NRGO Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON NATURAL RESOURCES AND GOVERNMENT OPERATIONS
COMITÉ PERMANENT DES RESSOURCES NATURELLES ET DES OPÉRATIONS GOUVERNEMENTALES
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le mercredi 16 février 2000
Le président (M. Joseph Volpe (Eglinton—Lawrence, Lib.)): Merci mesdames et messieurs, chers collègues. La séance est ouverte.
Conformément au paragraphe 110(1) du Règlement, nous examinons aujourd'hui la nomination par décret de l'honorable André Ouellet qui comparaît devant nous en sa qualité de président-directeur général de la Société canadienne des postes.
Je crois, monsieur, que vous êtes accompagné d'un invité. Peut-être aimeriez-vous le présenter.
Nous avons le quorum pour entendre les témoins. Je sais que vous connaissez bien la façon de procéder des comités. Vous aurez le temps de faire un exposé et ensuite, nous passerons aux questions et réponses.
Monsieur Ouellet, si vous voulez bien, vous pouvez présenter votre collègue et commencer.
L'hon. André Ouellet (président-directeur général, Société canadienne des postes): Monsieur le président, merci beaucoup de m'accueillir.
J'aimerais dire au départ qu'en tant qu'ancien parlementaire et membre du comité—le Comité McGrath—qui a examiné le Règlement de la Chambre des communes et a fait une série de recommandations il y a quelques années en vue de valoriser le rôle et la responsabilité des simples députés, je me souviens que l'une des recommandations à ce moment-là consistait à conférer au comité de la Chambre la possibilité d'examiner toute nomination par le gouverneur en conseil. Ayant participé aux débuts de cette nouvelle politique, c'est certainement avec plaisir que je réponds à votre demande et que je comparais devant vous aujourd'hui pour répondre aux questions concernant ma nomination par le gouvernement au poste de président et de directeur général de la Société canadienne des postes.
• 1535
Ma déclaration va être relativement brève afin que vous
puissiez me poser des questions. J'aimerais toutefois pour
commencer, rappeler aux membres du comité que mes liens avec la
Société canadienne des postes remontent à de nombreuses années.
J'ai été en effet nommé ministre des Postes dans les années 70 et
j'ai été ministre des Postes à deux reprises, le premier ministre
m'ayant demandé d'assumer cette responsabilité une deuxième fois
afin de diriger la transformation du ministère en société d'État.
C'était un défi de taille au début des années 80 et cela s'est fait avec la coopération des syndicats par le biais de consultations syndicales. La loi du Parlement portant création de la Société d'État a été approuvée tant par le gouvernement de l'époque que par tous les partis politiques qui siégeaient à la Chambre à ce moment-là. Cette loi est le fruit d'efforts déployés pendant de nombreux mois et de travaux approfondis en comité.
J'ai occupé le poste de président du conseil d'administration de janvier 1996 à novembre 1999 et j'ai été président et directeur général à titre intérimaire de janvier à novembre 1999. En tant que président du conseil d'administration, j'ai eu le privilège de voir la Société en action et lorsque l'on m'a demandé d'occuper ce poste de façon permanente, j'ai pensé avoir suffisamment de connaissances et d'expérience pour accepter cette responsabilité.
Alors que, comme je l'ai dit, j'ai joué un rôle important au cours de la transformation du ministère des Postes en une société d'État, les dernières années du XXe siècle correspondent sans doute à l'une des périodes les plus passionnantes et probablement les plus cruciales de l'histoire du service postal canadien. Je suis certainement très fier d'avoir été choisi pour diriger la Société canadienne des postes au moment où elle a été confrontée à ce défi et où elle aborde le nouveau millénaire.
[Français]
Je voudrais dire en particulier que l'effort le plus important qui a probablement été fait au début, lorsque j'ai assumé mes nouvelles responsabilités, a été de travailler en concertation avec l'équipe de direction pour donner une nouvelle vision à la Société des postes et établir un certain nombre de priorités.
Cette vision a été énoncée au terme de consultations à l'interne menées dans le cadre d'une série de réunions, d'ateliers et d'échanges entre les 80 principaux dirigeants de la société. Ce que nous voulons faire en vue de l'avenir, c'est tracer clairement le parcours que la Société canadienne des postes devra suivre pour s'assurer un avenir fructueux.
