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SPOR Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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SUB-COMMITTEE ON THE STUDY OF SPORT IN CANADA

SOUS-COMITÉ SUR L'ÉTUDE DU SPORT AU CANADA

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mercredi 3 mai 2000

• 1532

[Traduction]

Le président (M. Dennis J. Mills (Broadview—Greenwood, Lib.)): Merci beaucoup.

Bienvenue à tous.

Messieurs, avant de vous céder la parole, il m'apparaît important que nous prenions une minute pour faire sommairement le point sur la question. La plupart d'entre nous ont collaboré à la préparation du rapport intitulé Le sport au Canada: C'est l'affaire de tous et de toutes. Quand nous avons produit ce rapport, qui contenait 69 recommandations dont 68 portaient sur l'organisation du sport amateur dans notre pays, de nombreux journalistes et intervenants des milieux du sport ont cru qu'il allait tout simplement prendre le chemin de la poubelle. Or, au moment où je vous parle, 40 de ces recommandations sont déjà appliquées ou en voie de l'être.

La plupart d'entre nous qui oeuvrons au sein de ce comité depuis un certain temps, tout comme d'ailleurs ceux qui en sont membres depuis peu, avons à coeur l'avenir du secteur sportif, de l'industrie du sport dans notre pays. Notre recommandation 51, qui s'adressait à Statistique Canada, va dans le sens même des motifs qui nous ont poussés à entreprendre cette étude, car nous estimions que notre pays ne disposait pas vraiment d'un ensemble complet de données concernant la situation du sport amateur.

Nous sommes heureux de votre présence ici aujourd'hui. Nous vous souhaitons la bienvenue et vous cédons immédiatement la parole. Après votre déclaration préliminaire, nous aurons certaines questions à vous poser. Merci.

M. Michael Sheridan (statisticien en chef adjoint, Statistique sociale, des institutions et du travail, Statistique Canada): Merci beaucoup, monsieur le président. Nous sommes heureux de l'occasion qui nous est offerte de comparaître devant votre comité. Nous espérons être en mesure de répondre aux questions que vous voudrez bien nous poser.

Je vais commencer par une très brève déclaration pour vous expliquer où nous en sommes actuellement. Statistique Canada et Sport Canada collaborent depuis trois ans à l'élaboration d'un cadre d'analyse complet du secteur du sport au Canada, un secteur qui, comme vous l'avez si bien indiqué dans vos remarques d'ouverture, a des liens avec un grand nombre de questions d'ordre social et économique ainsi qu'avec plusieurs domaines, dont ceux de la santé et de l'éducation, et dont les activités exercent une influence sur le développement communautaire et la cohésion sociale.

• 1535

La première année de ce partenariat, la phase d'inventaire, nous a permis de répertorier les sources de données statistiques pertinentes, de recueillir des données statistiques sur le sport, d'amorcer l'élaboration d'un cadre statistique qui pourrait, et devrait, selon nous, nous servir de guide pour la collecte et la présentation de statistiques nationales cohérentes, comparables et, si possible, normalisées, et d'analyser et de présenter les données disponibles sur le sport.

[Français]

Une énorme gamme de sources de données a été étudiée, dont l'Enquête sur les dépenses des familles, l'Enquête nationale sur la santé de la population, l'Enquête nationale sur le don, le bénévolat et la participation, le supplément sur le sport de l'Enquête sociale générale de 1992, ainsi que l'Enquête sur le secteur des services de divertissement et de loisirs, ainsi que plusieurs autres enquêtes.

[Traduction]

Au cours de la deuxième année, où nous sommes passés à la phase de conceptualisation, nous avons élargi et amélioré notre cadre statistique, réalisé d'autres analyses de données sur l'incidence économique du sport, sur le financement gouvernemental du sport, sur les occupations sportives et sur les montants que consacrent les consommateurs à l'achat de biens et services sportifs. Ces rapports ont été remis à Sport Canada, qui, sur la base d'une entente de recouvrement des coûts, en avait en réalité parrainé la production.

Un rapport final, préparé pour Sport Canada et intitulé «La vitalité du secteur du sport au Canada», est paru en avril 1998. Ce rapport comportait un ensemble de recommandations et un plan de travail éventuel dont notre client, Sport Canada, devait prendre connaissance. Je tiens à vous faire remarquer que ces recommandations ne visaient pas à décrire les étapes que suivrait Statistique Canada, mais devaient plutôt servir de guide ou de cadre pour l'élaboration, sur une période de deux à cinq ans, d'un système ou d'une infrastructure efficace d'information dont l'exécution serait financée selon le principe de recouvrement des coûts ou par d'autres sources. C'est manifestement dans cet esprit qu'un cadre de travail a été conçu. Statistique Canada s'en remettait à Sport Canada pour le financement de tout travail de longue durée lié à ce projet.

À propos de ces recommandations—et vous avez fait allusion à cet égard à la recommandation 51—, le gouvernement a répondu au Sous-comité de l'étude -du sport au Canada que Statistique Canada réunissait déjà des données sur le sport au moyen d'un certain nombre de bases de données et de sondages permanents et que Sport Canada examinerait le contexte et la qualité des statistiques existantes sur le sport, explorerait des sujets sur lesquels une analyse statistique serait utile et formulerait des recommandations à propos de nouvelles initiatives à mettre en oeuvre et d'améliorations à apporter aux statistiques actuelles.

Ce rapport intitulé «La vitalité du secteur du sport au Canada», qui a été produit par Statistique Canada de concert avec Sport Canada en avril 1998, fournissait un vaste aperçu statistique de l'état dans lequel se trouvait le secteur des sports et des loisirs au Canada à ce moment-là. La participation de Statistique Canada à l'application concrète de la recommandation concernant l'élaboration d'une infrastructure relative aux statistiques nationales sur le sport est essentiellement tributaire de la disponibilité des ressources tant financières qu'humaines.

Un autre élément important de la deuxième année a été l'élaboration de questions sur le sport et la conclusion d'ententes de partenariat en vue du financement de la collecte de données sur la participation sportive. Statistique Canada, en collaboration avec Sport Canada et en partenariat avec un certain nombre de pourvoyeurs de fonds provinciaux, a conçu un ensemble de questions qui allaient faire partie du Cycle 12 de l'Enquête sociale générale en 1998 afin de répondre au besoin de données détaillées à jour sur la participation sportive. Ces données ont été publiées, et certaines de celles qui ont été recueillies à l'aide de la série de questions sur le sport que comportait l'Enquête sociale générale peuvent être obtenues en consultant le site Web de Statistique Canada. Un certain nombre d'autres études ont été réalisées sur ces données et seront publiées dans les mois qui viennent.

La réalisation du supplément sur le sport a coûté environ 60 000 $, dont 35 000 $ ont été fournis par Sport Canada et le reste, par nos quatre partenaires provinciaux.

