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TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 17 avril 1997

.0906

[Traduction]

La présidente (Mme Mary Clancy (Halifax, Lib.)): La séance est ouverte. Nous espérons que Jack Frazer, notre collègue du Parti réformiste, se joindra sous peu à nous.

[Français]

M. Jean H. Leroux (Shefford, BQ): Madame la présidente, nous remettra-t-on des documents ce matin?

[Traduction]

La présidente: Ils sont en route, monsieur Leroux.

[Français]

M. Jean H. Leroux: J'aimerais dire que je n'ai jamais vu autant d'improvisation. On nous convoque à des comités et on n'a pas de documents. On est ici et on pourrait être ailleurs. Je n'en reviens pas. Je ne comprends pas comment il se fait que ce soit si mal organisé. J'espère qu'on va s'organiser et que, s'il y a d'autres réunions, on aura les documents un peu à l'avance pour qu'on puisse se préparer à bien accueillir nos invités. Je trouve cela inacceptable.

[Traduction]

La présidente: Je vous remercie beaucoup, monsieur Leroux. C'est en conférence de presse que vous devriez tenir de tels propos.

Je souhaite la bienvenue au lieutenant-général DeQuetteville...

M. John Richardson (Perth - Wellington - Waterloo, Lib.): Madame la présidente, avant que vous ne donniez la parole à notre témoin, j'aimerais savoir où se trouvaient les membres canadiens-français de la brigade canadienne-française à laquelle nous avons récemment rendu visite. Leur absence constituait un affront aux soldats canadiens-français de notre armée.

La présidente: Je vous remercie également, monsieur Richardson, mais je crois que vous devriez...

[Français]

M. Jean H. Leroux: Madame la présidente, j'aimerais répondre...

[Traduction]

La présidente: À l'ordre! Je crois que vous devriez tous deux tenir une conférence de presse. J'assisterai certainement à la vôtre, monsieur Richardson.

Bienvenue, monsieur Frazer.

M. Jack Frazer (Saanich - Les Îles-du-Golfe, Réf.): Je m'excuse de mon retard, madame la présidente. C'est la troisième réunion à laquelle je participe ce matin. Je n'ai pas pu me libérer plus tôt.

La présidente: Les gens de votre parti se dépensent tellement que je crains pour leur survie.

À l'ordre! Je vous rappelle, messieurs, que vous ne vous trouvez pas dans une école pour mauvais garçons. Je vous remercie.

Je souhaite la bienvenue au lieutenant-général A.M. DeQuetteville, commandant de la force aérienne. Nous sommes ravis de vous accueillir. On me dit que vous êtes accompagné du colonel Bouchard.

Je vous souhaite également la bienvenue, colonel Bouchard. Le général m'a dit que c'est vous qui alliez répondre aux questions difficiles.

Je vous invite à faire une déclaration liminaire qui sera suivie de la période des questions.

Le lieutenant-général A.M. DeQuetteville (commandant de la force aérienne, ministère de la Défense nationale): Je vous remercie.

[Français]

Madame la présidente, honorables députés, j'ai le privilège et l'honneur de m'adresser à vous aujourd'hui sur des questions que je considère cruciales pour l'ensemble des Forces canadiennes et tout particulièrement pour la Force aérienne.

J'ai avec moi aujourd'hui mon sous-chef d'état-major du personnel, le colonel Charlie Bouchard. Je suis certain que le général Baril et l'amiral Garnett conviendront avec moi que les résultats de vos travaux auront une incidence directe sur le moral et le bien-être de chaque membre des Forces canadiennes et de leurs familles.

J'espère sincèrement que vous aurez l'occasion, à un moment donné, de rencontrer le plus grand nombre possible de nos membres dans le court laps de temps que vous vous êtes imparti. Nous leur avons expliqué en quoi consiste votre mandat. Ils attendent impatiemment votre visite et l'occasion de vous faire part de leurs préoccupations de vive voix, dans leur milieu de travail journalier, afin de vous donner une meilleure appréciation de leur situation.

[Traduction]

Je désire vous entretenir aujourd'hui de certains problèmes et défis auxquels est confrontée la force aérienne aujourd'hui et des mesures que nous prenons pour y faire face. Nous vous avons fourni des documents qui vous donneront un bon aperçu de la situation. Il y a évidemment des limites à ce que nous pouvons nous-mêmes faire. Voilà pourquoi nous attachons tant d'importance aux recommandations que vous présenterez au Parlement au cours de l'année.

Permettez-moi d'abord de replacer dans son contexte la situation à laquelle fait face la force aérienne. Au cours des six dernières années, les effectifs de la force aérienne ont presque diminué de moitié tandis que ses activités sont demeurées à peu près les mêmes. Comme les deux autres services, nous n'avons jamais été aussi occupés. En effet, la force aérienne, qui autrement était plutôt statique est devenue dynamique, en ce sens qu'elle doit être prête à tout moment et partout dans le monde à appuyer la politique du gouvernement en ce qui touche le NORAD, l'OTAN et les Nations Unies.

.0910

On trouve aujourd'hui des membres de la force aérienne canadienne partout dans le monde. J'attire votre attention sur les missions que la force aérienne a menées à bien depuis la fin de la guerre froide: la crise du Golfe, le Rwanda, la Somalie, la Russie, l'ex-Yougoslavie, Haïti, et plus récemment nos activités au Zaïre et au Guatemala. Ces missions illustrent le rôle important que nous jouons dans le monde. C'est d'ailleurs le fait que nos activités s'étendent dans le monde entier qui constitue pour nos effectifs à la fois une occasion à saisir et un défi à relever.

Depuis deux ans, les dirigeants de la force aérienne s'emploient par tous les moyens à composer avec ces changements profonds. En 1995, j'ai proposé un plan de vol qui représente maintenant un plan d'attaque comportant quatre phases permettant de composer avec la réduction des effectifs, la réduction des budgets et l'élargissement de notre mandat.

Nous avons d'abord établi un plan intitulé «Plan de vol 1997» visant à concrétiser notre nouvelle vision et à doter la force aérienne des moyens voulus pour s'adapter à la nouvelle politique de défense et aux contraintes budgétaires.

Nous nous sommes aussi penchés sur la culture de la force aérienne. Rien ne sert d'avoir une vision si on ne peut pas la communiquer aux gens. Les vieilles maximes ne conviennent pas toujours aux nouvelles situations. Nous sommes donc partis de nos valeurs fondamentales, qui sont la recherche de l'excellence, le professionnalisme et le travail d'équipe, pour constituer une boîte d'outils de communication et de gestion et nous en avons fait un cours de trois jours intitulé «Plan de vol 1997 - École de terre». Dix-huit mille membres de la force aérienne ont suivi cette formation au cours des derniers 18 mois, ce qui leur permet de mieux composer avec les réductions budgétaires massives ainsi que les changements survenus au sein de la force aérienne. Il s'est agi pour nous d'un investissement à long terme dans notre équipe, qu'elle se compose de membres réguliers, de réservistes ou de civils.

La troisième phase de notre plan de vol, également mise en oeuvre en 1995, prévoyait des investissements accrus dans les communications internes ainsi que les communications externes. Notre objectif était de nous assurer de mieux faire connaître la force aérienne. Nous poursuivons nos efforts en ce sens.

Après avoir trouvé comment nous allions réduire nos effectifs de 45 p. 100 avant la mi-1996, nous avons commencé à nous demander comment permettre au reste de notre effectif de demeurer efficace dans l'avenir. La quatrième phase de notre plan, qui s'intitule «Plan de vol pour la vie», porte donc sur les ressources humaines. Nous avons institué un processus consultatif pour que l'ensemble de notre effectif et leurs familles puissent nous faire part des questions sur lesquelles ils souhaitent que nous nous penchions. Nous vous avons remis séparément le résumé du rapport portant sur le «Plan de vol pour la vie».

[Français]

Par conséquent, le moment ne pouvait être mieux choisi pour la réalisation de vos travaux. Nous vous avons remis un sommaire du rapport «Plan de vol pour la vie». Je doute que les préoccupations ou les priorités qui y figurent vous surprendront.

Cependant, je dois vous faire remarquer que ces questions ne sont pas l'oeuvre du personnel supérieur d'état-major. Il s'agit de commentaires et de questions des membres eux-mêmes et de solutions qu'ils proposent. Il s'agit d'une certaine façon de la voix de nos gens. Si, pour une raison quelconque, vous n'avez pas l'occasion de rencontrer un grand nombre de membres des Forces aériennes, veuillez prendre connaissance de leurs observations et écouter leurs préoccupations.

Permettez-moi d'énumérer quelques-uns de ces défis.

[Traduction]

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que la question de la rémunération constitue l'une des plus grandes préoccupations de notre effectif. L'annonce faite récemment par le ministre a été bien accueillie par les membres de la force aérienne, mais j'espère que ce n'est que le début d'un processus qui aboutira au relèvement du revenu des militaires. Nous cherchons toujours des solutions aux problèmes que constitue un revenu familial disponible moins élevé que chez l'ensemble des Canadiens en raison de déménagements fréquents, de l'affectation dans diverses régions et du fait que les conjoints des membres de la force aérienne peuvent difficilement occuper un emploi.

.0915

Je crois que le SMA pour le personnel, le lieutenant-général Kinsman, vous a entretenus avec éloquence de ces questions.

Les membres de la force aérienne, comme leurs camarades des autres services, sont prêts à être affectés n'importe où et à tout moment, et ce, pour des périodes indéterminées. Le préavis qui leur est donné est souvent très court et les conditions qui leur sont faites sont le plus souvent très difficiles. C'est le fait qu'ils sont prêts à servir leur pays fièrement et avec professionnalisme sans égard à leur propre personne qui distingue les militaires des autres fonctionnaires. Par conséquent, la meilleure façon d'évaluer leur contribution n'est sans doute pas de la comparer à celle des autres fonctionnaires ou à celle d'employés du secteur privé.

Comme vous pouvez bien vous l'imaginer, les membres de la force aérienne et leurs familles connaissent des difficultés tout à fait particulières. On dit souvent dans l'armée que si on s'occupe des troupes, les troupes s'occuperont de vous, mais cela signifie qu'il faut aussi s'occuper des familles. Des militaires qui s'inquiètent de ne pas pouvoir payer leurs factures ou qui se demandent si on va s'occuper de leurs familles pendant leur absence ne peuvent pas être vraiment efficaces sur le terrain. Il faut donc les rémunérer suffisamment, les appuyer et bien les loger. Je ne m'étendrai pas inutilement sur ces questions dont on vous a déjà entretenus lors de la séance d'information.

Qu'il me suffise de dire que la nature même des affectations dans la force aérienne - déploiements avec peu de préavis pour des périodes indéterminées - rend ces questions internes encore plus importantes. À cela s'ajoute le fait que les membres de la force aérienne sont affectés dans une multitude d'endroits au pays - nous avons 13 escadres aériennes, dont plusieurs sont basées dans des endroits isolés ou semi-isolés - et vous comprendrez donc qu'il faut que nos membres puissent compter sur un environnement sûr et chaleureux. Voilà pourquoi nos programmes de soutien au personnel doivent être bien conçus et bien financés et offerts dans tout le pays et dans toutes les escadres. C'est sans doute le plus grand défi que nous devons relever.

Il nous faut aussi nous demander comment nous pouvons conserver nos pilotes. À l'été 1996, nous nous sommes rendu compte que les pilotes d'aéronefs à voilure fixe quittaient la force aérienne - et j'entends par là les pilotes d'aéronefs dont les ailes ne bougent pas, contrairement aux hélicoptères - à un taux alarmant. Cet été, la force comptera 10 p. 100 de moins de pilotes qu'elle ne devrait, et le taux de départ chez les pilotes a maintenant atteint un niveau insoutenable. Jusqu'ici nous avons pu maintenir nos opérations de vol, mais nous l'avons fait surtout parce que la productivité de nos pilotes a augmenté et parce que nous avons annulé des cours professionnels. La productivité de nos pilotes est maintenant optimale. Comme il faut plus de six ans pour former un pilote et qu'un pilote d'expérience coûte environ deux millions de dollars, nous devons clairement trouver des moyens de conserver nos pilotes au lieu d'en former continuellement de nouveaux. Si le taux de départ chez les pilotes se maintient à son niveau actuel, cela compromettra nos opérations aériennes.

Les pilotes partagent bon nombre des mêmes préoccupations que les autres hommes et femmes des Forces canadiennes. Ce qui distingue les pilotes, c'est que contrairement à la plupart de leurs compatriotes, s'ils décident de quitter la vie militaire, ils ont une possibilité de carrière évidente et attrayante dans le domaine de l'aviation civile. Quand les lignes aériennes embauchent, nous perdons toujours des pilotes. Il n'y a rien de nouveau à cela. Notre situation est cependant beaucoup plus précaire qu'auparavant à cause des problèmes de moral qu'il y a au sein des Forces canadiennes depuis quelques années, et, ce qui n'arrange rien, l'écart de rémunération est tel qu'il est presque impossible de refuser une offre d'emploi d'une ligne aérienne.

