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SINS Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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SUB-COMMITTEE ON THE STUDY OF SPORT IN CANADA OF THE STANDING COMMITTEE ON CANADIAN HERITAGE

SOUS-COMITÉ SUR L'ÉTUDE DU SPORT AU CANADA DU COMITÉ PERMANENT DU PATRIMOINE CANADIEN

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 28 avril 1998

• 0900

[Traduction]

Le président (M. Dennis J. Mills (Broadview—Greenwood, Lib.)): Bonjour, mesdames et messieurs; bienvenue à la suite de nos audiences sur l'étude du sport au Canada. Je ferai quelques observations dans le cadre d'un bref préambule.

En premier lieu, je voudrais souhaiter la bienvenue à notre sous-comité ce matin au chef de l'Opposition loyale de Sa Majesté. Bien entendu, je voudrais également souhaiter la bienvenue à nos invités.

Monsieur Bettman, vous pouvez peut-être présenter vos collègues comme il convient dans un moment.

Je voudrais également déclarer publiquement que la greffière m'a signalé que deux personnes avaient posé des questions à propos du conflit d'intérêts que représenterait le fait que je suis président à titre bénévole de l'équipe de hockey majeur junior Toronto St. Michael, et je veux être sûr que cela figure au procès-verbal. Je m'occupe de cette équipe à titre bénévole. Je n'y ai aucun intérêt financier. Elle est exploitée par les Basiliens du Collège St. Michael. Je n'aurai aucune hésitation à demander à la Ligue nationale de hockey ce qu'elle fait pour le hockey majeur junior dans notre pays. Je ne serai pas sur la défensive à cet égard.

Mesdames et messieurs, depuis la construction de cet édifice il y a de longues années, cette salle a accueilli les audiences du Comité des transports, du Comité des finances et du Comité des affaires étrangères et, chaque année, des milliers d'hommes et de femmes de tous les secteurs de notre économie se présentent ici devant les législateurs pour contribuer à notre éducation afin que nous puissions prendre de bonnes décisions dans la conduite des affaires de l'État.

La réunion de ce matin est historique, parce que ce sera la première fois que notre sport hivernal national se présentera dans le contexte de ses liens avec l'économie du Canada, et, au nom du Comité, nous aimerions remercier la Ligue nationale de hockey pour son mémoire—présenté, ajouterai-je, dans les deux langues officielles.

Je vous donne maintenant la parole, monsieur Bettman. Merci.

M. Gary Bettman (commissaire, Ligue nationale de hockey): Monsieur le président et membres du Comité, je suis commissaire de la Ligue nationale de hockey, au nom de laquelle je voudrais vous remercier de nous avoir invités, les six équipes canadiennes et moi-même, à prendre la parole devant le Sous-comité sur l'étude du sport au Canada.

Nous sommes ici pour vous mettre au courant de la situation actuelle du hockey au niveau de la LNH et nous aimerions procéder de la façon suivante. Vous avez tous dû recevoir un exemplaire de notre mémoire. Nous essaierons d'en compléter aujourd'hui le contenu à votre intention. Avant de présenter les représentants des équipes de la LNH, nous vous montrerons une brève bande vidéo de quatre minutes. Comme nous en avons déjà discuté avec vous, monsieur le président, l'ensemble de notre exposé durera moins d'une heure. Nous sollicitons l'indulgence du Sous-comité et nous espérons que cette séance vous paraîtra riche de renseignements.

Comme nous parlerons surtout de ce qui concerne notre sport en dehors de la glace, de son aspect commercial, nous voulons commencer en donnant à tout le monde l'occasion de se concentrer sur ce qu'il représente sur la glace. Nous essayons de ne jamais perdre de vue le jeu lui-même. Veuillez projeter la bande vidéo.

[Note de la rédaction: présentation d'une bande vidéo]

• 0905

M. Gary Bettman: Depuis plus de 100 ans, le hockey fait partie intégrante de la vie du Canada. Depuis plus de 80 ans, la Ligue nationale de hockey représente ce qu'il y a de mieux en matière de sport et ce que notre sport a de mieux à offrir.

Cette audience et les sujets qu'étudie le Sous-comité revêtent une importance vitale pour la Ligue nationale de hockey et toutes nos équipes. Bien que 20 d'entre elles jouent aux États-Unis, plus de 60 p. 100 de nos joueurs viennent du Canada. La grande majorité de nos joueurs sont nés au Canada et y ont été formés. Le Canada représente vraiment le coeur et l'âme de notre ligue et de notre sport au niveau mondial.

Mais les questions dont discute ce comité sont encore plus importantes pour les six équipes de la Ligue nationale de hockey qui jouent dans des villes canadiennes. La présence et les performances de leurs équipes de la LNH donnent un éclat particulier aux villes de Calgary, Edmonton, Montréal, Ottawa, Toronto et Vancouver.

Tout le Canada est uni dans l'amour qu'il porte à ses équipes de hockey: les équipes de la LNH, les équipes professionnelles des ligues mineures, les équipes juniors, les pee-wees, les midgets et les atomes.

Pour notre intervention d'aujourd'hui, nous avons avec nous quelques-uns des hommes d'affaires et des responsables sportifs les plus éminents du monde entier. Un membre de notre groupe a récemment été nommé membre de l'Ordre du Canada. En outre, nous avons ici avec nous aujourd'hui deux personnes qui ont eu l'honneur d'être nommées membres du Temple de la renommée du hockey pour leur contribution en tant que joueur, entraîneur et cadre.

Je suis heureux et fier de vous présenter ceux qui vont parler au nom de nos six équipes canadiennes et qui représentent également ce que le sport du hockey a de mieux à offrir.

Harley Hotchkiss est président et gouverneur des Flames de Calgary et président du Conseil des Gouverneurs de la Ligue nationale de hockey. En janvier, M. Hotchkiss a reçu un des plus grands honneurs pouvant être conféré à un Canadien, la nomination au sein de l'Ordre du Canada. Il reviendra à Ottawa la semaine prochaine pour recevoir cet honneur largement mérité. M. Hotchkiss est né en Ontario, mais il passé toute sa carrière professionnelle en Alberta où il a dirigé des entreprises dans les secteurs du pétrole, du gaz, de l'immobilier et de l'agriculture. Il était un des principaux animateurs du groupe communautaire qui a amené les Flames à Calgary en 1980.

Ken Dryden est président-directeur général des Maple Leafs de Toronto. Comme M. Sather, il a l'honneur d'être membre du Temple de la renommée du hockey. Né à Toronto, il a acquis sa notoriété comme gardien de but des grandes équipes des Canadiens de Montréal pendant les années 70. Ces équipes ont gagné six fois la Coupe Stanley. Il a également représenté son pays à la Coupe du Canada. Avant de revenir au hockey l'année dernière, M. Dryden a eu une carrière remarquable, loin de la glace, comme écrivain, avocat et radiodiffuseur.

• 0910

Ronald Corey est président des Canadiens de Montréal. Il n'y a peut-être aucun club sportif aussi connu pour ses succès que les Canadiens de Montréal. Il y a, au Centre Molson, 24 bannières de championnat qui témoignent d'une tradition d'excellence. M. Corey dirige les Canadiens depuis 1982 après avoir connu la réussite professionnelle dans le journalisme et la radiodiffusion. Depuis qu'il est à ce poste, les Canadiens ont remporté deux fois la Coupe Stanley. En outre, le Centre Molson a ouvert ses portes dans le centre de Montréal en mars 1996, consacrant ainsi la vision, la compétence et le dévouement de l'organisation des Canadiens de Montréal et de Ronald Corey.

Glen Sather est président-directeur général des Oilers d'Edmonton. Les Oilers ont remporté la Coupe Stanley à cinq reprises, et M. Sather était chaque fois entraîneur et directeur général. Il a entraîné et dirigé l'équipe canadienne à l'occasion de la Coupe du Canada, de la Coupe du monde et du Championnat du monde. Nommé au Temple de la renommée du hockey en novembre dernier, il en est l'un des membres les plus récents et les plus méritants.

Rod Bryden est gouverneur et principal propriétaire des Sénateurs d'Ottawa. Je pense qu'il représente, à cette audience, l'équipe locale, qui est en train de rencontrer les Devils du New Jersey dans les séries éliminatoires. C'est grâce à M. Bryden que la LNH s'est installée à nouveau à Ottawa en 1992, et il a dirigé la construction du Centre Corel. Après avoir fait carrière au sein de la fonction publique, M. Bryden a connu la réussite dans le secteur privé et a construit une des plus grosses entreprises canadiennes de services informatiques.

Le dernier, mais non le moindre, des membres de ce groupe est Stephen Bellringer, président de Orca Bay Sports and Entertainment, la société dont font partie les Canucks de Vancouver. M. Bellringer s'occupe de sport et de loisirs depuis l'année dernière après avoir connu une carrière remarquable dans le secteur du pétrole et du gaz en Colombie-Britannique. Outre les Canucks et les Grizzlies de Vancouver, Orca Bay exploite également GM Place, où s'est déroulée la rencontre des étoiles de la LNH en 1998.

Monsieur le président, membres du Comité, je voudrais à nouveau vous remercier de donner à mes collègues et à l'ensemble de la Ligue nationale de hockey l'occasion de vous rencontrer aujourd'hui. Si vous le voulez bien, nous avons demandé au président du Conseil des Gouverneurs de la LNH, M. Hotchkiss, de présenter le premier exposé.

M. Harley Hotchkiss (gouverneur et président du Conseil des Gouverneurs de la LNH, Flames de Calgary): Merci.

Les Flames de Calgary appartiennent à neuf hommes d'affaires de Calgary. Je suis un de ses premiers propriétaires depuis le moment où nous avons acheté la franchise d'Atlanta en 1980. Comme l'a mentionné Gary, je suis gouverneur des Flames, et je suis président du conseil des gouverneurs de la Ligue nationale de hockey depuis 1995.

Comme vous avez pu le voir dans notre mémoire, chaque équipe canadienne a d'importantes retombées économiques sur sa ville, et chacune contribue de façon importante à la vie de la communauté. L'appui au développement du hockey et la participation à la vie communautaire sont, depuis le début, des priorités pour les propriétaires des Flames de Calgary.

Je voudrais vous dire quelques mots au sujet des Flames, des raisons de notre engagement dans ce secteur, de notre appui pour le hockey, de notre engagement envers notre communauté, des résultats obtenus par notre équipe, de notre bilan financier et de nos préoccupations actuelles au sujet de notre capacité à survivre et à rester compétitifs.

Je veux également vous parler de ce qui me paraît la question la plus importante, la nécessité de maintenir dans notre pays des conditions permettant aux jeunes Canadiens, où qu'ils habitent, de réaliser leurs rêves en matière de hockey.

En 1979-80, la ville de Calgary était candidate à l'organisation des Jeux olympiques d'hiver, et il était manifestement nécessaire de construire un nouvel édifice pour accueillir le hockey et le patinage artistique, un édifice qui ne pouvait être rentable que si, après les Jeux, il était loué à long terme à une équipe d'une ligue majeure.

Amateurs de hockey et fermement décidés à participer à la vie de notre ville, nous étions quelques-uns à croire qu'une équipe de la Ligue nationale de hockey pouvait être viable à Calgary. Nous avons conclu l'achat des Flames d'Atlanta en 1980, à temps pour la saison 1980-81, et nous avons collaboré étroitement avec les trois paliers de gouvernement pour préparer les Jeux olympiques d'hiver de Calgary de 1988 et construire le Saddledome.

Le Saddledome appartient à la ville de Calgary et il est géré par une fondation à but non lucratif, la Saddledome Foundation. Jusqu'au milieu de l'année 1994, il était géré par la société qui organisait l'exposition de Calgary et le Stampede, dont les revenus immobiliers venaient principalement des Flames. Une partie importante des revenus de cette fondation vient également de la location de l'édifice, d'un pourcentage des ventes de billets et de 50 p. 100 des recettes des loges, et les Flames sont aussi la source de la plupart de ces sommes.

• 0915

Le total des revenus de la fondation est monté à 18 millions de dollars pour les 11 années de la période 1983-1994. Sur cette somme, 7 millions de dollars ont été mis de côté pour constituer un fonds de réserve immobilier, et le solde de 11 millions de dollars a été réparti de la façon suivante: un tiers à l'Association de développement olympique de Calgary pour l'entretien des installations et la formation des athlètes olympiques; un tiers à l'Association canadienne de hockey pour le financement du Centre d'excellence de hockey de Calgary et du hockey olympique; et un tiers à la Fondation des parcs de Calgary. À Calgary, plus de 228 groupes ont bénéficié de ces fonds pour toute une gamme de projets et d'activités communautaires.

Au début des années 80, la situation économique du hockey a commencé à changer; pour survivre et rester concurrentiels, nous avions besoin de recevoir les revenus que nous générions et de les augmenter dans la mesure du possible. Les propriétaires des Flames ont racheté le contrat de gestion de la société responsable du Stampede de Calgary pour 20 millions de dollars. Nous avons pris en main la gestion du Saddledome en 1994.

Nous avons racheté les parts de deux des propriétaires initiaux, inquiets des risques commerciaux que présentait le hockey, et six autres propriétaires intéressés à la vie communautaire se sont joints à nous pour renforcer le groupe formé par les propriétaires et assurer une continuité à long terme.

En 1995, nous avons entrepris de vastes travaux de rénovation. Nous avons notamment construit un nouveau hall et un nouvel étage de loges, installé des sièges plus confortables et apporté d'importantes améliorations au grand hall et aux installations publiques—la ville de Calgary possède maintenant un édifice de calibre international. Ces travaux ont coûté un total de 37 millions de dollars, dont 22 millions ont été payés directement par les propriétaires des Flames.

En résumé, pour assumer la gestion du Saddledome et le rénover, nous avons payé directement 42 millions de dollars et indirectement 7 millions de dollars, pour un total de 49 millions de dollars sur un investissement de 57 millions de dollars.

Nous avons conclu un bail de 20 ans prolongeable avec la Saddledome Foundation. On évalue à 16 millions de dollars les sommes que nous devrons payer au cours de ces 20 années, et leurs bénéficiaires resteront les mêmes: l'Association de développement olympique de Calgary, l'Association canadienne de hockey et la Fondation des parcs de Calgary. En 30 ans, de 1983 à 2013, chacun de ces bénéficiaires aura reçu quelque 8 millions de dollars générés par les Flames de Calgary.

En plus de vouloir installer une franchise de la LNH à Calgary, nous tenions vivement à soutenir le développement populaire du hockey au Canada. Notre groupe a mis sur pied le programme Flames Project 75, nommé en l'honneur du 75e anniversaire de l'Alberta et consacré expressément au développement du hockey.

Jusqu'à présent, 2,4 millions de dollars ont été versés à ce programme, et ce financement est permanent. Project 75 a surtout servi à créer le Centre d'excellence canadien du hockey de Calgary et à financer ses activités. Ce centre s'intéresse surtout au développement du hockey auprès des jeunes Canadiens de tous âges en leur fournissant des bandes vidéos sur les habiletés de base, du matériel d'entraînement et des stages. Il s'est acquis une renommée mondiale.

Il y a maintenant d'autres centres d'excellence à notre équipe-école de Saint John, au Nouveau-Brunswick, ainsi qu'à Toronto, Vancouver et Montréal, où ils sont financés respectivement par les Maple Leafs, les Canucks et les Canadiens. Des centaines de milliers de jeunes Canadiens en profitent dans tout le pays.

D'après l'Association canadienne de hockey, plus de 500 000 joueurs participent annuellement à ses programmes.

L'organisation des Flames—les propriétaires, les joueurs, leurs épouses et les anciens joueurs—appuient également, comme toutes les autres équipes canadiennes, toute une gamme d'autres oeuvres communautaires et caritatives. Nous coordonnons maintenant ces activités par l'entremise de la Fondation des Flames de Calgary. Plusieurs millions de dollars ont été réinvestis dans la vie de notre ville. C'est ainsi que le tournoi de golf de bienfaisance des Flames de Calgary a rapporté, à lui seul, plus d'un million de dollars, utilisés pour de nobles causes comme les Jeux olympiques spéciaux.

Les joueurs appuient individuellement de nombreuses initiatives communautaires axées sur la santé, l'éducation et les besoins sociaux. Je pense que nous avons sept joueurs qui dirigent actuellement diverses activités communautaires à Calgary.

Vous trouverez à l'annexe 4 un résumé des initiatives communautaires et caritatives entreprises par les équipes canadiennes de la LNH. Vous constaterez que toutes les équipes donnent l'exemple et subventionnent des activités comme le font les Flames de Calgary.

Depuis leur arrivée à Calgary, les Flames paient des taxes municipales et des taxes professionnelles. Depuis que nous avons assumé la gestion du Saddledome en 1994, il est assujetti à la taxe foncière, bien qu'il appartienne à la municipalité. Ces taxes se montent actuellement à un total de 524 000 $ par an.

L'équipe des Flames a obtenu de bons résultats de 1983 à 1992. Nous avons gagné à deux reprises le Trophée du président pour avoir terminé en tête de la ligue. Nous avons accédé à la finale de la Coupe Stanley contre Montréal en 1986, et à nouveau en 1989, quand nous avons remporté la coupe.

En 1989, quand nous avons remporté cette victoire, notre masse salariale était de 5,8 millions de dollars canadiens. Cette saison, huit ans plus tard, elle atteint 25,8 millions de dollars et est l'une des plus faibles de la ligue.

• 0920

Depuis 1992, nos résultats sont moins bons. À trois reprises, nous n'avons pas pu nous qualifier pour les éliminatoires, et nous n'avons jamais dépassé les demi-finales de notre division. La baisse du dollar canadien et l'évolution de la situation économique, notamment à cause des retombées de ces facteurs sur une équipe qui, comme Calgary, dessert un marché limité, représentent nos problèmes les plus importants.

Nous sommes toutefois optimistes au sujet de notre programme de développement du hockey. Nous avons plusieurs bons jeunes joueurs, à Calgary et à Saint John, notre équipe-école du Nouveau-Brunswick, qui connaît une excellente saison. Elle participe au deuxième tour des séries éliminatoires.

Jusqu'en 1994, notre situation financière était satisfaisante. Je vais vous citer quelques chiffres globaux. Concernant nos profits ou nos pertes avant impôt, tels qu'ils figurent dans nos états financiers vérifiés, et ils incluent les recettes provenant d'autres manifestations organisées dans l'édifice.

Pendant les 13 premières années, de 1980 à 1993, nous avons eu des profits annuels moyens avant impôt de 3,46 millions de dollars, y compris les revenus des séries éliminatoires et de l'expansion de la ligue. Nos bons résultats lors des séries éliminatoires et les revenus provenant de l'expansion ont contribué fortement à ce bilan. Si on exclut les revenus provenant de l'expansion—qui, par nature, ne se répètent pas—, nous avons eu un profit moyen annuel de 2,6 millions de dollars pendant ces 13 années. Ce n'est pas un chiffre élevé selon les critères qui s'appliquent normalement aux investissements, compte tenu de l'importance des capitaux que nous avons engagés, mais nous avons jugé cela acceptable du fait de notre vif intérêt pour notre communauté.

Les résultats financiers ont brutalement changé à partir de 1993-94, et nos coûts, notamment les salaires des joueurs, ont connu une hausse rapide. Pendant les trois années suivantes, jusqu'en 1995-96, nous avons accumulé des pertes atteignant un total de 14,4 millions de dollars, dont 10 millions de dollars en 1994-95, la saison ayant été écourtée en raison d'un débrayage des joueurs.

L'année dernière, en 1996-97, nous avons réalisé un bénéfice de 3 millions de dollars sur des actifs de 95 millions de dollars. Cette année, avec une des masses salariales les plus faibles de la ligue, nous ne prévoyons ni perte ni excédent.

