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FAIT Rapport du Comité

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CHAPITRE 2 :
LES ÉCONOMIES DES AMÉRIQUES

Ces changements politiques et économiques ont donné lieu à la redéfinition des outils d'intégration en place. Les outils existants, par exemple le Marché Commun d'Amérique centrale, [...] le CARICOM et le Pacte andin, ont été revitalisés et combinés à des mécanismes plus récents comme le MERCOSUR, créé en 1991, et naturellement l'Accord de libre-échange nord-américain, signé en 1994. Il en a résulté une augmentation considérable du commerce intrarégional. [...] Le renforcement de ces trois groupes commerciaux régionaux [...] offre une assise solide pour bâtir quelque chose d'aussi ambitieux puisque c'est effectivement une entreprise ambitieuse qu'une zone de libre-échange des Amériques. [Stephen Randall, 125:840]

Profil socioéconomique des Amériques

Les Amériques sont peuplées de plus de 800 millions d'habitants et ont une économie qui frôle les 11 000 milliards de dollars américains, chiffre qui représente le produit intérieur brut (PIB) annuel combiné des 50 pays et territoires qui les composent (voir le tableau 2.1). S'il regroupe un peu moins de 15 p. 100 de la population mondiale, l'hémisphère mène plus de 35 p. 100 des activités économiques recensées du monde. Les Amériques constituent donc de loin la région économique la plus importante et la plus productive de la planète, dépassant de plus de 3 000 milliards de dollars américains l'Union européenne (UE) qui arrive en seconde place1.

En 1997, les pays et territoires des Amériques pris dans leur ensemble ont exporté pour 1 200 milliards de dollars américains de marchandises et de services commerciaux, ce qui représente 18,2 p. 100 des exportations mondiales. Cette année-là, ils ont importé pour 1 400 milliards de dollars de biens et services, soit 20,7 p. 100 de l'ensemble des importations mondiales. Importatrices nettes de biens et services, les Amériques seraient également, à en juger par les chiffres donnés, sous-représentées dans le commerce international compte tenu du niveau de leurs activités économiques globales par rapport à d'autres régions. Cela tient essentiellement au fait que les deux puissances dominantes de l'hémisphère, les États-Unis et le Brésil, possèdent des économies de grande taille et que les échanges commerciaux comptent pour moins de 10 p. 100 de leur PIB. Les autres pays des Amériques se caractérisent tous par des économies ouvertes de taille petite ou intermédiaire où les échanges internationaux expliquaient, en 1997, plus de 25 p. 100 de leur PIB combiné, en moyenne. De fait, au Canada, en Amérique centrale et dans les Caraïbes, le commerce représentait, cette même année, quelque 40 p. 100 du PIB, soit bien plus que la moyenne mondiale qui s'établissait à 23 p. 100. Les Amériques ont donc manifesté clairement qu'elles étaient capables et désireuses de participer au commerce international, voire d'en prendre les rênes.

Les Amériques ont également attiré pour 155,2 milliards de dollars américains en investissements étrangers directs (IED), ce qui équivaut à 38,7 p. 100 des entrées mondiales à ce titre en 1997. Les investissements directs qu'elles ont effectués dans d'autres pays sont évalués à 136,6 milliards de dollars américains et comptent pour 32,2 p. 100 des sorties mondiales au titre de l'IED2. Pour ce qui est des IED, l'hémisphère occidental est donc un importateur net une fois de plus, mais, par rapport à son PIB, il est tout à fait dans la ligne des autres pays du monde.

Tableau 2.1
Quelques données économiques sur l'hémisphère occidental - 1997






-- données non disponibles

Sources : Americas Review 1998; Banque mondiale, World Development Indicators 1998 et World Investment Report 1998; Organisation mondiale du commerce, Rapport annuel de 1998 sur les statistiques du commerce international et Fonds monétaire international, Direction of Trade Statistics Yearbook 1998.

