HERI Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON CANADIAN HERITAGE
COMITÉ PERMANENT DU PATRIMOINE CANADIEN
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le jeudi 16 mars 2000
Le président (M. Clifford Lincoln (Lac-Saint-Louis, Lib.)): J'aimerais déclarer ouverte la séance du Comité permanent du patrimoine canadien dans le cadre de laquelle nous entendrons des membres du personnel de direction du Conseil des arts du Canada, The Canada Council of the Arts.
J'aimerais signaler à mes invités que c'est à la demande de Mark que nous avons convoqué des représentants du Conseil des arts du Canada. Nous avons aussi reçu une lettre de la ministre du Patrimoine canadien le 15 février qu'il serait, je crois, utile de lire étant donné qu'elle est très courte. Elle s'adresse à moi, en ma qualité de président du comité, en ces termes:
-
Le Conseil des arts du Canada a fait d'importantes contributions à
l'identité culturelle du Canada au cours des 43 dernières années.
Des artistes tels Ben Heppner, Robert Lepage, Karen Kain, Veronica
Tennant, Margaret Atwood, Carol Shields, Maureen Forrester, Marie-
Claire Blais, Denys Arcand, Alice Munro, Atom Egoyan, Angèle
Dubeau, Thomson Highway, Michael Ondaatje et Michel Tremblay ont
tous profité du soutien du Conseil des arts.
-
Récemment, certaines subventions accordées par le conseil ont
soulevé des questions. Comme le conseil est indépendant de mon
ministère, il ne conviendrait pas que nous examinions chacune de
ces subventions, mais tout moyen d'améliorer le processus vaut la
peine d'être étudié.
[Français]
-
À cet égard et afin d'assurer une meilleure compréhension du travail
important que fait le Conseil des arts, je serais heureuse que le
Comité permanent du patrimoine canadien pouvait inviter le Conseil des
arts à témoigner afin de pouvoir entreprendre l'examen voulu.
[Traduction]
Mark en avait également fait mention dans une lettre.
Nous sommes aussi très heureux que vous comparaissiez devant notre comité aujourd'hui. J'aimerais vous saluer et souligner le travail remarquable accompli le conseil au nom des Canadiens. Je pense que nous pouvons dire sans exagérer qu'il s'agit là d'un des gros piliers de nos instruments et politiques culturels. Sans le Conseil des arts du Canada, comme le dit la ministre dans sa lettre, les chances de réussite d'un grand nombre de créateurs et d'artistes du Canada auraient été compromises. Nous vous remercions donc d'être venus nous rencontrer.
J'aimerais maintenant céder la parole à M. Roux et à Mme Thomson. Je ne sais pas qui de vous deux veut commencer.
[Français]
Monsieur Jean-Louis Roux.
M. Jean-Louis Roux (président, Conseil des arts du Canada): Merci, monsieur le président. Inutile de dire que je suis très heureux de m'adresser aujourd'hui au Comité permanent du patrimoine canadien en ma qualité de président du conseil d'administration du Conseil des arts du Canada.
Vous devez savoir qu'en d'autres temps, si c'eût été un comité mixte, j'eusse pu me trouver parmi vous, mais les choses changent et voilà qu'aujourd'hui, vous me convoquez à comparaître devant votre comité.
C'est avec plaisir que je réponds à cette invitation plutôt qu'à cette convocation, et le plaisir est d'autant plus grand que c'est la première fois que je témoigne à titre de président du Conseil des arts du Canada. Il me tarde de partager avec vous mon enthousiasme pour les réalisations de l'une des institutions culturelles les plus prestigieuses du Canada, comme vous venez de le souligner, monsieur le président.
J'aimerais avant tout vous présenter quelques-uns de mes collaborateurs au conseil. Vous avez évidemment reconnu la directrice du Conseil des arts du Canada, Mme Shirley Thomson, qui a témoigné devant le comité en maintes occasions dans le cadre de ses fonctions actuelles, mais aussi en tant que directrice du Musée des beaux-arts du Canada. Je suis également accompagné du secrétaire-trésorier du conseil, M. Mark Watters; de la directrice de la Division des arts, Mme Joanne Morrow; ainsi que du directeur de la Division des affaires publiques, de la recherche et des communications, M. Keith Kelly.
Nous désirons laisser le plus de temps possible aux questions et aux échanges de points de vue. Donc, Mme Thomson et moi tâcherons d'être le plus brefs possible.
• 1115
Permettez-moi de commencer par vous faire un très bref historique du
conseil avant de parler de l'état actuel des choses. Lorsque le
Conseil des arts du Canada a été créé en 1957, suivant les
recommandations de la Commission Massey-Lévesque, la scène culturelle
du Canada en était vraiment à ses débuts, du moins en ce qui concerne
la deuxième moitié du XXe siècle. L'Office national du film et
la Société Radio-Canada faisaient leurs premières armes, et les arts
du spectacle, les arts littéraires et les arts visuels venaient à
peine d'acquérir leurs lettres de noblesse.
Pour preuve, au début des années 1950, le Conseil canadien des arts déclarait devant la Commission Massey-Lévesque, et je cite:
-
...l'écrivain canadien, qu'il soit romancier, poète, conteur,
historien ou biographe, ne peut vivre de sa plume, même très
modestement. De même, le compositeur et l'auteur dramatique [...]
doivent [...] se résigner à chercher en dehors de leur art, un revenu
essentiel. [...] peu de peintres ou de sculpteurs parviennent à
gagner leur vie par la vente de leurs oeuvres au Canada.
[Traduction]
Les choses ont beaucoup changé depuis et le conseil a joué un rôle de premier plan dans l'épanouissement de la culture et des arts canadiens au cours des quarante dernières années. Les arts au Canada n'ont jamais été en aussi bonne forme et aussi variés qu'aujourd'hui.
En cette première année du nouveau millénaire, on peut dire qu'environ 700 000 Canadiens et Canadiennes gagnent leur vie grâce aux arts et aux industries culturelles en général. C'est, vous en conviendrez, une part importante de la population canadienne, qui équivaut approximativement à la population d'une ville de la taille de celle de Winnipeg. Nous lui devons quelque 29,5 milliards de dollars de notre produit intérieur brut. La population active du secteur culturel croît presque deux fois plus rapidement que celle de n'importe quel autre secteur du marché du travail.
Le Conseil des arts concourt de façon active à cette croissance. En 1998-1999, il a accordé des subventions totalisant 112 millions de dollars, dont 8 millions ont été versés à quelque 11 000 auteurs sous l'égide du Programme du droit de prêt public. Les subventions ont été réparties entre 5 000 artistes et organismes artistiques oeuvrant dans les domaines des lettres et de l'édition, de la musique, de la danse, du théâtre, des arts visuels et médiatiques et des arts interdisciplinaires. Les programmes rendront possibles, entre autres, quelque 3 000 rencontres avec des écrivains un peu partout au pays.
Le Conseil des arts a changé la vie de millions de Canadiens et de Canadiennes. En effet, les statistiques récentes montrent que les fonds du conseil, fractionnés en montant de taille variée, ont été versés à des artistes ou à des organisations artistiques de plus de 500 collectivités canadiennes.
