos espèces sont particulièrement résistantes. Il reste que, en tant que grand pays consommateur, nous devons être conscients des pressions que nous exerçons sur les écosystèmes du monde entier.

Il n'est pas facile d'analyser l'état des populations d'espèces sauvages. La faune sauvage est difficile à percevoir. La plupart des espèces sauvages préfèrent ne pas être vues du tout par les humains et encore moins servir d'exemples dans un rapport sur l'état de l'environnement. Les difficultés proviennent de l'éloignement. Les espèces sauvages sont méfiantes, notamment de nombreuses espèces de mammifères, de reptiles et d'amphibiens. Certaines espèces, comme des insectes et autres invertébrés, sont très petites et parviennent donc à échapper à notre surveillance.

De nombreuses formes minuscules d'espèces sauvages du Canada n'ont jamais été répertoriées. La plupart des habitats fauniques sont inaccessibles, au fond des lacs ou à la cime des grands arbres où l'alque marbrée fait son nid. Si une espèce est rare, comme c'est le cas pour de nombreuses plantes et autres organismes, elle est difficile à trouver.

Pour étudier les espèces sauvages, il faut souvent adopter une technique particulière pour chaque espèce. Par exemple, les êtres humains n'effraient pas tellement les oiseaux chanteurs, à condition de ne pas trop s'approcher d'eux. Au printemps, les oiseaux chanteurs mâles annoncent leur territoire en chantant, ce qui fait que leur population est surveillée par des bénévoles qui participent au relevé des oiseaux nicheurs et qui ont appris à identifier chacune des espèces selon leur chant. Des bénévoles dénombrent également certains amphibiens lorsqu'ils entendent leurs cris. Certains mammifères peuvent être étudiés à partir de leurs pistes ou, dans le cas des relevés de grouses, par les traces qu'elles laissent après avoir mangé.

Une technique indirecte très utile est la méthode de recensement par capture et recapture, où certains animaux sont capturés, marqués, puis libérés. Cette technique est utilisée pour le baguage des oiseaux et l'étiquetage du poisson. Le dénombrement direct et le relevé aérien fonctionnent pour certaines espèces, comme les canards et les orignaux.

De nombreuses études sur la faune exigent énormément de travail et, comme je l'ai mentionné, des naturalistes bénévoles y contribuent de bien des façons.

L'étude de l'état de la faune et de la flore sauvages ne s'arrête pas au simple dénombrement. Les maladies attribuables à diverses sources, comme la contamination toxique, constituent un aspect important de cette étude. Les maladies touchant les espèces sauvages sont trompeuses. En général, les animaux malades se cachent et ne sont pas dénombrés. Les charognards font vite disparaître les restes des bêtes mortes. Lorsqu'un animal malade ou mort est repéré, il est difficile de poser un diagnostic exact. Souvent, la bête est en piètre condition. Souvent, les causes du décès sont multiples. Notre connaissance des maladies qui frappent les animaux sauvages est faible par rapport à notre connaissance des maladies qui s'attaquent aux êtres humains ou aux animaux domestiques.

Les frais de diagnostic sont exorbitants. Tout comme chez les humains, il peut être dificile de distinguer une bête en santé d'un animal malade, lorsque l'effet de la contamination est sublétal. Par exemple, la concentration de méthylmercure chez les prédateurs qui se nourrissent de poisson peut être assez élevée pour réduire leur capacité de reproduction sans qu'ils donnent de signes externes de la maladie.

À elle seule, une fluctuation de la taille de la population d'une espèce sauvage n'a pas de quoi inquiéter. La population de nombreuses espèces sauvages varie naturellement et il n'est pas nécessaire de surveiller de tels changements et d'y réagir. Ce n'est que lorsque la tendance se prolonge, surtout si elle est liée à un facteur que nous sommes en mesure de modifier, que la situation devient critique.

Il n'y a pas si longtemps, la faune canadienne était complètement différente de ce qu'elle est aujourd'hui. D'immenses troupeaux de bisons vivaient dans les prairies, entourés de loups et de grizzlis. Les couguars et les élans étaient beaucoup plus nombreux. Il y avait des tourtes et des courlis esquimaux partout dans le ciel au moment de la migration. Ces deux espèces ont maintenant disparu. En fait, nous espérons que le courlis esquimau n'est pas entièrement disparu, mais la tourte l'est. La faune sauvage n'atteindra jamais son apogée.

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Qu'arrive-t-il de nos jours aux habitats fauniques au Canada? Nous tentons de protéger les habitats fauniques, en réservant des régions spéciales où les répercussions de l'activité sur la vie sauvage peuvent être réduites au minimum. Environ 10 p. 100 de la superficie du Canada est maintenant protégée et figure dans les catégories I à V de l'UICN. Les écosystèmes du Canada ne jouissent pas tous de la même protection. Par exemple, les régions montagneuses sont grandement protégées, tandis que la majeure partie du Nord ne l'est pas.

À l'extérieur des régions protégées, les habitats des espèces sauvages sont directement touchés par les activités économiques des êtres humains. De toute évidence, cela est bon pour certaines espèces et moins bon pour d'autres. La carte que vous voyez à l'écran montre les régions où, selon les spécialistes, la biodiversité est actuellement grandement menacée. Nous pouvons voir que cette menace plane surtout dans le Sud du pays, soit dans les régions les plus peuplées.

Il m'est impossible de donner, dans le cadre de cet exposé, une analyse complète des habitats au Canada, mais je vais vous donner quelques exemples tirés de certaines zones.

C'est en Colombie-Britannique que l'on trouve la plus grande diversité d'habitats au Canada. On peut encore y apercevoir des grizzlis et des couguars. Il a fallu accorder beaucoup d'attention à de nombreruses régions abritant des habitats spéciaux, comme les habitats dans les aires de peuplement vieux près de la côte. Le sud de la région d'Okanagan se classe au deuxième rang des régions du Canada où le plus d'espèces sont menacées. Une partie du réseau des cours d'eau de fraye du saumon est menacée par divers facteurs, notamment des espèces étrangères. Le nouveau code de l'exploitation forestière adopté en Colombie-Britannique devrait être utile. Voilà un exemple de collaboration entre le gouvernement, l'industrie et d'autres groupes qui devrait être de bon augure pour les habitats fauniques de cette province.

La zone forestière boréale couvre une partie de la plupart des provinces et des territoires. Elle abrite des espèces comme le loup ordinaire de l'est et l'ours noir, dont la population est stable ou à la hausse. La plus importante activité humaine qui touche la forêt boréale est certes l'exploitation forestière, bien que d'autres initiatives, comme les grands projets hydro-électriques, aient une certaine incidence. La diversité des espèces dans la forêt boréale est faible, bien qu'on y trouve certains centres de plantes rares. Dans l'ensemble, les espèces sauvages qui y vivent ne sont pas tellement menacées, mais il nous faut quand même étudier plus en profondeur les répercussions des grands projets et des nouveaux travaux forestiers d'importance.

Les Prairies et le tremblaie-parc. Contrairement à la situation dans l'Est du pays, où le développement a eu lieu il y a déjà plusieurs générations, nous nous souvenons toujours de l'état original des Prairies, où se promenaient les bisons et les loups. Le grand réseau naturel des plaines a disparu. Soixante-quinze à quatre-vingt pour cent de l'habitat a été transformé, essentiellement pour l'agriculture. Soixante-dix pour cent des terrains marécageux des Prairies ont disparu. Récemment, on a observé le déclin de plusieurs espèces, y compris des oiseaux vivant dans les marécages et les prairies de cette région.

Les Grands Lacs et le fleuve Saint-Laurent sont au coeur de l'économie canadienne, et les habitats fauniques dans cette région ont subi de grandes pressions. Environ la moitié des espèces canadiennes menacées ou en voie de disparition vivent dans cette région. Par contre, on y trouve un grand nombre d'espèces non indigènes. Dans certaines parties de cette zone, les travaux de conservation se concentrent sur la protection de ce qui reste des écosystèmes en voie de disparition. Ailleurs, le défi consiste à gérer l'exploitation des terres arables et des boisés de façon à respecter les espèces sauvages qui y vivent désormais.

Pour bien des questions relatives à la faune et à la flore sauvages, il ne suffit pas d'examiner uniquement la situation au Canada. Il faut tenir compte de la situation en Amérique du Nord. La carte à l'écran montre l'Amérique du Nord et on peut voir que plusieurs écosystèmes d'importance traversent le Canada, les États-Unis et même le Mexique. Pendant leur migration, la plupart des oiseaux du Canada, de même que d'autres espèces migratrices, vivent dans des habitats aux États-Unis, au Mexique et ailleurs. Les oiseaux de l'Ouest du Canada hivernent en grande partie aux États-Unis et au Mexique. Les oiseaux de l'Est du Canada utilisent aussi ce corridor en période de migration, mais certains vont plus loin, jusqu'à certaines régions de l'Amérique latine. Nous partageons donc des écosystèmes avec ces divers pays et nous partageons aussi des espèces et des écosystèmes avec des pays situés autour de l'Arctique, qui ne figurent pas sur la carte.

Permettez-moi d'aborder maintenant certaines tendances importantes observées chez différents groupes d'espèces sauvages. Examinons premièrement les invertébrés. Nous savons peu de choses sur les tendances touchant les invertébrés. Certaines espèces bien visibles, comme les papillons, retiennent notre attention. Pour hiverner, le monarque, par exemple, compte sur un petit secteur d'un habitat situé au Mexique, où il est quelque peu observé. Nous savons que de nombreux monarques meurent au cours d'hivers particulièrement rigoureux et que des travaux forestiers locaux s'approchent lentement de son habitat, mais, dans l'ensemble, nous nous attendons à ce que la population du monarque au Canada reste stable.

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On étudie également certaines espèces nuisibles d'invertébrés et on remarque des changements massifs dans la population de certaines d'entre elles d'une année à l'autre. De tels changements de population peuvent être une caractéristique de nombreuses espèces d'invertébrés. La moule zébrée montre bien comment une espèce introduite d'invertébrés prolifiques peut se répandre dans de nouvelles régions.

On a décrit peut-être seulement la moitié des espèces d'invertébrés qui se trouvent au Canada. La Commission biologique du Canada étudie les invertébrés dans les grands biomes canadiens.

Dans une vaste mesure, les plantes caractérisent les habitats. Cet écran montre la lobélie du cardinal, une espèce indigène qui, dans bien des régions, est menacée par une espèce introduite, la salicaire. Nous avons de précieux renseignements sur la situation des espèces végétales commerciales, comme les arbres, mais nous n'avons presque aucune information sur les tendances relatives à d'autres espèces. Beaucoup d'espèces végétales sont communes, et leur situation n'est pas en soi une source d'inquiétude du point de vue de la conservation, sauf dans le contexte des écosystèmes. Des études de plantes vasculaires rares ont été faites sous la direction du Musée canadien de la nature pour l'ensemble des provinces et des territoires. C'est là une étape importante dans l'identification des espèces sauvages uniques. Les plantes ne sont pas mobiles; elles sont liées à l'histoire d'un endroit ainsi qu'à son état actuel.

