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TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 19 septembre 1996

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[Français]

Le président: Bonjour, mesdames et messieurs. On va commencer notre travail. Aujourd'hui, nous sommes très heureux de recevoir une délégation spéciale composée de Mmes Leone Pippard et Ann Dale ainsi que de MM. Glen Munroe et Russ Kisby.

Le sujet de notre discussion de ce matin est ViABILITÉ, Programme de communication national pour l'avancement de la viabilité.

[Traduction]

Nous sommes très heureux que vous soyez ici, madame Pippard, et que nous ayons ainsi l'occasion de vous entendre. Sans plus tarder, je vous demanderai donc de nous présenter votre exposé. Je suis certain que l'on voudra ensuite vous poser des questions. Vous avez la parole, et je vous invite donc à commencer.

Mme Leone Pippard (chargé de projet, phase du développement, ViABILITÉ): Merci beaucoup.

[Français]

Je vous remercie, monsieur le président, de nous avoir donné, à mes collègues et à moi-même, l'occasion de faire étudier par le Comité de l'environnement et du développement durable le Programme ViABILITÉ.

Nous avons demandé cet examen afin de connaître l'opinion des Canadiens sur la valeur de ce programme et pour savoir s'ils jugeaient que le programme méritait l'appui du gouvernement canadien.

[Traduction]

Comme vous l'avez dit, trois personnes feront un exposé: Glenn Munroe, fondateur de la Canadian Buy-Recycled Alliance et expert-conseil principal du groupe LURA, une société qui se spécialise dans la planification et les communications environnementales; Russ Kisby, président de ParticipACTION, un organisme à but non lucratif et une société de communications qui organise des campagnes pour apporter des changements sociaux au sein de la population canadienne; et moi-même, ancien membre de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie et directrice du programme ViABILITÉ, phase du développement, qui est une initiative de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie.

Monsieur le président, après les exposés et les questions qui suivront, Ann Dale présentera quelques observations. Ann est présidente du Canadian Consortium for Sustainable Development Research et associée principale à l'Institut de recherche sur le développement durable de l'Université de la Colombie-Britannique. Par ailleurs, Ann est l'ancienne directrice des opérations de la Table ronde nationale.

Le président: À notre comité, nous avons l'habitude d'entendre tous les exposés et toutes les observations avant de passer aux questions. Il serait peut-être préférable qu'Ann Dale prenne la parole lorsque vous aurez terminé votre exposé, ce qui nous donnera un autre point de vue sur la question.

Mme Pippard: Très bien.

Nous sommes en outre très heureux que Clifford Lincoln, le député de Lachine - Lac-Saint-Louis, présente lui aussi son point de vue sur cette initiative. Je propose que M. Lincoln prenne la parole après M. Kisby, avant qu'Ann Dale présente ses observations.

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Lorsque nous parlons du programme ViABILITÉ, nous parlons d'une stratégie globale, qui est présentée en détail dans les documents d'information stratégique du programme que nous avons élaboré au cours des douze derniers mois. Pendant les trente prochaines minutes, nous n'aborderons que trois questions.

Dans un premier temps, nous vous présenterons le contexte et nous vous expliquerons pourquoi le Canada a besoin d'un programme de viabilité pour faire progresser le développement durable, et pourquoi au cours du processus de consultation cette stratégie fondée sur le modèle du programme ParticipACTION a reçu autant d'appui. Dans un deuxième temps, nous vous décrirons les principaux objectifs du programme et nous vous expliquerons plusieurs de ses éléments. Dans un troisième temps, nous vous dirons pourquoi le gouvernement doit jouer un rôle de chef de file et de partenaire auprès du secteur privé et des bénévoles pour offrir ce programme aux Canadiens.

Pour commencer cet exposé, je dirai qu'une importante stratégie a été maintes fois identifiée pour relever le défi du développement durable. Tous les organismes nationaux et internationaux importants depuis la Commission mondiale sur l'environnement et le développement en 1987, la Commission Brundtland, ont parlé de la nécessité d'avoir une vaste campagne de communications pour aider à changer les attitudes, les valeurs et le comportement de la population concernant l'intégration des aspects environnementaux et sociaux au processus décisionnel en matière d'économie. De façon générale, ces institutions ont répété cette citation tirée du rapport Brundtland que vous pouvez voir devant vous.

Le Canada n'a pas encore lancé une telle campagne, bien que nos propres groupes de travail, commissions, et tables rondes nationales et provinciales en aient fait la recommandation à maintes reprises. La citation que présente la diapositive indique évidemment que le Groupe de travail national sur l'environnement et l'économie a recommandé ce genre de programme.

Nous sommes convaincus que si le gouvernement canadien est sincère lorsqu'il dit qu'il s'engage à tirer profit d'une stratégie de développement durable - c'est-à-dire une économie qui répond aux besoins des gens et qui assure leur bien-être; un environnement propre, sain; une société qui répond aux aspirations de ses citoyens et qui offre des services et des produits concurrentiels sur le marché mondial parce qu'ils tiennent compte de la durabilité - alors la façon la plus rapide d'atteindre cet objectif consiste à remettre sur pied un programme de communications national en faveur du développement durable.

En effet, c'est ce qui a incité autant de gens et d'organismes qui songent à la durabilité à dire que nous avons besoin d'une campagne de sensibilisation sur le modèle de ParticipACTION, qui ferait pour la viabilité ce que la campagne ParticipACTION a permis de faire pour le conditionnement physique. Voilà les conclusions auxquelles la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie est arrivée lorsqu'elle a décidé de tenter de créer ce programme, ce qui a mené à la participation de ParticipACTION et à la phase de développement du projet ViABILITÉ. Cette phase a reçu l'appui financier du gouvernement fédéral, des gouvernements des provinces et des territoires, d'une fondation canadienne de premier plan, d'une agence de développement, d'un institut international, d'une entreprise et d'un syndicat. Le comité consultatif technique compte 45 membres et 135 experts en viabilité au Canada ont participé à la conception du programme.

À quoi songeaient tous ces intervenants, ceux que l'on voit sur cette diapositive et ceux de notre programme, lorsqu'ils ont dit que nous avions besoin d'une campagne sur le modèle de ParticipACTION? Ils voulaient dire qu'il fallait prendre le concept de viabilité que l'on retrouve souvent dans les stratégies du gouvernement et lui donner une plus grande visibilité, que ce soit dans le métro, dans les journaux, à la télévision, dans les collectivités. Il s'agit pour obtenir leur appui, de rendre le concept de viabilité attrayant pour les Canadiens et de leur montrer les avantages qu'ils pourraient en retirer. Il s'agit de redéfinir et de renforcer les efforts existants, de proposer des solutions plutôt que de définir les problèmes, et de créer un mouvement national vers un objectif qui est certainement dans l'intérêt national. Toutes ces stratégies ont été utilisées avec succès pour mobiliser les Canadiens lorsque le conditionnement physique était l'objectif à atteindre dans l'intérêt national. Il est possible de mobiliser de nouveau les Canadiens pour atteindre les objectifs en matière de viabilité.

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Comment peut-on y arriver? Essentiellement, en permettant aux Canadiens de jeter un regard nouveau sur le développement en les aidant à faire des choix et en les encourageant à agir. Examinons rapidement chacun de ces objectifs.

Le premier objectif consiste à jeter un regard nouveau sur le développement. Un des membres de notre équipe de conception, Cameron Smith, un ancien rédacteur en chef du Globe and Mail, a dit:

Grâce à ses divers véhicules de communication, notamment une campagne nationale de messages d'intérêt public, ainsi que les relations avec les médias et la programmation, le programme permettra d'illustrer par des exemples de faits vécus positifs ce qu'est vraiment le développement durable. En présentant ce que nous appelons des récits instructifs, pour illustrer les principes et les liens inhérents au processus décisionnel et aux mesures en matière de développement durable, on met l'accent non seulement sur les résultats, mais ce qui est tout aussi important, sur la façon d'arriver à ces résultats et sur les avantages qui en découlent.

Comme vous le savez sans doute, il se passe déjà beaucoup de choses au Canada et à l'échelle internationale - particuliers, groupements, entreprises, gouvernements et milieux communautaires contribuent à l'édification d'une société durable par leurs activités. Malheureusement - et c'est vraiment regrettable - la plupart de ces initiatives demeurent dans l'ombre. L'utilisation de récits instructifs dans le cadre du programme de communication ViABILITÉ va donc renforcer l'engagement de ceux qui veulent déjà atteindre le développement durable et un mode de vie durable, fournira des exemples pratiques, des exemples d'histoires vécues, pour encourager les gens qui sont prêts à agir à le faire, et offrira un appui à d'autres programmes, dont le programme ViABILITÉ qui cherche à encourager les initiatives en milieu.

Par ailleurs, lors de la campagne de messages d'intérêt public, une ligne 1-800 sera ouverte pour aider les personnes intéressées à en savoir davantage, à obtenir du matériel éducatif et à établir des liens avec les autres, au niveau local, régional ou national. Cette ligne 1-800 fait partie de ce que nous appelons le réseau ViABILITÉ, qui comprend l'accès direct à l'information, des outils, des ressources et des organisations ainsi qu'une équipe de gens sur place qui identifiera les occasions d'agir et d'acquérir des compétences tout en communiquant au bureau national de ViABILITÉ des idées à cet égard.

Le deuxième objectif consiste à aider les Canadiens à faire des choix. En s'appuyant sur deux des véhicules de communication du programme, soit les messages d'intérêt public national et les relations avec les médias et la programmation, les forums des citoyens sur la viabilité constituent un véhicule que souhaitaient un grand nombre de ceux qui ont participé aux consultations. Pourquoi? Pour créer un programme de communication dans les deux sens, c'est-à-dire des décideurs au public et du public aux décideurs.

