SINS Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
SUB-COMMITTEE ON THE INDUSTRY OF SPORT IN CANADA OF THE STANDING COMMITTEE ON CANADIAN HERITAGE
SOUS-COMITÉ DE L'INDUSTRIE SPORTIVE DU CANADA DU COMITÉ PERMANENT DU PATRIMOINE CANADIEN
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le jeudi 5 février 1998
[Traduction]
Le président (M. Dennis J. Mills (Broadview—Greenwood, Lib.)): Avant d'entendre nos témoins, j'aimerais vérifier si tous mes collègues ont reçu le classeur noir qui représente le travail effectué par notre greffier et nos fonctionnaires le mois dernier pendant que nous étions en congé. Il porte essentiellement sur le questionnaire envoyé à plus de 300 organismes il y a quelque trois semaines, ainsi que sur certains des thèmes dont nous pourrions débattre; j'espère d'ailleurs que vous approuvez la plupart d'entre eux, sinon tous, et je propose que nous en discutions dans le contexte des travaux du comité, une fois que nous aurons entendu nos témoins d'aujourd'hui.
Cela étant dit, j'aimerais souhaiter la bienvenue à MM. Jean Harvey et Marc Lavoie.
M. Harvey est professeur à l'École des sciences de l'activité physique et vice-doyen de la recherche à la Faculté des sciences de la santé de l'Université d'Ottawa. Son travail de recherche porte essentiellement sur la politique en matière de santé, la politique en matière de sport et l'économie politique du sport. Il est l'auteur de nombreuses publications, dont un livre paru aux Presses de l'Université d'Ottawa, intitulé Sport et pouvoir: Les enjeux sociaux au Canada.
• 1110
M. Lavoie enseigne au département de Science économique, lui
aussi à l'Université d'Ottawa. Son travail de recherche porte
essentiellement sur la politique monétaire, la théorie de la
macro-économie et l'économie du sport. Il a récemment publié un
livre intitulé Avantage numérique: l'argent et la Ligue nationale
de hockey, publié par les Éditions Vents d'Ouest. Au cours des
prochaines semaines, il publiera un autre livre intitulé
Désavantage numérique: les francophones dans la LNH. M. Lavoie a
été membre de l'Équipe olympique du Canada en 1976 et en 1984, dans
la discipline de l'escrime.
Messieurs, bienvenue à notre comité; vous avez la parole.
[Français]
M. Jean Harvey (professeur, École des sciences de l'activité physique et vice-doyen (recherche), Faculté des sciences de la santé, Université d'Ottawa): Merci, monsieur le président. Messieurs et madame, membres du comité, d'abord et avant tout, merci de nous avoir invités à venir partager avec vous le résultat de nos recherches.
Je voudrais en premier lieu excuser l'absence du troisième auteur du mémoire, notre collègue Maurice Saint-Germain, qui enseigne et qui n'a pas voulu annuler son cours. Nous allons essayer de le représenter dignement.
Le mémoire présente quelques données recueillies dans le cadre de projets subventionnés par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada au cours des dernières années, et nous voudrions remercier cet organisme qui subventionne la recherche au Canada pour son appui financier.
Dans les 10 prochaines minutes, nous allons résumer rapidement les principaux points du mémoire. Je crois que certains d'entre vous n'ont eu le mémoire qu'hier, de sorte que vous n'avez peut-être pas eu le temps de l'étudier en profondeur. Cela nous permettra aussi de souligner quelques erreurs de traduction, qui sont toutefois mineures.
Le mémoire comporte trois grandes parties. La première porte sur le poids économique du sport. Je vous demande d'aller tout de suite au tableau 1, qui représente ce que nous appelons la grappe industrielle du sport. C'est une façon de démontrer graphiquement quels sont les impacts économiques, en amont et en aval, de l'industrie manufacturière des articles de sport. En effet, quand il y a production d'un article de sport, d'un soulier, d'un patin de hockey, cela implique une activité économique en haut, c'est-à-dire dans les industries primaires, mais aussi dans l'industrie tertiaire.
C'est donc un tableau que nous avons élaboré pour essayer de démontrer les impacts de l'industrie du sport en général et les différentes facettes des impacts économiques.
Ensuite, le tableau 2 présente une estimation des emplois et de la production de l'économie canadienne du sport. Je vous demanderais de vous concentrer sur la première grande colonne et la troisième. Selon nos estimations—les données datent de 1990—, il y aurait, dans l'industrie manufacturière du sport à strictement parler, 94 961 emplois au Canada et cela représenterait à peu près 3 milliards de dollars.
La troisième colonne, qui concerne les effets indirects, nous donne une estimation plus large. Et finalement, si on retourne à la grappe industrielle dont on parlait tout à l'heure concernant ce qu'il y a en amont dans les industries primaires, comme l'impact sur l'industrie primaire et l'industrie tertiaire, on peut estimer qu'au Canada, l'industrie du sport génère à peu près 237 000 emplois pour une valeur d'à peu près 5,8 milliards de dollars.
Regardons maintenant le tableau 3 à la page suivante.
[Traduction]
Le tableau 3 porte sur la situation de l'emploi au Canada, comparée à celle d'autres pays du G-7.
[Français]
Si on va à la dernière ligne en bas, on voit que le ratio économie du sport par rapport au PIB total représente 0,6 p. 100 au Canada, 1,4 p. 100 en Allemagne, 1 p. 100 en France, 1,7 p. 100 au Royaume-Uni et 2 p. 100 en Italie.
La figure 1, à la page suivante, démontre l'évolution de l'emploi dans les industries des produits du sport. C'est le centre de la grappe, qui comprend les articles de sport, les bateaux, les vêtements et les chaussures.
• 1115
On voit que les emplois ont
augmenté entre 1960 et 1991-1992 et que cette industrie
suit les cycles économiques de croissance et de
décroissance.
Finalement, la figure 2 présente deux tartes qui représentent le commerce extérieur des produits du sport. On voit que les origines des importations canadiennes sont très diversifiées, mais que les exportations vont dans une très grande majorité aux États-Unis. On parle d'un chiffre de 83 p. 100, ce qui démontre qu'on est très dépendants du marché américain pour la vente de nos produits.
On vous a distribué un autre graphique qui présente des données sur les États-Unis. Si on considère de la même façon l'origine et la destination des exportations, les États-Unis importent 7 p. 100 de leurs produits du Canada et en exportent 14 p. 100. Ils sont donc beaucoup moins dépendants que nous au niveau des articles de sport.
La deuxième partie porte sur les retombées économiques du sport professionnel. Je vais laisser la parole à mon collègue Marc Lavoie.
M. Marc Lavoie (professeur, Département de science économique, Université d'Ottawa): Récemment, on a beaucoup entendu parler des déboires des équipes canadiennes de hockey dans le sport professionnel. On entend souvent dire que ces équipes devraient peut-être être subventionnées par les gouvernements. Deux arguments pourraient être avancés en faveur de la subvention à accorder aux équipes canadiennes de hockey. Ce serait d'abord pour des raisons d'unité nationale sans doute, puisque le hockey est notre sport national, et ensuite pour des raisons économiques.
Il y a deux opinions très contradictoires portant sur l'impact du sport professionnel dans l'économie. La première opinion est celle des consultants qui sont engagés par les équipes professionnelles pour pousser à la construction d'une aréna ou pour obtenir des subventions de la part de municipalités ou de gouvernements régionaux et provinciaux, ou éventuellement même du gouvernement fédéral. Ces gens-là, généralement, estiment que les retombées économiques du sport professionnel sont extrêmement importantes.
D'un autre côté, il y a les économistes universitaires qui, pratiquement à 100 p. 100, sont de l'avis que la présence d'une franchise des ligues majeures dans une ville n'apporte pratiquement aucune retombée économique à la région.
Je vous ai également distribué un petit texte supplémentaire en arrivant. Il y a une version anglaise, qui est un résumé d'une seule page, et il y a la version complète en français avec un récapitulatif à la troisième page, qui correspond en fait au résumé en anglais. Je vous donne un exemple fictif.
J'imagine un club de hockey ou un club de base-ball qui aurait un budget annuel de 100 millions de dollars. Certains experts-conseils pourraient dire que les retombées économiques de ce club sont de l'ordre de 340 millions de dollars, ce qui est un chiffre considérable, alors qu'en faisant le calcul d'une façon qui apparaît correcte à des économistes universitaires, on trouve que les véritables retombées du club ne seraient peut-être que de 7 ou 8 millions de dollars, peut-être de 5 millions de dollars, peut-être de 10 millions de dollars et peut-être même de zéro.
D'autre part, des études économétriques ont été faites aux États-Unis également et n'ont démontré aucune évidence d'impact économique de ces équipes professionnelles sur les villes américaines où elles se trouvaient et où l'on construisait un nouveau stade ou une nouvelle aréna.
• 1120
Je vais conclure en disant qu'avant
de subventionner une telle industrie, il me semble
qu'il faudrait d'abord s'assurer qu'il y a effectivement
des retombées économiques.
Je passe la parole à mon collègue.
M. Jean Harvey: La troisième et dernière partie du mémoire porte sur le rôle du gouvernement dans le sport. Nous avons présenté un aperçu historique des interventions du gouvernement fédéral dans le domaine du sport. Nous avons montré, entre autres, que l'évolution des politiques sociales a eu une influence importante sur le rôle que le gouvernement a joué dans le domaine du sport. Vous trouverez aussi des commentaires sur le retrait financier du gouvernement au cours des dernières années et la restructuration de l'administration publique dans le domaine du sport.
Nos recommandations portent sur les points suivants: le besoin d'un financement adéquat pour le sport amateur et le besoin d'un financement adéquat pour les athlètes de haute performance. On pourrait même émettre ici l'idée qu'on pourrait considérer les athlètes de haute performance comme des employés de l'État puisqu'ils sont nos représentants et nos ambassadeurs à l'extérieur.
Nous soulignons aussi le fait que le gouvernement ne devrait pas amputer la Loi sur la condition physique et le sport amateur de l'une de ses parties, qui est toujours en vigueur et qui porte sur la promotion du sport pour tous. On constate que très peu de choses se font présentement là-dessus. On pourrait peut-être imaginer un quelconque impact économique si plus de gens pratiquaient des activités physiques.