Les endroits spéciaux ont souvent leurs plantes spéciales. Un bon exemple de cela est l'armeria maritime de l'intérieur, une espèce menacée dont la population mondiale est limitée à une région exiguë de dunes de sable au sud du lac Athabasca, en Saskatchewan. Les points verts que vous voyez sur la carte à l'écran indiquent les endroits où l'on trouve des espèces végétales endémiques au Canada. Une espèce endémique est une espèce unique à notre pays. Vous pouvez voir une grappe de points verts dans le Nord de la Saskatchewan, là où l'on trouve l'armeria maritime de l'intérieur, ainsi que plusieurs autres espèces, car cette région n'est pas unique seulement pour l'armeria maritime de l'intérieur, mais pour toutes les espèces sauvages présentes. Les espèces végétales communes ne sont pas à l'abri des problèmes. Les maladies des plantes, particulièrement celles liées à des agents pathogènes introduits, peuvent dévaster de vastes populations, comme ce fut le cas avec l'orme d'Amérique et le châtaignier d'Amérique.

Les poissons: le secteur de la pêche maritime a été étudié de façon beaucoup plus détaillée que ce que je peux donner comme information dans ce rapport. L'histoire de certaines espèces marines, par exemple le poisson de fond de l'Atlantique, est bien connue. Vous voyez à l'écran une plie de l'Atlantique. Cet exemple illustre comment l'exploitation peut réduire les stocks de poissons.

Les populations de poissons d'eau douce semblent stables pour la plupart, mais il existe des problèmes causés par la proximité des établissements humains: les frayères sont endommagées; les barrages altèrent l'écoulement des eaux; la surpêche entraîne la réduction de certaines espèces; et certains cours d'eau deviennent contaminés. Certaines espèces de poissons sont étroitement liées à certaines étendues d'eau et elles sont vulnérables à ce qui arrive à ces étendues d'eau. Ce lien étroit entre les espèces et leur habitat contribue à expliquer le nombre relativement important d'espèces de poissons qui ont été classées comme étant vulnérables, menacées ou en voie de disparition par le Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada.

De la même façon, on trouve un pourcentage relativement élevé d'amphibiens et de reptiles sur ces listes.

On croit que la population mondiale d'une certaine espèce amphibienne, la rainette, est en train de diminuer, mais on a très peu de données concrètes à cet égard, et la situation n'est pas uniforme. Divers groupes viennent d'établir des programmes de surveillance au Canada. Par exemple, on a mis sur pied des programmes d'enquêtes bénévoles pour recueillir des données sur les espèces amphibiennes en Ontario et au Québec. Il est clair que les amphibiens sont sensibles à la disparition des terrains marécageux, aux pluies acides, au rayonnement ultraviolet, aux espèces introduites et à la contamination des eaux. Une des espèces les plus communes est la grenouille léopard, mais il semble que ses populations se sont effondrées dans presque toute l'Amérique du Nord dans les années 1970. La salamandre pommelée, qu'on trouve en Colombie-Britannique, est en baisse dans les endroits où l'exploitation forestière détruit l'habitat de la salamandre en ne laissant pas de bois en décomposition sur le sol.

Les amphibiens comprennent certaines de nos espèces les moins visibles, et il faudra peut-être plusieurs années avant que les tendances relatives à leurs populations ne se dessinent de façon plus précise.

Les reptiles habitent surtout les régions du Sud du Canada. Ce sont des animaux qui vivent longtemps et qui ont habituellement une faible productivité annuelle, ce qui les rend vulnérables. On trouve au Canada des espèces reliques dont les populations peuvent être plus nombreuses aux États-Unis. Certains reptiles ont été persécutés sans raison. Heureusement, certaines espèces sont maintenant protégées par la loi, comme le massasauga, qui fait partie des espèces en voie de disparition. Les espèces communes peuvent être vulnérables. Dans certaines régions, la tortue hargneuse a été surexploitée pour sa chair, et certaines espèces, comme le thamnophis, sont vulnérables parce qu'elles dépendent des endroits où des milliers d'individus se rassemblent durant l'hiver.

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Les oiseaux: les migrateurs néotropiques sont les espèces - surtout des oiseaux chanteurs - qui se reproduisent au Canada durant l'été mais qui passent la majeure partie de l'année en Amérique latine. Certaines des grandes qusetions liées à la conservation de la faune tournent autour des écosystèmes habités par ces espèces, des forêts et des prairies canadiennes aux forêts tropicales humides. Certains travailleurs ont signalé des réductions importantes de ces populations, surtout aux États-Unis. Toutefois, il est difficile de séparer les problèmes liés aux régions tropicales d'hivernage de la dégradation de l'habitat dans les aires de reproduction dans le Nord. Les analyses effectuées au Canada montrent que, pour les oiseaux qui se reproduisent chez nous, il est impossible de grouper tous les migrateurs néotropiques sous une seule tendance parce qu'il y a trop d'espèces dont les histoires varient.

Il y a un certain nombre d'espèces qui hivernent en Amérique latine et dont les populations diminuent, notamment les populations d'hirondelles des granges, de grives des bois, de parulines à calotte noire et de tangaras écarlates dans l'Est du Canada. En même temps, les populations de certains autres migrateurs sur longue distance dans la même région se sont accrues, probablement grâce aux améliorations dans l'utilisation des pesticides forestiers au Canada. Les populations de migrateurs sur courte distance, ceux qui hivernent aux États-Unis, diminuent de façon plus constante que les populations de migrateurs qui descendent jusque dans les tropiques.

Dans bien des cas, les populations d'oiseaux marins diminuent lentement, et ces baisses sont liées à l'augmentation de l'activité humaine dans l'environnement marin. La compétition pour la nourriture peut être un facteur, tout comme la mortalité causée par les petits déversements de pétrole et les filets de pêche. Sur la côte du Pacifique, les prédateurs comme les ratons-laveurs, qui ont été introduits dans les îlots de nidification, causent de graves problèmes.

Par contre, de nombreuses espèces de goélands se portent très bien grâce à la surabondance de nourriture près des établissements humains. L'importante colonie de goélands à bec cerclé sur la rivière derrière la colline du Parlement en est un exemple. Malheureusement, les goélands prospèrent souvent au détriment d'autres espèces, comme les hirondelles de mer.

De nombreuses espèces de canards ont vu leurs populations diminuer pendant une décennie, mais la situation s'améliore. L'intensité des activités agricoles et des années de sécheresse dans les Prairies avaient réduit les populations d'espèces comme le canard malard et le canard pilet à des niveaux qui n'avaient jamais été aussi bas. On a également observé une diminution de la population de canard noir dans l'Est du Canada. Cette espèce a été supplantée par le canard malard, qui semblait mieux adapté à la présence humaine. Ces diminutions se sont stabilisées, et la situation s'est quelque peu améliorée grâce au retour de conditions plus humides et à la mise en valeur de l'habitat, par l'entremise du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine.

On n'a cependant pas beaucoup de renseignements sur les populations de canards marins, qui nécessitent plus d'attention.

Les canards sont vulnérables à l'empoisonnement au plomb utilisé par les chasseurs. Le Service canadien de la faune et les organismes provinciaux de la faune ont élaboré un plan de réglementation pour éliminer la principale cause de l'exposition de la sauvagine au plomb d'ici l'an 2000. Mais cela ne sera peut-être pas suffisant. Il y a d'autres problèmes liés à l'utilisation du plomb dans la chasse et la pêche sur lesquels il faut se pencher, notamment l'empoisonnement secondaire des rapaces et des animaux nécrophages et l'empoisonnement des huards par les plombs utilisés par les pêcheurs. Le Service canadien de la faune examine la nécessité de prendre d'autres mesures pour éliminer les problèmes causés par le plomb parmi les espèces sauvages.

Les populations d'oies sont essentiellement à la hausse, ce qui est attribuable à plusieurs facteurs. L'agriculture moderne fournit une source abondante de nourriture pour les oies pendant l'hiver et pendant la migration du printemps, souvent sans que cela ne nuise à l'agriculteur. Les réserves fauniques, spécialement aux États-Unis, ont réduit l'effet de la chasse. Les aires de nidification des oies dans l'Arctique connaissent des températures clémentes depuis plusieurs années. Par conséquent, certaines populations, comme celle des oies des neiges, atteignent aujourd'hui des niveaux records.

Cela peut créer des problèmes. Les conflits entre les oies et l'agriculture augmentent, et les oies peuvent détruire leur propre habitat. Dans certains cas, les prés dont elles ont besoin pour se nourrir dans la région arctique peuvent être dépouillés de toute végétation. De plus, lorsque l'oie des neiges se multiplie, d'autres espèces, comme certaines sous-espèces de bernaches canadiennes présentes dans la région arctique, peuvent disparaître.

Il est important de reconnaître qu'une espèce peut comprendre de nombreuses sous-espèces différentes. Pendant que les populations de grandes bernaches du Canada s'accroissent dans le Sud, on observe une diminution de plusieurs populations de bernaches du Canada de plus petite taille dans le Nord. Ces populations dans les régions situées plus au nord sont les plus importantes pour les autochtones.

Les aires de reproduction des oiseaux de rivage sont très vastes au Canada. Beaucoup de ces espèces se reproduisent dans un habitat arctique ou subarctique. L'éloignement et le fait que les populations sont si dispersées rendent l'étude des oiseaux de rivage très difficile. Par conséquent, nous ne sommes pas certains de l'exactitude de notre évaluation de l'état des populations de nombreuses espèces d'oiseaux de rivage. Cependant, la plupart semblent être stables ou à la baisse. Quatre espèces d'oiseaux de rivage ont été déclarées menacées, en voie de disparition ou vulnérables. En tant que groupe, les oiseaux de rivage sont très sensibles à la dégradation de leur habitat, que ce soit les dunes où nichent les pluviers siffleurs ou encore les wadden où les oiseaux migrateurs se rassemblent en très grand nombre durant la migration.

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Une étape importante dans la conservation des oiseaux de rivage a été la reconnaissance de leurs habitats reliés dans le Réseau de réserves pour les oiseaux de rivage dans l'hémisphère occidental.

Les oiseaux de proie occupent un rang élevé dans la chaîne alimentaire. Leur nourriture peut contenir d'importantes concentrations de contaminants. On sait comment le DDT a décimé de nombreuses populations de rapaces. Nous observons présentement un retour de certaines espèces, comme l'aigle à tête blanche et le balbuzard, qui ne sont plus exposées à ces pesticides. Mais les rapaces sont quand même des espèces sensibles. Ce sont des espèces qui vivent longtemps et qui sont souvent rares. Il y a vingt-et-une espèces et sous-espèces de rapaces diurnes au Canada. Six de ces espèces sont considérées comme vulnérables, menacées ou en voie de disparition. Parmi les seize espèces de hiboux, six sont classées dans une de ces catégories. Cela fait contraste avec la situation de nombreuses autres espèces de rapaces, dont les populations sont stables ou à la hausse.

