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TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le vendredi 1er novembre 1996

.0900

[Traduction]

Le président: La séance est ouverte. Conformément à l'article 108.(2) du Règlement, le Comité des ressources naturelles poursuit son étude sur le développement rural. Je suis particulièrement heureux d'accueillir ici à Huntsville mes collègues qui sont venus participer aux audiences d'aujourd'hui.

Comme vous le savez tous, notre comité a entrepris cette étude au printemps à Ottawa. Nous avons entendu un certain nombre de témoins. Cette semaine et la semaine prochaine nous sillonnerons le Canada afin de recueillir les témoignages et les points de vue des gens qui travaillent dans ce domaine à l'échelle locale. Je suis heureux aujourd'hui d'accueillir Tim West et Bill Spinney du Parry Sound Area Community Business and Development Centre Inc.

Messieurs, je crois comprendre que vous nous présenterez chacun un exposé de cinq minutes. Les députés pourront ensuite vous poser des questions.

Monsieur Spinney.

M. Bill Spinney (agent de développement économique, Parry Sound Area Community Business and Development Centre Inc.): Merci beaucoup, Andy.

Bonjour, mesdames et messieurs.

Les obstacles au développement économique dans Parry Sound-Ouest.

Le développement économique signifie différentes choses pour les gens. Aujourd'hui, je ne tenterai pas de définir ce qu'est le développement économique, mais plutôt de trouver les façons de le stimuler.

Un bon point de départ est peut-être plus près que nous ne le pensons, c'est-à-dire dans notre coeur et notre esprit. L'attitude que nous adoptons dans toute situation donnée influence inévitablement les résultats.

La région de Parry Sound-Ouest connaît sa part de problèmes. Ces problèmes sont réels, certains assez importants, mais pas insurmontables. Grâce à l'aide d'Industrie Canada et d'autres partenaires, le Parry Sound Area Community Business and Development Centre tente de donner l'étincelle positive qui apportera la croissance durable à long terme dans notre collectivité.

Je vais vous donner un bref aperçu des quatre principaux obstacles auxquels nous devons faire face dans la région de Parry Sound-Ouest et de certaines des mesures que nous tentons de prendre pour les surmonter. Le premier obstacle est celui de la volonté politique locale.

Comme dans toute collectivité, j'en suis certain, il y a au sein de notre collectivité des factions qui continuent d'entraver toute initiative qui pourrait entraîner des changements susceptibles de menacer leurs enjeux dans le domaine. Les rancunes et les partis pris personnels qui existent depuis des décennies n'aident pas à améliorer notre image pour ceux qui veulent investir dans notre région.

Les temps changent, cependant. Tous les paliers de gouvernement sont en train de rationaliser. Coopération, partenariat et rationalisation sont les mots clés dans la lutte pour faire face à de tels changements. Notre organisation réussit assez bien à réunir tous les paliers de gouvernement autour d'une même table pour parler des problèmes communs, des solutions à ces problèmes que nous pouvons trouver ensemble et comment nous pouvons le faire avec moins d'argent.

Le deuxième obstacle est celui de l'accès au capital.

Le secteur des banques a eu un effet dévastateur sur l'économie canadienne en général, mais l'impact a été beaucoup plus considérable dans le Canada rural. Votre banquier local n'a plus l'autonomie de prendre les décisions les plus banales en matière de prêts ni la capacité d'influencer les politiques élaborées sur la rue Bay. Vous pouvez comprendre la différence qui existe entre les prêts accordés dans les régions urbaines et ceux accordés dans les régions rurales. Les connaissances locales que l'on acquiert dans des situations de prêts dans des régions rurales ont disparu. Le système de scorage et le crédit garanti par l'État sont à l'ordre du jour.

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Le Community Business Development Centre a tenté de combler le vide grâce au portefeuille de prêts que nous gérons. La participation locale, les décisions locales, la reconnaissance du risque, l'établissement de prix en fonction de ce risque et l'effet de levier des petits montants dont nous disposons pour aller en chercher de plus importants sont des éléments clés du rôle que nous allons continuer à jouer.

Ce qui est troublant, c'est que pendant toute la récession, et même à l'heure actuelle alors que nous sommes sur la voie de la reprise économique, nous avons encore davantage besoin d'aide au niveau des prêts. Les banques se retranchent davantage derrière les garanties de l'État. Les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas. Malgré les efforts de la Banque du Canada pour mettre des fonds à la disposition des entreprises, les prêteurs ne prêtent pas, les entreprises ne se développent pas, il n'y a pas d'emplois créés et les attitudes demeurent négatives. Nous sommes pris dans un bouchon.

Le troisième problème, c'est le manque d'infrastructure. Je parle ici précisément de la nécessité d'améliorer les réseaux de communications dans la région de Parry Sound-Ouest pour répondre à la demande croissante d'accès à Internet et à la technologie qui y est associée. Nos lignes téléphoniques et nos réseaux de commutation sont parmi les plus vétustes au pays et il faudra sérieusement les améliorer si nous voulons attirer de nouveaux investissements dans la région.

Le fait que nous n'ayons pas de services de gaz naturel constitue également un obstacle pour de nombreux gens d'affaires qui envisageraient de venir s'installer dans notre collectivité. Le terrain naturel, l'éloignement des principales lignes d'alimentation le long du corridor de la route 11 et ce qu'il en coûterait pour surmonter ces problèmes font en sorte que le coût de fourniture de ce service serait prohibitif.

Je suis heureux de dire que nous faisons des progrès sur ces deux fronts. Bell Canada s'est engagée à améliorer certains de nos réseaux au cours du second ou du troisième trimestre de 1997.M. Mitchell a organisé une rencontre entre le premier vice-président du marketing de Bell et les maires et présidents du conseil municipal de notre région pour discuter de la question des appels locaux en espérant que nous pourrons ainsi éliminer les frais d'interurbain à l'intérieur du secteur commercial de Parry Sound-Ouest.

En ce qui a trait au gaz naturel, Centra Gas de North Bay examine de nouveau la possibilité de construire une ligne le long du corridor 518. Il s'agit d'un projet à plus petite échelle que le précédent, mais cela permettrait tout au moins d'obtenir le service de notre côté du district, et c'est un départ.

Le quatrième problème est celui des partenariats de financement. À plusieurs reprises, les législateurs fédéraux et provinciaux ont parlé directement de la nécessité du cofinancement de projets comme ceux que je viens de mentionner. Malheureusement, ce message ne semble pas être compris par la bureaucratie qui administre de tels programmes. Les entreprises du secteur privé doivent, dans nombreux cas en collaboration avec leurs concurrents, accepter de travailler ensemble, et les plans de commercialisation conjointe sont un exemple parfait de la façon dont on peut combiner les ressources pour faire un meilleur travail tout en réduisant les coûts au minimum.

C'est la mentalité qu'il faut insuffler aux agents d'exécution des programmes gouvernementaux. Partager les dépenses, partager les mérites, afin que nous puissions tous en profiter. Notre organisation tente donc de prendre les devants par exemple, comme équipe parrainée par le fédéral pour attirer des investissements municipaux et provinciaux et des organismes du secteur privé comme la Chambre de commerce, en réunissant tous les intervenants pour faire le travail que l'on planifie depuis des années, que ce soit des plans de commercialisation, d'amélioration des services de Bell Canada ou de services de gaz naturel.

Bon nombre d'entre nous ont consciemment décidé de quitter la ville pour venir vivre dans le Canada rural, sachant fort bien que ce faisant nous devions renoncer à certains agréments en échange des charmes naturels auxquels nous attachons une très grande valeur. Il faut donc être très prudent, lorsque nous voulons encourager la croissance et le développement, afin de ne pas détruire l'environnement naturel qui nous a attirés ici, en premier lieu. Nous devons tenter de maintenir un équilibre qui est très délicat.

Je vous remercie de l'occasion que vous m'avez donnée de venir aborder ces questions avec vous aujourd'hui. J'aimerais maintenant donner la parole à M. Tim West, président du West Parry Sound Area Community Business Development Centre, qui travaille pour l'Ontario Federation of Snowmobile Clubs.

M. Tim West (président, Parry Sound Area Community Business Development Centre Inc.): Je dois dire que je ne regrette absolument pas toute cette neige qui est tombée sur la région récemment. Tout le monde n'est pas de cet avis, mais moi j'aime la neige.

Tout d'abord, je vous remercie de nous avoir invités. Je vous ai remis un vidéo - il est un tout petit peu différent - Partners on Snow. Vous l'avez devant vous. Nous n'allons pas vous le montrer aujourd'hui. Il y a également de l'information générale. Malheureusement à cause de la neige, je n'ai pu obtenir les photocopies de mon exposé. Elles sont dans le bureau de M. Mitchell, et nous vous les ferons parvenir. Je vais donc commencer.

Je vous remercie de l'occasion qui m'est donnée de vous parler aujourd'hui. Comme on l'a mentionné, je suis directeur des relations externes pour l'Ontario Federation of Snowmobile Clubs. Au cours des cinq prochaines minutes, j'aimerais vous parler de la grande popularité que la motoneige est en train d'acquérir. Je vais vous donner des chiffres pour la saison l'an dernier en Ontario et je vous donnerai des chiffres pour le Canada également.

Nous entretenons 46 000 kilomètres de sentiers de motoneige en Ontario. C'est le double de la longueur des routes provinciales en Ontario. L'an dernier, nous avons vendu 190 000 cartes de membres familiales en Ontario seulement. Nous avons vendu 106 000 permis de motoneige d'au moins 80$ chacun l'an dernier, ce qui nous donne un budget d'exploitation d'environ 8,5 millions de dollars directement attribuables au système d'utilisateur-payeur.

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Une somme supplémentaire de 12 millions de dollars a été dépensée par les bénévoles et par les clubs à partir de fonds qu'ils ont générés eux-mêmes. L'an dernier, nous avons eu un impact économique direct global d'environ 652 millions de dollars en Ontario seulement. Je ne parle ici que des motoneigistes ontariens, sans tenir compte des visiteurs du monde entier qui viennent ici pour pratiquer la motoneige.

Par ailleurs, l'an dernier 41 décès ont été causés par la motoneige. L'Ontario Snowmobile Safety Committee travaille en partenariat avec un certain nombre d'organismes et nous sommes heureux d'annoncer que la région de Parry Sound accueillera un projet pilote pour ce que nous appelons «l'accès aux accidents» sur les sentiers. Nous travaillerons en collaboration avec la police, le service des pompiers bénévoles et le ministère ontarien de la Santé pour nous assurer que si quelqu'un est blessé, nous puissions lui porter secours sur les pistes.

Pour ce qui est du Conseil canadien des organismes de motoneige, nous avons 112 255 kilomètres de sentiers au Canada. L'an dernier, nous avons vendu 245 200 permis, ce qui représente des dépenses d'un peu plus de 1,4 million de dollars l'an dernier par les motoneigistes canadiens.

La motoneige qui était au départ tout simplement une activité récréative est devenue un gros commerce. Dans le nord du Canada et dans le centre et le nord de l'Ontario, nous avons des quantités considérables de cet or qu'on appelle la neige. Je pense que c'est une ressource que nous aurons encore longtemps, du moins je l'espère. Si c'est quelque chose que vous pouvez contrôler à Ottawa, alors n'hésitez pas à nous aider. Nous aimons la neige. Mais je suis certain que vous savez que je suis la cible de critiques négatives tous les jours avec la neige qui s'en vient.

J'aimerais maintenant mentionner quelques bonnes nouvelles. Du point de vue du gouvernement fédéral, voici comment vous pourriez aider le sport de la motoneige grâce à vos programmes. FedNor et ses équivalents dans les Maritimes, au Québec et dans les Prairies ont considérablement aidé. Grâce à l'accès au programme en vertu de l'article 25, dans certaines régions, nous avons pu aller chercher près de 100 p. 100 des fonds disponibles. Nous avons réussi à utiliser le programme pour répondre aux besoins de toutes les parties intéressées, particulièrement si l'on considère que nous avons créé des emplois d'hiver. Nous avons besoin de gens ici en hiver pour faire l'entretien des sentiers, etc. Auparavant, le programme Développement des collectivités a également aidé pour ce qui est de l'aménagement des sentiers et des achats pour l'entretien de ces sentiers.

Comment le gouvernement fédéral peut-il nous aider à l'avenir? En tant qu'organisme, nous avons besoin de nous procurer des terres et cela nous pose un problème. Il y a les propriétaires de terres privées... Par ailleurs, 80 p. 100 des terres sont contrôlées par le ministère ontarien des Ressources naturelles.

Un gros problème à l'heure actuelle consiste à obtenir les lignes ferroviaires abandonnées. C'est un atout important pour nous car elles traversent les collectivités et ce sont des sentiers bien établis. Nous tentons à l'heure actuelle de travailler avec les gouvernements fédéral et provincial en vue d'obtenir ces lignes ferroviaires abandonnées pour le public. Par ailleurs, nous sommes en train d'établir des partenariats privés avec Bell Canada, Hydro Ontario et d'autres associations afin que nous puissions tous partager ces corridors.

Une autre possibilité serait de prendre les dollars fiscaux provenant de la motoneige et de les réinvestir dans l'industrie du tourisme d'hiver. On pourrait ainsi fournir des capitaux de lancement aux associations locales de motoneige pour embaucher des administrateurs rémunérés. Il s'agit d'une entreprise. Ce n'est plus un réseau de bénévoles. Nous devons être en mesure de générer des fonds pour aider ces régions au fur et à mesure qu'elles créent des associations et qu'elles doivent rémunérer des administrateurs. Il pourrait y avoir par exemple des cours de formation pour les pisteurs, des programmes d'éducation pour les opérateurs de matériel lourd pour l'entretien des sentiers en hiver. Des fonds pourraient être consacrés à la recherche et à des études importantes.

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Quelle est l'importance de la motoneige pour les collectivités rurales? Il suffit d'en constater l'impact pour en mesurer l'importance. Moi je vous dis aujourd'hui que cela a un impact profond, mais vous pouvez en douter facilement. Ici, dans la région de Muskoka-Parry Sound, une bonne saison de neige met dans une bonne position économique les établissements touristiques qui comptent sur les motoneigistes.

Je vous encourage à regarder le vidéo de 10 minutes lorsque vous en aurez le temps. On y parle des partenaires que nous avons pu trouver dans le secteur privé. Pour les fabricants et tous les paliers de gouvernement, c'est une combinaison gagnante à l'heure actuelle et nous devons tout simplement aller encore un petit peu plus loin.

En conclusion, j'aimerais dire que le gouvernement fédéral a été et sera, je l'espère, un partenaire dans le développement de la motoneige au Canada. L'Ontario et le Québec sont des chefs de file mondiaux dans ce secteur. Les fabricants de motoneige, l'industrie des pièces de rechange, notre secteur du tourisme d'hiver et de nombreux autres partenaires doivent avoir l'assurance que la motoneige est un secteur solide et fort à l'approche du nouveau millénaire.