Les experts de l'aviation prédisent une expansion constante des lignes aériennes, ce qui veut dire qu'environ 800 pilotes seront embauchés par les grands transporteurs canadiens au cours des cinq prochaines années. Si nous ne prenons pas rapidement des mesures importantes de notre côté, j'ai bien peur que nous ne manquions sérieusement de pilotes dans l'avenir. Je ferai à cet égard un exposé spécial sur la question au Conseil des forces armées en mai. Je communiquerai volontiers cet exposé et ce qui en découlera à votre comité, madame la présidente.

La présidente: Nous vous en serions très reconnaissants, général. Merci.

.0920

Lgén DeQuetteville: À certains égards, les membres de la force aérienne sont dans la même situation que tous les autres travailleurs du monde occidental. La société a créé des conditions qui permettent à un travailleur de changer de carrière plusieurs fois pendant sa vie. Cela nous pose de nouveaux défis, puisque nous devons trouver de meilleurs moyens d'attirer du personnel compétent de l'industrie et de préparer les membres de notre service à reprendre la vie civile quand ils décident de le faire.

Les membres de la force aérienne sont d'habitude hautement compétents sur le plan technique. Nous devons aussi nous hâter d'exploiter les compétences de ceux qui ont une expérience comme civils, et qui nous arrivent comme membres soit de la force régulière, soit de la force de réserve. L'une des choses les plus utiles, serait d'accorder et de reconnaître l'accréditation civile, que l'on pourrait appliquer aussi facilement dans le secteur privé qu'au moment du recrutement. Nous sommes en train d'élaborer un plan qui nous permettra de reconnaître de façon interchangeable l'accréditation civile et militaire. Cependant, il faudra peut-être pour cela élaborer des normes nationales qui pourront s'appliquer, peu importe la province et l'expansion d'octroi des permis. Si nous pouvons créer un climat susceptible de favoriser des liens plus étroits avec l'industrie et les établissements d'enseignement, nous aurons fait beaucoup pour répondre à ce besoin.

[Français]

Voilà les nombreuses préoccupations soulevées par notre équipe de la Force aérienne. Il y en a d'autres, dont l'instruction, la qualité du milieu de travail, le régime de pensions et avantages sociaux et la communication avec le public canadien. Je vous encourage à consulter la documentation pour obtenir de plus amples renseignements à ce sujet.

[Traduction]

Pour terminer, madame la présidente, je tiens à vous remercier encore une fois de m'avoir permis de vous adresser la parole aujourd'hui. Cela m'encourage de voir que cet important comité du Parlement discute de ces questions importantes et que nous reconnaissons maintenant, comme le faisait William Perry, l'ancien secrétaire de la Défense des États-Unis, qu'une bonne qualité de vie dans les forces armées veut dire des gens de qualité dans nos forces. J'espère seulement que cela ne sera pas une simple discussion abstraite.

Comme je l'ai dit dès le départ, quand vous parlerez à nos gens, vous constaterez tout de suite que les membres de la force aérienne tiennent à relever les défis de l'avenir et à montrer à tous les Canadiens que leur mission est importante. Le moral opérationnel est bon, mais le moral de l'ensemble des forces a été sérieusement ébranlé depuis quelques années. Nous pouvons résoudre bon nombre de problèmes à l'interne, ce que nous faisons déjà, mais nous avons besoin de votre appui et de votre attention pour nous attaquer à bien d'autres questions.

La présidente: Merci beaucoup, général.

[Français]

Monsieur Leroux.

M. Jean H. Leroux: Général DeQuetteville, cela me fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue à notre comité. Comme vous pouvez le voir, les documents sont arrivés alors qu'on avait déjà commencé. J'ai examiné votre document, et ce qu'on y stipule est très intéressant.

Vendredi de la semaine dernière, je parlais au téléphone avec le général Roméo Dallaire, qui me disait qu'il trouvait que nous, de l'Opposition officielle, semblions tourner le dos aux Forces canadiennes. Je voudrais vous assurer que ce n'est pas le cas. Comme vous le savez, on est peut-être à dix jours du déclenchement des élections et le Bloc québécois a décidé de ne pas participer à un exercice un peu médiatique visant à mousser la candidature du parti au pouvoir pendant la campagne électorale. Comme vous le savez, lorsqu'il y a déclenchement d'élections, les comités cessent d'exister.

Cela veut dire, mon général, que nous devrons recommencer tout ce travail après l'élection. Comme nous pensons être là après l'élection...

[Traduction]

La présidente: Excusez-moi. Je voudrais simplement signaler une chose. Je tiens à bien faire comprendre aux témoins avant qu'ils répondent à nos questions que notre comité a demandé quelque chose au leader à la Chambre. Cela a été expliqué à tous les membres du comité, surtout aux nouveaux députés, mais je tenais à vous le signaler, compte tenu des questions qui peuvent vous être posées. Il est déjà arrivé qu'un comité survive à des élections. À mon arrivée au Parlement en 1988, je me suis moi-même jointe à un comité qui existait déjà.

Les leaders des trois partis à la Chambre savent très bien qu'il y aura un ordre de la Chambre pour garantir que notre comité survivra aux élections et reviendra poursuivre ses travaux, quoi qu'il arrive. Même si le gouvernement devait changer, je pense que tout le monde tiendrait à ce que le comité poursuive son travail.

.0925

Je tenais à bien préciser que personne ne pense que notre comité disparaîtra après les élections. Cela n'arrivera pas.

Allez-y, monsieur Leroux.

[Français]

M. Jean H. Leroux: Madame la présidente, j'espère que vous n'avez pas pris une partie de mon temps.

[Traduction]

La présidente: Il vous reste encore du temps, monsieur Leroux.

[Français]

M. Jean H. Leroux: Comme vous le savez, une enquête sur la Somalie sera faite par les sénateurs cette semaine, et le comité va cesser d'exister. Il existe une tradition parlementaire qui fait qu'habituellement, même si on reprend les travaux par la suite... Je suis d'accord sur ce qu'elle a dit, mais le comité sera sûrement dissout. Les travaux vont reprendre. Je disais au général Dallaire que je voulais l'assurer que, dès le retour, le plus rapidement possible, nous collaborerions avec le parti au pouvoir s'il est réélu ou avec le Parti réformiste s'il forme le gouvernement.

Nous ne nous attendons pas à prendre le pouvoir. Nous avons seulement 75 circonscriptions à aller chercher. Cependant, nous nous engageons à collaborer avec ces gens. Comme vous le savez, mon général, le comité n'a à peu près pas siégé l'automne passé. On aurait très bien pu engager à ce moment-là le travail qu'on nous propose maintenant, à la veille d'une élection. La question que j'aimerais vous poser porte sur la qualité de la vie.

Vous avez parlé plus tôt de l'importance de la qualité de la vie, qui est reliée à l'importance d'avoir des gens de qualité dans les Forces. Que suggérez-vous dans votre document, que je n'ai malheureusement pas eu le temps d'examiner en profondeur? Je l'ai simplement feuilleté, mais j'ai vu qu'on y trouvait des choses intéressantes. Que peut-on faire, selon vous, pour améliorer la qualité de vie dans les Forces canadiennes?

Lgén DeQuetteville: Monsieur Leroux, permettez-moi de répondre en anglais.

M. Jean H. Leroux: Tout à fait.

[Traduction]

Lgén DeQuetteville: Je regrette que vous n'ayez pas reçu la documentation d'avance. Vous y verrez que nous avons créé le «Plan de vol pour la vie» il y a environ un an, à l'interne, pour essayer de résoudre tous les problèmes de qualité de vie. Dans le cadre de cette initiative, nous avons organisé diverses réunions où assistaient un certain nombre d'hommes et de femmes du commandement aérien, de tous les grades, y compris des sous-officiers subalternes, des sous-officiers supérieurs, des civils et certains de nos adjudants-chefs, pour nous aider à cerner les problèmes. Cela nous a permis d'identifier certaines questions sur lesquelles nous devons nous pencher en toute priorité.

Nous avons ensuite examiné ce que nous pouvions faire au commandement aérien dans les domaines qui relèvent de moi. Nous avons pu faire certains investissements au cours du dernier exercice financier pour permettre à nos 13 escadres de prendre les choses en main et d'appliquer quelques solutions à court terme.

Comme je l'ai déjà dit, il y a cependant une limite à ce que nous pouvons faire à la force aérienne. Vous verrez que ce qui est tout au haut de la liste de nos priorités, c'est la rémunération et les avantages sociaux. Ce sont des choses que...

L'élément qui venait au deuxième rang était les modalités de service. Il s'agit des contrats selon lesquels on embauche des gens. Je pense que le général Kinsman vous a déjà expliqué que nous embauchons des gens pour neuf ans et pour 20 ans et quel genre de contrats nous avons avec eux.

Ces deux choses étaient au haut de la liste de nos priorités il y a peut-être 18 mois.

De façon générale, nous avons déjà réglé la question des modalités de service au ministère même. Ce sont des choses que nous pouvons contrôler au ministère. Bien entendu, la rémunération et les avantages sociaux ne relèvent pas de nous. Selon moi, c'est l'élément le plus important pour lequel vous pourriez nous aider à reconnaître la valeur des membres des forces armées canadiennes.

Nous ne réclamons pas d'augmentation salariale importante. Nous voulons simplement nous assurer que les membres des forces armées canadiennes sont rémunérés selon leur valeur par rapport aux membres d'autres forces militaires et au reste de la société canadienne. Je pense que le général Kinsman et ses adjoints vous ont déjà bien expliqué ce point de vue.

.0930

Selon moi, si vous pouvez vous concentrer là-dessus, bon nombre d'autres problèmes se résoudront d'eux-mêmes. Le moral est meilleur qu'il ne l'était à cause de certaines des choses qu'un budget stable nous a permis de faire. Nous venons de terminer une deuxième année sans nouvelles compressions des effectifs. Il était essentiel d'assurer cette stabilité, et nous devons maintenant obtenir une indemnisation appropriée pour les membres de nos services. Nous avons assuré les modalités de leur service, mais, d'après moi, ce que vous pourriez faire de plus important pour nous aider, ce serait de vous pencher sur notre rémunération et nos avantages sociaux.

[Français]

M. Jean H. Leroux: Mais je pense que cela a été réglé. L'augmentation de salaire est prévue; il me semble avoir vu que le ministre vous accordait une augmentation de salaire. Il y en a eu une l'an passé et il y en aura une autre cette année.

[Traduction]

Lgén DeQuetteville: Cette question de la rémunération est très complexe. Une partie de la formule de calcul de notre rémunération a trait aux critères reconnus dans la fonction publique. Je pense que le Conseil du Trésor reconnaît maintenant à quel point les militaires ont accusé du retard par rapport à la fonction publique au cours des années. Quand il a témoigné devant votre comité, l'amiral Murray a bien dit à quoi s'élevait cet écart.

Nous avons maintenant obtenu la première tranche de l'augmentation qui nous permettra de réduire l'écart. L'augmentation annoncée au Parlement il y a quelques semaines représente 1,5 p. 100 de plus pour nos membres. Quand votre rémunération est bloquée depuis cinq ans, une augmentation de 1,5 p. 100 ne représente pas vraiment grand-chose. Il faut cependant que nos membres comprennent qu'il y aura une série de majorations qui nous permettront, du moins il faut l'espérer, de rattraper une partie du retard.

Deuxièmement, comme vous le savez, la loi fédérale a cessé de s'appliquer le 1er avril, et pour cette raison la fonction publique a entamé des négociations syndicales. À l'issue de ces négociations, dans le courant de l'année, il y aura des augmentations de salaire qui se répercuteront sur le secteur militaire, car, je le répète, nous sommes alignés sur les niveaux de la fonction publique. Reste à déterminer si ces deux circonstances suffiront pour relever la valeur des militaires.

Je suis certain que le comité s'intéressera à cette question. Quand on additionne ces deux éléments, quel est le résultat? Nous devons aller au-delà de cette étape et réfléchir à la situation pour l'avenir. Évidemment, c'est ce que vous allez étudier pour déterminer un juste système de rémunération pour l'avenir.

[Français]

M. Jean H. Leroux: Mon général, je ne suis pas déçu, mais c'est tout comme si je l'étais. Vous savez que le pays et les provinces font face à de grandes difficultés financières. Je pense que les salaires des fonctionnaires fédéraux sont gelés depuis plusieurs années.