Ces deux dernières années, nous n'avons pu éviter des pertes que grâce à l'aide précieuse qui nous est venue du programme institué par la ligue pour compenser la faiblesse de la monnaie canadienne, qui nous rapporté 3,5 millions de dollars canadiens l'année dernière. Les équipes ont approuvé ce plan à l'unanimité et toutes y contribuent, y compris les franchises américaines desservant un petit marché.

Nous avons la ferme intention de rester à Calgary et d'avoir une équipe compétitive, mais également d'être commercialement rentables. Avec une des masses salariales les plus faibles de la ligue, les importantes conséquences négatives de la valeur du dollar canadien et le maintien des pressions en faveur d'une hausse des salaires, nous ne nous faisons aucune illusion au sujet de l'ampleur des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Compte tenu des salaires moyens dans la ligue, il sera très difficile aux Flames de rester compétitifs ou même de survivre au cours des cinq prochaines années.

En bref, les propriétaires des Flames de Calgary sont déterminés à appuyer le hockey au Canada, à continuer à jouer un rôle important au niveau local et à rester à Calgary avec une équipe compétitive. Nous sommes également fermement déterminés à gérer notre franchise sur des bases commerciales saines et responsables. Nous ne pouvons pas respecter ces engagements sans un allégement des principaux obstacles qui s'opposent à notre compétitivité.

Je voudrais terminer sur une note personnelle. J'ai grandi dans le sud de l'Ontario. Mon père était agriculteur. Ce que je vais dire maintenant va révéler mon âge, mais, pendant la grande crise, je fréquentais une école à classe unique où il y avait une institutrice, huit niveaux différents et une trentaine ou une quarantaine d'élèves. Notre vie tournait autour de l'école, de l'église et de notre famille, mais en hiver, c'était le hockey. C'était notre passion à tous.

La grande attraction était la retransmission des parties le samedi soir—l'émission radiophonique de Foster Hewitt diffusée depuis Maple Leaf Gardens.

À cette époque, Ken, mon équipe était Toronto; Syl Apps, le numéro 10, était mon joueur favori, et je n'oublierai jamais ma première partie de la LNH aux Maple Leaf Gardens.

Nous avons appris à patiner sur des mares dans la ferme. Nous enlevions la neige pour dégager un espace pour jouer; nos bottes nous servaient de poteaux de but, et nous passions la journée à jouer quand nous n'avions pas à travailler. Je n'ai jamais vu de palissade autour d'une patinoire avant d'aller à l'école secondaire, et je n'ai jamais vu de neige artificielle avant d'aller à l'université.

Maintenant, les choses ont changé. Nos possédons une exploitation agricole familiale dans la région où j'ai grandi. C'est une pépinière. Ma petite-fille Katie, qui a 12 ans, joue au hockey pour les Bombers de Belmont, et mon petit-fils Matthew, qui a huit ans, joue dans l'équipe novice des Flames de Aylmer, qui est allée en demi-finales en Ontario cette année.

Il n'y a plus d'écoles à classe unique. Le bus scolaire transporte tous les enfants en ville, et tout le monde regarde la télévision en couleur au lieu d'écouter la radio. Tout le monde peut s'entraîner et jouer sur de la glace artificielle.

Malgré tous ces changements, il y a toutefois une chose qui n'a pas changé—dans tout le pays, les jeunes Canadiens continuent à rêver du hockey. Nous le portons dans notre coeur, et c'est un lien commun unique qui contribue à notre identité et unit tous les Canadiens. Nous qui travaillons dans le monde du hockey—les propriétaires, les gestionnaires, les entraîneurs, les joueurs—et vous qui êtes au gouvernement, nous avons tous l'importante responsabilité, celle de faire tout notre possible pour que cela ne change pas.

• 0925

Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'être ici ce matin.

Le président: Merci, monsieur Hotchkiss.

Glen Sather, je vous en prie.

M. Glen Sather (président-directeur général, Oilers d'Edmonton): Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion d'intervenir.

Les Oilers d'Edmonton jouent dans le plus petit marché de la Ligue nationale de hockey et, en tant qu'équipe canadienne membre d'une ligue nord-américaine, nous nous sommes rendus compte il y a quelque temps que nous étions confrontés à des problèmes particuliers. Notre problème principal est de rester une équipe compétitive et une organisation viable dans la LNH, en affrontant la concurrence de marchés plus vastes et en faisant face à la différence entre les devises américaine et canadienne.

Cela dit, il faut qu'il soit bien clair que les équipes canadiennes relèvent ce défi; elles prennent de nombreuses initiatives pour se donner les moyens de survivre malgré cette situation. Nous pensons que les Oilers sont un bon exemple des efforts extraordinaires qui ont été engagés pour faire en sorte que notre franchise reste au Canada. Nous travaillons assidûment à générer le plus possible de revenus afin d'assurer notre croissance, de limiter nos dépenses et de trouver des solutions novatrices face à la situation unique dans laquelle nous nous trouvons.

Nous utilisons plusieurs moyens différents pour atteindre ces objectifs.

Il y a le produit de la vente des billets, qui est une source essentielle de revenus pour toutes les franchises de la LNH. À Edmonton, nous avons augmenté le prix de l'abonnement de 17 p. 100 pour la saison 1997-98. Cette année, 22 parties de la saison régulière auront eu lieu à guichets fermés. Nous vendons 95 p. 100 des places disponibles, ce qui nous place au neuvième rang dans la Ligue nationale de hockey. Ce sont des chiffres impressionnants, puisqu'il y a trois saisons, nous n'avons rempli l'aréna que sept fois et nous avions en moyenne 12 335 spectateurs.

La différence est que nous avons maintenant un nombre d'abonnés très satisfaisant. Nous avons pu l'augmenter, et même le doubler, de 6 500 à 13 500 grâce à une campagne très énergique que nous avons lancée au printemps 1996. Cette campagne était essentielle pour que nous puissions rester à Edmonton, et sa réussite dépendait de notre capacité à susciter l'intérêt des habitants d'Edmonton et du nord de l'Alberta.

Nous nous sommes rendu compte de la nécessité de proposer des modalités originales pour la vente et le paiement de billets. Nous avons mis au point des formules grâce auxquelles tout le monde peut assister aux parties de hockey des Oilers.

La commandite et les ventes sont un autre domaine dans lequel nous avons augmenté nos revenus. Nous avons actuellement vendu toutes les loges et tous les supports publicitaires pour les parties des Oilers. Nous avons l'intention de relever nos tarifs publicitaires de 20 p. 100 pour la prochaine saison. Les contrats des loges seront renégociés au fur et à mesure.

Nous allons également intensifier nos ventes et notre marketing pour être mieux en mesure d'étudier de nouvelles possibilités et d'offrir davantage de services à notre clientèle. Il est essentiel que les revenus que nous tirons de l'édifice augmentent. En 1994, les Oilers ont rénové le Coliseum d'Edmonton pour y ajouter 39 loges, 3 000 fauteuils et un club privé et pour améliorer les services de restauration.

Tous les clubs canadiens ont rénové leurs installations ou en ont construit de nouvelles, ou sont en train d'en construire pour profiter pleinement de ces possibilités de revenus.

Nous n'avons pas ménagé nos efforts pour obtenir le plus possible de revenus, mais nous en avons fait autant pour limiter ses dépenses. Il me paraît juste de dire que les Oilers se sont montrés financièrement responsables dans un secteur d'activité où il est très difficile de le faire, vu la hausse rapide des salaires des joueurs. Notre organisation cherche à limiter ces dépenses dans tous les domaines. C'est pour cette raison que notre personnel est un des moins nombreux de la LNH et que, malgré notre situation géographique, notre budget de voyage est le 21e rang de la ligue.

J'ai parlé de ce que nous avons fait jusqu'à présent pour rester viables dans la LNH. J'aimerais maintenant parler de ce que nous avons l'intention de faire à l'avenir pour promouvoir notre stabilité.

Nous sommes en train de prendre des mesures pour diffuser nous-mêmes nos rencontres à la radio et à la télévision pendant la saison 1998-99. Nous offrirons de multiples possibilités de croissance à l'organisation et de nouvelles sources de revenus. Comme nous l'avons déjà mentionné, nous avons augmenté nos tarifs publicitaires de 20 p. 100.

Nous allons, en fait, renforcer ces revenus en augmentant notre offre de supports publicitaires cet été. Nous allons vendre le nom de l'édifice et, maintenant que le problème de la propriété du club est réglé, ce sera beaucoup plus facile.

Nous avons augmenté le prix de nos billets de 19 p. 100 en moyenne pour la prochaine saison, ce qui s'ajoute à une augmentation de 36 p. 100 au cours des deux dernières saisons. C'est important parce que c'est, pour nous, une importante source de revenus. Toutefois, nous nous rendons compte que, vu la taille réduite de notre marché, ces prix se situent à un niveau élevé, et nous ne pouvons pas nous attendre à ce que leur hausse continue au même rythme. Même après l'augmentation la plus récente, il faut noter que le prix moyen de nos billets devrait rester parmi les plus bas de la ligue.

Voilà certaines des choses que nous faisons pour préserver notre viabilité et pour essayer de nous mettre mieux à même d'affronter les autres équipes de la LNH. Nous sommes conscients des problèmes auxquels nous sommes confrontés, et la ligue l'est également. Elle a pris, à cette fin, certaines mesures pour aider les équipes qui ont un petit marché. Le régime de compensation de la devise canadienne a été lancé par la LNH et approuvé par le conseil des gouverneurs, et les 2,5 millions de dollars qu'il a rapportés à chaque équipe canadienne admissible ont été très utiles.

• 0930

La LNH a récemment modifié les droits de retransmission télévisée au Canada pour créer de nouvelles possibilités en s'inspirant du modèle de câblodistribution régionale utilisé aux États-Unis, ce qui va créer de nouveaux revenus pour toutes les équipes canadiennes.

La LNH est manifestement considérée comme un bon investissement. Les franchises d'expansion sont très recherchées. C'est ainsi que Nashville a offert 20 millions de dollars pour obtenir une équipe. Il est difficile de ne pas tenir compte de ces mesures d'encouragement, et encore plus difficile de rivaliser avec elles.

Telles sont les conditions économiques qui prévalent dans notre secteur, et elles constituent une réalité menaçante pour les équipes canadiennes. Les Oilers luttent pour rester une équipe canadienne au sein de la LNH, et nous faisons tout ce que nous pouvons pour y parvenir. Les amateurs de hockey ne nous ménagent pas leur appui dans notre pays, mais cela ne suffit pas pour assurer la viabilité de la LNH dans le petit marché que représente le Canada.

Pour être sûres de progresser et d'avoir un avenir stable, il faut que les équipes canadiennes bénéficient de conditions plus équitables.

Je vous remercie de cette occasion d'intervenir devant vous.

Le président: Merci, monsieur Sather.

M. Gary Bettman: Stephen Bellringer.

M. Stephen Bellringer (président-directeur général, Orca Bay Sports and Entertainment, Canucks de Vancouver): Merci, monsieur le président et membres du Comité.

Avant tout, j'ai l'impression de me retrouver en Colombie-Britannique, à une extrémité du pays.

Orca Bay Sports and Entertainment gère General Motors Place, un aréna de 18 000 places à la fine pointe du progrès situé au centre-ville de Vancouver. Nous possédons et gérons également les Canucks de Vancouver, une franchise de hockey de la LNH. Comme on l'a déjà mentionné, nous gérons également la franchise de la NBA à Vancouver, les Grizzlies de Vancouver.

Après l'ouverture du Centre Air Canada au printemps prochain, nous serons la plus grosse organisation de sport professionnel au Canada. Vous comprendrez la pertinence de cette observation dans quelques instants, quand je parlerai des changements intervenus depuis environ un an quant à la propriété de notre société.

Ayant comparu devant vous jeudi dernier comme représentant de la NBA, je serai agréablement bref aujourd'hui.

En Colombie-Britannique, les partisans des Canucks continuent d'accorder un appui incroyablement fort à notre organisation malgré les résultats plutôt décevants obtenus sur la glace pendant la saison. Cela montre, en partie, l'importance du hockey dans l'ensemble de la province, que ce soit au niveau professionnel ou dans les nombreuses patinoires de quartier fréquentées par les jeunes ou ceux qu'on appelle les vétérans, hommes ou femmes. C'est un sport qui touche de plus en plus toutes les parties de notre société et toutes nos cultures.

Comme nous l'avons dit à propos d'un autre sport la semaine dernière, le hockey est également une activité économique importante pour notre pays. Notre société emploie, en Colombie-Britannique, quelque 185 personnes à temps plein et plus de 1 000 à temps partiel. En fait, d'après une étude que le cabinet comptable KPMG a récemment réalisée pour notre compte, nous finançons environ 1 600 équivalents emplois directement ou indirectement dans l'ensemble de la Colombie-Britannique.

Les Canadiens que nous employons sont aussi bien des étudiants à temps partiel qui fréquentent un collège ou participent à un programme universitaire d'alternance études-travail, que des hommes et des femmes qui travaillent à temps partiel pour compléter leurs revenus ou des techniciens professionnels de la radiodiffusion et des ingénieurs professionnels à plein temps. Il est vrai que nous employons 20 à 25 athlètes qui touchent une rémunération relativement élevée et qui attirent l'attention du public, mais on oublie souvent les centaines de Canadiens moyens qui travaillent dans les coulisses pour permettre à ces athlètes d'exercer leur sport et de distraire nos enfants et nous.

Le hockey est profondément enraciné dans la culture du Canada, mais c'est un divertissement, tout aussi important pour l'économie de notre pays que la réalisation d'émissions de télévision ou de films. Il y a beaucoup de points communs, comme le fait que quelques personnes fortement rémunérées créent des centaines d'emplois pour d'autres Canadiens.

Comme on peut le lire dans notre mémoire, les Canucks ont généré à eux seuls environ 70 millions de dollars d'activité économique dans la province où je réside, la Colombie-Britannique. Nous avons connu de nombreuses difficultés ces dernières années. Nous avons perdu environ 20 millions de dollars l'année dernière et nous prévoyons de perdre une trentaine de millions de dollars au cours de l'exercice qui se termine le 30 juin.

Les pertes intervenues ces deux dernières années ont forcé la famille canadienne de Vancouver qui possédait depuis plus de 25 ans une équipe de cette ligue à la vendre à des intérêts américains. Notre groupe appartient maintenant en pratique à un propriétaire américain.

Ce ne sont pas les seules difficultés auxquelles est confronté le sport professionnel au Canada, mais la différence entre les impôts que doivent payer les équipes américaines et canadiennes de notre ligue et le fait que notre dollar vaut seulement 70c. américains nous coûtent paradoxalement un montant égal au total des pertes que nous avons subies au cours des deux dernières années.

• 0935

Avant de m'étendre trop longuement sur notre triste situation financière, je tiens également à indiquer que les Canucks ont la chance de pouvoir contribuer à la vie de notre société. Entre autres activités, nous effectuons d'importantes levées de fonds pour Canuck Place, un hospice pour enfants. Nous soutenons plusieurs programmes scolaires et hospitaliers et nous fournissons un centre d'excellence pour appuyer le hockey amateur dans l'ensemble de la Colombie-Britannique.

Les manifestations charitables se multiplient à un point tel que nous avons du mal à répondre à la demande, tout comme vous en votre qualité de représentant s du gouvernement, mais le hockey professionnel chapeaute et finance de façon importante les oeuvres de bienfaisance et le hockey amateur dans l'ensemble du Canada.

Je vous suis très reconnaissant de m'avoir donné la possibilité de vous parler pendant quelques minutes de ce sujet qui est très important pour les Canadiens.

Le président: Merci, monsieur Bellringer.

Ken Dryden.

[Français]

M. Ken Dryden (président et directeur général, Maple Leafs de Toronto, Ligue nationale de hockey): Monsieur le président, mesdames et messieurs, merci beaucoup de votre invitation.

[Traduction]

Depuis sa création en 1917, la LNH a une équipe à Toronto. Après s'être appelée les Arenas, puis les St. Pats, elle est devenue les Maple Leafs de Toronto en 1927.

Au cours des quelques années qui ont suivi, deux événements ont contribué au renforcement de l'équipe et à son rayonnement: la construction de l'aréna de Maple Leaf Gardens et l'émission radiophonique qui a diffusé la voix de Foster Hewitt dans tout le pays. Le bâtiment a donné à l'équipe un endroit aussi spécial que l'équipe voulait l'être, et la voix de Foster Hewitt a transformé, au long des nuits d'hiver froides et sombres, les joueurs canadiens en personnages légendaires plus grands que nature. La LNH, les Maple Leafs de Toronto et Maple Leaf Gardens ont commencé à inspirer bien des rêves.

Depuis lors, beaucoup de choses ont changé. La tradition familiale qui consistait à s'installer devant l'écran de télévision en famille le samedi soir pour regarder La Soirée du hockey n'est plus aussi vivace aujourd'hui. Maintenant qu'il y a beaucoup plus que deux chaînes de télévision à regarder et beaucoup d'autres choses à faire, le hockey ne monopolise plus l'attention des Canadiens autant qu'autrefois.

Mais les choses, de quelque nature que ce soit, que les Canadiens partagent et font ensemble sont si peu nombreuses que le hockey conserve une place unique dans la vie du pays. Il n'y a qu'à écouter les conversations pendant la pause-café ou à l'heure du déjeuner pour constater qu'elles portent souvent sur le hockey. Ou aller à Maple Leaf Gardens n'importe quel samedi soir pendant l'hiver. Avec les lumières, les bruits, la foule et toutes les activités qui se déroulent, ce sport sans aucun doute le meilleur spectacle en ville.

Je suis devenu président des Maple Leafs de Toronto à cause de tout ce que ce poste représente. Dans le livre Home Game, je dis que le hockey est le théâtre national du Canada. Dans les arénas de la LNH et ceux des ligues mineures, une comédie humaine pleine de vie est jouée chaque soir. Le déroulement de la partie échappe à tout contrôle, et nous découvrons qui est courageux et qui ne l'est pas, qui est généreux ou mesquin, qui manque ou non de ténacité, ce qu'il faut faire ou ne pas faire. Nous partageons cette expérience avec notre famille et nos amis. Nous parlons de choses dont nous ne parlerions jamais sans cela, nous en parlons comme nous ne parlons de rien d'autre. En famille, dans l'auto ou autour de la table de la salle à manger, nous apprenons des leçons que nous ne pouvons apprendre autrement.

Dans ce théâtre, personne ne joue sur une scène plus grande qu'une équipe de la LNH. Une chose absolument certaine est que les gens prêtent attention aux Maple Leafs de Toronto. Nous représentons des repères spectaculaires et éclatants dans leur vie. Ce qui importe n'est pas seulement ce que nous faisons, mais la façon dont nous le faisons. Nous avons une importance que n'auront jamais des entreprises et des organismes beaucoup plus gros que nous.

Dans Home Game, j'ai essayé d'expliquer pourquoi le hockey est si important dans notre pays. Il l'est parce que la collective est importante. Les enfants sont importants. Les enfants, les parents et les grands-parents sont importants. Les amis sont importants. Les rêves, les espoirs, les passions, les anecdotes communes, les expériences communes, les souvenirs communs, les mythes, les légendes, les fruits de notre imagination commune, les choses qui nous parlent de ce que nous avons été, de ce que nous sommes et de ce que nous pourrions être—tout cela est important. Les liens qui nous unissent, les rapports entre nous, jeunes ou vieux, le passé et le présent, l'Est et l'Ouest, francophones et anglophones, hommes et femmes, handicapés ou non, les choses que nous avons en commun, les choses que nous pouvons partager—tout cela est important. Voilà pourquoi le hockey est important, et voilà pourquoi j'ai accepté ce poste.