Encore une fois merci, et je remercie tout spécialement M. Mitchell de son intérêt pour cette nouvelle industrie d'hiver.

Le président: Merci. Nous allons commencer la ronde des questions avec M. Asselin.

[Français]

M. Asselin (Charlevoix): Comme l'expliquait le président à l'ouverture de la séance ce matin, le Comité permanent des ressources naturelles est préoccupé par le développement rural. Cette semaine, le comité s'est déplacé vers les régions de l'Ouest et, la semaine prochaine, il ira dans l'Est.

Le but du comité est de recueillir des témoins des suggestions qui pourraient améliorer les conditions d'emploi et d'exploitation des ressources au niveau du développement rural. Vous avez parlé de quelques problématiques et avez dit que vous cherchiez l'étincelle pour stimuler la croissance économique dans votre région. Si on est ici aujourd'hui, c'est sûrement parce que le gouvernement et le comité cherchent aussi l'étincelle pour stimuler la croissance économique. Sinon, on ne serait pas ici.

Vous avez fait un excellent exposé, mais j'aimerais que vous fassiez part au comité des priorités sur lesquelles le gouvernement fédéral devrait concentrer ses efforts afin que le comité puisse les inclure dans son rapport. Si possible, dites-nous quelles sont vos trois principales priorités.

[Traduction]

M. Spinney: Notre priorité se retrouve sans doute à la page 2, point numéro 2, sous la rubrique «Accès au capital», obtenir la confiance des banques qui peuvent soit donner ou détruire la confiance dans une collectivité. Je sais que M. Mitchell a déjà travaillé dans des petites succursales bancaires, comme moi. Rien n'est plus stimulant que les rapports avec les directeurs de la succursale locale et la confiance que l'on peut développer dans une collectivité lorsqu'on a le directeur de la banque de son côté.

En toute honnêteté, je ne sais pas quelle pression on pourrait exercer sur les cinq grandes banques au pays, soit en ouvrant les institutions bancaires à une plus grande concurrence à l'extérieur de la région, soit des banques américaines, européennes ou japonaises. Augmenter le niveau de concurrence pourrait peut-être stimuler nos propres banques à charte afin qu'elles fassent davantage preuve d'initiative.

J'aimerais revenir un petit peu en arrière. Je pense que si on examine les pertes qu'ont subies les grandes banques au cours des quatre à cinq dernières années, pendant la récession, il serait très intéressant de voir où ces pertes se sont produites. Est-ce qu'elles se sont produites dans le Canada urbain ou dans le Canada rural? On s'aperçoit, je pense, qu'une bonne partie peut être attribuée aux grands centres urbains, à d'importants projets de développement urbain qui ont été un échec plutôt qu'aux petites entreprises du nord de l'Ontario, du nord du Québec ou du nord de la Saskatchewan. Je pense que c'est là le problème.

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On a perdu confiance dans les centres urbains, et les politiques ont été dictées pour s'attaquer à ces problèmes, mais la politique a un impact négatif sur le Canada rural, où - je ne dis pas que ce sont de meilleurs gens d'affaires - la simplicité est ce qui réussit le mieux. Je pense que dans de nombreux cas, notre simple homme d'affaires du nord de l'Ontario a assez bien réussi au cours des cinq dernières années, si on tient compte du manque de confiance que lui ont accordée ses institutions de prêt.

L'infrastructure serait sans doute la deuxième priorité. Andy connaît très bien les problèmes que nous avons dans Parry Sound-Ouest en ce qui à trait à notre infrastructure de télécommunications et de téléphone que nous tentons d'améliorer à l'heure actuelle. La concurrence est peut-être un élément qui inciterait Bell Canada à prendre des mesures pour améliorer l'infrastructure. C'est l'effet de la concurrence, et je reviens à ce que je disais au sujet des banques. Le fait d'imposer une plus grande concurrence aux grandes institutions bancaires les incitera peut-être à aider davantage le Canada rural et à collaborer davantage avec ce dernier.

Le gaz naturel, encore une fois, est un service qui coûte très cher, comme je l'ai dit. Il ne s'agit pas tout simplement de creuser dans le sable et dans la terre avec une rétrocaveuse. Dans le nord du pays, il faut creuser dans le roc. Le roc fait partie de la beauté de cette région, mais il représente cependant un obstacle important pour ce qui est du coût d'aménagement de ces services dans une région.

Notre collectivité est petite, mais nous pensons que nous pouvons la développer. L'aménagement d'une telle infrastructure dans la région aidera à la développer.

M. West: Pour ce qui est de l'industrie de la motoneige, nous aimerions pouvoir tabler sur les atouts que nous avons au Canada.

M. Mitchell et moi-même avons fait un exposé il y a quelques années à Tourisme Canada et l'un de nos arguments était que ses représentants allaient dans les pays européens et au Japon pour encourager les gens à venir ici faire du traîneau à chien - c'est une idée vraiment romantique - mais je n'ai pas vu tellement de gens venir du Japon et de l'Allemagne pour faire du traîneau à chien.

Au Canada, nous voulons donner une idée très romantique de ce que nous faisons ici. Je ne vois pas les Autochtones habillés dans leurs costumes folkloriques. Ils portent maintenant des complets.

J'ai dit à Tourisme Canada que nous avions une industrie de catégorie mondiale, alors pourquoi ne pas commencer à promouvoir la motoneige. Ses représentants ont commencé à nous écouter. Mais nous avons dû insister considérablement avant qu'ils nous écoutent.

Tabler sur nos atouts. Nous avons la neige. En Allemagne, en Russie et dans tous ces pays, ils n'ont pas la possibilité de faire de la motoneige. La population là-bas augmente comme dans le monde entier, alors pourquoi ne pas tabler sur nos atouts et travailler ensemble à développer cette industrie du tourisme d'hiver.

[Français]

M. Asselin: Le sport de la motoneige est intéressant et, comme vous l'avez dit, il se développe de plus en plus.

Je viens de la circonscription de Charlevoix, sur la Côte-Nord, une région du Québec qui compte beaucoup d'adeptes de la motoneige. J'aimerais savoir si vous recevez une aide financière des associations touristiques et du gouvernement provincial ou si les membres et les clubs s'autofinancent.

[Traduction]

M. West: Lorsque nous avons commencé, nous avons adopté le système de l'utilisateur-payeur. Il y a un certain nombre d'années, les gens ont décidé d'adopter un système d'utilisateur-payeur, et nous les remercions de leur perspicacité.

Nous avons pu utiliser cet argent pour investir. Il y a quatre ans, la province de l'Ontario a investi 14 millions de dollars dans la motoneige. Nous avons dû investir en contrepartie huit millions de dollars à même nos propres fonds pour pouvoir développer la motoneige grâce à un programme intitulé SNO-TRAC, mais il s'agissait strictement d'une possibilité d'investissement. C'est ce qu'on nous a dit. Le projet devait permettre de réaliser des profits.

On a donc introduit des frais de permis de 15$. On a fait le calcul sur une période de cinq ans. L'Ontario recevait 14 millions de dollars, mais c'était un investissement. Nous avons pu participer à ce projet en tant que partenaire. Allons-nous un jour laisser tomber le système de l'utilisateur-payeur? Absolument pas, car si nous laissons tomber ce système de l'utilisateur-payeur, nous devrons alors subir les caprices d'un partenaire et ce, à tous les paliers de gouvernement. Ce serait tout à fait idiot.

Ce serait comme si on disait à quelqu'un: «vous ne devez plus payer» et revenir dans trois ans en disant: «oh, nous avons perdu notre financement et vous devez maintenant payer, car cela ne va pas fonctionner».

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Nous avons donc pu travailler en partenariat, à tous les paliers de gouvernement, et c'est devenu une réalité. Nous espérons que nous pourrons devenir financièrement autonomes grâce à notre système d'utilisateur-payeur, car nous sommes convaincus que les gens devraient payer pour leurs activités, et qu'ils sont prêts à payer. Cependant, les consommateurs disent qu'ils ne peuvent payer que dans une certaine mesure à l'heure actuelle et que nous devons les subventionner.

[Français]

M. Asselin: Une partie des cotisations des membres va au club pour l'entretien, etc., mais il y en a une partie qui va à la fédération. À quoi sert l'argent qui va à la fédération?

[Traduction]

M. West: En Ontario, 60$ restent dans le club et 20$ vont à la fédération pour acheter l'assurance-responsabilité. Nous devons acheter cette assurance pour nos clubs. Cela nous coûte environ 300 000$ par an. La fédération s'occupe de financer nos programmes de sécurité et notre programme environnemental et le fonctionnement de notre bureau à Barrie, qui est le bureau central pour tout l'Ontario.

Le président: Merci.

Monsieur Wood.

M. Wood (Nipissing): Merci, monsieur le président. J'aimerais parler à Bill quelques secondes au sujet des banques.

Je suppose que si vous avez une petite entreprise et que vous avez du succès, les banques s'assureront que vous continuerez à avoir du succès parce qu'elles n'auront pas de problème à vous prêter de l'argent. Les banques sont contentes car cela paraît bien et elles appuient une petite entreprise. Mais je pense que vous disiez qu'elles doivent aider à financer certaines des nouvelles entreprises qui veulent se lancer. Comment peuvent-elles le faire?

Je me demande si vous pensez que les banquiers devraient mettre davantage l'accent sur la marge brute d'autofinancement plutôt que sur les garanties physiques lorsqu'elles décident d'accorder ou non un prêt. Qu'en pensez-vous?

M. Spinney: J'ai travaillé dans une grande banque à charte, pendant 12 ans, et je pense qu'au cours de cette période, la politique concernant les critères utilisés par un directeur de succursale pour décider d'accorder ou non un prêt, ont sans doute changé au moins trois ou quatre fois. Tout dépend de la politique du siège social et de la personne qui dirige ce bureau à ce moment-là.

Cela pose donc un problème pour le directeur de la succursale locale et pour vous, en tant qu'homme d'affaires local, qui dirigez une petite entreprise à Parry Sound, Huntsville, Bracebridge, ou Gravenhurst. Vous n'avez plus cette constance de votre institution bancaire. Le directeur de la succursale locale n'a pas le pouvoir de prendre la décision.

Sauf votre respect, je dirais que ce ne sont pas seulement les petites entreprises en voie d'éclosion qui ont besoin d'aide, mais aussi les entreprises bien établies. Les critères ont changé. Elles ne disent plus qu'elles sont prêteurs d'actions, mais plutôt prêteurs de liquidités.

Les entreprises du nord de l'Ontario dans les régions touristiques peuvent être très saisonnières. Jusqu'à l'arrivée de Tim et de la motoneige, il était assez risqué d'accorder des prêts dans la région de Parry Sound-Ouest après le 1er octobre. La dette s'accumulait jusqu'en juin ou juillet pour diminuer par la suite. Aujourd'hui, il n'y a plus de problème en janvier, février et mars, car la motoneige a un impact pendant ces mois.

Comme je l'ai dit plus tôt, je ne sais pas comment nous pouvons vraiment inciter les financiers de la rue Bay à prendre des décisions qui profitent aux petites localités de l'Ontario.

M. Wood: Qu'arriverait-il si le gouvernement tentait de persuader les banques de réinvestir les économies générées dans le Canada rural dans cette région?

M. Spinney: J'ai travaillé très brièvement pour une petite société de fiducie qui avait effectivement fait cette promesse, et c'était l'une des raisons pour lesquelles j'étais allé travailler pour cette société.

M. Wood: A-t-elle tenu promesse?

M. Spinney: Non, elle a fait faillite dans la région de Toronto et d'Ottawa, si vous pouvez le croire. J'ai dû faire des pieds et des mains pour la convaincre de prêter à la collectivité les montants provenant des comptes d'épargne et des certificats de placements garantis de ma collectivité. La mentalité de la société était qu'il fallait avoir tous ces montants d'investissements avant de pouvoir les prêter de nouveau.

Dans le domaine des banques et des fiducies, les relations sont à l'inverse. Si vous prêtez de l'argent à un homme d'affaires, vous aurez sa confiance lorsqu'il aura du succès. Il viendra déposer son argent dans votre institution plus tard.

M. Wood: À votre avis, cette politique aurait-elle pu fonctionner?

M. Spinney: Oui.

M. Wood: Une toute petite question, monsieur le président.

Vous êtes en affaires depuis assez longtemps. L'une des difficultés pour la plupart des collectivités que dessert votre organisation, spécialement en hiver, consiste à créer des possibilités de tourisme à long terme. Je suis certain que vous allez parler tous les jours aux exploitants touristiques.

.0930

M. West: Notre principal problème lorsque nous nous adressons à un exploitant touristique, souvent, consiste à les convaincre de convertir leurs installations pour l'hiver. Cela représente un point important pour eux.

C'est pourquoi, en ce qui concerne une stratégie de prêt, nous avons dit à la Société d'aide aux entreprises que c'est peut-être un domaine où nous pourrions aider. On pourrait envisager des canalisations d'alimentation d'eau à l'épreuve du gel de façon à ce qu'il ne soit pas nécessaire de les enfouir; elles pourraient rester au-dessus du sol. Nous pouvons utiliser ce genre de choses.

Nous offrons la possibilité d'un sentier linéaire, mais bien des endroits disent que cela ne vaut pas la peine. Ils continuent à fermer pour aller en Floride.

Cela n'est pas un problème, car nous avons pu générer toute une série de nouvelles entreprises qui viennent s'ajouter à notre réseau de sentiers. Il s'agit d'une occasion unique pour la communauté d'affaires, car notre organisation ne va pas construire un hôtel, un poste d'essence ou ce genre de chose.

C'est pourquoi nous voulons partir de ce que nous appelons le système provincial de sentiers transontarien. Il relie les communautés les unes aux autres. Nous avons besoin d'essence. Nous avons besoin d'hébergement. Habituellement, quand on part en randonnée, on n'apporte que sa brosse à dents et son porte-monnaie. On dépense donc de l'argent pendant tout le séjour.

Le président: Merci.

Madame Cowling.

Mme Cowling (Dauphin - Swan River): J'aimerais poser ma question à M. West, parce que je viens d'une circonscription rurale. C'est une petite collectivité de quelque 900 habitants. Nous sommes visés par l'abandon des voies ferroviaires et des gens cherchent des sentiers pour s'adonner au plaisir de la motoneige.

Comme je suis d'une très petite localité, très paisible et bien isolée, je me demande si vous avez envisagé d'autres utilisations pour ce couloir pendant l'été. Je pense à la diversification. Que fait-on des sentiers en été? Il me semble qu'un bon nombre de ces pistes pourraient être autosuffisantes si nous pouvions les utiliser à longueur d'année.

