STANDING COMMITTEE ON NATIONAL DEFENCE AND VETERANS AFFAIRS

COMITÉ PERMANENT DE LA DÉFENSE NATIONALE ET DES ANCIENS COMBATTANTS

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 18 octobre 2001

• 1531

[Traduction]

Le président (M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.)): Je déclare ouverte cette séance du Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants.

Mesdames et messieurs les membres du comité permanent, j'aimerais profiter de l'occasion pour souhaiter la bienvenue à Mme Margaret Purdy, sous-ministre déléguée du Bureau de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile, et à son collègue, M. James Harlick, sous-ministre adjoint, Bureau de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile.

Madame Purdy, nous avons été très heureux de vous accueillir à notre comité au printemps dernier dans le cadre de notre étude de l'état de préparation opérationnelle des Forces canadiennes. Évidemment, beaucoup de choses ont changé depuis votre dernière comparution. Étant donné les événements du 11 septembre dernier, nous avons jugé qu'il convenait de vous réinviter à comparaître devant notre comité pour parler de toute la question de l'état de préparation des Forces canadiennes.

Sans plus tarder, madame Purdy, vous avez la parole. Nous sommes très impatients d'entendre ce que vous avez à nous dire.

Mme Margaret Purdy (sous-ministre déléguée, Bureau de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile, ministère de la Défense nationale): Merci, monsieur le président et membres du comité.

Vous avez raison. M. Harlick et moi-même avons fait un exposé devant votre comité en mai dernier, je crois, qui traitait du rôle du Bureau de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile récemment créé, que j'appellerai aujourd'hui le Bureau plutôt que de répéter chaque fois le nom au complet qui est très long.

Depuis lors, nous avons beaucoup progressé et je profite de l'occasion qui m'est donnée pour vous donner un compte rendu de nos activités. Depuis notre dernière rencontre, l'environnement sécuritaire, dans le cadre duquel notre bureau et d'autres secteurs du gouvernement évoluent, a changé considérablement.

Personnellement, j'ai participé pendant plusieurs années à la lutte contre le terrorisme, d'abord au sein de la GRC et par la suite avec le SCRS. Cette expérience ne m'a pas empêchée d'être profondément touchée par la tragédie du 11 septembre. Il est troublant de constater avec quelle rapidité et avec quelle profondeur ces horribles événements modifient note perception de la nature et des conséquences du terrorisme.

À titre d'analyste du renseignement au sein de la GRC, j'ai participé à l'enquête sur la tragédie de Air India, à l'aéroport de Narita. À l'époque, cet acte me semblait inimaginable: 331 personnes tuées, dont la plupart des Canadiennes et des Canadiens, en un seul jour de juin 1985, l'acte de terrorisme international le plus grave jamais commis, pour le nombre de victimes qu'il a fait. Les événements du 11 septembre ont irrévocablement modifié notre conception de l'inimaginable.

Tout comme j'ai ressenti un sens profond du devoir, lorsque j'ai travaillé au sein des équipes de la GRC et du SCRS responsables des interventions en cas de menaces terroristes, dans les années 80 et 90, je ressens aujourd'hui un sens du devoir encore plus fort depuis que j'ai reçu le mandat de diriger le BPIEPC. Le gouvernement s'est engagé sans ambages envers les Canadiennes et les Canadiens, envers les États-Unis et envers ses alliés à faire le nécessaire pour lutter contre le terrorisme ici au pays et à l'étranger. Le gouvernement s'est aussi engagé à ce que le Canada demeure l'un des pays les plus sûrs au monde et à faire en sorte que les Canadiennes et les Canadiens ne perdent pas le sentiment qu'ils sont en sécurité. L'attention de tous est dirigée sur la façon de relever ce nouveau défi.

• 1535

Comme vous le savez, le gouvernement est à mettre en place une stratégie globale de lutte contre le terrorisme. Déjà, nous pouvons constater que des gestes concrets ont été posés et que des déclarations ont été faites relativement à la sécurité militaire, aux ressources et aux lois et règlements.

Récemment, vous avez entendu les exposés du ministre et du chef d'état-major de la Défense nationale au sujet de l'apport du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes. Permettez-moi d'expliquer plus en détails le rôle du Bureau.

Ce n'est pas mon intention de répéter ce que j'ai dit au mois de mai, mais je veux vous rappeler brièvement pourquoi le BPIEPC a été créé et quelles sont ses fonctions. Je décrirai par la suite les interventions directes que nous avons effectuées après les événements du 11 septembre. Je terminerai en vous livrant mes pensées sur les leçons apprises et sur les défis qui nous attendent.

Le BPIEPC est un organisme civil au sein du ministère de la Défense nationale. Le premier ministre a créé le BPIEPC voilà huit mois et lui a confié un mandat clé qui comporte les deux volets suivants: en premier lieu, assumer le leadership national afin de concevoir une façon nouvelle et moderne de protéger les infrastructures essentielles du Canada, soit les composantes matérielles et cybernétiques clés des secteurs de l'énergie et des services publics, des communications, des services en général, des transports, de la sécurité et du gouvernement. En second lieu, agir en qualité d'agence centrale du gouvernement responsable de la protection civile à l'échelle nationale, pour des situations d'urgence de toute nature.

Bref, le Bureau assume un rôle de catalyseur. Nous nous efforçons d'améliorer la capacité des personnes, des collectivités, des entreprises et des gouvernements au Canada à gérer efficacement les risques posés à leur environnement matériel et cybernétique. Tous les dangers ou tous les risques sont notre affaire. Nous reconnaissons le fait que des événements fort différents peuvent avoir des conséquences identiques. Voilà la clé. Par exemple, une tornade, une bombe terroriste ou une attaque cybernétique malicieuse peut perturber le fonctionnement d'une installation importante. Un séisme de grande ampleur peut causer les mêmes dommages matériels et les mêmes pertes humaines que l'attaque qui s'est produite à New York, le 11 septembre.

Nous avons mis en place des programmes qui prévoient les conséquences de la gamme complète des dangers et des risques et qui nous permettent de les prévenir, de les surveiller, d'intervenir et d'en récupérer. Ces programmes comportent des cours de formation au Collège de la Protection civile Canada, près de Arnprior, des programmes de recherche, de sensibilisation et d'aide financière.

Au mois de mai, lorsque j'ai comparu devant votre comité, vous m'avez questionnée sur mon budget et vous m'avez demandé si je disposais des ressources nécessaires pour remplir tous les aspects de mon mandat. En mai, une décision finale n'avait pas encore été prise et je n'ai pu vous donner de réponse précise. Aujourd'hui, je suis heureuse de vous annoncer que le gouvernement a augmenté mon budget de fonctionnement annuel, qui était d'un peu moins de 10 millions de dollars, à 21 millions de dollars.

De plus, dans le cadre des récents investissements de lutte contre le terrorisme, on nous a alloué un montant supplémentaire de cinq millions de dollars nous permettant d'entreprendre immédiatement certains projets clés, dont les suivants: améliorer la capacité opérationnelle de notre administration centrale et de nos bureaux régionaux; établir des centres opérationnels, conjointement avec certaines provinces; et améliorer notre capacité à surveiller et à analyser les intrusions ou les attaques contre des réseaux informatiques gouvernementaux. Ces fonds nous permettront d'augmenter notre effectif de 80 à presque 150 employés, ici et un peu partout au pays.

Permettez-moi de résumer brièvement certaines des activités du BPIEPC, depuis le 11 septembre, activités qui illustrent notre rôle et notre contribution.

[Français]

Le bureau a redoublé de vigilance immédiatement après les attentats aux États-Unis, et nous sommes toujours dans cet état de vigilance accrue. On a aussi affecté du personnel supplémentaire à notre centre de coordination des opérations d'urgence afin d'accroître ses capacités de surveillance tous les jours, 29 heures sur 29.

Dans les heures qui ont suivi les attentats, le bureau a dressé un inventaire des ressources au Canada en vue d'offrir de l'aide humanitaire aux États-Unis: fournitures et expertise médicales, équipement de construction, équipement de télécommunication, l'équipe d'intervention en cas de catastrophe des Forces canadiennes, DART team. Cette information a été communiquée immédiatement au gouvernement des États-Unis par l'entremise de notre ambassadeur à Washington.

Le bureau, qui travaille conjointement avec beaucoup d'autres intervenants, a aussi joué un rôle dans la coordination du soutien fédéral et des ressources afin d'aider les autorités locales, par exemple à Vancouver, Whitehorse, Gander, St. John's et Halifax, à abriter les milliers de passagers dont les vols ont été détournés au Canada.

• 1540

Nous avons également utilisé notre site web et d'autres réseaux de contacts bien établis à travers le Canada pour diffuser des alertes et des avis, ainsi que de l'information générale, par exemple sur la menace terroriste contre les infrastructures essentielles canadiennes et sur des cybermenaces spécifiques.

[Traduction]

Nous avons par ailleurs accéléré l'élaboration du Programme national de protection des infrastructures essentielles, une revitalisation d'un programme que certains d'entre vous ont peut-être connu sous le nom de Programme des points névralgiques à l'époque de la guerre froide. Le but de ce programme est de compiler des renseignements de valeur et de les transmettre aux personnes qui possèdent, qui administrent ou qui régissent les infrastructures essentielles du pays, ainsi qu'aux planificateurs d'urgence à tous les niveaux, aux intervenants de première ligne et aux enquêteurs des corps policiers.

Dans l'éventualité d'une menace, le programme viendra en aide aux personnes qui doivent intervenir et prendre des décisions, par exemple, à celles qui doivent déterminer quelles sont les installations devant faire l'objet d'une attention particulière et quelles sont les raisons de ces mesures. Depuis le 11 septembre, nous sommes demeurés en contact avec les propriétaires et les exploitants des infrastructures essentielles et nous leur avons conseillé d'être davantage sur leurs gardes, d'échanger des renseignements et de décider des mesures de protection qui doivent être prises. Le ministre Eggleton a donné comme exemple notre récente rencontre avec des représentants de l'industrie énergétique de l'Alberta.

De plus, depuis le 11 septembre, nous avons accru notre collaboration avec des collègues relevant du solliciteur général, dans le cadre de la Réaction du Canada au terrorisme chimique, biologique et nucléaire. Nous coprésidons des séances de consultation partout au Canada afin de nous assurer que tous les ordres de gouvernement collaborent à maintenir et à améliorer notre capacité nationale d'intervention.

Bien qu'aucune menace terroriste biologique ou chimique n'ait été décelée au Canada présentement, nous ne pouvons tenir pour acquis la sûreté et la sécurité des Canadiennes et des Canadiens. Le Canada s'est doté de plans d'intervention et de personnel compétent afin de faire face aux mesures et aux incidents. Ces plans d'intervention font appel aux corps policiers, aux pompiers, aux ambulanciers et aux experts dans le domaine des matières dangereuses. Ils font aussi appel au personnel hospitalier et médical et à celui des laboratoires de classe internationale, y compris celui administré par Recherche et développement pour la défense à Suffield en Alberta. Ils prévoient l'apport d'équipes spécialisées d'intervention, dont celles des Forces canadiennes et de la GRC basées à Borden. En dernier lieu, les plans prévoient l'intervention des organismes de mesure d'urgence à tous les niveaux et des dispositions quant au type de coordination présentement offert par le BPIEPC.

En ce qui a trait à la menace actuelle du bacille du charbon, le BPIEPC collabore étroitement avec Santé Canada et avec d'autres organismes afin de s'assurer que les Canadiennes et les Canadiens sont bien informés de la situation et qu'ils reçoivent des renseignements précis sur la façon de se comporter s'ils se trouvent en présence d'un colis ou d'une lettre suspects.

La cybersécurité demeure aussi une priorité. Les attaques de serveurs informatiques ont doublé en 2001, comparativement à 2000, selon plusieurs enquêtes sur le sujet. Simultanément, les entreprises et les gouvernements font l'objet d'attaques de vers, de virus et de dénis de service. Les réseaux informatiques sont à ce point essentiels à notre vie personnelle et professionnelle que ce type de perturbations et de pannes ont des retombées économiques et sociales directes. Nous continuons à surveiller les menaces potentielles à nos infrastructures cybernétiques, en particulier toute nouvelle menace liée au terrorisme.

Permettez-moi maintenant de vous faire part des leçons préliminaires que nous avons apprises, du point de vue du BPIEPC.

De façon générale, le 11 septembre nous a rappelé, de façon brutale, que nous ne devons pas pécher par excès de confiance et que nous devons continuellement réévaluer les menaces à notre sécurité et notre capacité à leur faire face. En premier lieu, nous devons conclure que la protection civile est une question que nous devons tous personnellement prendre au sérieux, et ce, tous les jours, tant au sein de nos foyers, de nos collectivités et de nos gouvernements. Cela ne signifie pas que nous devons vivre dans un état d'anxiété permanent. Tout au contraire, mais nous devons faire preuve de plus de vigilance à propos des nouvelles menaces et nous conduire comme il se doit.

Maintenant que nous disposons de plans d'urgence éprouvés et d'un personnel compétent de surveillance et d'intervention, les Canadiens peuvent continuer à vivre normalement et retrouver le sentiment qu'ils sont en sécurité. Le Canada a prouvé qu'il peut efficacement faire face aux catastrophes. Cette capacité a été mise à rude épreuve au cours de la tempête de verglas, des inondations majeures au Québec et au Manitoba et lors du passage à l'an 2000. Les interventions du gouvernement ont été faites avec énergie et compétence. Nous pouvons toujours faire plus, mais ne minimisons pas ou ne sous-évaluons pas les capacités que nous possédons.

• 1545

[Français]

Deuxièmement, la protection civile est une responsabilité partagée. Il s'agit d'un atout, mais également d'un défi. Il suffit de penser à la ville de New York. Nous avons été témoins de l'intervention héroïque des organismes de gestion des urgences et du personnel de la ville de New York, de l'État de New York, du gouvernement américain, de l'industrie et de nombreux organismes non gouvernementaux.

Au Canada, le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires, les municipalités et les secteurs bénévole et communautaire ont tous un rôle important à jouer. Nous avons constaté, dans les dernières journées, l'intervention rapide et compétente des équipes de gestion en matières dangereuses, en soins médicaux, en services policiers, en services de laboratoire et de tous les autres intervenants. Les agents de secours d'urgence ont un rôle clé à jouer lors des désastres. Ils doivent avoir les outils et la formation nécessaires pour bien s'acquitter de leurs responsabilités.

[Traduction]

Cependant certains spécialistes ont eu aussi un rôle à jouer, notamment les fournisseurs de service d'appoint, les juristes et ceux qui peuvent traiter avec d'autres ordres de gouvernement et d'autres pays pour apporter leur aide. Toutes ces personnes peuvent apporter une contribution. La réussite ne repose pas entre les mains d'une seule personne ou d'un seul organisme responsable, elle dépend du niveau d'excellence de la planification, du niveau de compréhension, des rôles à jouer, du niveau d'acceptation des responsabilités et de l'efficacité de la coordination.

En troisième lieu, les événements nous ont rappelé l'importance de nous préparer à toute la gamme des catastrophes, celles qui touchent les personnes et les biens, celles qui touchent les structures matérielles et les réseaux cybernétiques beaucoup moins visibles, celles de nature climatique et celles qui sont le fruit du hasard, et enfin, celles qui sont provoquées sciemment, soit par des actes terroristes soit par des attaques cybernétiques du type «CodeRed» que nous avons connues l'été dernier.

L'approche globale adoptée par le BPIEPC, en matière de dangers et de menaces, dessert bien notre organisme en ce sens. La simplicité de cette approche fait l'envie de plusieurs de nos collègues au sein de nombreux gouvernements étrangers. Notre stratégie de base, à mon sens, est logique.

