Opinion dissidente du Bloc Québécois
Rapport sur la Loi sur les mesures spéciales d'importation
Décembre 1996
Avant-propos :
Le Bloc Québécois a participé avec enthousiasme aux travaux des Sous-comités du Comité
permanent affaires étrangères et du commerce international et du Comité permanent des finances qui
portaient sur la révision de la
Loi sur les mesures spéciales d'importation. Par ailleurs, nous tenons à
souligner l'excellence et la pertinence des nombreux témoignages entendus devant les
Sous-comités. Les membres du Bloc Québécois ont également été impressionnés par la qualité des
mémoires soumis.
C'est avec intérêt que les membres de notre formation politique ont pris connaissance de la
première version de ce rapport. Après une étude approfondie, nous avons relevé plusieurs éléments
importants qui selon nous nécessitaient des modifications. Certaines de ces modifications ont été
incluses dans le rapport. Par exemple, le Bloc Québécois a réussi à améliorer l'accès au processus
d'enquête pour les petits et moyens producteurs. De même, nous avons apporté des modifications
sous la rubrique de l'amélioration du mode de fonctionnement du TCCE. Mais encore, nous avons
proposé que la recommandation sur le cumul fasse en sorte que ce dernier soit obligatoire lors de la
détermination du dommage par le Tribunal ce qui fut accepté par le parti gouvernemental. Une
section sur l'évitement a également été incluse dans le rapport à notre demande. Finalement, la
recommandation sur les réexamens a été renforcée à la suite de notre intervention.
Malgré ces changements importants, plusieurs recommandations du Bloc Québécois ont été
écartées par le parti ministériel. C'est donc sur ces éléments que porte notre dissidence.
1 - Collectes de données, page 16, premier paragraphe :
Nous sommes d'accord avec la proposition avancée par l'Association canadienne des
producteurs d'acier qui stipule que Revenu Canada ne devrait pas tenir compte des présentations
spontanées exposées par d'autres parties que la plaignante avant le début d'une enquête. Une telle
mesure ferait en sorte que Revenu Canada ne prendrait en compte que l'information de la partie
plaignante et que de ce fait elle ne serait pas obligée de tenir compte d'observations non sollicitées.
Cette mesure nous paraît raisonnable étant donné qu'elle ne s'appliquerait que pour la période
précédant l'ouverture d'une enquête.
Toujours à la page 16, mais au deuxième paragraphe, nous tenons à manifester notre
désapprobation sur le traitement accordé au «dumping massif». Il est vrai que l'article 10.6 de
l'Accord antidumping de l'OMC porte à interprétation mais de là à convenir, sans avis légaux
approfondis, que le concept de «dumping massif» contrevient à cet article, il y a un pas que nous ne
franchissons pas.
Aussi, nous pensons que le gouvernement canadien, avant d'écarter toutes mesures à cet égard,
devrait obtenir des avis légaux sur cette question importante pour plusieurs de nos industries
victimes de «dumping massif». Aussi, nous croyons qu'à la lumière d'avis favorables, le
gouvernement devrait aller de l'avant avec la mise en place d'un tel mécanisme.
2 - Dommage sensible, page 21, deuxième paragraphe :
Le Bloc Québécois appuie l'insertion dans la LMSI d'une définition de l'expression
«dommage sensible». Une telle définition au sein de la LMSI, jumelée avec les critères suggérés
dans la réglementation actuelle, clarifierait à l'avantage de tous ce concept important.
3 - Méthode prospective ou rétroactive d'imposition des droits, page 27 :
Sur ce point, le Bloc Québécois est d'avis que Revenu Canada devrait continuer à utiliser la
méthode prospective d'imposition des droits. Cependant, nous souhaiterions que dans les cas où les
prix ou les coûts risquent de fluctuer de façon appréciable, Revenu Canada soit autorisée à utiliser la
méthode rétroactive d'imposition des droits. L'utilisation de cette méthode se ferait de manière
exceptionnelle et seulement lorsque Revenu Canada le jugerait nécessaire.
4 - Droit moindre, page 37, troisième paragraphe :
Relativement au concept du droit moindre, nous estimons qu'à l'heure actuelle, il serait
prématuré d'aller de l'avant avec la mise en place au sein de la LMSI d'une telle disposition. En effet,
le gouvernement doit cesser d'adopter des politiques qui diminuent la protection des entreprises
québécoises et canadiennes lorsque nos principaux partenaires économiques n'agissent pas dans le
même sens. Nous estimons que le parti ministériel fait preuve de naïveté dans ce domaine. Nous
croyons qu'il est nécessaire que les États-Unis, qui absorbent près de 80 p. 100 de nos exportations,
adoptent eux aussi une telle mesure avant d'incorporer cette disposition dans la LMSI.
5 - Pénurie, page 37, dernier paragraphe :
Le Bloc Québécois estime que le gouvernement canadien ne devrait pas envisager de modifier
la LMSI de manière à y inclure une mesure relative à la notion de pénurie. Nous sommes d'avis qu'il
n'y a nul besoin d'étudier de manière approfondie l'insertion d'une telle mesure tellement il nous
apparaît que celle-ci soulève plusieurs problèmes. En effet, la gestion d'une telle mesure semble
difficilement réalisable. De plus, on risquerait de créer un problème d'abus de la part des
importateurs. Mais encore, avec une telle mesure on va fausser les règles de l'offre et de la demande.
Finalement, l'exception de pénurie va violer les principes mêmes de l'imposition de droits
antidumping ou compensateurs.
Benoît Sauvageau
Député de Terrebonne
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