Nous en savons davantage sur la situation des grands mammifères que sur celle des petits mammifères, même s'il est évident que certaines espèces de petits mammifères se portent très bien. Les populations d'animaux à fourrure sont essentiellement stables ou à la hausse, bien que certaines populations de gloutons et de martres des pins soient menacées. Les espèces marines comme l'ours polaire sont stables ou du moins ne sont pas menacées dans le moment, sauf certaines espèces de baleines, comme la baleine boréale et la baleine noire, et certaines populations de bélugas. Les ongulés, soit les cerfs et les animaux de la même famille, ne sont pas immédiatement en danger, sauf le caribou de Peary, dans l'Arctique, et certaines sous-espèces de caribous des forêts. Certains mammifères prospèrent en présence de l'homme, par exemple la marmotte, le raton laveur, l'écureuil gris et le coyote. Dans la perspective de la diversité biologique, il est important que nous allions au-delà des animaux qui vivent près de nous et de ceux qui revêtent une importance sur le plan économique.

La Federation of Ontario Naturalists a préparé récemment un atlas des mammifères en Ontario, qui est venu s'ajouter aux renseignements qu'on avait déjà sur toutes les espèces de mammifères présentes dans cette province.

Le développement des régions du Sud a nui à une grande partie des espèces sauvages qui étaient au Canada à l'origine et à leur habitat. De tels changements ne semblent pas imminents pour les espèces qui restent. Grâce au Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada, nous avons une bonne idée de la situation de la plupart des espèces importantes les plus menacées. Cela ne couvre cependant qu'une petite partie de la diversité biologique au Canada. Même si, pour bien des espèces, la menace est faible dans le moment, on peut dire que dans l'ensemble, les espèces sauvages perdent lentement du terrain. Partout dans le monde, l'homme et l'industrie empiètent sur la nature.

Monsieur le président, j'ai fourni une liste d'autres documents à consulter. Comme je ne pouvais pas apporter tout cela aujourd'hui, je vous les ferai parvenir plus tard.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Wendt. C'est tout un aperçu que vous venez de nous donner. Je suis certain qu'il y aura beaucoup de questions.

Le prochain orateur est M. Smith.

M. Philip Smith (directeur, Division des comptes nationaux et de l'environnement, Statistique Canada): Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs. Je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole devant le comité aujourd'hui au nom de Statistique Canada. Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous parler des efforts de mon organisme dans le domaine de la statistique environnementale et d'ajouter le point de vue d'un statisticien à vos délibérations sur la situation des espèces sauvages au Canada.

Mes remarques seront brèves. Je voudrais d'abord vous donner un aperçu de notre programme de la statistique environnementale en général et vous brosser ensuite un tableau statistique des récentes tendances relatives aux espèces sauvages au Canada.

Les membres du comité savent peut-être que le mandat fondamental de Statistique Canada consiste à recueillir et à diffuser des données statistiques actuelles au sujet des conditions économiques et sociales au Canada. Notre organisme existe depuis déjà 77 ans. Pendant la majeure partie de cette période, nous n'avions pas de programme de statistiques environnementales comme tel. Cependant, au cours des dernières années, nous avons intensifié considérablement nos efforts dans ce domaine. Nous avons effectué de nouvelles enquêtes sur la gestion des déchets, les dépenses au titre de la réduction et du contrôle de la pollution par entreprise, le comportement des ménages vis-à-vis de l'environnement, l'utilisation des emballages, l'utilisation de l'eau par industrie et les attitudes des Canadiens à l'égard des espèces sauvages en général. Nous avons compilé diverses séries chronologiques sur l'environnement à partir des dossiers administratifs de ministères fédéraux et provinciaux tels que Pêches et Océans Canada, Ressources naturelles Canada et Environnement Canada.

.1615

Nous avons bâti un système d'information géographique contenant des données quinquennales tirées du recensement, des données annuelles tirées de l'enquête des manufactures, des données numériques par satellite sur l'utilisation des terres et divers autres renseignements provenant d'autres sources. Ce système nous permet de répondre à des questions sur les conditions environnementales locales.

Nous avons mis au point une nouvelle série de comptes environnementaux qui enregistrent l'état des forêts, des minéraux et d'autres ressources naturelles à long terme, qui mesurent le déversement de polluants par l'industrie dans l'environnement naturel et qui établissent un lien entre l'utilisation des ressources naturelles et la pollution et les mesures conventionnelles de l'activité économique.

Enfin, nous avons publié plusieurs documents de données statistiques sur l'environnement, y compris L'activité humaine et l'environnement une publication que j'ai apportée ici, une deuxième publication intitulée Perspectives environnementales, et une troisième qui porte sur les bases de données pour l'analyse environnementale.

On ne peut pas vraiment bien comprendre les changements environnementaux sans tenir compte de leur impact sur l'activité humaine. L'inverse est également vrai. Cependant, nos mesures traditionnelles de l'activité économique, comme le produit intérieur brut, ne tiennent pas entièrement compte des changements quantitatifs et qualitatifs relatifs à notre environnement.

L'abondance des ressources naturelles au Canada est un aspect très important, quoique souvent négligé, de nos richesses nationales. En fait, la perte de ressources biologiques à l'échelle mondiale est en grande partie attribuable au fait que les sociétés n'ont pas su apprécier les ressources environnementales à leur juste valeur ou reconnaître que ces ressources étaient en train de diminuer et de se détériorer.

Pour assurer le développement durable, il est essentiel que nous fassions régulièrement l'inventaire de nos ressources naturelles, y compris les espèces sauvages. C'est une responsabilité importante, quoique relativement nouvelle, que doit assumer Statistique Canada.

Jadis, l'homme et la faune partageaient le même territoire mais, dans le monde d'aujourd'hui, les habitats sauvages sont souvent considérés comme étant séparés des établissements humains. Des lignes imaginaires sont tracées entre les régions urbaines et les régions agricoles rurales habitées par l'homme et les régions sauvages à l'extérieur. Mais ces lignes sont très artificielles. Les activités économiques de l'homme ont divers impacts sur la faune. Les animaux sont exploités directement par les pêcheurs, les chasseurs et les trappeurs; ils sont évidemment appréciés par les amants de la nature; et leur habitat est transformé, souvent pour le pire, par l'utilisation des terres par l'homme, l'exploitation des ressources et la pollution.

L'abondance et la diversité des espèces sauvages sont essentielles à la vie humaine sur la planète. Pourtant, sur le plan économique, les espèces sauvages n'ont que très peu de valeur. Les produits venant de la faune, comme le poisson et la fourrure, ne représentent directement que moins de 0,5 p. 100 de notre produit intérieur brut.

La faune présente évidemment aussi des avantages économiques indirects, comme ceux liés au tourisme et à la culture, mais la contribution précise de la faune dans ces cas est difficile à évaluer.

Pour bien comprendre la faune, nous avons besoin de l'apport des spécialistes des sciences sociales ainsi que des biologistes et des naturalistes. À Statistique Canada, notre expertise touche principalement les domaines de la démographie, de la sociologie et de l'économie, bien que nous comptions aussi certains naturalistes parmi notre personnel. Nous mettons plutôt l'accent sur les liens entre l'activité économique et l'environnement plutôt que sur le cycle de vie des espèces sauvages elles-mêmes.

Notre publication quinquennale sur la statistique environnementale, L'activité humaine et l'environnement, dont le dernier numéro a été publié en 1994, présente des informations générales sur les interactions entre l'économie et l'environnement. Notre publication annuelle, Perspectives environnementales, présente des mises à jour régulières sur notre travail statistique dans ce domaine.

Une grande partie de nos données sur la faune canadienne viennent des dossiers d'Environnement Canada et de Pêches et Océans Canada, bien que nos enquêtes sociales et économiques nous fournissent aussi des renseignements pertinents à cet égard.

Je veux donner au comité un bref aperçu statistique de la situation de la faune au Canada. Je vais le faire en abordant tour à tour cinq questions précises concernant la faune aquatique et terrestre au Canada. Les questions ont trait à la biodiversité, aux contaminants chimiques dans un environnement naturel, à l'habitat de la faune, à la chasse et à la pêche.

.1620

La première question que je traiterai brièvement est la suivante: à quel point l'humanité représente-t-elle une menace grave pour la biodiversité au Canada? Un document intitulé L'état de l'environnement au Canada, publié en 1991 par Environnement Canada, présente plus de 125 000 espèces de plantes et d'animaux de notre pays. Au sens purement mathématique, on ne sait pas vraiment si la biodiversité augmente ou diminue, mais on sait que les patrimoines génétiques changent très rapidement.

Au début, la chasse excessive était le principal danger encouru par la faune, mais c'est plutôt maintenant la destruction ou la disparition de l'habitat qui pose la menace la plus grave. Par exemple, le putois et la grande-poule-des-prairies ont été virtuellement éliminés à mesure que l'exansion de l'agriculture détruisait leur habitat naturel. De toutes les activités humaines, c'est l'agriculture qui a eu le plus de conséquences pour la faune, parce qu'on a détruit les forêts, remplacé la végétation naturelle par les récoltes, asséché les marécages et utilisé des insecticides et des herbicides.

Plus récemment, l'introduction d'espèces exotiques venant de régions éloignées du monde, rendue possible grâce aux moyens de transport modernes, a eu aussi un impact important sur la biodiversité.

Bref, les divers stocks génétiques du monde se mélangent et évoluent plus rapidement que jamais auparavant et on a peu de moyens de mesurer les changements. Notre compréhension du phénomène est aussi très limitée.

Les tableaux 4.3.3 à 4.3.8 de notre document intitulé L'activité humaine et l'environnement, sont présentés dans la brochure que nous avons distribuée un peu plus tôt. J'espère que vous en avez reçu un exemplaire. Ces tableaux présentent la liste détaillée des mammifères, plantes, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens qui sont actuellement menacés.

La deuxième question importante dont je veux discuter brièvement est celle-ci. À quel point la destruction de l'habitat par les contaminants chimiques s'aggrave-t-elle au Canada? Dans ce cas-ci, on constate une tendance assez positive - je suis heureux de le signaler - mais ce n'est certainement pas suffisant pour qu'on puisse déjà cesser de s'inquiéter.

De graves problèmes de contamination de la faune et de la flore ont commencé à se faire sentir dans la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, surtout à cause de substances organochlorées comme le DDT, les BPC et les dioxines. Une réglementation gouvernementale sévère a toutefois permis de modifier passablement la situation au cours des deux dernières décennies. Les tableaux 4.3.1 à 4.3.7, tirés de L'activité humaine et l'environnement, illustrent cette amélioration de la tendance.

