AVANT-PROPOS DU PRÉSIDENT
Voici le troisième rapport sur les consultations prébudgétaires du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Ces consultations laisseront leur marque sur la présente législature dans la mesure où elles ont ouvert le processus budgétaire comme jamais auparavant à la contribution de tous les Canadiens.
Pendant ces trois années, nous avons voyagé et écouté. Nous avons été tour à tour stimulés, provoqués, éclairés, émus et impressionnés par les idées, les émotions, les passions et les préoccupations des Canadiens. Par-dessus tout, nous avons beaucoup appris et ce qui nous a surtout frappés, c'est le bon sens, l'ouverture d'esprit et le civisme des Canadiens.
Les trois consultations ont eu leur caractère propre en fonction du moment et de la région où le Comité a tenu ses audiences et de l'état d'esprit des Canadiens qu'il a rencontrés.
Dans le premier rapport, préparé pendant l'automne de 1994 juste avant le budget de février de 1995, le Comité constatait que les Canadiens étaient en pleine crise, parfaitement conscients du besoin d'y faire face, mais craignant néanmoins qu'on n'ait laissé leur pays s'endetter trop lourdement.
Dans le deuxième rapport, préparé avant le budget de mars 1996, le Comité constatait que les Canadiens avaient moins le sentiment d'être en crise, mais qu'ils s'inquiétaient pour leur pays, qu'ils étaient incertains du succès, mais moins craintifs, et qu'ils étaient prêts à maintenir le cap et à s'atteler à la résolution de leurs problèmes.
Dans ce troisième rapport préalable au budget de 1997, nous rendons compte à nouveau de ce que nous avons appris pendant les consultations que nous avons menées en octobre et en novembre.
Ce que nous avons constaté, c'est que le pays se trouve au milieu d'une oeuvre en chantier, capable de mesurer les progrès qui ont été réalisés, mais capable aussi, pour la première fois depuis le début de la récession, d'envisager à nouveau les possibilités qui s'offrent au Canada.
Le chemin parcouru a été long et ardu. Le chemin à parcourir sera long et ardu.
Mais le Canada dispose maintenant de quelque chose qui lui a fait défaut pendant un certain temps, à savoir un profond, un large, un puissant consensus concernant à la fois les problèmes auxquels il est confronté et la façon de les résoudre.
En écoutant les Canadiens, il est difficile de ne pas ressentir de l'admiration pour le peuple que nous sommes.
Nous avons traversé des périodes extrêmement difficiles où il a fallu prendre des mesures ardues et consentir des sacrifices immenses. Cependant, nous avons su nous montrer aussi forts que les circonstances l'exigeaient, et nous n'avons reculé ni devant la difficulté, ni devant les sacrifices.
Nous avons fait preuve d'autres qualités encore. En effet, si nos difficultés exigeaient de la détermination et de la discipline et ont imposé aux Canadiens des sacrifices, plus grands pour certains que pour d'autres, nous n'avons pas réagi avec mesquinerie et nous n'avons pas cherché à jeter le blâme sur d'autres.
Au contraire. Durant ces trois ans de consultations, nous avons constaté l'éclosion d'une grande bonne volonté chez les Canadiens, une disposition à chercher de nouvelles façons d'aider nos compatriotes, d'innover, de nous débrouiller avec moins, de trouver des moyens nouveaux d'aider les personnes dans le besoin. Autrement dit, nous avons observé une réaffirmation des valeurs traditionnelles qui ont toujours caractérisé notre pays.
Bien sûr, parmi les témoins entendus, certains se sont montrés mesquins et ont voulu trouver des boucs émissaires sur qui rejeter le blâme d'une situation dont nous sommes tous responsables et que nous devrons tous contribuer à corriger. Prétendre le contraire serait faux et d'ailleurs, les comptes rendus de nos délibérations en témoignent.
Il reste que, même quand le sentiment de crise était à son apogée, les Canadiens étaient peu nombreux à partager ces sentiments et, le temps passant, les gens que nous avons entendus sont devenus de plus en plus positifs, impatients de contribuer à un pays meilleur, disposés à accepter ce qui est nécessaire, mais pas ce qui est mauvais.
En trois ans donc, nous avons constaté que les craintes des Canadiens se dissipaient un peu et que ceux-ci recommençaient à envisager l'avenir avec optimisme. Nous avons vu le désabusement remplacé par une nouvelle énergie économique et sociale.
Lorsqu'il a comparu devant nous en octobre, le ministre des Finances nous a fait part des progrès réalisés ces trois dernières années sur la voie du rétablissement de la santé financière du Canada.