Selon cette vision, la Société canadienne des postes sera un chef de file mondial en offrant des solutions novatrices en matière de livraison physique et électronique à l'avantage de ses clients, de ses employés et de tous les Canadiens.
Élaborons sur les aspects majeurs de cet énoncé. La Société canadienne des postes devra être un chef de file mondial qui sera perçu comme tel. En d'autres mots, elle devra être un intervenant international de portée mondiale. Il n'y a aucun doute qu'aujourd'hui, pour bien servir la population et nos autres clients que sont les compagnies canadiennes, et pour faire face à la globalisation des marchés, nous devons être cet intervenant de taille qui est reconnu comme un chef de file dans son domaine.
Il est donc extrêmement important que nos clients puissent compter sur un partenariat fiable et privilégié qui dispose d'une technologie de pointe. Nous devons être une entreprise qui vise l'excellence dans tous les aspects de ses activités.
• 1540
La Société canadienne des postes devra donc être
novatrice. Nous ne pourrons nous contenter de réagir.
Nous
devrons précéder nos concurrents en offrant des
solutions sachant satisfaire aux besoins de nos clients.
L'opinion de nos clients à notre égard dépendra directement de ce que nous leur offrirons. Nous serons perçus comme étant novateurs, avant-gardistes et souples dans la mesure où nous serons perçus comme étant une compagnie qui a franchi la phase du high tech. En d'autres mots, la Société canadienne des postes ne peut plus se contenter d'être une entreprise qui réagit aux marchés d'une façon sporadique et lente. Nous devons être proactifs et très rapides pour répondre aux besoins de la clientèle.
Comme on le voit de plus en plus avec ce qui se passe en Europe, toutes les postes nationales, et pas seulement les Postes canadiennes, ne sauront assurer leur avenir que si elles deviennent des experts dans le domaine de la livraison. Aujourd'hui, avec l'utilisation de plus en plus grande de l'Internet, il est évident que les gens qui feront des transactions et achèteront des biens par Internet voudront qu'ils leur soient livrés rapidement. Nous devrons être capables d'offrir constamment un service fiable et rapide pour permettre à nos clients non seulement de satisfaire à leurs engagements, mais aussi d'accroître leurs activités.
Nous reconnaîtrons l'occasion unique qui nous est donnée d'établir le lien entre les Canadiens en exécutant notre mandat social et en demeurant accessibles, quel que soit le besoin. Nous devrons faire la preuve que notre réseau intégré peut offrir des solutions pour une livraison à la fois physique et électronique efficace, économique et avantageuse.
Pour que notre clientèle puisse percevoir notre valeur, il doit être clair que les clients doivent être au centre de tout ce que nous faisons. Nous devons simplifier nos activités en adaptant à la fois nos produits et nos services sur mesure afin d'être reconnus comme un fournisseur privilégié. Nous devrons également veiller à la croissance de notre rentabilité et de notre part de marché afin d'assurer la satisfaction de notre clientèle et de maintenir notre engagement envers l'excellence.
[Traduction]
Pour que la Société réussisse, il est essentiel de miser sur la qualité de nos employés. Pour souligner les points forts de nos employés, nous devons poursuivre un objectif commun de manière à améliorer leur niveau de satisfaction tout en les motivant à croire dans l'avenir de la Société; nous devons demander à la gestion de gagner la confiance des employés et nous engager à assurer la formation et le développement des employés afin de viser l'amélioration constante, la promotion du travail d'équipe, le développement de nos activités et la gestion des ressources humaines.
Il est évident que la réussite d'une société dépend de la satisfaction des clients et des employés, lesquels sont directement reliés les uns aux autres. Si nous pouvons augmenter la satisfaction de nos employés, leur performance n'en sera que meilleure. Si leur performance est meilleure, nos clients auront l'impression qu'ils bénéficient d'un meilleur service.
C'est une tâche à laquelle nous nous sommes déjà attelés. Nous espérons qu'au cours des prochaines semaines et des prochains mois, le niveau de satisfaction et le niveau de fierté des employés de la Société canadienne des postes augmenteront considérablement.
Notre vision se traduit bien sûr par des mesures précises, tangibles, axées sur nos principales priorités stratégiques. Des percées dans le commerce électronique, avec des produits comme la poste électronique (PE), cybercolis, Xpresspost- et le courrier électronique en nombre vont soutenir notre avantage concurrentiel, alors que nous répondrons aux nouveaux besoins de nos clients, tout en tirant avantage de la nouvelle technologie qui permet de prendre le pouls de nos opérations quotidiennes, comme les systèmes de planification des ressources de l'entreprise.
