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AVANT-PROPOS DU PRÉSIDENT


«L'Arctique canadien : un mélange d'inconnu, de variable et d'impondérable - [adage traditionnel]
L'Arctique canadien constitue une région cruciale pour notre pays, mais notre degré de sensibilisation à l'importance de ce vaste territoire que la reine Élizabeth I avait baptisé Meta Incognita (au-delà de l'inconnu) risque beaucoup de ne pas nous permettre de résoudre ses problèmes et de réaliser tout son potentiel. Les membres de notre Comité espèrent de tout coeur que le présent rapport, qui a été adopté à l'unanimité, contribuera à modifier cette dynamique et incitera non seulement les parlementaires et les fonctionnaires, mais également tous les Canadiens à se préoccuper davantage de l'Arctique et de son avenir.

Bon nombre des questions discutées dans le présent rapport, qu'il s'agisse des problèmes des peuples autochtones de la région, de l'environnement ou du potentiel économique de l'Arctique, ont déjà été étudiées auparavant, mais elles ont souvent été examinées principalement dans une perspective nationale. Nous avons entrepris cette étude exhaustive parce que nous croyions que les changements survenus au cours des dernières années dans la technologie, les communications et les facteurs géopolitiques devaient être réexaminés sous l'angle de la politique étrangère. En effet, comme nous l'avons découvert lors de notre étude sur la politique étrangère, pour trouver une solution aux problèmes de cette région, il faut se pencher sur les aspects de ces problèmes qui sont liés à la politique étrangère afin de pouvoir réellement les comprendre et les résoudre d'une manière cohérente et efficace.

Rien n'illustre plus dramatiquement ces rapports entre les facteurs nationaux et internationaux que l'état de l'environnement dans l'Arctique. Cet environnement, qui est si particulier et si fragile, est particulièrement sensible aux influences extérieures. Voici quelques exemples : des polluants comme les pesticides sont charriés par les courants océaniques à partir d'endroits aussi éloignés que l'Amérique du Sud et viennentmenacer les chaînes alimentaires locales; des polluants transportés par les courants atmosphériques depuis l'Europe et toutes les régions de la planète menacent la flore et la faune de la région; une catastrophe nucléaire aux proportions inimaginables pourrait se produire en Russie, un pays voisin. À eux seuls, ces problèmes environnementaux exigeraient que nous réexaminions comment notre politique étrangère pourrait nous permettre de protéger nos intérêts. Cependant, lorsqu'il faut aussi se demander comment on pourrait accroître la prospérité de la région en libéralisant davantage le commerce des produits de l'Arctique et en développant les communications entre les pays arctiques, ou encore comment le sort des autochtones pourrait être amélioré en augmentant les échanges internationaux, on se rend alors compte de l'importance du défi qu'il nous faudra relever à l'aide de notre politique étrangère afin d'assurer un avenir durable à cette région importante.

La création l'an dernier du Conseil de l'Arctique a constitué un point de départ idéal pour la présente étude. Nous estimons qu'il s'agit là d'une institution que les Canadiens devraient prendre au sérieux. Cette tribune pourrait très bien permettre d'élaborer diverses politiques et de garantir une collaboration entre les divers États de l'Arctique. Cette collaboration est absolument nécessaire pour trouver une solution efficace aux problèmes analysés dans le présent rapport. Notre participation aux travaux du Comité permanent des parlementaires de la région arctique pourrait également entraîner une meilleure compréhension de l'ensemble de la problématique de l'Arctique. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous proposons qu'un membre de ce Comité siège au sein du Conseil de manière à établir un lien entre les préoccupations relatives à l'Arctique et les autres objectifs de la politique étrangère.

Au premier abord, il peut sembler audacieux de formuler quarante-neuf recommandations dans un rapport, mais je crois que le lecteur conviendra qu'elles représentent toutes les conclusions essentielles découlant logiquement de nos études. Probablement que les recommandations touchant les revendications des peuples autochtones du Nord sont les plus importantes, mais toutes concourent à l'atteinte des objectifs de notre politique du Nord. Évidemment, elles ne pourront être mises en oeuvre sans l'apport du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et d`autres ministères. Le Comité désire à tout prix que les ministères et l'appareil gouvernemental comprennent que les parlementaires de tous les partis ont convenu qu'il fallait passer de la parole aux actes dans le dossier des priorités du Canada dans la région arctique.

Les membres du Comité ont effectué de nombreux déplacements pour préparer leur rapport. Par souci d'économie et d'efficacité, nous nous sommes divisés en deux groupes pour parcourir le pays et rencontrer nos partenaires du Conseil de l'Arctique. Il nous aurait été impossible de bien saisir les enjeux si nous n'étions pas allés rencontrer directement les habitants un peu partout dans notre région arctique. Nous croyons que cette formule garantit que le présent rapport est le fidèle reflet de leurs inquiétudes et de leur ferme intention de participer aux décisions qui ont des effets sur leur quotidien, et non une autre de ces politiques émanant du Sud et destinée à dominer l'arrière-pays nordique.

