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SINS Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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SUB-COMMITTEE ON THE INDUSTRY OF SPORT IN CANADA OF THE STANDING COMMITTEE ON CANADIAN HERITAGE

SOUS-COMITÉ DE L'INDUSTRIE SPORTIVE DU CANADA DU COMITÉ PERMANENT DU PATRIMOINE CANADIEN

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le lundi 8 décembre 1997

• 1642

[Traduction]

Le président (M. Dennis J. Mills (Broadview—Greenwood, Lib.)): Pendant que nous attendons Carol Anne Letheren, je voudrais demander à Finn de distribuer le questionnaire que nous avons approuvé à notre dernière réunion. Si quelqu'un a des problèmes, qu'il en fasse part immédiatement à Finn. S'il n'y en a pas, nous allons commencer à prendre contact avec les différentes associations de fabricants d'articles de sport au Canada de façon qu'elles commencent à rédiger leurs mémoires; elles auront une partie du mois de décembre et tout le mois de janvier pour se préparer. Nous leur demanderons de nous les faire parvenir avant la première semaine de février.

Une fois que nous aurons vu ces mémoires, nous pourrons décider des témoins qui comparaîtront devant le comité. Ensuite, nous élaborerons un calendrier des travaux. Le greffier estime qu'il faudrait réserver deux ou trois jours vers la fin du mois de mars pour convoquer les témoins de façon à avoir une bonne représentation de toutes les régions du Canada et de tous les secteurs de production.

M. George Proud (Hillsborough, Lib.): Est-ce qu'on va faire des tables rondes?

Le président: Non, on aura davantage de temps. Autrement dit, au lieu de réunir trois ou quatre témoins en une journée, on leur accordera deux ou trois jours, pour leur faciliter les choses. On pourra même choisir des journées où le Parlement ne siège pas.

[Français]

M. Denis Coderre (Bourassa, Lib.): Au niveau de l'agriculture, il arrive souvent qu'on ait trois ou quatre témoins en même temps. On fait alors des tables rondes et cela marche bien. Mais je pense qu'on pourrait fonctionner par thèmes et demander à deux ou trois organisations de participer en même temps à la réunion, ce qui nous permettrait certainement de gagner du temps et surtout d'être beaucoup plus efficaces.

Le président: Bonne idée.

[Traduction]

M. George Proud: La semaine dernière, j'ai soulevé la question des courses de chevaux. Est-ce qu'on pourrait inviter les représentants de cette activité, même si pour le gouvernement, elle n'a rien à voir avec les sports professionnels?

Le président: Elle en a un. C'est Agriculture Canada qui octroie les licences de course dans ce pays.

M. George Proud: Nous faisons tous les tests.

Le président: C'est l'un des sports les plus importants au Canada, et près de 60 000 emplois en dépendent.

M. George Proud: Il y en a 100 000.

Le président: Bien.

[Français]

M. Denis Coderre: Depuis le début de ce comité, le Parti réformiste n'est pas présent. Le Bloc québécois, par contre, est toujours présent. De temps en temps, on a des difficultés avec les autres partis, mais je voudrais faire remarquer que si les libéraux et les bloquistes sont presque toujours là, les réformistes n'y sont jamais.

• 1645

Est-ce qu'une place est réservée à M. Abbott même s'il n'est jamais là? Je pense que ce comité est très important, d'autant plus que l'on arrive bientôt à la date des Jeux olympiques et que l'on doit déposer un rapport au mois de juin. On ne les voit absolument jamais.

[Traduction]

Le président: Nous lui parlerons lors du vote, car il y a d'autres députés réformistes qui voudraient faire partie du comité.

[Français]

M. Louis Plamondon (Richelieu, BQ): C'est leur responsabilité, et je dirais que les absents ont toujours tort. Qu'ils prennent leurs responsabilités. S'ils décident de ne pas venir au comité, ils en subiront les conséquences puisque la population va suivre les travaux de ce comité.

[Traduction]

Le président: Le manque d'intérêt du Parti réformiste pour les sports et leur lien avec la création d'emplois me surprend. Mais peut-être finiront-ils par comprendre le sens profond de notre démarche en ce qui concerne l'économie, la création d'emplois et l'unité du pays.

Pendant que nous attendons notre témoin,

[Français]

Monsieur Plamondon, avez-vous des questions?

[Traduction]

Vous avez reçu notre document d'information. Est-ce que vous comprenez bien notre démarche, le lien avec la création d'emplois...?

[Français]

M. Louis Plamondon: Oui, je comprends, mais Mme Tremblay est la responsable du comité et elle devrait communiquer avec vous demain pour vous faire parvenir ses réactions face au questionnaire. C'est elle qui est le porte-parole officiel. Pour ma part, je suis là aujourd'hui pour assister à la comparution de la représentante de l'Association olympique et lui poser quelques questions, mais je ne m'occupe pas directement du fonctionnement du comité, dont la responsabilité incombe à Mme Tremblay dans notre parti.

[Traduction]

Le président: Très bien. Pas de problème. Nous apprécions votre collaboration.

Lorsque vous en parlez dans votre région, trouvez-vous que les résidants de l'endroit et les différents responsables des sports s'y intéressent toujours?

M. George Proud: Oui.

Le président: Je constate que les gens commencent véritablement à comprendre. Ils n'avaient jamais réfléchi au rapport entre les sports, l'emploi et l'économie.

M. George Proud: C'est vrai.

[Français]

M. Denis Coderre: J'ai rencontré Serge Savard et Marc Campagna, qui ont été les deux instigateurs des derniers Jeux du Québec à Montréal. Nous avons convenu avec Serge Savard qu'il participerait aux discussions sur le hockey, tant sur le plan amateur que professionnel, puisqu'il a une grande carrière de hockeyeur et qu'il a une position très précise sur les questions concernant le milieu du hockey.

• 1650

[Traduction]

Le président: Allez-y, Carol Anne. Soyez la bienvenue.

Mme Carol Anne Letheren (directrice générale de l'Association olympique canadienne): Merci. Excusez-moi, j'ai été orientée vers différents endroits qui n'étaient pas les bons.

Le président: Veuillez nous en excuser.

Tout d'abord, nous voulons vous remercier de votre présence, car nous savons que vous êtes sur le point d'organiser le plus gros événement de l'année. Nous vous remercions d'avoir trouvé le temps de vous entretenir avec nous.

Nous voulions vous voir avant votre départ en mission pour Nagano, car nous sommes en train de définir notre étude et notre analyse. Par respect pour vous et vos collègues, nous avons pensé qu'il serait utile de vous consulter à la veille des Olympiques, car vous avez beaucoup à nous apprendre, et nous voulons également vous dire qu'il y a en cette Chambre des députés de tous les partis qui veulent entreprendre une étude portant sur les rapports entre le sport, la création d'emplois et l'économie.

Nous avons toujours été très fiers de la contribution du sport au Canada, mais notre comité voudrait essayer d'entreprendre quelque chose de différent. Nous voulons miser sur l'aspect sociologique de notre expérience, et considérer le sport comme une industrie. Voilà le contexte de notre démarche. Nous sommes en train d'établir le fondement de notre étude.

Je vous donne maintenant la parole.

Mme Carol Anne Letheren: Dennis, j'ai indiqué à Norm que nous serions très heureux de venir faire un exposé plus officiel vers le mois de mars, après notre retour de Nagano. Les rapports entre le sport et l'économie et le thème du sport considéré comme une industrie sont évidemment d'un grand intérêt pour nous.

Norm m'a cependant indiqué que vous vouliez me parler avant Nagano, et vous souhaiteriez que l'on discute des Jeux olympiques. Je m'en remets à vos indications, mais je n'ai pas d'exposé officiel à vous soumettre aujourd'hui.

Le président: C'est parfait.

Mme Carol Anne Letheren: Nous en aurons un en mars, car votre sujet nous intéresse au plus haut point. On a déjà consacré plusieurs études aux retombées économiques du sport. Je pense en particulier à l'étude de Doug Fisher, qui a constaté que la condition physique et les loisirs représentaient les plus gros employeurs en Ontario. On a des statistiques probantes à ce sujet. Certaines d'entre elles sont peut-être dépassées maintenant, mais la documentation existe, et nous serons enchantés de vous en parler.

Le président: Nous voulions vous consulter avant votre voyage à Nagano parce que nous avons pensé que vous pourriez nous donner de l'information sur l'appui que vous recevez, nous dire si cet appui est bien ciblé par rapport à vos besoins et s'il existe d'autres mesures à considérer. Peut-être pouvez-vous également nous parler de ce qui vous contrarie.

Des électeurs et des gens des milieux olympiques nous disent qu'il est parfois très difficile d'obtenir l'appui financier nécessaire pour aller de l'avant. Nous voudrions que vous nous brossiez le tableau du milieu olympique et que vous nous disiez ce qui s'y passe.

