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TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 11 mars 1997

.1107

[Français]

Le président (M. Clifford Lincoln (Lachine - Lac-Saint-Louis, Lib.)): À l'ordre! Je déclare la séance ouverte. Le comité va étudier deux points: premièrement, ses travaux futurs, soit ses déplacements et l'itinéraire qu'il suivra; deuxièmement, le calendrier de ses prochaines réunions.

[Traduction]

En premier point à l'ordre du jour, nous devons nous pencher sur notre itinéraire de voyage en vue d'effectuer notre étude. Nous avons reçu cinq suggestions différentes que vous trouverez au tableau que vous a préparé la greffière.

[Français]

Nous avons donc cinq suggestions différentes: celles de Mme Phinney, de M. Bélanger, de M. Leroux, de M. O'Brien et de M. Arseneault.

[Traduction]

Je voudrais vous donner quelques explications.

[Français]

Si, selon la suggestion de M. Bélanger, le comité se partage dans certains cas entre deux centres, par exemple entre un petit centre et la ville de Halifax même, entre Moncton et Shediac ou entre Montréal et Trois-Rivières, il faudra dédoubler nos appareils de traduction, notre équipement, etc. Cela peut coûter beaucoup plus cher et faire toute une différence.

Quant à la suggestion de Mme Phinney, elle comporte des villes qu'il serait plus coûteux d'atteindre, par exemple au Cap-Breton ou à Grossemore. S'y rendre coûte certainement beaucoup plus cher que d'aller dans les grandes villes.

Là nous avons deux propositions alternatives qui se rejoignent.

[Traduction]

Il y a deux propositions qui se ressemblent, l'une venant du secrétaire parlementaire, M. Arseneault, et l'autre de M. Leroux.

J'en ai parlé à nos documentalistes. D'après leur expérience, plus on s'éloigne des grands centres, plus il est difficile d'entendre des témoins, car les gens ont plus de mal à se rendre dans les endroits éloignés et la plupart des institutions se retrouvent dans les grands centres.

Ma propre référence irait vers l'itinéraire proposé par MM. Leroux, O'Brien et Arseneault: je préférerais que nous nous rendions dans les grands centres plutôt que dans les petits, à cause des difficultés que nous ont expliquées notre documentaliste et notre greffière.

.1110

C'est une question de logistique et également de...

[Français]

de rejoindre le plus grand nombre possible de personnes. M. Lemieux, qui travaille depuis longtemps à ce comité, me dit que lorsqu'on se rend dans les petits centres, généralement parlant, les institutions et autres trouvent beaucoup plus difficile de s'y rendre.

[Traduction]

Il nous serait plus difficile d'atteindre l'auditoire recherché.

Monsieur Abbott.

M. Jim Abbott (Kootenay-Est, Réf.): Monsieur le président, j'ai songé sérieusement à cette suggestion de voyager. Je me fais ici le porte-parole de notre parti, et je vous informe que je ne serai pas du voyage; en effet, à vrai dire, cette dépense de 200 000 $ me semble injustifiée à l'heure actuelle.

Elle est injustifiée, car le comité peut, à mon sens, atteindre ses objectifs en restant ici même à Ottawa. Utiliser cette somme pour nous déplacer, ce n'est que jeter de la poudre aux yeux et c'est gaspiller l'argent du contribuable.

J'en ai discuté avec notre leader à la Chambre et le whip de notre parti, et puisque la question sera sans doute renvoyée à la Chambre pour que celle-ci l'approuve, je vous informe que notre parti s'opposera à cette dépense.

Je tenais à vous faire cette précision pour que vous compreniez tous bien notre position.

Le président: Monsieur Peric.

M. Janko Peric (Cambridge, Lib.): Monsieur le président, je respecte les préoccupations de M. Abbott, car aucun d'entre nous ne veut gaspiller l'argent du contribuable.

La position qu'a adoptée votre parti au sujet des déplacements me contrarie quelque peu, mais je la respecte.

Comment pouvons-nous - j'essaie de me maîtriser...

Le président: Prenez tout votre temps. Du calme.

M. Janko Peric: ...savoir ce que pense la population? Soit que les Canadiens viennent à nous soit que nous allions vers eux. Peu importe l'option retenue, elle sera assortie de dépenses. Comment pouvons-nous envisager d'élaborer la politique culturelle du Canada sans dépenser un seul sou?

Heureusement, notre pays est immense. Toutefois, les Canadiens ne se sont pas encore jusqu'à maintenant préoccupés suffisamment de leur propre culture.