[Français]
En réponse à une demande formulée récemment par votre comité au sujet des programmes de soutien à l'édition, nous avons indiqué que la production de titres dans le domaine littéraire ou culturel s'était accrue de 65 p. 100 dans la période de 10 ans comprise entre 1985 et 1995. Le nombre de titres est donc passé de quelque 900 à près de 1 500. Durant la même période, les ventes ont enregistré une hausse de 54 p. 100, passant de 1 900 à près de 3 000. La contribution du conseil à cette croissance est importante. On n'a qu'à consulter la liste des plus grands succès de librairie ou à lire les pages culturelles des journaux pour voir le nom d'auteurs qui, à un moment ou à un autre de leur carrière, ont reçu une aide du conseil. Au nombre de ces auteurs—et vous les avez cités tout à l'heure, monsieur le président—figurent Carol Shields, Michel Tremblay, Nancy Huston et la regrettée Anne Hébert.
Cet investissement dans la culture canadienne non seulement récompense l'excellence artistique, mais aussi favorise l'expression des valeurs canadiennes. Cela est particulièrement important dans un contexte où les médias et les forces culturelles de toutes sortes risquent de limiter nos choix et de restreindre notre diversité culturelle. C'est pourquoi je tiens à féliciter le comité de l'excellent rapport sur les arts et la culture qu'il a déposé à la Chambre des communes en juin dernier. «Appartenance et identité» est un document d'une grande portée, qui cerne habilement les défis culturels que nous aurons à relever en tant que pays.
[Français]
J'ai eu l'occasion, monsieur le président, de vous exprimer moi-même mon opinion au sujet de ce remarquable rapport.
[Traduction]
Nous sommes sensibles à l'opinion émise dans le rapport, à savoir que le Conseil des arts et d'autres organismes culturels jouent un rôle déterminant dans l'épanouissement culturel du Canada. J'ai été particulièrement ravi de voir que le comité estime que les artistes méritent la même considération que les scientifiques et les chercheurs. L'exploration, la recherche et l'innovation, qu'elles soient de nature scientifique ou artistique, sont des activités capitales que nous devons soutenir. Comme le signale le rapport, nous recueillons tous les fruits de cette aide, quand elle est là, et souffrons tous des conséquences de son absence.
Nous ne recueillons pas toujours immédiatement les fruits de cette exploration, mais en général, notre investissement de départ nous est rendu au centuple. Dans le cas du Conseil, les exemples de ce type ne manquent pas: Atom Egoyan et David Cronenberg dans le domaine du cinéma; Michael Ondaatje et Marie-Claire Blais en littérature; Diana Krall et Angèle Dubeau dans le monde de la musique.
[Français]
Considérons encore quelque peu la question du soutien apporté aux créateurs dans les divers domaines artistiques. En effet, je pense qu'il est important de souligner que seulement quelque 4 p. 100 de l'ensemble du budget fédéral culturel revient aux artistes et au domaine des arts en général. La majorité des fonds consacrés à la culture profitent aux mécanismes de prestation de services tels que la radiodiffusion, les industries culturelles, les nouveaux médias, les musées, etc. Pourtant, sans les artistes, tous ces mécanismes seraient totalement vides de sens.
C'est pourquoi nous sommes très heureux que le gouvernement ait accepté de se conformer à la recommandation de votre comité d'accorder des fonds plus importants au Conseil des arts du Canada de manière à lui permettre de soutenir les créateurs canadiens. L'allocation d'un montant supplémentaire de 10 millions de dollars prévu au budget du mois dernier permettra au conseil de promouvoir les activités d'un plus grand nombre d'artistes, dont les jeunes artistes, de consolider les fondements de l'infrastructure culturelle du Canada et de renforcer la diversité culturelle de notre pays. Comme le disait le comité permanent dans son rapport au Parlement, et je cite:
-
La société canadienne a besoin des créateurs. [...] parce que ce sont
eux [...] qui façonnent l'identité culturelle des Canadiens et leur
font prendre conscience de ce qui les caractérise [...].
-
Les créateurs [...] bousculent souvent le statu quo et se placent à la
fine pointe de l'évolution sociale. [...] Sans leur engagement en tant
qu'artistes voués à leur talent et à l'expression de leur art, les
industries et les institutions culturelles du Canada seraient dominées
par une voix et une perspective étrangères.
[Traduction]
À sa réunion de la semaine prochaine, le conseil d'administration du Conseil des arts du Canada commencera à examiner différentes options en vue de l'attribution de ces nouveaux fonds. Cet examen se fera dans le contexte des priorités stratégiques clés désignées dans le plan d'entreprise adopté récemment au Conseil des arts. Ces priorités sont: l'accroissement de l'investissement dans les arts; la diffusion et la communication—y compris la défense et la l'appréciation des arts et l'encouragement des jeunes artistes—; la réforme et la vigilance continues en ce qui concerne les pratiques de gestion administrative; et la régie, qui regroupe les principes fondamentaux de l'évaluation par les pairs et de l'autonomie. La notion de régie signifie également que nous devons rendre des comptes et garantir que l'investissement des contribuables est géré de manière scrupuleuse et judicieuse. En mettant l'accent sur la régie comme priorité stratégique, le conseil d'administration vise à accroître l'efficacité du Conseil des arts et à aider celui-ci à s'acquitter de ses responsabilités envers le public et à atteindre les objectifs de la politique culturelle du gouvernement.
Nos gouvernements ont fait preuve de beaucoup de sagesse en mettant sur pied des organismes culturels solides qui travaillent de façon indépendante, tout en devant, bien sûr, rendre compte de leurs activités. En outre, n'oublions pas que ces organismes mettent tout en oeuvre pour promouvoir nos artistes et préserver notre identité qui est unique en son genre.
Monsieur le président, je vous remercie de votre attention, ainsi que tous les membres de ce comité. Avec votre permission, je demanderai maintenant à ma collègue Mme Shirley Thomson de vous parler de certaines choses qui ont récemment marqué le Conseil des arts du Canada.
Le président: Merci beaucoup, monsieur Roux.
Docteur Thomson.
Mme Shirley Thomson (directrice, Conseil des arts du Canada): Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
M. Roux vient de vous donner les grandes lignes de quelques- unes des questions stratégiques sur lesquelles repose le plan d'entreprise du Conseil des arts du Canada.
[Français]
Avant de vous décrire quelques récents programmes du conseil, je voudrais parler d'un des principes fondamentaux de la régie du conseil, celui de l'évaluation par les pairs.
[Traduction]
Comme l'a dit M. Roux, le Conseil des arts du Canada attribue annuellement aux artistes et organismes artistiques un montant de 112 millions de dollars en fonds publics. Ce chiffre, toutefois, cache un aspect vraiment remarquable et unique du Conseil, le fait que cet argent soit en réalité distribué par plusieurs centaines de Canadiens de tout le pays. Chaque année, quelque 500 Canadiens de toutes les régions viennent dans les bureaux du Conseil pour faire partie de comités d'évaluation et pour recommander les artistes et organismes artistiques qui devraient obtenir des subventions. Chaque année, le Conseil demande aussi à approximativement 200 appréciateurs indépendants d'évaluer des spectacles ou oeuvres artistiques précis.
