Témoignages
L’étude des questions qui leur sont renvoyées par la
Chambre ou qu’ils examinent dans le cadre de leur mandat général amène les
comités à solliciter des renseignements et des observations auprès d’un grand
nombre de sources. Leurs attachés de recherche et les ministères leur
fournissent régulièrement des séances d’information et de la documentation de
base. Les comités déploient en outre énormément d’efforts pour recueillir les
avis de personnes qui connaissent bien les questions dont ils sont saisis ou qui
sont directement intéressées par elles. Cette consultation peut aller d’un
groupe relativement restreint d’experts techniques à la population canadienne
dans son ensemble.
Les
comités recueillent généralement ces renseignements et observations en entendant
directement des témoins et en recevant des mémoires. Le pouvoir qui leur est
accordé de convoquer des témoins et d’exiger des documents [422]
les autorise
non seulement à inviter des personnes à comparaître et des parties intéressées à
leur adresser des mémoires, mais aussi à ordonner, par voie de sommation, que
des personnes se présentent devant eux ou que certains documents leur soient
remis.
Au
début d’une étude, un comité peut prendre des mesures pour informer les membres
du public de ses activités et solliciter leurs opinions. Il peut se servir à
cette fin de communiqués de presse, d’annonces dans les journaux et d’avis
publiés sur le réseau de télévision CPAC ou sur le site Web du
Parlement [423] .
Témoins
Un
comité peut souhaiter entendre les témoignages de particuliers, de représentants
de groupes ou de fonctionnaires concernant la question qu’il étudie. Il peut
choisir ces témoins de différentes manières. Normalement, ceux-ci sont proposés
par ses membres. Le comité peut également inviter des témoins potentiels à
manifester leur intérêt à comparaître. Souvent, le choix des témoins est délégué
au sous-comité du programme et de la procédure, sous réserve de ratification par
le comité dans son ensemble [424] .
De plus, les
groupes ou particuliers qui sont au courant d’une étude prochaine d’un comité
peuvent signaler leur intérêt de comparaître sans y être invités par le comité.
Enfin, lorsqu’ils tiennent des séances prenant la forme d’assemblées publiques,
les comités réservent souvent une période au cours de laquelle les membres de
l’auditoire peuvent poser des questions et formuler de brèves remarques sans
avoir pris au préalable de dispositions officielles pour comparaître.
Il
appartient au comité dans son ensemble de déterminer quels témoins il entendra.
Des considérations pratiques, comme le temps qui leur est attribué pour une
étude, limitent le nombre de témoins qu’il pourra accueillir. Tout membre d’un
comité peut proposer des témoins, mais c’est le comité qui décide en dernier
ressort qui il entendra. Les témoins se voient habituellement rembourser les
dépenses raisonnables qu’ils engagent afin de comparaître devant un
comité [425] .
Convocation de témoins
Dans
la grande majorité des cas, les comités peuvent obtenir les témoignages qu’ils
recherchent simplement en invitant des témoins à comparaître devant eux.
Toutefois, certains témoins peuvent ne pas consentir à comparaître de leur plein
gré. Lorsqu’un témoin potentiel a refusé une invitation à comparaître, un comité
peut l’assigner en adoptant une motion à cet effet [426] .
Si le témoin
n’obtempère pas, le comité peut faire rapport de ce fait à la Chambre, qui prend
alors les mesures qu’elle juge appropriées [427] .
Les
comités n’ont pas le pouvoir d’assigner des députés ni des sénateurs. Si un
député refuse de témoigner à la demande d’un comité, celui-ci peut faire rapport
de ce fait à la Chambre, qui décide alors quelle mesure il y a lieu de prendre
éventuellement. Les sénateurs peuvent comparaître volontairement devant les
comités de la Chambre, mais on ne peut les y obliger. Si un comité désire que
l’on demande officiellement à un sénateur de comparaître devant lui, il doit
obtenir le consentement de la Chambre. Si celle-ci est d’accord avec le comité,
elle envoie au Sénat un message demandant que le sénateur comparaisse devant le
comité [428] .
Assermentation des témoins
Tout
témoin comparaissant devant un comité peut être tenu de prêter serment ou de
faire une affirmation solennelle [429] ;
cependant, en
temps normal, les témoins n’ont pas à prêter serment. La décision de faire
prêter serment aux témoins est entièrement à la discrétion du comité [430] .
Un témoin qui
refuse de prêter serment pourrait être accusé d’outrage [431] .
De même, un
témoin, assermenté ou non, qui refuse de répondre à des questions ou qui ne
donne pas des réponses véridiques pourrait être accusé d’outrage à la
Chambre [432].
De plus, les
témoins assermentés qui mentent peuvent être accusés de parjure [433] .
