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LANG Rapport du Comité

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L’honorable Denis Paradis
Président
Comité permanent des langues officielles
Chambre des communes
Ottawa (Ontario) K1A 0A6

Monsieur le Président,

Il me fait plaisir de répondre, au nom du gouvernement du Canada, au rapport du Comité permanent des langues officielles intitulé Examen du Bureau de la traduction. Je peux vous affirmer avec certitude que toutes les recommandations du Comité ont été prises en considération et examinées sérieusement.

Je remercie le Comité permanent des langues officielles pour le travail qu’il a accompli dans le cadre de ce rapport. Plus particulièrement, l’accent mis, dans le rapport, sur l’importance du respect des dispositions de la Loi sur les langues officielles par les institutions fédérales et sur le rôle du Bureau de la traduction à ce chapitre.

Le rapport retrace l’évolution du Bureau de la traduction depuis sa création en 1934 et fait valoir l’importance de cette organisation pour la dualité linguistique canadienne. Il soulève aussi certaines questions sur le statut du Bureau de la traduction et sur son rôle relativement à l’application de la Loi sur les langues officielles. Enfin, il fait état de préoccupations concernant l’Outil de compréhension linguistique mis en place par le Bureau de la traduction ainsi que le recours au secteur privé pour la prestation de services de traduction.

Notre gouvernement est fermement engagé à promouvoir les langues officielles et à assurer le respect de l’esprit et des exigences de la Loi sur les langues officielles. La lettre de mandat de la ministre du Patrimoine canadien et celle du président du Conseil du Trésor indiquent clairement que ces derniers doivent s’assurer que tous les services fédéraux sont dispensés en conformité totale avec la Loi sur les langues officielles. En plus de ses responsabilités concernant la langue de service, le Conseil du Trésor est responsable de la mise en œuvre de la langue de travail dans les institutions fédérales. La ministre du Patrimoine canadien doit également élaborer un nouveau plan pluriannuel en matière de langues officielles pour favoriser l’épanouissement des langues officielles et appuyer les communautés francophones et anglophones en situation minoritaire.

Rôle de la traduction pour la dualité linguistique canadienne

Tel qu’il est mentionné dans le rapport, plusieurs des témoins qui ont comparu devant le Comité « ont réitéré que la traduction joue un rôle essentiel pour la dualité linguistique canadienne ». Pour notre gouvernement, le Bureau de la traduction est un rouage essentiel dans l’application de la Loi sur les langues officielles, notamment en ce qui a trait à la communication avec le public, à la langue de travail dans la fonction publique et à la promotion du français et de l’anglais dans la société canadienne. Le Bureau de la traduction appuie le gouvernement du Canada dans ses efforts visant à fournir des services aux Canadiens et aux Canadiennes et à communiquer avec eux dans la langue officielle de leur choix. La Loi sur le Bureau de la traduction et le Règlement sur le Bureau des traductions font autorité quant au rôle important que joue le Bureau.

Au fil des ans, le Bureau de la traduction a relevé avec succès les nombreux défis découlant de l’évolution de la fonction publique et de la société canadienne. L’adoption de la Loi sur les langues officielles en 1969 et de sa nouvelle version en 1988, de même que des nombreuses politiques provinciales et territoriales en matière de langues officielles, ont permis d’inscrire notre dualité linguistique dans les lois qui soutiennent notre société. Le Bureau de la traduction a fait face à ces changements en adoptant de nouvelles flexibilités administratives permettant d’offrir un service à la clientèle amélioré. Cela comprend sa transformation en tant qu’organisme de service spécial en 1995, c’est-à-dire que le Bureau est maintenant financé au moyen de crédits parlementaires et selon un modèle de recouvrement des coûts, de même que son intégration au ministère des Services publics et de l’Approvisionnement.

Aujourd’hui, le Bureau de la traduction est appuyé par un réseau national de langagiers professionnels; ces derniers possèdent une connaissance approfondie des opérations du gouvernement ainsi que l’expertise linguistique et les connaissances culturelles nécessaires pour offrir des services de qualité dans plus de cent langues autochtones du Canada et langues étrangères. En outre, plus de 75 % des gestionnaires responsables de la prestation de services linguistiques sont des professionnels de la langue, ce qui va dans le sens de la recommandation du Comité voulant que les traducteurs, interprètes et terminologues participent pleinement à la gestion du Bureau de la traduction.

Notre gouvernement est d’accord avec la recommandation du Comité voulant que tous les fonctionnaires fédéraux reçoivent une formation sur le rôle du Bureau de la traduction et que le rôle essentiel que jouent la traduction et les traducteurs pour la dualité linguistique canadienne soit reconnu. Des discussions sont en cours avec l’École de la fonction publique du Canada en vue de déterminer comment on pourrait améliorer les messages sur le rôle du Bureau de la traduction. Cela comprend souligner l’importance de la traduction dans les divers cours offerts aux fonctionnaires, en particulier le cours intitulé Langues officielles pour les nouveaux fonctionnaires, un cours d’orientation à la fonction publique offert par l’École à tous les nouveaux fonctionnaires.