Les membres des comités d'évaluation et les appréciateurs font partie d'une liste constamment renouvelée d'environ 9 000 noms. Dans l'ensemble, quelque 120 comités d'évaluation se réunissent 430 jours chaque année pour étudier les demandes de subventions. Nous vous avons remis ce matin notre document du comité d'évaluation sur lequel nous avons travaillé ces six derniers mois et qui vient d'être publié.
[Français]
Le principe de l'évaluation par les pairs est l'un des piliers du Conseil des arts du Canada parce qu'il a résisté au passage du temps. C'est véritablement le système le plus juste qui existe. C'est un système rigoureux qui repose sur des critères stricts et qui met à contribution une gamme étendue d'expérience. Qui peut mieux juger de la valeur artistique d'un projet de danse ou d'art visuel qu'une personne dans cette discipline qui oeuvre dans la communauté? Je parle des experts reconnus, de ceux qui ont suivi une formation professionnelle dans le domaine, de ceux qui connaissent à fond la forme d'art. Les sciences naturelles et les sciences humaines ont adopté un système très semblable. L'évaluation par les pairs est le système qui s'accorde le mieux avec l'obligation de rendre compte de la distribution des fonds publics. Elle reflète la politique de la diversité culturelle et le principe de la liberté d'expression, et constitue aussi une protection efficace contre les points de vue uniformes ou unidimensionnels.
[Traduction]
La tâche des membres des comités d'évaluation est d'examiner les quelque 15 000 demandes de subventions que le Conseil reçoit tous les ans, d'établir l'ordre de priorité des demandes selon les critères publiés et de recommander lesquelles devraient être retenues. Les appréciateurs ne sont pas affiliés au Conseil. Ils ne font pas partie de son conseil d'administration ni de son personnel. L'évaluation par les pairs fait en sorte que le choix des candidats qui recevront une subvention échappe au contrôle du personnel du Conseil et que les fonds publics soient utilisés de la façon la plus représentative et transparente possible. En fin de compte, une demande sur cinq seulement est subventionnée.
• 1130
L'évaluation par les pairs fait partie de toute une série de mesures
qui assurent le caractère démocratique des décisions et, comme tout
autre processus de décision, elle doit être gérée avec soin. Nous
avons adopté diverses sauvegardes ces dernières années, y compris la
rotation constante des évaluateurs, l'impossibilité pour les
évaluateurs de siéger deux années de plus, l'impossibilité pour les
personnes qui reçoivent une subvention de faire partie des comités
d'évaluation pour une période de deux ans et de rigoureuses règles sur
les conflits d'intérêt. Ces politiques contribuent à assurer
l'intégrité du système.
Les succès des artistes canadiens au cours des récentes années sont attribuables en grande partie à ce système, qui est appuyé par un partenariat dynamique avec une communauté artistique pleine de vitalité et engagée et par une longue tradition canadienne de soutien public des arts et de la culture.
Je voudrais maintenant décrire quelques changements que nous avons récemment apportés à nos programmes pour vous donner une idée de l'étendue et de l'orientation des activités du Conseil.
[Français]
Le conseil a annoncé en décembre les résultats de son quatrième et dernier concours pour le Fonds du nouveau millénaire pour les arts. Ce fonds, comme vous vous en souviendrez, a été créé par le gouvernement il y a deux ans pour soutenir des projets artistiques qui célèbrent le nouveau millénaire. Des artistes professionnels et des organismes artistiques de toutes les disciplines artistiques ont ainsi eu la possibilité de créer des oeuvres qui auront un impact durable, des oeuvres qui enrichiront les collections, les répertoires et les places publiques.
[Traduction]
Un montant total de 9,2 millions de dollars a été accordé à 179 projets. Nous sommes ravis de la diversité et de l'originalité des projets que nous avons reçus des grands centres, mais également d'endroits aussi éloignés qu'Iqualuit, au Nunavut, Hope en Colombie-Britannique, et Goose Bay au Labrador. Nous avons reçu un nombre inattendu de 1 820 demandes admissibles. Les candidats retenus comprennent des artistes aussi connus que Robert Lepage et Walter Learning, mais également un nombre encourageant de jeunes artistes au début de ce qui est, j'en suis convaincue, une carrière prometteuse: les Ben Heppners et Diana Krall de demain.
Le fonds du nouveau millénaire est l'un des 69 programmes d'aide du Conseil des arts du Canada. Il encourage le risque, la R-D du monde culturel, si vous voulez, l'innovation et l'investissement dans les jeunes, tous des aspects qui caractérisent les programmes du Conseil. Ces programmes s'adressent à des artistes et à des organisations artistiques. Le gros de l'aide du Conseil des arts du Canada—environ 80 p. 100—va aux organismes artistiques—musées, galeries d'art, orchestres, théâtres et éditeurs—comme le Vancouver Playhouse, l'Edmonton Symphony Orchestra, le Glenbow-Alberta Institute, le Royal Winnipeg Ballet, le Musée des Beaux-Arts de l'Ontario, Les Éditions Boréales, la Galerie d'art Saidye Bronfman, le Théâtre du Nouveau Monde, le Musée du Québec, le Théâtre «Les gens d'en bas» au Bic, les Goose Lane Editions à Fredericton, le Neptune Theatre, pour n'en nommer que quelques-uns.
Une autre nouvelle initiative du Conseil qui mérite d'être signalée est la création des prix du Gouverneur général en arts visuels et médiatiques. Cette initiative résulte d'une étroite collaboration entre Rideau Hall et le Conseil. Six prix de 10 000 $ pour contribution de toute une carrière et un prix de 10 000 $ pour activités exceptionnelles de bénévolat seront remis à Rideau Hall jeudi prochain, le 23 mars. Ces prix s'ajoutent aux prix littéraires du Gouverneur général du Conseil des arts du Canada et aux prix du Gouverneur général pour les arts de la scène. Les prix en arts visuels font partie de la centaine des prix et bourses d'études que le Conseil des arts du Canada accorde annuellement aux artistes et chercheurs en reconnaissance de leur contribution aux arts et aux sciences humaines au Canada.
Un autre changement qu'il vaut la peine de souligner aujourd'hui est le récent déménagement de la Banque d'oeuvres d'arts du Conseil dans de nouveaux locaux à Ottawa. Ce déménagement réduit considérablement le loyer de la banque, qui passe de plus d'un million de dollars à 460 000 $ par année, ce qui lui permettra d'équilibrer son budget au cours de la prochaine année financière.
• 1135
Comme le savent les membres du comité, la banque loue des
oeuvres d'art contemporain canadiennes à des clients des secteurs
tant publics que privés. Approximativement le tiers de sa
collection de 18 000 peintures, gravures, photographies et
sculptures est exposé dans des endroits publics. La banque a
dépassé l'objectif de 1,1 million de dollars qu'elle s'était fixé
pour ses revenus de cette année—ce qui témoigne de l'importance
renouvelée attachée à la gestion et au marketing.
[Français]
J'aimerais aussi parler des prix littéraires du gouverneur général qui ont été décernés en novembre dernier. Ces prix célèbrent l'excellence des oeuvres littéraires canadiennes de langues française et anglaise depuis plus de 60 ans. Nous sommes ravis que la Banque de Montréal continue à être le principal commanditaire de ces deux prix après 13 années. Un des thèmes qui ressortent des cérémonies de cette année est l'importance de soutenir les arts. Comme l'a dit lui-même le lauréat des romans et nouvelles de langue anglaise, le regretté Matt Cowen:
-
Les livres jouent un rôle spécial dans notre culture. Le rapport qui
s'établit entre un bon livre et un lecteur bien disposé est l'une des
plus grandes satisfactions qu'offre notre civilisation. La même chose
peut se dire de tous les arts.
