NDVA Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
STANDING COMMITTEE ON NATIONAL DEFENCE AND VETERANS AFFAIRS
COMITÉ PERMANENT DE LA DÉFENSE NATIONALE ET DES ANCIENS COMBATTANTS
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le jeudi 23 avril 1998
[Traduction]
Le président (M. Robert Bertrand (Pontiac—Gatineau—Labelle, Lib.)): Bonjour, chers collègues. Avant d'écouter M. Jamieson, nous avons ce matin quelques sujets d'ordre administratif à traiter.
Hier soir, au comité directeur, nous nous sommes mis d'accord sur certains témoins pour l'étude du projet de loi C-25. Certains d'entre eux ont causé quelques problèmes, et nous avons décidé de les mettre aux voix. Je vais vous les nommer: M. Bob Fowler, Mme Kim Campbell, M. Marcel Masse et un commandant de base mentionné par M. Hanger, le colonel Mitchell, de la base de Petawawa, je crois.
M. Art Hanger (Calgary-Nord-Est, Réf.): Le colonel Mitchell, ou ne serait-ce pas le commandant de la base de...
Le président: D'Edmonton?
M. Art Hanger: De Gagetown.
Le président: D'accord, de Gagetown.
M. Art Hanger: J'invoque le Règlement. Nous avons parlé hier de la liste précédant ces quatre noms; est-ce que vous les avez déjà convoqués?
Le président: Non, nous nous sommes simplement mis d'accord. Nous n'avons pas besoin de voter. Tout le monde est d'accord.
M. Art Hanger: Est-ce qu'il s'agit des sept noms mentionnés initialement?
Le président: Je peux vous en donner lecture.
M. Art Hanger: Oui, s'il vous plaît.
M. Bob Wood (Nipissing, Lib.): Vous en avez choisi six.
Le président: Il y a le professeur Doug Bland, Peter Desbarats, Brian Dickson, le Barreau du Québec, Brian Grainger et Jack Granatstein.
M. Art Hanger: Et qui est le numéro sept?
Le président: L'amiral Murray, mais M. Richardson l'a supprimé.
[Français]
Il l'a retiré.
[Traduction]
M. Art Hanger: Bien; le vice-amiral Murray n'est donc pas sur la liste.
Le président: C'est exact.
M. Art Hanger: Très bien.
Le président: Ce que je vous propose, pour gagner du temps, c'est que plutôt que de voter sur chaque nom, tous les noms soient regroupés.
M. Art Hanger: J'invoque encore le Règlement, monsieur le président; je ne suis pas tout à fait d'accord. J'estime qu'il faut accepter les noms un par un.
Le président: Un par un?
M. George Proud (Hillsborough, Lib.): Oui, monsieur le président, j'aimerais que les noms de ce groupe nous soient soumis un par un.
Le président: D'accord.
Nous votons sur le premier nom, M. Bob Fowler. Je crois, monsieur Proud, que vous avez demandé un vote par appel nominal.
M. George Proud: Oui.
Mme Judi Longfield (Whitby—Ajax, Lib.): S'il y a une raison particulière pour laquelle un témoin devrait être entendu, il serait utile de nous l'indiquer avant le vote.
Le président: C'est M. Price qui a proposé ces noms. Peut-être pourrait-il nous indiquer ses motifs.
M. David Price (Compton—Stanstead, PC): D'accord. C'est parce que M. Fowler est intervenu activement au début de l'enquête sur la Somalie, et que le projet de loi C-25 fait lui-même suite à l'enquête sur la Somalie. C'est pourquoi j'ai proposé les noms de M. Fowler et de Mme Kim Campbell.
Le président: Monsieur Proud.
M. George Proud: Monsieur le président, je vais voter contre trois de ces noms—je ne m'en cache pas—parce que j'estime qu'il ne faut pas reprendre l'enquête sur la Somalie. Je pense que les personnes dont nous parlons ici n'ont pas grand-chose à voir avec la justice militaire, qui est censée constituer le thème du projet de loi C-25. C'est sans doute à cause d'elle qu'on a présenté le projet de loi. C'est pourquoi je vais voter contre.
Le président: D'accord. Je mets donc aux voix la question suivante: faut-il inviter M. Fowler?
(La motion est rejetée par 7 voix contre 2)
Le président: Faut-il inviter Mme Kim Campbell? Y a-t-il délibération sur cette motion? Nous ne sommes pas obligés d'en débattre à chaque fois. Les raisons sont toutes les mêmes.
(La motion est rejetée par 7 voix contre 2)
[Français]
Le président: Est-ce qu'on invite M. Marcel Masse?
[Traduction]
M. Art Hanger: N'y aurait-il pas lieu d'entendre le point de vue de M. Lebel sur cette personne, puisque c'est lui qui a proposé son nom? J'aimerais savoir pourquoi M. Lebel souhaite que l'on fasse comparaître M. Masse.
[Français]
M. Ghislain Lebel (Chambly, BQ): Je voulais faire venir M. Marcel Masse parce qu'il a été ministre de la Défense dans le passé. Je voulais aussi interroger M. Masse sur les plans de carrière des individus qui croient que leur avancement est bloqué. En tant que francophone, j'ai beaucoup plus de facilité à comprendre les explications d'une personne qui a une expérience pertinente et qui est, de surcroît, francophone. C'est pourquoi j'ai suggéré son nom.
Je m'aperçois toutefois que c'est une erreur parce qu'aussitôt que nous, de l'opposition, suggérons un nom, il est automatiquement refusé. Donc, je n'insiste pas. Je ne me battrai pas avec ces gens-là pour ce motif.
Le président: Monsieur Lebel, pour clarifier un peu les choses, je vous ferai remarquer que vous avez suggéré le Barreau du Québec et que cela a été accepté.
M. Ghislain Lebel: Oui, le Barreau du Québec.
Le président: C'est tout de même votre parti qui l'a suggéré.
M. Ghislain Lebel: Oui, c'est mon parti qui l'a suggéré. Je n'insiste pas.
Le président: D'accord. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'invitation à faire à M. Masse? Nous allons prendre le vote.
[Traduction]
(La motion est rejetée par 7 voix contre 3)
Le président: La quatrième concerne l'invitation à comparaître d'un commandant de base. Nous avons déjà quelques noms, mais peut-être pourrait-on laisser la question en suspens et parler simplement d'un «commandant de base».
Y a-t-il des commentaires? Monsieur Hanger.
M. Art Hanger: Oui, je crois que c'est important, car dans le système actuel, c'est le commandant de base qui décide de faire faire une enquête par la police militaire, ou qui peut même l'exiger. Les commandants de base semblent craindre de perdre une partie de ces pouvoirs qui sont indispensables au bon fonctionnement de la base. Compte tenu de l'agrandissement des bases, j'aimerais avoir le point de vue de ceux qui travaillent sur le terrain à l'heure actuelle. Nous devrions consulter un commandant de base qui a une certaine expérience, c'est-à-dire qui dirige une base depuis un certain temps, et qui a analysé les conséquences directes de ces changements sur l'autorité dont il dispose.
Le président: Monsieur O'Brien.
M. Pat O'Brien (London—Fanshawe, Lib.): Monsieur le président, j'aimerais savoir s'il y a ici des points de vue contraires. En vérité, je ne suis qu'un membre occasionnel de ce comité, car il y en a deux autres dont je suis membre et qui siègent actuellement. Si je n'assiste pas régulièrement aux séances de ce comité, c'est à cause des deux autres qui, très souvent, siègent au même moment. J'espère que c'est bien entendu. De ce fait, je suis assez favorable à l'argument que nous venons d'entendre. À moins qu'il y ait des points de vue contraires, je suis prêt à l'appuyer.
Le président: Monsieur Proud.
M. George Proud: Monsieur le président, je n'ai pas d'objection. Je pense que l'idée est bonne. Comme je l'ai dit tout à l'heure, mon opposition concernait les autres noms qui ont été proposés; ce que nous voulons faire, dans ce projet de loi, c'est mettre en place un nouveau système de justice. Si les commandants de base peuvent nous apporter, sur ces questions, des explications dont nous avons bien besoin, il faut les faire venir.
Le président: Monsieur Wood.
M. Bob Wood: Je n'ai pas d'objection non plus. Peut-être faudrait-il simplement veiller à faire venir le commandant d'une base importante où les problèmes sont nombreux, comme Petawawa ou Gagetown, comme on l'a proposé, ou peut-être Edmonton. Il faudrait une base de ce genre, et non pas une petite base.
M. Art Hanger:
[Note de la rédaction: Inaudible]... la base où nous sommes allés, c'est-à-dire Petawawa. Le colonel Mitchell serait un candidat idéal.
M. Bob Wood: Oui, il serait idéal. Je crois que c'est lui qu'il faudrait solliciter en premier lieu.
Le président: Monsieur Clouthier.
M. Hec Clouthier (Renfrew—Nipissing—Pembroke, Lib.): Je partage le point de vue de mes collègues, et je propose moi aussi le nom du colonel Gregory Mitchell.
Le président: Madame Longfield.
Mme Judi Longfield: Je n'ai pas d'objection en ce qui concerne Greg Mitchell, mais je me demande s'il ne serait pas utile de consulter également des gens de la marine et de l'armée de l'air. N'y a-t-il pas des problèmes différents dans chaque arme?
Une voix: Vous savez, ce sont tous des commandants de base.
Mme Judi Longfield: Je sais, mais il me semble que les problèmes sont spécifiques. C'est simplement une idée que je voulais avancer.
M. Art Hanger: C'est bien cela que nous cherchons, mais personnellement...
M. George Proud: J'espère que nous allons entendre un échantillon représentatif de la marine, de l'armée de terre et de l'armée de l'air pendant ces audiences. C'est à souhaiter.
Mme Judi Longfield: Si tel n'est pas le cas, il faudrait garder l'idée en réserve. Si les personnes consultées ne sont pas représentatives de l'ensemble, nous pourrons inviter quelqu'un de la marine ou de l'armée de l'air.
M. George Proud: Il semble que nous soyons d'accord.
Le président: Entendu. Il semble également y avoir accord sur la convocation d'un commandant de base. Monsieur Proud, voulez-vous un vote par appel nominal sur ce point?
M. George Proud: Non, c'est bien ainsi.
Le président: C'est donc une décision unanime.
(La motion est adoptée)
M. David Price: Puisque nous avons terminé, je voudrais signaler qu'hier soir, j'ai oublié le nom d'une personne dont nous avons parlé. Je voudrais proposer le colonel Drapeau. Il s'est prononcé très ouvertement sur de nombreux sujets, et il a déjà témoigné devant le comité.
