FAIT Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON FOREIGN AFFAIRS AND INTERNATIONAL TRADE
COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le jeudi 20 novembre 1997
[Traduction]
Le président (M. Bill Graham (Toronto-Centre—Rosedale, Lib.)): La séance est ouverte. Conformément aux articles 110 et 111 du Règlement, nous examinons aujourd'hui la nomination par décret de Mme Mary Clancy en qualité de consule générale du Canada à Boston.
La greffière a eu la prévenance de nous distribuer un exemplaire des articles du Règlement conformément auxquels nous examinons cette nomination, un exemplaire de la nomination par décret et un exemplaire de la biographie de Mme Clancy.
Madame Clancy, bienvenue à notre comité. Vous ne semblez pas être bronzée, alors je présume que vous avez passé tout votre temps à Boston et non pas plus au sud depuis votre nomination.
Mme Mary Clancy (consule générale du Canada en Nouvelle- Angleterre): Effectivement.
Le président: Bienvenue à notre comité. Je crois comprendre que vous avez un court exposé à nous faire au sujet de vos nouvelles responsabilités.
Mme Mary Clancy: En effet.
Le président: Nous passerons par la suite à l'habituelle période de questions de cinq minutes pour chaque intervenant, jusqu'à ce que tous les membres du comité soient satisfaits.
Mme Mary Clancy: Merci, monsieur le président.
[Français]
Bonjour tout le monde. J'aimerais remercier tous les membres du comité de me donner l'occasion de venir parler de mon expérience en tant que Consul général du Canada en Nouvelle-Angleterre. Je suis en poste depuis peu de temps, mais j'ai eu la chance de participer à de nombreuses activités dès mon arrivée à Boston et je peux vous dire que je n'ai pas chômé au cours des derniers mois.
[Traduction]
J'ai un très bref exposé sur le rôle du consul général. J'aimerais tout d'abord vous parler de mon rôle en tant que lien principal avec la communauté politique.
Le chef de mission en poste en Nouvelle-Angleterre a la responsabilité de promouvoir et de défendre les intérêts commerciaux au Canada, surtout auprès de la communauté politique. Pour cette raison, il est nécessaire de bien comprendre le fonctionnement du processus politique, d'avoir un sens naturel de certaines réalités politiques et d'être sensible aux pressions exercées par les différents groupes d'intérêts auprès des représentants élus. Ce sont des éléments clés si on veut réussir à atteindre les objectifs de promotion et de défense des intérêts du Canada en matière de commerce et de politiques commerciales.
En ma qualité de consule générale, j'ai déjà commencé à tisser des liens personnels en établissant des contacts politiques clés, notamment avec les gouverneurs du Maine, du Vermont, du New Hampshire, du Massachusetts et du Rhode Island, avec les dirigeants législatifs dans ces États, avec plusieurs membres du Congrès de la Nouvelle-Angleterre, avec les administrateurs en chef de la New England Governors' Conference et avec les principaux secrétaires—que nous appelons ici ministres—au sein de l'administration des États de la Nouvelle-Angleterre.
Je participe activement à la coordination et à l'exécution des campagnes de promotion des intérêts canadiens dans la région. Mes contacts personnels avec les membres de la communauté politique de la Nouvelle-Angleterre ont déjà donné des résultats positifs sur un certain nombre de questions clés, notamment l'appui des membres de la New England Governors' Conference et des représentants de la Nouvelle-Angleterre au Congrès à l'égard d'une modification à l'article 110 de l'IIRIRA, et une plus grande sensibilisation au processus d'Ottawa concernant les mines antipersonnel. J'ai par ailleurs réussi à obtenir que la communauté politique de la Nouvelle-Angleterre fasse des pressions sans précédent pour avoir la pleine participation des États-Unis à la signature du traité à venir.
En ce qui concerne la liaison avec le monde des affaires, l'an dernier, les échanges commerciaux entre le Canada et la Nouvelle- Angleterre ont totalisé plus de 25 milliards de dollars américains. En qualité de principal lien avec le milieu des affaires de la Nouvelle-Angleterre, je suis chargée de faciliter les contacts qui se traduisent souvent par des contrats pour les entreprises canadiennes implantées en Nouvelle-Angleterre.
Au cours de mes deux premiers mois là-bas, j'ai réussi à établir un réseau regroupant un grand nombre de gens d'affaires influents dans la région, et j'ai ainsi participé aux activités suivantes: l'exposition commerciale universelle du New Hampshire, où j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le gouverneur Jean Shaheen, du New Hampshire, et avec Cathy Minehan, PDG de la Federal Reserve Bank de Boston.
J'ai été nommée membre du conseil d'administration du New England-Canada Business Council et tout de suite après ma nomination, il va de soi, ce groupe a accueilli Gordon Thiessen, gouverneur de la Banque du Canada. Un très grand nombre de gens d'affaires de la région de la Nouvelle-Angleterre ont assisté à cet événement, qui a reçu une excellente couverture des médias au Canada, ce qui a eu une influence positive sur le marché canadien.
• 0910
Plus récemment, le New England-Canada Business Council a reçu
le gouverneur du Massachusetts, Paul Cellucci, un événement qui a
été très bien couvert et qui a donné bonne presse au Canada dans
les médias de Boston.
Le 7 novembre, le Business Council a parrainé la conférence sur l'énergie, qui a attiré un nombre record de participants, soit 315 personnes d'un peu partout en Amérique du Nord. Le conférencier d'honneur était le premier ministre Brian Tobin, qui a fait un exposé exceptionnel sur les perspectives de sa province en matière d'énergie.
Le 10 novembre, j'ai présidé une vidéoconférence mettant en vedette le ministre John Manley et le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Russell MacLellan, à laquelle ont participé un groupe de gens d'affaires de la Nouvelle-Écosse et 10 grands conseillers en investissement de Boston.
J'ai assisté à de nombreux petits-déjeuners et déjeuners d'affaires et au cours de ces rencontres, je me suis rapidement retrouvée dans une position me permettant de discuter de questions qui intéressent le Canada et de défendre et promouvoir les politiques du Canada.
Mes antécédents avec les médias et ma connaissance des questions canadiennes me sont utiles en tant que porte-parole officiel du gouvernement fédéral en Nouvelle-Angleterre.
J'ai établi de bonnes relations avec le Boston Globe, principal quotidien de la région, qui a un tirage de près de 800 000 exemplaires. Je rencontre formellement et informellement les représentants des médias de la région pour parler de notre actuelle campagne de défense des intérêts, particulièrement en ce qui concerne la modification à l'IIRIRA, et pour obtenir l'appui des États-Unis à une interdiction mondiale des mines antipersonnel. À la suite de ces entretiens, plusieurs articles et un éditorial ont paru dans le Globe dans lesquels on appuyait la modification à l'article 110.
Dans un avenir rapproché, je m'attends à assurer la liaison avec les médias régionaux sur la question de la chasse aux phoques au Canada, question qui gagne en visibilité à l'heure actuelle en Nouvelle-Angleterre.
Voici quelques exemples de mon calendrier d'allocutions récemment: une allocution au Maine International Trade Center sur l'importance de l'ALÉNA et les relations commerciales entre le Maine et le Canada; une séance d'information pour la mission commerciale du Massachusetts au Canada, dont fait partie le gouverneur Cellucci, sur l'économie canadienne et les possibilités de partenariat entre le Massachusetts et le Canada; une allocution devant le Canadian Club sur les liens culturels entre la Nouvelle- Angleterre et le Canada; et une allocution devant la Société historique de Great Barrington lorsqu'il a été décidé que Laura Secord pourrait dorénavant être connue comme une héroïne, tant aux États-Unis qu'au Canada.
À titre d'administrateur en chef et d'agent des finances, je participe directement...
Le président: Est-ce ou non une bonne chose pour nous?
Mme Mary Clancy: Naturellement, c'était une bonne chose, et la société Laura Secord a apporté beaucoup de chocolats. Les Américains ont été fort impressionnés et je crois comprendre qu'ils vont maintenant vendre les chocolats Laura Secord à Great Barrington, au Massachusetts.
Le président: Vous leur avez assuré que du sucre cubain n'entrait pas dans la composition de ces chocolats, n'est-ce pas?
Mme Mary Clancy: J'estime qu'il ne m'appartient pas de vérifier le contenu de...
Des voix: Oh! Oh!
Mme Mary Clancy: Les recettes de Laura Secord sont sacro-saintes, j'en suis certaine.
En tant qu'administrateur en chef et agent des finances, je suis chargée de l'administration du budget annuel de notre bureau, qui totalisait 2,3 millions de dollars l'an dernier. Je suis ultimement responsable de toutes nos transactions financières, des contrats avec les fournisseurs de services et de la gestion responsable de notre mission, qui compte cinq propriétés résidentielles et la chancellerie principale.
Une partie importante de mon temps est consacrée à la résolution de problèmes personnels. Je dois répondre équitablement à toutes sortes de besoins de nos agents du service extérieur affectés à Boston et à ceux des membres de notre personnel recrutés sur place.
En ma qualité de chef de mission, j'accueille les dignitaires canadiens qui viennent régulièrement en visite en Nouvelle- Angleterre pour toutes sortes de raisons. Mes rapports personnels avec les députés ministériels et ceux des partis de l'opposition sont très importants pour moi. Ces rapports, ainsi que mes nombreux contacts avec des représentants des gouvernements provinciaux au Canada, ont déjà été très utiles au succès des visites de personnages de marque en Nouvelle-Angleterre.
Depuis septembre, j'ai accueilli plusieurs hauts dignitaires, notamment l'honorable Don Boudria, lors d'une mission d'enquête concernant le vote électronique dans les assemblées législatives des États; l'honorable Allan Rock, qui a prononcé une allocution sur les soins de santé à la Kennedy School of Government de l'Université Harvard; l'honorable Brian Tobin qui, comme je l'ai mentionné, était principal conférencier à la conférence sur l'énergie; l'honorable Gilles Baril, membre de l'Assemblée législative du Québec, qui accompagnait une mission d'exportateurs canadiens dans le secteur de la haute technologie; l'ancien député John English, représentant spécial du ministre Axworthy sur la question des mines antipersonnel, qui a prononcé une allocution lors d'une réunion en Nouvelle-Angleterre sur les mines antipersonnel organisée par l'Association du grand Boston pour les Nations Unies; et plus récemment, l'honorable Barbara McDougall, ancienne ministre des Affaires étrangères, qui se trouvait à Boston par affaires.
La semaine prochaine, j'accueillerai plusieurs représentants officiels de ma province d'origine, la Nouvelle-Écosse, notamment le premier ministre MacLellan, à l'occasion de la cérémonie annuelle au cours de laquelle sera allumé l'arbre de Noël de la Nouvelle-Écosse à Boston, pour remercier Boston de son aide à Halifax après la terrible explosion de 1917.
Permettez-moi maintenant de vous parler de mon rôle en tant que principal lien avec la communauté diplomatique de la Nouvelle- Angleterre. Il y a une communauté diplomatique très vivante et active à Boston, et un aspect de mon travail consiste à maintenir de bons rapports et une collaboration mutuelle entre notre mission canadienne et d'autres missions diplomatiques.