• 1545
Comme nous sommes le principal propriétaire de Purolator, il
faut qu'il y ait entre la Société canadienne des postes et
Purolator une plus grande synergie pour ce qui est de l'achat des
biens et services et nos pouvoirs d'achat doivent être utilisés de
manière à réaliser de meilleures affaires pour les deux sociétés.
Notre pouvoir d'achat équivaut en fait à près de 2,3 milliards de
dollars par année et en misant sur ce pouvoir d'achat, nous pensons
pouvoir facilement économiser de 25 à 50 millions de dollars. C'est
donc un domaine que j'examine de très près et dans lequel,
j'espère, nous réaliserons des progrès.
Comme je l'ai dit plus tôt, il faut obtenir la participation de tous nos employés si nous voulons atteindre nos objectifs. Je tiens bien sûr à ce qu'ils jouent un rôle actif et nous aident à façonner l'avenir de la Société canadienne des postes. Depuis ma nomination, je tiens à rencontrer régulièrement les syndiqués ou les employés, à avoir des échanges de vues sur l'évolution de nos activités et à favoriser de meilleures relations de travail. Je suis convaincu qu'une convention collective à long terme est importante pour assurer la stabilité et la santé de notre société.
Les employés représentés par le Syndicat des postiers du Canada votent actuellement pour une nouvelle convention collective. La ratification de cette convention indiquera clairement à nos clients qu'ils peuvent s'appuyer sur nous. En tant que président et directeur général, mon rôle consiste à inciter mes employés à déployer un effort commun pour édifier une société fructueuse, de classe mondiale et à l'avenir solide. En combinant nos expériences et notre volonté commune de réaliser nos visions, l'essor de notre société sera à l'avantage de tous les Canadiens pour le prochain siècle.
La Société canadienne des postes jouit d'une bonne réputation, me semble-t-il. Depuis la création de la Société, nous avons réussi à améliorer le service, à remplir notre mandat qui consiste à fournir un service essentiel aux localités dans l'ensemble du Canada. C'est un mandat auquel nous tenons. Notre réseau est unique par rapport à celui de n'importe quelle autre organisation au Canada. C'est un réseau de points de détail sur lequel il faut miser et qui devrait être utilisé dans une plus grande mesure. Bien sûr, alors que certains pensent qu'une administration postale nationale n'a pas d'avenir à cause du déclin potentiel de la poste- lettres traditionnelle, je crois au contraire que la distribution, le courrier électronique et la poste-lettres sont là pour rester, car beaucoup de gens vont continuer à écrire des lettres de façon traditionnelle; par conséquent, un bel avenir s'ouvre à la Société canadienne des postes et nous sommes enthousiastes à cet égard.
Merci, monsieur le président.
Le président: Merci, monsieur Ouellet. Je sais que les membres du comité attendent depuis pas mal de temps d'avoir l'occasion de vous parler, puisque nous avons dû reporter une ou deux séances. C'est avec enthousiasme qu'ils vont vous poser des questions.
Monsieur Schmidt, vous pouvez commencer.
M. Werner Schmidt (Kelowna, Réf.): Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Ouellet, merci beaucoup de finalement comparaître. Nous ne sommes pas responsables de ce retard. Vous étiez prêt à venir, mais n'avez pas pu venir. Je suis donc très heureux que nous puissions finalement vous rencontrer.
• 1550
J'aimerais, monsieur le président et monsieur Ouellet, diviser
ma question en deux parties, la première portant sur votre
nomination et la deuxième, sur votre vision pour la Société
canadienne des postes et son opération ainsi que sur les progrès
réalisés jusqu'ici. Pour ce qui est de la première partie, en tant
que président du conseil d'administration, étiez-vous membre votant
du conseil?
M. André Ouellet: Nous ne tenons pas de vote, les décisions sont prises par consensus.
M. Werner Schmidt: Par conséquent, avez-vous pris part à la décision de retenir les services de Mandrake Management Consultants pour faire une recherche de candidats en vue de remplacer le président, dont le poste était vacant à ce moment-là?
M. André Ouellet: Oui. J'étais président du conseil d'administration et la décision de retenir les services d'une société pour faire cette recherche a été prise collectivement par le conseil d'administration.