J'approuve sans réserve l'idée de demander à la population ce qu'elle pense. Je ne sais pas si nous allons savoir ce que pensent monsieur et madame Tout-le-Monde si nous n'allons que dans des grands centres comme Toronto, Winnipeg, Edmonton et Vancouver, par exemple. Il vaudrait mieux trouver le juste milieu, aller visiter une ou deux grandes villes, puis de plus petits centres.

Nous ne connaissons rien des milieux artistiques des plus petites villes. Puis, lorsque quelque chose survient, nous nous disons étonnés. Comment se fait-il que nous ne connaissions pas St. Jacob, en Ontario? Ce lieu n'apparaît nulle part sur la carte, mais c'est un lieu culturellement très actif qui contribue énormément à notre industrie culturelle.

J'approuve l'idée d'aller consulter le milieu artistique canadien et de trouver le juste milieu en évitant de ne visiter que les grandes métropoles canadiennes.

Nous sommes d'accord avec vous, monsieur Abbott: il ne faudrait pas gaspiller inutilement l'argent du contribuable. Mais si vous avez l'impression qu'il reste un peu d'argent dans votre parti, peut-être pourrions-nous lui demander de faire une petite contribution à l'égard des travaux de notre comité.

.1115

Le président: Monsieur O'Brien.

M. Pat O'Brien (London - Middlesex, Lib.): Monsieur le président, quelques observations.

Je suis sensible à l'économie qui serait réalisée si nous n'allions visiter que les grands centres. Mais j'espère que nous pourrions trouver le moyen, une fois dans un grand centre, d'aller visiter aussi les plus petits centres à proximité. Prenons l'exemple du Cap-Breton. Vous comprendrez à mon nom que j'ai une opinion préconçue, mais le Cap-Breton est un centre de culture celtique, et étant donné que l'on trouve le Cap-Breton sur les armoiries du Canada, à titre de culture fondatrice, il serait bon que nous allions visiter cette région. C'est une idée.

Je m'adresse maintenant à M. Abbott. Je ne sais pas si ma question lui semblera rhétorique ou pas, ou même s'il voudra y répondre.

La décision dont vous venez de nous faire part traduit-elle une nouvelle position de la part du Parti réformiste? Je sais bien que le parti ne veut aucunement se faire du capital politique juste avant une élection, mais je voudrais savoir, plus sérieusement, si cela représente un changement de situation. Notre président était secrétaire parlementaire de l'environnement au moment où je siégeais au Comité permanent de l'environnement, et je ne me rappelle pas exactement si M. Abbott siégeait à ce comité lui aussi. Mais je sais qu'au moins deux réformistes se sont déplacés avec nous lorsque nous avons visité le pays. Ils avaient compris qu'il était impossible de bien saisir les problèmes environnementaux à partir d'Ottawa.

Je crois que votre parti avait observé, tout comme l'avaient observé les libéraux, qu'il ne fallait pas croire que l'on peut tout savoir sur tout en faisant venir tous les témoins à Ottawa, et que c'était un piège dans lequel il fallait éviter de tomber. Il faut au contraire aller voir les Canadiens dans leur propre milieu, que l'on veuille en savoir plus long sur l'environnement ou sur la culture.

Il est donc tout à fait justifié que les députés fédéraux quittent Ottawa lors d'une mission sérieuse pour aller visiter les régions. Pour mieux comprendre notre culture, il est important de nous déplacer, tout autant qu'il l'était pour bien saisir les questions environnementales, comme l'avait compris le Parti réformiste. J'espère qu'il ne s'agit pas d'un changement de position du Parti réformiste, car ce serait une économie de bout de chandelle que de décider plutôt de faire venir tous les intéressés ici à Ottawa, là où on prétend tout savoir de tout ce qui est canadien, là où on prétend comprendre tous les problèmes qui assaillent notre pays.

Voilà où en était ma réflexion, monsieur le président.

Le président: Monsieur Crête.

[Français]

M. Paul Crête (Kamouraska - Rivière-du-Loup, BQ): Pour ma part, je trouve intéressante la proposition de remplacer Edmonton par Banff. Banff est un lieu symbolique au Canada. Au cours de la tournée, la discussion sur la culture pourrait être d'un certain niveau. Une rencontre dans ce coin du pays pourrait être significative de ce point de vue.

Par contre, je trouve que parmi les villes retenues, il n'y en a aucune qui fasse partie de ce qu'on pourrait appeler la société francophone du Québec, qui représente vraiment... Montréal est une ville francophone, mais c'est aussi une ville multilingue dont la culture... J'aurais aimé retrouver dans la liste une ville du genre Rivière-du-Loup ou Trois-Pistoles. À Rivière-du-Loup, il y a Victor-Lévy Beaulieu. Il pourrait y avoir une journée où on se retrouverait dans un milieu québécois reflétant bien ses aspects francophones.

