:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 127e séance du Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes.
J'aimerais rappeler à tous les députés les points suivants. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés par l'entremise de la présidence.
[Français]
Merci à tous de votre coopération.
[Traduction]
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 25 septembre 2024, le Comité commence maintenant son étude sur la violence et les féminicides à l'égard des femmes, des filles et des personnes de diverses identités de genre.
Avant d'accueillir nos témoins, j'aimerais vous donner un avertissement concernant les déclencheurs. Nous discuterons d'expériences liées à la violence et aux féminicides. Cela peut être un déclencheur pour les téléspectateurs qui ont vécu des expériences similaires. Si les participants se sentent en détresse ou ont besoin d'aide, ils doivent en aviser la greffière.
Pour tous les témoins et les députés, il est important de reconnaître que ces discussions sont très difficiles. Je vous prie donc de faire preuve de la plus grande compassion possible dans le cadre de nos conversations.
J'aimerais également noter que, pour que la réunion soit le plus efficace et organisée possible, je vous indiquerai lorsqu'il vous restera une minute, puis 30 secondes, simplement pour que nous ne perdions pas de temps.
De plus, je rappelle aux témoins et aux autres membres que nous ne pouvons pas montrer d'accessoires durant notre témoignage et nos questions aujourd'hui.
Pour le groupe de témoins aujourd'hui, à titre personnel, je souhaite accueillir Alison Irons, par vidéoconférence.
De plus, nous recevons Megan Walker, défenseure contre la violence masculine à l'égard des femmes.
Nous avons Cait Alexander, fondatrice d'Abolir la Violence Partout.
Nous recevons Shelina Jeshani, directrice des Partenariats stratégiques et de la collaboration, de Safe Centre of Peel, qui se joint à nous par vidéoconférence.
Enfin, nous accueillons Anuradha Dugal, directrice générale d'Hébergement femmes Canada, qui se joint à nous par vidéoconférence.
Nous allons maintenant commencer nos déclarations liminaires.
Madame Irons, vous avez la parole. Allez‑y, s'il vous plaît.
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Bonjour. Je tiens à remercier le Comité de m'avoir invitée aujourd'hui à prendre la parole.
En guise de présentation, je suis une ex‑agente de la GRC. Pendant mes neuf années de service, je suis intervenue dans de nombreuses soi-disant « disputes familiales ». De plus, à l'époque, je siégeais au conseil d'administration du North Shore Women's Centre à North Vancouver, en Colombie-Britannique, en tant que conseillère policière.
J'ai également travaillé comme enquêteuse pour le gouvernement ontarien et cheffe des enquêtes pour l'Ombudsman de l'Ontario, principalement dans le domaine du service correctionnel, et j'ai pris ma retraite en tant que directrice gouvernementale des services à l'échelle de l'entreprise. De plus, j'ai une certification en tant que directrice des ressources humaines au Canada.
Malheureusement, je suis aussi la mère de Lindsay Margaret Wilson, âgée de 26 ans, née le 30 juillet 1986. Ma chère fille et meilleure amie s'est fait traquer et abattre par son ex‑partenaire intime, un propriétaire légitime d'armes à feu qui n'aurait jamais dû obtenir de permis, dans un meurtre-suicide survenu le 5 avril 2013, à Bracebridge, en Ontario, deux semaines avant qu'elle ne passe ses examens de fin d'études. J'ai accepté à titre posthume son diplôme de l'Université Nipissing.
Je tiens à dire au Comité que l'assassin de ma fille n'a jamais été violent avec elle jusqu'au jour où il l'a assassinée de sang-froid. Il était soigné, s'exprimait bien et venait d'une famille de professionnels bien nantie dans la collectivité où il vivait. Il était aussi manipulateur, habile et contrôlant avec ma fille, à bien des égards. Il lui disait qu'elle était l'amour de sa vie, mais il sapait sa confiance en critiquant constamment son apparence, son poids — elle était mince, pas en surpoids — ses choix vestimentaires, etc. Elle a quitté la relation deux fois lorsqu'elle l'a surpris à vendre de la drogue à son insu; c'était une autre manipulation, car il n'était pas la personne qu'il prétendait être.
La première fois, il l'a convaincue de revenir avec des lettres où il lui faisait part de son amour pour elle, lui présentait ses excuses et les promesses inévitables d'un changement de comportement. Parfois, il [difficultés techniques]
Je défends depuis longtemps la violence masculine à l'égard des femmes. Lors de ma dernière comparution devant vous, le 31 juillet, j'ai expliqué à quel point la situation pour les femmes et les filles au Canada est difficile. J'ai dénoncé les féminicides et vous ai dit que, entre 2019 et 2023, 840 femmes et filles ont été victimes d'un féminicide. Ce nombre augmente sans cesse, il continuera d'augmenter jusqu'à ce que le féminicide soit reconnu comme une infraction criminelle.
Le féminicide doit être désigné comme une infraction dans le Code criminel. Cette désignation aidera les familles à guérir; elle contribuera à la collecte de données et elle permettra de sensibiliser la communauté, ce qui est absolument nécessaire pour que la communauté sache quelles questions à poser si elle soupçonne qu'une femme est victime de mauvais traitements.
J'ai été souscriptrice d'affidavit dans l'affaire Canadian Alliance for Sex Work Reform v. Attorney General, en 2023. Dans cette décision, le juge R.F. Goldstein de la Cour supérieure de justice a écrit ceci:
Certaines femmes et filles déclarent avoir été victimes de torture, de viol collectif, de mutilation, de flagellation et de simulation de noyade par leurs acheteurs et exploiteurs [sexuels].
Il a aussi écrit ceci:
La violence commise par les exploiteurs peut comprendre les empoignades agressives, les coups à main ouverte ou fermée, les coups de pied, l'étouffement ou le brûlage des victimes à l'aide de cigarettes ou de fers à friser. La violence peut entraîner des blessures visibles importantes. Elle peut aussi [causer] des décès.
Nous vivons dans un pays où, à cause du défaut d'agir du gouvernement, il semble que certaines personnes au gouvernement estiment que les femmes et les filles ne soient rien de plus que des objets visant à satisfaire les fantasmes des hommes alimentés par la pornographie. Même si le juge Goldstein a utilisé l'expression « travail sexuel », je ne désigne aucune partie de l'industrie commerciale du sexe comme un travail. Ce n'est pas un travail. C'est de la torture qui peut déboucher sur un féminicide. La torture non étatique doit être ajoutée au Code criminel comme crime distinct.
Si nous sommes un pays qui veut vraiment aider les femmes et les filles à être en sécurité, nous devons investir dans les femmes et les filles. Elles ont besoin d'un revenu de subsistance garanti, d'un logement, de services de counseling, d'une éducation et d'autres services de soutien, et les hommes doivent cesser de torturer, de violer et de tuer les femmes.
L'article 15 de la Charte énonce ceci:
La loi ne fait acception de personne et s'applique également à tous, et tous ont droit à la même protection et au même bénéfice de la loi, indépendamment de toute discrimination, notamment des discriminations fondées sur la race, l'origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, le sexe, l'âge ou les déficiences mentales ou physiques.