• 0940

Pour que les Maple Leafs de Toronto soient importants à tous ces égards, il faut qu'ils fassent les choses comme il faut, sur la glace comme ailleurs. Et pour faire les choses comme il faut, il ne suffit pas de survivre du point de vue économique et sportif, mais il faut réussir, être parmi les meilleurs de la ligue. Puisque les Leafs sont en tête des cotes d'écoute à la télévision au Canada, il est important pour la ligue que nous connaissions la réussite. Il est important pour la population canadienne, pour les rêves, les liens et les anecdotes communes des générations nouvelles que des équipes canadiennes gagnent au moins de temps en temps la Coupe Stanley.

Récemment encore, les équipes canadiennes gagnaient le plus souvent à cause de ce que j'appelle l'avantage canadien—ce complot non planifié fait d'espoirs et d'attentes, de revendications et de récompenses qui remplissent l'atmosphère là où une partie a de l'importance, ce qui fait que les joueurs font plus d'efforts, se battent plus longtemps et gagnent plus souvent. Aujourd'hui, les équipes canadiennes perdent plus souvent à cause du désavantage canadien—ce complot non planifié qui découle de la valeur des monnaies, de la structure fiscale et de l'attitude de la population et du gouvernement et qui, vu la difficulté de s'affronter aux meilleurs, est trop difficile à surmonter.

Pour moi, pour les équipes canadiennes de la LNH et pour votre comité, le défi consiste à trouver les façons de réduire le plus possible le désavantage canadien pour que l'avantage canadien puisse avoir ses effets merveilleux.

Je vous remercie.

Le président: Merci, monsieur Dryden.

[Français]

M. Ronald Corey (président et gouverneur, Canadiens de Montréal, Ligue nationale de hockey): Monsieur le président, mesdames et messieurs, je voudrais tout d'abord vous remercier de m'avoir invité à vous faire part de notre point de vue aujourd'hui. Je compte profiter de cette occasion pour partager avec vous ma perception de la situation actuelle du hockey professionnel, cela dans l'intérêt de tous et plus particulièrement dans celui des amateurs de hockey du Canada.

Comme vous le savez, Montréal et le hockey sont synonymes. Le magazine Sports Illustrated décrit d'ailleurs les Canadiens de Montréal comme l'une des trois grandes dynasties mondiales du sport et comme «un symbole d'excellence au Canada». En fait, je crois que le lien qui unit les Montréalais et le hockey va bien au-delà du sport lui-même.

Il ne fait pas de doute que, dans le domaine du sport et de façon plus large dans celui de la culture générale, notre équipe est un objet significatif de fierté pour les Montréalais, les Québécois et les Canadiens d'un océan à l'autre. Cette fierté a été entretenue et entièrement partagée par la famille Molson, qui s'est associée aux Canadiens de Montréal il y a plus de 40 ans. Notre équipe, les Canadiens de Montréal, a remporté 24 coupes Stanley dont cinq coupes consécutives entre 1956 et 1960. Elle en a gagné quatre dans les années 1960 et six autres dans les années 1970. Les Canadiens n'ont jamais remporté moins d'une coupe Stanley par décennie depuis la création de l'équipe en 1909, bien avant la Ligue nationale. Une telle équipe est une véritable légende. Des joueurs comme Maurice et Henri Richard, Harvey Morenz, Jean Béliveau, Doug Harvey, Jacques Plante, Guy Lafleur et d'autres sont d'authentiques héros mythiques à Montréal et au Canada.

Vous vous rappelez tous sûrement les cérémonies de fermeture du Forum. Elles ont démontré à quel point le hockey est devenu un symbole pour les Montréalais. Rappelez-vous l'ovation incroyable à Maurice Richard. J'aimerais également mentionner que, dans notre participation à la communauté, lors de la fermeture du vieux Forum de Montréal, nous avons vendu des objets et donné 500 000 $, puis 400 000 $ à Centraide et 100 000 $ aux Anciens du Canadien. Nous jouons un rôle extrêmement important dans la communauté montréalaise.

On se rappelle également, comme tout le monde, l'ouverture solennelle du Centre Molson quand on a érigé les 24 bannières de la coupe Stanley.

• 0945

[Traduction]

Le hockey a imprégné la vie culturelle de Montréal, mais l'impact des Canadiens de Montréal n'est pas seulement une question de légende, de mythe et d'émotion. Notre équipe apporte également une contribution importante et constante à la vie économique de la région montréalaise.

[Français]

En 1996, l'ouverture du Centre Molson, un projet de 270 millions de dollars, a couronné le plus important investissement privé réalisé à Montréal dans les années 1990. À lui seul, ce projet a créé 3 800 emplois occupés par des Québécois et des Canadiens, pour une enveloppe salariale globale de plus de 135 millions de dollars.

Aujourd'hui, le Centre Molson emploie 1 486 personnes à temps plein et à temps partiel de façon permanente, soit plus de 600 emplois de plus que l'ancien Forum. Notre contribution aux revenus gouvernementaux est impressionnante.

En 1996-1997, les impôts et les taxes versés sur les salaires ont représenté, aux niveaux fédéral et provincial, une somme de plus de 22 millions de dollars. Le montant versé au chapitre de la TPS et de la TVQ a atteint 19 millions de dollars.

Je profite aussi de cette occasion pour vous dire que le Centre Molson, l'an dernier, a été qualifié par Performance Magazine, à New York, comme le meilleur centre de spectacle de 15 000 à 20 000 sièges. On a même eu des records en spectacle, et cela contribue chaque fois à créer des revenus pour les différents paliers de gouvernements.

Les taxes foncières et les taxes sur le capital ont pour leur part dépassé 11 millions de dollars. Il s'agit d'ailleurs d'un enjeu majeur sur lequel je reviendrai tout à l'heure.

L'apport de notre organisation dans la communauté est donc très significatif. Malgré cela, nous traversons aujourd'hui des moments difficiles. Quatre motifs expliquent cette situation. Permettez-moi d'abord de les énumérer et ensuite de les expliquer.

Ces motifs sont premièrement la questions des salaires des joueurs. Il s'agit d'un problème que nous devons résoudre au niveau de la Ligue.

Deuxièmement, il y a l'écart considérable entre la devise canadienne et la devise américaine, qui est relié évidemment à la montée en flèche des salaires.

Troisièmement, il y a le soutien de plus en plus important des différents paliers de gouvernement américains à leurs franchises locales de hockey.

Quatrièmement, il y a le fait que les taxes foncières que nous payons actuellement représentent le double de ce que paient tous les autres clubs professionnels réunis au Canada et plus de cinq fois ce que paient ensemble les 20 franchises américaines de la Ligue.

Le premier de ces enjeux est extrêmement important, et nous devons y faire face en tant que ligue. Je parle évidemment du salaire des joueurs. Il s'agit d'une question complexe et lourde de conséquences pour l'avenir du hockey au Canada. Mais cette question doit être discutée à une autre tribune.

Quant à la question de l'écart entre les devises canadienne et américaine, le problème est clair. Il est relié directement évidemment à la masse salariale. Les Canadiens de Montréal, comme les autres équipes canadiennes, paient leurs joueurs en dollars américains. D'emblée, ceci représente pour nous une prime de 40 p. 100 sur les salaires. Il ne s'agit pas d'un problème temporaire mais au contraire d'un problème avec lequel nous vivons depuis des années. À titre d'exemple, il nous en coûte 300 000 $ de plus à chaque fois que le dollar canadien perd un cent. À terme, il s'agit d'un frein majeur à notre capacité de concurrencer les équipes américaines.

[Traduction]

Il y a ensuite la question du soutien que le gouvernement des États-Unis offre au hockey. Avec l'expansion des franchises de la LNH dans toute l'Amérique du Nord, ce soutien est devenu un élément essentiel pour que les équipes puissent se faire concurrence et pour que les villes puissent conserver leurs franchises. Aux États-Unis, surtout dans le Sud, les municipalités et même les États se livrent une concurrence acharnée pour obtenir une franchise d'une ligue majeure et offrent une aide généreuse à cette fin. Pour les villes américaines, une franchise importante n'est pas seulement intéressante du point de vue économique; c'est également une confirmation tangible et affective de la réussite en tant que communauté.

Les autorités américaines offrent de nombreuses mesures d'encouragement pour attirer les équipes.

[Français]

J'ai d'ailleurs siégé au comité d'expansion de la Ligue nationale et j'ai rencontré 11 groupes dans sept villes différentes aux États-Unis. Il fallait assister à ces présentations pour voir l'implication de tous les paliers de gouvernement. On leur offre toutes sortes de possibilités, par exemple

[Traduction]

des conditions spéciales pour la location des arénas construits par les municipalités.

[Français]

On construit des arénas. On offre des deals très avantageux aux équipes qui vont les occuper. On a également une façon de financer la construction de ces arénas avec les bonds municipaux. Nous avons également toutes sortes de programmes pour aider à construire les aires d'entraînement et à répondre à tous les autres besoins que les équipes peuvent avoir.

• 0950

En plus de cela, comme Glen l'a mentionné tout à l'heure, on donne même des montants substantiels en argent. Je vais vous donner à titre d'exemple les Predators de Nashville qui vont se joindre à la Ligue nationale l'an prochain. L'aréna est déjà construite. Quand nous sommes allés rencontrer les gens, la réunion s'est poursuivie dans la nouvelle aréna qui attendait l'équipe. La ville de Nashville, en plus de donner l'aréna à l'équipe, a versé 20 millions de dollars pour contribuer au coût de la franchise dans la Ligue nationale, qui était de 80 millions de dollars. Le loyer du club y est plafonné à 5 p. 100 des revenus nets au guichet lors de chaque match, ce qui couvre essentiellement les frais d'exploitation de la ville lors de ces matchs. Enfin, le club est exempt de toute taxe sur la propriété ainsi que des taxes foncière et scolaire.

Faisons maintenant le parallèle avec notre situation. La totalité, je dis bien la totalité des 270 millions de dollars requis pour la construction du Centre Molson a été payée par la compagnie Molson. Cet investissement considérable m'amène à vous parler du dernier enjeu qui menace la situation de l'équipe.

Au terme de la construction du Centre Molson qui, je le répète, est une contribution majeure de Molson à l'économie montréalaise, nous avons dû faire face à des taxes foncières et à des taxes sur le capital totalisant 11 300 000 $, soit plus de 10 fois ce qui est payé à Toronto ou à Boston et presque 500 fois les 23 000 $ payés par les Red Wings de Détroit.

Je voudrais qu'on me comprenne bien sur ce point. Les Canadiens de Montréal ne veulent pas se soustraire au paiement d'un compte de taxes justes. Les compagnies Molson ont toujours payé leur dû à ce chapitre. Je soutiens toutefois que le niveau de ces taxes ne doit pas être arbitraire. Quand les Canadiens doivent payer 11 300 000 $ en taxes à partir d'une évaluation qui ne comporte aucun point de comparaison possible à Montréal alors que les autres équipes de la Ligue nationale ont une facture très nettement inférieure à la nôtre et qu'en fait 13 équipes de la Ligue ne paient rien du tout, nous sommes dans une situation injuste.

Nous n'attendons pas de faveur ou de statut spécial. Nous voulons simplement être traités justement et équitablement, comme tout autre contribuable.

Ces quatre enjeux, les salaires de joueurs, l'écart entre les devises américaine et canadienne, qui est évidemment lié au salaire des joueurs, le soutien gouvernemental accru aux États-Unis et les taxes renversantes que nous devons payer, menacent évidemment la qualité du hockey professionnel, ce qui représente pour nous, au Canada, un défi énorme.

Je suis très heureux que le sous-comité de la Chambre des communes ait décidé de se pencher sur cette situation. Je voudrais d'ailleurs, avec tout le respect qui s'impose, suggérer la création d'un groupe de travail composé de représentants du gouvernement et de la Ligue nationale de hockey qui pourrait assurer le suivi du rapport du sous-comité et voir à l'implantation des solutions qui seront identifiées afin d'assurer l'avenir des équipes canadiennes dans la Ligue nationale.

Le hockey ne peut pas être pris pour acquis sous prétexte qu'il a toujours fait partie de notre vie jusqu'à maintenant. Le monde change et le monde du hockey change aussi.

Je tiens à vous remercier encore une fois de m'avoir invité et vous assurer que vous pouvez compter sur ma contribution.

[Traduction]

Le président: Merci, monsieur Corey.

Rod Bryden.

M. Rod Bryden (président et gouverneur, Sénateurs d'Ottawa, Ligue nationale de hockey): Monsieur le président, membres du Comité, vous venez d'entendre parler de cinq équipes de la Ligue nationale de hockey qui ont une histoire longue et illustre. Je représente le Club de hockey des Sénateurs d'Ottawa, et nos performances sont du domaine de l'avenir—comme nous le verrons, j'espère, ce soir.

Le Club de Hockey Les Sénateurs d'Ottawa et le Centre Corel contribuent déjà de façon importante à la croissance de l'économie et au développement communautaire dans la région de la Capitale nationale. Avec les cinq autres équipes de la Ligue nationale de hockey au Canada, les Sénateurs continueront d'avoir un impact sur la croissance économique et le développement communautaire de notre pays. Nous demandons au Comité de reconnaître ce fait et de présenter des recommandations qui feront en sorte que ce secteur de notre économie soit traité de façon équitable par rapport aux autres secteurs commerciaux au Canada.

La ville d'Ottawa fait de gros efforts pour bâtir une économie équilibrée et dynamique. Elle est fière d'être le siège du gouvernement du Canada, mais cherche à assurer son avenir à long terme en stimulant la croissance des entreprises privées du secteur du savoir. L'essor de ces industries dans notre communauté ou dans cette région ne pourrait être possible sans un appui qui leur permet d'être concurrentielles à tous les égards sur les marchés internationaux.

Nortel a annoncé un investissement d'un quart de milliard de dollars, plus tôt cette année, pour agrandir le campus où sont concentrées ses activités de recherche et de développement, ajoutant du même coup 5 000 emplois au sein de l'industrie de la haute technologie, qui regroupe 800 entreprises et 50 000 personnes dans la région d'Ottawa. À elle seule, Nortel emploie 10 000 personnes à Ottawa.

• 0955

Nous avons un système d'éducation de qualité, une éthique de travail reconnue, une concentration de scientifiques et d'installations de recherche dans le secteur public ainsi qu'un environnement urbain de qualité. Il y a aussi une demande croissante pour les produits issus des technologies de pointe, un taux de change favorable par rapport au dollar américain, des crédits d'impôt et des subventions pour appuyer la recherche et le développement conformes aux normes internationales, et tout cela a contribué à doter Ottawa d'industries du savoir de calibre international.

Mais Ottawa souffre d'un malaise au niveau de la mise en marché qui limite sa croissance: aussi bien localement qu'à l'extérieur de la région, on considère Ottawa comme une ville endormie, peuplée de fonctionnaires. À cause de cette perception, il est plus difficile de faire venir les capitaux et les spécialistes nécessaires pour assurer la croissance soutenue des industries du savoir. Les divers paliers de gouvernement et la Société de développement économique d'Ottawa-Carleton se concentrent sur ce problème et dépensent des millions de dollars chaque année pour essayer de remédier à cette situation.

Les Sénateurs d'Ottawa et le Centre Corel, qu'ils financent, donnent à Ottawa un divertissement de première classe et procurent à la ville l'image de marque internationale d'un grand monopole.

Comme dans la haute technologie, nos concurrents sont les meilleurs du monde dans leur domaine. Pour vendre nos billets et attirer des annonceurs, nous devons principalement affronter la concurrence américaine. Mais contrairement à l'industrie de la haute technologie, nous devons défrayer 80 p. 100 de nos dépenses en devises américaines alors que 80 p. 100 de nos revenus sont en devises canadiennes, à l'inverse de ce qui se passe généralement pour les entreprises du secteur technologique.

Comme vous le savez, quand, pendant les élections, vous faites passer un électeur d'un bord à un autre, vous perdez deux voix. Notre situation étant à l'opposé de celle de nos amis de la haute technologie, nous avons, vis-à-vis d'eux, un désavantage de 70 p. 100 en ce qui concerne notre marge bénéficiaire.

Contrairement au secteur de la haute technologie, nous ne bénéficions pas d'avantages fiscaux ou d'un financement direct et de fonds d'aide qui se comparent au traitement que reçoivent nos concurrents aux États-Unis. Nous demandons un traitement équitable par rapport non pas à nos concurrents américains, mais aux autres entreprises du Canada et de notre région.

Le marché local ne constitue pas un problème. Les gens et les entreprises d'Ottawa appuient les Sénateurs autant que cela se fait ailleurs.

Cette saison, nous sommes au 10e rang parmi les 26 équipes de la LNH pour le nombre de billets vendus, juste après l'équipe qui joue dans le plus petit marché de la ligue, les Oilers d'Edmonton. Nous sommes au 3e rang pour le nombre de loges privées vendues à chaque match, et nous sommes parmi les cinq premières équipes de la ligue au chapitre des revenus issus des activités publicitaires et promotionnelles et de l'affichage à l'intérieur et à l'extérieur de l'édifice.

La contribution de la population et des entreprises locales est donc bien supérieure à la moyenne de l'ensemble de la ligue. Le taux de change ne nous est pas favorable, et nous avons besoin de l'appui constant que nous recevons de la LNH grâce au système de compensation monétaire et à la croissance des revenus provenant des États-Unis et du marché international. Avec un appui approprié et efficace de la LNH, nous réussirons à subsister malgré les problèmes que nous cause le taux de change.

Nous sommes durement touchés par deux facteurs, les impôts et la nécessité de financer des installations publiques avec des fonds privés, à l'inverse de nos concurrents américains. L'an dernier, nos impôts fonciers et l'impôt sur le capital se sont élevés à 4,4 millions de dollars. Nos concurrents américains ont payé en tout 4,1 millions de dollars canadiens pour les vingt équipes basées aux États-Unis et leurs arénas. Il s'agit notamment des Rangers de New York au Madison Square Garden, modestement situé au centre de Manhattan, des Blackhawks de Chicago au United Centre et du FleetCenter à Boston. Les Sénateurs ont donc payé plus de taxes que toutes les équipes américaines réunies.

Les Canadiens de Montréal ont payé environ trois fois plus que l'ensemble des équipes américaines. Si nos entreprises du domaine de la technologie étaient confrontées à pareille situation, choisiraient-elles d'investir à Ottawa? Est-ce que Nortel investirait un quart de million de dollars à Kanata si ses investissements lui coûtaient aussi cher?

Permettez-moi de parler de l'imposition de nos billets. Le montant des taxes directes varie d'un minimum de 20 p. 100 à un maximum de 39 p. 100 du prix avant taxe, selon le prix du billet. Les billets les moins chers ont un taux de taxe supérieur en raison de la surcharge de 2 $ par billet qui sert à payer l'échangeur à quatre voies sur l'autoroute provinciale et la route à quatre voies qui relie les deux échangeurs qui desservent le Centre Corel, celui que nous avons payé et un autre, distant de quatre kilomètres.

• 1000

Les billets de la zone réservée aux familles, que nous vendons 15 dollars pour que les familles puissent assister à nos rencontres, nous rapportent un peu moins de 11 dollars et sont imposés à 40 p. 100. Quelle autre entreprise au Canada doit supporter de pareils coûts?

Ces taxes sont simplement les plus absurdes qui soient imposées sur le hockey de la LNH à Ottawa. À elles seules, elles nous coûtent plus de 6 millions de dollars annuellement. C'est de l'argent que le gouvernement prélève sur ce que nos partisans paient pour voir les Sénateurs, ce qui réduit d'autant notre capacité financière.