À cet égard, j'ai déjà communiqué avec plusieurs de nos alliés les plus importants à l'étranger, notamment la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, Israël, l'Italie, la Suède, le Danemark, l'Espagne, le Pakistan et le Venezuela. Je me suis rendue à un certain nombre de reprises à l'étranger, soit pour représenter des ministres, soit comme membre d'une délégation parlementaire.
• 0915
Je voudrais m'arrêter ici et vous transmettre un message très
spécial avec lequel je sais que l'ambassadeur Chrétien et d'autres
ambassadeurs et hauts commissaires sont d'accord. En effet, je
voudrais dire à tous les députés à quel point les délégations
parlementaires dans d'autres pays sont importantes. Cela nous
facilite beaucoup la vie lorsque des députés canadiens de tous les
partis viennent rencontrer leurs homologues dans d'autres pays.
Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'espère que cela va se
poursuivre et que l'Association parlementaire Canada-États-Unis en
particulier continuera à venir aux États-Unis rencontrer les
législateurs locaux et nationaux, car cela facilite davantage notre
travail en ce qui a trait aux mines antipersonnel et à l'IIRIRA. Je
veux vraiment vous dire à quel point ces visites sont importantes
pour nous.
Voilà donc qui conclut mon exposé, monsieur le président. Je serai ravie de répondre à vos questions.
Le président: Merci beaucoup, madame Clancy. Cela a été très utile, et je suis sûr que l'encouragement aux députés à voyager ne tombera pas dans l'oreille de sourds. Peut-être pouvons-nous obtenir un certain appui pour garder le contact avec nos collègues américains. Merci.
Nous allons maintenant passer aux questions. Monsieur Mills.
M. Bob Mills (Red Deer, Réf.): J'aimerais vous souhaiter la bienvenue à notre comité. Jusqu'à présent, j'ai certainement visité plus d'une quarantaine de nos ambassades et hauts-commissariats à l'étranger. Sarkis hoche la tête. Nous avons visité certains d'entre eux. Nous avons certainement trouvé cela profitable et nous convenons avec vous que le mélange... J'espère qu'un jour vous m'accueillerez là-bas moi aussi.
Mme Mary Clancy: Je serai ravie de vous accueillir là-bas. J'ai déjà accueilli un de vos collègues, non pas à Boston mais à Washington.
M. Bob Mills: J'aurais trois questions à vous poser, mais j'aimerais tout d'abord faire quelques observations et indiquer une chose dont nous avons parlé ici, c'est-à-dire la différence entre un consul et un ambassadeur. Je voudrais vous parler de mes contacts récemment avec un consul où cela n'a pas très bien marché, et j'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet.
Il s'agit d'un consul en poste à Tijuana, au Mexique, et de la façon dont il a traité une mère qui venait de perdre son fils. Le consul avait reçu un appel, et il a envoyé sa soeur rencontrer la mère en deuil. Il était en train de faire une partie de golf et il le lui a dit ouvertement. Elle voulait obtenir un exemplaire du certificat de décès. On lui a répondu qu'il y avait une pharmacie à l'autre bout de la ville où elle pourrait faire faire des photocopies. On l'a envoyée prendre un taxi à trois pâtés de rue parce que la soeur du consul ne voulait pas lui faire venir un taxi. Elle a finalement rencontré le consul, mais n'a reçu aucune aide. À ce jour—et cela fait maintenant un an—elle vit à Los Angeles et poursuit le meurtrier de son fils.
Mme Mary Clancy: J'aimerais faire un commentaire à ce sujet. Tout d'abord, je ne peux de toute évidence faire de commentaire sur le cas particulier que vous décrivez...
M. Bob Mills: Non, ce n'est pas ce à quoi je m'attends.
Mme Mary Clancy: ...parce que je ne suis pas au courant. Je ne suis à notre bureau consulaire que depuis deux mois, mais au cours de mes déplacements à l'étranger j'ai certainement été impressionnée par le niveau de nos services à l'étranger dans le secteur du commerce, des affaires étrangères et de l'immigration. Je peux seulement vous parler de mon expérience lorsque je me suis rendue dans des missions au nom des ministres pour inspecter nos services et depuis les deux mois que je suis à Boston, je peux certainement vous assurer que s'il y a un domaine dans lequel notre service extérieur et consulaire excelle, c'est certainement dans celui de l'aide aux Canadiens à l'étranger. S'il y a eu un problème... tout ce que je peux dire, je suppose, c'est qu'il y a toujours un risque de pépin ou d'erreur humaine ou autre. À notre bureau consulaire, nous avons un agent dont la seule responsabilité consiste à s'occuper de dossiers comme celui-là.
M. Bob Mills: Je pense que ce que j'essaie de dire ici...
Mme Mary Clancy: Eh bien, je pense que c'est un cas exceptionnel, Bob, voilà ce que c'est.
M. Bob Mills: Ma foi, j'espère que c'est le cas. Je peux moi aussi faire l'éloge de nos nombreux agents, mais il faut tout simplement avoir quelqu'un qui s'occupe des gens, car ces agents représentent le Canada à l'étranger.
Mme Mary Clancy: Absolument.
M. Bob Mills: Donc, je suppose que nous sommes d'accord et que tout le monde ici autour de cette table est d'accord.
Mme Mary Clancy: Sauf que sans doute...
M. Bob Mills: Espérons que c'est le seul cas où une telle chose se produise. De toute évidence, on s'occupe de ce cas. Je suis sûr que selon la région, ces choses sont spécifiques à une ville, à une région, etc.
Jetons un peu un coup d'oeil aux compétences dont j'ai dressé une liste. Quelles compétences un consul devrait-il avoir à mon avis? J'ai dressé une liste que je vais tout simplement vous lire.
Je pense que pour être à Boston, ces personnes doivent être raffinées. Je pense qu'elles doivent être axées sur les affaires. Vous avez parlé de l'importance des échanges commerciaux qui totalisent 25 milliards de dollars.
Mme Mary Clancy: Milliards.
M. Bob Mills: Milliards, oui.
Je sais que vous vous occupiez de questions sociales lorsque vous étiez ici.
Je suis heureux d'entendre que vous représentez les intérêts commerciaux également, particulièrement les intérêts de la région de l'Atlantique. Je pense que cette région faisait partie des anciennes routes commerciales, et cela est extrêmement important.
Il y a les approvisionnements en énergie.
Il y a la question du Québec. Une chose que j'ai constatée lorsque j'ai visité de nombreuses régions des États-Unis ou d'autres régions du monde, c'est qu'ils veulent savoir ce qui se passe. Ils veulent savoir comment nous pouvons songer à diviser notre pays. Ils se demandent comment nous pourrions faire quelque chose aussi insensée.
Ils veulent quelqu'un qui puisse faciliter les affaires, qui soit accueillant et crédible. Ils veulent quelqu'un qui a une grande variété de relations et de nombreuses compétences diplomatiques. Nous pourrions parler très longuement.
Certains extraits d'un journal de Halifax me préoccupent.
Mme Mary Clancy: Ne croyez jamais ce que vous lisez dans les journaux.
M. Bob Mills: Ces extraits me portent à examiner certaines des compétences que je viens tout juste d'énumérer. Il pourrait y en avoir beaucoup d'autres. On a écrit «elle est vive d'esprit et n'a pas la langue dans sa proche» et «la diplomatie n'est pas son fort». Ce sont des extraits—je peux vous les donner—du Ottawa Citizen, du Hill Times et du Daily News de Halifax. «Elle a l'habitude d'accuser les gens de faire des crises d'hystérie alors qu'ils ne sont tout simplement pas d'accord avec elle».
J'ai un certain nombre d'extraits de ce genre. Vous les avez vus. Vous savez ce dont je parle.
Donc, lorsque je pose mes questions, je suppose que c'est à cela que je songe lorsque je me demande si Mary Clancy serait la meilleure représentante pour moi et pour les Canadiens dans cette région.
Mme Mary Clancy: Puis-je faire un commentaire à ce sujet?
M. Bob Mills: Laissez-moi simplement poser ma question.
Mme Mary Clancy: Certainement.
M. Bob Mills: Le président va m'interrompre si je ne le fais pas.
Étant donné ce que je pense du poste de consul à Boston, je veux savoir quelles sont à votre avis les principales compétences qui vous... Vous en avez parlé dans une certaine mesure, mais je pense qu'il y a autre chose.
Comment allez-vous augmenter le commerce avec les États de la Nouvelle-Angleterre, particulièrement pour la région de l'Atlantique?
Troisièmement—c'est la question la plus difficile—est-ce que votre réputation comme personne qui manque quelque peu de diplomatie dans son langage et ses manières nuira à votre capacité de faire votre travail de diplomate à Boston?
Mme Mary Clancy: Je vous remercie pour votre question, monsieur Mills.
Tout d'abord, en ce qui a trait à ces extraits de journaux, j'en ai entendu de nombreux. Naturellement, j'ai été députée pendant neuf ans, je suivais la ligne de mon parti, j'étais très active et j'en suis fière. J'étais membre d'une équipe. J'avais un programme à présenter. J'avais certains talents d'oratrice que j'ai utilisés lors des débats, comme les députés sont censés le faire. Il se peut qu'à bon nombre de reprises, les gens se soient sentis piqués par ce que j'ai dit lorsque je défendais des questions qui me tenaient beaucoup à coeur.
Tout ce que je peux dire, c'est que l'une des choses dont je peux m'enorgueillir, après ces neuf années comme députée, c'est que jamais, pas une fois, malgré ma prétendue réputation lors des débats, on ne m'a demandé de retirer mes paroles ou de m'en excuser. J'ai toujours réussi à rester dans les limites de la bienséance parlementaire lors des débats.
Deuxièmement, un certain nombre de ces extraits proviennent de journaux qui ont peut-être écrit cela dans un but intéressé. Je pense que lorsqu'on est un homme ou une femme politique, on sait que les journaux ont certaines priorités et qu'il y a des chroniqueurs et des journalistes qui peuvent avoir plus d'affinités avec moi qu'avec vous et vice versa. C'est comme ça que les choses se passent.
Le président: Si M. Mills était nommé ambassadeur à l'étranger, les journaux de sa circonscription seraient ravis. Ils seraient ravis d'entendre cette nouvelle.
Mme Mary Clancy: Je suis certaine qu'ils seraient sans doute ravis, comme nous le serions tous.
C'est intéressant, et je ne tiens pas particulièrement à m'étendre sur le sujet, mais les citations en question concernaient l'un des débats les plus difficiles auquel ont participé tous les députés lors de la dernière législature, et je parle ici du débat sur le contrôle des armes à feu. Permettez-moi de dire aux fins du compte rendu que j'ai alors reçu des appels téléphoniques anonymes et obscènes. J'étais très inquiète car j'ai plusieurs tantes âgées qui sont souvent chez moi à ma maison de Halifax. J'étais très inquiète car je craignais qu'elles répondent au téléphone et tombent sur ces appels. Je fais effectivement allusion à un groupe de gens qui me harcelaient au téléphone et en personne.