Les femmes et les filles se voient refuser ces droits. Nous sommes victimes de discrimination fondée sur le sexe. Nous sommes victimes de féminicides, tuées parce que nous sommes des femmes. Nous sommes violées, agressées, étranglées et victimes de torture non étatique parce que nous sommes des femmes. Notre maison est l'endroit le plus dangereux pour nous, un lieu où nous sommes battues et tuées parce que nous sommes des femmes. Nous sommes considérées comme des objets dans tous les domaines de la vie parce que nous sommes des femmes. Nous sommes tenues dans la pauvreté parce que nous sommes des femmes. Nous nous voyons refuser des possibilités parce que nous sommes des femmes. Nous nous voyons refuser un salaire égal pour un travail égal parce que nous sommes des femmes. Nous nous voyons refuser la justice dans les tribunaux judiciaires et familiaux. Les tribunaux font fi de nos éléments de preuve et nous traitent de menteuses parce que nous sommes des femmes.
Le gouvernement a laissé tomber les femmes et les filles. C'est la responsabilité du gouvernement de promouvoir l'égalité, en créant des changements législatifs conformes à la Charte des droits et libertés afin de garantir que la loi s'applique également aux femmes et aux filles. Mon cœur saigne chaque fois qu'une femme ou une fille est victime d'un féminicide. Aujourd'hui, je pense à Cheryl Sheldon, à Breanna Broadfoot, à Tiffany Gates et à leur famille ainsi qu'à toutes les victimes de féminicide, y compris la fille d'Alison Irons. Les féminicides peuvent être évités. Ces femmes devraient être en vie.
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Merci de m'avoir invitée à nouveau au Comité.
J'espère que vous vous rappelez les photos que j'ai montrées au Comité le 31 juillet 2024, la date d'anniversaire du jour où l'on a tenté de me tuer. Elles montraient les quatre heures de torture que mon ex‑petit ami m'a fait subir, qui est toujours un présumé agresseur. Il a été accusé à huit reprises, mais ses droits prévus par la charte l'emportaient sur les miens. Il est à l'abri de toute conséquence.
Je suis une victime de la violence entre partenaires intimes et du système d'injustice canadien. Mon ex n'a pas réussi à me tuer, mais ce pays tue la justice, et il tue la sécurité.
Voici le reste de mon discours, que vous n'avez pas entendu à l'été. Il s'agit d'une liste non exhaustive de solutions fournies par les survivantes, les avocats et les professionnels d'autres industries.
Déclarer un état d'urgence national pour ce qui est de la violence entre partenaires intimes, des violences sexuelles et des féminicides. Avec des augmentations de 68 %, 75 % et 27 % respectivement, cela va de soi.
Légiférer et définir le terme « féminicide » dans le Code criminel.
Inclure les hommes et les personnes se désignant comme des hommes dans la lutte contre la violence masculine à l'égard des femmes.
Mettre les avocats à la disposition des victimes gratuitement avant qu'elles fassent un signalement à la police, car nous avons une culture institutionnelle qui jette le blâme sur les victimes.
Embaucher immédiatement plus de juges et des membres du personnel judiciaire sensibilisés aux traumatismes, en leur offrant une formation obligatoire en personne et des mises à jour au sujet de la nouvelle législation.
Prévoir des policiers disponibles en tout temps pour prendre des déclarations de victimes de violence entre partenaires intimes ou de violences sexuelles.
Garder en détention les délinquants violents jusqu'à leur procès ou en détention à domicile avec des bracelets à la cheville. Il devrait y avoir une politique de tolérance zéro pour tout agresseur qui enfreint les conditions de sa mise en liberté sous caution, et il devrait être détenu immédiatement.
Créer une liste des délinquants enregistrés en matière de violence entre partenaires intimes. Nous en avons une pour les agresseurs sexuels, et il nous en faut absolument une pour la violence entre partenaires intimes, à partir de 16 ans. Publiciser cette liste sur un site Web pour protéger les femmes et les filles.
Nommer les délinquants publiquement immédiatement. Les féminicides ne sont pas une question privée.
Ne jamais utiliser d'ordonnances de non-communication, d'engagements ou d'engagements de ne pas trouver l'ordre public dans les crimes odieux où une force mortelle a été utilisée. Ces recours ne sont pas une solution.
Augmenter la mise en liberté sous caution en fonction du revenu de l'agresseur. Faire appliquer réellement les conditions de la mise en liberté sous caution. Tout garant doit payer le montant d'avance et le perdre si l'auteur commet une autre infraction. Cet argent devrait ensuite être retourné dans un fonds pour soutenir directement les survivantes.
Exposer les agresseurs qui présentent des revendications non fondées dans le système juridique à des sanctions sévères et à des accusations criminelles, y compris des sanctions pour parjure.
Ne tolérer absolument aucune discrimination contre l'orientation sexuelle, la durée de la relation, la race ou toute autre forme de discrimination contre les victimes. Les mauvais traitements sont des mauvais traitements.
Tous les agresseurs reconnus coupables de tout type d'agression sexuelle ou de violence entre partenaires intimes doivent suivre des programmes en personne destinés aux agresseurs, peu importe l'intensité du crime.
Modifier l'alinéa 11b) de la Charte des droits, en le remplaçant peut-être par le projet de loi . Il ne devrait y avoir ni limite de temps ni sursis autorisé pour les crimes contre des humains commis par des humains.
La justice réparatrice ne doit jamais être utilisée sans le consentement de la survivante.
Rééduquer les responsables des services aux victimes, car sous leur forme actuelle, ces services causent un nouveau traumatisme et ne sont pas sécuritaires.
Ne pas révoquer les lois sur les armes à feu qui protègent les victimes et les survivantes.
La confidentialité des survivantes doit être protégée contre les abus. Il ne devrait pas y avoir d'accords de confidentialité ou d'assignations à produire des renseignements personnels. Cela figure à l'article 278 du Code criminel.
Prévoir des procès criminels dans une période de 90 jours. Il ne faut plus attendre des années et des années.
Chaque province et territoire devrait obligatoirement avoir un bureau du Cabinet qui se consacre à la violence entre partenaires intimes, aux agressions sexuelles et aux féminicides.
Mettre des fonds à la disposition des survivantes qui sortent d'environnements violents pour les soutenir avec l'aide d'experts-comptables et d'autres conseillers financiers.
Les victimes ne devraient pas avoir à payer pour leurs propres transcriptions en ligne.
La justice réparatrice devrait toujours permettre une déclaration de la victime.
Les pères violents ne devraient jamais avoir accès aux enfants.
Rendre les peines si sévères que les agresseurs y penseront à deux fois, et lorsqu'ils commettent des agressions, les condamner à des peines d'emprisonnement à perpétuité. Cessez de condamner les survivantes.
Agir de toute urgence. Nous continuons de perdre des femmes innocentes tous les jours. Honnêtement, nous avons vraiment besoin de votre aide.
À l'échelle provinciale, le NPD a exprimé haut et fort son appui aux survivantes. À l'échelle fédérale, les conservateurs nous soutiennent majoritairement, sauf pour quelques chefs non partisans qui font passer les gens avant la politique. Cela signifie clairement que les problèmes éprouvants auxquels les survivantes et les victimes font face sont écoutés non pas par les gouvernements actuels, mais seulement par les partis de l'opposition. Cela signifie également que ces problèmes sont très explicitement des questions non partisanes, alors cessez de politiser nos droits fondamentaux de la personne.
Nous devons nous tenir ensemble, surtout en tant que femmes et surtout les personnes présentes dans la salle. Il en coûte au Canada plus de 8 milliards de dollars par année pour composer avec les contrecoups de la seule violence entre partenaires intimes. Nous pourrions les prévenir avec ces fonds. La prévention vaut plus que le traitement, et la prévention est le seul traitement au féminicide.
Brkti Berhe s'est fait poignarder à mort jeudi devant ses enfants juste ici, à Ottawa. Cela lui a tout coûté. Le coût pour ses enfants est incommensurable.
