[Enregistrement électronique]
Le jeudi 28 novembre 1996
[Traduction]
Le président: Bienvenue à tous. La séance est ouverte. Conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité permanent des ressources naturelles poursuit son étude sur le développement rural.
Tout d'abord, permettez-moi de présenter mes excuses aux témoins, au nom du comité. Malheureusement, il y a eu des votes à la Chambre ce matin et certains travaux procéduraux nous ont empêchés de commencer à 11 heures comme prévu. Je vous remercie donc d'être ici avec nous. D'autres députés se joindront à nous au fur et à mesure qu'ils reviendront ici.
Nous recevons ce matin des témoins d'Industrie Canada avec qui nous aborderons toute une série de questions. Pour le tourisme, nous avons Francine Boivin. Pour l'infrastructure des télécommunications, nous avons Richard Simpson. Pour l'analyse industrielle et réglementaire, nous avons Len St. Aubin et pour le programme d'accès communautaire, nous recevons Wayne Tosh.
J'ai nommé quatre personnes, mais je vois qu'il y a cinq personnes là-bas derrière.
M. Wayne Tosh (directeur, Programme d'accès communautaire, Promotion des sciences et affaires universitaires, Industrie Canada): Je vous présente Michel Carrière, qui travaille avec moi pour le Programme d'accès communautaire.
Le président: Très bien.
Nous aimerions que vous nous fassiez quelques brèves remarques liminaires concernant vos domaines d'intérêt, puis nous donnerons la parole aux membres du comité qui vous poseront des questions. Qui veut commencer?
Mme Francine Boivin (vice-présidente, Compétitivité de l'industrie, Industrie Canada): Mon exposé sera en français et j'aborderai trois sujets.
[Français]
Je vais d'abord aborder la question de l'industrie touristique pour vous donner quelques informations sur notre champ d'activité, puis je vais parler de la Commission canadienne du tourisme et de son rôle ainsi que du lien entre la Commission et le développement rural.
Tout d'abord, l'industrie touristique et sa contribution à l'économie canadienne: D'après les estimations, les dépenses touristiques au Canada ont atteint, en 1995, 41,8 milliards de dollars, ce qui constitue une augmentation de 2,8 milliards de dollars ou 7,1 p. 100 par rapport à 1994. Parallèlement, l'économie canadienne en général, telle que mesurée par l'augmentation du PIB, n'a gagné que 4 points de pourcentage en 1995.
Onze milliards de dollars de recettes en devises étrangères proviennent des visiteurs internationaux, ce qui place le tourisme au quatrième rang des industries d'exportation les plus importantes, après les véhicules automobiles, les pièces automobiles et les services aux entreprises. Le déficit du poste «voyages», dans le compte courant, est passé de près de 4 milliards de dollars en 1994 à 3,03 milliards de dollars en 1995, soit une réduction de 23,7 p. 100.
Au chapitre des emplois, le nombre d'emplois directement liés au tourisme a atteint, en 1995, l'équivalent de 488 500 années-personnes, ce qui représente une augmentation de plus de 8 000 années-personnes et un accroissement de 2 p. 100. Cet accroissement est d'autant plus appréciable qu'en général, le secteur commercial canadien a connu une croissance à peu près nulle des emplois pendant la même période.
Le nombre total des personnes employées dans des industries qui sont reliées au tourisme, et non pas des emplois directs, s'élève à environ 1,3 million. On s'attend à ce qu'il atteigne tout près de 1,9 million d'ici l'an 2005. Les industries touristiques se caractérisent aussi par une main-d'oeuvre qui est exceptionnellement jeune: 32 p. 100 des travailleurs ont entre 15 et 21 ans, alors que ce groupe d'âge, chez les travailleurs en général, ne représente que 17 p. 100 de la main-d'oeuvre canadienne. Voilà pour la contribution de l'industrie touristique dans l'économie du Canada.
Je passe maintenant à la Commission canadienne du tourisme. La Commission a un conseil d'administration qui est nommé par le gouvernement et qui doit planifier et gérer les programmes pour la création et la promotion d'activités touristiques au Canada. Le personnel de la Commission, qui est d'environ 60 personnes, appuie le conseil dans ses efforts et doit aider le conseil à promouvoir le Canada comme destination touristique, ainsi que fournir les renseignements appropriés à l'industrie touristique de façon à ce qu'elle puisse prendre des décisions stratégiques qui soient les meilleures pour son développement.
La Commission offre essentiellement deux types de programme à l'industrie touristique canadienne: tout d'abord, des programmes de marketing qui constituent l'essentiel de notre budget et qui aident l'industrie par l'établissement et la mise à jour de données sur les marchés, la publicité, les relations publiques, les projets de promotion, les relations avec les médias et le développement de l'industrie touristique, ainsi que des activités de collaboration et de participation; deuxièmement, des programmes de promotion de la compétitivité de l'industrie, qui sont plutôt des activités de soutien, avec des évaluations de l'industrie, des études, des services d'élaboration de programmes, des guides, des séminaires et l'établissement et la mise à jour de données sur l'activité et les recettes de l'industrie.
Précisons que la Commission ne fait pas de lobbying, n'a pas de programme fondé sur des critères très précis et n'a pas non plus de programme de mise en valeur d'immobilisation. Le personnel de la Commission a pour objectif principal d'intégrer les efforts de collaboration des partenaires pour favoriser le tourisme au Canada et vise à établir des alliances et à harmoniser les efforts à l'échelle nationale.
Pour ce qui est de son financement, lors de la création de la Commission, M. Chrétien a lancé à l'industrie le défi d'égaler l'engagement financier du gouvernement fédéral, qui était de 50 millions de dollars par an pendant trois ans.
La première année, l'industrie a contribué pour environ 40 millions de dollars en programmes cofinancés. Pour l'année 1996-1997, tout indique que le défi sera relevé et que l'industrie aura contribué au moins 50 millions de dollars pour égaler la contribution gouvernementale.
Je pourrai revenir plus tard si vous avez des questions sur le fonctionnement de la Commission elle-même. Je passe immédiatement au rôle de la Commission en matière de développement rural.
La Commission assure des liens entre les entreprises et les associations du secteur touristique, les gouvernements provinciaux et territoriaux et le gouvernement du Canada. Elle doit élaborer un programme national pour promouvoir le Canada comme destination touristique auprès des Canadiens et des étrangers, et fournir les renseignements opportuns et exacts à l'industrie touristique pour aider à la prise de décision.
En tant que telle, elle ne réserve pas de fonds à des régions, à des provinces ou à des territoires. La Commission coordonne les efforts de nombreux intervenants du secteur du tourisme, notamment propriétaires d'hôtels, voyagistes, exploitations d'attractions touristiques, transporteurs aériens, associations locales et provinciales, et organismes gouvernementaux.
La Commission cherche continuellement à créer de nouvelles possibilités de partenariat pour ses activités de marketing, de recherche et de valorisation de l'industrie.
Tout en offrant un service qui est national et qui, par conséquent, ne vise pas spécifiquement des segments ruraux de sa clientèle, la Commission travaille en étroite collaboration avec de nombreux partenaires qui offrent des produits non urbains, en particulier dans ses activités de marketing.
La Commission a un site Internet qui fournit des renseignements généraux sur les activités de la Commission, ses publications, etc., et permet d'accéder à son centre de documentation, mais établit aussi des liens en hypertextes avec d'autres sites Web qui traitent des voyages ou du tourisme canadiens.
Les entreprises urbaines ou rurales peuvent profiter de ce mode d'accès à distance. Je discutais tout à l'heure avec mon collègue à droite, que vous allez entendre aussi, de collaboration possible entre nous pour accélérer l'accès des communautés rurales à notre site Web.
Nous avons, à la Commission, un comité de tourisme autochtone qui travaille à l'élaboration et au marketing des produits touristiques autochtones qui, comme vous le savez, sont en majorité dans des régions rurales.
Nous travaillons aussi avec l'industrie canadienne du tourisme d'aventure et de l'écotourisme, dont le produit est de plus en plus important puisque le marché est en pleine croissance.
Je souligne aussi, même s'il n'en est pas fait mention dans le texte qui vous a été remis, que l'agrotourisme semble un produit en développement, surtout dans certaines provinces. Le Manitoba, notamment, nous a mentionné beaucoup d'intérêt pour le développement de ce produit.
