Les comptes du Canada
Le
rôle financier de la Chambre des communes ne se termine pas avec le vote de
crédits ou de mesures autorisant la création de recettes. La Chambre veille
également à ce que les fonds fédéraux soient dépensés selon les montants et les
fins autorisés par le Parlement [398] .
Cette fonction
de contrôle (souvent appelée « boucler la boucle ») est essentiellement assurée
par le Comité permanent des comptes publics, qui examine les Comptes publics du Canada, ainsi que tous les rapports
du vérificateur général du Canada, et qui fait rapport de ses
constatations [399] .
Les comptes publics du Canada
En
vertu de la Loi sur la gestion des finances
publiques, le receveur général [400]
doit s’assurer
que des comptes sont tenus pour chaque ministère et organisme du gouvernement.
Ces comptes doivent indiquer toutes les dépenses effectuées au titre de chaque
crédit, les recettes de l’État et les autres versements portés au crédit ou au
débit du Trésor [401] ,
ainsi que les
ressources, les charges et les réserves correspondantes qui sont jugées
nécessaires à une présentation fidèle de la situation financière du
Canada [402] .
Les comptes de
chaque ministère et organisme sont consolidés dans les comptes du
Canada.
Chaque année, le président du Conseil du Trésor dépose un
rapport détaillé des opérations financières de tous les ministères et
organismes, qui s’intitule les Comptes publics du
Canada. Le rapport doit être déposé [403]
au plus tard le
31 décembre suivant la fin de l’exercice visé par les comptes; ou si la Chambre
ne siège pas, dans les 15 premiers jours de séance de la Chambre [404] .
Par pure
tradition, les Comptes publics sont adressés au gouverneur général.
La
raison d’être des Comptes publics du Canada est de
fournir au Parlement — et partant au public — l’information qui lui permettra de
comprendre et d’évaluer la position financière et les activités du gouvernement.
Deux principes constitutionnels sont à la base du système de comptabilité
publique : tous les droits et recettes qui échoient au gouvernement forment le
Trésor et le solde de celui-ci, après diverses imputations préalables, est
approprié par le Parlement du Canada pour les services publics [405] .
La
forme et le contenu des Comptes publics sont la
responsabilité du président du Conseil du Trésor [406]
et du ministre
des Finances [407] .
Les états
financiers sont établis sous la direction commune du président du Conseil, du
ministre des Finances et du receveur général du Canada [408] .
La loi dispose
que les comptes doivent comporter, pour l’exercice visé, les états de toutes les
opérations financières du gouvernement, les états de toutes les dépenses et
recettes; les états des ressources et charges directes ou éventuelles du Canada;
l’avis du vérificateur général sur les comptes, conformément à la Loi sur le vérificateur général; et tout compte et
toute information que le président du Conseil et le ministre des Finances jugent
nécessaires à une présentation fidèle de la situation financière du Canada à la
fin de l’exercice [409] .
Les
Comptes publics se divisent en deux volumes, publiés
sous forme de trois documents distincts. Le Volume I
renferme l’avis du vérificateur général; les états financiers sur lesquels il
donne son avis; un résumé des opérations financières du Canada depuis 10 ans;
une analyse des recettes et dépenses, et des ressources et des charges; et
divers résumés de recettes, dépenses, prêts et investissements à l’échelle du
gouvernement. Le Volume II se divise en deux
parties : la première donne le détail des opérations financières du gouvernement,
réparties par ministère; la seconde fournit des informations et des analyses
complémentaires, comme les états financiers des fonds renouvelables, des
paiements de transfert et des frais de la dette publique [410] .
Jusqu’en 1993, les Comptes publics comprenaient un
troisième volume renfermant des informations financières sur les sociétés
d’État. Le Volume III a été remplacé par le Rapport annuel au Parlement : les sociétés d’État et les
autres sociétés dans lesquelles le Canada détient des intérêts; il s’agit
d’un rapport consolidé des activités et des opérations de toutes les sociétés
d’État et de celles dans lesquelles le gouvernement du Canada a des
intérêts [411] .