Je vais m'arrêter ici et je vous remercie.
[Traduction]
Le président: Merci beaucoup, messieurs. Je pense qu'il est important de signaler à mes collègues que les recommandations se trouvent à la fin du mémoire.
Nous allons passer tout de suite aux questions. Monsieur Coderre.
[Français]
M. Denis Coderre (Bourassa, Lib.): Je suis très heureux de vous voir aujourd'hui parce que vous posez les vraies questions.
Je ne suis peut-être pas d'accord sur toutes vos réponses, mais je constate que vous posez les vraies questions et je pense que vous avez mis le doigt sur la plaie. Je crois, en tout cas, que notre comité est là principalement pour répondre aux questions que vous avez posées.
Je voudrais d'abord vous demander si vous considérez le sport comme un loisir ou comme une industrie. Vous pourriez peut-être répondre tout de suite à cette question.
M. Marc Lavoie: Je crois que c'est les deux. Le sport est un loisir du point de vue du consommateur et c'est une industrie du point de vue de celui qui fournit le service.
M. Denis Coderre: Je vous pose cette question parce qu'évidemment, votre réponse va avoir une relation de cause à effet dans le rôle que le gouvernement doit jouer.
Donc, si on considère le sport comme une industrie—je reviens à la question des retombées économiques dont vous avez parlé tantôt—, sur quoi vous basez-vous pour faire le calcul des retombées économiques?
Quand on parle d'un sport professionnel, que ce soit le hockey ou le base-ball, il y a des impacts de tous genres. Je dois vous avouer qu'en tant que Montréalais, la question des Expos de Montréal me trouble énormément. Il y a des impacts au niveau du tourisme aussi bien qu'au niveau des droits de télévision. Il ne s'agit pas seulement du vendeur de hot-dogs ou des gens qui achètent des billets. Il s'agit des retombées économiques par rapport à un sport professionnel. Il s'agit de toutes les industries alentour et également de la crédibilité d'une ville qui a une équipe de sport professionnel. Est-ce que vous avez mesuré tout cela?
M. Marc Lavoie: Les experts-conseils engagés par les équipes professionnelles et par les propriétaires d'équipes sportives essaient de mesurer cet impact «brut». Ils donnent généralement un chiffre très élevé, très substantiel. C'est en quelque sorte l'impact qu'on essaierait de voir de façon directe.
• 1125
Mais il y a un deuxième type d'impact que les
économistes essaient de mesurer: c'est l'impact de
synergie. J'ai lu le rapport concernant les Nordiques
de Québec à l'époque où ils voulaient obtenir une
nouvelle aréna. La firme qui faisait le rapport disait
qu'une équipe sportive entraînait des effets de
synergie; c'est-à-dire que, parce qu'il existe une
équipe de base-ball ou de hockey à Québec, à Montréal
ou à Ottawa, des entreprises vont établir leurs sièges
sociaux dans ces villes ou bien d'autres entreprises
vont essayer de faire affaire avec des équipes ou des
entreprises situées dans ces villes où on trouve des
franchises. C'est ce qu'on appelle les effets de
synergie.
Les experts-conseils ne peuvent cependant pas évaluer ces effets de synergie. Ils en parlent, mais ils ne peuvent pas les évaluer. Mais on pourrait imaginer que ces effets sont substantiels. Par exemple, on pourrait imaginer que la présence des Sénateurs d'Ottawa entraînerait l'établissement de cinq à sept entreprises à Ottawa. Si c'était le cas, on aurait dû observer, lorsque la franchise s'est établie à Ottawa en 1990 ou 1991, une croissance plus rapide de la région métropolitaine d'Ottawa-Carleton que celle d'autres villes comme Hamilton, qui n'ont pas obtenu de franchise.
C'est ce genre d'études que les économistes universitaires américains ont fait pour les États-Unis. Plusieurs études ont été faites et toutes ces études en arrivent à peu près au même résultat, à savoir que la présence ou l'absence d'une franchise dans une ville américaine ne change rien au taux de croissance de la région métropolitaine et ne change même rien à l'emploi dans la ville où se trouve la franchise par rapport aux villes environnantes ou par rapport aux autres villes américaines.
Par conséquent, économétriquement, on est incapable de le mesurer. Il y a peut-être un effet de synergie. Peut-être qu'effectivement des entreprises viennent s'installer, mais l'effet est tellement faible qu'on ne peut pas le mesurer.
M. Denis Coderre: Il n'en demeure pas moins, monsieur Lavoie, que la perte des Nordiques, à Québec, a eu un impact. Il est bien possible qu'on ne puisse pas le mesurer, mais l'impact semble quand même négatif quand on parle à des gens comme des chauffeurs de taxi ou des hôteliers. Ce n'est peut-être qu'au niveau des sentiments, mais l'impact semble très direct. Je pense qu'on doit le constater. De plus, vous avez parlé très justement de Hamilton qui, comme Saskatoon, fait des pieds et des mains pour avoir une équipe professionnelle.
N'y a-t-il donc pas un lien entre la crédibilité d'une ville et le fait qu'il y ait une équipe professionnelle dans cette même ville, tout comme on peut perdre cette crédibilité lorsqu'une équipe professionnelle quitte la ville? C'est la raison pour laquelle, à mon avis, on peut parler de l'impact important de la présence d'une équipe professionnelle dans une ville. C'est certainement un impact économique et pas seulement sentimental ou politique.
M. Marc Lavoie: Il y a au moins deux questions dans une seule.
[Traduction]
Le président: Avez-vous fini de répondre à cette question?
M. Marc Lavoie: Je n'ai même pas commencé.
Le président: J'essaie simplement d'organiser la séance en fonction du temps dont nous disposons. Je vais vous demander de répondre à la question de M. Coderre, puis à la question supplémentaire de M. Riis, avant de passer à Mme Tremblay. Allez-y.
[Français]
M. Marc Lavoie: Il est certain qu'il y a des impacts socio-psychologiques. La preuve, c'est que, quand les Canadiens de Montréal gagnent, il se vend plus de journaux le lendemain matin. Il est donc clair qu'il y a un impact psychologique.
Mais il est très difficile, sinon impossible, de mesurer les impacts économiques. Personne n'a pu démontrer qu'il y avait des retombées économiques positives pour une municipalité ou une région qui a une franchise dans les ligues majeures. Il y a d'ailleurs plusieurs explications à cela.
• 1130
Je pense que l'explication principale porte sur le
fait qu'un club de ligue majeure siphonne une partie
des dépenses de consommation des résidants de la
municipalité. Au lieu de dépenser leur argent
dans les restaurants et les centres de ski de la région,
ils vont le dépenser dans l'aréna pour voir l'équipe de
hockey ou l'équipe de base-ball.
Cet argent-là qui est siphonné vers l'équipe de
hockey n'est pas ensuite redistribué dans la
communauté, parce qu'une grande partie des dépenses va
aux salaires des joueurs et qu'une grosse partie va aux
taxes. Les joueurs épargnent une bonne partie de leur
salaire car ils savent que leur carrière
va durer en moyenne six ans, et il n'y en a donc qu'une
petite partie qui est consommée à l'extérieur. C'est
pourquoi il n'y a pas d'impact substantiel provenant de
la présence de ces équipes.
[Traduction]
Le président: Monsieur Riis.
M. Nelson Riis (Kamloops, NPD): Merci, monsieur le président.
Les questions sont à mon avis fort intéressantes et je suis fasciné par les réponses, car elles vont à l'encontre de ce que l'on entend généralement à cet égard, ce qui est des plus éclairant.
J'aimerais orienter les questions sous un autre angle et parler de la valeur que représentent de meilleures installations athlétiques et sportives, ne serait-ce que pour aller au-delà de la valeur économique attribuée à une franchise de ligue majeure. Vous avez dit que la localisation des entreprises sans attaches dépend surtout de facteurs économiques. Selon vous, l'existence d'une franchise de ligue majeure n'est pas le plus gros facteur déterminant—et n'en est même pas un peut-être—de l'endroit où une entreprise va s'installer; qu'en est-il alors des autres infrastructures, des possibilités offertes en matière de sports et d'athlétisme? Je suppose que cela aurait un impact; en effet, le fait de disposer d'installations sportives et de loisirs pour les employés hautement spécialisés que vous voulez attirer—et pour leurs familles—serait peut-être un facteur déterminant en ce qui a trait à l'emplacement d'une entreprise.
M. Marc Lavoie: C'est exact, car l'existence d'une franchise de ligue majeure n'est qu'un des facteurs susceptibles d'inciter les sociétés à déplacer leur siège social dans une région ou dans une ville donnée. La sécurité est certainement un autre facteur important—est-ce que les rues de la ville sont sûres—de même qu'un réseau de transport fiable—la vitesse des trains—la qualité du système d'éducation, le nombre d'universités, la qualité des écoles publiques—tous ces facteurs jouent un rôle très important. Par ailleurs, le nombre d'arénas où vos enfants peuvent jouer au hockey—tout cela peut avoir un impact sur l'emplacement des sociétés; le fait d'avoir une franchise de ligue majeure n'est qu'un seul de ces facteurs qui, même s'il est important, n'est pas le seul en cause.
M. Nelson Riis: Merci.
Le président: Madame Tremblay.
[Français]
Mme Suzanne Tremblay (Rimouski—Mitis, BQ): Je voudrais vous féliciter pour la qualité du travail que vous nous avez présenté. Je regrette seulement que nous n'ayons pas eu le temps de l'approfondir un peu plus pour vous poser des questions qui soient à la hauteur du document que vous nous avez remis.
Pour ma part, je suis très contente d'avoir été éclairée sur le fameux impact économique des franchises professionnelles, qu'on a toujours grossi, à mon avis.
À Montréal, on a toujours eu un club de hockey assez performant. On a une équipe de base-ball qui, même si elle est toujours composée de joueurs pee-wee, joue assez bien malgré tout. On essaie de nous faire croire que si on déménageait dans le quartier des Anglais, il y aurait plus de monde au base-ball. Mais pendant qu'on avait toutes ces performances-là, même avec les Alouettes de Montréal, la ville a perdu son statut de métropole et beaucoup de sièges sociaux ont déménagé à Toronto.