M. West: Il faudrait pour cela que les Canadiens revoient leurs attitudes. Quand ils sortent de la grande région métropolitaine de Toronto, ils s'imaginent que toutes les terres en périphérie sont possédées soit par la province ou le gouvernement fédéral. Ils pensent qu'ils peuvent aller se promener n'importe où. Ils pensent pouvoir utiliser ces espaces sans que qui que ce soit puisse exiger les moindres droits.

Pour ce qui est de notre système, nous avons 46 000 km de sentiers. Nous obtenons les permissions voulues des propriétaires. Il faut habituellement disposer d'une assurance-responsabilité. Il faut s'assurer qu'il s'agit d'un environnement sûr. Si l'on a à traverser un pont, il en découle certains frais.

Je siège à l'Ontario Trails Council. Je fais aussi partie du projet de Sentier transcanadien, qui traversera tout le pays. Je ne peux pas convaincre quelqu'un qui fait de la randonnée à cheval d'investir 50$ pour réaliser ce système de sentiers. Il préférera aller au Vermont, où l'utilisation des sentiers est gratuite. Je ne parle pas d'acheter de l'essence. Il ne s'agit au fond que de changer les mentalités.

Si on investit un peu dans ce sentier, on disposera de grandes possibilités. C'est ce qu'on a fait aux États-Unis. On a convaincu la population que pour être en mesure de se divertir il faut payer, et nous pouvons y arriver aussi. C'est une excellente occasion, mais nous devons surmonter quelques obstacles.

Sur le plan provincial ainsi que sur le plan national, nous avons fait savoir publiquement que nous montrerons aux gens comment nous exploitons nos systèmes de sentiers, et nous allons collaborer avec eux, mais ils doivent changer d'attitude. Il leur faudra verser un peu d'argent. Je ne pense pas que le gouvernement fédéral ni les provinces laissent entendre qu'ils vont encore offrir cette possibilité, il faudra donc que la population paye pour.

Mme Cowling: Merci.

Le président: Monsieur Serré.

M. Serré (Timiskaming - French River): Merci, monsieur le président. Je suis très heureux de me trouver dans ce beau comté de Parry Sound - Muskoka.

Je suis heureux d'avoir votre mémoire, Tim. Nous nous sommes déjà rencontrés. J'en ai un exemplaire dans mon bureau. Soit dit en passant, félicitations; c'est bien fait.

J'ai à de nombreuses reprises rencontré votre ami Don Lumley et Marc Lacroix et d'autres encore. Je connais donc assez bien le système des sentiers et je pense qu'à l'OFCS vous avez fait de l'excellent travail.

Monsieur le président, j'aimerais poser cinq questions. Je vais essayer de les résumer en une seule.

D'abord, je suis d'accord avec Marlene. Je pense que nous devrions faire quelque chose pour utiliser à longueur d'année ces systèmes de sentiers, qu'on pense aux véhicules tout terrain ou à d'autres possibilités. On pourrait ainsi, il me semble, mieux justifier la mise en place d'une infrastructure qu'en ne permettant que deux ou trois mois d'utilisation par an.

Je pose ma question à Bill. Nous avons beaucoup parlé de capitaux à investir. On en parle depuis au moins trois ans. Je sais que votre député a beaucoup fait pour inciter les banques au Canada à prêter davantage aux petites entreprises.

À vrai dire, nous n'avons pas très bien réussi. Je pense que leur part a augmenté de 1 p. 100 ces dernières années. Franchement, je suis assez mécontent des grandes banques. Il me semble que notre principal problème, c'est l'accès au capital.

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Que nous suggéreriez-vous? Que pouvons-nous faire en tant que gouvernement? Devrions-nous forcer les banques à réserver un pourcentage de leur portefeuille aux petites entreprises de tout le Canada? Devrions-nous ouvrir le marché aux banques étrangères? Que peut faire le gouvernement pour régler ce problème?

M. Spinney: J'estime personnellement que la concurrence est sans doute notre meilleure chance de réussite. Nous avons essayé déjà de faire appel aux protecteurs des droits des citoyens. Nous avons pressenti la Banque fédérale de développement. Nous avons essayé le partenariat avec FedNor, la Banque royale et la Banque Scotia. Ces programmes ne se rendent pas jusqu'aux directeurs de succursales bancaires locales.

Si vous allez dans les banques, peut-être pas dans le comté d'Andy, mais dans n'importe quel comté en Ontario, vous ne trouverez sans doute pas un seul directeur de succursale bancaire qui sache ce qui se passe à propos de ces programmes en partenariat avec la Banque fédérale de développement et FedNor. Ces programmes ne sont pas connus des communautés locales.

La concurrence retiendra certainement leur attention, et je pense que c'est sans doute la façon la plus efficace de remettre les choses en train. Malheureusement, la concurrence de grandes banques américaines, de banques étrangères ou d'institutions de financement étrangères, ne profitera pas dans un premier temps aux petites communautés ontariennes. Elles ne vont pas offrir de services aux succursales à Parry Sound et à Gravenhurst, mais elles leur en offriront à Toronto, et ce pourrait être là un moyen comme un autre de changer les mentalités.

M. Serré: Pensez-vous que le gouvernement devrait concurrencer les banques?

M. Spinney: Le gouvernement? Non, je ne le pense pas. Mais il peut certainement modifier la loi pour permettre cette concurrence. Peut-être que la simple possibilité de voir la loi modifiée suffirait à changer quelques attitudes.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Serré.

Merci beaucoup, Bill et Tim. Je peux vous dire, d'après mon expérience, que vous pouvez être fiers de votre travail et du leadership dont vous faites preuve dans Parry Sound-Ouest, tant pour ce qui est des motoneiges que du développement des entreprises, et que cela augure bien pour l'avenir de la région. Merci beaucoup pour votre comparution.

Passons maintenant au prochain témoin. M. Fedeli, d'Almaguin 2000 Development Agency.

M. A. R. Fedeli (agent de développement économique, Almaguin 2000 Development Agency): Monsieur le président, membres du comité, d'abord, je tiens à vous remercier de m'accorder l'occasion de comparaître sur cette question.

Je prends aujourd'hui la parole à titre d'agent de développement économique d'Almaguin 2000 Development Agency, agence municipale de développement économique, fondée conjointement par le gouvernement provincial et des municipalités membres.

Ces municipalités incluent les villages de Sundridge, de Powassan et de South River; les cantons de Machar et Strong ainsi que les régions de Loring et de Restoule.

Nous avons tenté d'étudier bon nombre des questions que vous nous avez posées, que vous nous avez envoyées, dans les huit premières pages de ce que nous appelons notre petit Livre rouge. Les quatre dernières pages portent sur notre exposé oral. Vous en avez tous un exemplaire. Nous vous en remercions beaucoup.

La région d'Almaguin ne possède pas une grande richesse naturelle majeure, comme le pétrole, des champs gazifères ou d'autres grands gisements miniers qui permettraient à notre économie de se développer. La région d'Almaguin a toutefois le bonheur de posséder de merveilleux lacs et rivières, des eaux claires et pures, de nombreuses entreprises agricoles, des fermes laitières et d'élevage de bovins, d'anciennes forêts, des secteurs pour la pêche, une belle faune et des producteurs de sirop d'érable. Ce sont là les ressources naturelles auxquelles nous tenons tant, et auxquelles vous portez aussi tous intérêt.

Nous comptons aussi sur un grand atout, soit le fait que Toronto, qui est l'une de nos grandes villes, n'est qu'à trois heures de route. Une route à quatre voies reliera bientôt Toronto à Powassan, à Callander et à la région de South River.

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Je dois dire que depuis sept ou huit ans, la création de presque tous les emplois a été annulée par une perte équivalente sinon supérieure d'entreprises et d'emplois.

Je vais vous donner un petit exemple tiré d'une étude effectuée en 1988 et montrant que c'est bien ce qui s'est passé dans l'une de nos régions.

Dans la région de South River-Machar, 83 p. 100 des entreprises sont petites. Elles comptent de un à quatre employés à temps plein. On inclut dans ce nombre les employés qui sont membres de la famille de l'entrepreneur.

Voici ce qui s'est passé au cours de ces années. Le secteur tertiaire s'est gravement ressenti de la disparition d'une boutique de cadeaux, d'un magasin de photos, de deux salons de coiffure, d'un fleuriste et d'une quincaillerie. Pour une petite localité qui ne compte que 1 100 habitants, c'est une lourde perte.

Dans les deux ou trois derniers mois, la région de Sundridge a perdu une autre entreprise vitale, quand la provenderie a dû fermer ses portes. Elle desservait un grand nombre de fermes de la région d'Almaguin et moulait leurs grains. Sa fermeture résulte directement d'un incident qui s'est produit pendant des travaux de rénovation des égouts et de drainage effectués près de la provenderie. Une variation du niveau hydrostatique a déstabilisé l'immeuble et il a fallu le déclarer dangereux. Il a été condamné, et il a fallu le fermer.

Comme les propriétaires n'ont pas pu obtenir d'aide financière pour régler le problème, il a fallu procéder à la fermeture et il en est résulté une perte d'emplois et une augmentation des coûts pour les agriculteurs qui faisaient auparavant appel à ces services. Par conséquent, les entreprises locales en ont également souffert.

J'ai parlé d'une hausse des coûts pour les agriculteurs. Nous sommes ici en plein pays rural. Quand on examine les statistiques, on voit que nous avons un grand nombre de fermes non seulement dans les régions d'Almaguin, qui va de McKellar à Sundridge, mais dans toute la grande région d'Almaguin et de Parry Sound. Ces agriculteurs comptaient fortement sur cette entreprise pour faire moudre leur blé et d'autres produits céréaliers.

On raconte qu'un bon nombre de ces agriculteurs ne vont même plus cultiver ces céréales parce que cela leur coûterait trop cher d'aller à New Liskeard, ou à Barrie ou dans la région torontoise. C'est faire porter une lourde responsabilité à ces agriculteurs. Je pense que nous aurions dû agir bien plus tôt.

Je demande instamment au gouvernement fédéral d'envisager toute mesure qui pourrait remédier à cette catastrophe, car c'est bien de catastrophe qu'il s'agit. Nous avons perdu une trentaine d'emplois. Certains ont été perdus directement en raison de la fermeture de la provenderie. Et qu'advient-il de ces agriculteurs maintenant? Ils doivent engager des dépenses additionnelles pour faire affaire avec d'autres provenderies bien plus éloignées que Sundridge.

L'autoroute de l'information est encore en construction. Il faut absolument améliorer l'accès à la technologie informatique dans les zones rurales, où une ligne téléphonique ne permet pas l'utilisation d'un télécopieur, et encore moins l'accès à Internet. Dans la plupart de ces régions, on ne peut même pas avoir de ligne privée.

Quand Bell Canada envisage d'imposer des frais additionnels pour les lignes d'affaires dans l'Ontario rural, elle ne tient pas compte du fait que la zone d'appels locaux est très restreinte et que les entreprises rurales doivent déjà payer des frais d'interurbain pour la quasi-totalité de leurs appels d'affaires.

Monsieur Mitchell, j'ai justement reçu une télécopie de votre bureau hier. Nous sommes bien conscients de ce que vous faites à cet égard, mais j'avais préparé mon petit discours et je vais donc continuer à vous le lire. Nous vous remercions pour vos efforts, croyez-moi.

Personne n'a accès dans sa zone d'appels locaux à de grands centres urbains comme North Bay ou Huntsville, mais nous estimons que nous devrions tout au moins pouvoir communiquer les uns avec les autres sans avoir à payer de frais d'interurbains.

Les districts scindés et les annuaires téléphoniques sont un problème qui divise les hautes terres d'Almaguin. La question divise les collectivités que nous desservons. C'est une entrave aux partenariats et aux coopératives, formules qu'on incite pourtant la région à adopter. Il est bien certain que si l'on repasse constamment dans les mêmes ornières, on ne se sortira pas de ces difficultés. Il est clair que la situation actuelle n'est pas acceptable.

Dans le discours du Trône, le gouvernement s'est engagé à favoriser le renouveau économique du Canada rural. Que signifie exactement «renouveau»? Cela veut dire évidemment raviver et réveiller. C'est très bien.

Il y a quelques jours, un rapport des États-Unis signalait l'État où le taux de chômage est le plus faible. C'est le Nebraska où le taux de chômage est de 2,6 p. 100. C'est presque incroyable.

Il y a quelques années, cet État de la ceinture de maïs avait l'un des taux de chômage le plus élevés, plus de 11 p. 100. Ce changement de situation n'a pas été dû à un retour en arrière mais à un bond dynamique dans le XXIe siècle grâce au télémarketing, aux centres d'appel, aux ordinateurs et aux logiciels. Ce rapport indiquait que plus de 50 000 emplois seront encore créés là-bas au cours des cinq prochaines années.

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Plus localement, j'ai parlé il y a quelque temps à un certain nombre d'agriculteurs de la région qui se plaignaient que le prix du boeuf et de leurs produits agricoles avait baissé alors que leur coût d'exploitation avait encore augmenté. Il y a le coût des assurances, qui est un facteur important. Il y a l'essence, le matériel et les fournitures et il y a aussi les cotisations aux régimes de chômage et de pensions du Canada pour ceux qui ont des employés à temps partiel ou à plein temps. Tout cela a augmenté ou doit à nouveau augmenter.

Beaucoup ont ainsi dû occuper d'autres emplois non agricoles afin de maintenir leurs activités agricoles. Nombre d'agriculteurs ces dernières années ont tout simplement abandonné. Ils ont abandonné l'agriculture. La région a donc beaucoup de terres inexploitées.

Les professionnels du tourisme de la région de Loring-Restoule s'inquiètent beaucoup du prix de l'essence. C'est un secteur de notre région qui est très axé sur le tourisme. Ils s'inquiètent aussi du projet de permis pour les bateaux à moteur de plus de 10 chevaux. Ils ont l'impression que beaucoup de touristes américains ne viendront plus. Qu'il s'agisse de permis, de restrictions sur les armes à feu ou du fait que les quais fédéraux ne sont plus entretenus, ils s'inquiètent.

On est convaincu que tout cela va créer de grosses difficultés pour beaucoup de professionnels du tourisme qui dépendent fortement du tourisme américain. C'est le point de vue d'un groupe d'affaires de la région de Loring-Restoule.

Voici une solution. Tout comme tous les autres emplois que l'on pourrait créer dans notre région grâce à la nouvelle technologie, la reprise de nos terres agricoles restées vacantes pourrait mener à la création de nombreux nouveaux emplois et à l'arrivée de beaucoup de monde dans notre région.

Avant de passer à cela, je vous signalerai simplement que nous devrions changer un peu les chiffres sur ces panneaux. Ils indiquent qu'il y a 700, 900, 1 000 et 1 100 habitants dans nos petites localités de ce côté-là. Tant qu'elles ne passeront pas de 700 à 1 000, de 900 à 1 500 et de 1 500 à 2 000, nous continuerons à avoir du mal. Il nous faut des gens nouveaux qui viennent mettre sur pied de nouvelles entreprises pour nous aider à soutenir cette région et à nous donner un climat économique beaucoup plus sain.