Peut-être avez-vous une liste de souhaits ou de rêves, avec toutes les mesures qu'il faudrait prendre pour vous faciliter la tâche... vous consacrez votre vie à permettre au Canada d'occuper sa place à l'échelle mondiale dans le domaine du sport et vous êtes très bien considérée. Vous pouvez sans doute nous soumettre des idées sur lesquelles nous pourrions réfléchir en comité. Finalement, nous espérons que nos collègues députés appuieront vos recommandations.

• 1655

Mme Carol Anne Letheren: Je peux vous parler de la façon dont nous finançons une équipe olympique. À partir de là, nous pourrons avoir une discussion intéressante.

En pratique, l'Association olympique canadienne est financée par des fonds privés. Nous avons une fondation qui résulte directement de l'organisation des jeux de Calgary. Cette fondation est dotée actuellement de 100 millions de dollars. Nous ne touchons pas à ce capital. Nous nous servons simplement de l'intérêt. Cela nous donne près de 25 millions par période de quatre ans.

Ensuite, nous allons chercher près de 40 millions de plus dans le secteur privé. Une partie de cette somme provient de notre participation au Mouvement olympique international et de commanditaires internationaux du Mouvement olympique. Le reste provient de nos activités au Canada.

Parmi nos commanditaires canadiens figure le gouvernement fédéral du Canada, qui nous fournit environ 300 000 $ par an.

À quoi sert notre argent? Nous accordons du financement direct aux athlètes. Nous avons un fonds de quatre millions de dollars sur lequel nous imputons notre budget de fonctionnement.

À propos, je parle toujours de période de quatre ans, en l'occurrence, la période actuelle va de 1997 à l'an 2000.

Nous fournissons quatre millions de dollars aux centres sportifs nationaux du pays. Nous sommes l'un des trois partenaires nationaux de ces centres, avec le gouvernement fédéral et l'Association canadienne des entraîneurs, qui en pratique, relève directement du gouvernement fédéral. Nous avons des centres à Calgary, à Winnipeg et à Montréal, et nous faisons une partie de l'évaluation des besoins à Vancouver, à Toronto et dans la région de l'Atlantique.

Ensuite, nous fournissions 16 millions de dollars en subventions directes aux fédérations sportives nationales selon une formule par laquelle les sports qui obtiennent les meilleurs résultats au Canada reçoivent le plus d'argent, mais tous les sports reçoivent quelque chose. Notre budget total à ce chapitre pour cette période quadriennale se monte à près de 70 millions de dollars.

Pour notre budget de 1997, nous sommes allés chercher en huit mois plus que nous en avons obtenu pendant les quatre années de l'exercice précédent. Nous avons déjà environ 110 p. 100 de notre budget de 1997 et environ 56 p. 100 de notre budget quadriennal. Mais vous vous rendez bien compte que les années olympiques nous sont beaucoup plus propices. Grâce à Nagano, nous allons obtenir un peu plus d'argent, et Sydney devrait également nous permettre de convaincre un plus grand nombre de commanditaires.

Nous avons davantage de difficulté à convaincre les particuliers, mais nous pensons qu'ils représentent pour nous une possibilité intéressante. Nous avons entrepris un certain nombre d'activités que je qualifie, faute de mieux, de promotionnelles. Nous avons tenté des campagnes comme celle de la Journée olympique. Nous avons tenté un programme appelé Jardin du centenaire, qui consiste à vendre des briques à des particuliers. Actuellement, nous exploitons également une super loterie en Ontario.

Bien que les Canadiens soient très attachés à leurs athlètes et qu'ils soient prêts, en toutes occasions, à acclamer leur équipe, ils sont moins enclins à se montrer généreux lorsqu'on essaie de travailler avec eux dans le cadre d'un programme de sollicitation individuelle. Il se pourrait aussi que nous n'ayons pas encore trouvé les programmes susceptibles de leur plaire. Il se pourrait que nous ne soyons pas suffisamment connus, ou que l'on nous considère encore comme un organisme bénéficiant de fonds publics. Je ne sais pas. Nous constatons que lorsqu'on nous prend pour un organisme public, nous avons beaucoup plus de mal à atteindre nos objectifs financiers sur le marché.

En ce qui concerne l'appui financier pour les jeux de Nagano, l'équipe canadienne part sur de bonnes bases. La participation olympique part sur de bonnes bases et les chances se présentent également assez bien en ce qui concerne Sydney.

Les fédérations sportives ont besoin d'argent pour l'entraînement quotidien et la compétition. Pour les Jeux olympiques, une fois qu'on a réglé tous les problèmes quotidiens et qu'on a constitué une équipe, tout est parfait, mais il faut toujours mener le combat pour assurer un soutien permanent.

Nous avons deux grands sujets de préoccupation. Le premier, ce sont les entraîneurs. Les fonctions d'entraîneur ne sont pas encore considérées comme une profession dans ce pays. Nos entraîneurs ne sont pas considérés comme des citoyens dignes d'un emploi. Ils sont toujours considérés comme des bénévoles qui doivent consacrer tout leur temps de veille à faire en sorte que les athlètes réussissent.

Je suis sûre que vous tous, qui êtes assis autour de cette table, avez des enfants, des neveux ou des nièces, et que vous comprenez le rôle des enseignants. Pour moi, les entraîneurs ne sont pas différents des enseignants. En fait, ils ont même sans doute une plus grande influence, à long terme, sur le développement des jeunes.

• 1700

Voilà donc un domaine où des progrès s'imposent. Si j'étais à la place du gouvernement fédéral et que je considère les 50 millions de dollars promis aux sports dans le cadre des initiatives du livre rouge—ce montant n'a pas été promis, mais envisagé—, je penserais certainement à constituer une espèce de fondation à long terme pour les entraîneurs, de façon à assurer une certaine stabilité dans la profession d'entraîneur, car ce sont eux qui sont en contact direct avec les athlètes.

Le deuxième thème qui nous préoccupe, c'est l'appui direct et sans intermédiaire aux athlètes. Actuellement, 60 p. 100 des athlètes disposent de 15 000 $ ou moins par année. Le gouvernement fédéral a un très bon programme d'assistance. Depuis des années, il est donc un très bon supporter dans ce sens. L'Association olympique canadienne et le gouvernement fédéral se sont unis en 1976 pour élaborer ce programme, et lorsqu'il a atteint l'importance qu'on lui connaît actuellement, le gouvernement fédéral en assumé seul la responsabilité.

Nous venons de revenir à la formule du financement direct, car nous reconnaissons qu'il existe toujours un besoin dans ce domaine. Comme je l'ai dit, nous allons y consacrer 4 millions de dollars au cours des quatre prochaines années, et nous avons demandé à notre fondation de concentrer toutes ses activités de collecte de fonds sur ce secteur, car pour une association, il est plus facile de recourir à cette fondation que de réunir elle-même des fonds. Nous espérons que la fondation va réussir et qu'elle parviendra à assurer son autofinancement à partir des intérêts, assurant ainsi sa pérennité.

Voilà nos deux préoccupations principales. Je considère que les centres sportifs nationaux, que le gouvernement fédéral contribue actuellement à financer, constituent un projet très utile. C'est sans doute la formule de l'avenir en ce qui concerne le financement des sports dans ce pays et la formation des athlètes tant à la base qu'au niveau des hautes performances. Les centres peuvent rejoindre les athlètes en puissance dans la province où ils sont situés et ils peuvent avoir un impact beaucoup plus grand sur le développement des sports et sur l'entraînement des athlètes de haute performance.

Les fédérations sportives nationales changent progressivement de façon d'agir. Jusqu'à maintenant, par exemple, le gouvernement fédéral exigeait, avant de leur accorder une subvention, qu'elles résident au centre sportif d'Ottawa, ce qui est très coûteux. Cette exigence a été éliminée et les fédérations commencent à s'établir plus près de la base; nous espérons qu'elles vont progressivement changer de comportement, réduire leurs frais généraux—c'est déjà ce qu'on commence à constater—et établir des contacts plus étroits avec leurs athlètes et leurs entraîneurs.

Du point de vue de l'Association olympique canadienne, nous estimons que les sports ont toujours besoin de soutien, et c'est pourquoi nous appuyons les athlètes, les centres sportifs nationaux et les fédérations sportives nationales. Nos subventions vont dans ces trois directions, comme celles du gouvernement fédéral. Nous sommes les deux principaux organismes subventionnaires de ce pays; le fédéral se sert de l'argent des contribuables, tandis que nous nous finançons auprès du secteur privé, mais nous finançons la même chose. Quant aux montants accordés, je pense qu'ils sont à peu près équivalents.

