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NDVA Rapport du Comité

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INTRODUCTION

Nous devons comprendre que la guerre n’est pas un passe-temps anodin, qu’elle est plutôt la plus grande abomination, et que nous devons éviter d’y jouer.  Tolstoï

Le présent rapport sur l’état de préparation des Forces canadiennes (FC) est le fruit d’une année entière d’audiences. Jamais n’avons-nous voulu réécrire la politique de défense du Canada ou prétendre que nous pouvions faire mieux que les professionnels pour restructurer les FC. Nous pensons que notre rôle est d’aider les FC à tout le moins à récupérer une partie de ce qu’elles ont besoin pour demeurer une force de combat professionnelle.

La réponse du gouvernement à nos rapports antérieurs a été à la fois encourageante et désappointante. Nous comprenons parfaitement qu’il est impossible de donner suite à toutes nos demandes, mais il demeure que les FC sont encore sous‑financées et continueront de l’être à long terme. Le Comité n’est pas habilité à affecter des fonds ni à légiférer pour modifier les programmes : il doit s’en tenir à des recommandations. Notre réussite dépend de la mesure dans laquelle le gouvernement nous prêtera une oreille attentive, d’où la nécessité d’agir de manière responsable en formulant des recommandations qui sont du domaine du possible.

Nous voulons constituer une force positive, un intermédiaire qui communiquera clairement au gouvernement les besoins et aspirations de nos militaires et, de fait, des Forces canadiennes en tant qu’institution. Nous espérons aussi susciter les changements qui aideront les FC à relever les nombreux défis qui les attendent. Quelles que soient les recommandations qui seront retenues et celles qui ne le seront pas, nous postulons d’entrée de jeu que le statu quo est inacceptable. Cela dit, pour accomplir notre mission, nous ne devons pas nous éloigner du bon sens et devons favoriser ce qui fonctionne. La formulation des politiques est un art pragmatique consistant à privilégier ce qui est raisonnable, abordable et réaliste. Le mandat de notre groupe étant de formuler des recommandations sérieuses au gouvernement, nous n’avons pas le luxe de viser la solution parfaite ni de dresser des plans visionnaires.

Les FC doivent être prêtes à accepter un cadre stratégique qui ne repose plus sur toutes les hypothèses d’antan. Ceci étant dit, nous ne partons pas de zéro. Nous n’aurons pas à combattre au front central en Europe, les Russes ne sont plus notre principale source d’inquiétude, l’Europe est de plus en plus en mesure de se défendre elle-même et les menaces asymétriques sont devenues une réalité incontournable. Parallèlement, nous n’avons pas de raison valable de quitter l’OTAN, nous continuerons de participer activement aux activités de NORAD, notre principal allié demeurera les États-Unis, nous serons de nouveau appelés à participer à des missions de maintien de la paix et notre tradition multilatéraliste influera encore nos choix.

Il nous semble important que les FC soient parfaitement en mesure de relever les défis qui viennent. Nous avons beaucoup entendu parler lors de nos analyses précédentes d’équipement vétuste, de moral à plat, de conditions de vie inadéquates, de formation insuffisante, de rythme insoutenable des opérations, de manque de fonds, etc. Nous nous sommes déjà penchés sur certains des principaux problèmes dans nos rapports précédents, mais il faut plus encore. La surutilisation de nos forces ces dernières années a peut-être affaibli leur capacité opérationnelle. En effet, le trop grand nombre d’engagements a entraîné une réduction du temps disponible pour la formation et la récupération. La restructuration a dû être reportée, et il a fallu travailler avec des unités qui n’étaient peut-être pas parfaitement outillées dans le nouveau contexte de la menace. Lorsque les urgences ponctuelles accaparent tout le temps dont on dispose, l’analyse et la réflexion prospectives deviennent, par la force des choses, un luxe.

La capacité opérationnelle ne se limite pas à une question d’équipement et de stratégie. C’est une chose de posséder la meilleure technologie et les commandants supérieurs les plus avant-gardistes, mais il importe encore plus de pouvoir compter sur des troupes en nombre suffisant, bien formées et enthousiastes pour défendre les intérêts supérieurs du pays. À l’inverse, un bon équipement a certainement des effets positifs sur le moral. Les choix doivent être exercés quelque part entre ces deux pôles.

Trop longtemps, les FC ont dû sacrifier un élément en faveur d’un autre. Nous avons bien vu comment les questions liées à la qualité de vie ont dû céder le pas à d’autres considérations essentielles, d’ordre financier. Pour assurer la capacité opérationnelle, il faut analyser toutes les facettes : qualité de vie, formation, équipement, études et leadership. Nous devons également bien comprendre « ce à quoi nous nous préparons ». La structure de nos forces doit pouvoir s’intégrer au cadre stratégique que nous souhaitons leur imposer.

Même si nos rapports précédents n’ont pas porté directement sur l’état de préparation, ils ont néanmoins eu une incidence importante à ce chapitre. En effet, dans le rapport intitulé Pour aller de l’avant  Plan stratégique pour l’amélioration de la qualité de la vie dans les Forces canadiennes, nous avons formulé une série de recommandations qui ont énormément aidé à relever le moral des troupes des FC et de leurs familles. Le 25 novembre 1999, le Comité a adopté une motion, qui a été déposée subséquemment à la Chambre des communes, dans laquelle le gouvernement était prié « …de lancer immédiatement un programme quinquennal de revitalisation et de modernisation des Forces canadiennes, ce qui devrait accroître considérablement le budget du ministère de la Défense nationale en pourcentage du PIB ». Par la suite, dans notre Étude sur les acquisitions, nous avons incité le gouvernement à accélérer l’achat de l’équipement requis et suggéré des moyens pour améliorer le processus global d’acquisition.

Dans notre Rapport sur les plans et les priorités déposé en juin 2001, nous avons notamment recommandé que le gouvernement revoie ses plans de financement des deux prochains exercices dans l’optique d’augmenter le budget du ministère de la Défense nationale. Finalement, en novembre 2001, notre Comité a déposé son rapport État de préparation des Forces canadiennes : Réponse à la menace terroriste, dans lequel nous avons de nouveau recommandé d’accroître le budget du MDN. Encore là, nous avons demandé qu’on mette davantage l’accent sur la capacité de transport stratégique et qu’on augmente l’effectif de la Force spéciale.

Les Forces canadiennes n’ont pas reçu tout ce qui nous semblait nécessaire. Nous croyons que le Comité a réalisé des progrès et nous sommes déterminés à veiller à ce qu’on réponde aux besoins de nos troupes. Nous croyons également que les membres des FC ne devraient jamais participer à des déploiements pour lesquels ils ne sont pas bien préparés ou équipés.

En terminant, nous avons aussi réalisé que le concept de « sécurité » devait maintenant avoir un sens élargi. La menace des attaques terroristes et les risques d’utilisation des armes nucléaires, chimiques, biologiques et radiologiques nous montrent que la mobilisation de différents ordres de gouvernement est nécessaire pour assurer la sécurité des Canadiens et des Canadiennes. Les événements du 11 septembre nous ont fait comprendre clairement la nécessité de situer la sécurité dans une perspective à plusieurs niveaux et multigouvernementale pour mieux contrer la menace.