Le gouvernement du Québec, par exemple, vient d'annoncer une coupure de 6 p. 100 dans plusieurs domaines, notamment dans l'enseignement. Il me semble qu'il ne doit pas y avoir simplement l'argent qui compte pour motiver les gens. Le salaire de tout le monde, y compris les députés, est gelé depuis un bout de temps. Ceux qui siégeaient au dernier Parlement n'ont pas eu d'augmentation de salaire depuis longtemps, et on l'accepte comme les gens devraient l'accepter.

Il faut essayer de trouver autre chose. Bien sûr, dans notre société matérialiste, on évalue une personne au salaire qu'elle gagne, mais il me semble qu'il devrait y avoir autre chose. Cela devrait être emballant, même si le salaire n'est pas celui qu'on veut.

[Traduction]

Lgén DeQuetteville: Effectivement, monsieur Leroux, il y a toutes sortes d'éléments qui contribuent au bien-être de nos gens. Je le répète, nous avons une liste qui prévoit entre autres de nouveaux investissements sous forme de récompenses non pécuniaires; nous voulons aussi mettre plus en évidence le travail accompli ainsi que les réalisations exceptionnelles. Dans tous ces domaines, nous avons fait des investissements considérables.

.0935

J'ai dit aussi qu'à mon avis le moral opérationnel est élevé. Si vous rendez visite à nos escadrons aériens, si vous parlez aux jeunes techniciens et pilotes, vous verrez qu'ils ont beaucoup d'enthousiasme pour ce qu'ils font. Par contre, quand vous leur posez des questions au sujet de leur vie de famille, cela devient plus difficile, car, depuis plusieurs années, ils ont souffert du fait que les salaires sont très bas.

Comme ils doivent souvent se déplacer, les gens des forces armées ont des problèmes supplémentaires; ils ne peuvent pas investir dans une maison, et il est difficile pour leur conjoint de travailler. Je ne connais pas les détails, mais je sais que dans le reste du pays beaucoup de gens ont besoin d'un double revenu. C'est une option très difficile pour les gens de l'armée, car nous ne cessons de les déplacer. N'ayant pas un domicile fixe, les conjoints ont du mal à trouver du travail.

Pour cette raison, nous envisageons certaines mesures, comme des affectations de plus longue durée. Par le passé, nous déplacions les gens tous les trois ou quatre ans. Nous essayons de leur donner des affectations plus longues. Cela représente un très grand nombre d'avantages. Cela permet au conjoint de trouver du travail et aux enfants de rester plus longtemps dans la même école. Comme nous regroupons de plus en plus les bases, et qu'elles sont moins nombreuses, les membres des forces armées ont plus de possibilités d'avancement dans la même base. Évidemment, en même temps nous économisons, car tous ces déménagements d'un bout à l'autre du pays chaque année coûtent très cher. C'est donc un autre de nos projets.

Nous avons également cherché à améliorer la qualité de nos logements destinés aux couples et aux célibataires. En effet, lorsque nous envoyons les gens ailleurs en affectation temporaire, en affectation de courte durée, ou pour suivre un cours, ils sont logés et nourris dans des locaux décents. Nous essayons d'améliorer la qualité de vie à ce niveau-là.

Nous faisons toutes sortes de choses. Le nombre des centres de ressources pour les familles a beaucoup augmenté. Un nouveau centre vient d'ouvrir ses portes à Cold Lake. Celui de Bagotville est logé dans une école inoccupée de la base; c'est un superbe centre de ressources pour les familles. Là encore, nous essayons de faire des investissements.

En fin de compte, il reste un problème économique. Les gens des forces armées ont l'impression qu'ils ont été défavorisés. Ils ont souffert sur le plan économique et également sur le plan de leur sécurité. Lorsque vous leur parlez, c'est la première chose qui leur vient à l'esprit.

M. Jean H. Leroux: Merci, général. Soyez certain que nous travaillerons fort à ce dossier après les élections.

La présidente: Monsieur Frazer.

M. Jack Frazer: Merci, madame la présidente.

Général DeQuetteville, je vous souhaite la bienvenue. C'est un plaisir de vous rencontrer une fois de plus. Tout comme M. Leroux, j'ai mon idée sur le moment qui a été choisi pour cette réunion, mais je veux en profiter pour vous poser certaines questions.

J'aimerais commencer par une observation que vous avez faite au sujet de la nécessité de se rendre n'importe où, n'importe quand. J'ai toujours dit que dans la force aérienne les gens sont là pour rentrer les roues dans la cavité, faire décoller les avions et faire ce qu'on leur demande. Quand les choses se passent de cette façon-là, le moral s'améliore, car les gens ont l'impression de faire un travail efficace.

Vous avez parlé d'aller n'importe où. Je sais que vos derniers appareils de ravitaillement ont été mis hors service. Que je sache, on n'est pas en train de convertir les A-310 en appareils de ravitaillement en vol, et assez récemment on a même envisagé de louer des appareils civils de ravitaillement en vol. Pouvez-vous nous dire où en sont les choses?

Lgén DeQuetteville: Certainement, monsieur Frazer. Le ravitaillement en vol stratégique est une opération cruciale si nous voulons déployer nos avions de chasse comme c'est nécessaire. Par exemple, l'été dernier, dans le cadre d'un exercice de l'OTAN, nous avions un escadron en Turquie. L'été dernier également, nous avons envoyé un escadron dans le Pacifique pour la première fois depuis la fin de la guerre de Corée. Pour ce genre de choses, le ravitaillement en vol est essentiel.

.0940

Avec la disparition du 707, pour l'instant nous n'avons pas de solution. Nous avons l'intention d'envisager une solution avec l'Airbus, mais à court terme nous envisageons de louer. Au sud de la frontière, il y a des gens qui sous-traitent pour la marine américaine, et nous allons essayer de profiter de cette possibilité à court terme en attendant une solution définitive avec l'Airbus.

Évidemment, l'Airbus est la solution que nous préférons. Nous utilisons déjà ces appareils pour le transport des passagers et du fret, et nous voulons ajouter à cela une fonction de ravitaillement en vol, mais il faut que le coût soit acceptable.

M. Jack Frazer: Ce qui m'ennuie avec la sous-traitance, c'est que ce genre de choses, est souvent très en demande, et nous risquons de ne pas avoir la priorité. Tant que nous n'avons pas nous-mêmes cette capacité, il peut être difficile de trouver un fournisseur.

Lgén DeQuetteville: Vous avez absolument raison. Dans un monde idéal, nous aurions préféré l'appareil Airbus, mais jusqu'à présent nous ne sommes pas parvenus à une conclusion satisfaisante dans nos négociations avec la compagnie Airbus.

M. Jack Frazer: J'aimerais passer à un autre sujet, les problèmes que vous pose l'attrition chez les pilotes. Je me souviens qu'il fut un temps où vous disiez que les pilotes devaient absolument avoir 240 heures par année pour conserver leur compétence. Apparemment, ce chiffre a été ramené à 190. Est-ce que c'est vrai?

Lgén DeQuetteville: C'est plutôt 200 ou 210.

M. Jack Frazer: J'ai toujours dit que ces 240 heures, c'était ce qui rendait nos pilotes supérieurs à ceux d'autres pays, en tout cas à ceux d'Europe. Je crois que les pilotes allemands ont environ 190 heures. À mon avis - et je reconnais que j'ai des préjugés - nos pilotes sont supérieurs, et c'est fonction du nombre d'heures de vol. Y a-t-il un rapport entre la diminution du nombre d'heures de vol et l'attrition chez les pilotes?

Lgén DeQuetteville: Non. En fait, le meilleur témoignage de nos prouesses opérationnelles est probablement la victoire William Tell de nos F-18 l'automne dernier. Ces deux dernières années, les équipages de notre patrouille maritime Aurora ont gagné le trophée Fincastle, ce qui, dans le monde maritime, est l'équivalent de la série mondiale.

Dans toutes nos opérations de restructuration, nous avons cherché à protéger dans toute la mesure du possible nos ressources de première ligne. C'est notre objectif: conserver nos ressources de première ligne, supprimer l'excédent, réduire les frais généraux. C'est pourquoi nous avons fait des coupures de 46 p. 100 au quartier général de la force aérienne, principalement pour consolider les opérations de vol.

Je pense que les résultats sont visibles. Je le répète, si vous allez voir les membres des forces armées, ils vous diront que les opérations sont stimulantes, qu'ils ont de bonnes missions, et, dans l'ensemble, un bon matériel. Il reste du matériel à moderniser, mais le moral opérationnel n'est pas un problème. Le problème se pose au sujet de ce que j'appelle le «moral sociétal».

M. Jack Frazer: Eh bien, général, passons donc à ce sujet-là; longtemps avant que les forces armées s'alignent sur la fonction publique, les salaires dans l'armée étaient peut-être plus bas, mais il y avait d'autres avantages, comme des loyers très bas pour les logements des couples, toutes sortes d'avantages attachés à une carrière dans la force aérienne, dans l'armée ou dans la force maritime, et cela faisait une différence. Je me demande vraiment si cette parité salariale donne de meilleurs résultats. Ne vaudrait-il pas mieux revenir à la situation passée et reconnaître que les gens des forces armées occupent une position particulière, qu'ils sont différents, que leur mandat est différent, différents également les défis auxquels ils s'attaquent, et que peut-être ce n'est pas une bonne idée de les traiter comme des fonctionnaires?

Lgén DeQuetteville: Monsieur Frazer, c'est une question tout à fait valable. Ceux des nôtres qui ont les cheveux gris, ou même pas de cheveux du tout, et qui se souviennent de l'époque où nous n'étions pas alignés sur la fonction publique ne sont plus très nombreux aujourd'hui. Toutefois, vous avez raison, on a eu tendance à imposer cette notion que nous sommes un ministère du gouvernement comme un autre, et toutes les négociations se déroulent de cette façon-là.

Je pense que c'était l'intention du ministre lorsqu'il a lancé ce défi au comité: revenir en arrière, remettre en question tout ce système qui aligne notre rémunération sur la fonction publique. Autrement dit, il serait bon de remettre tout cela en question. J'ai trouvé que c'était une observation très importante.

M. Jack Frazer: Il y a par exemple les vols de complaisance pour les gens des forces armées, qui sont autorisés à voyager dans des avions de l'armée. Apparemment, il y a des protestations parce que les fonctionnaires n'ont pas cette possibilité, et par conséquent ils ne veulent pas que les militaires puissent le faire.

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Quelle est la politique? Personnellement, je considère que lorsqu'il y a un siège vide à bord d'un avion qui se rend d'un point A à un point B, si quelqu'un qui est autorisé à occuper ce siège du fait qu'il est membre des forces armées souhaite le faire, cela ne coûte pas plus cher. Autrement dit, c'est un moyen d'améliorer le moral, et il est important d'en profiter.

Lgén DeQuetteville: Notre politique est de prendre le plus de précautions possible. Nous avons effectivement des appareils qui se rendent sur des théâtres d'opérations où des membres de nos forces armées sont en poste, et nous donnons la priorité à la réunion des familles. Lorsque des sièges sont disponibles à bord de ces appareils, il convient d'autoriser les gens à les occuper. Voilà notre politique actuelle.

Ce qui n'existe plus, et vous devez vous en souvenir, ce sont les vols d'entraînement qui faisaient le tour du monde. Ces vols servent principalement à entraîner les équipages aériens. Certains de ces vols existent toujours, et ils sont un élément essentiel de la formation, mais de plus en plus la formation et les missions régulières sont conjuguées. À l'époque, ce genre de choses attiraient un peu trop l'attention des médias. À cause de cela, nous ne permettons plus aux gens d'occuper des sièges à bord de ces vols d'entraînement autour du monde.

M. Jack Frazer: Je le répète, si cela ne coûte pas plus cher au gouvernement ou au contribuable, il n'y a vraiment pas de raison pour l'interdire, si c'est considéré comme une récompense pour service rendu, etc.

La présidente: Vous devriez convoquer une conférence de presse.

Des voix: Oh, oh!

M. Jack Frazer: Je suis tout disposé à le faire, madame la présidente.

Lgén DeQuetteville: Le problème, c'est que si un de ces appareils atterrit dans un endroit exotique, et si des soldats en uniforme en descendent, les gens ont l'impression que nous leur payons des vacances alors que les fonctionnaires et les autres Canadiens n'ont pas cette possibilité. Voilà le dilemme. Nous nous sommes dit que la solution pragmatique était d'interdire les passagers à bord de ces vols d'entraînement autour du monde, de les autoriser uniquement pour les destinations où nous avons des gens en poste et où ils peuvent servir à la réunion des familles.

M. Jack Frazer: C'est effectivement le genre de chose qui fait scandale, mais je continue à penser que ce serait justifié. Il suffirait de l'expliquer à la population, et très vite elle conclurait que c'est raisonnable.

