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SECU Rapport du Comité

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10-04-2012

OPINION DISSIDENTE DU NOUVEAU PARTI DÉMOCRATIQUE

Le rapport intitulé : La présence de drogues et d’alcool dans les pénitenciers fédéraux : Une problématique alarmante, comporte des lacunes fondamentales et ne rend pas fidèlement les témoignages entendus en comité. Des données essentielles ont été escamotées, de sorte que beaucoup de conclusions et de recommandations sont incomplètes ou insuffisantes. Pour toutes ces raisons, les députés néo-démocratiques membres du Comité de la sécurité publique ont exprimé cette opinion dissidente.

Plutôt que de suivre une approche honnête, fondée sur des données probantes, les députés conservateurs de ce comité ont choisi d'utiliser cette étude à mauvais escient pour atteindre des objectifs politiques à courte vue. Les députés conservateurs ont toujours semblé préoccupés de justifier l’expansion de technologies de répression non avérées, tout en faisant abstraction du fait que l’application de politiques légitimes et éprouvées pour réduire la consommation de drogues et d’alcool dans les prisons, ainsi que de programmes de réadaptation, peut donner de meilleurs résultats.

L’exemple le plus saisissant du manque d’information dans ce rapport est l’absence de données prouvant clairement que les 122 millions de dollars qu’ont dépensés les conservateurs depuis 2008 pour des outils et des technologies de répression n’ont conduit à aucune réduction de la consommation de drogues dans les prisons. Le commissaire du Service correctionnel du Canada (SCC), M. Don Head, a admis à la 16e réunion du Comité, le 1er décembre 2011, que ces dépenses n’avaient été d’aucune efficacité, selon un rapport sur le dépistage des drogues du SCC lui-même. Pourtant, cette information n’est reprise nulle part dans le rapport du Comité.

Autre sujet d’inquiétude important : L’apparence selon laquelle le rapport du Comité contient une conclusion déterminée à l’avance voulant que la résolution des problèmes de drogues et d’alcool dans les prisons passe par l’augmentation des mesures de répression. Cette conclusion ne reflète pas les témoignages entendus par le Comité au sujet de la complexité du problème lié à la présence de drogues et d’alcool dans les établissements carcéraux fédéraux. Comme l’ont affirmé de nombreux témoins, se concentrer strictement sur les mesures de répression ne permettra pas de réduire la consommation de drogues et d’alcool dans les établissements pénitentiaires.

Les néo-démocrates croient que les problèmes des personnes en prison au Canada, dont les troubles mentaux, la toxicomanie et la propagation de maladies, comme le VIH et l’hépatite, sont complexes et interdépendants. La violence et l’augmentation de la population carcérale, des gangs et du trafic de stupéfiants dans les prisons sont aussi inter-reliées. Si on veut trouver des solutions concrètes pour s’attaquer au fléau de la drogue et de l’alcool dans les prisons, on doit adopter une approche équilibrée, fondée sur une meilleure compréhension de la problématique existante.

Malheureusement, le rapport passe à côté de données contextuelles cruciales et ignore plusieurs solutions éprouvées proposées par des témoins, qui sont pourtant essentielles à une approche équilibrée et destinée à régler le problème des drogues et de l’alcool dans les prisons, notamment par la prévention, le traitement, la réduction des méfaits et la répression.

Des témoignages d’experts de renom allant dans ce sens ne figurent pas dans le rapport final du Comité. Le commissaire du SCC et l’enquêteur correctionnel Howard Sapers s’entendaient pour dire qu’il est illusoire de viser l’élimination complète des drogues dans les prisons. À l’occasion de la 6e réunion du Comité, le 6 octobre 2011, ils ont dit souhaiter une augmentation des investissements dans les programmes de formation et de réadaptation afin de réduire les récidives et d’accroître véritablement la sécurité publique; mais le rapport ne fait nullement mention de cette importante recommandation.

Les néo-démocrates sont résolus à appuyer toutes les mesures efficientes de prévention de la criminalité et d’amélioration de la sécurité des collectivités. Nous devrions nous fixer comme priorité l’instauration d’un système correctionnel gérable et capable d’appliquer des programmes de réadaptation efficaces pour qu’à leur sortie de prison, les contrevenants soient moins susceptibles de récidiver. Malheureusement, les députés conservateurs du Comité ont choisi de ne pas s’engager pleinement dans cette voie, préférant une approche idéologique en matière de criminalité qui est loin de garantir la sécurité dans nos rues et nos communautés.