Les partenariats et la qualité: un gage de réussite

Le gouvernement a examiné attentivement les recommandations du Comité liées à l’examen de l’incidence de la privatisation des services de traduction.

Les services du Bureau de la traduction sont optionnels depuis plus de 20 ans et 80 % de la demande en traduction dans la fonction publique est toujours envoyée au Bureau de la traduction. Cette marque de confiance du gouvernement du Canada est démontrée par un taux de satisfaction de plus 87 % des clients du Bureau de la traduction en 2015-2016. Le Bureau de la traduction s’efforce tout de même de maintenir et d’accroître sa clientèle.

Le niveau d’engagement et de satisfaction à l’égard des services du Bureau de la traduction s’explique en grande partie par une longue histoire de collaboration avec les industries langagières, les associations professionnelles et les établissements d’enseignement du Canada. Le Canada dispose d’une solide collectivité de langagiers et de fournisseurs de services linguistiques. Le Bureau de la traduction est un membre actif de cette collectivité.

Au cours des dernières années, le Bureau a renforcé son partenariat avec le secteur privé en améliorant son processus d’approvisionnement en langues officielles et en créant des forums où les membres de l’industrie peuvent interagir régulièrement et discuter de questions comme l’assurance de la qualité. Une autre contribution récente à la collectivité linguistique canadienne est le rôle déterminant que joue le Bureau de la traduction dans la création et le renouvellement d’une norme nationale en matière de traduction qui définit les exigences relatives à la prestation de services de traduction pour les fournisseurs.

Le Bureau de la traduction reconnaît que la prestation de services efficaces et de grande qualité au gouvernement comprend en partie l’atteinte du meilleur équilibre possible entre le recours à des experts du secteur public et du secteur privé. À cette fin, le Bureau de la traduction a établi, et surveille régulièrement, des critères stricts pour orienter cet équilibre. Par exemple, certains textes classifiés sont traités à l’interne et dans des installations sécurisées. C’est également le cas des textes des clients qui ont des besoins particuliers. De plus, les documents assignés au secteur privé font l’objet de mesures strictes d’assurance de la qualité.

Dans son rapport, le Comité recommande que le gouvernement du Canada mette sur pied un programme afin de rétablir l’expertise perdue en matière de traduction technique, scientifique et multilingue et aussi qu’il mette en place un plan pour préparer la prochaine génération de langagiers. Le Comité recommande que l’accueil de stagiaires du domaine langagier fasse partie du mandat du Bureau.

Le Bureau de la traduction mène actuellement un processus de recrutement externe dans certains domaines spécialisés. De plus, par l’entremise des forums mentionnés plus haut, le Bureau de la traduction collabore de près avec le secteur privé afin de s’assurer de disposer d’une capacité appropriée, et partagée, pour répondre aux besoins actuels et futurs du gouvernement du Canada. Cela comprend, notamment, s’assurer qu’il y a une capacité solide, et réactive, de traduction dans les langues non officielles. Étant donné la nature très variable de la demande de traduction dans les langues non officielles, le recours au secteur privé est généralement reconnu par les gouvernements partout dans le monde comme une pratique exemplaire. Le Bureau de la traduction examine actuellement des moyens d’améliorer son processus d’approvisionnement pour ce créneau bien particulier.

Notre gouvernement appuie la recommandation du Comité visant à mettre en œuvre un plan pour bien former la relève. Cette année, le Bureau de la traduction a affecté les ressources financières nécessaires pour préparer la relève en offrant des emplois d’été à une cinquantaine d’étudiants, dont 19 étudient en traduction, et en travaillant avec les universités canadiennes. En outre, le Bureau de la traduction veille à ce que la formation qu’il offre à ses langagiers professionnels évolue de façon à s’adapter aux besoins du gouvernement du Canada et aux tendances de l’industrie de la langue (p. ex. des ateliers sur la postédition). Le Bureau de la traduction est aussi très actif dans la formation de nouveaux interprètes, puisque tous les interprètes principaux du Bureau de la traduction enseignent au programme de maîtrise en interprétation des conférences à l’Université d’Ottawa.

Les technologies langagières : des outils essentiels

L’utilisation de la technologie par les langagiers professionnels du gouvernement fédéral ne date pas d’hier. Déjà en 1976, le Bureau de la traduction avait une équipe qui se penchait sur la traduction automatique. Il y a eu ensuite TERMIUM Plus® et, plus tard, les mémoires de traduction et les outils de traduction assistée par ordinateur. Ces technologies sont couramment utilisées par d’autres gouvernements nationaux et internationaux, de grandes entreprises et des fournisseurs du secteur privé. Le Bureau de la traduction est un chef de file dans les nouvelles technologies langagières, et l’innovation se poursuit.

