Mémoire du Mitacs inc.RésuméLe capital humain, c’est‑à‑dire l’ensemble des compétences, des connaissances et de la formation de la main‑d’œuvre, constitue la base des économies contemporaines. Depuis trop longtemps, le Canada traîne de la patte derrière ses pairs économiques au chapitre du développement du capital humain et perd du terrain en ce qui a trait aux mesures favorisant la productivité et l’innovation. Nous avons maintenant devant nous une occasion unique et importante. Par la combinaison d’une bonne gestion financière et de circonstances historiques, nous jouissons d’une économie et d’un leadership politique solides. Nous avons ainsi la possibilité de tirer profit de ces avantages pour combler l’écart qui nous sépare de nos pairs économiques sur le plan de l’innovation. Des investissements ciblés visant à revigorer le développement du capital humain assureront aux Canadiens des emplois durables et bien rémunérés et nous placera de nouveau en tête de l’économie mondiale. Recommandations : 1. Augmenter le soutien accordé aux programmes de formation en recherche et développement en partenariat avec l’industrie destinés aux étudiants et aux diplômés de niveau postsecondaire; 2. Augmenter le soutien accordé à la formation axée sur les compétences en affaires et les compétences non techniques afin de mieux préparer nos étudiants à la maîtrise et au doctorat à une carrière extrascolaire; 3. Soutenir les programmes et les politiques visant à attirer au Canada les étudiants étrangers les plus talentueux et les plus brillants. Résultats :
Coûts estimatifs :Nos recommandations transforment fondamentalement le développement du capital humain canadien grâce à un soutien ciblé pour des programmes de formation à plus de 20 000 étudiants par année à un coût annuel estimatif de 165 millions de dollars. La conception des programmes proposés assure un effet de levier important en ce qui concerne cet investissement, auquel viendra s’ajouter un soutien supplémentaire d’environ 400 millions de dollars de la part des partenaires provinciaux et de l’industrie. IntroductionLa relation entre le capital humain et l’innovationLe capital humain représente la somme des compétences, des connaissances et de la formation d’une population. Les progrès technologiques rapides et l’évolution de l’économie du savoir signifient qu’il existe une demande grandissante pour des travailleurs hautement qualifiés et spécialisés, lesquels forment la base des économies innovatrices. Le développement du capital humain constitue donc une priorité pour les pays du monde entier, et pour cause :
La constitution d’une main‑d’œuvre hautement qualifiée et spécialisée est essentielle à la croissance et à la durabilité à long terme de notre économie. Malheureusement, le Canada a pris encore plus de retard dans ce domaine par rapport à des économies comparables; pour maintenir le rythme, nous devons augmenter considérablement le nombre de diplômés hautement qualifiés que nous produisons actuellement, en particulier ceux qui détiennent des diplômes d’études supérieures (maîtrises et doctorats), et nous devons leur fournir les outils nécessaires afin qu’ils puissent contribuer à l’ensemble de l’économie :
L’état du capital humain du Canada, aujourd’hui et demainLes lacunes décrites ci‑dessus auront des conséquences graves. De nombreuses sources décrient la pénurie à venir de main‑d’oeuvre qualifiée au Canada :
De plus, le Canada fait face à un autre défi, à savoir une population vieillissante et une diminution du taux de natalité. Pour relever ce défi, il est essentiel de combiner des programmes de formation axée sur des compétences efficaces avec des politiques et des programmes d’immigration ciblés et efficaces. L’éducation internationale est un moyen intéressant d’assurer une formation axée sur les compétences et de recruter des talents exceptionnels de l’étranger. Bien que le Canada offre de nombreux avantages sur lesquels nous pouvons miser, notamment une culture favorable aux immigrants et une qualité de vie élevée, nous nous trouvons bien loin derrière les chefs de file pour ce qui est d’attirer ces étudiants. Le recrutement des étudiants les plus brillants et les plus talentueux entraînera d’énormes avantages pour le Canada :