En quatrième lieu, le 11 septembre a confirmé l'importance de prévoir, de planifier à l'avance. Nous pouvons tirer des leçons du tout dernier phénomène météorologique d'envergure ou du tout dernier acte terroriste, mais les planificateurs de mesures d'urgence doivent s'assurer que leurs plans peuvent s'adapter à l'imprévisible et à l'inimaginable. Ils doivent être conseillés par des scientifiques et des services de renseignements.

En cinquième lieu, les événements de cinq dernières semaines ont démontré l'importance de sensibiliser et d'informer le grand public. Il est essentiel que le gouvernement transmette aux citoyens l'importance du fait de demeurer vigilants et conscients, tout en s'assurant de ne pas créer un état de panique ou de siège. Comme plusieurs personnes l'ont constaté, c'est exactement ce que recherchent ceux qui veulent détruire notre mode de vie. C'est pourquoi l'une des priorités du BPIEPC est de concevoir des programmes publics novateurs de sensibilisation et d'information qui fonctionnent 365 jours par année et non uniquement en cas de crise.

[Français]

Permettez-moi de conclure. Depuis le 11 septembre, le gouvernement a agi afin d'accroître sa vigilance et sa capacité de préparation et d'intervention. Nous disposons d'institutions, de compétences et de solides relations de travail, tant au niveau national qu'international, pour faire face à la situation présente. Le bureau est l'une de ces institutions.

[Traduction]

Bien que sa création remonte à moins d'une année, je suis persuadée que notre bureau est en mesure de fournir aux Canadiennes et aux Canadiens et aux collectivités canadiennes une gamme complète de mesures d'urgence. Je suis aussi persuadée que nous apportons une importante contribution aux efforts actuels de lutte contre le terrorisme.

Protéger la santé, la sécurité et le bien-être économique des Canadiennes et des Canadiens est au coeur du mandat du BPIEPC. Toutes nos activités sont en fonction de cet objectif. Nos assises sont solides. Nous devons maintenant mettre en pratique les leçons que avons apprises à la suite des récents événements, et continuer à renforcer ces assises au cours des mois à venir. Nous sommes un organisme dynamique, un organisme qui s'adapte aux besoins des Canadiennes et des Canadiens.

Je vous remercie de l'occasion que vous m'avez donnée aujourd'hui de vous entretenir de l'important travail qui est le nôtre. Je suis à votre disposition si vous souhaitez me poser des questions.

Merci.

Le président: Madame Purdy, je vous remercie de nous avoir présenté cet exposé très instructif.

Avant de passer aux questions, j'ai négligé de vous signaler précédemment la présence dans la salle d'un ancien ministre de la Défense nationale, d'un ancien solliciteur général du Canada, l'honorable Jean-Jacques Blais qui est ici avec nous aujourd'hui. Bienvenue à notre comité, Jean-Jacques.

Monsieur Benoit, vous avez la parole pour sept minutes.

M. Leon Benoit (Lakeland, Alliance canadienne): Merci beaucoup, monsieur le président. Merci, madame Purdy, pour l'exposé que vous nous avez présenté aujourd'hui, et merci à M. Harlick d'être ici aujourd'hui.

• 1550

Votre travail est extrêmement difficile dans la situation actuelle, votre bureau étant tout récent. Je dois dire que je suis assez stupéfait qu'il ait fallu les événements du 11 septembre pour vraiment sensibiliser le gouvernement à la sécurité. Beaucoup de gens disent depuis des années—notamment le SCRS depuis trois ou quatre ans—que la menace terroriste était très réelle.

Depuis que nous formons ici l'opposition officielle depuis huit ans et les universitaires nous ont toujours dit: «C'est une menace. Nous ne savons pas quand cela va se produire, mais cela va certainement se produire.» Je suis donc assez étonné qu'il ait fallu aussi longtemps pour que cela se produise. Je suppose que tout ce que nous pouvons faire, c'est continuer, et j'espère que votre ministère nous aidera à cet égard.

J'aimerais tout d'abord vous demander quelles sont les capacités du Canada à réagir à une attaque biologique ou chimique ici au pays. Avons-nous les ressources pour fournir immédiatement une aide médicale? Et s'il fallait une réponse à long terme? Avons-nous les antidotes et ce genre de chose, et le matériel nécessaire? Pouvez-vous nous expliquer ce dont nous disposons à l'heure actuelle?

J'ai été assez stupéfait lorsqu'il y a eu une menace sur la Colline et que des gens ont été contaminés, de constater jusqu'à quel point nous étions peu préparés, ici même à Ottawa, où je croyais que nous avions la meilleure protection, et sur la Colline, où, je croyais que nous avions les meilleures ressources pour faire face à ce genre de situation. Pourtant, je crois comprendre qu'il n'y avait même pas suffisamment de vêtements de protection pour faire face à cette situation.

Tout cela montre bien qu'il est nécessaire d'agir rapidement. Vous pourriez peut-être me dire ce que vous avez et quels sont vos plans immédiats.

Mme Margaret Purdy: Merci.

Je pense que chaque fois que l'on parle de cette question, il faut rappeler tout d'abord qu'il n'existe aucune menace précise d'attaque biologique ou terroriste contre les Canadiens ou des intérêts canadiens. J'ai entendu le ministre Rock parler d'un risque éloigné, et c'est toujours le cas.

Cependant, au cours des derniers jours il y a eu des incidents en Amérique du Nord et en fait ailleurs dans le monde qui ont attiré l'attention des diverses autorités locales. Au Canada, aucun cas de bacille du charbon n'a été confirmé. Je pense qu'il est important de le dire au départ.

Cela étant dit, notre pays a des plans d'urgence. Nous avons en place des personnes compétentes pour faire face aux menaces et aux incidents. L'équipe canadienne, si je peux la décrire ainsi, où le dispositif d'intervention se retrouve à de nombreux niveaux. Naturellement, le premier niveau est celui des autorités locales—les agents de police, les pompiers, les ambulanciers, et les équipes HAZMAT, les experts en matières dangereuses. Il y a aussi le personnel hospitalier et médical et celui des laboratoires qui constituent des éléments essentiels du plan d'intervention. Le laboratoire de niveau 4 à Winnipeg joue par exemple un rôle vraiment essentiel.

En ce qui concerne les événements ou les annonces qui ont été faites et les mesures qui ont été prises depuis le 11 septembre, je n'ai pas eu connaissance de l'annonce faite par M. Rock aujourd'hui, mais je sais qu'il prévoyait annoncer que de nouveaux fonds allaient être attribués à son ministère pour qu'il prenne davantage de contre-mesures, entre autres le stockage d'un plus grand nombre de vaccins. Je crois qu'il va prévoir une formation supplémentaire dans l'ensemble du pays pour le personnel médical ainsi que du nouvel équipement. Donc, certaines mesures sont prises dans l'immédiat par suite du 11 septembre.

Vous vous rappellerez qu'un comité sénatorial chargé d'étudier le contre-terrorisme, présidé par l'ancien sénateur Bill Kelly, a publié un rapport, je crois, en janvier 1999. Je crois que cette question avait été rendue publique jusqu'à un certain point bien avant le 11 septembre. L'une des recommandations formulées par le comité sénatorial était d'examiner de façon plus détaillée la capacité du Canada à réagir au terrorisme biologique, chimique et nucléaire.

Au gouvernement, nous avons donné suite à cette recommandation. Le solliciteur général a été chargé d'examiner la capacité du Canada de réagir à ce genre d'incident—c'est ce qu'on appelle chez nous la gestion des répercussions. Ce travail était donc bien en train. Un document de consultation a été publié, je crois, en mai de cette année à l'intention des provinces et des territoires. Comme je l'ai indiqué dans mes remarques préliminaires, le bureau en assure à l'heure actuelle la coprésidence...

M. Leon Benoit: Combien de personnes travaillent au bureau même?

Mme Margaret Purdy: Aujourd'hui, l'effectif est de 150 employés.

M. Leon Benoit: Quel était le nombre d'employés avant le 11 septembre?

Mme Margaret Purdy: Nous approchions du chiffre de 150. Nous avons commencé en février avec environ 78 employés. Grâce aux nouveaux fonds qui nous ont été fournis il y a plusieurs mois, l'effectif est passé à 150. Nous n'avons pas connu de fortes augmentations depuis le 11 septembre. Notre effectif connaît une croissance soutenue par suite des nouveaux fonds qui nous ont été versés.

• 1555

Comme je l'ai mentionné, nous avons reçu récemment de nouveaux fonds qui atteignent 5 millions de dollars. Cette somme ne servira pas à accroître l'effectif mais à améliorer l'équipement et ainsi de suite.

M. Leon Benoit: En cas d'attaque majeure—un attentat à la bombe visant une ambassade américaine ou britannique—avec quelle rapidité les groupes d'intervention canadiens pourraient-ils intervenir? Combien de temps faudrait-il pour que votre groupe arrive sur les lieux, prêt à intervenir dans le cas d'une attaque biologique ou chimique?

Mme Margaret Purdy: Prenons un exemple à Ottawa. Vous avez parlé d'ambassade. Dans notre pays, la GRC est responsable de la protection des ambassades et du personnel diplomatique. Elle assure une patrouille régulière dans les rues d'Ottawa. Elle serait sur les lieux en quelques minutes. En fonction des renseignements dont elle dispose, elle communiquerait immédiatement avec le service de police d'Ottawa, les pompiers d'Ottawa et le personnel médical d'Ottawa afin de les mobiliser, si elle soupçonnait qu'il s'agissait d'une attaque biologique ou chimique. Donc, il s'agirait d'une intervention immédiate.

M. Leon Benoit: De quels moyens disposeraient-ils pour faire face à la situation, en ce qui concerne les médicaments, les antidotes, l'équipement, le matériel spécialisé et ce genre de choses?

Mme Margaret Purdy: Je n'ai pas cette information pour chaque ville au pays.

M. Leon Benoit: Je sais qu'Ottawa bénéficie de la meilleure protection, je crois comprendre...

Mme Margaret Purdy: Ottawa est très bien protégée.

M. Leon Benoit: ...donc parlons de la ville qui est la mieux protégée, et nous pourrons ensuite nous occuper du reste.

Mme Margaret Purdy: Permettez-moi de vous dire pourquoi Ottawa est particulièrement bien protégée. Il existe depuis un certain temps un projet pilote en cours à Ottawa. Il est financé par mon bureau et par le gouvernement provincial de l'Ontario. Il est axé sur les argents de secours d'urgence et leur fournit des fonds supplémentaires pour la planification, l'achat d'équipement et l'élaboration de protocoles, afin qu'ils aient un plan de travail normalisé.

M. Leon Benoit: Quelles sont les ressources dont vous disposez à Ottawa pour intervenir en cas d'attaque biologique ou chimique?

Mme Margaret Purdy: Nous avons à notre disposition toutes les ressources du Service d'incendie et du Service de la police d'Ottawa ainsi que des hôpitaux de la région. Nous avons des laboratoires dans d'autres régions du pays, vers lesquels nous pouvons expédier immédiatement par avion des échantillons. Il existe donc des protocoles et des plans.

M. Leon Benoit: À une attaque de quelle envergure sont-ils en mesure de réagir?

Le président: Monsieur Benoit, votre temps est écoulé.

Je demanderais aux membres du comité—il s'agit d'un simple rappel—de passer par le président pour faire leurs commentaires. Il ne s'agit pas d'une conversation entre les témoins et les membres du comité.

Monsieur Bachand, vous avez la parole.

[Français]

M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ): Merci, monsieur le président.

Je me pose des questions au sujet de la mission du Bureau de la protection des infrastructures essentielles parce que, selon ce que je comprends, cela inclut maintenant la protection civile.

Mme Margaret Purdy: Oui.

M. Claude Bachand: Par exemple, qu'est-ce qui arrive si une ambassade est attaquée? La GRC va intervenir rapidement, mais quel est le rôle exact du Bureau de la protection des infrastructures essentielles?

Je vois bien que dans l'organigramme que j'ai ici, vous relevez directement d'un sous-ministre, mais quel est le rôle de votre bureau? Où se fait la coordination en cas de crise? Est-ce le Bureau de la protection des infrastructures essentielles qui fait la coordination? Où la coordination se fait-elle quand le ministre de la Santé annonce qu'il va investir 12 millions de dollars pour la lutte contre le bioterrorisme et qu'il va acheter beaucoup de pilules pour l'anthrax? Est-ce que le bureau a son mot à dire là-dedans? Autrement dit, est-ce que vous coordonnez l'activité ministérielle, ou si les ministres font leurs affaires et vont ensuite voir le bureau?

Pendant que j'ai la parole, j'aimerais poser quelques autres questions. Pour moi, ce qu'est une infrastructure essentielle n'est pas clair. Avez-vous la définition d'une infrastructure essentielle? J'ai vu dans votre mandat que vous aviez pour rôle de préparer un plan complet de protection de l'infrastructure essentielle du Canada. Est-ce que ce plan est prêt au moment où on se parle? Est-il disponible pour les députés? Pourrait-on savoir quel est le plan?

Vous dites aussi que le bureau fournira des directives nationales et que vous devez travailler avec les provinces, les territoires et les municipalités. Ce sont aussi des entités. Est-ce que ça veut dire que vous pouvez émettre une directive nationale au gouvernement du Québec, par exemple, pour lui dire de quelle façon il peut protéger ses centrales électriques? Je me demande si le bureau peut aller jusque-là. Je ne le sais pas pour l'instant. J'aimerais que vous répondiez d'abord à ces questions.

Mme Margaret Purdy: J'ai noté trois questions. La première portait sur le rôle du bureau. Je pense avoir mentionné, pendant la présentation, les deux rôles clés du bureau. Il s'agit premièrement d'organiser et de revitaliser le programme de la protection des infrastructures essentielles du Canada.

• 1600

Votre deuxième question concernait la définition des infrastructures essentielles. Les infrastructures essentielles existent dans cinq ou six secteurs clés: l'énergie, les communications, les services et le secteur gouvernemental, par exemple. Ce sont les services et les installations qui sont essentiels à la santé des Canadiens, à la sécurité des Canadiens, au bien-être économique des Canadiens, les choses les plus importantes dans la vie des Canadiens et des communautés canadiennes, les choses qui sont essentielles à la vie du pays.

[Traduction]

L'énergie, les télécommunications, les services financiers et les services gouvernementaux en sont des exemples. C'est donc la définition: des services ou des installations qui sont essentiels à la santé, à la sécurité, au bien-être économique ou au fonctionnement indispensable des gouvernements, par exemple.

M. Claude Bachand: Puis-je poser juste une autre question, peut-être un peu plus précise, à ce sujet?

Le président: Il vous reste trois minutes, monsieur Bachand.

[Français]

M. Claude Bachand: Madame Purdy, vous me dites que les choses essentielles sont l'économie... Avez-vous une liste sur laquelle figure la Bourse de Toronto, par exemple? Avez-vous une liste gouvernementale sur laquelle figure la Chambre des communes? Avez-vous non seulement la liste complète des grands secteurs, mais aussi des listes particulières, par exemple des centrales nucléaires ou des centrales électriques? Avez-vous de telles listes?

[Traduction]

Mme Margaret Purdy: Nous sommes en train d'établir une liste et nous mettons l'accent sur les éléments essentiels de cette infrastructure d'une importance primordiale. Je vous demanderais toutefois de ne pas mettre uniquement l'accent sur des listes. Les liens entre ces différents éléments et la protection de nos infrastructures essentielles ne consistent pas uniquement à élaborer des listes et à mettre l'accent sur tel pont, tel pipeline, telle Bourse. Il est indispensable que les planificateurs d'urgence, la police et les agents de secours d'urgence sachent quels sont les éléments les plus essentiels au sein d'une collectivité ou d'une province.

Mais il s'agit d'un programme beaucoup plus général que cela. Il permet d'assurer une bonne communication parmi les secteurs, par exemple, et nous permet de comprendre les dimensions physiques et, surtout, les cyberdimensions de cette infrastructure essentielle dans le pays en l'an 2001. Ce n'est pas l'infrastructure qui a permis de garder le pays uni au cours de la guerre froide. Elle a changé de façon spectaculaire depuis, et nous devons approfondir notre connaissance à cet égard.