En effet, Montréal, c'est une autre réalité de la culture canadienne.

M. Mauril Bélanger (Ottawa - Vanier, Lib.):

[Inaudible - La rédactrice] ...à Pohénégamook.

M. Paul Crête: À Pohénégamook, c'est encore mieux, oui. Je peux vous organiser cela sans problème. Mais sérieusement, j'aurais aimé qu'il y ait un endroit qui soit un milieu à 100 p. 100 francophone. Je pense que la tournée devrait comporter un tel élément.

Je pense qu'en ce qui concerne les trois dernières, il s'agit davantage d'ajustements techniques. Toutefois, je souhaiterais vraiment qu'on puisse aller à Banff et ajouter au Québec un endroit qui serait francophone à 100 p. 100.

Le président: Monsieur Crête, il y a une simple question sur laquelle j'aimerais avoir votre sentiment. Étant donné les coûts de déplacement et autres, si au lieu d'aller à Montréal, on allait à Québec, est-ce que cette ville serait un milieu culturellement acceptable?

M. Paul Crête: C'est un milieu symbolique...

Le président: Symbolique en même temps.

M. Paul Crête: ... important et c'est une culture francophone. Ce ne serait pas aussi intéressant qu'à Rivière-du-Loup,...

Des voix: Ah! Ah!

M. Paul Crête: ... mais la culture montréalaise, par exemple,...

Le président: Oui, c'est vrai.

M. Paul Crête: ...c'est un autre milieu. Vous allez avoir des représentations de la minorité anglophone et des allophones qui ont des activités culturelles et ne viendront pas à Québec.

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Je pense qu'il devrait y avoir un autre endroit, qui pourrait être Québec, mais qu'il faudrait conserver Montréal parce que c'est un milieu culturel très spécial, très différent du Québec francophone à 100 p. 100. C'est un Québec beaucoup plus multilingue qu'on observe à Montréal.

Le président: Monsieur Arseneault.

M. Guy H. Arseneault (Restigouche - Chaleur, Lib.): Oui, je suis d'accord avec M. Crête; on devrait essayer de trouver un endroit de plus. Je ne pense pas qu'on devrait annuler la visite à Montréal, mais on pourrait peut-être ajouter... Je crois que M. Bélanger a donné l'exemple de Montréal et de Trois-Rivières. On pourrait même tenir nos audiences à Rimouski et à Dalhousie au Nouveau-Brunswick, qui sont près l'une de l'autre.

Une voix: De la Gaspésie.

[Traduction]

M. Guy H. Arseneault: Monsieur le président, je crois me souvenir que nous avons déjà discuté de l'éventualité de nous déplacer en comité. Or, à l'époque, je ne me rappelle pas avoir entendu l'un ou l'autre des députés réformistes signaler qu'ils ne se joindraient pas à nous.

Un petit commentaire à l'attention de M. Abbott, sans vouloir pour autant lui faire changer d'avis.

Comme l'a signalé M. O'Brien, il nous semble contradictoire que le Parti réformiste refuse de se déplacer, alors qu'il est venu ici même à Ottawa dans l'intention d'amener le gouvernement au peuple et de laisser la population découvrir comment fonctionne le gouvernement. Or, en nous rendant dans les différentes régions du Canada, non seulement nous permettons ainsi à plus de témoins de nous faire connaître la saveur locale, mais nous permettons également à la population de nous voir dans le feu de l'action. Rappelez-vous nos derniers voyages.

Je sais que M. Abbott siégeait au comité des ressources naturelles à la même époque que moi, et je lui demande de se reporter à certains des articles qui ont paru dans la presse locale, articles qui ne seraient jamais publiés dans des journaux comme le Globe and Mail, La Presse, La Gazette ou le Ottawa Citizen. Vous voyez que cela a son importance, car ces voyages permettent aux Canadiens de nous voir dans le feu de l'action, plutôt que de nous voir dans des extraits de 30 seconds tirés de la période des questions.

Ces déplacements servent à informer non seulement les députés mais aussi la population. Chaque fois qu'un comité parlementaire se rend dans ma région, je me fais un point d'honneur de faire venir des étudiants aux audiences pour qu'ils aient une idée de la façon dont cela se passe. Si des députés visitent ma région et ont un peu de temps libre, je les fais rencontrer des écoliers ou visiter des écoles. Les déplacements sont une occasion en or pour informer les citoyens de la façon dont leurs taxes sont dépensées.