Vous êtes le comité de la condition féminine, et la condition des femmes au Canada est terrible. Arrêtez de vous raconter des histoires. Arrêtez de mentir. Arrêtez de vous faire des idées. Ce type de comportement est exactement ce qu'utilisent les agresseurs.
Le plus difficile, c'est de savoir qu'aucune quantité de sensibilisation, de lois ou de financement ne peut ramener les personnes qui auraient dû être des survivantes au lieu de victimes. Je ne peux me permettre de perdre un autre être humain inutilement, à cause d'une mauvaise politique.
En soutenant les survivantes, on soutient la communauté, mais je vous prie de ne pas confondre notre bonté avec de la faiblesse. Nous n'allons nulle part. Plus vous tournez le dos aux survivantes, plus la bande se tiendra ensemble. Plus vous essayez de nous réduire au silence, plus fort nous nous exprimerons. Plus vous faites mine de ne pas nous voir, plus nous serons visibles.
Vous tiendrez-vous du bon côté de l'histoire?
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Bonjour, madame la présidente et chers membres du Comité.
Je m'appelle Shelina Jeshani. Je suis directrice du Safe Centre of Peel, situé à Brampton, en Ontario, qui dessert la région de Peel. J'ai eu le privilège de m'adresser au Comité à plusieurs occasions, et je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui.
J'aimerais commencer par reconnaître les nombreuses survivantes qui ont eu le courage de raconter leur histoire, et je tiens à me rappeler des femmes que nous avons perdues dans le pays à cause de la violence fondée sur le genre. Le féminicide est le meurtre intentionnel de femmes, de filles et de personnes diverses identités de genre en fonction de leur genre, peu importe leur relation avec l'agresseur. Cela peut survenir dans divers contextes, dont des relations intimes familiales, ou même lorsque la victime ne connaît pas l'agresseur, comme dans les cas qui concernent des étrangers. Le facteur d'unité est la motivation fondée sur le sexe qui sous-tend le meurtre, ce qui distingue le féminicide d'autres formes d'homicide.
À l'échelle mondiale, les femmes font face à des risques disproportionnés de violence fondée sur le genre, qui se traduit souvent en meurtre, uniquement parce qu'elles sont des femmes. Les données sur la violence entre partenaires intimes au Canada révèlent une prévalence perturbante, bien que la violence entre partenaires intimes demeure sous-déclarée. En 2023, le service de police régional de Peel à lui seul a répondu à 9 570 appels de violence entre partenaires intimes, 486 de ces cas supposant un étranglement, un indicateur clair de l'escalade de la violence et de l'augmentation du risque de décès pour les victimes. En 2023, l'Ontario Association of Interval and Transition Houses a signalé 62 féminicides en Ontario, dont sept ont eu lieu dans la région de Peel.
Le Comité d'examen des décès dus à la violence familiale en Ontario a décrit le féminicide comme étant à la fois prévisible et évitable, soulignant constamment les facteurs de risque courants dans des cas qui mènent à un féminicide. Pour prévenir ces tragédies, le comité recommande souvent d'augmenter les évaluations des risques, de renforcer la planification de sécurité et d'élargir les services de soutien offerts dans la communauté. De plus, il souligne l'importance d'une collaboration entre les secteurs, réunissant ensemble les forces d'application de la loi, les services sociaux, les fournisseurs de soins de santé et les organisations communautaires afin de bâtir une réponse unifiée à la violence entre partenaires intimes et de mieux protéger les personnes à risque.
Le modèle du Safe Centre peut jouer un rôle crucial pour prévenir les féminicides en fournissant une approche exhaustive axée sur les traumatismes et centrée sur les survivantes pour lutter contre la violence fondée sur le genre. Le Safe Centre est un modèle novateur, axé sur les données probantes et les pratiques exemplaires de façon dont une collectivité peut travailler pour répondre aux victimes de violence entre partenaires intimes et leur fournir un filet de sécurité. Le centre exerce ses activités depuis 2011 grâce à l'engagement de ses 24 partenaires communautaires, dirigés par le service familial catholique de Peel-Dufferin, qui offrent un modèle intégré et coordonné de prestation de service.
Comme je l'ai exposé dans le passé, il a fallu des organisations communautaires et la voix des survivantes pour abattre les cloisons, coordonner notre réponse des systèmes de service et fournir des soins holistiques et intégrés. Les survivantes nous ont dit qu'elles ne veulent pas devoir répéter sans cesse leur histoire. Elles ne voulaient pas se faire dire qu'elles ne pouvaient pas amener leurs enfants avec elles à ces différents services. Souvent, elles cessaient d'essayer de se rendre d'un endroit à l'autre et de s'y retrouver dans un système complexe qu'elles ne comprenaient pas. Elles ne savaient pas où aller pour obtenir de l'aide ni ce qui leur était vraiment offert. Nous perdions nos possibilités d'intervention précoce.
Le Safe Centre reconnaît que la collaboration entre les secteurs dans les services humains est essentielle pour répondre aux survivantes de la violence entre partenaires intimes. En fournissant aux femmes victimes de mauvais traitement un lieu sûr et confidentiel, elles peuvent accéder aux ressources essentielles avant que la violence ne se transforme en féminicide. Nous comprenons que la violence entre partenaires intimes ne commence pas par le féminicide. On voit plutôt des signes avant-coureurs et une tendance à l'escalade de la violence. Au Safe Centre, nos partenaires ont une formation en évaluation des risques à l'aide d'un outil validé qui nous permet d'aborder le risque de manière unifiée et claire. Ce cadre partagé nous permet d'élaborer des plans de sécurité adaptés qui reflètent les circonstances uniques de chaque femme, ce qui nous assure de répondre aux besoins particuliers de chaque cliente de manière efficace et uniforme. Nos partenariats intersectoriels nous permettent de créer un système de service pour elle et ses enfants qui est accessible.
Voici les recommandations que nous aimerions que vous preniez en considération.
Il faut élaborer des campagnes de sensibilisation publique pour renseigner les Canadiens au sujet du féminicide et de la violence fondée sur le genre. L'objectif devrait être de sensibiliser la population afin de soutenir les interventions précoces et la prévention.
Reconnaître le féminicide comme un crime particulier au titre du Code criminel du Canada. Ajouter le féminicide comme terme juridique mettrait en lumière les motivations fondées sur le genre qui sous-tendent ces meurtres. Cela servirait de fondement à la collecte de données précises et garantirait des interventions ciblées.
Obliger les professionnels de la santé, les juges et les membres des forces de l'ordre à être formés pour reconnaître la violence entre partenaires intimes et les signes avant-coureurs qui peuvent déboucher sur un féminicide.
Des modèles intégrés comme le Safe Centre démontrent constamment leur efficacité et leur incidence. Pour que ce modèle puisse s'élargir et demeurer viable, il a besoin de fonds dédiés, en particulier pour ces systèmes de services intersectoriels. C'est essentiel.
Je vous remercie de me fournir l'occasion de faire part du travail du Safe Centre of Peel et de votre engagement à lutter contre la violence fondée sur le sexe.
Je serai heureuse de répondre à vos questions plus tard.
Je vous remercie.
:
Bonjour, madame la présidente, mesdames et messieurs et chers témoins.
Je me joins à vous aujourd'hui… Temporairement, je me trouve dans les territoires des peuples Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh dans ce que l'on appelle maintenant Vancouver.
Hébergement femmes Canada est une organisation nationale qui compte 16 associations provinciales et territoriales. Nous avons un site Web national de recherche pour aider toute personne au Canada à trouver une maison d'hébergement près de chez elle, appelée hebergementfemmes.ca, et nous sommes liés à plus de 600 maisons pour femmes victimes de violence qui aident les survivantes. Nous finançons ces maisons d'hébergement.