Nous sommes désavantagés en raison de notre incapacité à démontrer aux gouvernements provincial et fédéral que la LNH et les arénas où sont disputés les matchs doivent être reconnus comme des générateurs économiques pour leurs régions et pour le pays tout entier.

Le Canada pourrait souhaiter que d'autres pays ne subventionnent les investissements commerciaux dans la recherche et le développement de produits, mais cela fait partie de la réalité internationale. Si le Canada veut garder ses entreprises technologiques et en favoriser l'expansion, il doit égaliser les chances pour tous. On pourrait souhaiter que les autres pays n'appuient pas l'exportation de biens d'investissement, mais cette pratique est répandue, et le Canada doit en faire autant pour permettre à des entreprises comme Bombardier d'être prospères et de faire bénéficier le Québec et le reste du Canada de leur dynamisme.

L'industrie forestière a besoin de droits de coupe appropriés; l'industrie du pétrole et du gaz et l'industrie minière doivent recevoir un traitement équitable en matière de redevances et de taxes. Le gouvernement canadien et les provinces évaluent la situation de toutes les catégories d'industries et déterminent leur importance pour le pays. Le gouvernement examine leur position concurrentielle et décide alors soit de s'entendre avec d'autres pays pour réduire les subventions internationales et imposer moins lourdement les contribuables, soit de prendre les mesures nécessaires pour égaliser les chances s'il s'agit d'une industrie à laquelle nous tenons.

Nous aimerions tous que les villes américaines n'utilisent pas l'argent de leurs contribuables lorsqu'elles font une demande pour obtenir une concession de la LNH et qu'elles luttent entre elles et contre les villes canadiennes. Mais elles le font. Il en résulte que les Sénateurs d'Ottawa et les autres équipes canadiennes sont privées de revenus qui, chaque année, se retrouvent chez nos concurrents américains. Ce n'est pas parce que nous sommes contre cette situation qu'ils y mettront un terme.

Notre club ne touche pas les recettes de la location des loges et des panneaux publicitaires du Centre Corel parce qu'elles servent à rembourser le capital investi dans cet édifice, alors que nos concurrents, comme les Panthers de la Floride, peuvent les garder puisque les autorités locales assument les frais de construction. Pour les Sénateurs, le désavantage net par rapport aux Panthers s'élèvera à 15 millions de dollars la saison prochaine en ce qui concerne ce seul facteur, compte non tenu des taxes...

Dans le cas de Nashville, tel que décrit dans le document préparé par M. Corey, les conditions sont encore plus généreuses qu'en Floride, et ce ne sont pas là des cas isolés.

Ottawa peut avoir du succès et être une concession solide sans recevoir autant d'aide que les clubs basés aux États-Unis, car le hockey est le sport de prédilection dans la région et l'appui des partisans et des entreprises est plus concentré et plus fidèle que dans la plupart des marchés américains. Nous n'avons pas besoin d'installations privées défrayées par les fonds publics, mais nous ne pouvons continuer à utiliser des fonds privés pour payer des installations publiques.

Le Comité ou quelqu'un que vous connaissez peut-il faire en sorte que le gouvernement fédéral ou le gouvernement provincial absorbent les coûts de l'échangeur qui relie le centre Corel au grand rêve conçu par John Diefenbaker en 1958, la route transcanadienne? Nous possédons, sans aucun doute, le seul échangeur privé à quatre voies sur cette autoroute. Je serais ravi d'en faire cadeau à quelqu'un.

Nous n'avons pas besoin de subventions pour nos frais d'exploitation. Mais nous avons besoin d'un traitement fiscal approprié, conçu pour répondre aux besoins de notre secteur, afin de réduire le coût net de nos taxes comme c'est le cas pour les autres industries à forte orientation internationale, plus particulièrement avec les crédits d'impôts pour la recherche et le développement, qui réduisent les coûts d'exploitation des entreprises du secteur de la technologie au Canada.

Dans le cas des équipes de la LNH et de leurs arénas, une solution appropriée pourrait être un crédit d'impôt basé sur un pourcentage des revenus qui serait déductible des impôts provincial et fédéral. La valeur du crédit pour chacune des équipes refléterait sa capacité à conserver l'appui de son public, mais pas les dépenses du club. Cela les encouragerait à offrir une valeur optimale aux amateurs de hockey pour un coût minimal.

Les Sénateurs d'Ottawa sont fiers de leur contribution à la population et à l'économie d'Ottawa. Nous sommes fiers de l'appui que nous recevons du marché local. Si le fardeau que constituent les taxes fédérales et provinciales est réduit, comme il l'est pour plusieurs autres importantes industries au Canada, et si les coûts des infrastructures publiques sont défrayés par les fonds publics, comme c'est le cas pour d'autres industries au Canada, le hockey de la LNH sera concurrentiel et solidement installé à Ottawa quand commencera le prochain millénaire.

Permettez-moi de conclure en disant que nous avons invité tous les membres du Comité à se joindre à nous pour voir la LNH à l'oeuvre ce soir. J'espère que vous viendrez. Les Canadiens pensent souvent que si on fait de la recherche en y prenant du plaisir, c'est probablement une mauvaise chose. Faites simplement comme s'il s'agissait de la pêche et que vous deviez ce soir vous embarquer dans un bateau.

• 1005

Quand vous viendrez, vous verrez 50 joueurs de hockey et, puisqu'ils seront là en train de pratiquer leur sport, qui est le plus passionnant du monde, il y aura 1 300 personnes qui travailleront ce soir et qui, sans eux, ne travailleraient pas. Il ne faut pas oublier les 2 800 travailleurs de la construction qui ont construit le Centre Corel quand ce secteur était à son point le plus bas des 25 dernières années à Ottawa. Ils étaient heureux d'avoir ce travail.

Les 15 millions de dollars de taxes que nous avons versés à la région à ce moment-là équivalaient au montant du déficit de la région la même année et aux compressions budgétaires qui étaient pratiquées dans toute la province.

Quand vous verrez le hockey de la LNH à l'oeuvre ce soir, vous aurez devant vous une industrie très importante. Demandez à l'une quelconque des 1 300 personnes qui y travaillent si elle est contente de son emploi; elles vous diront toutes qu'il est très précieux pour elles. Nous apprécions le hockey. La population locale apprécie le hockey, et nous sommes heureux d'avoir l'occasion de le présenter au Comité.

Le président: Merci, monsieur Bryden.

Monsieur Bettman.

M. Gary Bettman: Monsieur le président, membres du Comité, je voulais simplement vous remercier à nouveau de nous donner l'occasion de vous rencontrer aujourd'hui pour ouvrir un dialogue au sujet du sport et de sa place au Canada. J'aimerais résumer brièvement un certain nombre de choses.

La LNH et ses équipes créent directement et indirectement plus de 12 000 emplois au Canada. Les équipes de la ligue paient plus de 300 millions de dollars par an en salaires et avantages sociaux. Nos six équipes ont consacré près d'un milliard de dollars au cours de cette décennie à la construction d'arénas et à l'amélioration des infrastructures.

Les six équipes canadiennes versent 211 millions de dollars en impôts directs à tous les paliers de gouvernement, ce qui représente 40 p. 100 de la totalité de leurs recettes, et non pas de leurs revenus imposables. Les loteries fondées sur les résultats des parties de la LNH ont rapporté plus d'un milliard de dollars. Les différents secteurs de l'économie canadienne—la télévision, le cinéma, la technologie aérospatiale, pour n'en citer que quelques-uns—en ont bénéficié au Canada en collaborant avec des organismes gouvernementaux dans des conditions mutuellement avantageuses.

Nous espérons que votre sous-comité reconnaîtra que la LNH n'est pas seulement un sport et une partie de la culture canadienne, mais également une industrie importante, un secteur clé essentiel de l'économie canadienne, surtout dans les villes où nos équipes sont installées.

De multiples charges pèsent sur nos équipes, et nous espérons que ce débat se poursuivra en tenant compte des notions d'équité et de compétitivité, surtout par rapport au traitement accordé à d'autres industries canadiennes. Nous aimerions travailler avec vous et nous nous engageons à faire preuve de coopération. Je vous remercie à nouveau de votre temps et de votre attention.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Bettman.

Nous allons maintenant passer aux questions. Monsieur Manning.

M. Preston Manning (Calgary-Sud-Ouest, Réf.): Monsieur le président, je voudrais remercier le commissaire, les propriétaires et les gérants ici présents pour leur exposé et leur ouverture au dialogue.

À titre personnel, je dois vous dire que le hockey m'a occasionné certains problèmes politiques. J'ai élevé ma famille à Edmonton. Je vivais à Edmonton. Nous avons cinq enfants. Ce sont tous des partisans fanatiques des Oilers d'Edmonton, mais je représente une circonscription de Calgary.

Quand j'emmène mes deux fils à l'édifice de Harley, ils applaudissent l'équipe de Glen, et cela me coûte environ 300 voix par partie, d'après mes estimations. Je fais face à cette situation comme le ferait tout homme politique honorable. Je porte une casquette de baseball et des lunettes foncées et j'espère que mes électeurs ne remarqueront pas que je suis avec ces partisans fanatiques des Oilers.

Je suis sûr que je m'exprime au nom de nous tous. Vous n'êtes pas seulement ici avec des amis, mais également avec des partisans. Quel que soit l'endroit du pays d'où nous venons, nous sommes tous profondément attachés au hockey, et nous pourrions vous raconter des histoires comme celles que nous a racontées Harley.

Je vais entrer directement dans le vif du sujet. Plusieurs d'entre vous ont dit qu'il fallait égaliser les chances pour tous—je ne sais pas ce que cela peut vouloir dire pour le hockey, monsieur le président, peut-être égaliser la surface de la glace—et supprimer le désavantage canadien. Il semble s'agir là surtout de deux questions, la fiscalité et les subventions.

Je sais que vous avez abordé cette question dans votre mémoire, mais peut-être pourriez-vous nous donner plus de détails au sujet du désavantage concurrentiel des équipes canadiennes dans leur ensemble du point de vue fiscal? Si vous deviez faire une seule recommandation pour y remédier, en quoi consisterait-elle?

• 1010

M. Gary Bettman: Je pense qu'il y a, dans notre mémoire, un tableau qui indique l'écart moyen entre ce que paient, en moyenne, les équipes canadiennes et les équipes américaines. Il est d'environ 7 millions de dollars par an. J'irai jusqu'à dire qu'aucune équipe américaine ne doit payer, loin s'en faut, 40 p. 100 de son revenu brut comme le font en moyenne les équipes canadiennes.

Nous ne sommes pas prêts pour le moment à présenter une recommandation au sujet des subventions ou d'une autre formule. À notre avis, ce serait un excellent point de départ si on reconnaissait d'abord que, plus qu'un sport, nous sommes une industrie importante et, deuxièmement, qu'au Canada, nos équipes sont fortement défavorisées, ce qui est injuste et nuit à leur compétitivité. Si cela marque l'ouverture d'un dialogue, nous pensons que cela représentera un énorme pas en avant.

M. Preston Manning: Vous constaterez que beaucoup de députés pensent que le fardeau fiscal est trop élevé dans notre pays. Les impôts tuent l'emploi, et pas seulement dans votre industrie, mais également dans d'autres secteurs. Ce qu'il y a de remarquable au sujet du hockey est que beaucoup de Canadiens ne prêtent pas attention à cet argument quand il est présenté au sujet d'autres industries, mais ils y prêtent attention si on le dit au sujet du hockey. Vous devriez donc présenter ce tableau à la Soirée du hockey.

En deuxième lieu, je poserai la même question au sujet des subventions. Je sais que vous en parlez dans votre mémoire, mais je pense qu'il est important de vous donner l'occasion d'en parler oralement. Si vous pouviez résumer la situation, quelle est exactement l'ampleur de ce désavantage concurrentiel des équipes canadiennes du fait de ces subventions dans leur ensemble? Quelle est l'ampleur de cet obstacle, et avez-vous des recommandations spécifiques à faire quant à la façon de régler ce problème?

M. Gary Bettman: L'accord de subventions pour la construction des arénas et des infrastructures connexes constitue probablement le plus gros problème. Cela ne veut pas dire que, dans quelques grandes villes, il n'y a pas d'arénas construits par le secteur privé. Mais le fait est qu'au cours des années 90, ces six équipes ont collectivement dépensé près de 1 milliard de dollars pour construire ou rénover des arénas et améliorer leurs infrastructures. Je ne pense pas qu'il y ait un seul aréna aux États-Unis dont l'infrastructure ait été payée par des capitaux privés.

L'exemple qu'on cite le plus souvent ici à Ottawa est celui de l'échangeur payé par l'aréna et l'équipe, situation qu'on ne retrouve pratiquement nulle part ailleurs. Je pense que d'une façon ou d'une autre, ces édifices bénéficient d'une aide très importante aux États-Unis, que ce soit sous forme de cautionnement, de subvention directe ou de prêt sans intérêt. Aux États-Unis, les équipes construisent ces nouveaux arénas parce que les gens sont convaincus, à juste titre, que cela sert les intérêts de la population locale.

Il n'y a pas seulement les 41 ou 50 soirées où on joue au hockey. Il y a les spectacles familiaux, les concerts et les congrès. Il y a toute une série d'activités—entre 150 et 250 soirs par an—qui découlent de la présence d'un aréna, et cela engendre toute une série d'autres activités économiques. Les populations locales, les États et les différentes municipalités ont vu quels avantages on peut en retirer.

J'ai remarqué, vendredi, dans un journal de Toronto qu'on se demandait si les Maple Leafs de Toronto et le Centre Air Canada devraient payer les 40 millions de dollars que coûtent les améliorations apportées à la nouvelle station de métro parce qu'il faut agrandir les quais, vu le grand nombre de spectateurs qui assistent aux parties. Je ne pense pas qu'il serait jamais même question de cela aux États-Unis, parce que le coût du métro, des routes et des infrastructures connexes est assumé par les municipalités.

M. Preston Manning: Une dernière question, monsieur le président.

Nous avons l'impression qu'il est absolument impossible pour le Canada d'accorder des subventions aussi élevées qu'aux États-Unis. Vous savez que, dans le cadre de l'ALENA, nos deux pays ont essayé d'éliminer ou de diminuer les subventions. Si elles étaient versées par le gouvernement national, elles seraient assujetties aux règles de l'ALENA, et il y aurait un mécanisme de règlement des différends. Ces subventions seraient éliminées ou il y aurait un programme de compensation pour égaliser les chances.

• 1015

Pour mettre à nouveau l'accent sur le problème des subventions, si le Canada n'est pas en mesure d'en verser autant qu'aux États-Unis et de devenir compétitif de cette façon-là, avez-vous des suggestions à faire? Vous avez un programme de compensation de l'écart entre les deux devises. Avez-vous des propositions à faire pour un programme de compensation des subventions qui placerait au moins tout le monde sur un pied d'égalité, quelles que soient les différences entre les niveaux de subvention dans des marchés ou des pays différents?

M. Gary Bettman: Je ne pense pas que nous souhaitions que les autorités canadiennes, à quelque palier que ce soit, fassent la même chose qu'aux États-Unis, non pas seulement pour le hockey, mais pour tous les sports. Les messieurs qui m'accompagnent ici aujourd'hui sont d'avis que les charges imposées à leurs équipes et à leur bâtiment une fois que les investissements initiaux ont été réalisés représentent les principaux problèmes auxquels ils sont confrontés. La difficulté ne tient pas au fait que les équipes et les édifices ne sont pas autant subventionnés qu'aux États-Unis. On taxe très fortement les capitaux privés investis dans ce qui constitue des installations publiques.

Je pense qu'on pourrait commencer à présenter ce problème en disant qu'il ne paraît pas juste et équitable que Rob Bryden doive payer une partie de l'autoroute, que les Maple Leafs doivent payer un quai de métro, que les Flames de Calgary doivent payer 42 millions de dollars pour prendre en main et rénover un édifice qui ne leur appartient même pas, ou que les Canadiens de Montréal, alors qu'ils construisent l'édifice, doivent payer le manque à gagner consécutif à la disparition des parcmètres qui se trouvaient à cet endroit-là.

Il y a toutes sortes de choses qui ont créé une situation moins favorable. Cela dit, dans la mesure où les gens pensent que c'est réellement injuste et veulent aller plus loin, nous ne nous opposerions pas à ce qu'on entame un dialogue à ce sujet.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Manning.

Monsieur Coderre.

[Français]

M. Denis Coderre (Bourassa, Lib.): Dans un premier temps, vous me permettrez, monsieur le président, d'y aller moi-même de ma petite partisanerie et de féliciter les Canadiens de leur belle victoire d'hier soir. Je suis un peu triste de voir que Ken Dryden n'est plus avec les Maple Leafs, puisque je suis un ancien gardien de but et qu'il était une de mes idoles. Il va quand même le demeurer, étant donné qu'on peut parler des années 1970.

J'aimerais également féliciter les Oilers d'Edmonton parce qu'on annonçait hier que leurs gouverneurs avaient accepté l'offre faite par la communauté. Il faut souligner les efforts des gens qui s'engagent localement. Lorsque que j'entends ce genre de choses-là, je trouve important qu'on évalue toute la question du partenariat qu'on doit établir entre le gouvernement, le secteur privé et le sport professionnel.

Environnement favorable à l'investissement et collaboration: ce sont des mots qui me sont venus à l'esprit lorsque j'ai entendu les gouverneurs. Pour moi, monsieur le président, préserver le hockey professionnel, c'est préserver son identité. Il est également important de comprendre que c'est par l'entremise de ce comité qu'on peut enfin remettre les pendules à l'heure et dire que le hockey professionnel est une industrie créatrice d'emplois, qui rapporte des revenus au gouvernement qui servent justement à payer pour les hôpitaux et les programmes sociaux. Il faudrait peut-être arrêter de dire continuellement que c'est juste une gang de jeunes millionnaires qui jouent avec une petite rondelle, qui n'a pas vraiment d'impact sur le plan économique.

J'aimerais poser une question à MM. Bettman et Corey. Si on parle d'établir un partenariat et de conclure un pacte fiscal, est-ce que vous êtes prêts de votre côté à ouvrir vos livres, à ce qu'on s'assoie ensemble et qu'on regarde de façon précise et concrète ce que rapporte une équipe de hockey professionnel et quels sont les revenus et dépenses? Nous pourrions justement, dans cette transparence dont vous avez fait preuve aujourd'hui, faire comprendre aux Canadiens et aux Canadiennes ce qu'il en est. On parle d'une relation entre les gouvernements et les gouverneurs et leurs équipes de hockey professionnel. Je pense que les gens sont aussi en droit de s'attendre à une certaine transparence au niveau de vos propres livres.

M. Ronald Corey: Monsieur Coderre, je vous remercie de votre question. Pour le club de hockey des Canadiens, il est évident que si le comité continue son travail, il devra voir nos livres et nous les lui montrerons avec plaisir. La transparence est absolument obligatoire dans ce dossier-là. Nous sommes une compagnie publique et tout le monde connaît les profits que nous avons réalisés l'an dernier: après le service de la dette et les taxes, ils s'élevaient à quelque 5,5 millions de dollars, avec un investissement de 270 millions de dollars.

• 1020

Vous pourrez connaître d'ici deux mois, au moment où nous les aurons compilés, les profits que nous avons réalisés au cours de l'année qui vient de se terminer. En autant que je suis concerné, oui, vous êtes les bienvenus, oui, nous allons ouvrir les livres, et oui, nous allons partager toute cette information avec les membres de votre comité.

