LANG Rapport du Comité
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
OPINION COMPLÉMENTAIRE
du pARTI conservateur du Canada
INTRODUCTION
Le présent document a pour objectif de clarifier la position des députés
conservateurs siégeant sur le Comité permanent des langues officielles en
regard de certaines des recommandations du rapport sur l’étude des Accords de
collaboration entre le ministère du Patrimoine canadien et les représentants du
secteur associatif des communautés de langue officielle vivant en situation
minoritaire.
I. LE
FINANCEMENT DISPONIBLE POUR LE SECTEUR COMMUNAUTAIRE
La première recommandation du rapport – qui se veut en fait une réitération de
la recommandation #18 du rapport sur la vitalité des communautés de langue
officielle en situation minoritaire – pose un premier problème important dans
la mesure où l'appui global du gouvernement au secteur communautaire ne semble
pas être véritablement pris en compte. Dans sa réponse au premier
rapport, le gouvernement évoquait la diversité des initiatives et programmes
par le biais desquels il vient en aide financièrement à ce secteur. Sans
plus d'évaluation, le comité rejette cette réponse comme étant insuffisante et
se contente de réitérer sa proposition de bonification du sous-volet «
Collaboration avec le secteur communautaire » – proposition qui apparaît, dès
lors, fort arbitraire.
La réponse du gouvernement pointait pourtant vers une réalité que notre étude
des Accords de collaboration nous a permis de constater.
Comme nous l'avons appris lors de nos nombreuses rencontres avec les
représentants des communautés, le secteur communautaire est fort diversifié et
recoupe plusieurs sphères d'activités différentes. Ainsi, certains
organismes communautaires apportent un soutien indispensable à des domaines
comme la santé, l'éducation ou l'aide aux immigrants, alors que d'autres
s'investissent dans le milieu des arts et de la culture.
Autant de domaines qu'appuie le gouvernement fédéral de multiples façons – tant
par le biais de Patrimoine canadien que par celui d'autres ministères.
Loin de sous-estimer le rôle névralgique du financement accordé dans le cadre
du sous-volet « Collaboration avec le secteur communautaire », force est
pourtant d'admettre que le soutien du gouvernement au mouvement associatif
dépasse amplement les sommes allouées via ce programme.
Certains témoins ont d'ailleurs souligné le fait que leur source de financement
était loin de se limiter aux montants accordés par le ministère du Patrimoine
canadien.
Que l'on considère les sommes provenant d'autres programmes réguliers de
Patrimoine canadien ou d'autres ministères, ou encore des fonds supplémentaires
comme les 30 millions de dollars annoncés en 2007, on constate que le
gouvernement du Canada demeure fermement engagé vis-à-vis des communautés, et
il importe de lui reconnaître la capacité de moduler son soutien en empruntant
plusieurs avenues.
Dans ce contexte, et prenant acte de la récente requête du comité à l'endroit
de la ministre du Patrimoine canadien visant à connaître les détails sur la
façon dont les 30 millions de dollars ont été dépensés, nous sommes d'avis
qu'il est prématuré d'affirmer péremptoirement – comme le fait le rapport – que
la réponse du gouvernement est insuffisante et qu'une bonification
substantielle de l'ordre de 50% du financement du sous-volet « Collaboration
avec le secteur communautaire » demeure toujours la seule réponse adéquate, et
ce sans égard à la marge de manoeuvre budgétaire du gouvernement.
II. LES
DÉLAIS LIÉS À LA LIVRAISON DES FONDS ACCORDÉS PAR PATRIMOINE CANADIEN
Bien que nous soyons conscients de l'impact négatif que peut avoir sur les
organismes communautaires le manque de liquidités lié au retard dans le
paiement des contributions, la recommandation 6.1 nous semble clairement
inappropriée.
Il ne fait aucun doute que cette recommandation tente d'apporter une solution à
une situation difficile qui exige des améliorations concrètes.