Le rapport
annuel est établi par le Secrétariat du Conseil du Trésor pour le président du
Conseil du Trésor, qui le dépose à la Chambre [412] .
Le vérificateur général du Canada
Le
vérificateur général du Canada est un mandataire du Parlement, nommé par le
gouverneur en conseil en vertu de la Loi sur le
vérificateur général, pour vérifier les comptes du Canada et enquêter sur
les activités financières du gouvernement fédéral [413] .
Il est nommé
pour un mandat de 10 ans ou jusqu’à l’âge de 65 ans, selon le cas. Le mandat
n’est pas renouvelable. Le poste a été créé par l’Acte
des comptes publics de 1878 [414] .
Cette loi a
été remplacée en 1886 et en 1931 par l’Acte du revenu
consolidé et de l’audition [415]
qui a été
remplacé à son tour par la Loi sur l’administration
financière [416]
en 1951. À l’origine, le vérificateur n’était
responsable que de la vérification des dépenses, avant qu’elles ne soient faites
(vérification avant paiement) et une fois qu’elles l’étaient (vérification après
paiement). En 1977, le Parlement a adopté l’actuelle Loi
sur le vérificateur général, qui élargit le mandat du vérificateur au-delà
du simple contrôle de l’exactitude des états financiers du gouvernement,
l’autorisant à vérifier si le gouvernement gère bien ses activités
financières [417] .
En
tant que vérificateur des Comptes du Canada, le vérificateur général examine les
états financiers du gouvernement afin de s’assurer que l’information est
présentée fidèlement, conformément aux conventions comptables énoncées et de
façon cohérente par rapport à l’année comptable précédente. La Loi sur la gestion des finances publiques [418]
établit des
responsabilités additionnelles dans le cas d’examens spéciaux concernant les
sociétés d’État. Le vérificateur général a le pouvoir d’entreprendre les examens
et enquêtes qui lui paraissent nécessaires pour lui permettre de faire rapport
comme il est prévu par la Loi sur le vérificateur
général [419] .
Le
Bureau du vérificateur général effectue trois types de vérifications — soit
d’attestation, de conformité et d’optimisation des ressources. La vérification
d’attestation a pour but de vérifier que le gouvernement tient les dossiers
nécessaires et qu’il présente fidèlement sa situation financière
globale [420] .
Les
vérifications de conformité examinent si le gouvernement perçoit et dépense
seulement les crédits autorisés par le Parlement et aux seules fins approuvées
par celui-ci. Enfin, les vérifications de l’optimisation des ressources
vérifient si les programmes du gouvernement ont été exécutés de manière
économique et avec le souci de leurs effets sur l’environnement. Elles
confirment aussi au Parlement que le gouvernement dispose des moyens voulus pour
mesurer l’efficacité de ses programmes [421] .
Depuis 1995,
il est aussi chargé de vérifier dans quelle mesure les activités des ministères
atteignent les objectifs en matière d’environnement et de développement
durable [422] .
Si
cela ne fait pas entrave aux attributions principales du Bureau, le gouverneur
en conseil peut demander au vérificateur général de faire enquête et rapport sur
toute question liée aux affaires financières du Canada ou aux biens publics,
ainsi que sur toute personne ou organisation qui a reçu ou sollicite l’aide
financière du gouvernement [423] .
Le Rapport annuel
Chaque année, le vérificateur doit remettre un rapport à la
Chambre des communes dans lequel il porte à son attention les cas où il a
constaté que :
- les
comptes n’ont pas été tenus d’une manière régulière ou qu’il n’a pas été
correctement rendu compte des deniers publics;
- les
procédures comptables appliquées ont été insuffisantes pour assurer un contrôle
efficace du recouvrement et de la dépense des deniers publics;
- des
sommes ont été dépensées sans souci d’économie ou d’efficience ou à d’autres
fins que celles approuvées par le Parlement;
- des
procédures adéquates pour mesurer et faire rapport sur l’efficacité des
programmes n’ont pas été mises en place [424] .