Comme certains de mes anciens collègues pourront vous le dire, nous avons été sous la protection de la police pendant un certain temps, et cela a été une période très stressante. J'ai dit que ceux qui ont recours à de telles méthodes de harcèlement téléphonique, qui font des appels téléphoniques obscènes et des attaques obscènes sur Internet étaient de véritables voyous, et je maintiens ce que j'ai dit. Le problème, c'est que certaines de ces citations dans les journaux ont été prises hors contexte. Si vous voulez avoir une explication plus détaillée, vous pouvez lire les articles écrits par Rob Martin dans les numéros du mois d'août de Daily News. Vous y trouverez un reportage beaucoup plus complet que certains des extraits des chroniqueurs auxquels vous avez peut-être eu accès.
Le président: Les dix minutes sont presque écoulées. Je suis certain que vous aurez l'occasion de poser d'autres questions au second tour de table.
Monsieur Sauvageau.
[Français]
M. Benoît Sauvageau (Repentigny, BQ): Merci. Je suis heureux de vous revoir dans vos nouvelles fonctions, madame Clancy. J'aurais quelques questions à vous poser parce que, comme plusieurs autres collègues, j'ai été surpris d'apprendre votre nomination.
Lorsque vous dites que vous n'avez jamais été amenée à vous excuser en Chambre, j'aimerais savoir si les réformistes ne vous ont pas demandé de vous excuser, M. Hanger en particulier, quand vous avez laissé entendre qu'il voulait tuer certains immigrants qui entraient au pays. Vous ne vous êtes pas excusée et vous avez dit dit que c'était une joke que vous vouliez faire. J'aimerais que vous vous expliquiez là-dessus.
Et lorsqu'on parlait de votre manque de diplomatie, je pense que M. Mills faisait référence aux Chinois que vous avez traités de «twits» lors de votre voyage en Chine, au Congrès des femmes, concernant un coup de téléphone ou quelque chose comme cela. J'ai vu cela dans le journal et...pouvez-vous me laisser terminer?
[Traduction]
Mme Mary Clancy: Monsieur le président, je suis désolée, mais M. Sauvageau vient tout juste de citer quelque chose que je n'ai jamais dit.
[Français]
M. Benoît Sauvageau: Il y a quelques questions que je voudrais poser.
[Traduction]
Le président: Deux personnes ne peuvent pas parler à la fois.
Mme Mary Clancy: M. Sauvageau vient tout juste de dire que j'ai traité les Chinois de «twits».
[Français]
M. Benoît Sauvageau: C'est dans le journal de Halifax.
[Traduction]
Mme Mary Clancy: Non, je n'ai jamais vu—J'aimerais voir cela tout de suite. Je suis désolée, monsieur le président, mais Mme Augustine, qui était avec moi en Chine, saurait que ce n'est pas le cas. J'aimerais bien savoir d'où cela vient. Je suis très fière de mes réalisations dans le domaine des droits de la personne et je n'ai jamais au grand jamais utilisé ce genre de langage péjoratif à l'égard de quelque groupe que ce soit.
Monsieur le président, je demanderais à M. Sauvageau de citer les sources sûres, car je peux vous dire que si un journal de Halifax me faisait dire une telle chose, je le poursuivrais devant les tribunaux.
[Français]
M. Benoît Sauvageau: Étant donné qu'on a...
Le président: Excusez-moi, monsieur Sauvageau.
[Traduction]
Monsieur McWhinney, un rappel au Règlement.
M. Ted McWhinney (Vancouver Quadra, Lib.): Lorsqu'on pose des questions, il n'est pas permis de citer des ouï-dire comme s'il s'agissait d'un fait. Je pense que si un membre du comité souhaite soulever cette question, il a le droit de vous demander si vous êtes au courant que telle et telle personne a dit cela, en identifiant cette personne. Il doit demander si ce qu'il a dit est juste ou non à votre avis. Je crois que c'est la bonne façon de procéder.
[Français]
Le président: M. Sauvageau voudrait parler.
M. Benoît Sauvageau: Je voudrais en effet poser des questions à Mme Clancy.
Le président: D'accord, mais est-ce que vous vous avez des preuves de ce que vous avancez?
M. Benoît Sauvageau: Oui, on va les déposer dans cinq minutes.
Le président: D'accord.
[Traduction]
Mme Mary Clancy: J'espère que ce pourra être déposé avant mon départ d'ici aujourd'hui, car...
Le président: M. Sauvageau a dit qu'il donnera la source de cette citation.
Mme Mary Clancy: Très bien.
Le président: Quoi qu'il en soit,
[Français]
vous avez une question un peu plus générale?
M. Benoît Sauvageau: Bien sûr. De toutes façons, je ne me serais jamais basé uniquement sur des rumeurs ou sur des propos écrits dans les journaux. J'ai deux questions pour Mme Clancy.
• 0930
J'ai amené le journal The Telegraph Journal de Saint-Jean,
Nouveau-Brunswick, du 19 juillet 1997, et je vous cite:
[Traduction]
-
«Bien sûr le patronage existe», dit-elle. «Il n'y a rien de mal à
faire une telle nomination si la personne en question a toutes les
compétences voulues».
[Français]
Donc, vous avez dit: Of course there's patronage. Est-ce que vous maintenez toujours que c'est du patronage, votre nomination?
[Traduction]
Mme Mary Clancy: Oui. Le patronage est un mot qui peut être défini de plusieurs façons. Puis-je nier que j'ai été députée libérale pendant neuf ans, que j'ai toujours été un membre actif du Parti libéral depuis ma naissance? Non—pas plus que je nierais certaines autres choses qui font de moi la personne que je suis aujourd'hui.
Je l'ai dit souvent: l'activité politique est une chose honorable. Je ne pense pas qu'aucun de nous serait assis à cette table aujourd'hui si nous ne le croyions pas. Je pense qu'il est fort malheureux que des gens aient un point de vue erroné sur les hommes et les femmes politiques. Bien que je puisse être en désaccord avec la philosophie ou les méthodes d'un autre député, j'ai un respect très profond pour chacun des députés, et je crois que la grande majorité de ceux qui ont été députés au pays depuis le début de son histoire ont été des gens dévoués, qui travaillaient fort et fidèles à leurs convictions. J'ai souvent dit que l'activité politique ne vous qualifiait pas nécessairement pour un poste en particulier, mais qu'elle ne vous disqualifiait pas non plus.
[Français]
M. Benoît Sauvageau: Même si votre premier ministre s'est fait élire en disant que les Conservateurs faisaient trop de patronage et qu'il s'opposait au patronage, vous affirmez toujours que votre nomination est une nomination de patronage, et je constate que vous trouvez cela correct.
[Traduction]
Mme Mary Clancy: Absolument, et je ne pense pas que le premier ministre ait jamais dit qu'il n'allait pas nommer des gens qu'il connaissait à un certain nombre de postes, tout comme il nomme des gens qu'il ne connaît pas à un certain nombre de postes. Il y a de nombreuses nominations, monsieur Sauvageau, et il ne s'agit pas toujours d'hommes ou de femmes politiques.
[Français]
M. Benoît Sauvageau: Surtout chez les Libéraux.
Mes deux premières questions ont peut-être été mal posées, mais j'aimerais vous entendre sur ma dernière question. Vous avez dit que certains visiteurs vous demandaient ou vous posaient des questions, entre autres, sur la situation au Québec. Que leur répondez-vous sur la situation politique au Québec?
[Traduction]
Mme Mary Clancy: La plupart des gens sont tout à fait au courant de la situation. Ils posent des questions au sujet du référendum. La plupart des questions ont tendance à être posées dans un contexte historique. Je peux vous dire que lorsque je suis allée à Québec, j'ai passé toute une journée dans la ville de Québec où j'ai eu d'excellentes séances d'information du gouvernement du Québec, plus particulièrement de leur bureau des affaires étrangères et des divers délégués commerciaux.
J'entretiens des rapports étroits avec un certain nombre de gens qui travaillent dans ces bureaux. J'ai dit au directeur général des Affaires étrangères que bien que ma position concernant la Constitution soit bien connue et bien documentée, je ne crois pas que c'est en nuisant aux débouchés commerciaux du Québec en Nouvelle-Angleterre que nous allons gagner le coeur et l'esprit des Québécois.
Par conséquent, j'ai été ravie de promouvoir les intérêts de diverses régions du Québec auprès des gens qui me posent des questions. Je parle du Québec comme étant un bon endroit où faire des affaires. Je parle du fait que la situation politique est de toute évidence une question inquiétante, mais que le Canada résoudra seul ses problèmes de politique interne d'une façon équitable et démocratique. En général, cela semble satisfaire les gens qui posent des questions.
Comme je l'ai dit, nous avons eu des visiteurs du Québec. Comme vous le savez, il y a un délégué du Québec en Nouvelle- Angleterre et je l'ai rencontré. Je suis très satisfaite de nos rapports avec le Québec, et je pense que je peux dire qu'en retour je pense que le Québec est très satisfait du service qu'il reçoit du consulat à Boston.
[Français]
M. Benoît Sauvageau: Je vous remercie de votre réponse. Ma dernière question, si j'ai encore du temps, sera de vous demander ceci: le Canada vit présentement une négociation assez difficile sur l'AMI, l'Accord multilatéral sur l'investissement, et surtout en ce qui concerne la clause de l'exception culturelle. Les Américains ne sont pas des alliés très sérieux du Canada sur cette clause d'exception culturelle dans le cadre de l'AMI. J'aimerais savoir si vous faites quelques représentations auprès des intervenants américains pour démontrer avec rigueur et vigueur la position du Canada dans le cadre des négociations de l'AMI.
[Traduction]
Mme Mary Clancy: Il y a une partie de votre question que je n'ai pas comprise. En fait, ce sujet n'est pas abordé dans nos discussions avec les administrations locales.
Encore là, M. Mills a expliqué la différence qu'il existe entre une ambassade et un consulat. Au niveau consulaire, nous avons normalement beaucoup plus de rapports avec les gouvernements des États et les représentants des États. Nous avons également des rapports avec le niveau fédéral, mais à l'heure actuelle, l'AMI n'est pas de notre ressort; ça, c'est Washington qui s'en occupe.
[Français]
M. Benoît Sauvageau: Merci.
[Traduction]
Le président: Merci beaucoup, madame Clancy.
Monsieur Brison.
M. Scott Brison (Kings—Hants, PC): Je vous remercie d'avoir accepté notre invitation aujourd'hui, madame Clancy. Je n'ai nulle intention de faire état de conjectures, de réputations, de ouï-dire ou de quoi que ce soit du genre.
Je viens du monde des affaires. En ma qualité d'homme d'affaires, j'ai passé beaucoup de temps aux États-Unis. D'ailleurs, j'ai mis sur pied deux entreprises canadiennes aux États-Unis, dont l'une vient de signer un contrat national de distribution avec Sherwin-Williams, le plus grand fabricant de peinture aux États-Unis. Nous avons donc connu certains succès sur ce marché, que nous connaissons.
Depuis mon entrée en politique, j'ai constaté que mes antécédents ont grandement facilité mes rapports avec les gens d'affaires dans ma circonscription ainsi que ma tâche de porte- parole du Parti conservateur en matière de commerce international et d'affaires étrangères.