Est-ce qu'il me reste du temps?

La présidente: Oui. Je suis sidérée. Continuez.

Des voix: Oh, oh!

La présidente: Vous ne vous représentez pas, Jack, n'est-ce pas?

M. Jack Frazer: Non, monsieur.

Des voix: Oh, oh!

M. Jack Frazer: À combien s'élèvent les effectifs de la force aérienne?

Lgén DeQuetteville: Nous allons bientôt être ramenés à 13 500 réguliers, 3 000 civils, plus ou moins, et 3 000 réservistes. Nous avons réduit nos forces régulières de 45 p. 100, nos effectifs civils de 50 p. 100, et nous doublons le nombre des réservistes, de 1 500 à 3 000.

M. Jack Frazer: Est-ce qu'on envisage d'aller jusqu'à 5 000?

Lgén DeQuetteville: C'est une possibilité, mais avec les mêmes fonds. Nous pourrions embaucher les réservistes pour moins de jours, et en engager plus. C'est une possibilité.

M. Jack Frazer: Je dois maintenant vous poser la question évidente: combien y a-t-il de généraux dans la force aérienne?

Lgén DeQuetteville: Au-dessous de 65... nous ne serons bientôt plus qu'un vingtaine de généraux dans la force aérienne. Dans la nouvelle structure, pour la force aérienne proprement dite, nous aurons quatre généraux à Winnipeg et trois à Ottawa, et c'est tout. Tous les autres sont en poste ailleurs, à l'OTAN, au NORAD, et dans d'autres services du quartier général, ici à Ottawa. Mais pour la force aérienne proprement dite, nous ne serons plus que six ou sept généraux. Comme vous le savez, cet été nous fermons nos quatre groupes et les regroupons en un quartier général opérationnel unique. Toutes les opérations seront dirigées à partir de Winnipeg.

M. Jack Frazer: À l'exception du détachement qui s'en va à Trenton?

Lgén DeQuetteville: Non, ce qui est prévu pour Trenton, c'est ce qu'on appelle un centre d'intervention de contingence. Ce sera simplement une annexe du quartier général à Winnipeg dont la fonction sera de nous aider pour les préparatifs et le déploiement lorsque nous participons à des opérations dans le reste du monde.

M. Jack Frazer: Lorsque le général Kinsman nous a rendu visite, je lui ai parlé d'une pratique du ministère des Affaires étrangères pour les affectations à l'étranger; il s'agit d'un système de barèmes pour les différentes bases. J'essayais d'expliquer qu'il serait possible d'avoir des barèmes pour tenir compte des différences entre le coût de la vie à Halifax, à Cold Lake, à Bagotville, à Winnipeg, etc. Est-ce que ce genre de chose a été envisagée?

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Lgén DeQuetteville: C'est un de nos arguments. En effet, il serait bon de trouver une formule pour protéger le revenu disponible de nos membres, quel que soit l'endroit où ils sont affectés.

Chacun des trois services a des considérations différentes. La marine, à Halifax et à Esquimalt, ainsi que dans les grands centres urbains, doit tenir compte de considérations différentes de celles de l'armée, et le cas de la force aérienne est différent également. Nous étudions la possibilité d'utiliser des services de santé, des services dentaires, à l'extérieur des forces armées, et également de faire appel à du personnel de soutien de l'extérieur. C'est très bien à Winnipeg et à Halifax. Ce n'est pas aussi prometteur à Gander et à Cold Lake et dans d'autres endroits où la collectivité locale n'a tout simplement pas les ressources nécessaires pour offrir ce genre de services.

Il est donc très difficile d'établir une norme équitable, une norme valable, pour les trois services, difficile de tenir compte des distinctions entre chacun d'entre eux, et cela pour les 13 escadres de la force aérienne. Nous sommes à la recherche de formules, et vous avez tout à fait raison.

M. Jack Frazer: Pour ce genre de choses les ordinateurs sont formidables.

Lgén DeQuetteville: Effectivement, les ordinateurs sont formidables, mais tout dépend des informations que vous leur donnez.

M. Jack Frazer: Absolument, mais ils permettent de concentrer une grosse quantité d'informations et d'en extraire ce qui est utile.

Lgén DeQuetteville: Absolument.

M. Jack Frazer: Vous me permettez de poser une dernière question?

La présidente: Non, mais vous pourrez le faire au second tour. Merci.

Monsieur Richardson.

M. John Richardson: Merci beaucoup, madame la présidente.

Général DeQuetteville, je vous remercie de nous donner cet aperçu. Les choses sont tellement fluides dans les forces à l'heure actuelle qu'il est nécessaire d'avoir un aperçu tous les deux ou trois mois.

Voici la première question que je veux poser. Est-ce que les attentes des Forces canadiennes pour ce qui est de lier leur rémunération à celle de la fonction publique... il me semble - et ce n'est qu'une impression; je n'ai pas de faits indéniables - que nous ne nous sommes jamais rendu compte que le personnel des Forces canadiennes avait de telles attentes. Il me semble que nous accusons toujours un certain retard à cet égard.

Lgén DeQuetteville: Effectivement, monsieur Richardson, et je pense que c'est ce que l'amiral Murray a dit très clairement lorsqu'il a comparu devant votre comité. Il a fait ressortir ce en quoi consistait cette disparité telle qu'elle a été convenue par le Conseil du Trésor lui-même, et par conséquent les chiffres sont là, à l'appui. Nos gens comprennent cette disparité. Ce n'est pas seulement une perception; c'est la réalité.

M. John Richardson: Oui, et cela ressort tant au bas de l'échelle qu'en haut de l'échelle pour ce qui est de la perte du pouvoir d'achat réel à cause de cet arrangement. Comme vous l'avez dit, le ministre de la Défense nous a donné le mandat d'examiner ce lien. Je pense que c'est quelque chose que nous devrions sans doute faire, madame la présidente, et que nous devrions demander à quelqu'un du Conseil du Trésor de venir nous en parler.

M. Jack Frazer: Je vote en faveur de cette proposition.

M. John Richardson: Je suis désolé...

Lgén DeQuetteville: Il s'agit d'un point extrêmement important, et je ne suis certainement pas un expert en la matière, mais je crois que le problème, c'est qu'il s'agit d'une politique; ce n'est pas une question qui fait l'objet d'une loi. C'est donc pourquoi la mise en oeuvre accuse un certain retard, plutôt que de figurer en fait dans une loi...

M. John Richardson: Puisque cela fait partie de nos audiences et que nous avons entendu beaucoup de choses à ce sujet, des échelons les plus bas aux échelons les plus élevés, c'est donc une préoccupation établie dans notre esprit. Je pense que nous avons suffisamment de preuves à présenter. Nous voulons savoir pourquoi la politique n'a pas été mise en oeuvre. Nous voulons qu'on nous donne les raisons pour lesquelles cela n'a pas été fait et nous voulons savoir ce que nous pouvons faire pour nous assurer que ce sera fait.

Puis-je continuer un peu?

La présidente: Oui.

M. John Richardson: M. Frazer a posé des questions très concrètes. De façon générale, pour moi, la tragédie c'est le fait que nous perdons nos pilotes. Je pense que notre programme de formation est l'un des meilleurs du monde, comme l'a dit M. Frazer, les drapeaux pour les heures de vol... Était-ce un drapeau rouge à Cold Lake?

Lgén DeQuetteville: C'était un Maple Flag.

M. John Richardson: Le Maple Flag. Nous avons eu la chance d'avoir une séance d'information et de constater la qualité des installations à Cold Lake, et j'ai été très impressionné. C'est maintenant un libre marché, et ces gens iront là où ils sont le mieux rémunérés et où ils pourront améliorer leur style de vie et avoir des conditions familiales plus constantes.

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Je pense que ce genre de facteur doit être pris en compte dans notre rémunération, car on voit les nombreux endroits où sont affectés un peu partout dans le monde les membres de la force aérienne, de la marine et de l'armée. Le grand public sait qu'ils sont envoyés un peut partout, mais ils ne se rendent pas compte du stress que cela représente pour l'arrière-garde, c'est-à-dire les familles qui restent en arrière, et des incertitudes et des responsabilités illimitées que cela représente. Comment pouvons-nous tenir compte de ce facteur important? Je suis certain que le Conseil du Trésor s'en rend compte, mais je ne suis pas certain cependant que le grand public s'en rend compte. Il s'agit cependant d'un facteur de mécontentement au travail, et, pour cela, si j'étais dans le secteur privé, je demanderais à être payé davantage.

Lgén DeQuetteville: Je pense que vous avez touché à un problème très viscéral pour nous. Dans une force armée unifiée comme la nôtre, nous avons, par le passé, traité tous les officiers de toutes les catégories de la même façon. Nous ne faisons donc pas de distinction entre les officiers MARS, les officiers de l'air et les pilotes dans leurs catégories de base. Nous le faisons d'une autre façon, soit en leur versant une indemnité d'aviateur, de service en mer, ou de travail sur place pour l'armée. Nous tentons de compenser de telles conditions.

Nous avons le dilemme suivant: d'une part nous sommes une force unifiée et nous voulons être une force unifiée, mais d'autre part nous reconnaissons la loi de l'offre et de la demande, comme la reconnaît toute entreprise. Si vous avez des ressources humaines essentielles, vous avez le choix suivant: vous pouvez leur verser un salaire approprié ou leur donner suffisamment d'appui de façon à ce qu'elles ne soient pas attirées par l'extérieur. C'est le défi auquel devrait faire face un employeur.

Par le passé, lorsque nous nous sommes retrouvés devant ce dilemme, nous n'avons jamais pu faire quoi que ce soit en raison de la nature unifiée de nos forces armées. Il a donc fallu accepter la situation. Cette fois-ci, nous parlons des pilotes comme exemple probant, mais cela pourrait être d'autres métiers, notamment les officiers MARS ou les contrôleurs de la circulation aérienne.

Comme vous le savez, on nous demande de faire en sorte que notre ministère soit davantage à égalité avec les entreprises. Nous avons des plans d'entreprise et nous sommes mieux en mesure d'évaluer ce qu'il en coûte pour mener à bien nos activités. Nous devons commencer à aborder la question des ressources humaines de la même façon. Si nous formons un pilote pendant sept ans au coût de 2 millions de dollars et que ce pilote s'en va, la bonne solution pour une entreprise n'est pas de tout simplement appuyer sur le bouton pour commencer à en former un autre. Il faut trouver une façon de garder ces gens afin qu'il n'y ait pas d'érosion du personnel, et afin d'éviter d'avoir à former de nouveaux pilotes et à suivre tout ce processus qui coûte très cher. Nous commercialisons notre entraînement aérien de l'OTAN partout dans le monde à raison de 1,25 million de dollars américains par pilote. C'est une formation très coûteuse qui rapporte gros. Nous devons donc nous efforcer de travailler à retenir ces pilotes plutôt qu'à en produire uniquement.

M. John Richardson: Je voulais poser une question supplémentaire.

La présidente: Vous en avez le temps.

M. John Richardson: Pour faire le lien avec ce dont vous discutiez ici, je suis d'accord pour dire que si nous pouvons réduire les coûts et les intrants en gardant les pilotes plus longtemps, cela serait un facteur. Ce que nous devons faire, c'est de la publicité. Il y a beaucoup de jeunes qui se joignent à la force aérienne. Devenir pilote est une motivation importante, et c'est une carrière à laquelle de nombreux jeunes garçons et jeunes hommes rêvent, et les femmes... je savais qu'elle ne laisserait pas passer cela. Mais ils se rendent compte également qu'il y a une vie par la suite.

Regardons les choses un peu sous une autre perspective de carrière. Ils se diront qu'ils peuvent se joindre aux Forces canadiennes et profiter d'un programme de formation professionnelle de 1,5 million de dollars. Ils peuvent servir pendant cinq à sept ans pour accumuler des heures, puis améliorer sensiblement leur rémunération en allant décrocher un emploi dans une ligne aérienne commerciale qui leur permettra de rentrer à la maison le soir et de rester au même endroit pour une bonne partie de leur vie. C'est une décision de carrière très sage de la part de jeunes.

Lgén DeQuetteville: Certainement, et notre système leur permet de le faire. L'ironie, avec la durée du service, c'est que nous avons une période à court terme de neuf ans, suivie d'un processus de réengagement allant jusqu'à 20 ans. Après neuf ans, si les gens décident de ne pas rester avec nous, nous leur donnons un beau petit magot pour les aider à faire la transition à la vie civile.

