MÉMOIRE DE L’ALLIANCE DES
ARTS MÉDIATIQUES INDÉPENDANTS (AAMI)
INTRODUCTION
L’Alliance des arts médiatiques indépendants
(AAMI) est une association nationale sans but lucratif vouée à faire progresser
et à renforcer la collectivité canadienne des arts médiatiques.
L’AAMI représente plus de 80 organismes
indépendants sans but lucratif de production, de distribution et d’exposition
de films, de vidéos, d’audios et de nouveaux médias de toutes les régions du
Canada. Nos membres s’emploient à promouvoir la créativité et l’expression
artistique de plus de 12 000 artistes médiatiques et travailleurs
culturels indépendants.
Nos organismes membres ainsi que leurs artistes et
les œuvres qu’ils créent enrichissent la vie culturelle de leurs collectivités
d’un bout à l’autre du pays. Nos centres fournissent des ressources et une
formation aux artistes médiatiques et permettent au public de découvrir les
narrations et les expressions de créateurs canadiens qui recourent aux outils
et aux techniques m
L’AAMI remercie le comité de l’avoir invitée à lui
faire part des priorités du secteur artistique et culturel dans le cadre du
processus de budgétisation du gouvernement fédéral pour l’année qui vient.
RÉSUMÉ DES RECOMMANDATIONS
Voici les recommandations de l’AAMI dans le cadre
des consultations prébudgétaires du Comité des finances :
1 – Conseil des Arts du Canada
Au cours des trois prochaines années, augmenter
le financement du Conseil des Arts du Canada, de façon à ce qu’il atteigne 300
millions de dollars.
2 – Développement des publics et des marchés du
secteur culturel
Lancer des programmes d’aide au développement
des marchés nationaux et internationaux de produits artistiques et culturels
des artistes et des institutions et industries culturelles du Canada.
3 – Étalement du revenu sur les années suivantes
et exemptions fiscales pour les artistes
Consentir aux artistes et aux créateurs de
profession une exemption annuelle sur les redevances de droit d’auteur et les
paiements résiduels et l’exemption fiscale complète des bourses aux artistes.
CONTEXTE
Nous tenons à saluer le soutien du gouvernement
fédéral et ses investissements dans le secteur culturel, y compris le
renouvellement des programmes du ministère du Patrimoine canadien et les
subventions continues versées au Conseil des Arts du Canada.
En cette période où l’économie mondiale est en
proie à des difficultés, l’AAMI tient à souligner les points forts du secteur
culturel en attirant votre attention sur les principaux investissements qui
permettront au secteur des arts de contribuer à la reprise.
Pourquoi investir dans la création? Non seulement
le secteur culturel crée-t-il des emplois directs pour plus de
640 000 Canadiens, les
industries culturelles apportent des idées et des expériences aux auditoires
des marchés de masse au Canada et à l’étranger. Qui plus est, le secteur des
arts sert de laboratoire de recherche et de développement à l’ensemble de
l’industrie. L’innovation, la recherche et le développement de la créativité en
matière artistique aident à vivifier les industries culturelles par des idées,
des concepts et des approches qui n’auraient pas autrement vu le jour.
Les arts médiatiques constituent un secteur qui illustre
bien notre propos. Ce secteur comprend non seulement les formes éprouvées que
sont le cinéma et la vidéo mais aussi les nouveaux médias – une discipline qui explore
de nouvelles formes d’expression, de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies.
Elle attire un nombre croissant de jeunes artistes fraîchement arrivés sur le
marché du travail, où ils occupent des postes divers. Ces dernières années, on
a organisé de plus en plus des festivals de films spécialisés, et ce, partout
au Canada. En outre, les arts médiatiques inspirent de nouveaux modèles organisationnels
au sein du secteur à but non lucratif et au sein de toute l’industrie.
En premier lieu, on améliorerait les systèmes de
financement actuels si l’on octroyait au Conseil des Arts du Canada des investissements
ciblés à l’appui de la recherche et du développement, des nouvelles pratiques
et des nouveaux modèles. En deuxième lieu, ces artistes et ces organisations
auraient un immense succès sur les scènes nationale et internationale si l’on
injectait des sommes supplémentaires dans les tournées au Canada et dans le développement
des marchés étrangers. Enfin, l’AAMI demande au gouvernement fédéral d’étaler
le revenu des artistes indépendants et de leur octroyer des exemptions fiscales.
Vous trouverez dans les paragraphes suivants les détails de ces trois priorités.
1 – Conseil des Arts du Canada
Au cours des trois prochaines années, augmenter
le financement du Conseil des Arts du Canada, de façon à ce qu’il atteigne 300
millions de dollars.
Depuis des années, des groupes de partout au
Canada plaident en faveur d’une augmentation sensible du budget du Conseil des
Arts du Canada.
Conjointement avec ses collègues de la
collectivité des arts, l’AAMI affirme que le Conseil des Arts du Canada offre
le moyen le plus efficace, le plus équitable et le plus rentable d’acheminer
des fonds publics aux artistes et aux organismes artistiques des localités
grandes ou petites du pays.