Les féminicides sont en hausse. Nous disons maintenant souvent qu'une femme est tuée au Canada tous les deux jours et qu'une femme est tuée par un partenaire de sexe masculin une fois par semaine. Jeudi dernier, comme nous l'avons déjà entendu, une victime appelée Brkti Berhe s'est fait poignarder à mort devant ses deux enfants dans un parc à Ottawa.
Nous avons besoin d'évaluations du danger pour toutes les femmes. Toutes les femmes reliées à un service devraient faire l'objet d'une évaluation du danger. Les responsables des maisons d'hébergement voient souvent ce danger. Elles reconnaissent le niveau de risque et agissent en conséquence. Dans certains cas, elles sont mal comprises ou laissées pour compte par d'autres services sociaux, ce qui fait que la femme n'est pas adéquatement protégée.
Certains des signes dont nous avons entendu parler aujourd'hui — ce qui comprend les dommages aux biens; la cruauté envers les animaux de compagnie; et les mauvais traitements verbaux, physiques ou psychologiques, dont le contrôle coercitif — sont également des signaux d'alarme. Il est vrai qu'il n'y aura pas toujours de violence physique, mais l'étranglement ou l'étouffement est un facteur, tout comme la présence d'armes à feu. Ils seront tous pris en considération dans le cadre d'une évaluation du danger, mais ils ne sont pas toujours reconnus comme menace de féminicide par tous les services.
Il existe un lien clair entre le féminicide et la violence entre partenaires intimes, ou VPI. La grande majorité des auteurs de la violence sont des hommes, et avec ces facteurs de risque connus, nous savons également qu'il existe un niveau accru de danger lorsqu'une victime décide de partir. Les cas les plus graves de violence entre partenaires intimes devraient être examinés par un groupe de services collaboratifs disposant d'un protocole intégré, y compris les services de santé, les services à l'enfance, les responsables de l'application de la loi, les maisons d'hébergement, l'éducation et tous les services sociaux, dans le but de toujours protéger les femmes et leur famille.
Les femmes ne sont pas crues, et parfois les services aux femmes non plus. Les évaluations du danger peuvent être minimisées. Nous devons changer cet état de fait et toujours croire les femmes. C'est ce qui permet de sauver des vies. Nous avons besoin d'un système d'hébergement de transition d'urgence robuste et financé. Récemment, j'ai visité une maison d'hébergement dans une petite ville du Sud de l'Alberta. Elle reçoit 1 500 appels par année, mais n'arrive qu'à héberger directement moins de 350 de ces femmes dans une collectivité d'environ 100 000 habitants. Il s'agit là d'un nombre important de refus, et il y a un moment où cela devient un autre danger grave en ce qui concerne le féminicide.
Comme je l'ai dit, les maisons d'hébergement peuvent évaluer le danger et élaborer un plan de sécurité en conséquence, mais si nous n'avons pas suffisamment de places ou de lits d'urgence pour les femmes, d'ici à ce que la maison d'hébergement soit complètement financée dans son ensemble, nous ne pouvons pas aider toutes les femmes qui en ont besoin, là et quand elles en ont besoin, tant et aussi longtemps qu'elles en ont besoin. C'est ce qui permet de garder les femmes en sécurité.
De plus, la crise du logement a une incidence sur les féminicides. Nous avons besoin de logements sûrs et abordables pour toutes les femmes. Les femmes restent plus longtemps dans les refuges d'urgence parce qu'elles n'arrivent pas à trouver de logement sûr. Lorsqu'elles n'en trouvent pas, elles sont exposées à un risque. J'ai récemment entendu parler d'un cas où la police a informé une femme dans la collectivité que son agresseur avait découvert où elle vivait. Elle avait quitté cet agresseur de manière sécuritaire, avait fait la transition vers une maison d'hébergement et trouvé un logement privé et sécuritaire. Elle ne voulait pas quitter son logement sécuritaire à cause de l'impossibilité d'en trouver un à nouveau. Le risque de perdre sans cesse la maison l'expose à un risque encore plus grand à cause du système d'hébergement instable, peu fiable et inquiétant.
Nous avons besoin d'un système plus robuste pour recueillir des données nationales sur les féminicides. Nous n'avons pas de protocole clair, définissable, cohérent et convenu à l'échelle du Canada, dans l'ensemble des administrations de la santé, des services juridiques, des services de police et des services sociaux. Avec ces données, il serait plus facile de savoir comment intervenir, quels signes multiples chercher et ce qui peut être adapté à différentes collectivités, car tous les féminicides ne se produisent pas exactement de la même façon.
J'ai souligné quatre étapes clés: des évaluations du danger coordonnées, l'amélioration du financement des maisons d'hébergement, de meilleurs logements abordables et des données désagrégées.
Je vous encourage également à tenir compte des recommandations complètes de la Commission des pertes massives et du Plan d'action national sur la violence faite aux femmes et la violence fondée sur le genre.
Nous devons à chaque femme et aux familles de faire mieux.
C'est pourquoi je remercie le Comité de prendre le temps d'étudier cette question.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Bonjour, chers collègues.
Je souhaite la bienvenue à chacune des témoins, et je les remercie d'être là ce matin.
Nous nous penchons aujourd'hui sur un sujet qui n'est vraiment pas facile. Ce n'est pas la première fois que nous abordons ces questions au Comité et, chaque fois, je suis renversée lorsque j'entends les histoires dont on nous fait part.
Selon une petite recherche que j'ai faite ce matin, au Québec seulement, depuis janvier 2024, on a déjà recensé 20 féminicides. Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mesdames, mais, moi, je suis tout le temps en hypervigilance quand je sors. J'ai souvent eu l'occasion de le dire. Je ne suis pas sûre que les hommes ressentent la même chose. Les femmes n'aiment pas se retrouver dans un coin noir ou dans un stationnement. Plusieurs situations nous rendent très mal à l'aise. Malheureusement, depuis près de 10 ans, les crimes violents ont beaucoup augmenté au pays. Nous aurons d'ailleurs l'occasion d'en reparler.
Madame Walker, vous avez dressé un portrait assez noir de la situation. Ce que vous décrivez est presque déprimant.
S'agit-il d'une pandémie, madame Walker? Décririez-vous la situation comme étant pandémique, actuellement?
:
Nous pouvons dire que c'est une pandémie, ou une épidémie, car bon nombre des provinces commencent à la désigner ainsi. C'est une question très grave, que, malheureusement, le gouvernement a choisi de ne pas aborder.
Les femmes ne disposent pas de droits égaux au Canada, et c'est une tragédie, parce que les femmes ont tellement de choses à offrir. Dans bien des cas, les femmes sont tuées avant même l'adolescence.
Je présente une situation difficile. Comme je l'ai dit au début, il s'agit d'une crise. C'est quelque chose que l'on doit régler immédiatement.
Nous, les survivantes autour de la table, avons les solutions. Nous devons être entendues, et des mesures doivent être prises en conséquence. Certaines d'entre nous ont déterminé les mesures à prendre, et, en fait, bon nombre d'entre nous ont recensé les mêmes problèmes.
Par exemple, les féminicides sont évitables, mais les collectivités ne savent pas comment les prévenir. Elles ne savent pas quelles questions poser. Il doit y avoir une sensibilisation du public, parce que nous avons tous un rôle à jouer pour mettre fin à la violence masculine envers les femmes et aux féminicides.