Le président: Accordez-moi un instant, et nous allons inscrire son nom. Nous avons un dernier nom, celui du colonel Drapeau. Y a-t-il délibération sur ce nouveau témoin? Monsieur Clouthier.
M. Hec Clouthier: Pourquoi faut-il l'inviter, s'il vous plaît?
M. David Price: Il a témoigné devant la commission du juge en chef Dixon. Comme nous le savons, il est très franc sur ce sujet. C'est le moment de l'interroger sur toutes ces choses dont il parle.
Le président: Je suppose que vous souhaitez un vote par appel nominal sur cette motion.
(La motion est rejetée par 7 voix contre 3)
Le président: Merci beaucoup, chers collègues. Nous allons maintenant entendre le témoin que nous accueillons ce matin, M. Jamieson.
Nous écoutons votre exposé, monsieur.
M. Jim Jamieson (directeur, Programme de soutien aux familles des militaires, Agence de soutien du personnel des Forces canadiennes): Merci, monsieur le président. Membres du comité, mesdames et messieurs, le but du présent exposé est de vous donner un aperçu des services de soutien offerts aux familles des membres des Forces canadiennes avant, pendant et après les déploiements opérationnels.
En général, le genre et le niveau des services offerts peuvent varier selon l'ampleur de l'établissement de soutien des FC, le nombre des personnes déployées d'un endroit donné des FC et la proximité d'une famille à l'emplacement en question. Cependant, comme je l'expliquerai, il y a une norme minimale de services à laquelle toutes les familles des membres déployés des FC peuvent et devraient s'attendre.
[Français]
Trois groupes sont principalement chargés d'aider les familles des membres des Forces canadiennes en affectation, à savoir le groupe arrière d'une unité majeure qui est déployée; le personnel de la base ou de l'escadre de l'emplacement des Forces canadiennes chargé du ou des militaires déployés; finalement, le Programme de soutien aux familles des militaires, qui est principalement offert par l'entremise du Centre des ressources pour les familles militaires, le CRFM, à la plupart des emplacements des Forces canadiennes, ainsi que par un service important appelé Ligne d'information sur les missions ou LIM.
[Traduction]
Tout d'abord, sur le groupe arrière—on vous a remis un exemplaire de l'acétate qui résume les cinq thèmes que je vais vous présenter—chaque fois qu'il y a un déploiement d'envergure d'un ou de plusieurs navires, unités ou escadres, toutes les personnes touchées formeront normalement le groupe arrière. Le «groupe arrière» est essentiellement un terme de l'armée de terre; toutefois, je l'utiliserai avec les termes «unité» et «base» pour parler de tous les éléments.
Principalement, le groupe arrière exerce cinq fonctions principales dans le but d'offrir un soutien aux familles, ce qu'il fait souvent de concert avec d'autres employés des bases et avec le CRFM.
Tout d'abord, le groupe arrière organise et offre des briefings aux familles avant le déploiement et, au besoin, pendant le déploiement et à la fin. Souvent, le briefing offert à la fin du déploiement, aussi appelé briefing de réunion, est organisé par le CRFM. Les briefings offerts avant le déploiement et les documents d'information couvrent plusieurs sujets, portant sur le but de la mission, la livraison du courrier et les avantages financiers. De plus, le personnel et les agents qui apportent un soutien aux familles pendant le déploiement font des présentations sur les services qu'ils offrent.
Deuxièmement, le groupe arrière offre des lignes de communication officielles et non officielles aux familles de militaires en déploiement. Il s'agit de services comme la distribution des messages militaires ou du courrier, l'accès aux lignes téléphoniques et, de plus en plus, à Internet.
Troisièmement, le groupe arrière offre directement ou indirectement de l'aide aux familles pendant le déploiement. Dans la plupart des cas, cette aide est toujours offerte en cas d'urgence et à des degrés divers dans des situations plus prévisibles. Je tiens compte ici de tout, entre autres des urgences médicales, du déneigement après une grosse tempête, des préparatifs de voyage pour le conjoint, s'il y a lieu.
• 0925
Quatrièmement, le groupe arrière offre aux familles une
variété de documents afin de les préparer au déploiement et à la
phase de réunion. Il peut faire cela avec l'information qu'il
fournit ou les documents qu'offrent les autres, comme le
travailleur social et le personnel du programme de soutien aux
familles des militaires, relativement à différents sujets, comme la
façon d'aborder les cycles émotifs des déploiements qui sont
habituels, mais parfois difficiles.
Monsieur le président, vous avez reçu certains de ces documents, notamment ceux qui concernent la préparation au stress du déploiement, la préparation au stress de l'incident critique et la préparation au stress de la réunion, qui sont couramment utilisés par nos militaires.
Enfin, le groupe arrière agit comme principale personne ressource, offre un soutien aux conjoints et les aide à comprendre quels services sont à leur disposition sur la base et à l'extérieur. Vous aurez plus de détails sur ces services dans un moment.
[Français]
Avant de terminer cet aperçu des fonctions de soutien des groupes arrières pour ce qui est d'aider les familles, j'aimerais soulever une autre question. Dans quelques cas, les conjoints des membres des Forces canadiennes déployés d'une unité en particulier formeront un groupe de soutien plus ou moins structuré. On s'attend souvent à ce que les conjoints, c'est-à-dire les femmes des officiers supérieurs d'une unité, créent le groupe de soutien, le dirigent et l'appuient. Il n'y a pas de doute que, dans quelques cas, cela est très valable, en particulier lorsqu'une unité se trouve dans une situation très stressante. Cependant, il faut noter que le Centre de ressources pour les familles militaires se charge maintenant de former les groupes de soutien.
[Traduction]
Personnel de la base ou de l'escadre: Comme je l'ai suggéré plus tôt, l'une des fonctions des groupes arrières est d'informer les familles sur les services offerts par la base, en particulier lorsque les membres de la famille ne savent pas vers qui se tourner ou lorsqu'ils ont besoin d'aide pour s'habituer à une structure inconnue. Dans plusieurs cas, le conjoint s'adressera directement au personnel de la base.
De plus, dans bien des cas, il n'y a aucun groupe arrière dans certaines situations, comme dans le cas des familles d'observateurs militaires de l'ONU. Lorsqu'il n'y a pas de groupe arrière, le rôle du personnel de la base peut être plus étendu.
Les services de la base peuvent être concrets, comme la solde et le logement, ou moins concrets, comme le travail social et les services d'aumônerie. Tous ces services sont normalement expliqués pendant les briefings donnés avant le déploiement et ils offrent tous un soutien pendant la période de déploiement.
En plus de vérifier l'aptitude au déploiement des membres des FC, les travailleurs sociaux et les aumôniers, en collaboration avec les centres de ressources pour les familles des militaires, exercent un leadership important dans le but d'aider les familles pour qui la réunion est difficile et qui ont des problèmes résultant des traumatismes que les militaires peuvent avoir vécus ou dont ils ont été témoins pendant les déploiements. Des briefings de formation, des groupes de soutien, des documents écrits et l'orientation individuelle ou familiale préparent les familles à la réunion.
Enfin, on trouve le Programme de soutien aux familles des militaires. Comme vous recevrez un briefing distinct sur ce programme, je n'en parlerai pas en détail, si ce n'est pour dire qu'il est offert principalement par l'entremise des centres de ressources pour les familles des militaires à la plupart des emplacements des FC.
Le programme a été élaboré officiellement en 1991, en réponse à plusieurs préoccupations exprimées par les conjoints. Il s'agit principalement d'un service de prévention et de soutien qui respecte le modèle d'amélioration des services à la collectivité. Chaque CRFM est un organisme régi par un conseil d'administration, qui doit être composé d'une majorité de conjoints civils des membres des FC.
• 0930
Le conseil travaille en collaboration avec le commandant de la
base ou de l'escadre afin d'aider les familles des membres des FC
du secteur local. Grâce au personnel professionnel qui gère le
CRFM, le centre offre plusieurs services portant principalement sur
les préoccupations liées au mode de vie créé par le milieu des FC.
L'une des principales préoccupations est, bien entendu, le soutien en déploiement. Avant les déploiements, le CRFM participe aux briefings offerts par les groupes arrières ou se charge même de les organiser. Le CRFM est souvent le meilleur endroit pour donner de tels briefings, puisqu'il offre la garde d'enfants et un environnement accueillant.
En général, le CRFM donne de l'information sur les services offerts aux familles des militaires déployés, par le centre et par d'autres organisations. Le manuel de la famille, rédigé par le personnel du PSFM sur le plan national, est offert aux familles. On leur remet aussi le bulletin régulier du CRFM qui donne une liste des programmes, des services, ainsi que d'autres renseignements utiles.
Je crois, monsieur le président, que les membres du comité ont également reçu un exemplaire de ce manuel.
Je signale également que nous sommes en train de produire un manuel sur le soutien à apporter aux familles pendant les déploiements dans chaque CRFM. Je crois que les députés en ont également reçu copie, mais je ne suis pas certain.
[Français]
Les bases ou les unités sont chargées de fournir aux CRFM les noms et les numéros de téléphone des conjoints des militaires déployés afin que, dès le début d'un déploiement, le personnel du centre ou des bénévoles formés puissent communiquer directement avec chaque conjoint. Cela signifie principalement qu'ils communiqueront avec les conjoints afin de s'assurer qu'ils connaissent le service, que leurs noms sont ajoutés à la liste de distribution pour les événements organisés et, au besoin, que chacun reçoive un appel d'une même personne du CRFM de façon régulière, normalement une fois par semaine.
[Traduction]
Pendant les déploiements, en particulier lorsqu'il s'agit de déploiements d'envergure, le CRFM offre des services spéciaux et organise des événements pour combler les besoins et les désirs des familles touchées. Les services comprennent la création de groupes de soutien selon les désirs et les besoins.
Le CRFM aide aussi les conjoints à prendre des mesures relativement à des préoccupations soutenues ou à des urgences de toutes sortes. Un groupe arrière peut aussi exercer cette fonction; toutefois, vous admettrez que certains conjoints se sentent plus à l'aise avec le CRFM. En effet, le conjoint peut avoir l'impression que le fait de révéler des préoccupations à l'unité risque d'avoir une incidence négative sur la carrière du militaire. Tout bien considéré, cependant, les rôles du groupe arrière et du CRFM se complètent puisqu'ils portent sur des préoccupations concrètes et psychosociales.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, les CRFM participent de plus en plus à l'organisation des briefings de réunion offerts aux conjoints juste avant la fin d'un déploiement. En plus d'étudier les ajustements normaux, mais difficiles, qui doivent être faits après une longue séparation, ces briefings de réunion sensibilisent les conjoints à la façon de reconnaître les signes de stress post-traumatiques et d'y remédier.