Dépositions
On
demande habituellement aux témoins qui comparaissent devant un comité de faire
une courte déclaration préliminaire résumant leur point de vue, ou celui de
l’organisation qu’ils représentent, sur le sujet qu’étudie le comité. Cette
déclaration est suivie d’une période de questions [434].
Tout membre du
comité peut poser des questions, et le président peut également participer, à
l’occasion, à l’interrogation des témoins [435] .
Il peut aussi
être permis aux autres députés qui assistent aux séances du comité de poser des
questions [436] .
Cela dépend en
partie du temps que le comité a prévu pour examiner chaque témoin et du nombre
de ses membres qui désirent poser des questions. On donne habituellement la
priorité à ceux-ci lors de l’interrogation des témoins.
Les
témoins qui comparaissent devant un comité jouissent de la même liberté de
parole que les parlementaires et de la même protection ontre l’arrestation et
la brutalité [437] .
À la
discrétion du comité, ils peuvent être autorisés à témoigner à huis clos
lorsqu’ils traitent d’affaires d’État confidentielles ou de renseignements
commerciaux délicats [438] .
Dans des
circonstances spéciales, il a été permis à des témoins de comparaître
anonymement [439] .
Le fait de
soudoyer un témoin ou de chercher de quelque manière que ce soit à le décourager
de témoigner à une séance de comité peut constituer une atteinte au privilège.
De même, toute intervention auprès de témoins qui ont déjà présenté leur
déposition ou toute menace dirigée contre eux peuvent être traitées par la
Chambre comme des atteintes au privilège [440] .
Les
témoins qui font une déposition peuvent se faire aider d’un avocat, mais en
demandent rarement la permission [441].
Les avocats,
lorsqu’ils sont admis, jouent strictement un rôle consultatif; ils ne peuvent
poser de questions ni répondre au nom des témoins.
Compte tenu de la protection accordée aux témoins par le
Parlement, on s’attend à ce que ceux-ci fassent preuve de jugement et de
modération lorsqu’ils présentent leurs opinions aux comités. Le témoignage de
ceux qui persistent à faire des remarques jugées inopportunes par un comité peut
être rayé du compte rendu [442] .
La
nature des questions pouvant être posées aux témoins qui comparaissent devant
les comités n’est assujettie à aucune règle précise à part le fait qu’elles
doivent se rapporter à la question à l’étude [443] .
Les témoins
doivent répondre à toutes les questions que leur pose le comité [444] .
Un témoin peut
élever une objection contre une question posée par un membre du comité.
Toutefois, si le comité est d’accord pour que la question soit posée au témoin,
celui-ci doit y répondre [445] .
On a exhorté
les membres à traiter les témoins « avec courtoisie et équité ». Néanmoins, un
témoin qui refuse de répondre aux questions peut faire l’objet d’un rapport à la
Chambre [446] .
Une
attention particulière a été accordée à l’interrogation de
fonctionnaires [447] .
L’obligation
faite aux témoins de répondre à toutes les questions posées par un comité doit
être mise en équilibre avec le rôle que jouent les fonctionnaires lorsqu’ils
donnent des avis confidentiels à leur ministre. La tradition veut qu’on envisage
ce rôle par rapport à la mise en œuvre et à l’exécution de la politique
gouvernementale, plutôt qu’à la détermination de celle-ci. En conséquence, on a
dispensé les fonctionnaires de commenter les décisions stratégiques prises par
le gouvernement. En outre, les comités acceptent ordinairement les raisons
données par un fonctionnaire pour refuser de répondre à une question précise ou
à une série de questions supposant l’expression d’un avis juridique, pouvant
être considérées comme en conflit avec leur responsabilité envers leur ministre,
débordant leur domaine de responsabilité, ou pouvant influer sur des opérations
commerciales [448] .
Les
comités respectent, comme la Chambre, la convention relative aux affaires devant
les tribunaux [449].
Cette
convention s’applique non seulement aux discussions que tiennent les membres des
comités entre eux, mais aussi à l’interrogation des témoins [450] .
Mémoires et autres documents
La
plupart des documents demandés par les comités sont fournis volontairement. Il
peut s’agir de rapports du gouvernement, de statistiques, de correspondance, de
notes et d’ententes de toutes sortes, tout comme de mémoires. Aux fins des
comités, on entend par mémoire tout document présentant la position d’un
particulier, d’un groupe, d’une organisation ou d’un ministère sur une question
particulière. D’ordinaire, les comités peuvent obtenir les documents nécessaires
à leurs travaux en en faisant simplement la demande [451] .
Lorsqu’un
comité se heurte à un refus de fournir un document qu’il juge essentiel à ses
travaux, il peut adopter une motion en ordonnant le dépôt [452] .