Il faut quand même être prudent, parce que les statistiques disponibles sur les déversements de polluants dans l'environnement sont assez incomplètes et qu'il pourrait très bien exister d'autres problèmes graves qu'on n'a pas encore détectés.

Ma troisième question a trait aux habitats des espèces fauniques: est-il vrai que l'utilisation des terres par les humains continue d'empiéter de plus en plus dangereusement sur le territoire vital de la faune? La réponse est sans aucun doute oui, bien qu'on constate certains signes que la situation commence à s'améliorer.

Malheureusement, le Canada ne possède pas de données chronologiques adéquates sur les changements dans l'utilisation du sol. Statistique Canada travaille actuellement à la constitution d'une base de données complètes sur l'utilisation du sol. Cet outil devrait aider à combler cette lacune dans les années à venir.

Un fait important demeure, c'est qu'un quart des sols marécageux du monde se trouve à l'intérieur des frontières canadiennes. Or, ce type de sol compte parmi les habitats les plus essentiels pour la faune. On estime qu'au cours des trois derniers siècles, le septième des terres marécageuses du Canada ont été modifiées pour qu'elles puissent servir à d'autres fins. Le tableau 4.4.1, du document L'activité humaine et l'environnement présente la répartition des terres marécageuses en sol canadien aujourd'hui.

Au fil des ans, le Canada a pris un certain nombre de mesures pour protéger les espèces sauvages dans des secteurs précis. Actuellement, environ 10 p. 100 de la totalité de notre territoire est assujetti à des mesures de préservation plus ou moins sévères. Toutefois, cette protection n'est peut-être que partielle. Deux récentes études de Statistique Canada, portant sur l'utilisation du sol et les changements environnementaux, montrent bien le stress que l'activité humaine impose à l'équilibre écologique et à la biodiversité. L'une de ces études a été faite au Parc national du Mont Riding, au Manitoba, et l'autre, au Parc national des lacs Waterton, qui est situé à la frontière de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. Ces deux études sont reproduites dans le document que j'ai distribué.

.1625

Ma quatrième question porte sur l'exploitation commerciale des animaux: quelle est l'ampleur des activités commerciales de chasse et de trappage, au Canada, aujourd'hui?

L'industrie de la chasse et du piégeage était évidemment plus importante aux premiers temps du Canada. Elle a connu un relatif déclin durant la plus grande partie du dernier siècle. La demande en fourrure ayant changé en même que l'attitude du public à l'égard de l'utilisation de la fourrure, tant au Canada qu'a l'étranger, la quantité de peaux récoltées chaque année et leur valeur sur le marché ont beaucoup diminué. C'est particulièrement vrai dans le cas du rat musqué dont on récoltait plus de deux millions de peaux dans les années soixante-dix, ce qui représentait un marché de 14 millions de dollars. En 1992, on en a récolté que 200 000 peaux pour une valeur de quelque 500 000$.

Une tendance à la baisse se constate aussi dans la demande de fourrure de castor et d'ours. Au cours de la saison de chasse et de piégeage de 1992, moins d'un million d'animaux sauvages ont été tués pour leur fourrure au Canada, ce qui représente un marché d'environ 23 millions de dollars.

Le marché de la fourrure d'élevage, essentiellement des peaux de vison et de renard, était à peu près équivalent. On constate la faible importance commerciale du piégeage quand on sait qu'en 1994, toute l'industrie n'embauchait que 1 600 personnes, soit seulement un emploi sur 10 000 au Canada. Évidemment, ces statistiques ne portent que sur l'exploitation commerciale des mammifères. Malheureusement, on ne possède pas de données semblables relativement à la chasse récréative et de subsistance.

Ma cinquième et dernière question a trait à la faune aquatique: quelle est l'importance de la pêche dans l'économie canadienne et quelles ont été les tendances récentes dans l'industrie de la pêche?

Essentiellement, c'est sûr que la pêche occupe une place passablement importante dans l'économie canadienne, même si les développements des dernières années sont plutôt décourageants.

En 1992, la pêche a engendré des recettes brutes de 1,4 milliard de dollars, soit 60 fois le produit de la chasse et du piégeage de mammifères. Ensemble, le homard, le saumon et la morue comptaient pour près de la moitié du total des recettes de la pêche. Les stocks de homard semblent être assez stables, mais tout le monde sait que ceux de la morue et du saumon ont grandement diminué au cours des dernières années. La destruction de l'habitat, la construction de barrages, l'acidification et la contamination de l'eau en raison d'activités minières, de production de pâtes et papier et d'activités agricoles, ont grandement nui à la pêche au saumon, tant dans l'Atlantique que dans le Pacifique.

La croissance rapide de la pisciculture, soit l'industrie du poisson d'élevage, est une tendance plus intéressante. Cette industrie, qui rapportait des recettes de sept millions de dollars en 1984, a généré 258 millions de dollars en 1991.

La pêche sportive est également importante pour l'économie canadienne, comme le montre le fait que quelque cinq millions de permis de pêche sportive sont délivrés chaque année.

Les tableaux 4.14.1 à 4.14.18 du document L'activité humaine et l'environnement présentent toutes ces données en détails.

En conclusion, même si notre compréhension et notre connaissance de l'impact des activités humaines sur les espèces sauvages se sont beaucoup améliorées durant les années d'après-guerre, il y a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas. Nous n'avons à peu près aucune information chronologique fiable sur les variations dans le nombre d'individus de chacune des espèces sauvages, par exemple. Nous avons aussi besoin de renseignements chronologiques exacts et détaillés sur l'évolution de l'usage des sols, et ce dernier besoin devrait être considéré comme très prioritaire.

En outre, la valeur de nos espèces sauvages, et les divers avantages économiques qui en découlent, devraient être précisés davantage dans les comptes nationaux. Ces objectifs sont doublement difficiles à atteindre dans le contexte actuel, où les budgets sont sans cesse plus restreints.

J'espère que ce bref aperçu des questions relatives à la faune, telles qu'envisagées du point de vue d'un statisticien, aura intéressé les membres du comité.

J'ai distribué des copies d'extraits de nos publications afin que vous puissiez examiner les données à votre aise.

Je vous remercie beaucoup de votre attention.

Le président: Je vous remercie, monsieur Smith.

[Français]

M. Fern Filion (chef, Division des études socio-économiques et du marketing, Service canadien de la faune, Environnement Canada): Merci beaucoup, monsieur le président, de cette possibilité de vous présenter le point de vue socio-économique. D'après ce que nous avons entendu ce matin et cet après-midi, nous constatons que la faune a beaucoup d'iportance pour les Canadiens.

.1630

Vous avez mentionné, monsieur le président, les millions de dollars que l'économie canadienne tire de la faune et le chef Blacksmith a parlé de l'importance symbolique de la faune pour les populations autochtones. Jack Prescott a parlé de la nécessité de mettre au point des instruments économiques, si nous voulons protéger la faune, et M. Clifford Lincoln a appuyé fortement cette idée. La présentation de Phil Smith nous démontre qu'il y a des indicateurs de bien-être de la faune dans notre économie. Mais, en fait, bien que nous reconnaissions l'importance de la faune dans l'économie, il existe peu d'indicateurs qui servent à démontrer comment les espèces sauvages jouent un rôle important dans la vie des Canadiens.

Il est difficile de prendre des décisions sans ces données essentielles et souvent les décisions prises, parce que nous sous-estimons l'importance de ces ressources, ne sont pas aussi valabes qu'elles devraient l'être et cela nous coûte cher.

Au cours des prochains instants, j'aimerais vous donner une perspective de l'utilisation des statistiques sur l'importance de la faune pour les Canadiens et la contribution de la faune à l'économie provinciale.

En écoutant, j'aimerais que vous vous rappeliez qu'il y a des risques considérables à permettre le décin de cette ressource. Donc, dans mon exposé, je vais citer des rapports que nous vous avons fournis sur l'importance de la faune pour les Canadiens; d'abord, un rapport sommaire et un rapport sur l'avantage économique. Je vais passer du français à l'anglais au cours de mon exposé.

Ces rapports portent sur des études faites entre 1981 et 1991 avec la collaboration de tous les organismes de la faune et de la flore ainsi que de Statistique Canada. Cela porte sur un échantillonnage de 100 000 Canadiens de 15 ans ou plus et l'échantillonnage touche en fait 98 p. 100 de la population canadienne. Mais, nous avons exclu le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest.

Que ressort-il surtout de ces rapports que je viens de mentionner? D'abord et avant tout, c'est que les Canadiens pratiquent de nombreuses activités reliées à la faune, des activités de nature récréative, activités qui sont très populaires partout au pays. Donc, si vous regardez le rapport avec les lignes orange, le rapport sommaire, à la page 12, vous trouverez un tableau sur le taux de popularité de ces activités. Si on regarde l'aspect chronologique, c'est-à-dire de 1981 à 1991, on constate une croissance du taux de participation semblable à celle du taux d'augmentation de la population. On constate que les Canadiens consacrent beaucoup de temps à ces activités et vous en trouverez la preuve à la page 18 du rapport. Maintenant, si on regarde la chronologie et les tendances, on constate que le temps consacré a en fait augmenté de 34 p. 100 depuis 10 ans.

Une troisième remarque importante, c'est que ces activités contribuent considérablement aux économies régionales et nationales. Si vous voulez regarder cette première diapositive, qui apparaît à l'écran, en dollars actuels, l'augmentation sur 10 ans est de 33 p. 100. Sur la diapositive qui apparaît à l'écran, nous avons un sommaire des faits principaux que j'ai présentés jusqu'à maintenant.

.1635

Nous voyons dans la colonne de droite, la colonne du grand total, qu'environ 91 p. 100 de la population canadienne participe à ces activités reliées à la faune.

Au chapitre du nombre de jours que les gens consacrent à ces activités, au-delà d'un milliard de jours sont passés à apprécier les activités fauniques.

Finalement, au chapitre des dépenses pour participer à ces activités, nous voyons que les Canadiens, en 1991, ont dépensé plus de 8 milliards de dollars.

Pour l'instant, ce tableau inclut seulement la participation canadienne. Qu'arrive-t-il lorsque nous incluons le tourisme provenant des États-Unis? À ce moment-là, nous nous apercevons que les dépenses augmentent pour atteindre 9 milliards de dollars en 1991.

À la prochaine diapositive, nous voyons que ces dépenses économiques, de provenance canadienne et américaine, ont des impacts importants sur l'économie canadienne. Par exemple, nous constatons que le produit intérieur brut s'en trouve augmenté d'environ 11 milliards de dollars.

Au chapitre des revenus gouvernementaux, puisque les gens participant à ces activités utilisent des services et des biens qui sont taxés, les gouvernements fédéral et provinciaux en tirent environ 5 milliards de dollars de revenus par année.