Aussi intéressantes que puissent être ces statistiques économiques, il faut noter que les disparités entre les pays du continent vont au-delà de leur degré respectif d'ouverture à l'égard du commerce et de leur statut d'exportateur ou d'importateur net de biens et services et d'investissements directs. Ces données globales cachent 50 sociétés très différentes et fort complexes. Chacune d'entre elles se distingue par son histoire, sa géographie, sa population, son caractère ethnique, sa langue, ses croyances religieuses, sa situation économique et sa structure politique. Par exemple, l'hémisphère occidental regroupe, dans le bassin des Caraïbes, de nombreuses petites îles telles que les Bermudes, dont le territoire ne couvre que 55 kilomètres carrés, et d'immenses pays comme le Canada qui s'étend sur 10 millions de kilomètres carrés dans l'hémisphère nord. Du point de vue démographique, les écarts sont considérables, allant de 2 000 habitants pour les îles Malouines à 266 millions pour les États-Unis. Si l'on combine ces données, on s'aperçoit que les densités moyennes varient entre 3 habitants par kilomètre carré au Guyana et 1 240 aux Bermudes; la concentration des populations urbaines oscille, quant à elle, entre 32 p. 100 pour Haïti et 88 p. 100 en Argentine. Par ailleurs, ces pays comptent six langues officielles, à savoir l'anglais, l'espagnol, le portugais, le français, le quechua et le créole. Les revenus moyens annuels par habitant pour ces pays vont du simple au centuple, soit de 399 dollars américains à Haïti à 30 395 dollars américains aux États-Unis et l'on sait que ces moyennes masquent des disparités de revenu personnel encore plus importantes au sein même de ces pays3. Enfin, pour ce qui est des régimes politiques, l'hémisphère compte presque autant de possessions territoriales de pays européens (Royaume-Uni, France et Pays-Bas) et des États-Unis que de pays ayant leur propre constitution4. Il faut noter à ce sujet que les premières sont, dans certains cas, administrées comme des départements d'outre-mer, tandis que les secondes sont, de par leur constitution, gouvernées par des parlements élus démocratiquement. Bien évidemment, Cuba est le seul pays non démocratique de l'hémisphère et son adhésion à l'Organisation des États américains est suspendue depuis 1961.

Intégration économique au sein des Amériques

Malgré ces clivages à caractère socioéconomique, il ne faudrait pas conclure que les économies des 50 pays d'Amérique évoluent de façon totalement autonome. Les preuves abondent d'une intégration économique au sein de l'hémisphère et même entre les régions d'Amérique latine, des Caraïbes et d'Amérique du Nord fortement distinctes des points de vue historique, culturel et ethnique. Le Comité a fait ce constat pour ce qui est du commerce de marchandises et de l'investissement direct, mais l'intégration économique n'est pas encore avérée pour ce qui est des mesures institutionnelles facilitant la mobilité de la main-d'oeuvre (notamment la main-d'oeuvre spécialisée et donc plus rare), de l'harmonisation des politiques budgétaires et monétaires et de la création d'institutions supranationales à mandat administratif et chargées de la coordination (autorités chargées de la concurrence, politique industrielle, etc.).

[L]Europe compte des institutions qui permettent de former un certain genre d'opinion collective. Nous n'avons aucune institution de ce genre au sein de l'ALENA, et encore moins dans l'hémisphère. Autrement dit, ce que vous avez en Europe c'est ce que nous appelons un marché commun. [...] Ce que nous avons dans le cas de l'ALENA, c'est un accord de libre-échange, qui ne prévoit pas d'institutions décisionnelles communes. Il prévoit une série de mécanismes pour le règlement des différends et ce n'est pas du tout la même chose. [...] Il a été question tout à l'heure d'une monnaie commune, mais cela provoquerait un débat énorme. Nos trois pays n'ont pas de tarifs douaniers communs pour les importations de l'extérieur. Autrement dit, même si nous échangeons les marchandises dans le cadre de l'ALENA, chaque pays a ses propres droits de douane, par exemple pour les automobiles importées de l'extérieur de l'Amérique du Nord. Nous avons des droits de douane distincts pour toutes sortes de choses. Si un tarif commun était établi pour les importations de l'extérieur et, à plus forte raison, si une position commune était formulée pour l'OMC, les pays protesteraient contre leur perte de souveraineté. [Maureen Molot, 27:1725]

Jusqu'ici, 7 ententes de libre-échange (infra)régionales, 4 accords d'union douanière et l'adhésion par 14 pays à des ententes bilatérales de libre-échange de portée limitée et à des accords commerciaux préférentiels sous-tendent l'intégration économique (voir le tableau 2.1).

