INTRODUCTION
Le 24 octobre 1996, le Comité a entamé une série d'audiences portant sur les sciences et la technologie, ainsi que sur le «déficit d'innovation» au Canada. Les sciences et la technologie (S-T) sont une clé de voûte de notre prospérité économique de demain. Pour être en mesure d'augmenter la productivité des industries existantes et de créer des emplois dans les nouvelles industries, la communauté scientifique doit être solide et l'entreprise ouverte à l'innovation. Nous avons donné à nos réunions la forme de tables rondes pour favoriser le libre échange d'idées entre les représentants de l'industrie et du milieu scientifique. C'est ainsi que le Comité a tenu dix tables rondes et entendu soixante-deux témoins. C'est avec gratitude que nous remercions toutes les personnes qui ont pu, malgré leur emploi du temps chargé, prendre part à nos réunions.
Comme l'ont fait remarquer plusieurs témoins, il importe d'envisager le système
d'innovation du Canada dans son ensemble. Le diagramme suivant, préparé par Robert
McLean de la Fédération internationale des instituts de hautes études, procure une vue
globale sur le système d'innovation et sur les liens qui unissent ses diverses composantes.
La stratégie fédérale prévoit un rôle, pour le gouvernement, qui est moins axé sur la gestion et le déploiement de la recherche-développement (R-D) fédérale et davantage axé sur la consolidation du système d'innovation canadien.
L'innovation se fait autant à l'échelon régional et local qu'à l'échelle nationale. Un contexte propice à l'innovation est le résultat de l'esprit de direction et du dynamisme de regroupements sectoriels ainsi que des établissements financiers qui répondent à leurs besoins, des établissements d'enseignement et de formation à l'écoute de ces besoins, des établissements de recherche locaux, des chambres de commerce, des administrations municipales, provinciales et territoriales, des entrepreneurs et de biens d'autres parties.
Le défi du Canada consiste à tout mettre en oeuvre pour créer un système d'innovation efficace et solide, en vue d'une action synergique optimale entre tous les ordres de gouvernement, les secteurs d'activité et les régions. Cela s'avère encore plus important pour un pays de moyenne envergure comme le Canada, qui dispose de moins de ressources que ses principaux partenaires commerciaux, mais qui doit soutenir la même concurrence. Or, ce facteur ne devrait pas constituer un obstacle, puisque des pays encore plus petits ont réussi à créer des systèmes d'innovation qui leur conviennent. Il faut chercher délibérément à stimuler l'innovation au pays. Il faut donc comprendre le fonctionnement du système d'innovation, tirer parti de ses points forts et en corriger les points faibles, et aussi mettre à contribution tous les participants et repenser le rôle du gouvernement fédéral. Voilà la pierre angulaire de la stratégie adoptée par ce dernier pour bâtir une économie plus novatrice11.
L'histoire permet de retracer des cas de pays où les systèmes d'innovation n'ont pas su rencontrer les défis offerts par de nouvelles technologies.
[N]ous avons eu tout d'abord la révolution industrielle caractérisée par la vapeur. Nous connaissons bien ses effets. La deuxième révolution a consisté à remplacer la vapeur par l'électricité. Là aussi, nous en connaissons bien les effets. La troisième révolution, dans laquelle nous sommes, est celle de l'information; elle consiste à remplacer les neurones par des puces électroniques. Je précise que ce sont les systèmes à faible intelligence mis en place au sein de notre société qui ont rendu un grand nombre de choses possibles, depuis la génétique, par exemple, jusqu'au système de pilotage de l'aéronef qui m'a amené ici.
L'une des caractéristiques de ces révolutions, c'est que l'on est perdant si l'on ne fait pas les investissements qui s'imposent. Le problème, c'est qu'elles sont longues à s'installer. Elles ne se produisent pas sur un an ou sur dix ans. Nous savons que la deuxième révolution a mis plus de 40 ans pour produire véritablement tous ses effets, entraînant des répercussions complexes sur la société. . .
Vous pouvez voir que la richesse par habitant au Royaume-Uni, en dollars de 1990 [. . .] met ce pays au 23e rang dans le monde aujourd'hui alors qu'il était premier en 1900. Il s'est retrouvé dans cette situation parce qu'il a omis de faire ce qui est peut-être le plus important dans ce domaine, soit d'investir en fait dans la nouvelle économie.
À mesure que progressait notre travail en tables rondes, il nous est apparu évident que nous devions élargir notre mandat de manière à tenir compte du degré de participation étrangère à l'économie canadienne et de son incidence sur le déficit d'innovation. Comme l'indique l'OCDE, la R-D financée de sources étrangères est proportionnellement bien plus importante que dans les autres pays de l'OCDE et, pourtant, l'exécution de travaux de R-D là où se trouve le siège social d'une entreprise étrangère peut être responsable de la faible intensité de la R-D effectuée au Canada. Plusieurs témoins ont exprimé de graves inquiétudes au sujet du bassin d'ingénieurs et de diplômés en informatique lorsqu'ils ont traité de la cinquième question du mandat du Comité portant sur la capacité des institutions canadiennes de satisfaire les besoins des industries de haute technologie en main-d'oeuvre qualifiée. De bons emplois restent vacants et des projets producteurs de richesses ne peuvent prendre forme. Ces questions doivent être approfondies et c'est pourquoi nous désirons tenir d'autres tables rondes avant de présenter notre rapport final.
Ce rapport provisoire comporte un résumé des témoignages entendus par le Comité ainsi que des recommandations formulées à l'intention du ministre des Finances en vue du prochain budget.
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Les sciences et la technologie à l'aube du XXIe siècle : La stratégie fédérale, mars 1996, p. 5.