Lorsque j'ai comparu devant vous en mai, j'ai mentionné que c'était l'une des choses dont nous avions besoin, une connaissance approfondie. De quoi a besoin telle ou telle Bourse pour continuer à fonctionner? A-t-elle besoin d'électricité? Oui. A-t-elle besoin des télécommunications? Oui. A-t-elle besoin d'autres services essentiels? Oui. Quelles seront les conséquences si certains de ces services essentiels sont perturbés ou détruits? Quelles seront les répercussions en cascade?

Il ne fait aucun doute que les listes sont importantes, et ces jours-ci nous accordons beaucoup d'importance à l'élaboration et la compréhension des éléments essentiels de l'infrastructure. Nous avons dressé une liste préliminaire dont nous allons discuter avec les provinces et les territoires et les propriétaires de l'infrastructure ce mois-ci.

Cependant, ce programme de protection de notre infrastructure est loin de se limiter à cette liste. L'infrastructure que nous partageons avec les États-Unis en est une composante importante. Le réseau de distribution d'électricité, par exemple, en Amérique du Nord, fait l'objet d'une gestion étroitement partagée. C'est un aspect que nous devons comprendre. Nous devons comprendre notre approche mutuelle en matière de protection. Nous devons comprendre quels sont les plans d'intervention et nous devons travailler ensemble dans la mesure du possible.

Quant à votre question concernant la diffusion de directives, mon bureau, pas plus que ce programme, n'a pas l'intention d'émettre de directives pour indiquer qu'il faut faire ceci, qu'il faut faire cela. Nous sommes en train de bâtir un partenariat ici et non d'établir une instance de réglementation.

Jusqu'à présent, la réaction que nous avons obtenue des propriétaires de cette infrastructure n'a été que positive. Ils veulent travailler en collaboration avec nous. Ils veulent faire appel à nous en tant que facilitateurs pour réunir tous les secteurs, pour créer un partenariat et pour discuter des moyens de maintenir la vigueur dans ce pays et de protéger cette infrastructure essentielle.

[Français]

Le président: Merci, monsieur Bachand.

[Traduction]

Monsieur Wilfert, vous avez la parole.

M. Bryon Wilfert (Oak Ridges, Lib.): Merci, monsieur le président.

Depuis le 11 septembre, nous, au gouvernement, avons réagi aux événements et sommes intervenus dans des secteurs où des mesures s'imposaient—sauf dans ce cas en particulier puisque, monsieur le président, je dirais que le Bureau de la protection des infrastructures essentielles, établi en février par le premier ministre, a été le résultat d'une décision très proactive. À moins que M. Benoit se serve d'un calendrier qui diffère du mien, février arrive avant septembre. C'est pourquoi je dirai que nous n'avons pas réagi après coup dans ce cas en particulier. En fait, les États-Unis ont établi le Office of Homeland Security, et j'aimerais tout d'abord demander à Mme Purdy, par votre intermédiaire, monsieur le président, quelles sont les similarités et les différences en ce qui concerne les mesures instaurées par les Américains après le 11 septembre?

• 1605

Deuxièmement, monsieur le président, à moins que ma mémoire me fasse défaut et que nous ayons déjà obtenu ce document, il serait utile si on pouvait préparer pour tous les membres du comité une trousse d'informations sur le Bureau de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile qui aborderait un grand nombre des questions dont nous avons traitées. Par exemple, à part cette liste, nous semblons dépendre beaucoup de l'information—ou de l'absence d'information—des gouvernements municipaux et provinciaux dans ce pays. Compte tenu de la nature des attaques du 11 septembre, de l'impossibilité de prévoir ce que nous réserve l'avenir et de la vulnérabilité—certainement à la lumière de mes propres années d'expérience au gouvernement municipal—des stations de traitement d'eau, des stations d'épuration des eaux usées et, bien qu'elles ne relèvent pas de la compétence municipale, des centrales nucléaires, quelles sont les mesures que nous élaborons en coopération avec nos collègues municipaux et provinciaux à cet égard?

Enfin, monsieur le président—je suis conscient que cette séance est télévisée et que par conséquent vous ne pourrez probablement pas être aussi directe que je l'aurais souhaité—ce qui concerne les capacités de nos installations de contre- terrorisme dans ce pays, comment les évaluez-vous à ce stade et comment travaillons-nous avec d'autres instances internationales et d'autres États pour assurer une meilleure coordination à cet égard? J'ai quelques autres questions, monsieur le président, mais comme vous incluez aussi le temps de réponse lorsque vous m'accordez sept minutes, j'ai pensé commencer par poser ces questions.

Le président: Je vous remercie, monsieur Wilfert.

Madame Purdy, allez-y.

Mme Margaret Purdy: Si j'ai bien compris, vous avez posé quatre questions. Vous avez posé une question à propos du nouveau bureau qui relève du gouverneur Ridge aux États-Unis, le Office of Homeland Security. Comme pour bien d'autres aspects des relations gouvernementales canado-américaines, l'appareil gouvernemental des États-Unis et du Canada n'est pas parfaitement assorti, si je puis dire. J'ai lu la directive qui confie ce mandat au gouverneur Ridge, et d'après ce que je crois comprendre, à la lecture de ces directives, il n'assure nettement un rôle de coordonnateur. C'est une énorme tâche dans ce pays. C'est une tâche importante au Canada, mais aux États-Unis, compte tenu du nombre d'organismes visés, son rôle principal tel que je l'interprète est de réunir régulièrement ces 46, 50—ou quel qu'en soit le nombre—organismes qui ont un rôle quelconque à jouer au niveau de la sûreté et de la sécurité publique et du contre-terrorisme et de s'assurer qu'ils travaillent en fonction d'une série unique de priorités. C'est ce que je crois comprendre.

Pour ce qui est de savoir quelles instances exercent des fonctions semblables dans notre pays... il ne fait aucun doute, comme vous le savez, que le solliciteur général est le ministre principal chargé de la sécurité publique et du contre-terrorisme. Par conséquent, le solliciteur général et ses collaborateurs jouent dans une grande mesure les mêmes rôles que ceux confiés au gouverneur Ridge et à son organisation. De plus, au cours de cette période, le ministre Manley et le nouveau comité spécial des ministres chargé d'étudier la sécurité publique et l'antiterrorisme jouent également un rôle de coordination et un rôle d'examen semblable à certains égards au rôle qu'exerce le gouverneur Ridge. J'ai entendu M. Manley dire qu'il a parlé au gouverneur Ridge; il prévoit le rencontrer sous peu. Donc, il ne fait aucun doute qu'il existe des similarités.

Dans notre cas, nous entretenons d'étroites relations de travail avec un grand nombre des organismes dont va s'occuper le gouverneur Ridge—la Federal Emergency Management Agency qui était sur les lieux à Manhattan et aussi au Pentagone. Il existe des organismes équivalents qui s'occupent de la gestion des urgences; ils ne relèveront pas du gouverneur Ridge mais figureront certainement parmi les principaux membres de son équipe.

En ce qui concerne un aspect très important, c'est-à-dire la cybersécurité, nous avons entretenu des liens très étroits avec le coordonnateur de la cybersécurité aux États-Unis. La présente administration a tenu à conserver ses services, et il vient d'être nommé par Condoleezza Rice du Conseil national de la sécurité au nouveau poste de coordonnateur de la cybersécurité. Il relèvera aussi du gouverneur Ridge. Je lui ai téléphoné la semaine dernière pour lui parler de différentes façons de poursuivre notre collaboration. Tout cela pour dire que nous entretenons des partenariats de longue date avec le FBI, avec la FEMA—le Federal Emergency Management Agency—avec les responsables de la cybersécurité et avec bien d'autres responsables de l'administration américaine. Je crois que nous trouverons des moyens de travailler en collaboration avec le gouverneur Ridge et son équipe, et c'est une perspective qui nous réjouit.

• 1610

Nous vous fournirons volontiers une trousse de renseignements et nous pourrions organiser une séance d'information. Je vous recommande également de consulter notre site Internet. Depuis le mois de février, nous n'avons pas ménagé les efforts pour que les Canadiens et les Canadiennes puissent prendre connaissance de toute l'ampleur de notre mandat et de notre rôle et pour qu'ils soient tenus au courant d'activités particulières. Nous nous servons également du site pour communiquer les alertes, les avis de sécurité et les notes d'information que nous préparons. Vous y trouverez des avis se rapportant au 11 septembre, en ce qui concerne la cybernétique comme en ce qui concerne l'infrastructure essentielle, c'est-à-dire des avis communiqués aux propriétaires d'infrastructures essentielles.

Plus récemment, nous avons mis sur notre site Web les renseignements de Santé Canada sur la maladie du charbon et ceux de Postes Canada sur la manipulation des colis. Nous avons l'intention de continuer d'améliorer ce site Internet. Je vous recommande assurément de le consulter et nous serons heureux d'organiser une séance d'information et de préparer la documentation d'accompagnement.

Pour ce qui est de la collaboration à l'échelle locale, même si nous sommes une petite organisation, nous avons des bureaux régionaux dans chacune des provinces. Nous travaillons en étroite collaboration avec les organisations qui ont la responsabilité des mesures d'urgence. Une partie du nouveau budget que j'ai obtenu, c'est-à-dire les 5 millions de dollars qui sont destinés au contre- terrorisme, va servir à voir comment nous pouvons constituer des centres communs d'opérations d'urgence avec certaines provinces. Nous travaillons si étroitement avec elles quand surviennent des événements comme ceux que M. Benoit a décrits nous devons créer des équipes. Je peux vous assurer que nous entretenons d'excellentes relations avec les autorités locales. Ce partenariat est sans doute le plus important de notre point de vue.

Si j'ai bien compris votre question, vous voulez savoir sur quelles capacités nous pouvons compter ici au Canada pour contrer le terrorisme? Nous avons vécu notre propre expérience avec le terrorisme. J'ai fait allusion à un de ces incidents dans mes remarques liminaires, l'épisode d'Air India et de Narita. Assurément, les mesures visant à combattre le terrorisme passent essentiellement par le plan national de contre-terrorisme. Je le répète, c'est le solliciteur général qui assume la principale responsabilité à cet égard, mais beaucoup d'autres intervenants ont un rôle à jouer: Santé Canada, Agriculture Canada, Environnement Canada, et d'autres. Dans le cadre de ce plan, l'organisme mandataire est le BPIEPC.

Je reviens à l'une de vos questions précédentes. L'un de nos rôles principaux est de mobiliser et de coordonner l'appui que le gouvernement fédéral fournit aux autorités locales quand il y a un sinistre, quel qu'il soit: la tempête de verglas, l'inondation, l'attentat terroriste à la bombe—tout incident que les autorités locales ne peuvent pas maîtriser seules. Nous intervenons quand la municipalité fait appel à la province parce qu'une aide spécialisée s'impose: des experts, du matériel spécialisé, des services spéciaux que seul le gouvernement fédéral peut fournir. Notre tâche est de savoir où se trouve le matériel, comment l'obtenir, comment le réquisitionner, et comment l'acheminer aux lieux du sinistre le plus rapidement possible.

Le président: Madame Purdy, je pense que je vais devoir vous interrompre par souci d'équité envers les membres de l'opposition qui veulent poser des questions. Vous avez fait allusion à votre site Internet et puisque cette séance est télévisée, il serait bon que vous nous en donniez l'adresse?

Mme Margaret Purdy: Assurément. C'est www.ocipep.gc.ca.

M. Bryon Wilfert: Monsieur le président, permettez-moi une courte question. Je sais que ma bonne amie Elsie ne m'en voudra pas si je demande cela, mais si les membres du comité acceptent, je souhaiterais vivement qu'on nous donne une séance d'information sur le BPIEPC, en nous fournissant la documentation appropriée. Par la suite, nous devrons sans doute faire appel à vous et à vos collaborateurs de temps en temps pour une mise à jour. Je pense que ce serait très utile.

Merci, monsieur le président.

Mme Margaret Purdy: Volontiers.

Le président: Monsieur Stoffer, vous avez la parole.

M. Peter Stoffer (Sackville—Musquodoboit Valley—Eastern Shore, NPD): Merci, monsieur le président.

Je tiens tout d'abord à féliciter Mary Kirby, qui est l'adjointe du ministre de la Défense nationale pour la région de l'Atlantique, car elle a fait un travail épatant pour organiser les événements d'hier à l'intention de nos militaires et de leurs familles. Tous ceux qui étaient là—et je sais qu'Elsie était présente en esprit même si elle n'était pas là physiquement, son avion n'ayant pas pu atterrir—ont vécu un moment très émouvant, et tous ceux qui y ont participé ont très bien fait les choses. Je félicite le personnel du ministre qui a tout organisé.

Pour commencer, je tiens à dire que je me réjouis de revoir une concitoyenne de la Nouvelle-Écosse, Mme Purdy.

Je viens de donner à M. Harlick un exemplaire du communiqué rapportant les propos de M. Rock aujourd'hui, et je m'étonne que vous disiez que vous n'étiez pas au courant de ce qu'il a dit. Je supposais que puisque vous êtes chargée de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile, on vous aurait au moins mis au courant de ce que M. Rock allait dire, et pourtant vous avez dit que vous n'en saviez rien. Je suis plutôt étonné que vous ne sachiez pas ce que M. Rock a annoncé aujourd'hui. J'aurais cru qu'on vous en aurait avisée tout d'abord, avant le grand public. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi? J'ai du mal à démêler tout cela.

Mme Margaret Purdy: Je vois. Quand j'ai dit que je ne connaissais pas les détails de ce qu'il a dit, c'est parce que quand on fait de telles annonces, elles sont souvent préparées à la dernière minute. Je ne savais pas s'il allait annoncer la chose en même temps que des annonces d'autres ministres, et je ne savais pas exactement quelle était la teneur de sa communication. Je savais toutefois que l'on envisageait que cet argent serve à ces mesures en particulier.

• 1615

M. Peter Stoffer: Je vous ai également donné un exemplaire du communiqué de M. Art Eggleton, le ministre. Environ trois semaines avant les attentats terroristes, le 21 août, il annonçait que le gouvernement allait injecter 250 millions de dollars dans le programme de lutte contre le bioterrorisme et dans la lutte contre les armes biologiques et chimiques, et ce au cours des huit prochaines années, ce qui représente environ 30 millions de dollars par année.

Le ministre Rock a aujourd'hui annoncé qu'on allait consacrer 12 millions de dollars au programme cette année. Je demande donc pourquoi une telle différence? Cela représente le tiers de ce qui avait été annoncé par le ministre Eggleton. J'aimerais que vous nous disiez où ces fonds supplémentaires seront acheminés. Est-ce qu'on va se contenter de seulement 12 millions de dollars, ce qui, selon toutes les opinions, ne pourrait sûrement pas répondre aux inquiétudes de tous les Canadiens?

Mme Margaret Purdy: Il s'agissait d'une nouvelle, et qu'on me reprenne si je me trompe, mais si je me souviens bien, cette nouvelle annoncée en août 2001 concernait une réponse à une demande d'accès à l'information. À la suite de cette demande, on a diffusé un examen interne effectué au ministère de la Défense nationale et qui rendait compte de notre capacité militaire à contrer les agents radiologiques, biologiques et chimiques. Je pense que la dépense de 250 millions de dollars dont parlait le ministre Eggleton concerne l'acquisition pour les Forces canadiennes de matériel particulier pour moderniser leur capacité au sein du ministère de la Défense nationale. Il ne s'agissait pas de matériel censé servir à la sécurité nationale—même si, comme vous le savez, l'équipe qui se trouve à Bordon est ambivalente. Elle peut être déployée au Canada pour appuyer les autorités locales.

Comme je l'ai dit, qu'on me reprenne si je me trompe. Je pense que le ministre Eggleton s'appuyait sur un rapport d'examen interne au ministère et qu'il signalait qu'on avait déjà réservé une somme d'argent pour combler des lacunes au sein des Forces canadiennes, notamment dans l'équipe de Borden.