M. Werner Schmidt: Savez-vous à combien s'élève le coût de cette recherche?
M. André Ouellet: Je le sais, mais je ne peux pas révéler les ententes contractuelles conclues entre des sociétés et la Société canadienne des postes. Je peux vous assurer toutefois que ce coût correspond à celui demandé pour ce genre d'activité dans ce domaine.
M. Werner Schmidt: Étiez-vous également membre du conseil d'administration lorsqu'il a décidé de ne pas accepter la recommandation de Mandrake Management Consultants?
M. André Ouellet: Non. Comme vous le savez, nous avons retenu les services de cette société, mais la nomination du président du conseil d'administration ainsi que celle du président et du directeur général sont des nominations par décret faites par le gouvernement et non par le conseil d'administration de la Société canadienne des postes.
M. Werner Schmidt: Qui donc a rejeté la recommandation de cette société de conseillers en gestion?
M. André Ouellet: C'est le gouvernement.
M. Werner Schmidt: D'accord. Qui a recommandé au Cabinet de vous nommer au poste de président?
M. André Ouellet: Je n'étais pas au Cabinet, mais je suppose que c'est le ministre responsable qui a fait cette recommandation.
M. Werner Schmidt: Habituellement, les ministres ont accès à des gens qui leur font des recommandations avant qu'ils ne se rendent au Cabinet. Le conseil d'administration de la Société canadienne des postes a-t-il aidé ou conseillé le ministre à propos de la nomination du président?
M. André Ouellet: Le ministre a consulté à la fois la gestion et les membres du conseil d'administration avant de prendre une décision et de faire une recommandation au gouvernement. Je peux vous assurer qu'au tout début, ce poste ne m'intéressait pas. J'essayais de trouver une personne qualifiée. Je voulais en fait continuer à occuper le poste de président du conseil d'administration, mais on m'a demandé d'agir à titre de président intérimaire; j'imagine que comme j'ai fait un bon travail, on a décidé de me garder.
M. Werner Schmidt: Monsieur le président, j'aimerais passer maintenant à la vision du nouveau président pour la Société canadienne des postes. J'aimerais en particulier m'attarder sur un ou deux points. Le premier porte sur les relations qui existent entre la poste électronique et la Banque de Montréal.
M. André Ouellet: Nous pensons que la poste électronique a un très bel avenir. Alors que la Société canadienne des postes dispose des connaissances et certainement de l'expertise dans le domaine de la distribution, de la livraison et de la manutention du courrier, nos connaissances techniques étaient limitées. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de nous lancer dans une coentreprise avec une société qui possédait cette expertise; c'est la société Cebra, une filiale de la Banque de Montréal. Par conséquent, la poste électronique appartient conjointement à la Société canadienne des postes et à Cebra. C'est une société qui commercialise un service appelé poste électronique, que nous avons lancé il y a quelques mois et qui permet au public de recevoir du courrier électronique dans une boîte postale électronique.
• 1555
Nous essayons de faire comprendre aux gens que tout comme ils
reçoivent chaque jour des factures dans leur boîte aux
lettres—factures de téléphone, d'électricité, de magasins,
etc.—ils peuvent maintenant les recevoir dans une boîte postale
électronique. Ce service électronique est doté du même niveau de
sécurité que celui de la poste-lettres traditionnelle qui existe
depuis toujours.
Tout comme vous pouvez être sûrs que personne ne touchera au courrier traditionnel—car c'est une infraction criminelle—vous pouvez être sûrs d'avoir le même niveau de sécurité pour le courrier électronique. Avec les clés de cryptage et les nouvelles technologies que nous avons achetées et développées, nous pourrions donner aux Canadiens le même niveau de confiance si bien qu'ils auraient la garantie que leur boîte postale électronique est sûre. Toutes les opérations qu'ils feraient avec des particuliers ou des entreprises porteraient un cachet postal, tout comme un timbre- poste, afin de garantir le niveau de confidentialité et de sécurité.
Le président: Merci, monsieur Ouellet.
Monsieur Schmidt, je passe maintenant du côté du gouvernement. Nous avons un vote dans 15 minutes si bien que je vais essayer de céder la parole à ceux qui ont manifesté le désir de poser une question à M. Ouellet. Votre tour pourra peut-être revenir.
Monsieur Ianno.