• 1540

Au cours de la dernière année, monsieur le président, la portion du projet financée selon le principe de recouvrement des coûts s'est limitée à l'élaboration de cinq dossiers d'information pour la statistique sportive. Chaque dossier portait sur un aspect différent—à notre avis pertinent—, à savoir le cadre de statistique sportive; les dépenses gouvernementales pour le sport; un profil de certaines occupations sportives, y compris une section sur les bénévoles et les activités bénévoles; les tendances des dépenses pour les biens et services sportifs; et une première tentative d'évaluation de l'incidence économique de certaines activités sportives.

L'objet du contrat actuel de recouvrement des coûts avec Sport Canada pour 1999-2000 est encore plus restreint, puisqu'il se limite à un examen de la participation sportive au Canada. Statistique Canada a reçu le mandat de mettre à jour un rapport antérieur sur la participation sportive et, pour ce faire, de produire une analyse plus détaillée des données recueillies en vue de la production du supplément sportif de l'Enquête sociale générale, auquel j'ai fait allusion plus tôt. À Sport Canada, on nous a indiqué qu'une fois que ce rapport analytique sera terminé à l'été 2000, on ne prévoit pas commander d'autres travaux de recherche au cours du présent exercice.

Si vous le voulez bien, monsieur le président, mon collègue, M. Murray, pourrait peut-être prendre quelques minutes pour expliquer aux membres du comité en quoi consiste ce cadre relatif aux statistiques sur le sport.

Le président: Ce dont vous voulez parler est-il tiré du rapport intitulé «La vitalité du secteur du sport au Canada» auquel vous avez fait allusion, ou plutôt du nouveau rapport qui porte exclusivement sur la participation sportive?

M. Scott Murray (directeur général, Statistique sociale et des institutions, Statistique Canada): Du document sur la vitalité.

Le président: Très bien.

Oui, prenez quelques minutes. Cela nous rafraîchira la mémoire.

M. Scott Murray: C'est très simple, mais je vais...

Le président: Je vous prie de m'excuser, monsieur Murray, mais y a-t-il une raison pour laquelle vous n'avez pas de document à nous remettre? Serait-ce que vous avez un, mais qu'il n'est pas traduit intégralement?

M. Scott Murray: Nous ne l'avons que dans l'une des deux langues officielles.

Le président: Laquelle?

M. Scott Murray: En anglais.

Le président: Dans ce cas, nous allons tout au plus vous permettre de vous référer à vos notes au cours de la séance. Merci.

M. Scott Murray: La matrice que nous avons conçue est plutôt simple, et je ne voudrais pas vous donner l'impression qu'elle est compliquée. Elle ne fait que nous fournir un cadre de travail nous permettant de nous représenter l'étendue du domaine conceptuel que nous souhaitons cerner et la façon dont nous allons nous y prendre pour recueillir les données pertinentes. Ce cadre de travail ne porte en réalité que sur deux grands aspects. Le premier concerne les différents niveaux de participation sportive. Ces niveaux sont au nombre de six, à commencer par le plus haut niveau, celui de la haute performance sportive, puis le sport de compétition, le sport professionnel, le sport récréatif et, enfin, le conditionnement physique. Ainsi, pour chacun de ces domaines, il nous faut recueillir des données sur l'incidence et l'importance de la participation, les montants d'argent en cause, ainsi que le mode de financement et d'organisation.

L'autre aspect est constitué de sept éléments. Pour chacun des domaines concernés, il nous faut par exemple des données sur les athlètes et les participants actifs; sur tous les services de soutien, par exemple sur le rôle des entraîneurs, des arbitres, des officiels, des intervenants médicaux; sur les organisations qui s'occupent de la constitution et de la conservation des archives et sur tout le bénévolat entourant ce type d'activité; sur les installations utilisées et sur l'équipement utilisé, sa fabrication et sa vente en gros et au détail; sur la consommation passive du sport dans la population; sur le rôle des médias; et enfin, sur le parrainage sportif.

Nous avons donc une matrice composée de six éléments principaux, chacun comportant sept sous-éléments, pour un total de 42 éléments. Or, ce que nous essayons de faire, c'est de nous doter des instruments d'enquête susceptibles de nous permettre de remplir chacune des cellules de cette matrice.

Le principal problème qui se pose à nous, c'est que la plupart des données dont nous disposons actuellement concernent les deux derniers domaines en question, à savoir ceux du sport récréatif et du conditionnement physique. Autrement dit, nous ne possédons actuellement à peu près aucune donnée concernant les athlètes, les entraîneurs, les soigneurs, les officiels et les arbitres, ni même sur les fonds que le gouvernement injecte dans le sport, sur les structures organisationnelles nationales et provinciales et sur les organisations multisports, tout comme nous ne disposons que de données fort limitées et inégales sur la participation sportive.

• 1545

Ces catégories de données se subdivisent elles-mêmes en trois strates distinctes dont chacune comporte des éléments, des chiffres pratiquement essentiels. Nulle part au Canada il n'est possible d'obtenir des chiffres, pourtant indispensables, à propos de chacune de ces variables—des données comparables à celles que nous avons à propos du système d'éducation, qui relève du même secteur organisationnel à Statistique Canada. De même, nous ne disposons pratiquement d'aucune analyse concernant la valeur ajoutée, l'impact économique, direct et indirect, des activités sportives.

Mike a fait référence au premier document que nous avons produit, où l'on estimait qu'en 1994-1995, la contribution moyenne directe et indirecte du sport à l'économie, comme pourcentage du PIB, était de 1,1 p. 100, et que 2,73 p. 100 de tous les emplois au Canada étaient tributaires de l'industrie des sports.

Comme nous ne disposons d'aucune donnée sur le commerce et l'investissement liés au sport, si vous aviez à comparer le secteur sportif avec à peu près n'importe quel autre secteur industriel traditionnel sur lequel Statistique Canada recueille des données, ou encore avec le secteur culturel, qui s'apparente d'assez près au secteur du sport, vous constateriez que nous avons une bonne grille d'analyse, mais que celle-ci ne contient pratiquement rien.

Le président: Merci beaucoup.

Monsieur Mark.

M. Inky Mark (Dauphin—Swan River, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président. Je tiens à vous remercier tous deux de votre présence ici aujourd'hui. Lundi, nous nous sommes entretenus avec les représentants du CRTC, et nous leur avons demandé ce qu'il fallait entendre par sport amateur. Ma première question aura trait à cette définition. Quelle distinction faites-vous, à Statistique Canada, entre le sport, les activités récréatives et le loisir? Dans quel domaine statistique les données relatives à ces trois secteurs sont-elles traitées séparément, et quand doivent-elles être considérées ensemble?

M. Michael Sheridan: Je ne crois pas que nous ayons établi à cet égard de définition précise et pratique qui nous permette de classer les gens dans l'une ou l'autre de ces catégories. Il va sans dire que l'un des problèmes qui se posent dans la collecte de l'information concernant les sports, c'est que, dans ce domaine, les catégorisations sont dans une large part subjectives. Même lorsqu'on veut classer les gens selon le niveau ou le calibre des sports qu'ils pratiquent, on se rend compte qu'il y a presque invariablement chevauchement entre les définitions de ces trois catégories. Je ne crois pas qu'avec nos normes et critères de classification, nous soyons parvenus à établir un corpus de définitions qui nous permette, du moins pour l'heure, de classer les adeptes, ou encore les dépenses, dans l'une ou l'autre des trois catégories que vous avez mentionnées.