• 1135
Je dirais donc que tout cela ne fait que confirmer
l'exagération du soi-disant impact de l'équipe de
hockey professionnelle et de toutes ces équipes
professionnelles.
Quand je suis revenue de voyage, j'ai demandé à mon jeune frère ce qu'il y avait de nouveau au Canada à part le verglas. Il m'a répondu que la seule grande nouvelle était qu'un joueur de hockey avait réussi à signer un contrat de 48 millions de dollars. Et il m'a dit aussi qu'il ne regarderait plus le hockey parce que tout cela devenait ridicule.
En ce qui concerne la ville de Québec, je ne pense pas que l'économie ait baissé si terriblement depuis le départ des Nordiques. Cela nous confirme donc ce qu'on pensait, à savoir que les gens vont plus souvent au théâtre ou au cinéma. Il est vrai qu'à Rimouski, avec l'équipe performante que nous avons dans la Ligue junior majeure du Québec, l'aréna se remplit de 5 000 personnes à peu près chaque fois que les jeunes jouent. On n'a donc nullement besoin d'une équipe professionnelle. On a juste besoin d'avoir du monde qui a du coeur au ventre et qui veut jouer.
J'aimerais savoir si dans l'industrie du porc, non, du sport... Quel lapsus!
M. Denis Coderre: Cela dépend des joueurs, Suzanne.
Mme Suzanne Tremblay: Est-ce que le secteur de l'industrie du sport est si particulier qu'on doive le subventionner de façon si particulière? Ou bien pensez-vous que les programmes qui existent déjà à Industrie Canada pourraient être suffisants et que cette industrie-là devrait être traitée comme n'importe quelle autre industrie?
M. Jean Harvey: En ce qui concerne le sport professionnel, notre réponse est assez claire, mais nous avons deux recommandations concernant l'industrie manufacturière d'articles de sport.
Ces industries produisent évidemment des articles qui ne sont pas achetés uniquement par les joueurs professionnels mais également par tous les gens qui pratiquent des sports. Comme Industrie Canada se charge de développer l'industrie au Canada, nous pensons que le gouvernement fédéral pourrait appuyer les manufacturiers canadiens de produits de sport, en particulier en ce qui a trait à la recherche et au développement. Dans cette industrie-là comme dans d'autres industries, il s'agit de produits qui demandent beaucoup de main-d'oeuvre.
Le Canada ne peut pas toujours concurrencer les autres pays. Le Canada peut cependant avoir un avantage économique et générer de la croissance économique dans les produits haut de gamme, c'est-à-dire des produits qui demandent une grande technologie. Il existe des programmes de soutien à la recherche et au développement. Nous pensons que ces programmes-là devraient être renforcés et que les universités pourraient jouer un rôle important—puisqu'il y a de l'expertise dans les universités—en aidant les manufacturiers d'articles de sport à créer des produits haut de gamme qui seraient disponibles à la fois pour les athlètes canadiens de haute performance et pour l'ensemble des consommateurs canadiens.
Et si en même temps le gouvernement met en place des programmes qui permettent d'augmenter la pratique du sport par l'ensemble de la population canadienne, ces gens-là achèteront des produits et des articles de sport en plus grand nombre que les athlètes professionnels, ce qui générera beaucoup d'activité économique dans l'industrie du sport.
Mme Suzanne Tremblay: Merci.
En ce qui concerne le rôle plus spécifique du gouvernement, vous indiquez clairement dans votre rapport que les sports et les loisirs sont plutôt de compétence provinciale et vous recommandez ceci:
-
Que le financement au sport de haute performance soit
orienté avant tout en fonction d'améliorer l'aide
financière et les services accordés aux athlètes de
haut niveau.
Récemment, la ministre annonçait un programme pour subventionner les athlètes: 10 millions de dollars qui iraient à 300 nouveaux athlètes parmi ceux qui sont mentionnés.
• 1140
Est-ce que vous pensez qu'il serait préférable de
mieux financer un nombre restreint d'athlètes ou de donner
une subvention moyenne à plus d'athlètes? Est-ce que c'est
la quantité qu'on doit rechercher? Ce que je voudrais
éviter, c'est développer chez les athlètes—ça
n'existe pas encore, mais je ne voudrais pas qu'on y
arrive—une attitude d'assisté. Je ne voudrais pas
qu'un athlète pense que l'État doit le soutenir parce
qu'il est super-performant.
Je pense qu'on doit laisser aux entreprises privées le rôle de subventionner également les athlètes performants comme cela se fait. Est-ce que le rôle de l'État ne devrait pas plutôt être d'aider ceux qui ne sont pas capables de se trouver des subventions privées? Ceci permettrait d'augmenter le nombre des athlètes. Comment voyez-vous cela? Est-ce que vous pensez que la ministre a eu une bonne idée ou allez-vous critiquer la répartition qu'elle a faite?
M. Jean Harvey: Je pense que l'annonce de la ministre est une bonne nouvelle en soi. Il y a quand même quelques problèmes reliés au programme d'aide aux athlètes. On sait que cela fonctionne selon un système de brevets. Pour que l'athlète puisse obtenir un brevet de type A, par exemple, selon le type de discipline, il doit être classé entre quatrième et sixième au niveau mondial, etc.
Le rapport de la Commission Dubin, suite à l'incident concernant Ben Johnson, a été très très clair là-dessus. Il y a toutes sortes de problèmes de dopage et autres. Il semble que le Canada ait repris le contrôle de la situation. Le fait que les brevets soient reliés aux performances internationales cause des problèmes. Dans le rapport de la Commission Dubin, on suggère que ce soit relié aux performances canadiennes.
Dans certaines disciplines, par exemple—c'est un secret de polichinelle—, on sait que les 10 premiers au monde sont tous des gens qui sont dopés. C'est parce que le système antidopage n'est pas encore efficace à 100 p. 100. Aucun Canadien ne pourra donc avoir un brevet A dans cette discipline. C'est un aspect de la question.
L'autre aspect de la question, c'est que les subventions qui sont allouées présentement dans le cadre du programme d'assistance aux athlètes ne correspondent pas aux besoins des athlètes. On a des exemples récents. Un patineur de Gatineau disait dans un journal en fin de semaine que cette année allait lui coûter 67 000 $. Bien sûr, il obtient un certain financement du gouvernement canadien. Je ne sais pas quel brevet il détient, mais ce n'est pas avec 800 $ par mois qu'il peut faire face à ces dépenses. Le monsieur en question est barman pendant les fins de semaine et les soirées pour essayer de boucler son budget. Il n'a pas de commanditaires parce qu'il n'est pas une vedette et n'a pas encore obtenu de médaille.
Je vais vous donner un autre exemple. C'est une personne que l'on connaît mieux puisqu'il s'agit de Myriam Bédard. Elle nous a dit, dans une entrevue à la télévision, qu'elle devait réunir 300 000 $. Elle a maintenant un bon commanditaire, mais elle nous a expliqué que cela avait été extrêmement difficile à trouver.
La question est très complexe. D'une part, on peut demander à l'entreprise privée de fournir des commandites, mais les entreprises privées vont donner des commandites surtout à des athlètes qui sont déjà connus parce qu'elles pourront en tirer profit.
Ces entreprises privées le feront aussi dans des disciplines spécifiques, des disciplines qui se vendent bien commercialement. Il est plus facile pour un athlète de ski alpin d'avoir un commanditaire que pour quelqu'un qui fait du water-polo, car ce n'est pas un sport qui passe très bien à la télévision. Il est difficile de vendre des produits avec quelqu'un qui est extrêmement performant en water-polo. Cela crée donc toutes sortes de disparités dans l'aide aux athlètes.
Je recommanderais plutôt que le programme subventionne bien les athlètes et l'infrastructure dont les athlètes ont besoin, et cela uniquement si le gouvernement veut que les athlètes du Canada remportent un certain nombre de médailles et que l'on figure sur la scène internationale. Si c'est le souhait du gouvernement canadien, c'est la première décision qu'il doit prendre.
• 1145
Plusieurs autres pays le font pour toutes sortes de
raisons: promotion de l'image nationale, renforcement
de l'unité à l'intérieur du pays, instrument de relations
internationales parfois, de bonne entente entre les
pays. Les Jeux du Commonwealth et les Jeux de la
Francophonie en sont un exemple.
Je pense qu'on est dans la situation où, si on veut que nos athlètes continuent à bien performer et si le gouvernement veut qu'il n'y ait pas trop d'inégalité dans ces systèmes-là, on doit regarder très attentivement le programme d'assistance aux athlètes.
L'annonce de Mme la ministre ne nous donnait pas de précisions sur la question de bonifier ou non les subventions. Est-ce qu'on va donner plus d'argent aux athlètes qui ont des brevets A, B et C, ou bien est-ce qu'on va leur donner les mêmes montants? Si on leur donne les mêmes montants, ils vont faire face aux mêmes problèmes économiques. Est-ce qu'on va donner de l'argent à un plus grand nombre d'athlètes? On le dit, mais je n'ai pas assez de précisions pour être capable de vous donner des détails. Vous pouvez peut-être le vérifier car cela n'a pas été communiqué publiquement.
Mme Suzanne Tremblay: Est-ce qu'il y a un pourcentage aussi important qui va aux entraîneurs?
M. Jean Harvey: Oui, probablement. Des sommes d'argent sont alloués aux entraîneurs. Cela n'est pas une mauvaise idée, parce que si le Canada souhaite que les athlètes soient performants, il faut que les entraîneurs puissent gagner leur vie à faire cela, parce que c'est un emploi à temps plein. Les fédérations sportives n'ont pas toujours les moyens de payer les salaires des bons entraîneurs, alors que dans d'autres pays, on le fait. C'est difficile de retenir les bons entraîneurs.
Mme Suzanne Tremblay: Merci beaucoup.
Le président: Madame Guarnieri.
[Traduction]
Mme Albina Guarnieri (Mississauga-Est, Lib.): Merci beaucoup. Votre mémoire suscite un bon nombre de questions et vous pouvez voir par l'empressement de tous ceux présents ici que vous nous avez donné matière à réflexion.