Il y a une grande pénurie de nourriture dans des tas de régions du monde. Nous pouvons aider à satisfaire ces besoins. Nous avons les terres voulues, je l'ai déjà dit. Il y a des tas de terres agricoles vacantes. Nous nous trouvons sur la grand-route.

Il y a un aéroport à proximité à North Bay avec une grande piste. Son utilité a été prouvée il n'y a pas si longtemps lorsque ces énormes avions russes ont atterri sur cette piste de 10 000 pieds. Ils ont emporté 200 tonnes de produits manufacturés à différentes occasions. Cela montre ce que l'on pourrait faire si l'on reprenait l'exploitation de ces terres agricoles.

Nous aidons toujours les pays du tiers monde. Nous pouvons également faire quelque chose pour aider nos agriculteurs et nos régions rurales tout en aidant ces pays. Avec ces produits agricoles et un aéroport tout proche, nous pouvons desservir le monde entier. Cela permettrait de créer des tas de nouveaux emplois. L'arrivée de gens nouveaux serait alors assurée et permettrait aux entreprises actuelles de se développer et à de nouveaux services et entreprises de voir le jour.

La région d'Almaguin 2000 représente 1 900 kilomètres carrés, et compte environ 16 000 habitants et un peu plus de 860 entreprises et services répartis entre 12 municipalités. C'est une région très étendue et fragmentée.

Notre tout premier annuaire des entreprises d'Almaguin 2000 sera bientôt distribué à tous les foyers de la région d'Almaguin 2000. J'ai le plaisir de préciser que cet annuaire a été entièrement payé par ces entreprises qui font de la publicité dans l'annuaire. Il est publié pour aider les entreprises et les services actuels et nous servira de premier outil de commercialisation pour attirer de nouvelles entreprises dans notre région. Pour ceux d'entre vous qui ne le savent pas, notre bureau est assez nouveau. Il a à peine un an.

J'invite instamment le gouvernement fédéral à établir des partenariats avec les administrations provinciales et municipales à l'exemple de ce qui s'est fait avec les programmes d'infrastructure afin de mettre en oeuvre un grand programme de développement rural. Le gouvernement canadien, en collaboration avec ses partenaires, pourrait offrir des incitations financières aux entreprises qui accepteraient de quitter les régions à forte densité de population où les taxes municipales sont élevées, comme Toronto, Montréal et Vancouver pour venir s'installer dans des régions où elles seraient très nécessaires, à savoir dans des régions rurales comme les nôtres.

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Autrement dit, les gouvernements doivent prendre des mesures positives dans ce sens. Tous les paliers de gouvernement doivent concentrer leurs efforts et leurs programmes sur la stimulation de la croissance rurale. Je ne dis pas que c'est seulement le gouvernement fédéral qui doit agir. Tous les paliers de gouvernement doivent collaborer pour multiplier les programmes d'éducation et de formation.

Ce n'est qu'alors que nous pourrons convaincre nos jeunes de ne pas filer vers les grandes villes où leurs problèmes seront exacerbés et de rester dans les régions rurales où les choses changent et où leur avenir ne dépendra pas exclusivement du secteur primaire. Ils doivent pouvoir dès maintenant voir l'avenir. Ensemble, nous pouvons atteindre cet objectif.

L'autre question soulevée est la suivante: les Canadiens des régions rurales devraient-ils pouvoir accéder à l'éducation permanente aussi facilement que ceux des régions urbaines? Cette question est en fait assez choquante. À mon avis, cela reflète ce que certains pensent des habitants des régions rurales. Beaucoup de Canadiens des régions urbaines seraient peut-être extrêmement surpris s'ils savaient quel est le niveau d'instruction, de connaissances et d'expérience dans les régions rurales. Malheureusement, nos jeunes sont souvent obligés d'aller dans des régions urbaines pour atteindre ces niveaux d'étude. Il est essentiel que les gouvernements ne mettent pas en doute cette nécessité et comprennent que les Canadiens des régions rurales doivent avoir accès à l'éducation permanente tout autant que ceux des régions urbaines.

Autre principe sous-tendant le plan de travail, l'activité économique des régions rurales ne profite pas simplement à ceux qui vivent dans ces régions mais également à des milliers d'emplois dans les régions urbaines. Cela étant, il est essentiel de réinvestir dans les régions rurales. Une portion plus importante des richesses créées doit être réinvestie dans les régions rurales sous forme de stimulants à la croissance, et ces investissements doivent venir à la fois des régions elles-mêmes et de l'extérieur afin de créer la masse démographique critique qui est si essentielle. Ces panneaux ne devront plus indiquer 700 mais 1 000, 900 mais 1 500 et 1 500 mais 2 000 si nous voulons voir réellement les choses changer.

Beaucoup de nos agriculteurs travaillent avec pratiquement toutes les ressources naturelles à leur disposition pour gagner leur vie. Ils produisent du sirop d'érable. Ils vendent du bois de chauffage et l'utilisent eux-mêmes. Ils produisent du bois d'oeuvre en petites quantités, ils exploitent leurs terres et vendent leurs récoltes sur les marchés locaux quand ils ne les consomment pas eux-mêmes. Ils élèvent leurs propres animaux, ils pêchent et chassent.

En fin de compte, ils ont assez pour subvenir à leurs propres besoins et parviennent quelquefois à créer quelques emplois à temps partiel. Ils réussissent grâce à leur éthique de travail, à leur engagement personnel et à l'amour qu'ils portent à la terre qu'ils ont achetée ou dont ils ont hérité il y a très longtemps. Mais cela ne peut être notre vision de l'avenir.

Merci, monsieur le président. Je vous suis reconnaissant de m'avoir écouté.

Le président: Merci. Je vais demander à M. Asselin s'il a des questions à vous poser.

[Français]

M. Asselin: J'aimerais tout d'abord féliciter le témoin que nous venons d'entendre. Il connaît très bien la problématique, qu'il nous a détaillée avec un très grand enthousiasme.

Il nous a parlé de son petit livre rouge. Bien sûr, le petit livre rouge reflète un peu ce qui devrait se retrouver dans le prochain Livre rouge du gouvernement pour corriger la problématique.

Dans le Livre rouge du gouvernement - vous y avez fait allusion - , il n'y a pas grand-chose. Vous avez fait allusion aux armes à feu. Vous avez fait allusion à la tarification du réseau maritime également. On sait que le gouvernement fédéral privatise de plus en plus ses infrastructures comme les aéroports, les quais, les chemins de fer, etc.

Il y a une chose que vous n'avez pas mentionnée dans votre petit livre rouge, mais qui se retrouvait dans le grand Livre rouge du gouvernement, et c'est l'abolition de la TPS.

J'aimerais connaître votre opinion là-dessus. Vous savez que lorsque les conservateurs ont appliqué la TPS, l'ancienne taxe rapportait au gouvernement fédéral 12 milliards de dollars par année. La TPS ne rapporte plus que 7 milliards de dollars par année. Donc, avec la TPS, le gouvernement fédéral perd 5 milliards de dollars par année.

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Vous conviendrez avec moi que la TPS a aidé à alimenter le travail au noir. De plus, les touristes qui viennent nous visiter au Canada n'apprécient pas du tout les doubles taxes, entre autres la TPS. Selon vous, le gouvernement fédéral devrait-il, dans son prochain Livre rouge, respecter sa promesse et abolir la TPS?

[Traduction]

Le président: Comme vous le voyez, nous sommes un comité qui représente tous les partis.

M. Fedeli: Monsieur Asselin, merci beaucoup pour cette question sur la TPS. Je crois que tout le monde doit s'efforcer de tenir ses promesses, qu'il s'agisse de la TPS ou de n'importe quoi d'autre.

Mon sentiment sur la TPS est que cet argent est terriblement nécessaire et qu'il faut aller le chercher quelque part. En tant qu'ancien homme d'affaires qui a passé de nombreuses années dans la fabrication de petits produits du bois, je me souviens de l'époque où la TPS était cachée et où les gens ne s'inquiétaient pas de la payer parce qu'on ne pouvait pas la voir. Il serait donc préférable de revenir à un tel système. De revenir à la formule antérieure qui redonnerait confiance aux gens.

Je sais que le gouvernement ne peut se passer de cet argent et je crois que, quel que soit le gouvernement, il va continuer à percevoir cette taxe. Je dirais toutefois qu'il serait bon de regagner la confiance de la population en revenant à l'ancien système, en faisant payer la taxe aux différentes étapes de fabrication et non pas, comme le disait M. Asselin... lorsque les touristes arrivent et constatent avec horreur qu'ils doivent payer encore 7 p. 100 de plus. Autrefois, ils ne savaient pas qu'ils la payaient, mais ils la payaient, et cela ne les dérangeait pas du tout.

[Français]

M. Asselin: Merci.

[Traduction]

Le président: Merci, monsieur Fedeli.

Monsieur Wood.

M. Wood: Monsieur Fedeli, je sais que M. Asselin a posé la question et que nous l'avons probablement tous fait au cours de la dernière semaine. Que pourrait faire le gouvernement à votre avis pour aider à stimuler l'économie rurale? Envisager des stimulants fiscaux? Lancer un programme d'infrastructure, réduire le fardeau de la réglementation? Si vous pouviez choisir, où devrions-nous mettre à votre avis l'essentiel de nos efforts, dans quels domaines particuliers?

M. Fedeli: Monsieur Wood, si vous me le permettez, j'aimerais parler d'Almaguin 2000.

M. Wood: D'accord.

M. Fedeli: Chaque région, rurale ou autre, a ses propres problèmes. Dans notre région, bien sûr, nous avons repensé aux années 1880 quand le Parc Algonquin et les arbres de la baie Georgienne étaient encore intacts. On a commencé à couper le bois dans ces régions et on en coupe toujours. Énormément de bois d'oeuvre et de bois de charpente sont venus de ces régions... toutes les routes ont été construites et il y a eu ensuite les chemins de fer. Tout ce bois est allé dans le sud de l'Ontario et dans d'autres régions du Canada pour aider à construire ce pays.

J'estime que nous devrions récupérer une partie de ces richesses sous forme d'un genre de laboratoire ou de quelque chose. Il n'y a rien. On regarde notre région et il n'y a rien qui dise: «Eh, merci pour tout ce bois que l'on coupe depuis plus de 100 ans». C'est une des seules richesses naturelles que nous avions en abondance et nous en avons encore.

Vous pourriez peut-être examiner quelque chose dans ce sens. C'est à mon avis un exemple de ce qui pourrait nous revenir et qui pourrait aider. Je ne parle pas de subventions. Mais il faut être réaliste. C'est l'argent qui fait tourner les choses et qui stimule.

Comme je le disais tout à l'heure, travaillez en partenariat. Le gouvernement provincial laisse partir les MEDA et, ici, nous n'en avons plus que pour trois ans et demi. Il y en a qui ont déjà disparu. Devenons donc partenaires, comme dans le programme d'infrastructure - un partenariat entre les administrations fédérale, locale et provinciale. Prenons le développement économique au sérieux. Collaborons et obtenons des résultats.

Nous avons besoin d'argent pour certaines études. Nous avions une usine de bonbons à l'érable dans notre région. Elle a disparu il y a quatre ans; elle est allée s'installer à Niagara Falls. Nous avons des producteurs de sirop d'érable dans notre région, pas autant qu'au Québec - 70 p. 100 de toute la production de sirop d'érable au monde vient du Québec - mais nous produisons environ 15 p. 100 du reste et cela vient presque exclusivement de notre petite région d'Almaguin.

.1000

Il nous faut un peu d'argent pour faire une étude de faisabilité. Pourrait-on rétablir cette usine de bonbons ici? Peut-on produire suffisamment de sirop d'érable pour en exporter? Nous aurions besoin d'un peu d'aide à cet égard.

M. Wood: À propos d'argent, est-ce que l'accès au capital et la formation des gens d'affaires ou entrepreneurs locaux sont suffisants pour, à votre avis, permettre une certaine diversification?

M. Fedeli: Ma foi, comme nous le disons dans nos pages quelque part...

J'ai dit «nous» parce que Ray St. Onge, notre ancien président, a travaillé avec moi à ce mémoire et je ne veux pas être le seul à en être remercié. Ray a joué un rôle très important aussi. Il a toujours été et reste un des moteurs de la région d'Almaguin 2000.

Nous déclarons que si l'on essaie de nous former à faire les choses que nous faisons déjà, cela ne sert à rien. Il faut que nous puissions avoir accès au même genre d'études et de formation que dans les grands centres. Nous devons élargir notre vision. Nous devons pouvoir compter sur davantage.

Savez-vous ce qui s'est passé dans la ceinture de maïs? Si vous regardez ces champs de maïs, vous verrez qu'ils sont maintenant pleins de réseaux de télécommunications et de grosses entreprises. Nous pourrions avoir la même chose ici; nous avons toutes ces terres vacantes. C'est le genre de choses sur lesquelles j'aimerais que l'on fasse des études dans nos régions rurales.

Avant d'aller remplir les poches et les comptes bancaires de quiconque, étudions les choses honnêtement. Notre secteur forestier mérite certaines études, tout comme notre sirop d'érable. Je parle de notre région. Nos terres agricoles représentent une superficie énorme, toute la région de Parry Sound - Muskoka et d'Almaguin. Étudions tout cela. Investissons dans certaines études pour essayer de trouver des solutions.

Je ne connais pas toutes les solutions, je ne pense pas que quiconque les connaisse. C'est la raison pour laquelle nous sommes ici.

Le président: Monsieur Serré.

M. Serré: Merci beaucoup.

C'est un bon mémoire que vous avez là, monsieur Fedeli. Je pourrais passer la journée à l'étudier, mais je me limiterai à une question qui a déjà été soulevée par d'autres témoins, à savoir le problème de l'infrastructure des télécommunications dans le Canada rural. Je connais ce problème dans ma propre circonscription de Timiskaming - French River. Il y a des régions où nous n'avons même pas le service de téléphone.

Nous avons mis sur pied un programme qui s'intitule le programme d'accès communautaire et qui a bien servi ma circonscription. Dans notre société capitaliste moderne où toute intervention gouvernementale semble suspecte, comment pensez-vous que nous pourrions forcer Bell et ces autres compagnies à assurer le service dans les régions rurales?

M. Fedeli: Pendant des années, Bell avait le monopole des systèmes téléphoniques. Dans le nord de l'Ontario, dans votre région, monsieur Serré, et où j'étais, à North Bay, nous avions Northern Telecom à New Liskeard et dans la région et c'est toujours Northern Telecom.