Document 2.1
Accords commerciaux dans les Amériques



Source : site Web de la Zone de libre-change des Amériques

Il serait bon, à ce point-ci, d'établir le niveau d'intégration du commerce et de l'investissement présent dans les Amériques. Le tableau 2.2 résume la situation, en 1997, des exportations de marchandises et de services commerciaux provenant des Amériques entre les sous-régions et à l'intérieur de celles-ci, ainsi qu'à l'échelle de l'hémisphère occidental et du monde. On s'attendrait tout naturellement à ce que le commerce à l'intérieur des régions soit plus vigoureux que les échanges entre ces dernières, pour des raisons de proximité, mais cela n'est vrai que pour les (sous-)régions couvertes par l'ALENA et le MERCOSUR; il n'en va pas de même pour la Communauté andine ni pour les sous-régions du CARICOM et du MCAC. Ces trois derniers groupes exportent davantage à destination des pays signataires de l'ALENA que vers ceux avec lesquels ils ont conclu des ententes de libre-échange.

Tableau 2.2
Les Amériques : direction du commere international - 1997




Source : Fonds monétaire international, Direction of Trade Statistics Yearbook, 1998

Une analyse plus poussée permet de conclure que les États-Unis sont le plus important marché d'exportation de tous les pays d'Amérique, à l'exception de huit5. Il semblerait donc que la richesse soit un critère plus déterminant que la proximité et que la signature d'ententes commerciales pour ce qui est du volume des échanges au sein des Amériques. Le Brésil est le plus important marché pour ses partenaires du MERCOSUR et le Canada est le plus gros marché d'exportation pour les biens et services provenant des États-Unis et du Guyana. Les relations commerciales actuelles au sein de l'hémisphère, qui s'apparentent à un réseau en forme de roue dans lequel les États-Unis sont le noyau central et le Brésil le noyau secondaire pour ce qui est du commerce de biens, sont donc considérables dans l'absolu et en termes relatifs, et la plupart des observateurs pourraient en conclure qu'elles justifient la mise en place d'une initiative de libre-échange dans les Amériques.

Tableau 2.3
Exportations à l'intérieur des sous-régions au sein des Amériques




Source : Fonds monétaire internationale, Direction of Trade Statistics Yearbook, 1998; Nations Unies, Manuel des statistiques du commerce international et du développement, 1995

À la lecture du tableau 2.3, il apparaît que, bien que les États-Unis soient peut-être le plus grand marché d'exportation de la quasi-totalité des pays des Amériques, chaque accord commercial sous-régional a stimulé le commerce intérieur des pays concernés au cours des années 1990. Par exemple, entre 1990 et 1997, les pays signataires de l'ALENA ont plus que doublé leurs échanges au sein de la région, tandis que ceux du CARICOM et du MCAC ont plus que triplé le commerce sous-régional à l'intérieur des zones au cours de la même période; les pays de la Communauté andine et du MERCOSUR ont respectivement quadruplé et quintuplé le leur au cours des années 1990. La production économique globale de ces pays et de ces sous-régions n'ayant pas été à la hauteur de leur performance en matière de commerce, il serait donc fondé de dire que les accords commerciaux conclus jusqu'ici ont permis de faire progresser la demande de biens et services à l'intérieur de ces sous-régions au sein des Amériques. On ne peut toutefois affirmer que l'essor, dans l'absolu ou de façon relative, du commerce à l'intérieur des sous-régions est attribuable à la création d'échanges plutôt qu'au détournement des échanges commerciaux6. Cela est particulièrement vrai du MERCOSUR, de la Communauté andine, du MCAC et du CARICOM qui, à en juger par la fragilité de leurs relations commerciales internes dès le départ, ne constituent pas des blocs commerciaux naturels. Malgré leurs similitudes sous les angles de l'histoire et du caractère ethnique, ces regroupements régionaux pourraient donc difficilement concrétiser leurs espoirs de création d'un marché commun. Quoi qu'il en soit, il serait possible de mettre un terme à ce débat en mettant sur pied une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) qui permettrait de reconfigurer les échanges en fonction de critères d'efficience et de réduire ainsi l'ampleur du détournement des courants commerciaux au sein de l'hémisphère, mais non ceux entre les hémisphères, qui proviendraient de ces ententes régionales préférentielles (voir l'annexe 1).