M. Denis Coderre: Merci. Maintenant, on parle d'une certaine fragilité; on dit que si on ne règle pas la question de la taxation, on risque de voir certaines franchises nous quitter. De nombreuses villes américaines n'attendent que ça pour récupérer nos franchises canadiennes. Si le gouvernement acceptait de conclure ce pacte fiscal avec vous—parce que je ne crois pas qu'on doive parler en termes de subventions directes, mais plutôt en termes de pacte fiscal—, est-ce que vous pourriez nous garantir que les franchises vont demeurer au Canada?

[Traduction]

M. Gary Bettman: Nous avons toujours rejeté et déconseillé le déménagement des franchises. Ces dernières années, il y a malheureusement deux franchises qui ont quitté le Canada pour les États-Unis, mais il y en a également deux qui ont déménagé à l'intérieur des États-Unis. On a beaucoup parlé des efforts que nous avons entrepris, en particulier à Edmonton, et je suis ravi que nous ayons apparemment réussi à garder les Oilers à Edmonton.

Nous sommes ouverts à toute forme de dialogue. Notre objectif est de faire en sorte que nous ayons six équipes canadiennes solides, prospères, pleines de vie et très concurrentielles dans la LNH. Nous voulons que notre ligue soit encore plus forte au Canada. Nous ne voulons certainement rien faire pour l'affaiblir.

[Français]

M. Denis Coderre: Monsieur Bettman, si on ne fait pas ce pacte fiscal d'ici cinq ans, quelles sont les équipes qui vont demeurer au Canada? Parmi les six franchises qui sont devant moi, quelles sont celles qui demeureront ici et celles qui nous quitteront?

[Traduction]

M. Gary Bettman: Je ne suis pas prêt à dire que si on ne réagit pas assez favorablement aux problèmes que nous soulevons, cela sonnera le glas de nos franchises au Canada, parce que ni moi, ni personne ne peut répondre à votre avant-dernière question. Je pense toutefois qu'il est clair que la situation économique de toutes les équipes canadiennes va continuer à se détériorer et, pour paraphraser ce que Ken Dryden a dit avec éloquence, les équipes seront moins concurrentielles qu'elles ne devraient l'être. En toute franchise, nous pensons que le pays dont le sport national est le hockey mérite mieux.

Je ne suis donc pas venu ici pour laisser entendre que le hockey va disparaître du Canada ou pour menacer qu'il en soit ainsi, mais le hockey, à son niveau le plus élevé, ne pourra pas prospérer comme nous sommes convaincus qu'il devrait le faire.

[Français]

M. Denis Coderre: Il est clair que la question des salaires des joueurs fait mal. Sur le plan de la perception, je crois qu'on fait un gros travail ce matin en remettant les pendules à l'heure. On doit considérer l'industrie du sport professionnel comme une industrie qui rapporte des dividendes importants au gouvernement, qui est créatrice d'emplois et qui a des retombées importantes au niveau des villes.

Cependant, il est clair que lorsqu'on évoque la question du cap salarial, la plupart du temps, on entend des gens dire qu'on ne doit pas investir dans les équipes professionnelles parce qu'on ne peut pas contrôler les revenus, justement à cause de ces salaires. Or, je suis tout à fait d'accord sur la question du pacte fiscal et je l'ai prôné à plusieurs reprises. Cependant, il y a peut-être un point qui accroche. C'est peut-être le maillon faible de la chaîne. Il s'agit de la question de la loi antitrust aux États-Unis. Y a-t-il actuellement une façon précise de négocier avec les joueurs un cap salarial? J'ai le pressentiment que les joueurs entre eux et le syndicat des joueurs peuvent se parler et s'entendre à tous les jours. Un joueur peut appeler et leur dire: «Regarde, je viens de signer mon contrat et j'ai obtenu 300 000$ de plus», tandis que deux propriétaires ne peuvent pas se parler. Ils risqueraient même une peine d'emprisonnement. Est-ce qu'il n'y a pas une façon de régler ce problème-là face aux États-Unis?

• 1025

[Traduction]

M. Gary Bettman: J'espère qu'ils ne risqueraient pas d'être emprisonnés. Mais le fait est que vous soulevez une question très importante et très délicate. Il est hors de doute que les salaires des joueurs montent en flèche, mais pas seulement dans les équipes canadiennes de la LNH. C'est le cas dans l'ensemble de la ligue. Cela concerne toutes les équipes, en particulier aussi les équipes des États-Unis qui desservent un petit marché. Les salaires augmentent dans tous les sports professionnels. La NBA, où les salaires sont plafonnés, vient d'annoncer la réouverture de sa convention collective parce que le système ne fonctionne apparemment pas aussi bien qu'elle le souhaiterait.

La question de nos rapports avec nos joueurs est délicate et complexe, et nous devons la traiter avec eux à la table des négociations. Nous ne pouvons pas la régler unilatéralement. Ce n'est pas quelque chose—je ne peux tout au moins pas l'imaginer—qu'un organe législatif pourrait réglementer, à moins, bien entendu, que vous ne puissiez trouver une façon de faire en sorte que cela s'applique dans les deux pays, ce qui pourrait faciliter les choses.

Mais pour parler sérieusement et sans nous écarter du sujet, nous avons une convention collective qui confère une stabilité à la ligue et qui, nous l'espérons, permettra d'éviter pendant un certain temps la répétition du lock-out de 1994, qui nous a fait perdre près de la moitié de la saison. Si, à la longue, cette convention collective ne fonctionne pas aussi bien qu'elle le devrait, si elle ne permet pas à nos équipes de contrôler leurs salaires autant qu'elle devrait le faire et que c'est nécessaire, il nous faudra alors aborder ce problème lorsque la convention de l'équipe viendra à échéance. Et nous devrons veiller à mettre en place un système dont les équipes pourront s'accommoder, un système permettant à toutes nos équipes de rester prospères. Si nous devons alors avoir à nouveau des négociations difficiles et si un nouvel arrêt de travail risque de se produire, c'est quelque chose dont nous devrons nous occuper à ce moment-là.

Les salaires ne sont toutefois qu'un des éléments d'une situation économique complexe, et nous ne chercherons pas à fuir ce problème.

[Français]

M. Denis Coderre: Je comprends, monsieur le président, que la musique du vidéo était celle du film Titanic et qu'on ne faisait pas allusion au film, mais bien à l'histoire d'amour. Je vous remercie beaucoup.

Des voix: Ah! ah!

[Traduction]

Le président: Merci beaucoup, monsieur Coderre.

Je veux seulement dire la chose suivante aux membres du Comité: faites des préambules plus courts. Et pour que tout le monde comprenne bien les règles, je vous rappelle que j'accorde en alternance dix minutes à l'opposition et dix minutes au gouvernement.

Monsieur Proud, il vous reste encore trois ou quatre minutes sur les dix premières, et nous passerons ensuite à Mme Tremblay.

M. George Proud (Hillsborough, Lib.): Merci, monsieur le président.

Messieurs, je vous souhaite la bienvenue ici aujourd'hui. C'est une journée très spéciale. Comme l'a dit M. Manning, je dirai que la plupart des personnes ici présentes sont, comme moi, des partisans du hockey. La plupart des personnes ici présentes ne pourraient pas le croire, mais je me rappelle l'époque où, avant la télévision, La Soirée du hockey était une des choses les plus importantes pour les enfants et les adolescents. Harley nous a rappelé cette époque.

À la différence de la plupart de mes camarades dans la ville où j'ai grandi, qui étaient des partisans des Maple Leafs de Toronto, j'étais partisan du Canadien de Montréal, et je le suis encore...

Des voix: Oh, oh!

M. George Proud: ...et cela m'a coûté cher de diverses façons au fil des ans.

Messieurs, pour parler de la question sérieuse dont nous devons parler ici aujourd'hui, c'est-à-dire le hockey et l'avenir des équipes canadiennes, il y a des gens qui comparaissent devant nous, des professeurs d'université et d'autres gens du même genre, et il y a maintenant un livre qui vient de paraître et d'après lequel les choses dont nous parlons et que nous avons toujours crues—que la présence d'une franchise de hockey dans une ville a d'importantes répercussions économiques—ne sont pas vraies. Il y a de plus en plus de reportages dans les journaux et à la télévision qui vont dans ce sens.

C'est une question très émotionnelle. Par exemple, la semaine dernière, l'ambassadeur des États-Unis au Canada a dit que le Canada devrait également accorder des subventions. Certains ont recommandé de porter la question devant l'ALÉNA.

Nous parlons de la question des retombées économiques et de la justification des subventions gouvernementales. Vu les priorités actuelles des gouvernements et tous les moyens qu'ils doivent utiliser pour rembourser leurs dettes et leurs déficits accumulés au cours des 30 dernières années, le problème que j'ai, je crois, pour convaincre mes collègues et mes électeurs que le gouvernement...

Si vous me permettez de revenir en arrière pendant une minute, quand nous étions enfants, nous pensions que tous les propriétaires des équipes de la LNH disposaient de ressources financières inépuisables et qu'ils n'avaient aucun problème dans ce domaine, et je pense que le grand public continue d'avoir la même impression.

Je suis probablement d'accord pour dire que nous devons faire quelque chose pour les sauver, et je sais que nous devons faire quelque chose pour sauver ce sport merveilleux qui est tellement canadien. Mon problème est de savoir comment convaincre le grand public que nous devons faire certaines choses. Je suis d'accord; une des meilleures choses que j'ai entendues jusqu'à présent est que vous dites qu'il faut vous traiter comme les autres entreprises. Je vous demanderai de répondre à cela.

• 1030

M. Gary Bettman: Vous présentez le problème précisément comme il se pose. Je travaille dans le secteur des sports professionnels depuis plus de 20 ans, et j'ai entendu des économistes exposer, à propos de toute une série de questions, des théories qui vont généralement à l'encontre des intérêts de la direction et des ligues, qu'il s'agisse des rapports avec les joueurs ou des questions comme celles dont vous parlez. D'après les meilleures données empiriques dont nous disposons, qui reflètent la situation dans un grand nombre de villes de l'Amérique du Nord, les villes sont prêtes à investir pour acquérir et attirer des équipes sportives des ligues majeures parce qu'elles pensent que c'est une bonne affaire.

En outre, le marché est, en quelque sorte, plus limité. En 1994-95, l'Alberta, à l'initiative du premier ministre Ralph Klein, a fait réaliser une étude sur les retombées économiques de la présence des Oilers d'Edmonton et des Flames de Calgary. Je crois que nous en parlons dans notre mémoire. Les retombées économiques des Flames s'élevaient à environ 70 millions de dollars par an et celles des Oilers à environ 60 millions de dollars par an. C'est ce qui ressort d'une étude réalisée pour le gouvernement de l'Alberta. À notre avis, nos équipes et leurs arénas sont des moteurs économiques qui créent des emplois et favorisent le commerce là où elles sont implantées.

Nous avons eu des discussions à ce sujet au fil des ans, et, par exemple, le maire de Calgary, M. Duerr, a déclaré—non seulement devant moi, mais également en public—qu'une équipe et un aréna jouent le même rôle que le magasin principal dans un centre commercial. Je pense qu'il est spécialiste de l'immobilier et de la construction de centres commerciaux, et il a expliqué que, quand on construit un grand centre commercial, on accorde des conditions favorables aux principaux locataires parce que cela remplit le centre et le rend viable. Nous pensons que nos équipes et leurs arénas sont un moteur économique de ce genre là où elles sont implantées, et je ne parle même pas de leur participation à tous les niveaux aux activités de la ville, aussi bien pour le hockey que pour les oeuvres de bienfaisance.

Je pense que d'autres témoins ont déjà indiqué au Comité que le hockey majeur, junior et mineur représente, à lui seul, un volume d'affaires d'un milliard de dollars. Les propriétaires et les gens qu'ils représentent ont investi un milliard de dollars au cours de cette décennie. La question est de savoir si, à votre avis, ces investissements valent la peine. Nous ne demandons pas au Comité d'investir cet argent. Ces gens ont fait ces investissements parce qu'ils pensaient que c'était une bonne affaire. Le problème concerne les charges qu'on leur impose après qu'ils ont fait ces investissements.

M. George Proud: Merci.

Le président: Madame Tremblay.

[Français]

Mme Suzanne Tremblay (Rimouski—Mitis, BQ): Bonjour, messieurs. Je voudrais d'abord vous féliciter pour la qualité des documents que vous nous avez présentés dans les deux langues officielles du pays. C'est fort agréable de voir ça. Il n'y a qu'un seul bémol: je ne les ai reçus que ce matin. J'en prendrai connaissance et vous poserai au besoin des questions supplémentaires lorsque je les aurai analysés. Pour l'instant, je suis obligée de baser mes propos sur les connaissances que j'ai acquises jusqu'ici et sur ce que j'ai pu glaner en écoutant vos présentations.

Je voudrais, moi aussi, monsieur le président, remettre les pendules à l'heure et dire à ces messieurs que le comité n'a pris aucune position. Le comité compte un lobbyiste qui est très actif, en la personne de M. Coderre, mais nous n'avons pris aucune position en quelque sens que ce soit. Nous n'avons pas encore remis notre rapport et formulé de recommandations.

J'apprécie la transparence de M. Corey. Je comprends que vous soyez découragé de réaliser des profits de 5 millions de dollars alors que certains de vos joueurs gagnent un peu plus que cela. Vos profits s'élèvent à 5 millions de dollars canadiens, ce qui n'est pas beaucoup comparativement au salaire de certains joueurs.

J'ai la chance de venir d'une ville où le hockey est très populaire, puisque j'habite Rimouski. Probablement que lors de votre repêchage, on verra partir un de nos bons joueurs, monsieur Corey, même s'il n'est pas de taille face à certains tueurs de la Ligue nationale. Vous devriez faire signer un contrat à ce joueur de défense, parce que c'est le plus génial que j'aie vu au cours des 20 dernières années.

• 1035

[Traduction]

Le président: C'est, de toute évidence, un conflit d'intérêts.

[Français]

Mme Suzanne Tremblay: On m'a dit qu'il était bon, mais trop petit.

[Traduction]

Le président: Excusez-moi, madame Tremblay. Pouvez-vous nous dire de qui il s'agit? Je pense que beaucoup de gens aimeraient entendre le nom de la personne dont vous parlez.

[Français]

Mme Suzanne Tremblay: C'est Walser, celui qui a battu le record de la Ligue majeure junior.

M. Rod Bryden, des Sénateurs d'Ottawa, a parlé de deux facteurs qui les tuaient. J'aimerais m'adresser au président de la Ligue nationale et à vous tous, messieurs. Je pense qu'il y a un facteur que vous avez oublié: on a habillé les joueurs de plus en plus et le hockey est devenu de plus en plus violent. Quand on voit les gardiens de but se battre entre eux, on est bien loin de l'époque de Ken Dryden.

D'ailleurs, Jean-Marc Pelletier, le gardien de but à Rimouski, vous ressemble un peu physiquement. Il est toutefois trop jeune pour vous avoir vu jouer, de sorte qu'il ne met pas ses deux mains sur son bâton comme il pourrait le faire.

On paie maintenant des joueurs très cher seulement pour blesser les autres. La Ligue nationale pourrait-elle faire preuve d'imagination et changer les règles? J'ai parcouru ma circonscription pendant deux semaines lors du congé de Pâques et j'y étais également hier et j'ai recueilli beaucoup d'idées. Les gens me disent que ça devrait être comme dans certains autres sports: si on compte un but en désavantage numérique, on obtient deux points, et si on compte un but sur un lancer de punition, on obtient trois points. Comme on le proposait à la télé, on devrait peut-être suspendre un joueur qui en blesse un autre tant et aussi longtemps que le joueur blessé ne revient pas au jeu afin de redonner à la Ligue nationale ses lettres de créance.

Vous savez, le hockey, je l'ai dans la peau et j'ai le Canadien dans la peau. Ma famille et celle de M. Butch Bouchard partageaient la même ruelle. Mes frères aînés ont patiné dans la ruelle avec Butch Bouchard. Le hockey, c'est quelque chose que je connais depuis très longtemps. J'étais au Forum lors de l'émeute dans les bleachers. Nous y étions nombreux parce que ça coûtait juste 1 $ pour aller au hockey dans ce temps-là. On est loin de cette époque-là.

Le hockey doit redorer son blason et faire le ménage dans sa propre maison. Il faut vraiment, comme le disait M. Coderre, en venir à une entente au sujet des salaires. On pourrait peut-être fixer une somme maximale par équipe, comme le fait la Ligue nationale de basketball. Certains joueurs seraient peut-être alors obligés d'accepter des baisses de salaire afin que leur équipe puisse amener une vedette et gagner. Il faudrait aussi faire en sorte qu'un propriétaire riche possédant une compagnie autre que le hockey qui lui apporte des revenus extraordinaires ne puisse aller s'acheter des joueurs comme ça.

Votre participation fréquente à des comités ne semble pas donner de résultats. Il faudrait rendre le hockey plus dynamique. Est-il possible de vraiment régler la question du plafond des salaires?

[Traduction]

M. Gary Bettman: Je trouve certaines de vos suggestions fascinantes, et j'aimerais peut-être discuter une autre fois avec vous de notre sport et de certaines de vos autres idées concernant les changements à apporter aux règles.

En ce qui concerne les batailles, elles ont perdu régulièrement de leur importance au cours de ces dernières années à la suite d'une série de modifications apportées aux règles. Nous sommes probablement le seul sport où on ne voit plus maintenant tous les joueurs quitter leur banc pour aller se battre. Il y a, en fait, moins de batailles cette année. Il y en a, en moyenne, moins d'une par partie. C'est un élément accessoire du jeu, mais qui en fait partie depuis longtemps. La façon dont les spectateurs réagissent au jeu est toujours importante, parce qu'il est important qu'ils nous regardent à la télévision et remplissent les arénas.

Certains d'entre vous ont peut-être entendu parler du discours que j'ai prononcé il y a une quinzaine de jours devant le Canadian Club à Toronto; on m'a posé une question très semblable. J'ai demandé aux personnes présentes de lever la main pour voir combien voulaient qu'on élimine la bataille et combien pensaient qu'il ne fallait rien changer à cet égard. Ce n'était peut-être pas un public tout à fait représentatif, mais il y a eu probablement une majorité des deux tiers en faveur de laisser les choses comme elles sont. Cela dit, on a réduit l'importance de cette partie du jeu, mais, étant donné que c'est un sport très physique, il y a de temps en temps une bataille qui éclate.

• 1040

Pour votre question au sujet des salaires, après les nouveaux accords conclus par la LNF avec les chaînes de télévision, je pense que nous aurons le salaire moyen par joueur le plus faible des quatre principaux sports professionnels. Cela ne veut pas nécessairement dire que nos salaires ne sont pas trop élevés, mais par rapport à ce qui existe dans les autres sports, notre système nous permet encore d'avoir le salaire moyen le plus faible.

Comme vous vous en souvenez peut-être, nous avons présenté différentes propositions en 1994 quant au type de système que nous pourrions mettre en place pour nos joueurs. C'est quelque chose qui doit être négocié avec eux. Cela s'est traduit par un lock-out de plus de 100 jours et par la perte de la moitié de la saison de hockey. Nous pensons que notre système permet à chaque équipe de choisir le niveau de masse salariale qui lui convient. Rien dans ce système n'est, par nature, inflationniste, mais nos équipes se font concurrence et font des offres pour attirer les joueurs des autres équipes, même si nous avons le système d'agents libres le plus limitatif de tous les sports. Il faut généralement trouver un juste milieu entre la liberté de mouvement des joueurs, les limitations du statut des agents libres et le fait de savoir s'il y a ou non d'autres restrictions artificielles qu'on peut mettre en place.

