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FINA Rapport du Comité

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AVANT-PROPOS

Depuis que le gouvernement fédéral a hérité, en 1993, d'un déficit de 42 milliards de dollars, l'économie canadienne a réalisé une remontée remarquable. En plus d'éliminer le déficit, le pays a commencé à éponger sa dette tout en ramenant le taux de chômage de 11 p. 100 à 8,1 p. 100. Maintenant que la reprise est bien engagée, le moment est venu d'examiner certains des défis que les Canadiens devront relever à plus long terme.

Il apparaît clairement, à l'examen des défis et des possibilités du nouveau millénaire, qu'il faudra des politiques novatrices et modernes pour répondre aux besoins de demain.

Par leur dur travail et leurs lourds sacrifices de la dernière décennie, les Canadiens ont contribué à assainir l'économie et à remettre le pays sur la voie de la prospérité. Il nous semble que les citoyens devraient profiter au premier chef de cette prospérité retrouvée. Nous croyons, autrement dit, que les Canadiens méritent de mieux vivre dans la perspective de lendemains toujours meilleurs.

La croissance économique fouettée par des gains de productivité est la clé de cet essor du niveau de vie. Impossible à réaliser du jour au lendemain, cela exige des politiques dont la clairvoyance se traduira par des retombées persistantes.

Si le Comité a entrepris cette étude c'est donc afin de mieux comprendre les principaux facteurs qui contribuent à hausser la productivité et d'être en mesure de formuler, dans son rapport prébudgétaire de l'automne prochain, des recommandations qui permettront au gouvernement du Canada de stimuler la productivité.

Bien des facettes de la productivité restent inconnues. Nous ne la mesurons que de façon imparfaite et même les experts ne s'entendent pas sur certains de ses éléments fondamentaux. Le Comité et l'ensemble des Canadiens sentent cependant clairement qu'une amélioration de notre niveau de vie et de productivité est tout à fait envisageable.

En réalité, non seulement pouvons et devrions-nous hausser notre niveau de vie, mais nous le devons.

Nous devons, en s'appuyant sur ce qui a contribué à la prospérité du Canada dans le passé, mettre l'accent sur ce qui l'assurera demain. Notre richesse viendra de nos cerveaux. Elle viendra de nos entreprises, de nos écoles et de nos laboratoires. Il nous faudra créer ces sources de richesse, les attirer et les retenir au Canada.

Pour demeurer une société saine et énergique, le Canada a besoin d'une économie solide et prospère dont tous les Canadiens profitent. À bien des égards, la croissance économique et un niveau de vie élevé permettront aux Canadiens de relever divers défis actuels. En plus d'offrir de meilleures perspectives aux familles, ce regain de prospérité permettra de parer aux besoins croissants en soins de santé d'une population vieillissante tout en contribuant à augmenter le revenu dont disposent les familles, à résorber le chômage et à accroître la sécurité du revenu.

Une hausse de productivité susceptible d'entraîner un niveau de vie supérieur ne se produit pas du jour au lendemain. Les résultats ne se feront sentir qu'après un certain temps. Le gouvernement devra donc cibler un horizon plus lointain et résister à la tentation de parer au plus pressé.

Ce sont les investissements à long terme qui rapportent le plus. Il faut donc s'armer de patience. Les résultats sont parfois étonnants, cependant. Une hausse de productivité produit des résultats durables et cumulatifs. Une faible augmentation du taux de croissance de la productivité à long terme n'aura pas une forte incidence la première année, mais elle aura, si elle est maintenue année après année, un effet cumulatif considérable au bout de quelques années. Voilà pourquoi la stimulation de la productivité exige du gouvernement une perspective plus longue.

Si l'on ne regarde que les conséquences à court terme, les véritables avantages d'une productivité accrue seront invariablement masqués.

La productivité a trait essentiellement au fonctionnement de l'économie. Elle est donc déterminée avant tout par les actions directes du secteur privé. Comme elles façonnent le cadre dans lequel le secteur privé fonctionne, les politiques gouvernementales influeront néanmoins sur elle. Le but du Comité est donc de trouver un cadre de travail susceptible d'avoir un impact positif et de stimuler la productivité.

Cette étude nous a appris que le sujet comporte beaucoup d'incertitudes. Les mesures de la productivité sont souvent imprécises et n'en donnent pas, pour diverses raisons, une image exacte. L'incertitude plane aussi sur les liens entre la croissance de la productivité et les autres variables économiques.

Nous savons néanmoins que notre productivité s'est détériorée depuis deux décennies. Nous savons aussi que certaines orientations politiques favorisent clairement une hausse de productivité. Nous ne ferions que maintenir un taux de croissance économique qu'il est manifestement possible d'améliorer si nous restions à attendre la certitude absolue et des mesures parfaites.