Maintenant qu'il y a des tas d'autres compagnies - Sprint, AT&T et Unitel - et que l'on nous dit que celles-ci ont pris à Bell une bonne partie du marché des interurbains, on nous déclare que Bell n'a plus les moyens de s'occuper de ces autres services résidentiels ordinaires. Je réponds que c'est de la blague. Regardez ces résultats: ils sont toujours meilleurs. On devrait «encourager» cette compagnie à investir un peu plus là-dedans.

Qu'arrivera-t-il dans votre région et dans la nôtre lorsque nous aurons de meilleurs systèmes de télécommunications? Elles vont se développer. Lorsqu'elles se développeront, ce sera également bon pour Bell Téléphone. Partout où les choses se développent, il faut installer un système Bell.

Je ne sais pas si cela répond à votre question mais je pourrais continuer. Peut-être voulez-vous me demander d'aborder un autre sujet?

M. Serré: En partie, mais je voudrais quelque chose de précis. Est-ce qu'il faut légiférer pour obliger Bell Canada et ces autres compagnies ou faut-il leur accorder des subventions, ou imposer une taxe à l'ensemble du pays et en utiliser une partie pour réinvestir dans le Canada rural?

M. Fedeli: Je crois qu'il serait temps que nous commencions à essayer de les persuader.

M. Serré: Comme pour les grandes banques, cela ne marche pas.

M. Fedeli: Il faut de la persuasion et peut-être exercer certaines pressions pour qu'elles comprennent.

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Regardez ce qui est arrivé à nos forêts dans la région de la baie Georgienne et du Parc Algonquin. On a pris une bonne partie du bois sans rien laisser. Bell a connu beaucoup de très bonnes années et a réalisé des bénéfices énormes. Je dirais qu'il est temps de dire merci, en particulier à certaines de nos petites régions, en venant nous aider. Il faut commencer à faire pression sur ces compagnies, à les convaincre de faire quelque chose.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Fedeli. Votre enthousiasme et votre énergie joueront un rôle très important dans la reprise de la région d'Almaguin. Félicitations et merci beaucoup d'être venu témoigner aujourd'hui.

M. Fedeli: Merci, monsieur le président et membres du comité. Cela m'a fait très plaisir.

Le président: J'inviterais maintenant nos prochains témoins. De la Société de développement des entreprises locales, nous avons Sylvia Purdon, Don Forsyth et Hugh Fairfield.

Sylvia, voulez-vous commencer?

Mme Sylvia Purdon (gestionnaire, Programme de développement économique local, Community Business Development Corporation): Monsieur le président, c'est moi qui vais commencer notre exposé.

Le président: Je vous demanderais de vous limiter à 15 minutes pour que nous ayons le temps de vous poser quelques questions.

Mme Purdon: Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis accompagnée du président de notre conseil d'administration, M. Hugh Fairfield et de M. Don Forsyth, directeur général de la Corporation. Nous faisons partie du Programme d'aide au développement des collectivités rurales d'Industrie Canada.

Vous avez sous les yeux notre mémoire. Tout d'abord, nous avons suivi vos excellentes questions, en particulier les sous-titres et votre plan de travail. Nous espérons avoir ainsi répondu à vos questions.

Nous allons maintenant vous présenter un résumé de l'exposé en reprenant les sous-titres des questions générales posées lors d'audiences locales sur le développement économique rural.

Muskoka est une région du Bouclier canadien dont les racines économiques se trouvent dans le tourisme, les résidences secondaires familiales, les forêts et le secteur secondaire. L'économie est essentiellement saisonnière, reposant sur le tourisme d'été et, plus récemment, d'hiver. Au début du siècle, il y a eu une forte activité dans le secteur forestier, mais la région, outre ses forêts, comporte également des industries de transformation des produits forestiers, une industrie automobile et d'autres petites industries de fabrication. L'emploi est toutefois essentiellement concentré dans les secteurs tertiaire et du tourisme.

L'activité est concentrée le long de la route 11 près des agglomérations de Huntsville, Bracebridge et Gravenhurst. Six municipalités composent le district de Muskoka au sein d'un système régional d'administration locale. La population permanente du Muskoka est estimée à 50 000 et passe à 125 000 durant la saison où l'on utilise les chalets.

Le taux de chômage a toujours été plus élevé que les moyennes provinciales et nationales et les revenus des foyers sont sensiblement inférieurs à la moyenne provinciale. Beaucoup dans cette région dépendent des transferts du gouvernement fédéral à cause de ce fort taux de chômage et de l'assistance publique sur laquelle compte cette population durant les saisons où il n'y a pas d'emploi. J'ai fourni dans les annexes des statistiques socio-démographiques sur le revenu des foyers, certaines statistiques sur les revenus saisonniers et les revenus annuels.

Dans la région du Muskoka, 42 p. 100 de la population dont le niveau d'instruction se situe entre la 9e et la 13e années n'ont pas de certificat d'études secondaires. En Ontario, le chiffre est de 37 p. 100. Dans la région du Muskoka, 8 p. 100 seulement de la population détient un diplôme universitaire. En Ontario, le chiffre est de 13 p. 100.

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Le taux de participation au marché du travail était en septembre 1996 à Midland et Orillia de 70 p. 100; à Bracebridge, qui inclut Muskoka, Haliburton et Peterborough, 62,7 p. 100; pour l'ensemble du Canada, le taux est de 66,6 p. 100; et pour l'Ontario, 67,7 p. 100.

Quels que soient les indicateurs économiques, le district de Muskoka est parmi les plus faibles pourcentages du pays - niveau d'instruction, participation à la population active, prestations gouvernementales. Ces facteurs font que notre groupe s'occupe des programmes d'investissement et de prêts aux PME et d'activités de développement économique local.

Nous recommandons que le gouvernement canadien assure un budget suffisant pour la formation afin que notre population puisse poursuivre ses études et se recycler en vue de faire face à la concurrence actuelle. On recommande d'autre part que cette formation ne se limite pas à des programmes d'alphabétisation et de perfectionnement élémentaires parce que, dans tous les secteurs, y compris dans celui de la production, l'industrie exige un niveau de qualification élevé.

Beaucoup souhaitent quitter les villes pour venir s'installer dans les petites localités rurales. Il y a une augmentation de la population retraitée, mais si le nombre de gens qui sont venus de la région de Toronto assister à l'Algonquin Automotive Career Fair est une indication, il semble que beaucoup cherchent à trouver de bonnes possibilités d'emplois dans les régions rurales.

Nous avions un objectif de 1 000 visiteurs pour cette foire d'exposition professionnelle et économique. De 1 500 à 1 800 personnes sont venues. Nous l'avions annoncée dans le Toronto Star et les gens ont fait la queue indéfiniment.

Pour ce qui est de la gestion des ressources naturelles, nous avons donné une courte liste d'industries du secteur secondaire au Muskoka par nombre d'employé et un bref aperçu de certaines pratiques positives en matière d'environnement. Nous avons appris en discutant avec ces entreprises que ces pratiques environnementales offraient des avantages économiques.

Nous recommandons que le gouvernement canadien appuie, par des incitatifs, les pratiques de restauration de l'environnement par les entreprises qui consomment et utilisent nos richesses naturelles telles que le bois, le pétrole, l'eau, etc. C'est un domaine que je commence simplement à examiner auprès de nos entreprises locales. Ce qui me frappe c'est que celles-ci me disent qu'il est plus économique pour elles d'adopter de bonnes pratiques environnementales.

Si j'ai bien compris quel était votre mandat, il semble que le comité ne puisse examiner le développement économique par rapport aux ressources naturelles sans considérer également le caractère durable de ce développement et la restauration de l'environnement. Je considère donc que le Muskoka fait partie de cet univers.

J'aimerais maintenant vous parler des services commerciaux qui peuvent s'installer dans le Canada rural. La liste des industriels que vous avez ici sont des exportateurs, habituellement multinationaux, mais certains sont des entreprises privées. Ce sont des entreprises ultramodernes qui utilisent des pratiques de production, d'emploi et de gestion contemporaines. Notre conseil d'administration a fait le tour de toutes ces industries du Muskoka et du sud-est de Parry Sound. Toutefois, nous n'avons pas encore gagné tellement en ce qui concerne la technologie de l'information bien que les grosses entreprises s'en tirent mieux que les PME et la population générale dans cette région.

Nous recommandons donc que les gouvernements fédéral et provincial collaborent de façon plus efficace afin d'apporter aux régions rurales et dans les petits villages comme Muskoka de meilleures technologies de communication. Même avec les améliorations annoncées par Bell Canada, ce dont nous sommes très heureux, le Muskoka est toujours très en retard en fait de communication dès que l'on s'éloigne des corridors de la route 11.

.1015

Le résultat est que nos résidents saisonniers sont désavantagés lorsqu'ils utilisent cette résidence comme bureau à temps partiel, ce qui est très important dans ce secteur. D'autre part, les propriétaires de petites entreprises n'utilisent pas habituellement la technologie existante au même degré que dans d'autres régions.

Le Nouveau-Brunswick est un excellent exemple de région qui a réussi à devenir plus compétitive en relevant le niveau de technologie à la portée des entreprises, en particulier dans le secteur des fibres optiques.

Passons maintenant à la diversification économique. La nature saisonnière de cette économie fondée sur le tourisme et les entreprises familiales est un élément critique de l'économie du Muskoka. Il est essentiel de se doter d'une économie non saisonnière. La meilleure façon d'y parvenir est de mettre l'accent sur le secteur secondaire. Quatorze pour cent de la population active travaillent dans l'industrie, le reste dans les secteurs du tourisme et des services, en plus de l'éducation et de l'administration.

Doté d'une solide base industrielle et situé le long du corridor de la route 11, le district de Muskoka est en bonne posture pour élargir sa base et accroître les occasions d'emploi à l'année de toutes natures. Pour ce faire, il importe que le gouvernement fédéral rende prioritaire l'accès à la technologie, ce dont il a été question plus tôt, et collabore activement avec la Société de développement de l'entreprise locale, qui s'efforce de vanter les avantages du Muskoka sur le plan des affaires.

De plus, le soutien accordé au secteur de la petite entreprise et l'amélioration de sa capacité concurrentielle auront pour effet de retenir les entreprises et les emplois existants et de favoriser le lancement de nouvelles entreprises. Le programme d'aide au travail indépendant est un bon exemple du type de programme d'appui à l'entrepreneuriat qui mérite le soutien d'Industrie Canada.

Industrie Canada et Développement des ressources humaines Canada sont les ministères qui collaborent le plus efficacement au développement économique de régions rurales comme celle du Muskoka.

En matière de soutien de l'entrepreneuriat, nous incitons le gouvernement fédéral à prendre des mesures dans les domaines suivants. Le témoin précédent a parlé d'une liste de souhaits. Voici à peu près ce que serait la nôtre.

En premier lieu, il faut donner à la société de développement de l'entreprise locale l'occasion d'intensifier ses activités dans les localités du Muskoka de manière à développer dans la population les capacités et les compétences qui caractérisent l'esprit d'entreprise. Il s'agirait d'un effort axé sur la formation.

Deuxièmement, il faut favoriser de diverses façons, et ce, dans les meilleurs délais, l'amélioration de la capacité technologique de la région du Muskoka.

En troisième lieu, signalons que les possibilités d'exportation sont mal exploitées par les petites entreprises et les experts-conseils de la région. Les programmes d'exportation actuels semblent difficiles d'accès et relativement peu adaptés au contexte des petites localités rurales. Certains ateliers visant l'exportation doivent donc être adaptés au type d'entreprises qui existent dans une région comme la nôtre, tout en accroissant la capacité d'exportation des entreprises locales.

En quatrième lieu, n'oublions pas l'entrepreneur, l'épine dorsale de notre économie. Il faut élaborer en matière de fiscalité, d'emploi et de mesures d'incitation des politiques de soutien à la petite entreprise et faire en sorte que les coûts des activités des entreprises soient réduits au Canada.

Cinquièmement, il y a lieu de soutenir le programme d'investissement et de prêt de la Société de développement de l'entreprise locale du Muskoka de manière à permettre aux nouvelles entreprises et aux entreprises en expansion de la région d'avoir accès à du capital ainsi qu'à des services à valeur ajoutée en matière de services-conseils, d'encadrement et de perfectionnement en gestion financière.

En terminant, j'ajouterai qu'il est essentiel que les ministères fédéraux apprennent à connaître les régions rurales comme celle du district de Muskoka et à en tenir compte.

On a toujours besoin d'un plus petit que soi, dit-on parfois. Selon notre expérience, les petites localités manifestent beaucoup de vitalité et de dynamisme dans un pays aussi vaste et diversifié que le Canada. Cependant, l'économie du Muskoka est fragile. Ainsi, dans notre exposé, nous avons tenté de définir la nature du soutien qui nous est nécessaire de la part de notre palier supérieur de gouvernement.

À titre de représentants de la Société de développement de l'entreprise locale du Muskoka, nous apprécions grandement la collaboration d'Industrie Canada et nous sommes confiants d'être en mesure de raffermir notre base économique.

Le président: Merci.

Monsieur Asselin.

[Français]

M. Asselin: Merci, madame, et bienvenue au comité. Je me dois de vous féliciter de votre excellent exposé et d'avoir sensibilisé le comité.

.1020

Je suis convaincu que le comité en prendra bonne note et que certains extraits de votre présentation seront inclus dans son rapport au gouvernement. C'est pour sensibiliser le comité et le gouvernement que vous êtes ici aujourd'hui.

Je pense que le gouvernement fédéral est beaucoup trop centralisateur. Il essaie de tout contrôler. À l'aube du XXIe siècle, de l'an 2000, le gouvernement devrait être beaucoup moins centralisateur. Il devrait décentraliser les pouvoirs vers les provinces.

Bien sûr, si le gouvernement fédéral décentralise vers les provinces, l'argent suivra et les provinces pourront s'occuper du développement rural.

Il n'y a rien de mieux que la province de l'Ontario pour s'occuper de votre région. Je connais très bien votre région. Je ne suis toutefois pas sûr que le gouvernement fédéral connaisse autant votre région que le gouvernement provincial de l'Ontario peut la connaître.

Dans votre présentation, vous avez aussi parlé de tourisme, d'éducation et de formation. Selon moi, dans un système décentralisé, les provinces devraient s'occuper de cela. Cela diminuerait considérablement le gaspillage et empêcherait les dédoublements et les chevauchements en matière de programmes. On paye en double, puisque le fédéral et le provincial s'occupent tous deux de l'éducation.

Seriez-vous d'accord que les pouvoirs en matière de tourisme, d'éducation et de formation soient décentralisés vers les provinces?

[Traduction]

M. Hugh Fairfield (président, Community Business Development Corporation): Permettez-moi de préciser un aspect de notre programme.

Le portefeuille d'investissement fédéral que nous gérons est entièrement confié à des gens du milieu. Les bénévoles ont largement le champ libre à cet égard. La décentralisation est donc plus poussée que dans le cas du gouvernement provincial. Ce sont effectivement des bénévoles de notre région qui prennent les décisions.