Quand je vois vos antécédents, j'ai des réserves. Vous disposez d'une expérience considérable dans plusieurs domaines, mais je ne vois aucune activité relative à l'entreprise ou aux affaires commerciales. Dans vos fonctions normales, une connaissance intime du monde des affaires vous serait utile. Votre travail à Boston portera largement sur des questions de commerce international et vous fera entrer en contact avec des gens d'affaires.
Vous savez ce que je veux dire, les politiciens peuvent s'entendre avec les politiciens, les gens d'affaires avec les gens d'affaires. Mais je constate que dans votre rôle, il est essentiel que vous puissiez communiquer avec les gens de ces deux domaines, pas seulement à un niveau superficiel ou pour la forme; il vous faut une connaissance véritable des rouages du monde des affaires.
Je vais vous dire un peu en quoi ont consisté mes rapports avec les bureaux consulaires du Canada aux États-Unis. J'ai constaté souvent, en ma qualité d'homme d'affaires, que lorsque je voulais obtenir quelque chose, ou si je voulais prendre des arrangements pour rencontrer d'autres gens d'affaires aux États- Unis, il m'était beaucoup plus facile de faire mes propres démarches que de m'adresser aux bureaux consulaires. C'était en bonne partie attribuable au fait, ou à ma perception et à la perception d'un grand nombre de gens d'affaires à l'époque, que même si l'on trouve des gens dans ces bureaux qui connaissent bien les rouages du monde des affaires, un grand nombre d'entre eux s'occupent beaucoup plus du côté politique.
Voilà donc pourquoi j'ai de sérieuses réserves relativement à votre manque d'expérience en affaires, parce que c'est essentiel, en ce qui me concerne.
Mme Mary Clancy: Eh bien, vous avez été élu au tout dernier scrutin. S'il y est une chose que vous allez constater—j'imagine que mes anciens collègues ici présents sont d'accord—, c'est qu'une partie de notre travail comme député fédéral, particulièrement au niveau de la circonscription, consiste à travailler tout particulièrement avec la petite et la moyenne entreprise.
Au cours de mes neuf années au Parlement, lorsque je séjournais de deux à trois jours par semaine dans ma circonscription, l'été et pendant les autres congés, plus de 80 p. 100 des gens que je voyais et avec qui je travaillais étaient de la petite et de la moyenne entreprise.
J'ai d'ailleurs reçu une lettre très gentille—je peux vous en donner une copie—de Hector Jacques, président de Jacques Whitford, que vous devez connaître, j'en ai la certitude, l'une des plus grandes sociétés de génie du Canada. Sa lettre porte sur le travail que j'ai fait avec elle, dans ses contacts au niveau local et international, pour trouver des débouchés et faire autre chose.
C'est donc une partie de la leçon que j'ai retenue de mes neuf années comme députée fédérale.
Deuxièmement, je suis peinée de vous entendre dire que vous croyez plus facile de faire vos démarches vous-même, et c'est peut- être ce que vous avez vécu. Je peux vous dire que nous recevons littéralement des centaines, pour ne pas dire des milliers, de personnes chaque année à nos bureaux de Boston.
• 0940
À nos bureaux de Boston se tiennent chaque année les nouveaux
séminaires s'adressant aux exportateurs, on y conseille aussi les
investisseurs, et comme je l'ai dit dans mon exposé, il existe
aussi le New England-Canada Business Council et ce genre de chose,
grâce auxquels nous aidons les entrepreneurs de l'Est canadien,
qu'il s'agisse—comme je l'ai dit la semaine dernière à la mission
commerciale des femmes à Washington—d'un exportateur qui dispose
d'une certaine expérience mais qui recherche de nouveaux débouchés
et qui a besoin d'une aide supplémentaire, ou d'une personne qui
est sur le point d'exporter et qui ne s'en sent pas capable, parce
qu'elle n'a pas l'expérience voulue. Je suis très fière de nos
bureaux de Boston, et je peux le dire sans crainte parce que je ne
suis là que depuis deux mois et que le grand succès que nous avons
obtenu n'est certainement pas attribuable qu'à moi.
Le côté commercial est très important—c'est pourquoi j'ai rappelé les 25 milliards de dollars d'échanges chaque année entre l'est du Canada et la Nouvelle-Angleterre—et ce n'est pas tout. Même si j'ai encore beaucoup à apprendre, j'apprends avec enthousiasme. J'ai assisté à des séances d'information exceptionnelles qui sont données par tous les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral, et par divers ministères. Je dispose aussi de collaborateurs, et je pense que j'apprends pas mal vite.
Donc, le fait d'être une généraliste peut préoccuper certains experts du monde des affaires, mais je vous rappelle qu'il y a un certain avantage au fait d'être généraliste. Lorsque quelqu'un a besoin d'un conseil précis, je ne m'adresse pas à la XYZ Ltd. d'Annapolis Royal pour savoir comment exporter. J'ai trois délégués commerciaux qui en savent beaucoup plus que moi sur ce sujet, et ce ne serait pas la meilleure façon d'employer mon temps. Mais mon délégué passera à mon bureau, comme c'est arrivé la semaine dernière, pour me dire qu'il y a dans le nord du Nouveau-Brunswick une excellente entreprise qui pourrait collaborer avec une autre excellente entreprise au Massachusetts. Si j'appelle le PDG, il se peut que j'attende un mois pour qu'il me rappelle, et il se peut qu'il ne me rappelle jamais, alors auriez-vous l'obligeance de lui téléphoner pour voir s'il n'y aurait pas moyen d'organiser une rencontre?
Donc j'ai téléphoné au PDG. Il a reçu un appel du consul général du Canada en Nouvelle-Angleterre. Il a accepté de me parler, nous avons organisé la rencontre et un partenariat a été créé ainsi. Voilà le genre de chose que je peux faire.
J'aurais l'air ridicule si j'essayais d'expliquer à des gens d'affaires chevronnés comment exporter aux États-Unis. Je ne sais pas comment faire. Mais j'ai des collaborateurs qui savent comment, et je sais où investir mes ressources.
M. Scott Brison: Vous dites que vous êtes généraliste. Mais vous n'êtes pas généraliste. Vous avez surtout été active dans le domaine universitaire et culturel. Pour ce qui concerne le monde des affaires, vous n'êtes pas généraliste puisque vous n'avez presque rien fait dans ce domaine.
Mme Mary Clancy: C'est exact.
M. Scott Brison: Votre manque d'expérience risque de vous nuire grandement lorsqu'il s'agira de séparer le bon grain de l'ivraie pour ce qui est des informations que vous communiqueront les experts de votre bureau, et lorsqu'il s'agira de parler intelligemment avec les PDG des problèmes fondamentaux de leurs entreprises. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que vous apprenez vite, mais je pense qu'une personne qui vient du monde des affaires mettrait beaucoup moins de temps à apprendre qu'une personne qui n'a pas cette expérience.
Mme Mary Clancy: Encore là—et je ne vais pas me quereller avec vous—je n'ai pas passé les neuf dernières années... les grandes questions qui m'occupaient au Parlement avaient trait à des choses comme les droits de la personne, la condition féminine et l'immigration, et cela a beaucoup à voir avec l'expansion de la petite entreprise. J'ai été secrétaire parlementaire du ministre de l'Immigration pendant trois ans et j'ai eu des contacts avec des immigrants qui voulaient créer des entreprises, ce genre de chose. J'ai aussi constaté que mes neuf années au Parlement—comme vous allez le constater vous-même, j'en ai la certitude—m'ont permis de comprendre beaucoup mieux les problèmes et difficultés de la petite entreprise.
Il n'est pas besoin d'être bien savant pour savoir que l'un des... Si l'on a grandi en Nouvelle-Écosse, comme vous et moi, on sait que l'un des grands problèmes de la petite et de la moyenne entreprise, dans l'est du Canada, c'est le transport. On sait qu'il est déjà assez difficile de rejoindre les consommateurs au Canada, sans parler de toute la paperasserie qui vous attend à la frontière. Vous savez que les pommes de terre du Maine font concurrence aux pommes de terre du Nouveau-Brunswick et de l'Île- du-Prince-Édouard. Je sais tout cela moi aussi. Je n'ai pas besoin d'avoir été fermière pour savoir quelles difficultés attendent les agriculteurs de l'Île-du-Prince-Édouard qui veulent exporter aux États-Unis. Je sais qu'être du milieu des affaires serait plus avantageux dans certaines situations, mais mon travail comporte de multiples facettes et j'ai d'autres compétences, et je pense que je peux me tirer d'affaires assez bien.
M. Scott Brison: Je pense que le fait d'être député fédéral donne à une personne la chance de s'intéresser à des domaines où elle peut se servir de la compétence dont elle dispose dans sa propre discipline. Au cours de cette période, de ces neuf années, si vous vous étiez intéressée au commerce international ou à la politique étrangère, vous auriez peut-être été... Je ne crois pas que vous ayez siégé au Comité des affaires étrangères et du commerce international.
Mme Mary Clancy: Non, mais j'étais au Comité de l'immigration, et l'immigration est un service extérieur.
M. Scott Brison: L'immigration est extrêmement différente de la politique commerciale. Étant donné que vous avez accepté un poste très lié au commerce, je pense que si vous aviez manifesté un intérêt marqué pour le commerce international et la politique étrangère, vous auriez exprimé cet intérêt et utilisé cette compétence comme députée fédérale.
Mme Mary Clancy: Sauf tout le respect que je vous dois, monsieur Brison, il y a des choses qui arrivent au caucus, vous savez... J'ignore comment ça se passe dans votre caucus à vous, mais d'habitude, on accepte l'emploi qu'on nous offre de crainte de laisser passer sa chance.
M. Scott Brison: À moins que vous ayez démontré...
Mme Mary Clancy: Puis-je terminer?
M. Scott Brison: À moins que vous ayez démontré une certaine compétence.
Mme Mary Clancy: Puis-je terminer? Mais nous savons déjà, monsieur Brison, que je ne fais pas de fausse représentation ici. Je disposais d'une compétence dans des domaines où le chef du moment, et plus tard le premier ministre, pensait que je pouvais faire quelque chose. Quand on dirige un pays, qu'on soit dans l'opposition officielle ou au gouvernement, on essaie d'employer les gens dans les domaines qui leur conviennent le mieux dans les circonstances du moment. Bon nombre de mes compétences et de mes antécédents rejoignent parfaitement le travail que j'accomplis tous les jours; dans certains domaines, ce n'est pas le cas.
J'ai la conviction, et ici je vous donne raison d'avance, que dans les domaines où je n'ai pas d'expérience, j'ai des collaborateurs qui peuvent m'aider, tout comme vous, en votre qualité de député fédéral, vous disposez de collaborateurs qui peuvent vous aider dans les domaines où vous n'y connaissez rien. Cela vous rend-il moins efficace comme député fédéral dans la défense des intérêts de vos électeurs? Cela ne me rend pas non plus moins efficace comme consule générale chargée de faire valoir les intérêts du Canada.