Je suis tout à fait pour l'idée de nous déplacer et de nous rendre dans quelques plus petits centres. J'imagine que cela peut être difficile du point de vue logistique, car il y a beaucoup plus de petits centres que de grands. Il nous faut donc découvrir d'abord quelle est la culture que l'on trouve dans les petits centres et découvrir quelles y sont les difficultés. Chacune de nos circonscriptions compte des petites municipalités qui ont toutes des musées ou des centres d'exposition qui connaissent des problèmes de financement. Je pense qu'il faut combiner les déplacements et aller visiter quelques petits centres en plus des grands centres.

De plus, comme le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue, les membres du comité se doivent de s'y rendre pour voir comment la province fonctionne. Cette visite pourrait leur dessiller les yeux.

Le président: Monsieur Arseneault, mis à part Dalhousie, au Nouveau-Brunswick, les centres qui sont tous énumérés sur la liste que vous avez suggérée sont-ils les grands centres des diverses provinces?

M. Guy H. Arseneault: Oui.

Le président: Suggérez-vous que nous rajoutions à la liste d'autres petits centres? Dans le cas de Toronto, devrions-nous y ajouter la visite d'un plus petit centre ou substituer à Toronto ce petit centre?

M. Guy H. Arseneault: Nous pourrions songer à faire une substitution, mais seulement si elle est sensée. Si nous nous rendons dans certains petits centres culturels, je crois que les associations nationales se feront un point d'honneur de venir y faire leurs exposés, où qu'ils soient. Il en sera de même des associations provinciales qui voudront sans doute être elles aussi représentées dans les plus petits centres.

Il n'est pas mauvais que les associations nationales se déplacent vers les petits centres pour aller entendre quels sont les problèmes que l'on y rencontre. Cela pourrait être aussi très formateur pour les associations provinciales et les associations nationales que de se rendre à Dalhousie ou à Campbellton. Elles apprendraient peut-être ce qui se passe au musée de Restigouche et verraient ce que le musée doit faire pour trouver des fonds, par exemple.

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Le musée local qui se trouve au bout de la même rue que mon bureau doit vendre de la crème glacée tout l'été pour recueillir des fonds qui lui permettent de survivre et pour pouvoir embaucher un conservateur à temps plein qui assurera l'ouverture à longueur d'année du musée. L'association nationale est-elle au courant? Est- elle au courant des partenariats privés qui se nouent entre les organes culturels des petites localités?

Le président: Monsieur Bélanger.

[Français]

M. Mauril Bélanger: Monsieur le président, le débat a commencé il y a deux semaines quand on a reçu la liste des destinations proposées, et j'avais suggéré à ce moment-là que l'on ajoute une visite tout près des grands centres dans le but de ne pas ajouter une journée complète. Par exemple, je ne connais pas assez la géographie de Vancouver pour suggérer un endroit voisin, mais dans le cas de l'Alberta, je suggérais qu'on remplace Edmonton par Calgary parce que la distance de Calgary à Banff n'est pas très longue. On pourrait tenir nos séances en journée et en soirée. C'est en ce sens-là que j'ai fait mes propositions. Il en va de même pour Gravelbourg et Saint-Boniface, qui sont assez rapprochées des villes suggérées. Cela nous donnerait également l'occasion de rencontrer les membres de la francophonie au Canada.

Pour l'Ontario, je pense qu'il va falloir faire plus qu'une visite. Il faudra certainement aller à Toronto, qui est le centre culturel principal de l'Ontario. Il y aurait peut-être lieu d'aller dans des villes peu éloignées, comme Guelph, qui est quand même à une distance acceptable, ou dans le nord de la province. Mais il faudrait peut-être songer à faire deux visites.

Pour l'est, je suggérais Halifax et un autre petit centre. Moi, je me rallierais facilement à Cap-Breton. Pour ce qui est du Québec, je partage l'avis de M. Crête. C'est pourquoi j'avais pensé que Trois-Rivières pouvait faire l'affaire, en ce sens que cette ville n'est pas tellement éloignée de Montréal et qu'elle est francophone à presque 100 p. 100. On y respire le français.

Moi, je serais parfaitement d'accord pour aller à Rivière-du-Loup. Cela me permettrait d'aller visiter ma parenté à Pohénégamook. C'est vrai qu'à Rivière-du-Loup, il y a un cachet qu'on ne retrouve pas ailleurs, même à Trois-Rivières.

Cela dit, je voudrais qu'on songe à la stratégie «grand centre-petit centre» à condition de tenir nos séances dans la même journée, une le matin et l'autre en soirée. Cela n'entraînerait pas de dépenses additionnelles.

Deuxièmement, je ne voudrais pas qu'on oublie qu'il nous faut tenir des audiences à Ottawa. Je ne pense pas que le fait de voyager ailleurs au pays nous dispense de rencontrer les institutions nationales et les groupes nationaux. Il faudra tenir des audiences ici. Je ne dis pas cela parce que c'est mon patelin.

