L’ordre de priorité
Les projets de loi et motions du
gouvernement sont étudiés dans l’ordre établi par
celui-ci, mais les affaires émanant des députés sont mises
en délibération suivant un ordre de priorité; seules les
affaires figurant dans cet ordre de priorité peuvent être
étudiées durant l’heure réservée aux affaires
émanant des
députés [74] .
L’ordre de priorité est en fait une liste d’affaires
parrainées par des députés qui est établie à
la suite du tirage au sort de noms. Un député est inscrit au
tirage si l’ordre de priorité ne compte pas déjà une
affaire qu’il a parrainée et pourvu qu’au moins une affaire
soit inscrite à son nom dans la liste des affaires qui ne font pas partie
de l’ordre de priorité. Aux fins du tirage au sort, on
considère que les affaires qui suivent sont incluses dans la liste des
affaires qui ne font pas partie de l’ordre de
priorité :
- Un projet de loi, s’il a
été présenté, s’il a été lu une
première fois et si l’ordre a été donné en vue
de la deuxième lecture au moment du tirage;
- Un avis de motion, s’il a
été inscrit au Feuilleton des Avis au plus tard le jour
précédant le tirage au sort;
- Un avis de motion (documents),
s’il a été reporté à l’ordre du jour en
vue d’un débat avant le tirage au sort.
Toute affaire pour laquelle un vote par
appel nominal a été différé et qui serait
retirée de l’ordre de priorité après la tenue du vote
n’est pas considérée comme une affaire faisant partie de
l’ordre de priorité aux fins du tirage au
sort [75] .
Le tirage au sort
Le tirage au sort est organisé par
le Greffier de la Chambre et est habituellement présidé par le
vice-président ou l’un des autres présidents de
séance de la Chambre. Au moins 48 heures avant la tenue du tirage, le
Greffier de la Chambre informe les députés de la date, de
l’heure et du lieu de ce
tirage [76] .
Les
députés ou des membres de leur personnel peuvent assister au
tirage même si leur présence n’est pas requise. Le tirage ne
constitue pas comme tel une délibération officielle de la Chambre;
par conséquent, aucune inscription n’est faite dans les
Journaux du jour. Les nouvelles affaires inscrites dans l’ordre de
priorité paraîtront dans le Feuilleton de la séance
suivante sous la rubrique « Affaires émanant des
députés — Affaires dans l’ordre de
priorité ».
Premier tirage au sort d’une session
Au début d’une session, les
députés sont prévenus du premier tirage au sort au plus
tard deux jours de séance après que 30 députés ou
plus aient chacun fait inscrire au Feuilleton au moins une affaire
émanant des députés
admissible [77] .
Le
tirage est mené de manière à ce que l’ordre de
priorité contienne un nombre égal de projets de loi
d’intérêt public présentés en premier aux
Communes et de motions (notamment des motions (documents)), à la
condition qu’on dispose d’un nombre suffisant de projets de loi et
de motions
admissibles [78] .
Les
noms des députés ayant soumis des projets de lois admissibles sont
tirés en premier, suivis des noms des députés ayant soumis
des motions admissibles, un total de 30 noms étant tirés au sort.
Si le nom d’un député est tiré pour un projet de loi
et pour une motion, il est rejeté la deuxième fois puisque aucun
député ne peut compter plus d’une motion ou d’un
projet de loi en même temps dans l’ordre de
priorité [79] .
On procède ensuite à un nouveau tirage parmi ces 30 noms afin
d’établir un ordre de priorité pour ces
affaires [80] .
Lorsque le nom d’un
député est tiré au sort et que celui-ci compte plus
d’une affaire admissible inscrite à son nom au Feuilleton,
il lui faut choisir laquelle sera placée dans l’ordre de
priorité. Le député doit alors informer le Greffier de la
Chambre de l’affaire qu’il a choisie avant la fin de la
deuxième séance suivant le tirage au sort. Si le
député ne l’en informe pas dans le délai
prévu, la première affaire inscrite au Feuilleton au nom du
député sera placée dans l’ordre de
priorité [81] .
Le nombre de députés appuyant conjointement une affaire n’a
aucune incidence sur les chances d’un projet de loi ou d’une motion
d’être inscrit à l’ordre de priorité ou
d’être choisi comme « affaire
votable » [82] .
On
considère que les projets de loi d’intérêt
privé et ceux d’intérêt public qui ont
été présentés tout d’abord au Sénat,
dont on a ordonné la deuxième lecture à la Chambre et qui
ont été placés au bas de l’ordre de priorité
au moment du tirage au sort, n’occupent aucune des 30 places dans
l’ordre de priorité.