M. Tony Ianno (Trinity—Spadina, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.
Tout d'abord, merci de venir devant le comité. J'ai quatre questions et en raison des contraintes de temps j'aimerais les poser toutes à la fois, puis, selon le temps dont vous disposerez et en fonction de la permission accordée par le président, vous verrez dans quelle mesure vous pourrez me répondre.
La première question porte sur la poste électronique. Pour ce qui est de la transition, des coûts et de la perte de recettes pour la Société canadienne des postes en attendant que le système soit opérationnel, y a-t-il beaucoup de différence? J'ai une deuxième partie à cette question. Si ce système fonctionne, envisagez-vous d'exporter cette connaissance dans d'autres pays qui ne sont peut- être pas nécessairement au même niveau que vous? Ces deux questions sont reliées.
Nous avons parlé ces quelques dernières années de...
Le président: Puis-je vous interrompre, monsieur Ianno? Par égard pour tous les collègues, pouvons-nous demander à M. Ouellet de répondre à ces deux questions? Nous verrons alors où nous en sommes et je pourrai donner aux autres la possibilité de poser des questions.
M. Tony Ianno: Certainement.
M. André Ouellet: Il est très clair qu'il s'agit d'un nouveau service et que la première étape consiste à investir de l'argent, ce que nous avons fait, et à tester les systèmes. Évidemment, un service postal électronique produit beaucoup moins de recettes que le courrier traditionnel. Nous pourrions bien sûr nous mettre la tête dans le sable et penser que le volume de courrier ne va pas diminuer, mais nous savons qu'il va diminuer. Il y a de plus en plus de distribution directe. De plus en plus de gens utilisent les ordinateurs et Internet. Puisqu'il s'agit d'une part du marché qui est en plein essor, nous voulons en profiter. Nous sommes présents et nous pensons que notre service est excellent et très sûr.
C'est la raison pour laquelle nous essayons de convaincre le gouvernement du Canada—qui veut créer un canal sûr—d'utiliser la Société canadienne des postes. Nous avons déjà dépensé l'argent, nous avons déjà fait l'investissement et puisque nous appartenons au public du Canada, il est ahurissant d'imaginer que des fonctionnaires sont prêts à dépenser des millions de dollars pour investir dans un nouveau canal alors que nous en avons déjà un qu'ils pourraient utiliser. Franchement, nous espérons que le gouvernement va avoir recours à la Société canadienne des postes pour offrir des services à la population, ce qui produira des recettes et nous permettra d'afficher une croissance dans ce domaine.
• 1600
Deuxièmement, en ce qui concerne l'exportation de cette
technologie, permettez-moi de vous dire que la Société canadienne
des postes est à l'avant-garde dans ce domaine. Tout comme nous
avons été le premier service postal national à devenir une société
d'État, tout comme nous avons été le premier service postal à
acheter une société de messagerie—Purolator—nous sommes
maintenant les premiers à offrir un service postal électronique.
D'autres administrations postales manifestent beaucoup d'intérêt à
cet égard et nous avons entamé des négociations et des discussions
avec elles. Je dois dire qu'en Europe et dans une certaine mesure,
en Asie, les discussions sont très encourageantes, car il se peut
que nous puissions nous allier avec d'autres administrations
postales nationales pour offrir des services électroniques dans le
monde entier.
M. Tony Ianno: Il y a un deuxième volet à cela.
Le président: Monsieur Ianno, je vais vous revenir, car nous avons sept minutes environ pour trois autres interlocuteurs.
Monsieur Martin.
M. Pat Martin (Winnipeg-Centre, NPD): Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Ouellet, merci d'être venu et félicitations pour votre nomination. Je vais aller droit au but, car je sais que nous n'avons pas beaucoup de temps.
Ce qui me frappe, c'est qu'en votre qualité de nouveau président et directeur général, vous avez l'occasion unique de corriger ce qui, à mon avis, est une injustice cumulative depuis la création de la Société en 1981. Je veux parler du fait qu'un groupe particulier de travailleurs, les entrepreneurs dépendants, n'ont pas droit à de libres négociations collectives, en vertu de la loi. Ces entrepreneurs sont le seul groupe de travailleurs de notre pays que j'ai pu trouver, qui n'ait pas droit à la négociation collective pour des raisons strictement économiques. Rien d'autre ne le justifie.
Dans un avenir pas trop éloigné, allez-vous éliminer cet article de la loi relative à la Société, ou défendre la prérogative de ce groupe de travailleurs d'avoir les mêmes droits de négociation collective que le reste de vos employés?