Il y a une dernière chose, et c'est l'histoire de ne pas vouloir voyager. On s'habitue à ce que le Parti réformiste ne soit pas membre du comité et ça va assez bien. On pourrait continuer comme cela.

[Traduction]

Le président: Monsieur Abbott.

M. Jim Abbott: Nos divergences d'opinions sautent aux yeux, mais je vous remercie du ton que vous avez utilisé au cours de la discussion et dans les questions.

Depuis son arrivée à Ottawa, il y a maintenant trois ans et demi, le Parti réformiste n'a accepté de se déplacer que pour des fins bien précises. Ainsi, comme l'a souligné M. Arseneault, j'ai fait partie du comité des ressources naturelles qui s'est déplacé lors de son étude des coupes à blanc. Il s'agissait d'une tâche bien particulière qui émanait d'un voyage que j'avais fait à Vancouver pour rencontrer des membres de l'Union européenne. Je ne veux pas dire par là que c'est grâce à moi que l'étude a eu lieu, mais c'est la réunion avec les membres de l'Union européenne qui a déclenché l'étude sur la coupe à blanc.

Nous sommes d'accord pour voyager dans la mesure où nous savons que cela permettra de réaliser certaines choses. Toutefois, j'ai également pris part aux consultations prébudgétaires qu'avait entreprises le comité des finances dans l'est du Canada, et je dois avouer que si bien intentionnés qu'aient pu être les membres du comité, ces déplacements n'ont servi qu'à jeter de la poudre aux yeux. Les audiences de Charlottetown ou celles de Lunenburg étaient toutes identiques les unes aux autres: à chaque fois, on entendait les mêmes professeurs d'université venir nous raconter la même chose.

J'étais malheureusement absent le jour où le mandat du comité a été adopté. C'est tant pis pour moi. Mais je dois dire que je ne suis pas très chaud devant ce mandat, car je crains que l'on ne puisse définir la culture, pas plus que l'on ne peut définir l'amour.

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Prenons le cas de la province de Québec. Je suis malheureusement - et je dis bien malheureusement - unilingue, mais je me fais un point d'honneur de voyager et, ce faisant, d'apprendre, en écoutant les gens; j'ai constaté qu'au Québec, il y avait une différence notable, à mon humble jugement, entre la culture de Montréal et la culture de la ville de Québec. Je n'ai jamais eu le privilège d'aller au Saguenay, mais ma femme et moi avons passé une semaine à voyager en Gaspésie, pour en apprendre un peu plus. À mon avis, les habitants de la ville de Québec et les Gaspésiens ne perçoivent pas de la même façon la culture.

Je peux vous parler d'autorité de la Colombie-Britannique, puisque j'y ai vécu toute ma vie, à dix ans près. La perception des habitants de Vancouver serait sans doute aux antipodes de celle des habitants de Prince Rupert; et on pourrait dire la même chose des habitants de Kelowna, ou de Prince George ou de Fort. St. John.

Prenez l'Ontario. Si l'on veut vraiment savoir ce que pense la population, pensons-nous que les gens de Thunder Bay vous diraient la même chose de la culture canadienne que ceux de North Bay ou de Peterborough? Ne pensez-vous pas qu'il y aurait de grandes différences d'opinions entre les gens de Windsor et ceux de Guelph, par rapport à ceux de Toronto?

Je ne sais si ce voyage peut servir à quoi que ce soit, mais si nous décidons que c'est le cas, je ne pense pas que le comité doive se limiter à une journée par province. À Windsor, les inquiétudes que l'on peut avoir au sujet de l'influence américaine n'ont rien à voir avec les préoccupations de la population à Thunder Bay.

Je répondrais sur le même ton amical qu'a utilisé M. O'Brien, lorsqu'il laissait entendre que le Parti réformiste voulait se faire du capital politique en cette veille d'élections: pourrait-on dire, dans la même veine, que les libéraux ne veulent se déplacer que pour qu'on les voie dans le feu de l'action? Des gens moins généreux que moi-même pourraient laisser entendre que la tentative des libéraux de définir la culture canadienne constitue peut-être une tactique préélectorale qui vise à mettre cette question à l'avant-scène.

Voilà ce qui explique notre décision.

[Français]

Le président: Monsieur Crête.

M. Paul Crête: Eh bien, qu'on soit en période préélectorale ou non, on a tous intérêt à ce que les gens comprennent ce qu'est la culture au Canada actuellement et sachent ce qui caractérise chacune des régions du pays et quelles situations ils pourraient avoir à vivre à l'avenir. C'est très important, quelle que soit l'issue des actes politiques qui seront posés. Je trouve important qu'on choisisse un bon échantillon des lieux qui nous permettrait, à la fin de la tournée, d'avoir saisi un peu le pouls de la ou des cultures de ce pays.