Il nous a dit comment, en montrant aux marchés financiers que nous étions déterminés à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés et en réussissant à le faire, nous avons pu récupérer une bonne partie de ce que nous avions perdu durant les années précédentes - un plus grand éventail de choix, une plus grande liberté de manoeuvre, la chance de nous soucier moins de l'opinion des marchés et plus de la façon de résoudre les problèmes de notre pays. Bref, nous avons fait des progrès considérables pour rétablir la souveraineté économique du Canada.
Lors de nos consultations, nous nous sommes rendu compte que la population était bien consciente de ces progrès. Cependant, nous avons aussi constaté que, au-delà du rétablissement de la santé financière et de la souveraineté économique du Canada, les réalisations des trois dernières années ont permis de retrouver quelque chose d'encore plus important -- le potentiel du Canada.
Pour toutes ces raisons, il importe d'achever la tâche que nous avons commencée il y a trois ans. Cet objectif est le principal enjeu du présent rapport : finir de ramasser les pots cassés, mais aussi chercher davantage à élargir nos perspectives d'avenir et à actualiser ce potentiel qui est de nouveau le nôtre.
Dans tout le rapport, le lecteur constatera notre constante préoccupation d'achever la tâche que nous avons commencée et de ne rien faire qui puisse compromettre les progrès que nous avons réalisés et la confiance que nous avons bâtie.
Il reste cependant que nos succès des trois dernières années placent le gouvernement comme jamais auparavant durant son mandat dans une position où il peut enfin commencer à s'occuper de problèmes trop longtemps négligés. Sa marge de manoeuvre à cet égard est encore très limitée. Les Canadiens savent parfaitement que nous devons continuer à atteindre et à dépasser nos objectifs de réduction du déficit et ensuite commencer à rembourser notre énorme dette. En revanche, ils nous ont dit aussi que nous serons mieux placés pour relever les défis de demain si nous commençons dès aujourd'hui à reconstituer une partie de notre énorme potentiel.
Sans perdre de vue l'importance d'achever la tâche commencée, les Canadiens nous ont dit clairement qu'ils voulaient qu'on s'attaque aussi à des problèmes prioritaires trop longtemps négligés pour nous ménager un avenir plus prospère.
Ils veulent qu'on vienne en aide aux enfants pauvres du Canada qui sont depuis trop longtemps dans le besoin. Ils veulent que les personnes handicapées puissent jouir d'une plus grande autonomie et contribuer aussi au progrès de leur pays. Ils veulent que plus de Canadiens aient le niveau d'alphabétisation requis pour occuper les emplois de demain. Ils veulent que nos étudiants soient mieux instruits et qu'ils aient accès à des programmes de recherche et de sciences et de technologie de classe internationale. Ils savent bien que les gouvernements ont été forcés de réduire les dépenses, mais ils sont prêts à trouver de nouvelles façons de faire les choses pour protéger et soutenir les institutions et le mode de vie auxquels ils tiennent. Ils veulent de nouveaux encouragements pour aider les organismes de bienfaisance et le secteur bénévole à prendre la relève des gouvernements.
Voilà les priorités des Canadiens. Ce sont les nôtres.
À notre avis, le gouvernement a une certaine marge de manoeuvre, petite, certes mais bien réelle, et il doit l'exploiter.
Après avoir bien noté les propositions des Canadiens, le Comité a défini dans quels secteurs le gouvernement pourrait agir et comment.
Nous sommes convaincus que le prochain budget, comme d'ailleurs les précédents, reflétera les vues des Canadiens dont nous avons distillé l'essentiel à partir des consultations auxquelles nous avons eu le privilège de participer, des mémoires et documents qui nous ont été envoyés et des transcriptions des audiences que nous avons tenues à Ottawa et dans toutes les régions.
Nous sommes redevables aux 317 témoins qui ont comparu devant nous et aux 227 Canadiens qui nous ont envoyé des mémoires.
Je suis reconnaissant aux membres du Comité de tous les partis qui ont fait preuve d'un esprit de collaboration et d'une bonne volonté sans faille malgré les longues heures de travail, les horaires chargés et les courts délais.
Les membres du Comité et moi-même avons une dette de reconnaissance envers les personnes qui nous ont assistés dans notre travail quotidien. Nous sommes particulièrement reconnaissants à notre greffière, Martine Bresson, pour sa patience et son professionnalisme, ainsi qu'à Bev Isles, Caroline Martin et au personnel de la Chambre des communes. Nous tenons à remercier nos attachés de recherche, Marion Wrobel et Richard Domingue, de même que David Ablett, qui nous a conseillés sur la rédaction du texte.
Enfin, je dois beaucoup à Liz Young-Laflèche, de mon bureau d'Ottawa, qui a mis les bouchées doubles sans jamais rien perdre de sa bonne humeur, et spécialement à mon adjoint législatif, Lou Riccoboni, pour son dévouement à toute éprouve et tout ce qu'il m'a donné.
Vous avez tous et toutes rendu ce rapport possible.
Jim Peterson
Président du Comité