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Si on calcule le salaire moyen d'un pilote pour les neuf premières années, cela excède en fait le salaire que pourrait obtenir un pilote de ligne aérienne pour les neuf premières années. Où est-ce que les courbes se croisent? Exactement au bout de neuf ans. Donc, alors qu'on les a payés davantage que ce que leur auraient payé les lignes aériennes pour les neuf premières années, ils arrivent à un point au cours de leur carrière où ils doivent prendre une décision, et nous leur offrons un joli petit magot. Ils peuvent donc aller travailler pour la ligne aérienne, et au bout d'environ trois ans la ligne aérienne leur verse un salaire de 40 à 50 p. 100 plus élevé que celui que nous pouvons leur verser.

Nous nous trouvons là devant un véritable dilemme: au carrefour des neuf ans de service nous devons trouver moyen de les retenir.

Au bout de 20 ans ils sont à un autre carrefour, où la pension commence à devenir un problème. Ils peuvent alors quitter l'armée, se faire engager par Canada 3000 ou Air Canada et toucher leur pension en plus de leur salaire de pilote de l'aviation commerciale. Là nous sommes de nouveau dans une impasse.

C'est donc lorsque les pilotes ont neuf ans et 20 ans de service que nous sommes en difficulté, moins peut-être après 20 ans, parce que c'est une profession de jeunes et qu'à ce moment-là nous comptons sur un certain nombre de départs naturels, pour tout le pays, mais après neuf ans de service nous sommes vraiment mal pris, et c'est là que nous devrions...

M. John Richardson: J'espère que vous saurez trouver une solution à ce problème.

La présidente: Monsieur O'Reilly, vous avez la parole.

M. John O'Reilly (Victoria - Haliburton, Lib.): Merci, madame la présidente.

Lieutenant-général DeQuetteville et colonel Bouchard, je vous remercie d'être venus ici. Je suis surpris que le Bloc québécois y voie un événement d'ordre politique. Je me réjouis également que soient passées ces quatre années en compagnie de ces réformistes grippe-sous: vivement un changement!

Tout cela est très encourageant, monsieur Frazer, cela me réjouis vraiment.

M. John Richardson: Allons, allons. Jack a toujours fait preuve d'optimisme.

M. John O'Reilly: J'ai beaucoup de respect pour M. Frazer et pour son expérience; il m'a aidé à éliminer du vocabulaire militaire le mot «empreinte», et je lui en suis reconnaissant.

Au début j'ai traité ces audiences avec beaucoup de sérieux, j'ai publié des communiqués de presse, et j'ai demandé aux gens de ma circonscription qui ont pris leur retraite, et à ceux qui sont près de la prendre, de présenter des mémoires. J'ai reçu une vingtaine ou une trentaine de réponses, dont certaines sont intéressantes.

À l'age de 45 ans, quand on leur propose de prendre leur retraite, les pilotes ont l'impression d'être encouragés à partir. J'aimerais que vous nous disiez comment les choses pourraient changer: certains d'entre eux, qui vont en voiture de Trenton à Toronto et pilotent des avions commerciaux, travaillent depuis 10 ans pour Air Canada, etc. Mais tous ceux avec lesquels je me suis entretenu ont eu l'impression d'être encouragés à quitter l'armée et se sont sentis poussés à partir parce que c'est, comme vous le disiez, un métier de jeunes. Il leur restait cependant dix ans de service et on aurait pu en profiter à un moment où le besoin s'en faisait probablement le plus sentir.

Le capitaine Nierlich, qui est de ma circonscription, a récemment fait une apparition dans sa ville natale pour le festival du sirop d'érable de Sunderland. Il nous a beaucoup remonté le moral. Quand je lui ai demandé comment cette victoire de l'équipe avait été traitée par l'armée de l'air il s'est montré très réticent, mais son père, lui, ne s'est pas gêné pour me dire ce que nous devrions faire. C'était certainement l'un de ses grands supporters. Il m'a fait remarquer que si l'armée de l'air pouvait libérer ces gens, les faire assister à diverses manifestations dans tout le pays, en particulier aux programmes de formation des cadets, vous auriez en eux des porte-parole idéals. Toute cette équipe, que nous avons rencontrée, donne un appui formidable, et rien qu'à voir une centaine de personnes faire la queue pour obtenir un autographe... Pourquoi ne pouvons-nous profiter de cette célébrité? Je suis commerçant. Ce n'est pas que je pense à mettre en vente les autographes, mais on pourrait tirer parti de la situation.

Ces pilotes n'ont pas assez de temps pour cela, mais pour le recrutement ce sont des circonstances idéales. Malheureusement vous n'entendez plus parler d'eux ensuite.

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Je pose toutes mes questions à la fois; vous allez devoir en prendre note au cas où la présidente s'aviserait de m'interrompre.

J'ai également assisté cet été, dans la ville de Lindsay, à une cérémonie de remise de brevets de pilote à des cadets. Il y en avait 31, je crois, à recevoir leur insigne ailé, des jeunes gens et des jeunes femmes. Que fait-on pour les encourager à entrer dans l'armée, en particulier dans la force aérienne, et que peut-on faire pour les aider à rester dans cette carrière? Je me suis entretenu avec eux, mais ils ne savaient pas vraiment ce qu'ils allaient faire et ont seulement pu m'assurer qu'ils avaient reçu leur brevet et qu'ils savaient piloter un avion. Ce sont tous de très jeunes gens.

C'est là toute une série de questions, et je voulais vous en poser une dernière, si j'ai le temps, concernant votre opinion sur les forces unifiées, mais si vous voulez répondre à...

Lgén DeQuetteville: Merci, monsieur O'Reilly, c'est une bonne série de questions.

Pour ce qui est d'encourager les pilotes à quitter l'armée à l'âge de 45 ans, il se peut que des gens aient profité de notre programme de réduction des effectifs au cours des trois dernières...

M. John O'Reilly: Il y a dix ans.

Lgén DeQuetteville: Oh, il y a dix ans.

M. John O'Reilly: Le pilote qui a écrit cela dit qu'il y a dix ans qu'il est pilote pour Air Canada.

Lgén DeQuetteville: Je ne me souviens pas que nous ayons pris des mesures d'encouragement au départ il y a dix ans, et dans ce cas il ne s'agissait que d'un encouragement théorique, qui ne s'accompagnait pas de mesures financières.

Quand nous avons commencé cette opération de dégraissage massif, vers 1990, nous avions plus de pilotes que nous n'en aurions besoin une fois réalisée la structure que nous prévoyons actuellement. Nos effectifs, à l'instar de ceux d'autres branches de l'armée, étaient... Certains pilotes sont partis en 1993, en 1994 et en 1995, dans le cadre du programme de réduction des effectifs, et nous leur avons donné des indemnités de départ, à l'époque, parce qu'il y avait des excédents.

Ensuite, pendant une période d'un an et demi environ, nous avons eu de nouveaux pilotes en attente à nos camps de formation de Portage et de Moose Jaw parce que nous n'arrivions pas à leur faire parcourir assez rapidement la filière, et cela a causé un vif mécontentement. Des jeunes, diplômés du CMR ou de l'université, devaient attendre pendant un an et demi avant de pouvoir suivre un cours de formation de pilote parce que le cours était complet.

Il y a environ un an, nous sommes enfin parvenus à rétablir l'équilibre, juste à l'époque où nous sortions de la récession et où les compagnies aériennes reprenaient leur envol, grâce à l'augmentation de 8 p. 100 de la demande en Extrême-Orient et à l'expansion des compagnies aériennes canadiennes, qui devront, au cours des cinq prochaines années, employer 800 pilotes. Tout à coup, dans une période de deux ou trois ans, on est passé d'une situation d'excédent à la pénurie dans laquelle nous nous trouvons actuellement.

S'il est donc vrai que nous avons encouragé les gens à l'époque à partir, c'est qu'il est difficile de prédire exactement combien il faudra de pilotes, alors que la période de formation est de six ans. Nous voici donc avec une pénurie de pilotes; il y a six ans, en 1991, nous aurions dû ouvrir le robinet pour résoudre le problème, mais chacun sait où nous en étions en 1991: cela eût été totalement impossible. C'est donc une entreprise bien difficile que d'essayer de prévoir quels seront les besoins d'ici à six ans, et de former des gens en fonction de ces besoins.

Vous me demandez pourquoi nous ne faisons pas venir des gens comme Steve Nierlich; là encore, c'est dû à ce dilemme insidieux. Nous avons déjà une pénurie de 10 p. 100. Nous nous efforçons de ne pas enlever ces gens des escadrons. Nous prenons des gens dans les quartiers généraux et parmi ceux qui ont un billet de logement, et nous nous abstenons de les envoyer suivre les cours auxquels ils devraient être inscrits. Nous en avons pris quelques-uns dans les escadrons, mais c'est toujours un dilemme, pour le commandant d'escadron, de décider d'envoyer des gens à d'autres manifestations.

Cette année nous envoyons Steve au rallye aérien d'Abbotsford où il participera à l'inauguration. Nous l'employons encore à d'autres titres, de même que d'autres pilotes. Chaque été nous envoyons des avions et des gens participer aux rallyes aériens, car c'est là que nous exploitons au mieux nos ressources et que nos jeunes gens sont en contact direct avec le public.

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Je disais à votre présidente que je serai demain à Moose Jaw pour donner ma bénédiction aux Snowbirds et pour approuver le spectacle qu'ils inaugurent cette année. Ensuite, ils vont partir en tournée. Ce sont évidemment des ambassadeurs extraordinaires du Canada pour le recrutement et la publicité de l'armée de l'air. Il est toujours délicat de doser l'effort à faire dans cette direction... Cela nous oblige à priver les autres escadrons de ressources, mais les Snowbirds assument des rôles opérationnels à plein temps. C'est un dilemme pour nous.

L'argument concernant les cadets est tout à fait valide. La fin de semaine dernière, j'étais à Winnipeg pour la conférence des colonels honoraires et le conseil consultatif du commandement aérien. Il y a été question des cadets. Nous offrons des bourses de pilotage. Je crois qu'il y en a 35 chaque année. Nous choisissons des cadets qui ont suivi le cours de pilotage et nous leur offrons du temps pendant leurs études universitaires ou autres pour qu'ils continuent à s'intéresser à l'aviation, dans l'espoir qu'ils choisiront de faire carrière dans l'armée de l'air. Ils ne s'engagent pas tous, malheureusement, mais leur passage parmi les cadets en fait de meilleurs Canadiens. Nous voulons viser le mouvement des cadets pour attirer davantage de candidats.

Mais, encore une fois, cela ne résoudra pas notre problème, car ces jeunes sont à l'entrée de ce processus de six ans dont je parlais tout à l'heure. Même si nous recrutons des cadets dès demain, il faudra attendre six ans avant de les voir décoller de Moose Jaw, et encore trois ans après cela avant qu'ils ne soient opérationnels dans un escadron de première ligne. C'est un processus très long. C'est pourquoi il est si important, à notre avis, de travailler sur la rétention. Il faut aussi travailler sur la production, mais la rétention est essentielle.

En ce qui concerne la notion de force unifiée, je crois que le pendule est désormais à la bonne place. La formule de la taille unique, dont M. Frazer se souvient certainement, n'a pas donné de bons résultats pour nous.

Nous en revenons maintenant à un quartier général unifié très fort à Ottawa, le quartier général pourpre... J'y ai moi-même passé cinq ans dans un poste pourpre. Nous allons réunir les chefs de l'armée de terre, de la marine et de l'armée de l'air dans ce quartier général dès l'été prochain. Le général Baril y est déjà.

Nous aurons donc une force unifiée, mais il reste que nous avons des militaires qui volent, qui vont en mer et d'autres qui forment l'armée de terre. Ce ne sont pas des pions interchangeables sur un échiquier. Notre structure doit permettre l'épanouissement de tous ces militaires dans les trois armes. Nous avons besoin d'une force unifiée solide dont tous les éléments tirent dans le même sens, qui prennent des décisions convenant à tous et qu'on puisse envoyer en Bosnie ou dans tout autre point chaud du monde. Et c'est ce que nous sommes sur le point de constituer.

M. John O'Reilly: Puis-je poser une courte question?

La présidente: D'accord, mais soyez bref.

M. John O'Reilly: En ce qui concerne l'élément de commercialisation, il n'y avait pas de recruteurs lors des événements auxquels j'ai assisté. IL est difficile de tirer parti de l'enthousiasme quand on ne connaît pas les noms de ceux qui le manifestent.

En ce qui concerne la commercialisation, lorsque vous envoyez des ambassadeurs, que ce soit les Snowbirds, Nierlich ou n'importe quel autre membre de l'équipe, il faut aussi envisager d'envoyer des recruteurs, qui devront disposer d'un comptoir et faire de la commercialisation active. Un jeune qui n'a pas l'intention de devenir pilote s'intéressera peut-être à une autre carrière dans les forces armées.

Par ailleurs, vous serez peut-être étonnés d'apprendre que, bien que je sois un continental, je suis en faveur des nouveaux sous-marins.

La présidente: Bravo!

Des voix: Oh, oh!