En ce qui concerne les activités susceptibles de remplacer les campagnes de collectes de fonds, je regrette sincèrement que le gouvernement fédéral ait jugé bon de céder les loteries aux provinces. Je peux vous dire que le Comité olympique national le plus prospère, c'est-à-dire le comité italien, vit entièrement grâce à des loteries. La Grande-Bretagne finance actuellement ses fédérations sportives à un taux quatre ou cinq fois supérieur au nôtre, grâce à des loteries. Nous pensons qu'une loterie nationale olympique devrait donner des résultats extraordinaires dans notre pays. Toute solution de remplacement de cet ordre nous semble très intéressante.

J'essaye de m'en tenir au thème du financement, car il y a d'autres domaines dans lesquels le gouvernement pourrait intervenir pour favoriser les sports.

L'organisation planifiée de jeux importants se révèle comme un stimulant économique efficace pour les sports. Les jeux de Calgary ont laissé en héritage non seulement des installations et des possibilités d'entraînement, mais également cette fondation dont bénéficie l'Association olympique canadienne; tout ça résulte directement des jeux de Calgary. Si nous pouvions organiser efficacement et accueillir dans ce pays des jeux qui aient le même potentiel au cours des 10 ou 12 prochaines années, on favoriserait considérablement notre fondation et on fournirait des installations d'entraînement supplémentaires à nos athlètes.

Je m'arrête ici, Dennis, pour voir si vous avez des questions à poser. Ou voulez-vous que j'aborde des thèmes un peu différents?

• 1705

Le président: Non, c'est parfait ainsi.

Denis.

[Français]

M. Denis Coderre: Merci beaucoup pour votre exposé.

Dans un premier temps, j'aimerais vous poser des questions concernant le financement, parce qu'avant de vouloir aider nos athlètes, il faut des sous. D'autre part, j'aimerais qu'on aille un peu plus loin dans vos suggestions.

Vous dites qu'en Italie, l'organisation sportive la mieux établie a une loterie. Vous savez qu'à l'époque, au Canada, nous avions aussi une loterie olympique, mais on ne peut pas dire que cela a été une réussite.

Pourquoi devrait-on aujourd'hui repenser à cette solution? Qu'est-ce qui a changé aujourd'hui par rapport à hier à ce niveau-là? Personnellement, je ne suis pas sûr que cela fonctionnerait mieux.

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Monsieur le président, je ne reçois pas la traduction. Normalement, je devrais entendre quelque chose, mais je n'ai pas encore entendu un seul mot.

M. Denis Coderre: Je vais le dire en anglais, dans ce cas.

Mme Carol Anne Letheren: Y a-t-il un bouton sur lequel je devrais appuyer?

Le président: Non, vous ne touchez à rien. Nous recevons l'interprétation ici. Apparemment, elle ne se rend pas jusqu'à vous.

Mme Carol Anne Letheren: C'est parfait, monsieur le président, j'entends l'interprète.

[Français]

M. Denis Coderre: Très bien. Le Canada est donc un pays bilingue à nouveau.

J'aimerais reprendre la question du financement. Il est clair que lorsqu'on parle de financement, on parle de loterie. Or, au Canada, on a déjà eu une loterie olympique et, si je me souviens bien malgré mon jeune âge, cela n'a pas été un succès. Les archives nous en donnent la preuve.

Pourquoi devrait-on repenser aujourd'hui à cette méthode quand on sait qu'hier ça n'a pas vraiment été un succès? Est-ce la façon dont on procédait qui n'était pas correcte? Qu'est-ce qui s'est passé, à l'époque, pour que cela ne fonctionne pas?

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Pour autant que je me souvienne, nous avons cessé de bénéficier des loteries bien avant que j'arrive à l'Association olympique canadienne. Elles ont beaucoup favorisé le financement du sport dans ce pays. Les loteries provinciales ont été très utiles à la construction de certaines installations.

Je ne peux donc pas dire qu'elles n'ont pas été un succès. Vous parlez de «succès merveilleux»; peut-être auraient-elles dû donner de meilleurs résultats, mais elles ont certainement constitué une bonne source de financement pour le sport. Maintenant qu'elles sont fragmentées et qu'il n'est plus possible d'organiser une loterie d'envergure nationale, il est plus difficile de procéder province par province. Nous considérons qu'une loterie couvrant l'ensemble du pays donnerait des résultats aussi bons, sinon meilleurs, qu'au cours des années précédentes.

• 1710

[Français]

M. Denis Coderre: Évidemment, on ne voudrait pas s'embarquer dans des problèmes de juridiction. Je pense qu'on pourrait cependant créer une loterie par centre d'excellence. Il y en a un Montréal et un à Winnipeg, et on sait que Loto-Québec fait un excellent travail en matière de loteries. Est-ce qu'on ne pourrait pas arriver à une entente par l'intermédiaire de Loto-Québec ou Loto-Manitoba et viser une loterie par centre d'excellence? On pourrait réacheminer les montants à partir de là, à défaut de loterie nationale.

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: C'est une solution qui ne manque pas d'intérêt, à condition qu'on puisse assurer une certaine coordination entre les provinces.

Je peux vous dire que de notre côté, nous avons essayé d'en créer une rien qu'en Ontario et c'est l'un de nos projets pilotes actuels; nous avons eu beaucoup de mal à travailler avec la Commission ontarienne des jeux pour lancer ce projet. Nous ne sommes sans doute pas prêts à recommencer; un tel travail dépasse notre capacité et nos ressources. Je ne parle pas de la gestion d'une loterie, je parle des exigences administratives, des règles et des règlements qu'il faut appliquer au plan interne.

Si quelqu'un d'autre pouvait se charger de ce travail, nous pourrions constituer des loteries régionales, mais il faudrait une sorte de couverture nationale pour que ces loteries soient disponibles dans tout le pays. Nous constatons qu'avec notre projet pilote de l'Ontario, nous créons du mécontentement dans le reste du pays, puisque les billets n'y sont pas disponibles.

[Français]

M. Denis Coderre: D'accord. J'ai un problème et c'est peut-être un problème de perception. Vous allez m'éclairer.

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Quel genre de problème?

[Français]

M. Denis Coderre: On a le sentiment que nos athlètes vivent très pauvrement présentement, alors que je vois qu'il y a des sommes faramineuses au niveau de l'association. Comment puis-je régler mon problème de perception? On a vraiment le sentiment qu'on n'en fait pas assez pour nos athlètes et qu'on ne met pas assez d'argent à ce niveau. Il faut quand même dire que c'est plus facile et plus rentable quand ils gagnent des médailles. Mais je trouve triste de voir les sommes ridicules que l'on donne aux athlètes chaque mois, lorsqu'ils montent les échelons, pour l'entraînement. Ils sont bien souvent au seuil de la pauvreté.

Est-ce qu'il n'y aurait pas d'autres possibilités puisque vous avez dans votre fonds des dizaines et des dizaines de millions de dollars? Est-ce qu'on ne devrait pas regarder d'un peu plus près la façon dont on finance nos athlètes?

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Il faut bien étudier le monde des sports pour le comprendre, car le premier organisme avec lequel l'athlète entre en contact est un organisme provincial ou même local. Ensuite, l'athlète commence son ascension. Généralement, il a besoin de l'aide de ses parents, car il peut rarement bénéficier d'une aide provenant des ressources locales.

Lorsqu'il atteint le niveau provincial, il s'engage sur la voie de la haute performance, mais il relève toujours des instances provinciales; certaines provinces accordent un bon appui aux sports—même si cet appui commence à décliner—mais d'autres provinces ne le font pas. Il y a donc une inégalité du point de vue de l'appui accordé par le gouvernement provincial, et deuxièmement, cet appui est actuellement en régression.

[Français]

M. Denis Coderre: Excusez-moi de vous couper la parole, mais si on parle d'athlètes canadiens qui représentent le Canada, il y a parmi eux des jeunes qui ont déjà un certain âge et qui ne veulent pas dépendre de leurs parents. Est-ce que ce n'est pas, comme dans d'autres pays, au gouvernement canadien ou à l'Association olympique que revient la responsabilité de financer correctement les athlètes?

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Encore une fois, vous brûlez les étapes; vous montez directement au sommet. Le véritable problème de financement se pose lorsque l'athlète s'approche du sommet, qui se trouve toujours au niveau provincial, et qu'il vise la participation à des jeux comme ceux du Canada; il est déjà un très bon athlète et c'est grâce à lui qu'on forme notre équipe nationale et notre équipe olympique.

C'est à ce niveau que notre financement présente des faiblesses. La visibilité de l'athlète n'est pas aussi grande, il n'est pas aussi intéressant pour le secteur privé. Il peut intéresser certaines sociétés, mais pas toutes. Évidemment, la diminution du financement gouvernemental au niveau provincial a des répercussions dramatiques.

• 1715

Ensuite, lorsque les athlètes accèdent au programme de l'équipe nationale, différentes choses peuvent se produire. Le gouvernement fédéral a réduit sensiblement le financement des fédérations sportives nationales. C'est elles qui payaient l'entraînement et les compétitions en dehors des Jeux olympiques, des Jeux panaméricains ou des événements bénéficiant d'un assez bon financement; les fédérations finançaient toutes les activités d'entraînement indispensables pour figurer parmi les meilleures au monde.

