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ACVA Rapport du Comité

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Les effets de l’utilisation de la méfloquine chez les vétérans canadiens

Rapport dissident du Nouveau Parti démocratique (NPD)

 

Le NPD est fortement en désaccord avec le contenu du rapport produit par le Comité. Ce dernier a entendu les témoignages de nombreux experts qui estiment qu’un dépistage auprès des vétérans des Forces armées canadiennes (FAC) est nécessaire pour déceler les symptômes à long terme associés à l’exposition à la méfloquine, qu’Anciens Combattants Canada (ACC) et le ministère de la Défense nationale (MDN) doivent reconnaître publiquement les effets de leurs décisions sur les vétérans des FAC et qu’il faut mettre en place une campagne d’information du public. Le rapport ne tient pas suffisamment compte de ces mesures indispensables.

Le NPD est en désaccord avec la première recommandation du rapport. Le Comité a entendu plusieurs témoignages, dont certains ont été consignés dans le rapport, sur le fait que l’Agence européenne des médicaments a suffisamment de preuves qui indiquent « une relation de causalité entre la méfloquine et l’apparition d’effets secondaires neuropsychiatriques à long terme, voire persistants1». D’après le Dr Jonathan Douglas, l’Australie et le Royaume-Uni reconnaissent eux aussi que la méfloquine est un facteur de risque quant à l’apparition de troubles neuropsychiatriques2.

Le Canada agit de manière fautive et délibérément ignare en faisant reposer sa reconnaissance des effets à long terme de l’exposition à la méfloquine exclusivement sur les résultats d’une seule étude américaine, alors que d’autres études sur le sujet existent déjà.

Le NPD est en désaccord avec la deuxième recommandation du rapport, encore une fois pour les raisons énoncées ci‑dessus. Or, comme de nombreux témoins l’ont signalé au Comité, un programme de dépistage systématique est vital pour le personnel militaire et les vétérans susceptibles de souffrir d’effets à long terme découlant de l’exposition à la méfloquine en conséquence de leur service.

D’après ce que les témoins ont expliqué au Comité, la mise en place du processus de dépistage ne serait pas compliquée ni coûteuse. Voici ce qu’a déclaré la Dre Elspeth Ritchie :

« […] nous devons faire du meilleur travail pour dépister les vétérans relativement à l’exposition à la méfloquine. Ce serait assez simple à faire. Avez-vous déjà pris des médicaments antipaludiques une fois par semaine? La question suivante consisterait à demander s’ils ont déjà eu une diversité de symptômes y compris des étourdissements et un nystagmus3. »

Il serait utile de consacrer les ressources et les efforts nécessaires à la mise en place du dépistage systématique pour les vétérans; ces derniers obtiendraient ainsi un véritable diagnostic au sujet de symptômes qui n’ont pas été ou ont mal été diagnostiqués. De plus, cela donnerait une tranquillité d’esprit fort nécessaire aux vétérans qui connaissent la cause de ces symptômes. Par ailleurs, la Dre Penelope Suter a déclaré au Comité qu’il est possible de gérer certains symptômes associés, surtout ceux reliés à la vision et à l’équilibre, et que les vétérans devraient avoir accès à ce traitement au besoin4.

Par conséquent, le NPD recommande :

Qu’Anciens Combattants Canada, en collaboration avec le ministère de la Défense nationale, confie à un organisme de recherche indépendant la tâche de mettre en place un programme de dépistage systématique auprès du personnel militaire et des vétérans qui sont susceptibles de subir les effets à long terme de la méfloquine.

Le Comité a appris que les vétérans des FAC susceptibles de subir des symptômes à long terme découlant de l’exposition à la méfloquine demandent trois choses : la reconnaissance, la sensibilisation et la recherche5. La reconnaissance peut sembler une demande simpliste, mais elle aurait une large portée.

De nombreux témoins experts ont parlé des conséquences concrètes, dans le théâtre d’opérations, du refus de prendre un médicament ou de la volonté d’interrompre l’usage d’un médicament après l’apparition d’effets secondaires. Pour de nombreux membres des FAC, un refus aurait pu nuire à leur carrière, les exposant aux railleries de leurs pairs et de leurs supérieurs et même à la perte de possibilités de promotion. Que le gouvernement admette enfin que leurs expériences sont attribuables à un médicament qu’ils ont été obligés de prendre, pour la plupart, pendant leur déploiement est une première étape essentielle pour les vétérans.

Par conséquent, le NPD recommande :

Qu’Anciens Combattants Canada et le ministère de la Défense nationale reconnaissent publiquement que la méfloquine a été prescrite et administrée à tort à des membres des Forces armées canadiennes au cours de divers déploiements et qu’ils présentent des excuses officielles à toutes les personnes touchées.