Je termine en mentionnant un nouveau programme qui s'articule autour du concept des clubs de produits, dont l'objet est d'encourager des alliances entre des entreprises touristiques du Canada pour qu'ensemble elles puissent contribuer à la réalisation des objectifs de la Commission, qui sont de regrouper des petites et moyennes entreprises de l'industrie touristique, de concevoir un cadre de développement pour de nouveaux produits ou des produits améliorés, et de favoriser la diversité, l'accessibilité et l'utilisation des produits touristiques.
Les membres peuvent décider s'ils veulent travailler ensemble, définir leurs objectifs et développer des produits qui pourront rendre le Canada plus compétitif et plus attrayant pour les visiteurs étrangers.
Je termine ici. Je suis prête à répondre à vos questions et à vos commentaires. Merci.
[Traduction]
Le président: Merci beaucoup.
Monsieur Simpson.
M. Richard Simpson (directeur exécutif, Comité consultatif sur l'autoroute de l'information, Industrie Canada): Merci, monsieur le président.
Nous avons distribué aux membres du comité des documents qui résument certains points que j'aimerais aborder dans mes remarques liminaires. Très brièvement, j'aimerais vous parler d'une initiative qui a été lancée il y a quelques années, le Comité consultatif sur l'autoroute de l'information. Je vais vous parler de son travail et de ce qu'il fait pour encourager l'accès à l'autoroute de l'information, particulièrement dans les régions rurales et éloignées du Canada.
Brièvement, le Comité consultatif sur l'autoroute de l'information est composé de 29 membres du secteur privé représentant les industries des télécommunications, de la radiodiffusion et de la technologie de l'information, les milieux des arts, de la création et de l'éducation ainsi que des groupes de consommateurs et des syndicats.
Le conseil a été créé en 1994 pour conseiller le gouvernement en matière de politique dans le cadre d'un processus global de planification et de consultation visant à élaborer la stratégie canadienne de l'autoroute de l'information.
Son rapport, intitulé «Contact, Communauté, Contenu: Le défi de l'autoroute de l'information» a été publié en septembre 1995. Il contenait plus de 300 recommandations destinées au gouvernement concernant l'élaboration de l'autoroute de l'information.
L'une des questions clés qui a été examinée par le comité consultatif et qui faisait l'objet de ces recommandations est l'accès. J'ai souligné dans la documentation les recommandations spécifiques que le comité consultatif a faites au gouvernement concernant l'accès. Permettez-moi de citer l'une des observations importantes faites par le comité:
- Dans le débat en cours sur la politique gouvernementale à adopter relativement à l'autoroute de
l'information, il faut accorder une considération primordiale à la question de l'accès. L'accès
de base à l'autoroute devrait être aussi universel et adéquat pour les Canadiens que l'accès au
téléphone ou à la télévision.
Dans l'intérêt de votre comité, la seconde recommandation importante en ce qui concerne l'accès était que l'organisme de réglementation, soit le CRTC, mette en place une politique tarifaire pour assurer un accès abordable à l'autoroute de l'information et à ses divers services, particulièrement dans les régions rurales et éloignées du Canada. L'accent devrait être mis surtout sur des domaines clés comme celui de la santé, de l'éducation et de la sécurité publique et les services connexes devraient être offerts par l'autoroute de l'information.
Enfin, l'une des recommandations les plus détaillées du Comité consultatif sur l'autoroute de l'information est que le gouvernement fédéral devrait élaborer une stratégie nationale sur l'accès universel sous la direction d'Industrie Canada avec la coopération de nombreux autres ministères et organismes du gouvernement et des gouvernements provinciaux. Le travail est en cours tant à l'interne qu'en consultation avec les provinces. Un certain nombre de mesures seront prises, notamment la publication, au cours des prochains mois, d'un document de consultation publique relativement à une stratégie nationale sur l'accès universel.
C'est ce qui a conclu la première phase du travail du comité consultatif en ce qui concerne l'accès. Il y a eu une réponse du gouvernement en mai 1996, réponse qui donnait les grandes lignes des mesures que le gouvernement prendra dans tous ces domaines, plus particulièrement en ce qui concerne l'accès. Le document de consultation est l'un des engagements que le gouvernement a réitérés dans son plan d'action.
Le comité consultatif poursuit son travail tant de façon générale que dans le domaine de l'accès. L'accès est l'une des cinq questions auxquelles le comité doit porter attention au cours des prochains mois selon son mandat. Le comité lui-même surveillera de très près le travail qui se fait à cet égard à l'échelle nationale.
Voilà qui conclut mes remarques liminaires, et je pourrais peut-être répondre à vos questions.
Le président suppléant (M. Reed): Est-ce que cela conclut les exposés?
M. Tosh: Nous n'avons pas encore présenté l'exposé sur l'accès communautaire.
Le président suppléant (M. Reed): Merci, monsieur Tosh.
M. Len St. Aubin (directeur intérimaire, Analyses industrielles et réglementaires, Industrie Canada): Excusez-moi, monsieur le président. J'aimerais tout simplement ajouter mes commentaires aux observations de Richard sur l'autoroute de l'information.
L'infrastructure de télécommunications au Canada est l'une des plus perfectionnées et des plus importantes au monde. Plus de 98 p. 100 des Canadiens sont abonnés au téléphone; 95 p 100 des Canadiens ont accès à la télévision par câble - environ 75 p. 100 des Canadiens sont de fait abonnés; et environ 90 p. 100 de la population canadienne a accès à des services de téléphone cellulaire.
Le secteur des télécommunications au Canada a des revenus d'environ 18 milliards de dollars par an. Sa contribution au PIB croît beaucoup plus rapidement que l'économie en général et continue de croître. Ce secteur emploie plus de 130,000 personnes.
Je vous ai distribué un exposé sur l'infrastructure et la compétitivité de l'industrie ainsi que l'élaboration de politiques. Plutôt que de vous lire cet exposé en détail, je vais tout simplement en aborder les grandes lignes rapidement.
En ce qui concerne les services ruraux, les services sans fil perfectionnés et les services par satellite - qui seront offerts au cours des prochaines années, représentent une nouvelle contribution importante. Ils seront extrêmement utiles pour desservir tant les collectivités rurales qu'éloignées. Ils permettent de livrer des services, particulièrement des services par satellite - les satellites peuvent livrer des services aux régions éloignées sans coût supplémentaire pratiquement. Pour bon nombre des nouveaux services sans fil pour lesquels nous avons émis une licence récemment - les services de communication personnelle et les STML, systèmes de télécommunications locaux - il est possible d'offrir des services perfectionnés de haute qualité, souvent à un coût beaucoup moindre que celui de prolonger le réseau par fil métallique.
En ce qui concerne la politique et la réglementation, depuis 1993, avec l'introduction de la nouvelle Loi sur les télécommunications, l'un des principaux objectifs du gouvernement en matière de politique a été le recours accru aux forces du marché pour offrir tous les services de télécommunications.
Au cours des dernières années, en fait même avant 1993, presque tous les marchés de télécommunications ont été assujettis à la concurrence. Il y a maintenant de la concurrence dans le domaine des services interurbains, des lignes privées, de la revente et plus récemment, dans celui des services téléphoniques locaux et des services de télévision par câble.
En même temps, conformément aux objectifs de la Loi sur les télécommunications et comme Richard l'a dit, le gouvernement est toujours déterminé à assurer un accès universel à toute une gamme de services de télécommunications et ce, à des tarifs abordables.
À cet égard, le CRTC a récemment rendu deux décisions qui méritent d'être soulignées. L'une de ces décisions permet aux grandes sociétés de téléphone, qui sont toujours soumises à la réglementation, d'offrir des taux préférentiels aux établissements d'enseignement et de santé, pourvu que ces tarifs ne soient pas inférieurs au coût additionnel nécessaire pour offrir un service. On est actuellement en train de négocier ces services ou ces tarifs.
Par ailleurs, tout récemment le CRTC a rendu une décision sur les options de tarification des services locaux. Dans cette décision, le CRTC en est arrivé à la conclusion que les tarifs qui sont demandés à l'heure actuelle ne présentent pas de problèmes d'abordabilité pour la grande majorité des Canadiens. En même temps, le CRTC a mis en place un plan de surveillance qui permettra d'examiner tout déclin dans les taux de pénétration à la lumière des augmentations permanentes des tarifs locaux.