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Les forums sont utilisés pour montrer qu'adopter un mode de vie qui tienne compte de l'environnement est une question de choix conscient - un choix des valeurs que nous considérons comme importantes et un choix de la façon dont nous appliquons ces valeurs dans nos décisions quotidiennes, que ce soit pour l'achat de produits et services ou pour la conception de produits et services.

Les forums visent à encourager le dialogue et le débat pour examiner les enjeux de la viabilité grâce à des outils éducatifs. Par exemple, il pourrait y être question des options énergétiques du Canada ou de l'orientation que prendra le Canada sur le plan économique au XXIe siècle. L'objectif consiste à aider les gens à faire des choix tout en tenant compte des valeurs et des attitudes contradictoires, car ces valeurs et ces attitudes contradictoires, mesdames et messieurs, sont ce qui nous empêche dans une grande mesure de progresser vers un développement durable. Je suis certain qu'il n'est pas vraiment nécessaire de le dire à votre comité.

Le troisième objectif consiste à faire en sorte que les gens agissent, c'est-à-dire qu'ils aient les outils, les compétences, les programmes, les réseaux et, comme Glenn Munroe vous le dira tout à l'heure, tout ce qui aidera les Canadiens à prendre des mesures. Les six éléments de la viabilité qui inciteront les gens à prendre des mesures sont les initiatives en milieu, les activités de coopération et de jumelage, les défis communautaires, les forums sur la viabilité, le réseau ViABILITÉ, la campagne nationale de messages d'intérêt public ainsi que les relations avec les médias et la programmation.

Glenn Munroe vous parlera de la façon dont on peut inciter les gens à prendre des mesures grâce à l'élément qu'on appelle «initiative en milieu». Auparavant, j'aimerais cependant projeter la diapositive suivante qui vous montre tous les éléments du projet ViABILITÉ et leur relation avec les objectifs essentiels du programme.

J'aimerais conclure mon exposé en disant tout simplement que cette immense stratégie de communication qu'est le programme ViABILITÉ ne fait pas la promotion de la citoyenneté environnementale. À l'heure actuelle, les Canadiens sont très inquiets au sujet de la viabilité de leur économie et de l'unité de la communauté canadienne. Il faut donc plutôt mettre l'accent sur une vision commune afin que les Canadiens se rendent compte que la viabilité leur assurera un meilleur avenir et une meilleure société. La stratégie vise donc à choisir des options de développement qui intègrent leurs trois principales aspirations - le bien-être humain, un environnement propre et sain et une économie prospère.

Nos recherches dans le cadre de ce programme indiquent que les Canadiens ont les valeurs qui permettront au Canada de devenir une société viable. Le problème, c'est que ces valeurs ne sont pas renforcées. Par conséquent, il n'est pas nécessaire de persuader les Canadiens, mais nous devons plutôt leur montrer que le nouveau paradigme est un concept logique - c'est-à-dire les idées les plus naturelles au monde. Les Canadiens sont d'accord.

Merci.

M. Glenn Munroe (expert-conseil principal, Groupe LURA): Comme Leone l'a dit, je vais vous parler d'un exemple d'initiative communautaire, un projet que nous appelons l'initiative «Acheter des produits vers». Il s'agit d'un programme qui vise à encourager les consommateurs à acheter des produits environnementaux, en utilisant des principes de marketing social en milieu. Je parle ici d'une importante initiative qui comporte un certain nombre d'éléments.

Tout d'abord, pourquoi acheter un produit «vert»? Pourquoi mettre l'accent sur cet aspect particulier de la viabilité? Je pense ici à quatre mots clés: pouvoir, habilitation, intégration et stimulation. Je vais vous les expliquer l'un après l'autre.

Le premier est le pouvoir. Nous croyons qu'il est extrêmement important d'exploiter le pouvoir des consommateurs pour aider l'environnement. Tout cet argent qui circule tous les jours lorsque les gens font leurs achats a un pouvoir énorme. Cet argent peut être une source incroyable de changements positifs si nous pouvons trouver un moyen de l'employer à bon escient.

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Deuxièmement, le plus grand pouvoir qu'aient les gens est celui de pouvoir apporter des changements. Il s'agit de l'aspect d'habilitation. Pour les gens qui veulent faire quelque chose pour aider l'environnement et qui ne savent pas quoi faire, ils ont ainsi l'occasion chaque jour d'aider l'environnement si nous pouvons les aider à le faire. En d'autres termes, ils peuvent agir s'ils ont les connaissances nécessaires pour prendre des décisions fondées sur l'impact environnemental.

Troisièmement, acheter des produits environnementaux intègre la viabilité dans la vie de tous les jours. C'est quelque chose que les gens font tous les jours. Il s'agit de ramener le concept de la viabilité au niveau communautaire, dans nos activités quotidiennes.

Enfin, nous pensons que ce projet stimulera l'industrie des produits et services verts, la rendant plus concurrentielle dans le domaine qui sera très important au cours des années à venir.

Qu'entend-on par produit «vert»? En fait, c'est assez important, car comme la plupart d'entre vous le savent, presque n'importe qui peut dire qu'il a un produit vert. Aux fins de cette initiative, un produit «vert» est un produit homologué par un tiers comme ceux qu'a homologués Environmental Choice. Il y a d'autres programmes, comme Power Smart, qui font ce type d'homologation. Plus récemment, un autre genre d'homologation est apparu, c'est-à-dire l'auto-homologation. C'est ce que fait la Canadian Buy-Recycled Alliance. Une société signe un formulaire certifiant que son produit a bien les caractéristiques annoncées.

L'initiative comme telle comporte trois éléments principaux. Tout d'abord, on fait une étude de marché pour connaître les attitudes des gens. Puis on met sur pied une série de projets pilotes dans diverses municipalités de tout le pays pour différents types de magasins de vente au détail. Il y a ensuite l'étape finale, où une aide est accordée pour des programmes spécifiques mis sur pied par des magasins dans diverses régions du pays. Tout cela peut se faire dans le cadre de la campagne ViABILITÉ.

Comment fonctionneraient de tels projets-pilotes? Ils seraient mis sur pied dans différents magasins, soit des magasins d'alimentation, des centres de matériaux de construction ou des quincailleries. Il y aurait de la publicité. Il y aurait des affiches pour dire aux gens ce qui se passe, pour leur dire en quoi consiste le concept. On indiquerait sur les tablettes quels produits sont préférables sur le plan environnemental et pourquoi. Il y aurait des contacts personnels, c'est-à-dire des gens qui s'adressent aux clients lorsqu'ils entrent dans le magasin. On pourrait demander aux gens de regarder une courte bande vidéo.

On pourrait utiliser des stratégies d'engagement, c'est-à-dire par exemple demander aux gens de signer de grandes affiches que l'on apposerait au mur pour que tout le monde puisse bien voir les noms de ceux qui ont signé. Ils s'engageraient ainsi à acheter des produits verts lorsque cela est possible. Une autre stratégie consisterait à leur demander de porter de petits macarons lorsqu'ils font leurs achats. Ce genre de stratégies se sont avérées très efficaces auprès des consommateurs.

Enfin, nous pourrions surveiller les résultats pour être bien certains de connaître l'impact de ces stratégies.

Un programme semble fonctionne déjà très bien aux États-Unis. Ce programme s'appelle «Get in the Loop - Buy Recycled». Le programme a été mis sur pied par la King County Commission for Marketing Recycled Materials, un organisme à but non lucratif aux États-Unis. En 1985, 863 détaillants dans l'ouest de l'État de Washington et dans l'Oregon participaient à ce programme.

La diapositive que vous voyez montre certains des résultats, c'est-à-dire des augmentations très marquées dans les achats de produits recyclés, soit une augmentation globale de 25 p. 100. L'important, c'est que la tendance s'est poursuivie. La campagne de publicité que je vous ai décrite, avec des affiches, etc., a lieu une fois par an, pendant un mois.

Cette diapositive montre comment nous envisageons le déroulement de cette initiative. La rangée du haut est le niveau national et la rangée du bas, le niveau local. Nous devons faire de la recherche au niveau national au cours de la phase 1, et elle est suivie d'une série de projets pilotes. Je dirai que la municipalité régionale d'Halifax a déjà indiqué qu'elle était prête à entreprendre un de ces projets pilotes. La municipalité fournira la majeure partie du financement.

Au cours de la phase 2, il y aurait une campagne de marketing social, qui chapeaute tous les autres projets de viabilité, et elle serait assortie d'une aide financière pour la mise en oeuvre du programme. Les résultats des projets-pilotes et de la recherche seraient mis à la disposition des municipalités et des détaillants du pays pour les aider à mettre sur pied des programmes semblables.

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Bref, nous sommes convaincus qu'il s'agit d'une initiative très pratique pour mettre au point des outils pratiques en vue promouvoir les écoproduits au pays, de changer les comportements de façon permanente et de faire en sorte qu'un plus grand nombre de produits verts soient vendus, ce qui stimulera notre industrie environnementale.

C'est tout ce que j'aimerais dire ce matin. Je donne maintenant la parole à Russ Kisby, qui vous parlera du rapport entre ParticipACTION et ViABILITÉ.

M. Russ Kisby (président, ParticipACTION): Monsieur le président, membres du comité permanent, mes collègues ont expliqué cette stratégie très globale que nous avons appelée ViABILITÉ, et vous ont donné un exemple très pratique, un parmi de nombreux exemples que nous pourrions vous donner, de la façon dont cela pourrait fonctionner au niveau local.

