441-00192 (Santé)
Langue d'origine de la pétition : Anglais
Pétition au gouvernement du Canada
ATTENDU QUE :
- La dysfonction sexuelle post-ISRS (DSPI) est un trouble associé à l’utilisation des antidépresseurs des classes ISRS et IRSN qui peut persister indéfiniment;
- La DSPI est un trouble débilitant qui provoque une perte de sensation et de fonction sexuelles, qui a de graves répercussions sur les relations, la qualité de vie et la santé mentale, et qui a entraîné des suicides;
- La population en général n’est pas au courant de l’association entre les médicaments ISRS et IRSN et la DSPI;
- La DSPI serait grandement sous-déclarée pour des raisons de stigmatisation, comme l’a souligné le Programme Canada Vigilance;
- Santé Canada recommande que les médecins informent les patients de la possibilité de symptômes de la DSPI, mais cette pratique n’est pas généralisée;
- Bien que des avertissements concernant la dysfonction sexuelle figurent sur les étiquettes, l’anesthésie génitale (insensibilité) est signalée dans la littérature médicale, mais n’est pas adéquatement indiquée dans l’avertissement concernant la dysfonction sexuelle;
- Pour bien connaître la prévalence de la DSPI, il faudrait que tous les médecins soient au courant de ce trouble, qu’ils informent les patients des risques, et qu’ils signalent systématiquement les symptômes liés à la DSPI à Santé Canada.
PAR CONSÉQUENT, nous soussignés, citoyens et résidents du Canada, prions le gouvernement du Canada de prendre les mesures suivantes :
- Veiller à ce que Santé Canada travaille avec les fabricants en vue d’inclure l’anesthésie génitale persistante dans la mise à jour des renseignements sur les produits;
- Encourager les Canadiens qui éprouvent des effets secondaires indésirables à signaler leurs symptômes au Programme Canada Vigilance;
- Employer toutes les mesures et tous les mécanismes de réglementation possibles pour améliorer la détection des dommages actuels et futurs au moyen d’activités de surveillance et de contrôle afin de remédier au problème de sous-déclaration constaté par le Programme Canada Vigilance;
- Entreprendre des recherches post-commercialisation sur la prévalence de la DSPI, et approfondir l’étude de ses causes.
Réponse du ministre de la Santé
Signé par (ministre ou secrétaire parlementaire) : Adam van Koeverden
La sexualité est une dimension primordiale de l’identité, de la participation sociale et du bien-être physique, mental et émotionnel, et l’altération de la fonction sexuelle normale peut avoir des répercussions importantes sur la qualité de vie. Santé Canada déploie des efforts constants pour orienter ses travaux en vue d’éliminer la honte et la stigmatisation entourant la sexualité et de sensibiliser le public aux problèmes de santé sexuelle.
En 2020, Santé Canada a évalué le risque de persistance ou d’aggravation de la dysfonction sexuelle, ainsi que l’apparition de nouveaux symptômes de dysfonction sexuelle après l’arrêt du traitement par un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) ou un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN). Le Résumé de l’examen de l’innocuité de cette évaluation a été publié en janvier 2021.
À la suite de l’examen par Santé Canada d’études en population publiées et non publiées, ainsi que de rapports de cas de patients individuels, il a été décidé de ne pas inclure plus de renseignements dans les monographies de produit (MP) au sujet de symptômes particuliers. Il a plutôt été recommandé d’ajouter une mise en garde dans les MP des ISRS et des IRSN commercialisés au Canada indiquant qu’il faut informer les patients que des cas de dysfonction sexuelle persistante ont été signalés et que les symptômes ont persisté malgré l’arrêt du traitement par un ISRS ou un IRSN. Cette modification de l’étiquetage à l’issue de l’évaluation de Santé Canada est semblable aux changements d’étiquetage mis en œuvre par l’Agence européenne des médicaments à la suite de son examen.
Santé Canada continue de travailler avec les fabricants d’ISRS et d’IRSN pour mettre à jour les monographies de produits en ce qui concerne la dysfonction sexuelle. De plus, en décembre 2021, un avis de mise à jour de MP a été publié dans le bulletin InfoVigilance sur les produits de santé de Santé Canada. Cet avis visait à informer les professionnels de la santé et les Canadiens que la MP des ISRS et des IRSN a été ou sera mise à jour avec de nouveaux renseignements et à recommander aux professionnels de la santé d’informer les patients qu’il y a eu des déclarations de dysfonction sexuelle de longue durée où les symptômes ont continué malgré la discontinuation des ISRS et IRSN.
Dans le Résumé de l’examen de l’innocuité sur les ISRS et les IRSN publié en janvier 2021, Santé Canada a inclus un énoncé sur la déclaration des effets indésirables qui se lit comme suit : « Santé Canada encourage les consommateurs et les professionnels de la santé à déclarer au Programme Canada Vigilance tout effet secondaire associé à l’utilisation des ISRS et des IRSN et de tout autre produit de santé ».