J'aimerais mettre l'accent sur un autre service. La ligne d'information sur les missions est un service téléphonique sans frais offert à toutes les familles des militaires en déploiement. Elle offre de l'information classifiée, opportune et précise, pour chaque mission des FC. L'information disponible est enregistrée et mise à jour dans des boîtes vocales, ce qui comprend de l'information directe des commandants à tous les niveaux sur les théâtres des opérations. Il est aussi possible de parler directement avec les deux membres du personnel chargés de cette ligne, qui sont disponibles neuf heures par jour et plus longtemps pendant les périodes particulièrement tendues.
[Français]
La LIM est bien utilisée par les conjoints, les enfants, les parents et les amis des membres des Forces canadiennes déployés, en particulier par les personnes qui se trouvent loin de la base ou des escadres des Forces canadiennes ou loin des CRFM. Pendant une période de 12 mois, plus de 120 000 communications ont été faites par la LIM. Une journée en particulier, il y a eu au-delà de 1 500 appels, dont 200 étaient des communications directes avec le personnel d'exécution. Au cours des 12 derniers mois, la LIM a fait l'objet de 80 000 appels.
[Traduction]
Voilà qui conclut l'aperçu des services actuels de soutien offerts aux familles des militaires en déploiement, monsieur le président.
Le président: Je vous remercie.
Nous passons maintenant à la période des questions. Monsieur Hanger.
M. Art Hanger: Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Jamieson, certains points que vous avez soulevés, sans toutefois vous y attarder, ont suscité ma curiosité. Je me remémorais également certaines des conversations que nous avons eues, au cours des derniers jours, avec des militaires: on nous a rapporté que des tentatives de soutien de la part des unités arrières, ou de groupes de soutien arrières—si c'est ainsi que vous voulez les appeler—n'ont pas toujours été bien reçues.
Je ne voudrais pas dévaloriser pour autant les efforts qui ont été faits, mais ce que nous avons entendu, en particulier de la part de certaines épouses—et les cas diffèrent probablement selon la base—c'est que ces efforts n'ont pas toujours été très utiles. Peut-être auriez-vous des commentaires à faire là-dessus.
À ce sujet, vous dites que le centre de ressources pour les familles des militaires aide les conjoints à prendre des mesures relativement à des préoccupations soutenues ou à des urgences de toutes sortes. Un groupe arrière peut aussi exercer cette fonction; toutefois, vous admettrez que certains conjoints se sentent plus à l'aise avec le CRFM. En partie, cela peut découler d'une perception selon laquelle en faisant part de leurs préoccupations à l'unité, cela pourrait avoir un impact défavorable sur la carrière du militaire.
Pourriez-vous nous donner des exemples de la façon dont on procède, et la raison pour laquelle cette réticence existe?
M. Jim Jamieson: Certainement, monsieur. Je discerne deux questions dans ce que vous venez de dire.
Tout d'abord, y a-t-il une norme de soutien aux familles? Oui, il y en a une, encore que sa création, récente, ne date que d'environ deux ans, mais elle est à présent bien connue et bien en place. À l'heure actuelle, par exemple, la première division aérienne est en train d'élaborer une norme mixte pour tout le personnel déployé, et à cet effet elle consulte les conjoints eux-mêmes, en leur demandant de participer à cette élaboration.
Il existe donc une norme minimale, qui me paraît très bonne.
J'ai suivi de près les transcriptions de vos réunions ainsi que les mémoires, et d'après moi, les familles donnent l'impression d'être bien soutenues pendant les déploiements. Certes, il se peut qu'il y ait des exceptions, mais elles ne sont pas la règle et les préoccupations, s'il y en a, portent plutôt sur la fin des déploiements, ainsi que sur leurs séquelles.
Ce qui se passe, c'est que les parties arrières prennent soin des préoccupations concrètes des familles. S'il y a une erreur dans le chèque de paie, s'il n'y a personne pour déneiger et que le conjoint n'est pas en mesure de le faire, si le courrier ne parvient pas à destination, si la personne va prendre un congé à mi-terme et a besoin d'aide, les parties arrières excellent à régler ce genre de problème. Les centres de ressources pour les familles des militaires sont mieux équipés pour traiter des problèmes plus abstraits et il est compréhensible que l'épouse d'un militaire qui passe par une dure période au plan affectif, n'ait peut-être pas envie d'en parler aux parties arrières, mais consentira à téléphoner au Centre de ressources pour les familles des militaires. C'est pourquoi je pense que les rôles de ces services se complètent, et les centres de ressources aux familles des militaires ont fait leurs preuves, en soutenant les conjoints en périodes de difficulté.
• 0940
Les groupes de soutien constitués par les centres de
ressources pour les familles des militaires se situent au niveau de
l'unité, soit avec ceux-là mêmes qui sont en proie aux mêmes
inquiétudes. Je ne sais pas si j'ai ainsi répondu à votre question.
M. Art Hanger: Oui, partiellement. Il semblerait toutefois—vous le notez vous-même dans un paragraphe de la dernière page, que les groupes arrières se chargent également de problèmes plus abstraits, mais vous constatez également qu'il y a une différence. J'ai toujours pensé que les groupes arrières s'étaient chargés de régler les questions matérielles, et que les problèmes affectifs et les crises ne relevaient pas de leur compétence.
M. Jim Jamieson: Je pense qu'autrefois, pour ne rien vous cacher, le sens de la famille était plus fort, au sein des régiments, qu'il ne l'est actuellement, et c'est pour pallier dans une certaine mesure ces déficiences qu'ont été créés les centres de ressources pour les familles des militaires.
M. Art Hanger: Très bien.
M. Jim Jamieson: Je crois que l'époque où la femme du commandant était censée constituer divers groupes de soutien est révolue... Il n'est plus réaliste de s'attendre à cela. Cela arrive encore... Mme Calvin, par exemple, a dû vous en parler, et ce n'est plus une chose sur laquelle on puisse compter.
M. Art Hanger: Certainement.
M. Jim Jamieson: Et ce rôle a été repris par le centre de ressources pour les familles des militaires.
M. Art Hanger: À l'avant-dernière page, à propos de la ligne d'information sur les missions, vous nous dites que sur une période de 12 mois 120 000 communications ont été faites.
M. Jim Jamieson: C'est exact, monsieur.
M. Art Hanger: Est-ce un grand nombre?
M. Jim Jamieson: À l'heure actuelle, par exemple, comme la situation est moins tendue qu'elle ne l'était avec la poche de Medak ou avec certains des autres événements de grande tension, nous recevons en moyenne 80 000 appels par an. Un grand nombre d'entre eux proviennent des parents des réservistes, ainsi que des conjoints, amis et amies.
Nous sommes le seul pays au monde à posséder une telle ligne d'information, et d'autres pays nous prennent pour modèle. Nous sommes ainsi parvenus avec succès à considérablement atténuer les craintes et l'angoisse des familles, qui peuvent ainsi obtenir une information sans parler à qui que ce soit ou, s'ils le veulent, en parlant au personnel qui opère sur cette ligne.
Il ne faudrait toutefois pas croire que ces 80 000 appels sont tous des appels de détresse. La plupart des gens demandent simplement à être tenus au courant des événements par l'officier ou le caporal en chef.
Grâce à Internet et au téléphone, si l'officier qui en est chargé ne peut répondre, le mercredi où c'est son tour, ses troupes lui disent—et c'est la chose encourageante—que son message est attendu. Nous savons ainsi qu'il est fait bon usage de ce service, qui est bien connu.
M. Art Hanger: Il s'agit donc d'un message enregistré ou de...
M. Jim Jamieson: Si vous appelez ce numéro, il y a actuellement 55 options de boîtes vocales. Vous pouvez donc confirmer les événements du jour avec votre conjoint—habituellement votre mari—de la compagnie D, à tel et tel endroit en Bosnie. Il n'y a que 5 p. 100 environ des appels qui sont des appels directs, et notre personnel résout le problème, ou veille à ce qu'il soit résolu.
Ce service a été fort utile. Sans vouloir m'éloigner du sujet, je vais vous donner un exemple. Nous avions 12 prisonniers, c'est le jour où nous avons reçu 1 500 appels. Une femme a téléphoné d'Edmonton en demandant: «mon mari est-il parmi les captifs? Personne ne m'a appelée.» Nous lui avons demandé son nom, et son mari était effectivement l'un d'entre eux. Nous lui avons répondu que nous allions vérifier et que nous lui ferions part de ce que nous saurions.
• 0945
Je ne voudrais pas vous donner tous les détails, mais cette
femme était en voyage, ne se trouvait donc pas à Calgary et les
recherches pour la trouver et l'informer de ce qui s'était passé
avaient été vaines, car elle n'avait confié à personne où elle se
rendait. Nous avons pu dire à l'unité comment la retrouver, afin
qu'il n'y ait pas un autre cas d'épouse apprenant par la presse que
son mari avait été fait prisonnier.
Ce n'est qu'un exemple. La ligne a eu beaucoup de succès pour un coût relativement modeste, à mon avis. Je vous invite à vous en prévaloir à un moment donné.
Le président: Merci, monsieur Hanger. Monsieur Lebel.
M. Jim Jamieson: Vous n'avez pas à écouter les 55 options. Vous devrez peut-être écouter deux ou trois messages électroniques.
[Français]
M. Ghislain Lebel: Dans votre énoncé, vous dites que vos services sont généralement offerts là où le nombre le justifie, si je comprends bien.
[Traduction]
M. Jim Jamieson: Je ne pense pas avoir dit que cela dépendait du nombre, monsieur. Ces services sont offerts partout, bien que leur ampleur dépende de la population. Par exemple, si nous n'avons que deux ou trois réservistes de Chicoutimi, il se peut qu'ils ne puissent avoir accès qu'à la ligne d'information sur les missions. Nous nous préoccupons beaucoup des réservistes.
[Français]
M. Ghislain Lebel: Je ne vous parle pas seulement de la ligne, mais de l'ensemble des services offerts. Vous dites qu'on offre des services aux militaires en déploiement, mais aussi sur les bases permanentes, quand il n'y a pas de déploiement, si je comprends bien. Vos services ne sont pas dispensés seulement lorsqu'il y a déploiement. Vous assurez des services sur les bases canadiennes. Est-ce bien cela?
[Traduction]
M. Jim Jamieson: Oui, monsieur, nous allons en parler le 13 mai, à moins que vous ne vouliez aborder le sujet maintenant. Nous parlerons précisément de tous les services offerts par les centres de ressources pour les familles des militaires. Aujourd'hui, on m'a demandé de m'attacher uniquement aux services liés au déploiement. Cela dit, les centres de ressources pour les familles des militaires offrent toute une gamme de services, notamment des services de garderie, de soutien à l'emploi, d'information sur les écoles, les dentistes et les médecins, ainsi qu'un service d'intervention en cas de crise. Je pense que le 13 mai sera consacré à ce sujet en particulier.