Tableau 2.4
Stocks et flux d'investissements étrangers directs






-- données non disponibles

Sources : Nations Unies, Rapport sur l'investissement dans le monde-Tendances et déterminants : vue d'ensemble, 1998

On peut voir, à la lecture du tableau 2.1, que les entrées et les sorties au titre de l'IED se sont élevées dans les Amériques à 155,2 et à 136,6 milliards de dollars américains respectivement en 1997. Selon le tableau 2.4, en revanche, les stocks d'IED à l'intérieur ou à l'étranger ont totalisé 1 200 et 1 100 milliards de dollars américains en 1997, soit respectivement 35 et 31 p. 100 de l'IED de l'ensemble du monde7. Il serait néanmoins plus judicieux d'examiner ces investissements non pas dans l'absolu ou d'une région à l'autre, mais plutôt en fonction de la formation brute de capital fixe (FBCF) des pays en question. Il serait ainsi possible de mesurer le degré d'intégration vis-à-vis de l'économie d'accueil de même que la contribution des investisseurs étrangers par rapport à leurs homologues nationaux. Comme les chiffres figurant au tableau 2.4 le laissent entendre, les entrées et les sorties au titre de l'IED représentent entre 6 et 8 p. 100 de la formation brute de capital en Amérique du Nord mais, en moyenne, 11,4 et 0,6 p. 100 de la formation brute de capital en Amérique latine et aux Caraïbes respectivement. Qui plus est, les entrées annuelles au titre de l'IED dans certains pays des Caraïbes peuvent représenter jusqu'à 53 p. 100 de leur FBCF dans l'année, contre 40 p. 100 dans certains pays d'Amérique latine (notamment en Dominique et en Bolivie en 1996). L'Amérique du Nord est également un exportateur net de ce type d'investissement alors que les pays d'Amérique latine et des Caraïbes sont des importateurs nets. Le réseau en forme de roue que constitue le commerce (voir plus haut) se complète donc d'un réseau très similaire pour l'investissement dont le Canada est cependant le noyau secondaire à la place du Brésil.

Le projet de ZLEA, qui viserait 34 pays des Amériques, devrait donc consolider et accroître l'intégration économique entreprise jusqu'ici puisqu'il élargirait le régime fondé sur des règles issu des accords commerciaux, comme les ententes infra-régionales existantes, en le dotant d'un format multilatéral englobant tout l'hémisphère8. Comme un accord en matière de commerce et d'investissement fournit aux décideurs du secteur privé un degré de certitude plus grand dans le domaine que ne le feraient des pourparlers politiques au cours desquels l'économie la plus forte a toujours l'avantage, un accord de libre-échange pourrait finir par transformer l'hémisphère en un authentique bloc commercial régional9. Un tel bloc serait le plus important de son type au monde et serait unique en ce sens qu'il regrouperait un nombre et une diversité d'économies plus grands, surtout en ce qui concerne la taille et le développement.

Pour ce qui est de forger une entente de libre-échange qui permettrait de cimenter un bloc commercial, les disparités aux chapitres de la richesse et du développement entre l'Amérique du Nord, l'Amérique latine et les Caraïbes ne constituent pas forcément un obstacle insurmontable. Les différences de richesse sont, tout au plus, sont une arme à double tranchant, et le Comité en dira plus sur la question aux chapitres 4 et 5. Pour le moment, il désire souligner qu'il ne faut pas conclure que, lorsqu'un tel accord sera en place, il y aura convergence vers une économie unique homogène dans les Amériques, caractéristique d'un marché commun. Il faut voir dans l'essor du commerce et de l'investissement entre les Amériques, non pas un outil de confluence des sociétés, mais un outil de promotion du bien-être et de l'intégration économiques qui permettra parallèlement à chaque pays de poursuivre ses propres politiques économiques et de laisser s'épanouir ses caractéristiques non économiques.