Vous vous demandez peut-être cependant pourquoi un organisme comme ParticipACTION, mieux connu pour ses activités dans le domaine de la santé et du bien-être personnel, est associé à cette initiative de développement durable. Franchement, je pense que le succès, les expériences et les stratégies qui ont fonctionné dans le domaine de la santé peuvent très bien s'adapter au domaine très important du développement durable.

ParticipACTION s'est intéressée à ce projet à la demande de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie. On nous a demandé plus précisément d'assumer la gestion tout d'abord pour obtenir l'appui financier pour la phase de développement, et ensuite pour réaliser cette phase elle-même. Comme mes collègues l'ont dit, nous avons réussi à obtenir un appui financier de tous les gouvernements provinciaux, du secteur privé, d'une fondation importante, d'un institut international et du gouvernement fédéral. Au cours de cette phase de développement, nous avons passé en revue nos stratégies qui ont eu du succès et nous avons examiné dans quelle mesure elles pouvaient s'adapter à ce programme en particulier.

Monsieur le président, ParticipACTION s'est engagé et s'engage toujours à partager ses expériences avec l'équipe de gestion de ViABILITÉ si cette initiative se concrétise. Par ailleurs, comme nous l'ont demandé bon nombre de membres du comité consultatif, si c'est ce que souhaitent les créateurs du programme, nous sommes également prêts à continuer à jouer un rôle de gestion.

Pourquoi a-t-on choisi ParticipACTION? Quels sont certaines de ces stratégies et certains de ces succès? Comme vous le savez peut-être, ParticipACTION a été établi en 1971 par le gouvernement Trudeau. Ce programme a été créé en vue de promouvoir les politiques gouvernementales, mais de façon indépendante, c'est-à-dire que ce groupe devait fonctionner comme une société indépendante, à but non lucratif, sans liens de dépendance avec le gouvernement et le secteur privé. Aujourd'hui, 25 ans plus tard, ParticipACTION fonctionne toujours sous la direction d'un conseil d'administration national de bénévoles, avec une toute petite équipe de professionnels, et des bureaux à Montréal et à Toronto, à partir desquels nous desservons le pays.

Quelques-unes de nos réalisations: au cours des 25 dernières années, Santé Canada a contribué à cette initiative à raison de 17,5 millions de dollars. Monsieur le président, c'est bien en deçà de un million de dollars par an en moyenne. En même temps, nous avons pris ce financement du gouvernement et nous sommes allés chercher 32,5 millions de dollars dans le secteur privé, et je parle ici de dollars réels. Pour ce qui est de la publicité gratuite dans les médias, ce pourquoi nous sommes peut-être le mieux connus, en 25 ans, nous avons reçu pour plus de 260 millions de dollars de publicité dans les médias. Au cours de chacune des 10 dernières années, nous avons reçu en moyenne plus de 15 millions de dollars par an, et nous n'avons jamais dû payer quoi que ce soit pour cette publicité dans les médias. Toute la publicité nous a été donnée à 100 p. 100. Nous avons, dans les médias, l'appui de plus de 2 500 organismes, qu'il s'agisse de la télévision, du câble, de la radio, des quotidiens et hebdomadaires, des publications professionnelles et des bulletins, qui préparent pour nous régulièrement cette campagne personnalisée.

Il n'est pas surprenant, je suppose, qu'avec autant de publicité, 89 p. 100 des gens au Canada reconnaissent le nom de ParticipACTION et sont sensibilisés à ce programme. À 1 ou 2 p. 100 près, cette sensibilisation de 89 p. 100 est valable tant pour les francophones que pour les anglophones, dans l'est, dans l'ouest ou dans le centre du Canada.

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Ce qui est peut-être encore plus important, c'est que nos messages sont perçus par les Canadiens comme étant pratiques, positifs et comme faisant autorité. Nous fournissons des renseignements d'une façon simple, directe et parfois divertissante, et les Canadiens peuvent utiliser ces renseignements pour prendre des décisions éclairées.

Certaines de nos grandes initiatives ont fait appel à des mesures communautaires. Un de nos programmes qui a été en place pendant plus de dix ans faisait appel chaque année à plus de 560 communautés au pays. Ces communautés ne pouvaient participer à moins que le conseil municipal ait approuvé leur participation.

Ce qui est important, c'est que, pour ce projet, chaque année les collectivités ont payé plus de 700 employés pour travailler, habituellement pendant deux mois, avec ParticipACTION à cette initiative communautaire. Plus de 22 000 bénévoles ont travaillé à cette initiative chaque année. Chaque année, pendant au moins la majorité de ces années, plus de 4,2 millions de Canadiens ont participé.

Ce qui est intéressant, c'est qu'au cours des trois premières années de ce programme, nous avons reçu une aide financière modeste de Santé Canada, que venait compléter une aide financière du secteur privé. De la quatrième à la dixième année, le gouvernement fédéral n'a fourni aucune aide financière. Le programme était financé à 100 p. 100 par le secteur privé, et ce financement a continué à augmenter.

Ce genre de modèle était très important lorsque le gouvernement canadien et Petro-Canada, commanditaire du relais de la flamme olympique en 1988, nous ont demandé de participer à l'animation communautaire, pour soulever l'enthousiasme de cet événement au niveau communautaire. Nous avons appliqué les mêmes principes lorsqu'on nous a invités à participer au programme Canada 125, et plus de un million de bénévoles ont travaillé pour nous cette année-là.

Je dirais que les points forts de ParticipACTION sont les mêmes que ceux que nous proposons pour ViABILITÉ: créer des entreprises conjointes du gouvernement et de l'industrie; prendre l'investissement modeste du secteur public pour aller chercher l'appui du secteur privé et des bénévoles; obtenir le parrainage du secteur privé pour des stratégies d'éducation du public fortement ciblées; sensibiliser les médias et obtenir l'appui des médias pour mettre en valeur tous les éléments du programme ViABILITÉ.

Nous avons montré - et cela est possible avec ViABILITÉ - que nous étions capables de mobiliser un leadership coordonné entre les divers groupes, en obtenant l'appui d'un bon nombre de secteurs de notre société, à l'échelle tant locale que nationale, pour travailler ensemble à une cause commune. Notre indépendance vis-à-vis du gouvernement et du secteur privé nous a permis d'agir rapidement et avec souplesse. Elle nous a permis de travailler avec les gouvernements, le secteur des entreprises et des entités professionnelles sans être gênés par des restrictions politiques, professionnelles ou géographiques.

La principale crédibilité de ParticipACTION, c'est que c'est un programme auquel la population est sensibilisée, et ce, qu'elle soit anglophone ou francophone. Le fait que les messages soient perçus comme étant crédibles et positifs, le fait que notre organisation utilise peu de ressources, soit efficace et réceptive, est le modèle que nous proposons pour ViABILITÉ.

Monsieur le président, je conclurai en disant que tout ce que nous avons réussi dans le cadre de ParticipACTION, dont je viens tout juste de vous parler en donnant des statistiques, nous l'avons réussi avec une équipe nationale permanente de dix employés - huit professionnels et deux employés de soutien. Cela montre bien ce qu'il est possible de faire lorsque nous choisissons la voie de la «catalysation».

Je cède maintenant la parole à Leone.

Mme Pippard: Monsieur Lincoln.

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M. Clifford Lincoln (député de Lachine - Lac-Saint-Louis): Monsieur le président, chers collègues de la Chambre des communes, si j'ai choisi de comparaître aujourd'hui à titre de témoin, c'est parce que je participe à ce projet depuis de nombreuses années et que j'aimerais vous parler de tout ce qui s'est passé au cours de ces années.

Je vous dirai tout d'abord que j'ai déjà été jeune. C'était il y a de nombreuses années; mais je m'en rappelle encore. Lorsque je suis arrivé au Canada, je me suis installé en Colombie-Britannique. Tout près de ma maison, à moins d'un coin de rue, il y avait, je pense deux ou trois courts de tennis. Lorsque je suis arrivé au Canada, je jouais beaucoup au tennis, et je n'arrivais pas à trouver quelqu'un pour jouer avec moi. Chaque fois que ma femme et moi nous nous rendions sur le court de tennis, nous étions les seules personnes là-bas.

En Afrique, je faisais beaucoup de vélo. Lorsque je suis arrivé ici, personne ne faisait de vélo. Seulement les enfants en faisaient et ils avaient d'étranges bicyclettes avec d'énormes pneus. Il était très étrange pour nous que personne ne fasse de vélo. Même à 15 ou 16 ans, les gens ne faisaient pas de bicyclette, car cela ne se faisait pas.

En quelques années seulement, grâce à ParticipACTION, toute la mentalité a changé. Il n'y a pas un seul coin du pays où on ne peut trouver une personne ou un grand nombre de personnes qui font du jogging le long des routes. Il y a des milliers de personnes qui font de la bicyclette. Sur l'île de Montréal, 45 000 cyclistes participent à un événement qui s'appelle le Tour de l'île. Les gens jouent au tennis dans tout le pays. Il y a eu toute une révolution dans notre façon de voir notre corps, la santé, le conditionnement physique et la nutrition, et je pense que c'est grâce à ParticipACTION. En fait, j'en suis convaincu. En quelques années seulement, ce programme a changé les mentalités d'une façon si frappante que c'est presque incroyable.

Ainsi, quand Leone Pippard est venue me voir... et je connais Leone depuis de longues années. Sa modestie l'empêche de vous le dire, mais elle est devenue célèbre dans la lutte pour sauver les baleines belugas. Elle a gagné des prix internationaux pour les recherches qu'elle a faites sur les belugas à l'Île-aux-Coudres, au Québec, où elle a vécu longtemps et où elle a observé les baleines.