Les fédérations nationales ont dû réduire leur participation au financement des programmes d'entraînement des athlètes. Elles n'ont plus les moyens. Les athlètes ont dû prendre une partie de ces frais à leur charge ou essayer de se faire financer par leur club ou par un centre sportif national.

Une fois qu'un athlète parvient à ce que j'appelle le véritable milieu olympique, il a plus facilement accès au programme d'aide aux athlètes proposé par le gouvernement fédéral et il peut obtenir du financement de notre part. Mais nous ne finançons pas les activités de base. Nous n'avons pas suffisamment d'argent pour le faire. Nous concentrons nos efforts en faveur des athlètes qui atteignent le niveau olympique ou celui des Jeux panaméricains. Le gouvernement fédéral descend un peu plus bas, mais lui non plus n'a pas suffisamment d'argent pour aider les athlètes au début de leur formation.

Le financement accordé par l'Association olympique a augmenté en proportion des compressions budgétaires gouvernementales, mais nous n'avons pas suffisamment d'argent pour combler intégralement l'écart.

Le président: Merci, Denis.

Je donne maintenant la parole à M. Plamondon.

[Français]

M. Louis Plamondon: Merci, madame, d'être présente au comité.

J'ai une courte question au sujet de la sélection de l'équipe canadienne olympique de hockey. Comme il y a beaucoup de joueurs canadiens qui possèdent la carte verte et qui payent leurs impôts aux États-Unis, est-ce que vous pouvez me confirmer que tous ceux qui vont jouer dans l'équipe canadienne payent leurs impôts au Canada?

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: C'est une question qu'il faudrait poser à l'Association canadienne de hockey qui est chargée de veiller à ce que les athlètes répondent à nos exigences, c'est-à-dire qu'ils soient Canadiens et qu'ils aient suivi le processus normal de sélection. Si cette question vous intéresse, vous devriez la poser à l'Association canadienne de hockey.

[Français]

M. Louis Plamondon: Merci. Voici ma deuxième question. Aux Jeux d'Atlanta, on a vu la fameuse équipe de rêve américaine. Pour les prochains jeux, on veut avoir le même genre d'équipe de hockey professionnel et je voudrais vous demander si vous ne voyez pas là une contradiction avec l'esprit olympique qui a toujours animé les pays qui participaient à ce grand rendez-vous. À l'origine, c'était pour permettre aux athlètes amateurs de se mettre en évidence dans des sports parfois beaucoup moins connus que les sports professionnels.

Dans ce sens-là, est-ce que vous n'êtes pas inquiète de voir la commercialisation grandissante du sport olympique, qui pourrait effacer la performance parfois beaucoup plus digne de certains athlètes qui pratiquent un sport moins visible?

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Votre question comporte deux éléments. Vous parlez en quelque sorte de l'athlète professionnel et de sa participation aux Jeux olympiques; l'autre aspect de votre question concerne la part croissante des intérêts commerciaux. Parlons tout d'abord des athlètes professionnels par opposition aux amateurs.

Seuls les meilleurs athlètes au monde sont censés participer aux Jeux olympiques. Au début de ces jeux, la majorité des athlètes étaient des professionnels, selon la définition qu'on en donne aujourd'hui. Ensuite, on est passé au régime de Killalin, qui définissait l'amateur comme un athlète qui ne pouvait pas vivre de son sport.

Le monde occidental était très mécontent. Du temps des pays du Bloc de l'Est, le monde occidental était responsable de ce débat concernant l'opposition entre professionnels et amateurs, car dans les pays de l'Est, il était très facile de maquiller un athlète professionnel en amateur. Nous avons préconisé un système transparent permettant à tous les meilleurs de participer aux Jeux olympiques.

• 1720

Le Comité international olympique a décidé qu'il appartenait à chaque sport de fixer ses critères de qualification. Il existe maintenant de nombreux sports qui accueillent des athlètes de métier. Pour les Jeux d'hiver, c'est notamment le cas du hockey, du patinage artistique—laissez-moi réfléchir—et de certaines disciplines de ski. Pour les Jeux d'été, il y a un certain nombre d'autres sports qui relèvent de la même catégorie.

Dans le cas du Canada, nous ne croyons pas que cela ait un impact énorme sur le sport. Pour ma part, je préférerais que le Canada fasse sa sélection comme nous l'avons fait pour les équipes de hockey qui sont allées à Albertville et Lillehammer. Mais c'est un avis personnel. Certains partagent cet avis, d'autres pas.

Pour ce qui est de la commercialisation du sport, je pense que cela a été synonyme de démocratisation du sport. Cela nous a donné la possibilité d'être plus autonomes. Tant que chaque sport prend en charge sa propre commercialisation et maintient son intégrité, il ne peut y avoir de prise de contrôle. À l'heure actuelle, nous n'avons pas de problème aux Jeux olympiques dans les sports où nous avons conservé le contrôle.

Je sais que les plus récents Jeux olympiques d'Atlanta ont créé des problèmes pour le monde entier, y compris pour nous. C'est que la ville n'appuyait pas le comité organisateur et a vendu son propre espace aux adversaires du mouvement olympique. Or, quand on pénétrait dans les sites officiels ou dans les installations olympiques officielles, on n'avait pas la même impression.

Pour nous, notre gagne-pain dépend de la participation du secteur privé. Je crois qu'à l'avenir, il deviendra toujours plus important d'avoir un appui individuel—je parle des citoyens de ce pays—et d'avoir aussi derrière nous des intérêts commerciaux et privés. Je ne crois pas que nous puissions compter à l'avenir sur l'aide financière que le gouvernement accordait déjà au sport.

[Français]

M. Louis Plamondon: J'ai une dernière question. Je vais permettre à George de poser des questions aussi, mais j'aimerais revenir ensuite pour deux courtes questions.

Est-ce que vous avez pensé à un autre moyen de financement? Comme les contribuables investissent beaucoup dans la formation des athlètes pour leur permettre d'atteindre leur apogée, est-ce qu'il serait envisageable de faire signer à ces athlètes un contrat avec votre Association olympique afin qu'un pourcentage de leur rémunération soit versé à l'Association olympique lorsqu'ils atteignent l'apogée de leur carrière?

Les professionnels qui commencent à participer aux Jeux olympiques se servent souvent de cette tribune pour aller se chercher une renommée qui va leur servir à trouver des contrats très lucratifs dans l'entreprise privée ou des clubs privés. Ne pensez-vous pas qu'il serait normal qu'ils donnent un pourcentage de leurs gains pour aider d'autres athlètes à grandir? C'est ma première petite question.

Ma deuxième petite question concerne la sévérité avec laquelle vous traitez certains athlètes olympiques. On a quelquefois obligé des athlètes à s'entraîner à Calgary—je prends la nage synchronisée, par exemple—alors qu'ils venaient d'une autre région du Canada.

On se rappelle, par exemple, qu'on a imposé à Myriam Bédard, médaillée d'or olympique, un entraîneur qu'elle ne voulait pas, si bien qu'elle allait faire farter ses skis par des gens d'un autre pays. Ne pensez-vous pas qu'il faudrait un peu plus de souplesse envers les athlètes qui ont atteint une renommée internationale, surtout en ce qui concerne la liberté de s'entraîner là où ils le veulent et avec les professeurs qu'ils désirent? Merci.

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Vous posez là plusieurs questions. Permettez-moi de commencer par la première, qui était celle-ci: quand les athlètes travaillent avec nous, particulièrement les athlètes très performants, pourquoi n'exigeons-nous pas qu'ils signent un contrat?

• 1725

Les athlètes pourraient vous dire qu'à leur avis, nous nous enrichissons déjà à leurs dépens. Je vous ai cité plutôt certains chiffres concernant les sommes que nous devons recueillir auprès du secteur privé et que nous obtenons grâce aux marques et symboles des Jeux olympiques. Bien sûr, les commanditaires s'intéressent vivement aux athlètes aussi. Nous tentons d'encourager les commanditaires à négocier un contrat distinct avec les athlètes parce que nous voudrions qu'ils tirent profit eux aussi de ce genre de mécénat des Jeux olympiques. Au lieu de prendre un pourcentage de ce qu'ils négocient, nous préférons les voir comme, si vous voulez, les acteurs et les actrices de la scène et de croire qu'ils méritent autant que nous d'obtenir du financement.

Ainsi, nous prenons l'approche opposée. Nous tentons de les aider chaque fois que cela est possible à obtenir des fonds du secteur privé.

Il faut aussi que vous sachiez que dès qu'ils font partie d'une équipe olympique, ils doivent signer un accord d'athlète avec nous parce que les règles et les règlements internationaux ne leur permettent pas pour toute une période entourant les Jeux olympiques d'utiliser leurs propres commanditaires ou d'apporter quelque gain que ce soit à leurs mécènes personnels. Ils obtiennent de petits bénéfices mais rien de significatif pendant toute la période entourant les jeux.

