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INAN Rapport du Comité

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RAPPORT COMPLÉMENTAIRE ÉMIS PAR LE BLOC QUÉBÉCOIS

Améliorer les taux de diplomation et les résultats fructueux des étudiants autochtones – valorisons davantage le modèle par et pour les autochtones

« Le témoignage de Kiuna a été déterminant dans l'approche culturellement adaptée qui doit être priorisée. Cela témoigne de l'importance cruciale de placer la culture autochtone au cœur de l'éducation pour assurer la réussite et l'épanouissement des jeunes, assurant ainsi leur réussite et leur fierté identitaire. Le Bloc Québécois y souscrit pleinement, reconnaissant l'importance cruciale de cette approche pour l'avenir des communautés autochtones au Québec et l’importance d’en assurer la pérennité. De plus, nous sommes fiers de la collaboration du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue et du Collège Dawson dans la promotion de cet engagement éducatif.» - Sébastien Lemire, député du Bloc québécois.

L’INTRODUCTION

Le Bloc Québécois salue les membres du Comité ainsi que le personnel de la Bibliothèque du Parlement pour le travail accompli au cours de cette étude. Les mêmes remerciements s’adressent à tous les témoins, les citoyens et organisations interpellés par l’étude et les experts qui ont nourri le débat public sur le sujet en soumettant leurs observations sous forme de lettres et de mémoires. Il ne fait aucun doute que ces contenus seront pertinents à revisiter dans un horizon de temps rapproché. La gouvernance canadienne en matière d’éducation postsecondaire soulève des enjeux importants qui impliquent des impacts significatifs pour les communautés autochtones.  Nous proposons un survol de certains éléments qui auraient mérité davantage d’attention.

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KIUNA : Un modèle d'éducation autochtone pour l'avenir des Premières Nations au Québec 

Fondé en 2011, l'institution postsecondaire Kiuna est en voie de former les leaders autochtones de demain.  Kiuna propose une alternative éducative et culturelle à la scolarisation traditionnelle, tout en respectant les standards ministériels. 

Vers la fin des années 1970, le gouvernement fédéral avait financé un tel centre appelé le Collège Manitou, qui se trouve aujourd'hui à l'emplacement du pénitencier fédéral de La Macaza dans les Laurentides. Plusieurs soutiennent que le gouvernement fédéral ne voulait pas d'un foyer d'activisme autochtone au Québec. Dans l’ouest du Canada, les établissements postsecondaires autochtones sont apparus un peu après Manitou et n’ont jamais fermé. 

Aujourd'hui, les appels à l'action guident les gestes qui enracineront la jeunesse dans leur culture et leur langue. 

Le Bloc Québécois exige un investissement prévisible basé sur les besoins réels des apprenants autochtones, ceci nous apparaît comme une mesure que le gouvernement fédéral devrait appuyer en tant que fiduciaire et en partie responsable de la réussite et de la persévérance des élèves autochtones du Québec.

Le gouvernement fédéral devrait financer et mieux soutenir le Centre d'études collégiales des Premières Nations, l'Institution Kiuna. 

Kiuna célèbre les différences plutôt que de les contourner, et le jeune apprenant retire de son passage dans cette institution par et pour les autochtones une fierté plus marquée de son identité. Tout son curriculum est ancré dans la culture autochtone. La littérature enseignée est autochtone, les cours de philosophie sont remplacés par des cours engageant des réflexions sur le territoire, les ressources et l’environnement, ainsi que sur la fonction des savoirs traditionnels dans le monde contemporain. 

Kiuna vient d’ouvrir des antennes à Wemotaci en Mauricie et à Alma, au Centre Mamik, au Lac-Saint-Jean, pour mieux desservir la population autochtone du Québec, qui a un grand besoin de formation – ne serait-ce que parce qu’elle est plus jeune que le reste de la population.

L’expérience est confirmée – et le besoin s’est exprimé ailleurs sur le territoire du Québec. Des besoins mieux adaptés aux communautés du Nord-du-Québec ont été exprimés par les communautés inuits vivant au Nunavik et aussi au sein des communautés cries. 

Alors que la majorité de la jeunesse des communautés autochtones aspire à obtenir une diplomation post-secondaire, moins de 20% de la population obtiendra un diplôme collégial. 

Une étude réalisée par Emmanuelle Dufour, étudiante au doctorat en anthropologie, identifie plusieurs obstacles anticipés par les apprenants autochtones : 

  • La peur de ne pas réussir : 55% 
  • L'éloignement de la communauté : 38% 
  • Le manque d'argent : 37% 
  • Le manque d'intérêt : 23% 
  • Le choc culturel de la ville : 18% 
  • Le manque de soutien familial ou communautaire : 18% 
  • Les enseignants qui ne connaissent pas les cultures autochtones : 15% 
  • Les méthodes d'apprentissage employées à l'école : 15% 
  • Le racisme ou la discrimination : 14% 
  • La langue d'instruction : 12% 
  • Le mode de vie incompatible avec les études : 8% 

Il faut davantage se pencher sur des solutions pour éliminer les obstacles et permettre à cette jeunesse de ne pas avoir peur de réussir. Deux formules coexistent au Québec: 

  • Accueil adapté des apprenants autochtones dans les institutions postsecondaires existantes - financé par le Gouvernement du Québec. 
  • Programmes et services postsecondaires adaptés offerts par un établissement affilié "par et pour les Autochtones" - financé initialement par le Gouvernement du Canada qui s'est par la suite totalement désengagé. 