Cependant, notre programme comporte certains défis et peut-être même certains dangers que j'aimerais préciser en ajoutant à ce qu'a déjà dit Sylvia.

Notre programme a deux visées. Nous offrons un financement de dernier recours aux entreprises en formation ou en difficulté financière. Nous leur accordons des prêts directs dont les intérêts doivent servir à l'autofinancement du fonds.

Le programme de prêt ne comporte, selon moi, qu'un seul risque. À l'heure actuelle, le gouvernement fédéral contribue financièrement à nos frais d'administration et à nos frais salariaux. Par conséquent, la totalité des revenus de prêts alimentent notre portefeuille, qui continue de croître.

Or, à l'heure actuelle, le ministère de l'Industrie envisage pour notre programme une transition vers l'autosuffisance. Autrement dit, nous serions tenus d'appliquer tout revenu de notre portefeuille aux frais administratifs et salariaux. Voilà où je perçois un certain danger.

.1025

En régime d'autosuffisance nous aurions peut-être tendance à être plus prudents dans l'appui que nous accordons à ceux qui ont besoin de nos prêts. Cependant, il existe peut-être une menace encore plus grave du fait que le second volet de notre programme a des répercussions à long terme. Le volet développement économique de notre programme vise à former les entrepreneurs de telle sorte qu'ils contribuent au renforcement du climat économique, de manière à attirer des entreprises, en formation ou en expansion. Ce volet du programme a des effets à long terme. Cependant, en régime d'autosuffisance il se peut que les rentrées d'argent ne soient pas assez rapides pour permettre à ce volet de se financer lui-même.

Grâce au programme qui existe depuis un certain nombre d'années nous recevons annuellement 200 000$ à appliquer aux frais administratifs et salariaux de notre organisation, et il nous a donc été possible de maintenir les deux volets du programme. Or, le volet développement économique à long terme risque d'être en péril si nous passons à un régime d'autosuffisance.

On peut donc envisager que ce programme administré et animé localement, auquel je participe avec une très grande fierté, subira une réorientation importante si le financement continu des frais administratifs est supprimé.

La notion d'autosuffisance doit faire l'objet d'un examen plus approfondi. Il faut également reconnaître que, même si nous sommes en mesure de continuer à consentir des prêts, nous devrons comprimer notre programme si les revenus liés à ces prêts doivent être appliqués à nos frais administratifs. La perspective de l'autosuffisance nous inquiète donc.

Le président: Madame Cowling.

Mme Cowling: Merci, monsieur le président.

Nous avons parcouru les provinces de l'Ouest et les régions du Nord au cours des derniers jours, et, à bien des endroits, on a abordé la question du renouveau rural dans l'optique des ressources humaines et de la réalité des populations. J'aimerais ainsi savoir ce que vous recommanderiez au comité pour ce qui est de la valorisation des régions rurales en vue d'inciter les jeunes à revenir dans leur région.

Mme Purdon: Voilà une question que j'apprécie beaucoup. Par le passé, les gens ne sont revenus, après avoir reçu une formation, que là où de nouvelles occasions existaient. De telles occasions peuvent être créées grâce à la croissance de l'activité existante, ce que nous avons pu constater récemment, à l'arrivée de nouvelles entreprises, ou - et il s'agit d'un aspect extrêmement important à l'heure actuelle - lors de la création de nouvelles entreprises, notamment des entreprises à domicile, qui exploitent la technologie.

Nous avons tenu récemment une conférence sur l'innovation en matière de travail indépendant, à laquelle ont participé 230 personnes du milieu de la petite entreprise. Au début des travaux j'ai demandé combien de personnes étaient des travailleurs indépendants. Une centaine de personnes ont levé la main. Il est donc assez clair que ce sont les nouvelles entreprises qui offrent de nouvelles possibilités.

Pour ce qui est de la petite entreprise existante, une étude récente faite par l'une de nos conférencières principales, justement, révèle que les petites entreprises existantes ne croissent pas vraiment. Elles atteignent une certaine vitesse de croisière, plafonnent à un certain nombre d'employés, un ou deux employés, et ne grandissent pas vraiment par la suite. Nous nous en doutions, mais une étude le prouve maintenant hors de tout doute.

.1030

Il faut donc axer les efforts sur la nouvelle entreprise. Nous avons donc tenté d'obtenir l'appui nécessaire pour renforcer les capacités d'entrepreneuriat de la population existante, qui a connu une dislocation importante du fait de compressions et de fermetures d'établissements d'envergure. Il nous faut la technologie nécessaire.

En réponse à M. Asselin, je dirais qu'il s'agit là d'une responsabilité fédérale. J'estime que les télécommunications relèvent davantage du palier fédéral que du palier provincial.

Selon moi, nous devons essentiellement axer nos efforts sur l'amélioration du climat d'entreprise, et nous nous efforçons d'inciter de nouvelles entreprises à s'établir chez nous. Voilà comment nous serons en mesure d'inciter des gens à revenir chez nous pour assurer le renouvellement du milieu rural et l'accroissement de la population.

Mme Cowling: J'ai une autre question. De nombreux témoins nous ont déclaré qu'il leur fallait davantage d'argent ou de subventions. J'aimerais savoir ce que font les gens comme vous pour ce qui est d'investir eux-mêmes dans leur avenir, dans leur collectivité. Souvent, nous constatons que les gens préfèrent placer leur argent ailleurs. Je crois que cela se passe dans bien des régions.

Comment donc encourager cet esprit de défricheur, grâce auquel a d'ailleurs été bâti notre milieu, selon toute vraisemblance? Comment inciter les gens du pays à investir dans le milieu rural au Canada? Souvent, ceux qui habitent les régions rurales du Canada emportent leurs ressources, et notamment les ressources financières qui nous sont indispensables lorsqu'ils partent. Comment les inciter à investir dans leur propre milieu?

M. Fairfield: Notre jeunesse instruite est l'une de nos richesses les plus précieuses. En général, nos jeunes travaillent pour quelqu'un d'autre ou ont été obligés de renoncer à devenir entrepreneur. Lorsqu'ils ont des enfants en bas âge, ils ne peuvent assumer ce risque, à cause de toutes les dépenses que cette situation implique. Ils n'ont pas de valeurs à offrir en garantie. Ils ont beau avoir l'esprit d'entreprise et la scolarité voulus, ils ne se considèrent pas comme des entrepreneurs, puisque, au départ, ils n'ont pas l'actif qu'il leur faudrait pour prendre des risques comme entrepreneurs.

Grâce à notre programme, nous nous efforçons de leur rendre le capital accessible, mais nous devons nous aussi exiger des garanties qu'ils peuvent être réticents à offrir. On peut exiger d'eux qu'ils hypothèquent leur maison ou qu'ils offrent des garanties personnelles. S'il était possible, dans les premières étapes, que quelqu'un assume une partie du risque, le nombre d'entrepreneurs en puissance augmenterait probablement, et nous réussirions peut-être à susciter cet esprit d'aventure qu'il nous faut pour dynamiser notre région.

On ne peut pas s'attendre, me semble-t-il, à ce qu'ils assument tous les risques, et il se peut que nous demandions à nos jeunes bien instruits d'assumer une trop grande part de risque. Leur formation constitue déjà un investissement. Ils sont peut-être en mesure de gérer une entreprise, mais ils ne peuvent tout simplement pas risquer tout ce qu'ils possèdent, de sorte qu'ils se contentent de dénicher un emploi, ce qui ne crée pas de nouvelles organisations. Or, cet aspect est tout à fait crucial dans une région comme celle du Muskoka.

Le président: Monsieur Wood.

M. Wood: Merci, monsieur le président.

J'aimerais approfondir un peu plus le sujet abordé par M. Fairfield. J'ai d'ailleurs posé la même question plus tôt ce matin. D'après vous, dans l'évaluation des demandes de personnes qui sollicitent des prêts à la petite entreprise auprès de votre organisation, devrions-nous mettre davantage l'accent sur la marge d'autofinancement plutôt que sur les garanties matérielles?

M. Fairfield: Lorsque notre conseil délibère, certains des membres se penchent sur le bilan et d'autres sur la marge d'autofinancement. Les résultats diffèrent nettement selon l'optique. L'examen de la marge d'autofinancement permet de déterminer quels sont véritablement les résultats de l'entreprise, alors que l'examen du bilan révèle une sous-capitalisation qui équivaut à la faillite selon tous les critères bancaires. Ainsi, le résultat ne serait certainement pas le même si on mettait à nouveau l'accent sur la marge d'autofinancement, dans la mesure où nous sommes prêts à assumer le risque, puisque aucun élément d'actif ne peut servir de garantie. À titre de gestionnaires de prêts, nous mettons probablement plus l'accent sur la marge d'autofinancement que d'autres prêteurs. Il serait bien souhaitable que nous en fassions davantage à cet égard.

.1035

M. Wood: Merci.

J'aurais une brève question à poser, sachant par ailleurs qu'un représentant de Bell Canada sera ici plus tard. Madame Purdon, vous avez dit souhaiter notamment un apport technologique plus considérable, étant donné que la technologie manque dans la région et que les progrès en matière de technologie de l'information n'ont pas été considérables. Jusqu'à quel point est-ce important? Jusqu'à quel point la région souffre-t-elle d'une infrastructure de communication désuète? Vraisemblablement, il s'agit là d'un aspect crucial pour les entreprises à haute technologie. Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet?

Mme Purdon: Comme je l'ai dit, le corridor de la route 11 semble suffire aux besoins des entreprises à l'heure actuelle - elles s'approvisionnent ailleurs au besoin. Cependant, dans le cadre de mes travaux sur le développement économique communautaire, j'ai été frappée dans mes rapports avec les gens du Nouveau-Brunswick de constater les effets de la technologie d'information de pointe dans cette province. Par exemple, la ville de Moncton est en mesure d'attirer des travailleurs qui viennent d'ailleurs. Il n'en va pas de même dans le cas du Muskoka. Ainsi, nous venons de terminer la mise au point d'une subvention pour le district de Muskoka dans le cadre du programme d'accès aux collectivités, mais la baie Georgienne n'est pas en mesure d'avoir accès à un réseau.

Nous disposons d'un site Internet, de sorte que les possibilités d'affaires sont considérables dans le district de Muskoka, mais il n'est pas accessible à tout le monde. Dans le canton de Muskoka Lakes, on en est encore largement au téléphone à cadran. Le réseau est nettement insuffisant à l'extérieur du corridor. Je ne vois pas comment nous pouvons penser à la compétitivité à l'aube de l'an 2000 sans disposer d'une infrastructure d'appui, et je souhaite ardemment qu'on en fasse davantage dans ce domaine grâce à un partenariat fédéral-provincial. La fameuse inforoute, nous en avons vraiment besoin.

Le réseau d'information est là, sa qualité est variable, et ce ne sont pas tous les gens qui y ont accès. Si j'ai parlé des entreprises à domicile, c'est qu'il s'agit d'un secteur en croissance. Ces entreprises vont avoir besoin d'un bon réseau de communication pour être en mesure d'exporter. On peut difficilement se lancer dans des coentreprises ou des activités d'exportation aux États-Unis sans disposer d'une technologie fiable et efficace. C'est à cela que je voulais en venir.

M. Wood: Existe-t-il un calendrier à cet égard pour votre région? Qui assurerait le service? Bell Téléphone ou un autre fournisseur...?

Mme Purdon: Il y a certainement des améliorations, mais le réseau reste primitif dans notre région. Notre député, Andy Mitchell, a beaucoup fait pour que la situation évolue, mais nous sommes passés tout simplement d'un service nettement obsolète à un service ordinaire. Je ne comprends pas pourquoi nous n'avons pas davantage accès à la fibre optique. D'après moi, le CRTC devrait étudier cette question. Je ne comprends pas pourquoi rien n'a été fait à cet égard, et, d'après moi, il s'agit là d'une responsabilité conjointe des paliers fédéral et provincial.

Le président: Merci beaucoup.

Comme l'a signalé M. Wood, des représentants de Bell Canada sont ici aujourd'hui. Ils auraient probablement souhaité être les premiers à comparaître plutôt que les derniers.

Merci, Don et Sylvia. Votre organisation est fort active dans le district de Muskoka. Vous avez piloté de nombreux projets dernièrement, et, dans tous les cas, la réussite a été au rendez-vous. Je vous en félicite et je vous invite à poursuivre votre excellent travail. Merci de votre comparution d'aujourd'hui.

.1040

Mme Purdon: Merci de nous avoir donné l'occasion de comparaître et merci également de votre appui.

Le président: J'aimerais maintenant présenter notre témoin suivant, Randy Clark, de tourisme Muskoka.

Bienvenue, Randy. J'espère que vous vous sentez un peu mieux. Je vous prie de nous livrer un exposé initial d'environ 10 minutes, après quoi nous passerons aux questions.

M. Randy Clark (directeur de la commercialisation, Office du tourisme du Muskoka): Je vous remercie de nous avoir invités. À titre de responsable du secteur du tourisme, j'accueille avec joie votre présence chez nous. J'aimerais bien que le gouvernement fédéral nous aide à mieux maîtriser les caprices de la température dans notre région. Si vous pouvez m'aider à ce sujet, je puis vous garantir une augmentation d'environ 1000 p. 100 du tourisme dans la région du Muskoka.

Je tiens à faire savoir à votre comité que le tourisme joue un très grand rôle dans la région. Dans le cadre du présent exposé, je m'attacherai à vous montrer les effets du développement rural sur le secteur du tourisme dans la région du Muskoka. Le tourisme est l'un des secteurs les plus dynamiques de l'économie de la municipalité du district de Muskoka. L'attrait touristique principal de la région est son paysage, la nature, notamment sa multitude de lacs et de cours d'eau.

C'est grâce à cette importante ressource que le secteur touristique du Muskoka a pu évoluer, passant de l'ère des bateaux à vapeur et des grands hôtels à celle du tourisme automobile et, plus récemment, à celle des déplacements par avion vers des lieux de villégiature modernes. On a pu constater cette évolution le mois dernier, au moment où le Muskoka a accueilli des acheteurs de forfaits séjours venant du monde entier ici à Huntsville, au Ontario Market Place. L'activité a eu beaucoup de succès.

Au nombre des principales attractions naturelles du Muskoka, on peut citer le parc Algonquin, le réseau navigable de la Severn et les lacs du Muskoka: le lac Muskoka, le lac Rousseau et le lac Joseph au sud, et le Lake of Bays, le lac Peninsula, le lac Fairy, le lac Mary et le lac Vernon au nord. Le ski de descente a une importance considérable dans notre stratégie de commercialisation - je pense à Hidden Valley Highlands et à Tally Ho - tout comme le ski de randonnée et, plus récemment, notre réseau de pistes de motoneige, le plus perfectionné et le plus considérable de l'Ontario. De plus, inspiré par la beauté du Muskoka, le génie inventif de l'homme nous a donné des attractions comme le RMS Segwun et les bateaux à vapeur Wanda III inaugurés récemment, de même que le navire de croisière Lady of Muskoka, le village du père Noël et le village pionnier du Muskoka.