Ce que vous dites au sujet des salaires des athlètes m'intrigue; vous dites en effet qu'ils «ne sont... pas réinjectés dans la communauté et constituent des fuites substantielles, qui compensent les injections nettes». Vous en concluez qu'il n'y a pas de raison économique justifiant le subventionnement d'une telle activité.
Ma question est la suivante; si vous considérez, par exemple, que la LNH est une industrie nord-américaine, une industrie dont la plupart des intervenants sont des Canadiens, n'est-il pas logique de chercher à conserver une part importante de cette industrie? Si nous y renonçons et finissons par avoir plus de joueurs américains, cela n'équivaut-il pas à une perte nette pour notre pays et pour cette industrie en particulier?
M. Marc Lavoie: Eh bien, les joueurs canadiens jouent partout, au Canada, aux États-Unis et il est également possible que nous ayons des joueurs finlandais ou russes ici. Je ne suis pas tout à fait sûr...
Mme Albina Guarnieri: Ce que je veux dire, c'est que les joueurs canadiens ont excellé dans la LNH; je suis sûre que vous êtes prêt à l'admettre. Maintenant, si nous disons qu'il ne sert à rien de chérir et protéger à tout prix le hockey professionnel au Canada, logiquement... Vous dites dans votre mémoire qu'un faible pourcentage seulement des salaires est dépensé et que, du fait que les salaires ne sont pas réinjectés dans l'économie, ils constituent une fuite de capitaux, une perte nette pour le pays. Je soutiens que si l'on a moins de joueurs de hockey canadiens—ce qui peut se produire, n'est-ce pas?—on risque d'avoir plus de joueurs américains au sein de la LNH, par exemple?
Permettez-moi de vous donner un exemple. Je crois que la plupart des gens reconnaissent la valeur intrinsèque du hockey pour les Canadiens et je pense que vous avez omis dans votre mémoire d'analyser en profondeur l'importance du revenu touristique et du revenu lié aux loisirs.
• 1150
Beaucoup d'amateurs sont prêts à financer les sports sans
compter. L'année dernière, un de mes cousins d'Angleterre voulait
voir un match de la LNF et j'ai dû l'amener à Buffalo. Si un tel
match pouvait se dérouler à Toronto... Si Toronto est une ville
ennuyante, je ne vais pas pouvoir y dépenser mon argent.
Je crois que personne ne dirait, par exemple, que Los Angeles n'a pas été construite par les Dodgers, mais est-il juste de comparer le hockey au secteur de la fabrication automobile? Je me demande simplement comment vous êtes arrivé à vos conclusions.
M. Marc Lavoie: Toutes les études effectuées par les consultants essayent de prendre en compte le revenu touristique qui découle de la présence d'équipes de hockey ou de base-ball, à Toronto ou à Montréal. Dans l'exemple que j'ai inventé, je tiens également compte de ces retombées économiques touristiques.
Mme Albina Guarnieri: Les retombées économiques.
M. Marc Lavoie: Il reste que l'on pourrait toujours arriver à la conclusion—si l'on pouvait faire une recherche approfondie sur le sujet—que malgré ce revenu touristique, la présence d'une équipe de hockey se traduit par plus de sorties que d'entrées d'argent.
J'en ai déjà donné la raison: les salaires très élevés représentent un fort pourcentage des dépenses des équipes de hockey et seul un très faible pourcentage de ces salaires est réinjecté dans l'économie.
Le président: Puis-je intervenir? J'ai besoin de réponses. Les frais de personnel de la Ligue nationale de hockey au Canada s'élèvent à 160 millions de dollars environ. Conformément aux lois fiscales du Canada, ces salaires sont imposés à la source, si bien que près de 55 à 60 p. 100 de ces salaires reviennent au Trésor. Pouvez-vous alors m'expliquer comment vous pouvez parler d'une fuite de capitaux? Même les joueurs au Canada—près de 70 p. 100 d'entre eux résident au Canada—dépensent une grande partie de ce qui leur reste en maisons, bateaux, voitures et autres investissements propres aux joueurs canadiens de la ligue de hockey.
M. Marc Lavoie: Effectivement, mais si les consommateurs achetaient des billets de téléphérique au lieu de billets de hockey, le Trésor obtiendrait toujours le même montant, si pas plus. De ce point de vue fiscal, il n'y a pas de différence, ou du moins, nous pouvons le supposer.
La grosse différence, par contre, c'est que l'argent n'est pas réinjecté dans l'économie. Le fait que le gouvernement fédéral dispose de plus d'argent ne veut pas nécessairement dire qu'il va le dépenser; c'est d'ailleurs le débat de l'heure. Certains prétendent que cet argent devrait servir à réduire la dette. Le fait que le gouvernement perçoive plus d'impôts ne veut pas dire qu'il va dépenser plus de cet argent; on pourrait le supposer dans le cas d'une ville ou d'une municipalité, d'une ville surtout, mais en général, ce n'est pas nécessairement le cas d'un gouvernement provincial ou du gouvernement fédéral.
Mme Albina Guarnieri: J'ai une autre question qui fait suite à ce que vous venez juste de dire. Vous parlez de retombées économiques, mais que pouvez-vous me dire au sujet des retombées sociales?
Lorsque j'étais secrétaire parlementaire au ministère de Patrimoine canadien, j'ai eu l'occasion de parler à des gens qui participaient au Programme des citoyens autochtones. Ils m'ont toujours dit que dans une région en crise ou une région peu favorisée, la construction d'une patinoire, par exemple, pouvait entraîner des retombées sociales positives se traduisant par moins de criminalité, moins de criminalité chez les jeunes, etc. Avez-vous fait des études sur ces retombées sociales?
M. Marc Lavoie: Je suis d'accord avec vous sur ce point. Si vous construisez un petit aréna dans une petite ville comme Rimouski, je suis sûr que cela entraînera des retombées socio- économiques positives. Par contre, si vous construisez au centre ville de Montréal un nouveau stade de 200 millions de dollars et que vous en subventionnez la moitié, je ne suis pas sûr que les retombées socio-économiques seraient si importantes.
Mme Albina Guarnieri: S'il n'y a pas de stade au centre-ville de Toronto, par exemple, et que vous voulez assister à un match d'une équipe professionnelle, où allez-vous? Vous devez aller aux États-Unis, dépenser votre argent au casino, ou faire d'autres activités, n'est-ce pas? Ne voyez-vous pas l'avantage d'avoir le stade dans votre ville de manière à inciter les équipes à venir y jouer?
M. Marc Lavoie: Dans l'exemple que j'ai inventé ici, je prends tous ces facteurs en compte. Effectivement, il y a des gens qui n'hésiteront pas à aller voir un match de base-ball à Detroit. Par contre, je suis sûr qu'il y a déjà eu beaucoup de gens vivant à Winnipeg ou à Québec qui se sont rendus dans d'autres villes du Canada ou à l'étranger, aux États-Unis, pour suivre un match des Jets ou des Nordiques. Il y a des sorties d'argent, parce que certaines personnes... Les équipes de cameramen de TSN allaient à Québec ou à Winnipeg pour la télédiffusion des matchs; mais il ne faut pas oublier non plus que les amateurs y allaient aussi.
Le président: D'autres députés souhaitent vous poser des questions, monsieur Lavoie. En toute justice, cependant, je pense que nous devrions rappeler à mes collègues que vous reconnaissez vous-même dans la recommandation 3(ii) de votre rapport que: «les retombées directes et induites des franchises professionnelles n'ont jamais été démontrées par des études indépendantes». En d'autres termes, vous dites très clairement que nous n'avons jamais véritablement fait d'analyse approfondie de cette question dans notre pays. Est-ce ainsi que je dois interpréter votre...?
M. Marc Lavoie: Je crois que cette phrase a un sens différent de celui que vous lui attribuez. Ce que je veux dire, c'est que les chercheurs universitaires qui se sont attardés sur cette question n'ont pas pu trouver la preuve d'un impact économique positif. C'est ce que je veux dire.
Le président: Voulez-vous dire que tous les emplois que l'on peut retrouver dans ce secteur—oublions les athlètes, un instant, et ne pensons qu'aux employés réguliers qui s'occupent des installations, des concessions ou qui sont des publicitaires ou des imprimeurs—que tout cela n'a aucune valeur?
M. Marc Lavoie: Si les gens ne dépensaient pas leur argent à acheter des billets de hockey, ils dépenseraient peut-être leur argent autrement. Peut-être qu'ils achèteraient des livres.
Le président: D'accord, je vois maintenant ce que vous voulez dire.
M. Wood, puis M. Provenzano.
M. Bob Wood (Nipissing, Lib.): De toute évidence, je ne vois pas ce que vous voulez dire. Je pense que les équipes de hockey produisent des retombées économiques très importantes, comme le président l'a indiqué et comme M. Coderre l'a indiqué au début de son intervention. Comment ne pouvez-vous pas en tenir compte? Cela fait partie du sport. Vous dites qu'il ne produit aucune retombée, puis plus loin vous dites—et vous citez une foule de consultants— «les Nordiques de Québec engendraient un impact économique annuel de 50 millions de dollars à Québec et de 100 millions au Canada». Donc, selon tous ces consultants, cette équipe a produit des retombées économiques de 50 millions de dollars pour la ville de Québec. C'est la même chose pour les Jets de Winnipeg.
Dans ce genre d'analyse, il faut tout prendre en considération—les gens qui travaillent dans les concessions, ceux qui prennent des billets, ceux qui vendent des souvenirs. Si vous essayez d'acheter un chandail des Maple Leaf de Toronto au Maple Leaf Gardens, il va vous coûter 100 $. Il y a sûrement des retombées.
Ma question est la même que celle posée par mes collègues, essentiellement. Vous pourriez peut-être m'expliquer pourquoi il y a une telle divergence entre votre analyse et celle d'une foule de consultants qui ont, eux aussi, fait des analyses. Nous utiliserons simplement les Nordiques de Québec comme exemple.
M. Marc Lavoie: Je vais vous donner une réponse très simple: les consultants sont payés pour démontrer que les équipes de sport professionnel présentent d'énormes avantages économiques, tandis que les universitaires ne sont payés par personne. Ils font cette étude simplement parce que c'est un sujet qui les intéresse. Et la plupart des économistes universitaires qui ont fait de la recherche sur ce sujet sont des amateurs de sport.