Nous voyons également que beaucoup d'emplois sont créés par ces activités, puisque au-delà de 200 000 Canadiens trouvent de l'emploi à cause des impacts économiques reliés à la faune.

[Traduction]

La quatrième et dernière conclusion importante que l'on peut tirer de cette étude, c'est que le concept de conservation jouit d'un appui très fort partout au pays. Julie Gelfand a mentionné un chiffre à cet égard. Je crois que c'est dans une proportion de l'ordre de 86 p. 100 que la population canadienne appuie fermement les efforts de conservation de la nature. Ce chiffre et d'autres données pertinentes sont présentés en résumé aux pages 52 et 53 de ce rapport sommaire.

À part ces indices révélant un appui politique et une attitude favorable, nous constatons que les gens sont aussi prêts à payer pour préserver et protéger la faune. Donc, quand nous demandons aux Canadiens s'ils sont disposés à payer un prix un peu plus élevé ou à assumer une hausse de taxes allant de 1 p. 100 à 5 p. 100 pour un certain nombre de produits ou de services, nous constatons qu'une bonne moitié de la population est prête à accepter cette hausse. Parmi les éléments les plus populaires, si l'on peut dire, on trouve la taxe sur le camping et le matériel de plein air, le prix des produits du bois et du papier, le prix des voitures et des camions neufs ainsi que le prix de l'essence et de l'huile. Si l'on convertit cette disposition favorable en chiffres, on constate que cette bonne volonté rapporterait des bénéfices pouvant aller de 500 millions de dollars, si l'on haussait les prix de 1 p. 100, à 2,5 milliards de dollars, si l'augmentation était de 5 p. 100.

Ce sont là quelques-unes des principales observations qui se dégagent de la recherche faite spécialement pour ces rapports. Quelles conclusions générales peut-on en tirer?

La première conclusion, c'est que ces rapports nous révèlent des choses intéressantes à propos de l'ampleur des retombées des activités de chasse et de pêche sur la vie des gens et l'économie du Canada.

La deuxième observation, c'est que les bénéfices révélés par ces études, bien qu'ils semblent importants, sont sous-estimés, puisque la population nordique, les habitants des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon, n'ont pas été considérés dans l'échantillonnage pour une partie des travaux sur lesquels nous fondons notre exposé. Enfin, ces chiffres ne tiennent aucunement compte des activités d'exploitation de la faune à des fins des substance ou à des fins commerciales. Ils ne tiennent pas compte non plus de la valeur que pourraient prendre certaines fonctions écologiques très importantes de la faune et de son habitat.

.1640

Bien sûr, il y a des contributions importantes en matière de pollinisation, du fait que les vers de terres cultivent le sol et que les arbres stockent le carbone. Ce sont tous là des avantages additionnels dont notre évaluation ne tient pas compte.

En troisième lieu, les documents de Statistique Canada, soit les résultats de sondages que fournit ce ministère, constituent pour nous, en fait, un instrument très important pour surveiller et étayer toute modification de ces avantages au fil du temps.

J'estime qu'il vaut également la peine de s'interroger sur la façon de tirer profit de ces résutats socio-économiques. Comment peut-on s'en servir pour influencer la politique et les programmes? J'ai cerné cinq applications possibles de ces résultats, que je vous expose ici brièvement.

La première, il me semble, c'est que ces conclusions peuvent beaucoup aider les organismes de conservation à rationaliser les investissements vitaux dans la conservation. Les programmes de conservation sont souvent considérés comme très coûteux pour les contribuables. On oublie fréquemment d'en considérer les avantages.

Or, les moyens de rationaliser ces programmes découlent de plusieurs indicateurs révélés par nos travaux de recherche. D'abord, nous avons constaté que les activités sont populaires; 90 p. 100 environ des gens s'y adonnent, d'où un important appui politique.

Nous avons constaté aussi que les trésors fédéral et provinciaux récoltent quelque cinq milliards de dollars par année par suite des incidences économiques de ces activités. Si l'on compare cela avec ce que les gouvernements fédéral et provinciaux consacrent effectivement chaque année à la conservation, soit un milliard de dollars environ, on obtient un ratio de 5 pour 1.

Dans le cadre de questions que nous avons posées au cours de notre enquête, j'ai aussi parlé de la volonté des gens de payer, plutôt que d'appuis importants aux initiatives de conservation.

La deuxième application des conclusions de nos études pourrait être de contribuer à démontrer à quel point il coûterait cher à la société de laisser les ressources environnementales et fauniques, y compris aquatiques, se dégrader ou même disparaître. Une diapositive que j'ai projetée tout à l'heure montrait que les activités reliées à la faune, aquatique et autre, génèrent des revenus personnels de près de six milliards de dollars. Nous avons vu aussi que quelque 203 000 emplois sont associés à ces activités.

Cela donne une idée de ce que nous risquons de perdre du point de vue économique si nous laissons ces ressources s'appauvrir.

Une troisième application à la politique et aux programmes concerne la nécessité de concevoir et de calibrer des instruments économiques équitables. M. Prescott nous a montré ce matin - et M. Lincoln l'a soutenu - à quel point les stimulants économiques sont importants. Pour mettre au point et calibrer des instruments de ce genre, il faut cerner les avantages et les coûts qui sont en jeu.

Une quatrième application a rapport à la nécessité de montrer le lien qui existe entre certaines ressources biologiques et le secteur de l'écotourisme. Nous avons ici une diapositive d'un graphique publié par le Globe and Mail en 1993.

[Français]

Cette diapositive nous indique que le Canada souffre d'un déficit chronique en ce qui concerne les voyages et le tourisme. La courbe supérieure du graphique nous indique les sommes dépensées par les Canadiens à l'étranger, alors que la ligne en-dessous nous indique les sommes dépensées par les étrangers au Canada. Si on regarde la tendance entre ces deux lignes, de 1983 jusqu'à 1993, on voit que le déficit attribuable au tourisme et aux voyages croît à partir de 2 milliards de dollars en 1983 pour atteindre 7 milliards de dollars en 1993.

.1645

C'est une constatation importante et je crois que nous avons, dans les ressources fauniques, une occasion d'essayer de corriger ce déficit.

Sur la diapositive suivante, nous voyons un phénomène contraire. Nous avons ici deux flèches complémentaires. Les grandes flèches bleues, qui pointent vers le nord, nous indiquent le taux de participation à l'écotourisme faunique au Canada de la part des Américains qui viennent nous rendre visite. Ces chiffres sont pour l'année 1991. Les flèches rouges, qui pointent vers le sud, représentent le nombre de Canadiens qui vont vers les États-Unis pour l'écotourisme faunique. Ces données viennent d'une collaboration avec nos collègues américains. Nous avons échangé des renseignements tirés de sondages respectifs que nous avons effectués sur cette question.

Dans la première colonne, qui touche la participation, nous voyons qu'il y a trois fois plus d'Américains qui viennent au Canada pour jouir de notre faune qu'il n'y a de Canadiens qui se rendent aux États-Unis pour apprécier la faune de ce pays.

Dans la colonne de droite, au chapitre des dépenses, nous voyons qu'il y a cinq fois plus de dépenses d'Américains chez nous qu'il n'y a de dépenses faites par les Canadiens à l'étranger. Donc, nous voyons ici un modèle intéressant qui vient un peu contrebalancer cette espèce de déficit que nous avons au chapitre du tourisme en général entre nos deux pays.

[Traduction]

Une dernière application à la politique et aux programmes concerne la nécessité de réformer nos méthodes comptables en matière de revenu national. De sept à 12 pays, je crois, sont en train d'examiner leur façon de comptabiliser leur revenu national à l'heure actuelle. L'objectif est notamment de tenir bien davantage compte du capital naturel. On se rend compte, en effet, que le capital naturel est pratiquement absent du calcul du revenu national.

Cela a d'importantes répercussions que fait valoir, dans la prochaine diapositive, un passage de l'ouvrage intitulé Global Biodiversity Strategy, qui a été publié en 1992, par un certain nombre d'organismes et où il est dit:

Encore une fois, cela montre que le capital naturel n'est pas pris en compte comme il le devrait au nombre des indicateurs que nous mettons au point pour évaluer le rendement de notre économie. Cela constitue une pierre d'achoppement très importante pour la conservation et la protection de nos ressources.

Ce message est amplifié dans la prochaine diapositive, qui montre une citation de Bob Repetto, du World Resources Institute:

Ce que je veux dire, ici, c'est qu'il nous faut collaborer avec des organismes comme Statistique Canada pour essayer de faire entrer les forêts dans le système de calcul du revenu national. Les forêts sont importantes pour notre économie à cause du bois qu'elles fournissent, mais elles ont aussi une valeur très importante à d'autres égards. Les arbres qu'on ne coupe pas constituent un important habitat pour la faune et ont donc une valeur. La même chose vaut, évidemment, pour les fonctions écologiques de l'aquifère, et le poisson et les autres ressources fauniques ont aussi, je le répète, une importante valeur non commerciale.

.1650

Il faudrait que le tableau d'ensemble tienne compte de tout cela. M. Smith a signalé que cela pose des défis, mais il faudrait analyser ces défis et s'efforcer de progresser le plus possible à cet égard.

Pour terminer, je voudrais présenter deux recommandations. La première figure sur la prochaine diapositive.

[Français]

J'aimerais faire deux recommandations au Comité. La première vise à combler certaines lacunes que j'ai essayé d'identifier au cours de ma présentation. Cette première recommandation serait à l'effet que l'enquête sur l'importance de la faune pour les Canadiens soit effectuée de façon périodique et surtout élargie afin d'incorporer une gamme plus complète de valeurs résultant de la faune et des écosystèmes. J'ai fait allusion, il y a quelques instants, aux facteurs que nous pourrions inclure dans cette tentative d'élargissement du cadre. Naturellement, il faudrait également inclure autant que possible le Yukon et les Territoires du Nord-Oust. Il faudrait autant que possible inclure la valeur de l'eau et la valeur non fibreuse des forêts.

La deuxième et dernière recommandation porte sur les comptes nationaux. Nous recommandons que la contribution économique importante de nos ressources biologiques au développement durable soit mieux reconnue, en révisant les méthodes de calcul des comptes nationaux et en la reflétant dans le rapport sur l'état de l'environnement.

Monsieur le président, je termine ici mon intervention et je vous remercie de votre attention particulière.

Le président: Merci, monsieur Filion. Nous allons passer tout de suite aux questions: cinq minutes chacun.

Monsieur Sauvageau, s'il vous plait.

[Traduction]

M. Sauvageau: Je dois dire, monsieur Filion, que quelques statistiques me surprennent. Peut-être pourriez-vous éclairer un peu ma lanterne. Je vois, dans votre rapport, que vous travaillez pour Environnement Canada. Les statistiques figurant dans ce rapport viennent-elles du Canada Atlantique ou de Statistique Canada?