Plus tôt, on faisait la comparaison avec l'amour. Eh bien, l'amour se vit au quotidien et non pas dans les nuages. La culture ne se trouve pas non plus dans les nuages. Il faut bien se garder de se laisser influencer uniquement par les groupes de pression officiels très structurés. Ils ont leur place, ils sont présents et c'est normal, mais il faut qu'on se donne la chance d'aller parler aux gens de la façon dont se déroule la vie dans chacun des milieux. Pour ma part, je suis prêt à parier que les citoyens du Québec et du Canada sont suffisamment adultes politiquement pour faire la différence entre ce qui relève de la période préélectorale et l'occasion qui leur est donnée de pouvoir influencer l'action du gouvernement pendant les prochaines années.

[Traduction]

Le président: Puis-je intervenir brièvement? Monsieur Abbott, comme pourra vous le confirmer la secrétaire parlementaire, cette discussion remonte à l'époque où la ministre est arrivée en poste. Dès son arrivée, elle était d'avis que notre comité devrait se pencher sur cette question. Rappelons-nous aussi que notre culture a subi énormément d'assauts depuis l'avènement de l'OMC, de l'ALENA et d'autres échanges internationaux. N'oublions pas non plus l'incidence que peuvent avoir sur notre culture les nouvelles technologies.

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Dès son arrivée en poste, notre ministre a fait savoir à la secrétaire parlementaire et à moi-même que cette question devrait intéresser notre comité. À l'époque, nous étions pris par le projet de loi sur le droit d'auteur, mais nous avons plus de temps maintenant et nous ne pouvons pas ne pas nous poser la question.

On pourrait évidemment affirmer que c'est une tactique électorale. Pour ma part, j'ai du mal à le croire, car si les élections sont déclenchées, nous aurons à peine commencé notre travail. Nous aurons à peine commencé à voyager. Donc, s'il s'agissait d'une véritable tactique électorale, cela ne serait pas très futé de la part des libéraux.

Mais nous devons démarrer. Il ne s'agit plus de débattre de l'opportunité ou non de faire cette étude, étant donné que le comité a déjà pris la décision d'aller de l'avant. Ce débat-là est donc clos.

M. Jim Abbott: Je voulais expliquer notre position.

Le président: Nous avons également décidé que le pire, ce serait de nous prendre pour l'élite et d'attendre que le reste du Canada vienne à nous, ici dans la capitale nationale, pour nous raconter ce qui se passe ailleurs, nous qui savons toujours mieux que d'autres quoi faire. Je conviens avec vous que la culture de Windsor diffère de celle de Toronto, qui diffère à son tour de celle de Sudbury. Dans le meilleur des mondes, nous visiterions tous ces endroits. Mais vous rétorqueriez alors que notre budget ne suffirait pas et qu'il nous faudrait deux fois plus d'argent. Nous devons donc nous montrer raisonnables. Notre budget est déjà suffisamment élevé, et nous allons devoir faire des compromis.

Nous avons reçu cinq suggestions différentes d'itinéraires, auxquelles doivent s'ajouter les éléments de réflexion d'aujourd'hui. Pour ne pas prolonger indûment ce débat, je suggère de laisser tout entre les mains de la greffière et de nos documentalistes qui ont énormément d'expérience et qui savent combien ces voyages coûtent; nous les laisserons nous proposer un plan de voyage qui nous permettra de nous rendre dans les grandes villes. Nous ne pouvons en effet éviter de nous rendre à Toronto ou à Montréal.

En même temps, nous verrons s'il n'est pas possible d'ajouter d'autres destinations, tout en maintenant un budget raisonnable que nous devrons proposer sous peu au comité de liaison.

Voilà ce que je suggère. Nous pourrons donc vous présenter aussitôt que possible une proposition de calendrier. Vous pourriez peut-être donner à la greffière et à nos documentalistes quelques pistes de solution, à moins que vous ne préfériez que nous discutions à nouveau de tout ceci.

M. Pat O'Brien: Monsieur le président, je vous ai compris. Je ne veux pas prolonger indûment la discussion, mais j'ai tout de même quelques observations.

Je remercie le Parti réformiste d'avoir précisé sa position, car j'étais un peu confus, pour avoir déjà voyagé avec certains réformistes. Je suppose que les réformistes décideront à la pièce s'il vaut la peine pour eux de participer ou non à des déplacements. J'accepte cette décision.