M. André Ouellet: Monsieur Martin, je connais très bien le problème que vous soulevez. En fait, j'ai rencontré à plusieurs occasions des représentants de ce groupe. Vous avez tout à fait raison, la loi ne leur permet pas de former une unité de négociation.
À la Société canadienne des postes, nous les traitons comme de petits entrepreneurs, et nous faisons affaire avec eux comme s'il s'agissait de petits entrepreneurs. Si le Parlement du Canada décide autrement et veut modifier la loi, bien sûr, je respecterai la loi. Prendre une décision à leur sujet dépasse le cadre de mon mandat. Pour l'instant, je tiens à être aussi juste que possible à leur égard afin d'aplanir certaines des difficultés.
Certains membres du comité ici présents ont soulevé des questions que je pourrais aborder en ma capacité de président et directeur général et même auparavant, en ma qualité de président du conseil d'administration. J'ai essayé de corriger ce que j'appellerais de mauvaises habitudes du passé. Il est à espérer que ces gens seront traités avec respect, que leur travail sera apprécié et qu'ils seront rémunérés en fonction du contrat qu'ils ont signé avec nous.
Le président: Monsieur St-Julien.
[Français]
M. Guy St-Julien (Abitibi—Baie-James—Nunavik, Lib..): Ça me fait plaisir de vous rencontrer, monsieur Ouellet. Je reconnais que vous avez fait un excellent travail à la Société canadienne des postes et je vous félicite de votre nomination. Je n'en suis pas surpris, monsieur le président, parce que M. Ouellet a déjà été député et ministre libéral du gouvernement canadien. Il a toujours fait un excellent travail au bénéfice des contribuables canadiens, et je l'en félicite.
J'aimerais soulever la question du Service aérien omnibus qui assure le transport dans les régions du Nord et le Nunavik. Les Inuits du Nunavik s'inquiètent des sommes qu'ils doivent débourser pour le transport. On sait qu'on dépense plusieurs millions de dollars pour le transport de la nourriture non périssable par cargo dans le Nord.
• 1605
En passant, je tiens à vous féliciter publiquement
de la rapidité avec laquelle vous et votre personnel
réglez les problèmes auxquels nous faisons parfois face
dans nos circonscriptions. Vous nous donnez une
réponse rapide et précise, en l'espace de 24 heures,
en vue d'une solution à nos problèmes.
J'aimerais savoir s'il est possible d'organiser une rencontre ici, à Ottawa, à laquelle participeraient les gens du Nunavik et des représentants de la Société canadienne des postes afin que nous puissions examiner l'avenir du transport de la nourriture dans les secteurs nordiques. Nous sommes conscients qu'il s'agit d'une question complexe et que les dépenses s'élèvent à plusieurs millions de dollars. Cependant, il en coûte 3,09 $ à Salluit pour acheter un pain qui nous coûte 1,09 $ à Ottawa, et le pain n'est pas frais à Salluit. De plus, des employés de la Société canadienne des postes qui travaillent ici à Ottawa pourraient venir rencontrer leur confrères qui travaillent au centre administratif de la Société Makivik, à Kuujjuak.
[Traduction]
Le président: Monsieur Ouellet, c'est avec beaucoup de remords que je dois vous interrompre, car M. St-Julien vous a posé une question qui a pris cinq fois plus de temps que celle de M. Ianno.
M. André Ouellet: Je vais répondre brièvement.
Le président: Sachant que vous êtes enclin à nous donner des réponses très brèves, je vous rappelle cette excellente habitude, car M. Bernier aimerait intervenir. Je vais donc vous demander d'être bref.
Il nous reste exactement trois minutes, et je vais poser une autre question. Étant donné qu'il s'agit de quelque chose que nous n'avions pas prévu, nous pouvons revenir après le vote, mais je ne sais pas quand, exactement.
M. André Ouellet: D'accord, je vais être très bref.
La réponse à M. St-Julien
[Français]
est oui. Si vous désirez que nous participions à une rencontre, nous serons heureux de le faire. Il n'y a aucun doute que ce service est en partie subventionné par le ministère des Affaires indiennes et du Nord. La Société canadienne des postes est prête à en discuter. Cette définition touche les produits alimentaires ainsi que d'autres produits. Il n'y a aucun doute que la réponse à votre question est oui.