Tirages subséquents
L’ordre de priorité ne peut
pas contenir plus de 30 motions et projets de loi d’intérêt
public présentés tout d’abord à la Chambre et rendus
à l’étape de la deuxième leture, ni moins de 15
affaires [83] .
D’autres tirages visant à ajouter au maximum 15 autres affaires
à l’ordre de priorité sont tenus durant la session chaque
fois que le nombre de ces affaires se rapproche de
15 [84] .
Le nombre de
projets de loi et de motions choisis à la suite de chaque tirage
dépend du nombre de projets de loi et de motions figurant toujours dans
l’ordre de priorité au moment du tirage. Ainsi, si l’ordre de
priorité compte dix motions, mais seulement cinq projets de loi lors du
tirage au sort, cinq autres motions et dix autres projets de loi seront choisis.
Si une affaire admissible d’un député fait
déjà partie de l’ordre de priorité au moment du
tirage, il ne pourra participer au tirage à moins qu’il ne
s’agisse d’une affaire pour laquelle un vote par appel nominal a
été différé et qui serait rayée du
Feuilleton à la suite de ce
vote [85] .
Retrait d’une affaire
Si un député souhaite
qu’on ne tienne plus compte d’un avis de motion inclus dans la liste
des affaires qui ne font pas partie de l’ordre de priorité, ou
d’un projet de loi qui n’a pas encore franchi la première
lecture, et qu’il ne veut donc pas que l’affaire en question soit
placée dans l’ordre de priorité, il peut demander le retrait
de l’affaire du Feuilleton en s’adressant par écrit au
Greffier de la Chambre. Si un député souhaite retirer un projet de
loi qui a franchi la première lecture, il doit demander le consentement
unanime de la Chambre puisque celle-ci en a ordonné la deuxième
lecture, en est donc saisie et est la seule à pouvoir prendre une
décision à son
sujet [86] .
Puisque l’ordre de priorité
est établi par le Règlement, un député souhaitant
retirer une affaire qui y est déjà inscrite doit tout
d’abord demander le consentement unanime de la
Chambre [87] .
Les affaires non choisies
Les affaires non choisies à la suite
du tirage au sort visant à établir l’ordre de
priorité demeurent sur une liste qui peut être consultée au
Bureau à la Chambre ou dans la version électronique du
Feuilleton, sous la partie intitulée « Affaires qui ne font
pas partie de l’ordre de priorité ». Ces affaires demeurent
admissibles aux autres tirages qui seront tenus au cours de la
session [88] .
À
moins qu’elles ne soient choisies à la suite d’un tirage
subséquent, les affaires qui ne font pas partie de l’ordre de
priorité ne sont pas étudiées durant la période
réservée aux affaires émanant des députés. Il
n’y a pas de limite au nombre de projets de loi et de motions qui peuvent
être inscrits au nom d’un député sur la liste des
affaires qui ne font pas partie de l’ordre de
priorité.
Affaires automatiquement placées dans l’ordre de priorité
Certaines affaires émanant des
députés sont automatiquement placées au bas de
l’ordre de priorité indépendamment des résultats du
tirage au sort ou du nombre d’affaires figurant déjà sur
cette liste [89] .
Ces
affaires comprennent :
- les ordres concernant des
étapes subséquentes de l’étude d’un projet de
loi déjà débattu durant les affaires émanant des
députés (notamment les projets de loi dont un comité a fait
rapport ou est réputé avoir fait
rapport) [90] ;
- les projets de loi placés
dans l’ordre de priorité lors d’une session
précédente et qui ont été
rétablis [91] ;
- l’étude des amendements apportés par le Sénat à des projets de loi;
- toutes les étapes de l’étude d’un projet de loi d’intérêt privé;
- les projets de loi d’intérêt public émanant des députés et présentés en premier au Sénat.
Une affaire appuyée par 100
députés dont au moins 10 députés de chacun des
partis formant une majorité des partis reconnus à la Chambre peut
également être ajoutée à l’ordre de
priorité si ce dernier ne contient pas déjà une affaire
parrainée par le même
député [92] .
L’ordre de priorité ne peut jamais comprendre plus d’une de
ces affaires. Ainsi, il est possible que le nombre total d’affaires
figurant dans l’ordre de priorité dépasse 30 puisque ce
chiffre ne s’applique qu’aux motions et aux projets de loi
d’intérêt public présentés tout d’abord
à la Chambre et rendus à l’étape de la
deuxième lecture.