[Traduction]
Rachna Gilmore, lauréate de la catégorie de la littérature de jeunesse, a dit ce qui suit à la cérémonie de remise des prix du gouverneur général:
-
À la veille du nouveau millénaire, il semble que notre culture, si
riche en talents créateurs, s'engage à toute vitesse dans une
trajectoire qui dévalue les arts [...] Dans ce genre de climat, le
travail du Conseil des arts du Canada et des autres organismes qui
soutiennent les arts est plus vital que jamais.
Ce thème de la valeur et de la fragilité de la culture existe dans bien des secteurs actuellement. Comme la ministre du Patrimoine canadien l'a dit à une réunion de l'UNESCO l'an dernier:
-
La diversité culturelle enrichit le monde. Elle est au coeur de
l'identité canadienne [...] Elle est aussi importante pour les
êtres humains que la biodiversité l'est pour toutes les espèces de
la planète [...] La diversité culturelle rehausse la qualité des
réalisations humaines [...] Elle est source de richesse pour le
genre humain dans ses activités créatrices, intellectuelles,
économiques, sociales et spirituelles.
La promotion et l'enrichissement de la diversité culturelle du Canada sont au centre du travail du Conseil des arts du Canada, comme ils l'ont également été au niveau international. Avec les membres de la Commission canadienne pour l'UNESCO—une division du Conseil des arts du Canada—un des membres de notre conseil d'administration a participé à la Conférence générale de l'UNESCO l'automne dernier, où la délégation canadienne a réussi à faire adopter une résolution canadienne sur la diversité culturelle adoptée par cet organisme NU.
[Français]
Cette résolution renforce le rôle de l'UNESCO dans le débat international actuel sur la mondialisation et son impact sur l'intégrité des cultures nationales. La récente série de fusions dans le domaine des communications et la nature de plus en plus poreuse des frontières nationales soulèvent d'importantes questions de politique publique. Ces faits nous permettent de penser que le genre d'aide que le Conseil des arts du Canada et d'autres organismes culturels accordent aux Canadiens est plus crucial que jamais.
[Traduction]
Dans le cadre de l'engagement du Conseil à ces égards, nous organisons un Sommet mondial sur les arts et la culture en décembre 2000. Les objectifs de ce Sommet sont de créer un réseau international de conseils des arts, qui permettra de collaborer à la solution de problèmes communs, notamment le développement des publics et l'impact de la technologie sur les droits des artistes et des créateurs, et de faire mieux connaître les artistes canadiens dans la communauté mondiale.
Comme je l'ai dit plus tôt, nous travaillons en étroite collaboration avec les ministères du Patrimoine canadien et des affaires étrangères à l'organisation de cette rencontre. Jusqu'ici, 42 pays et 18 organisations internationales ont accepté notre invitation.
• 1140
Le Conseil des arts du Canada a bien d'autres initiatives et
programmes que je n'ai pas le temps de vous décrire—d'autres exemples
qui illustrent l'engagement actif du Conseil dans la communauté
canadienne dans son ensemble. Mais comme l'a déjà dit mon président,
M. Roux, nous voulons poursuivre avec les députés le dialogue direct
amorcé dans le passé.
Merci, monsieur le président.
Le président: Nous allons maintenant passer aux questions des membres du comité.
Monsieur Mark, vous avez la parole.
M. Inky Mark (Dauphin—Swan River, Réf.): Merci, monsieur le président. Tout d'abord, je tiens à souhaiter la bienvenue à notre délégation ici ce matin.
En guise d'entrée en matière, je dois dire que le Conseil des arts du Canada a constitué un atout et a accompli de grandes choses pour le pays depuis 1957. Je ne le conteste absolument pas. Cependant qui nous amène ici est que des subventions controversées ont été octroyées. En tant que députés, il est de notre devoir de répondre aux préoccupations du public. Vous le savez, il s'agit de l'argent des contribuables.
Malheureusement, l'optique compte. On peut faire neuf choses très bien et une mal, et bien évidemment, la plupart des gens ne garderont à la mémoire que l'expérience négative. Aussi regrettable cela soit-il, ce pourrait être le cas ici.
Je crois que les bonnes nouvelles que vous nous avez données aujourd'hui, au sujet du rôle du Conseil des arts du Canada, auraient besoin d'être diffusées dans tout le pays. Il faut dire aux Canadiens ce que vous faites, ce qui s'est passé depuis 1957 et toutes vos réalisations.
La question que j'ai à poser est très brève. Comptez-vous améliorer votre processus d'évaluation par les pairs pour qu'il y ait moins de subventions qui suscitent la controverse—peu importe qui décide qu'elles sont controversées? C'est toujours le public qui a le dernier mot, vous le savez.
Mme Shirley Thomson: En deux mots, nous trouvons notre processus d'évaluation par les pairs tout à fait adéquat. Vous êtes invité, monsieur Mark, à venir observer les activités d'un jury quand cela vous conviendra. Je ne doute pas que vous soyez impressionné par le sérieux avec lequel ces experts issus d'un éventail de disciplines et d'horizons s'acquittent de leurs responsabilités lorsqu'il s'agit de dépenser les fonds publics.
Comme pour tout objet artistique tout au long de l'histoire, on ne peut jamais dire qu'est-ce qui sera controversé. Les impressionnistes étaient controversés en 1880. Personne n'achetait de tableaux de Renoir parce qu'on les considérait laids. Aujourd'hui, vous ne pouvez en trouver un à moins de 35 millions de dollars. Il y a un long processus où les artistes font l'essai du nouveau. Les nouveaux matériaux exigent de nouvelles méthodes, et les nouvelles méthodes posent un défi aux vieilles conventions. C'est une citation tirée d'un catalogue du Groupe des sept, publié en 1922. Ce même Groupe des sept, qui est si apprécié de nos jours de presque tous les Canadiens, n'avait pas la même cote dans les années 20.
Je sais que la controverse qu'ont suscitée beaucoup de projets est attribuable à des descriptions très brèves qu'en ont donné la presse—des projets compliqués où l'artiste se servait de la technologie comme de pinceaux et de toile. Je peux vous donner l'exemple du pamplemousse en décomposition. Une jeune femme fait des expériences sur l'hybridité—parce que le pamplemousse est un fruit hybride—et la mutation. Elle fait un lien avec le téléphone parce que quand il a été présenté au public, il a été vu comme une invasion de l'espace public et une attaque de l'intimité. Elle essaie donc de faire un lien entre un processus biologique—la nature acide du pamplemousse—qui fournit la tension électrique qui alimente le petit ordinateur souvent utilisé dans les projets éducatifs, et de traduire tout cela en un langage, une base de données.
• 1145
Donc, en fait, ce projet annoncé dans la presse comme le pamplemousse
en décomposition, porte sur l'hybridité, la mutation, la métamorphose,
le lien entre le processus biologique et la vie humaine, et la
technologie.