M. Scott Brison: Si vous avez besoin d'information sur ces questions, sachez que vous pourrez compter sur l'expérience des porte-parole chargés du commerce international à la Chambre des communes.
Mme Mary Clancy: J'y compte bien.
M. Scott Brison: Merci.
Mme Mary Clancy: Merci.
Le président: Merci beaucoup, monsieur Brison.
Monsieur Speller.
M. Bob Speller (Haldimand—Norfolk—Brant, Lib.): Merci, monsieur le président.
Merci, madame Clancy, d'avoir accepté de prendre quelques jours de votre emploi du temps chargé pour venir témoigner devant notre comité. Franchement, je ne sais pas pourquoi vous êtes ici, mais étant donné que vous y êtes, j'aimerais vous poser quelques questions.
Avant de poser ma question, je tiens à dire, monsieur le président, que je trouve que mes collègues d'en face n'agissent pas de façon responsable lorsqu'ils citent des remarques faites par des éditorialistes, des rédacteurs de manchettes ou des chroniqueurs à propos de Mme Clancy comme s'il s'agissait de faits. Je ne sais pas s'ils pensent que le premier ministre, avant de faire une nomination, doit d'abord demander l'avis de Conrad Black ou...
Le président: Ou de Hugh Winsor, par exemple.
M. Bob Speller: Ou de Hugh Winsor, tant qu'à faire.
Mme Mary Clancy: Il m'a mal cité à plusieurs reprises.
M. Bob Speller: Je suis d'accord avec une partie de la déclaration faite par M. Sauvageau. Mme Clancy appartient au Parti libéral, et il demande si elle a les compétences voulues pour occuper son poste. Je ne pense pas que nous voulons avoir un service extérieur bourré de nominations politiques.
• 0950
D'autre part, monsieur le président, il serait bon d'avoir
dans le corps diplomatique une plus grande représentativité,
d'avoir d'anciens députés ayant la capacité, tout comme vous, j'en
suis sûr, de voyager dans tout le pays pour connaître les points de
vue des Canadiens.
Je suis donc en désaccord avec vous, monsieur Sauvageau, lorsque vous dites que le premier ministre ne doit pas nommer au moins quelques personnes avec de l'expérience politique.
Vous pourrez faire des commentaires plus tard, madame Clancy, mais je suis convaincu que vos antécédents politiques vous sont très utiles. Je suis certain que les trois quarts des questions que vous recevez dans votre travail quotidien concernent ce qui se passe...
M. Bob Mills: On dirait que vous cherchez une nomination politique.
Des voix: Oh, oh!
M. Bob Speller: ...du côté politique au Canada.
Avant de poursuivre, je veux passer en revue votre curriculum vitae. En réponse aux remarques faites par mon ami, M. Brison, qui dit que le poste exige quelqu'un qui s'y connaît davantage en affaires et en commerce...
Je dois vous dire, madame Clancy, que je trouve votre curriculum vitae fort impressionnant. Même si nous avons siégé ensemble à la Chambre pendant plusieurs années, nous ne nous sommes pas très bien connus. Je vois le rôle que vous avez joué dans des organisations culturelles et dans des universités. J'imagine qu'à Boston les affaires et le commerce sont probablement deux des sujets les plus discutés. Je pense qu'il serait très bien si notre représentant à Boston était une personne un peu cultivée. Je suis de la campagne, et je ne suis pas sûr d'être aussi cultivé que je devrais l'être, mais aujourd'hui à notre comité, nous allons apprendre des choses au sujet de la culture par rapport à l'AMI.
Mais vous avez été avocate, animatrice à la radio, journaliste, professeur d'université et comédienne, et je suis sûr que cette expérience vous sera très utile dans votre poste. Vous avez été critique à la condition féminine, à la privatisation, aux communications, à la citoyenneté et à l'immigration. Vous avez également été secrétaire parlementaire, c'est une autre expérience fort valable. Vous avez présidé le Comité de la défense et des affaires des anciens combattants. Je suis certain que les Américains s'intéressent à ces domaines. Ensuite, il y a votre expérience dans le domaine environnemental, avec l'Atlantic Ballet Company et comme membre du bureau des gouverneurs de certaines universités.
Il me semble, monsieur le président, qu'à mesure que nous évaluerons des personnes selon nos nouvelles capacités aux termes du Règlement, nous allons constater que c'est justement à ce genre de candidat que nous voulons que le premier ministre fasse appel.
Je tiens à faire une autre remarque avant de poser ma question. Comme je l'ai déjà dit, même si nous avons été tous les deux membres d'un grand groupe parlementaire, j'ai déjà dirigé des délégations dont vous étiez membre. Et je suis très sincère dans mes remarques, madame Clancy. Je n'essaie pas de me faire bien voir afin d'obtenir des billets à un match des Red Sox de Boston par exemple.
Une voix: L'Orchestre symphonique de Boston—ciel!
M. Bob Speller: Je dois dire que lorsque je dirigeais des délégations dont vous faisiez partie en ces occasions, je vous ai trouvé très aimable, travaillant d'arrache-pied au cours de ces rencontres et très au fait des questions de l'heure. Je dois vous avouer qu'en une occasion, je me suis même dit—j'aurais peut-être dû vous le dire car vous m'auriez dit ce que vous en pensiez—que vous feriez une bonne diplomate.
Je tiens toutefois à vous poser une question précise car je sais que cela préoccupe bon nombre de mes électeurs. Je veux parler de l'article 110. Dans le cadre de votre rôle de consule, auriez-vous votre mot à dire sur cette question? C'est quelque chose qui préoccupe bien des gens dans les provinces limitrophes. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Mme Mary Clancy: Dans une certaine mesure, les hauts fonctionnaires des Affaires étrangères craignent que nous pensions que la question est déjà décidée d'avance. Ceux d'entre vous qui représentez des circonscriptions limitrophes savent très bien que vos homologues américains, au niveau fédéral ou des États, nous appuient dans ce dossier.
Nous avons été extrêmement surpris par la réaction des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre, des membres du Congrès. Le sénateur Kennedy et le sénateur Spencer Abraham du Michigan ont tous deux proposé le projet de loi au Sénat. Un autre projet de loi est à l'étude à la Chambre des représentants.
Toutefois—et j'ai cité cet exemple lors d'un déjeuner de chefs d'entreprise auquel j'ai assisté à Boston hier—je crains que les gens ne pensent que l'affaire est réglée. Si nous n'obtenons pas satisfaction en l'occurrence, je tiens à vous dire que dans les petits postes frontières—et M. Turp et M. Sauvageau doivent en savoir—entre le Vermont et le Québec, il y aura des embouteillages en moins de quatre heures. Quant aux gros postes frontières qui séparent l'Ontario de l'État de New York et du Michigan ou Vancouver de l'État de Washington, ce sera un véritable cauchemar.
• 0955
Il est donc essentiel que nous continuions d'exercer des
pressions. J'ai écrit à tous les gouverneurs. Je le répète, leur
réaction a été excellente. Je viens de signer une autre série de
lettres avant de quitter Boston hier pour me rappeler à leur bon
souvenir. Ils ont beaucoup de pain sur la planche, tout comme nous
d'ailleurs.
Étant donné les relations d'amitié qui nous unissent, on a tendance à croire que tout va bien. J'ai parlé à des gens d'affaires en Nouvelle-Angleterre qui m'ont dit que ce projet de loi ne nous concernait pas. Et je l'affirme, il concerne bien tous les Canadiens, tous ceux qui entrent aux États-Unis, en grande majorité des Canadiens.
Dans le nord, les gens sont mieux sensibilisés. Les choses ne vont pas aussi bien qu'elles le pourraient, et il nous incombe donc à tous d'user de tous les contacts que nous avons avec des Américains pour nous rappeler à leur souvenir, pour les charmer et pour leur dire que cette question risquerait de paralyser les meilleurs rapports commerciaux au monde.
Je vous remercie de vos paroles bienveillantes.
M. Bob Speller: Je les pensais vraiment. Je ne les ai pas dites dans l'intention de...
Le président: Je tiens à informer les membres du comité, puisqu'il s'agit d'une question extrêmement importante pour nous tous, que nous examinerons la question de l'article 110 le mardi 25. Nous aurons donc l'occasion d'en discuter alors.
Mme Mary Clancy: Monsieur le président, si vous le permettez, j'aimerais parler de...
Le président: Bien, le temps alloué à M. Speller est écoulé ainsi que le premier tour de questions qui traditionnellement est de dix minutes. Nous passons maintenant aux questions de cinq minutes.
Mme Mary Clancy: Si vous me permettez de traiter de...
Le président: Puisque la question est venue sur le tapis, madame Clancy, je vais peut-être user de ma prérogative de président pour vous dire que je suis convaincu que M. Sauvageau n'a jamais voulu dire, bien que j'en aie eu l'impression dans la question qu'il vous a posée—peu importe que ce soit vrai, cela n'a rien à voir—que vous aviez prétendu que tous les Chinois étaient des twits. Les faits relatés dans l'article sont très clairs: si toutefois c'est vrai, il y a eu une altercation entre vous et une autre personne. Vous étiez furieuse de vous être fait refouler par un agent de sécurité à plusieurs reprises, vous avez un peu perdu votre sang-froid et lui avez dit: «Écoutez, vous...», comme n'importe lequel d'entre nous aurait pu le faire dans les mêmes circonstances dans un hôtel étranger.
À mon avis toutefois, au vu de cette déclaration, il est impossible au comité de considérer votre remarque comme une observation généralisée s'appliquant à tous les Chinois. De toute évidence...
Mme Mary Clancy: Mais je voudrais...
Le président: ... c'était un cas isolé et il aurait pu s'agir d'un agent de sécurité de n'importe quelle origine ethnique sur lequel vous avez passé votre colère, comme d'ailleurs d'autres ou moi-même l'aurions fait en pareilles circonstances.
Mme Mary Clancy: Je voudrais simplement dire que, en fait, monsieur le président, vous avez très bien expliqué la situation. Tous ceux qui m'ont déjà entendu parler savent très bien que je n'utilise jamais le terme «faite». Ce que j'ai dit, c'est «Écoutez mon vieux», ce qui ressemble davantage à mon style, comme le savent ceux qui me connaissent. Le mot «twit» a de toute évidence, monsieur...
M. Ted McWhinney: «Twit» est anglais. «Pal»(mon vieux) est irlandais.
Mme Mary Clancy: C'est cela, vous avez parfaitement raison.
Le président: Oh, mon dieu...
Mme Mary Clancy: Jamais au grand jamais je n'utiliserais...
Le président: ...venant Écossais, je ne sais pas si cela venant d'un peut nous être utile.
Mme Mary Clancy: Mais si. C'est au moins du celte, et le professeur McWhinney en conviendra certainement.
M. Ted McWhinney: Je suis Celte également.
Mme Mary Clancy: Absolument. En fait, voici la phrase complète que j'ai prononcée: «Écoutez, mon vieux»—et là encore je m'en remets à Mme Augustine qui était présente également—«Combien de femmes blondes bien en chair habillées en rouge voyez-vous au cours d'une journée?»