Si le système actuel ne donne pas de bons résultats au cours des quelques prochaines années, nous devrons faire quelque chose—et nous le ferons, même si cela veut dire que nous aurons des négociations difficiles avec l'association des joueurs; je ne le souhaite pas, mais après une longue période de relations de travail sans problème, ce qui sera le cas dans notre sport quand la convention collective viendra à échéance, nous le ferons si c'est nécessaire; si nous avons besoin d'un nouveau système, nous en établirons un et nous ferons ce qu'il faut pour y parvenir.

[Français]

Mme Suzanne Tremblay: Vous avez dit que la bataille était à la baisse. Je reconnais que vous pratiquez un sport physique, mais il me semble que cette année, la liste des blessés graves était très longue. Il y a beaucoup trop de commotions cérébrales et ça reste une question extrêmement importante.

Pour en revenir à la question des salaires, le monde ne trouve pas cela sérieux que les Sénateurs d'Ottawa accordent un contrat comme celui qu'ils ont signé avec Alexandre Daigle qui, à 18 ans, n'avait jamais joué. Ce n'est pas surprenant que les franchises aient des difficultés. Moi, je regarde le jeune de Rimouski qui a 18 ans et qui joue excessivement bien pour 50 $ par semaine. C'est peut-être beaucoup trop peu, 50 $ par semaine, mais si on lui faisait signer un contrat de 15 millions de dollars l'année prochaine, ce serait tout aussi exagéré.

C'est pourquoi il est difficile pour le monde ordinaire de comprendre qu'on puisse songer à vous aider. Nonobstant le fait qu'on dise que c'est une grosse industrie, ça ne prend pas. Ce qu'on retient, c'est qu'on songe à aider des millionnaires, tandis qu'il y a des gens qui ne mangent pas à leur faim, des enfants à l'école qui ne mangent pas à leur faim. Si le gouvernement a de l'argent, c'est plutôt pour aider ces derniers qu'il doit s'en servir. Il ne doit pas le remettre aux gens qui en ont déjà trop. On a l'impression que puisque vos joueurs sont déjà bien payés, on ne vous aiderait pas vraiment, parce que si on vous aidait sans que vous ayez plafonné les salaires, vous seriez obligés de leur en donner encore plus. Vous reviendriez nous voir et nous dire que nous ne vous en avons pas assez donné.

Dans une société, il est normal que ceux qui ont un peu d'argent partagent les impôts. Quand on paie de l'impôt, c'est parce qu'on a de l'argent. Les gens qui sont pauvres ne paient pas d'impôt. Je sais que vos joueurs en paient, mais moi aussi, j'en paie.

Je ne reviendrai pas à une comparaison avec les Américains et à l'ALENA, comme le faisait M. Manning. Il faut qu'il se passe quelque chose d'autre avant qu'on vous donne de l'argent.

[Traduction]

M. Gary Bettman: Permettez-moi d'essayer de répondre à vos questions une par une. Les blessures sont toujours pour nous une source de préoccupation. Je pense que leur nombre, cette saison, correspond à celui des saisons précédentes. On prête cependant beaucoup plus attention aux commotions cérébrales. Nous avons un groupe de médecins qui ont mis en oeuvre un programme de traitement et d'étude des commotions cérébrales et cherchent à savoir si elles constituent réellement un problème. Ils m'ont dit récemment, il y a à peine 10 jours, qu'à leur avis, elles ne sont pas plus nombreuses qu'autrefois, mais, tout simplement, on les diagnostique et on les traite mieux.

Autrefois, quand Ken ou Glen jouaient au hockey, si vous receviez un coup qui entraînait une commotion cérébrale, vous restiez un peu plus longtemps sur le banc, puis vous retourniez sur la patinoire.

• 1045

Nos médecins sont beaucoup plus prudents et prennent plus d'initiatives pour traiter les commotions. En outre, nous ne savons pas exactement quelles en sont les causes, et c'est une des raisons de cette étude. Nous exigeons maintenant que tous nos joueurs portent des casques agréés, mais la commotion cérébrale n'est peut-être pas due aux casques et aux coups que le joueur reçoit sur la tête. Il peut s'agir d'un coup dans la mâchoire, et peut-être devrions-nous rendre les protège-dents obligatoires. C'est quelque chose qui nous préoccupe fortement et nous continuons d'étudier la question. Nous examinons les films et nous signalons les incidents, et les médecins sont tout à fait vigilants à cet égard.

En ce qui concerne le contrat de M. Daigle, et je ne veux pas faire de reproches à M. Bryden, beaucoup de gens dans la ligue—probablement ceux des 25 autres équipes—se sont demandés si c'était un contrat raisonnable. Il a toutefois eu pour résultat que nous avons plafonné ou limité la rémunération des nouveaux joueurs. Leur salaire est maintenant limité pour leurs trois premières années dans la ligue. Nous avons pu améliorer le système dans le cadre de la négociation de la convention collective, si bien qu'il n'y a plus eu de contrat de ce genre.

En fin de compte, tout système que nous voudrions instaurer pour régir la rémunération de nos joueurs... et n'oubliez pas que ce sont des athlètes de calibre international et que nous sommes dans le monde du divertissement et des sports; même si notre salaire moyen est le plus faible, il reste très élevé par rapport au reste de la population, nous en sommes conscients. Le fait est que, dans le monde du spectacle et dans les sports, les rémunérations sont généralement élevées. Cela tient en partie au fait que les athlètes ne peuvent gagner des sommes aussi élevées que pendant une période très brève.

Mais quel que soit le système que nous voulons instaurer, nous devons le négocier avec les joueurs. Il faudrait que leur association l'accepte en leur nom. Les deux dernières fois que notre ligue a négocié avec l'association des joueurs, il y a eu un débrayage—en 1992 pendant les séries éliminatoires et en 1994. J'espère que le système actuel va fonctionner et que nous pourrons continuer à fonctionner dans la paix et la tranquillité et que l'augmentation des salaires va commencer à ralentir; sinon, nous aurons besoin d'un système plus restrictif.

Je crains que nous ayons un prix à payer pour obtenir un tel résultat, mais s'il s'avère que c'est nécessaire, nous nous attaquerons à ce problème à ce moment-là. Comme je l'ai déjà dit, nous ferons ce qu'il faut. Quand la convention collective viendra à échéance et que nous aurons des données nous permettant de savoir si elle a donné ou non de bons résultats, nous ferons tout ce qu'il faut pour nous assurer d'avoir un système raisonnable pour l'avenir, quelle que soit sa nature.

Le président: Merci, monsieur Bettman et madame Tremblay.

Nous allons partager les dix prochaines minutes entre M. O'Brien et M. Iftody.

M. Pat O'Brien (London—Fanshawe, Lib.): Merci, monsieur le président.

Puisque nous disons en faveur de qui nous penchons, étant donné que les Canadiens de Montréal ont été fondés par Ambrose O'Brien, les O'Brien, où qu'ils habitent, sont ou devraient être des partisans des Canadiens de Montréal, et nous considérons que Ken Dryden est un Canadien prêté à Toronto.

Des voix: Bravo!

M. Pat O'Brien: Cela dit, monsieur le président, notre comité a pour rôle d'examiner l'aspect commercial du sport, et plus précisément, aujourd'hui, du hockey. Du point de vue commercial, j'entends dire qu'il n'est pas très raisonnable d'avoir une franchise de la LNH au Canada. J'espère que c'est faux, mais c'est la conclusion implicite qu'on pourrait tirer de tout ce qui est dit à ce sujet.

En tant que professeur d'histoire, je dirai que notre pays n'a jamais répondu à des critères commerciaux raisonnables et qu'il existe malgré eux. De même que le gouvernement a appuyé le Canadien Pacifique et la voie maritime du Saint-Laurent parce qu'il ne se souciait pas du bilan financier de telles entreprises—sinon, nous ferions partie des États-Unis—, je n'ai aucune hésitation à dire qu'à mon avis, le gouvernement doit soutenir financièrement le sport dans notre pays, y compris le sport professionnel, et en particulier aujourd'hui la LNH, de toutes les façons possibles.

M. Bryden l'a fort bien dit—nous devons égaliser les chances, niveler la glace pour les franchises de la LNH afin qu'elles soient concurrentielles ou qu'on leur applique les mêmes règles qu'aux autres entreprises du Canada.

• 1050

Je voudrais demander à M. Bryden et à M. Dryden comment le gouvernement fédéral pourrait contribuer à égaliser les choses. La plupart des initiatives dont j'ai entendu parler concernent les autorités locales et municipales ou celles des États ou des provinces. Quelles sont les mesures précises que le gouvernement du Canada peut et doit prendre? En plus d'être un partisan des Canadiens, je suis maintenant un partisan acharné de toutes les franchises canadiennes, et je serais très déçu si nous en perdions encore d'autres.

Quelles sont les mesures spécifiques que le gouvernement fédéral devrait prendre? Ken Dryden a dit qu'il fallait réduire le plus possible le désavantage canadien. Quelles mesures spécifiques le gouvernement canadien peut-il prendre pour y parvenir?

M. Rod Bryden: Je ferai le premier commentaire.

Je pense que la fiscalité n'est pas le seul problème, mais c'est celui pour lequel on peut plus facilement trouver une solution efficace et appropriée. On ne peut pas toujours régler un problème en s'attaquant directement à lui. La solution ne porte pas toujours sur la cause même du problème. Je pense toutefois que nous avons besoin d'une politique nationale, comme pour tous les autres secteurs de l'économie.

La ville de Kanata n'accorde, par exemple, pas de subvention à Nortel pour l'inciter à s'installer à Kanata. Il est hors de doute que la ville de Kanata et la région d'Ottawa bénéficient plus que, par exemple, Terre-Neuve d'une politique nationale d'appui à la R-D technologique. C'est un fait. Mais on ne présente pas la facture à la municipalité où il se trouve qu'une entreprise s'installe.

C'est une question nationale. Le principal problème actuel est le taux de change. C'est un problème national. Nous sommes dans un secteur international, et toutes nos activités sont régies par des facteurs commerciaux internationaux, mais nous payons la TPS.

Comme vous le savez, une des principales raisons pour lesquelles on a remplacé la taxe sur les ventes des fabricants par la TPS était qu'on voulait éviter d'imposer aux entreprises actives sur les marchés internationaux une taxe nationale augmentant le prix de leurs produits sur les marchés internationaux et les empêchant d'être compétitives. Or, dans un secteur où la concurrence internationale est très forte, nous payons la TPS sur nos billets, sur les recettes de nos loges, sur nos panneaux d'affichage et sur notre publicité.

Je pense donc que c'est le gouvernement du Canada qui doit définir et négocier la solution, avec une certaine participation des provinces, comme c'est généralement le cas pour les autres programmes nationaux.

Je pense qu'il est également important de faire quelque chose pour résoudre le problème avant que toutes les équipes cessent d'être compétitives. Je tremble à l'idée d'un système multisectoriel à trois niveaux—un peu de taxe foncière, un peu de TPS, un peu de taxe sur les ventes, un peu de loterie... Je tremble à l'idée du temps qu'il nous faudrait pour nous y retrouver.

À mon avis—c'est mon point de vue personnel et non pas celui de la ligue; Gary est probablement en train de trembler et de se demander ce que je vais dire maintenant—, l'initiative devrait venir du gouvernement du Canada, qui assumerait la plus grosse part des coûts. Je pense que la façon la plus simple de procéder est de prélever un pourcentage des recettes, parce que celles-ci doivent provenir de la population locale à laquelle on essaie de vendre un produit. Cela veut dire que, s'il est impossible d'avoir une base de revenu locale suffisante, ce régime exclurait automatiquement la présence d'une équipe de la LNH.

S'il s'agit de fixer un montant à payer, comment détermine-t-on ce qui représente un chiffre trop bas ou trop élevé? Je propose de prélever un pourcentage des recettes de l'entreprise, quelle qu'en soit la source. On devrait fixer un maximum absolu pour le montant qu'on pourrait recouvrer auprès d'une seule entreprise—en combinant le bâtiment et son équipe ou ses deux équipes—, comme on le fait pour de nombreux autres programmes de crédit d'impôt, et ce crédit serait déduit des autres taxes fédérales ou provinciales devant être acquittées sur toutes les sources de revenu. Cela ne toucherait pas les autres régimes fiscaux. Ce serait simplement un moyen de déterminer sur quelle base calculer le montant à déduire des taxes dues au gouvernement fédéral ou à la province.

Comme vous le savez, les municipalités sont défavorisées parce qu'elles sont en bas de la pyramide. Chaque palier de gouvernement se dégage de ses problèmes sur le niveau immédiatement inférieur. Il n'y a rien en dessous du niveau municipal, et les municipalités n'ont donc pas d'argent. C'est une des raisons pour lesquelles elles ne pourront pas résoudre ce problème, et il y a également le fait qu'imposer le prix d'une politique nationale aux municipalités ne correspond pas à ce qui se fait pour d'autres industries.

M. Ken Dryden: En dehors des détails mentionnés par M. Bryden, je pense que ce que le gouvernement fédéral peut faire est ce qu'il fait avec votre comité et les suites qu'auront ces travaux. Une discussion de ce genre n'aurait pas pu avoir lieu au niveau provincial, ou elle se serait seulement déroulée devant un public provincial. Elle n'aurait pas pu avoir lieu au niveau local.

• 1055

Je pense que votre définition du pays correspond certainement à la mienne. Nous cherchons à trouver des solutions raisonnables, et notre histoire nous a appris que nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de compter exclusivement sur le secteur privé ou sur le gouvernement. Nous trouverons une solution. Si ce qui est offert d'un côté est insuffisant, l'autre côté apporte sa contribution. C'est ce qui s'est toujours passé au niveau local et dans les petites villes de tout le pays. Je pense que ce qui est très utile et ce que j'ai constaté qu'il y avait de plus utile à cet égard, c'est d'essayer de trouver une sorte de formule, une façon d'interpréter la situation pour pouvoir mettre l'accent le plus facilement possible sur les mesures nécessaires.

Je pense que nous devons peut-être mettre l'accent, comme l'a dit Rod Bryden, sur le fait que le sport est une industrie. Tout au long de notre vie, nous avons toujours pensé que le sport était un monde à part, quelque chose de différent. Il était délibérément différent, nous avions toujours voulu qu'il soit différent, que nos enfants y participent, qu'on lui applique des règles différentes, un code d'éthique différent, qu'on le tienne à l'écart de l'agitation désordonnée du reste du monde.

En fait, au cours des 50 dernières années, et c'est devenu particulièrement évident depuis 10 ou 20 ans, on a constaté que le sport est tout à fait intégré à ce qui se passe dans l'ensemble de la société. Il doit respecter les mêmes règles, les mêmes lois s'appliquent à lui.

Pour ce qui est des commentaires de Mme Tremblay au sujet des salaires, de leur plafonnement, etc., le fait est qu'autrefois, les joueurs passaient toute leur carrière dans une seule équipe, alors que, depuis quelques années, ils font partie du marché du travail normal. On peut arriver quand on veut; on peut, dans une certaine mesure, s'en aller quand on veut. Il y a des limitations plus strictes que dans les conditions normales, mais la situation est néanmoins beaucoup plus semblable à ce qu'elle est dans le reste de la société.

Je pense que ce qui prend de l'importance à cet égard est que si, en fait, le sport offre, d'un côté, tout ce que nous voulons qu'il offre, avec l'infrastructure qui lui permet d'être ce qu'il est, il reste dans une large mesure intégré au monde économique et social normal. Nous devons voir les choses dans cette optique, utiliser notre imagination et notre expérience de cette façon-là, en tant que gouvernement, qu'entreprise, etc., afin de ne pas tomber dans le piège de considérer le sport comme quelque chose de différent... Non, ce n'est pas son infrastructure qui est en cause, et nous devons donc aborder cette question de cette façon-là et, comme vous l'avez dit, trouver une solution raisonnable.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Dryden. Merci, monsieur O'Brien.

Monsieur Iftody, c'est votre tour. Nous commençons à manquer de temps, et je vous demanderai donc de limiter la durée de vos questions et de vos réponses; nous passerons ensuite à M. Riis.

M. David Iftody (Provencher, Lib.): Merci, monsieur le président. Merci, messieurs, pour votre exposé et les documents complémentaires.

Je représente une circonscription très proche de Winnipeg et, bien entendu, comme de nombreux Manitobains, j'ai été très déçu par le départ de notre club de hockey. Malgré certaines interventions de la part du gouvernement du Canada pour le financement des infrastructures d'un aréna de 125 millions de dollars dont on proposait la construction, nous avons perdu le club.

Lors des discussions préliminaires, à cette époque—et c'était à peu près l'époque des négociations salariales à la LNH—, on s'inquiétait, je pense, surtout au Manitoba, au sujet de la concurrence et de notre capacité ou incapacité à rivaliser avec les autres équipes, vu l'escalade des salaires dans la LNH.

• 1100

J'ai attiré précédemment l'attention de John Tory, le commissaire de la LCF, sur le fait qu'au moment où nous perdions notre club de hockey à Winnipeg, Chris Walby—qui avait 14 ans de carrière et était un des joueurs les plus expérimentés de la Ligue canadienne de football—qui était né et avait grandi au Canada, touchait un salaire de 70 000 $, le salaire maximum dans la LCF. La même année, un jeune dont le père est aussi député est entré au club de Winnipeg à l'âge de 19 ans, et son salaire était de 900 000 $ américains. Je vous demanderai notamment comment une ville peut faire face à ces dépenses salariales croissantes?

Je remarque que, dans son exposé, M. Sather a mentionné que son taux d'imposition...

Le président: Monsieur Iftody, vous devez poser des questions plus courtes, par égard pour l'opposition.

M. David Iftody: Ma question est la suivante: si vous êtes ici aujourd'hui, messieurs, et si vous voulez entamer un dialogue, M. Bettman, avec le gouvernement du Canada au sujet de la fiscalité, je suis d'accord. Mais nous devons envisager des concessions mutuelles. Si les salaires représentent de 80 p. 100 à 85 p. 100 de vos frais, et s'ils ne cessent d'augmenter, nous pouvons intervenir pour contribuer au règlement de ce problème. Mais s'ils continuent d'augmenter, aucun dégrèvement fiscal accordé par la population canadienne, par exemple pour mon club de Winnipeg, ne constituera une aide suffisante. Comme faire face à ce problème? Seriez-vous prêt à envisager des concessions de part et d'autre en ce qui concerne la fiscalité et la modification de vos négociations salariales?

M. Gary Bettman: Permettez-moi d'essayer de répondre aussi brièvement que possible à cette question très complexe. Premièrement, personne ne regrette plus que nous le départ des Jets de Winnipeg. En fin de compte, l'équipe a déménagé parce que plus personne ne voulait être propriétaire de cette équipe à Winnipeg. Nous n'avons pas pu trouver un propriétaire local, ce qui fait partie des problèmes fiscaux et économiques que connaissent les équipes installées dans certains marchés du Canada. Dans notre secteur, nous devons nous entendre avec l'association des joueurs sur la convention collective et les règles régissant leurs salaires. Nous avons eu du mal à parvenir à un système nous convenant lors de la dernière série de négociations, et cela s'est traduit par un lock-out de plus de 100 jours.

Que l'augmentation des salaires ralentisse, comme nous l'espérons, ou non, le système actuel n'est pas éternel, et nous aurons, à un moment donné, l'occasion de l'examiner et de décider ce qu'il faut faire. Mais le problème, si c'en est un, que pose le salaire des joueurs, n'est pas propre aux équipes canadiennes. Ceux qui gèrent une équipe à Buffalo, à Tampa Bay, à Miami, à Washington, à Saint-Louis ou à Pittsburgh ont les mêmes problèmes. C'est un fardeau commun à tous nos clubs. Nous savons qu'il y a un écart entre les devises. La ligue a mis sur pied un régime d'aide monétaire financé par toutes les équipes pour aider les clubs canadiens situés dans un petit marché. Nos clubs supportent de nombreuses charges, et leur incapacité à être compétitifs ne tient pas seulement aux salaires, mais également à d'autres questions, notamment au fait qu'elles ont investi une quantité énorme de fonds privés et qu'elles sont imposées très lourdement.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Iftody. Nous allons maintenant passer à M. Riis.