Notre gouvernement est entièrement d’accord avec les recommandations du Comité visant Portage, l’Outil de compréhension linguistique, et appuie fortement l’innovation et l’utilisation des nouvelles technologies. Il salue les efforts du Bureau de la traduction pour élargir l’accès à ces outils à l’ensemble des fonctionnaires fédéraux. Le Bureau de la traduction pense que l’utilisation de ces outils doit être encadrée par des langagiers professionnels. Comme le recommande le Comité, des instructions ont été ajoutées à l’Outil de compréhension linguistique afin de préciser clairement que les fonctionnaires ne peuvent utiliser Portage que dans l’exercice de leurs fonctions; que l’Outil ne doit être utilisé que pour obtenir une idée générale du contenu des textes gouvernementaux; et que l’Outil ne remplace pas les services de langagiers professionnels. Un guide ainsi que des conseils d’utilisation sont également mis à la disposition des utilisateurs. Enfin, le Bureau de la traduction a mis en place un plan pour s’assurer que le contenu de l’Outil est examiné régulièrement par des traducteurs professionnels, et chacun des ministères continuera de s’assurer que leurs employés respectent leurs obligations en matière de langues officielles et de traitement sécuritaire de l’information.

Enfin, en réponse à la recommandation du Comité liée au maintien d’un corpus de grande qualité et aux communications entre les concepteurs de l’Outil et les traducteurs, des traducteurs professionnels du Bureau de la traduction, en collaboration avec le Conseil national de recherches Canada (CRNC), participent à un processus d’assurance de la qualité en vue d’améliorer le corpus de l’Outil. L’efficacité de l’Outil de compréhension linguistique, y compris la satisfaction des utilisateurs, sera également examinée par une tierce partie à la fin de l’exercice 2016-2017.

Le Bureau de la traduction : Bien plus que des mots

Pendant plus de 80 ans, le Bureau de la traduction a acquis une expérience précieuse de la prestation des services linguistiques de même que des technologies langagières et de la passation de contrats de services linguistiques. Au cours de cette période, le Bureau de la traduction a noué des relations étroites avec les divers intervenants de l’industrie, des organisations internationales, les établissements d’enseignement et les associations professionnelles représentant les langagiers.

En juin 2015, le Bureau de la traduction a articulé sa vision « Bien plus que des mots ». Cette vision reconnaît l’importance de faire progresser la prestation des services dans les langues officielles, mais aussi d’autres secteurs prioritaires des services linguistiques pour le gouvernement du Canada. Ces secteurs comprennent, notamment, les langues autochtones ainsi que l’amélioration de l’accès pour les personnes handicapées. Le Bureau de la traduction s’efforce ainsi de promouvoir une société canadienne inclusive, une valeur qui est au cœur de notre gouvernement. Plus particulièrement, le Bureau de la traduction offre des services d'interprétation visuelle de grande qualité et explore la possibilité d'utiliser la technologie voix-texte pour permettre aux personnes ayant une déficience visuelle ou auditive de suivre les conversations en temps réel. Il a aussi entrepris d’aider les collectivités autochtones à promouvoir et à préserver leurs langues et leurs cultures en améliorant la section portant sur les langues autochtones dans le Portail linguistique du Canada.

Le Bureau de la traduction est une organisation moderne et novatrice qui tient compte des besoins de ses clients de même que des besoins linguistiques de la population canadienne. Il fournit des services de traduction, d’interprétation et de terminologie exemplaires au Parlement ainsi qu’aux ministères et organismes fédéraux, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Le Bureau de la traduction continuera d’explorer des façons d’optimiser et d’améliorer la prestation de ses services, notamment en ayant recours aux technologies langagières existantes et émergentes, sur une plateforme de données ouverte, et en tirant parti des médias sociaux. Le Bureau de la traduction est promis à un brillant avenir. L’orientation de l’organisation lui permettra de gérer les coûts pour le gouvernement du Canada et de rendre plus efficace la prestation de ses services tout en fournissant continuellement des services de grande qualité pour de nombreuses années à venir.

En tant qu’organisme de service spécial, le Bureau de la traduction est bien placé au sein de Services publics et Approvisionnement Canada. Il dispose de la marge de manœuvre nécessaire pour s’adapter aux fluctuations de la demande, investir dans de nouvelles technologies, améliorer constamment son modèle d’affaires et, au bout du compte, remplir le mandat qui lui a été confié par le gouvernement du Canada.

Le Bureau de la traduction continuera à renforcer ses partenariats, notamment avec le secteur privé et les universités, et il mettra l’accent sur certaines tâches à valeur ajoutée, comme l'assurance de la qualité et la postédition, qui sont adaptées aux nouveaux besoins des clients et aux nouvelles technologies en constante évolution.

Je vous remercie, ainsi que les membres du Comité permanent des langues officielles, pour le travail accompli.

Je vous prie d’accepter, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

 

L’honorable Judy M. Foote, C.P., députée
Ministre des Services publics et de l’Approvisionnement

c.c.:     Christine Holke, Greffière du Comité