M. John O'Reilly: Je crois qu'ils font partie de notre programme. Je suis heureux de savoir que M. Frazer y est lui aussi favorable. Nous pouvons équiper la marine aussi bien que les aéroports.

M. Jack Frazer: Je suis pour depuis trois ans...

La présidente: Il a toujours été pour les sous-marins.

M. John O'Reilly: Une dernière question, madame la présidente.

La présidente: Pouvez-vous vous dépêcher?

M. John O'Reilly: C'est une courte question concernant le ravitailleur Airbus.

N'y avait-il pas un ravitailleur Airbus au rallye de la base aérienne de Trenton cette année?

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Lgén DeQuetteville: Non. J'aurais aimé qu'il y en ait un, mais je pense qu'il n'y en avait pas. Vous avez vu un Hercules C-130 de ravitaillement.

M. John O'Reilly: Il portait l'emblème du Canada; je suppose donc que c'était un avion à nous.

Lgén DeQuetteville: Absolument. Nous en avons cinq. Le C-130 est une extraordinaire station-service en vol, qu'on peut placer où on veut. Lorsque nous envoyons des chasseurs dans l'Arctique, nous envoyons également un Hercules, qui tourne sur place, ce qui permet aux chasseurs de remplir leur mission, de revenir à l'endroit convenu et de se ravitailler.

Le Hercules ne vole pas aussi haut ni aussi vite que le F-18. Si une mission doit traverser l'Atlantique ou le Pacifique, le Hercules ne peut pas escorter les chasseurs. C'est pourquoi nous avons besoin d'un ravitailleur stratégique en vol de type 707, et nous voulons investir dans un Airbus. J'espère que nous pourrons vous en montrer un à Trenton un de ces jours.

M. John O'Reilly: Bien. On verra cela l'année prochaine.

La présidente: Merci, monsieur O'Reilly.

Monsieur Collins.

M. Bernie Collins (Souris - Moose Mountain, Lib.): Est-ce que c'est le même jour?

Merci beaucoup. À part les absurdités proférées tout à l'heure par mon honorable collègue qui a quitté cette salle, je dois dire que je suis tout à fait dévoué à la cause, et je suis sûr que M. Frazer et nous tous sommes d'accord sur l'importance de notre orientation à court et à long terme.

Vous avez abordé différents sujets, que je vais essayer de résumer, si vous me le permettez. Tout d'abord, j'ai voulu un jour faire venir le trentième escadron des cadets de l'air d'Estevan à Ottawa. Nous avons essayé d'obtenir un moyen de transport. Eh bien, c'est comme si j'avais demandé un 707 ou un Airbus, car je n'ai rien obtenu. Je m'interroge sur le genre de message que l'on envoie ainsi, et je me demande ce que l'on pourrait faire pour y remédier.

L'un de ces jeunes avait son brevet de pilote, mais il avait dû aller à Winnipeg pour l'obtenir.

Il y a plusieurs années, j'ai eu la chance d'obtenir mon brevet de pilote grâce à une bourse. Mais en définitive, une fois complété le nombre minimum d'heures de vol, tout s'est arrêté.

J'aimerais qu'il y ait un service de liaison, car il n'y avait personne pour les accueillir ici. Je suis venu de chez moi en avion pour les rencontrer et les saluer, mais j'aimerais qu'il y ait une sorte de structure de communication qui accueille les militaires en visite. Ces jeunes ont été bien déçus, car la Chambre était fermée, et le Président n'était pas là. Je voulais simplement le signaler.

Vous avez parlé d'un cours de formation de trois jours appelé «Plan de vol 1997». J'espère que je vous ai bien compris. J'aimerais savoir sur quoi débouche ce cours.

Je comprends qu'on parle de rémunération, mais dans ma profession il y avait autre chose que la paie. J'aimerais que les militaires se rendent compte qu'ils font un travail fantastique au service des Canadiens.

Malheureusement, ces derniers temps, le public considère avec beaucoup de cynisme ce qui se passe dans l'armée. Il se repaît d'un exemple malencontreux, alors qu'on n'entend jamais parler des 99 autres, qui sont très positifs.

M. O'Reilly et les autres ont dit que chacun avait le droit de s'exprimer et que si cela nécessitait un effort de relations publiques, il fallait le faire. Je pense que nous devons tous être d'accord et qu'il faut y consacrer l'argent nécessaire.

Je voudrais aborder maintenant un autre sujet. Je m'inquiète beaucoup des 2 millions de dollars dépensés pour chaque pilote. Si j'étais dans les affaires et que je sois prêt à payer 2 millions de dollars pour former un pilote, je n'accepterais certainement pas qu'il me quitte trois ans plus tard. Je vous donne mon point de vue personnel, mais je ne pense pas que l'échéance de neuf ans soit suffisante. Nous prenons un engagement très lourd envers le pilote, et il doit lui-même s'engager à long terme si l'on veut éviter ce genre de désagrément.

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Vous avez parlé des femmes et de la rémunération. Je ne sais pas ce que vous avez fait dans le secteur privé, mais il me semble que lorsque le mari s'en va et que sa femme l'accompagne, il faudrait faire le lien entre les deux emplois. Lorsque Matilda s'en va, elle pourrait être remplacée par la femme de Harry, qui arrive. Est-ce qu'on ne pourrait pas prévoir cela avec le secteur privé?

Je connais bien des gens qui s'intéressent à l'aviation, mais il faudrait établir des liens d'emploi pour les deux éléments du couple, éventuellement par l'intermédiaire de l'armée. Je suis heureux de voir que vous allez à la base de Moose Jaw. C'est une excellente base, à mon avis.

Nous incitons les jeunes à faire carrière dans l'armée, en leur disant qu'ils vont aimer cela. Mais il n'y a pas que l'aviation; il faut considérer l'ensemble. Moi-même, j'aime l'aviation, et je ne dis pas cela parce que vous représentez ici l'armée de l'air. Mais quel programme propose-t-on à nos militaires?

J'ai abordé de nombreux sujets, et je vais maintenant écouter vos réponses.

Lgén DeQuetteville: Merci, monsieur Collins. Je vais essayer de répondre à vos questions.

Vous avez parlé des cadets. Les cadets nous posent un problème. Par exemple, vous ne le savez peut-être pas, mais je ne m'occupe pas des cadets de l'air. Il s'agit d'un programme national, mais je n'ai qu'une responsabilité régionale pour tous les cadets. Je m'occupe des cadets de l'armée, de la marine et de l'air dans la région des Prairies. Cette formule a ses avantages; elle présente aussi certaines faiblesses. Il ne serait pas mauvais que l'armée de l'air s'occupe des cadets de l'air.

En ce qui concerne le recrutement, il pourrait y avoir des liens entre les forces régulières et le programme des cadets. Les liens actuels ne sont peut-être pas aussi cohérents qu'ils devraient l'être pour les questions d'organisation, mais c'est un autre sujet.

Encore une fois, après les événements de la fin de semaine dernière, je peux vous dire que parmi les suites à donner figure une révision des liens entre l'armée de l'air et le programme des cadets de l'air. Nous avons déjà commencé à travailler dans ce domaine.

Vous avez parlé du cours de formation au sol «Plan de vol 1997», et du message qu'il propose. Son objectif est de favoriser la confiance, de façon que les candidats soient prêts à s'engager dans la direction que nous avons donnée à l'armée de l'air. Nous leur expliquons notre objectif structurel, puis nous parlons avec eux de nos valeurs essentielles. Nous leur donnons de la formation en communications, en relations interpersonnelles, nous leur proposons des exercices sur l'esprit d'équipe ainsi que des outils qui leur permettent de travailler dans leur nouvel environnement. Nous donnons de plus en plus de responsabilités au simple soldat, homme ou femme, et nous lui demandons de rendre des comptes, mais comment pouvons-nous l'aider à se préparer?

Ce programme a été une grande réussite. Au cours de vos déplacements, je vous invite à visiter nos bases aériennes. Vous verrez que le Plan de vol 1997 est bien compris. Vous pouvez demander à nos jeunes ce qu'ils en ont retiré. Pour moi, l'expérience a été très gratifiante, mais je préfère que ce soit eux qui vous en parlent.

Sur la question de la rémunération, je connais les difficultés économiques que nous avons rencontrées et je sais que vos électeurs ont eux aussi été défavorisés. Il faut donc beaucoup d'aplomb aux militaires qui, dans ces circonstances, veulent se plaindre de leur rémunération.

Suite à une question posée précédemment, il y a d'autres thèmes sur lesquels nous devons travailler. Je pense que l'engagement qu'on obtient des membres des forces armées va bien au-delà de la rémunération. Si la paie était raisonnable, la question ne se poserait pas. Ce n'est pas pour la paie que les gens s'engagent, portent un uniforme et se soumettent aux épreuves que nous leur imposons; personne ne peut agir ainsi. Cependant, au cours des dernières années, de nombreux militaires ont dû se contenter de survivre. Quand on en est réduit à la survie, les questions de rémunération sont parmi celles qui suscitent les plus vives émotions.

Encore une fois, nos militaires ne demandent pas des augmentations de 10 p. 100 ou plus. Ils demandent simplement que l'on reconnaisse la juste valeur de ce qu'ils font. Si on peut leur accorder un redressement réaliste, tout ce problème de rémunération disparaîtra très rapidement. Mais c'est pour nous un défi à relever.

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Vous avez parlé de l'investissement de 2 millions de dollars par pilote et de l'engagement que chaque pilote devrait prendre au-delà de l'échéance de neuf ans. C'est exactement là-dessus que nous travaillons. On peut prendre différentes mesures au bout de neuf ans, accorder une prime, comme l'ont fait certaines armées de l'air étrangères, accorder une augmentation de solde ou une prime de pilotage, mais en contrepartie il faut un engagement. On envisage maintenant une échéance de cinq ans. Si un pilote atteint l'échéance de neuf ans, il pourra se satisfaire de son sort au cours des 20 années suivantes. On devrait donc en tenir compte dans les formules que nous proposons.

Finalement, vous avez parlé de l'interaction avec le secteur privé en ce qui concerne les possibilités d'emploi des conjoints. Nous intervenons également dans ce domaine. Nous avons dans l'armée de l'air un programme appelé «réserve industrielle» que nous organisons avec les entreprises qui assurent le service de nos avions. À Edmonton, l'entreprise CAE s'occupe de nos avions Hercules; à Montréal, Bombardier s'occupe des F-18, et à Winnipeg, c'est Bristol. Nous avons des protocoles d'entente avec ces entreprises, qui proposent des emplois à des membres de la réserve, lesquels peuvent ainsi, le cas échéant, s'engager dans l'armée de l'air pour nous venir en aide.

Ce programme donne de bons résultats dans les grandes villes du pays. Le problème, c'est dans les endroits comme Cold Lake ou Goose Bay, où l'on ne trouve que très peu d'entreprises avec lesquelles nous puissions transiger directement. C'est donc un défi pour nous: il faut établir des programmes universels qui s'appliquent dans l'ensemble de l'armée de l'air, indépendamment de l'endroit.

M. Bernie Collins: Je ne veux pas vous donner de fausses impressions, et je vous assure que si nous voulons attirer les candidats les mieux qualifiés, il faut les payer en conséquence. Compte tenu de ce qu'on vous demande de faire, il n'est pas question de vous faire mendier ni de vous demander de subventionner le reste de la société. Ce serait stupide. Il faut étudier très rapidement cette question de façon à revenir à ce que vous proposez dans le programme Plan de vol 1997. Nous avons connu des difficultés économiques, mais il est temps de nous engager en priorité à rémunérer correctement les militaires. S'ils savent que nous nous engageons à les rémunérer correctement pour le service qu'ils assurent, tout le reste sera beaucoup plus facile.

Ce qu'a dit M. Frazer est certainement valable. Quand on déménage d'une base à l'autre, comment faire pour... Vous avez parlé de prolonger les séjours, ce qui est possible, mais si vous partez de Goose Bay pour aller à Cold Lake, par exemple, il faudrait songer à bonifier le régime de rémunération pour que l'on tienne compte des difficultés qui n'existent pas nécessairement à Halifax ou dans une autre ville.

Je suis sûr que le comité est d'avis que vous avez fait preuve d'une patience exemplaire en attendant si longtemps que l'on propose un rajustement de rémunération. M. Richardson l'a d'ailleurs souligné. Demandons à nouveau à l'agence gouvernementale qui s'en occupe de se mettre immédiatement au travail. Je peux bien vous en parler pendant toute la journée, mais si rien ne se fait, cela n'en vaut pas la peine. Le temps est venu pour nous d'agir. Il faut tout de même que les familles dont l'intérêt est en jeu voient une petite lumière au bout du tunnel et comprennent que nous nous mettons sérieusement à l'oeuvre. Je veux qu'elles comprennent, tout autant que vous, que nous avons à coeur le service que vous nous fournissez au nom du Canada.