M. Inky Mark: Ma prochaine question est à savoir comment notre système de statistiques nationales se compare dans ce domaine avec celui d'autres pays.

M. Michael Sheridan: Sur cette question, je vais devoir m'en remettre à mon collègue, M. Murray, car je n'en sais rien. Je n'ai personnellement pas comparé les données internationales dans ce domaine.

Scott, êtes-vous en mesure de répondre à cette question?

M. Scott Murray: Bien sûr. J'aurais d'abord une observation à formuler à propos de votre première question. Il faut percevoir ce processus comme étant évolutif. Nous disposons d'un cadre théorique qui ne pourra être amélioré tant que nous n'aurons pas recueilli et examiné les données pertinentes pour voir si le tout se tient et tant que les gens n'auront pas eu l'occasion de nous signaler ce qui cloche. Si l'on prend l'exemple des statistiques sur la culture, nous y sommes beaucoup plus avancés à cet égard, car nous disposons dans ce domaine d'estimations sur l'impact économique, direct ou indirect, des activités culturelles, et il se trouve des gens qui ont avec nos experts des discussions fort pointues sur ce qu'il convient d'inclure—par exemple, s'il faut inclure le volet production de la publicité; nous avons une bonne idée de ce que comprend ce volet et de l'opportunité de l'inclure ou non. Or, en ce qui a trait aux sports, nous sommes loin d'en être là, puisque nous n'avons même pas encore eu l'occasion de jeter un premier regard sur les données.

Pour ce qui est de la façon dont nous nous comparons à d'autres pays sur le chapitre des statistiques sportives, nous avons l'air plutôt moches. Prenez l'exemple des Australiens—car c'est le cas que je connais le mieux—, toutes les cellules de cette matrice y sont assez bien remplies. S'ils méritent un score de 10, nous méritons un 2.

M. Inky Mark: Pour quelle raison sommes-nous en retard sur les autres pays à cet égard?

M. Scott Murray: Selon moi, qui suis gestionnaire du programme, ce n'est qu'une question d'argent. Cette tâche ne requiert aucune nouvelle technologie. Ce n'est pas comme s'il s'agissait de mesurer quelque chose que nous ne savons pas déjà comment mesurer.

• 1550

Mme Caroline St-Hilaire (Longueuil, BQ): Ils ont besoin d'argent.

Le président: Madame St-Hilaire.

[Français]

Mme Caroline St-Hilaire: Merci beaucoup, monsieur le président. Je n'ai pas l'habitude de me sentir ainsi, mais cet après-midi, je suis un peu déçue de la présentation de Statistique Canada. Peut-être est-ce parce que c'est nouveau pour moi. Je ne connais pas bien l'organisme. Je m'attendais à avoir certains chiffres sur le sport et des données plus précises sur ce qui se passe dans le monde du sport, au Canada entre autres.

Si j'ai bien compris, ce n'est pas une préoccupation majeure ou une priorité pour Statistique Canada, soit parce que l'organisme manque d'argent, soit pour quelque autre raison que vous allez sûrement me communiquer. J'aimerais savoir où exactement se situe le sport parmi vos priorités, sur une échelle de 1 à 10.

Dans la foulée de la question de mon collègue, je voudrais vous demander si vous faites la différence entre sport et loisirs, entre sport amateur et loisirs, ou si, comme d'autres organismes, vous confondez tout ça et que cela vous semble moins compliqué de ne pas le démêler parce que vous êtes effectivement mêlés.

Voilà ma première question et mon commentaire. Ma deuxième question porte sur les langues officielles. Dans l'étude du rapport Mills, à laquelle a participé notre président, on avait exprimé une préoccupation concernant les langues officielles. J'ai personnellement formulé une plainte à ce sujet. Je me demandais si vous aviez fait des recherches, si vous aviez des données ou si vous entendiez faire des études sur la problématique des langues officielles dans le sport amateur.

Merci.

M. Michael Sheridan: À votre demande de renseignements sur le sport, je répondrai que plusieurs des sondages de Statistique Canada pourraient être utilisés comme sources de renseignements sur le sport. Toutefois, dans le moment, le problème est que nous ne sommes pas le principal sondeur, celui qui s'occupe spécifiquement de recueillir les données sur le sport.

C'est une question de priorité, de ce à quoi sont affectées les ressources humaines et financières. Notre but premier est de trouver le moyen de faire plus de recherche sur les sondages et les données qui existent déjà. On n'avait pas encore fait beaucoup de travail dans ce domaine avant de commencer à chercher des fonds pour mettre en place le cadre de travail que M. Murray a essayé de décrire ici aujourd'hui.

En réponse à la deuxième question, qui portait sur les langues officielles, je dirai que de même que nous n'avons pas beaucoup de sondages qui portent sur le sport, nous n'avons pas non plus beaucoup de données sur les langues officielles relativement au sport. Il est certain que nous avons beaucoup de renseignements sur les langues officielles dans le recensement. Cependant, ils ne sont pas mis en relation avec le sport.

Mme Caroline St-Hilaire: Ni éventuellement non plus, si je comprends bien.

M. Michael Sheridan: C'est pour ce genre de situation qu'on cherche à établir des liens avec d'autres partenaires à l'intérieur du gouvernement du Canada. Par exemple, en ce qui a trait aux enfants, c'est le ministère du Développement des ressources humaines qui s'occupe des questions de développement et de croissance des enfants. Ce ministère a alloué à Statistique Canada 2,4 ou 3,4 millions de dollars par année pour faire une enquête longitudinale sur les enfants.

Nous avons inauguré un programme de recherche un peu plus poussée sur le sport en cherchant à établir des partenariats avec les autres institutions gouvernementales, avec les provinces et avec le secteur privé. Comme M. Murray l'a dit, c'est un processus qui est en évolution afin de satisfaire une demande qui existe, pour en arriver à trouver l'argent nécessaire à la mise en place d'un programme sur les sports.

[Traduction]

Le président: Monsieur Mahoney.

M. Steve Mahoney (Mississauga-Ouest, Lib.): Merci, monsieur le président.

• 1555

Mme St-Hilaire s'est montrée beaucoup plus tendre que je ne l'aurais été si j'avais été à sa place, car c'est la deuxième journée de suite que je participe à une réunion où les représentants d'un ministère nous présentent un mémoire dans une seule langue. Je ne cherche pas à m'en prendre à qui que ce soit en particulier à cet égard, mais j'aurais cru que, dans notre pays, nous en étions à un stade où cela allait de soi, surtout lors d'une comparution devant un comité. J'espère qu'on veillera à remédier à cette situation.

Le président: De quel ministère Statistique Canada relève-t-il à cet égard?

M. Michael Sheridan: Du ministère de l'Industrie.

Le président: Du ministère de l'Industrie.