Toutefois, je ne suis pas d'accord. Il me semble évident qu'il nous faut nous déplacer dès lors que nous voulons cerner l'identité canadienne. C'est évidemment une question difficile, mais il devient d'autant plus impérieux, à mon humble avis, de tenter de la résoudre et non pas de l'esquiver.

Il y a aussi autre chose qui vient tout juste de me sauter aux yeux, monsieur le président. Je comprends les problèmes d'ordre budgétaire, mais je remarque que le Grand Nord est une région absente de notre itinéraire.

Moi qui ai toujours vécu en Ontario, j'avoue que pour la plupart de mes concitoyens, il y a la culture de Toronto, puis la culture du reste de l'Ontario. M. Abbott a bien résumé la difficulté, même s'il vient de l'Ouest.

Le président: Belle observation.

M. Pat O'Brien: Enfin, je voudrais dire qu'il est important de sortir des grands centres, comme l'ont signalé plusieurs de mes collègues, tels que M. Crête, M. Arseneault, etc. J'ai eu le bonheur de visiter pour la première fois l'été dernier l'Irlande, le pays de mes ancêtres, et on m'a vite fait comprendre que si belle que puisse être la ville de Dublin, la véritable Irlande ne se trouvait qu'à l'extérieur de la ville. C'est sans doute vrai pour n'importe quel pays au monde. Voilà pourquoi il serait dommage de nous en tenir uniquement aux capitales des provinces et de ne pas visiter les plus petits centres.

J'en ai assez dit, monsieur le président.

Le président: M. Arseneault, puis Mme Phinney.

.1140

M. Guy H. Arseneault: Brièvement, au sujet de l'Ouest.

M. Abbott étant le seul représentant de l'Ouest au comité, pourrait-il nous suggérer certains endroits où nous pourrions nous rendre dans l'Ouest, sans qu'il transige pour ce faire avec son principe. Nous serions heureux d'entendre ses suggestions.

Sans vous forcer à transiger avec votre principe, je vous demande de nous aider, vous qui connaissez l'Ouest, et particulièrement la Colombie-Britannique. Où pourrions-nous nous rendre, ailleurs qu'à Vancouver ou à Victoria?

M. Jim Abbott: Sans transiger avec mon principe, comme vous dites, je peux vous dire que les deux tiers de la population de la Colombie-Britannique habitent dans un rayon de 100 milles de Vancouver. C'est sans doute la même chose que ce qui se passe avec la ville de Toronto et sa culture comme le signalait M. O'Brien.

Si vous regardez l'île de Vancouver, et la population qui se trouve entre Nanaïmo-Nord et Campbell River, vous trouverez l'équivalent de cette population tout éparpillé le long de la côte jusqu'à Prince Rupert, c'est-à-dire, à deux heures de là par avion. Autrement dit, tout se joue le long de la côte.

Si vous vous rendez à Prince Rupert et à Fort St John, même si ces deux centres sont à deux heures de voiture l'un de l'autre, ils se ressemblent beaucoup, ce qui traduit une certaine unité, celle du district de Cariboo.

Plus au sud, dans la vallée de l'Okanagan, il vous faudrait sans doute choisir entre Kamloops et Kelowna. J'imagine que les habitants de ces deux villes ne seraient pas ravis de me l'entendre dire, mais on peut parler de grandes similitudes et de choses qui les distinguent nettement.

Dans ma propre région du pays, les Kootenay, il y a toute une différence entre Kootenay Est et Kootenay Ouest. Il est malheureux que ces deux circonscriptions portent le même nom. Il aurait mieux valu qu'elles portent deux noms différents, comme Columbia et Kootenay, par exemple, ce qui permettrait de bien les distinguer l'une de l'autre.

Je comprends pourquoi vous avez posé la question. D'ailleurs, cela revient justement à ce que j'essayais de vous faire comprendre. Si vous voulez vraiment essayer de cerner la culture de la Colombie-Britannique, vous pourriez vous rendre dans cinq régions différentes, celles dont je vous ai parlé. Vous entendriez ainsi des rapports aussi différents qu'entre Kootenay-Est et Kootenay-Ouest.

Je ne veux pas vous convaincre de quoi que ce soit, mais il y a tant de différences d'un coin à l'autre de la Colombie-Britannique, que vous pouvez tout aussi bien vous en tenir à Vancouver, si vous voulez. Mais en vous rendant à Kelowna, vous n'auriez aucune idée de ce qui se passe à Vancouver, à Victoria, à Prince Rupert ou dans les Kootenay.

M. Guy H. Arseneault: Pour faire l'inventaire de toutes les différentes cultures au Canada, il faut savoir ce qui marque la culture canadienne en général et connaître les préoccupations.