Lgén DeQuetteville: Merci beaucoup.

La présidente: Monsieur Frazer. Pourriez-vous me laisser quelques minutes, car j'ai moi aussi quelques questions?

M. Jack Frazer: Je suis sûr que vous en avez, madame la présidente.

Général, je vous félicite de votre Plan de vol pour la vie. Il est grand temps que vos gens cessent de se faire dire où ils doivent aller et sachent à l'avance ce que l'on attend d'eux. Cela leur permettra de mieux comprendre leur rôle et d'être beaucoup plus motivés. C'est une merveilleuse initiative de votre part.

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Bernie et John ont tous les deux mentionné les cadets. J'ai peut-être tort, mais il me semble que naguère le mouvement des cadets n'avait pas le droit d'encourager qui que ce soit à s'enrôler dans les forces armées, car ce n'était pas là l'objectif du programme: il s'agissait uniquement d'un programme de citoyenneté. Mais si vous vérifiiez, je crois que vous constateriez qu'une grande partie de ceux qui adhèrent au programme des cadets finissent par graviter vers le service qui les intéresse. Est-ce toujours le cas?

Lgén DeQuetteville: Je ne puis vous donner de chiffres, mais vous avez raison, et il faudrait faire encore plus. Le programme des cadets est un programme national, visant à fortifier un esprit civique envers la nation. C'est un programme qui est très précieux pour le Canada, même si aucun des cadets ne devait s'enrôler dans les forces armées régulières. Mais nous voulons évidemment pouvoir profiter de ces gens qui sont extrêmement motivés et les trois services veulent eux aussi profiter d'un programme des cadets.

M. Jack Frazer: Général, tous ceux qui font partie des forces armées et des forces aériennes m'intéressent. Mais revenons aux pilotes: vous avez dit avoir identifié un excédent de pilotes. Je me rappelle qu'après avoir mis à pied quelque 500 pilotes au milieu des années 60, on s'est soudainement trouvé à court de 500 pilotes. Cette pénurie persiste depuis ce temps, et nous n'avons visiblement pas tiré leçon de notre expérience. Ce qui me frappe, c'est que la première chose à faire pour corriger la situation c'est d'assurer un financement stable et une assignation stable des tâches. Si on a l'argent et que les tâches restent fondamentalement les mêmes, il est alors possible de stabiliser notre planification de demain, si j'ose dire. Qu'en dites-vous?

Lgén DeQuetteville: Je suis d'accord avec vous, dans la mesure où il faudrait ajouter un troisième membre à l'équation, soit les liens qui existent avec les lignes aériennes commerciales. Or, cela reste toujours le facteur inconnu. Vous avez vous-même vécu ce phénomène, et j'ai constaté moi-même que j'avais traversé au moins trois cycles de ce genre au cours de ma carrière. Voilà l'élément de différence dans cette équation des forces aériennes, si on la compare à la plupart des autres métiers que l'on trouve dans les forces armées. Elle constitue une force d'attraction pour nos pilotes des forces armées, de sorte qu'en l'absence de financement et d'assignation des tâches stables, ce phénomène ne fait qu'accentuer le problème. Il est normal que les pilotes soient attirés par un milieu de travail qui les paie au moins deux fois plus, où ils travaillent moins à raison de 30 p. 100 et ou ils peuvent trouver un milieu de travail stable, comme par exemple dans une grande métropole où ils peuvent élever leur famille et où leur conjoint peut trouver du travail.

M. Jack Frazer: Je pense même qu'il est possible d'identifier le pourcentage de ceux qui sont susceptibles de quitter le service et de passer dans les lignes aériennes commerciales. Si vous aviez un financement et une assignation de tâches stables, vous pourriez diagnostiquer les départs auxquels vous ferez face de toute façon. Cela vous permettrait aussi d'établir une plate-forme stable pour mettre en oeuvre des plans de formation en vue de contrer ces départs volontaires. N'est-ce pas?

Lgén DeQuetteville: En fait, certains des... Charlie a rencontré les grandes compagnies aériennes. Il est évident qu'elles sont là pour faire des affaires et qu'elles ne sont pas intéressées par un simple contrat, mais nous envisageons une situation qui nous permettrait de leur promettre tant de pilotes après 20 ans d'expérience, ce qui constituerait une garantie pour ces compagnies aériennes qui pourraient être assurées de recevoir des pilotes de 20 ans d'expérience. Elles pourraient être assurées de recevoir toujours le même nombre de pilotes par année - ce qui équivaut presque à un contrat de notre part - dans la mesure où elles accepteraient de ne pas chercher à attirer nos pilotes qui n'ont que neuf ans d'expérience. Quant à nous, cela nous permettait de lancer des initiatives destinées à retenir ces pilotes de moins d'expérience et de les garder jusqu'à ce qu'ils aient 20 ans d'expérience; s'ils nous quittaient à ce moment-là, nous pourrions dire que nous avons optimisé cette ressource tout en leur permettant d'adhérer à une entreprise qui peut toujours les employer encore 30 ans. Avec ce type d'entente, nous en sortirions tous gagnants.

M. Jack Frazer: C'est une idée excellente. J'espère que vous pourrez négocier avec la Chine lorsqu'elle mettra la main sur Cathay Pacific, même si cela s'annonce difficile.

En ce qui concerne l'attrition du côté des pilotes, je me suis inquiété de vous entendre dire dans votre exposé que, jusqu'à ce jour, vous aviez réussi à maintenir les opérations de vol, au prix de pénuries de personnel, d'annulations de cours de qualification et d'une augmentation de la production. J'ai l'impression que ce sont là des facteurs qui peuvent expliquer une partie de l'attrition. Lorsque vous dites à vos gens qu'ils ne peuvent plus suivre le cours de qualification auquel ils étaient inscrits parce que vous avez un urgent besoin d'eux ailleurs, cela ne leur permet certainement pas de se former en vue d'un avancement professionnel dans les forces armées, et cela ne fait rien pour rehausser le moral de vos gens.

Lgén DeQuetteville: Il n'est pas certain que cela joue sur le moral. Rappelez-vous comment vous vous comportiez lorsque vous étiez jeune pilote. Vous auriez sans doute préféré voler que de suivre des cours au collège d'état-major. Mais cela dit, suivre des cours de formation professionnelle est essentiel pour leur perfectionnement et leur capacité à grimper dans la hiérarchie.

Soit dit en passant, nous envisageons également une méthode à deux volets. Jusqu'à maintenant, nous avons eu tendance à obliger tous nos pilotes à suivre des cours de formation professionnelle et des cours au collège d'état-major. Maintenant, nous songeons à nous inspirer de ce qu'ont fait d'autres pays, notamment la Grande-Bretagne. En fait, nous en sommes rendus au point où nous songeons à ne cibler que 50 p. 100 de nos pilotes, c'est-à-dire ceux qui auraient le potentiel d'assumer des responsabilités de chef de file et à investir dans la carrière de ces gens-là, en les ciblant en vue des services de l'état-major. L'autre moitié des pilotes serait maintenue dans le service aérien, et nous chercherions à optimiser leur rendement même si leurs attentes vis-à-vis de leur carrière seraient limitées. Mais si, en cours de route, ils changeaient d'avis, les uns et les autres auraient la possibilité de se ranger dans l'autre camp. Cela nous permettrait également d'éliminer certaines inefficacités qui surviennent lorsque l'on cherche à faire passer tout le monde par le même cheminement de carrière, en vue de devenir le chef d'état-major de la défense.

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M. Jack Frazer: Cela a pourtant donné d'excellents résultats avec les capitaines d'aviation de la RAF.

Passons maintenant à l'emploi pour le conjoint. Je suis partagé, parce que contrairement à ce qui se passe dans les forces armées, lorsque vous travaillez ailleurs et que l'on vous demande de déménager ou qu'on vous déménage, cela se fait habituellement à la suite d'une promotion ou par choix personnel. Cela étant, je me demande si on ne pourrait pas convaincre les autorités que cette différence par rapport aux autres milieux de travail devrait être compensée par une hausse de rémunération. En effet, dans la majorité des cas maintenant le père et la mère travaillent pour boucler le budget. Ne pourrait-on, dans ce cas-là, payer le militaire davantage étant donné les exigences du service et pour que son conjoint n'ait pas à travailler? On pourrait évidemment atténuer le problème en prolongeant les séjours, mais cela ne le résoudrait pas complètement.

La présidente: Tout à fait.

Lgén DeQuetteville: Je ne sais pas. C'est évidemment une façon de faire, mais il y a certainement d'autres solutions, comme une meilleure formation et de meilleures possibilités d'études pour les conjoints, de sorte que lorsque la famille séjourne se trouve en séjour à Cold Lake, par exemple, le conjoint puisse continuer ses études avec l'aide partielle des forces armées, ce qui permettrait de compenser la perte d'un emploi à laquelle il a peut-être dû se résoudre en quittant Ottawa, Toronto ou Winnipeg.

M. Jack Frazer: Mais si la famille va de Cold Lake à Bagotville, cela donne quoi?

Lgén DeQuetteville: C'est une situation particulièrement insidieuse quand la personne est pilote d'avion de chasse, puisque Cold Lake et Bagotville sont les deux bases opérationnelles pour les chasseurs et que les possibilités d'emploi sont limitées.

Il y a plusieurs façons d'aborder la situation. Nous ne prétendons pas avoir... Je ne sais pas si d'autres aspects ont été examinés dans le cadre des mesures de soutien pour les conjoints qui...

M. Jack Frazer: Je suppose que j'avais en tête ce que M. Richardson a dit il y a déjà un moment et que je prône depuis déjà longtemps, à savoir qu'il ne faut surtout pas croire que les forces armées sont l'équivalent de la fonction publique. L'équation est tout à fait fausse, puisque la demande est tout autre et le mandat aussi. Une fois cela reconnu, il est alors possible d'affirmer que ces gens dans les forces armées devraient être payés un peu plus étant donné que leur conjoint ne peut travailler, faute d'emploi.

Je sais que cela va décourager les conjoints qui veulent travailler, mais c'est une décision qui doit être prise au moment où l'on se joint aux forces armées. Dès lors que l'on décide d'en faire partie, il faut l'accepter. Ou enfin je crois.

J'aimerais terminer...

La présidente: Pendant que vous avez encore un peu de temps?

M. Jack Frazer: ...en citant William Perry que vous avez mentionné plus tôt. Ce qu'il disait, c'était que si l'on s'occupe des troupes, les troupes s'occuperont de vous. Je suis tout à fait d'accord. Si nous échouons depuis 20 ans, ou presque, c'est que nous n'avons pas mis de côté les fonds suffisants pour équiper suffisamment l'armée, que nous n'avons pas pu aider le personnel des forces armées à combler ses besoins, ce qui lui a nui. La seule chose qui nous ait sauvés, c'est le dévouement de tous ceux qui travaillent pour et avec vous. Je les félicite et vous félicite à votre tour des initiatives que vous avez prises.

La présidente: Tout d'abord, j'aimerais dire à quel point je suis ravie d'entendre M. Frazer avouer que certains conjoints veulent travailler. Je suis personnellement convaincue que les hommes devraient avoir tout autant accès que les femmes à des emplois qui les satisfassent.

Cela dit, j'aimerais revenir à ce qu'a dit M. Collins sur les arrangements possibles en cas de mutation d'une base à l'autre. Je sais que la situation sera très difficile dans certaines bases, peu importent les efforts. Il faut savoir que nous ne pourrons pas résoudre certains problèmes à la satisfaction de tous.

Je sais bien qu'il existe des différences entre les trois corps des forces armées, mais il est également clair que certains des problèmes sont communs aux trois. Mardi dernier, à Valcartier, nous avons beaucoup discuté des sujets que vous avez mentionnés, général, notamment l'impartition des soins de santé.

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Un des officiers n'a pu se joindre à nous en début de matinée parce que sa femme était en travail et qu'il avait dû l'amener à toute vitesse à Québec, ce qui n'était ni trop loin ni trop difficile, étant donné le bon état de l'autoroute en cette magnifique journée du mois d'avril. Mais si cette jeune femme avait dû être transportée d'urgence à l'hôpital à Québec en plein janvier, cela aurait pu être une tout autre affaire, car lorsque nous y sommes allés en janvier dernier, nous avons été pris dans une tempête de neige pendant deux jours. On m'a donc fait part de cette préoccupation devant la fermeture de l'hôpital de la base.

On m'a fait part aussi d'autres préoccupations. Lorsque j'ai parlé à ceux qui s'occupent du soutien aux familles, aux divers officiers, au commandant général et à d'autres encore, tous ont mentionné le taux de divorce, la violence familiale et les effets du déploiement des forces armées non seulement sur le soldat mais aussi sur les conjoints et les enfants qu'ils laissaient derrière eux.