Si vous voulez plus de détails ou si vous voulez que je vous confirme ce que je viens de dire, je le ferai volontiers.

Le président: D'accord.

M. Peter Stoffer: À l'édifice de la Confédération, où se trouve mon bureau, beaucoup d'employés qui travaillent au même étage que moi se demandent pourquoi on n'est pas venu les renseigner ou leur donner des conseils sur la façon de manipuler enveloppes, colis, ou autres.

Étant donné ce qui se passe aux États-Unis, je m'étonne que le gouvernement n'ait pas donné de consignes aux employés quant à la façon de manipuler les enveloppes plus épaisses.

Quant à moi, je leur ai conseillé de porter des gants de latex. S'ils sont en présence de courrier suspect, soit qu'ils fassent appel au service de sécurité qui l'ouvrira pour eux, ou s'ils l'ouvrent eux-mêmes, qu'ils se protègent grâce à des gants.

Je me demande pourquoi le gouvernement ou votre ministère n'a pas encore donné de consignes aux employés là-dessus.

Le président: Monsieur Stoffer, sauf le respect que je vous dois, il vaudrait mieux poser cette question au sergent d'armes de la Chambre des communes. Elles sous-entend des détails que Mme Purdy ne connaît peut-être pas nécessairement puisqu'ils concernent des procédures internes, la sécurité, la protection de la santé des travailleurs sur la Colline.

M. Peter Stoffer: Monsieur le président, je ne cherchais pas à obtenir des détails. Je songe aux écoles, à d'autres installations de par le pays qui relèvent des provinces, et vous avez fait allusion à ce qui relève des municipalités. Dans quel délai cette personne...

Le président: Je pense que votre question est maintenant plus à propos.

M. Peter Stoffer: D'accord.

L'accélération du processus d'information de toutes les organisations, comme par exemple, les écoles, divers clubs, que sais-je encore, des lieux où les gens se réunissent, comment peuvent-ils se protéger contre ce type de problème...

Mme Margaret Purdy: Je suis d'accord avec le président. Je ne connais pas assez bien la façon dont votre installation est gérée et administrée pour être au courant de ce qui existe, ou de ce qui devrait être prévu, ou de la personne à qui vous adresser.

Toutefois, le gouvernement du Canada a fourni une grande quantité de renseignements au grand public. Reportez-vous au site Internet de Santé Canada, que vous pouvez contacter en passant par le nôtre.

Je pense que Santé Canada a rendu public, vendredi dernier, un bulletin de renseignements de base qui explique ce qu'est le bacille du charbon, et ce qu'il n'est pas. On y explique ce que les gens peuvent faire s'ils reçoivent quelque chose de suspect par la poste, à qui ils doivent s'adresser. On y décrit l'incidence des vaccins, les cas où ils sont efficaces, les cas où ils ne le sont pas.

C'est un excellent bulletin. Santé Canada a l'intention de le mettre à jour plus tard cette semaine, d'après ce qu'on aura constaté au cours de la première semaine.

Le site Internet de Postes Canada est excellent. Je l'ai consulté aujourd'hui et on dit ce qu'il faut faire avec le courrier reçu. J'ai également consulté le site des services de police de la région d'Ottawa-Carleton, et ceux qui habitent la région y trouveront aussi d'excellents renseignements.

• 1620

Il y a pas mal de renseignements fiables de sources fiables dans le domaine public. Il faut dire que notre employeur, le Secrétariat du Conseil du Trésor, a fourni à la fonction publique du Canada des renseignements transmis à tous les ministères et organismes pour aider les employés et apaiser leurs craintes.

M. Peter Stoffer: Monsieur le président, une dernière question...

Le président: Très rapidement, oui.

M. Peter Stoffer: Vous avez parlé des sites Internet, mais malheureusement un grand nombre de Canadiens, surtout dans les régions rurales, n'ont pas accès à des ordinateurs et à Internet.

M. Margaret Purdy: C'est vrai, j'en conviens.

M. Peter Stoffer: Je suppose que la bonne vieille boîte aux lettres, la façon traditionnelle de renseigner les gens, pourrait également constituer une mesure appropriée.

Mme Margaret Purdy: C'est un bon conseil. J'ajoute que je ne compte pas uniquement sur les sites Internet. Si j'en ai parlé, c'est parce que je voulais vous donner une solution rapide à vous et à vos employés.

Quand le bulletin de renseignements de Santé Canada a été préparé, vendredi dernier, M. Harlick et son équipe ont téléphoné immédiatement à la GRC pour veiller à ce qu'il soit envoyé aux quatre coins du pays. Il a également demandé à son personnel dans les bureaux régionaux de contacter les gouvernements provinciaux pour leur signaler son existence, pour qu'on leur envoie de bonnes copies papier en même temps qu'on leur signalait l'existence de la cybercopie.

Ainsi, nous faisons tous les efforts possibles pour veiller à ce que les gens sachent où s'adresser pour obtenir des renseignements fiables. Il y a tant de renseignements non fiables qui circulent qu'il est important de savoir qui est compétent et à qui l'on peut se fier.

M. Peter Stoffer: Merci.

Le président: Monsieur Stoffer, en réponse à une de vos questions précédentes concernant les procédures suivies à la Chambre des communes ici, on me dit qu'un courriel a été envoyé à tous les employés de la Chambre des communes et qu'ils sont au courant des procédures à suivre en présence de courrier suspect.

M. Peter Stoffer: Je vois. Je vous remercie, monsieur le président.

M. John O'Reilly (Haliburton—Victoria—Brock, Lib.): Monsieur le président, j'invoque le Règlement au sujet de ce que disait M. Stoffer. J'ai rencontré aujourd'hui même le Président de la Chambre des communes et les responsables de la GRC. On dispense aux employés une formation sur les choses à faire et à ne pas faire quand ils ouvrent le courrier. Ils doivent essentiellement pécher par excès de prudence et s'assurer que, s'ils ont affaire à un envoi quelconque scellé avec du ruban adhésif ou qui ne comporte pas d'adresse d'expéditeur ou qui a l'air suspect... simplement mettre l'article en question dans une boîte et appeler le service de sécurité qui viendra le prendre et qui le rapportera. Voilà la consigne. On leur recommande d'agir en tout temps avec beaucoup de circonspection.

Le président: Merci, monsieur O'Reilly.

Monsieur Benoit, vous avez la parole.

M. Leon Benoit: Merci, monsieur le président.

Le président: Excusez-moi, nous avons oublié Mme Wayne.

Madame Wayne, vous avez la parole.

Mme Elsie Wayne (Saint John, PC/RD): Comment avez-vous pu m'oublier?

Le président: Toutes mes excuses, monsieur Benoit.

Madame Wayne, vous avez sept minutes.

Mme Elsie Wayne: Merci beaucoup.

Comme le disait justement notre collègue Peter, j'étais sur la piste de décollage hier, en partance pour Halifax, quand les freins ont lâché. C'était vraiment très regrettable parce que l'avion était bondé, monsieur le président, de personnes qui se rendaient à Halifax. Comme je n'ai pas pu partir, j'ai toutefois eu l'occasion de passer du temps avec des anciens combattants qui étaient réunis à la Légion. Ils étaient là en train de regarder des reportages télévisés et des vidéos montrant ceux qui étaient partis. Je tenais à expliquer exactement ce qui s'était passé.

Madame Purdy, il y a environ un mois de cela, Brian MacDonald, expert-conseil en sécurité et ancien directeur général de l'Institut canadien des études stratégiques, après avoir vu ce qui s'était passé aux États-Unis, a déclaré: «Pour tout vous dire, nous sommes sans défense.» Voilà ce qu'il a dit. Il a expliqué que la perception selon laquelle le Canada ne comprend pas bien la nature du risque et que nous ne sommes pas prêts à faire face à un attentat d'envergure à l'arme biologique, chimique ou radioactive se trouve confirmée par les rapports et les déclarations qui émanent du gouvernement.

Il a ensuite parlé de la création du BPIEPC et du fait que le bureau du solliciteur général, dans un document envoyé en avril aux autorités locales et provinciales en vue d'obtenir leur collaboration, reconnaissait que les autorités gouvernementales n'étaient pas prêtes à intervenir en cas d'attentat d'envergure à l'arme chimique ou biologique. Il a aussi évoqué une autre déclaration à cet effet.

Il y a deux ou trois choses qui me préoccupent énormément. Premièrement, je suis la représentante de la région où se trouve Pointe Lepreau, et c'est également dans cette région qu'on trouve la plus grande raffinerie de pétrole sous contrôle privé qui existe au Canada. Étant donné que notre ville, ma ville, est celle qui est la plus proche de la frontière avec les États-Unis et que beaucoup de l'énergie qui est produite à Pointe Lepreau sert à approvisionner les États-Unis, j'ai besoin qu'on m'explique comment on peut affirmer qu'il n'y a pas de menace. Pas plus tard qu'hier, nous avons envoyé des navires dans la mer d'Arabie et nous faisons partie de cette coalition. Personne parmi nous n'aime dire que nous sommes en guerre, mais c'est ce que disent Bush et Tony Blair; ils parlent de guerre contre les terroristes.

• 1625

J'ai des doutes quand notre ministre de la Défense nationale affirme qu'il n'y a pas de menace. Pourtant, on a découvert le bacille du charbon au réseau CBS aux États-Unis pas plus tard qu'aujourd'hui.

Nous sommes le troisième pays en importance qui participe à la force de l'OTAN. Nos troupes, je le reconnais, madame Purdy, sont loin d'être comparables à celles des autres, mais nous sommes néanmoins le troisième pays de l'OTAN. Ben Laden et les autres le savent sûrement, et je n'arrive pas à m'expliquer pourquoi nous ne serions pas considérés comme une cible alors que les deux autres le sont.

Je me demande quelles mesures nous avons mises en place qui n'existaient pas il y a quelques semaines avant les événements qui se sont produits aux États-Unis? Nous n'avons pas eu beaucoup de temps, je le reconnais, mais c'est là un sujet qui me préoccupe énormément et qui préoccupe tous mes électeurs.

Je me souviens, quand j'étais maire, de la fois où nous avons envoyé nos pompiers et nos policiers à Arnprior—ils sont tous allés à Arnprior. Beaucoup d'entre nous sont allés à Arnprior, ainsi que les membres du gouvernement local.

Je me fais vraiment beaucoup de soucis, surtout pour ma région, car quand on entend dire que les CF-18 survolent l'Ontario à cause de la centrale nucléaire... regardez ma ville; regardez ma région. Il n'y a pas de patrouille de CF-18 et pourtant permettez-moi de vous dire que nous sommes beaucoup plus près des États-Unis qu'à Toronto. Notre situation géographique et notre centrale nous font courir un gros danger.

Mme Margaret Purdy: Lorsque je dis qu'il n'y a pas de menace précise, et ce sont les mots clés «pas de menace précise», qu'aucune information ne nous fait croire à une menace précise, c'est la vérité. Cela ne veut pas dire pour autant que nous devrions rester passifs, cela ne veut pas dire pour autant qu'il ne nous faut pas être plus vigilants, plus attentifs, plus prudents, et c'est ce que nous faisons.

Vous demandez ce que nous faisons aujourd'hui que nous ne faisions pas avant les attaques terroristes du 11 septembre. Vous avez entendu, je crois, le commissaire de la Gendarmerie royale vous dire qu'il avait mis ses forces policières en état d'alerte et de vigilance maximum. Je peux vous assurer que les personnels d'organismes tels que le SCRS, le Service canadien du renseignement de sécurité, les unités de renseignement du ministère de la Défense nationale—nous avons beaucoup de spécialistes du renseignement au ministère de la Défense nationale—sont sur la brèche 24 heures sur 24. C'est la priorité pour tous les responsables au gouvernement qui peuvent jouer un rôle dans cette campagne contre le terrorisme au Canada.

Santé Canada ne se contente pas simplement de faire des déclarations comme celles faites aujourd'hui par le ministre M. Rock, mais réunit tous les médecins chefs du pays pour répondre à leurs questions, pour parler de la vigilance supplémentaire qu'il est nécessaire qu'ils exercent avec les hôpitaux et les salles d'urgence dont ils ont la responsabilité. À mon avis, nous avons réagi immédiatement. Nous sommes passés en phase de vigilance et de précaution maximums.

Ceci dit, il reste qu'il n'y a toujours pas de menace précise. Quand vous êtes directement menacé, vous faites les choses différemment. Vous mettez en place des mesures supplémentaires à un niveau encore plus élevé. Espérons que nous n'en arriverons pas là. La collecte de renseignements est bien entendu capitale pour vous prévenir, pour vous informer des intentions de ceux qui peuvent mettre en danger vos concitoyens, de leurs plans, ce qui vous permet d'intervenir par anticipation. Je sais que nous avons les moyens de le faire et que nous avons d'excellentes relations avec le Royaume-Uni et les États-Unis dans le domaine du renseignement, ce qui me fait penser que nous n'avons rien à craindre sur ce plan.

Il est évident que le BPIEPC est entré immédiatement en phase de vigilance maximum et que nous avons appelé à la rescousse du personnel supplémentaire. Nous avons déjà un centre d'opération qui fonctionne 24 heures sur 24, et les effectifs ont été renforcés. Nous avons multiplié les canaux de communications avec ceux qui nous fournissent habituellement en renseignements, pour bénéficier de leurs conseils, de leur aide, pour anticiper, si vous voulez. Notre personnel est fatigué mais il est dévoué corps et âme et il connaît l'importance de sa mission. Il n'y a rien de plus stimulant pour un fonctionnaire que de travailler pour un service qui a pour mission d'assurer et de garantir la sécurité des Canadiens.

Le président: Merci, madame Purdy.

Votre temps de parole est largement dépassé, madame Wayne.

• 1630

Mme Elsie Wayne: Vraiment? Je suis désolée.

Le président: Monsieur Benoit, cinq minutes.

M. Leon Benoit: Merci beaucoup, monsieur le président.

J'aimerais revenir sur mes questions de tout à l'heure. Pour commencer, j'aimerais me référer au commentaire de M. Wilfert concernant le BPIEPC Selon lui, en le créant le gouvernement a fait preuve de vision et de clairvoyance. Pourtant, sauf erreur, Mme Purdy vient de dire que le BPIEPC comptait 150 personnes alors que Protection civile Canada n'en comptait que 80. Avant de pouvoir déterminer s'il y a progrès, il faudrait que je commence par comprendre un peu mieux ce que vous faites exactement.

Lors de votre comparution en mai dernier, vous avez affirmé que lors de situations d'urgence au Canada, ce sont d'abord les autorités locales qui s'en occupent dans la mesure de leurs moyens, quitte à demander au besoin de l'aide spécialisée. Quelle est cette aide spécialisée qui est fournie? Prenons, par exemple, la ville de Lloydminster qui se trouve dans ma circonscription, où j'ai été élevé et qui compte 20 000 âmes; on y trouve une usine de traitement de pétrole, une raffinerie de pétrole ainsi que des pipelines. Toutes ces installations ainsi que la population ont besoin d'énormes quantités d'énergie. S'il devait se produire un événement qui perturbe le fonctionnement de toutes ces installations et cause d'énormes problèmes à la ville, que pourrait faire votre organisation pour fournir cette aide supplémentaire que ne peut fournir le gouvernement local?

Mme Margaret Purdy: Ce que mon bureau fait de plus, c'est qu'il coordonne toutes les ressources, les compétences, le soutien et l'équipement du gouvernement fédéral qui pourraient être mis au service de votre ville.