Les artistes ont également un rôle important à jouer pour ce qui est d'assurer la pérennité de nos paysages spectaculaires et de les faire connaître par leurs photographies et leurs tableaux qui sont exposés dans nos nombreuses galeries et expositions, comme l'exposition Art in the Park à laquelle participent les meilleurs artistes naturalistes du Canada, et par la tenue d'un salon d'artisanat, le plus ancien au Canada et le deuxième en importance.

Les divers segments du secteur du tourisme de la région du Muskoka attirent environ 600 000 touristes par année, qui viennent s'ajouter aux quelque 88 000 villégiateurs qui fréquentent habituellement la région, le tout représentant environ 705 000 déplacements-personnes annuellement vers la région du Muskoka.

Les répercussions économiques directes de cette activité sur le district de Muskoka se chiffrent à 195 millions de dollars par année pour le segment touristique et à 113 millions de dollars de plus par année pour celui de la villégiature. Compte tenu de l'importance de l'apport économique direct de 308 millions de dollars et des quelque 9 000 emplois créés directement dans le secteur du tourisme, il est évident que la viabilité du secteur doit être maintenue pour assurer la stabilité de l'ensemble de la région du Muskoka.

Plusieurs variables ont une incidence sur le tourisme, notamment la valeur du dollar, la conjoncture économique, la concurrence, le climat et les efforts de commercialisation. Chaque augmentation ou diminution de 1 p. 100 de la fréquentation touristique de la région du Muskoka correspond à 6 000 touristes par année, à 1,59 million de dollars de dépenses directes et à 39 années-personnes d'emploi.

Pour illustrer l'importance du marché du tourisme dans l'économie de la région du Muskoka, il suffit de constater que durant notre saison touristique habituelle la population de la région augmente de 184 p. 100 par rapport au nombre de résidents permanents. Comme secteur, notre défi consiste, à l'approche du tournant du siècle, non seulement à maintenir les taux de fréquentation actuels, mais aussi à les accroître en accaparant une part plus grande du marché mondial du tourisme.

.1045

À cet égard, nous avons besoin de l'aide du gouvernement fédéral pour faire connaître la région du Muskoka. Nous serions ainsi en mesure d'accroître les activités commerciales dans la région et de raffermir son assise économique.

On peut y arriver notamment grâce aux diverses expositions commerciales et industrielles auxquelles participe le gouvernement fédéral partout dans le monde. Il est souvent difficile pour notre office du tourisme d'assumer les dépenses qu'occasionnent de telles expositions. Nous risquons donc de perdre certains marchés et de restreindre notre potentiel, puisque seuls les concurrents de plus grande envergure qui disposent de ressources financières plus considérables peuvent se permettre de se déplacer en Europe et en Asie pour bénéficier des possibilités de revenus additionnels qu'elles offrent.

D'autres moyens de publicité, dont les sites web, permettent de commercialiser très efficacement la région du Muskoka un peu partout dans le monde. Grâce aux liens qu'il a pu établir avec divers sites et diverses entreprises, l'Office du tourisme du Muskoka a pu faire connaître avantageusement la région, ainsi que certaines de ses entreprises, lieux de villégiature et attractions. Nous avons reçu, d'un peu partout dans le monde, des milliers de demandes d'information au sujet des points d'intérêt et des lieux de séjour de la région du Muskoka.

À l'heure actuelle, notre principal marché cible est accessible par automobile. Il englobe le sud de l'Ontario et les États américains du Nord. Auparavant, les États-Unis représentaient pratiquement 50 p. 100 de notre marché, mais aujourd'hui ils n'en représentent plus que 15 p. 100 environ. Il s'agit d'un marché que tous les intervenants des secteurs privé et public doivent s'efforcer de reconquérir.

J'espère avoir pu tout au moins vous donner une idée de notre secteur touristique et de l'importance qu'il a pour le développement économique de la région du Muskoka.

Je me suis efforcé de répondre à un certain nombre des questions qui figurent sur votre liste. J'ai surtout voulu vous dire que le tourisme a pour nous une importance très considérable.

Le président: Merci beaucoup, Randy.

Monsieur Asselin.

[Français]

M. Asselin: Vous avez tout à fait raison. L'industrie du tourisme est celle à développer, principalement dans les régions rurales, afin d'inciter les gens des zones urbaines à se diriger vers les zones rurales, où il y a des installations, notamment sportives, qu'on ne retrouve pas dans les grandes villes. Il y a toute une différence entre ce que fait le gouvernement et la réalité, et cela doit vous inquiéter par rapport à l'industrie touristique à développer.

La volonté du gouvernement est clairement énoncée dans le Livre rouge. Il contient une foule de promesses, mais la réalité est tout autre. En ce qui a trait au tourisme, les coupures de l'assurance-chômage doivent affecter sérieusement votre main-d'oeuvre, qui est saisonnière. Vous devez faire continuellement de la formation parce que les gens ne pourront se qualifier pour l'assurance-emploi et devront se diriger vers des emplois plus permanents. Les emplois sont précaires; les gens vont se diriger vers des emplois plus stables.

Le gouvernement fédéral coupe également beaucoup dans les transferts aux provinces. Les provinces n'ont donc plus d'argent à donner aux associations touristiques. Chez nous, et je suis convaincu qu'ici, en Ontario, c'est la même chose, le tourisme de la pêche et de la chasse sportives est pénalisé par les décisions gouvernementales, entre autres par le projet de loi C-68 sur l'enregistrement des armes à feu. C'est un projet de loi qui va nuire considérablement à l'industrie touristique, principalement en ce qui a trait aux chasseurs. On sait que ce sont des gens qui consomment beaucoup et qu'il y a beaucoup de retombées économiques, notamment pour les hôtels. Bref, vous connaissez mieux que moi les conséquences de ce projet de loi.

Il y a également la tarification du réseau maritime. Si vous convoyez par voie d'eau, avec le projet de loi C-46, il y aura des augmentations dans la tarification du réseau maritime, ce qui aura pour effet de faire augmenter le prix du billet. C'est encore le consommateur qui va payer.

Passons maintenant à la privatisation des infrastructures. Vous avez parlé des aéroports. Auparavant, les déficits des aéroports étaient absorbés par le gouvernement fédéral. Aujourd'hui, on s'en va vers une privatisation. L'entreprise devra être rentable, ce qui va causer une augmentation des coûts du transport aérien ou ferroviaire.

Quant à la TPS, elle est un handicap majeur pour le tourisme. Même nous, au Canada, avons de la difficulté à nous y habituer. Les Européens, les Américains, lorsqu'ils viennent nous visiter, sont un peu frustrés de devoir payer la TPS. Constatez-vous comme moi, monsieur, qu'il y a vraiment une différence entre la volonté et la réalité?

.1050

[Traduction]

M. Clark: La marge de manoeuvre est considérable à tous les égards. Pour revenir à certains de vos commentaires, je dirais que, en effet, nous perdons des gens qui se déplacent vers la ville et nous constatons également qu'ils finissent par revenir. Ils doivent bien sûr se déplacer pour dénicher des emplois, et la situation évolue évidemment en fonction du chômage.

Vous avez parlé des voies navigables et des aéroports. Il s'agit en effet d'un marché important que nous nous efforçons de mettre en valeur et de dynamiser. Nous surveillons de près l'évolution de la situation à cet égard. Nous tenons absolument à disposer dans la région d'un aéroport d'envergure.

Il faut dire que la TPS fait beaucoup parler d'elle. Les gens qui fréquentent nos centres d'accueil nous demandent souvent où ils peuvent se procurer les formulaires de remboursement. Ils veulent également savoir s'ils peuvent être remboursés, pourquoi une telle taxe existe, et s'il y a moyen de l'éviter.

Ce sont souvent les gens qui proviennent des États-Unis qui nous parlent des taxes. La question semble moins préoccuper les Européens. Ces derniers semblent tout simplement accepter la situation, mais les Américains, eux, se rebiffent certainement.

Pour ce qui est du secteur touristique en tant que tel, les touristes de l'étranger sont habitués à voyager dans divers pays ayant chacun leurs particularités, et ils font donc preuve de souplesse. Il arrive qu'ils soient désarçonnés par tel ou tel aspect qu'ils contestent à l'occasion. Cependant, d'une façon générale, ils sont ici pour profiter de la vie, en famille, en groupe ou autrement.

Dernièrement, nous avons reçu un grand nombre de visiteurs étrangers représentant les divers paliers de gouvernement. Nous avons été en mesure de construire un nouveau centre d'accueil le long de la route. Il n'en existe pas beaucoup de ce genre en Ontario. Nous nous efforçons d'accueillir les quelque 600 000 visiteurs qui fréquentent notre région annuellement, auxquels s'ajoutent une centaine de milliers de villégiateurs.

Il ressort de ce qui précède que les divers paliers de gouvernement, qu'il s'agisse du fédéral, du provincial, et même du municipal, ont des effets directs et considérables sur notre secteur. Il y a beaucoup à faire dans divers domaines pour qu'il soit facile pour les voyageurs de se rendre chez nous. En tout premier lieu, nous devons faire connaître notre existence. La meilleure stratégie, à l'heure actuelle, consiste vraisemblablement à miser sur la valeur de notre dollar.

Ai-je répondu à votre question?

[Français]

M. Asselin: Je vais laisser du temps à mes collègues.

[Traduction]

Le président: Monsieur Serré.

[Français]

M. Serré: Je vais vous épargner la grande dissertation politique de mon collègue du Bloc québécois.

J'aurais deux questions pour vous. Comment pouvez-vous expliquer la réduction de la participation des touristes américains de 50 à 15 p. 100? Cela me semble énorme. Étant donné que notre dollar est assez bas, j'ai de la difficulté à comprendre cela.

Ma deuxième question porte sur une présentation que nous avons eue dans le nord du Manitoba, une présentation du Assiniboine Birdtail Bioregional Tourism Association. Ils ont élaboré un concept un peu différent de qu'on a pu voir ici, dans le nord de l'Ontario. Au lieu de se faire la concurrence les unes aux autres, les différentes régions se sont associées et les différentes communautés ont chacune leur projet de développement touristique. À la fin du jour, elles se rencontrent. Elles ont un bureau de direction commun qui essaie de promouvoir le tourisme dans un contexte beaucoup plus large.

L'un des problèmes que je rencontre souvent dans mes municipalités du nord de l'Ontario, c'est que les municipalités se font la concurrences les unes aux autres au lieu de travailler ensemble. J'aimerais connaître votre opinion là-dessus. Ce genre de programme existe-t-il ici? Croyez-vous que ce serait positif?

.1055

[Traduction]

M. Clark: Votre première question au sujet du tourisme américain est excellente. Nous nous efforçons de comprendre le phénomène de la baisse. J'ai moi-même grandi dans le secteur, à Waubaushene, sur la baie Georgienne, au début des années 60, et je me souviens très bien que, à l'époque, l'Ohio, le Wisconsin et le Minnesota représentaient 100 p. 100 de notre marché. Pour une raison ou pour une autre, ces touristes ne sont pas revenus.

Pourtant, compte tenu du taux de change, les Américains qui se rendent chez nous adorent cela. Nous ne faisons peut-être pas suffisamment valoir l'avantage du taux de change, ou peut-être encore ne ciblons-nous pas suffisamment notre publicité et nos efforts de commercialisation pour convaincre les Américains, et même les Européens, que leur devise a un pouvoir d'achat considérable chez nous. Il s'agit d'un facteur qui devrait les attirer, mais, pour une raison ou pour une autre, ils ne semblent pas y avoir été sensibles jusqu'à maintenant.

Nous devons récupérer ce marché. Nous nous efforçons de le faire de diverses façons. Par exemple, nous nous rendons directement aux États-Unis, nous collaborons avec certains groupes, nous émettons des communiqués de presse. Nous offrons aux touristes des trousses d'information qu'ils peuvent diffuser à leur retour. Pour nous, le bouche à oreille a une très grande importance. C'est pratiquement aussi valable que tout ce que nous pouvons faire sur le plan de la commercialisation.

Votre question est donc fort pertinente. Nous serions certainement enchantés d'une remontée au niveau de 50 p. 100. Nous travaillons en ce sens. Je crois qu'il est difficile de pointer du doigt un seul facteur par les temps qui courent. Il y a peut-être tout simplement eu un effritement au fil des années, parallèlement à l'évolution du taux de change, à la hausse ou à la baisse. Même à l'époque où le marché du tourisme américain était considérable, notre devise cotait à 1,07 par rapport à la devise américaine, et pourtant les Américains continuaient d'affluer. Pour une raison ou pour une autre nous avons perdu ce marché au cours des années de récession, et nous devons maintenant le récupérer. L'écart de valeur du dollar pourrait certainement nous avantager si nous arrivions à faire passer le message.

Vous avez parlé de collaboration, et c'est un facteur très important. Si Tourisme Muskoka a été créé, c'est en bonne partie parce que le Muskoka est une vaste région, je pense. Il y a Huntsville au nord, la région de Port Severn et toute la baie Georgienne, qui englobe Bracebridge et Gravenhurst, et toutes ces régions doivent collaborer. Elles ont toutes leur propre chambre de commerce. Elles ont toutes leurs propres résidents, qui ont leurs propres initiatives et aspirations. Nous avons dû regrouper tout le monde aux fins de la commercialisation parce que les gens de l'extérieur ne songent pas toujours à une municipalité en particulier. Quand ils pensent au Muskoka, ils pensent à une région et à un mode de vie.

Nous avons commencé à nous regrouper à l'échelle régionale, et, depuis que j'ai été recruté l'année dernière, j'ai été chargé notamment de rassembler tout le monde et de coordonner leurs efforts. Dans l'industrie de nos jours, si l'on mentionne une ville particulière à des Européens ou à des Américains, cela ne va pas nécessairement évoquer quelque chose à leur esprit. Si vous mentionnez le Muskoka, cela évoque quelque chose pour eux. Nous devons vendre notre tourisme en fonction de la destination.

Il y a un très bon exemple d'une autre région qui fait la même chose. Je viens de la région de Midland-Penetang, où il y avait diverses industries touristiques qui rivalisaient pour un pourcentage du petit marché qui existe dans la région. Elles ont fini par se regrouper et par réunir leurs ressources, et au lieu d'acheter maintenant sept espaces aux foires pour sportifs ou aux foires de voyages, elles en achètent un plus grand. Elles économisent et peuvent utiliser de meilleurs outils de commercialisation. Cela a très bien fonctionné pour elles, et c'est ce que nous essayons de faire ici.

À part le Muskoka, nous collaborons maintenant avec certaines régions de l'extérieur, comme le parc Algonquin, qui n'est pas très loin de la région, le casino dans la région d'Orillia, et Midland-Penetang pour vendre toute la région. Nous pouvons réussir mieux si nous faisons une publicité très générale. C'est un facteur très important, et je suis tout à fait d'accord avec cette façon de procéder.