Quant à la LNH, je vais vous dire ce que j'ai proposé à l'association des joueurs et à la LNH. Si l'un de vous peut m'aider, si l'un de vous connaît quelqu'un dans ce milieu, j'en serais ravie.

J'ai proposé que notre équipe canadienne, une fois connus les joueurs qui la composeront... comme il y aura au village olympique des gens qui gagneront de gros sous et d'autres qui gagneront moins, ce serait un merveilleux geste de relations publiques pour la LNH et les joueurs si chacun d'eux contribuait 10 000 $ au fonds des athlètes. Il faudrait que ces contributions soient versées dans un fonds au profit des athlètes de plusieurs sports. Les contributions ne peuvent pas être limitées au hockey, parce que cela passerait inaperçu. Je crois que ce serait un geste merveilleux de leur part.

Quand je fais cette suggestion, les gens me font un curieux sourire, croyant que c'est une idée assez farfelue émise par quelqu'un qui n'a plus toute sa tête. Mais je suis d'accord avec vous pour dire que les joueurs professionnels doivent contribuer à ce rêve merveilleux en échange de la publicité qu'ils en retireront. Mais, cette idée se heurte à un mur.

Quant à votre autre question, qui portait sur ce que vous décrivez comme la sévérité avec laquelle les athlètes sont traités, je ne crois pas que ce soit spécialement le cas. Permettez-moi de prendre l'exemple de la nage synchronisée.

Vous devez savoir, en passant, que ce ne sont pas des questions dont est saisie l'Association olympique. Ce sont des questions qui concernent l'entraînement et le développement et cela est du ressort de chaque fédération sportive. Chacune jouit d'une autonomie totale dans la conception de ses programmes.

La nage synchronisée est un sport d'équipe. Il est absolument indispensable que tous les membres de l'équipe se trouvent au même endroit, sinon il n'y aura jamais de synchronisation dans leur performance. L'entraîneur habitait à Edmonton ainsi que la majorité des membres de l'équipe. Ainsi, certains athlètes ont été tenus d'aller s'y installer pendant la période de préparation aux jeux d'Atlanta.

Je ne peux pas vous parler directement de Myriam Bédard. Je ne connais pas assez bien la situation. Je sais toutefois qu'à l'époque des Jeux olympiques, certains problèmes se sont posés, notamment des problèmes de financement. Comme les entraîneurs disposent de budgets limités, au moment des jeux, seulement quelques-uns peuvent y aller. Si ma mémoire est fidèle, l'entraîneur personnel de Myriam Bédard était présent à tous les jeux auxquels j'ai assisté.

Ainsi, je ne sais pas pourquoi on dit qu'on lui a imposé un entraîneur. Je trouve cela bizarre. Je serais étonnée d'apprendre que c'était effectivement le cas. Mais je ne connais pas tous les faits de ce cas-là.

[Français]

Le président: Êtes-vous satisfait?

M. Louis Plamondon: Elle voyait le coach canadien officiellement, mais elle travaillait avec un coach étranger en cachette pour arriver à la réussite qu'elle souhaitait. Elle a déclaré aux journaux que le coach canadien lui avait été imposé.

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Je ne connais pas tous les faits. Ce n'est pas un dossier dont nous nous saisirions. C'est une question qui relève de la fédération sportive. C'est une décision que prend la Fédération du biathlon.

Je peux vous dire que pour l'essentiel, dans la plupart des sports, probablement dans 99 p. 100 d'entre eux, puisqu'il faudrait laisser de côté le biathlon, les fédérations tentent d'obtenir les meilleurs entraîneurs possible. Le plus grand problème auquel se heurtent la plupart des sports au Canada, c'est de trouver des entraîneurs qui acceptent de travailler pour les salaires qu'on a les moyens de leur offrir.

• 1730

Le président: Merci, monsieur Plamondon. Nous passons maintenant à George Proud.

M. George Proud: Merci, et bienvenue.

Je vous ai entendu dire dans votre exposé liminaire que quelqu'un prétend que le sport est le principal employeur en Ontario. Les retombées des événements internationaux pour l'économie canadienne sont assez considérables, comme d'ailleurs le nombre d'emplois induits.

Ma préférence va bien sûr aux courses de chevaux. On dit que les courses de chevaux créent 100 000 emplois au Canada.

Dans vos efforts de collectes de fonds, cite-t-on suffisamment de tels chiffres? Le public mesure-t-il pleinement les retombées de ces activités pour l'économie de leur région?

Mme Carol Anne Letheren: Je trouve que c'est une excellente question, car je ne suis pas certaine qu'il le fait.

Par exemple, l'Association olympique du Canada a entrepris de mettre au point ce que nous appelons, faute de mieux, le Programme des parlementaires. Nous croyons effectivement que les parlementaires doivent mieux comprendre l'importance du sport pour l'économie de ce pays.

Nous tentons notamment de réunir les faits et les chiffres qui pourraient être cités dans des discours ou dans le cadre d'autres initiatives aux niveaux politique, local et national. Nous trouvons que le sport est mal compris dans les milieux politiques. Nous pouvons vous donner quelques exemples.

Ainsi, nous croyons que le démantèlement du service des sports aux Affaires extérieures a été une énorme erreur. Il faut aussi être très conscient de l'importance du sport dans le contexte du commerce mondial et des affaires étrangères.

Je trouve donc que les questions que vous me posez mettent dans le mille. Si votre groupe s'attardait à cet aspect-là, aux retombées économiques, alors je le répète, nous aimerions revenir vous faire un exposé beaucoup plus poussé. Nous réunirions certaines de nos données de recherche pour vous les présenter et engager un débat approfondi. Je crois que vous êtes engagés dans la bonne voie.

C'est une chance en or. Dans les pays où on l'utilise et où on l'utilise bien, c'est que cela fait partie de la culture, et sa valeur est pleinement appréciée. Cela comprend la valeur socioculturelle aussi bien que la valeur économique, commerciale, etc. Je crois que certaines de ces missions commerciales devraient comporter des représentants des milieux sportifs.

M. George Proud: Je pense que c'est quelque chose que nous devrions faire. Nous devrions vous inviter à revenir nous présenter ces faits et ces chiffres parce que rien ne suscite autant d'enthousiasme que de parler d'emplois créés et de retombées économiques. On réussit toujours à capter l'attention de beaucoup de gens quand on mentionne ces deux questions. C'est un sujet qui intéresse particulièrement le président et les autres députés assis autour de cette table. Merci.

Mme Carol Anne Letheren: Je dois vous signaler que certaines des données ne sont pas très récentes. Et quand je dis cela, je veux dire qu'elles remontent à il y a plus de 10 ans. Certaines données remontent à il y a cinq ou six ans. Ainsi, ce serait très utile d'obtenir des faits et des chiffres vraiment récents, mais même en utilisant des données déjà anciennes cela révèle des choses très intéressantes.

S'agissant des pays hôtes des jeux, il y a de vrais bons chiffres provenant de villes du monde entier qui ont été hôtes des jeux. Le seul fait d'être candidat pour recevoir les jeux a d'importantes retombées économiques, même quand la ville n'est pas choisie.

Le président: Nous passons maintenant à M. Coderre.

[Français]

M. Denis Coderre: Au fond, la comédie est une tragédie dissimulée. Si on regarde la nouvelle équipe de hockey, on a le sentiment que c'est une chasse gardée. On ne comprend pas pourquoi des athlètes comme Mark Messier, Mark Recchi ou Claude Lemieux ne font pas partie d'Équipe Canada. C'est peut-être un malaise plus généralisé. Dans bien des cas, on a l'impression, malheureusement, que certaines régions du pays ne bénéficient pas des mêmes privilèges que d'autres.

Comment établit-on ces critères? Vous allez me parler de critères d'excellence, mais à compétence égale, on a quelquefois l'impression que certaines régions sont totalement délaissées. Est-ce vous êtes satisfaite présentement de la façon dont on choisit les athlètes?

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Vous avez là deux questions. D'abord, certaines régions du pays sont-elles désavantagées? L'autre c'est de savoir comment les athlètes sont choisis.

• 1735

Je pense que certaines régions du pays sont désavantagées. Par exemple, je pense à nos réserves où vivent les peuples autochtones. Nous n'arrivons pas à susciter suffisamment d'intérêt ni à offrir suffisamment de chance de participer. C'est un problème sur lequel nous nous penchons à l'Association olympique. Nous avons un excellent programme d'éducation, très adapté aux besoins de la base. C'est un programme offert à l'école élémentaire. Nous cherchons à travailler plus étroitement avec les écoles à ce niveau-là. Nous tentons aussi de travailler avec le Aboriginal Sport Circle parce que c'est certainement un groupe que nous ne desservons pas suffisamment pour ce qui est des sports.