[Français]
M. Ghislain Lebel: Je ne voudrais pas attendre jusqu'au 13 mai pour obtenir un renseignement. À Trenton, nous avons reçu un militaire qui vient de Québec, dont l'enfant de trois ans est handicapé. Il est paraplégique. La seule chose que cet enfant peut espérer faire dans la vie, c'est apprendre à parler. À Trenton, personne ne peut lui donner des leçons. On n'a pas d'ergothérapeute. On n'a personne qui peut apprendre à cet enfant-là à parler en français. C'est la seule chose qu'il va réussir à faire dans sa vie. Et voici ce qu'on dit au père: «Écoutez, votre problème est particulier. Si vous n'êtes pas satisfait, vous n'avez qu'à quitter les Forces armées et à retourner chez vous, à Québec, où il existe de nombreux services.»
Je veux bien croire que ce n'est pas votre service qui donnerait les cours, mais je voudrais savoir s'il voit à ce genre particulier de problèmes auxquels les militaires sont susceptibles d'avoir à faire face dans une base éloignée de leur région.
[Traduction]
M. Jim Jamieson: Pour vous répondre brièvement oui, nous traitons ce genre de problème. Nous desservons les groupes linguistiques minoritaires dans toutes les bases. À Bagotville, ce serait les anglophones, et à Trenton, les francophones. Nous avons le mandat précis d'aider les militaires de groupes minoritaires à obtenir des services. Soit dit en passant, le commissaire aux langues officielles a loué le travail des centres de ressources pour les familles des militaires sur certaines bases dans ce domaine précis.
À Trenton, nous avons un programme de garderie très populaire. D'ailleurs, je crois savoir que des gens de Trenton vous ont dit qu'ils voulaient davantage de services de garde. Nous sommes tout à fait prêts à faire davantage.
• 0950
Ce n'est qu'à quelques endroits que nous offrons des
programmes particuliers destinés aux enfants handicapés. Il n'y a
pas à Trenton de tels programmes pour les enfants handicapés de
langue française. Nous avons la responsabilité de servir cette
famille et de trouver des services s'ils sont disponibles. S'ils ne
le sont pas, nous aiderons certainement cette famille si elle
souhaite déménager à un endroit où ce genre de service est
accessible.
Je serais le premier à admettre qu'à Trenton, il serait très difficile de trouver des services spécialisés en français pour un enfant handicapé.
[Français]
M. Ghislain Lebel: Vous n'aurez pas de difficulté à en trouver à Québec. Devant une telle situation, le militaire en question a demandé d'être transféré à Québec, où il existe de nombreux services compétents pour enseigner à son enfant. On a refusé et on lui a dit de quitter l'armée. On lui a dit que s'il n'était pas content, il n'avait qu'à retourner chez lui. C'est une réponse qui est souvent faite. C'est ce qu'on répond aux militaires. Êtes-vous au courant de cela?
[Traduction]
M. Jim Jamieson: Oui. Les centres de ressources pour les familles n'ont aucun contrôle sur le lieu d'affectation des militaires. Leur travail est de soutenir les gens qui se retrouvent dans ces situations le mieux possible. Si une famille a besoin de services spécialisés qui ne sont pas disponibles, le centre collabore avec des travailleurs sociaux et aide la famille à obtenir une affectation là où elle pourra obtenir les services nécessaires. En théorie, cela arrive. Est-ce fréquent? Apparemment pas.
[Français]
M. Ghislain Lebel: Je n'ai pas d'autres questions.
[Traduction]
Le président: Monsieur Proud.
M. George Proud: Merci, monsieur le président.
Monsieur Jamieson, je vous remercie d'être venu comparaître ce matin. J'ai été heureux de vous entendre dire que les choses s'améliorent. Vous avez répondu à toutes les questions que j'avais. J'aimerais simplement que vous nous donniez l'assurance qu'il existe des mécanismes pour faire en sorte que les conjoints des militaires déployés reçoivent des services d'aussi bonne qualité que la personne déployée elle-même.
Autre chose, au sujet de la ligne d'information sur les missions, vous avez apporté des changements car des gens nous ont dit qu'ils obtenaient l'information de CNN. Je voudrais savoir si l'information communiquée par la ligne d'information sur les missions est aussi à jour et aussi pertinente que celle de CNN. Nous vivons dans une nouvelle ère où les bulletins d'information sont diffusés instantanément.
M. Jim Jamieson: L'information transmise par la ligne d'information sur les missions est très à jour. Nous faisons des mises à jour tous les jours. Au besoin, nous modifions l'information transmise sur cette ligne. C'est précisément pour la raison que vous venez d'évoquer que nous avons institué cette ligne d'information sur la mission.
Au cours de la guerre du Golfe, il est indéniable que nos familles en apprenaient davantage auprès de CNN que de notre ligne d'information. Nous ne pouvions maintenir le rythme. La LIM est un endroit où elles peuvent obtenir des renseignements exacts, mis à jour quotidiennement. Si j'ose dire, l'information est plus exacte que toute autre information émanant d'autres sources, y compris CNN.
C'est un vrai problème. Je pense que le général Dallaire en a parlé l'autre jour. En raison du caractère instantané des communications et de la télévision, nos familles vivent de très près le déroulement des missions.
La ligne d'information sur les missions et le programme de soutien aux familles qui ont été mis en place précisément en raison de l'inquiétude très vive des familles au cours de la guerre du Golfe. Ce fut un élément déclencheur.
Uniquement dans notre ville, nous avons dû nous démener pour constituer trois groupes de soutien distincts car certains conjoints étaient au bulletin de nouvelles de CNN le jour comme la nuit. Ils étaient extrêmement angoissés par la situation. En fait, nos soldats n'étaient pas particulièrement en danger et, paradoxalement, c'était le mari, stationné à Qatar, qui appelait sa femme pour la réconforter, plutôt que le contraire, en raison du syndrome CNN. C'est le nom que nous en sommes venus à donner au phénomène.
Je regrette que ma réponse soit si longue, mais je peux vous donner l'assurance que notre information est à jour. Le seul souci des deux personnes responsables de la ligne est d'actualiser constamment l'information et d'être disponibles pour nos familles.
M. George Proud: Je m'intéresse également à la qualité des services offerts aux personnes qui restent derrière lorsque leurs conjoints sont déployés. Ce sont peut-être des cas isolés, mais on nous a dit qu'il est déjà arrivé que le personnel militaire des Forces canadiennes ne veuille pas traiter avec elles lorsque leurs conjoints sont en déploiement. Je suppose que cela se produit de temps à autre.
M. Jim Jamieson: Je pense qu'il y a parfois des frustrations. Les gens ne peuvent obtenir l'information. Ils ne savent pas à qui s'adresser. Les CRFM et la ligne d'information sont là pour résoudre ce problème. Le conjoint ou la conjointe ne devrait pas avoir à se débrouiller dans le dédale de la bureaucratie; nous le ferons pour eux. D'ailleurs c'est pour cela que nous voulons appliquer la règle des meilleures pratiques.
Depuis deux ans, le service a atteint un niveau d'excellence considérable. Nous essayons encore de l'améliorer. Nous tentons d'organiser des bureaux satellites des CRFM dans les lieux où il y a un nombre appréciable de réservistes car on trouve encore aujourd'hui des groupes imposants de réservistes privés d'aide. Nous essayons de faire un suivi d'un an auprès des familles pour essayer d'améliorer les services.
Cela dit, je serais déçu si vous entendiez des plaintes quant au soutien offert au cours des déploiements depuis deux ans. J'espère que ce n'est pas le cas.
M. George Proud: Oui, nous avons entendu des plaintes, mais comme je l'ai dit tout à l'heure, il peut s'agir de cas isolés.
Merci.
M. Jim Jamieson: Merci, monsieur.
Le président: Monsieur Clouthier, il vous reste environ cinq minutes.
M. Hec Clouthier: Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Jamieson, vous avez répondu à bon nombre de mes questions en répondant à mes collègues Art Hanger et George Proud. Les doléances que j'entends le plus souvent de la part des gens de ma circonscription, qui englobe la base de Petawawa—et cela revient année après année—concernent l'absence de soutien pour les conjoints lorsque les troupes sont déployées.
Je comprends que ce n'est pas facile et que vous ne pouvez répondre aux besoins de tous et chacun. D'ailleurs, je conviens avec vous que la couverture médiatique, notamment par CNN, de ces événements cataclysmiques dans le monde est un élément déclencheur qui fait monter leur niveau d'anxiété. Cela dit, j'allais vous demander s'il existe une norme nationale pour assurer une certaine continuité.
Je pense que vous y avez fait allusion lorsque vous avez répondu à M. Hanger. Personnellement, j'estime que les personnes qui travaillent à ces CRFM, ces Centres de ressources pour les familles, devraient être forcées—peut-être que le terme «forcées» n'est pas le terme à employer—ou fortement encouragées à prendre le même cours ou à adopter une norme nationale qui s'appliquerait d'une base à l'autre.
Pour les gens qui sont mutés, que ce soit à la base de Petawawa, de Trenton ou de Gagetown, l'un des problèmes tient au fait que ce ne sont pas les mêmes genres de programmes qui sont offerts partout. Comme vous le savez, des employés heureux sont des employés moins stressés, des employés qui se donnent davantage à leur travail et comme vous l'avez signalé, il arrive parfois que les soldats déployés—ou même ceux qui sont sur la base—aient des soucis domestiques, ne serait-ce que le déneigement de l'entrée.
Au match de hockey, des conjointes m'abordent pour me dire qu'elles ont consulté le Centre de ressources parce que leur enfant avait désespérément besoin d'aide et qu'elles avaient dû se rendre à l'Hôpital pour enfants d'Ottawa. Elles m'ont dit que les responsables du Centre de ressources ne voulaient même pas leur parler, sinon pour leur expliquer où trouver la sortie. Le chèque de leur mari ne rentrait pas, et il semble qu'il y avait une énorme confusion.
Je sais que les plaintes découlent souvent d'un sentiment de frustration, et qu'il s'agit peut-être là d'incidents isolés. Mais je tiens à vous le dire, ces incidents isolés deviennent beaucoup trop fréquents, et il faut faire quelque chose.
J'ai été heureux de vous entendre dire ce matin que vous alliez établir des normes nationales. Je pense que c'est la bonne solution. Cependant, il convient de coordonner et de renforcer ces services pour que ces familles puissent obtenir l'aide nécessaire.