Même ces grands chercheurs du monde de l'informatique à Silicon Valley—je pense particulièrement à Bill Joy, un chef de file dans le domaine—commencent à se demander si l'intelligence de ces machines de haute pointe qui peuvent se reproduire présente réellement une menace pour notre monde naturel. Par exemple, c'est comme un artiste doté de prescience qui a la capacité de se servir de la nouvelle technologie comme d'un outil pour explorer les idées et le relier à la pensée d'un scientifique contemporain.
M. Inky Mark: Ma deuxième question porte sur la reddition des comptes. Cette semaine, j'ai reçu plusieurs documents de M. Kelly. Dans la section où il est question du principe d'autonomie, vous dites que c'est le Conseil, et non pas le gouvernement, qui doit rendre compte de ses actions. Il est bien évident que quelqu'un doit assumer sa responsabilité.
J'ai aussi reçu une quantité phénoménale de correspondance à cause de la controverse qu'il y a eu récemment. Je vais d'abord lire un énoncé, sur l'obligation de rendre compte et, peut-être, vous pourriez le commenter.
D'abord et avant tout, le Conseil des Arts du Canada est redevable devant les contribuables du Canada. Il est aussi responsable des pairs qu'il désigne pour composer les comités et, par conséquent, il est responsable de leurs décisions.
Est-ce que cet énoncé est assez juste?
Mme Shirley Thomson: Je vais demander à Keith Kelly de parler de l'autonomie. Nous essayons de préciser encore plus le principe que la description qui en est donnée dans ce document.
M. Keith Kelly (directeur de la planification et de la recherche, Conseil des Arts du Canada): La question portait sur l'obligation de rendre compte, je crois. Le Conseil est responsable, en bout de ligne, de la sélection des pairs. Selon le processus en vigueur, le conseil d'administration examine toutes les subventions octroyées. Le Conseil des Arts fait rapport au conseil d'administration de chaque subvention qu'il octroie, et le conseil d'administration doit avaliser toutes les subventions qui dépassent 60 000 $. Pour les subventions de moins de 60 000 $, le conseil d'administration délègue cette autorité à la haute direction du Conseil des Arts. Donc oui, nous rendons compte de nos activités.
J'aimerais donner une petite précision. Ces cinq dernières années, le Conseil a octroyé quelque chose comme 25 000 subventions. Environ 10 ou 12 d'entre elles ont été controversées. Je crois que c'est assez révélateur d'une gestion rigoureuse.
M. Inky Mark: Je ne vise pas de subvention particulière. Je ne parle que de reddition des comptes. Trouvez-vous qu'en bout de ligne, c'est encore le politicien qui est responsable de vos actions, quelles qu'elles soient?
Mme Shirley Thomson: Est-ce que je pourrais donner un éclaircissement là-dessus? Nous relevons, c'est-à-dire moi et la haute direction, du président du Conseil des Arts du Canada et du conseil d'administration—notre conseil d'administration, si vous voulez—qui a été désigné par le gouvernement en place. Nous rendons directement compte de nos actions, par le biais de notre rapport annuel et d'états financiers vérifiés tous les ans, au ministre du Patrimoine canadien, qui à son tour présente ces rapports à la Chambre.
M. Inky Mark: Ne diriez-vous pas, alors, que c'est le ministre qui rend compte de vos activités?
Mme Shirley Thomson: Nous sommes conscients de dépenser l'argent des contribuables chaque fois que nous examinons un processus de subvention, chaque semaine lorsque se réunit la haute direction. Je peux vous assurer que mon conseil d'administration, donc les membres du Conseil des Arts, sont des gestionnaires avertis. Comme nous devons présenter notre budget la semaine prochaine, à la réunion du conseil d'administration, nous nous attendons à devoir répondre à des questions très pointues sur ce budget. On le fait périodiquement.
[Français]
M. Jean-Louis Roux: Monsieur le président, est-ce que je pourrais ajouter ceci? Comme président du Conseil des arts du Canada, je me sens responsable devant les citoyens et les citoyennes canadiennes, par l'intermédiaire, bien sûr, du ministre et des représentants de ces citoyens et de ces citoyennes. Donc, à mon avis, ma responsabilité concerne les citoyens et les citoyennes du Canada.
Le président: Monsieur de Savoye.
M. Pierre de Savoye (Portneuf, BQ): Monsieur le président, monsieur Roux, madame Thomson, j'aimerais poursuivre dans la même ligne de pensée, mais pas nécessairement selon les mêmes paramètres que mon collègue du Parti réformiste. Vous parlez de ces subventions qui sont controversées.
Dans mon esprit, les créateurs artistiques—les peintres, les poètes, les écrivains, voire même les pamphlétaires—, sont à leur manière les gardiens de la liberté d'esprit et, partant, de celle de la population. Ils sont à leur manière les guides du développement de l'humanité. Si on ne trouvait pas de diversité chez ces créateurs, on aurait l'uniformité. Et si on n'avait pas chez ces créateurs des sujets controversés, on souffrirait d'anémie intellectuelle.
En fait, ne faut-il pas bouleverser la terre pour que croisse la récolte? Par conséquent, je suis heureux de voir que le Conseil des arts a su assurer au milieu artistique une latitude qui lui permette de s'aventurer dans des terrains nouveaux et controversés. Il y a d'autres organismes qui répondent à ce Parlement et qui inscrivent dans leur plan d'action qu'ils se mouleront sur les orientations d'un ministère. Pensons à Radio-Canada et au ministère du Patrimoine. Il y a d'autres organismes et ministères qui insèrent leur action dans une camisole de force pour l'ajuster à la volonté politique du gouvernement au pouvoir. Il y a même une Chambre des communes qui, pour étouffer la controverse, empêche ceux qui ne sont pas d'accord de parler trop longtemps et même les empêche de s'exprimer d'autres façons.
Monsieur le président, j'invite le Conseil des arts à résister à toute ingérence politique ou à tout autre type d'ingérence en ce qui a trait à ce que j'appellerais son indépendance éditoriale. Le conseil a raison. Le conseil doit poursuivre dans la même voie. Le conseil a notre appui.
Peut-être voudrez-vous commenter.
M. Jean-Louis Roux: Monsieur le président, je crois qu'à l'exception d'un certain passage dans l'intervention de M. de Savoye, j'aurais pu moi-même m'exprimer exactement de la même façon que lui. Très brièvement, en tant que comédien et directeur de théâtre, j'ai toujours considéré que le théâtre et les arts en général avaient le rôle—je vais employer un mot un peu prétentieux, mais enfin, je pense que ça correspond à la réalité—d'éveilleur de conscience.
Les arts ne sont pas là pour apporter des réponses. Les arts sont là pour divertir, d'abord et avant tout, mais tout en divertissant, pour faire bouger l'évolution des consciences et placer les citoyens et les citoyennes du Canada en face des problèmes qui sont leur lot de tous les jours, sans leur apporter de réponse, mais en leur donnant des éléments pour qu'ils essaient de vivre avec ces problèmes et d'y apporter eux-mêmes leurs propres solutions.
Je suis entièrement d'accord avec vous que cet éveil des consciences ne peut pas se faire quelquefois sans un certain bouleversement qui est, en bout de piste, très sain pour les citoyens en général et pour la démocratie également.