Le président: Je voudrais apporter une précision. Notre mandat est très clair. Il ne s'agit pas de définir ni la culture du Québec ni celle de la Colombie-Britannique, ni de définir les différences qui existent entre une ville et une autre. Ce que nous essayons de définir c'est ceci: il existe nombre de programmes et de lois fédérales qui ont une incidence sur la culture. Il existe aussi toutes sortes d'instruments et d'institutions culturels. Nous devons nous demander comment ils s'adaptent à l'aube d'un nouveau siècle. Nous voulons donc savoir ce qu'en pense des Canadiens représentatifs de leurs concitoyens pour savoir quelles modifications il nous faut apporter à la culture dite fédérale.

Il ne faut pas se leurrer: les distinctions qui existent d'une province à l'autre ou d'une région à l'autre du Canada se retrouveront également d'une ville à l'autre ou d'une région à l'autre. Cela saute aux yeux. Nous n'essayerons donc ni de changer cela ni de les définir toutes.

Madame Phinney.

Mme Beth Phinney (Hamilton Mountain, Lib.): Je crois qu'on en a suffisamment discuté.

Le président: Je le crois aussi.

Mme Beth Phinney: Plutôt que d'entendre chacun faire un discours politique, et prendre la parole pour figurer au procès-verbal, je voudrais...

Je me contenterai de dire que j'aime bien l'idée de rassembler Banff et Calgary, et Montréal et Trois Rivières aussi, mais je crois qu'il faut laisser à nos documentalistes et à la greffière la décision quant aux destinations, pour qu'elles soient le plus profitable. Je leur demanderais simplement d'attendre encore un peu avant de faire des dépôts pour réserver les chambres d'hôtel.

Le président: Très bien. Sommes-nous d'accord pour demander à la greffière et au documentaliste de trouver une formule permettant de combiner les grandes villes avec un petit centre, par exemple Toronto et Niagara ou quelque chose du genre, et ensuite nous proposer un itinéraire, en respectant les paramètres établis dans le budget avec une marge de 10 p. 100?

S'il y a encore divergence de vue parmi les membres, il nous faudrait une autre réunion pour prendre la décision. Sinon, nous allons leur demander leur avis par téléphone, nous mettre d'accord sur un calendrier et prendre nos arrangements.

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Je suppose que

[Français]

tous les membres du comité sont disposés à se joindre excepté ceux du Parti réformiste. Monsieur Crête, vous êtes en faveur de l'idée de voyager. Donc, il y aura tous les députés libéraux et les...

[Traduction]

M. Guy H. Arseneault: Cela n'empêche pas les réformistes de se joindre à nous.

Le président: Non, ils pourraient toujours changer d'avis.

M. Guy H. Arseneault: C'est simplement une position.

Le président: Oui.

M. Guy H. Arseneault: Je crois qu'il y a des secteurs qui intéresseraient vivement le Parti réformiste.

Le président: Absolument.

On pourrait peut-être maintenant passer aux travaux futurs. Vous vous rappelez que lorsque

[Français]

le vérificateur général est venu la semaine dernière, nous avons malheureusement dû interrompre à cause d'un vote. Alors, la date arrêtée maintenant pour le vérificateur général est le 20 mars.

[Traduction]

Nous prévoyons donc une réunion avec le vérificateur général concernant les parcs jeudi le 20 mars. Il avait été entendu

[Français]

qu'avant les vacances de Pâques,

[Traduction]

nous essaierions de faire préparer par les documentalistes un document sur notre mandat pour nous mettre au courant de la situation et nous préparer pour notre voyage. Le seul jour qui nous reste c'est mardi de la semaine prochaine, le 18 mars. Malheureusement, vous ne recevrez pas le document dans votre bureau avant le lundi 17 mars. Alors vous recevrez lundi les documents pour la réunion de mardi. La séance de mardi sera donc une séance d'information. Vous pourrez rapporter le document avec vous pour les vacances de Pâques, et on y proposera aussi une liste de témoins.

Mme Beth Phinney: Avez-vous dit qu'il y a une réunion prévue le mardi 18 mars?

Le président: Oui. Nous aurons une réunion le mardi 18 mars pour examiner l'exposé préparé par les documentalistes. Vous recevrez le document lundi.

Mme Beth Phinney: À quelle heure?

Le président: Ce sera entre 11 heures à 13 heures. Nous aurons ensuite une réunion jeudi pour entendre le vérificateur général avant les vacances de Pâques. Cette réunion aura aussi lieu à 11 heures.

Mme Beth Phinney: Avons-nous une réunion ce jeudi?

Le président: Non, le jeudi suivant, pas ce jeudi-ci. Est-ce bien clair?

[Français]

Voulez-vous discuter d'autres sujets?

[Traduction]

La séance est levée.

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