M. Steve Mahoney: Voilà qui est intéressant, car c'est justement le ministère de l'Industrie qui était en cause hier pour cette même raison, lors d'une réunion à laquelle participait l'un de nos collègues francophones du caucus libéral. Nous y avons eu droit à un mémoire uniquement en anglais. J'étais plus contrarié que mon collègue francophone. Quoi qu'il en soit...

Le président: Nous prenons bonne note de votre remarque.

M. Steve Mahoney: J'aimerais que vous nous disiez si, selon vous, notre pays y gagnerait sur le chapitre du coût des soins de santé et de l'éducation ainsi que sur le plan économique en général si on recueillait des données peut-être un peu plus précises sur le sport. Je songe, par exemple, à la campagne publicitaire probablement la plus efficace qu'à ma connaissance un gouvernement n'ait jamais entreprise, celle du programme ParticipACTION.

C'est en quelque sorte à partir du moment où cette campagne publicitaire a été lancée que les gouvernements se sont mis à vraiment communiquer avec les gens. C'est, je crois, ce qui a amené diverses autorités publiques à réaliser des campagnes contre le tabagisme et l'alcool au volant. Tout le monde a été à même de constater l'impact et le pouvoir qu'une campagne de communication bien menée peut avoir sur un secteur particulier.

Toujours à propos de ParticipACTION, si nous comparions la situation au Canada et aux États-Unis, j'imagine que nous constaterions—j'ignore si mes présomptions sont justes, mais peut-être êtes-vous en mesure de me renseigner là-dessus—que la proportion de Canadiens qui s'adonnent à la course à pied, au saut, au lancer de la balle, au frapper de la balle, au patin et au saut à la corde est plus grande que chez les Américains. Je suis peut-être dans l'erreur, mais j'ai l'impression que tel est le cas.

Le président: Monsieur Mahoney, je puis vous dire qu'à cet égard nous sommes le pire des pays du G-7. Nous avons fait une étude sur cette question et nous avons constaté que nous nous classions au dernier rang.

M. Steve Mahoney: D'accord, nous avons effectué cette étude.

Compte tenu du succès qu'a connu un programme comme ParticipACTION, je me demande si vous avez des données ou si vous avez fait une étude sur les sports où l'on a comparé... ou omettons-nous tout simplement de compter nos prises, pour ainsi dire? Que nous soyons à cet égard le pire des pays du G-7, voilà qui m'étonne beaucoup.

M. Michael Sheridan: Nous comptons nos prises; c'est juste que nous le faisons un peu différemment.

En 1976, nous avons effectué une importante enquête sur le sport et la participation sportive au Canada. Cette enquête a été réalisée par Statistique Canada pour le compte d'un consortium d'organismes parrains.

M. Steve Mahoney: Désolé de vous interrompre, mais j'aimerais savoir si vous incluez dans vos statistiques le cas des personnes qui s'adonnent occasionnellement au jogging, qui font des petits travaux à l'extérieur, ce genre de choses.

M. Michael Sheridan: Tout à fait. Cette enquête...

M. Steve Mahoney: Non pas que le jogging soit une activité qu'on ne pratique qu'à l'occasion, mais vous savez ce que je veux dire.

M. Michael Sheridan: Cette enquête de 1976 portait sur la gamme complète des activités sportives.

Le président: C'est donc dire que la dernière fois que Statistique Canada a effectué une analyse complète de ce secteur, c'était en 1976.

M. Steve Mahoney: Vraiment. C'est peut-être ce qui explique que notre classement soit si médiocre.

M. Michael Sheridan: Je crois que ce qui s'est produit, c'est que les consortiums qui auraient pu financer ce type d'enquête ont essentiellement été démembrés. Or, l'information et les données relatives aux sports et aux activités de conditionnement physique se trouvent intégrées dans les données d'un certain nombre d'autres enquêtes réalisées dans le cadre du programme d'enquêtes auprès des ménages. Sauf erreur, nous n'avons encore jamais pris soin d'extraire de ces bases de données ou d'autres sources potentielles d'information les données relatives au sport et d'en faire une analyse distincte.

M. Steve Mahoney: Ne croyez-vous pas que, si l'on compilait, diffusait et évoquait habilement les statistiques sur le sport, on contribuerait à l'accroissement de l'activité physique dans notre pays et peut-être, du même souffle, à la réduction des coûts dans des domaines comme celui de la santé?

M. Michael Sheridan: Je ne suis pas un devin, mais il est clair que, si nous pouvions faire ce que vous dites, nous contribuerions à accroître l'intérêt pour le sport et pour les avantages qu'il présente pour la société canadienne.

M. Steve Mahoney: Je vois.

M. Michael Sheridan: Quels sont les changements qui pourraient précipiter...

M. Steve Mahoney: J'aimerais vous parler des installations. Il m'a également semblé, en voyageant dans notre pays, que certaines localités se sont dotées d'installations remarquables, qu'il s'agisse de terrains de soccer, d'arénas, ou quoi encore, alors que d'autres n'en ont aucune. Certaines localités ont établi des critères voulant qu'il y ait, par exemple, une piscine par 50 000 habitants.

• 1600

Avez-vous été en mesure de recueillir des données qui puissent nous indiquer si nous avons ou non à cet égard une norme nationale. Je présume que la réponse est non, mais je n'en sais rien. N'a-t-on jamais pris soin de vérifier ces choses?

M. Scott Murray: Nous ne disposons d'à peu près aucune donnée concernant les infrastructures en place.

Le président: Il n'existe pas de telles données.

M. Scott Murray: C'est juste, il n'en existe pas.

Le président: Beth.

Mme Beth Phinney (Hamilton Mountain, Lib.): Merci, monsieur le président.

Merci à vous de votre présence ici aujourd'hui.

Qui finance Statistique Canada?

M. Michael Sheridan: Eh bien, je présume qu'en fin de compte, ce sont les contribuables canadiens.

Le président: D'où vous vient votre enveloppe?

M. Michael Sheridan: Nous avons un crédit ministériel qui fait partie du portefeuille de l'Industrie.

Mme Beth Phinney: Pourriez-vous me dire approximativement combien on vous alloue annuellement?

M. Michael Sheridan: Pour une année sans recensement, nous disposons d'un budget de quelque 390 millions de dollars.

Mme Beth Phinney: Vous disposez donc de 390 millions de dollars.

Dans toute la conversation que nous venons d'avoir et dans tout ce que vous dites, que ce soit à propos de l'étude de 1976 au sujet de laquelle vous avez affirmé que le consortium qui l'avait financée s'était évaporé ou avait disparu, ou encore à propos d'une étude datant d'avril 1998 dont vous nous avez parlé sous l'angle du recouvrement des coûts et pour nous dire qu'elle vous avait permis de recueillir deux différents types d'information, ce qu'on doit retenir, me semble-t-il, c'est que le gouvernement fédéral ne consacre aucun fonds à la collecte des données sur les sports. Ai-je raison de croire qu'il vous faut recouvrer les coûts de tout ce que vous faites concernant les sports; autrement dit, que la collecte des données sur le sport n'est aucunement financée à même ces 390 millions de dollars?