M. Leon Benoit: Et de quoi s'agit-il exactement?

Mme Margaret Purdy: Au lieu d'attendre que la municipalité aille frapper à la porte de 26 ou de 27 ministères et demande à chaque fois de l'aide, votre province ou vous-même pouvez venir chez nous, au Bureau de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile, et nous demander des ingénieurs en structure, ou des spécialistes en recherche et en sauvetage, c'est-à-dire que vous n'auriez qu'à vous présenter pour demander de l'aide spécialisée comme des spécialistes en recherche et en sauvetage urbains pour des cas lourds, ou des spécialistes médicaux ou encore des conseillers pour aider des victimes ou des familles de victimes. On peut nous demander toute la gamme d'aides spécialisées, toutes sortes de ressources ou parfois simplement du personnel. Dans le cas de désastres énormes comme celui de New York, par exemple, on peut avoir besoin des Forces armées canadiennes.

M. Leon Benoit: D'où proviendraient les services de recherche et sauvetage urbains, par exemple? C'est ça que j'essaie de comprendre. On pourra en avoir besoin dès le début et de façon extrêmement rapide, pour une petite ville comme la mienne qui est loin des grands centres—même si à mon avis, contrairement à ce que pensent beaucoup d'autres gens, elle est le centre de l'univers. Comment faire pour obtenir rapidement les premières équipes d'intervention d'urgence?

Mme Margaret Purdy: Si votre ville avait subi des dommages et traversait ce genre de crise, il est évident que le gouvernement provincial voudrait jouer un rôle et que nos représentants dans votre province seraient en communication avec les représentants provinciaux; en effet, non seulement nous voudrions cerner les lacunes et les manques, et voir comment les ressources fédérales peuvent combler lesdites lacunes, mais vous devez savoir que nous savons exactement où se trouvent les équipes de recherche et de sauvetage urbains pour cas lourds. Il en existe actuellement, que je sache, cinq ou six au Canada, dont deux à des capacités très poussées qui se trouvent à Vancouver et à Calgary.

M. Leon Benoit: Quelle serait la plus proche d'Edmonton, par exemple? Y en a-t-il une à Edmonton?

Mme Margaret Purdy: Je crois qu'il y en a une à Calgary.

M. Leon Benoit: Je vois.

Mme Margaret Purdy: Dans cinq villes, on est en train de monter des équipes de ce genre, et on en est à diverses étapes de la préparation, à l'aide de ressources fournies en partie par...

M. Leon Benoit: Comment faire pour déplacer une équipe de Calgary à Lloydminster, alors que cela prend cinq heures de route? Si vous transportez de l'équipement lourd et que vous deviez charger cet équipement, il faudrait compter au moins 10 heures. Comment pourriez-vous déplacer l'équipement?

Mme Margaret Purdy: Je ne connais pas les particularités de chaque région. Chacune des équipes s'est entendue avec des représentants du transport routier ou du transport aérien pour pouvoir se déplacer dans sa propre province. J'imagine que l'on pourrait se rendre dans votre province grâce à une entente semblable, et encore nous pouvons toujours organiser de l'aérotransport par les Forces armées canadiennes, si cela semble la seule façon de transporter l'équipe dont on ne saurait se passer.

Laissez-moi vous donner un exemple.

M. Leon Benoit: Quel type d'aérotransport? Je sais que les forces armées peuvent faire du transport aérien. J'imagine que cela dépendrait du type d'équipement lourd en cause, mais je crois savoir que les Forces armées canadiennes n'ont aucune capacité de transport aérien lourd. C'est d'ailleurs une des grandes gaffes...

Le président: Monsieur Benoit, veuillez faire vos observations par le truchement du président. Mme Purdy souhaitait répondre au moyen d'un exemple et je crois que nous devrions essayer de laisser les témoins répondre aux questions.

Merci.

M. Leon Benoit: Monsieur le président, j'ai dit au départ que je posais toutes mes questions par le truchement du président.

Mme Margaret Purdy: Voici l'exemple que je voulais vous donner. Le 12 ou le 13 septembre, les États-Unis nous ont demandé d'envoyer une équipe dotée d'équipement lourd de recherche et de sauvetage en milieu urbain, celle de Vancouver, pour aider aux opérations de sauvetage au point zéro. Notre bureau a pris toutes les mesures nécessaires auprès du gouvernement de la Colombie- Britannique et de la ville de Vancouver pour que les avions des Forces canadiennes... En fait, on avait déjà envoyé des avions ramasser les membres de l'équipe, les gens, l'équipement, les chiens—des unités canines—par exemple... Les représentants de la ville de New York nous ont dit exactement de quoi ils avaient besoin. L'équipe a été mise sur pied. Mais à la toute dernière minute, une évaluation sur place a révélé que cette équipe n'était pas nécessaire.

• 1635

La réaction serait aussi rapide—il n'a fallu que quelques heures à l'équipe pour se rassembler et se préparer pour aller à New York—si les événements se produisaient au Canada et que l'équipe de Vancouver devait se rendre à Halifax, à Saint-John ou ailleurs.

L'avantage que nous avons, dans un bureau comme le mien, c'est que nous savons où ces ressources se trouvent dans tout le Canada, surtout au gouvernement fédéral. Nous avons un guichet unique, si l'on veut, pour mobiliser ces ressources et les envoyer là où elles sont nécessaires, pour envoyer la bonne équipe au bon endroit au bon moment.

Le président: Merci, madame Purdy. Merci, monsieur Benoit. Votre temps est écoulé.

Madame Beaumier, vous avez la parole.

Mme Colleen Beaumier (Brampton-Ouest—Mississauga, Lib.): J'ai l'impression que nous sommes en train de développer une mentalité d'assiégés et je ne comprends pas très bien pourquoi. Je me souviens qu'à l'époque des événements de Cuba, tout le monde voulait creuser un abri dans sa cour. Je crains que nous nous engagions dans ce genre de discussion.

Nous parlons constamment d'attaques biologiques, chimiques et peut-être nucléaires; toutefois, les attaques du 11 septembre n'étaient ni sophistiquées ni très technologiques. Il s'agissait d'une opération téméraire très bien planifiée. Cette attaque n'aurait pas réussi si elle était survenue à un autre moment, par exemple juste après l'attentat à la bombe de l'appareil d'Air India ou l'écrasement du jet de la PanAm. Ce qui s'est produit, c'est que nous avons tous relâché nos défenses.

Je suis toutefois ravie de voir que votre ministère est à pied d'oeuvre car dans l'Ouest, quand on a fait exploser des puits de pétrole, les coupables étaient des habitants en colère de la localité. Ces attentats sont aussi terribles que ceux des terroristes.

Une chose me dérange et je me demande si, rétrospectivement, vous êtes du même avis que moi. Nous avons accueilli très volontiers tous ces avions des États-Unis—et j'en suis très fière—mais avec le recul, je me dis que nous ne savions pas ce qu'il y avait dans ces avions. Nous ne savions pas à quoi nous en tenir quand ces avions ont atterri. Je me demande quel a été votre rôle. Je ne crois pas que les États-Unis en auraient fait autant pour nous. Ils auraient été beaucoup plus prudents.

Que pensez-vous rétrospectivement des mesures que nous avons prises? Y avez-vous participé? Étiez-vous prêts à toute éventualité quant à ce que ces avions pouvaient contenir—car nous ne savions pas que nous ne trouverions que des couteaux polyvalents—et sinon, si nous devions prendre encore de telles mesures, seriez-vous mieux préparés?

Mme Margaret Purdy: Nous avons participé à ces opérations. C'est un bon exemple, compte tenu de la question précédente. Lorsqu'on nous a dit que ces avions étaient déroutés, notre personnel—surtout dans les provinces maritimes, car bon nombre de ces avions ont été envoyés à Terre-Neuve et en Nouvelle-Écosse—a étroitement collaboré avec les autorités locales qui devaient accueillir ces gens, pour leur trouver des places, pour leur offrir des services, de la nourriture, etc...

Mon bureau, les Forces canadiennes et Santé Canada ont fait beaucoup de travail ici à Ottawa pour trouver des lits, des couvertures et d'autres fournitures, pour les envoyer d'ici à Trenton et pour les transporter par avion, plus particulièrement vers Gander et Halifax. C'est vers ces deux villes, je crois, qu'il y a eu le plus de transports aériens. Nous avons donc participé très activement à cette opération d'aide humanitaire. Nous savions où se trouvait le matériel nécessaire et nous avons collaboré avec nos partenaires pour transporter ce matériel là où on en avait besoin. Permettez-moi de revenir à ma réponse précédente—nous savions où se trouvaient les ressources et nous les avons amenées à temps au bon endroit.

Pour répondre à votre question au sujet de la sécurité, je ne sais pas exactement ce qui s'est produit sur place, mais je crois savoir que des agents de la GRC, du SCRS et de l'immigration ont été envoyés partout où les avions ont atterri. Les forces armées ont participé au transport aérien de ces agents pour qu'ils puissent s'occuper rapidement des passagers. Les passagers ont été traités avec beaucoup de prudence. On a vérifié leurs papiers d'identité et on a examiné tout ce qui se trouvait à bord des avions. C'était un problème car certains des passagers étaient dans un état de panique et devaient attendre des heures; mais les autorités canadiennes devaient prendre cette précaution importante afin de savoir à qui ils avaient affaire et de s'assurer que toutes les mesures de sécurité nécessaires avaient été prises. J'estime que nous avons fait un travail humanitaire extraordinaire dans une période où les dangers, les menaces et l'anxiété étaient élevés.

Mme Colleen Beaumier: D'accord. J'ai une autre question à poser.

• 1640

Il y a au Canada de nombreuses centrales nucléaires—il y en a deux près d'où je vis. Quand on voit qu'on a pu faire écraser des avions avec des couteaux polyvalents, on se demande ce qu'un canot pourrait faire à la centrale nucléaire de Darlington. Un tel attentat n'aurait pas non plus besoin d'être sophistiqué.

Que ferait-on si quelqu'un réussissait à pénétrer dans cette centrale nucléaire? Que feriez-vous?

Mme Margaret Purdy: Au Canada, nous ne prenons pas la sécurité nucléaire à la légère. Mme Wayne a dit qu'il y avait des centrales nucléaires dans sa région également. Nous avons une Commission canadienne de sûreté nucléaire, qui est chargée de la réglementation. La commission a réagi immédiatement aux événements du 11 septembre et a communiqué avec toutes les centrales nucléaires du Canada. Ces centrales ont mis en oeuvre des mesures de sécurité accrues. De par la loi, cette commission peut, dans les cas d'urgence, insister pour qu'on augmente les mesures de sécurité, par exemple, qu'on resserre les contrôles d'accès aux installations—les gens, les véhicules, etc. Si j'ai bien compris, ces mesures sont encore en place. Je crois savoir que la commission rencontrera les exploitants des centrales nucléaires de tout le Canada cette semaine. Elle entretient d'étroits rapports avec les exploitants locaux.

Le BPIEPC entretient d'excellentes relations avec cet organisme de réglementation. Nous lui communiquons tous les renseignements dont nous disposons sur les menaces ou les points faibles. En outre, après le 11 septembre, nous avons créé un groupe de travail spécial pour tout le secteur de l'énergie, y compris l'énergie nucléaire. Ce groupe de travail réunit les personnes chargées des dossiers du gaz, du pétrole, de l'électricité et de l'énergie nucléaire dans les gouvernements. Son rôle est de coordonner le travail concernant les menaces dans le secteur de l'énergie au Canada et de voir ce que l'on peut faire pour contrer ces menaces.

Le président: Merci, madame Purdy.

Madame Wayne, vous avez cinq minutes.

Mme Elsie Wayne: Comme nous tous, j'ai aussi des préoccupations. Certains de mes collègues ignorent peut-être, madame Purdy, que j'ai pris la parole en Chambre cet après-midi, après la période de questions, et j'ai demandé au leader en Chambre, par le truchement du Président, s'il pouvait présenter un budget supplémentaire des dépenses afin de vous donner plus d'argent. Le budget supplémentaire des dépenses sera probablement déposé d'ici le 12 décembre. Nous estimons que nous devons accroître un peu votre budget, car je sais que beaucoup de jeunes à l'heure actuelle, à cause des événements du 11 septembre... J'ai une petite-fille qui étudie au secondaire. Elle a demandé à mon mari où était sa grand-mère. Mon mari lui a dit que j'étais allée à Ottawa, et elle a répondu: «J'espère qu'elle n'a pas pris l'avion.»

Ces événements ont touché tous les Canadiens, de toutes conditions sociales, Donc, ce qui importe le plus, à mon avis, c'est de nous assurer que nos citoyens sentent que nous prenons ici à Ottawa toutes les mesures nécessaires pour gérer cette crise.

Votre personnel s'est-il rendu à Point Lepreau pour rencontrer officiellement les gestionnaires? Je ne veux pas connaître les détails, car je ne veux pas que ben Laden connaisse en détail tout ce que nous faisons. Mais je veux que les Canadiens—et les travailleurs de cette centrale également—se sentent en sécurité et sachent que toutes les mesures de sécurité qui s'imposent ont été prises à notre centrale nucléaire.

Également, la raffinerie de pétrole dont j'ai parlé appartient à des intérêts privés. Je ne sais pas si nos fonctionnaires ont communiqué avec eux pour discuter des mécanismes de protection qui y sont nécessaires également.

Mme Margaret Purdy: Très bien. J'apprécie votre aide aujourd'hui à la Chambre. Merci.

Je vous recommande de dire à vos électeurs et aux membres de votre famille que nous disposons des institutions, des personnes et des plans nécessaires. Je ne peux pas imaginer comment les éléments de la fonction publique qui travaillent à ce dossier pourraient faire davantage. Nous faisons tout ce que nous pouvons, dans le meilleur esprit de collaboration et en coordonnant notre action au maximum.

Dans le domaine de la sécurité nucléaire, par exemple, j'ai parlé de la Commission de réglementation, qui a communiqué directement, j'en suis sûre, avec les gestionnaires de Point Lepreau. Je suppose que la GRC a communiqué également avec eux. La GRC est l'un de nos principaux partenaires. Ses agents redoublent de vigilance aux centrales nucléaires. Ils s'assurent entre autres que les propriétaires et les exploitants de ces usines savent qu'ils peuvent appeler la GRC en tout temps, quel que soit le problème, puisque la GRC est le service policier local compétent.

• 1645

Permettez-moi de revenir à votre observation au sujet de votre petite fille. Hier, j'ai lu le témoignage que le directeur de la Federal Emergency Management Agency des États-Unis a présenté devant un comité du Sénat. Son représentant a, comme moi, parlé des leçons que nous avons tirées de ces événements. Il a dit qu'on avait appris entre autres que, lorsqu'une catastrophe comme celle-là se produit, une catastrophe sans précédent aux États-Unis ou dans le monde entier, il est très important d'offrir des services de counselling. C'était l'une des choses que son bureau avait faites.

Nous pouvons également profiter de cette leçon. Si nous nous trouvions dans une situation aussi horrible, il faut avoir l'équipement pour bouger les débris et trouver les gens, c'est vrai, mais il faut aussi offrir des services de counselling personnels. On a fait venir à New York des centaines, sinon des milliers de conseillers religieux et autres pour qu'ils puissent parler aux gens—les familles, les victimes et les amis des victimes.

C'est donc un sujet de préoccupation. Il faut s'occuper autant de la sécurité affective que de la sécurité physique des gens. Vous avez soulevé une question importante.

Mme Elsie Wayne: Merci, monsieur le président.

Le président: Merci, Mme Wayne.

Monsieur O'Reilly.

M. John O'Reilly: Merci, monsieur le président.

Merci beaucoup, madame Purdy et monsieur Harlick, d'être venus nous rencontrer.

Permettez-moi de parler de questions d'ordre un peu plus technique. Je suis un ancien pompier et je sais que souvent, ce sont les services de pompiers qui sont les premiers à réagir. Je faisais partie d'un service rural d'incendie dans une ville de taille semblable à celle de M. Benoit. Mes questions seront dans la même veine que les siennes.