De la même façon, nos déplacements en Europe ont été enrichissants, nous donnant l'occasion d'entendre directement nos voisins de pays arctiques faire part de leurs préoccupations et points de vue. Le Comité a également eu la chance d'aborder d'autres questions comme l'élargissement de l'OTAN et les conséquences de l'intégration européenne, et d'approfondir d'autres sujets d'intérêt commun avec des parlementaires et d'autres intervenants. Cela ne peut que renforcer la crédibilité des travaux du Comité.

Les membres du Comité ont dû consacrer beaucoup de temps et d'énergie aux travaux de recherche, aux déplacements et à la préparation du présent rapport, cela au cours d'une année où ils ont aussi examiné la Loi sur les mesures spéciales d'importation, préparé un rapport sur l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine, étudié les lois de mise en oeuvre des accords de libre-échange Canada-Israël et Canada-Chili, l'avenir de l'OTAN, le traitement de nos anciens combattants faits prisonniers à Hong Kong, le déploiement de nos troupes à l'étranger, l'abolition des armes de destruction massive, sans compter les autres tâches courantes du Comité. Le travail acharné des membres, appuyés par des recherchistes compétents, a permis de produire un rapport complet. Je ne cacherai pas que je suis fier de dire qu'il s'agit d'un deuxième rapport unanime pour le Comité durant la présente session, ce qui témoigne de la capacité de tous les partis de la Chambre de collaborer et de respecter l'opinion d'autrui quand l'intérêt national est en jeu.

Il nous faut remercier la foule de personnes responsables d'un travail aussi monumental et, en premier lieu, les nombreux témoins qui ont pris le temps de partager avec nous leur expérience précieuse. Des Canadiens des milieux les plus variés ont consacré beaucoup de réflexion et d'énergie à leur présentation. À l'étranger, des témoins très divers, responsables haut placés ou simples citoyens, se sont libérés de leurs engagements pour nous communiquer leur opinion et souvent nous offrir une franche hospitalité. À tous ces gens, ainsi qu'aux ambassadeurs de nos voisins de l'Arctique et à leur gouvernement, nous exprimons notre reconnaissance sincère. On trouvera à la fin du rapport les détails sur nos consultations et la liste des témoins.

Pendant la rédaction du rapport, nous avons été attristés par la perte du professeur David Cox de l'Université Queen's; nous tenons à transmettre nos sympathies à la famille et aux amis éprouvés.

Tous nos plans n'ont pu être réalisés. Nous avons vécu directement les contraintes qu'impose le climat de l'Arctique aux voyageurs : le mauvais temps nous a empêchés de visiter Mourmansk en Russie et de nous poser à Baie Cambridge. Nous avons été si peinés de manquer le programme et le repas traditionnel que les gens de Baie Cambridge nous avaient préparés que plusieurs d'entre nous espèrent y retourner.

Nous tenons à remercier particulièrement Natasha Cayer, du Ministère, qui nous a beaucoup aidés pour nos voyages à l'étranger; Diane Lefebvre, agente de soutien administratif, et Manon Auger, adjointe administrative, affectées au Comité, qui ont accompli un travail administratif colossal pendant tous les travaux; Christine Fisher, qui a secondé Janice Hilchie comme greffière durant les voyages; nos rédacteurs, en particulier June Murray de la Bibliothèque du Parlement, qui a révisé en partie la version anglaise, et Verena Ossent, qui a révisé la version française et qui, encouragée par nos membres francophones, a travaillé si fort à la rendre conforme au génie de la langue française. À ces remerciements, il faut ajouter ceux qui sont destinés au personnel du Service des publications de la Chambre des communes, en particulier à sa coordonnatrice, Charline Madore, ainsi qu'aux nombreux traducteurs et interprètes qui travaillent souvent dans des conditions difficiles, en particulier lorsque nous sommes en voyage.

La qualité du texte du présent rapport, et l'inspiration qui a permis aux membres de se concentrer et d'en arriver à leurs conclusions, sont dans une large mesure tributaires du travail dévoué et hautement professionnel de nos recherchistes : Gerald Schmitz et James Lee du Service de recherche de la Bibliothèque du Parlement. Nous sommes grandement reconnaissants envers eux.

Enfin, au nom de tous les membres du Comité, j'aimerais exprimer la plus sincère gratitude à notre greffière, Janice Hilchie, dont le professionnalisme, le dévouement et même l'humour ont fait en sorte que la préparation de ce rapport, comme tous les travaux du Comité d'ailleurs, s'est déroulée de façon efficace et sans heurts.

Je dois également remercier les députés qui ont passé de longues heures bien chargées à ce dossier, tout en composant avec tant de contraintes de temps et de ressources. Il y a presque un an aujourd'hui, nous entamions nos travaux. Espérons qu'ils seront une contribution durable à la connaissance des enjeux de l'Arctique et qu'ils fortifieront la volonté du Canada d'agir dans ce dossier crucial de politique étrangère, qui découle de notre présence dans le Nord.

Ottawa, le 22 avril 1997.


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