1 L'Union européenne constitue néanmoins un marché commun et a érigé un moins grand nombre de barrières institutionnelles au commerce entre ses pays membres que la plupart des zones de libre-échange régionales et infrarégionales, notamment celles créées par l'ALENA, le MERCOSUR, la Communauté andine, le MCAC et le CARICOM (voir les définitions de ces groupes dans le glossaire). La mobilité de la main-d'oeuvre et des capitaux est plus grande au sein de l'Union européenne, et des institutions économiques et politiques supranationales, chargées de traiter et de coordonner un large éventail de questions commerciales, viennent compléter les institutions nationales existantes.

2 Ces chiffres englobent les investissements étrangers directs en provenance ou à destination d'autres pays des Amériques.

3 L'origine de ces données est indiquée au tableau 2.1

4 Les territoires britanniques comprennent Anguilla, les îles Vierges britanniques, les îles Caïmans, les îles Malouines, Montserrat et les îles Turques et Caïques; les territoires français regroupent la Guyane française, la Guadeloupe, la Martinique et Saint-Pierre-et-Miquelon; les territoires des Pays-Bas englobent, quant à eux, Aruba et les Antilles néerlandaises; les États associés des États-Unis sont Porto Rico et les îles Vierges américaines.

5 Les États-Unis sont toutefois le deuxième marché d'exportation pour la plupart de ces pays qui comprennent Antigua-et-Barbuda, l'Argentine, Cuba, la Grenade, le Guyana, le Paraguay, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et l'Uruguay.

6 La création d'échanges désigne la production de courants d'échanges globaux attribuable à l'élimination d'obstacles au commerce, tels que les tarifs douaniers, permettant d'abandonner des fournisseurs chers au profit de fournisseurs bon marché, quelle que soit leur situation par rapport à la région. On parle de détournement des courants commerciaux pour désigner le déplacement des courants d'échanges, des fournisseurs à faible coût hors de la région du libre-échange vers des fournisseurs plus onéreux au sein de la région, qui s'explique uniquement par l'octroi d'un accès préférentiel résultant d'une exonération des tarifs et autres obstacles non tarifaires dont les échanges feraient l'objet autrement. Les accords commerciaux régionaux sont, par définition, discriminatoires et représentent donc une violation du principe commercial de la nation la plus favorisée. Par conséquent, faute de données prouvant une amélioration relative de la productivité globale des facteurs de ces industries d'exportation et illustrant l'importance des coûts de transport par rapport au coût à la livraison au sein des régions et entre ces dernières, il est impossible de conclure que le bien-être économique du monde s'est amélioré; en réalité, ces accords commerciaux régionaux n'ont fait que redistribuer la richesse.

7 Dans cette description, nous passons sous silence, sans toutefois la sous-estimer, l'importance du rôle que jouent les capitaux placés dans des titres à l'égard de l'harmonisation à l'échelle internationale des taux d'intérêt réels, pour un risque donné, et d'une convergence des ratios cours-bénéfice, laquelle finit par niveler le coût du capital pour des compagnies rivales. Le Comité estime néanmoins qu'il n'est pas vraiment nécessaire de signaler les liens existants entre des pays par l'entremise de sources de capitaux hautement fébriles et anonymes, comme le sont les capitaux placés dans des titres. Les investissements directs, en revanche, ne peuvent se substituer parfaitement les uns aux autres entre les régions car les multinationales contrôlent les divers produits, procédés et réseaux de distribution.

8 La panoplie existante d'ententes internationales en matière de commerce et d'investissement dans les Amériques fournit et impose à la fois des droits et des obligations réciproques différents.

9 Les règles commerciales issues des négociations reflètent souvent les priorités et les préférences des pays plus importants, ceux-ci ayant davantage de pouvoirs de marchandage. Les pays moins importants s'en trouvent parfois désavantagés. Que ces derniers puissent adhérer à un régime fondé sur des règles pourrait se révéler préférable à tout arrangement auquel on parviendrait par des marchandages politiques.