Des partenariats avec l’industrie dans le domaine de la formation supérieure pour favoriser des emplois durables et de qualité pour les CanadiensLa collaboration entre l’industrie et le milieu universitaire dans la conception et l’exécution de programmes de formation offre de nombreux avantages : elle veille à ce que les programmes de formation soient pertinents et valorisés tout en augmentant la capacité d’accueil de nos diplômés les plus brillants et les plus talentueux au sein des entreprises. Elle accroît aussi l’innovation directement par des dépenses en R. et D. industrielle. Il s’agit de retombées importantes, puisque l’industrie canadienne est en retard par rapport à ses homologues de l’OCDE en ce qui a trait aux dépenses des entreprises en R. et D., et ce, même si le Canada est en tête de peloton dans plusieurs mesures visant à favoriser la productivité du milieu universitaire. Il faudrait encourager des programmes et des politiques qui favorisent une plus grande collaboration entre l’industrie et le milieu universitaire en matière de formations axées sur les compétences :
Recommandations1. Augmenter le soutien accordé aux programmes de formation en recherche et développement en partenariat avec l’industrie destinés aux étudiants et aux diplômés de niveau postsecondaire. En raison des besoins changeants d‘une économie axée sur l’innovation qui évolue rapidement, les programmes de formation axée sur les compétences des établissements d’enseignement postsecondaire du Canada (universités, collèges et écoles polytechniques) devraient être conçus et offerts en complet partenariat avec des partenaires de l’industrie, qui doivent faire des investissements concrets et importants dans les programmes de formation. Les programmes devraient constituer de véritables partenariats profitables à la fois à l’industrie et au milieu universitaire. Un nombre croissant de pays développent des compétences efficaces en recherche et en gestion industrielles au moyen de stages en industrie. Les stagiaires obtiennent de la formation et de l’expérience sur le terrain grâce à un projet de recherche concertée entre un superviseur du milieu universitaire et un partenaire de l’industrie. Les partenaires de l’industrie fournissent une contribution financière substantielle au programme, encadrent les étudiants et supervisent conjointement le projet de recherche avec le superviseur universitaire des stagiaires. En retour, le partenaire de l’industrie peut recourir à l’expertise des étudiants pour résoudre un problème de recherche. Le Programme de stage en recherche et développement industrielle (SRDI) du Canada, offert presque exclusivement par Mitacs Accélération, a démontré la valeur exceptionnelle d’un tel programme. Depuis 2008, 2 700 stagiaires de partout au Canada ont bénéficié d’un investissement fédéral de 16 millions de dollars. À cette somme se sont ajoutés 40 millions de dollars investis par des partenaires de l’industrie et 17,5 millions de dollars investis par 9 provinces. Le programme s’est avéré un succès absolu en faisant augmenter de 27 % la rétention des étudiants des cycles supérieurs au Canada et en créant une demande excédentaire de la part des stagiaires, des milieux universitaire et de l’industrie. Nous pouvons nous inspirer du succès des stages en industrie pour résoudre les défis croissants auxquels sont confrontés les boursiers de recherches postdoctorales canadiens, qui sont les personnes les plus spécialisées au pays. Le Canada doit mettre sur pied une stratégie tremplin impliquant des partenariats avec l’industrie pour créer des possibilités d’emploi au‑delà du parcours universitaire. Les stages en industrie devraient être soutenus afin d’aider ces personnes talentueuses et hautement qualifiées à faire la transition vers des carrières extrascolaires en R. et D., en gestion ou en entrepreneuriat industriel, où ils deviendront des chefs de file canadiens de l’innovation. Enfin, la collaboration entre l’industrie et le milieu universitaire peut aussi contribuer à accroître la formation axée sur les compétences en entreprenariat des Canadiens hautement qualifiés et spécialisés. Un programme national d’entrepreneuriat comprenant des stages et du mentorat offerts par de petites et moyennes entreprises à forte croissance aidera à intégrer l’apprentissage en entrepreneuriat au programme d’études des étudiants de premier, deuxième et troisième cycles, afin de s’assurer que les étudiants comprennent ce qui constitue une idée qu’il vaut la peine de mettre en marché au fur et à mesure qu’ils perfectionnent leurs compétences techniques. Résultats :