Pourquoi ai-je pris le temps d'écrire deux livres sur le hockey et le sport? C'est parce que je suis un amateur de sport. Mais nous ne sommes pas payés par ces équipes, et par conséquent nous rapportons ce que nous constatons. Et nous constatons que cet impact est nul. Il y a peut-être un certain impact économique, mais personne n'a réussi à en établir l'existence.
Le président: Allez-y si vous avez une autre question, Bob.
M. Bob Wood: J'ai une autre question, mais pas à ce sujet.
Le président: D'accord, dans ce cas, je pense que M. Riis a une brève question supplémentaire.
M. Nelson Riis: Non.
Le président: Non? D'accord, allez-y.
M. Bob Wood: J'aimerais simplement revenir à ce que disait Mme Tremblay à propos des contributions financières.
Monsieur Lavoie, vous avez été un athlète amateur, un athlète olympique. Comment les contributions financières du Canada se comparent-elles à celles d'autres pays? Quand des athlètes comme vous se rencontrent à l'occasion des Jeux olympiques, ils parlent de toute évidence de financement, de ce que font les autres pays. À votre avis, quelle est la situation en ce qui concerne la contribution financière du gouvernement fédéral à nos athlètes? Est-elle bonne, est-elle mauvaise?
M. Marc Lavoie: Je pense que cette contribution est lamentable.
M. Bob Wood: Pourriez-vous nous donner une idée ou peut-être quelques exemples de ce que font les autres pays?
M. Marc Lavoie: Tout d'abord, dans les autres pays, il y a des professeurs d'éducation physique qui travaillent à temps plein pour diverses fédérations. Ils sont payés par les fédérations mais aussi indirectement par les gouvernements. Par conséquent, ils sont payés pour organiser des compétitions, ils sont payés pour servir d'entraîneurs à différents niveaux pour les bons athlètes et pour ceux qui veulent le devenir.
En ce qui concerne l'aide que reçoivent les athlètes, je pense qu'il existe aussi une énorme différence, surtout dans les sports moins connus, comme l'a indiqué Jean. Dans les sports moins connus, la plupart des pays européens offrent à leurs athlètes une aide financière beaucoup plus importante que celle offerte ici, et ils les aident aussi à participer à diverses compétitions internationales.
M. Bob Wood: J'ai juste une autre question. Lorsque vous avez représenté le Canada aux Olympiques comme athlète, combien d'argent avez-vous reçu de Sport Canada? Vous en souvenez-vous?
M. Marc Lavoie: En 1976, je pense que c'était environ 200 $ par mois en plus de mes frais universitaires qui, à l'époque, s'élevaient à environ 600 $ par année. Vers 1984, je pense que c'était à peu près 400 $ par mois.
M. Bob Wood: Incroyable!
Le président: Nous passerons maintenant à M. Riis, suivi de M. MacKay, puis nous reviendrons.
M. Nelson Riis: Je vous remercie, monsieur le président. J'ai simplement une observation.
Je trouve votre quatrième recommandation intéressante, à propos du sport professionnel et de l'ALENA et de la concurrence déloyale dont font l'objet les Canadiens.
Le président: C'est une recommandation dont il va falloir que je me souvienne.
M. Nelson Riis: Il faudrait vraiment que j'examine longuement et attentivement l'ALENA pour y trouver un avantage quelconque, mais c'est peut-être un cas où nous pourrions en fait invoquer l'ALENA pour dire à nos homologues américains qu'ils ont toute une série de subventions qui nous causent un préjudice considérable. C'est peut-être une possibilité que notre comité pourrait examiner afin de s'en servir à notre avantage pour améliorer nos possibilités ici au Canada, si nous faisons partie de l'ALENA. C'est une observation qui me plaît particulièrement.
J'aimerais maintenant passer à un autre aspect et faire un commentaire plutôt général et vous poser une question. Ces dernières années, nous avons mis à l'essai un programme d'infrastructure au Canada tant pour créer des emplois à court terme que pour développer une infrastructure municipale—égouts, aqueducs, routes, et ainsi de suite. Que penseriez-vous, et quel serait à votre avis l'impact général, de la mise sur pied d'un programme d'infrastructures municipales pour construire des installations sportives et récréatives dans les différentes collectivités du Canada afin, premièrement, de créer évidemment des emplois à court terme dans les secteurs de la fabrication et de la construction et ainsi de suite? Quelles seraient les retombées socio-économiques d'une telle mesure pour notre pays?
M. Jean Harvey: Cela me semble une proposition intéressante. De toute évidence, les jeunes auraient de plus nombreuses possibilités de participer à des activités sportives au lieu d'être de simples spectateurs. Cela pourrait créer toute une nouvelle génération d'amateurs de hockey. Cela pourrait aussi donner à un plus grand nombre de garçons—et de filles maintenant aussi—la possibilité de participer à des compétitions de hockey sur glace et permettrait d'augmenter le nombre de joueurs de hockey professionnels dans la LNH.
Prenons l'exemple du hockey féminin. Ce sport est en train de prendre de plus en plus d'ampleur. Mais aujourd'hui, les filles doivent se battre pour pouvoir utiliser les patinoires dans les municipalités parce qu'elles sont monopolisées par les garçons. C'est une situation difficile. Comment peut-on offrir des débouchés aux filles qui veulent jouer au hockey et comment pouvons-nous développer le hockey féminin au Canada si elles n'ont pas accès aux patinoires? Je pense que les retombées économiques d'une telle activité seraient beaucoup plus importantes qu'une franchise de sport professionnel.
M. Marc Lavoie: J'aimerais simplement ajouter que peut-être en ce qui concerne le hockey, le problème est d'avoir accès à un aréna à moins que vous vouliez jouer dehors, ce que les enfants faisaient auparavant mais ne semblent plus faire. En général, si je songe à d'autres sports, je dirais que ce n'est l'équipement qui est le problème, mais plutôt l'encadrement.
J'ai visité de nombreux pays lorsque je faisais de la compétition. J'ai été en Hongrie et en Pologne, des pays qui ont une longue tradition sportive, et je ne crois pas que leurs équipements ou leurs installations étaient meilleurs que les nôtres. Souvent ils avaient moins de superficie. C'est simplement qu'ils avaient des douzaines d'entraîneurs.
Le président: Monsieur MacKay.
M. Peter G. MacKay (Pictou—Antigonish—Guysborough, PC): Monsieur le président et messieurs les témoins, je m'excuse de mon retard.
Je suis désolé de n'avoir pu entendre toute votre présentation. Je tiens à vous féliciter tous deux pour votre travail. De toute évidence, vous avez tous deux apporté une grande contribution aux sports en général et vous continuez de le faire.
Peut-être vais-je simplifier un peu trop vos commentaires mais, dans l'ensemble, nous sommes en train de parler de la participation du gouvernement canadien aux étapes du début ou de la fin du développement du sport.
Nous parlons des sommes d'argent consacrées au sport professionnel, surtout aux salaires, et ce que le pays en retire, et je n'ai pas pu m'empêcher de relever le commentaire fait par notre président selon lequel cet argent reste jusqu'à un certain point au pays sous la forme de l'imposition directe des salaires des joueurs.
Tout d'abord, n'est-il pas juste de dire que la situation que nous constatons est peut-être le résultat de la lourdeur de l'impôt au Canada? Les joueurs canadiens décident de partir et de jouer pour des franchises américaines parce que leurs salaires sont considérablement réduits s'ils sont payés en dollars canadiens. Cela semble avoir été la tendance chez nos meilleurs joueurs. Je parle des joueurs étoiles de la LNH qui quittent les équipes canadiennes et des équipes canadiennes qui quittent le pays. Les exceptions sont très rares. Nous avons vu Mark Messier revenir à Vancouver récemment, mais en général, les joueurs étoiles et certaines excellentes équipes comme les Nordiques, qui ont remporté la Coupe Stanley l'année après avoir quitté le Canada... L'impôt est-il un facteur ici?
M. Marc Lavoie: Il est toujours possible de donner des exemples du contraire. Par exemple, Mark Messier, qui jouait pour les Rangers de New York, est revenu jouer pour les Canucks de Vancouver. Deuxièmement, ce qui se passe, c'est que la plupart des joueurs, jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 32 ans, ne peuvent pas choisir où ils vont jouer.
M. Peter MacKay: Je ne suis pas bien sûr de vous suivre.
M. Marc Lavoie: Il n'existe plus de clause de réserve dans le hockey, mais ceux qu'on appelle soi-disant «des agents libres» ne sont absolument pas libres. Il existe différentes catégories d'agents libres. Les seuls véritables agents libres sont les joueurs qui ont plus de 32 ans—et à partir de l'année prochaine ce sera 31 ans—ou les joueurs qui sont au bas de la ligue. Les autres ne sont pas vraiment des agents libres en ce sens que, si leur équipe leur offre un certain type de contrat comparativement à ce qu'ils avaient auparavant, ils n'ont pas vraiment le choix. Ils ne décident pas où ils vont jouer. Ils peuvent montrer qu'ils ne sont pas vraiment heureux où ils sont et pour finir le gérant général peut décider d'échanger le joueur en question, mais en général la plupart des joueurs n'ont pas le choix.
En ce qui concerne l'impôt, nous disons entre autres dans les recommandations à la fin du mémoire que de toute évidence de nombreuses villes américaines subventionnent effectivement leurs équipes sportives, surtout au niveau du coût de la location de l'aréna ou par divers types d'exemptions fiscales si elles achètent elles-mêmes l'aréna ou le stade.
Bien entendu, si c'est le genre d'imposition dont vous parlez, effectivement les équipes américaines ont certains avantages. C'est pourquoi nous avons recommandé la possibilité que des avocats, dans le cadre de l'ALENA, examinent la situation pour déterminer si les villes canadiennes qui risquent de perdre leurs équipes devraient déposer dans ce cas une plainte de pratique commerciale déloyale.
M. Peter MacKay: Monsieur le président, j'aimerais poser une question complémentaire.
Ici encore, je sais que ma question risque d'être trop générale, mais votre mémoire aborde tant de sujets intéressants. Je regrette vraiment de n'avoir pas davantage de temps pour vous parler personnellement de certaines des hypothèses que vous soulevez.