M. Scott Murray: Pour vous situer peut-être un peu en ce qui concerne l'utilisation de ces 390 millions de dollars, disons qu'il y a 19 personnes dans la section qui s'occupent exclusivement de la collecte de données sur le secteur de la culture, lequel englobe le sport. Au cours des cinq dernières années, nous sommes passés d'un programme comportant 26 enquêtes annuelles pour en venir dans le cas de bon nombre d'entre elles à des enquêtes biannuelles, tout simplement parce que nous n'avions pas les fonds voulus pour maintenir intégralement le programme.

Si je ne m'abuse, c'est environ une demi-année-personne qu'on consacre à la collecte, au traitement, à l'analyse et à la diffusion des données sur le sport.

Mme Beth Phinney: Ce que je vous demande, c'est qui finance ces enquêtes.

M. Scott Murray: Elles sont financées à même le budget de Statistique Canada. Deux nouveaux produits ont été financés dans une large mesure par des fonds provenant de Sport Canada et de plusieurs provinces.

Mme Beth Phinney: Vos patrons vous donnent-ils comme directive de ne faire sur le sport aucune étude sans recouvrement des coûts?

Le président: Me permettez-vous de vous aider un peu à poser cette question? Y a-t-il une raison précise pour laquelle Statistique Canada ne donnerait pas suite à la recommandation formulée par notre comité il y a plus d'un an et demi et que la Chambre des communes a approuvée à l'unanimité?

Mme Marlene Jennings (Notre-Dame-de-Grâce—Lachine, Lib.): L'argent.

M. Michael Sheridan: Non, il n'y a aucune raison pour que Statistique Canada ne donne pas suite aux recommandations qu'on lui a faites, particulièrement à la recommandation 51. La difficulté tient à l'affectation des fonds dont dispose l'organisme. Si une partie des fonds déjà alloués à des programmes est réaffectée à de nouveaux programmes concernant le sport, nous créons un nouveau problème en réglant celui-ci.

Mme Beth Phinney: Autrement dit, ce domaine n'est pas considéré comme prioritaire par la personne qui établit les priorités—je présume qu'il s'agit du chef de votre section à Statistique Canada; ce domaine ne figure donc pas sur la liste. On met tout simplement le projet de côté en attendant que quelqu'un accepte d'amputer son budget pour en permettre la réalisation, ce que personne n'est prêt à faire.

M. Michael Sheridan: Je ne l'exprimerais pas de cette façon. Je dirais que l'organisme s'est doté d'un ensemble de comités consultatifs et déploie beaucoup d'efforts sur le chapitre de la collecte de données statistiques socio-économiques. Il est apparu à Statistique Canada que le sport constituait un domaine intéressant pour l'obtention de financement et pour la conclusion de partenariats susceptibles d'enrichir son programme de recherche statistique. C'est dans l'air. Nous avons constamment ce domaine dans notre ligne de mire, mais il ne s'est rien passé depuis 1976. Nous sommes à l'affût de possibilités de partenariats qui nous permettraient certainement, dans notre processus d'établissement des priorités, d'obtenir de Sport Canada, de certaines provinces et du secteur privé des contributions financières suffisantes pour pouvoir utiliser cette matrice que nous avons conçue.

• 1605

Mme Beth Phinney: N'existerait-il pas une demande en ce sens du côté des municipalités, puisque, en règle générale, ce sont elles qui financent les installations sportives, ou allez-vous au devant des municipalités pour tenter de conclure avec elles des ententes de financement? De même, n'y aurait-il pas des entreprises—je songe, par exemple, aux fabricants de chaussures de course—qui seraient intéressées à savoir combien de Canadiens s'adonnent à tel ou tel sport? Elles pourraient vouloir s'aider de ces données pour planifier leur production.

Toujours concernant cette même question, pour trouver des partenaires, devez-vous prendre les devants ou vous contentez-vous simplement d'espérer qu'il s'en pointe...? S'il vous faut prendre les devants, je suppose que c'est à la demi-année-personne qui s'occupe des sports que vous confiez cette mission.

M. Michael Sheridan: C'est une excellente question, du genre de celle de la poule et de l'oeuf. Nous avons conclu un certain nombre d'ententes de partenariat avec des provinces et, bien sûr, mais dans une moindre mesure, avec des autorités municipales, avec un certain nombre de ministères et d'organismes fédéraux et avec le secteur privé.

Mme Beth Phinney: Toujours concernant les sports?

Michael Sheridan: Non. C'est plutôt dans d'autres domaines où nous travaillons en partenariat. Ce que nous voulons dire, c'est que, pour pouvoir donner suite à la recommandation 51, la recommandation de votre comité qui nous demandait de passer à l'action dans ce domaine, il nous faudrait maintenant conclure des ententes de partenariat analogues à celles dont nous venons de parler et qui ont permis de financer ce genre d'activités. Je crois qu'il nous fallait, dans un premier temps, établir quels types de données nous allions devoir recueillir. Nous avons consacré passablement de temps à la conception de cette matrice et nous y avons mis énormément d'efforts de réflexion.

Je crois que nous en sommes maintenant à la deuxième phase de ce projet, qui consiste à trouver le moyen d'aller plus loin, ce qui signifie qu'il nous faut trouver les fonds voulus pour pouvoir remplir les cellules de cette matrice et la rendre utilisable?

Mme Beth Phinney: J'aurais une toute petite question.

Le président: Bien sûr. Allez-y.

Mme Beth Phinney: Vous avez dit qu'il a fallu mettre énormément d'efforts de réflexion pour franchir cette étape. Ce travail a-t-il été effectué par les comités consultatifs qui sont responsables de l'établissement des priorités, comme vous l'avez expliqué, ou plutôt par la demi-personne qui ne s'occupe que des sports?

M. Michael Sheridan: Par la demi-personne, avec beaucoup d'aide de...

Mme Beth Phinney: J'espère qu'il s'est agi de la demie supérieure.

Des voix: Oh!

Le président: Madame Jennings.

Mme Marlene Jennings: Merci, monsieur le président.

Merci de votre exposé. J'apprécie le fait que vous ayez pu faire votre présentation et répondre aux questions dans les deux langues officielles. Mais je dois vous dire que ce que j'ai retenu de vos propos, c'est que Statistique Canada n'a pas suffisamment d'argent pour recueillir, réunir et traiter toutes les données statistiques nécessaires sur le sport et analyser le rôle que jouent les sports au Canada sur tous les aspects sur lesquels nous souhaiterions être informés, à savoir leur impact sur notre santé et notre bien-être, leur incidence économique, la participation sportive, l'engagement sportif, la création d'emplois dans ce domaine, l'ampleur de l'effet de levier qu'ont les investissements dans ce secteur, etc. Vous n'avez pas ces données.