Si un service local d'incendie doit éteindre un feu d'origine chimique, il faut qu'il y ait une certaine coordination, tout d'abord avec le groupe tactique d'intervention qui relève parfois de la province, parfois de la municipalité, parfois du gouvernement fédéral, selon les endroits. Seules les grandes villes possèdent généralement les connaissances et les compétences techniques.

À partir du moment où l'alarme sonne, il faut généralement quatre minutes aux pompiers pour se rendre sur place, parfois un peu plus dans les régions rurales. Cela dépend de la météo et d'autres circonstances. Les dangers dans les régions rurales sont semblables à ceux des villes. On y trouve des usines de fabrication, des exploitations agricoles, parfois énormes, des centrales électriques, des barrages, etc. Ce que je veux savoir, c'est comment les habitants des régions rurales du Canada peuvent avoir accès à ces services au moyen de cette équipe de première intervention?

De plus, l'Association internationale des pompiers redoute de ne pas être incluse dans la planification des interventions que vous faites.

Je veux donc parler des problèmes qui existent. Je sais que vous avez pour fonction de coordonner. Il y a des gens qui pensent que vous avez quantité de matériel et que vous allez vous précipiter pour sauver le monde. Même dans la ville d'Ottawa, sur la Colline, l'intervention laisse à désirer dans certains cas à cause de la multitude des paliers. Il y a six systèmes de sécurité dans la cité parlementaire et chacun a sa propre longueur d'ondes c'est un état de choses contre lequel je m'insurge depuis longtemps donc, je vais le dire publiquement: la coordination m'inquiète. Si je compose le 911, je tombe sur la police d'Ottawa. Elle ne saura pas si cela vient du Sénat ou de la Chambre des communes. Elle ne pourra pas intervenir parce qu'elle est obligée de passer par le système de sécurité qui existe.

Nous manquons donc parfois de coordination. J'espère que votre bureau est celui qui s'occupe... pas de régler les problèmes à la Chambre des communes ou au Sénat, car c'est peine perdue. Il ne faut pas trop en demander.

J'aimerais savoir comment les régions rurales peuvent mettre à profit vos connaissances à vous et celles de votre service?

• 1650

Mme Margaret Purdy: Nous n'avons pas de spécialistes des produits dangereux que nous pouvons dépêcher sur les lieux d'un incident ou d'un accident—vous avez raison—mais nous collaborons avec les provinces et les territoires pour voir où, à l'échelle nationale, résident les lacunes, les faiblesses ou les secteurs vulnérables dans la lutte contre le terrorisme chimique ou les déversements de produits chimiques.

La meilleure information se trouve chez les pompiers ou à la police et ceux qui luttent contre ces problèmes savent ce qui manque comme matériel de protection ou de détection. Ce sont des éléments importants du dispositif global d'intervention. La décontamination est un autre problème.

Voilà tous les secteurs d'intervention que nous examinons aujourd'hui à l'occasion des consultations nationales que nous tenons. Notre bureau assure la coprésidence, avec le solliciteur général, des travaux entrepris bien avant le 11 septembre. Nous sommes en contact avec les agents de secours d'urgence, dont les pompiers, ainsi qu'avec les provinces et les territoires pour savoir où sont les faiblesses, aussi bien dans les régions rurales qu'urbaines. Nous allons faire des recommandations au gouvernement dans les prochaines semaines sur les besoins supplémentaires.

Cela ne signifie pas qu'il n'y a rien actuellement, mais je sais que cela varie d'un endroit à l'autre, d'une province à l'autre. Nous voulons savoir quelles sont les lacunes actuelles et ce que nous pouvons faire au niveau fédéral, soit grâce à des fonds soit grâce à une meilleure et plus ample information.

Dans le secteur des produits chimiques, l'installation du ministère de la Défense nationale à Suffield, que vous connaissez je crois, joue un rôle déterminant. Certains des meilleurs experts au monde en matière de défense chimique se trouvent à Suffield. Ils jouent un rôle essentiel dans la détection du produit et de ce que l'on fait une fois qu'on l'a identifié.

Il y a donc un rôle pour le ministère, un rôle pour nous, qui est de comprendre l'ensemble de la situation et d'élaborer des interventions d'ensemble pour corriger ces lacunes et protéger ces secteurs vulnérables.

Le président: Merci, monsieur O'Reilly.

Si les membres du comité me le permettent, j'aimerais poser une brève question à Mme Purdy à propos de la situation aux États-Unis et à New York après le drame du 11 septembre.

Ce qui est resté dans l'esprit de bien des gens, c'est l'immense pile de décombres et l'effort, d'abord, de recherche et de sauvetage puis d'enlèvement des décombres. Ma question porte sur le rôle du secteur privé dans le dossier de la préparation d'urgence.

Aux États-Unis, on a dû faire appel à de nombreuses entreprises privées pour dégager les décombres. Les travaux se poursuivent.

Votre organisme a-t-il pris des dispositions avec l'Association canadienne du bâtiment et les divers syndicats pour inventorier les compétences et le matériel que possède le secteur privé pour pouvoir faire face à ces situations au prix courant du marché, pour ainsi dire?

Mme Margaret Purdy: Quand une catastrophe a l'ampleur de celle de New York, on ne peut pas y faire face uniquement avec les moyens publics. Vous avez raison. Même si vous mettiez à contribution tous les moyens de tous les États, on aurait encore besoin du secteur privé. Il dispose de matériel et de travailleurs spécialisés que l'on ne trouve pas d'habitude dans des administrations publiques.

Comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, tout de suite après le 11 septembre, nous avons commencé à procéder à l'inventaire dont vous avez parlé. Nous voulions et avons réussi à le communiquer aux États-Unis en quelques heures. Celui-ci faisait état des équipes d'intervention en cas de catastrophe des forces armées, que vous connaissez, mais aussi du matériel de construction. Je pense que c'est l'Association canadienne du bâtiment qui a communiqué avec nous, ou l'inverse, par l'intermédiaire d'un de nos contacts. Elle nous a fait savoir ce qu'elle pouvait nous fournir par l'intermédiaire de ses membres. C'est un élément important de l'inventaire que nous avons constitué.

Beaucoup de fournitures, de matériel et d'expertise du secteur privé se sont retrouvés sur l'inventaire que nous avons donné aux Américains, comme du matériel de télécommunications, de télédétection, du personnel médical, de l'équipement médical, des infirmières du service des urgences prêtes à se rendre à New York.

• 1655

Nous avons donc déjà cet inventaire et nous avons promis de l'actualiser régulièrement soit en prévision d'une catastrophe dans un autre pays, auquel nous pourrions apporter une aide spécialisée, soit ici, pour que nous sachions ce qui est disponible dans le secteur privé et dans certaines des ONG—la Croix-Rouge et d'autres jouent en effet un rôle important dans des cas comme ceux-là.

Pour ce qui est de l'utilité d'un BPIEPC, comme je l'ai dit en réponse à une autre question, il faut instaurer un peu d'ordre en pareille situation. Il faut assurer une certaine coordination. Il ne faut pas que les gens essaient de régler l'incident au téléphone et tentent de retracer toutes les pièces de matériel et les divers genres d'expertise spécialisée.

Notre contribution, c'est de tenir l'inventaire. Les intervenants locaux, les gouvernements provinciaux sauront avec qui communiquer au palier fédéral s'ils ont besoin d'aide, que ce soit du matériel et du personnel de recherche et de sauvetage ou de camions et de chauffeurs. Je pense donc que le secteur privé joue un rôle important. Nous avons cet inventaire au Canada et nous allons le tenir à jour.

Du côté des finances, je ne vois pas de réponse à votre question, monsieur le président. Il faut aborder cette question sous l'angle du dédommagement. Dans des situations comme celle de New York, la plupart de l'aide, dans les premiers jours en tout cas, a été accordée bénévolement. Il reste à voir s'il faudra ou non partager les coûts, les salaires. En pareilles situations, on a tendance à pencher du côté de la générosité.

Le président: Merci beaucoup.

Monsieur Benoit.

M. Leon Benoit: Merci, monsieur le président.

J'ai fait pas mal de recherche pour essayer d'apprendre ce que fait le bureau de la Protection civile du Canada. D'après ce que j'ai lu, ce n'est toujours pas clair dans mon esprit. Je sais que vous faites de la coordination, mais j'essaie de voir ce que peuvent offrir ceux que vous coordonnez. C'est là où j'ai du mal. Je vais peut-être aborder les choses un peu différemment. Si vous deviez relever deux ou trois lacunes dans le système actuel d'intervention d'urgence, pas seulement au bureau, mais dans tous les services que vous coordonnez, quelles seraient-elles?

Mme Margaret Purdy: Si vous examinez le genre de choses qui retiennent notre attention actuellement et les endroits où nous affectons une partie des fonds supplémentaires que nous avons reçus ces derniers jours, vous avez une idée des secteurs où nous pensons que des améliorations peuvent être apportées, soit dans notre propre service, soit ailleurs au pays. Nous utilisons une partie de cet argent, par exemple, pour améliorer notre centre d'opérations. Il faut avoir un centre bien branché, bien équipé et qui fonctionne rondement, pas seulement dans mon bureau, mais aussi dans le reste du pays.

Une partie de l'argent, comme j'ai dit, sert à mettre sur pied des centres d'opérations mixtes. Au lieu d'en avoir deux dans votre province, peut-être devrait-il n'y en avoir qu'un seul qui regroupe les organisations fédérale et locale de protection civile pour assurer le fonctionnement le plus harmonieux possible en cas d'urgence.

M. Leon Benoit: Vous avez donc constaté une lacune dans la coordination des communications...

Mme Margaret Purdy: Et nous avons comblé cette lacune.

M. Leon Benoit: Une deuxième?

Mme Margaret Purdy: Un autre secteur, qui n'a rien à voir avec un attentat du genre de celui de New York, c'est celui de l'électronique. Nous dépendons des systèmes informatiques au pays. J'ai dit dans ma déclaration qu'une attaque malveillante contre un système informatique peut causer des dégâts effroyables, occasionner des perturbations immenses, des pannes, paralyser les affaires ou l'État. Il est très important que le Canada ait une sécurité informatique de qualité et je crois nous pouvons faire des améliorations dans ce secteur. Une partie des sommes que j'affecte servira à mieux déceler et suivre les attaques ou les intrusions qui frappent les systèmes informatiques de l'administration, par exemple.

M. Leon Benoit: Parlez-vous des ordinateurs qui servent à coordonner les divers services ou parlez-vous de l'informatique en général?

Mme Margaret Purdy: Non, je parle des ordinateurs utilisés ici pour vous aider à communiquer avec votre personnel et vos électeurs, les ordinateurs qui sont utilisés dans tous les secteurs de l'activité nationale.

M. Leon Benoit: D'accord. Moi, je vous demandais les lacunes que vous aviez décelées et ce dont les divers groupes d'intervention d'urgence que vous coordonnez ont le plus besoin.

Mme Margaret Purdy: Je vous dis que dorénavant nous allons devoir examiner les nouvelles menaces, voir venir et faire des préparatifs non seulement pour...

M. Leon Benoit: Envisagez-vous des systèmes de communication de relève ou parlez-vous des dégâts subis par l'économie ou les perturbations du travail des militaires par suite d'une attaque informatique?

Mme Margaret Purdy: Les attaques contre les ordinateurs, à mon avis, réclament plus d'attention, au niveau fédéral et dans le secteur privé pour mieux comprendre les menaces, les dégâts qu'elles peuvent causer et mettre en place de bons dispositifs de sécurité. Nos efforts et notre argent servent surtout à améliorer notre capacité d'assurer la coordination dans l'administration, par exemple, de nos moyens d'assurer notre sécurité informatique. C'est très important.

• 1700

Il est facile d'être distrait actuellement par le terrorisme chimique ou bactériologique—c'est ce qui retient notre attention actuellement—ou par les autres formes de terrorisme semblables à celles du 11 septembre. Une de nos tâches est de nous occuper de ce genre de choses, mais aussi d'observer et de nous préparer—d'examiner les menaces ultérieures qui pourront frapper le pays et ses habitants et nous assurer que nous travaillons avec d'autres pour y parer.

M. Leon Benoit: Je ne sais pas si je vous comprends très bien. Je vous ai demandé précisément quelles lacunes vous constatez dans les diverses organisations que vous coordonnez en matière d'intervention d'urgence. Au lieu de me répondre, vous me parlez d'un autre secteur vulnérable.

Mme Margaret Purdy: Non, je vous dis que...

M. Leon Benoit: Les deux, dans ce cas. Bien.

Mme Margaret Purdy: ...l'expression «mesures d'urgence» ne signifie plus ce qu'elle signifiait pendant la guerre froide. Il ne s'agit plus de simples attaques matérielles ou d'infrastructures matérielles. Cette infrastructure a changé. Elle a désormais un caractère cybernétique dont il faut prendre conscience également, sans compter les lacunes dont j'ai parlé.

M. Leon Benoit: Bien, merci.

Une troisième lacune constatée...

Mme Margaret Purdy: Je ne parlerais pas de lacune, mais nous nous servons des crédits que nous venons d'obtenir, par exemple—certains d'entre vous m'en ont déjà parlé et j'en ai pris bonne note—pour informer les Canadiens, chez eux et au bureau. Les communications au public et l'échange d'information sont particulièrement importantes en temps de crise car il faut s'assurer que les gens connaissent les faits, qu'ils sachent ce qu'ils doivent faire chez eux ou au sein de leurs entreprises pour réagir et où obtenir de l'aide. Je crois que tous les organismes d'intervention d'urgence, y compris le nôtre, doivent sensibiliser le public et diffuser les renseignements dont il a besoin.

M. Leon Benoit: Dans ce cas, vous...

Le président: Merci, monsieur Benoit. Vous avez épuisé votre temps de parole.

Monsieur O'Reilly.

M. John O'Reilly: Merci beaucoup, monsieur le président.

Je voulais vous demander, madame Purdy, si l'on trouve dans le projet de loi présenté au Parlement et renvoyé au comité cet après-midi, le projet de loi C-36, un article sur le Centre de la sécurité des télécommunications. Je suis sûr que vous le savez, car vous êtes haut fonctionnaire. Avez-vous des observations à faire au sujet de ce projet de loi ou sur le bien-fondé de cette partie en particulier. Ne disposiez-vous pas de certains pouvoirs avant que ce projet de loi ne soit déposé ou vos pouvoirs ont-ils été élargis? Ce projet de loi va-t-il aider votre ministère à exercer ses activités? Va-t-il élargir votre mandat?

Mme Margaret Purdy: Faites-vous allusion au BPIEPC...

M. John O'Reilly: Oui.

Mme Margaret Purdy: ...ou au ministère de la Défense nationale?

M. John O'Reilly: En fait, ce texte de loi aligne davantage certaines fonctions du ministère de la Défense nationale sur le Code criminel, mais certaines parties du projet de loi traitent du Centre de la sécurité des télécommunications et ainsi de suite.

Mme Margaret Purdy: Permettez-moi de faire trois observations. Premièrement, je sais que le président a invité des représentants du Centre de la sécurité des télécommunications à comparaître devant votre comité et ils sont mieux placés que moi pour répondre à vos questions.

Deuxièmement, je dirais que pour ceux qui gèrent cette crise et qui essaient d'y faire face—afin de comprendre, en particulier, la forme que pourrait prendre la phase suivante—le renseignement est critique, en partie le type de renseignement que nous obtenons chaque jour du Centre de la sécurité des télécommunications. C'est, je crois, ce qu'a dit le ministre et il a ajouté que d'autres pays, en particulier les États-Unis, ont été très reconnaissants de l'aide apportée par ce centre depuis le 11 septembre.

Troisièmement, je dirais, en temps que sous-ministre déléguée du ministère de la Défense nationale, que les dispositions spéciales que renferme ce projet de loi au sujet du CST servent surtout à combler une lacune existante, à savoir que ce centre est incapable d'intercepter des communications lorsque cette communication commence ou se termine au Canada.