M. Filion: Elles ont été obtenues grâce à un sondage spécial qui a été conçu par Environnement Canada de concert avec le Québec et les autres provinces. Nous avons demandé ensuite à Statistique Canada d'obtenir des réponses aux questionnaires que nous avions mis au point. Il s'agit d'une collaboration.

M. Sauvageau: Si je résume bien un paragraphe, les Canadiens consacrent une bonne partie de leurs loisirs à des activités liées à la faune, 34 p. 100, en fait, dit-on à la dernière phrase. Qu'entendez-vous par «activités liées à la faune»? Est-ce que faire de la bicyclette en forêt constitue une telle activité? Comment voyez-vous cela? Comment définissez-vous cela?

M. Filion: C'est une bonne question. Nous avons toute une série de graphiques et de tableaux qui expliquent en détail ces diverses activités. Tout dépend du but de l'activité. Une randonnée à bicyclette en forêt en fait partie, mais pas si elle a pour simple but de faire de l'exercice. Tout dépend du but de la promenade.

Les pourcentages comprennent toute une gamme d'activités.

Il y a les activités d'observation auxquelles les gens s'adonnent lorsqu'ils se rendent en forêt étudier la faune et auxquelles ils consacrent plusieurs milliards de dollars. Cela comprend aussi la chasse et la pêche.

.1655

M. Sauvageau: C'est un peu plus clair.

Si je ne m'abuse, vous dites plus loin dans votre rapport que les Canadiens sont tout disposés à payer davantage d'impôts pour protéger l'environnement. Cela représenterait des revenus additionnels de un milliard de dollars, ou à peu près. Ne croyez-vous pas qu'une telle hausse d'impôt entraînerait davantage de problèmes, tel un accroissement de l'analphabétisme et de la pauvreté? Je veux bien qu'on dépense un milliard de dollars de plus pour que j'aie des oiseaux dans ma cour, mais je crois qu'il faut tenir compte ici d'un certain ordre de priorités. Je suis persuadé que les gens qui nous écoutent se demandent si des priorités ont déjà été établies. La question peut paraître simpliste, mais les Canadiens sont très préoccupés par des problèmes comme celui de la pauvreté.

M. Filion: Je le répète, ce document est très clair là-dessus. Nous avons posé des questions très précises aux gens. Nous ne leur avons pas demandé s'ils étaient prêts à payer davantage d'impôts. Nous avons été très précis et nous leur avons demandé s'ils étaient disposés à consacrer 1 p. 100 de plus à des activités récréatives, par exemple, à des produits liés à des activités récréatives. Nous leur avons demandé, entre autres, s'ils étaient prêts à payer les mangeoires d'oiseaux ou d'autres produits de ce genre 1 p. 100 plus cher.

C'est là que nous voyons que nous bénéficions d'un appui très important de la part des Canadiens.

Le président: Je m'excuse.

La parole est à Madame Kraft Sloan.

Mme Kraft Sloan (York - Simcoe): On a parlé, dans le cadre d'un exposé, du problème que posent la chevrotine et les plombs à pêche. L'automne dernier, un de mes électeurs est venu à mon bureau me dire qu'il s'inquiétait beaucoup de la santé des cygnes trompettes du marais Wye. D'après lui, il y en a aussi qui se reproduisent sur les bords du lac Ontario. Ces oiseaux couvrent un vaste territoire.

Je crois savoir qu'il y a, en Ontario, des zones où l'on ne peut pas employer de chevrotine ni de plombs à pêche toxiques. Je crois savoir aussi que le gouvernement provincial envisage d'étendre cette interdiction à toute la province.

Pourriez-vous me dire, à votre avis et selon l'information dont vous disposez, comment Environnement Canada va pouvoir interdire l'usage de la chevrotine et des plombs à pêche de telle sorte que ceux-ci ne posent plus de problèmes d'empoisonnement de la faune?

M. Wendt: Cette question comporte, à mon sens, deux volets.

Le premier concerne le problème de l'empoisonnement de la sauvagine par la chevrotine utilisée pour la chasse, problème que l'on peut régler pour la plus grande partie au moyen du Règlement sur les oiseaux migrateurs, qui est un règlement fédéral. Jusqu'ici, la stratégie du ministère a été de collaborer avec les gouvernements provinciaux, qui sont le plus près des chasseurs et qui appliquent la plupart des règlements concernant la faune. Le ministère a mis au point, de concert avec les provinces, une stratégie visant à mettre fin à l'empoisonnement de la sauvagine par la chevrotine des chasseurs.

Nous reconnaissons que d'autres problèmes méritent aussi notre attention, y compris l'utilisation, par les pêcheurs, de plombs qui semblent avoir empoisonné des aigles à tête blanche et un certain nombre de huards. C'est là une autre préoccupation qu'il nous faut examiner. Il y a aussi le risque d'empoisonnement indirect des charognards. Si un animal est seulement blessé par le plomb d'un chasseur, le plomb risque de rester dans la chair de l'animal et d'être avalé plus tard par un aigle, un vautour ou tout autre charognard et de les intoxiquer.

Nous continuons d'évaluer si notre présente stratégie suffira à écarter complètement ces risques d'empoisonnement indirect. Nous devrions disposer sous peu d'un rapport à ce sujet. Lorsque nous l'aurons reçu, nous discuterons encore une fois avec nos homologues provinciaux d'une stratégie pour examiner l'ensemble de la situation.

.1700

Mme Kraft Sloan: Ce qui me préoccupe, c'est qu'il y a quelques zones de tir aux plombs non toxiques en Ontario, mais, étant donné leur capacité de voler, ces oiseaux couvrent un très vaste territoire. Il ne suffit pas de prévoir quelques zones d'accès restreint. Nous avons quelques solutions à proposer: on pourrait utiliser d'autres sortes de plombs qui ne soient pas toxiques pour ces oiseaux. À chaque nouvelle saison de chasse, le problème s'aggrave.

Dans le cas du cygne trompette, par exemple, on parle de l'extinction d'une espèce. Il est inutile de passer beaucoup de temps à discuter et à négocier, alors qu'il serait facile de corriger le problème. J'ai du mal à comprendre pourquoi on ne peut pas agir rapidement. Je voudrais qu'on m'éclaire sur le délai plutôt que de me faire dire que des «négociations» sont en cours.

Le président: Veuillez répondre brièvement, je vous prie.

M. Wendt: Je serai bref, car ce sujet sera discuté à nouveau demain.

Le délai dont nous sommes au courant pour la région que vous avez mentionnée, le marais Wye, a trait au règlement de cette année, si je ne me trompe. Le délai pour la majeure partie des activités de chasse en Ontario est l'an 2000, mais il pourrait changer, car nous en discutons toujours avec les organismes provinciaux chargés de la faune. Le délai pourrait donc être abrégé.

M. DeVillers (Simcoe-Nord): Pour ma première intervention, je voudrais que M. Wendt m'explique quelque chose. À la dernière page de votre mémoire, sous la rubrique «Mammifères», on trouve une phrase que je voudrais qu'on explique. On dit:

Je ne comprends pas très bien.

M. Wendt: Je m'excuse; ce n'était pas très clair.

Ce que je voulais dire, c'est que lorsqu'on pense aux mammifères en général, on songe surtout aux grands mammifères à poil, aux mammifères à fourrure, et à ceux que nous connaissons le plus parce que nous les voyons plus souvent, comme les marmottes. Il y a d'autres espèces de mammifères que les gens ne connaissent pas aussi bien, comme la musaraigne et le rat-kangourou. Je voudrais qu'on applique également aux mammifères la notion dont on a parlé ce matin, à savoir que la biodiversité ne concerne pas que les animaux les plus connus. Je pourrais ajouter à cela les chauves-souris.

M. DeVillers: Ma deuxième question s'adresse à M. Smith. À la page 3 de votre document, votre deuxième question est la suivante:

Vous ajoutez:

Notre comité a procédé à un examen de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, et l'on se demande réellement si ce sont aux mesures rigoureuses ou au respect volontaire de la loi qu'il faut attribuer cela. Je serais curieux de savoir sur quoi vous vous fondez pour conclure que cette amélioration est attribuable à des règlements gouvernementaux rigoureux. Pourriez-vous nous dire sur quoi repose cette affirmation?

M. Smith: En toute honnêteté, elle ne repose sur rien de bien solide. Vous soulevez un argument très valable lorsque vous dites que le respect volontaire de la loi est également un facteur très important. Je n'ai aucune donnée scientifique à vous présenter sur l'importance relative de ces deux facteurs. La réglementaion a certes augmenté. C'est un facteur; il reste à voir si c'est le principal facteur.

M. O'Brien (London - Middlesex): Ma première question porte sur l'attitude des gens. Je me souviens d'un passage d'une chanson qui dit ceci: «Je préférerais être une forêt plutôt qu'une rue». À mon avis, cela témoigne d'une certaine attitude.

J'aimerais savoir ce que M. Filion pense de l'attitude des Canadiens à l'égard de l'environnement. Je me demande si l'environnement leur tient vraiment à coeur.

Je voudrais donner un exemple que je connais personnellement, ayant déjà été conseiller municipal. Il s'agit des programmes de recyclage dans les villes canadiennes. Il a été démontré que, si les gens peuvent déposer leurs objets à recycler tout près du trottoir, ils se plieront assez bien à cela, mais s'ils doivent faire un peu plus d'efforts et aller les porter à un point de ramassage, le taux de succès des programmes chute considérablement.

.1705

J'ai donc une question à deux volets à poser: à votre avis, les Canadiens prennent-ils l'environnement vraiment à coeur, et comment pouvons-nous améliorer leur engagement à le protéger?

M. Filion: Je ne suis pas certain de pouvoir répondre à toute la question, mais je peux vous donner une partie de la réponse.

Pour ce qui est de l'attitude des gens, tout ce que je peux vous dire, c'est que lorsque nous avons posé la question en 1981, en 1987 et en 1991, nous avons remarqué à peu près les mêmes tendances dans l'importance que les gens accordaient à une faune abondante, à des programmes de protection des espèces menacées d'extinction, etc. Nous voyons donc qu'il y a une constante.

En 1991, nous avons fait suivre cette question par une autre au sujet de leur volonté de payer, autrement dit, de joindre le geste à la parole. Leur appui a alors un peu baissé. Bien que l'appui envers une faune abondante se situait à 86 p. 100, seulement environ 61 p. 100 des gens étaient disposés à payer. Nous constatons donc que, lorsqu'il s'agit de payer, le nombre de partisans risque de diminuer. Il n'en demeure pas moins que bien plus de la moitié de la population appuie tout de même ces programmes; c'est du moins ce qu'elle dit dans les sondages.

M. O'Brien: J'aime bien quand vous dites «c'est du moins ce qu'elle dit», ce qui m'amène à ma question suivante. Avez-vous un moyen de mesurer cela par rapport à ce que les gens font réellement? Il s'agissait là du début de ma question, à savoir ce que font réellement les gens et ce que sont leurs habitudes. Qu'est-ce qui prouve qu'ils sont vraiment prêts à payer plus? Avez-vous des éléments de preuve là-dessus?