Ils ont soulevé la question de deux membres des forces armées, mariés ensemble, qui ont été déployés en même temps. J'ai soulevé la question de la garde des enfants qui s'est avérée encore plus grave que ce que nous avions prévu dans cette situation - situation qui n'est guère sans précédent. Évidemment, on essaye, dans toute la mesure du possible, de ne pas affecter à des opérations en même temps deux conjoints, mais cela se produit. Cela s'est certainement produit à Halifax au cours de la guerre du Golfe.

Il y a également le fait que le conjoint qui reste au foyer doit faire face à des responsabilités accrues en ce qui concerne la garde des enfants - c'est certainement vrai à Valcartier, et je présume que c'est la même chose dans les autres bases.

Nous avons également beaucoup parlé du programme d'appui à l'emploi des conjoints. On nous a notamment dit que lorsque le conjoint d'un membre des forces armées postule un emploi, les portes commencent à se fermer aussitôt qu'il dit: «Oui, je suis marié à un membre des forces armées».

Je pense que la suggestion de M. Collins voulant qu'on contacte les employeurs locaux et qu'on tente d'obtenir le partage des emplois - ce n'est pas vraiment le partage des emplois, mais faute d'un meilleur terme, c'est ainsi que je l'appelle. Ce serait peut-être quelque chose.

On nous a également dit quelque chose qui m'a vraiment frappée, à savoir le temps qu'un militaire en déploiement peut obtenir pour communiquer par téléphone avec sa famille. L'histoire qui me déchire toujours c'est celle d'un enfant de deux ans dont le père était absent depuis un an. Il a fallu six mois à cet enfant de deux ans pour s'habituer à son père et l'approcher... Comment décrire cela. Nous savons tous ce que nous ressentirions alors.

Ce sont là de grandes questions, mais j'aimerais quelques commentaires seulement à ce sujet. Ce sont les aspects qui sans être moins importants... La question salariale est extrêmement importante, évidemment, mais même les meilleurs taux de rémunération ne régleront pas certains de ces problèmes.

Lgén DeQuetteville: En effet, madame la présidente. Merci.

En ce qui concerne les déploiements, le problème n'est pas le même dans l'armée de l'air que dans l'armée de terre.

La présidente: Je comprends.

Lgén DeQuetteville: Évidemment, l'armée de terre a connu des moments très difficiles ces dernières années. Nous constatons que dans la marine la situation est différente aussi et, à mon avis, la nôtre est différente encore.

Avec les déploiements que j'ai décrits, nous avons abandonné la base statique que reconnaîtrait M. Frazer, à un point tel que maintenant, ce ne sont plus uniquement les pilotes et leurs avions qui vont ailleurs; ce sont aussi les ingénieurs de terrains d'aviation. Par exemple, à Haïti, nous venons d'envoyer une escadrille du génie en terrain d'aviation - la plupart de ses membres sont des réservistes en fait, de Terre-Neuve - et une escadrille de protection des aérodromes, à l'appui de cette mission, ainsi que notre escadron d'hélicoptères. De plus en plus, nous déployons des membres des forces aériennes des services sédentaires.

Nous avons des observateurs militaires de l'ONU au Guatemala et nous venons tout juste d'assumer les responsabilités de l'OTAN en Bosnie pour tous les ponts aériens. Une équipe des forces aériennes canadiennes s'occupe d'approvisionner par voie aérienne la Bosnie. C'est une équipe canadienne de l'air qui en assure la coordination. Il n'y a pas d'autre avion que nos Hercules et les Airbus.

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Dans les déploiements, nous ne faisons pas appel à plusieurs unités officielles, à un bataillon d'infanterie ou à un navire; nous avons tendance à faire appel à des membres des forces aériennes, un peu partout. Nous ne disposons pas du même genre d'unité responsable dont disposent les forces terrestres et la marine pour s'occuper de ceux qui restent derrière lors du déploiement d'une unité. Que faire alors? Lorsque Fred, Mary et Joe de l'escadre partent à titre individuel, comment l'unité assume-t-elle cette responsabilité?

En visite à la section du transport de la base à l'escadre 17 à Winnipeg il y a quelques mois, j'ai été frappé par les photographies sur le mur de sept membres de cette unité qui sont déployés, seuls ou par deux, partout au monde. Il s'agit d'un rappel que ce sont là des collègues qui ont été affectés à titre individuel. On a la responsabilité de se rappeler que ces collègues sont partis et qu'il faut s'occuper de ceux qu'ils ont laissés ici.

Comme armée de l'air, nous devons faire plus, collectivement, pour reconnaître cette nouvelle réalité. Au nombre des 20 plaintes de notre personnel, il y a le déploiement. C'est donc un problème. On ne se demande pas s'il y a un téléviseur couleur dans une tente à Haïti. Ce n'est pas la même chose. Ce dont on se préoccupe, c'est de la façon dont on s'occupe de ceux qui restent ici.

La présidente: Général, il ne m'était pas venu à l'esprit, avant de vous l'entendre dire, que dans certains cas, c'est encore plus difficile pour les familles, car si vous êtes à Valcartier quand tout un groupe est parti, au moins il y a un grand nombre de familles dans la même situation que vous. C'était la même chose lorsque les trois navires ont quitté Halifax pour le Golfe. Nous avions un centre d'aide aux familles. C'était difficile, mais au moins on était plusieurs dans la même situation. Dans votre secteur, vous êtes peut-être le seul, et vous vous sentez encore peut-être plus isolé.

Lgén DeQuetteville: Absolument, et nos centres de ressources familiales jouent un grand rôle pour nous aider à surmonter ce problème.

La présidente: Tout à fait.

Lgén DeQuetteville: En ce qui concerne les conjoints mariés, ici encore, il n'y a pas très longtemps, nous ne permettions pas l'affectation d'une personne en Europe si elle était parent célibataire. Maintenant nous avons de plus en plus de conjoints mariés et nous devons trouver des moyens de tenir compte du fait que dans certaines circonstances, ils seront tous deux affectés et qu'il nous faut alors nous occuper de façon adéquate de leurs personnes à charge. Nous ne voulons pas en venir à une situation où nous disons, très bien, vous êtes mariés, donc vous ne serez pas déployés tous les deux, car cela risque de transférer la charge de travail aux célibataires qui devront alors assumer plus que leur part.

Lorsque vous parlez aux membres d'une jeune famille... C'est ce que j'ai fait à North Bay tout juste vendredi dernier. C'est exactement la même situation. Ils sont tous deux enthousiastes. Ils sont prêts à partir. Ils comprennent que cela fait partie du travail: ils portent l'uniforme et ils ont la responsabilité d'accepter un déploiement. Mais nous devons nous assurer que nous pouvons nous occuper des personnes à charge qu'ils laissent ici.

En ce qui concerne l'emploi des conjoints, une collaboration avec les employeurs locaux pour le partage d'emploi, j'en prends note. C'est un problème pour nous comme je l'ai dit et cela continuera à l'être.

En grande partie, c'est une question d'éducation. Par l'entremise de nos centres de ressources familiales, nous diffusons sur Internet de la documentation qui permettra aux conjoints de se présenter et de mieux comprendre les possibilités. C'est une formule... Et l'idée d'un mandat plus long, de façon à dire aux marchands locaux, aux employeurs locaux, notre personnel sera ici pendant six, huit ou neuf ans, plutôt que simplement trois ou quatre, ce qui change les données du problème lorsqu'on se présente pour demander un emploi.

En ce qui concerne les appels téléphoniques, je sais que le ministère étudie la question de l'accès de façon à ce que notre personnel puisse téléphoner chez lui périodiquement. Je crains ne pas savoir où nous en sommes. Je sais toutefois que c'est un problème que nous examinons mais pas dans les forces aériennes.

La présidente: Monsieur Richardson, vous aviez une brève question.

M. John Richardson: Oui, elle l'est, mais la réponse sera peut-être longue.

Cette question n'est pas directement liée à la situation, mais c'est quelque chose qui me dérange depuis trois ou quatre ans, depuis que nous siégeons en tant que comité. Nous n'avons cessé de réduire les effectifs, mais stratégiquement, à quelle étape de la planification des ressources humaines et matérielles devrons-nous examiner l'expansion des forces armées? Nous avons réduit les effectifs jusqu'au point où nous ne pouvons même plus envisager l'entraînement pour élargir les forces armées. J'espère qu'à un moment donné le Quartier général de la Défense nationale nous fera part de son plan si une expansion rapide s'avérait nécessaire. J'en ai entendu parler, et je vous demanderai si un tel plan est en place, ou si on travaille sur ce plan stratégique.

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Lgén DeQuetteville: Monsieur Richardson, je ne peux pas vous dire exactement où en est le ministère. Ce serait la responsabilité de quelqu'un comme le général Campbell. Mais je peux vous dire qu'au sein de l'armée de l'air, nous avons l'occasion de doubler le nombre de réservistes, avec la possibilité d'en augmenter le nombre jusqu'à 5 000. Nous pensons beaucoup à la mobilisation en faisant cela. Cela fait partie intégrante des protocoles d'entente pour les réservistes dans l'industrie que nous sommes en train de signer avec l'industrie.

En passant, ces protocoles d'entente garantissent la disponibilité des membres pendant un an pour des opérations en déploiement. Les compagnies ont la responsabilité de protéger les emplois de ceux qui partent pour un an. Selon l'entente, si on nous envoie des gens pour trois ou quatre semaines, en tant que réservistes de la catégorie A, on leur donne un salaire de réserviste de la catégorie A et la société paie la différence au niveau salarial. Donc, les réservistes ne sont pas désavantagés, et ils n'ont pas à piger dans leurs congés annuels. Ils reçoivent une formation au sein d'une de nos escadres aériennes et ensuite ils sont prêts à être déployés pendant un an. C'est un excellent programme que nous avons commencé, et cela fait partie de la question de savoir ce qui se passerait si nous devions élargir les forces armées et comment nous le ferions.

M. Jack Frazer: Monsieur le général, est-ce que ce programme d'un an a déjà été mis à l'essai?

Lgén DeQuetteville: Avons-nous déjà envoyé quelqu'un? Je ne le sais pas, mais cela fait partie du protocole d'entente avec les quatre industries - je crois qu'il y en a quatre qui ont signé.

M. John Richardson: Pendant que nous réduisons les effectifs ailleurs, il faut élargir ce côté-là. Il faut garder un équilibre quant au plan stratégique du pays.

Lgén DeQuetteville: C'est un argument très valable. Avec la stabilité à laquelle on assiste à l'heure actuelle, je crois que vous allez constater que nous prêtons une plus grande attention à cet aspect-là. Encore une fois, nous avons été en mode de survie pour essayer de réduire les effectifs jusqu'au niveau exigé. C'est la raison pour laquelle le Plan de vol 1997 essayait de bâtir une structure pour l'avenir: pour tenir compte de la mobilisation, il faut de toute façon tenir compte de l'armée de l'air.

M. John Richardson: Merci.

La présidente: Membres du comité, merci.

Général DeQuetteville, colonel Bouchard, merci beaucoup pour votre contribution. Nous allons garder contact avec vous.

Lgén DeQuetteville: Merci, madame la présidente. Encore une fois, je crois que lorsque vous visiterez certaines de nos escadres aériennes, vous verrez les choses telle qu'elles sont. Vous avez entendu mes commentaires, et je reconnais qu'ils comportent certaines limites. Vous avez besoin d'aller sur place pour voir les gens au travail, parce qu'ils vous parleront de la véritable situation là-bas.

La présidente: Absolument. Merci beaucoup.

Chers membres du comité, je crois que nous aurons probablement une réunion du comité mercredi après-midi. Une des choses que j'avais mentionnées à notre infatigable greffier, c'était la possibilité de convoquer l'attaché militaire américain ou un autre représentant américain pour faire des comparaisons.

M. Jack Frazer: Je croyais qu'on allait organiser une fête d'adieu pour moi.

Une voix: Il y en aura une. Nous pourrons inclure cela aussi, Jack.

Une voix: On demandera au général DeQuetteville d'organiser un défilé aérien.

La présidente: Cela aussi, mais on demandera à Richard d'examiner cette possibilité, si personne ne s'y oppose.

M. Jack Frazer: À quelle heure?

La présidente: Probablement à 15 h 30, mais cela dépendra. On aura peut-être d'autres témoins, mais j'aimerais en convoquer un pour mercredi.

M. Jack Frazer: Mais allons-nous siéger?

La présidente: Si nous avons un témoin mercredi, nous allons essayer de siéger. Cependant, il n'y aura pas de séance jeudi prochain. Je crois que vous pouvez compter là-dessus.

La séance est levée.

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