Mais à l'évidence, la recommandation 6.1 – aussi bien inspirée soit-elle –
résulte d'un trop grand empressement à vouloir trouver une solution définitive
à un problème complexe. En proposant d'emblée d'imposer le paiement
d'intérêts au gouvernement lorsqu'il y a retard, les membres du comité
s'interdise premièrement de comprendre les raisons qui expliquent certains
retards et, pire encore, poussent le gouvernement à emprunter une voie
extrêmement périlleuse en matière de gestion des fonds publics et de reddition
de comptes.
Pour justifier cette recommandation, les membres s'appuient sur les témoignages
de certains témoins ayant affirmé avoir eu recours à leur marge de crédit
personnelle afin de pallier au manque de liquidités de leur organisme.
Aussi déplorable qu'une telle situation puisse être, on comprend aisément dans
quelle position encore plus inconfortable les membres du comité entraînent le gouvernement
fédéral en suggérant que celui-ci devrait payer pour des intérêts encourus par
des dettes personnelles. Faut-il rappeler que les organismes qui
reçoivent du financement du gouvernement sont tenus de rendre des comptes en ce
qui a trait à leur utilisation des fonds publics. Exiger du gouvernement
qu'il se porte garant de lignes de crédit personnelles ouvre la porte à des
pratiques douteuses, marquées par le manque de transparence.
À une situation déplorable – dont l'ampleur et la fréquence demeure jusqu'ici
difficile à évaluer – les membres du comité ont le devoir de ne pas proposer de
remède qui soit pire que le mal. Pour cette raison, nous écartons cette
approche punitive et mal ficelée.
Nous prenons plutôt acte des améliorations qui ont été apportées au processus
de livraison des sommes accordées. Tel que l'indique un peu plus loin le
rapport, en citant les propos de M. Jean-Bernard Lafontaine du ministère du
Patrimoine canadien, le gouvernement a mis en place, depuis les deux dernières
années, un processus d'allocation des fonds sur une base pluriannuelle ainsi
que la possibilité d'une avance de fonds de l'ordre de 25% du montant octroyé
l'année précédente. Cette avance pouvant d'ailleurs atteindre 50% dans le
cas de versement sur une base pluriannuelle.
Compatibles avec les règles de saine gestion, les avances de fonds et les
ententes pluriannuelles nous apparaissent donc comme des pistes de solutions
prometteuses. Nul doute que d'autres mécanismes de la sorte pourraient
être mis en place afin d'assurer une plus grande sécurité financière aux
organismes.
Certes, nous encourageons aussi le ministère du Patrimoine canadien à revoir
ses façons de faire afin d'accélérer le traitement des soumissions – autant
pour ce qui est de la réponse aux demandes qu'en ce qui a trait à la livraison
des fonds.
III.
L'ENTENTE ENTRE PATRIMOINE CANADIEN ET LE SECTEUR COMMUNAUTAIRE
L'analyse menant à la septième recommandation pose également problème, et nous
amène à repousser cette dernière.
Si nous reconnaissons le fait que certains intervenants ont manifesté le désir
de signer un partenariat avec le gouvernement fédéral – et non seulement avec
le ministère du Patrimoine canadien – nous persistons à croire que les motifs
évoqués ne sont pas concluants. Du fait que le gouvernement du Canada
dans son ensemble ait des obligations à l'égard des communautés dans le cadre
de la Partie VII de la Loi sur les langues officielles, ne découle pas que tous
les ministères doivent être parties prenantes de tous les accords visant à
soutenir un secteur spécifique.
Sans y revenir plus longuement, la diversité des actions positives prises par
les différents ministères afin de soutenir la vitalité des communautés
linguistiques minoritaires démontre clairement que le gouvernement du Canada
prend ses obligations au sérieux.
La démonstration n'étant pas faite à l'effet que la signature des Accords de
collaboration avec le seul ministère du Patrimoine canadien entraînerait un
désengagement des autres ministères et du gouvernement fédéral dans son
ensemble, nous concluons à l'absence de raisons décisives pour appuyer le
changement prescrit par la septième recommandation.
CONCLUSION
En terminant, les députés conservateurs du comité permanent des langues
officielles désirent remercier tous les témoins qui ont participé à notre étude
sur les Accords de collaboration – et désirent également réaffirmer leur
volonté de travailler à trouver des moyens concrets afin d'appuyer davantage
tous ceux qui oeuvrent dans le secteur communautaire.