Leone est donc venue me voir une fois pour me parler de ce programme qu'elle avait lancé et pour me dire que ParticipACTION était disposé à y travailler et à s'en occuper. Je suis tout de suite devenu enthousiaste. Je trouvais que c'était une excellente idée, une magnifique occasion, et que nous pourrions faire dans le domaine de l'environnement la même chose qui a été faite dans celui de la santé. C'est beaucoup plus difficile, parce que les gens s'intéressent à leur corps, à leur santé, à leur alimentation, tandis que l'environnement est moins tangible. Il me semblait que si nous pouvions amener ParticipACTION à entrer dans chaque foyer au Canada, nous pourrions changer la façon dont nous envisageons l'environnement et nous pourrions exercer d'énormes pressions sur nos gouvernements pour provoquer le changement. J'ai donc été tout de suite gagné sans réserve à cette idée que je trouvais fantastique.

À l'époque, juste avant les dernières élections, par coïncidence, je m'occupais de l'initiative de développement durable de notre parti, le chapitre 4 du livre rouge, avec d'autres personnes qui y travaillaient. Je leur en ai parlé et je leur ai présenté le concept. Car ce n'était qu'un concept à l'époque, un projet sur papier. Je leur ai présenté l'affaire et ils l'ont adoptée avec enthousiasme.

Le projet est passé par le processus du livre rouge, il a été appuyé dans le livre rouge. C'est écrit noir sur blanc dans ce document. Un budget est prévu pour cela dans le livre rouge.

À l'époque - et je crois qu'il est très important de le signaler, car c'est la cause de tous les problèmes qui ont surgi par la suite - le projet n'avait pas de nom. Les rédacteurs du livre rouge avaient besoin d'un nom et ils ont donc dit: appelons-le Action 21 pour le moment. C'est pour cela que ça s'appelle Action 21 dans le Livre rouge et l'on prévoit pour ce projet un budget de 3 millions par année pendant quatre ans.

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Par la suite, la première phase consistait à transformer ce concept purement théorique en un plan d'action, une stratégie bien définie, et l'on prévoyait à cet effet des dépenses totales de 300 000 $. Divers gouvernements provinciaux et la fondation McConnell ont versé leur quote-part. Il restait la part du gouvernement fédéral, qui était de 100 000 $. Les choses étaient alors quelque peu confuses parce qu'un nouveau gouvernement arrivait au pouvoir. Le sous-ministre de l'époque, Nick Mulder, qui savait que j'avais participé au projet, m'a demandé si Action 21 était en fait ViABILITÉ, puisque tel était le nom qu'on avait alors donné au projet. Je lui ai confirmé que les deux noms désignaient bel et bien le même projet, car certains de ses collaborateurs disaient que ce n'était pas la même chose.

À un moment donné, Nick Mulder a envoyé une lettre confirmant la participation du ministère à cette phase à hauteur de 100 000 $, c'est-à-dire sa part de la somme globale de 300 000 $. Malheureusement, Nick Mulder a été muté très peu de temps après l'envoi de cette lettre. L'affaire est donc restée en plan pendant un certain temps, pendant la période de transition, et le nouveau sous-ministre ne savait pas très bien ce qu'il en était, car vous savez, tout cela prend du temps. Il voulait aller au fond des choses: Action 21 ou ViABILITÉ, lequel choisir? Ses propres collaborateurs lui donnaient des avis contradictoires et nous avons dû recommencer depuis le début.

En fin de compte, comme on tournait en rond, Russ Kisby, Leone Pippard et moi-même avons rencontré les cadres supérieurs du ministère, y compris le sous-ministre. Je suppose que nous avons réussi à les convaincre car, en fin de compte, le ministère a décidé de verser ses 100 000 $.

Tout cela pour dire que bien des mois ont passé sans que rien ne se fasse, pendant que nous attendions cet argent. Cela a créé une très mauvaise impression chez les autres intervenants, comme la Fondation McConnell et les gouvernements provinciaux, qui avaient l'impression que le gouvernement fédéral faisait marche arrière. Quand le plan d'action a enfin été enclenché, à cause des retards, il a naturellement fallu plusieurs mois pour lancer l'affaire. Je pense qu'on nous avait demandé de le faire en trois mois, mais Russ a dit que c'était impossible, et qu'il nous fallait au moins six mois et idéalement neuf. Les gens du ministère ont commencé à s'énerver parce que l'affaire n'allait pas assez vite à leur goût, puisqu'il leur fallait un plan de communications.

Je dois vous expliquer que ViABILITÉ n'avait pas la faveur des agents des services de communications du ministère, qui trouvaient que le projet était trop gros et qu'ils ne pourraient pas le contrôler. Ils préféraient d'autres moyens, d'autres méthodes pour faire avancer le dossier du développement durable et ils ont donc eu une brillante idée: ils ont mis au point un plan et l'ont appelé Action 21.

C'est ainsi que le plan de communications du ministère dans le domaine du développement durable s'appelle maintenant Action 21, et il recouvre une foule de programmes divers. Ils ont dit qu'à la suite du livre rouge, nous avons maintenant établi un plan de développement durable et nous y avons mis de l'argent, et voilà. Le résultat, c'est que ViABILITÉ attend toujours la participation du gouvernement fédéral, parce que l'argent est maintenant injecté dans Action 21.

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Voilà les tenants et les aboutissants de la situation. En fin de compte, les divers intervenants qui voulaient se joindre à nous en supposant que le gouvernement fédéral, qui avait lancé au départ ParticipACTION, serait partie prenante, hésitent maintenant beaucoup à s'engager. Ils nous demandent ce qui se passe. Après tout, ce processus a commencé avec la table ronde, qui est une institution du gouvernement fédéral, et voilà que le gouvernement fédéral ne fait plus partie du jeu. Tous ces divers intervenants sont donc maintenant sur la touche.

C'est ce qui a entraîné la comparution devant le comité de Mme Pippard, qui avait demandé à se faire entendre, dans l'espoir que, sans rancoeur, sans attribuer le blâme à quiconque, sans dénoncer qui que ce soit, sans dire qu'un tel avait raison ou tort, le comité accepterait peut-être de reprendre à son compte le projet et de l'appuyer parce qu'il constitue la meilleure occasion que nous ayons eue depuis longtemps de changer l'état d'esprit des Canadiens; que le comité prendrait l'affaire au sérieux et qu'il convaincrait le gouvernement fédéral qu'en dépit de l'existence du programme Action 21, le prix à payer est minime pour lancer pareil programme qui, comme Russ Kisby l'a dit avec tellement d'éloquence, permet de tripler, de quadrupler, ou même de multiplier par 10, 15 ou 20 le minuscule investissement qu'il exige grâce au travail de bénévoles, grâce à la publicité gratuite dans le cadre d'une grande campagne nationale. C'est bien reçu dans tout le Canada, que ce soit au Canada français ou anglais, au Québec ou au Nouveau-Brunswick, partout. C'est non partisan et non politique. Cela permet de changer l'état d'esprit.

Je trouve que c'est bien dommage. On dit qu'à cheval donné, on ne regarde pas la bouche, mais on dirait que dans ce cas-ci, on refuse le cadeau parce qu'il n'est pas à notre goût.

[Français]

Je pense, et je m'adresse particulièrement à mon collègue du Bloc québécois, qui a suivi toutes les discussions avec beaucoup d'intérêt, que c'est une chance inestimable pour nous; on change de mentalité par rapport à l'environnement et au développement durable. J'espère que nous aurons l'appui de tous les partis à la Chambre. Je regrette que nos collègues du Parti réformiste ne soient pas ici, parce que j'aurais voulu leur demander d'appuyer cette initiative. C'est une chance inespérée pour le Canada. Il s'agit d'une dépense d'environ un million de dollars pour le gouvernement fédéral

[Traduction]

et ce serait une somme très minime pour un programme aussi extraordinaire.

Le président: Merci, monsieur Lincoln. Vous nous avez été extrêmement utile pour comprendre l'évolution de ce projet.

Le comité a bien sûr le pouvoir de le faire s'il le souhaite et je me ferai un plaisir de recevoir une motion, si quelqu'un veut en proposer une en ce sens, pour donner suite à ce que vous venez de dire. C'est aux membres du comité de prendre l'initiative d'une telle motion.

Je crois savoir que Mme Dale veut dire quelques mots avant que nous passions aux questions. Ou bien préférez-vous attendre à la fin?

Mme Ann Dale (associée principale, Institut de recherche du développement durable): Je voudrais le faire tout de suite.

Je vous remercie beaucoup de me donner le privilège de prendre la parole devant vous pour vous parler de ce que je considère comme un projet très important pour la promotion du développement durable au Canada.

Avant de commencer, je voudrais remettre au comité des exemplaires de la première édition de la série Développement durable, dont nous avons amorcé la publication dans notre institut établi dans l'Ouest. Ce projet vise à promouvoir les travaux de chercheurs et d'analystes canadiens dans le domaine du développement durable sur le plan national et international, et nous espérons qu'un numéro sera publié tous les deux ans. J'ai le plaisir d'en remettre le premier numéro au greffier.

Le président: Où se trouve votre institut?

Mme Dale: À Vancouver.

M. Adams (Peterborough): Monsieur le président, pourrait-on demander à Mme Dale d'en lire le titre pour qu'il soit consigné au compte rendu?

Mme Dale: Le titre du premier numéro est Achieving Sustainable Development, volume 1.

En dépit des preuves accablantes qui s'accumulent depuis le début des années 1960, et qui démontrent hors de tout doute que les activités humaines ont une incidence très marquée sur la biosphère à laquelle ils font subir des changements (réchauffement planétaire, pluies acides, appauvrissement de la couche d'ozone, surpopulation et surconsommation), changements dont nous sommes tous vivement conscients, sans compter la perte de biodiversité qui a commencé à se manifester beaucoup plus récemment, nos systèmes ont été relativement lents à réagir devant cet impératif qu'est le développement durable. Compte tenu de la gravité croissante de ces problèmes et de la paralysie qui nous affecte, il nous faut un mécanisme pour assurer la diffusion rapide des pratiques et principes du développement durable et d'exemples concrets pour en illustrer le fonctionnement.