Conformément également aux conclusions auxquelles le CRTC en est arrivé lors des audiences, il a abordé deux questions concernant spécifiquement la capacité de payer. L'une portait sur les coûts initiaux auxquels certains Canadiens doivent faire face pour avoir accès au service téléphonique local, et le conseil a ordonné aux compagnies de téléphone de permettre aux abonnés de payer ces taux selon un calendrier fixe réparti sur plusieurs mois. En même temps, le conseil a ordonné aux compagnies de téléphone de s'assurer que les abonnés locaux peuvent avoir accès au blocage du service interurbain. Ainsi, s'ils ont de la difficulté à contrôler l'utilisation des services interurbains, ils ont alors les moyens techniques de prévenir le problème et ils ne se retrouveront pas avec des factures qu'ils n'ont pas les moyens de payer.
Ce sont donc deux décisions importantes qui ont été rendues assez récemment.
En même temps, le conseil tient actuellement des audiences qui changeront considérablement la façon dont les télécommunications sont réglementées au Canada. Une série d'audiences vient tout juste de se terminer en vue de mettre en place un cadre réglementaire en ce qui a trait à la concurrence pour les services téléphoniques locaux. Le conseil vient également tout juste de terminer une série d'audiences sur l'introduction d'une réglementation concernant le plafonnement des prix qui, encore une fois, modifiera considérablement la façon dont les télécommunications seront réglementées pour les services locaux des compagnies téléphoniques qui demeurent soit un monopole ou essentiellement des services publics. Ces décisions devraient être rendues d'ici le milieu de 1997.
Pour sa part, comme je l'ai déjà mentionné, le gouvernement a récemment octroyé des licences pour des nouveaux services sans fil, des services de communication personnelle et des services de communications multipoints locaux. Le 6 août, nous avons publié une politique sur la convergence qui confirme l'engagement du gouvernement à l'égard de la concurrence ainsi que son appui continu à l'égard du contenu canadien, de l'interconnexion et de l'interopérabilité de tous les réseaux sur l'autoroute de l'information. Par ailleurs, elle offre un cadre de politique pour la concurrence entre les compagnies de téléphone et les compagnies de câble sur leur marché principal habituel.
Voilà donc un aperçu rapide de notre politique en matière de télécommunications. Je vous invite maintenant à poser des questions.
Le président suppléant (M. Reed): Merci, monsieur St. Aubin. Monsieur Tosh.
M. Tosh: L'accès communautaire... Nous mettons certaines de ces politiques en oeuvre et nous faisons bouger les choses dans les collectivités rurales. J'aimerais vous montrer des rétroprojections, sur lesquelles vous retrouverez certains exemples également.
L'accès communautaire vise à créer de nouveaux débouchés pour favoriser le développement économique et social dans les régions rurales du Canada en reliant les collectivités rurales à l'Internet et en leur montrant comment l'utiliser pour en tirer des avantages économiques et sociaux.
Au fait, nous avons un exemplaire de cet exposé pour ceux que cela intéresse.
Faisons un bref retour en arrière. Notre objectif initial était de 1 000 collectivités d'ici 1998. Le premier concours qui a eu lieu l'an dernier a reçu un appui sans réserve. Par conséquent, le gouvernement a accéléré le financement du programme et s'est donné un nouvel objectif de 1 500 collectivités. À l'heure actuelle, 300 collectivités ont des contrats avec nous, et ces collectivités sont réparties un peu partout au pays.
Le processus d'approbation comporte deux étapes. Les comités provinciaux composés d'experts ruraux dans chaque province évaluent toutes les propositions. Je souligne qu'il s'agit d'un processus concurrentiel. C'est un effort concurrentiel, un projet communautaire. Ce n'est pas perçu comme un autre programme gouvernemental, mais plutôt comme un projet communautaire pour lequel le gouvernement fournit le capital de départ.
La deuxième étape du processus d'approbation est un comité national composé de représentants nationaux comme les Telephone Pioneers, l'Association canadienne de développement économique, l'Association de l'industrie touristique du Canada, le Club Rotary et divers groupes qui parlent pour le pays, qui prennent les recommandations des comités provinciaux et qui y affectent des ressources un peu partout au pays.
L'an dernier, 770 demandes ont été reçues. Quatre cents de ces demandes ont été recommandées par les comités provinciaux. Initialement, 271 demandes ont été approuvées, et puis des ressources additionnelles ont été trouvées vers la fin de l'exercice financier et nous avons pu approuver les demandes de 95 autres collectivités.
Le deuxième concours vient tout juste de se terminer, et je peux vous donner certaines statistiques. Nous avons reçu 600 demandes pour ce deuxième concours, ce qui représente plus de1 000 collectivités. Pour ce deuxième concours, il y a eu une augmentation de 60 p. 100 des demandes provenant du Québec, et nous avons également reçu des demandes de 90 collectivités des Premières nations.
La plupart des 271 et des 95 sites sont présentement opérationnels. Il y en a encore quelques-uns qui ont des problèmes de connectivité. Je m'excuse de ces caractères qui sont très petits, mais voici une citation d'une des collectivités qui dit jusqu'à quel point ce programme d'accès communautaire est important pour elle et qui parle de l'impact de ce programme.
L'été dernier, nous avons pu utiliser des fonds de DRHC pour mettre en place un programme d'emplois pour étudiants pendant l'été, de sorte qu'il y avait des étudiants qui travaillaient à chacun de ces sites au pays. Cela a vraiment eu un impact non seulement sur les comités mais sur les collectivités. Les effets de synergie ont été importants, comme vous pouvez le constater.
Les jeunes ont apporté une certaine dynamique à ce projet qui a vraiment fait bouger les choses dans les collectivités, et nous avons eu d'excellents rapports. Certains étaient tellement satisfaits qu'ils ont continué. Le gouvernement provincial de l'Ontario continue, à ses propres frais, à envoyer des étudiants sur les sites pour travailler.
Nous avons mis en place un cadre de collaboration avec l'ACATE, l'Association canadienne pour l'alternance travail-études. Cette association représente 236 000 jeunes de 12e année de partout au pays qui font une expérience de travail. Bon nombre de ces jeunes travailleront aux sites PAC et y acquerront une expérience de travail.
Les étudiants aideront les sites en s'occupant de l'administration, de la mise en marché, de la création de la page d'accueil, et en même temps ils acquerront l'expérience et les compétences nécessaires à l'employabilité. Nous sommes très enthousiastes face à ce projet.
Chacune des collectivités a la possibilité de présenter un portrait virtuel. Je pense que 250 des 380 collectivités ont déjà un site web. Il est très excitant pour ces collectivités de se retrouver sur le web. Elles en sont fières et elles sont fières de leur collectivité. Encore une fois, il s'agit de quelque chose dont elles sont propriétaires.
L'une des raisons pour lesquelles le programme d'accès communautaire a un tel succès, c'est parce que ce projet appartient à la collectivité, mais c'est aussi grâce à nos partisans qui travaillent là-bas avec nous sur le réseau, soit comme membres du comité national, soit comme membres des comités provinciaux. Il y a des personnes-clés dans les collectivités qui sont enthousiasmées par ce que nous pouvons faire pour eux, de sorte qu'il y a certains groupes dans ces collectivités qui travaillent très bien avec nous. On peut voir la représentation à ces comités - l'éducation provinciale et nationale, culture, santé, bibliothèques, ONG - et cette diversité est vraiment un catalyseur.
Je m'excuse de l'erreur d'orthographe sur cette diapositive, mais à Yarmouth, les choses bougent depuis que le site PAC a été établi. Une entreprise de construction maritime a pu faire des ventes en Europe et en Australie grâce à une page d'accueil qui a été créée par le site.
J'ai entendu parler d'un autre cas de réussite la fin de semaine dernière. À Antigonish, il y a un couple qui élève des chevaux norvégiens et qui a également un gîte touristique, mais ce couple n'a pas d'ordinateur. Une personne du site PAC leur a expliqué les possibilités, les a aidés à créer une page web et ce couple a maintenant vendu des chevaux à l'étranger. En plus, ils ont reçu de nombreuses demandes de gens qui voulaient venir séjourner dans leur gîte touristique pour voir leurs chevaux. La semaine dernière, ils ont décidé d'acheter un ordinateur et de se mettre à l'ère de l'information. Voilà donc quelques exemples des réussites de ce programme. Nous sommes là pour aider les gens à la base avec ce programme.
Voici un autre exemple de la façon dont nous utilisons les étudiants à Port Saunders. Les étudiants, avec leur dynamisme, constituent une ressource importante au site de Port Saunders. Ils apportent une synergie. Ils ont également participé à un projet de numérisation d'informations qui est pertinente sur le plan culturel au Canada. Sur les prochaines diapositives, je vais vous donner un exemple de l'un de ces projets.