En ce qui concerne la participation financière du gouvernement canadien au sport au Canada, pas simplement le hockey mais en général, avez-vous l'impression qu'il serait préférable de consacrer cet argent au développement du sport amateur pour continuer d'essayer de produire des athlètes de haut niveau, que ce soit de niveau olympique ou de niveau professionnel? Est-ce l'orientation générale que devrait envisager le gouvernement ou, au contraire, serait-il préférable de consacrer notre argent à des mesures qui nous permettront de garder les franchises du sport professionnel au Canada, de continuer à favoriser une très forte participation de sportifs de haut niveau, pour que nous puissions rester compétitifs à l'échelle nationale, de manière à favoriser la participation d'un plus grand nombre de jeunes athlètes; ou devrions-nous revenir à l'essentiel et tâcher de former des athlètes dans les collectivités mêmes?
Je suis tout à fait d'accord avec mes collègues qui ont dit que si nous avions plus de patinoires, si nous avions plus de gens qui participent à ce niveau très élémentaire dans nos collectivités, cela aurait une influence positive sur le pays.
M. Marc Lavoie: Je pense que cela dépend des objectifs que vous visez au bout du compte. Si nous examinons simplement les retombées économiques du sport professionnel, je ne crois pas qu'il y en ait beaucoup. Si nous examinons les conséquences psychologiques, si cela incite les gens à faire davantage de sport, alors c'est une bonne chose.
La même chose vaut pour le sport amateur: voulons-nous subventionner le sport amateur? Même en donnant seulement 200 $ par mois en 1976... Cela dépend entièrement du but visé. Si le but visé est de s'assurer que les Canadiens sont en meilleure santé, alors il faut prendre les moyens pour arriver à ce résultat.
M. Peter MacKay: Avez-vous l'impression que cela devrait être un objectif important; que les Canadiens soient en meilleure santé comme le sont les habitants de certains pays européens?
M. Jean Harvey: Il y a quelques semaines, l'Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie a publié un rapport indiquant que les Canadiens ne sont pas suffisamment actifs. Le gouvernement du Canada et les provinces ont signé un accord après les Jeux de Victoria pour accroître la participation canadienne aux sports de 2 p. 100 par année au cours des prochaines années. Rien n'a encore été fait.
En fait, la participation accrue de tous les Canadiens à des activités sportives aura des incidences économiques favorables sur l'industrie, mais à mon avis, ce n'est pas le plus important. La participation à une activité physique est un facteur déterminant de la santé de la population.
Par conséquent, cela a toutes sortes de conséquences. Si nous voulons contrôler les dépenses en matière de santé, c'est un très bon moyen.
Le président: Monsieur Provenzano.
M. Carmen Provenzano (Sault Ste. Marie, Lib.): J'aimerais revenir au sujet abordé plus tôt. Je pense, messieurs, que je commence à comprendre le contexte dans lequel vous avez formulé vos conclusions. Nous commençons par une analyse de l'impact économique effectuée par d'autres, selon laquelle la présence d'une franchise de la ligue nationale de hockey dans une collectivité pourrait produire des retombées se situant entre 300 millions de dollars et 600 millions de dollars. Ce que vous dites, c'est que si on tient compte de quatre facteurs importants, ces avantages économiques seraient nuls.
Pour m'assurer de bien comprendre le contexte et les paramètres que vous utilisez, prenons simplement l'exemple d'un mégacentre commercial qui s'installe dans une collectivité. J'ai appliqué vos quatre facteurs, que vous considérez d'une importance capitale. Mis à part l'aspect impôt, si vous examinez les trois autres facteurs—le revenu du ménage plutôt que les ventes des commerces comme un indice économique clé de l'impact d'une activité sur le bien-être d'une région—il ne fait aucun doute que dans le cas d'un mégacentre commercial, ce facteur s'appliquerait et que vous vous en serviriez pour conclure que la présence d'un tel centre commercial ne produit aucun avantage économique puisque c'est exactement ce sur quoi est basé le mégacentre commercial: les ventes des commerces.
Une grande partie de ces ventes est réalisée grâce à des produits qui ont été fabriqués ailleurs. Au Canada, nous produisons très peu de marchandises qui seraient vendues dans un mégacentre commercial et qui seraient vendues sur une base quotidienne. Donc, ici encore votre critère s'applique.
L'étude indique que s'il n'y avait aucune franchise, les ménages locaux continueraient d'injecter de l'argent dans l'économie locale. S'il n'y avait pas de mégacentre commercial et que j'appliquais votre facteur, cet argent serait dépensé ailleurs dans l'économie.
En fonction de ce que vous indiquez ici, si j'utilise vos critères, vos facteurs, j'arriverais à la conclusion que le mégacentre commercial ne présentera aucun avantage économique pour une collectivité. Acceptez-vous cette conclusion?
M. Marc Lavoie: Ce serait le cas jusqu'à un certain point, effectivement. Si vous prenez simplement les Wal Mart et tous ces genres de magasin, effectivement, ils se débrouillent très bien mais parallèlement ils tuent des magasins comme Canadian Tire et Zellers. Il y a un effet de substitution jusqu'à un certain point, effectivement.
M. Carmen Provenzano: J'aimerais comprendre votre raisonnement. Dans mon exemple, le fait qu'un mégacentre commercial a ajouté à l'attrait touristique d'un endroit en particulier... en attirant, disons, 5 000 personnes qui n'y seraient pas venues autrement, serait un facteur que vous écarteriez parce que vous n'avez pas de données là-dessus.
M. Marc Lavoie: La différence c'est que le constructeur du mégacentre commercial n'essayera pas d'obtenir de subventions du gouvernement fédéral, n'est-ce-pas?
M. Carmen Provenzano: Je voudrais savoir pourquoi on écarterait un facteur comme celui-là. Si le mégacentre commercial attirait 5 000 ou 10 000 personnes de l'extérieur, s'il devenait un des attraits touristiques de la région, pourquoi alors écarter un facteur aussi important seulement parce qu'on n'a pas de données à ce sujet?
M. Marc Lavoie: Nous ne l'écartons pas nécessairement. Il faut tout simplement bien calculer les retombées du mégacentre commercial. Si ses futurs propriétaires veulent obtenir des subventions de la municipalité, du gouvernement fédéral ou du gouvernement provincial, ils pourraient simplement gonfler les retombées économiques et les chiffres. Un examen sérieux fera peut- être ressortir un certain impact qui sera très probablement de cinq à dix fois moindre que celui évalué par les promoteurs du projet.
M. Carmen Provenzano: Donc, essentiellement, pour vous, une activité de ce genre se retrouverait dans la même catégorie qu'une franchise de la LNH, comme une activité n'ayant probablement aucune retombée économique pour la collectivité.
M. Marc Lavoie: La différence, comme je l'ai dit à maintes reprises, c'est que, dans le cas de la franchise de la LNH, les joueurs dépensent une bonne partie de leur argent à l'extérieur de la région. Dans le cas du mégacentre commercial, il est probable que tous les employés vivent à longueur d'année dans la région et y dépensent la majeure partie de leur revenu. Les répercussions sont favorables pour l'économie. Par contre, les joueurs de hockey ne dépensent peut-être que 10 p. 100 de leur salaire dans la communauté. Le reste est dépensé ailleurs.
M. Carmen Provenzano: Qu'en est-il des employés du centre sportif, de ceux qui gèrent les installations commerciales concédées?
M. Marc Lavoie: On parle exactement du même impact que celui des employés de ce mégacentre commercial.
M. Carmen Provenzano: En tenez-vous compte quelque part?
M. Marc Lavoie: Bien sûr que oui.
M. Carmen Provenzano: Où? Où en tient-on compte si l'on en vient à la conclusion que les avantages sont pour ainsi dire nuls?
M. Marc Lavoie: Si vous construisez ce mégacentre commercial qui ne fait que remplacer les magasins Zellers ou Canadian Tire, si l'activité économique est transférée dans ce magasin Wal Mart, ce mégacentre commercial n'engendre alors aucune nouvelle activité. Si vous me dites qu'il attire 5 000 personnes tous les mois, je dirai qu'il a probablement des répercussions positives.
M. Carmen Provenzano: Et vous ne disposez pas de ces données pour les franchises de la Ligue nationale de hockey. Je veux parler des données sur les gens qui viennent en ville uniquement pour assister à une partie de hockey et qui rentrent ensuite chez eux.
M. Marc Lavoie: Les consultants ont certaines données là-dessus.
Mais il y a un piège là-dedans. Prenons l'exemple d'un ami qui vient vous rendre visite. Il est peut-être venu dans la région pour visiter entre autres les édifices du Parlement. Supposons qu'il décide d'aller voir jouer les Sénateurs d'Ottawa et que, ce soir-là, un consultant fait remplir un questionnaire dans lequel votre ami répond qu'il a passé cinq jours à Ottawa et dépensé 1 000 $. Le consultant attribuera cette dépense à l'existence de la franchise, alors qu'en fait cette personne est venue vous voir ou visiter les édifices du Parlement.
Ainsi ce n'est pas 1 000 $ que l'on devrait attribuer à l'existence de la franchise, mais peut-être seulement 50 $. Au départ, cette personne n'est pas venue à Ottawa pour assister à une partie des Sénateurs. Voilà comment on gonfle les chiffres.
Le président: Chers collègues, nous avons cinq minutes avant de passer à nos affaires courantes. Nous laisserons donc MM. Coderre et Riis poser chacun une brève question.
[Français]
M. Denis Coderre: Je comprends vos paramètres et je comprends où vous voulez en venir, mais il y a des choses sur lesquelles je ne suis carrément pas d'accord. D'après moi, le sport professionnel est un objectif ultime à atteindre. Si c'est ma prémisse, cela veut dire qu'il y a une question d'appartenance et une question culturelle. La présence d'une franchise professionnelle a un impact économique, à mon avis. Si vous n'êtes pas d'accord sur cela, eh bien, évidemment, on n'est pas d'accord. Mais on vous respecte.