D'autres régions sont aussi négligées et notamment la région de l'Atlantique où les gouvernements provinciaux n'ont pas suffisamment de ressources pour en consacrer aux sports. J'ajouterais que nous voyons trop peu d'athlètes venir de la Saskatchewan et du Manitoba.

La majorité des athlètes de nos équipes olympiques sont du Québec, de l'Ontario, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, ce qui nous donne une bonne idée de la concentration du soutien financier. C'est de là que viennent la majorité de nos athlètes même si quelques-uns proviennent d'autres provinces.

Quant au soutien du gouvernement provincial, il y a quatre provinces qui aident le sport ou qui dans le passé ont accordé la plus grande aide aux sports et c'est essentiellement de là que viennent nos athlètes.

S'agissant des centres sportifs nationaux, le premier était situé à Calgary surtout parce que c'est devenu un centre après 1988 et en raison du mode de financement de ces jeux et en raison de ce que la collectivité en a conservé après la fin des jeux.

Le deuxième centre a été créé à Montréal, et là encore, c'était un peu l'héritage des jeux—pas autant qu'à Calgary, mais dans une certaine mesure oui. Nous avons aussi une très bonne équipe nationale et un bon nombre d'athlètes financés grâce au programme fédéral d'aide aux athlètes.

La troisième ville est Winnipeg tout simplement parce qu'elle accueillera les jeux panaméricains en 1999 et que nous voulions que ces jeux aient des effets induits durables parce que nous savons que ce n'est pas un événement très prisé des bâilleurs de fonds.

Ensuite, nous songeons à Vancouver qui s'ajoutera au centre sportif national qui se trouve déjà à Victoria et qui est l'héritage des Jeux du Commonwealth.

Toronto est l'une des plus lentes à emboîter le pas, et ce n'est pas parce que nous ne voulons pas y installer un centre sportif, mais parce que le gouvernement provincial ne se laisse pas facilement convaincre.

Enfin, il y a la région de l'Atlantique.

Nous pensons que ces centres sportifs contribueront énormément à donner leur juste part à certaines des régions plus désavantagées.

[Français]

M. Denis Coderre: Madame Letheren, on va faire un deal ensemble. Vous vous arrangez pour que Mark Recchi, Mark Messier et Claude Lemieux fassent partie d'Équipe Canada, et je ferai des pressions pour que vous obteniez les 10 000 $ que vous voulez pour votre fonds olympique. On peut faire équipe.

[Traduction]

Est-ce entendu?

Des voix: Ah, ah!

Mme Carol Anne Letheren: Malheureusement, je ne choisis pas les membres de l'équipe de hockey canadienne.

M. Denis Coderre: Mais vous savez que vous avez du pouvoir. Nous savons cela.

[Français]

Maintenant, je vais vous poser une question qui va peut-être vous paraître un peu bizarre, mais vous allez comprendre.

Au niveau du rôle du gouvernement, est-ce que vous croyez que l'athlète olympique est propriété de l'État? Que votre réponse soit oui ou non, cela aura une conséquence sur ma prochaine question.

J'aimerais aussi savoir si, comme moi et mon collègue Plamondon, vous n'êtes pas un peu fatiguée de la commercialisation du sport. On a vraiment l'impression que les compagnies font de l'argent sur le dos des athlètes. Il nous semble que les athlètes sont sous-payés et ne sont pas assez encadrés. Avez-vous l'impression que le gouvernement en fait assez, ou bien faudrait-il un nouveau partnership entre l'État et le secteur privé? On pourrait, par exemple, donner des incitatifs fiscaux au secteur privé et l'Association olympique s'associerait avec le secteur privé. Nous, nous serions là juste pour les incitatifs fiscaux.

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Vous posez là de nombreuses questions.

Votre première question c'est de savoir pourquoi ils appartiennent à l'État? Ma réponse à cela c'est non, ce n'est pas le cas. Nous ne sommes pas, du moins je l'espère, un pays qui envisagerait même pareille chose. Ce sont les représentants de leur pays et leur propre représentant et ils sont pour le pays une grande source de fierté. Ils font sans doute tout autant pour le pays que n'importe quelle autre «marchandise».

Ils ne concourent pas pour la gloire d'une quelconque entreprise qui serait leur mécène. Les Jeux olympiques en sont un excellent exemple. L'équipe de hockey de la LNH ne participerait pas aux Jeux olympiques si les joueurs ne croyaient pas que la publicité entourant ces jeux... qui ne fait pas connaître leur mécène, mais ils comprennent l'importance et la valeur des Jeux olympiques.

• 1740

Si vous posez la question à n'importe quel athlète—et nous l'avons certainement constaté—ils vous répondront que la chance de représenter leur pays aux Jeux olympiques reste l'un des privilèges les plus recherchés. Ils ne semblent guère se soucier des efforts qu'ils devront faire pour se payer cette chance. C'est donc le deuxième point.

Dans un troisième temps, vous demandez quel rôle le gouvernement fédéral doit ou peut jouer dans le sport. J'estime que le gouvernement fédéral doit être présent à la table comme partenaire. Le gouvernement fédéral doit être présent parce que le sport est un élément très important de la culture et du tissu de ce pays. Beaucoup de grands moments dans l'histoire de ce pays ont été liés au sport.

Je crois que le gouvernement fédéral a fait de l'excellent travail dans le passé pour promouvoir et aider le sport. Cependant, il ne semble pas avoir remarqué la nouvelle maturité du sport. La nature du partenariat doit aussi évoluer.

Le sport est sans doute le domaine d'activité le plus étudié. Au cours des cinq dernières années, le gouvernement fédéral a commandé une quinzaine d'études sur le sport. L'une des questions que l'on pose c'est de savoir si le gouvernement fédéral doit continuer de jouer un rôle moteur en matière de sport. Nous croyons que le gouvernement fédéral doit jouer un rôle de leadership en partenariat avec d'autres et non pas assumer seul ce rôle.

Ça ne va pas de soi que le gouvernement fédéral agisse comme partenaire du secteur privé. Le gouvernement fédéral peut stimuler. Il peut faire beaucoup de choses qui ne se limitent pas aux seuls encouragements fiscaux. Nous avons parlé de la possibilité de coordination dans les grandes campagnes de collecte de fonds et des activités comme les loteries. Le secteur privé souhaite utiliser à profit certains éléments de la machine politique fédérale et nous pouvons contribuer à faciliter la chose. Au niveau local, les députés peuvent aussi encourager la participation au sport. J'aimerais qu'ils s'intéressent beaucoup plus directement au sport et à la promotion du sport.

Ainsi, j'entrevois la possibilité d'un partenariat fructueux, mais qui serait entre le gouvernement fédéral et les milieux sportifs. Ensuite, les milieux sportifs devront mettre en place un «partenariat-mécénat» avec le secteur privé.

Les commanditaires sont réticents à être les partenaires du gouvernement dans les activités de mécénat, mais ils acceptent d'autres genres de partenariat, notamment en ce qui a trait à l'élaboration des politiques.

[Français]

M. Denis Coderre: J'ai deux dernières petites questions. Je veux bien vous croire et je suis d'accord sur les valeurs que vous proposez, ainsi que sur la façon dont vous faites la promotion du sport olympique. Malheureusement, quand je regarde le biathlon, au niveau du ski, du tennis ou du patin artistique, je me rends compte que les athlètes se disent de plus en plus qu'ils ne sont pas assez appuyés.

On voit d'ailleurs des athlètes comme Greg Rusedski, qui est maintenant au niveau professionnel mais qui a commencé comme amateur. On voit aussi le frère et la soeur Duchesnay qui sont partis en France. On voit, après l'exode des cerveaux, l'exode des athlètes. On perd des athlètes, et cela me fait dire qu'on n'en fait pas assez pour eux. Si tout ce que vous nous dites était suffisant, je pense qu'on n'aurait pas ce genre de problème avec les athlètes.

Il y a beaucoup d'athlètes, bien sûr, et vous allez peut-être me dire que la plupart ne se plaignent pas. Ce sont seulement quelques-uns qui se plaignent et qui font les manchettes des journaux. Mais on a quand même le sentiment que les athlètes sont trop souvent laissés à eux-mêmes et qu'on ne les considère rentables que lorsqu'ils ont une médaille.

Prenez Gaétan Boucher, Myriam Bédard et même Bruny Surin. Ils ont énormément de difficulté à avoir des commanditaires. On a même l'impression qu'ils sont un peu laissés à eux-mêmes.

Deuxièmement, Calgary a été financé à partir de fonds privés, en particulier au niveau des installations olympiques. On a vu la débâcle de Montréal. Est-ce que vous croyez que le gouvernement fédéral devrait investir dans l'édification d'infrastructures sportives pour les athlètes, ou bien devrait-on laisser ça au secteur privé? Merci beaucoup.

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Vous avez mis le paquet pour celles-là.