Si les
intéressés n’obtempèrent pas à cet ordre, le comité n’a pas le pouvoir de les
obliger à déposer le document, mais il peut faire rapport de ce fait à la
Chambre et lui demander de prendre les mesures qui s’imposent [453] .
La
Chambre n’a fixé aucune limite au pouvoir d’exiger le dépôt de documents et de
dossiers, mais il peut ne pas être opportun d’insister pour qu’ils soient
déposés dans tous les cas. En 1991, le Comité permanent des privilèges et des
élections a fait remarquer ce qui suit :
La Chambre des communes reconnaît qu’elle ne doit pas
exiger la production de documents dans tous les cas. Ainsi, des considérations
ayant trait à la politique officielle, notamment la sécurité nationale, les
relations extérieures et d’autres facteurs, influent sur la décision d’exiger ou
non la production de ces documents [454] .
En
cas de préoccupations au sujet de la confidentialité de documents, un comité
peut accepter que ceux-ci soient déposés lors d’une séance à huis clos [455] .
Les
transcriptions de séances à huis clos et les autres documents confidentiels des
comités doivent être classés en tant que dossiers secrets par les Archives
nationales pour une période de 30 ans à compter de la fin de la session au cours
de laquelle ils ont été créés. Ces documents restent à la disposition des
députés pendant cette période [456] .
Un
document présenté à un comité devient sa propriété et fait partie de ses
dossiers. Les ministères sont tenus de présenter leurs documents aux comités
dans les deux langues officielles. Toute autre personne, y compris les députés,
peut présenter des documents écrits dans l’une ou l’autre des langues
officielles. Chaque comité doit décider si les documents qui lui ont été
présentés dans une seule langue officielle seront distribués à ses membres
immédiatement ou seulement une fois qu’ils auront été traduits [457].
Le droit de
présenter un document ne comporte cependant pas celui de le voir étudié
sur-le-champ.
À
l’occasion, un comité juge un document suffisamment important pour le traiter
comme une « annexe » ou une « pièce ». On appelle annexe un document que le comité a
ordonné de publier en annexe aux Témoignages
entendus lors d’une séance particulière [458] .
Une pièce est
tout document ou article classé comme tel par le comité et fait par conséquent
partie de ses dossiers permanents [459] .
Les pièces ne
sont ni publiées ni distribuées aux membres du comité; elles sont conservées par
le greffier aux fins de consultation. Lorsqu’un comité décide de désigner un
document comme une annexe ou une pièce, ce fait est consigné à son Procès-verbal. On se sert des annexes et des pièces,
entre autres, pour conserver des parties d’un exposé à un comité qui, autrement,
ne seraient pas incluses dans les Témoignages. On
peut, par exemple, conserver sous forme d’annexes ou de pièces des copies de
diapositives ou de tableaux utilisés dans le cadre d’un exposé.
Publications dse Comités
À
l’instar de la Chambre, les comités publient un certain nombre de documents à
l’usage de leurs membres, de leur personnel et du grand public [460] .
À de nombreux
égards, ces publications font pendant à celles de la Chambre [461].
Elles
procurent un dossier permanent des témoignages reçus, des décisions prises et
des résultats des études effectuées. Chaque comité publie des Procès-verbaux, des
Témoignages et, de temps à autre, des rapports à la Chambre. Les Procès-verbaux constituent le compte rendu officiel de
leur travail et sont établis et signés par le greffier du comité. Ils
représentent l’équivalent des Journaux de la
Chambre. Les Témoignages sont le compte rendu
transcrit, révisé et corrigé de ce qui a été dit au comité, tant par ses membres
que par les témoins qui ont comparu devant lui. Les rapports à la Chambre
peuvent être de courts documents de moins d’une page ou des ouvrages beaucoup
plus volumineux imprimés et reliés séparément. Toutes les publications des
comités sont établies dans les deux langues officielles.
Tous
les documents publiés par les comités étaient autrefois disponibles sous forme
d’imprimés. En 1994, la Chambre a commencé à diffuser ses publications par voie
électronique. Auparavant, les comités produisaient un document intitulé Procès-verbaux et témoignages, qui renfermait la
matière maintenant fournie séparément dans deux documents, soit le Procès-verbal et les Témoignages. Les rapports à la Chambre qui étaient
jugés trop courts pour qu’il vaille la peine de les publier séparément étaient
également inclus dans les Procès-verbaux et
témoignages. Depuis septembre 1998, les Procès-verbaux et les Témoignages, qui sont des documents distincts, sont
seulement disponibles en version électronique. Comme la Chambre distribue
désormais ses publications sous forme électronique, on a en grande partie cessé
d’imprimer les documents des comités. Ceux-ci sont maintenant disponibles en
version électronique sur le site Web du Parlement, Parliamentary Internet Parlementaire [462].