.0930

En fait, l'exemple de la table ronde nationale est intéressant. Nous avons eu beaucoup de succès pour ce qui est de promouvoir la tenue de tables rondes dans l'ensemble de la société canadienne, mais les sondages montrent constamment que le grand public a une très mauvaise compréhension du développement durable. Nous avons donc bien réussi à promouvoir le processus, puisque tout le monde se met à organiser des tables rondes, mais pas nécessairement le fond de l'affaire.

Pendant la première année de nos activités, la table ronde nationale a décidé d'accorder beaucoup d'importance à l'éducation par l'entremise de deux programmes. Le premier visait le secteur scolaire, de la maternelle à la douzième année. C'est maintenant un programme permanent qui a beaucoup de succès: L'éducation au service de la Terre. Le deuxième programme était une vaste stratégie de communication visant à renseigner le grand public canadien sur le développement durable et à diffuser des informations sur les principes du développement durable en donnant des exemples de réussite dans ce domaine.

J'affirme que nous en savons maintenant assez et que le temps est venu d'agir. Nous savons même comment mettre en oeuvre rapidement des pratiques et des processus de développement durable. En fait, au cours d'un séminaire tenu récemment à la Fondation David Suzuki à Vancouver, nous avons montré qu'il se fait énormément de choses dans les grandes entreprises et dans diverses localités d'un bout à l'autre du pays et que peut-être, pour reprendre les propres propos de David, nous avons été noyés dans une avalanche de scénarios de fin du monde pendant trop longtemps, ce qui nous a fait perdre de vue les bonnes nouvelles qui émergent un peu partout.

Les gouvernements ont un rôle clé à jouer pour promouvoir cette diffusion rapide des politiques, pratiques, principes et méthodes de développement durable, parce que cela exige sans conteste un leadership national. Paradoxalement, le pluralisme croissant de notre pays contribue également à cette impasse institutionnelle, car les puissants groupes d'intérêts exercent des pressions sur l'appareil gouvernemental, à la fois sur le plan politique et sur le plan administratif, en vue de maintenir le statu quo et de résister au changement. C'est paradoxal puisque notre compétitivité future et notre capacité d'innovation sont liées à ces changements auxquels on oppose une vive résistance.

Le gouvernement, surtout le gouvernement fédéral, a un important rôle de leader à jouer. Ce rôle ne saurait être joué efficacement sans passer par-dessus les divers groupes d'intérêts qui existent actuellement au Canada, et il faut pour cela établir deux façons d'informer l'électorat canadien et de lui permettre d'exercer ses choix démocratiques. Le premier mécanisme serait de faire de la place pour favoriser l'émergence de nouvelles politiques. Le deuxième consisterait à créer de nouveaux narratifs pour le changement social, en particulier dans le domaine du développement durable.

Je ne traiterai du second point que dans la mesure où il concerne directement le sujet dont nous parlons aujourd'hui, à savoir l'opportunité et la nécessité d'élaborer un programme de changement social en vue du développement durable au pays. Mais pourquoi faut-il que ce soit les gouvernements qui le fassent, et en particulier le gouvernement fédéral? Simplement parce que personne d'autre n'a intérêt à proposer ces nouveaux énoncés de changement social, et ce, pour les raisons que j'ai déjà indiquées. C'est le meilleur rôle que le gouvernement fédéral puisse jouer; j'en ai déjà discuté avec Michael Walker qui, dans ses entretiens avec les ONG, dit souvent que le gouvernement devrait se retirer de ce domaine, et que seuls le secteur privé et les ONG devraient s'occuper de l'environnement.

Le gouvernement est l'institution qui peut jouer le plus efficacement le rôle de tierce partie neutre et donner l'exemple, tout d'abord dans son propre mode de fonctionnement, en proposant la formule des plans de développement durable qui doivent être déposés à la Chambre en 1997, je crois, et deuxièmement, en élaborant des programmes qui permettront une bonne présentation et un débat approfondi des énoncés de changement social. Ces nouveaux énoncés devront être formulés intelligemment, ils devront reposer sur une analyse et une information irréprochables, tout en étant suffisamment attrayants pour assurer une communication efficace auprès des divers auditoires que compte notre pays. Par le recours à des articles placés de façon stratégique dans les médias, par des réunions publiques, par la télévision et les autres médias électroniques, ce programme ViABILITÉ, simple mais déjà perfectionné, peut être un outil qui permettra aux Canadiens de débattre de ce que devrait être leur pays au XXIe siècle.

Le programme de changement social élaboré par Leone Pippard et Russ Kisby pour la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie, en collaboration avec un groupe multisectoriel représentatif de l'ensemble du Canada et avec la participation et l'engagement des provinces, constitue un outil que le gouvernement peut utiliser immédiatement pour surmonter la paralysie actuelle au niveau des décisions et pour amorcer la création d'espaces destinés aux solutions de rechange et aux énoncés de changement social. Sinon, nous resterons les victimes des politiques de morcellement et de division; à long terme, le bien-être, la compétitivité et l'innovation au pays ne pourront être atteints qu'avec la volonté politique et le sens de l'initiative que propose un tel programme.

À mon avis, ViABILITÉ peut nous donner l'élan nécessaire pour surmonter la paralysie dont je parlais tout à l'heure, en communiquant l'information directement à chaque Canadien. En fait, ce projet a déjà prouvé son aptitude à aller au-delà des clivages qui minent le pays, grâce à la composition et au consensus de son groupe consultatif technique composé de 45 Canadiens représentant tout l'éventail politique et comptant des représentants des provinces, des universités - et vous savez qu'obtenir un consensus parmi les universitaires, c'est un peu comme vouloir dresser des chats, sans vouloir offenser les chats - des gens d'affaires, des ONG et des représentants de la main-d'oeuvre et des jeunes.

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Il est indispensable que ces messages soient transmis par un organisme neutre et indépendant grâce à un programme comme ViABILITÉ si l'on veut préserver la neutralité et la crédibilité de cette démarche. Autrement dit, le programme doit être indépendant de tout intérêt particulier, et considéré comme tel. Grâce à un consensus dans l'ensemble du pays et à la participation des provinces, il offrira ainsi un excellent moyen pour diffuser rapidement les politiques, usages et principes de développement durable auprès des Canadiens et pour créer de nouveaux énoncés de changement social permettant de mettre efficacement en oeuvre le développement durable dans tous les secteurs de la société canadienne au XXIe siècle.

Je vous remercie de m'avoir accordé le privilège de m'adresser à vous aujourd'hui.

Le président: Merci beaucoup, madame Dale.

[Français]

Monsieur Deshaies.

M. Deshaies (Abitibi): Je voudrais d'abord remercier M. Lincoln, qui m'a un peu éclairé sur le mouvement qui veut se faire connaître du gouvernement fédéral.

Je ne connais pas le projet Action 21. Il est évident qu'à première vue, le Programme ViABILITÉ, avec une participation financière beaucoup plus large, risque de donner à la population une image plus positive. Au départ, lorsque M. Kisby a fait la présentation de ParticipACTION, je ne voyais pas le lien entre ViABILITÉ et ParticipACTION et je me demandais ce que ce dernier faisait là. Cependant, j'ai compris que ParticipACTION, par sa structure opérationnelle, va faire une grande percée de marketing auprès de la population.

Je crois que ParticipACTION a fait ses preuves au cours des 25 dernières années. Comme M. Lincoln l'a dit, il y a 30 ans, j'étais l'un des rares à faire de la bicyclette sur le bord du chemin. Aujourd'hui, il y en a beaucoup qui trouvent plaisir à le faire, et on peut espérer que les gens pourront avoir une vision globale de l'environnement en lien avec leur vie. Lorsque l'on fait de la ParticipACTION, c'est pour sa santé globale et non seulement pour le plaisir de faire de la bicyclette, de la natation ou du tennis.

Étant critique pour les mines, j'ai quelques questions liées au mouvement ViABILITÉ. On sait que les mines ont fait beaucoup d'efforts, mais elles demeurent quand même de grands pollueurs. Comment peut-on faire le choix entre une industrie minière à vocation durable et le moins polluante possible qui offre des emplois, et une industrie moins polluante mais qui offre moins ou pas d'emplois du tout? Mme Pippard pourrait peut-être me répondre.

[Traduction]

Mme Pippard: Je suppose que vous parlez des choix conflictuels, par exemple entre l'emploi et l'environnement, la dépollution, etc. Ce sont précisément les sujets abordés par ce programme, et ils visent à montrer aux Canadiens qu'il n'y a plus de compromis à faire entre l'emploi et l'environnement.

Si vous prenez l'exemple de la crise des pêches au pays, il fut sans doute un temps où les gens ne se rendaient pas compte de l'importance de la conservation des stocks. On ne pensait qu'à pêcher sans cesse davantage et qu'à surenchérir dans l'expansion des flottes de pêche et des usines de transformation. Puis tout le système s'est effondré.

.0940

Eh bien, je pense qu'il n'y a plus personne aujourd'hui, sur la côte ouest comme sur la côte est, qui n'ait pas compris que l'emploi est lié à la préservation de l'environnement. Il en va de même dans l'industrie minière, dans la pétrochimie ou dans tout autre secteur industriel au Canada. L'avenir est lié au développement durable, et toute industrie qui refuse de le comprendre et de fabriquer des produits aussi bon pour l'environnement et pour le bien-être de leurs utilisateurs que pour la rentabilité de l'entreprise, est condamnée à plus ou moins brève échéance.