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2. Augmenter le soutien accordé à la formation axée sur les compétences en affaires et les compétences non techniques afin de mieux préparer nos étudiants à la maîtrise et au doctorat à une carrière extrascolaire. Les études supérieures à la maîtrise ou au doctorat permettent aux stagiaires d’acquérir des compétences techniques et des connaissances spécialisées exceptionnelles qui contribuent considérablement à la capacité d’innovation du Canada. Toutefois, selon l’Association canadienne pour les études supérieures, « pour être compétitifs, les étudiants diplômés doivent de plus en plus s’investir dans le perfectionnement continu de leurs compétences dans des domaines qui complètent leur programme universitaire, améliorent leur employabilité et favorisent des liens avec les secteurs privé, public et sans but lucratif[xxxi]. » Un programme national à l’échelle du système offrant un large éventail de compétences en affaires conjugué aux compétences techniques hautement spécialisées qu’offre l’enseignement postsecondaire traditionnel peut améliorer considérablement la préparation de nos diplômés au marché du travail ainsi que la productivité des entreprises. Un tel programme accréditerait les étudiants qui ont réussi un ensemble de cours axés sur les compétences en affaires et les compétences non techniques dans des domaines liés à l’industrie comme la gestion de projets, les communications, la pensée critique et le travail d’équipe. Ces cours appuieraient aussi des initiatives d’entrepreneuriat en traitant de sujets essentiels au démarrage d’une entreprise, comme les plans d’affaires, les stratégies de financement et la propriété intellectuelle. Résultats :
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3. Soutenir les programmes et les politiques visant à attirer au Canada les étudiants étrangers les plus talentueux et les plus brillants. Bien qu’une croissance importante de la production et du déploiement de travailleurs qualifiés nationaux soient une priorité nationale, il est évident que les besoins énormes de la croissance future du marché du travail nécessiteront une politique d’immigration expansive ciblant les travailleurs hautement qualifiés. Il est essentiel que le Canada mette en œuvre des politiques et des programmes attirant les étudiants étrangers exceptionnels dans nos universités. L’investissement de 10 millions de dollars sur 2 ans du gouvernement dans la Nouvelle stratégie internationale en matière d’éducation constitue un bon départ; maximiser cet investissement initial par un financement accru et continu permettra au Canada de recruter les étudiants les plus talentueux et les plus brillants de la planète. Une stratégie de recrutement d’étudiants étrangers devrait établir un équilibre entre les foires commerciales et les salons de l’éducation internationaux et des programmes proactifs afin de cibler directement les étudiants exceptionnels. Bien que l’accroissement du nombre global d’étudiants étrangers soit clairement nécessaire, nous devrions mettre l’accent sur les programmes attirant les étudiants de haut calibre, puisque ces étudiants auront un énorme effet sur l’innovation canadienne. Les efforts de recrutement sur le terrain, les programmes de stages d’été pour les étudiants étrangers prometteurs ainsi que les bourses et les mesures visant à favoriser la poursuite des études supérieures devraient tous être évalués afin de déterminer leur efficacité et être prolongés, le cas échéant. Résultats :