Je sais qu'il y a cette LIM, mais comme vous l'avez dit, elle comporte 55 options. Parfois, les gens appellent lorsque leur niveau de stress est élevé. Eh bien, si leur niveau de stress n'était pas élevé avant d'appeler et qu'ils se trouvent confrontés à 55 options—je n'ai pas appelé moi-même—, il est certain que leur niveau de stress grimpera d'un cran. Je sais que vous essayez de faire de votre mieux avec les ressources dont vous disposez, mais trop souvent il semble que le système fasse défaut. Dans bien des cas, c'est le résultat d'une erreur humaine ou d'une impression d'un manque de compassion, et nous n'avons certainement pas besoin de cela dans les Forces militaires canadiennes.
M. James Jamieson: Vous avez soulevé de multiples questions.
Premièrement, en ce qui a trait à la ligne d'information sur les missions, l'une des premières options est la suivante: on vous dit que pour parler à quelqu'un tout de suite, il faut presser le zéro. Par conséquent, vous n'avez pas à entendre plus qu'un seul message électronique. Si vous savez que votre conjoint est en Bosnie, on vous dit d'appuyer sur la touche 2, et s'il est dans l'escadre A, B ou quoi que ce soit, d'appuyer sur les touches 1, 2 ou 3. Ainsi, on vous amène directement là où vous devez être.
Je ne voudrais pas que vous ayez l'impression qu'il faille écouter 55 messages électroniques. Ce n'est pas vrai du tout.
Deuxièmement, pour reprendre vos propos, il y a une façon de forcer le personnel des CRFM à respecter une norme nationale commune. Cela a été résumé. Encore une fois, je pense qu'on vous a donné la brochure en question. Je ne sais pas où vous prenez le temps de lire tout cela, mais vous y trouverez l'arrangement contractuel que nous concluons avec chaque centre. Le personnel doit respecter les normes minimales énoncées dans ce document et on y parle du déploiement.
Il y a des histoires d'horreur, j'en conviens. Nous avons plus de 700 employés à temps plein et à temps partiel dans nos Centres de ressources pour les familles des militaires et leur seule raison d'être est de servir les familles. Plus de la moitié de ces centres sont financés non pas par le ministère, mais grâce aux levées de fonds qu'ils ont organisées eux-mêmes pour élargir leurs services. Je serais très déçu si quelqu'un appelait un Centre de ressources et qu'on lui disait qu'on ne peut l'aider à se rendre à Ottawa avec un enfant malade. Si une telle chose se produisait, ce serait tout à fait inacceptable.
Il y a des normes universelles qui sont entrées en vigueur au 1er avril de cette année. Nous en surveillons de près l'application. Mais j'ai l'impression que la plupart de nos employés et les 3 800 bénévoles inscrits et plus qui travaillent dans ces centres font tout leur possible pour soutenir les familles. Les problèmes sérieux ne sont pas liés à leur travail; ce sont la rémunération, le logement et le stress inévitable lié à une mission.
À mon avis, ces centres sont une initiative positive. Pouvons-nous faire plus? Pouvons-nous faire mieux? Oui, et nous nous y attachons. J'ai en tête plusieurs initiatives dont nous parlerons sans doute davantage au cours de la session de mai, à moins que vous vouliez que je vous donne des détails dès maintenant.
M. Hec Clouthier: Non.
Vous avez effleuré l'aspect concret du travail des Centres de ressources pour les familles des militaires. Je sais que le personnel est formé pour répondre à des besoins concrets, mais bien souvent, l'état émotif d'une personne est directement lié à des questions concrètes. C'est très bien de dire à quelqu'un qu'on va déneiger son entrée ou emmener son enfant malade à Ottawa, mais il faut aussi tenir compte du volet émotif. Voilà ce qui m'inquiète au sujet de la formation.
Il y a énormément de stress et d'émotivité liés à des problèmes concrets. C'est bien beau de dire qu'on va rendre service à quelqu'un mais si du même souffle on ajoute qu'on va le faire arbitrairement de telle ou telle façon, cela n'aide en rien la personne dont les émotions sont à fleur de peau. Cela ne fait qu'exacerber le problème.
Voilà ce qui m'inquiète. Y aura-t-il une certaine continuité pour tenir compte de problèmes qui ne sont pas tangibles, de problèmes de stress émotif?
M. Jim Jamieson: Chaque grand centre de ressources pour les familles des militaires—et c'est le cas à Petawawa—dispose des services d'au moins un travailleur social professionnel compétent dont la seule raison d'être est d'intervenir en cas de crise et d'aider la famille, à l'extérieur de la hiérarchie. Également, au sein de la hiérarchie, je connais personnellement à Petawawa deux travailleurs sociaux militaires qui sont des gens très compatissants.
Il faudrait sans doute en avoir deux de plus. Comme vous le savez, Petawawa a connu de nombreux déploiements et cela a causé énormément de détresse au sein des familles.
M. Hec Clouthier: Comme on dit, c'est là le hic. Il nous en faudrait davantage.
Le président: D'accord, monsieur Price.
M. David Price: Merci, monsieur le président. Je vais poursuivre dans la même veine que M. Clouthier.
Après avoir visité de nombreuses bases un peu partout au pays, lorsque j'ai visité Petawawa, j'ai constaté une différence. En fait, j'ai trouvé que la base de Petawawa était assez bien organisée comparativement à Moose Jaw où nous avons trouvé la situation très mauvaise. C'est vrai que le personnel de Moose Jaw est beaucoup moins appelé à être déployé. Voilà qui me ramène à l'expression utilisée par M. Hanger, soit «là où le nombre le justifie». J'ai aussi l'impression que c'est le cas.
• 1005
On nous l'a répété à Petawawa, le problème, c'est l'absence de
services en français. Il y a seulement 14 francophones unilingues
qui figurent sur la liste et pourtant, il y a plus de 1 100
militaires bilingues sur le terrain. Par conséquent, il y a environ
350 familles francophones unilingues là-bas et ces familles
n'obtiennent aucun service. Aucun service d'après ce qu'on nous a
dit.
M. Jim Jamieson: Tout d'abord, il est entendu que tous les Centres de ressources pour les familles des militaires doivent offrir tous les programmes standards communs dans les deux langues officielles: brochures, matériels, bulletins de nouvelles.
M. David Price: Compris. Je peux comprendre votre position si vous vous dites que cela ne concerne que 14 personnes.
M. Jim Jamieson: Non. Nous n'avons pas ce chiffre. En fait, nous venons de faire une visite à Petawawa au sujet de l'aide au personnel et l'un des quatre thèmes sur lesquels nous avons insisté auprès du Centre de ressources a été la nécessité de mieux servir les familles francophones. Vous avez raison, le Centre ne fait pas un aussi bon travail qu'il le devrait. À l'heure actuelle, nous exerçons des pressions pour que cela change.
Il y a un certain nombre de familles francophones, je crois qu'il avait mentionné le chiffre de 350. C'est probablement exact. Si vous prétendez que le Centre de ressources pour les familles des militaires ne leur offre pas un service adéquat, je suis d'accord. Nous exerçons des pressions pour que leur service s'améliore.
Dans la plupart des endroits, le CRFM a été une bénédiction pour les familles francophones et, à ce titre, Moose Jaw est un excellent exemple. Ce programme organise un grand nombre d'activités, il offre une bibliothèque de livres et de vidéocassettes en français.
M. David Price: Effectivement mais nous parlons maintenant de services qui sont offerts de façon régulière. Quand on regarde du côté du déploiement, le sujet de votre intervention aujourd'hui, on constate que les services en matière de déploiement sont très mauvais à Moose Jaw.
M. Jim Jamieson: Vous avez peut-être raison. C'est vrai. Il est clair que Moose Jaw n'a pas les mêmes effectifs qu'Edmonton, Petawawa, Valcartier, etc. Par conséquent, la qualité des services ne peut pas être comparée.
Nous avons adopté une norme commune qui est entrée en vigueur le 1er avril de cette année. Elle est énoncée dans ce livre.
M. David Price: Je pense que c'est très important.
M. Jim Jamieson: Nous avons aussi une série de ce que nous décrivons comme les meilleures pratiques.
M. David Price: Prévoit-on aussi un suivi?
M. Jim Jamieson: Il y a au moins quatre services. Toute famille touchée par un déploiement devrait recevoir la documentation suivante: des renseignements précis, des dépliants portant sur toute la gamme des situations auxquelles elles seront exposées, une offre active d'aide, que l'on se trouve à Moose Jaw ou ailleurs, qui parle de la possibilité d'avoir des consultations hebdomadaires ou deux ou trois fois par semaine avec une personne spécialisée pouvant offrir des services de soutien individuel. Les familles peuvent donc compter sur un briefing de réunion et un journal qui les invite à toutes les activités prévues. Voilà donc quatre sortes de services fondamentaux offerts à Moose Jaw ou ailleurs.
Ce système est en vigueur depuis le 1er avril de cette année seulement précisément pour la raison que vous avez mentionnée, c'est-à-dire la qualité variable du service.
M. David Price: Maintenant que vous avez établi certaines normes concernant le service, avez-vous également une politique visant à assurer un suivi?
M. James Jamieson: Oui. Nous avons un vérificateur à plein temps dans notre agence chargé d'assurer le suivi. C'est mon travail de faire en sorte que ces normes sont appliquées et, sinon, de découvrir pourquoi ce n'est pas le cas et apporter les corrections nécessaires.
Le déploiement, l'emploi du conjoint et la garde des enfants constituent, pour nous, les trois grandes questions. Nous allons les aborder. Je reconnais que certains pourront sentir qu'ils ne sont pas aussi bien servis qu'ils le devraient mais la grande majorité des gens sont déjà bien servis et nous allons améliorer la qualité des services.
M. David Price: Je voulais aussi vous parler du problème de la milice, de ce qui est prévu pour ces familles mais vous en avez déjà parlé. Je suppose qu'à l'heure actuelle vous n'avez rien de concret à...
M. Jim Jamieson: Eh bien, nous essayons de faire trois choses que nous ne faisons pas actuellement. D'abord, nous voudrions faire le suivi pendant un an avec les membres de la milice et leur famille. Nous allons leur offrir des services pendant une année parce que c'est la période la plus difficile. Le colonel McLellan va également vous en parler dans une semaine, je crois. Il est clair que nous devons améliorer notre service, surtout pour ceux qui estiment avoir souffert sur le plan émotif ou même physique et il a un plan dont il voudrait vous entretenir.
• 1010
La deuxième chose que nous envisageons, et cela dépend bien
sûr de la disponibilité des ressources, c'est la création de
bureaux satellites des CRFM. Ils pourraient avoir recours aux
connaissances spécialisées du CRFM simplement en se branchant. Il
y a déjà un projet pilote en cours à Thunder Bay; il est relié au
programme de Winnipeg et dessert essentiellement les membres de la
réserve dans la région de Thunder Bay.