M. Pierre de Savoye: Merci, monsieur Roux.
Merci, monsieur le président.
Le président: Merci beaucoup.
Monsieur Bélanger.
M. Mauril Bélanger (Ottawa—Vanier, Lib.): Je ferai deux ou trois petits commentaires au sujet des propos tenus par notre collègue du Parti réformiste.
• 1155
Je crois qu'il essayait de définir qui, finalement, est redevable
devant l'électorat. Il a raison de dire ou d'insinuer, comme il
tentait de le faire, que c'est le gouvernement, les élus, ce qui est
vrai. Mais il revient au gouvernement, ceux qui sont élus par le
peuple, d'établir le mandat du Conseil des arts, comme cela a été
fait: de le créer d'abord, d'en établir le mandat, d'en établir le
budget et de vérifier que les choses sont bien faites dans les limites
de ces paramètres, point.
C'est ce qui est fait, en ce sens qu'une vérification comptable est effectuée chaque année et qu'un rapport annuel est présenté devant les élus à la Chambre des communes. À l'aide de ces instruments, tout député ou tout citoyen canadien peut poser des questions et, s'il y a problème ou abus quelconque, voir à ce que cela soit corrigé. Dans ce sens-là, je le rejoins, mais pas plus loin que cela.
Je suis surtout de l'avis de M. de Savoye et de M. le président du Conseil des arts, qui vient de dire que les questions qui font évoluer une société viennent souvent des gens qui sont en marge, des gens qui osent remettre en question les façons de faire. Souvent, ces gens sont du milieu artistique.
Il est notoire que ceux qui veulent dominer un État s'en sont souvent pris aux artistes et ont voulu les éliminer parce que ce sont eux qui peuvent communiquer à la population de nouvelles façons de voir les choses et lui suggérer de nouvelles réflexions qui font essentiellement évoluer la société et l'espèce. Alors, nous nous rejoignons, à un passage près également, M. de Savoye et moi.
L'exemple que M. Kelly reprend est valable. En cinq ans, le Conseil des arts du Canada a émis au-delà de 25 000 octrois. Je mets mon collègue d'en face au défi d'en nommer une douzaine qui ont semé la controverse. Certains seraient prêts à affirmer, à ce moment-ci, qu'il n'y en a pas eu assez, qu'il en aurait fallu davantage. Vous savez, il y a un équilibre qui s'établit dans une société. Il ne faut pas oublier que si tout était statique, il n'y aurait plus d'évolution et plus d'amélioration. En ce sens, le Conseil des arts joue très bien son rôle.
J'avais des questions, mais vous y avez déjà répondu. Elles portaient sur la façon d'octroyer des sommes d'argent à des pairs. J'ai entendu des gens faire certaines affirmations. Je me rends compte que ces affirmations ne peuvent être vraies si le système que vous avez mis en place est appliqué. Selon ce qu'on entendait, certains artistes se jugeaient entre eux; quand ils faisaient partie d'un jury, ils approuvaient les soumissions d'artistes faisant partie du même jury qu'eux et s'entraidaient de cette façon.
Cependant, d'après les règles que vous avez décrites ici ce matin, et que j'ai lues, cela ne peut se produire. Ai-je raison d'en être convaincu?
Mme Shirley Thomson: Vous avez tout à fait raison.
M. Mauril Bélanger: Monsieur le président, je suis satisfait.
Je ferai un dernier commentaire sur ce qu'a dit Mme Thomson, quand elle a rappelé qu'à l'époque de l'invention du téléphone, les gens avaient l'impression que cela constituait une attaque contre l'intimité des gens, une intrusion dans l'espace des gens. Je pense qu'elle avait tout à fait raison de dire cela.
Mme Shirley Thomson: C'est l'artiste qui l'a dit, pas moi.
M. Mauril Bélanger: Maintenant, c'est encore pire parce qu'on traîne son appareil sur soi.
Merci, monsieur le président.
Le président: Pour bien illustrer votre propos, nous entendrons sonner un cellulaire dans la minute qui vient.
[Traduction]
Monsieur Shepherd.
M. Alex Shepherd (Durham, Lib.): J'aimerais seulement revenir sur ce que disait M. Mark au début.
J'ai eu le plaisir—ou le déplaisir, je suppose—alors que j'étais en voiture un jour, de l'entendre sur le poste CFRB éplucher en quelque sorte la liste des projets. J'ai cette liste—Bubbles galore, etc., etc.
La question que je veux poser porte sur le fait que des gens se permettent de critiquer un jour et pas l'autre ce que vous faites. Quel effet, d'après vous, cela a-t-il sur la communauté artistique? Est-ce que cela empêche les gens, en fait, de faire valoir leurs impressions artistiques? Est-ce que cela entraîne une réduction du financement des arts dans d'autres régions du pays?
• 1200
Il semble que ce soit devenu très populaire. Je pense que nous avons
toujours eu des critiques à formuler, mais nous semblons plus portés
maintenant à intervenir sur les tribunes radiophoniques, où tout le
monde a une la réponse à donner à tout, en quelques lignes. Ça touche
la masse populaire et influence les politiciens, manifestement, parce
que nous recevons des commentaires dessus. Les gens croient, bien
entendu, ce qu'ils entendent d'extraits sonores de deux ou trois
secondes.
Je voudrais seulement savoir l'effet que cela peut avoir, selon votre perspective, sur la communauté artistique.
Mme Shirley Thomson: Permettez-moi de donner une première réponse, puis je laisserai la parole à ma collègue, Joanne Morrow.
[Français]
Êtes-vous d'accord, monsieur le président?
Le président: Oui.
[Traduction]
Mme Shirley Thomson: Les artistes sont dotés de prescience et, je crois, n'ont pas de prix. Ils pratiqueront leur art, quelle que soit la critique. Notre travail est de soutenir les artistes et d'appuyer la validité de leur projet à la lumière de critères artistiques et de critères d'excellence établis par notre groupe d'évaluation par les pairs.
Alors oui, nous prêtons l'oreille à la critique. Il peut parfois être tout à fait sain d'avoir un débat sur ce qui constitue, dans le fond, une dimension spirituelle. C'est ainsi que s'articulent les valeurs de notre pays. Et ce débat peut faire rage dans toutes les régions.
Par contre, il y a le monde plus conservateur des commanditaires—je pense particulièrement aux sociétés qui ne sont pas à la fine pointe, disons, des développements technologiques, et qui préfèrent ne commanditer que des projets sûrs et l'art sûr—ces sociétés pourraient être tentées de retirer leur soutien. Fort heureusement, cependant, il y a des sociétés qui comprennent la valeur de l'innovation et qui ne reprendront pas le soutien donné.
Peut-être Joanne Morrow a-t-elle quelque chose à ajouter là-dessus.
Mme Joanne Morrow (directrice, Division des arts, Conseil des Arts du Canada): Très brièvement, je crois que les artistes donnent un certain poids, ou même apprécient le fait que les gens qui ne sont pas artistes parlent des arts.
Je pense que l'un des problèmes et des défis que connaît le Conseil des Arts, que nous nous efforçons toujours de régler, consiste à trouver le moyen de faire ressortir l'importance des arts dans la vie des gens—le pouvoir, la valeur des arts, ce que cela représente pour la société dans son ensemble que nos artistes puissent travailler dans une société libre, ou ils peuvent exprimer leurs idées.