M. Nelson Riis (Kamloops, NPD): Merci beaucoup, monsieur le président.

Ma question est très brève. Nous avons eu ce matin une session très utile, riche en information, surtout grâce à certaines propositions spécifiques à approfondir. J'ai remarqué qu'un thème revenait dans presque toutes les interventions de ce matin, celui de l'augmentation des salaires; qui préoccupe toutes les personnes ici présentes. En tant que politiciens et parlementaires, ce qui nous caractérise, c'est les compromis que nous devons accepter quand nous prenons des décisions. Je pense que cela reflète un problème réel, monsieur Bettman. C'est donc un message que quelqu'un peut transmettre aux joueurs, c'est quelque chose qu'il faut régler rapidement.

• 1105

En ce qui concerne l'égalité des chances pour tous, j'aimerais savoir ce que vous pensez d'une idée que m'ont présentée certains de mes électeurs qui savent que je fais partie de ce comité. Selon eux, quand on verse de tels salaires aux joueurs, il faut probablement exclure toute possibilité de demander aux contribuables d'accorder des subventions. Je pense qu'il y a beaucoup de vrai dans cette idée.

Je me demande si nous pouvons faire réellement preuve d'audace. Comme Ken nous l'a rappelé à deux reprises dans son exposé, le hockey est quelque chose de très différent. Le sport est différent. Il fait partie de notre culture. Je n'ai pas besoin d'en dire plus à ce sujet, car il l'a expliqué avec beaucoup d'éloquence.

Pendant la guerre, quand nous avons dû collecter des fonds, nous avons émis des obligations de guerre. Quand les États-Unis ont connu des problèmes dans l'agriculture il y a quelques années, plusieurs États ont émis des obligations agricoles. En d'autres termes, c'était un moyen de collecter de l'argent pour les personnes intéressées de ce secteur. Les fonds ont ensuite été utilisés pour venir en aide à ce secteur.

Pourquoi ne pourrions-nous pas faire quelque chose du même genre ici, au Canada, en émettant des obligations pour les sports? Je ne sais pas si nous pourrions le faire seulement pour le hockey. Ce serait sans doute trop limitatif, surtout si c'était seulement pour le hockey professionnel. Ce serait des obligations pour les sports, afin que les gens qui investissent leur argent aient le choix entre plusieurs produits. Cet argent serait utilisé pour favoriser le développement de tous les sports, notamment face au problème dont vous nous avez rappelé l'existence aujourd'hui. Y a-t-il une raison qui empêche de procéder ainsi?

M. Gary Bettman: Oui, en fait, à ma connaissance, c'est un projet sur lequel se penche l'Alberta. Je ne veux pas réagir immédiatement à cette idée sans prendre le temps d'y réfléchir, mais nous sommes ouverts à n'importe quelle forme de dialogue.

Je voudrais reformuler ce que vous avez dit. Nous ne disons pas qu'il faut subventionner notre sport, parce que quand on pense à des subventions, cela donne l'impression que c'est de l'argent qu'on ne pourra pas utiliser pour les écoles, les hôpitaux ou d'autres choses comme cela. La question que nous vous posons ici aujourd'hui est de savoir si, quand on entend parler de la situation dans laquelle se trouve cette industrie, elle subit ou non un fardeau fiscal excessif. Si la réponse est oui, nous aimerions avoir un dialogue, et si les obligations sportives sont la meilleure solution, ayons des discussions à ce sujet.

S'il y a une autre façon d'aborder ce problème—les gens considèrent que c'est un problème—, nous en sommes tous partisans. Nous avons l'esprit ouvert. Nous ne sommes pas venus ici dans l'intention de demander l'aumône. Ce que nous souhaitons réellement est qu'on reconnaisse qu'on impose un lourd fardeau à un secteur important de notre économie. Si on peut faire ce premier pas, nous serons alors ravis d'en faire un autre et d'engager un dialogue à propos des obligations sportives ou de n'importe quoi d'autre.

M. John Solomon (Regina—Lumsden—Lake Centre, NPD): J'ai coparrainé le projet de loi présenté par M. Riis pour faire du hockey notre sport national. Je suis associé au hockey amateur depuis de longues années. Mon fils de 13 ans joue au hockey, et il est très excité que je sois membre de ce comité, surtout pour ce qui est du hockey.

Ma question porte sur le régime fiscal. Elle comprend deux parties. Elle concerne en premier lieu la situation des équipes dans vos villes. Que vous ont dit les municipalités quand vous leur avez parlé de la situation défavorable des villes du Canada par rapport aux villes des États-Unis en ce qui concerne, par exemple, les taxes foncières? Voilà une question.

Deuxièmement, la LNH a-t-elle un programme d'égalisation comme celui de la LNF pour tenir compte du fait que certaines équipes gagnent beaucoup d'argent, alors que d'autres en gagnent peut-être moins? Vous pourriez contribuer tous à un fonds destiné à cet usage.

Quand vous m'aurez donné vos réponses, je poserai une dernière question.

M. Gary Bettman: Je répondrai d'abord à la deuxième question, et je demanderai ensuite à M. Corey et à M. Bryden de nous parler de la réaction des municipalités locales.

Nous partageons ce que nous appelons les recettes générées au niveau de l'ensemble de la ligue ou au niveau national à parts égales, quelle que soit la part de marché de chaque équipe. Par exemple, pour la télévision nationale, toutes les équipes reçoivent la même chose, quel que soit le nombre de fois qu'elles passent à la télévision.

Le montant des recettes qui sont partagées à parts égales est plus élevé que jamais. Nous pensons qu'il va continuer à augmenter, mais il n'est pas aussi important que dans les trois autres grands sports professionnels. Dans la mesure où nous pourrons trouver d'autres sources de revenu, par exemple auprès des réseaux de télévision aux États-Unis, nous aurons des sommes supplémentaires dont les équipes canadiennes bénéficieront au même titre que les autres. Nous avons donc bon espoir que ces recettes continueront d'augmenter.

Nous avons également deux formes d'aide financière conçues à l'intention des équipes canadiennes. Il y a un paiement de compensation qui est déterminé en fonction de l'écart entre le dollar canadien et le dollar américain. Les équipes admissibles sont Ottawa, Edmonton et Calgary. En outre, en ce qui concerne les modalités de mouvement des joueurs, nous avons ce que nous appelons le groupe deux. Si un joueur a moins de 31 ans et qu'une autre équipe le veut, elle fait une offre, et son équipe antérieure a le droit de faire une offre équivalente ou possède un droit de préemption. Si une équipe américaine présente une offre à une équipe canadienne au sujet d'un de ses joueurs, cette dernière peut faire une offre équivalente en dollars canadiens, et la ligue paie la différence correspondant à l'écart entre les deux devises. Nous faisons cela pour que les équipes canadiennes ne soient pas victimes des équipes américaines à cet égard.

• 1110

Ronald, voulez-vous parler de la fiscalité?

[Français]

M. Ronald Corey: Pour ce qui est de la réaction de la ville, on pouvait lire lundi, à la une du quotidien La Presse, je crois, une déclaration du maire Pierre Bourque, qui disait que le problème des taxes pour le Centre Molson ou le futur stade des Expos serait sûrement réglé. Il était d'accord pour qu'il n'ait aucune taxe à payer si, évidemment, le gouvernement provincial apportait sa contribution.

Je n'ai pas à vous expliquer ici comment cela fonctionne. Je pense que, tant au niveau provincial qu'au niveau municipal, tout le monde reconnaît que le compte de taxes du Centre Molson est grossièrement exagéré. C'est évident.

Comme je le disais dans ma présentation, il n'y a rien de comparable. Nous sommes le seul édifice à spectacles privé, construit avec des fonds privés. Tous les autres édifices, dont le Stade olympique, ne paient évidemment aucun sou de taxe. C'est un problème vraiment unique.

Je pense que cette réunion du comité va peut-être permettre qu'on se partage l'information et qu'on examine la situation individuellement. Personnellement, comme je vous l'ai dit, je crois que la transparence doit être au rendez-vous. On doit trouver des solutions pour chaque cas, en tenant compte, bien sûr, de tous les autres problèmes que vous entrevoyez. On dit, avec raison d'ailleurs, que certaines gens ont bien d'autres priorités.

Vous savez, j'aimerais mieux être ici ce matin pour bavarder de la victoire du club hier contre celui de Pittsburgh. Malheureusement, il nous faut discuter de ce problème financier. Je respecte pleinement les gens. Je sais que tous ont des problèmes et je peux vous dire que je comprends très bien la situation.

En même temps, il faut étudier la situation de l'industrie du sport. Je pense que tout le débat de ce matin revient à vous demander de considérer le sport comme une industrie importante à tout le moins. Il n'est pas possible de faire des investissements de un milliard de dollars au Canada sans que personne n'en tienne compte.

Le domaine du spectacle dans son ensemble s'est aussi modifié et a évolué énormément au cours des dernières années. Concernant le Centre Molson, il faut se poser une autre question. Sans le Centre Molson, qui se chargerait de tout ce qu'il signifie pour la vie communautaire, pour la vie des gens de Montréal? C'est une bonne question à se poser.

Je pense que si le Centre Molson n'avait pas été établi par la compagnie Molson, quelqu'un d'autre aurait été obligé de le faire, parce qu'un jour ou l'autre, cet édifice serait devenu obligatoire à Montréal, dans le centre-ville même de Montréal.

Pour répondre rapidement à votre question, tout le monde reconnaît que ce compte de taxes est élevé. Nous empruntons d'ailleurs les canaux normaux de protestation et j'ai bon espoir qu'avec tout ce dont on va discuter durant les prochaines semaines et les prochains mois, nous en arriverons à une entente qui fera l'affaire de tout le monde.

[Traduction]

Le président: Merci, monsieur Corey.

Monsieur Solomon, il y a encore d'autres députés qui n'ont pas eu l'occasion de poser la moindre question.

M. John Solomon: Ma question sera rapide et sans préambule.

Le président: Vous pouvez poser une question brève. Allez-y.

M. John Solomon: Je viens de la Saskatchewan, et nous sommes de chauds partisans de Pavel Bure. Nous nous demandons s'il jouera encore pour les Canucks de Vancouver l'année prochaine. Pouvez-vous nous dire ce qu'il en est, s'il vous plaît, monsieur Bellringer?

M. Stephen Bellringer: Il faudra que vous le demandiez à Pavel. Son contrat couvre encore une année, mais je pense que c'est probablement un symbole des questions dont nous avons déjà parlé.

Pavel reçoit un salaire très élevé. Nous parlons parfois des salaires en dollars américains en oubliant que nous devons le payer en dollars canadiens.

Là encore, je pense que toute la question du salaire des joueurs est un peu un faux problème, sans vouloir vous offenser. Elle n'a de répercussion que sur 2 p. 100 des emplois que nous créons. Je sais que dans notre société, tout au moins publiquement, nous n'avons jamais parlé des subventions accordées à d'autres formes de divertissement, alors qu'elles ont été assez importantes ces temps-ci. Nous ne parlons pas de la rémunération élevée des acteurs ou des actrices. Nous parlons des gens ordinaires qui sont rémunérés à la journée ou à l'heure par notre société.

Je pense que quand nous parlons de toute cette question de Pavel et des autres joueurs, nous ne nous penchons pas réellement sur le vrai problème.

Le président: Merci, monsieur Bellringer.

Monsieur Bélanger.

[Français]

M. Mauril Bélanger (Ottawa—Vanier, Lib.): Je voudrais d'abord vous dire, monsieur Corey, qu'il est assez difficile pour un Canadien français de grandir dans ce pays sans être un partisan des Canadiens de Montréal. Je l'ai été mais je vous avoue que M. Bryden vous fait maintenant un peu de concurrence.

[Traduction]

Monsieur Bryden, je tiens à vous féliciter, vous et votre équipe, pour votre saison, et je vous souhaite bonne chance. Peut-être qu'un jour les Canadiens de Montréal et les Sénateurs d'Ottawa se rencontreront dans les séries éliminatoires. Cela causerait simplement de nouveaux problèmes existentiels à certains d'entre nous. Nous saurons les surmonter.

Je suis d'accord avec une bonne partie de ce que j'ai entendu, mais je voudrais peut-être vous demander plus de renseignements.

• 1115

Vous demandez que le hockey soit traité comme une industrie et vous citez des comparaisons, mais elles portent surtout sur les États-Unis. Vous comparez les équipes canadiennes aux équipes américaines. C'est un bon argument en soi, mais il serait peut-être également très utile que la ligue puisse nous citer des comparaisons ou se comparer elle-même à d'autres industries canadiennes. Le gouvernement peut établir des règlements à l'intérieur de nos frontières, si vous voulez, mais nous devons ensuite conclure des accords internationaux s'il s'agit d'autre chose. Mais il y a peut-être dans notre pays d'autres industries qui pourraient vous fournir des exemples très favorables à votre cause.

Il y a d'autres industries dans lesquelles on verse également des salaires énormes. Certains peuvent, par exemple penser aux présidents des banques ou peut-être aux vice-présidents et à je ne sais qui d'autre si on descend dans la hiérarchie. Le taux de profit des banques n'a rien à voir avec celui du hockey. Il atteint maintenant environ 20 p. 100. Il y a quelques années, le gouvernement du Canada leur avait accordé d'importantes subventions dans le cadre du Programme d'aide à la recherche industrielle, le PARI.

La ligue pourrait donc peut-être consacrer un peu de temps et d'efforts à une comparaison, si vous voulez, avec d'autres industries canadiennes, peut-être même des industries culturelles, dont le volet divertissement apporterait peut-être de l'eau à votre moulin.

Je vous inviterai peut-être à faire des commentaires à ce sujet. C'est aussi simple que ça. Il s'agit de ne plus vous limiter à des comparaisons avec les Américains, pour en faire avec d'autres industries canadiennes.

M. Gary Bettman: C'est une excellente remarque. Si nous avons trop attiré votre attention sur la comparaison entre ces six clubs et les 20 clubs américains, il faut peut-être que nous soyons plus clairs. À notre avis, nous ne sommes pas traités de façon équitable par rapport aux autres industries canadiennes, surtout quand on pense au fardeau fiscal que nous subissons et peut-être aux milliards de dollars que nous consacrons à l'infrastructure, c'est-à-dire aux investissements dans les arénas. Nous fournissons également aux loteries un million de dollars de revenu sur la base des résultats de nos rencontres, et nous créons 11 000 emplois directs et indirects, etc., etc.

Il y a différentes formes de subventions. On en verse au secteur agricole ou non agricole, aux transports ou à Bombardier. Rob Bryden a parlé de ce que Nortel n'avait pas eu à faire alors que le Centre Corel avait dû le faire. S'il peut être utile pour le Comité que nous fassions certaines recherches et que nous vous donnions plus de détails, nous serons ravis de le faire.

M. Mauril Bélanger: Les Canadiens sont des gens éminemment justes. Pour surmonter les préjugés que nous avons tous au sujet des salaires versés aux joueurs, il faudra peut-être que vous nous donniez des renseignements pour nous montrer que vous n'avez pas été traités de façon équitable et que vous avez été pénalisés. Si vous le faites, il me semble que vous parviendrez tout à fait à votre but.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Bélanger.

Nous passons maintenant à M. Muise.

M. Mark Muise (West Nova, PC): Merci, monsieur le président.

Je voudrais d'abord remercier nos témoins d'aujourd'hui. Je pense qu'ils nous ont beaucoup appris. Mon préambule sera très bref.

Voici ma question. Je me rappelle l'époque où les Voyageurs jouaient à Halifax, et M. Dryden faisait partie de l'équipe; je me demande ce que vous pensez de l'avenir des équipes de hockey canadiennes, surtout celles des villes plus petites.

M. Gary Bettman: Nous consacrons environ 4 millions de dollars par an au hockey junior majeur, comme nous l'avons dit. Il s'agit de versements directs et de subventions. Beaucoup de nos équipes ont des filiales dans les ligues mineures.

Nous attachons beaucoup d'importance aux efforts engagés au niveau local, qu'il s'agisse d'activités communautaires ou caritatives ou de tous les niveaux du hockey, aussi bien par l'entremise du centre d'excellence qu'en collaborant avec l'ACH. Nous savons que la prospérité du hockey à tous les niveaux est importante pour notre pays et essentielle pour la Ligue nationale de hockey. Une des principales ressources naturelles de notre pays est que 60 p. 100 de nos joueurs viennent du Canada. Nous sommes donc déterminés à préserver la prospérité du hockey.

M. Mark Muise: Merci.

Le président: Monsieur MacKay.

M. Peter MacKay (Pictou—Antigonish—Guysborough, PC): Merci, monsieur le président.

Je voudrais également remercier nos témoins. Je voudrais particulièrement vous dire, monsieur Dryden, que si cela vous intéresse, et si vous aimez la colline parlementaire, le parti Conservateur souhaiterait encore vous avoir au sein de son équipe.

Je voudrais poser une question dans le prolongement de celle qu'a posée mon collègue, M. Riis.

• 1120

Nous savons que la LNH a participé très activement aux Jeux olympiques de Nagano cette année. Je dirai, en particulier, que l'âme collective de notre pays a été ébranlée par les résultats obtenus par l'équipe canadienne. Je voulais simplement vous demander ce que vous pensez, au nom du conseil des gouverneurs ou en tant que représentants des différentes équipes canadiennes, de la participation des joueurs de la LNH aux Jeux olympiques à l'avenir, quelles discussions la ligue a peut-être eues à ce sujet et quelles idées ont été proposées. Cela rejoint ce que vous nous avez dit au sujet de votre engagement financier en faveur du développement du hockey junior. Plus particulièrement, allez-vous prendre des engagements en ce qui concerne spécifiquement les Jeux olympiques?

M. Gary Bettman: Nous n'avons pas encore pris de décision. Nous avons dit à plusieurs reprises que c'est seulement quand la saison serait terminée, y compris les séries éliminatoires, et que l'été serait arrivé, que nous pourrions rencontrer l'association des joueurs, qui est notre partenaire dans cet effort, pour évaluer pleinement le bien-fondé de notre participation aux jeux. D'abord et avant tout, nous devons nous soucier de notre saison de hockey. Nous ne nous sommes donc pas encore prononcés sur la question.

Dans l'ensemble, nous pensons que cela a été une excellente expérience. Le tournoi était excellent. Nous pensons qu'il a eu un effet très positif sur l'état d'esprit des gens de tous les pays participants, quels que soient les résultats obtenus par chacune des équipes. C'est quelque chose que nous prenons très au sérieux.

Nous avons eu beaucoup de mal à organiser cela, d'autant plus que le tournoi avait lieu de l'autre côté de la planète. Nous examinerons donc très sérieusement le cas de Salt Lake City.

Je dirai qu'à l'extérieur de la LNH, les avis sont partagés quant au fait de savoir si des professionnels devraient ou non participer aux Jeux olympiques. Murray Costello, par exemple, s'est beaucoup demandé au fil du temps si c'était ou non une bonne chose pour le programme national.

Je pense que le CIO est, fondamentalement, d'avis que, puisque les professionnels participent à tous les autres sports, il n'y a pas de raison qu'ils ne participent pas au hockey. Je pense que c'est probablement une bonne chose, au niveau théorique, que les meilleurs joueurs de hockey du monde jouent au hockey aux Jeux olympiques, mais cela a toutes sortes de ramifications que nous n'avons pas fini d'étudier.