La diapositive suivante montre la page d'accueil de Brome-Missisquoi au Québec. La diapositive suivante vous donnera un exemple de la portée de ce projet dans une région en particulier. Il y a donc 11 collectivités qui y travaillent. Bien que le centre se trouve à Dunham, il y a Sutton, Bromont, Lac Brome, Farnham, Cowansville, Bedford, Masonville et Eastman qui en font partie. Ce n'est vraiment pas une seule collectivité. Elles ont dû travailler ensemble en groupe pour que ce soit une réussite.
La diapositive suivante est un exemple de Steinbach, au Manitoba. Cette ville se considère comme étant la ville de l'automobile. La ville est très fière de cette page d'accueil. Je pense que c'est un bon endroit si vous voulez aller acheter une automobile.
La diapositive suivante est un exemple de ce que certains de nos jeunes ont fait dans le cadre du projet de numérisation. Ils ont pris une copie sur papier et l'ont numérisée, acquérant ainsi les compétences nécessaires qu'ils pourront utiliser dans une entreprise à l'avenir. En même temps, ils offrent aux Canadiens de l'information que nous ne pourrions pas obtenir autrement et que nous pouvons utiliser pour partager notre culture les uns avec les autres.
La dernière diapositive montre ce que nous voulons faire. Les provinces s'intéressent beaucoup à ce que nous faisons dans le cadre de ce projet, et nous avons mis en place un protocole d'entente avec le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard, modèle conjoint qui nous permet de créer un réseau grâce au site CAP pour donner au public un accès aux services gouvernementaux. Cette possibilité nous enthousiasme beaucoup. Nous sommes en train de négocier avec d'autres provinces pour utiliser un modèle semblable ailleurs au pays.
Nous travaillons également avec d'autres ministères du gouvernement fédéral. Ressources naturelles Canada a un projet intitulé GeoExpress qui est un projet de cartographie qui intéresse bon nombre de nos collectivités rurales. Ils sont en train d'élaborer ce projet de façon à ce que si quelqu'un veut chasser, trapper ou autre, il est alors possible de se rendre sur leur site PAC et obtenir de l'information cartographique qui concerne leur collectivité. Voila ce qui se fait à l'heure actuelle.
J'aimerais vous donner quelques autres exemples, en conclusion. J'étais en Alberta hier, et nous avons un petit site à la bibliothèque de l'école de Barrhead. Ils m'informaient justement qu'ils allaient devenir une station météorologique pour l'émission de télévision par câble à Edmonton. Le site PAC donnera les conditions météorologiques par câble. Ils sont très enthousiasmés par ce projet.
Un autre petit groupe, à Breton, une ville de 500 personnes dans l'Alberta rurale - c'est justement un exemple de ce dont Len a parlé au sujet des communications par satellite et sans fil - a profité d'une entente conclue avec Stentor selon laquelle les compagnies de téléphone nous fournissent gratuitement une largeur de bande Ku pour nos écoles et bibliothèques pendant une période de deux ans. Pour y avoir accès, il faut avoir des antennes paraboliques de 18 pouces. Il faut donc utiliser une ligne téléphonique pour sortir, mais le retour se fait par satellite.
Cette petite ville de 500 personnes a trouvé une façon novatrice de prendre l'alimentation par satellite qui arrive dans un ordinateur et de la répartir pour tout leur laboratoire. Ils me disent qu'ils avaient l'autre jour 40 enfants qui avaient accès à l'Internet à partir d'une ligne téléphonique, et que tout le laboratoire obtenait de l'information. Ils parlaient de pouvoir utiliser un seul magasin d'alimentation de cartes - je ne comprends pas toute la technologie - de sorte qu'une autre collectivité à moins de 10 kilomètres, un autre réseau, puisse s'en servir aussi.
À Peerless Lake dans le nord de l'Alberta, à 400 milles au nord d'Edmonton, ils n'ont pas d'eau courante, mais ils sont reliés à l'Internet. Les jeunes parlent avec des jeunes d'autres pays et échangent des expériences culturelles.
Il s'agit certainement d'un programme de base. Les collectivités en sont propriétaires. Ce programme est très bien reçu. Il permet de créer lentement des emplois au niveau local. Nous sommes donc très enthousiastes.
Le président suppléant (M. Reed): Merci, monsieur Tosh. Je remercie également tous ceux qui ont fait un exposé.
Si vous pensez que vous avez de la difficulté avec la technologie, vous n'êtes pas le seul. Tout cela évolue si rapidement que j'ai bien du mal à tout absorber.
Monsieur Canuel.
[Français]
M. Canuel (Matapédia - Matane): Vous avez donné énormément d'exemples et je pense que c'est bien. Internet, c'est formidable, sauf que dans des régions rurales, certains besoins élémentaires doivent être comblés.
Je veux bien qu'Internet passe par là, mais quand les gens n'ont rien à manger, Internet leur passe un petit peu par-dessus la tête. Il y a peut-être 10 p. 100 des gens à qui cela pourrait rendre service, mais pour les autres dans le monde rural, ce n'est peut-être pas pour demain.
On dit que les 11 milliards de dollars - c'est Mme Boivin qui présentait cela - de recettes en devises étrangères sorties des poches des visiteurs internationaux ont placé le tourisme au quatrième rang des industries d'exportation les plus importantes, et je m'en réjouis, mais je me pose des questions en ce qui a trait au monde rural.
À la page 3, en français, sous la rubrique «Rôle de la Commission en matière de développement rural», on dit:
- En tant que telle, elle ne réserve pas de fonds à des régions, provinces ou territoires spécifiques.
- J'aurais quelques questions à ce sujet.
Je me dis qu'une commission comme la vôtre devrait se pencher davantage là-dessus. Comment se fait-il que chez nous, le tourisme diminue depuis cinq ans?
Vous dites également que l'accès de base à l'autoroute devrait être aussi universel et adéquat pour tous les Canadiens que l'accès actuel au téléphone et à la télévision. Pourtant, dans le monde rural ou semi-urbain, depuis des années, Radio-Canada Matane réduit et réduit son personnel. C'est la même chose à Rimouski et à Sept-Îles.
En principe, ce que vous dites est très bien, mais en réalité, ce n'est pas comme cela que ça se passe dans le monde rural. Je ne sais pas ce que vous pouvez faire concrètement, mais il est urgent de favoriser ce qu'on appelle le tourisme. Radio-Canada avait un rôle à jouer. La Société présentait le samedi les beautés de la Gaspésie. C'était formidable.
J'ai parlé au directeur de Radio-Canada à Matane, M. Pelletier. Il m'a dit: «On va donner le maximum avec ce qu'on a». Je le comprends très bien et je le félicite, car c'est un homme merveilleux, mais concrètement, il ne peut faire davantage parce qu'on lui coupe les vivres.
Je suis tout à fait d'accord avec vous, mais comment concrétiser ce que vous dites pour ne pas que cela reste de belles paroles? Je ne veux pas de grandes phrases. Les milieux ruraux de Matane, Amqui, Carleton et Sainte-Anne-des-Monts ne se contenteront pas de se faire dire ce qu'ils doivent faire pour avoir leur part du gâteau touristique.
Mme Boivin: Je vais élaborer sur la façon dont la Commission est organisée pour vous permettre de mieux comprendre ce qui est fait actuellement.
La Commission, ce n'est pas uniquement un ministère fédéral comme cela a déjà été le cas autrefois. C'est presque une agence maintenant. Elle est composée de gens du secteur privé, du secteur public fédéral, provincial, territorial, et son conseil d'administration est composé surtout de gens du secteur privé. Dix-sept des 26 membres du conseil d'administration, dont le président, sont du secteur privé.
Nos huit comités sont tous présidés par des gens du secteur privé et six d'entre eux sont essentiellement concentrés dans le marketing. Notre budget de 50 millions de dollars, qui est maintenant plus que doublé par des contributions des provinces et du secteur privé, est consacré pour l'essentiel à des activités de marketing et de promotion. La partie non fédérale vient du privé, des provinces, etc.
M. Canuel: Le marketing, c'est surtout pour les grandes villes.
Mme Boivin: Non. Je vais reprendre l'exemple que vous donnez chez vous. Dans la région de Matane, Amqui, etc., votre association touristique, l'Association touristique du Bas-Saint-Laurent, peut, avec Tourisme Québec et des partenaires du secteur privé, des hôteliers, des transporteurs, des agents de voyage, des grossistes de l'extérieur de la région à l'occasion ou de l'intérieur, préparer et organiser toutes sortes d'activités en partenariat avec nous.