Les étudiants fréquentant Kiuna présentent un niveau de confiance 2 fois plus élevé que celui des étudiants qui fréquentent les autres institutions postsecondaires. 

S'il ne fallait retenir qu'une seule chose, c'est le réel impact de l'institution Kiuna sur laquelle toutes les communautés autochtones peuvent compter.   

RECOMMANDATION: 

Nous ajoutons donc à la liste des recommandations de ce rapport sur l'éducation au sein des communautés autochtones: 

  • Que le Gouvernement fédéral finance les études postsecondaires des Autochtones en priorisant l'aménagement d'espaces culturellement adaptés, puisque ce modèle favorise la rétention et la réussite postsecondaires des étudiants des Premières Nations du Québec. 
  • Que le Gouvernement fédéral soutienne le déploiement de classes-satellites au Nord-du-Québec pour réduire l'éloignement des jeunes de leur communauté et le déploiement de programmes adaptés qui répondent aux besoins identifiés par les communautés autochtones.   

MAISON DES SAVOIRS – un projet novateur 

Dans les mois qui ont suivi les séances du Comité INAN sur l'éducation, un partenariat entre l'Université Laval et le Conseil en éducation des Premières Nations (CEPN) a vu le jour pour la création d'une Maison des savoirs adaptée aux peuples autochtones marque un tournant crucial vers une éducation universitaire respectueuse des valeurs, traditions et langues autochtones. Ce projet, porté par une vision audacieuse, s'inspire de l'histoire millénaire des Premières Nations pour offrir un enseignement authentique et pertinent. 

La Maison des savoirs, bien qu'encore au stade embryonnaire, représente un pas significatif vers l'autodétermination éducative des Premiers Peuples, avec une gouvernance majoritairement autochtone et un objectif clair d'augmenter la diplomation aux cycles supérieurs. 

L'Université Laval, en tant que partenaire facilitateur, apportera son expertise pour concrétiser ce projet novateur. Ce partenariat reflète la volonté de former une nouvelle génération d'enseignants et de professionnels autochtones, contribuant ainsi à l'essor économique, social et culturel des communautés autochtones. 

Malgré les défis persistants, tels que le déracinement culturel et géographique pour accéder aux études supérieures, ce partenariat ouvre des perspectives prometteuses. L'objectif de doubler le nombre d'étudiants autochtones à l'Université Laval témoigne de l'engagement envers une éducation inclusive et émancipatrice. 

RECOMMANDATION: 

  • Que le Gouvernement fédéral apporte un financement et souscrit à l'investissement dans un modèle soutiendra la création et le développement de programmes éducatifs adaptés aux besoins spécifiques des Premières Nations, favorisant ainsi la réussite académique et le bien-être des étudiants autochtones. De plus, le financement adéquat garantira la mise en place d'une gouvernance majoritairement autochtone au sein de la Maison des savoirs, assurant ainsi une appropriation et une gestion responsables de l'éducation par les communautés autochtones elles-mêmes. 

L'UQAT, UNE RÉFÉRENCE EN MATIÈRE D’ÉTUDES ET RECHERCHES 

Depuis sa fondation en 1983, l’UQAT collabore de façon soutenue avec les Premières Nations et les Inuits et elle assume pleinement son rôle d’agent de changement. Elle prend part à la réconciliation entre tous les peuples de façon concrète et contribue au développement des compétences et au mieux-être des peuples autochtones. 

À travers sa gouvernance, sa volonté de représentativité et son partenariat avec les Autochtones, l’UQAT s’assure que les Premières Nations et les Inuits peuvent jouer un rôle déterminant dans la gestion de l’Université, par exemple, via le conseil d’administration, le comité d’éthique de la recherche avec des êtres humains, ainsi que le comité consultatif des Premiers Peuples. Ce partenariat et cette contribution active de l’UQAT au développement de la formation et de la recherche pour, par et avec les Autochtones en font un acteur incontournable au Québec. 

En plus de développer des programmes d’études qui sont respectueux des perspectives autochtones, l’UQAT favorise un mode d’enseignement culturellement pertinent et un accès aux services de soutien à la réussite en mettant l’étudiant au cœur de sa mission.

Elle appuie l’amélioration des relations intercommunautaires grâce à des recherches qui posent, entre autres, un regard unique sur l’éducation, l’environnement et le développement social. 

Avec son approche unique, l’UQAT maintient son engagement à rester une référence en matière de questions autochtones au Québec et au Canada: 

  • Près de 1 000 diplômes décernés à des Autochtones 
  • Plus de 3 000 personnes formées aux réalités autochtones dans près d’une soixantaine d’entreprises et d’organismes 
  • Des services aux étudiants offerts selon une approche holistique, c’est-à-dire centrée sur la personne et ses besoins d’ordre physique, mental, spirituel et affectif 
  • De multiples plateformes de développement universitaire telles que l’École d’études autochtones et l’Unité de recherche, de formation et de développement en éducation en milieu inuit et amérindien 
  • Une université reconnue pour ses nombreux projets de recherche pour, par et avec les Autochtones 
  • Une université reconnue pour son intensité de recherche par professeur 
  • L’inclusion des Premières Nations et des Inuit dans des instances de gouvernance de l’Université 
  • Des collaborations et des partenariats avec plusieurs organismes et communautés autochtones 

RECOMMANDATION: 

  • Que le gouvernement fédéral reconnaisse tout le savoir que possède les établissements universitaires qui ont développés des programmes d'études qui sont respectueuses des perspectives autochtones et que les projets d'avenir identifié par les communautés autochtones avec lesquelles elles collaborent soit priorisées et reçoivent un financement adéquat.