Le président: Merci beaucoup, monsieur MacKay.

Monsieur Solberg.

M. Monte Solberg (Medicine Hat, Réf.): Merci beaucoup, monsieur le président.

Je remercie les témoins. C'est un honneur pour nous de vous recevoir ici aujourd'hui. Nous sommes tous amateurs de hockey.

Je veux simplement faire un commentaire. Il me semble que le fait que les taxes canadiennes sont supérieures de près de moitié à celles qui existent aux États-Unis est certainement un des principaux problèmes. Ne serait-il pas plus sensé d'alléger les impôts de façon générale pour rapprocher nos niveaux d'imposition de ceux qui prévalent aux États-Unis? Ce faisant, nous pourrions réduire l'écart entre les taux de change. Bien entendu, une des raisons principales pour lesquelles notre taux de change est tellement différent de celui des États-Unis est que nos impôts sont beaucoup plus élevés, ce qui a une incidence sur la productivité et d'autres choses de ce genre. Au lieu d'essayer de prévoir un allégement fiscal spécial pour les équipes de la Ligue nationale de hockey, ne serait-il pas beaucoup plus sensé d'alléger les impôts pour tout le monde? Cela laisserait plus d'argent dans la poche des amateurs, qui pourraient, par exemple, assister à plus de parties. Ne serait-ce pas une meilleure formule?

M. Gary Bettman: Vous vous adressez à moi, mais je pense que, de nous sept, je suis celui qui est le moins qualifié pour répondre à cette question. Si vous le voulez bien, je m'en remettrai à M. Bryden.

M. Rod Bryden: Bien entendu.

Le président: Excusez-moi, monsieur Bryden, répondez brièvement, je vous en prie, parce qu'il y a d'autres députés du gouvernement qui veulent encore faire quelques commentaires.

M. Rod Bryden: Je pense qu'une des règles fondamentales pour survivre dans de nombreuses activités commerciales, y compris dans la Ligue nationale de hockey, est de ne jamais transformer un petit problème en un gros problème. Je suis sûr que de nombreux Canadiens voudraient qu'on abaisse les impôts, mais je ne sais pas s'il est bon de modifier la situation financière globale du Canada pour répondre aux besoins de la Ligue nationale de hockey. Ce serait donc peut-être plus souhaitable, mais je suppose que ce problème aura le temps de devenir beaucoup aigu bien avant qu'on ne trouve une solution.

Je préférerais mettre l'accent sur une mesure spécifique concernant la situation relative de notre industrie par rapport aux autres.

Le président: Nous allons maintenant entendre de brefs commentaires. M. Coderre, M. Proud et M. Cannis veulent en présenter.

[Français]

M. Denis Coderre: Monsieur Corey, j'aimerais qu'on revienne à la situation de Montréal. La semaine prochaine, nous allons recevoir des représentants des Expos de Montréal. M. Brochu, dans ses demandes pour un nouveau stade, demande à ne pas payer de taxes foncières, de taxe d'amusement, etc. Devrait-on croire que ce qui est bon pour les Expos doit aussi l'être pour les Canadiens de Montréal puisque, comme vous nous l'avez démontré, leur situation est aussi précaire?

• 1125

M. Ronald Corey: À mon avis, c'est un dossier qui doit être examiné par les autorités de façon à tenir compte très justement des deux situations. Il est évident qu'à Montréal, nous avons fait l'investissement. On a fait cela en 1990, alors que les données étaient très différentes.

Pour ma part, je m'attends à ce qu'on examine les dossiers des deux équipes. Les Expos doivent être traités, de même que les Canadiens, de façon à ce qu'on soit capables de faire face aux problèmes. Je pense que la solution va surgir d'un bon dialogue et de l'étude de la situation de chacune des deux équipes.

Il y a aussi des revenus qui sont rattachés aux ligues et qui vont aux équipes. Ces revenus peuvent être très différents d'une ligue à l'autre. Je pense que ces chiffres qui concernent les ligues sont du domaine public. Une chose qui n'a pas été mentionnée ce matin, c'est que le hockey demeure le quatrième sport majeur aux États-Unis. Les revenus que reçoit la Ligue nationale de hockey des droits nationaux de télévision sont beaucoup plus faibles que ce que les autres ligues peuvent recevoir.

Je pense qu'il faut évaluer l'ensemble de l'enveloppe et que l'équipe des Canadiens doit être traitée de façon équitable, ainsi que tous les autres. Les deux dossiers doivent être regardés différemment, à mon avis.

[Traduction]

Le président: Monsieur Provenzano, aviez-vous une question à poser?

M. Carmen Provenzano (Sault Ste. Marie, Lib.): Non.

Le président: D'accord. Monsieur Cannis?

M. John Cannis (Scarborough-Centre, Lib.): Merci, monsieur le président. Je serai bref.

Permettez-moi d'abord de souhaiter la bienvenue à toutes les personnes qui sont ici aujourd'hui, à tous les témoins. Je ne commencerai pas, messieurs, par une déclaration de nature politique.

Je suis très heureux que vous soyez ici aujourd'hui à cause du bon travail de notre comité. Je pense que nous avons suscité un dialogue, ce qui est la chose fondamentale pour nous permettre de trouver finalement des solutions qui seront à l'avantage du sport en général, qu'il s'agisse du sport amateur, professionnel ou je ne sais quoi.

D'après toutes les notes que j'ai prises, il me semble que le principal obstacle est le taux de change, d'après ce qu'ont dit la plupart des intervenants. J'ai une question au sujet du prix des billets. Dites-moi si ce que je dis est juste ou non. Par exemple, pour un billet qui coûte 70 $ aux États-Unis pour assister à une partie de hockey ou de baseball, nous payons 100 $. Existe-t-il une sorte de système de compensation ou une formule quelconque à cet égard? Je ne sais pas exactement. Mais j'en ai entendu parler.

Mon autre question concerne la franchise de Vancouver; si elle n'est pas financièrement viable, pourquoi des intérêts américains l'ont-ils achetée?

Je terminerai, monsieur le président, en faisant une suggestion. Pendant notre enfance, nous avons tous pratiqué ce sport merveilleux, ainsi que d'autres, au Canada. Je me rappelle avoir joué contre Doug Seymour, qui pratiquait le football canadien, et contre Neil Lumsden, Peter Mueller et des gens comme cela. J'aimais aller assister aux parties de football parce que je voulais voir ces gens. C'était la même chose pour la ligue de hockey. Nous avons grandi avec les gens qui jouaient dans les équipes juniors locales, et les gens se rendaient depuis leur ville aux Maple Leaf Gardens pour voir ces jeunes joueurs qui étaient passés par les différentes étapes du système.

J'ai le plus grand respect pour les athlètes qui viennent de l'extérieur de l'Amérique du Nord, mais il y a un système, dans d'autres sports—je fais spécifiquement référence au soccer—, en vertu duquel chaque équipe ne peut pas avoir plus de x joueurs... Peut-on envisager, Gary, que les équipes examinent cette question et décident qu'aucune ne peut avoir plus de quatre ou cinq de ces joueurs, pour justifier l'investissement consenti par les parents, comme vous l'avez mentionné... pour former un joueur de hockey compétent et talentueux et lui donner vraiment la possibilité d'atteindre les grandes ligues? Sinon, si nous continuons à avoir en permanence un marché ouvert accueillant les athlètes, et plus précisément les joueurs de hockey, venant d'outremer, qu'est-ce qui va motiver nos ligues juniors à s'efforcer constamment de développer ces joueurs?

M. Gary Bettman: Malgré l'arrivée de joueurs supplémentaires venant de l'extérieur de l'Amérique du Nord, ou même de l'extérieur du Canada, je crois, dans le cadre de l'expansion, le nombre de joueurs canadiens dans notre ligue n'a, en fait, pas diminué depuis 1990, lorsque nous avons eu la dernière vague d'expansion.

Je pense qu'il y a toutes sortes de questions juridiques qui se posent—et il en est aussi question actuellement en Europe—quant au fait de savoir si l'on a ou non le droit d'imposer des quotas et de limiter le nombre de joueurs de certains pays pouvant jouer dans une ligue.

Pour le meilleur ou pour le pire, la LNH est la référence suprême en matière de hockey, c'est le pinacle auquel les meilleurs joueurs de hockey du monde espèrent accéder. On nous reproche parfois de créer trop d'emplois, mais la présence canadienne n'a heureusement pas diminué en chiffres absolus.

• 1130

En ce qui concerne le régime d'aide monétaire, je vous répondrai brièvement, et si vous voulez plus de détails, nous pourrons vous les donner par écrit.

Nous avons, en fait, deux régimes d'ajustement monétaire financés par la ligue pour aider les clubs canadiens. Les six équipes peuvent toutes bénéficier du premier, et seules les trois équipes des marchés les plus petits peuvent bénéficier du deuxième. Mais, dans l'ensemble, je crois qu'il y a jusqu'à 20 millions de dollars qui sont mis de côté pour contribuer à compenser partiellement l'écart entre les deux monnaies.

Steve, voulez-vous répondre à cette question?

M. Stephen Bellringer: Pour ce qui est des propriétaires actuels des Canucks de Vancouver et du Groupe Orca Bay, il faut tenir compte de ce qui s'est passé à Vancouver il y a environ trois ans. La franchise appartenait, depuis de longues années, à la famille des Griffith. Ils avaient commencé à construire un aréna et avaient également acquis une franchise de la NBA. C'étaient des engagements financiers très lourds.

Si le propriétaire américain actuel n'était pas intervenu à ce moment-là—sa participation initiale était inférieure à 10 p. 100—pour soutenir le sport canadien, nous aurions probablement un stade à moitié terminé au centre-ville de Vancouver. Nous aurions probablement dû renvoyer la franchise de la NBA à New York. Je pense que la présence d'un stade à demi construit dans le centre-ville de Vancouver lors des différentes manifestations internationales qui s'y déroulent aurait été une source de gêne non seulement pour Vancouver et la Colombie-Britannique, mais également pour le pays tout entier, ce qui aurait également été le cas s'il avait fallu renvoyer la franchise de la NBA après avoir pris divers engagements.

Dans une certaine mesure, nous devons nous féliciter qu'un propriétaire américain, conscient du fait que Vancouver se trouve seulement à une heure de la frontière des États-Unis, soit venu appuyer l'équipe. Je dirai en passant que, comme c'est le seul propriétaire américain d'une importante équipe de sport canadienne—je n'en dirai pas plus à ce sujet aujourd'hui—, il est en fait pénalisé par la législation fiscale canadienne quand il cherche à attirer des joueurs talentueux et à investir davantage à Vancouver. Si nous voulons que le hockey soit traité comme n'importe quelle autre entreprise commerciale, nous devons veiller à accorder le même appui à un propriétaire américain qu'à un propriétaire canadien, si le propriétaire américain cherche véritablement à soutenir notre sport national.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Bellringer.

Madame Lill, un bref commentaire.

Mme Wendy Lill (Dartmouth, NPD): Merci. Je suis très contente d'être ici. Je n'en dirai pas plus.

J'ai trouvé très intéressant d'entendre M. Dryden et M. Hotchkiss évoquer des souvenirs du hockey. Vous citez Rock Carrier au début de votre document.

Il y a encore beaucoup de gens dans les cafétérias qui parlent du hockey, mais ils parlent du prix des hot-dogs, des salaires énormes et du luxe des arénas. Je sais que le hockey a perdu une bonne part de ses aspects romantiques et un peu de son âme, si bien que nous sommes un peu partagés. Il y a, d'un côté, l'aspect commercial du hockey, dont vous êtes venus nous parler aujourd'hui et, de l'autre, son patrimoine.

Je voudrais savoir comment le fait de consacrer plus d'argent—nous faisons partie du Comité du patrimoine—dans l'aspect commercial du hockey fera revivre son patrimoine et son âme dans l'esprit du public canadien.

M. Gary Bettman: Ken.

M. Ken Dryden: Comme je l'ai dit lors de mes interventions précédentes, la vie dans notre pays a changé. Un de ces changements est tout simplement qu'il y a beaucoup plus de choses que l'on peut faire—beaucoup plus d'activités et de choses comme cela. Il y a une trentaine ou une quarantaine d'années, que vous soyez petit ou grand et que cela vous plaise ou non, si vous deviez participer à une sorte d'activité à l'extérieur de la maison, il fallait faire du sport, vraisemblablement du hockey.

Maintenant, si quelqu'un est petit ou a une taille qui ne convient pas très bien au hockey, il y a toutes sortes d'autres activités possibles, sportives ou non. C'est la nature de la vie dans notre pays. Je ne pense pas que le hockey retrouvera jamais son monopole et, cela n'est dû que pour une faible part au hockey lui-même; cela tient plutôt au fait que notre pays est plus riche, plus développé.

Je vous répondrai également que nous avons aussi vieilli. Quand nous pensons aux choses, rien ne vaut l'époque de notre enfance. On ne peut rien lui comparer. Au fur et à mesure que nous vieillissons, nous avons moins de temps pour regarder les parties, et il y a plus de parties à regarder. Les gens qui ont plus de 40 ans disent toujours: «Je ne m'y retrouve plus avec toutes ces équipes; quand il y en avait six, je savais toujours ce qui se passait, mais maintenant qu'il y en a 26, je n'y arrive plus.» Quand on a 40 ans, suivre ce que font 26 équipes prend beaucoup de temps.

• 1135

Je vous dirai, toutefois, d'interroger des enfants de 10 ans, de 11 ans ou de huit ans; vous verrez que celui de 10 ans connaît très bien les 26 équipes. Je ne sais pas exactement comment il fait, mais c'est ce qui se passe.

Je ne sais pas très bien ce qu'il faut penser de la validité de tous nos souvenirs—et je le ressens moi aussi. Je pense que nous comparons nos sentiments d'aujourd'hui à ce qu'ils étaient à une époque et à une étape différentes de notre vie. Si nous comparons des choses comparables, si nous comparons l'enfant de 10 ans que nous avons été et les enfants de 10 ans d'aujourd'hui, je ne suis pas sûr que le hockey représente vraiment une part différente de notre patrimoine.

J'ai fait une série d'émissions pour Radio-Canada, il y a six ou sept ans, à propos du hockey dans notre pays. Je vivais alors à Toronto depuis une dizaine d'années et j'entendais les gens dire—c'était à l'époque de la plénitude des Blue Jays—que le baseball prenait le dessus, que le hockey n'était plus ce qu'il avait été.

Sortez du centre-ville de Toronto, rendez-vous dans les faubourgs de la ville et, ensuite, allez à n'importe quel endroit situé loin d'un des grands centres métropolitains de notre pays, et vous verrez que la situation est très différente. Je pense que ceux d'entre nous qui vivent au centre-ville ne passent pas assez de temps ailleurs pour entendre ce que les gens disent. Je pense que si nous le faisions, nous serions surpris de ce que nous entendrions.

Je pense que ces choses-là changent, que le pays change, mais le hockey est encore un élément très important de notre patrimoine, et il le restera à l'avenir.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Dryden.

M. Harley Hotchkiss: Monsieur le président, pourrais-je ajouter un commentaire? Cette question s'adressait en partie à moi.

Le président: Oui, monsieur Hotchkiss, bien entendu.

M. Harley Hotchkiss: Ken l'a dit beaucoup plus éloquemment que je ne peux le faire, mais je pense que cette âme est toujours là et qu'on peut le voir dans les petites villes.

Je le vois quand je retourne dans le Sud de l'Ontario, comme je l'ai dit. Je le vois quand je regarde jouer les petits enfants, quand je les emmène à une partie des Maple Leafs. Ils ressentent les choses comme je les ressentais. Le monde qui les entoure est très différent et il offre beaucoup plus de choix, mais je pense que cette âme existe encore. Elle existe encore dans nos zones urbaines, et dans les petites villes, comme Ken l'a mentionné. Je pense donc, en repensant à ces souvenirs, à une époque différente, que cette âme est encore là.

Le président: Merci, monsieur Hotchkiss.

Monsieur Proud.

M. George Proud: Je vous remercie à nouveau d'être venus ici ce matin.

Je veux terminer en mentionnant quelque chose qu'on nous a dit. Nous avons reçu beaucoup de suggestions aujourd'hui et nous avons beaucoup entendu parler des salaires. Je vais dire quelque chose du même genre que ce qu'a mentionné M. Bellringer il y a un instant.

Aujourd'hui, les salaires sont élevés. Est-ce qu'ils sont trop élevés ou non, je n'en sais rien. Mais je me rappelle les gars qui étaient là avant. J'ai maintenant des amis qui ont joué dans la LNH; ils l'ont quittée quand ils étaient dans la trentaine, ils étaient handicapés, leurs genoux sont très abîmés, ils n'ont jamais reçu aucune indemnisation et ils n'ont probablement jamais gagné plus de 12 000 $ par an. Peu importe qui a lancé ce mouvement, les gens comme Doug Harvey et Ted Lindsay, pour donner aux joueurs des salaires plus élevés et de meilleures indemnités, mais il ne faut pas oublier ceux qui les ont précédés.

Merci.

Le président: Merci, monsieur Proud. Monsieur O'Brien, un bref commentaire.

Ce sera le dernier intervenant.

M. Pat O'Brien: Je poserai une question très brève à M. Bellringer.

Ayant dit que je suis tout à fait en faveur d'un appui gouvernemental aux franchises sportives canadiennes, ce qui inclut évidemment la LNH, je pense que M. Bellringer est la personne idoine pour répondre à cette question. Étant donné les réalités économiques dont vous avez fort bien parlé aujourd'hui, comment expliquer à la population canadienne la création de deux franchises de la NBA? Elles ont les mêmes désavantages économiques que ceux dont Ken Dryden a parlé. Je pense qu'il faut que nous convainquions la population que le gouvernement devrait aider les franchises canadiennes de la LNH d'une façon ou d'une autre.

• 1140

Pouvez-vous nous dire néanmoins ce qu'il en est de la situation des franchises de la NBA au Canada?

M. Stephen Bellringer: Je pense, monsieur O'Brien, que quand nous sommes venus ici la semaine dernière, nous avons clairement indiqué que la NBA est encore un sport relativement nouveau au niveau professionnel au Canada, même si le basketball est en pleine croissance chez les amateurs.

Avec les Raptors de Toronto et les Grizzlies de Vancouver, nous essayons encore de mieux comprendre comment gérer nos activités, et nous avons très soigneusement veillé, jeudi dernier—ceux d'entre nous qui étions ici—, à ne pas demander d'aide pour le moment et à expliquer que ce que nous essayons réellement de faire est d'observer la situation.

Je pense qu'elle est entièrement différente dans le monde du hockey. Le hockey existe chez nous depuis des dizaines d'années, la LNH est présente au Canada depuis des dizaines d'années, et tout le réseau du hockey amateur au Canada existe depuis beaucoup plus longtemps que le basketball. Je pense donc que la situation du hockey est légèrement différente de celle du basketball.

Le président: Merci beaucoup. Y a-t-il un autre commentaire?

En premier lieu, je voudrais remercier les députés pour leur coopération ce matin. Il est évident que chacun a dû y mettre un peu du sien. C'est un sujet tellement passionnant.

Je voudrais vous remercier, monsieur Bettman et tous vos collaborateurs, de vous être présentés devant nous ce matin. Vous nous avez donné un aperçu intéressant de la situation, des renseignements utiles. Avant de mettre la touche finale à notre rapport cet automne, nous vous demanderons peut-être des renseignements plus précis.

Nous prenons bonne note du fait que M. Corey a dit que nous aurions accès à ses livres pour étudier certaines choses, et je l'en remercie.

Au nom de tous les membres du Comité, je vous remercie beaucoup d'être venus.

La séance est levée.