Comme je vous l'expliquerai lors de ma prochaine comparution, nous essayons d'obtenir les ressources nécessaires pour nous permettre d'augmenter considérablement nos services de garde d'enfants, surtout pour les militaires qui sont déployés—et là j'utilise le mot «déployé» dans tous ses sens.
M. David Price: Même s'il s'agit d'un déploiement local.
M. Jim Jamieson: Oui, dans le cas d'une tempête de verglas, une inondation ou un appel pour une force militaire de la base en plein milieu de la nuit. Il faut avoir des services à offrir aux parents—surtout les parents seuls—et à leurs enfants.
M. David Price: Oui, c'est quelque chose qu'on nous a dit assez souvent.
Merci, monsieur Jamieson.
M. Jim Jamieson: Merci.
Le président: Nous passons maintenant au tour de cinq minutes, et nous allons commencer par M. Hanger.
M. Art Hanger: Merci, monsieur le président.
Il va sans dire que je reconnais l'importance du groupe de soutien. Cependant, je me demande à quel point vous pouvez aider les militaires en cas d'incidents dans la famille, par exemple. Quels services pouvez-vous offrir à une famille où il y a un décès—soit dans la famille immédiate ou dans la famille plus élargie? Existe-t-il une politique sur les congés pour raisons familiales ou les congés de décès?
M. Jim Jamieson: Oui, mais ce n'est pas un domaine que je connais bien. Ma compétence est plutôt dans les services offerts par les Centres de ressources pour les familles des militaires. Mais les Forces armées canadiennes ont une politique de congés pour raisons familiales qui s'applique au décès d'un membre de la famille ou à des blessures par un membre de la famille. Notre tâche est de soutenir les militaires dans ces situations.
M. Clouthier est parti, mais vous vous souviendrez peut-être d'un cas récent où un enfant perdu a été retrouvé mort à Petawawa. Le CRFM a offert des services de soutien à cette famille. C'est le genre de travail que nous faisons.
Si le militaire a besoin d'un congé, c'est une question qu'il doit régler avec son commandant, mais il y a certainement une disposition concernant les congés pour des raisons familiales.
M. Art Hanger: Savez-vous ce que la disposition prévoit?
M. Jim Jamieson: Je sais que le commandant peut accorder au moins deux semaines, et qu'un officier supérieur peut accorder jusqu'à un mois, mais, comme je l'ai dit, ce n'est pas mon domaine de compétence.
M. Art Hanger: Puisque vous devez faire affaire avec beaucoup de familles en cas de décès, pouvez-vous me dire si le congé s'applique à la famille immédiate—les grands-parents en plus des parents? Y a-t-il un congé dans le cas du décès des grands-parents?
M. Jim Jamieson: Je dirais que oui, mais je crois savoir que la décision relève du commandant. Cependant, l'accès au transport aérien militaire est limité à un décès dans la famille immédiate, c'est-à-dire les parents, les conjoints et les enfants.
M. Art Hanger: Dans le cas d'affectations dans des régions éloignées, est-ce que le militaire a droit à un congé? De plus, est-ce que les Forces armées canadiennes s'assurent que la famille arrive à temps pour les funérailles?
M. Jim Jamieson: Il s'agit d'une question qui relève des services de la rémunération et des avantages, et je ne sais pas si le colonel Lemay a déjà témoigné devant vous. Comme ce n'est pas mon domaine de compétence, je ne peux pas vous donner de réponse sûre.
Mais je peux vous dire qu'en tant que président de la Caisse d'assistance au personnel des Forces canadiennes, la CAPFC, je peux accorder une subvention d'un maximum de 5 000 $ pour répondre aux besoins qui ne sont pas couverts autrement par les forces armées.
M. Art Hanger: Eh bien, je connais un cas qui vous permettrait de bien utiliser ces fonds.
Un militaire avec 30 d'expérience et sa famille sont affectés à Gander. Il n'y a pas de vol militaire à partir de Gander et à destination de Gander. En fait, tous les vols ont été annulés à Gander.
La grand-mère est morte à Petawawa. Les Forces armées canadiennes ont accordé un congé de décès, mais tout ce qu'elle propose de faire c'est de conduire les cinq membres de la famille à Halifax.
C'est un voyage de deux jours à partir de Gander. Le voyage en automobile aurait coûté à la famille environ 1 000 $ pour les repas, l'hôtel et autres frais. Cela voudrait dire deux jours de congé du travail et de l'école dans les deux sens. Il y a régulièrement des vols de service qui partent de St-Jean, Terre-Neuve, mais on a dit à la famille qu'elle ne pouvait pas profiter de ces vols, même de cinq à 10 places sont libres.
La famille devra emprunter 2 500 $ pour prendre un vol commercial à partir de St-Jean, Terre-Neuve, jusqu'à Petawawa. Je trouve plutôt étrange...
M. Jim Jamieson: C'est certainement étrange à première vue.
M. Art Hanger: ... qu'elle doive procéder de cette façon. La décision doit être prise aujourd'hui. Tout cela est en train de se passer.
M. Jim Jamieson: Si Ron Walsh, le directeur du CRFM à Gander, ne s'occupe pas déjà de la question, je puis certainement lui demander de le faire.
Je ne peux rien faire pour l'utilisation des vols militaires. Je ne peux rien faire pour les autorisations de congé. C'est au militaire à en discuter avec son commandant. Ce que je peux faire, cependant, c'est de fournir un soutien financier à la famille si cela semble raisonnable. Nous pouvons autoriser un octroi ou un prêt sans intérêt par l'entremise de la caisse d'assistance au personnel des Forces canadiennes. L'une des raisons d'être des centres de soutien familial c'est justement de pouvoir profiter de cette caisse là où c'est motivé.
Je n'avais pas encore entendu parler de ce cas-là.
M. Art Hanger: Voulez-vous vous en occuper personnellement?
M. Jim Jamieson: Je téléphonerai au directeur exécutif à Gander et je lui demanderai de communiquer avec la famille et de l'aider le plus possible.
M. Art Hanger: Très bien, mais je pense qu'il faut s'en occuper rapidement.
Si vous me le permettez, monsieur le président, je voudrais faire une autre observation.
Vous avez parlé de la perte d'un enfant de l'un des membres des Forces canadiennes à Petawawa. Vous en avez parlé. Je pense que le militaire en question a fait un exposé très émotif au comité. Il n'était pas vraiment satisfait de la façon dont on s'est occupé de son cas. Comme il l'a dit, il a fallu quatre mois avant l'aumônier catholique ne vienne le voir, après quoi l'aumônier protestant l'a vu une fois quelques semaines plus tard et il n'y a eu absolument aucun suivi.
Immédiatement après la mort de l'enfant et son enterrement, le militaire a été posté ailleurs. C'est arrivé un mois après le décès. Personne n'est intervenu pour que lui et sa famille puissent retrouver une certaine stabilité après ce deuil, et je dois dire qu'ils en souffrent encore. Apparemment, on s'est contenté d'une seule intervention. D'ailleurs, on a été très mesquin avec lui quand il a noté son objection au sujet de sa mutation.
Il a résumé de cette façon: si l'on ajoute le deuil aux autres problèmes, cela ne fait qu'aggraver les choses.
Vous allez peut-être dire que ce n'est qu'un incident...
M. Jim Jamieson: Je n'ai pas dit cela.
M. Art Hanger: Non, ce n'est pas ce que je veux dire; je voulais dire que certains diraient que ce n'est qu'un incident. Malheureusement, nous entendons beaucoup trop souvent de telles plaintes. Ce n'est pas seulement un incident isolé.
Il me semble qu'il y a vraiment une lacune et je doute fort que le centre de ressources s'occupe vraiment de combler cette lacune lorsqu'il s'agit de fournir les services d'appui solide pour les militaires qui perdent un proche. Cette capacité n'existe pas.
Merci.
Le président: Monsieur Hanger, je voulais simplement vous signaler que le cas mentionné par M. Jamieson n'est pas le même que celui dont vous avez parlé. Je suis pleinement au courant de cette affaire. Le cas mentionné par M. Jamieson était celui d'une adolescente et s'est produit il y a quelques mois.
M. Art Hanger: Le meurtre?
Le président: Non. La noyade dans la rivière Petawawa. Je crois cependant que cette affaire remonte à quelques années. Je voulais simplement faire cette mise au point.
M. Art Hanger: Oui.
Le président: Madame Longfield.
Mme Judi Longfield: Monsieur Hanger, en vérité, je pense que les cas dont nous avons entendu parler et où on s'est montré très insensible remontent à quelque temps. Je pense qu'ils se sont produits bien avant qu'on n'offre les centres de ressources aux familles et que ceux-ci fonctionnent véritablement.
J'aimerais parler de financement. Vous avez dit qu'une grande partie de vos fonds ne proviennent pas du secteur public.
Je trouve cela un peu désolant, étant donné qu'il me semble que les grosses bases, les mieux nanties peut-être, sont en mesure d'y affecter des fonds, et là où les ressources sont réduites à leur plus simple expression, la capacité des Forces d'y contribuer est grandement diminuée. C'est une impasse. Si votre base est bien nantie, vous y affectez davantage d'argent et obtenez plus de services. Si votre base est plutôt démunie, vous n'avez pas d'argent et vous n'obtenez rien.
Même si l'on parle de l'uniformisation des services, c'est peut-être le cas en ce qui concerne le financement de base, mais c'est différent pour le reste.
M. Jim Jamieson: Il y a deux sens à l'expression «fonds non publics». Il y a les capitaux et les fonds non publics qui, comme vous le savez probablement, sont recueillis grâce aux activités de la base. Et vous avez raison, les riches s'enrichissent et les pauvres s'appauvrissent.
Il en sera question le 13 mai. En fait, un de mes patrons est ici aujourd'hui, et l'autre viendra, le général Popowych, et vous souhaiterez peut-être l'interroger sur la répartition des fonds non publics.
Je m'en tiendrai à cela. Il y a une portion centralisée qui est répartie selon les besoins, et il y a donc un certain équilibre. Mais au-delà de cela, je ne saurais dire.
Le financement des centres d'aide aux familles militaires dont je parle est un financement non public dans un autre sens. C'est de l'argent recueilli de diverses façons. L'un des...
Mme Judi Longfield: Oui, mais il est recueilli localement, à chaque base locale, plutôt que...