La deuxième demande porte sur la sensibilisation. Elle a été formulée par des vétérans des FAC ainsi que par les témoins qui ont comparu devant le Comité. La sensibilisation doit revêtir différentes formes, afin de donner à divers publics les renseignements particuliers dont ils ont besoin pour aborder les problèmes liés à la méfloquine. Les professionnels de la santé doivent être mis au courant du dossier et formés pour effectuer le dépistage susmentionné; les vétérans des FAC susceptibles d’avoir été exposés à la méfloquine doivent savoir qu’ils peuvent demander à se soumettre à ce dépistage; et la population canadienne doit être informée pour mieux comprendre les expériences vécues par les vétérans pendant leur service ainsi que leur situation actuelle.

Le Dr Jonathan Douglas a démontré clairement la nécessité de mieux informer les fournisseurs de soins de santé, surtout ceux qui travaillent auprès des vétérans :

« Je travaille auprès des anciens combattants depuis une quinzaine d’années et j’ai été appelé à effectuer de nombreuses évaluations de déficience psychologique. Dans la plupart des cas, les problèmes associés au quinisme n’apparaissaient tout simplement pas sur mon radar. Ce n’est pas quelque chose dont on est bien conscient dans mon domaine6. »

Par conséquent, le NPD recommande :

Qu’Anciens Combattants Canada élabore et mène une campagne de sensibilisation du public au sujet des effets à long terme présumés de la toxicité de la méfloquine, ainsi que des campagnes d’information pour les fournisseurs de soins de santé et les vétérans, afin que les fournisseurs, les vétérans et la population canadienne en général disposent des renseignements nécessaires pour aborder cette question.

La dernière demande concerne la recherche. Le présent rapport fait référence à une étude qui sera publiée prochainement par les National Academies of Science, Engineering and Medicine des États‑Unis sur les effets de l’exposition de la méfloquine chez les vétérans américains. Plusieurs témoins ont aussi parlé au Comité de leurs propres recherches sur le sujet et de leur examen de recherches menées par d’autres. Le NPD estime qu’il n’est pas nécessaire que la même recherche soit répétée au Canada et qu’il serait préférable de combler une lacune dans ce domaine de recherche.

Étant donné que, dans le monde entier, les effets de l’exposition à la méfloquine ne font l’objet d’aucune reconnaissance par les gouvernements, ou qu’ils n’ont été reconnus que tout récemment, très peu de recherches ont été menées sur les moyens de gérer ou de guérir les symptômes permanents qui découlent de cette exposition.

Jane Quinn a recommandé que plusieurs traitements soient offerts aux vétérans après l’établissement d’un diagnostic :

« Un examen de santé tous azimuts devrait être mis en œuvre pour examiner de façon holistique la santé et le bien-être de ces anciens combattants et de leurs familles, et des stratégies de soutien appropriées devraient être appliquées, y compris l’accès aux ergothérapeutes, psychologues, psychiatres ou autres professionnels de la santé, le cas échéant7. »

Il faut que l’accès au traitement soit une priorité, mais, comme de nombreux témoins l’ont souligné, il est possible que certains vétérans ne reçoivent pas le traitement qui convient. Les symptômes liés à l’exposition à la méfloquine peuvent ressembler de très près à ceux du TSPT et, dans certains cas, les vétérans souffrent des deux affections et d’autres problèmes.

Par conséquent, le NPD recommande :

Qu’Anciens Combattants Canada, en partenariat avec les Instituts de recherche en santé du Canada, lance et finance une étude pour déterminer quels sont les meilleurs traitements possible pour gérer et/ou soigner les effets à long terme de l’exposition à la méfloquine.

La méfloquine a été administrée aux membres des FAC sans le consentement éclairé de ceux‑ci. Le MDN et le gouvernement du Canada écartent depuis trop longtemps déjà les effets épouvantables survenus pendant et après l’exposition. Le NPD espère que les recommandations formulées dans le présent document inciteront les vétérans des FAC à se faire entendre et à exiger le respect, les soins et la possibilité de tourner la page qu’ils ont gagnés en servant le pays.

1 Agence européenne des médicaments, Updated PRAC rapporteur assessment report on the signal of permanent neurologic (vestibular) disorders with mefloquine, EMA/63963/2014, p. 31 [traduction].

2 Dr Jonathan Douglas (psychologue, Central Ontario Psychology, à titre personnel), ACVA, 29 avril 2019, 1600.

3 Dre Elspeth Ritchie (à titre personnel), Témoignages, ACVA, 1er mai 2019, 1540.

4 Dre Penelope Suter (optométriste, à titre personnel), Témoignages, ACVA, 29 avril 2019, 1540.

5 Dr Remington Nevin (directeur exécutif, The Quinism Foundation), Témoignages, ACVA, 1er mai 2019, 1705.

6 Dr Jonathan Douglas (psychologue, Central Ontario Psychology, à titre personnel), Témoignages, ACVA, 29 avril 2019, 1545.

7 Jane Quinn (doyenne associée à la recherche, Faculté des sciences, Université Charles Sturt, à titre personnel), Témoignages, ACVA, 13 mai 2019, 1535.