Je me pose cependant une question. Dans le hockey, c'est plus facile parce qu'il y a plusieurs franchises, mais dans le base-ball, par exemple, si on prend votre prémisse, ce ne sont pas juste les gens de Montréal qui vont voir les Expos de Montréal. Il y a aussi des gens d'Ottawa, ainsi que des gens de toute la région et de toute la province. Si les Expos n'existaient pas, ces gens n'iraient pas au base-ball.
Vous pouvez me dire que ces gens-là dépenseraient quand même leur argent, mais on ne peut pas dire, premièrement, que cet argent-là serait nécessairement dépensé; deuxièmement, dans certains cas, il y a effectivement des joueurs qui quittent et qui vont dépenser plus en Floride. Mais quand je regarde le ratio des emplois indirects, je me dis qu'un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Ils vont dépenser cet argent, ce qui va créer de l'emploi. Cela a un certain impact économique.
Pensez-vous que votre analyse peut être différente selon la sorte de franchise? Pensez-vous que cela ne s'applique pas nécessairement de la même manière au hockey qu'au foot-ball, au basket-ball ou au base-ball?
M. Marc Lavoie: Je voudrais d'abord dire, et cela va peut-être rassurer le président, que ces études économétriques sur l'impact d'une franchise sur une ville, où on compare différentes villes à travers le temps, ont été faites pour les États-Unis et non pour le Canada. À la limite, on pourrait dire que cela ne concerne pas le Canada. C'est une première chose.
Deuxièmement, il est clair aussi que chaque franchise, selon le sport, est un cas un peu particulier. C'est sûr que si une très grande proportion des spectateurs des Expos de Montréal viennent de l'extérieur et que l'on sait qu'ils viennent pour le base-ball et non pour aller se promener dans le Vieux-Port, l'impact ne sera peut-être pas le même que dans une ville comme Ottawa, où il n'y a peut-être pas tellement de gens qui viennent de l'extérieur pour venir voir les Sénateurs d'Ottawa, du moins en ce moment.
M. Denis Coderre: Vous savez, docteur Lavoie, que des gens peuvent venir au base-ball et décider après coup de dépenser dans la ville de Montréal pour aller dans les restaurants et tout cela. À mon avis, c'est là qu'il y a un impact direct qu'il faut prendre en considération.
M. Marc Lavoie: Cela est sûr et certain. Dans l'exemple numérique que j'ai donné, j'ai pris cela en considération. C'est sûr que si on change les chiffres, les hypothèses de départ, on arrive à des résultats différents.
Ce qui est inquiétant, ce sont ces études américaines où on est incapable de voir une croissance plus rapide dans les villes qui ont une franchise que dans celles qui n'en ont pas.
Il y a une chose que je veux dire depuis longtemps et que j'oublie de dire à chaque fois. À mon avis, si la situation des franchises canadiennes, en particulier au hockey mais aussi au base-ball, est mauvaise, c'est parce que depuis une dizaine d'années, nous sommes une économie en stagnation. Il y a une croissance zéro du pouvoir d'achat des Canadiens depuis 10 ans. C'est un phénomène canadien, qu'on n'observe pas aux États-Unis, où il y a une croissance d'à peu près 10 p. 100, peut-être 7 ou 8 p. 100. Et c'est un phénomène qu'on n'observe pas en Europe. Malgré les taux de chômage très élevés là-bas, ils ont un accroissement du pouvoir d'achat d'environ 10, 14 ou 15 p. 100 selon les pays.
• 1230
Donc, à mon avis, il y a une
question de causalité: une économie
qui fonctionne bien attire les franchises.
[Traduction]
Le président: Monsieur Riis.
M. Nelson Riis: Je serai très bref, monsieur le président. Je crois que ce qui ressort de nos discussions, c'est que de toute évidence la présence d'une franchise a des retombées économiques. On a parlé des employés des centres sportifs et ainsi de suite. Mais il n'y a pas de retombées nettes. Au bout du compte, il s'agit en fait d'une perte.
Je pense que Carmen nous a aidés à le comprendre en donnant l'exemple du mégacentre commercial. En effet, je crois que tout tend à prouver que, lorsqu'un magasin Wal Mart s'installe dans une région, il en siphonne les gains. Il n'apporte rien de plus à l'économie locale. C'est un bon exemple, à mon avis. Demandez ce qui arrive à long terme à tous ceux qui ont une entreprise dans une région où s'installe un Wal Mart.
Je crois donc que vous nous avez rendu un bien grand service en disant que les études objectives—si j'ai bien compris—ne révèlent aucune retombée nette. Il va sans dire que les études des franchises sportives arrivent à des conclusions différentes. Il me semble que nous tous autour de cette table devrions écouter les universitaires dans ce cas plutôt que les promoteurs des franchises.
M. Marc Lavoie: Il se pourrait qu'il y ait des retombées nettes, mais elles ne sont pas aussi importantes que le prétendent les consultants.
Le président: Monsieur Riis, au cours des prochains mois nous aurons l'occasion d'entendre certains de ces consultants professionnels dont les chiffres sont de toute évidence contestés aujourd'hui par MM. Lavoie et Harvey. Grâce à eux, c'est avec un peu plus de scepticisme que nous écouterons les chiffres soufflés qui nous seront fournis. Je suis convaincu que ce sera intéressant à suivre.
Au nom du comité, j'aimerais vous remercier tous les deux d'être venus ici aujourd'hui. Votre mémoire est professionnel et, comme vous le dites, c'est de la recherche économique. Nous vous remercions.
M. Marc Lavoie: Merci beaucoup.
M. Jean Harvey: Merci beaucoup.
Le président: Chers collègues, nous allons maintenant jeter un rapide coup d'oeil à nos classeurs à feuilles mobiles avant de lever la séance. Cependant, je crois qu'il est important que tous les membres soient d'accord avec l'orientation que le personnel adopte.
J'aimerais commencer par vous présenter Beverly Isles, qui sera désormais la greffière du comité, et lui souhaiter la bienvenue. M. Radford, qui travaille auprès d'autres comités de la Chambre, était évidemment surchargé depuis un certain temps et c'est pourquoi, parce qu'il s'acquittait si bien de ses tâches, nous allons malheureusement le perdre. Nous gagnons toutefois une greffière d'expérience aux comités parlementaires.
Bienvenue parmi nous, Beverly.
Est-ce que tout le monde a son classeur? Vous pourrez, sous la rubrique suggestions de thèmes et de questions, le rôle de l'entraîneur dans le sport, le financement des sports - questions d'impôts ou de loteries; les femmes dans les sports; l'infrastructure municipale; les sports et les médias; la commandite des sports; les fabricants et les sports, etc; la communauté autochtone et les sports et, bien sûr, les Jeux olympiques spéciaux. Si ces thèmes conviennent aux membres du comité, notre personnel demandera alors aux témoins voulus de comparaître devant nous.
Premièrement, j'aimerais que vous me disiez s'il manque quelque chose ou s'il y a quelque chose qui ne vous convient pas.
Madame Tremblay.
[Français]
Mme Suzanne Tremblay: On parle de la communauté autochtone, mais je ne sais pas s'il y a une différence entre l'accès des francophones et celui des anglophones. Est-ce qu'il y a moyen de voir s'il y a là quelque chose à améliorer, à maintenir ou à promouvoir? Je ne connais pas la situation, mais je me demande s'il y a moyen de faire quelque chose à cet égard. Je me demande aussi si nos allophones ont autant d'accès ou s'il y a de la discrimination. Je veux simplement essayer de voir s'il y a quelque chose de ce côté-là.
[Traduction]
Le président: C'est une question intéressante. Je ne pensais pas qu'il y avait des différences entre les patinoires de Toronto et celles de Montréal ou Rimouski. J'ai toujours cru que les installations étaient les mêmes.
[Français]
Mme Suzanne Tremblay: Non, je ne suis pas tellement inquiète quant à la différence entre Toronto et Québec. Je pense plutôt au Manitoba, par exemple. Est-ce que les francophones ont autant d'accès dans certains villages? Est-ce qu'ils sont plus en difficulté? Je ne le sais pas. Ce n'est pas forcément au Québec. Je me demande si les francophones hors Québec ont certains problèmes.
[Traduction]
Le président: D'accord. Nous pouvons y réfléchir et voir s'il est possible de faire une analyse là-dessus.
Nelson.
M. Nelson Riis: Monsieur le président, j'aimerais proposer... Je ne sais pas si ce que je dis tient debout, mais, à mon avis, il y a des sports qui sont en émergence, et d'autres, en perte de vitesse. Je me demande si nous ne pouvons pas jeter un coup d'oeil sur l'état de l'industrie du sport. Quels sont les sports en émergence? Si nous allons parler d'installations ou de financement, il serait peut-être utile de jeter un coup d'oeil sur les sports émergents, et ceux qui sont sur leur déclin—si une telle chose existe, je ne le sais pas.
Le président: Vous soulevez là un point excellent. Monsieur Wood.
M. Bob Wood: Nous avons déjà les Jeux olympiques spéciaux. Pourquoi ne pas tout simplement discuter des sports olympiques, du financement, et...? Je ne vois pas sous quelle rubrique on caserait cela. Il y a les Jeux olympiques spéciaux, ce qui est très bien, mais ne pourrions-nous pas discuter des sports olympiques?
Le président: Oui. En fait, c'est un oubli de notre part. Nous avons communiqué avec la présidente de l'Association olympique canadienne, Carol Ann Letheren, qui a déjà comparu devant nous une première fois. Elle doit nous soumettre un rapport détaillé sur le sport, la création d'emplois, ainsi de suite. Elle doit recomparaître devant nous en mars, une fois les jeux de Nagano terminés. Absolument.
M. Carmen Provenzano: Il y a un autre thème que nous avons oublié d'ajouter, monsieur le président, soit les sports et le tourisme. J'aimerais savoir ce que pense l'industrie de l'impact qu'a le sport sur le tourisme. Il s'agit, pour moi, d'un point important.
Le président: C'est une excellente idée. Nous pourrions demander à M. Judd Buchanan, de la Commission canadienne du tourisme, et à son comité de nous fournir des chiffres là-dessus. C'est une excellente idée.
Monsieur Coderre.