Tout en félicitant le gouvernement d’avoir su
porter le budget annuel du Conseil à son niveau actuel d’environ
181 millions de dollars, nous estimons qu’on aiderait grandement le secteur
des arts à réaliser son potentiel en augmentant les ressources dont le Conseil
des Arts dispose pour remplir sa mission.
2 – Auditoires et marchés
Lancer des programmes d’aide au développement
des marchés nationaux et internationaux de produits artistiques et culturels
des artistes et des institutions et industries culturelles du Canada.
La grande étendue et la faible densité
démographique du Canada limitent la taille des marchés internes de l’art et des
produits culturels, ce qui limite à son tour l’aptitude des artistes et des
producteurs culturels à trouver des débouchés à l’étranger. Les organismes
artistiques, les artistes indépendants et les industries culturelles pourraient
rehausser leur présence et augmenter leurs ventes sur des marchés qui leur étaient
auparavant inaccessibles.
Un appui gouvernemental ciblé aiderait les
artistes canadiens à faire la promotion de leurs réalisations et à augmenter
les revenus qu’ils tirent de ventes et d’engagements à l’étranger. La
visibilité accrue de ses artistes contribue à la reconnaissance internationale
des réalisations culturelles du Canada ainsi qu’à la durabilité et à la
croissance du secteur culturel tout entier. Le gouvernement devrait investir
dans les arts en appliquant les mêmes principes qu’il applique au développement
des autres secteurs de l’économie.
3 – Artistes
Consentir aux artistes et aux créateurs de
profession une exemption annuelle sur les redevances de droit d’auteur et les
paiements résiduels et l’exemption fiscale complète des bourses aux artistes.
Il est essentiel à l’écologie et à l’économie du
secteur des arts que des artistes produisent des œuvres originales. Sans leur
travail, il n’y aurait pas ce réseau d’organismes et d’institutions qui
diffusent leurs œuvres auprès du public. Par leur créativité, les artistes
contribuent puissamment à la vitalité du milieu des arts et à l’économie
créative tout entière. Or, cette contribution est rarement rétribuée à sa juste
valeur.
Suivant une étude du musée des beaux-arts de l’Université
York, l’artiste moyen touchait en 2007 un revenu annuel de
25 318 $ toutes sources confondues (pratique de son art, emploi
secondaire et sources autres que le travail). Autrement dit, les artistes
canadiens gagnent passablement moins que la moyenne nationale qui était de
36 301 $ en 2007.
Les artistes subventionnent souvent leur pratique
par des revenus tirés d’un emploi secondaire qui limite forcément le nombre
d’heures qu’ils peuvent consacrer à leur développement artistique. Bien
qu’extrêmement difficiles à obtenir (le taux de réussite est d’environ
10 %), les subventions du Conseil des Arts s’avèrent avoir un impact bien
supérieur à leur valeur en argent. L’augmentation de la production en studio
rendue possible par une subvention aide les artistes à augmenter le revenu brut
qu’ils tirent de la vente et de l’exposition de leurs œuvres. Cependant, les
subventions sont imposées dans l’année où elles sont reçues alors qu’elles ne
sont pas toujours dépensées cette année-là. Cet assujettissement à l’impôt
entrave le perfectionnement professionnel des artistes alors qu’il en
bénéficierait s’ils pouvaient en disposer intégralement.
CONCLUSION
L’avenir de l’économie créative du Canada repose
sur la rentabilité et le succès de ses industries culturelles (visées par les
politiques et règlements du gouvernement) et sur la force et le dynamisme du
secteur des arts (dans lequel les subventions gouvernementales jouent un rôle
essentiel). Les investissements dans ces deux domaines contribuent à la vigueur
et à la durabilité globales de l’économie créative.
La culture est importante pour des raisons économiques
et aussi pour des raisons non économiques. Une localité ayant une culture
florissante possède une économie plus prospère, attire les touristes et a tendance
à conserver ses créateurs. La culture contribue à rendre attrayantes les villes
et les régions où elle fleurit, et ce, autant pour les simples citoyens que
pour les entreprises. Ce principe s’applique à toutes les villes et à toutes
les régions du Canada, ainsi qu’au Canada en tant que pays. Une saine économie
créative est pour le Canada la pierre d’assise de l’expression de la
sensibilité des Canadiens, et du profil, du prestige et de la prospérité du
pays à l’étranger.
L’AAMI sait que le gouvernement s’est donné pour
priorité de réduire les déficits budgétaires annuels. Nous savons aussi que le
processus de budgétisation oblige à des arbitrages entre les priorités
multiples d’un grand nombre de Canadiens.
Néanmoins, nous estimons que nos recommandations
sont à la fois relativement modestes par rapport au budget fédéral global et
qu’elles contribueront grandement au développement culturel et économique du
pays. Nous vous exhortons à tenir compte de la valeur de ces mesures et du
contexte dans lequel s’inscrit l’appui à ces objectifs.