La Loi sur le vérificateur général dispose que le rapport
annuel doit être remis au Président de la Chambre des communes au plus tard le
31 décembre de l’année à laquelle il se rapporte et que, dès réception du
rapport, le Président le dépose sans délai. Si la Chambre ne siège pas, le
rapport est déposé dans les 15 jours de séance qui suivent sa réception [425] .
À la demande
du vérificateur général, le Président a souvent accepté de déposer le rapport à
une heure précise, soit juste avant les « Déclarations de députés », mais il
n’existe aucune obligation à cet égard [426] .
Une fois
déposé, le rapport est automatiquement renvoyé au Comité permanent des comptes
publics [427] .
Avant le dépôt
du rapport à la Chambre, le vérificateur donne habituellement une séance
d’information, à huis clos, sur le contenu du rapport aux membres du Comité des
comptes publics. En outre, le président du Comité invite habituellement les
députés à un huis clos [428] ,
qui leur
permet d’examiner le rapport qui sera déposé plus tard ce jour-là et d’obtenir
des explications des responsables. Normalement, il se tient aussi un huis clos
semblable pour les médias.
La
Loi a été révisée en 1994 pour autoriser le vérificateur général à présenter
jusqu’à trois rapports par année en sus de son rapport annuel, de tout rapport
spécial sur une affaire très importante ou urgente ou de tout rapport spécial
sur le financement du Bureau du vérificateur général [429] .
Avant le dépôt
d’un rapport supplémentaire, le Président doit être informé par écrit du sujet
du rapport, et le rapport lui-même est remis au Président le trentième jour
suivant le préavis ou à l’expiration d’un délai plus long, indiqué dans
l’avis [430] .
Le Président
doit déposer le rapport sans délai ou, si la Chambre ne siège pas, dans les 15
jours de séance suivant la réception du rapport.
Depuis l’entrée en vigueur des dispositions de 1994, le
rapport annuel du vérificateur général est déposé en plusieurs volumes, le
premier étant déposé au printemps, le second à l’automne et le dernier en
novembre ou décembre [431] .
Le dernier
volume déposé, qui est toujours désigné comme le rapport « annuel », renferme les
parties portant sur les « Questions d’une importance particulière », ainsi qu’un
suivi des rapports précédents. Chaque volume comprend un avant-propos du
vérificateur général, ainsi que des chapitres, numérotés
individuellement [432],
sur les
diverses études effectuées et les vérifications d’optimisation des ressources
des ministères et organismes. Au besoin, des notes de vérification peuvent être
incluses dans l’un ou l’autre volume.
Le Comité permanent des comptes publics
Aux
termes du Règlement, tous les rapports du vérificateur général, ainsi que les Comptes publics du Canada, sont automatiquement
renvoyés au Comité permanent des comptes publics dès qu’ils sont déposés à la
Chambre [433] .
Depuis 1987,
le Comité est également chargé de l’examen du budget annuel du Bureau du
vérificateur général.
Depuis 1958, le Comité est présidé par un député de
l’Opposition officielle, les partis y étant représentés proportionnellement à
leur nombre à la Chambre [434] .
Le Comité a
comme fonctions principales de s’assurer que les deniers publics sont dépensés
aux fins approuvées par le Parlement, que les dépenses de luxe et le gaspillage
sont strictement limités et que de saines méthodes de gestion sont appliquées
dans les prévisions, les contrats et l’administration en général. Le Comité ne
s’interroge pas sur le bien-fondé de la politique du gouvernement, mais il se
préoccupe plutôt des aspects économiques et efficaces de son administration. Le
Comité fait régulièrement part de ses constatations à la Chambre. Ses rapports
renferment habituellement des conclusions et des recommandations sur des
questions visant l’amélioration des méthodes et contrôles financiers et de
gestion des ministères, des organismes et des sociétés d’État.