C'est la même chose pour moi lorsque nous parlons des droits que les femmes n'ont pas. Les femmes n'ont pas le droit de marcher en toute sécurité dans leur collectivité. Comme vous le dites, lorsque vous sortez de votre voiture, vous regardez autour de vous; c'est ce que toutes les femmes font.
Je tiens vraiment à rappeler que l'endroit le plus dangereux pour les femmes est leur maison.
Je remercie tous les témoins d'être avec nous.
Bonjour, mesdames Jeshani et Dugal.
Mes premières questions vont s'adresser à Mmes Walker et Alexander. Je suis heureuse qu'elles aient l'occasion de s'exprimer à nouveau devant ce comité.
J'aimerais également exprimer toutes mes sympathies à Mme Irons. J'ai une pensée particulière pour cette mère qui a perdu sa fille. Je suis maman d'une petite fille de deux ans et demi. Je ne peux même pas imaginer comment on vit la perte de sa fille, en sachant que celle-ci a été victime d'un acte de violence commis par son partenaire intime. C'est un sujet très émotif.
Vos discours ont quand même été un peu différents de ceux de cet été. Certaines choses m'avaient marquée lors de votre témoignage, à l'époque. Si vous me le permettez, je vais revenir à des questions que j'avais pris la peine de préparer pendant vos remarques préliminaires l'été dernier.
Madame Alexander, au mois de juillet dernier, vous avez dit que les ordonnances de non-divulgation rendues par les autorités policières constituaient une façon de faire taire les victimes, de les rendre silencieuses.
J'aimerais que vous nous en disiez davantage là-dessus. Quelles sont les répercussions des ententes de non-divulgation?
:
Les ententes de non-divulgation sont utilisées pour museler les victimes
ad nauseam. Vous êtes forcée et contrainte de ne pas raconter votre histoire. On se sert de ces ententes dans les tribunaux de la famille, les tribunaux pénaux et les tribunaux civils. Il existe un groupe du nom de Can't Buy My Silence qui œuvre à abolir cette pratique.
L'article 278.1 du Code criminel est lié à... Je vais le comparer au code américain. Je ne peux pas vivre en toute sécurité dans ce pays, car mon agresseur y est un homme libre.
Aux États-Unis, les agresseurs n'ont pas accès aux dossiers médicaux et aux dossiers thérapeutiques de la victime, mais au Canada, aux termes de l'article 278.1, les agresseurs ont le droit de les assigner à être produits en cour. Cela comprend tous les dossiers susmentionnés, mais également les journaux intimes.
J'avais un journal intime. J'écris encore dans un journal intime quotidiennement. Tout ce que j'ai dit dans mon propre journal à propos de mon ex peut être utilisé contre moi en cour. Mes journaux intimes ne sont pas les œuvres littéraires les plus exhaustives, mais elles seraient transformées en armes contre moi en cour si jamais un procès criminel s'était tenu pour la tentative de meurtre faite à mon égard. Cela aurait été très plaisant.
C'est ce qui se passe encore et encore. Deux de mes amies, Tanya Couch et Alexa Barkley, s'efforcent de régler ce problème par le biais de l'organisation Survivor Safety Matters. Nous nous connaissons toutes. Nous sommes toutes amies. Tanya a sursis à ses propres accusations, car elle n'était pas à l'aise à l'idée que ses propres dossiers personnels soient utilisés contre elle en cour. Elle a retiré les accusations. Un agresseur est libre parce qu'elle ne se sentait pas à l'aise. Ils transforment les dossiers en armes.
J'ai été agressée sexuellement pour la première fois à l'âge de 13 ans. La deuxième fois, j'avais 16 ans. La troisième fois, j'avais 17 ans. On m'a tripotée dans les rues ici. On m'a presque tuée quand j'avais 30 ans. Toutes ces choses se sont produites au Canada. Rien de tel ne m'est arrivé ailleurs dans le monde, et j'ai vécu dans 10 pays différents.
Je suis déjà passée par le système de justice pénale. Il a fallu huit ans pour régler une poursuite en justice. Je me souviens que mes propres dossiers personnels avaient été transformés en armes contre moi. Le conseil de la défense s'assoit là, et il vous lance ça en pleine face. Vous vous faites démolir sur le banc, alors que vous tentez simplement de dire la vérité. Ils vont vous manipuler. C'est terrifiant. Les accords de non-divulgation servent à dire: « Vous ne pouvez pas parler de ceci. Vous ne pouvez que parler de cela. »
Je suis désolée. Je vais tenter de demeurer le plus brève possible.
Cela m'est arrivé même dans le cadre de la tentative de meurtre dont j'ai été victime. Lors de ma charmante audience d'engagement de ne pas troubler l'ordre public, la procureure à la Couronne m'a dit: « Si vous faites mention des autres accusations qui ont déjà été mises à sursis, vous pourriez être contre-interrogée. Vous pouvez parler uniquement des trois fois qu'il vous a frappée avant qu'il tente de vous tuer. » Je l'ai envoyée promener: « Voici ce que nous allons faire. Contre-interrogez-moi au besoin. »
La force nécessaire pour s'opposer à ces figures d'autorité alors que vous tentez simplement de dire la vérité... C'est répugnant. Tout doit être modifié dans ce système de justice.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Merci aux témoins d'aujourd'hui.
C'est sans doute l'un des témoignages les plus difficiles que j'ai entendus et l'un des comités les plus difficiles auxquels j'ai siégé, et nous avons entendu des choses assez terribles.
Nous avons tenu une réunion d'urgence cet été, et je suis vraiment heureuse de vous revoir. La raison pour laquelle nous nous sommes réunis d'urgence, c'est que, depuis 2015, les agressions sexuelles ont augmenté de 75 %, les infractions sexuelles contre des enfants sont en hausse de 119 %, le confinement forcé ou les enlèvements, de 10 %, le harcèlement indécent, de 86,41 %, la distribution d'images intimes sans consentement, de 801 % et la traite de personnes, de 84 %. La violence entre partenaires intimes a été déclarée épidémie dans 94 municipalités de l'Ontario. En Ontario, 30 femmes ont été tuées en 30 semaines. Les agressions sexuelles par des partenaires intimes ont augmenté de 163 % depuis 2014.
M. Milinovich, inspecteur en chef de la police régionale de Peel, nous a dit durant cette réunion que, chaque jour, dans la région de Peel, une femme était étranglée. Il a dit qu'environ la moitié des gens qui avaient été arrêtés par cette unité avaient déjà été libérés sous caution depuis leur arrestation.
Madame Walker, madame Alexander, vous nous avez toutes deux raconté de terribles histoires, en particulier, celle de Breanna Broadfoot, dont l'assaillant était en liberté alors qu'il n'aurait pas dû l'être.
Madame Alexander, votre agresseur est en liberté en raison de l'arrêt Jordan, essentiellement parce que l'affaire a trop traîné, donc, apparemment, le crime n'a pas d'importance — le crime dont vous avez été victime n'a pas d'importance.
La semaine dernière, une femme à Ottawa s'est fait poignarder, en plein jour, s'est fait trancher la gorge, et tout cela sous les yeux de ses enfants. Des spectateurs innocents ont dû lui tenir la main et lui dire que ses enfants étaient en sécurité.
Le projet de loi a été adopté en 2019 sous le gouvernement libéral actuel. En 2019, il y a eu environ 215 000 victimes au total. En 2023, ce nombre était passé à 251 000, soit une augmentation de 17 %. Il est évident que ce projet de loi a aggravé la situation. Il a édulcoré la réforme du cautionnement.
Madame Walker, madame Alexander, ce projet de loi a permis à ces délinquants, à ces agresseurs, d'être libérés. Pourquoi les victimes ou les survivantes signaleraient-elles des actes de violence et d'agression si l'on ne fait rien?