M. Benoît Sauvageau: Voilà que la mémoire vous revient.
Mme Mary Clancy: Mais je n'ai jamais dit «twit». C'est pourquoi lorsque vous avez utilisé ce mot, je ne savais pas de quoi vous vouliez parler.
M. Benoît Sauvageau: Au début vous ne vous souveniez pas de l'incident.
Mme Mary Clancy: Parce que vous avez dit «twit», c'est-à-dire idiot, et que je n'ai pas utilisé ce terme.
Une voix: Quel rapport cela a-t-il avec la question?
Mme Mary Clancy: Je voulais...
Le président: Je propose de considérer cet incident comme clos, car c'est...
[Français]
M. Benoît Sauvageau: Il y a une question posée par mon ami et je voudrais y répondre.
Le président: Très brièvement.
M. Benoît Sauvageau: Mon ami n'est pas twit, et je voudrais lui répondre parce que c'est mon ami.
Le président: Votre chum, votre pal, si vous voulez.
M. Benoît Sauvageau: Exactement. On nous demande quelle est la pertinence de cette question. Madame est diplomate, donc elle doit user de diplomatie.
Le président: D'accord.
Mme Monique Guay (Laurentides, BQ): En tout temps.
M. Benoît Sauvageau: En tout temps. Madame n'a pas d'expérience au niveau du commerce ni au niveau des affaires, et elle semble ne pas avoir d'expérience au niveau de la diplomatie. Je crois donc que cette question était très pertinente puisqu'on étudie les qualifications de cette personne pour le poste.
Le président: Vous savez aussi bien que moi qu'il y a toutes sortes de choses qui concernent votre vie ou la mienne dans la presse, et je considère cet argument terminé. Nous allons continuer, M. McWhinney.
[Traduction]
M. Ted McWhinney: Pourriez-vous donc rendre officiellement une décision, ce que vous avez déjà fait par le passé, je pense, pour que lorsqu'une personne cite les propos d'une autre, elle indique clairement sa source, et que nous puissions demander au témoin: «On vous attribue les propos suivants. Sont-ils exacts ou non?»
Le président: En toute justice envers M. Sauvageau, il a immédiatement retrouvé l'article.
M. Ted McWhinney: Oui, je sais, mais cela nous éviterait de tomber dans le genre des comités du Congrès américain.
Le président: Ce serait très utile. Vous avez parfaitement raison.
M. Ted McWhinney: Si vous vouliez rendre cette décision, cela nous serait très utile à l'avenir.
Le président: Je pense que tous les députés présents—je vois M. Sauvageau et M. Turp fait signe que oui de la tête—conviendront qu'il ne faut jamais faire d'allégations non fondées, surtout lorsqu'on n'a aucune preuve pour les étayer.
M. Ted McWhinney: Et qu'il faut citer la source.
Le président: Ce qui a été fait en l'occurrence—c'est exact. Nous veillerons à ce que ce soit fait au cours de nos délibérations futures. Très bien.
M. Bob Speller: Monsieur le président, si vous me permettez une remarque, je trouve étrange que ce soit le seul scoop que M. Sauvageau ait pu trouver—une personne a dit à un garde de sécurité: «Combien de femmes blondes bien en chair habillées en rouge voyez-vous par ici?» Je trouve cela plutôt drôle.
M. Bob Mills: Ce genre de tactique me semble inadmissible.
Le président: À l'ordre. L'affaire est close. Nous allons maintenant parler des qualifications de Mme Clancy.
Monsieur Grewal.
M. Gurmant Grewal (Surrey-Centre, Réf.): Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis un nouveau député, madame Clancy, et je vous souhaite donc la bienvenue devant notre comité. J'ai suivi la discussion autour de la table—et je me demande pourquoi vous vous êtes montrée à ce point sur la défensive dans vos réponses.
Mme Mary Clancy: Je regrette, je ne comprends pas votre question.
M. Gurmant Grewal: Vous avez réagi en restant sur la défensive lorsque vous avez répondu aux questions de mes collègues, quel que soit leur parti. Pour quelle raison?
Mme Mary Clancy: Que voulez-vous dire?
M. Gurmant Grewal: Je trouve que l'ambiance est différente au comité: certains veulent se protéger et d'autres sont sur la défensive. Savez-vous...
Mme Mary Clancy: Vous parlez de moi?
M. Gurmant Grewal: Oui.
Mme Mary Clancy: Pourriez-vous me dire quand j'ai été sur la défensive? J'ai réagi lorsqu'on a mal rapporté mes propos parce que je voulais tirer les choses au clair. Je n'ai pas utilisé le terme «twit». Toutefois...
M. Gurmant Grewal: Passons. Passons à la question suivante. Je n'ai pas beaucoup de temps.
Sauf erreur, vous avez été en politique pendant un certain nombre d'années...
Mme Mary Clancy: Oui.
M. Gurmant Grewal: ... et la politique n'est pas à l'abri du sectarisme.
Mme Mary Clancy: Vous avez tout à fait raison.
M. Gurmant Grewal: Or, vous êtes aujourd'hui diplomate et représentez le Canada—pas vous-même, mais l'ensemble du pays.
Mme Mary Clancy: Parfaitement.
M. Gurmant Grewal: Il faut posséder certaines qualités et certaines caractéristiques pour occuper ce genre de poste.
Mme Mary Clancy: Oui.
M. Gurmant Grewal: Quelles sont selon vous les qualités requises par ce genre de travail, et comment répondez-vous aux exigences requises?
Mme Mary Clancy: Eh bien, surtout dans la région de Boston, je ne sais pas si vous avez entendu mes remarques liminaires, mais j'ai énoncé certaines des qualités requises. J'ai dit que la Nouvelle-Angleterre est une collectivité très politique. Comme l'a signalé à juste titre M. Brison, je m'occupe essentiellement de commerce, mais mes tâches consistent également à présenter un rapport aux Affaires étrangères sur la situation politique en ce qui a trait au Canada et la situation politique en général, car comme quelqu'un l'a déjà dit, être voisin des États-Unis, c'est un peu comme dormir à côté d'un éléphant. Même si on ne le craint pas, il faut être aux aguets de ses moindres mouvements. Chaque mouvement, chaque «twitch» est important—et j'ai bien dit «twitch».
Des voix: Oh, oh!
Mme Mary Clancy: Puis-je terminer? En conséquence, sur le plan politique, mon expérience de députée m'est très utile. J'ajoute que la politique du Massachusetts, et M. Brison en conviendra, est très semblable à celle de ma province natale de la Nouvelle-Écosse, ce qui m'aide également.
M. Gurmant Grewal: Très bien, permettez-moi...
Mme Mary Clancy: Par ailleurs, j'ai également, avec neuf ans...
M. Gurmant Grewal: Je n'ai pas beaucoup de temps.
Le président: Je sais que vous n'avez pas beaucoup de temps, mais vous avez posé une question de très vaste portée. Vous lui avez demandé ce qu'elle pensait de sa compétence pour occuper ce poste. Il faut maintenant écouter sa réponse.
M. Gurmant Grewal: Elle peut être brève.
Mme Mary Clancy: C'est ce que j'essaie de faire.
Le président: Laissez-la parler. Elle irait beaucoup plus vite si vous cessiez de l'interrompre.
Mme Mary Clancy: Quant aux autres aspects de la question, sur le plan diplomatique, comme l'a gentiment signalé M. Speller, j'ai beaucoup voyagé dans le cadre de délégations parlementaires ou à titre de secrétaire parlementaire du ministre Marchi. J'ai fait ce que l'on a appelé une tournée paroissiale des bureaux d'immigration en Asie du Sud-Est et dans le sous-continent. J'ai représenté le ministre Collenette lorsqu'il était ministre de la Défense nationale à la Conférence des ministres de la Défense qui a eu lieu en Argentine. J'ai représenté des ministres dans de nombreux pays auprès de nombreux organismes.
M. Gurmant Grewal: Très bien, madame Clancy, c'est clair. Je pense que cela suffit.
Le président: Si vous voulez parler au témoin, veuillez avoir la politesse de vous adresser au président.
M. Gurmant Grewal: Très bien, monsieur le président, je pense...
Le président: Je ne veux pas me formaliser, mais nous...
M. Gurmant Grewal: J'ai obtenu la réponse à ma question, monsieur le président.
Le président: C'est bien. Si vous êtes heureux, vous pouvez vous adresser à moi et je parlerai directement au témoin. Nous essayons d'organiser notre séance de la façon la plus raisonnable possible. Normalement, je n'interromps pas les membres du comité, mais nous sommes un peu irritables lorsque nous sommes interrompus.
M. Gurmant Grewal: Monsieur le président, je n'ai pas utilisé dix minutes.
Le président: Je vous en sais gré.
M. Gurmant Grewal: Je suis bref et je tiens à ce que les réponses le soient également.
Le président: Nous vous accorderons une certaine marge de manoeuvre.
M. Gurmant Grewal: Cette réponse me satisfait. Passons à autre chose.
Le président: Très bien.
M. Gurmant Grewal: Monsieur le président, si ce poste avait fait l'objet d'une annonce, il s'accompagnerait de certaines caractéristiques, de qualités requises et d'exigences professionnelles. Si nous vous demandions de vous évaluer sur une échelle de 1 à 10 par rapport aux qualités requises pour ce poste, comment vous noteriez-vous?
Mme Mary Clancy: Merci.
En tant que personne qui a travaillé pour le gouvernement, tant à titre de représentante élue que de membre de la fonction publique, ce n'est pas à moi de faire cette évaluation. Cela revient à mes supérieurs et aux personnes pour lesquelles je travaille. Les résultats se passent de commentaires. Je suis très fière des neuf ans que j'ai passés comme députée et je m'attends à être tout aussi fière de mon mandat de consule générale. Je suis fière de la confiance qui m'a été accordée par le premier ministre, et je suis parfaitement consciente de ce que je dois faire pour mériter cette confiance.
M. Gurmant Grewal: Mais si vous aviez la possibilité de vous évaluer vous-même, où vous placeriez-vous?
Mme Mary Clancy: Je fais tout le temps mon auto-évaluation, mais c'est pour ma propre gouverne et je n'ai pas l'intention d'en parler à un comité parlementaire.
M. Gurmant Grewal: Très bien. Mes collègues ont cité quelques extraits tirés de divers journaux—pas un ou deux, mais divers journaux—à différents moments. Le poste que vous occupez est très délicat. Nous avons vu dernièrement ce qui s'est passé au Mexique où l'un des diplomates a fait une déclaration qui a remis en cause la réputation du Canada. Comment pouvez-vous nous donner l'assurance que ce genre de déclarations ne se trouvera plus dans les journaux américains à l'avenir?
Mme Mary Clancy: Tout ce que je peux vous dire, c'est que le premier ministre a confiance en moi et que vous n'avez qu'à attendre de voir comment les choses évoluent. Je sais quel est mon rôle et j'ai l'intention de l'assumer de mon mieux.
M. Gurmant Grewal: Le premier ministre n'est qu'une personne parmi d'autres. Nous représentons des électeurs et votre nomination préoccupe certains Canadiens lorsqu'ils lisent tous ces articles à votre sujet, comme nous l'avons fait. Comment pouvez-vous être certaine...