Le CST s'intéresse en tout temps aux services de renseignement étrangers. En exerçant ses fonctions, le centre peut intercepter une conversation... L'exemple le plus souvent donné est le suivant: si ben Laden avait un associé au Canada et qu'il l'appelait, le CST serait actuellement incapable d'intercepter cette communication ou d'en faire quoi que ce soit. C'est sans conteste une véritable lacune. C'est donc ainsi qu'il faut interpréter la disposition principale de ce projet de loi. Il établit également et révèle le mandat de cet organisme.

• 1705

Mais je crois savoir, monsieur le président, que vous avez demandé à ce que les représentants du CST comparaissent...

Le président: En effet.

Mme Margaret Purdy: ...ou le ministre en leur nom. Je pense qu'ils sont mieux placés que moi pour vous expliquer les détails de cette partie du projet de loi.

M. John O'Reilly: Merci, monsieur le président.

Le président: Bien, madame Wayne, aviez-vous d'autres questions à poser?

Mme Elsie Wayne: Non. Je voudrais simplement remercier Mme Purdy et M. Harlick d'être venus aujourd'hui. Merci infiniment.

Le président: Monsieur Benoit, avez-vous une question à poser?

M. Leon Benoit: Effectivement, monsieur le président, j'en ai une. Merci.

Madame Purdy, pour revenir à la question que je posais tout à l'heure, vous êtes chargée de coordonner diverses autres équipes d'intervention, celle du ministère de la Défense et celles des gouvernements provinciaux et locaux. En l'espèce, sachant ce qui existe et ce que vous êtes appelée à coordonner, vous devez savoir quelles activités, à votre avis, doivent être améliorées, celles qui sont tout simplement insuffisantes pour exercer des fonctions comme elles devraient l'être dans un pays comme le Canada.

Un gouvernement a pour responsabilité première d'assurer la sécurité de ses citoyens. C'est sa toute première responsabilité, un devoir que l'on ne peut pas mettre de côté et ne s'y intéresser que lorsqu'un incident survient. Cela dit, vous devez sûrement avoir pensé, en faisant votre travail de coordination, aux améliorations à apporter ici et là.

Commençons par le ministère de la Défense et l'équipe d'intervention en cas de catastrophe. Vous avez évoqué, je crois, l'intervention rapide de cette équipe. Dans les faits, combien d'heures a-t-il fallu à cette équipe pour arriver à Vancouver? Commençons par là et nous verrons après.

Mme Margaret Purdy: Je ne pense pas que l'équipe d'intervention en cas de catastrophe ait déjà été déployée...

M. Leon Benoit: Jamais...

Mme Margaret Purdy: Je pense qu'elle est intervenue en Turquie et a Haïti, ou au Honduras, je ne sais pas...

Le président: Au Honduras, je crois.

M. Leon Benoit: Vous avez dit qu'une équipe était en fait allée à Vancouver. Elle n'y est pas allée? Elle n'est pas...

Mme Margaret Purdy: Je suis désolée, monsieur Benoit, mais j'expliquais une situation survenue peu de temps après la crise du 11 septembre, lorsque les autorités américaines ont demandé une de nos équipes municipales de recherche et sauvetage en milieu urbain à l'aide d'équipement lourd, celle que la ville de Vancouver et la province de Colombie-Britannique gèrent. Ce qui a été déployé, du point de vue des Forces canadiennes, c'était un avion chargé d'aller chercher cette équipe et de l'amener à New York. C'était cela l'intervention. L'avion qui venait, je crois, soit d'Ottawa, soit de Trenton, était chargé d'amener ces gens à New York.

M. Leon Benoit: Si nous avions besoin de toute l'équipe d'intervention en cas de catastrophe, combien de temps faudrait-il pour qu'elle soit déployée?

Mme Margaret Purdy: Je ne dispose pas de ce renseignement, monsieur Benoit. Je vous l'obtiendrai avec plaisir ou vous pourriez aussi poser cette question aux Forces canadiennes.

Le président: Sauf le respect que je vous dois, monsieur Benoit, cette question est du ressort des Forces canadiennes, ce sont elles qui gèrent l'équipe d'intervention en cas de catastrophe. Comme elle l'a expliqué, Mme Purdy est, je crois, chargée de coordonner les activités opérationnelles de tous les organismes et de toutes les organisations avec lesquelles elle travaille. Expliquer ces capacités dépasse, de loin, son mandat.

Mme Margaret Purdy: Mais si vous vous intéressez tout particulièrement à l'équipe d'intervention en cas de catastrophe, je peux sans aucun doute vous obtenir cette réponse, monsieur Benoit.

M. Leon Benoit: Ce n'est qu'un exemple, mais sauf le respect que je vous dois, monsieur le président, je pense que Mme Purdy doit tout de même savoir ce que font toutes les équipes qu'elle coordonne.

Le président: Oui, mais pas nécessairement les délais d'intervention. Je crois qu'elle sait effectivement...

Mme Margaret Purdy: Tout dépend aussi, monsieur Benoit, de la catastrophe qui déclenche l'intervention de l'équipe—qu'il s'agisse d'une tornade, d'une situation humanitaire d'un type différent ou un terroriste dans un avion percutant contre un gratte-ciel. Cela dépend, car l'équipe emportera du matériel différent et ses membres varieront selon la situation. Est-ce une inondation? Est-ce une tempête de vent ou une tornade? Lorsque nous sommes allés au Honduras et en Turquie, ces deux situations étaient très différentes.

Je n'essaie pas d'éviter votre question, mais la réponse dépend vraiment de la nature de la catastrophe et de ce qu'on nous a demandé de faire. Il arrive parfois qu'une ville ait déjà une partie de la trousse, et on nous demande simplement de fournir...

Monsieur Benoit, je sais que vous voulez savoir où sont les lacunes et les faiblesses, et je comprends cela. Cela dit, en temps de crise, il est important de mettre l'accent sur nos points forts également. J'oeuvre dans les domaines de la sécurité nationale et des interventions en cas de catastrophe pour le compte du gouvernement du Canada depuis environ 25 ans, et je puis vous assurer que nous avons une excellente capacité d'intervention. Notre personnel est compétent et dévoué, notre équipement est bon et notre planification est bonne. Nous l'avons prouvé lors de la catastrophe de Swissair, de la crise de verglas, des inondations et en de nombreuses occasions récentes.

M. Leon Benoit: Vous comprendrez, madame Purdy, qu'en tant que porte-parole de l'opposition officielle en matière de défense, je vais vous poser des questions pour essayer de savoir quelle est notre véritable capacité d'intervention. À mon avis, les Canadiens méritent de le savoir, et il est important qu'ils sachent...

Mme Margaret Purdy: Je suis d'accord.

M. Leon Benoit: ...ce dont vous ne disposez pas, et, peut-être où se trouvent certaines faiblesses...

• 1710

Mme Margaret Purdy: Pour répondre à votre question sur les Forces canadiennes, je vous rappellerai que le chef d'état-major la Défense a comparu devant vous il y a à peine quelques jours. Il vous a part de son intérêt pour la formation éventuelle d'une équipe à Borden qui aurait une capacité d'intervention en cas d'attaque chimique, biologique et nucléaire. Il vous a également parlé de la Force opérationnelle interarmées II et de sa capacité d'intervention à la suite des changements survenus dans le milieu de la sécurité.

Les réponses que je donnerai aujourd'hui sont différentes de celles que j'aurais données le 10 septembre. Dans certains cas, nous devons prendre le temps d'analyser les nouvelles menaces qui pèsent sur nous pour imaginer le genre de scénarios auxquels nous pourrions avoir à faire face la prochaine fois, l'année prochaine et celle d'après.

C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai mentionné la cybersécurité, à titre d'exemple. Nous sommes en train d'étudier la question. Le comité Manley, le comité ad hoc, a été mis en place. M. Eggleton et tous les autres ministres auront l'occasion de comparaître devant votre comité pour dire que le monde a basculé et où en est notre capacité d'intervention. Nous devons envisager de faire les choses différemment, quitte à changer notre façon de travailler ensemble. Nous avons déjà examiné les changements législatifs qu'il a fallu apporter pour accroître davantage les pouvoirs des autorités responsables dans un contexte où la menace est différente.

Il existe manifestement des faiblesses. Au Canada, nous ne sommes pas parfaits à tous les égards, dans tous les aspects de notre capacité d'intervention. Ce n'est toutefois pas une raison pour sous-estimer notre capacité. Nous avons fait nos preuves, monsieur Benoit, dont les cas que j'ai évoqués. Je suis fière de la réaction du gouvernement canadien et des autorités locales face à tout un éventail d'incidents auxquels nous...

M. Leon Benoit: Très bien, mais ce qui m'intéresse évidemment...

Le président: Je vous remercie, monsieur Benoit. Vous avez amplement dépassé votre temps.

M. Leon Benoit: J'y reviendrai au prochain tour.

Le président: Monsieur O'Reilly.

M. John O'Reilly: Merci beaucoup. Je n'avais pas l'intention de m'engager dans un dialogue avec Leon, mais peut-être devrons-nous le faire.

Le président: Tâchons de l'éviter, monsieur O'Reilly.

M. John O'Reilly: Ne vous en faites pas, je ne le ferai pas.

Le président: Nous avons un témoin devant nous qui a des informations importantes à nous communiquer.

M. John O'Reilly: Pour revenir aux questions de M. Benoit, je dirai que la question fondamentale à laquelle nous essayons d'avoir une réponse est de savoir si vous trouvez que les différents organismes de renseignement de sécurité que vous êtes chargée de coordonner—j'entends tous les principaux organismes qui acheminent des informations vers votre bureau—collaborent bien avec le Bureau de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile. Estimez-vous que tous les organismes d'État agissent avec compétence? Notre comité pourrait-il faire une étude quelconque pour essayer de vous aider dans votre tâche, pour faire en sorte que votre rôle de coordinatrice se fasse sans accroc et que vous obteniez toute l'aide dont vous avez besoin?

Mme Margaret Purdy: Je vous remercie de votre offre. En réponse aux deux volets de votre question, d'une part est-ce que nous obtenons toute la coopération voulue et d'autre part les organismes concernés ont-ils la capacité de nous aider? La réponse est affirmative. La coopération est excellente. En effet, le renseignement de sécurité et les informations qui parviennent à notre bureau sont impeccables. Nous avons de nombreux mécanismes en place. Je rencontre tous les jours le chef du SCRS, de la GRC et d'autres, et je puis vous assurer que la coopération entre tous ces organismes importants n'a jamais été aussi bonne.

Quant aux travaux de votre comité, ce que j'ai dit à mes collègues au gouvernement, c'est que face à des crises comme celle-ci, il faut garder à l'esprit tout l'éventail de catastrophes. Bien qu'à l'heure actuelle notre attention soit tournée vers l'anthrax, ou New York, n'oublions pas tout l'éventail de catastrophes qui pourraient s'abattre sur notre pays. Ne perdons pas vue l'importance de la protection civile et nos capacités d'intervention en cas de crise, et je ne parle pas uniquement de l'intervention policière, ni l'intervention sur les lieux de la catastrophe.

Il est important que vous nous aidiez à prendre des mesures de prévention et de protection, et que vous veniez en aide aux organisations de mesures d'urgence dans les provinces où vous habitez et où vous travaillez, et dans les circonscriptions que vous représentez.

Il est facile en temps de paix de faire des compressions et d'oublier la protection civile, mais on aurait tort de le faire. Nous ne l'avons pas fait au Canada, et je suis fière du fait qu'il a été mis sur pied longtemps à l'avance. En effet, notre bureau a été créé alors qu'il n'y avait pas d'urgence, quand on n'avait pas à intervenir en temps de crise. C'était simplement une bonne idée pour permettre au pays de renforcer la protection de ses infrastructures essentielles et d'accorder une attention particulière à la protection civile.

Vous pouvez vous joindre à nous pour faire en sorte que nous continuons d'accorder la plus grande priorité à toutes ces questions, soit la collecte de renseignements de sécurité, l'intervention en cas de crise et la protection civile pour toutes sortes d'urgences, car le Canada devra toujours faire face à de graves conditions météorologiques. Imaginez les catastrophes qui pourraient survenir dans les années à venir à la suite de tremblements de terre ou même de raz-de-marée. Il est important de garder une vue d'ensemble de toutes ces questions et d'y attirer l'attention chaque fois que l'occasion se présente.

M. John O'Reilly: Merci de votre réponse et merci d'avoir comparu devant nous aujourd'hui. J'ai beaucoup apprécié votre...

• 1715

Le président: Madame Purdy, j'ai une courte question à vous poser. Avant le début de l'audience, nous avons parlé brièvement des consultations fédérales-provinciales qui se déroulent actuellement et qui portent sur la Stratégie nationale d'atténuation des dégâts. Pourriez-vous nous faire une petite mise à jour et nous dire quel en sera le résultat final? Le gouvernement fédéral et les provinces conviendront-ils d'un protocole d'entente? Que se passera-t-il, d'après vous?

Mme Margaret Purdy: À l'intention des membres qui ne le savent peut-être pas, je vous rappelle que le ministre a annoncé en juin, si je ne m'abuse, qu'il avait obtenu l'approbation du cabinet pour l'élaboration de ce que nous avons convenu d'appeler une Stratégie nationale d'atténuation des dégâts. Permettez-moi de vous expliquer ce que nous entendons par là.

Par atténuation des dégâts, nous entendons l'ensemble des mesures que nous pouvons prendre à l'avance pour réduire l'incidence d'une catastrophe. Cela peut être aussi simple que la modification des codes du bâtiment pour faire en sorte que si l'on se trouve dans une zone sismique, il faille construire selon des normes établies pour éviter des dégâts en cas de tremblement de terre. On peut aussi ériger un barrage, dresser une carte de périmètres d'inondation, construire des digues ou creuser des canaux de crue. On ne peut pas, par exemple, permettre aux gens de construire des maisons sur les berges de rivières qui débordent chaque année. Voilà le genre de mesures dont il s'agit.

Nous sommes désormais autorisés à consulter avec les provinces et les territoires pour voir ce que nous pouvons faire à l'échelle nationale, quelles mesures nous pouvons prendre pour réduire la facture des dégâts causés par des catastrophes, puisque les catastrophes naturelles comme les tempêtes de verglas et les inondations obèrent toutes les économies du pays. Que pouvons-nous faire pour réduire le coût des catastrophes? Et surtout, que pouvons-nous faire pour diminuer le coût humain des catastrophes naturelles, c'est-à-dire leurs effets sur les collectivités, les familles et ainsi de suite?

Cette stratégie vise à recenser tout un éventail de mesures à prendre de concert avec les provinces et les territoires, mais ce ne sont pas là les seuls partenaires. En effet, nous sommes en pourparler avec la Croix-Rouge, ainsi qu'avec d'autres groupes du secteur privé qui ont des opinions précises à ce sujet et un savoir-faire. Nous allons par exemple rencontrer Iona Campagnolo, qui dirigeait récemment encore l'administration responsable de la lutte contre les inondations dans le bassin de la vallée du Fraser.

Nous collaborons donc avec de nombreux groupes concernés. Pour répondre à votre question sur l'étape où nous en sommes, je vous répondrai que nous avons élaboré un document de travail, qui est entre les mains des provinces maintenant. Nous tiendrons des consultations auprès des provinces, auprès des groupes concernés et auprès de toutes les régions du pays, après quoi, nous élaborerons une stratégie. Quelle forme cette stratégie prendra-t-elle? J'espère que ce sera un accord de coopération entre toutes les parties concernées. J'espère que ce ne sera pas trop formel. Cela dit, je souhaite que ce soit un partenariat efficace avec les principaux intéressés.

C'est ce que nous allons faire au cours des prochains mois. C'est un impératif; quand on fait face à une crise, on doit réajuster le tir. C'est une grande priorité pour nous, tout comme les consultations que nous menons actuellement sur les accords d'aide financière en cas de catastrophes, que certains d'entre vous connaissent très bien, j'en suis sûr.

Le président: Madame Wayne, allez-y.