[Français]
M. Denis Coderre: On ne peut pas aborder trop de sujets. Il faut approfondir ce qu'on a vu aujourd'hui. À mon avis, il est très clair que la question des Expos de Montréal, par rapport à ce que le gouvernement fédéral devrait financer ou pas, devient presque d'actualité pour notre comité. Ayant parlé avec Claude Brochu, le président des Expos de Montréal, je crois qu'il serait très à propos... Cela a un impact important, non seulement pour la région de Montréal, mais aussi pour le sport comme tel. Si on perdait une franchise de base-ball, un sport professionnel, qu'on pense qu'il y ait des impacts ou pas, il faudrait... On a eu le point de vue des académiciens. Il faudrait peut-être avoir aussi le point de vue des professionnels.
[Traduction]
Le président: Monsieur Coderre, je suis tout à fait d'accord avec vous. Les témoins aujourd'hui ont lancé tout un défi aux gens du sport professionnel qui nous bombardent toujours de statistiques.
Je vous renvoie à l'onglet 4 du cahier, où vous allez trouver un projet de sondage et d'analyse que la Ligue nationale de hockey a distribué à tous ses clubs membres et surtout, bien entendu, aux équipes canadiennes. Je crois comprendre que les ligues nationales de basket-ball et de base-ball ont entrepris une étude similaire. Il serait utile qu'on envoie à ces gens une copie des mémoires que nous avons entendus aujourd'hui pour qu'ils sachent qu'ils devront fournir au comité des chiffres réels et non pas gonflés. Mme Isles va communiquer avec Claude Brochu pour voir s'il veut bien comparaître devant le comité. Nous aviserons ensuite de la marche à suivre.
Madame Guarnieri.
Mme Albina Guarnieri: Monsieur le président, je veux savoir s'il serait utile d'examiner l'impact socio-économique des infrastructures sportives. Cette étude, si mes collègues la jugent utile, ajouterait à...
Le président: Albina, le point 4 traite de l'infrastructure municipale. Nous avons, en fait, demandé à la Fédération canadienne des municipalités de dresser l'inventaire des installations.
D'abord, un tel inventaire n'existe même pas. La Fédération ne possède aucun inventaire des piscines, pistes, patinoires ou autres installations qui existent. Cet inventaire n'a jamais été établi. Elle ne sait même pas combien d'emplois sont reliés au sport dans les communautés. Elle est en train de compiler des chiffres pour nous, et aussi de préparer aussi des études sur l'impact qu'a la construction d'infrastructures sportives sur les diverses municipalités ou communautés.
Mme Albina Guarnieri: Est-ce que ces études visent les trois paliers de gouvernement, ou uniquement le palier municipal?
Le président: Seulement le palier municipal.
Mme Albina Guarnieri: Est-ce qu'il serait utile, à votre avis... par exemple, cela pourrait avoir des retombées sur le plan de la santé. Est-ce que Participaction génère des retombées? Nous avons vu, plus tôt, des statistiques qui font état de notre piètre performance à ce chapitre. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu de jeter un coup d'oeil sur le rôle que joue le gouvernement fédéral, sur les retombées que génère ou non Participaction.
Le président: Absolument.
M. Nelson Riis: Il serait peut-être utile d'examiner—et c'est un peu farfelu—les liens qui existent entre les sports et le mieux-être national, pas uniquement sur le plan de la santé, mais également sur celui de l'unité nationale, ainsi de suite. J'aimerais entendre le point de vue de ceux qui font des études là- dessus. Le comité rendrait service aux Canadiens s'il les informait que la pratique du sport n'est pas uniquement reliée aux compétitions, mais qu'elle engendre aussi toutes sortes de retombées positives sur le plan de la santé, du mieux-être.
Le président: Vous avez raison. Nous pouvons ajouter cela à la liste des thèmes. Je tiens à rappeler aux collèges que nous devons préparer un rapport préliminaire avant le congé d'été. Un des principaux objectifs de notre étude est d'examiner l'impact économique du sport. Il ne faut pas perdre de vue cet objectif.
Claude vient de mentionner un point. Le personnel a indiqué que la question des retombées sur l'économie et l'unité nationale sera abordée quand nous discuterons du point 1, qui est le rôle des entraîneurs dans le sport. D'accord?
Albina.
Mme Albina Guarnieri: Je veux tout simplement dire que le sport a aussi un impact sur les coûts. Si vous réduisez les coûts des soins de santé, de la criminalité...
M. Nelson Riis: Monsieur le président, par bien-être, j'entends l'impact économique...
Le président: La prévention.
M. Nelson Riis: Si vous avez des Canadiens qui sont en santé, vos coûts vont être minimes. Oui, il y a le volet prévention. Les divers paliers de gouvernement pourraient être incités à investir davantage dans la construction d'infrastructures sportives s'ils voyaient que cela générerait, en bout ligne, des retombées économiques importantes.
Le président: Nous allons organiser une table ronde là-dessus.
Monsieur Proud.
M. George Proud (Hillsborough, Lib.): Merci, monsieur le président.
D'abord, avant de passer à mon sujet préféré, je pense que nous pourrons aborder le problème soulevé par Mme Tremblay concernant les différents services offerts aux francophones ou aux anglophones, quand nous discuterons du rôle de l'entraîneur dans les sports. À mon avis, que nous soyons francophones ou anglophones, il y a des régions dans ce pays—et je suis d'accord avec ces gens là-dessus—où le rôle de l'entraîneur a plus d'importance. Il y a des gens qui ont encore plus besoin d'entraîneurs que d'installations. C'est une question sur laquelle nous devons nous pencher.
Il y a ensuite—et M. Provenzano peut être d'accord ou non avec moi là-dessus—l'industrie des courses de chevaux. Il s'agit effectivement d'une industrie au Canada. Après avoir écouté ce groupe de témoins ce matin, je ne sais plus au juste si cette industrie a des retombées ou non, mais je me rends compte qu'elle constitue une sorte de culture dans certaines régions du Canada.
• 1245
J'ai demandé aux gens de l'industrie s'ils accepteraient de
venir nous rencontrer... Cette industrie, en passant, est en
difficulté, et je ne sais pas ce que peut faire le gouvernement
pour lui venir en aide. Mais j'aimerais que le comité entende le
témoignage d'une personne qui a réalisé une étude sur les courses
attelées, surtout en Amérique du Nord, et qui serait prête à venir
nous rencontrer. J'ai donné son nom au greffier. Si vous êtes
d'accord, j'aimerais qu'on l'invite à comparaître devant nous.
Le président: C'est une excellente idée. L'industrie des courses de chevaux a une importance énorme au Canada. Alors oui. Tout le monde est d'accord là-dessus.
Mme Isles va prendre note de votre suggestion.
Monsieur Riis.
M. Nelson Riis: J'aimerais proposer un thème que les gens vont peut-être trouver étrange, mais un des grands événements sportifs au Canada, surtout dans l'Ouest, c'est le rodéo. Il y a peut-être toutes sortes d'images bizarres qui nous viennent à l'esprit quand on associe cette activité au sport, mais pour nous, c'est du sport.
Une voix: Absolument.
M. Nelson Riis: Dans chaque ville, communauté, région... Je dois participer, le mois prochain, à trois grands événements internationaux qui touchent le rodéo. Cette activité, pour nous, est probablement aussi importante que le base-ball...
Le président: Je suis tout à fait d'accord avec vous.
M. Nelson Riis: ...en tout cas, plus importante encore que le base-ball professionnel. Ce pourrait être un thème intéressant.
Le président: Y a-t-il une association canadienne de rodéo?
M. Nelson Riis: Oui.
Le président: Pouvez-vous communiquer avec le président pour voir s'il serait disposé à comparaître devant le comité?
M. Nelson Riis: Pour qu'il nous renseigne sur cette activité.
Une voix: Nous allons devoir apporter nos chapeaux.
Le président: J'espère que, grâce à cette étude, nous parviendrons à susciter un certain respect pour les sports au Canada, un respect qui non seulement encouragera les entreprises à accroître leur soutien aux athlètes—amateurs et professionnels— mais qui générera également des retombées dans tous ces autres domaines, que ce soit celui de la prévention, des soins de santé, ainsi de suite.
Vous aviez un autre point, monsieur Coderre?
[Français]
M. Denis Coderre: J'ai une question. Est-ce qu'on pourrait regarder ensemble la liste des gens qui ont déjà accepté de venir? Dans le fond, on a tout un échéancier et plein de points à examiner. Par exemple, j'ai parlé de M. Brochu; on pourrait peut-être s'entendre sur une date. Je sais que Ron Corey est après nous, comme la gang de Bettman pour le hockey.
[Traduction]
Le président: D'abord, le personnel a accompli beaucoup de travail en janvier. Il a envoyé des lettres aux ministères pertinents, à Statistique Canada et Revenu Canada pour avoir des renseignements sur la commandite des événements sportifs, à Industrie Canada, ainsi de suite, pour compiler des chiffres sur l'industrie du sport.
Il a aussi envoyé des lettres, dans les deux langues officielles, à plus de 300 associations de sport amateur surtout, mais aussi professionnel. Nous commençons à recevoir des réponses. Le personnel va nous indiquer, le dernier mercredi de janvier, combien de personnes souhaitent comparaître devant le comité. Il formulera des recommandations, que nous ferons circuler. La liste des témoins sera ensuite soumise à l'approbation du comité. Nous pourrions peut-être lui donner jusqu'à cette date pour terminer son travail.
Autre chose? Oui, madame Tremblay.
[Français]
Mme Suzanne Tremblay: Je pense que la tenue des Jeux olympiques pourrait créer certains problèmes à des associations ou des personnes qui voudraient venir au comité, mais qui en ont par-dessus la tête avec les Olympiques. Quand elles vont revenir, il va falloir qu'elles décantent un peu. Donc, il serait normal de voir ces gens-là vers la fin mars ou le début avril. S'ils ne répondent pas, c'est peut-être parce qu'ils sont partis.
[Traduction]
Le président: Madame Tremblay, le comité ne siégera pas pendant la tenue des Jeux, parce que nous savons que vous serez là- bas en train de faire enquête et de collaborer avec Mme Copps. Il n'y aura aucune séance cette semaine-là. Les gens qui participent au mouvement olympique nous rencontrerons au milieu ou vers la fin de mars.
Merci beaucoup. La séance est levée.