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ConclusionLa droiture financière et le leadership stable du Canada nous offrent la possibilité unique et importante d’apporter un changement transformationnel à la main‑d’œuvre. Grâce à des investissements judicieux et ciblés dans des programmes de formation éprouvés et efficaces, l’industrie canadienne sera appuyée par un effectif de niveau mondial, ce qui placera le Canada dans une position de chef de file parmi les économies innovatrices. Nous avons décrit dans la présente proposition en quoi un investissement annuel de 165 millions de dollars, bonifié d’une aide supplémentaire de 400 millions de dollars de la part de l’industrie et des provinces, favoriserait des investissements importants et concrets de l’industrie dans la R. et D. et la formation axée sur les compétences ainsi que la constitution d’un effectif de classe mondiale axé sur l’innovation et prêt à soutenir le Canada pour les générations à venir. [i] OCDE, Skills for Innovation and Research, 2011. [ii] Conseil canadien sur l’apprentissage,Un investissement rentable : Mettre l'investissement en formation en rapport avec les résultats d'entreprise et l'économie, 2007. [iii] Ibid. [iv] Comité d’experts sur l’innovation dans les entreprises, Innovation et stratégies d’entreprise : pourquoi le Canada n’est pas à la hauteur, 2009. [v] J. Cooney et R.O. Parker, Learning and Development Outlook 2005 Moving Beyond the Plateau—Time to Leverage Learning Investment, 2005. Fourni par le Conference Board of Canada. [vi] Institute for Competitiveness and Prosperity, Canada’s innovation imperative, 2011. [vii] Conference Board du Canada, Hot Topic: Advanced Skills and Innovation, 2011. [viii] Conseil des sciences, de la technologie et de l’innovation, L’état des lieux en 2008 – Le système des sciences, de la technologie et de l’innovation au Canada, 2008. [ix] Conseil des sciences, de la technologie et de l’innovation, L’état des lieux en 2010 – Le système des sciences, de la technologie et de l’innovation au Canada, 2010. [x] L. Auriol, Careers of Doctorate Holders: Employment and Mobility Patterns, 2010. [xi] L. Desjardins et D. King, « Espérances et résultats sur le marché du travail des titulaires de doctorat des universités canadiennes », Catalogue de Statistique Canada, no 81-595-M No 089, 2011. [xii] R. Miner, People without jobs, jobs without people: Ontario’s Labour Market Future, 2010. [xiii] Association des universités et collèges du Canada, « Tendances dans le milieu universitaire : volume 1 – Effectifs », 2011. [xiv] Institute for Competitiveness and Prosperity, 2011. [xv] R. Kunin, Impact économique du secteur de l’éducation internationale pour le Canada, 2009. [xvi] Groupe d’étude sur les politiques en matière de concurrence, Foncer pour gagner, 2008. [xvii] National Academies Press, Rising Above the Gathering Storm: Energizing and Employing America for a Brighter Economic Future, 2007. [xviii] V. Wadhwa, A. Saxenian, B. Rissing et G. Gereffi, America’s New Immigrant Entrepreneurs, 2007. [xix] M. Downie, Immigrants as Innovators: Boosting Canada’s Global Competitiveness, Conference Board du Canada, 2010. [xx] Ibid. [xxi] U. Teichler, « Does Higher Education Matter? Lessons from a Comparative Graduate Survey », European Journal of Education, 2007, 42 : p. 11-34. [xxii] Advisory Science Council, The Role of PhDs in the Smart Economy, 2009. [xxiii] Industrie Canada, Réaliser le potentiel des sciences et de la technologie au profit du Canada, 2007. [xxiv] A. Crawley, A postdoctoral crisis in Canada: From the « Ivory Tower » to the Academic « Parking Lot », 2010. [xxv] D. Boothby, Recent Doctoral Graduates In Canada And U.S.A: Indicators From Canadian And U.S. Surveys Of Earned Doctorates, 2011. [xxvi] National Academies Press, Rising Above the Gathering Storm: Energizing and Employing America for a Brighter Economic Future, 2007. [xxvii] Conseil des sciences, de la technologie et de l’innovation. L’état des lieux en 2008 – Le système des sciences, de la technologie et de l’innovation au Canada, 2008. [xxviii] A. J.C. King, , 2008. [xxix] L. Desjardins et D. King. « Espérances et résultats sur le marché du travail des titulaires de doctorat des universités canadiennes », Catalogue de Statistique Canada, no 81-595-M No 089, 2011. [xxx] Ibid. [xxxi] Association canadienne pour les études supérieures. Un plan de recherche et d’innovation, 2010. |