De plus, Santé Canada fait la promotion de la déclaration des effets indésirables auprès des Canadiens par l’entremise du site Web du gouvernement du Canada, du bulletin mensuel InfoVigilance sur les produits de santé, des activités de mobilisation du Programme Canada Vigilance et d’autres occasions de communication, de façon à fournir des renseignements sur la déclaration et des outils aux professionnels de la santé et aux consommateurs pour faciliter le processus. Le Ministère met également à disposition différents moyens pour déclarer les effets indésirables; la déclaration peut se faire en ligne, par téléphone ou par l’envoi du formulaire de déclaration des effets secondaires par télécopieur ou par courrier.
Santé Canada continue de surveiller l’innocuité des produits pharmaceutiques commercialisés au Canada. De plus, Santé Canada examine régulièrement les nouvelles données sur les effets indésirables publiées dans la littérature, déclarées par les fabricants de médicaments, recensées par les régulateurs internationaux ou saisies dans la base de données de Canada Vigilance dans le cadre de ses activités de détection des signaux.
Au cours de l’évaluation de 2020, Santé Canada a envisagé de mener d’autres travaux de recherche en vue de mieux caractériser le risque et de réduire autant que possible l’incertitude qui y est associée. Santé Canada a consulté des spécialistes universitaires du Réseau sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments (RIEM) au sujet des travaux de recherche qui pourraient aider à mieux caractériser le risque de persistance ou d’aggravation de la dysfonction sexuelle ainsi que l’apparition de nouveaux symptômes de dysfonction sexuelle avec l’utilisation des ISRS. À la suite des discussions, il a été déterminé qu’il serait difficile de concevoir une étude d’observation qui pourrait produire des résultats valides, cohérents et robustes pour diverses raisons, y compris les défis suivants :
- La dysfonction sexuelle étant elle-même un symptôme de la dépression, il est difficile de déterminer si elle est causée par la maladie ou par le traitement.
- Il est également difficile de mesurer la dysfonction sexuelle, en raison des différentes manières dont les personnes peuvent décrire les symptômes, en fonction des questions posées.
- De plus, mesurer les symptômes associés à l’arrêt d’un médicament est complexe : il est difficile de déterminer le temps écoulé entre l’arrêt d’un médicament et l’observation d’un effet dans les données du monde réel, et il faudrait tenir compte des multiples facteurs distincts qui peuvent motiver l’arrêt d’un traitement médicamenteux.
Tout cela nous a amenés à conclure qu’il serait difficile de concevoir une étude d’observation qui fournirait des réponses fiables à cette question clinique.
Le gouvernement du Canada reconnaît que toute la population canadienne devrait avoir accès à une gamme complète de ressources et de services en matière de santé sexuelle et reproductive. Le budget de 2021 prévoit 45 millions de dollars sur trois ans, à compter d’avril 2021, pour améliorer l’accès au soutien, à l’information et aux services en matière de santé sexuelle et reproductive. Ce financement sera fourni principalement aux organismes communautaires qui cherchent à éliminer les obstacles empêchant de bénéficier d’une excellente santé sexuelle et reproductive, notamment par de la formation et du soutien supplémentaires pour les médecins, du matériel éducatif sur la santé sexuelle culturellement sûr et inclusif, et des initiatives visant à réduire la honte et la stigmatisation entourant la sexualité et la santé sexuelle. Grâce à ce financement, le gouvernement s’efforce de à faciliter l’accès à l’information et aux services en matière de santé sexuelle et reproductive pour les populations qui connaissent les plus grands risques et les plus grands obstacles en matière de santé sexuelle et reproductive, y compris les femmes, les jeunes, les personnes LGBTQ2IA, les Autochtones et les Canadiens racialisés.
Il n’existe actuellement aucune ressource permettant de recueillir des données complètes sur un large éventail d’indicateurs de la santé sexuelle et reproductive au Canada, ce qui limite la capacité du gouvernement fédéral à fournir des mesures de soutien ciblées. Pour remédier à cette situation, 7,6 millions de dollars ont été alloués sur cinq ans, à compter d’avril 2021, pour que Statistique Canada élabore et mette en œuvre une enquête nationale sur la santé sexuelle et reproductive. Comme vous l’avez souligné, les gouvernements pourront mieux comprendre les défis et améliorer le soutien qu’ils offrent s’ils disposent de meilleurs renseignements.
Ces engagements financiers importants permettront au gouvernement du Canada de mieux comprendre les problèmes de santé sexuelle et reproductive auxquels sont confrontés les Canadiens et les Canadiennes, et de fournir un soutien à toute personne qui se heurte à des obstacles à la santé sexuelle et au bien-être.
- Présentée à la Chambre des Communes
-
Tracy Gray
(Kelowna—Lake Country)
15 février 2022 (Pétition n° 441-00192) - Réponse du gouvernement déposée
- 31 mars 2022
Seules les signatures validées sont comptées dans le nombre total de signatures.