M. Jim Jamieson: Une partie de ces fonds sont recueillis par notre bureau. Nous avons une campagne nationale de financement. Ses résultats s'améliorent constamment. Nous répartissons les fonds selon les besoins, pour ne pas que les riches s'enrichissent grâce à nous. Par exemple, une base comme celle de Borden, qui s'en tire très bien, ne reçoit rien. D'autres bases obtiennent des fonds ou des marchandises ou des coupons que nous leur remettons. Nous essayons ainsi de redistribuer les fonds.
Un grand nombre de subventions et d'autres choses, comme des dons, vont aux petites bases. Pour ce qui est donc du programme de soutien militaire, la situation n'est pas peut-être pas aussi déplorable que vous le dites. Certaines de nos petites bases s'en tirent très bien. Toutefois, je le reconnais, il y a d'importants écarts. Ce qui est uniformisé maintenant, madame, c'est le financement public destiné à...
Mme Judi Longfield: Je le sais, mais je pense que le financement public ne sert qu'à un certain pourcentage. Je ne veux pas m'appesantir là-dessus. J'en parlerai au général Popowych. Je suis heureuse de vous entendre dire que vous reconnaissez au moins qu'il existe des écarts et que vous essayez d'assurer une répartition plus équitable.
L'autre front qui mérite, je crois, beaucoup d'attention et d'action, c'est le secteur des soins aux enfants. Vous avez abordé très brièvement en parlant avec M. Price, et vous avez particulièrement mentionné le cas des parents seuls.
Je pense qu'il faut bien comprendre que quand les militaires sont déployés tout parent est un parent seul. Les choses vont bien quand le mari ou la femme est à la maison. On peut s'accorder un répit mutuel. Élever une famille et s'occuper de ses corvées quotidiennes peut être très épuisant, surtout si on a d'autres sujets de préoccupation. Pour des conjoints dans une zone où un conflit fait rage, je dirais que c'est assez stressant.
Pour ce qui est de la possibilité d'un certain répit, même si l'on songe aux tâches les plus banales, c'est bien beau que quelqu'un déblaie la neige dans l'entrée, mais à dire vrai il me semble qu'il serait bien mieux d'avoir quelqu'un avec soi à 5 heures quand on essaie de donner le bain à trois enfants en pleurs à qui on essaie d'expliquer pourquoi papa n'est pas là.
• 1025
Je sais qu'on vous sollicite de toutes parts, mais c'est là
une grande source de mécontentement. Je pense que cela ajoute au
sentiment de découragement et aux difficultés qu'on éprouve lors
des réunions. Bien des mères à qui j'ai parlé m'ont dit qu'aussi
heureuses qu'elles soient de voir revenir leur mari à la maison,
elles n'attendent que ce moment pour leur laisser les enfants parce
qu'elles en ont assez. En réalité, lui s'attend à autre chose quand
il est en permission. C'est donc un problème.
M. Jim Jamieson: Comme je le disais tout à l'heure, c'est un de nos trois grands programmes d'activité. Nous en reparlerons plus tard. C'est l'un des principaux sujets dont je veux parler en ce moment. Nous avons un vaste éventail de services pour enfants, depuis les services de gardiennes pour procurer un répit jusqu'à la garde de jour complète.
M. Judi Longfield: Ce n'est pas ce que nous constatons dans les faits.
M. Jim Jamieson: Eh bien, ce n'est pas suffisant, je le reconnais, et c'est là le problème. Je n'ai pas le droit de dépenser le moindre denier public pour la prestation de ce genre de service. Nous utilisons des deniers publics pour embaucher un coordonnateur des services pour enfants, mais tout l'argent qu'il faut ensuite dépenser pour offrir ces services doit provenir des usagers ou de campagnes de financement, de ventes de biscuits, et ainsi de suite.
M. Judi Longfield: Je comprends votre frustration. Ce que je dis en somme c'est qu'il y a un membre au comité—et je ne crois pas être la seule—qui souhaite peut-être qu'on recommande que des fonds publics soient dépensés à ces fins. C'est au fond une question de qualité de vie.
Certains diront que si on est un parent seul, on a peut-être quelque chose à voir là-dedans, mais dans bien des cas il s'agit de bonnes cellules familiales unies. Indépendamment de leur volonté, elles sont déchirées alors qu'elles servent leur pays. Je pense qu'on devrait dépenser des fonds publics pour essayer de leur procurer un peu de confort.
M. Jim Jamieson: Mon prochain exposé renferme une proposition spécifique et un montant spécifique qui visent précisément à répondre aux besoins dont vous parlez. Nous aimerions garantir que si les Forces canadiennes font appel à votre conjoint, vous disposerez de différents services pour la garde des enfants.
M. Judi Longfield: Naturellement, cela ne concerne pas que les parents seuls.
M. Jim Jamieson: Non. Comme vous dites, quand un membre des forces armées est déployé, son conjoint devient un parent seul.
M. Judi Longfield: Qui sait peut-être moins bien s'y prendre qu'un parent seul. Ces derniers ont appris à s'en sortir avec le temps, alors que le conjoint marié se retrouve subitement seul.
M. Jim Jamieson: Le problème est d'autant plus ardu que 70 p. 100 de ces conjoints travaillent aussi. Un bon nombre affirme devoir travailler.
M. Judi Longfield: Certains ont des parents âgés dont ils s'occupent aussi, ou d'autres membres de leur famille dont ils prennent soin.
M. Jim Jamieson: Je reconnais que c'est un grand sujet de préoccupation. Sans vouloir me défendre, comparativement à ce qui se passait il y a quatre ans, nous avons... Sur ces 700 employés que j'ai rencontrés, plus de 50 p. 100 s'occupent exclusivement de la garde d'enfants, et c'est du personnel que nous n'avions pas il y a quatre ans. On ne fait que commencer à régler le problème, mais c'est un progrès majeur. Nous avons encore beaucoup à faire, c'est vrai.
M. Judi Longfield: Merci; merci pour votre compréhension.
Le président: Merci beaucoup, madame Longfield.
Bob Wood.
M. Bob Wood: Merci, monsieur le président. J'aimerais donner suite à ce que disait M. Hanger à propos de ce monsieur à Petawawa qui a comparu devant notre comité et qui a parlé de la qualité de vie.
Pour renchérir sur ce qu'Art disait, apparemment, il s'était rendu au centre de ressources familiales, et selon ses propos, ils ne savaient pas où s'adresser pour obtenir de l'aide. J'espère que c'est un cas unique. J'espère que ce n'est pas la règle. Ce monsieur et sa famille ont connu de grandes difficultés et essayaient d'obtenir de l'aide, et le centre de ressources familiales ne savait pas où s'adresser pour en obtenir. C'est plutôt troublant. Peu m'importe si cela remonte à un an ou à 10 ans, ils devraient savoir ce qui se passe.
M. Jim Jamieson: Je suis d'accord. Je ne sais pas à qui cette personne a parlé. Je ne connais pas les détails du dossier. Je n'ai aucun moyen de défense à proposer à la douleur de cet homme. Je puis tout simplement vous dire que, à Petawawa en particulier, nous bénéficions des services d'un travailleur social très compétent qui est tout à fait en mesure d'aider les gens à composer avec la douleur et qui connaît toutes les ressources de la région Pembroke—Petawawa. Je ne saurais dire pourquoi le rapport n'a pas été établi.
M. Bob Wood: Les centres des ressources aux familles ne bénéficient-ils pas tous de la même formation? Je crois que la personne était à Winnipeg. J'ai en main une petite note selon laquelle il n'y a pas non plus de système de soutien à Winnipeg. Mais qu'il s'agisse de Winnipeg ou de Petawawa, la formation n'est-elle pas la même partout, ou n'y a-t-il pas de normes? Il doit bien y en avoir.
M. Jim Jamieson: En matière d'intervention et de soutien en cas de crises—il s'agit de l'un de nos cinq domaines—il faut au minimum un diplôme de professionnel en counselling, et il est souhaitable de bénéficier d'une expérience considérable auprès de familles militaires.
Le CRFM de Winnipeg est l'un des meilleurs que nous ayons. Il peut y avoir des problèmes ponctuels, mais je ne suis pas au courant. Je n'ai pas lu le procès-verbal qui a trait à la situation de Petawawa. J'ai lu ce qui précède.
M. Bob Wood: Si cela vous intéresse, nous pouvons certainement vous donner le nom de la personne. Je l'ai sous la main si vous voulez y donner suite.
M. Jim Jamieson: Je ne puis que vous dire que tous nos grands centres de ressources pour les familles des militaires bénéficient des services de conseillers bien formés. Si on n'a pas bien fait les choses dans le cas que vous avez soulevé, c'est inexcusable, mais...
M. Bob Wood: Vous venez de parler des grands centres de ressources pour les familles des militaires.
M. Jim Jamieson: En effet.
M. Bob Wood: Les grandes bases sont-elles les seules à être dotées de tels centres? La taille de l'effectif est-elle un critère...
M. Jim Jamieson: Un centre de ressources pour les familles est établi à tous les endroits où 50 membres des Forces canadiennes sont cantonnés. Le centre offre une capacité d'intervention et de soutien en cas de crises. Il existe de plus petits centres. Par exemple, à Naples, en Italie, où il n'y a que 19 familles, je crois, nous avons établi un petit CRFM, compte tenu du stress de la vie à cet endroit. Dans de tels cas, les centres n'offrent pas toute la gamme des services. Le centre fournit de l'information et du soutien et sert de lieu d'appartenance.
M. Bob Wood: Merci beaucoup.
Le président: Merci, monsieur Wood.
Monsieur Richardson.
M. John Richardson (Perth—Middlesex, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier de votre comparution, monsieur Jamieson. Cela nous donne l'occasion de nous pencher sur certains des programmes que vous administrez un peu partout au Canada.
Nous avons fait beaucoup de chemin. Il suffit de revenir en arrière sur diverses étapes pour le constater: depuis la Seconde Guerre mondiale à la guerre de Corée, aux opérations de l'OTAN auxquelles nous avons participé activement: dans tous ces cas les conjoints ont été séparés à divers degrés. Pour notre participation à l'OTAN, nous avons construit des LF en grand nombre. À l'époque, nous avons lancé les premiers magasins Feuille d'érable et ainsi fourni aux Canadiens, dans la mesure du possible et à une bien plus petite échelle, les denrées qu'ils auraient pu obtenir au Canada chez Loblaws ou A&P.
Nous pouvions compter sur un grand nombre d'aumôniers. Même à cette époque, notre participation à l'OTAN consistait largement à participer à des exercices de manoeuvres. Nous devions essentiellement nous exercer sur les sites de déploiements éventuels.