Nos comités servent à cela. Par exemple, si Matane décidait de faire la promotion d'une activité en saison estivale, ce qui est plus facile dans cette région, ou dans une saison moins populaire, elle pourrait se regrouper avec d'autres villes de la région ou avec d'autres types de partenaires, quelquefois très inhabituels, pour nous présenter un projet et nous dire: «Nous serions intéressés à élargir notre marché dans le reste du Canada, aux États-Unis, en Europe ou en Asie-Pacifique». On couvre toutes ces régions.
M. Canuel: Et vous n'investirez pas d'argent...
Mme Boivin: Oui, on peut en investir si vous en investissez aussi.
M. Canuel: C'est 50-50?
Mme Boivin: Ce pourrait être 50-50; c'est notre minimum. Mais, de plus en plus, le fédéral va investir moins que ce que l'ensemble des autres partenaires vont investir. Ce pourrait être 50-50. Souvent, ce n'est pas aussi coûteux qu'on l'imagine. Chez nous, il y a des experts et il y en a aussi à Tourisme Québec, qui peuvent quelquefois nous aider pour une région particulière, qui savent, par rapport au produit que vous voulez développer, comment vous aider, quels sont les marchés potentiels, ce qui vous manque pour qu'il vaille la peine d'investir.
On n'enverra pas une région qui n'a pas beaucoup d'argent faire une grosse campagne de publicité télévisée aux États-Unis. C'est trop cher pour vous et cela ne donnerait pas de bons résultats. On peut cependant vous dire, si vous vous spécialisez dans le tourisme d'aventure ou dans tel ou tel autre secteur, quelles sont les revues ou les campagnes qu'on a préparées et qui peuvent vous être utiles. On pourra vous dire comment vous pouvez payer une annonce, qui coûte parfois4 000 $ ou moins, selon le média utilisé pour percer ces marchés.
On va vous dire aussi, le cas échéant, que votre produit n'est pas compétitif, qu'il n'est pas organisé en forfait ou qu'il ne permet pas de faire quelque chose avec des partenaires, que vous allez avoir de la difficulté quelconque.
L'industrie touristique est extrêmement compétitive. On a beaucoup de difficulté à percer les marchés d'Europe et des États-Unis et à garder ces marchés, parce que les autres aussi travaillent très fort. Ce n'est pas pour rien qu'il y a deux ans, le gouvernement a décidé de créer cette commission. Notre budget est passé de 15 millions de dollars à 50 millions de dollars et on a considérablement changé l'approche, presque à 180 degrés, parce qu'on s'apercevait qu'on perdait du terrain. On en a regagné un peu, mais on a besoin de beaucoup d'efforts encore.
Les communautés comme Matane, Amqui et les autres que vous avez mentionnées, sont les bienvenues si elles veulent développer des choses et travailler ensemble. Si elles demeurent isolées - un seul village ou un seul hôtelier - , elles ne pourront certainement pas percer un marché. C'est impossible. Aucun pays n'y arrive. Nous pouvons aider. Nous avons beaucoup d'experts même si nos ressources sont limitées. Comme je le disais, la Commission a un personnel de 60 personnes tout au plus, mais on travaille en partenariat avec d'autres qui ont des expertises importantes même à l'extérieur du Canada. On a un très bon réseau.
M. Canuel: Vous n'avez pas parlé de communications, de Radio-Canada, etc. Ça ne vous concerne peut-être pas directement, mais vous dites qu'il faut donner les mêmes moyens à tout le monde. Moi, je considère que Radio-Canada entre un peu là-dedans.
Mme Boivin: Je ne sais pas comment répondre à votre commentaire sur Radio-Canada. Il faudrait peut-être que vous précisiez ce que vous croyez qu'on pourrait faire avec Radio-Canada.
M. Canuel: Je ne le sais pas. Si on veut donner les mêmes moyens de communication à tout le monde - et Radio-Canada est un moyen de communication - et qu'on diminue tout le temps le personnel et l'information... Chez nous, c'est important. C'était un excellent moyen.
Mme Boivin: Je comprends. Évidemment, je ne peux pas répondre à la partie qui concerne les coupures à Radio-Canada ou ailleurs. Radio-Canada, pour nous, est un média parmi d'autres, que nous utilisons à l'occasion pour faire la promotion de certains produits touristiques.
M. Canuel: Mais chez nous, c'est plus important que d'autres produits. C'est ce que je voulais dire.
Mme Boivin: Je comprends. Pour ce qui est des coupures, vous comprenez que je ne suis pas en mesure de répondre.
M. Canuel: Je comprends. Merci.
Le président suppléant (M. Reed): Monsieur Serré.
M. Serré (Timiskaming - French River): Premièrement, je tiens à vous féliciter pour l'excellente présentation, même si j'en ai manqué un petit peu au début. Je crois que le programme d'accès communautaire est fantastique.
J'ai eu le privilège d'avoir cinq projets acceptés dans mon comté. Quand on considère qu'il y a tout près de 300 comtés qui se répartissent moins de 500 projets, on peut dire que la moyenne dans mon comté est excellente. J'en suis très très heureux et je vous en remercie, sauf que ça ne règle pas tous les problèmes de communication dans le comté.
Je regardais les statistiques que vous avez ici en page 9. On dit que 98,6 p. 100 des foyers ont le service téléphonique. Dans mon comté, ce pourcentage est d'environ 85 p. 100. Il y a des régions de mon comté qui n'ont accès ni au téléphone cellulaire ni au téléphone par ligne. S'ils ont le téléphone par ligne, ce sont des lignes communautaires et non privées, donc inaccessibles au télécopieur, à l'Internet, etc.
Encore ce matin, j'ai reçu une télécopie d'un couple. C'est un cas typique qu'il me faut mentionner. Ce sont des gens de la ville qui sont venus s'installer dans le Nord parce qu'ils voulaient le mode de vie qu'on peut retrouver en milieu rural. Ils se sont acheté une propriété et bâti une maison avec l'idée de faire un commerce à l'intérieur de celle-ci. De plus en plus, c'est la vogue. Ce sont de petits commerces qui commencent dans les maisons privées, qui sont gérés à domicile.
Ils ont bâti la maison puis demandé le téléphone. Ils se sont aperçus que le seul service téléphonique qu'ils pouvaient avoir, c'était une ligne communautaire et que, par conséquent, il ne pouvait pas y avoir de fax, d'Internet, etc. Leur commerce était basé sur les communications. Ils étaient très fâchés et très déçus parce qu'ils avaient investi. Ils auraient probablement dû s'informer avant d'aller plus loin, mais venant de la ville, ils tenaient pour acquis que ces services-là étaient disponibles partout au Canada.
J'aimerais poser une question à M. Tosh. J'aimerais qu'on s'en tienne à l'aspect rural de la question, parce que c'est ça, le mandat de ce comité. Il est extrêmement important pour l'économie rurale que l'on ait accès au réseau d'information, mais comment peut-on encourager les gens à se brancher à l'Internet quand ils n'ont même pas le téléphone?
Qu'est-ce qu'Industrie Canada devrait et pourrait faire pour «forcer» les compagnies comme Bell...? Je sais qu'avec Bell, il y a eu l'accord du CRTC pour son plan de développement rural, mais il y a beaucoup d'autres compagnies. Dans mon comté, par exemple, les trois quarts des compagnies relèvent de Northern Telephone. Elles n'ont rien rendu public du plan d'action pour l'amélioration des services. On me dit que peut-être en l'an 2005, ces gens-là vont pouvoir avoir une ligne privée. Alors qu'est-ce qu'Industrie Canada devrait et pourrait faire pour forcer ces compagnies-là à nous donner accès à ces services-là?
[Traduction]
M. Tosh: C'est une bonne question. Len peut peut-être parler de la politique des télécommunications à un niveau plus élevé, mais je peux vous parler de ce qu'on a fait dans le cas du PAC au niveau populaire.
Avec ces sites Internet, nous attirons des gens qui reçoivent une formation, et tout à coup il y a une demande de services parce que ces gens ont fait l'expérience de l'Internet et des possibilités d'avantages économiques et autres. Pendant que cette formation est donnée, des pressions sont exercées auprès du secteur privé pour agir. Dans le cas de Picton, lorsque nous sommes allés mettre en place un site, il n'y avait alors aucun service privé. Après la période de formation, de nombreux fournisseurs de service Internet sont venus répondre à ce besoin et ont trouvé la solution.