Néanmoins, en ce qui concerne ces conflits, ce n'est pas au programme de montrer la bonne voie. C'est aux Canadiens qu'il appartient de résoudre ces conflits, et c'est pourquoi nous proposons la formule des forums de citoyens. Nous devons poser toutes ces questions pour que les Canadiens puissent véritablement se demander s'il n'y a pas contradiction entre certaines valeurs et certaines attitudes.

D'après tous les sondages, les Canadiens approuvent le principe du développement durable. Quatre-vingt pour cent des Canadiens estiment que le développement durable doit être une priorité pour le Canada. Mais lorsqu'on passe aux choses concrètes et qu'on demande aux gens s'ils sont prêts à accueillir un dépotoir près de chez eux, ils disent que la question nécessite un débat.

Par exemple, dans ma région d'origine, au Nouveau-Brunswick, est-ce qu'on est prêt à accepter des déchets provenant des États-Unis? Faut-il passer par là pour atteindre le développement durable? Nous voyons ici une contradiction entre différentes valeurs. Dans certaines petites localités, des Canadiens pensent pouvoir gagner de l'argent en traitant des déchets d'origine américaine, mais en revanche, si vous invitez les gens à débattre de cette question en fonction de leurs valeurs, ils vont sans doute opter en faveur du développement durable.

Il y a donc des conflits. Le programme ne vise pas à les nier, mais il doit créer les mécanismes qui permettront aux Canadiens de les résoudre eux-mêmes.

[Français]

M. Deshaies: J'aimerais faire un bref commentaire. Je crois que l'ensemble de la présentation m'a convaincu qu'un organisme, que ce soit le vôtre, qui a déjà bien démarré, ou un autre, a le droit d'exister et de continuer. Avec la Buy-Green Initiative, on peut convaincre les gens de payer un peu plus cher un produit recyclé afin de créer, dans les 10, 15 ou 20 prochaines années, une attitude...

C'est sûr qu'on ne peut demander à l'industrie minière d'être à 100 p. 100 non polluante du jour au lendemain, parce qu'elle n'a pas toujours la technologie pour le faire. Mais, si on la pousse à toujours s'améliorer, il est évident que, dans 10 ans, l'industrie sera moins polluante qu'actuellement. Déjà, aujourd'hui, elle l'est beaucoup moins qu'il y a 10 ou 15 ans.

Donc, je vais donner mon appui à l'organisme. Il est certain que vous avez encore quelques démarches à faire, mais j'ai expliqué à mes collègues du Bloc québécois, lors d'une courte entrevue, l'objectif de l'organisme et j'espère que vous obtiendrez des fonds pour continuer votre travail.

[Traduction]

Le président: Y a-t-il des commentaires?

Mme Pippard: Merci beaucoup. Nous vous remercions de votre appui.

Le président: Merci. Nous entendrons ensuite M. Adams, Mme Payne, puis le président. À vous, monsieur Adams.

M. Adams: Je vous remercie, monsieur le président. Je tiens à remercier les témoins de leur présence.

Comme vous pouvez l'imaginer, ceux d'entre nous qui siègent au sein de ce comité depuis un certain temps ont déjà beaucoup discuté du développement durable et de sa mise en oeuvre, comme nous le faisons aujourd'hui. À l'occasion, on a pu faire une analogie entre l'importance de l'hygiène personnelle dans la révolution de la santé publique survenue il y a 100 ou 150 ans et ce dont nous parlons aujourd'hui dans le cadre du programme ParticipACTION.

À cette époque, il y a d'abord eu progrès de la science, puis les gens se sont rendu compte de l'importance de l'hygiène, de la salubrité des villes, etc. Les techniques ont évolué, on a installé des réseaux d'égouts et on a pris toutes les mesures nécessaires pour concrétiser ce qu'on avait appris en matière d'hygiène.

Il y a eu une évolution de la volonté politique. Curieusement, les dirigeants de toutes tendances ont accepté ces idées nouvelles, mais elles ne se sont véritablement concrétisées que lorsque chacun s'est convaincu individuellement de leur bien-fondé au point de changer de comportement dans les moments les plus intimes, et c'est ainsi que l'hygiène personnelle a évolué pour devenir ce que nous connaissons tous aujourd'hui.

.0945

Et à propos, l'hygiène personnelle a un aspect public, puisque nous voulons tous paraître propres, mais elle comporte aussi un aspect privé: même en privé, on ne contrevient pas en cachette aux règles de l'hygiène.

Ce qui me plaît, monsieur le président, dans ce programme ParticipACTION, c'est qu'il réussit - peut-être pas encore autant que l'hygiène personnelle à convaincre les gens de modifier leur comportement dans leur vie privée. Même notre greffier, par exemple, veille à sa santé dans sa vie privée, et je suppose que c'est en partie grâce à ParticipACTION.

Le président: Que voulez-vous dire par «même notre greffier»?

M. Adams: C'est juste une façon de parler, monsieur le président. Il en va de même pour M. Lincoln. Il y a ici un certain nombre de personnes dont le comportement...

Le président: Même M. Lincoln.

M. Adams: C'est exact.

Je voudrais donc demander à Russ... et je vais poser immédiatement mes deux questions. Tout d'abord, comme vous l'avez dit, des crédits étaient disponibles au cours des trois ou quatre premières années d'existence de ParticipACTION, et vous vous en êtes servi, par exemple, dans certains de vos projets communautaires. Le premier a été organisé à Saskatoon, et on lui a affecté un bon montant. Lorsque vous avez entrepris le projet de Peterborough, vous n'aviez plus d'argent. Nous l'avons organisé de notre mieux. Je veux vous poser une question à ce sujet, car il s'agit d'une région et d'une période différentes. Je crois que les fonds de lancement, si modestes qu'ils aient été, n'existent plus.

En deuxième lieu, vous avez fait parler de vous. Votre énorme succès vous a ouvert gratuitement l'accès aux médias, dont vous bénéficiez toujours. À l'époque, c'était considérable. À Peterborough, d'où je viens, tous les médias s'y sont mis, de la câblodiffusion à la télévision communautaire. Vos annonces publicitaires nationales étaient diffusées presque gratuitement. Pensez-vous pouvoir continuer ainsi et pensez-vous que les médias s'intéresseront autant que vous le souhaitez au développement durable?

M. Kisby: Merci. Je vais répondre tout d'abord à la première question, si vous me le permettez.

Je suis d'accord avec vous, monsieur Adams, en ce qui concerne le développement de la santé publique. Vous avez tout à fait raison.

Quant à l'expérience de ParticipACTION, je dois apporter un correctif. La ville de Saskatoon, à laquelle M. Adams a fait référence, a été choisie au début comme site d'un programme pilote. Nous nous demandions si toutes nos belles stratégies allaient fonctionner. Je me suis rendu à Saskatoon à l'invitation du maire et de quelques notables. Je leur ai demandé s'ils étaient prêts à faire de leur ville une collectivité modèle. À part la rémunération de mon temps de travail - et je ne suis jamais resté à Saskatoon; j'ai fait des allers-retours pour y jouer le rôle de catalyseur - la ville n'a pas reçu un sou des fonds fédéraux. Il a été convenu que si Saskatoon voulait tirer parti du programme, elle devait trouver les ressources nécessaires au sein de la communauté.

Nous avons insisté sur ce principe, car, comme on a pu le constater dans d'autres programmes, si l'on consacre à un programme modèle des montants importants provenant de fonds publics, fédéraux ou autres, tout le monde considère que chaque collectivité canadienne a droit à la même chose. Pour assurer le succès du programme, nous nous sommes donc limités à un rôle de catalyseur, laissant les collectivités trouver elles-mêmes les ressources nécessaires.

Comme l'a dit M. Adams, nous avons par la suite appliqué le même modèle à Peterborough, qui s'était montrée intéressée par notre programme. Nous leur avons fait part de notre expérience, mais la collectivité n'a pas reçu d'argent de l'extérieur.

M. Adams: Vous m'excuserez de cette erreur, monsieur le président.

M. Kisby: En fait, je suis très heureux que vous en ayez parlé, car il s'agit là d'un principe tout à fait fondamental. Il n'y a pas de «volonté d'achat» de la part du gouvernement, mais seulement un investissement modeste pour stimuler les collectivités et les groupes, et les inciter à élaborer des stratégies et à trouver les ressources nécessaires.

Quant à la deuxième question, il s'agit de savoir, je crois, si compte tenu du succès passé et présent de ParticipACTION, on peut également miser sur un succès en matière de développement durable. Je veux insister sur le fait que nous ne considérons pas le développement durable comme «un autre programme ParticipACTION». Nous pensons que, grâce à son expérience, ParticipACTION peut figurer parmi les différents partenaires qui vont assurer le succès de ce programme.

.0950

Nous pouvons donc exposer nos stratégies d'accès aux médias, de sensibilisation du secteur privé et surtout, de motivation, qui ont fait leurs preuves auprès de dizaines de milliers de Canadiens. Il faudra adapter ces stratégies, mais nous pensons avoir notre place parmi l'ensemble des intervenants.

En conclusion, et pour reprendre votre exemple concernant la santé publique, je dirais qu'en matière d'activité physique, de santé ou de bien-être au sens large, on doit toujours considérer l'environnement et la société dans laquelle on se trouve. Il est inutile d'inciter les gens à faire de la course à pied si les niveaux de pollution sont tels que leur santé risque d'en pâtir. Il est inutile d'inciter les gens à faire de la bicyclette si, faute de pistes cyclables ou d'aménagements spéciaux, ils s'exposent à un danger.