Le climat monétaire et fiscal dans lequel le secteur privé évolue est l'élément primordial de ce cadre de travail. Il diffère aujourd'hui totalement de ce qu'il était il y a dix ans. L'inflation est faible, les taux d'intérêt sont bas, et la dette nationale diminue. Nous avons retrouvé, en fait, le contexte dans lequel le pays a connu l'« âge d'or » de sa croissance économique. Même s'il reste beaucoup à faire, le gouvernement fédéral a manifestement réussi à franchir cette première étape aussi importante que nécessaire.

La façon dont fonctionnent les marchés des produits, des capitaux et du travail est l'autre élément important de ce cadre de travail. La concurrence oblige les entreprises à se montrer efficaces et dynamiques. La canalisation des ressources économiques de manière à en optimaliser l'utilisation est un atout.

J'ai mentionné plus haut que, pour mener à bien une campagne de stimulation de la productivité, le gouvernement doit adopter une optique à plus long terme. Cela découle de la nature même de la productivité, qui est assimilable à un investissement. Il faut donc prendre dès aujourd'hui des initiatives dont les avantages se feront sentir demain.

La gamme de ces investissements, qui vont de la machinerie et de l'équipement à la R-D et aux technologies de pointe, sans oublier les infrastructures publiques, et le capital humain et social, est très vaste. Des investissements s'imposent aussi dans les nouvelles façons de structurer le capital et d'organiser la main-d'oeuvre dans les entreprises.

Comment peut-on encourager de tels investissements? Il faut d'abord que les Canadiens, qu'il s'agisse de particuliers ou d'entreprises, aient la conviction qu'ils en tireront des avantages suffisants. Il faut s'assurer que le succès est récompensé. Il faut donner confiance dans les perspectives économiques et donner à chacun le sentiment que le régime fiscal leur permet d'obtenir un taux de rendement acceptable sur leurs investissements. Un régime fiscal efficace a donc une incidence notable sur la productivité.

Il faut aussi que les Canadiens soient aptes à saisir les occasions économiques. Il leur faut une économie dynamique et souple, où des personnes possèdent les compétences qu'exige la nouvelle économie. L'éducation et l'acquisition continue du savoir sont les ingrédients clés qui créent le capital humain essentiel à notre bien-être.

Une vive concurrence et l'élimination du fardeau de toute réglementation inutile contribuent aussi à rendre une économie dynamique et souple. Le libre-échange, sur le plan tant international qu'interne, est vital pour promouvoir la concurrence. Il est également vital à la création d'une économie forte et souple de limiter le plus possible la réglementation des activités économiques.

L'intérêt du Comité pour la productivité n'est pas nouveau. Il l'a examinée sérieusement dans son Rapport sur les consultations prébudgétaires de l'an dernier. Il se souciait d'autre part, dans son Rapport sur le Groupe de travail sur l'avenir du secteur des services financiers canadien, d'accroître la productivité dans ce secteur.

La productivité n'est donc pas un sujet étranger aux autres domaines prioritaires du gouvernement. Elle vient au contraire compléter les autres politiques gouvernementales. Une hausse de productivité relèvera notre niveau de vie et permettra d'assurer aux Canadiens et à leurs gouvernements les ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins et à leurs attentes. C'est exactement ainsi que nous la percevons.

J'aimerais profiter de cette occasion, en tant que président du Comité permanent des finances de la Chambre des communes, pour remercier les membres du Comité d'avoir participé à cette étude. Le sujet semblait parfois inépuisable, mais la productivité est une question vitale sur laquelle repose notre futur bien-être, et celui de nos enfants. Il aurait été impossible de mener cette étude à bien sans le dévouement et la persistance dont tous les membres du Comité ont fait preuve.

J'aimerais aussi remercier tous les témoins qui ont contribué à rendre compréhensible cette question fort complexe.

J'aimerais enfin remercier les membres du personnel. Il aurait été impossible d'entreprendre cette étude et de produire ce rapport sans leur contribution. Je remercie en particulier le greffier du Comité, Pat Steenberg, qui a été épaulée par Lise Tierney et Denyse Croteau. Les efforts inlassables de mon adjointe spéciale, Jennifer Demers, méritent aussi d'être signalés, de même que le travail des attachés de recherche, Julie Cusson et Rose Pelletier, de la Direction de la recherche parlementaire. Je remercie tout particulièrement Marion G. Wrobel de son dévouement et de son attachement au travail du Comité des finances. Sa contribution est des plus appréciées.

CARPE DIEM

Maurizio Bevilacqua