• 1745

D'abord, je ne voudrais pas laisser croire à quiconque que les athlètes disposent d'un financement adéquat. C'est le cas pour certains d'entre eux, dont les Elvis Stojkos et le Donovan Baileys de ce monde, mais la majorité des athlètes, comme je l'ai dit plus tôt, ne disposent pas d'un financement adéquat.

Ils reçoivent des fonds dans le cadre du programme d'aide aux athlètes du gouvernement fédéral, ils reçoivent des fonds de nous et certains d'entre eux reçoivent des contributions du secteur privé. Il ne fait aucun doute qu'il est très difficile pour un athlète d'obtenir une aide financière directe du secteur privé s'il ou elle ne jouit pas déjà d'une certaine renommée. Le secteur privé n'accordera pas d'aide financière à moins d'être certain d'un rendement des investissements.

Nous avons constaté que le secteur privé préfère s'associer aux fédérations sportives, à l'association olympique et aux programmes d'aide aux athlètes et ne s'occupe d'athlètes en particulier que lorsqu'ils ont acquis un certain renom. Ce n'est peut-être pas une mauvaise chose que le secteur privé intervienne à ce niveau-là. Un athlète qui ne serait pas déjà connu et qui n'aurait pas déjà remporté des succès serait écrasé par la pression s'il ou elle avait plusieurs maîtres. Je préfère que le financement provienne d'un organisme ou d'une association susceptible d'être plus sensible aux espoirs de l'athlète.

[Français]

M. Denis Coderre: Juste un instant. Entre vous et moi, est-ce que le rôle d'un athlète est de s'entraîner ou de rechercher du financement?

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: En règle générale, les athlètes ne cherchent pas des sources de financement, ils s'entraînent. Ce sont leurs agents ou leurs associations qui cherchent des sources de financement. Ainsi, très peu d'athlètes, même ceux au plus haut niveau, recherchent eux-mêmes leurs propres sources de financement. Ils reçoivent des fonds de l'association tout au long de leur développement ou ils se trouvent des commanditaires, par l'entremise de leur association ou directement, et ont un agent qui travaille pour eux. N'allez pas vous imaginer qu'ils passent leurs journées à aller cogner aux portes.

Vous avez soulevé de nouveau la question des professionnels et de leurs sources de financement ou de leur salaire. Pour moi ils ne font pas du sport mais bien du spectacle. Si vous voulez les inclure dans la catégorie du sport, je pense que l'un des problèmes les plus épineux auxquels nous nous heurtons lorsque nous parlons de «sport olympique et sport amateur» c'est la relation avec les médias.

Nous avons énormément de mal à retenir l'attention des médias tout au long de l'année. Ils s'intéressent davantage au sport professionnel parce qu'il fait vendre des journaux et que le public s'y intéresse beaucoup plus. C'est pour nous une lutte constante. Il y a parfois confusion quand le public est dégoûté du sport professionnel, parce qu'on a tendance à nous mettre dans le même panier, et nous souffrons nous aussi de ce mouvement de désaffection. Il y a parfois confusion dans l'esprit du public et cela nuit à notre capacité d'obtenir des fonds. Cela se répercute certainement sur notre capacité à obtenir une aide financière et une couverture médiatique adéquate.

[Français]

M. Denis Coderre: Est-ce que le gouvernement fédéral doit investir dans les infrastructures? Est-ce que c'est le secteur privé ou le gouvernement fédéral qui devrait contribuer à la mise sur pied d'un stade, d'une aréna ou de quelque chose comme ça?

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Le gouvernement fédéral joue un rôle dans cette activité et cela vaut la peine quand nous accueillons de grands événements sportifs. Ces installations resteront bien après la fin des jeux. Pour ce qui est de la mise en place d'infrastructures dans tout le pays, vous le faites déjà. Vous le faites depuis des années avec les Jeux du Canada. Les Jeux du Canada n'auraient jamais existé si vous n'aviez pas investi dans la construction des infrastructures requises.

Par conséquent, nous avons dans tout le pays de nombreuses installations sportives que nous n'avons pas les moyens d'entretenir dans certains cas. Nous n'avons pas les budgets d'exploitation et c'est un autre problème pour nous. Voilà la sagesse des jeux de Calgary puisque la collectivité a hérité des moyens d'exploiter ces installations. C'est un legs beaucoup plus précieux que les seules installations.

Pour l'instant, je ne suis pas chaude à l'idée d'investir dans la construction d'infrastructures. J'estime que nous devons mieux utiliser les infrastructures que nous avons déjà. J'étais gymnaste et j'ai voyagé partout en Russie et en Chine. Les meilleurs gymnastes au monde viennent de ces pays et je peux vous dire qu'ils s'entraînent sur des planchers en ciment; ils ne s'entraînent pas dans des gymnases luxueux comme les nôtres.

Nous devons injecter davantage de fonds dans l'entraînement et les systèmes de soutien dont ont besoin les athlètes et les entraîneurs. Nous avons déjà beaucoup d'infrastructures. S'il nous faut encore de nouvelles installations, que le secteur privé se charge de les construire.

• 1750

[Français]

Le président: Monsieur Plamondon.

M. Louis Plamondon: Madame, je voudrais vous parler des athlètes qu'on envoie aux Jeux olympiques. On a tendance à envoyer les athlètes de rang mondial, qui sont connus comme étant dans les 16 ou 18 meilleurs au monde. S'ils n'y en a pas dans cette tranche, s'ils sont 25e ou 30e, on n'envoie personne dans cette discipline-là. Pourquoi ne pas offrir à des jeunes, même s'ils ne sont pas parmi les plus performants au monde, l'expérience d'aller aux Jeux olympiques?

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: D'abord, les Jeux olympiques ne sont pas une vitrine pour les meilleurs athlètes d'un pays mais bien une vitrine pour les meilleurs athlètes au monde.

Ensuite, ils ne sont pas envoyés aux Jeux olympiques. Ils y vont volontairement. Ils s'entraînent, ils concourent pour obtenir le droit et le privilège d'être membres de l'équipe, d'aller représenter leur pays, et ils veulent y aller.

Troisièmement, il existe des quotas pour le nombre d'athlètes qui peuvent participer aux jeux. À titre d'exemple, seulement 10 000 athlètes du monde entier peuvent participer aux Jeux olympiques, et chaque pays se voient attribuer un certain nombre de places. Nous ne pouvons pas envoyer à notre gré 1 500 jeunes Canadiens. Un quota nous est attribué en fonction de notre taille. Nous avons en place un système de qualification pour les athlètes, et ils savent bien à l'avance ce qu'ils doivent faire. Nous sommes parmi les 16 premiers au monde. Nous sommes sans doute l'un des pays les moins rigoureux. L'Australie est dans les huit ou même six premiers, et l'Allemagne est à peu près au même niveau, comme d'ailleurs la Grande-Bretagne. Nous ne sommes pas très rigoureux au Canada lorsque nous plaçons les nôtres, parce nous estimons être encore à l'étape du développement dans de nombreux sports.

Nous sommes aussi très réticents à envoyer un athlète dont le rang serait trop faible parce que, être le dernier aux Jeux olympiques, c'est une expérience dévastatrice pour un athlète. Les jeux ne sont pas l'endroit où poursuivre son développement ou acquérir de l'expérience. Mieux vaut envoyer à certaines compétitions internationales partout dans le monde des athlètes classés au 30e rang pour qu'ils puissent concourir avec ceux qui se classent un peu au-dessus d'eux afin qu'ils puissent entreprendre de gravir les échelons. Déjà nous envoyions des athlètes prometteurs à n'importe quel événement, mais nous ne le faisons plus. Dans la plupart des cas, l'expérience s'avérait pour eux plus dévastatrice qu'utile.

[Français]

M. Louis Plamondon: Je vais poser une dernière question.

Il est arrivé dans le passé que des athlètes qui étaient reconnus comme étant les meilleurs au monde ne participent pas aux Jeux olympiques parce qu'ils n'avaient pas pu, à cause de leur horaire, participer à des compétitions canadiennes. N'y a-t-il pas là une contradiction avec ce que vous venez de dire? Vous dites qu'il faut envoyer les meilleurs au monde et, au moment où vous en avez, vous ne les envoyez pas parce qu'ils n'ont pas participé à une compétition canadienne.

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Vous avez peut-être un cas particulier en tête, puisqu'il ne me vient aucun exemple.

[Français]

M. Louis Plamondon: Le ski de fond avec Pierre Harvey.

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Lequel?

[Français]

M. Louis Plamondon: Le compétiteur de ski de fond Pierre Harvey.

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Je ne connais pas les circonstances du cas de Pierre. Sa fédération ne lui a-t-il pas interdit de concourir parce qu'il ne s'était pas présenté aux essais? Quelles étaient les circonstances? Je ne sais pas, mais Pierre Harvey figurait certainement sur notre liste.