Pourquoi est‑ce qu'un agresseur cesserait d'agresser s'il savait qu'il n'y a aucune conséquence?
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C'est ça, le cœur du problème.
La loi, telle qu'elle est conçue actuellement, ne convient pas.
Tout d'abord, nous devons reconnaître que toutes les femmes et les filles pourraient être victimes de violence et de féminicide pour la seule raison de leur genre. Si nous ne pouvons pas le reconnaître quand on rédige une loi ou même quand on envisage une loi, nous avons un problème.
Je vous le dis, tout ce que vous dites aujourd'hui est juste.
Que voulons-nous faire? Nous voulons faire partie de la solution.
J'ai pensé qu'un groupe de personnes pourrait être à la table avec des représentants du gouvernement pour formuler des recommandations sur les modifications qui devraient être apportées.
Je sais que je prends trop de temps, mais j'aimerais dire une dernière chose là‑dessus.
L'idée ici n'est pas de savoir si cela relève du provincial ou du fédéral. C'est une question qui concerne les femmes. Les femmes doivent être au cœur de l'enjeu. Je ne veux pas m'adresser à l'un, puis à l'autre, parce que cela n'aide pas. Cela n'aide en rien lorsque l'on me dit que c'est un enjeu provincial. Cela n'a pas d'importance.
Oui, comme vous l'avez entendu, selon les statistiques, la police de Peel nous dit qu'elle reçoit au moins un signalement d'étranglement par jour, et nous savons que les incidents ne sont pas tous signalés à la police. D'avril dernier jusqu'au début du mois d'octobre, nous avons reçu 17 cas d'étranglement.
Nous avons commencé par comprendre, dans notre initiative de collaboration, que nous devions avoir une bonne formation et être capables d'augmenter notre capacité, afin de tous comprendre l'enjeu et de pouvoir réagir. Nous avons fait appel à des gens de l'institut de prévention de l'étranglement, strangulation prevention institute, pour qu'ils viennent nous donner de la formation, afin que nous puissions commencer à reconnaître les signes d'étranglement, poser les bonnes questions et renseigner les gens à ce sujet.
Cela nous a permis de commencer à évaluer les gens en posant ces questions, parce que nous savons que, bien souvent, les victimes de violence entre partenaires intimes ne parlent pas d'étranglement. Parfois, l'étranglement était si grave qu'elles ont perdu connaissance. Elles ne se rappellent pas de tout. Nous devons poser des questions pour savoir en quoi consistait la violence et quels gestes ont été posés. Nous savons aussi que les femmes de couleur n'auront pas nécessairement de marques sur leur cou dans les cas d'étranglement.
Nous avons commencé par cette formation, puis nous nous sommes réunis pour élaborer un protocole de prévention contre l'étranglement, dans notre région, et il sera mis en œuvre et utilisé pour former nos 24 partenaires. Ainsi, nous aurons tous les mêmes critères d'évaluation et nous nous servirons tous de la même évaluation des risques pour déterminer le niveau de risque et nous assurer que les victimes obtiennent les soins médicaux dont elles ont besoin.
Nous savons aussi que, dans les cas d'étranglement, la femme pourrait dire « Je me sens bien, je ne ressens rien », mais les blessures internes pourraient se faire sentir seulement des jours, voire des semaines plus tard, et ces blessures pourraient entraîner la mort.
Les recherches sont claires. Nous savons qu'une femme qui a été étranglée a 750 % plus de risque d'être tuée par l'homme qui a commis l'acte. Quand les gens du strangulation prevention institute parlent d'étranglement, ils disent que ce sont des hommes qui ont le complexe de Dieu. Quand ils peuvent entourer le cou de quelqu'un avec les mains et qu'ils savent que, ultimement, ils ont le pouvoir de l'empêcher de respirer... qu'ils peuvent tuer cette personne... C'est la forme de violence la plus extrême qui soit. Nous devons y porter attention. Nous devons en parler, et nous devons en parler aux jeunes.
Nous avons commencé il y a quelques années à parler dans les écoles de relations saines, mais nous devons aussi parler de relations malsaines et expliquer quels sont les signes de violence. Nous devons les nommer.
Cela fait partie du travail que nous faisons. Nous savons que nous devons en faire plus, parce qu'un cas d'étranglement par jour, c'est trop, et c'est seulement ce que la police de Peel a pu nous donner jusqu'à maintenant.
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, j'aimerais remercier Mme Walker et Mme Alexander d'être assez braves pour revenir ici après le fiasco de l'été dernier. On devrait vous applaudir. Vous êtes des femmes vraiment fortes.
J'aimerais parler de deux ou trois choses.
Madame Walker, vous avez dit, le 15 septembre 2022, que le , la , l'ancien ministre de la Justice et la avaient participé à une réunion pour parler de l'urgence de se pencher sur la définition de « féminicide » dans le Code criminel. Cela fait deux ans, et rien n'a encore été fait.
Les féminicides, ce n'est pas un enjeu privé. Les ordonnances de non‑communication, les engagements en général et les engagements de ne pas troubler l'ordre public donnent aux femmes et aux filles une fausse impression de sécurité et les exposent à un plus grand risque de féminicide. Je veux remettre les pendules à l'heure, parce que je sais que mes collègues d'en face continuent de dire que cette réforme du cautionnement relève du provincial, d'une loi provinciale. Laissez-moi être bien claire: même si les juges provinciaux et les juges de paix sont nommés par la province, ils doivent respecter les lois sur le cautionnement rédigées et mises en œuvre par le gouvernement fédéral.
Je comprends qu'il faut éduquer; je comprends que tous les hommes ne sont pas mauvais, mais, si nous ne changeons pas les lois, cet enjeu continuera d'être un problème. Êtes-vous d'accord pour dire qu'il est maintenant temps d'agir plutôt que de continuer de faire des recherches? Nous n'avons pas besoin de plus de recherches. Nous savons ce qui se passe. Réglons le problème.
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Merci beaucoup, madame la présidente, et merci à toutes nos témoins.
Nous ne voulons certainement pas vous recevoir ici et vous dire que le système judiciaire fonctionne comme il se doit, alors que ce n'est clairement pas le cas; j'ai l'impression qu'une députée libérale vient de le faire. Je crois que tout est là. Cela revient à la question que je vous avais posée.
Pourquoi est‑ce qu'une femme ou une personne qui est victime, une survivante, dénoncerait son agresseur, alors qu'elle sait que rien ne sera fait, et pourquoi un agresseur arrêterait‑il de tourmenter sa victime s'il sait qu'il n'y aura aucune conséquence? Tout cela concerne la loi. Tout ce que vous avez dit aujourd'hui, madame Alexander, montre qu'il n'y a aucune conséquence dans le système juridique actuel. Il n'y a rien qui empêche une personne de commettre un meurtre prémédité, en plein jour — oui, en plein jour. Je ne sais pas quoi dire de plus pour montrer à quel point c'est sérieux.
La députée libérale, en face, dit: « Eh bien, entrons dans les détails. Le projet de loi fonctionne très bien. » Ce n'est pas vrai. Il ne fonctionne pas. Des personnes meurent. Arrêtons de perdre du temps et faisons ce qui doit être fait.
Le projet de loi était censé améliorer les choses, mais il a eu un effet inverse. Les statistiques le montrent. C'est la réalité pure et dure.
Je vais maintenant revenir à Mme Alexander. Je crois que l'une des choses que les gens ne comprennent pas est l'arrêt Jordan. Comment est‑ce que quelqu'un qui vous a, comme vous dites presque battue à mort...? Vous avez des preuves vidéo. Il a été libéré sous caution pour 500 $, dès le lendemain. Est‑ce que c'est la seule fois où il a été en prison?