Je vous remercie de vos commentaires élogieux à l'égard de mon personnel. Quant à mon travail de député, je pense et j'espère que je n'ai pas été nommé président de la Société canadienne des postes parce que je suis un ancien député libéral.
M. Guy St-Julien: J'ai dit que vous étiez un bon député.
M. André Ouellet: J'espère que c'est parce qu'au fil des ans j'ai acquis de l'expérience et que j'ai su, alors que j'assumais le poste de président du conseil d'administration, démontrer mes connaissances et ma capacité de mener cette compagnie. Si j'ai été nommé président du conseil d'administration, c'est peut-être parce que j'étais un bon libéral. J'espère avoir été nommé président de la compagnie pour autre chose.
[Traduction]
Le président: Monsieur, je sais que les partis de l'opposition se rendent compte que c'est uniquement en raison de vos capacités que vous dirigez la Société—malgré leur cynisme.
Allez-y, monsieur Bernier.
M. Gilles Bernier (Tobique—Mactaquac, PC): Merci, monsieur le président, je vais être très bref.
Comme vous le savez, monsieur Ouellet, nous avons eu des problèmes en ce qui concerne les facteurs des zones rurales, comme l'a fait remarquer M. Martin. Je vous ai rencontré personnellement en décembre dernier. Je vous ai parlé d'une proposition qui mettrait un terme aux disparités du processus d'appel d'offres. J'ai de très bonnes connaissances à ce sujet, car je travaille dans le domaine de la négociation de contrat depuis 23 ans. Si vous n'optez pas pour cette façon de faire—ce qui est votre choix—cela montrera simplement que vous n'êtes pas prêt à négocier de bonne foi avec les facteurs des zones rurales. Pouvons-nous venir à bout de cette impasse une fois pour toutes? Ma proposition ne coûterait absolument rien à la Société canadienne des postes, ce qui est un bon point de départ.
M. André Ouellet: M. Bernier a tout à fait raison; si on appliquait exclusivement le processus d'appel d'offres, personne ne pourrait se plaindre. Lorsque j'ai négocié avec ces gens-là, j'ai été très surpris, car d'un côté ils se plaignent des systèmes, mais de l'autre, ils ne veulent pas des systèmes d'appel d'offres et ne les recommandent pas.
• 1610
Alors qu'il apparaît clairement que le système d'appel
d'offres va être maintenu pour tout nouvel itinéraire ou pour tout
nouvel entrepreneur engagé pour un itinéraire rural dans le cas
d'une démission, nous allons mettre en oeuvre la procédure que vous
avez proposée.
Pour ceux qui occupent actuellement leur emploi, la négociation se poursuit. Je tiens à être juste à leur égard. Il y a certainement un point que nous devons tous reconnaître: beaucoup de ces gens connaissent leur itinéraire et font du bon travail. Lorsqu'une société perd ces gens-là du fait qu'une offre inférieure est faite, ce n'est pas toujours dans le meilleur intérêt de la société, à long terme. C'est un facteur dont il faut tenir compte. Bien sûr, vous n'obtenez pas le meilleur prix possible, mais ce n'est pas uniquement ce que vous recherchez; vous voulez aussi protéger le service et en assurer la qualité. Beaucoup de gens sont desservis par l'entrepreneur sur l'itinéraire en question.
Nous examinons donc la question et nous allons essayer de rendre un jugement à la Salomon.
M. Gilles Bernier: Merci.
Le président: Merci, monsieur Ouellet. Je m'excuse auprès de vous-même et de vos collègues, mais nous ne pouvons pas changer la situation.
M. André Ouellet: Je reviendrai avec plaisir, si vous voulez. Je suis prêt à revenir une autre fois, si le comité le désire.
M. Werner Schmidt: Monsieur Ouellet, vous ne pouvez pas rester aujourd'hui?
M. André Ouellet: Je le pourrais, cela m'importe peu, si vous y tenez.
M. Werner Schmidt: Le problème, c'est que nous ne savons pas combien de temps...
Le président: Je vous remercie de nous le proposer, monsieur Ouellet, et je ne vous demanderai certainement pas de changer votre horaire, mais nous ne savons pas quand nous allons revenir. Je vais donc accepter votre proposition de revenir devant le comité. Nous allons discuter à notre séance de la date à laquelle nous vous inviterons de nouveau. Merci beaucoup d'être venu.
La séance est levée jusqu'à nouvelle convocation de la présidence.