Les comités
peuvent tout de même publier les rapports de fond importants sous forme
d’imprimés [463] .
Procès-verbaux
Le
greffier rédige un Procès-verbal de chacune des
séances d’un comité et signe l’original pour en attester l’exactitude et
l’authenticité. Le greffier conserve les copies originales de tous les Procès-verbaux et les verse aux archives avec les
autres documents du comité à la fin de chaque session. Les délibérations et
décisions du comité sont consignées dans ce Procès-verbal à peu près comme la Chambre le fait dans
ses Journaux. On y indique également le numéro de la
séance [464] ,
l’heure et le
lieu où elle s’est tenue; si elle a eu lieu en public ou à huis clos; qui l’a
présidée; quels membres et substituts étaient présents, qu’ils aient assisté à
la totalité ou seulement à une partie de la séance. Dans ce dernier cas, si le
membre a été remplacé par un substitut pour le reste de la séance, le Procès-verbal indiquera à la fois que ce membre était
présent et qu’un autre membre lui a servi de substitut [465] .
Le Procès-verbal comprend également le nom des autres
députés et sénateurs qui y ont assisté; le nom des membres du personnel
présents; le nom des témoins, le cas échéant, accompagné de leur titre et du nom
de leurs organisations; les ordres de renvoi abordés; et l’heure de
l’ajournement. Le Procès-verbal peut en outre
renfermer le texte des décisions rendues par le président du comité touchant
l’acceptabilité, sur le plan de la procédure, des motions proposées pendant la
séance.
Témoignages
Les
Témoignages sont le compte rendu de ce qui a été dit
au cours d’une séance de comité; ils correspondent aux Débats de la Chambre des communes. On y consigne non
seulement les remarques faites par les membres du comité, mais aussi les paroles
des témoins. On publie les Témoignages uniquement
dans le cas des séances publiques ou des parties d’une séance tenues en
public [466] .
Ce document
est établi sous forme bilingue suivant un processus qui correspond à la
production des Débats de la Chambre à partir des
« bleus ». Comme il a été décidé que le pouvoir d’un comité de faire imprimer des
documents comprend également celui de décider de ne pas les publier, si un
comité juge un témoignage offensant, il peut le faire radier des Témoignages [467] .
Lorsqu’un comité est d’avis que des documents qui lui ont
été présentés au cours d’une séance ont une importance suffisante, il peut les
faire ajouter aux Témoignages relatifs à cette
séance sous forme d’annexe ou les faire consigner à titre de pièce de son Procès-verbal [468] .
Rapports
Les
observations et recommandations des comités sont communiquées à la Chambre au
moyen de rapports [469].
Ces rapports
sont disponibles sous forme électronique et, de temps à autre, on peut aussi
obtenir une version imprimée des rapports de fond volumineux. Les rapports sont
numérotés consécutivement pour chaque comité durant une session. Outre les
observations et recommandations des comités, on y trouve la mention de
l’autorité en vertu de laquelle l’étude a été effectuée, un renvoi aux Procès-verbaux pertinents des séances tenues sur le
sujet, et la signature du président. Le cas échéant, après la signature du
président, les opinions ou recommandations dissidentes ou complémentaires y sont
jointes [470] .
Télédiffusion
Les
comités sont autorisés à téléviser leurs audiences conformément aux dispositions
du Règlement [471] ,
à l’aide des
installations fournies par la Chambre [472].
Autrefois, un
comité devait obtenir une permission spéciale de la Chambre pour téléviser ses
délibérations. En 1991, la procédure d’obtention du consentement de la Chambre
pour utiliser ses installations de télédiffusion a été officialisée dans le
Règlement. Une autre modification apportée à celui-ci en 1994 a permis aux
comités de téléviser leurs délibérations en utilisant les installations de la
Chambre sans devoir solliciter sa permission chaque fois [473] .
Lorsqu’un
comité désire se servir d’autres installations pour téléviser ses travaux, il
doit obtenir une permission spéciale [474] .
La
télédiffusion des séances des comités est régie par des lignes directrices
établies par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre
et qui sont très semblables à celles qui s’appliquent à la télédiffusion des
travaux de la Chambre [475] .
Seule la
personne à qui le président a donné la parole apparaît sur l’écran, et il est
interdit de filmer les réactions de l’auditoire.
La
Chambre met en outre à la disposition des comités des installations pour la
radiodiffusion interne de toutes leurs séances publiques. Ces transmissions sont
offertes à tous les députés dans leurs bureaux de la Colline du Parlement ainsi
qu’à la Tribune de la presse parlementaire.