M. Filion: Je n'ai pour l'instant aucune donnée qui puisse le prouver, mais je peux vous signaler certains autres résultats du sondage, par exemple, que des gens vont observer la faune et consacrent beaucoup d'argent à cette activité. Les dépenses et le temps qu'ils y consacrent indiquent qu'ils prennent la chose au sérieux.

M. Smith: Je pourrais peut-être ajouter une brève observation à la réponse de Fern. Statistique Canada mène aussi à l'occasion un sondage sur les ménages et l'environnement, et demande aux ménages s'ils achètent des produits comme des thermostats programmables, s'ils font recycler leurs déchets, etc. En examinant les réponses, on peut se faire une idée des dépenses qu'ils engagent réellement à ce chapitre. Mais cela ne répond pas entièrement à votre question.

M. Forseth (New Westminster - Burnaby): Monsieur Filion, aux pages 53 et 54 de votre rapport, vous parlez de la volonté des Canadiens de payer pour protéger la faune contre la pollution. Cela rejoint peut-être leur volonté de payer pour préserver les habitats fauniques. Vos données vous indiquent-elles que les Canadiens sont réellement conscients du problème, qu'ils désirent faire la chose honorable, que ce désir est tempéré par leurs moyens financiers, ce qui nuit à leur capacité de payer pour ces choses souhaitables pour l'environnement?

Je jette un coup d'oeil sur vos échelles par province et je constate qu'elles correspondent presque directement à la situation économique des provinces. Par conséquent, en plus de la sensibilisation, ce que le gouvernement fédéral devra peut-être faire à court terme, c'est de se pencher sur l'économie pour que les gens ne croulent pas sous des d'impôts excessifs. Si les Canadiens vivent dans une conjoncture économique favorable, ils feront volontiers la chose honorable et dépenseront de l'argent pour préserver l'environnement, comme l'indiquent vos études. C'est ce qui semble ressortir de vos données.

Pourriez-vous commenter cela?

M. Filion: Il existe effectivement des différences importantes entre les provinces. Si on examine dans le document quelques-unes des comparaisons entre les provinces, on constatera que les activités de prélèvement des ressources, comme la chasse, sont beaucoup plus populaires dans l'Est que dans l'Ouest. Bien sûr, l'inverse est vrai pour les activités sans exploitation abusive ou sans prélèvement des ressources, qui sont beaucoup plus populaires dans l'Ouest que dans l'Est. Quant aux attitudes des gens, on constate que ceux qui habitent plus près de la côte du Pacifique sont davantage favorables à la protection de l'environnement. J'ignore si cela a un rapport avec leur situation économique.

.1710

Je pensais au début que ce phénomène était attribuable au fait que les gens de certaines provinces sont beaucoup plus près de la nature. Par exemple, je peux comprendre que les Terre-Neuviens et les habitants de certaines régions de l'Atlantique soient beaucoup plus tributaires de la chasse que les gens d'autres régions du Canada.

M. Forseth: Si une personne est plus près de la nature, elle doit sûrement être consciente des moyens de la préserver et de la protéger. Pourtant, à en juger par vos données, Terre-Neuve se trouve presque au bas de l'échelle parmi les provinces qui sont prêtes à payer pour le faire. Lorsque je regarde notamment la répartition des provinces, il me semble que la volonté de payer soit directement liée à la capacité de le faire.

Je vais parler de ces notions générales et tenter de les ramener à quelque chose de plus concret. Prenons les arbres, par exemple. Quel équilibre peut-on établir entre les arbres qui sont abattus et ceux qui restent debout? Autrement dit, que pouvons-nous faire pour conserver l'économie forestière intacte tout en gardant les écologistes heureux? Il faut trouver un compromis qui soit acceptable à tous les intéressés. Vous pourriez peut-être nous parler des façons d'y arriver.

M. Filion: Je crois qu'un représentant du secteur du tourisme serait mieux placé que moi pour répondre à cela. Je peux cependant vous dire qu'on peut tirer de l'argent des forêts en abattant les arbres. On peut également en tirer en y attirant les écotouristes, et je crois que certaines provinces travaillent à des programmes de ce genre.

M. Finlay (Oxford): Je m'excuse auprès des témoins de n'avoir pas été présent pour entendre leurs exposés. Je leur sais gré des documents qu'ils nous ont remis.

D'après mes propres observations, il semble que la situation, la variété et la quantité des espèces fauniques au Canada ont changé au cours des années. Ma première question - je m'excuse si on y a déjà répondu - est celle-ci: quels changements importants se sont produits dans la faune du Canada au cours du siècle actuel? À votre avis, la situation s'est-elle améliorée ou détériorée? Est-elle meilleure aujourd'hui qu'il y a un siècle?

La réponse à laquelle on s'attend est peut-être différente de celle que vous pourriez me donner. En ce qui concerne les oiseaux et les amphibiens, je dirais qu'elle ne s'est pas améliorée.

Par exemple, dans ma circonscription, il y a probablement plus de chevreuils que jamais auparavant, et il en va probablement de même pour les castors.

M. Wendt: Pour répondre brièvement à votre question, les choses ont beaucoup changé au cours de cette période, et surtout dans les agglomérations. J'ai mentionné dans mon exposé que la plupart des problèmes que nous constatons dans les zones de pêche en eau douce tiennent au fait qu'elles sont situées à proximité des habitats humains. Je ne devrais pas parler d'habitats humains, mais vous savez que j'entends par là les endroits où vient les humains. La même chose vaut pour la plupart des autres points que j'ai soulevés.

Alors, si nous nous en tenons à la faune, les choses se sont nettement détériorées au cours de la période que vous avez mentionnée. Le territoire de nombreuses espèces est plus restreint. Cela vaut pour les reptiles et les amphibiens. La plupart des espèces qui figurent sur la liste des espèces vulnérables et menacées d'extinction avaient probablement un plus vaste territoire à l'époque que vous avez mentionnée.

Il est vrai que, dans les agglomérations, les humains ont apporté certains changements qui ont profité à certaines espèces. Ce que vous avez dit au sujet des chevreuils est vrai, mais qu'une espèce devienne abondante, alors que certaines autres se raréfient, il n'en demeure pas moins que cela signifie en fin de compte une perte de biodiversité.

M. Finlay: Si on regarde les activités humaines en général, comme les déplacements, l'urbanisation, les industries primaires ou la pollution - vous avez déjà répondu en partie à la question - lesquelles d'entre elles ont le plus de conséquences sur la faune?

M. Wendt: Il est toujours difficile de parler du présent, et plus facile d'analyser les choses avec un peu de recul. Si on examine la pollution causée par des pesticides comme le DDT, sur lequel nous avons appris certaines choses, nous constatons qu'il a eu sur la faune des conséquences bien plus graves qu'on pouvait le penser, car on s'est rendu compte que le DDT et des produits chimiques analogues étaient très toxiques, à la longue, pour de nombreuses espèces d'oiseaux. Alors, je tiens seulement à souligner qu'il est important d'examiner le genre d'activités auxquelles se livrent les gens. Ce qui fait une grande différence, ce n'est pas seulement l'habitat des gens ou leurs activités, mais également la nature de ces activités.

.1715

Ainsi, l'élimination de certains des produits que j'ai mentionnés et un grand nettoyage des Grands Lacs ont été très bénéfiques, ces dernièrs années, pour de nombreuses espèces de la faune.

Le président: Je poserai trois questions, puis nous aurons le temps d'entendre brièvement les députés, du moins certains d'entre eux, au cours d'un deuxième tour.

Monsieur Smith, à la page 2 de votre document, vous dites:

On pourrait dire que, chez les collectivités autochtones, par exemple, le pourcentage pourrait alors atteindre 99 p. 100. Je ne sais pas. Statistique Canada a-t-il mené des sondages et des études sur le degré de dépendance des autochtones envers des produits de la faune comme le poisson et les fourrures?

M. Smith: Pas que je sache, monsieur le président, mais je dois avouer ne pas être très au fait des statistiques concernant les autochtones.

J'insisterais plutôt sur le mot «directement».

Là où il est le plus facile de compiler des statistiques, c'est pour les produits dont les prix sont déterminés par le marché. Bien sûr, il y a une foule de produits qui sont d'importance vitale pour les humains - par exemple, l'air que nous respirons - mais dont le prix n'est pas fixé par le marché. Nous ne pouvons donc pas les considérer comme des activités économiques.

Les tâches que nous tous, ici à cette table, accomplissons à la maison constituent un autre exemple d'une importante activité de production à laquelle nos statistiques sur le PIB n'attribuent pas de valeur concrète.

Pour ce qui est de l'exploitation de la faune par les collectivités autochtones, j'ai l'impression que cette activité est extrêmement importante pour elles, comme vous le dites. Cependant, pour répondre à votre question, je ne suis au courant d'aucune étude précise là-dessus.

Le président: Il serait peut-être souhaitable d'en effectuer une pour présenter un tableau précis tenant compte des variations régionales et locales, plutôt que de présenter une moyenne nationale.

Monsieur Wendt, dans l'excellent aperçu que vous nous avez présenté, je cherchais désespérément une ou deux phrases qui nous aideraient un peu à déterminer si la construction de tours d'habitation dans les villes a des conséquences sur le mouvement des oiseaux migrateurs. Mais je n'ai pas pu les trouver. Y a-t-il une raison pour laquelle vous n'avez pas mentionné ce facteur? Est-il négligeable à ce point?

M. Wendt: C'est que je ne savais pas quoi dire au juste à ce sujet. Il est vrai que, non seulement les tours d'habitation et les immeubles dotés d'une grande quantité de fenêtres, mais aussi certaines autres structures, comme les antennes et les haubans, peuvent tuer un certain nombre d'oiseaux. Personnellement, je ne sais pas comment cela affecte l'ensemble de la population des oiseaux. Cependant, je sais qu'il a été démontré que certaines techniques, dont l'utilisation de feux à éclats sur certains édifices à grande hauteur sont très efficaces pour réduire ces pertes au minimum.

Le président: Ne pensez-vous pas qu'il serait utile que le Service canadien de la faune mène une étude là-dessus, à l'intention du public, et qu'il nous conseille sur les méthodes futures de construction des immeubles.

M. Wendt: Je ne suis pas très au courant de la question, mais je pense que cela s'est fait dans une certaine mesure. Le phénomène existe non seulement au Canada, mais également ailleurs. On sait que l'utilisation, entre autres, de feux à éclats peut réduire les pertes d'oiseaux.

Le président: Pourriez-vous renseigner le comité à ce sujet demain ou jeudi?

M. Wendt: Certainement.

Le président: Monsieur Filion, vous avez cité Repetto au sujet de la non-valorisation du capital réel. Je crois savoir que votre ministère compte un certain nombre d'économistes. Comment vous aident-ils à faire avancer cette notion d'une manière convaincante?