La controverse peut susciter la gêne pour toute personne, artiste ou non, qui fait l'objet de la critique, mais dans l'ensemble, cela vaut mieux que l'indifférence.
M. Alex Shepherd: D'accord.
Je vais prendre une autre tangente. Je sais que le vérificateur général a déjà parlé, dans le passé, de la relation avec le Centre national des Arts. J'aimerais savoir où en est cette relation aujourd'hui et si elle s'est améliorée.
Mme Shirley Thomson: Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le Centre national des Arts. De fait, dans la loi qui le régit, il est recommandé au Centre national des Arts de coopérer avec le Conseil des Arts du Canada à la promotion des arts du spectacle dans tout le pays.
Nous avons signé récemment un protocole d'entente avec le Centre national des Arts, dans lequel nous convenons de collaborer avec eux pour les stages. Nous nous préoccupons de l'Orchestre national des jeunes du Canada. Certaines oeuvres de notre banque d'oeuvres d'art se trouvent au Centre national des Arts. Nous entretenons avec lui une relation professionnelle très étroite, à tous les niveaux.
M. Jean-Louis Roux: Peut-être puis-je vous citer un exemple pour illustrer notre partenariat avec le Centre national des Arts.
L'année dernière, le théâtre français a présenté une série de performances intitulées La quinzaine du théâtre en région. Ils ont invité des groupes de comédiens de tout le Canada à venir présenter leurs propres productions à Ottawa. Le Conseil a appuyé la quinzaine du théâtre en région en lui octroyant un montant forfaitaire de 100 000 $, je crois. C'est donc un appui important, et cela vous donne un exemple de la nature du partenariat entre le Conseil et le Centre national des Arts.
Mme Shirley Thomson: Peut-être Keith voudrait-il ajouter quelque chose.
Le président: Monsieur Kelly.
M. Keith Kelly: Merci. Vous pouvez m'appeler Keith.
Nous avons aussi un partenariat avec le Centre national des arts et le Centre national de recherche, en vue de la tenue d'une conférence d'une journée sur la créativité dans les arts et les sciences, qui aura lieu le 21 juin. Le Centre national des arts est aussi le partenaire du Conseil des arts du Canada au Sommet mondial sur les arts et la culture. Nous avons trouvé des moyens très pratiques et tangibles de travailler ensemble.
Notre directeur siège au conseil d'administration de la Fondation des prix du Gouverneur général pour les Arts de la scène, une initiative à laquelle le Centre national des arts et le Conseil des arts du Canada travaillent en étroite collaboration. Joanne Morrow, notre directrice de la Division des arts, a travaillé avec la Fondation à la mise sur pied d'une meilleure procédure d'adjudication pour la désignation des lauréats de prix des arts de la scène.
Nous trouvons toujours des moyens d'approfondir notre relation à un degré très pratique et nous sommes déterminés à continuer de le faire dans le futur.
Mme Shirley Thomson: Est-ce que je pourrais faire une autre observation?
Le président: Oui, madame Thomson.
Mme Shirley Thomson: J'ai parlé récemment avec le président du Centre national des arts, David Leighton, après un spectacle qu'il y avait eu là, et il m'a dit savoir que les artistes que nous avions vus sur cette scène—la plupart d'entre eux du moins—avaient bénéficié d'une subvention du Conseil des arts du Canada. Je pense que si nous faisions un examen approfondi, nous découvririons que les arts de la scène, au Centre national des arts, ont largement eu l'appui du Conseil des arts du Canada depuis une trentaine d'années.
Le président: Monsieur Mark.
M. Inky Mark: Merci, monsieur le président.
Je dois avouer que l'une des choses qui fait de ces projets qu'ils sont si controversés est qu'ils sont financés par les fonds publics, comme Bubbles Galore, vous le savez. Si ce projet n'avait pas été financé par les contribuables... C'est-à-dire que ce n'est qu'un film pornographique de plus, mais la controverse vient du fait que sa production a été financée par les deniers publics.
Il nous faut comprendre que n'importe quel projet créatif qui est financé par le secteur privé, quel qu'il soit, ou à peu près, ne soulèvera pas de protestations de la part du public, en tout cas pas des milieux officiels. Il y a une différence, et c'est pourquoi j'ai demandé que, quelque part là-dedans... Je comprends les problèmes de la créativité, dont nous avons discuté avant la réunion. Comme j'ai été enseignant, je connais les problèmes qui sont toujours présents, mais comment composer avec eux? Je suppose que c'est cela qu'il faut dire. Autrement dit, cette année, il y a une hausse du budget, alors est-ce que cela veut dire que nous devrons nous attendre à autant de projets soi-disant controversés?
Le président: Madame Thomson, voulez-vous répondre à cela?
Mme Shirley Thomson: Je pourrais essayer.
Premièrement, Bubbles Galore n'est pas un film pornographique. C'est un film expérimental très intéressant qui fait l'examen de la situation d'une femme dans un monde d'hommes, qui essaie de faire du fric, si vous voulez, en produisant des films pornographiques. Il y a énormément d'ironie et de satyre dans ce film. Cynthia Roberts jouit d'une excellente réputation dans le monde du cinéma. Ses films ont remporté des prix dans le monde entier. Le film qui a précédé Bubbles Galore, intitulé The Last Supper, a remporté un prix très prestigieux au Festival des films de Berlin.
Nous lui faisons confiance en investissant dans des subventions qui lui sont attribuées pour que—qui sait?—dans cinq ans, peut-être, elle puisse produire un film digne de renommée internationale, du genre du Violon rouge de François Girard ou de n'importe laquelle des oeuvres d'Atom Egoyan.
Vous soulevez la question de savoir si l'État devrait subventionner les arts. Les arts ont toujours eu besoin de subventions, qu'elles viennent de monarques, de rois, de princes, d'aristocrates, du Vatican—je pense particulièrement à l'époque de la Contre-Réforme, aux XVIe et XVIIe siècles, lorsque l'architecture et la peinture baroques ont connu un essor phénoménal—ou encore qu'elles soient fournies par l'État, comme en Allemagne, en France et en Italie.
Les artistes eux-mêmes, je crois, ont un revenu moyen d'environ 13 000 $ par année. Ce n'est pas assez pour acheter les matériaux—et c'est particulièrement grave dans le domaine des arts visuels—pour produire leurs oeuvres.
• 1210
L'État moderne devrait-il financer les arts? Il finance les routes,
le transport, les égouts les parcs. À notre avis, les arts sont une
part importante de l'identité des Canadiens.
M. Inky Mark: Ce n'est pas la question, cependant. La question c'est: Que faisons-nous si les projets controversés suscitent des préoccupations? Il faut bien composer avec elles.
Mme Shirley Thomson: Je présume que nous devrions peut-être parler aux journaux à ce sujet, parce que le scandale fait monter les ventes de journaux, je crois.
M. Inky Mark: C'est un bon argument.
M. Mauril Bélanger: Oui, mais n'est-ce pas vrai?
Mme Shirley Thomson: Exactement.