Le président: Votre temps est écoulé, monsieur Grewal. Je vous ai donné une minute de plus. En temps normal, cela m'est égal, mais il y a d'autres noms sur ma liste.
Monsieur McWhinney suivi de M. Turp.
Monsieur McWhinney, pour cinq minutes.
M. Ted McWhinney: Merci, monsieur le président. Je voudrais faire appel aux compétences particulières du témoin.
Vous possédez d'éminentes qualifications dans le domaine juridique que tout le monde ne connaît peut-être pas. Sauf erreur, vous avez étudié avec Horace Read...
Mme Mary Clancy: En effet.
M. Ted McWhinney: ... et avec Georg Schwarzenberger, l'un des plus grands professeurs de droit d'Angleterre.
Mme Mary Clancy: C'est exact.
M. Ted McWhinney: J'ai soulevé une question... Le président nous dit qu'elle sera à l'ordre du jour dans plusieurs semaines, mais vous êtes parmi nous aujourd'hui. C'est la preuve de votre propre compétence—nous pouvons voir comment vous expliquez la question—mais lors de divers témoignages que j'ai fournis devant des comités du Sénat et des comités mixtes du Sénat et de la Chambre au cours des 20 dernières années, j'ai recommandé que le Parlement soit habilité à examiner toutes les nominations, y compris à la magistrature, pour faire un rapport sur les compétences des titulaires. S'agissant du Sénat, j'ai toujours préconisé un Sénat élu.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Les articles 110 et 111 font partie du Règlement de la Chambre. À mon avis, il faudrait adopter une modification constitutionnelle, même si je sais que cela peut se faire par l'usage. Vous avez été invitée à assister à nos délibérations. Avez-vous réfléchi à la question de savoir si, du point de vue constitutionnel, le comité pouvait vous obliger à comparaître, ou avez-vous accepté notre invitation en vous disant que ce serait une discussion intéressante et que vous seriez ravie de faire connaître vos vues au comité? Puis-je vous demander une opinion d'expert en la matière?
Mme Mary Clancy: Je ne sais pas jusqu'à quel point on peut me qualifier d'expert, monsieur McWhinney.
Le président: Avez-vous l'intention de payer pour ça, monsieur McWhinney?
Mme Mary Clancy: Non, je ne peux pas le faire, en tant que diplomate.
En tant qu'ancienne présidente de comité, j'étais bien entendu au courant du Règlement de la Chambre se rapportant à l'examen des nominations par décret. J'étais aussi au courant des divers avis se rapportant à une modification constitutionnelle, une expression qui en fait frémir plus d'un d'entre nous.
M. Ted McWhinney: Mais pas vous, j'espère.
Mme Mary Clancy: Certainement pas vous, que je sache, monsieur McWhinney.
M. Ted McWhinney: Mais pas vous.
Mme Mary Clancy: Non, moi non plus, en effet.
La première chose qui m'est venue à l'esprit, la toute première, lorsque j'ai reçu la lettre, a été de me demander si on pouvait m'assigner à comparaître puisque même si j'ai reçu une nomination par décret pouvant être examinée en vertu du Règlement de la Chambre, il reste que je suis résidante des États-Unis et je me demandais si une assignation à comparaître du Parlement pouvait être exécutée au Massachusetts. N'ayez crainte, je suis tout de suite passée à la question suivante, qui était de savoir si je devais venir. J'en ai parlé aux hauts fonctionnaires des Affaires étrangères et nous avons convenu que je devais venir.
Il y a une autre chose intéressante au sujet des Canadiens résidant à l'étranger, dans des postes diplomatiques. Je ne connais pas bien la réponse. Je me souviens d'avoir rempli une formule, au début, où l'on dit qu'on est réputé être résidant canadien même si on vit aux États-Unis ou ailleurs. Bien entendu, je paie des impôts au Canada, et non aux États-Unis, par exemple. Si un huissier se présentait à la chancellerie qui, dans un certain sens, est un territoire canadien, je ne sais pas si l'assignation à comparaître pourrait être exécutée.
Je comprends que ce n'est qu'une partie de votre question. Il faut ensuite passer à la suivante, qui est de savoir si c'est vraiment constitutionnel. Je dirais, comme mon professeur de droit constitutionnel maintenant juge à la Cour fédérale, Andrew MacKay, que les deux côtés de la médaille sont défendables et qu'on pourrait laisser la Cour suprême régler la question.
M. Ted McWhinney: Autrement dit, la Chambre peut-elle, en vertu de son Règlement, assigner à comparaître, ce qu'on ferait normalement par le biais d'une modification constitutionnelle, mais une modification constitutionnelle relevant du Parlement fédéral?
Mme Mary Clancy: Je me rappelle aussi, d'après mes cours de sciences politiques et mes cours de droit, que le Parlement était à une époque, peut-être avant la Charte des droits et libertés, le plus haut tribunal du pays. L'est-il encore? C'est une autre question qui mérite une réponse.
M. Ted McWhinney: Je discuterai plus tard des théories du XVIIe siècle.
Mme Mary Clancy: Peut-être.
M. Ted McWhinney: Je présume que vous comparaissez ici de manière volontaire; ne diriez-vous pas que votre simple comparution constitue en soi une certaine interprétation des pratiques constitutionnelles?
Mme Mary Clancy: Vous dites?
M. Ted McWhinney: Une interprétation.
Mme Mary Clancy: Une interprétation. Je pense que notre Constitution doit être interprétée le plus possible.
M. Ted McWhinney: Bien. Je pense que vos commentaires sont très présents.
J'aimerais avoir une dernière précision au sujet d'une question très réfléchie posée par M. Brison. Que pourriez-vous nous dire au sujet des nominations aux comités parlementaires? Vous avez sans doute fait une demande, lorsque vous étiez parlementaire et vous avez présenté vos préférences, n'est-ce pas?
Mme Mary Clancy: Pardon?
M. Ted McWhinney: Je parle des nominations aux comités parlementaires. M. Brison a fait allusion au fait que vous ne faisiez pas partie du Comité des affaires étrangères. Est-ce un secret? Quand on vous a demandé vos préférences, aviez-vous inscrit le Comité des affaires étrangères?
Mme Mary Clancy: M. Speller est le seul ici qui était là en 1988. Que je me souvienne, nous n'avions pas de demande à présenter. Nous n'étions que 80 et à un moment donné, M. Brison pourra le vérifier, j'ai participé à presque tous les comités de la Chambre des communes, y compris ceux de l'Industrie et des Finances. Ce n'était pas de manière officielle, mais quand il n'y a que 80 députés... Je suis désolée, je comprends votre situation. Vous verrez bien, croyez-moi.
• 1015
J'aimerais vous dire autre chose que vous ne savez peut-être
pas. Notre caucus comptait 12 femmes et chaque comité parlementaire
voulait une représentation féminine. À un moment donné, je
participais à sept comités; il n'y a pas de comité de la Chambre
des communes auquel je n'aie pas participé pendant une période
assez longue.
Le président: Très bien, monsieur McWhinney. Je suis désolé, mais nous avons déjà dépassé le temps prévu.
M. Ted McWhinney: Mais ce qu'il faut dire, c'est que si vous n'avez pas siégé au Comité des affaires étrangères, ce n'était pas par manque d'intérêt.
Mme Mary Clancy: Non, j'ai siégé souvent au Comité des affaires étrangères, surtout dans l'opposition. Le comité avait alors un autre nom.
Le président: Merci beaucoup.
Monsieur Turp.
[Français]
M. Daniel Turp (Beauharnois—Salaberry, BQ): Pour ma part, je ne faisais pas partie du dernier Parlement et je n'ai pas eu le plaisir de connaître Madame Clancy. Je pense que votre successeur, Mme McDonough, représente bien votre circonscription et que vous devez en être fière.
J'aurais trois questions et un commentaire. Comme l'a dit le professeur McWhinney, vous connaissez bien le droit international. Mais puisque nous sommes ici pour évaluer vos compétences, j'aimerais d'abord savoir si vous avez lu la convention des Nations unies sur les relations consulaires et si, à votre avis, le Canada peut exercer une protection consulaire sur une personne ayant également la citoyenneté américaine et qui se présenterait à votre bureau pour être aidé? C'est ma première question.
[Traduction]
Mme Mary Clancy: J'aimerais avoir un éclaircissement à ce sujet, monsieur Turp.
Le président: La double nationalité.
Mme Mary Clancy: Parlez-vous d'une personne qui a une double nationalité?
M. Daniel Turp: Pourriez-vous offrir une protection consulaire à une personne qui a une double nationalité? C'est ma première question.
Mme Mary Clancy: J'ai lu ces articles, mais je n'ai pas eu l'occasion de les étudier. Je les ai lus. Je dirais que tout citoyen canadien, qu'il ait ou non une autre citoyenneté, a le droit de faire appel aux services consulaires et à la protection du gouvernement canadien.
[Français]
M. Daniel Turp: Deuxièmement, j'aimerais vous entendre parler de vos relations avec la délégation générale du Québec qui se trouve à New York, puisqu'il n'y en a plus à Boston maintenant.
[Traduction]
Mme Mary Clancy: Une femme représente le gouvernement du Québec au New Hampshire. Nous nous sommes rencontrées à quelques reprises. Elle est membre du New England-Canada Business Council. Elle a eu la courtoisie de me rendre visite peu après mon arrivée en poste. Si j'ai bien compris, elle est la représentante du Québec en Nouvelle-Angleterre. Le Québec n'a pas un bureau aussi important qu'auparavant, mais cette femme—je regrette, j'oublie son nom; son prénom est Joan—habite au New Hampshire et représente les intérêts du Québec dans les États de la Nouvelle-Angleterre. C'est du moins ce qu'elle et le gouvernement du Québec nous ont laissé entendre, au consulat, à Boston.
[Français]
M. Daniel Turp: Est-ce que la délégation générale du Québec à New York entretient des rapports avec vous et avec votre consulat? Quelle devrait être la nature des rapports entre un consulat et une délégation générale du Québec?
Je voudrais aussi poser une autre question: j'aimerais savoir quelle serait votre attitude à l'égard d'une personne qui se présenterait à vous et qui vous demanderait une certaine assistance dans la préparation d'une tournée dans les universités de la région, de la Nouvelle-Angleterre que vous couvrez, Harvard, MIT et ailleurs, pour promouvoir ses idées politiques comme, par exemple, promouvoir la souveraineté?
Je vous pose cette question parce que c'est une chose que j'ai faite dans le passé et que j'ai l'intention de refaire dans un proche avenir. Je voudrais donc savoir si je pourrais compter sur la collaboration de la consule générale si je voulais faire une telle tournée.
[Traduction]
Mme Mary Clancy: Je peux vous assurer, monsieur Turp...
[Français]
M. Daniel Turp: Ce sera ma dernière question, monsieur le président. Est-ce qu'en tant que diplomate, vous emploieriez une expression comme celle employée par mon collègue, M. Mills, that we are foolish, that is foolish de soutenir et de promouvoir la souveraineté? En tant que diplomate, utiliseriez-vous le même terme que M. Mills pour commenter la façon dont je vois l'avenir du Québec et du Canada? Parce qu'il a utilisé le terme foolish pour qualifier ce que moi et beaucoup d'autres, nous pensons de l'avenir du Québec?