La seconde chose que j'ai retenue de vos propos, c'est que l'Australie s'est dotée d'une matrice qui lui fournit toutes ces données. Avez-vous une idée de ce qu'il en a coûté à l'Australie pour mettre en place ce processus et de ce qu'il lui en coûte annuellement pour le faire fonctionner? Si vous n'êtes pas en mesure de répondre immédiatement à cette question, pensez-vous pouvoir nous obtenir ces renseignements?

M. Michael Sheridan: Je l'ignore. Peut-être mon collègue serait-il davantage en mesure de vous répondre. Je puis cependant vous dire que, compte tenu des bonnes relations que nous entretenons avec le bureau australien de la statistique, ces gens se feront sans doute un plaisir de nous renseigner sur le coût de cet élément particulier de leur programme.

Mme Marlene Jennings: Ce serait très important.

M. Scott Murray: Nous n'avons pas de chiffres précis concernant le coût du programme australien. En Australie, le bureau de la statistique n'est pas le seul responsable à cet égard; il y existe dans le secteur des sports un organisme directeur national qui s'occupe très activement de recueillir les données essentielles relatives aux athlètes les plus performants et les plus compétitifs.

Mme Marlene Jennings: Eh bien, dans ce cas, j'aimerais également savoir ce qu'il en coûte pour cet autre organisme.

M. Scott Murray: Cela nous ramène à ce qu'a fait valoir Michael. Nous avons à Statistique Canada une énorme base de données qui fourmille de renseignements, dont beaucoup ont trait au sport.

Mme Marlene Jennings: Mais vous n'avez pas l'effectif voulu.

M. Scott Murray: Pour les extraire?

Mme Marlene Jennings: Vous ne disposez pas du budget voulu pour désigner une équipe d'une dizaine ou d'une vingtaine de personnes, ou je ne sais trop, qui s'emploieraient exclusivement à extraire ces renseignements de la base de données...

M. Scott Murray: C'est juste.

Mme Marlene Jennings: ... pour ensuite traiter, analyser et diffuser ces données, et pour enfin être en mesure d'établir quelle utilisation on devrait en faire. Disposons-nous de toutes les données voulues? Y a-t-il des lacunes à combler à cet égard?

• 1610

Ce que je voudrais savoir, et que le comité voudrait savoir, c'est si vous avez procédé à une analyse de vos besoins de fonds additionnels pour faire ce travail. Si le problème réside dans le fait qu'avec un budget annuel de 390 millions de dollars pour un exercice ne comportant pas de recensement, vous pouvez recueillir une proportion importante—disons 50, 60, 70 p. 100—des données dont vous avez besoin concernant le sport, mais que vous n'êtes pas en mesure d'extraire ces données des diverses études que vous avez effectuées, combien d'employés supplémentaires vous faudrait-il alors pour le faire? Combien en coûterait-il pour résoudre ce problème? Si nous connaissions la réponse à cette question, nous pourrions exercer des pressions sur le gouvernement pour qu'il augmente votre budget en conséquence.

Je comprends qu'il puisse vous être difficile, messieurs, de répondre à cette question, mais je dois vous dire qu'il s'agit là de quelque chose qui... Voyez-vous, notre comité ne fait pas de recommandations pour rien. Si, pour donner suite à cette recommandation, il faudrait puiser à même le budget d'un autre ministère ou secteur, alors dites-le-nous.

M. Scott Murray: J'aurais d'abord une observation à formuler, après quoi je répondrai à votre question.

Mike a parlé des divers types d'ententes de partenariat que nous concluons. Ces cinq dernières années, presque tous les ajouts au programme de Statistique Canada ont consisté en des activités ciblées. Le ministère chargé de l'établissement des politiques convainc tel ou tel organisme de nous verser des fonds, mais à des fins précises. Notre budget de base ne s'en trouve pas augmenté. Pendant que nos tâches s'alourdissent, nous nous retrouvons donc avec un budget de base qui diminue sans cesse et des fonds nouveaux qui sont ciblés mais qui ne visent jamais le domaine du sport.

Nous estimons que, pour accomplir ce travail au minimum, il nous faudrait quelque chose comme 300 000 $ par an et trois ou quatre employés supplémentaires.

Mme Marlene Jennings: C'est tout? Et ces fonds supplémentaires vous serviraient de levier pour obtenir du financement du secteur privé et du gouvernement?

M. Scott Murray: Oui, cela nous permettrait de nous allier à tout un groupe de partenaires et d'accomplir du bon travail sur une période de trois ou quatre ans au cours de laquelle, sans nécessairement effectuer des enquêtes annuelles, nous réunirions des données concernant les athlètes, les entraîneurs et les soigneurs. Il s'agirait au moins d'un bon point de départ.

Nous sommes à cet égard, dans une large mesure, placés dans un cercle vicieux, en ce sens que dès que nous fournissons aux gens quelques données, ils en réclament davantage. Par contre, quand nous ne leur en fournissons aucune, ils prennent quand même des décisions, sans se dire qu'ils manquent d'information.

Mme Marlene Jennings: Merci. Il s'agit là de renseignements importants dont le comité pourra sans doute se servir. Ce montant de 300 000 $ ne m'apparaît pas énorme.

J'ai terminé.

Le président: Madame St-Hilaire.

[Français]

Mme Caroline St-Hilaire: Je vais essayer de rester aussi aimable que dans ma première intervention. En répondant à Mme Jennings, vous avez dit avoir besoin de 300 000 $ par année, à ce que je comprends, pour poursuivre de telles études.

Je me dis toujours qu'il existe un rapport de la Chambre des communes datant de novembre 1998, qui avait été adopté presque à l'unanimité, et que ce rapport contenait des recommandations précises vous demandant de faire du sport une des priorités de Statistique Canada.

Cela commence à me déranger sérieusement que le sport fasse toujours partie du domaine culturel. Je pense que la première chose que vous devriez faire, c'est établir une distinction entre le sport et la culture. Bien que le sport puisse faire partie d'une culture, d'une identité nationale, il faut prendre soin de démêler les choses. C'est un commentaire personnel.

Je voudrais renchérir un peu sur ce que disait ma collègue. Le rapport a été déposé il y a un an et demi. Aujourd'hui, vous dites avoir besoin de plus d'argent pour faire des études sur le sport. À ce moment-là, que nous reste-t-il à faire? Devons-nous intervenir auprès du ministre de l'Industrie? Auprès de quel ministère devons-nous intervenir quand vous manquez d'argent? Il faut nous le dire quand c'est le cas.

Vous avez sûrement une grande assiette à partir de laquelle vous déterminez à quoi vous allez allouer les sommes d'argent et dans quels domaines vous allez faire vos études. Quand la Chambre des communes vous recommande de faire plus d'études sur le sport et que vous décidez de passer outre et de ne pas en faire une priorité parce que cela est sans importance pour vous, personnellement, en tant que parlementaire et députée de l'opposition, cela me choque un peu. Je me sens forcée de vous le faire savoir parce que je ne voudrais pas sortir d'ici sans avoir exprimé cette frustration personnelle.