M. Filion: Une des premières démarches à faire, c'est de comprendre la façon dont les biens naturels sont utilisés en dehors du marché. Comme M. Smith l'a mentionné, à Statistique Canada, on peut examiner les chiffres sur les dépenses réelles. Cependant, dans bien des cas, ce n'est pas sur le marché que les gens tirent profit des biens naturels. Cet aspect n'est pas bien documenté, de sorte que nous devons trouver des moyens de déterminer la valeur des ces biens et services.

.1720

Le président: Oui, et c'est ce que nous entendons dire depuis 15 ans.

Que fait votre ministère ou que fait Statistique Canada pour réviser la comptabilité nationale?

M. Fillion: À Environnement Canada, nous commençons à avoir une idée de ces chiffres. Vous trouverez un exemple de ce que nous avons fait dans les rapports sur l'importance de la faune.

De plus, au cours des dix derniers mois, nous avons créé au ministère de l'Environnement un groupe de travail sur l'évaluation environnementale. C'est actuellement moi qui préside ce groupe. C'est donc dire que dans les prochaines années, nous espérons être plus en mesure de chiffrer la valeur des produits et des services environnementaux. Nous communiquerons ces résultats à Statistique Canada et nous collaborerons avec eux pour voir s'il y a moyen de les inclure dans ce qui sera un nouveau compte satellite.

Environnement Canada est ouvert à l'idée et Statistique Canada peut-être aussi.

M. Smith: Depuis trois ans à peu près, Statistique Canada essaie d'intégrer les comptes environnementaux aux comptes nationaux. Un certain nombre de publications font état des travaux réalisés jusqu'à présent.

Le gros du travail, c'est l'élargissement du bilan national. Sous sa forme classique, celui-ci ne comprend que les éléments d'actifs dont on a calculé la valeur commerciale, comme l'immobilier domiciliaire, les grands ouvrages comme les ponts, les autoroutes, etc. Nous essayons d'y incorporer la valeur des forêts, des minéraux, des stocks de poissons et de faune, mais il est très difficile d'attribuer une valeur à ces richesses, comme vous vous en doutez.

Dans un premier temps, nous essayons d'en calculer l'ampleur, c'est-à-dire le nombre de mètres cubes de bois ou de pétrole dans le sous-sol. Puis, nous essayons de leur attribuer une valeur. Nous employons la méthode du loyer net. Je n'essaierai pas de vous expliquer en détail de quoi il s'agit.

Nous avons fait beaucoup de progrès pour élargir la notion du bilan national de manière à y inclure les richesses naturelles.

Le président: Peut-être pourriez-vous, monsieur Smith, communiquer aux membres du comité de l'information supplémentaire par écrit prochainement.

M. Smith: Volontiers.

[Français]

M. Sauvageau: Tout d'abord, je vais poser ma question à M. Filion. J'ai cherché dans votre document l'endroit où la population canadienne acceptait. Je ne l'ai pas trouvé, mais j'ai trouvé d'autres choses sur lesquelles je vais vous questionner. Vous avez dit qu'on devait développer un peu plus le tourisme faunique pour amener ici les Américains ou les gens d'ailleurs. Il faut aussi prendre en considération le développement touristique et la construction qui y est afférente. Je pense, par exemple, au parc de Banff où on veut attirer le touriste, mais, ce faisant, on détruit la faune et un peu le site. Il faut aussi prendre ça en considération.

J'avais plusieurs questions à vous poser, mais j'en poserai juste une. On a vu une diapositive sur le nombre d'Américains qui venaient ici comparativement au nombre de Canadiens qui allaient là-bas. Il y a effectivement trois fois plus d'Américains qui sont venus ici, mais si on fait ce calcul en pourcentages, la flèche devrait aller à l'inverse. Il y a 1,8 million d'Américains qui sont venus ici comparativement à 500 000 Canadiens qui sont allés là-bas, mais étant donné qu'ils sont dix fois plus nombreux, est-ce que le tableau ne devrait pas être en pourcentages plutôt qu'en nombres réels? Et à ce moment-là, est-ce qu'on n'aurait pas une réalité plus véridique dans ce tableau-là?

C'est une prémisse pour d'autres questions, mais j'écoute mon président.

Le président: Une réponse brève, s'il vous plaît.

M. Filion: Je crois que nous parlons de la base du tableau. Il y a différentes façons de choisir la base. Nous choisissons la base à partir du Canada. De fait, nous sommes dix fois moins nombreux, mais il reste que le taux de visiteurs au Canada est beaucoup plus élevé que le nombre de Canadiens qui vont à l'étranger. Finalement, ce qui compte, c'est l'impact chez nous. Donc, ce tableau a été préparé à partir du tableau précédent qui parlait du déficit.

.1725

Je vous montrais un exemple relié à la faune: l'écotourisme faunique va à l'encontre du tableau touristique général pour le pays. C'est un peu une façon d'atténuer la fuite de capitaux.

M. Sauvageau: Je n'ai pas d'autre question, mais est-ce que vous ne vouliez pas, par le même tableau, intervenir sur Banff aussi, comme exemple? Non? Parfait.

[Traduction]

Mme Kraft Sloan: L'idée de l'écocomptabilité m'intéresse beaucoup, comme c'est le cas pour les autres membres du comité.

Pour revenir sur ce qu'a dit le président, j'essaie de voir en quoi vous avez collaboré avec le ministère des Finances. C'est lui qui est responsable de préparer le budget. Si vous concevez autrement la comptabilité nationale, comment allez-vous traiter avec le ministère des Finances?

Deuxièmement, il était question d'un commissaire au développement durable. Je me demandais si cela pourrait vous aider à intégrer l'écocomptabilité dans la comptabilité nationale.

M. Smith: Oui, nous sommes en rapport constant avec le ministère des Finances. Même s'il ne s'y intéresse pas beaucoup pour le moment, nous le tenons informé de ce que nous faisons.

Je rappelle qu'il n'est pas dans notre intention de modifier les comptes actuels, qui se sont avérés très utiles pour le pays et aussi pour d'autres. Il s'agit plutôt de concevoir un compte satellite qui s'intégrerait au compte actuel sans porter préjudice au système que nous avons, qui est très utile. Il est difficile de dire où tout cela aboutira.

Comme Fern l'a dit, une dizaine de pays travaillent actuellement à l'écocomptabilité et je pense que cela présente beaucoup d'espoir pour l'avenir.

Mme Kraft Sloan: J'étais à la Conférence sur l'environnement des ministres du G-7 l'année dernière, en compagnie du ministre, et l'écocomptabilité a figuré au Sommet de l'ordre du jour des ministre. Il est évident qu'on ne fera pas grand progrès dans ce domaine tant qu'on ne pourra pas comptabiliser ces choses-là. Nous allons continuer à avoir des problèmes avec notre déficit tant qu'on ne pourra pas comptabiliser ces choses.

Je me demandais si le commissaire au développement durable pourrait vous aider...

Le président: [Inaudible] ...dans l'avenir.

M. O'Brien: Monsieur Smith, toute la journée on a beaucoup parlé d'occupation des sols pour des raisons évidentes, je crois. À la page 4 de votre mémoire, à la fin, vous dites qu'il faudra des séries chronologiques exactes et détaillées sur la variation de l'occupation des sols. Que voulez-vous dire exactement par là?

M. Smith: Il y a une limite aux terres qui sont disponibles au Canada. Elles servent à différentes fins. L'humanité en occupe une partie de plus en plus grande et s'en sert pour mettre en valeur le pays. Certains usages sont moins nocifs que d'autres sur l'environnement.

Pour bien comprendre ce que nous faisons lorsque nous occupons le sol autrement, il nous faut des séries chronologiques sur toutes les utilisations du sol au pays. Nous esssayons actuellement de constituer une base de données qui nous dira quel pourcentage du territoire sert au logement, quel autre à l'exploitation minière, à l'agriculture, à quel type d'agriculture, etc., et enfin, quel pourcentage reste à l'état vierge.

Il serait bon de pouvoir regarder dans le temps ce qui a changé. C'est ce que j'essayais de dire.

M. O'Brien: Revoir un lotissement quelques années plus tard pour voir ce qui est arrivé à la faune environnante.

M. Smith: Précisément.

M. Forseth: Le comité effectue actuellement l'examen de la Loi canadienne de protection de l'environnement.

.1730

Avez-vous des recommandations précises à nous faire sur la façon dont la loi pourrait être améliorée vu ce que vous savez?

Le président: Les deux ministères ont comparu devant le comité déjà.

M. Forseth: Je le sais.

Le président: Il faut les prévenir si l'on veut qu'ils répondent à une question aussi vaste que la vôtre. Vous le comprendrez, j'espère.

[Français]

M. Sauvageau: Ma question s'adresse cette fois-ci à M. Wendt ou à M. Smith. Croyez-vous que les projets de loi C-23 et C-24, tels qu'on les a révisés dernièrement au Comité, sont suffisants ou auriez-vous des suggestions à nous faire pour les améliorer, advenant une révision rapide? Avec ces lois, vous sentez-vous à l'aise pour travailler? Avez-vous les outils adéquats pour le faire?

M. Smith: Franchement, je ne le sais pas. C'est ma réponse.

M. Sauvageau: Peut-être M. Wendt...

[Traduction]

M. Wendt: La Loi qui porte sur la conservation des oiseaux migrateurs est celle qui permet de mettre en oeuvre un traité. La question est donc de savoir comment le traité est mis en oeuvre. Actuellement, des négociations sont en cours pour améliorer le traité lui-même pour faciliter l'accès aux résidents du Nord, aux autochtones, au printemps.

Ces améliorations-là sont nécessaires. À part ces changements, je n'ai pas d'autre idée.

[Français]

M. Sauvageau: Merci. Pour la sauvagine, c'est le même principe. Jusqu'à maintenant, tout va bien, mais y aurait-il des améliorations à apporter au plan de la protection de la sauvagine Canada - États-Unis?

[Traduction]

M. Wendt: Ce plan a déjà bénéficié d'améliorations considérables...

[Français]

M. Sauvageau: Le plan de protection de la sauvagine entre le Canada et les États-Unis est-il adéquat dans le moment?

[Traduction]

M. Wendt: La grande amélioration pour le plan, c'est que le gouvernement du Mexique y a souscrit. C'est important parce que c'est au Mexique que se trouvent les zones d'hivernage d'un grand nombre d'espèces. Ce changement a été apporté dans l'année qui vient de s'écouler. Nous anticipons beaucoup de progrès avec le Mexique dans ce domaine.

Le président: Vous nous avez donné amplement matière à réflexion. C'était très bien.

Je tiens à vous remercier, monsieur Filion, monsieur Wendt et monsieur Smith.

La séance est levée jusqu'à 15h30 demain, auquel moment il sera question de l'habitat des espèces en voie de disparition.

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