[Traduction]
Mme Mary Clancy: Je m'excuse, mais dites-vous que j'ai utilisé ce terme?
M. Daniel Turp: Non, je vous demande si vous emploieriez un mot comme «foolish».
Mme Mary Clancy: Je vais d'abord répondre à la question au sujet des bureaux de New York et du Québec. Je ne sais que répondre. Je ne connais pas la nature des relations entre New York et le bureau du Québec à New York.
Je sais que notre bureau a de très cordiales relations avec la déléguée du Québec qui habite au New Hampshire, comme je le disais, de même que nous avons une relation de collaboration cordiale avec le délégué de la Nouvelle-Écosse à Boston.
À son arrivée à Boston, M. Baril est courtoisement venu nous rendre sa première visite. Nous avons parlé de ses contacts et nous lui avons offert toute l'aide que nous pouvions.
Au sujet de votre question sur une tournée de conférences, je devrais peut-être d'abord vous dire, monsieur Turp, que si vous aviez quelque problème que ce soit et que vous aviez besoin de la protection du gouvernement canadien, nous serions là pour vous aider. Je dirais que jusqu'ici, même si votre déléguée nous a informés de diverses conférences qui ont été organisées—je pense que ce sont à des universités du New Hampshire et du Vermont. Je n'ai pas vu votre nom parmi les autres, mais je suis persuadée que ça viendra—on ne nous a pas demandé notre aide. Tout dépend de l'aide qu'on nous demande. S'il convient que nous donnions une aide, nous le ferions certainement.
Vous avez demandé si j'emploierais le terme «foolish». Je ne vois pas le séparatisme comme une sottise. Je le verrais plutôt comme quelque chose d'assez effrayant. C'est certainement troublant, tant pour la province de Québec que pour l'ensemble du pays. Je considère cela comme très sérieux. Je suis une fédéraliste passionnée, engagée, et je le serai toujours. Mais je vais répéter ce que j'ai dit au sous-ministre à Québec: je ne pense pas que nous gagnerons le coeur et l'esprit des Québécois en nuisant aux débouchés commerciaux du Québec en Nouvelle-Angleterre ou ailleurs dans le monde. On ne peut pas garder des gens de force. Ils doivent rester de leur plein gré.
M. Daniel Turp: Merci.
Le président: Madame Augustine. J'ai aussi M. Mills, et ce sera à peu près tout.
Mme Jean Augustine (Etobicoke—Lakeshore, Lib.): Merci, monsieur le président.
Madame Clancy, bienvenue encore une fois au comité. Étant donné le creuset culturel américain, comment vous ou vos services consulaires montrez-vous la nature de la société canadienne, c'est-à-dire l'égalité des chances, le multiculturalisme et les relations raciales canadiennes? Quel genre d'exemples votre personnel donne-t-il de cela? En fait, je veux savoir quelle est la diversité de votre personnel à votre résidence, au bureau, dans vos relations commerciales, etc.? Quelle est la composition du personnel des services consulaires?
Mme Mary Clancy: Actuellement, nous sommes juste au-dessous du niveau de personnel prévu. Nous devrions être 31, mais nous ne sommes que 28 à cause de deux congés de maladie et d'un congé de maternité. Avec l'examen des programmes que vous connaissez tous, malheureusement, nous n'avons pu combler ces postes en attendant le retour de leurs titulaires.
Cinq membres du personnel sont, comme on dit, en provenance du Canada. Il s'agit de moi-même, du consul général adjoint, qui est aussi premier délégué commercial, du délégué commercial, de l'agent d'investissement et de l'agent politique principal. Il y a ensuite d'autres agents commerciaux, consulaires, culturels et touristiques qui sont tous des citoyens américains mais de descendance canadienne, à une génération près.
• 1025
Il y a des francophones et des anglophones dans tous ces
groupes. Une partie du personnel recruté sur place est bilingue.
Nous avons environ 16 ou 17 membres du personnel de soutien. Dans
nos bureaux, toutes les cultures et les races sont représentées. Il
y a des gens de tous les milieux, comme vous pouvez l'imaginer,
puisque c'est courant aux États-Unis. Actuellement, sur le nombre
des Canadiens, deux sont francophones et trois, anglophones.
Mme Jean Augustine: Merci.
Le président: Monsieur Mills.
M. Bob Mills: J'aimerais que nous parlions un peu de ce poste. Un peu plus tôt, j'ai parlé du fait que nous ayons un consul et de l'importance des bureaux consulaires pour les Canadiens qui voyagent. J'aimerais maintenant que l'on parle du poste lui-même. On a beaucoup dit que ce poste est accordé pour des raisons politiques, par favoritisme.
Mme Mary Clancy: Vous parlez du poste de Boston?
M. Bob Mills: M. Cameron, qui vous a précédée, était l'ancien premier ministre de la Nouvelle-Écosse et sa nomination a été faite par favoritisme. Vous avez reconnu avoir été nommée par patronage. Le premier ministre a dit de manière non officielle, à une conférence de l'OTAN, que les Américains achètent des votes dans leurs comtés et ont recours au favoritisme. Il s'y opposait. Dans l'opposition, beaucoup de vos députés s'opposaient fortement au favoritisme.
Nous parlons aujourd'hui d'un poste que tous reconnaissent avoir été accordé par favoritisme. Je ne suis pas nécessairement d'accord avec l'idée qu'on procède ainsi à cette nomination. Les États de la Nouvelle-Angleterre sont à mon avis une très importante source d'échanges commerciaux pour le Québec et le Canada Atlantique. C'est une région qui a beaucoup de potentiel. Nous avons proposé un plan appelé Atlantica, qui devrait encourager le commerce dans cette région.
Ne serait-il pas préférable, à votre avis, d'avoir à Boston un ambassadeur qui a une connaissance des affaires, ce qui est plus important, afin de faire la promotion du commerce et des affaires, et ne croyez-vous pas qu'un professionnel ou, du moins, quelqu'un qui a été dans les affaires, ferait mieux le travail qu'une personne par favoritisme politique?
Mme Mary Clancy: De votre part, monsieur Mills, ce commentaire est très intéressant et il vaut la peine d'être fait. Je peux seulement vous dire que lorsque votre collègue m'a posé une question au sujet de l'auto-évaluation... comme vous le savez, je ne manque pas de confiance en moi. Mais lorsqu'on relève un nouveau défi, il faut bien entendu examiner la question et se demander si l'on est apte à faire ce qui est demandé.
Dans mes discussions avec des hauts fonctionnaires des ministères intéressés—les affaires étrangères et le Commerce international—je leur ai demandé ce qu'ils pensaient des nominations politiques. Ils m'ont tout de suite répondu que traditionnellement, le poste de Boston faisait l'objet d'une nomination politique. Ça remonte à bien avant M. Cameron, à M. MacMillan, Mme Lucas, M. Danson, etc. Ils m'ont dit que les compétences politiques étaient très importantes dans le milieu de la Nouvelle-Angleterre parce que, comme je l'ai dit au début, c'est un milieu très politique.
J'ai été très soulagée de constater, lors de mes discussions avec de très hauts fonctionnaires du ministère, qu'ils considèrent extrêmement utile la présence de personnes politiques, de personnes comme nous qui ont travaillé au Parlement et dans l'arène politique, ainsi que notre façon de réagir politiquement, surtout aux rencontres de chefs de mission ou lorsqu'il y a des questions d'intérêt commun entre les chefs de mission de partout aux États- Unis—vous savez qu'il y a deux nominations politiques, actuellement, aux États-Unis. C'est particulièrement le cas dans nos démarches actuelles au sujet de l'IIRIRA, la Loi sur la réforme relative à l'immigration illégale aux États-Unis. Bon nombre de très hauts fonctionnaires m'ont dit que le savoir-faire politique était utile.
• 1030
Je suis convaincue que si vous examinez mes collègues à
d'autres postes, vous constaterez qu'ils ont une certaine
compétence. Certains chefs de mission viennent du côté politique du
ministère des Affaires étrangères et non du côté commercial.
D'autres viennent du côté commercial et n'ont pas par conséquent la
même expérience politique, au sens bureaucratique du terme. Nous
arrivons tous avec nos points forts et nos points faibles.
En outre, lorsque vous dites que j'ai reconnu qu'il s'agissait d'une nomination politique, vous devez reconnaître vous-même que je l'ai fait volontiers. Cette fois, j'utiliserai le terme «foolish» pour dire qu'il serait bête de le nier. Je ne le nie pas. Je suis fière de mes antécédents politiques et de mon histoire politique. L'expérience politique ne vous rend pas nécessairement apte à occuper un poste, mais en revanche, cette expérience est loin de rendre quiconque autour de cette table, quelque député que ce soit, inapte à d'autres charges publiques.
M. Bob Mills: Ne pensez-vous pas que les Canadiens sont fatigués du favoritisme et qu'ils veulent des nominations fondées sur les compétences? N'est-ce pas là ce qu'ils veulent? Que vous soyez une femme, noire, blanche ou verte, que vous soyez catholique, juif ou quoi que ce soit—peu leur importe, n'est-ce pas? Ils veulent des nominations en fonction de la capacité de faire le travail, et non par favoritisme.
Mme Mary Clancy: Je ne peux formuler de commentaire au sujet des groupes que vous avez mentionnés. Je ne sais que dire, comme je l'ai déjà dit, que operatio sequitur esse, c'est à l'oeuvre qu'on connaît l'artisan. Si mon travail n'est pas assez bon, qu'on me congédie. Mais s'il est assez bon, j'ai été digne de la confiance que m'a accordée le premier ministre. Tout ce que je peux vous dire, comme je l'ai dit au premier ministre lorsqu'il m'a offert ce poste, c'est que je vais faire de mon mieux. J'ai donné tout ce que j'avais à chaque emploi que j'ai occupé, et je ferai de même cette fois. Si je ne fais pas du bon travail, qu'on me rappelle. Je peux seulement faire de mon mieux.
Le président: Je pense que ce sera pour vous un bon mot de la fin, puisque nous avons déjà dépassé de trois minutes le temps prévu.
Nous sommes en retard. Chers membres du comité, il reste environ 25 minutes pour une sonnerie de 30 minutes. C'est une sonnerie de 30 minutes pour des votes.
[Français]
C'est terminé. Nous avons même dépassé le temps prévu. Je crois d'ailleurs que vous avez un autre rendez-vous au ministère.
[Traduction]
Avez-vous une autre réunion au ministère, madame Clancy?
Mme Mary Clancy: Oui.
Le président: Merci d'être venue. Je suis convaincu...
Un instant, nous n'avons pas fini.
Madame Clancy, au nom des membres du comité, je pense que nous vous souhaitons tous le meilleur des succès à votre nouveau poste. Merci d'être venue.
Mme Mary Clancy: Merci, monsieur le président. Je tiens à remercier tous les membres du comité.
Le président: La séance est levée. Nous reprendrons à 9 heures, mardi matin, pour examiner l'article 110 de la Loi américaine sur l'immigration.