Nous considérons donc l'environnement et toute la notion de développement durable comme un ensemble beaucoup plus vaste dans lequel ParticipACTION peut s'intégrer.

Mme Dale: Je voudrais ajouter quelque chose à cela. Lorsque nous avons planifié l'organisation de la table ronde nationale, nous avons essayé de trouver la façon la plus efficace d'obtenir un changement dans les plus courts délais, compte tenu de la gravité de la question. Nous avons estimé qu'en choisissant la voie scientifique et technique, particulièrement en matière de conservation de la biodiversité, nous risquions d'échouer, étant donné qu'il a fallu une période de 25 ans pour obtenir un consensus sur cette question.

Nous avons étudié la campagne anti-tabac. L'évolution des attitudes et des valeurs concernant le tabagisme a été spectaculaire au cours des 20 dernières années. Nous avons cherché à sensibiliser l'intérêt du public en établissant un rapport direct entre la santé - c'est-à-dire le bien-être - et le développement durable. Nous avons pensé pouvoir obtenir un changement en une décennie.

Pour toutes sortes de raisons - principalement parce qu'à l'époque, on n'établissait pas de rapport entre les statistiques de la santé et celles de l'environnement - nous n'avons pas réussi. Voilà encore une raison qui nous a fait opter pour ce genre de programme.

M. Adams: Merci, monsieur le président. Je suis tout à fait d'accord pour que le comité approuve le programme, conformément à la proposition de M. Lincoln.

Le président: Merci, monsieur Adams. Madame Payne.

Mme Payne (St. John's-Ouest): Merci, monsieur le président.

Je voudrais, moi aussi, vous souhaiter la bienvenue au comité. C'est pour moi l'occasion d'une première rencontre avec vous.

Je tiens à remercier particulièrement M. Lincoln pour ses commentaires. Je suis une néophyte en matière d'environnement, et il m'a beaucoup appris aujourd'hui. En fait, je n'avais pas encore pris conscience du rapport entre les programmes ParticipACTION et ViaBILITÉ.

Étant originaire de Terre-Neuve, j'éprouve bien des motifs de contrariété. Mme Pippard a parlé des problèmes des pêches sur la côte est, mais si je suis à ce point contrariée, c'est en grande partie parce qu'on savait déjà depuis longtemps ce qu'il fallait faire dans ce domaine. Le gouvernement s'est lancé dans une bataille rangée contre les grandes sociétés qui tenaient absolument à poursuivre la pêche. À cela s'est ajouté la surpêche des pays étrangers.

Comment aborder un tel problème? Comment respecter l'équilibre entre l'économie, la nécessité de l'emploi et la nécessité de protéger notre environnement? Je sais quelles options nous avons choisies et je sais ce que vous allez dire, mais compte tenu de mes antécédents, j'aimerais savoir comment on peut assurer un tel équilibre?

En tant que député de la côte est, il m'est très difficile de dire à mes électeurs: «Je suis désolée, mais on ne peut pas préserver les emplois dans l'industrie minière, car elle détruit notre environnement», alors qu'ils ne savent pas s'ils auront de quoi manger demain matin. Nous sommes donc sur la corde raide. Je ne suis pas certaine que les gouvernements en soient bien conscients, pas plus que les grandes sociétés privées.

J'ai écouté avec intérêt les commentaires de Mme Dale à propos du rapport entre la détérioration de l'environnement et les questions de santé.

Mme Dale: On constate actuellement un phénomène intéressant dans notre pays; c'est la dissociation de l'argent et de la production. On a maintenant un marché de l'argent proprement dit. On constate la même dissociation entre l'emploi et les profits. Plus une société réalise de profits - inutile de parler d'un secteur en particulier; je suis sûre que vous êtes tous au courant - et moins elle emploie de travailleurs.

Au moment où nous avons décidé d'accepter le recours aux chalutiers-usines, si nous avions pu faire le lien avec le développement durable et nous demander s'il était préférable de laisser travailler une centaine de petits bateaux de pêche plutôt qu'un gros chalutier-usine, je ne sais pas si nous aurions réussi à surmonter l'inaction politique qui prévalait à l'époque.

.0955

Mme Payne: C'est exactement ce que je voulais dire. C'est exactement ce que tous ces gens disaient. Mais comment arriver à se faire entendre?

C'est ce qu'ils disaient aux gouvernements, mais les grosses compagnies disaient tout le contraire. Elles disaient que cela leur permettrait d'embaucher, ce que bien sûr elles n'ont pas fait. Vous avez décrit exactement la situation.

Mme Pippard: J'aimerais vous répondre en revenant à cette notion de forums de citoyens. C'est la communauté elle-même qui doit déterminer son environnement économique. C'est aux membres de la communauté, aux membres actifs d'examiner les diverses options.

Supposons qu'il y a dix ans, les communautés de Terre-Neuve aient tenu ce genre de forums sur l'avenir de la pêche. Après tout, l'économie n'est-elle pas là pour servir la société? Si cette société avait eu la possibilité de déterminer les orientations futures de la pêche plutôt que de se les voir dicter par les grosses compagnies ou par qui sais-je d'autre, l'évolution de l'économie aurait été gérée et soutenue par la population elle-même.

Si nous revenons sans cesse sur ce concept de forums de citoyens, c'est parce qu'il marche très bien aux États-Unis. C'est de là que nous vient l'idée, des États-Unis. Les Américains redeviennent des citoyens. Les Américains qui, dans leur grande majorité, ne croient tout simplement plus à leur système politique. Nous y croyons certainement plus au Canada, mais nous n'avons pas les mécanismes nécessaires pour permettre aux citoyens de s'exprimer et de régler eux-mêmes leurs problèmes.

L'exploitation minière, c'est la même chose. C'est aux citoyens d'établir leurs priorités et de gérer leur économie en conséquence. Ce genre de discussion peut aboutir à d'autres choix et à d'autres solutions créatives.

Mme Payne: Je suis d'accord avec ce que vous dites. J'aurais souhaité que ce genre de discussion ait lieu avant qu'il ne soit trop tard.

Il n'y a pas qu'au Labrador. Il y a une nouvelle mine assez importante qui est sur le point d'entrer en exploitation. Pour le moment, il n'y a pas de problèmes environnementaux. Cela ne veut pas dire que cela n'arrivera pas, car le minerai extrait sera transporté jusqu'à la mer pour être expédié. Après, qu'arrivera-t-il...

J'ai l'impression que ces forums dont vous parlez n'ont pas lieu. Encore une fois, ma question reste la même, je suppose: que faire pour que les gouvernements et les grosses compagnies finissent par comprendre et admettre que l'environnement doit avoir la priorité?

Mme Pippard: Supposons un instant que ces forums de citoyens existent et se réunissent aux quatre coins du pays. Supposons que la question discutée concerne les diverses options énergétiques pour le Canada. Supposons que les participants à ces forums se prononcent pour certaines options plutôt que d'autres. Les politiciens ne devraient-ils pas en tenir compte? L'industrie ne devrait-elle pas tenir compte du choix exprimé par les Canadiens? Le gouvernement gouvernerait mieux car il saurait ce que veulent les Canadiens.

Ce n'est pas une solution facile et elle nécessite peut-être des efforts répétés, mais le problème c'est l'absence, comme je l'ai déjà dit, d'un vrai mécanisme. Je suppose que si je faisais de la politique, je ne saurais pas quelle décision prendre pour certaines de ces questions. J'entends tout ce que disent les gens mais quelle décision prendre? C'est le peuple qui doit prendre la décision et c'est au responsable politique, au gouvernement de l'appliquer.

Mme Payne: Merci.

M. Lincoln: Est-ce que je pourrais faire un commentaire, monsieur le président? En vous écoutant, je pensais à mon dîner d'hier soir avec un de mes vieux amis autochtones et à notre discussion concernant un projet environnemental.

Il me parlait des forêts anciennes qu'on commence à exploiter dans le nord de l'Ontario. La communauté est divisée. Il y a les tenants de l'environnement et les Autochtones qui ne veulent pas que l'on touche à ces arbres. Puis il y a le gouvernement qui dit, nous avons ces arbres, il faut les couper et vendre le bois. Que faire?

.1000

Il me disait s'étonner de notre manque de mémoire dans les décisions que nous prenons aujourd'hui. Il me rappelait qu'il avait été clairement démontré que si la région du lac Saint-Jean avait été inondée, c'est parce que nous avions détourné le cours de toutes ces rivières. On en a aujourd'hui la preuve. Nous avons tellement construit de barrages que la nature finit par reprendre le dessus. C'est ce qu'elle fait toujours.

Il m'a dit que cela lui avait immédiatement fait penser au nord de l'Ontario. Je lui ai demandé s'ils n'avaient pas vu ce qui s'était passé au Québec, où à force de jouer avec la nature, on finit par la contrarier. Il m'a répondu que la relation de cause à effet était pratiquement automatique. Il s'étonnait que les responsables de ces décisions ne fassent jamais ce lien.

En d'autres termes, tant sur la côte est que sur la côte ouest, l'avenir de la pêche est menacé. On aurait pu penser que cela nous apprendrait quelque chose, mais non, nous continuons à surexploiter les ressources.

Certes, il y a cette dichotomie entre les Américains et les Canadiens. Ensuite il y a eu l'histoire de Clayoquot Sound en Colombie-Britannique. Il a fallu faire des compromis.

Mais l'Ontario n'écoute pas; nous continuons à faire la même chose. Il me semble que la prise de conscience de plus en plus grande du public va changer tout ça.

En d'autres termes, si 500 000 Terre-Neuviens, si la population était véritablement mise au courant des choix et comprenait les raisons pour lesquelles certaines solutions sont préférables à d'autres, je crois que les gouvernements agiraient différemment.