[Français]
M. Jean-Louis Roux: Monsieur le président, si je peux répondre aux commentaires de M. Mark, je dirai qu'effectivement, il y a une partie de ces 10 millions de dollars additionnels qui vont aller en subventions à des projets qui vont finir par créer de la controverse. Nous ne ferons pas exprès. Nous ne prendrons pas des mesures qui conduiront à la controverse, mais nous ne prendrons sûrement pas des mesures pour empêcher la production d'oeuvres qui pourraient créer la controverse.
Je pense que le caractère public des subventions ne change rien à l'affaire. Il serait absolument détestable, à mon avis, que le Conseil des arts du Canada mette sur pied un mécanisme pour empêcher la production d'oeuvres qui pourraient créer de la controverse.
Voici un deuxième commentaire très bref. Jamais un membre de jury ou un membre de l'équipe du Conseil des arts du Canada ne peut prédire ce que va devenir un projet. Le projet est accepté. Ensuite, l'artiste est libre de réaliser ce projet. Si l'oeuvre qui arrive en bout de piste crée la controverse, encore une fois, je crois, comme on l'a dit, que c'est souhaitable, évidemment à la condition que toutes les oeuvres ne créent pas la controverse.
Je pense que la proportion de ces oeuvres est très petite: une douzaine ou une vingtaine d'oeuvres sur les 25 000 que le Conseil des arts du Canada a subventionnées durant les quatre dernières années.
Le président: Monsieur de Savoye.
M. Pierre de Savoye: Évidemment, lorsqu'il y a de la controverse, c'est plus intéressant, et pour les journaux, et peut-être pour nous. Mais pour l'essentiel, il me semble qu'il n'y a pas assez d'oeuvres qui suscitent la controverse. Vous n'êtes pas suffisamment visibles. La controverse est ce qui permet de faire avancer les idées.
Entre vous et moi, si un livre ne suscite pas un peu la controverse—on peut penser, par exemple, à Sortie de secours—, qui va l'acheter? S'il y a de la controverse, tout le monde veut se procurer le livre parce que, manifestement, ça fait avancer les idées, la réflexion, la vision que nous avons de ce que nous sommes, de ce que nous pourrions être ou de ce que nous aurions pu être ou ne pas être.
Par conséquent, quand on dit d'une oeuvre qu'elle crée la controverse, je n'y vois pas de problème. J'y vois, au contraire, un avancement de la réflexion humaine. Je trouve qu'il n'y a pas assez de controverse. Je trouve que vous devez oser davantage, parce que le jour où le milieu artistique n'osera plus—c'est arrivé dans d'autres pays et dans d'autres sociétés—, qui d'autre osera? Nous arrêterons d'oser. Ceux qui ouvrent les frontières sont ceux qui osent et ce sont les créateurs qui le font. Osez.
M. Jean-Louis Roux: Merci, monsieur de Savoye.
Est-ce que je pourrais brièvement rappeler que l'histoire évolue et fait évoluer le genre humain. Par exemple, les oeuvres Les Fleurs du mal et L'Amant de lady Chatterley ont été interdites à l'époque où elles ont été créées, mais elles font partie de nos jours du patrimoine artistique et culturel du monde entier. Cela donne à réfléchir quant aux petites controverses que créent certaines des oeuvres que subventionne le Conseil des arts du Canada.
Le président: Y a-t-il d'autres questions?
M. Mauril Bélanger: La liste ne s'arrête pas là. Il y a d'autres personnes qui, de nos jours, tentent d'enrayer la publication de certains livres. Je n'entrerai pas dans les détails, monsieur le président.
Le président: Je pense, monsieur Roux, que vous avez touché un point très important. Il me semble que vous avez démontré que le Conseil des arts, si j'ai bien compris votre intervention qui s'accorde avec ma propre conception, a pour tâche, grâce à la collaboration des pairs et à la façon dont il distribue ses subventions, de s'assurer que des critères de base soient retenus et examinés, et que la distribution se fasse selon ces critères. Une fois le projet accepté, l'expression artistique peut l'orienter dans des dédales que vous ne pouvez pas vous-même imaginer. C'est là qu'est vraiment le bon côté de la chose. Est-ce que je vous ai bien compris? C'est-à-dire que vous travaillez selon des critères bien établis et selon lesquels, pourvu qu'ils soient respectés, le conseil rend compte au public. Est-ce bien ainsi?
M. Jean-Louis Roux: Monsieur le président, vous avez décrit très fidèlement la situation qui existe au Conseil des arts du Canada. Les membres de l'équipe voient à ce que les projets soumis répondent à des critères très précis. Une fois qu'ils répondent à ces critères, les projets deviennent admissibles et sont soumis à un jury constitué de pairs.
Comme je l'ai dit et comme vous l'avez souligné, les membres du jury ne peuvent pas prédire ce que deviendra ce projet, pas plus que les membres de l'équipe du conseil ou les membres du conseil d'administration du Conseil des arts du Canada. À ce moment-là, l'artiste est libre de réaliser son projet comme il l'entend, et cela aboutit à de la controverse dans un petit nombre de cas.
Le président: Monsieur Bélanger.
M. Mauril Bélanger: Permettez-moi de vous suggérer, monsieur le président, d'inclure dans votre réponse à la lettre de la ministre une copie de la transcription de la réunion de ce matin.
Le président: Je pense, en effet, que ce serait une très bonne idée.
En tout cas, nous vous remercions beaucoup d'avoir pris le temps de comparaître devant nous aujourd'hui. Nous l'apprécions beaucoup parce que je pense que cela a fait le point sur toute la question soulevée par la ministre et par M. Mark. J'espère que tous les membres du comité sont satisfaits, comme je le suis moi-même, des explications que vous nous avez fournies. Nous sommes très heureux que vous soyez venus ici aujourd'hui.
[Traduction]
Nous vous remercions beaucoup pour votre témoignage. Je crois que cela a été très utile pour nous tous ici. Merci.
M. Jean-Louis Roux: Monsieur le président, nous vous remercions et aussi chacun des membres du comité, de nous vous avoir si bien accueillis.
J'aimerais ajouter
[Français]
qu'il y a un proverbe qui reste toujours vrai: «De la discussion jaillit la lumière». J'espère donc que, de notre discussion de ce matin, jaillira de la lumière.
Le président: Merci beaucoup.
[Traduction]
Merci, monsieur Thomson.
[Français]
Monsieur de Savoye, pouvez-vous me donner encore une seconde, après quoi on vous libère?
[Traduction]
Si les membres du comité veulent bien patienter encore une ou deux minutes, nous avons parlé du budget à plusieurs reprises. M. Radford, qui remplace notre greffier, qui est malade, a mis à jour le budget en y ajoutant ce qu'il nous en a coûté de faire venir les témoins jusqu'à maintenant. Ce sera différent, comme vous verrez, du budget précédent. Nous vous le laissons pour que vous puissiez l'examiner.
Le greffier pourra vous donner toutes les explications que vous voudrez à notre prochaine réunion. Nous pourrons alors discuter du budget et déterminer si vous voulez bien l'approuver et l'appuyer. À la prochaine réunion, donc, nous discuterons du budget et verrons si nous l'approuvons. Merci.
Une voix: Quand est-ce que ce sera?
Le président: La prochaine réunion aura lieu mardi prochain.
[Français]
Merci beaucoup.
La séance est levée.