Vous dites que vous avez besoin de 300 000 $ de plus. Au moment où le gouvernement du Canada manifeste son intérêt pour le sport en créant un secrétariat d'État, je pense que Statistique Canada a le devoir de faire sensiblement la même chose en plaçant les études sur le sport parmi ses priorités.

J'aimerais aussi... Pardon?

Le président: Ministre.

Mme Caroline St-Hilaire: Désolée, mais il est toujours secrétaire pour l'instant. Il peut faire du wishful thinking, mais il est encore secrétaire.

Une autre chose pourrait être intéressante, et vous allez nous dire si vous avez besoin de plus d'argent, parce que je sais que des millions de dollars seront accordés pour les infrastructures par le gouvernement canadien.

• 1615

Si vous faites des enquêtes pour savoir si le Québec et le Canada ont besoin de plus d'infrastructures dans le domaine du sport, nous, parlementaires, ainsi que les citoyens saurons si effectivement on a besoin d'infrastructures sportives. Par contre, si vous, à Statistique Canada, ne faites aucune recherche là-dessus, qu'est-ce que nous serons censés faire?

J'espère être demeurée quelque peu aimable, ou du moins aussi aimable.

M. Michael Sheridan: Je suis d'accord que quelque chose a été signalé dans le rapport; c'est indéniable. On a essayé de réagir, de trouver le moyen de mettre la recommandation en application, de faire plus de travail et de recherche du côté des analyses et de la cueillette de renseignements sur les sports.

Nous en sommes au point où nous devons reconnaître que nous n'avons pas suffisamment d'argent pour réaliser de grands progrès. Nous en sommes au stade où nous cherchons la façon de nous procurer cet argent par le truchement de partenariats ou à l'intérieur même des ressources financières de Statistique Canada. Mais ce sera difficile et ça va prendre du temps.

Mme Caroline St-Hilaire: Excusez-moi. Je ferai une parenthèse. Est-ce qu'on peut savoir de quelle façon vous répartissez les montants que vous recevez du gouvernement? Est-il possible de le savoir ou si c'est secret?

M. Michael Sheridan: La façon dont...

Mme Caroline St-Hilaire: Vous recevez 390 millions de dollars. À quoi appliquez-vous cette somme? Est-ce qu'on peut savoir dans quels domaines?

M. Michael Sheridan: Oui, c'est dans notre rapport des Comptes publics. C'est dans le rapport.

[Traduction]

Le président: Dans les Comptes publics. Nous pouvons vous les procurer.

Monsieur Sheridan et monsieur Murray, je tiens à vous assurer, au nom de nous tous, que, comme députés, nous nous efforçons de faire notre travail, et que nous sommes tout à fait respectueux du fait que, comme fonctionnaires, vous ne pouvez pas répondre des politiques gouvernementales; vous exécutez les tâches qu'on vous demande d'accomplir et vous travaillez avec les moyens qu'on vous donne. Par conséquent, si vous percevez dans nos propos une certaine agressivité et de la déception, de grâce, n'allez pas croire que ces récriminations sont dirigées contre vous.

Avant de redonner la parole à M. Mark, je tiens à vous rappeler ce qui explique la véhémence de nos propos à cet égard. Si nous avons intitulé notre rapport L'industrie du sport, plutôt que simplement Une étude du sport dans le contexte culturel, c'est qu'il y a deux ans et demi, quand nous avons entrepris cette étude, nous nous sommes rendu compte que nous ne disposions pas de données complètes sur les impacts économiques du sport, sur le nombre d'emplois spécialisés, semi-spécialisés et non spécialisés qu'il permettait de créer, sur ses retombées en valeur ajoutée, etc. Ces données n'existent pas. Comme vous l'avez si bien fait valoir, monsieur Murray, l'Australie, un petit pays comparé au Canada, est parvenue à accomplir ce travail, pendant que nous, nous n'en sommes encore qu'à envisager de le faire—nous avons un score de deux quand ce pays en a un de dix. Il est donc de notre devoir d'essayer de vous aider à donner suite à la recommandation que le Parlement a adoptée en ce sens.

Monsieur Mark.

M. Inky Mark: Merci, monsieur le président.

Contrairement aux autres membres du comité, je suis plutôt déçu que l'information ne soit pas disponible, du moins celle qui concerne l'impact du sport sur notre économie. Pour avoir déjà oeuvré dans le monde municipal, je sais que c'est généralement la première question qu'on se pose quand on dépense de l'argent dans le domaine des sports, et la réponse est invariablement que ce qu'on ne sait pas, on n'a qu'à le demander au gouvernement fédéral qui est en mesure de nous fournir toutes les statistiques pertinentes. Il en va de même pour les provinces, qui n'ont pas elles non plus les statistiques en question.

C'est donc dire que, dans tout le pays, on s'attend à ce que le gouvernement du Canada soit en mesure de fournir cette information, de nous procurer les données concernant l'impact du sport sur nos collectivités. Et il a un tel impact, d'ailleurs énorme. Le sport occupe une place importante dans notre culture. On s'attendrait donc à ce que ces données soient facilement accessibles. Je suis désolé de devoir exprimer ces choses, mais ce sont là des renseignements qui peuvent aider les collectivités locales à se développer et à créer des emplois.

Ma question concerne vos prévisions en ce qui a trait aux tendances futures. Avez-vous fait des projections concernant l'impact du vieillissement de la population sur la façon dont les Canadiens s'adonneront à des activités sportives ou s'impliqueront dans les sports?

• 1620

M. Michael Sheridan: Statistique Canada ne fait pas de projections, sauf en ce qui concerne l'évolution démographique future en fonction de l'âge et du sexe. En un mot, la réponse est non, nous n'avons pas fait de telles projections.

Le président: Madame Jennings.

Mme Marlene Jennings: Pour poursuivre sur la question des 300 000 $ par an, avez-vous déjà élaboré ou couché sur papier un plan d'action indiquant la façon dont vous entendriez utiliser ces 300 000 $ par an de plus, si on vous les allouait, pour extraire les données pertinentes de la base globale de données dont nous disposons déjà, vous en servir comme levier pour conclure des partenariats, etc.? Avez-vous produit un document quelconque à ce sujet? Voilà pour ma première question.

Deuxièmement, à propos des observations qu'ont formulées notre président et certains de mes collègues des deux côtés de cette table concernant le sentiment de déception que vous percevez chez nous, ce sentiment est bien réel, mais il n'est absolument pas dirigé contre vous personnellement, ni même, d'une certaine façon, contre Statistique Canada en tant qu'organisme. En fait, il n'est dirigé que contre la situation elle-même.

En plus d'essayer de vous obtenir ces 300 000 $ par an, comment pouvons-nous, nous les membres du comité, vous être utiles? Que penseriez-vous de l'idée que nous amenions les maires des municipalités de nos circonscriptions à écrire au statisticien en chef, au ministre de l'Industrie, au secrétaire d'État au Sport amateur, et à la ministre du Patrimoine, pour leur dire qu'ils ont besoin de cette information? Le cas échéant, les responsables de Statistique Canada pourraient réagir en disant qu'ils n'ont hélas pas l'argent voulu pour répondre à leur souhait, mais que, si on leur allouait 300 000 $ de plus, Statistique Canada pourrait au moins entreprendre d'extraire ces données du système. On exercerait peut-être ainsi une certaine pression sur les divers ministères qui sont en position d'influer sur la suite des choses à cet égard. Est-ce que cela...?