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Personne ne comprend, parce que, quand j'ai parlé à des juges et à des procureurs, aux États-Unis, ils ont dit: « Mais qu'est‑ce qu'il se passe au Canada? »
C'est une honte nationale, et les criminels le savent, c'est pourquoi ils restent au Canada. C'est pourquoi le Canada occupe le quatrième rang mondial au chapitre de la traite des personnes, et c'est pourquoi nous voyons des chiffres aussi troublants, des hausses de centaines de points de pourcentage. Toutes ces statistiques, ce sont des personnes. Toutes ces statistiques, ce sont des personnes comme moi. Ce sont vos sœurs. Ce sont des membres de votre fratrie. Ce sont des membres de votre famille. Ce sont vos voisins. Il n'y a pas, depuis très longtemps, de système judiciaire dans le pays.
J'en ai assez de devoir le répéter, alors que c'est une évidence. Je perds une sœur, une sœur survivante, chaque jour. Je n'en peux plus des appels téléphoniques, des messages texte, des messages Facebook, des courriels qui disent: « elle est morte », ou « il est en liberté », ou « il a été libéré sous caution », ou « il y a 38 chefs d'accusation contre lui, mais il a le droit de voir mon enfant, et il vient juste de me violer et de me mettre enceinte, encore une fois ».
Je ne fais pas de blague. C'est ce qui se passe dans le pays. Ils continuent de faire cela, parce que vous ne les jetez pas en prison.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je crois que tout le monde ici, toutes les témoins et tous les membres du Comité, sont d'accord pour dire que ce que nous faisons ne fonctionne pas. Le taux de féminicides est horrifiant. Après avoir été élue, j'ai siégé au Comité pendant quatre ans, et nous parlons encore de cela. Une des choses que nous avons recommandée, très tôt, en tant que comité, était un plan d'action national. Nous ne pensions pas que nous l'aurions. Marc Serré était peut-être au Comité avec moi, à ce moment‑là. Aujourd'hui, 500 millions de dollars ont été investis dans le plan d'action national, mais le problème demeure important.
Si je peux me permettre, j'ai une demande à faire à nos analystes, parce que l'on a parlé d'un bon nombre de choses.
Écoutez, je ne veux pas montrer du doigt les gouvernements fédéral, provinciaux ou municipaux... Les administrations municipales sont également responsables des erreurs des services de police. Nous devons nous assurer que tout le monde met les bouchées doubles. La Fédération de la police nationale a dit: « Dans une bonne partie du Canada, et en particulier en Ontario, les juges de paix sont nommés par décret, mais ils n'ont généralement pas d'expérience juridique en tant qu'avocat ou n'ont pas de diplôme en droit, et ce sont eux qui président la quasi-totalité des audiences de mise en liberté sous caution. » Ce sont des nominations provinciales. Dans ma région, à Halton, le gouvernement a annulé la construction d'une nouvelle prison. Savez-vous ce qui se passe? Les juges ne siègent plus dans la région de Halton, parce qu'il y a de la moisissure. Lorsque vous parlez de l'arrêt Jordan... La province n'a pas construit de palais de justice à Halton. Il est en train de s'effondrer, et les prisonniers sont libérés. Croyez-moi, la situation m'horrifie, et je trouve tout aussi horrifiant que, puisque les détenus se retrouvent à trois par cellule, les juges ne les envoient pas dans une prison provinciale. Nous sommes tous responsables de cela.
J'ai quelque chose à demander aux analystes. Est‑ce qu'ils pourraient dire qui est responsable de quoi dans le système de justice pénale? Également, il y a un rapport de Statistique Canada intitulé: « Les comptes moyens des adultes dans les programmes correctionnels provinciaux et territoriaux » qui montre, année après année, le nombre de détenus et le nombre de personnes libérées sous caution. Je suis retournée voir les chiffres. De 2010 à 2011, 59 % des gens étaient détenus sous caution. Aujourd'hui, c'est 80 % des gens. Les statistiques ne concordent pas avec ce qui se passe dans le système judiciaire.
Je suis désolée, j'ai oublié de démarrer mon chronomètre. Je suis très émotive.
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Merci, madame la présidente.
Il y a encore beaucoup de questions que j'aimerais poser. C'est un sujet crève-cœur, et je n'ai que deux minutes et demie de temps de parole pour en parler.
Ce que le Québec fait n'est pas parfait, mais, ce que la province a fait de bien concernant le problème de la violence faite aux femmes, c'est d'écarter toute manifestation de partisanerie politique et de rédiger un rapport non partisan. L'objectif était de rebâtir la confiance. Des députés de toutes les formations politiques ont donc considéré la question dans un esprit de collaboration intersectorielle, avec des gens du système de justice, du système de santé et du milieu communautaire.
Un rapport a maintenant été déposé, et nous devrons l'analyser et nous pencher sur les recommandations qui ont été formulées et leurs conséquences. Je pense notamment à la question des tribunaux spécialisés qui testent en ce moment l'utilisation de bracelets électroniques. Il nous faut aussi rebâtir la confiance. De notre côté, cela concerne la question de la criminalisation du contrôle coercitif, qui relève du fédéral.
Madame Jeshani, j'aimerais que vous me répondiez en 30 secondes, parce que j'aimerais ensuite poser une dernière question à Mme Dugal.
Cela ne réglera pas tous les problèmes, mais en quoi le fait de procéder à la criminalisation du contrôle coercitif, à la criminalisation de cette expression et à la reconnaissance du terme « féminicide » dans le Code criminel fait-il partie des pistes de solution qu'il faut explorer?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Avant de poser ce qui sera probablement ma dernière question, j'aimerais faire deux ou trois petits commentaires.
Le premier s'adresse à nous tous, les parlementaires. Si nous voulons vraiment régler le problème, avancer et obtenir de vrais résultats, il faut d'abord reconnaître ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
De toute évidence, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas lorsque des femmes sont agressées et que des hommes reçoivent une peine bonbon, parce que les lois ont changé. Des collègues ont déjà soulevé des cas où des criminels avaient reçu une absolution ou avaient été mis en liberté sous caution. Ils purgeaient leur peine à la maison, alors qu'ils auraient plutôt dû être emprisonnés. Comme parlementaires, nous devrions regarder ce qui se passe dans de tels cas, aborder le problème de la bonne façon et reconnaître qu'il faut apporter les changements qui s'imposent.
Mon deuxième commentaire concerne l'invisibilisation des femmes. On enlève, ou on tente d'enlever, le mot « femme » de nos lois pour le remplacer par un mot un peu plus générique, comme « individu » ou « personne », parce que c'est à la mode. Il y a notamment eu un cas à Québec, et d'autres tentatives ont été entreprises en ce sens. Je regrette, mais je n'adhère pas à cette tendance, et je suis contente que ce soit consigné.
Mon troisième commentaire s'adresse à vous, madame Walker. Vous avez dit qu'on aurait pu prévenir une grande partie des féminicides qui ont eu lieu. Cela me donne froid dans le dos de savoir qu'on aurait pu les prévenir, mais que, comme société, on n'a pas réussi à protéger ces femmes. Au Québec, il y a une histoire d'horreur en cours qui touche des enfants. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Il y a une rupture.