[Français]

M. Louis Plamondon: Il était le meilleur au monde et il n'a pas représenté le Canada parce qu'il n'avait pas participé à une compétition canadienne. Alors, quand vous nous dites qu'on doit envoyer les meilleurs, cela me fait réfléchir. Il était en Europe, pendant cette compétition canadienne, pour participer à une compétition internationale. On ne l'a pas envoyé aux Jeux olympiques parce qu'il n'avait pas participé à la compétition canadienne. Cela contredit votre discours de tout à l'heure.

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: De quels Jeux olympiques s'agit-il?

[Français]

M. Louis Plamondon: C'était en quelle année? Je ne sais pas exactement, mais cela fait moins de 10 ans en tout cas.

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Il a certainement été membre de notre équipe olympique. Quel rang occupait-il dans le monde? Il ne satisfaisait peut-être pas aux critères de qualification. Dans le cas contraire, je serais très étonnée d'apprendre que Cross Country Canada lui a refusé ce droit. Ce ne serait pas l'Association olympique canadienne qui aurait refusé ce droit mais Cross Country Canada, mais je serais très étonnée qu'elle l'ait fait étant donné que le nombre de candidats est si restreint. Il ne répondait peut-être pas à leurs critères.

• 1755

[Français]

M. Louis Plamondon: C'est exactement ce que je voulais vous entendre dire. Il n'a pas respecté les critères. Il me semble donc que vos critères, en ce qui concerne le choix des athlètes, devraient être révisés et un peu plus objectifs.

Dans le cas dont je vous parle, il était dans les 10 meilleurs. Il me semble qu'il était le septième ou le huitième. Il n'a pas été envoyé aux Jeux olympiques parce qu'il n'avait pas participé à une compétition canadienne. À votre avis, ce critère de participation obligatoire à une compétition canadienne ne devrait-il pas être révisé?

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Je crois que le problème c'est que vous me parlez à moi. Je suis membre de l'Association olympique canadienne. Nous n'élaborons pas ces critères. Ce sont des critères qui sont élaborés par chaque fédération sportive. Nos critères concernent le rang parmi les athlètes mondiaux. Si un athlète est nommé par sa fédération et qu'il peut prouver qu'il a le rang voulu, il fait partie de l'équipe. Si une fédération sportive a d'autres critères, dont l'un pourrait être que l'athlète doit participer aux essais canadiens pour obtenir une place au sein de l'équipe pour un sport donné, et que l'athlète ne se conforme pas à ce critère—et c'est peut-être le cas ici, je n'en sais rien—, il faudrait alors que vous posiez la question à la fédération sportive en question.

[Français]

M. Louis Plamondon: Vous dites continuellement que ce sont les fédérations. Je voudrais avoir votre point de vue à vous et je voudrais pouvoir espérer que votre grande notoriété influencera les fédérations.

Je termine par une dernière question, et c'est vraiment la dernière, monsieur le président, au sujet du dopage.

La Commission Dubin avait fait des recommandations assez importantes qui ont été suivies de façon très sévère par le Canada, et à juste titre, sans doute. Il est à remarquer, cependant, que certains autres pays ne prennent pas de mesures similaires, et on se demande si parfois nos athlètes ne sont pas pénalisés par une vitamine qu'ils pourraient prendre et qui n'est pas considérée ici comme une drogue, mais qui l'est dans un autre pays. Est-ce que le Canada ne pourrait pas faire la promotion de critères universels avec des tests universels plutôt que de jouer seul dans sa patinoire?

[Traduction]

Mme Carol Anne Letheren: Eh bien, tout d'abord, les normes sont universelles. Au Canada, un médicament qui contient une substance interdite serait identique dans n'importe quel pays du monde. Les substances interdites ne sont pas désignées par un pays.

Deuxièmement, le Canada est le plus gros promoteur de normes universelles pour ce qui est des pénalités, de la méthodologie pour le dépistage de consommation de drogues, et il a joué un rôle de chef de file dans le domaine. Je serais très intéressée à savoir quels pays à votre avis n'ont pas une bonne politique, car je dirais que les principaux pays occidentaux et les plus gros comités olympiques nationaux dans le monde sont d'excellents défenseurs d'un système libre de substances interdites. Le Canada, l'Australie, la Grande-Bretagne, l'Allemagne—surtout depuis l'unification; non pas avant, mais l'Allemagne de l'Ouest l'a toujours été—sont extrêmement puissants au sein du mouvement antidopage.

Le président: Merci beaucoup, Louis.

Carol Anne, juste avant de terminer, car il ne nous reste que quelques minutes de vidéoconférence, vous avez parlé brièvement d'une des questions que nous devrions explorer, soit les régions ou les gens désavantagés. Je voulais vous signaler que j'ai parlé au grand chef Phil Fontaine la semaine dernière et qu'il comparaîtra devant notre comité en mars prochain pour parler de toutes ces choses que nous pourrions faire à son avis pour renforcer une présence active du sport dans nos collectivités autochtones au Canada. Je vous le signale, car je suis certain que vous pourriez nous apporter un appui.

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Il y a une chose que j'aimerais vous dire. La plupart des membres de notre comité ont constaté—c'est pour cette raison que nous sommes si dévoués à cette cause en particulier—que pour faire bouger les choses à Ottawa dans quelques secteurs que ce soit, que ce soit le secteur de la technologie de l'information, le secteur pétrolier et gazier ou le secteur de l'automobile, si on veut attirer l'attention ici pour avoir de l'appui pour un projet ou un secteur en particulier, il faut établir un lien avec la création d'emplois, avec l'impact sur l'économie générale du Canada.

Même si nous nous sommes peut-être éloignés de cette préoccupation centrale aujourd'hui—et nous vous remercions de nous avoir donné ce document d'information—, nous voulons vous rassurer que vous aurez toujours l'oreille de notre comité et que ce dernier se fera le défenseur de l'appui pour les progrès du sport au Canada. Nous estimons cependant que la meilleure tactique pour attirer l'attention du Conseil du Trésor ou des autres décideurs consiste à établir un lien avec la création d'emplois.

Nous sommes très heureux que vous ayez accepté de revenir nous rencontrer plus tard, vers la fin du mois de mars, afin d'élaborer une sorte de formule qui nous permettra d'aider tous les autres députés et la Chambre. Mais en même temps, ne songez pas uniquement aux députés; songez aux hauts fonctionnaires, qui adorent établir un lien entre ce qui se fait ici et la création d'emplois. J'espère que vous inclurez cela dans votre étude.

Mme Carol Anne Letheren: Oui, merci, Dennis. Absolument. C'est un domaine très intéressant et nous l'avons à peine effleuré ici aujourd'hui.

Cependant, s'il y a quoi que ce soit dans l'infrastructure du sport ou dans la façon dont le sport fonctionne qui puisse constituer un fondement important vous permettant de déterminer l'impact économique des sports, nous serons très heureux de faire cela également, mais il me semble d'après certaines questions qu'il soit nécessaire de déterminer dans une certaine mesure le contexte. Si c'est ce que vous voulez, nous pouvons le faire, mais nous serions très intéressés à vous parler des domaines où le sport contribue à la création d'emplois.

Le président: Nous vous ferons parvenir un questionnaire que, nous espérons, vous pourrez remettre aux personnes intéressées qui relèvent de votre compétence. Ce questionnaire, que nous avons conçu ici avec l'aide de nos attachés de recherche, sera envoyé à toutes les grandes associations sportives au Canada, que ce soit les associations professionnelles, amateurs, les fabricants de produits sportifs, etc. Nous voulons sensibiliser les gens au fait qu'ils participent effectivement à la croissance de l'économie, et nous voulons également les sensibiliser à l'impact sociologique ou culturel des sports.

Mme Carol Anne Letheren: Le questionnaire met-il l'accent sur l'impact économique?

Le président: Oui. Je vous ferai parvenir ce questionnaire d'ici à peu près une semaine.

Mme Carol Anne Letheren: Très bien, car on a fait énormément d'études sur le sport depuis quelque temps, et j'espère que ce sera quelque chose de différent de ce qu'ils ont déjà reçu par le passé.

Le président: C'est tout à fait différent. Bon nombre d'entre nous ont examiné les études qui ont été faites par le passé et nous n'en avons pas encore trouvé une, particulièrement parmi celles qui ont été effectuées au cours des dernières années, qui établisse un lien direct avec l'économie, avec la création d'emplois directs, indirects, etc., et c'est la préoccupation centrale de notre comité.

Mme Carol Anne Letheren: Vous avez tout à fait raison, et si c'est votre principale préoccupation, alors je pense que cela sera très bien reçu.

Le président: Je vous remercie beaucoup de vous être jointe à nous aujourd'hui. Bonne chance à Nagano, et nous vous reverrons en mars.

Mme Carol Anne Letheren: Merci beaucoup. Bonsoir.

Le président: La séance est levée.