Au niveau local, les gens trouvent des façons très novatrices de se relier à l'Internet. À un endroit en Alberta dont j'ai entendu parler hier, ils se sont arrangés pour qu'il y ait deux renvois automatiques extérieurs de façon à ne pas avoir à faire d'appels interurbains. Ils ont dû acheter un plus grand nombre de lignes téléphoniques pour réduire leurs coûts de télécommunications. Chaque cas est différent, mais c'est un peu ce que fait le PAC au niveau local. Les compagnies de téléphone s'en aperçoivent. Dans le cadre de notre protocole d'entente avec NBTel, cette compagnie de téléphone offre gratuitement l'accès à toutes les collectivités PAC pour les deux prochaines années. Cela n'aurait pas été possible si le PAC n'avait pas pris cette direction. Les compagnies téléphoniques dans d'autres provinces concluent des ententes semblables dans la mesure du possible sous le contrôle du CRTC.
Pour ce qui est de la politique des télécommunications en général, je vais laisser Len répondre à cette question.
[Français]
M. St. Aubin: Vous avez mentionné la possibilité de forcer les compagnies de téléphone à étendre leurs réseaux dans certaines régions. D'abord, il est exact qu'au-delà de 98 p. 100 des Canadiens ont accès aux services de téléphone; dans certaines régions éloignées, des circonstances font que ce pourcentage est certainement moindre.
Nous avons depuis plusieurs années au Canada une situation où les tarifs dans les régions rurales sont inférieurs à ceux des régions urbaines, même si le coût pour offrir le service est plus élevé dans les communautés rurales éloignées.
Tout récemment, la CRTC a approuvé une demande de Bell Canada d'augmenter les tarifs dans les communautés rurales éloignées et un peu partout dans son territoire de service. En même temps, Bell Canada s'est engagé à augmenter le service et la qualité du service dans la majorité de ces communautés.
Le résultat est que, dans plusieurs des cas, les municipalités et les gouvernements communautaires affectés ont quand même appuyé la demande de Bell Canada.
Dans le cas de votre compagnie de téléphone, ce n'est pas Bell Canada, si je comprends bien.
M. Serré: C'est Northern Telephone.
M. St. Aubin: C'est Northern Telephone. Alors, c'est dans le Grand Nord essentiellement?
M. Serré: Dans le nord-est ontarien.
M. St. Aubin: Le nord-est de l'Ontario.
M. Serré: La région de Kirkland Lake, jusqu'à Timmins.
M. St. Aubin: Oui. Ce sont des endroits où le coût pour offrir le service est très élevé, cela dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Il y aura d'abord un incitatif pour offrir le service aux nouveaux arrivés, là où la compagnie de téléphone ne l'offre pas.
Dans le cas notamment des technologies satellitaires ou sans fil, nous prévoyons qu'il y aura moyen, au cours des prochaines années, avec la concurrence et l'entrée de nouvelles technologies, d'offrir des services aux particuliers qui décident de vivre dans des régions éloignées.
Lorsqu'on parle de forcer les compagnies de téléphone à offrir un service, il faut comprendre que, si on force une compagnie à offrir un service dans un territoire éloigné ou, dans certains cas, à un particulier, il faut se demander qui va payer le coût de ce service.
Si l'abonné n'est pas prêt à payer le coût et, dans certains cas, le coût d'extension du fil peut être très élevé, est-ce à la majorité des abonnés de payer pour qu'absolument tous les Canadiens puissent avoir un fil qui les rejoigne?
M. Serré: Vous touchez vraiment au coeur du problème du Canada rural. Est-ce qu'on a les mêmes droits que les gens qui vivent dans les grandes villes, que ce soit à Radio-Canada, au téléphone, aux télécommunications, etc.? Comme société, on se doit d'offrir certains services comme la télévision communautaire et le Réseau de l'information à tous les Canadiens.
Je sais que vous n'êtes pas au gouvernement et que c'est nous qui allons décider, mais j'essaie d'influencer le ministre. Est-ce que le gouvernement ou Industrie Canada n'aurait pas un rôle à jouer? Ce n'est peut-être pas la bonne approche; on devrait peut-être donner un incitatif de quelque sorte ou des points d'impôt. Mais je suis convaincu qu'il faudrait absolument, en tant que gouvernement, s'assurer par quelque moyen que ce soit que tous les gens aient cet accès. On pourrait faire un nouveau plan d'infrastructure visant les télécommunications en milieu rural.
M. St. Aubin: Le gouvernement fédéral a lancé un plan d'infrastructure. Est-ce qu'il y aurait possibilité de trouver des moyens de cette façon? Je ne sais pas. Ce serait au gouvernement et aux politiciens d'en décider. Je disais qu'avec les nouvelles technologies satellitaires et sans fil, l'accès en région rurale est beaucoup moins difficile, parce que les coûts pour offrir les services sont moindres.
Ce n'est pas pour demain, mais Industrie Canada travaille beaucoup avec l'industrie pour faciliter le développement de nouvelles technologies, lancer la concurrence et permettre aux nouveaux entrants et aux nouvelles technologies d'offrir les services le plus rapidement possible. C'est au moins une stratégie qu'on vise pour traiter de cette question.
M. Serré: Dans combien d'années cette nouvelle technologie sera-t-elle disponible? Dans cinq ans, dix ans?
M. St. Aubin: Cela dépend des technologies. Il y a beaucoup de variables, mais nous venons tout juste d'offrir des licences à de nouvelles compagnies qui offrent des services de STML et aussi des services de communication personnelles sans fil. Du côté des satellites, on devra probablement attendre deux à trois ans, peut-être même cinq ans, avant que les services avancés dont on parle soient disponibles de façon commerciale.
[Traduction]
Le président suppléant (M. Reed): Monsieur Mitchell.
M. Mitchell (Parry Sound - Muskoka): J'ai quelques questions à poser au sujet du tourisme.
À combien s'élève le budget annuel de la Commission canadienne du tourisme?
Mme Boivin: Le gouvernement fournit un budget de 50 millions de dollars. Mais nous avons un budget plus élevé, car, comme je l'expliquais, nous recevons maintenant de l'argent des provinces, des territoires et du secteur privé. Le budget s'élèvera donc à plus de 100 millions de dollars cette année.
M. Mitchell: Je comprends cela, mais la contribution du gouvernement s'élève à 50 millions de dollars.
Mme Boivin: Le gouvernement injecte 50 millions de dollars.
M. Mitchell: Et il y en a une partie qui va à l'administration, une autre partie qui va à la recherche et au développement et une autre partie qui va aux partenariats avec le secteur privé, surtout pour la mise en marché.
Mme Boivin: Oui, l'essentiel servira à la mise en marché.
M. Mitchell: Avons-nous une liste des entreprises avec lesquelles le gouvernement fédéral a conclu un partenariat par l'intermédiaire de la Commission canadienne du tourisme?
Mme Boivin: Certainement. Ce ne sont pas seulement des entreprises, cependant.
M. Mitchell: Des entités.
Mme Boivin: Oui. Il peut s'agir de gouvernements provinciaux, territoriaux ou municipaux.
M. Mitchell: Cette liste est-elle longue?
Mme Boivin: Elle est sans doute très longue, je ne...
M. Mitchell: Plus de 100 entités cette année?
Mme Boivin: Je n'oserais pas vous donner de chiffres exacts. Je suis assez nouvelle à la commission; ce n'est que mon cinquième mois. Mais je pourrais vous donner cette information plus tard si c'est important pour vous. Cependant, il s'agit certainement d'une longue liste.
M. Mitchell: La raison pour laquelle cela est important... J'aimerais que le comité sache combien de ces entités se trouvent surtout dans le Canada rural. La Commission canadienne du tourisme travaille surtout en partenariat avec d'importants intervenants et fait un travail raisonnable. Elle travaille en partenariat avec les gouvernements provinciaux, avec de grandes associations de tourisme, avec Air Canada, les Hôtels CP et ce genre d'entités. Ce type d'entité opère généralement dans les régions urbaines du Canada, et cela ne pose pas de problème; cela injecte de l'argent dans le tourisme. Mais je pense que le comité doit se demander si la Commission canadienne du tourisme forme des partenariats avec des intervenants qui font surtout affaire dans des régions rurales du Canada. D'après les témoignages que nous avons entendus à Amos, par exemple, et dans d'autres régions du pays, il semble que cela ne soit pas le cas; la Commission canadienne du tourisme ne forme pas de partenariat à un niveau assez bas, à un niveau qui aurait l'impact que nous aimerions voir dans le Canada rural. Voilà pourquoi je pose ces questions.