Mon quatrième commentaire s'adresse à Mme Jeshani. Chère madame, j'ai fait une tentative, et ma collègue Mme Larouche a fait de même, pour avoir certaines réponses. Je vous demanderais donc d'apporter des précisions. Quand vous dites, comme d'autres, qu'il faut criminaliser le féminicide, je suis d'accord avec vous. Cependant, il faut que la question soit assortie d'une argumentation et d'une trame narrative susceptibles de démontrer en quoi cela va changer les choses. En effet, il y a des gens qui vont dire qu'un féminicide, c'est la même chose qu'un meurtre. Ils diront alors qu'il n'est pas nécessaire d'ajouter des fioritures dans le Code criminel, pour le dire comme cela.
Nous devons faire œuvre utile, comme comité. Je vous serais donc reconnaissante de nous envoyer les raisons pour lesquelles vous et les autres témoins pensez que le fait d'inscrire le mot « féminicide » dans le Code criminel va améliorer la situation et prévenir des féminicides. À ce sujet, comme à bien d'autres égards, je reste sur ma faim, aujourd'hui.
Madame Roberts, je sais que je devais partager mon temps de parole avec vous. Je ne sais pas si je vous ai laissé du temps. Je suis désolée si ce n'est pas le cas.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie chaleureusement les témoins d'être avec nous.
Le sujet sur lequel nous nous penchons est extrêmement difficile. Je suis d'accord avec les témoins au sujet de la difficulté de trouver à quel ordre de gouvernement il faut s'adresser. Il faut dégager des solutions. Comme l'a dit Mme Vien tantôt, il faut absolument trouver des solutions précises, si nous voulons régler cette crise.
Avant de poser ma question, je veux clarifier des commentaires qui ont été formulés tantôt. Dans le cadre du plan d'action national, le gouvernement a alloué, l'an passé, 500 milliards de dollars pour aider les dix provinces et les trois territoires à lutter contre la violence faite aux femmes. Un rapport sera soumis en décembre sur les progrès réalisés dans les dix provinces et les trois territoires. Cela dit, on sait que, 500 milliards de dollars, ce n'est pas assez. Il faut donc trouver des solutions.
Madame Alexander, vous avez parlé de votre organisme. Je vous remercie pour tout ce que vous accomplissez. Cela doit être extrêmement difficile pour un organisme à but non lucratif de composer avec le système en tenant compte du point de vue des victimes. Je ne peux même pas l'imaginer.
Comment le gouvernement fédéral pourrait-il vous aider? Comment pourrait-on financer un genre de système susceptible de remédier à la situation? On sait que les procureurs de la Couronne ne sont clairement pas là pour aider les victimes. Évidemment, il faut aussi tenir compte des provinces.
Le gouvernement fédéral a prévu un budget de 30 millions de dollars pour soutenir les lignes d'assistance téléphonique en cas de crise. Pourrait-on greffer à ce programme une ligne d'assistance téléphonique pour aider les femmes victimes de violence en situation de crise? Ce serait une façon de réunir les gens.
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C'est quelque chose qui se fait, au Mexique, en ce moment. Nous allons l'étendre, également, car ce problème est un problème mondial, de toute évidence. D'ailleurs, il y a un autre numéro, le 555, que vous pouvez composer si vous craignez des agressions sexuelles, de la violence entre partenaires intimes ou un féminicide. Le programme est actuellement mis en œuvre. Je serai ravie de vous en dire plus.
Un programme de défense des droits doit aussi être mis sur pied. C'est une chose dont nous pouvons parler. Nous comprenons l'approche étape par étape, car nous l'avons vécue.
J'offre aux survivantes quelque chose que j'aurais souhaité avoir, après avoir été victime d'une tentative de meurtre; cette personne, exactement un ami. Nous l'appelons « un ami ». Nous appelons cela une réinsertion dans la reconstruction de la vie. Il faut supprimer toutes ces prises en charge cliniques, tout ce jargon de clientèle et faire en sorte que le programme tienne compte des traumatismes.
Cela fonctionne. J'ai contacté le service de police de la région de Peel, et en fait, plus de rapports ont été produits. J'ai contacté des commissions scolaires. Nous aidons. J'ai pu discuter avec une jeune fille de 13 ans de son agression sexuelle et j'ai pu l'aider à poursuivre son agresseur comme il se doit.
Nous avons besoin de ressources pour le faire. Je me suis appuyée sur le financement privé, simplement parce que j'ai accès des États-Unis. Ce n'est pas la majorité des organismes sans but lucratif aux États-Unis, mais j'ai invité des hommes d'affaires à siéger à notre conseil d'administration pour faciliter ce genre de choses.
Je serais ravie de discuter de la manière dont nous pouvons financer un programme de défense des droits adéquat au Canada, afin que les survivantes et leurs familles sentent qu'elles sont soutenues dans tout le système judiciaire.
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En fait, les données ne sont pas là. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous devons nommer ce phénomène féminicide.
Dans bien des cas, quand on regarde le nombre des homicides, il est parfois très difficile de savoir s'il s'agit d'une femme victime d'un féminicide en lien avec la violence entre partenaires intimes. Dans certains cas, la police ne pose pas la question. Dans de très nombreux cas, il faut que les avocats soulèvent la question, disent qu'ils considèrent cela comme de la violence entre partenaires intimes, que cela est lié à la violence et qu'ils souhaitent que les policiers retournent jeter un œil à l'affaire.
La manière dont les données sont recueillies manque d'uniformité. Nous avons besoin d'information sur les antécédents des victimes, leur situation sociale, leur race, leur situation géographique et sur le nombre de fois qu'un signalement à la police a été fait avant que cela se produise. Si la victime n'a jamais fait de signalement à la police, pourquoi? Que dit sa famille à propos de ce qui s'est produit? Qu'ont vu les voisins?
C'est le genre d'information que nous avons pu recueillir grâce à une subvention de recherche pluriannuelle, financée par le gouvernement et dirigée par Mme Myrna Dawson; subvention de recherche qui a mené à la fondation de l'Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation. Voilà pourquoi nous avons besoin des données. C'est parce que nous avons besoin de responsabilisation.
Nous devons également savoir combien de fois des accusations sont portées. Que se passe-t‑il ensuite?
Bien sûr, les données existent quelque part à Statistique Canada ou quelque part dans une base de données de la police, mais il faut que ces données soient recueillies et colligées pour nous.
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Merci, madame Dugal et monsieur Serré.
Et c'est tout pour notre groupe de témoins, d'aujourd'hui. La séance a commencé à 11 h 3, donc nous finirons à 13 h 4 environ, car nous avons eu une minute de suspension également.
En outre, j'aimerais encourager ou prier les témoins qui n'ont pas eu l'occasion de répondre aux questions... Si ces témoins souhaitent soumettre des informations supplémentaires en réponse aux questions qui leur ont été posées, elles peuvent le faire, nous en serions ravis.
Au nom du Comité, j'aimerais vous remercier d'être venues ici, de vous être jointes à nous en ligne et vous remercier pour vos témoignages.
Aux membres du Comité, il nous reste encore environ deux minutes pour parler des affaires du Comité. Il y a quelques questions administratives à régler avant la prochaine séance.
En ce qui concerne les services de soutien en santé mentale pour les témoins, c'est une chose que nous avons déjà faite par le passé dans le cadre de l'étude sur les comportements coercitifs. Tout le monde est‑il d'accord pour offrir ces services de soutien aux témoins dans le cadre de la présente étude?
Des députés: D'accord.
La présidente: Une proposition de budget a été distribuée, et le budget révisé a été distribué ce matin. L'intention du Comité est-elle d'adopter le budget tel que proposé?
Des députés: D'accord.
La présidente: Maintenant, le Comité souhaite-t‑il lever la séance?
Des députés: Oui.
La présidente: La séance est levée.