Le président: Madame Jennings, il s'agit là, à mon avis, d'une question de nature quasi politique, et je crois que je devrais me charger d'y répondre.

Mme Marlene Jennings: Permettez-moi alors de tourner ma question autrement. Si les comités consultatifs auxquels vous faites appel pour établir vos priorités recevaient une foule de demandes provenant de divers milieux et secteurs de la société canadienne et faisant valoir qu'on y a besoin de ce genre d'information pour pouvoir prendre des décisions en matière d'affectation des fonds publics, croyez-vous que cela aurait un impact?

M. Michael Sheridan: Bien sûr. En un mot, la réponse est oui.

Pour ce qui est de l'autre volet de votre question, l'élaboration d'un tel plan d'action fait clairement partie de nos préoccupations, et ce, depuis maintenant 18 mois. Je puis comprendre votre déception.

Pour vous donner un exemple d'information et de données que nous nous employons à réunir, je vous informe que nous allons réaliser un projet d'envergure concernant le secteur du bénévolat. C'est un secteur qui revêt une énorme importance, non seulement en ce qui a trait à l'impact des sports dans la collectivité, mais également en ce qui touche la cohésion sociale dans son ensemble. Nous avons mené une vaste enquête auprès des ménages à ce sujet. Elle nous renseigne sur le temps que consacrent les Canadiens aux sports, aux activités sportives, aux associations sportives, etc. Pour vous donner une idée de l'envergure de cette enquête, je vous signale qu'il en a coûté 1 million de dollars pour la réaliser.

Un autre volet de cette enquête consistera à établir ce qu'on appelle un «compte satellite», un compte faisant partie des comptes nationaux qui permettra de chiffrer globalement la valeur de la contribution du bénévolat à l'économie canadienne. La réalisation de ce projet de compte satellite prendra de deux ans et demi à trois ans. Je me sers de cet exemple pour attirer l'attention des membres du comité sur le fait que, même si on nous allouait 2 ou 3 millions de dollars demain matin, dans six mois, lorsque vous nous demanderiez des comptes, vous seriez probablement encore déçus de nous, car il nous faut beaucoup de temps pour mettre au point ce genre de programme et de système.

Avons-nous couché un plan sur papier? Oui, et vous trouverez d'ailleurs en annexe à notre rapport une description de ce que nous ferions si nous en avions les moyens.

Le président: Y chiffrez-vous les coûts?

M. Michael Sheridan: Je ne saurais l'affirmer avec certitude.

Le président: J'aimerais recevoir le plus tôt possible, dans les deux langues officielles, un document sur le modèle australien que vous nous avez décrit et sur la matrice dont vous nous avez parlé, avec mention des coûts, avec et sans partenaires. Nous le distribuerons aux députés qui siègent à ce comité, et nous prendrons alors nos responsabilités.

Monsieur Mahoney.

M. Steve Mahoney: J'aurais deux questions brèves.

• 1625

Quand vous regroupez vos données statistiques, vous intéressez-vous, par exemple, à la démographie et aux changements potentiels futurs, à des considérations du genre de celles que fait David Foot pour aider les collectivités à établir si elles devraient, plutôt que de continuer à construire des arénas, aménager des stations d'observation des oiseaux, ce genre de choses?

L'observation des oiseaux, je vous prie de m'en croire, ce n'est pas rien. En vieillissant, obligé qu'on est de ralentir son rythme, on s'oriente vers l'observation des oiseaux. C'est ce qu'on m'a dit.

Je me demande donc si vous vous préoccupez de ces choses, si vous dégagez ce genre de données et, dans l'affirmative, si vous en faites profiter d'autres organismes.

M. Michael Sheridan: Nous ne nous occupons pas précisément de ce genre de choses. Bien entendu, nous faisons des projections concernant l'évolution démographique. Quant aux conclusions à en tirer, concernant les conséquences que pourrait avoir cette évolution, nous laissons à d'autres le soin de s'en charger, comme l'a fait David Foot dans son Boom Bust & Echo 2000. Toutes ses données proviennent de Statistique Canada; il a tout simplement repéré celles qui l'intéressaient et en a dégagé ses propres conclusions. En fait, nous lui avons fourni les matériaux de base.

M. Steve Mahoney: Peut-être qu'en retour nous devrions nous servir de certaines de ses constatations.

Croyez-vous que les Canadiens croient vraiment au sérieux, à l'efficacité de Statistique Canada? N'y a-t-il pas là un problème? Peut-être n'y croient-ils pas, quand ils constatent que ce secteur n'est pas nécessairement considéré comme prioritaire et que, pour le gouvernement, qui s'emploie principalement depuis une dizaine d'années à imposer des restrictions budgétaires, un organisme comme Statistique Canada est l'endroit où il est le plus facile de procéder à des coupes?

M. Michael Sheridan: Eh bien, je puis vous dire qu'en ce qui touche la confiance des Canadiens en Statistique Canada, on peut certes en juger d'après nos taux de réponse, qui demeurent nettement supérieurs à 90 p. 100.

M. Steve Mahoney: Vous pouvez en juger par quoi?

M. Michael Sheridan: Par nos taux de réponse, qui, dans la majorité de nos enquêtes auprès des ménages, se situent bien au-delà de 90 p. 100. C'est donc dire que l'organisme jouit de la confiance de la population canadienne.

M. Steve Mahoney: Il ne me reste qu'à vous amener à jouir de la confiance du Parlement.

Le président: Je me suis toujours porté à la défense de Statistique Canada, mais je dois avouer qu'à mon sens, le ministre de l'Industrie a eu beaucoup de mal, il y a quelques mois, à expliquer aux Canadiens ce que représentaient pour l'économie canadienne les équipes de hockey professionnel ou les franchises sportives qui évoluent dans un marché restreint.

M. Steve Mahoney: Il n'était pas le seul.

Le président: Mais il demeure que le ministre ne disposait pas des données les plus élémentaires concernant l'apport économique du sport, le nombre d'emplois qu'il crée, tant directs qu'indirects, bref, la place qu'occupe le sport, sous toutes ses facettes, dans l'économie de notre pays.

Je tiens vraiment à vous remercier de votre témoignage d'aujourd'hui qui nous a éclairés sur ce qu'on a fait à Statistique Canada depuis un an et demi. Nous vous sommes très reconnaissants de la sincérité et de l'honnêteté dont vous avez fait preuve en nous expliquant où vous en êtes. Dans les quatre ou cinq heures qui viennent, nous allons faire notre possible pour voir s'il n'y aurait pas moyen d'obtenir qu'on vous épaule davantage.

Merci beaucoup.

La séance est levée.