Je crois qu'il faut un changement d'attitude massif. Je ne vois pas comment aujourd'hui un gouvernement pourrait mettre en danger la santé des Canadiens, les inciter demain, par exemple, à fumer. Son action serait rejetée et il serait renversé.

Prenez l'environnement. Si nous faisons prendre à la population conscience de ces relations de cause à effet, des expériences passées, de la nécessité de changer nos méthodes, et de la rentabilité des techniques de développement durable, je crois alors qu'elle changera de mentalité et les décideurs aussi.

Mme Payne: Monsieur le président, c'est tout ce que j'avais à dire.

Cependant, si vous me le permettez, j'aimerais proposer une motion demandant au ministre d'appuyer et de financer le programme ViABILITÉ.

Le président: Pourriez-vous écrire cette motion afin que M. Deshaies et M. Adams puissent la voir?

Monsieur Deshaies,

[Français]

voulez-vous faire une intervention à propos du nom ViABILITÉ?

M. Deshaies: J'aimerais signaler aux gens du groupe que le nom ViABILITÉ, en français, correspond peut-être à l'objectif visé, mais que pour le commun des mortels sur la route, il n'est pas aussi évident que ParticipACTION, qui est très facile à comprendre. ViABILITÉ a une partie positive. La première partie du nom ViABILITÉ est «via» ou «vie», et ensuite on a «abilité à vivre».

[Traduction]

Ou, en anglais, «ability for life».

[Français]

Vous devriez peut-être garder et vendre progressivement cette appellation. Avec le temps, les gens la comprendront peut-être. Dans le cas contraire, il faudrait voir si un mot plus «marketing» ne pourrait pas mieux attirer l'attention des gens.

[Traduction]

Mme Pippard: Les termes SustainABILITY et ViABILITÉ ne seront pas forcément ceux qui seront retenus quand le programme démarrera. Il nous faudra trouver un nom et l'essayer sur un groupe témoin pour nous assurer qu'il est compris dans les deux langues.

Le président: Monsieur Deshaies, quand la motion sera prête, nous pourrons l'accepter mais nous ne pourrons la mettre aux voix car nous n'avons pas le quorum. Par conséquent, il faudra attendre la prochaine réunion où six membres seront présents, mais entre-temps, nous pouvons la recevoir pour la présenter lors de la prochaine réunion.

.1005

Permettez-moi de dire simplement que le message que nous avons reçu aujourd'hui est intimement lié à la santé, étant donné les résultats ultimes d'une activité de ce genre. C'est toujours de la ParticipACTION sous un nom différent mais ce sont les mêmes techniques déjà utilisées: histoires éducatives, forums, d'incitation des citoyens à l'action.

Si les résultats escomptés n'ont pas été jusqu'à présent obtenus, c'est peut-être parce que nous souffrons tous du syndrome de la boîte bleue et qu'une fois notre numéro de boîte bleue fait chaque semaine, nous estimons avoir rempli notre devoir envers la collectivité pour ce qui est de l'environnement durable. Les changements de comportement obtenus grâce à ces boîtes bleues peuvent être considérés comme remarquables, mais ils ne concernent que quelques provinces. Ce n'est certainement pas universel. Il est possible que cette expérience des boîtes bleues nous aide à passer à la phase suivante, celle que vous proposez.

Il me semble que ce que vous demandez, en réalité, c'est un peu d'argent pour faire démarrer la pompe et rien de plus. C'est bien cela?

Mme Pippard: Oui, pour amorcer la participation financière des secteurs privé et à but non lucratif.

M. Lincoln: Si je peux me permettre, monsieur le président, je crois que la participation fédérale est essentielle à cause de ces besoins financiers, bien entendu, mais aussi à cause de la nature symbolique de cette participation, car sa non-participation pourrait jeter le doute sur l'entreprise.

Le président: Est-ce que la contribution de 324 000 $ pour développer ce programme était inadéquate ou vous a-t-elle été donnée à un moment où vous n'étiez pas encore complètement prêts à amorcer la pompe? Comment doit-on interpréter cette dépense?

Mme Pippard: Je ne suis pas certaine d'avoir complètement compris votre question, monsieur le président.

Le président: Est-ce que ces 324 000 $ étaient insuffisants pour amorcer la pompe?

M. Kisby: Oui, monsieur le président. Cette somme d'argent, ces 324 000 $, était le financement que nous avions jugé nécessaire pour la phase de développement, pour les consultations, pour l'élaboration de la stratégie jusqu'à maintenant.

Le président: Vous avez reçu ce montant.

M. Kisby: Oui.

Le président: Quel est le bilan?

M. Kisby: Grâce à cet argent, nous avons pu enfin atteindre notre objectif, à savoir élaborer dans le détail notre stratégie conformément aux résultats de nos nombreuses consultations.

Le président: Elle a financé la stratégie. Que vous faut-il pour amorcer la pompe?

M. Lincoln: Je devrais expliquer que cette somme, ces 324 000 $ devaient financer la conception du plan. C'est ce qui avait été convenu par les divers participants. Si vous voulez, il s'agissait simplement de la phase préliminaire.

Dans son livre rouge, le Parti libéral avait estimé qu'il faudrait accorder au programme ParticipACTION trois millions de dollars par an, pendant quatre ans. Pour des raisons évidentes - nous sommes en fin de mandat - il ne faut plus y compter. Les attentes ont donc été révisées à la baisse et les autres partenaires sont prêts à mettre la main à la poche.

Russ ou Leone pourrait peut-être nous dire quelle devrait être aujourd'hui la participation du gouvernement fédéral.

.1010

Mme Pippard: Monsieur le président, nous avons une diapositive montrant l'effet de levier sur le secteur privé de cette participation promise de trois millions de dollars par an. Il faudrait vous la montrer. Sinon, M. Kisby peut vous l'expliquer. Nous l'avons ici, nous pouvons vous la donner.

M. Kisby: Pour l'essentiel, monsieur le président, il y a deux éléments principaux. Le financement demandé au secteur public, un effort combiné, comme nous le proposons, du fédéral et des provinces, et le financement du secteur privé. Comme M. Lincoln l'a indiqué, nous estimons que la participation du secteur public est absolument essentielle pour amorcer celle du secteur privé et d'autres sources.

Sur la base du modèle idéal que nous proposons, à savoir environ 3 millions de dollars fournis chaque année par le secteur public, nous croyons qu'il est possible que cette somme soit égalée la première année par le secteur privé. Mais à la cinquième année, la participation du secteur privé est beaucoup plus considérable. En bas, vous avez une prévision prudente de la publicité gratuite dans les médias - en d'autres termes, l'argent qu'elle coûterait en temps et en espace si on devait la payer. Vous pouvez voir que, pendant ces cinq années, le financement public - la combinaison du fédéral et du provincial - même s'il n'est pas insignifiant, est relativement modeste comparé à celui du secteur privé tant en dollars qu'en publicité.

Le président: Si nous imposions les loteries et le jeu, cela nous rapporterait 900 millions de dollars, d'après le ministère des Finances. Une telle somme pourrait être utile pour des initiatives de ce genre.

Mme Payne a préparé une motion que le greffier va nous lire, telle qu'elle a été rédigée en anglais.

Le greffier du Comité: It is proposed to move that the committee send a letter to the Minister of the Environment outlining the importance of the SustainABILITY project and requesting the government's support of the program, including financial assistance.

Je crois que le reste est un préambule, qui ne devrait pas faire partie de la motion en tant que telle. La motion devrait uniquement concerner la lettre et l'aide financière.

.1015

Le président: Questions ou commentaires?

[Français]

M. Lincoln: On pourrait peut-être en donner la lecture en français.

Le greffier: Il est proposé que le comité remette une lettre au ministre de l'Environnement soulignant l'importance du Programme ViABILITÉ et que le comité demande au gouvernement d'appuyer ce programme par une aide financière.

C'est grosso modo la version française de la motion.

[Traduction]

Le président: Des commentaires?

[Français]

M. Deshaies: Je vous ferai simplement remarquer que l'impôt que le gouvernement perçoit des compagnies publicitaires représenterait plus que la somme qu'il donnerait. Si l'industrie privée donnait 12 millions de dollars, il y aurait plus de profits, sous forme d'impôts et de taxes, que ce que le gouvernement donne.

[Traduction]

Le président: Nous ne pouvons que recevoir cette motion. Nous ne pouvons rien faire aujourd'hui car nous n'avons pas le quorum, mais nous la mettrons aux voix lors de notre prochaine réunion.

Avant d'ajourner nos travaux, permettez-moi de vous poser la question suivante. Si c'était possible, si ce comité décidait d'organiser une réunion avec vous dans une salle équipée pour les retransmissions télévisées, réunion à laquelle le comité inviterait les médias, les responsables gouvernementaux potentiellement intéressés et nos collègues parlementaires des deux chambres, est-ce que cela répondrait à vos attentes? Cela vous plairait-il?

Mme Pippard: Certainement, monsieur le président. Comme M. Kisby vous l'a dit, si cela peut servir la cause de votre programme, nous sommes prêts à participer à une telle réunion.

Le président: Il faudra que les membres de ce comité en discutent et que le greffier se renseigne. Ce ne sera certainement pas pour demain. Il faudra un certain temps pour que cela puisse être organisé, si cela peut se faire. Mais vous êtes d'accord sur le principe. Vous seriez nos invités et ce sera votre show.

Mme Pippard: Nous vous en serions très reconnaissants, monsieur le président.

Le président: Nous vous remercions tous, monsieur Kisby, madame Pippard, monsieur Munroe, madame Dale et en particulier, comme Mme Payne est déjà partie, monsieur Lincoln pour ses interventions fort utiles. Nous vous souhaitons une bonne journée.

La séance est levée.

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