Mme Boivin: Je ne suis pas d'accord avec vous. Nous n'établissons pas de partenariat seulement avec les grandes sociétés. Il est vrai qu'au début, la commission a donné l'impression de n'avoir que de grands partenaires, et je crois que c'est ce qu'il fallait faire au début. Il n'est pas possible d'agir dans le domaine du tourisme international sans l'appui de grandes sociétés comme Air Canada, Canadian, CP, Interwest. Ce sont des partenaires essentiels. Mais nous avons également au sein de notre conseil des gens comme Ida Albo, qui est propriétaire de l'hôtel Fort Garry. Cette entreprise-là n'a certes pas l'envergure d'Air Canada ou d'autres grandes sociétés. Nos comités comprennent également un grand nombre d'entreprises plus petites.
M. Mitchell: Je ne m'inquiète pas de ce que vous ayez une représentation des régions rurales dans vos comités. Si c'est le cas, j'en suis content.
Mme Boivin: Mais ces entreprises sont également nos partenaires.
M. Mitchell: À quoi sert cet argent? C'est ce qui m'intéresse. Nous pourrions en parler en long et en large, mais c'est très simple. Si ces renseignements font partie du domaine public, je vous demanderais de déposer auprès du comité le nom des sociétés avec lesquelles vous avez établi des partenariats. Si vous êtes autorisée à préciser les sommes que nous avons dépensées - je ne sais pas si vous êtes autorisée à divulguer ce genre de détail - vous pourriez déposer ces renseignements de façon à ce que nous puissions voir clairement quelle partie de cet argent a été dépensé dans les régions rurales du Canada et quelle partie a été dépensée dans les régions urbaines. Si une partie de cet argent est investie dans les régions rurales du pays, tant mieux. Je ne veux pas préjuger de la question. Mais les gens à qui nous avons parlé nous disent que ce n'est pas le cas.
Prenons l'exemple de ma propre circonscription. Il n'y a pas à ma connaissance, dans ma circonscription, de partenaires de la Commission canadienne du tourisme, à l'exception d'un hôtel du CP, et je suis très content que ce partenariat-là existe. À l'exception de cet hôtel, ce que j'appellerais l'autre bout du tourisme... Et c'est une question importante, puisque 52 p. 100 des emplois dans ma circonscription sont liés au tourisme.
S'il y a des partenariats, tant mieux. Il faut alors en informer les gens et leur faire savoir comment procéder, puisque c'est ce que l'on nous dit. Mais s'il n'y a pas d'investissement dans les régions rurales, alors il faut voir comment on peut en susciter. Mais nous comprenons ce que vous dites et nous n'allons pas préjuger de la situation. Tenons-nous en aux faits. Si vous le voulez...
Monsieur le président, serait-il possible de noter que nous avons demandé aux témoins de déposer ce document?
S'il ne vous est pas possible de le faire, pour une raison ou une autre, dites-le nous.
Mme Boivin: Oui, je crois que je le pourrai. Je ne vois pas pourquoi ce serait impossible.
C'est très difficile pour un organisme comme le nôtre de rejoindre les petites et moyennes entreprises, puisque nous ne sommes pas établis dans les régions. Nous ne sommes que 60, ici à Ottawa. Mais la plupart de nos partenaires et des membres de notre conseil viennent de toutes les régions du Canada et seraient en mesure de nous aider. Nous essayons de trouver de nouvelles façons de procéder, une nouvelle méthode qui aiderait les PME, les petites et moyennes entreprises, à collaborer avec nous. Nous devons d'abord nous faire connaître d'elles. Ces entreprises sont certes les bienvenues.
Mais comme je l'ai dit, c'est tout un problème. Par exemple, il est très difficile au propriétaire d'un hôtel ou d'une auberge d'établir à lui seul un partenariat avec nous. Il faut d'abord établir le partenariat dans la région puisqu'on peut ainsi obtenir une masse critique qui lui permettra de s'attaquer au marché international et d'obtenir des investissements.
Il ne s'agit pas seulement d'acheter une affiche publicitaire ou une annonce de 30 secondes à la radio. Dans la plupart des cas, il faut établir des liens solides avec le marché du tourisme, et se rendre dans d'autres pays, l'Allemagne, par exemple, s'il s'agit de marchés adéquats par rapport aux produits offerts. Il faut ensuite convaincre les voyagistes que le forfait offert est le meilleur et participer à des foires commerciales comme Rendez-vous Canada, rencontrer un grand nombre d'agents de voyage et de voyagistes pour les convaincre, en plus d'acheter des annonces, de participer à une campagne de publicité, etc.
Cela demande beaucoup de temps, plus que d'argent - beaucoup plus que d'argent. Ils doivent ainsi se regrouper et nous avons beaucoup de mal à les convaincre de le faire.
S'il y a déjà tellement de gens qui s'intéressent au tourisme dans votre région, peut-être que l'on pourrait les convaincre de se mettre ensemble et d'offrir de nouveaux produits et formules qui auraient du succès sur nos marchés. Ce serait ainsi plus facile de les aider.
M. Mitchell: Je n'en disconviens pas.
Le président suppléant (M. Reed): Madame Cowling.
Mme Cowling (Dauphin - Swan River): Merci beaucoup.
Je viens d'une petite localité d'environ 900 habitants. Nous avons pratiquement toujours gagné notre vie en faisant de l'agriculture. Je vous dis cela parce que je voudrais vous brosser un tableau. Ce que vous nous avez présenté aujourd'hui est très prometteur pour les localités rurales et isolées. Toutefois, il y a un facteur qui me ramène à la question soulevée par M. Serré.
Nous avons parcouru ce pays d'un bout à l'autre et sommes allés dans des régions très isolées et nous avons constaté qu'il y avait des tas de gens qui n'ont aucune qualification et qui n'ont pas les connaissances voulues pour profiter de l'autoroute de l'information. Je dis cela parce que mon mari, qui a toujours été dans l'éducation, suit maintenant un cours en vue de mettre notre exploitation sur cette autoroute. Il a lui-même, alors qu'il est enseignant, du mal à suivre ce que l'on propose. Je crois que si l'on veut offrir un programme à des gens qui vivent dans des régions très isolées, un programme qui soit efficace et qui les aidera à progresser et à apprendre suffisamment de choses pour pouvoir avoir accès comme tout le monde à l'autoroute de l'information... Il faut que nous soyons certains que les programmes que nous offrons sont adaptés.
Qu'en pensez-vous?
M. Tosh: J'estime que la technologie est secondaire. Ce sont les gens qui comptent. Un élément très important - et n'oubliez pas qu'il s'agit là d'un concours où seules les meilleures propositions seront retenues, est la formation qui sera offerte afin que les gens comme votre mari puissent venir sur le site.
Ils ont trouvé des méthodes très originales. Certains des étudiants, l'été dernier, sont allés... Vous parlez là de transformation - comme ce couple à Antigonish dont je parlais qui n'avait jamais branché d'ordinateur. Certains étudiants sont donc allés faire un sondage et ont demandé aux petites entreprises et à différentes personnes dans ces localités qu'elles étaient les cinq choses les plus importantes pour eux. Après avoir dressé leur liste, ils ont commencé à naviguer sur Internet et ont retenu cinq ou six choses qui pourraient intéresser respectivement les personnes qu'ils avaient interrogées. Ils invitaient alors ces gens-là à venir naviguer avec eux et leur ont montré comment se brancher sur Internet et accéder à ces quatre ou cinq sites. Dans de nombreux cas, cela a très bien marché. C'est tout ce qu'il fallait pour les intéresser.
Les collectivités ont donc la responsabilité de cette formation qui est nécessaire, et qui est un élément très important de la demande. C'est la raison pour laquelle le site sera là: c'est pour que nous puissions faire exactement ce dont vous parlez. C'est en fait la collectivité qui est le moteur de toute l'entreprise.
Nous pouvons leur donner des outils. Nous leur fournissons des outils électroniques. Il y en a un que j'appelle la Suite Chebucto. Il y en a d'autres qui sont des genres de manuels sur la façon de faire la promotion d'une localité; d'un site dans cette localité; de faire de la publicité; de faire un exposé devant la Chambre de commerce locale au sujet de l'importance de ce site; des manuels techniques: comment se brancher, que faire en cas de problèmes, où trouver des solutions. Nous apprenons nous aussi au fur et à mesure. Nous essayons de trouver des outils qui leur facilitent la tâche, mais c'est à la collectivité de diriger les choses, c'est elle qui est responsable.