Mme Elsie Wayne: Je vous ai écoutée avec plaisir parler des périmètres d'inondation et du travail que vous faites avec les autorités responsables, car si j'occupe le siège que j'occupe aujourd'hui, c'est bien parce que j'habite dans un périmètre d'inondation. C'est pour cette raison que je suis entrée en politique. C'est Roméo Leblanc qui m'avait aidé à l'époque à signer un accord tripartite pour essayer de surmonter ce problème.

Aujourd'hui, nous faisons face à un autre problème de taille. Peut-être devrais-je rencontrer des membres de votre personnel ou vous-mêmes, car comme vous le savez, monsieur le président, nous avons, à Saint John, les marées hautes les plus fortes au monde. Ces marées sont en train d'éroder une partie d'une région où se trouvent de nombreuses maisons—en fait, je ne devrais pas dire de nombreuses, puisqu'il s'agit probablement d'une dizaine ou d'une quinzaine—et ces maisons, qui se trouvent au bord de l'eau, risquent d'être emportées. Elles sont toutes habitées par des personnes âgées, et nous avons besoin d'une forme de coopération quelconque pour surmonter ce problème. De son côté, la province fait ce qu'elle peut, mais nous avons également besoin de la contribution de l'État fédéral, car toutes ces maisons vont être emportées par la marée. Cela ne fait aucun doute. Vous n'avez pas idée à quel point elles sont près d'être emportées.

Je me mettrai donc en rapport avec vous, madame Purdy, pour voir ce que nous pouvons faire à cet égard. C'est avec un grand plaisir que j'ai écouté...

Mme Margaret Purdy: Je suis moi-même originaire de la baie de Fundy.

Mme Elsie Wayne: Vous savez donc exactement ce dont je vous parle.

Mme Margaret Purdy: Absolument.

Vous avez mentionné que vous en avez parlé à l'Organisation des mesures d'urgence du Nouveau-Brunswick.

Mme Elsie Wayne: Oui, c'est ce que j'ai fait.

Mme Margaret Purdy: Nous avons quelqu'un au Nouveau-Brunswick, et M. Harlick lui fera part de cette question qui vous intéresse. Nous vous tiendrons au courant.

Mme Elsie Wayne: C'est excellent, merci.

Le président: Monsieur O'Reilly, avez-vous autre chose à ajouter?

M. John O'Reilly: Pourriez-vous nous dire de nouveau quel est votre budget?

Mme Margaret Purdy: Certainement.

M. John O'Reilly: Je connaissais votre budget initial. Je sais qu'on vous a alloué des fonds supplémentaires, à deux reprises.

Mme Margaret Purdy: Les chiffres que je vous donne reflètent notre budget de fonctionnement. Nous recevons également des subventions et des contributions. Je vous ai parlé de quelques-uns des programmes dans le cadre desquels nous pouvons donner des fonds à des représentants locaux pour améliorer leur formation ou à des équipes utilisant de l'équipement lourd de recherche et de sauvetage en milieu urbain. Le budget ne reflète pas tout cela.

• 1720

Quand je suis entrée au Bureau, nous venions d'hériter d'un budget de presque 10 millions de dollars de ce qui était autrefois Protection civile Canada. Récemment, le gouvernement a injecté 11 millions de dollars de plus dans notre budget de fonctionnement, ce qui porte notre budget annuel à 21 millions de dollars. Plus récemment encore, dans le cadre de l'offre globale du gouvernement de 250 millions de dollars, nous avons reçu 5 millions de dollars de plus pour lancer immédiatement des projets spécifiques de lutte contre le terrorisme. Si mes calculs sont bons, cela porte notre budget total à 26 millions de dollars.

M. John O'Reilly: Lorsque vous parlez de subventions, cela fait-il partie du financement du Programme conjoint de protection civile (JEPP) en Ontario, par exemple?

Mme Margaret Purdy: Oui, il s'agit bien du programme JEPP.

M. John O'Reilly: Supposons par exemple qu'une force de police municipale ou une station locale de radiodiffusion ait besoin d'un générateur auxiliaire pour rester opérationnelle et donner des instructions en situation d'urgence, est-ce que ce programme garantit qu'elle n'aura pas à interrompre ses opérations s'il y avait une panne d'électricité?

Mme Margaret Purdy: Tout à fait.

M. John O'Reilly: Avez-vous d'autres exemples à nous donner des autres composantes de ce programme?

M. James Harlick (sous-ministre adjoint, Bureau de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile, ministère de la Défense nationale): Oui. En vertu de ce programme, la province peut demander de l'aide de cette nature. Il peut arriver parfois que l'on ait besoin d'une formation pour enseigner de nouvelles compétences au secouristes, de même que l'aide peut prendre la forme d'un partage des coûts pour l'acquisition de l'équipement essentiel que vous avez évoqué.

C'est un programme très général, quoique les fonds qui y sont alloués soient limités. Les demandes d'aide faites en vertu de ce programme sont préparées par l'organisation des mesures d'urgence de la province. C'est à la province qu'il incombe donc d'établir des priorités quant à la façon de répartir les fonds qu'elle reçoit. Les demandes nous parviennent de toutes les provinces, et nous partageons avec elles les ressources plutôt limitées dont nous disposons. Cela dit, ces fonds ont apporté des contributions très notables au renforcement de la capacité d'intervention en situation d'urgence au niveau provincial et, surtout, au niveau municipal.

M. John O'Reilly: Va-t-on injecter de nouvelles sommes dans ce programme? Par exemple, dans les régions rurales du Canada en particulier, un générateur est un équipement essentiel si l'on veut empêcher que les sous-sols soient inondés, et si l'on veut maintenir les fosses septiques en état de fonctionnement. Ce sont là des choses indispensables. Nous avons tous vu ce qui s'est passé durant la tempête de verglas. Au lendemain de cette tempête, je crois qu'on a été témoin de la vente de générateurs la plus importante jamais enregistrée. Si les gens les ont achetés, c'est parce que l'électricité est indispensable pour l'éleveur de vaches laitières. Cela fait partie de la planification des activités agricoles.

Cependant, les foyers ordinaires, les petites stations radiophoniques ou les autorités policières locales n'ont pas forcément des générateurs. Je voudrais simplement avoir une précision, pour le compte rendu, que des générateurs sont disponibles, et que des fonds supplémentaires sont prévus.

M. James Harlick: En fait, je pense que seule une partie de votre affirmation est tout à fait exacte, c'est-à-dire que le programme existe bel et bien et qu'il dispose actuellement de 4,7 millions de dollars. Étant donné la priorité à accorder à la répartition des fonds limités, ce dont Mme Purdy a parlé tout à l'heure, il n'y a pas eu d'augmentation du budget de ce programme jusqu'à présent. C'est quelque chose que nous gardons à l'esprit. Si Noël devait arriver plus tôt que prévu, nous envisagerions certainement d'accorder une plus grande priorité à cette question dans le cadre des subventions et contributions.

M. John O'Reilly: Monsieur le président, ayant moi-même travaillé dans le secteur de la construction résidentielle, je sais que certains constructeurs envisagent désormais d'installer systématiquement des petits générateurs dans les maisons, histoire de parer à toute panne d'électricité éventuelle. Mais quand on doit installer deux réseaux électriques, les coûts de la construction d'une maison deviennent alors énormes. Peut-être devriez-vous envisager d'accorder aux constructeurs une sorte de subvention pour la construction ou la rénovation d'une maison. Vous pourriez peut- être envisager la mise en place d'un mécanisme qui permettrait aux habitants des régions rurales du Canada de compter sur une source d'énergie plus stable.

Mme Margaret Purdy: Je voudrais revenir à la question du président sur la stratégie d'atténuation des dégâts. À mon avis, c'est de cela que les provinces et les autorités locales nous parlerons. Je pense que c'est quelque chose qui pourrait convenir tout à fait à cette stratégie en particulier.

Le président: Monsieur Benoit, allez-y.

M. Leon Benoit: Madame Purdy, vous avez mentionné quelque chose, en répondant à une autre question, qui me semble être important: nous ne savons pas quelle sera la nature de la prochaine menace ou attaque terroriste. Aujourd'hui, c'est l'anthrax et les attaques chimiques qui attirent notre attention, et il se peut fort bien que cela en fasse partie; nous l'ignorons.

Cela dit, le président a dit quelque chose tout à l'heure qui m'a vraiment inquiété. Il a dit que vous n'êtes pas en mesure de savoir quelles sont les capacités propres à chacun des organismes d'intervention que vous êtes chargée de coordonner. Je vous pose carrément la question: seriez-vous, quelqu'un dans votre ministère ou vous-mêmes, en mesure de nous dire quelles sont ces capacités? Quelqu'un au sein de votre bureau saurait-il quelles sont les capacités d'intervention de l'armée, des différentes autorités fédérales, provinciales et locales?

• 1725

Mme Margaret Purdy: Certainement.

Le président: Monsieur Benoit, je crois important de préciser ce que j'ai dit. J'ai dit que, au cours de son témoignage, Mme Purdy a parlé à la fois des organisations du secteur public et du secteur privé de tout le pays. Je suppose, Mme Purdy, que vous ne pouvez pas savoir dans tous les détails ce que chacun est en mesure de faire pour tout type de catastrophe.

Mme Margaret Purdy: Absolument. Mais cela dit, M. Benoit, je peux vous assurer que sur les 150 personnes qui font partie du Bureau, il y en a qui travaillent au niveau local et qui connaissent le contexte local et les ressources locales. Celles qui travaillent pour M. Harlick, à Ottawa, connaissent la situation au niveau national et savent qui contacter pour obtenir de l'aide au niveau international. Collectivement, nous savons donc quelles sont les ressources disponibles pour tout type de crise.

M. Leon Benoit: Savez-vous quel est le délai d'intervention pour les divers...

Mme Margaret Purdy: Nous en avons une bonne idée étant donné que, dans certains cas, nous avons sans doute déjà fait appel à ces ressources par le passé. Mais ce qu'a dit le président me paraît important. Je le répète, le délai d'intervention dépend du lieu et des besoins sur place.

J'ai parlé de notre inventaire et des relations étroites que nous entretenons avec les fournisseurs de cette aide. Je peux vous assurer que nous savons quelles sont les ressources disponibles, qui appeler, et que nous avons d'excellentes relations avec toutes ces personnes. En tant qu'organisme de coordination, il suffit que nous sachions qui peut faire telle ou telle chose et à qui s'adresser pour que l'aide arrive au bon endroit au bon moment.

M. Leon Benoit: Pour faire suite à ma question, y a-t-il quelqu'un au Bureau qu'il serait particulièrement important de faire comparaître devant le comité, une personne qui nous donnerait une meilleure idée des délais d'intervention afin que nous sachions exactement quelles sont les ressources disponibles et quelles sont les améliorations à apporter?

Mme Margaret Purdy: Je crois qu'un de vos collègues a demandé une description plus détaillée de nos activités et nous nous ferons un plaisir d'organiser cette séance d'information. Mais au lieu de partir de zéro, il serait bon que vous nous proposiez quelques scénarios réalistes. Vous pourriez demander, par exemple, quel serait notre rôle, à qui nous demanderions de l'aide, quel serait le délai d'intervention et quelles seraient les limitations si telle ou telle crise se produisait au Canada. Par exemple, dans notre pays, les conditions météorologiques représentent une sérieuse limitation en ce qui concerne le délai d'intervention.

Nous pourrions donc examiner avec vous divers scénarios pour vous montrer le rôle que nous jouons et vous donner une idée de la diversité des ressources disponibles d'un bout à l'autre du pays pour aider les Canadiens en période de crise. Si vous voulez nous proposer quelques scénarios, nous ferons de notre mieux pour y répondre.

M. Leon Benoit: Je l'apprécierais. Et je voudrais vous remercier infiniment d'être venue aujourd'hui et d'avoir essayé de nous faire comprendre quelles sont les ressources disponibles et ce qui se passe.

Mme Margaret Purdy: Merci, monsieur Benoit.

Le président: Mme Purdy, j'ai une autre question à vous poser et c'est une question assez délicate. Elle concerne les médias et la façon dont ils réagissent...

Mme Margaret Purdy: Avez-vous remarqué dans mon CV que j'étais journaliste?

Le président: Oui, je l'ai remarqué.

Je voudrais savoir si votre organisation travaille parfois avec les médias pour trouver la meilleure façon de réagir devant les catastrophes naturelles, les attaques terroristes, etc. Si je soulève la question, c'est parce que j'ai entendu dire—mais je ne sais pas si c'est exact—que bien avant le 11 septembre et les événements qui ont changé la face du monde à bien des égards, de l'anthrax circulait déjà dans le courrier aux États-Unis. Bien entendu, après le 11 septembre, cette question a pris une nouvelle importance, à tel point qu'on pourrait dire qu'on frise l'hystérie dans certains milieux.

Je me demande si vous avez quelque chose à nous dire à ce sujet, pour ce qui est de lignes directrices—ou d'un dialogue qu'on pourrait engager avec les médias afin d'obtenir les meilleurs résultats possibles en pareil cas.

• 1730

Mme Margaret Purdy: Il me semble que la meilleure solution c'est de s'assurer que ce sont les personnes qui ont des données exactes et fiables qui communiquent avec les médias et qui leur fournissent l'information.

Dans le cas qui nous occupe, les rumeurs et les informations incomplètes sont légion. Il est important d'avoir des experts pour communiquer avec les médias afin de leur fournir des informations à jour. Dans ce cas-ci, je sais que notre bureau, Santé Canada, et d'autres se mettent à la disposition des médias. C'est absolument essentiel.

Nous avons une équipe assez nombreuse qui s'occupe des communications avec le public et des relations avec les médias, et j'estime qu'il s'agit là d'une composante très importante. Nous avons été à même de le constater quand nous avons eu l'alerte rouge l'été dernier—c'était ce terrible ver informatique qui était en train de se propager à tous les ordinateurs du monde. Nous avons relancé les médias. Je crois que nous avons eu 70 entretiens différents avec les médias en l'espace de deux jours.

Ils nous ont été extrêmement utiles, et je crois que si nous n'avons pas été plus affectés par ce ver que nous l'avons été, c'est parce que les médias ont vraiment bien fait leur travail de communication dans les journaux et les émissions d'actualités. Ils ont dit: «Voilà ce à quoi on fait face, voilà ce à quoi on ne fait pas face, voilà ce que vous devriez faire et voilà où vous pouvez appeler pour obtenir de l'aide».

Il me semble que c'est notre rôle le plus important, c'est-à-dire de nous assurer d'avoir d'excellents rapports avec les médias canadiens et un dialogue constructif avec eux. C'est ce que nous faisons à l'heure actuelle, et c'est ce que nous allons continuer de faire.

Pour ce qui est des informations à caractère confidentiel, je sais que, dans des enquêtes criminelles, la divulgation de certaines informations pourrait compromettre l'enquête. La GRC et les autres forces policières acceptent parfois de parler aux médias et cherchent à obtenir leur collaboration, ne serait-ce que pour un certain temps, afin de pouvoir faire leur travail. Je ne sais pas quelles sont les ententes auxquelles on arrive avec eux ni à quelle fréquence ces types d'ententes interviennent au Canada. Il y a toutefois des cas où, pour servir l'intérêt public, il faut collaborer avec les médias.

Le président: Monsieur O'Reilly, une dernière petite question.

M. John O'Reilly: Puisque nous parlons des médias, monsieur le président, je tiens à vous rappeler ce mot de Winston Churchill: «Évitez de vous faire des ennemis parmi ceux qui achètent du papier à la tonne et de l'encre au baril».

Des voix: Ah, ah!

Le président: Sur ce bon mot, monsieur O'Reilly, je tiens à remercier nos témoins, Mme Purdy et M. Harlick, de leur présence ici aujourd'hui. Leurs témoignages nous ont été des plus utiles. Merci.

Mme Margaret Purdy: Merci, monsieur le président.

Le président: La séance est levée.

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