Les problèmes semblaient surtout survenir lorsque nous étions déployés pendant de longues périodes. Les soldats mariés s'inquiétaient constamment du bien-être de leurs proches au Canada. Évidemment, à l'époque, les nouvelles ne circulaient pas vite, ni dans un sens, ni dans l'autre. Les choses ont bien progressé depuis. J'effectuerai bientôt mon troisième voyage en Bosnie, tout comme certains autres membres du comité. Je dois dire que, au fil des années, les possibilités de communications avec le Canada ont beaucoup progressé.
Là où nous avons dépensé le plus d'argent à juste titre, c'est pour donner l'accès téléphonique gratis à tout soldat qui veut téléphoner à sa famille quand il n'est pas déployé, s'il veut parler à son père et à sa mère ou bien à sa femme et à ses enfants. C'est un peu comme une soupape de sécurité. Au début tout le monde s'en servait, maintenant les choses se tassent un peu car les gens sont rassurés, ils savent qu'ils peuvent communiquer instantanément avec les leurs et parler de ce qui se passe et ce qu'ils font. Du même coup, les familles sont rassurées.
Je tiens donc à dire que le responsable de cette initiative devrait être félicité, c'est très rassurant pour les familles au Canada et les soldats en mission. Je sais que ce n'est pas bon marché mais c'est excellent pour le moral et cela semble beaucoup encourager nos gens. Lors de nos entretiens, ou n'a pas vraiment eu de plaintes concernant ces services.
• 1035
Je tiens donc à souligner cette nouvelle initiative, je ne
sais pas pourquoi on n'y avait pas pensé avant. Ça marche bien et
c'est quelque chose de très simple.
Nous avons entendu de nombreuses préoccupations concernant les mesures de soutien offertes aux membres des Forces canadiennes par le quartier général à l'intention des officiers, des sous-officiers et des hommes. Il existe peut-être certaines tensions à cause de la réduction des effectifs mais il est clair que le personnel du quartier général de la Défense a du mal à offrir les services nécessaires aux soldats en mission, surtout concernant l'avancement de leur carrière etc. Il semblerait qu'on n'a pas suffisamment de conseillers pour ces personnes. Je pense l'avoir mentionné au Général Dallaire.
Nous avons entendu toutes sortes d'exemples à ce sujet lors de nos audiences à Petawawa de la part des soldats, des sergents et adjudants en particulier. Je ne sais pas quelle solution proposer mais je sais qu'une phrase banale ne suffit pas pour rassurer quelqu'un qui s'inquiète au sujet de sa carrière. Il vaut bien mieux faire preuve d'un peu de patience et écouter l'histoire que la personne veut vous raconter. En donnant une réponse, il faut faire preuve de compréhension. Il ne sert à rien de dire «Vous vous êtes enrôlé, alors il faut vous faire une raison» ou bien «Si ça ne vous plaît pas, vous pouvez toujours partir». C'est le genre de réponses qu'on avait données à ces gens, chose tout à fait inhabituelle.
Nous sommes dans une situation de compression des effectifs. Je comprends qu'il existe des tensions. Tout le monde, y compris les conseillers en matière de carrière, pensent à ce qui va se passer à l'avenir ou essaient de faire face à la surcharge actuelle. On n'en parle pas pour autre chose.
Mais les véritables professionnels donnent le meilleur d'eux-mêmes dans les pires circonstances, et je crois que c'est la situation actuelle. Les gens en bas de l'échelle estiment qu'on devrait augmenter un peu leur solde. Ils veulent un peu de confort, ils veulent être un peu rassurés au sujet de leur importance.
C'est tout ce que j'ai à dire. L'initiative de votre Comité permettra peut-être de surmonter ce sentiment assez fort chez les militaires qui pensent qu'on ne se soucie pas d'eux.
M. Jim Jamieson: Je pense que nous constituons un aspect important de la solution à cette détresse dont vous parlez. J'espère que personne au Centre militaire des ressources familiales ne dirait jamais «Puisque vous vous êtes enrôlé...» En fait, si vous me permettez de me citer...
M. John Richardson: Ce genre de commentaire n'a pas été attribué au Centre de ressources familiales, je tiens à le préciser.
M. Jim Jamieson: Dans le livret que nous distribuons à tous les membres de nos familles, au sujet du déploiement, se trouve l'affirmation suivante:
-
Je vous invite et je vous encourage à contacter le Centre militaire
de ressources familiales le plus proche ou notre ligne téléphonique
pour les familles. Vous pouvez compter sur une réception
chaleureuse et une abondance de renseignements [...]
Il est absolument essentiel que les gens se sentent à l'aise avec ces centres de ressources pour les familles, et cela m'afflige d'entendre que ce n'est pas toujours le cas.
Vous avez soulevé un point intéressant, et je pense que le Col McLellan vous parlera d'un guichet unique auquel les gens blessés peuvent téléphoner, pour ne pas être obligé de passer par toute l'administration bureaucratique. Il paraît que notre traitement des militaires blessés qui ont quitté les forces armées laisse beaucoup à désirer. Nous les avons peut-être très bien traités avant, mais non pas après.
Nous voulons nous inspirer de la ligne d'information sur les missions pour créer un guichet unique auquel les gens confrontés à des problèmes familiaux peuvent téléphoner. On leur expliquera à qui ils doivent s'adresser.
• 1040
Nous pouvons élargir ce service. Comme vous l'avez laissé
entendre, le service fonctionne bien dans certaines situations et
nous pourrons probablement l'adapter à d'autres. Pour régler les
problèmes de prestations et de droits, auxquels M. Hanger faisait
allusion, on a besoin de beaucoup d'information détaillée, et les
gens ne devraient pas être obligés de s'adresser à une centaine de
bureaux différents pour obtenir une réponse. Nous avons maintenant
la technologie voulue pour surmonter de telles difficultés.
Nous prenons donc ce genre de mesures pour rendre nos services plus accessibles.
M. John Richardson: Pour en revenir à cet exemple, quand les soldats doivent partir pour une zone de combat, de quoi s'inquiètent-ils le plus? Quelle est la question qu'ils posent le plus souvent?
M. Jim Jamieson: Ils s'inquiètent assurément de leurs familles.
M. John Richardson: Je pense qu'ils posent les questions suivantes: «Où est le point de rassemblement des blessés, et y a-t-il un centre ambulancier si je suis blessé?» C'est le genre de choses qu'ils veulent savoir. Les recherches effectuées au cours des années révèlent que ce qui inquiète le plus un soldat qui se prépare pour la bataille est de savoir si, en cas de blessures, on va tout simplement le laisser mourir. C'est ce qu'un soldat veut savoir.
Tout le monde prend donc bonne note de l'endroit exact où se trouvent les postes de rassemblement des blessés et de ce qu'il faut faire s'ils doivent être hospitalisés. Cela les soulage de savoir que s'ils sont blessés on prendra soin d'eux.
Je pense que cela est également vrai des gens qui ne se trouvent pas forcément en première ligne mais qui veulent savoir quand même qu'on en prendra soin s'ils sont envoyés à l'étranger ou s'ils restent chez eux.
Je fais une analogie ici, et je crois qu'elle est valable. C'est réconfortant de savoir qu'on prendra soin des gens qui en ont besoin. Je ne sais pas si l'on exploite ce besoin ou si l'on essaie d'en diminuer l'importance. Je ne suis pas sûr.
Merci.
Le président: Monsieur Hanger.
M. Art Hanger: Merci, monsieur le président.
J'aimerais me pencher un peu plus sur certains des exemples qu'on a cités. Un militaire en poste à Petawawa qui a 25 ans de service décide de démissionner parce qu'il en a assez. C'était le comble. C'est un militaire de carrière qui connaît très bien son métier, mais il ne veut plus en entendre parler. Étant donné ce qui s'est produit, il décide de mettre un terme à sa carrière dans les forces armées.
Une famille à Gander réagit de la même façon. On leur a dit que c'était à prendre ou à laisser. Si vous voulez remplir quelqu'un d'amertume, une offre pareille est probablement la façon la plus rapide de le faire.
Quel est votre rôle exactement au centre de ressources pour les familles? Intervenez-vous directement ou est-ce que vous indiquez à vos clients l'orientation générale qu'ils devraient prendre pour résoudre le problème eux-mêmes? Quel est votre rôle exactement?
M. Jim Jamieson: Nous en parlerons plus en détail le 13 mai, mais je vous dirai pour l'instant que si on a décidé de créer ces centres c'est parce que les conjoints estimaient qu'on ne tenait pas compte de leurs opinions, de leurs besoins et préoccupations, et qu'ils n'avaient aucun moyen de se faire entendre.
Le mécanisme mis en place est le suivant: si les conjoints se constituaient en société dans leur province de résidence, avec un conseil d'administration, les Forces armées canadiennes financeraient leurs activités dans cinq domaines: la transmission de renseignements; l'éducation sur la qualité de vie, ce qui comprend le déploiement et l'emploi du conjoint; des interventions et du soutien en cas de crise, dont on a parlé; une gamme de services pour les enfants et les jeunes; et enfin, des services professionnels de bénévoles.
La majorité des administrateurs sont des conjoints civils qui fixent les priorités dans ces cinq domaines. Nous donnons le financement voulu pour leur permettre d'embaucher le personnel professionnel pour répondre à leurs besoins dans ces cinq domaines. Le conseil tient des réunions trimestrielles avec le commandant de la base. Et lui et le CRFM ont comme mandat officiel de travailler en partenariat avec les familles. Voilà comment cela fonctionne.
• 1045
Beaucoup des problèmes dont on parlait dans les médias il y a
cinq ans ne font plus l'objet de tels reportages à cause de ces
mécanismes. Par exemple, il y a cinq ou six ans, avant la mission
en Somalie, on entendait beaucoup parler de la violence conjugale,
ou du manque de soutien pendant les missions, ou de l'impossibilité
pour les conjoints de faire connaître leurs besoins.
J'espère que ce n'est plus le cas, en partie à cause des centres de ressources pour les familles de militaires. Je pense que vous avez entendu des conjoints militaires fort éloquents. C'est le CRFM qui les a encouragés à vous parler.
Je ne sais pas si je réponds à votre question, mais je vous ai décrit les grandes lignes du fonctionnement de ces centres. Ils ne résolvent pas tous les problèmes des militaires ni de leurs familles, mais je pense qu'ils font du travail très positif à l'heure actuelle et qu'ils répondent aux besoins des familles.
Comme tout le monde, je dois lutter pour obtenir ma part du budget. Ce n'est pas facile, mais je pense qu'avec les ressources dont on dispose, le ministère et la population canadienne et certainement les familles des militaires en ont pour leur argent.
Je vais vous faire un exposé plus formel sur cette question le 13 mai.
M. Art Hanger: D'accord. Merci.
Le président: Merci beaucoup d'avoir comparu devant nous ce matin, monsieur Jamieson.
La séance est levée.