Mme Cowling: Je suivrai la chose, monsieur le président, parce que c'est une situation bien particulière pour les Canadiens des régions rurales. Une des choses que nous ont dites un certain nombre de témoins est que beaucoup de ces Canadiens qui vivent dans des régions très isolées du pays sont défavorisés au point de départ. Ne serait-ce que tout le facteur concurrence... ils ne peuvent, par exemple, faire face à la concurrence des grands centres urbains. Ils n'ont pas la technologie voulue. Beaucoup n'ont pas les qualifications non plus.
Autre question. On nous a dit qu'il devrait peut-être y avoir au sein du gouvernement canadien quelqu'un qui serait désigné pour examiner l'ensemble de ces régions rurales isolées afin d'essayer de faciliter le processus pour tous ces gens-là. Pensez-vous vous-même que cela soit nécessaire?
On nous a d'autre part suggéré un secrétariat rural ou un ministre rural ou quelqu'un qui pourrait aider à orienter les gens.
M. Tosh: Il est difficile de prendre une telle décision. Il n'y a pas de réponse donnée. Je sais que dans un cas particulier un homme âgé ne voulait même pas entrer. C'est sa petite-fille qui a dû le faire entrer. Toutefois il s'intéressait beaucoup à la pêche à la mouche. Il a vu quelqu'un fabriquer des mouches. Quelqu'un lui a montré ce qu'il y avait à l'Internet là-dessus et cela a suffi. Le problème était réglé.
Dans ces localités rurales, il serait probablement possible d'appliquer une certaine stratégie. Vous prenez l'individu le plus cynique et vous réussissez à le convaincre. Si vous y parvenez, tout le monde le saura. C'est probablement une stratégie que l'on peut appliquer.
Je vous donne un exemple. J'ai entendu hier que certains de nos étudiants dans une localité rurale de l'Alberta sont allés voir 200 entreprises pour essayer de les convaincre de participer. Au début, le taux de succès était assez faible.
C'est beaucoup. Les installations existent. Il va falloir s'y prendre de différentes façons. Je sais que nous avons des tas de gens très novateurs qui se heurtent au même genre de problème. Au fur et à mesure que nous trouverons des solutions qui semblent marcher, nous espérons pouvoir les suggérer à d'autres localités.
Mme Cowling: Monsieur le président, je vais y revenir parce que je continue à penser que le témoin ne comprend peut-être pas mon point de vue. Je ne pense pas qu'on puisse en effet comparer l'Alberta à certaines régions que nous avons parcourues. Ce n'est pas du tout la même chose. On ne peut comparer l'Alberta à Hopedale ou à Goose Bay au Labrador. C'est de ces gens-là que je parle. Ce sont les gens qui préoccupent notre comité.
J'ai des gens comme cela dans ma circonscription de Dauphin - Swan River, dans les secteurs les plus isolés du nord de la circonscription. Ce sont des gens des Premières nations, des Inuit, des agriculteurs, des gens qui sont tous d'une façon ou d'une autre liés au secteur des ressources naturelles. Ce sont ces gens-là qu'il nous faut essayer d'intéresser au processus technologique.
Ce n'est probablement pas une question que je pose, mais...
M. Simpson: Monsieur le président, la députée a tout à fait raison de poser la question. On peut se demander en effet si un organisme ou quelqu'un ne devrait pas être chargé d'examiner la façon dont on pourrait faire profiter les régions rurales ou isolées de l'autoroute de l'information... Je ne sais pas si je puis répondre à la question précisément mais je pense qu'il est certain qu'il faudrait examiner ces problèmes globalement dans une perspective de développement régional et local.
Il y a déjà plusieurs années que nous examinons les questions d'accès aux technologies de communication. On s'est toujours attaché à rendre le téléphone et les services de radiotélévision accessibles aux Canadiens. Le Canada a une réputation internationale à cet égard même s'il y a encore certaines mesures à prendre, comme le disait tout à l'heure la députée.
Ce qui est différent maintenant avec l'autoroute de l'information c'est que c'est tellement important pour le développement général des collectivités. On pense souvent aux technologies de pointe dans les régions urbaines et l'on dit que c'est important pour la compétitivité du Canada, etc. Tout ceci est vrai. Mais l'autoroute de l'information nous oblige maintenant à comprendre en quoi l'accès à cette technologie est tellement nécessaire pour le développement social et économique partout au pays, et notamment dans les régions rurales et isolées. Il faut considérer que l'autoroute de l'information va permettre de redonner une nouvelle vigueur à l'économie rurale canadienne.
Il ne s'agit pas simplement de questions commerciales. Il faut considérer l'accès à des services essentiels tels que la santé et l'éducation dont vous parliez aussi. Un des intérêts du Conseil consultatif sur l'autoroute de l'information est qu'il a pu avoir une perspective très large sans être nécessairement associé à tel ou tel porte-feuille de l'administration. Cela lui a permis de considérer l'ensemble de l'économie comme un tout et de voir comment certaines de ces choses doivent s'imbriquer et le genre d'initiatives qu'il faudra prendre.
C'est peut-être la première étape. Quant à savoir si l'on aura besoin d'un organisme pour poursuivre la tâche une fois que l'on aura déterminé que c'est une priorité, je ne suis pas sûr de pouvoir le dire.
Le président suppléant (M. Reed): Merci beaucoup. Je crois que nous avons eu un échange extrêmement utile. Nous avons entendu par exemple que le tourisme est en progrès grâce à certaines nouvelles initiatives originales, et c'est probablement la première fois depuis longtemps que l'on a sérieusement attaqué le déficit en dollars touristiques du Canada. Nous avons d'autre part appris que le Canada vit très certainement à l'heure de l'information et c'est très encourageant.
J'espère que vous avez compris grâce à cet échange qu'une des préoccupations que nous avons tous est que même si les statistiques indiquent que les communications sont à la disposition de85 p. 100 ou 95 p. 100 de la population, cela ne s'applique pas nécessairement au Canada rural. Dans les régions rurales, par exemple en Ontario et au Québec, on dit qu'il y a 60 000 abonnés du téléphone qui ont toujours des lignes multiples et n'ont donc pas accès à l'Internet.
Je suppose que si je voulais vous poser une dernière question, ce serait la suivante. L'Internet est-il utile par téléphone satellite?
M. Tosh: Len n'est pas là. Je ne puis vous parler que de l'expérience que nous avons avec les PC directs, qui utilise un satellite, à sens unique pour l'instant. C'est très rapide. J'ai donné l'exemple de cette localité rurale qui l'utilisait.
D'ici deux ou trois ans, probablement, je ne sais pas exactement, on aura une boîte à côté de l'ordinateur qui permettra d'envoyer le signal au satellite et de le récupérer sans aucun branchement. Ce sera la solution pour les localités rurales et isolées qui ne sont pas reliées actuellement par les branchements voulus.
Je sais qu'il y a un certain nombre d'entreprises qui travaillent à cette technologie. Par exemple, Hughes aux États-Unis. C'est le concept du PC direct. Je crois que c'est une solution très prochaine. Elle viendra s'ajouter à toutes les autres possibilités. Avec la concurrence, avec les câbles, avec les compagnies de téléphone aussi... Ils ont trouvé d'autres techniques car tout cela est question de concurrence. À mon avis, nous sommes très près d'y arriver.
M. Simpson: Les technologies sans fil sont pleines de promesses et cela ira au-delà du simple accès. Pour ce qui est du premier rapport du conseil consultatif, je crois qu'il serait normal de maintenir la pression afin d'éliminer les lignes partagées et d'assurer des lignes individuelles à tout le monde puisque c'est la principale voie d'accès à l'autoroute de l'information. C'est du moins le point de vue du conseil consultatif.
Il y a des provinces au Canada où le seul service offert est celui des lignes individuelles et tout le monde y a accès. Il y a d'autres régions où les compagnies concernées prévoient progressivement éliminer les 66 000 lignes partagées en Ontario - il y en a encore plus en Colombie-Britannique - afin de donner à tous une ligne individuelle, n'importe où. Et puis il y a les technologies sans fil, comme celles qu'on utilise pour les PC directs et autres, qui combinés aux lignes individuelles offriront tout un éventail d'options aux Canadiens des régions rurales et peut-être même un jour l'équivalent de ce que l'on offre dans les régions urbaines.
Le président suppléant (M. Reed): Au nom de M. Mitchell, notre éloquent président, qui a pu prendre la parole pour la première fois aujourd'hui depuis des mois, je tiens à vous remercier tous d'avoir pris le temps de venir nous parler de ce sujet si intéressant. Je vous prierais de nous excuser de vous avoir fait attendre. Nous avons eu des votes à la Chambre, c'est le genre de chose qui arrive. Encore une fois, merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous éclairer sur toutes ces questions.
La séance est levée.