M. Wood: Pour revenir à ce que disait M. Serré, et vous en avez parlé vous-même il y a un instant, il s'agit de réunir les gens. Avez-vous du mal à réunir les gens et les collectivités pour développer une industrie touristique viable à long terme?

M. Clark: J'ai trouvé cela très facile depuis que je suis au Muskoka. Les gens sont toujours d'accord. Tout le monde veut que la région prospère. Quand je tiens une réunion du conseil, cette semaine par exemple, il y a des gens qui prennent leur automobile à 6 heures et conduisent deux heures pour être à la réunion du conseil à 9 heures, parce qu'ils tiennent à y participer. Ils savent que nous accomplissons quelque chose en travaillant ensemble. Chaque fois que j'ai demandé aux gens si nous pouvions nous réunir et discuter d'un sujet particulier ou prendre une nouvelle initiative, cela a bien fonctionné au Muskoka. Je pense que nous avons un bon climat.

Peut-être que si nous avions plus d'outils ou davantage de stimulants pour nous aider... Lorsqu'il y a des gens qui sont toujours prêts à donner, c'est une bonne chose de pouvoir se servir de certaines ressources ou d'avoir accès à des subventions, parce que cela montre aux gens qu'il y a une lumière au bout du tunnel et que tout le monde est prêt à collaborer. Ce sont eux qui font le travail. Si les divers échelons gouvernementaux n'apportent pas leur contribution, ils commencent à en avoir assez et à se décourager. Si nous pouvons avoir notre mot à dire, si on ne nous met pas de bâtons dans les roues quand nous téléphonons à quelqu'un, nous allons penser que nous pouvons nous-mêmes faire quelque chose, vu que le gouvernement fait telle ou telle chose, et nous allons collaborer parce que c'est à notre avantage.

.1100

Ce sur quoi je mise le plus, c'est que tout le monde collaborera avec nous. L'esprit de collaboration est déjà très fort dans la région.

M. Wood: J'ai une dernière question, monsieur le président. Comme vous le savez, notre comité voyage dans tout le pays pour essayer de voir comment on peut favoriser la croissance dans les régions rurales du Canada, et nous avons jusqu'ici entendu le point de vue de bien des gens comme vous dans l'industrie touristique.

Si, une fois que nous aurons présenté notre rapport et recommandé quelque chose au sujet de l'industrie touristique, le gouvernement décidait de faire quelque chose pour vous aider, est-ce que cela assurerait la stabilité économique selon vous? La diversification économique qu'entraînerait le développement touristique mènerait-elle à une plus grande stabilité économique et donnerait-elle plus de certitude dans le domaine des ressources?

M. Clark: Absolument. Comme je l'ai signalé en citant des chiffres plus tôt, le tourisme représente un emploi sur deux dans la région du Muskoka. C'est le plus important secteur d'emploi, et tous les habitants de la région ont déjà travaillé dans l'industrie ou en font encore partie. Si nous conservons notre marché et continuons à collaborer, cela sera certainement le facteur clé pour le développement de la région.

À une certaine époque, on appelait le Muskoka le Las Vegas du Nord. Nous comptons parmi nos visiteurs des gens de la Californie, comme Goldie Hawn, Tom Hanks et Mel Gibson, pour n'en nommer que quelques-uns. C'est la réputation que nous avions auparavant et que nous commençons à retrouver maintenant. Ces gens viennent chez nous plutôt que n'importe où ailleurs en Amérique du Nord. C'est un élément important de la base économique. Si des gens comme eux visitent notre région, d'autres viendront aussi. C'est la même chose dans tous les domaines.

Si le marché se rétrécit d'une façon quelconque, cette base économique et ces emplois vont disparaître, ce qui nous replongera dans le cycle de l'assurance-chômage et du bien-être social.

Il n'y a pas grand-chose d'autre que le tourisme au Muskoka. Ce serait très grave si la situation changeait, mais je ne vais pas permettre que cela arrive. Nous y travaillons et nous envisageons la situation d'un angle tout à fait nouveau.

J'imagine que je suis surtout venu ici pour rappeler au comité que c'est une chose très importante pour nous.

Je comprends la nécessité des coupures budgétaires. Je comprends tout ce qui se passe à l'heure actuelle, mais vous devez reconnaître de votre côté que cela a de grandes conséquences pour nous. S'il y a un moyen de nous donner accès aux ressources disponibles grâce au système que nous avons maintenant, cela pourrait être utile. Pour que nous puissions survivre, il faut que vous collaboriez avec nous et que vous compreniez que c'est important pour l'industrie. L'interaction est un élément primordial pour nous.

M. Wood: Merci.

Le président: Merci, Bob.

Avant de vous laisser partir, je voudrais vous parler de l'une des choses qui ont retenu mon attention dans tout le pays relativement au tourisme. Je veux parler de l'infrastructure touristique. Dans la région de Parry Sound-Muskoka, le gouvernement fédéral a pu investir dans votre nouveau centre touristique.

M. Clark: C'est exact, et je vous en remercie.

Le président: Nous avons créé un centre touristique à Burk's Falls. Nous avons investi environ un demi-million de dollars dans les pistes de motoneige. Nous avons dépensé des montants considérables pour refaire les pistes à l'aéroport. Bon nombre de groupes de la région qui organisent des festivals ou autres activités de ce genre ont reçu pas mal d'appui du gouvernement fédéral. Selon vous, est-ce un rôle approprié pour le gouvernement fédéral, et devrions-nous continuer à appuyer l'infrastructure touristique?

M. Clark: Le fait d'avoir un centre touristique sur place plutôt que sur une petite rue de côté en ville a certainement eu beaucoup d'impact. La visibilité est le facteur clé. Depuis mon arrivée, le fait que nous soyons sur le couloir de la route 11, dont on parle très souvent ici, et près de la route 59 aussi, a fait toute la différence du monde pour l'industrie touristique du Muskoka. Ce sont des choses que je continue à appuyer, et j'espère que vous ferez de même. C'est essentiel pour nous.

.1105

Le marché est très compétitif. Quand nous ne recevions pas l'appui des divers échelons gouvernementaux, le Muskoka accusait sans doute du retard par rapport à d'autres régions. Le marché est quand même restreint. Nous rivalisions avec d'autres régions, mais le Muskoka commence maintenant à reprendre pied grâce à certaines initiatives qui ont attiré de nouvelles entreprises dans la région. Tout cela est nouveau pour nous, et les subventions du RMS Segwun et du Wanda III et des choses du même genre nous ont beaucoup aidés. C'est très important pour nous.

Le président: Merci beaucoup, Randy. Nous vous remercions d'être venu. Je sais que vous n'êtes pas très bien aujourd'hui, et nous vous sommes donc très reconnaissants d'être venu.

M. Clark: Je perdrais sans doute mon emploi si je ne vous invitais pas tous à revenir au Muskoka avec vos familles et vos amis. Vous avez ma carte. Vous pouvez toujours nous téléphoner. Nous vous aiderons à vous trouver un bon endroit où rester et des activités pour vous occuper.

Le président: Je vois que le président du district en a pris note. Merci.

J'invite maintenant notre témoin suivant à s'avancer. Je suis très heureux d'accueillir le président du district de Muskoka, M. Gord Adams. Soyez le bienvenu, Gord.

M. Gord Adams (président du district, municipalité du district de Muskoka): Bonjour, monsieur le président et membres du comité.

Si vous avez un exemplaire de ma déclaration, vous pourrez déduire que j'ai commencé à la rédiger dimanche dernier. Ma première phrase parle d'un accueil chaleureux au Muskoka. Cet accueil chaleureux vient du coeur, mais c'est plutôt un magnifique paysage hivernal que nous avons ce matin à vous offrir.

Vous avez assurément déjà entendu certaines des choses que je vais dire ce matin. J'ai écouté ce qu'a dit Randy et je vais parler de certaines des mêmes choses que lui.

Je suis heureux que vous soyez ici, Andy, et membres du comité, et je suis ravi de témoigner devant vous. Bienvenue au Muskoka.

Je suis heureux de représenter aujourd'hui la municipalité du district de Muskoka et ses 22 membres, qui représentent six municipalités de la région. Je voudrais d'abord dire quelques mots d'introduction avant d'entamer mon exposé.

Le Muskoka est une destination de choix pour les vacanciers, comme l'a déjà dit Randy. Nos 1 600 milles carrés comprennent des centaines de lacs et rivières qui comptent parmi les plus appropriés pour les loisirs qu'on trouve dans notre beau pays. Depuis deux siècles, l'attrait de ces eaux sur le plan du tourisme et des loisirs est au coeur de l'économie de la région. L'industrie touristique est de loin la plus grande source d'emplois dans la région du Muskoka et elle influe directement sur le succès de nos industries des services et du bâtiment. Essentiellement, l'industrie touristique est le baromètre de la région.

La région compte environ 57 000 habitants permanents, et la population triple si l'on ajoute la population saisonnière. La plus grande partie de l'activité commerciale au Muskoka a lieu entre la longue fin de semaine de mai et l'Action de grâces, ce qui laisse entendre toutes sortes de problèmes, comme l'interruption de l'emploi, le besoin souvent légitime de soutien du revenu, la demande de travail à temps partiel pour faire le pont entre les saisons touristiques et la fluctuation des rentrées pour presque toutes les entreprises. Il importe de noter que le salaire moyen au Muskoka est inférieur de 20 p. 100 à la moyenne provinciale.

La région est facilement accessible à partir du Grand Toronto et du Golden Horseshoe. Notre croissance démographique vient surtout du grand nombre de retraités qui décident de quitter les régions urbaines de l'Ontario, à une heure au sud de chez nous, pour un environnement et un mode de vie plus sains. Notre population reflète donc un mélange intéressant de familles qui habitent la région depuis des générations, de résidents saisonniers et d'autres qui ont décidé de s'installer en permanence dans la région du Muskoka pour leur retraite ou, dans certains cas, pour leur travail.

Où avons-nous besoin d'aide? À mon avis, nous avons besoin de l'aide du gouvernement fédéral pour relever les grands défis et faire face aux questions importantes que presque toute collectivité qui a des aspirations pour l'avenir trouve sur son chemin.

Mes observations s'inscrivent aujourd'hui sous cinq grandes rubriques: le tourisme, l'industrie forestière, le développement économique communautaire, la Loi canadienne sur les pêches et le besoin d'un programme d'infrastructure.

Relativement au tourisme, je sais que le gouvernement fédéral a sensiblement augmenté les fonds affectés au développement touristique au Canada depuis un an ou deux. Le district contribue beaucoup à l'office de tourisme local, Tourisme Muskoka, et je connais donc assez bien la promotion et la commercialisation du tourisme. Je dois cependant reconnaître que j'ignore comment l'aide financière fédérale et les programmes qui en découlent aident le tourisme au Muskoka ou les établissements de villégiature à vendre nos produits touristiques au Canada et au reste du monde. Nous n'avons vraiment pas les moyens financiers ou techniques de vendre notre industrie touristique à l'échelle internationale. Nous avons besoin de l'aide des gouvernements fédéral et provincial pour établir les mécanismes de commercialisation appropriés et aider à diffuser ces renseignements.

.1110

Nous savons que le Muskoka est un lieu de destination de classe internationale. Nous accueillons des touristes du monde entier. Si vous vous rendez au parc Algonquin, à l'est de notre région, ou si vous faites une croisière à bord du RMS Segwun à partir de Gravenhurst, vous constaterez tout de suite que nos touristes viennent du monde entier.

J'ai raconté une anecdote à Andy il n'y a pas très longtemps. Il y a quelques années, j'ai visité Anchorage, en Alaska, et j'y ai fait une croisière en vapeur à aubes. Je portais une casquette du RMS Segwun et un touriste allemand est venu me dire que la meilleure croisière qu'il ait jamais faite, c'était à bord du RMS Segwun deux ans plus tôt.

Nos destinations touristiques et nos installations écotouristiques dans le nord du Muskoka ont une réputation mondiale. Nous pourrions cependant faire beaucoup plus et nous devons améliorer nos mécanismes de commercialisation.

J'invite donc les ministères du gouvernement fédéral à fournir davantage de renseignements à l'administration locale et à nos organismes au sujet des nouvelles possibilités de programmes. Venez nous parler pour que nous comprenions comment nous servir de ces programmes afin de pouvoir parler au reste du monde.

Je sais qu'il y a des témoins aujourd'hui qui représentent l'industrie forestière et je ne m'attarderai donc pas trop longtemps sur cette question. L'industrie forestière emploie bien des gens de la région du Muskoka dans les usines qui fabriquent des panneaux de particules, de même que les fournisseurs de bois de chauffage. Nous appuyons de tout coeur les bonnes pratiques de gestion forestière et la coupe pour ces industries.

Selon moi, il sera beaucoup plus difficile à l'avenir de faire la part des choses entre les intérêts de l'industrie forestière et ceux de l'industrie touristique. Dans le parc Algonquin, c'est l'environnement naturel qui attire les touristes. Bien des membres de notre société vous diront aujourd'hui que la récolte des arbres est nocive pour l'environnement, et leurs voix se font entendre de plus en plus. Nous croyons qu'il est possible de maintenir l'équilibre et que nous pouvons avoir en même temps une industrie forestière saine et dynamique et une industrie écotouristique très forte.

Pour ce qui est du développement communautaire et économique, je vais vous parler un peu du développement économique communautaire en général. Nous louons les efforts de la Société de développement de l'entreprise locale du Muskoka, la SDEL, pour ce qui est d'offrir des prêts aux entreprises et de mettre sur pied des programmes de développement économique communautaire.

À titre de conseiller municipal, j'ai constaté que le développement économique communautaire doit venir de la base. D'après moi, le service doit être conçu pour répondre aux besoins de la collectivité, peu importe comment on la définit dans la région, qu'il s'agisse d'une petite ville de 12 000 habitants ou d'un village de 500 habitants. J'encourage donc la société de développement à utiliser les forces des collectivités locales pour promouvoir le développement commercial dans la région.

Les six municipalités du Muskoka veulent continuer à jouer le même rôle de premier contact pour attirer et conserver des entreprises. J'encourage donc la SDEL à mettre au point des programmes qui reflètent cette philosophie et à jouer un rôle utile en conseillant et en aidant les collectivités.

Sur le plan financier, je crois savoir que la SDEL explore de nouvelles possibilités qui lui permettraient de relever le plafond de ses prêts au-dessus du maximum maintenant autorisé de 75 000$. Ce serait un pas dans la bonne voie. Pour bon nombre de nos établissements d'hébergement et de loisirs, la limite actuelle n'est pas très réaliste et n'est certes pas assez élevée pour attirer de nouvelles grandes entreprises dans la région. Il faudrait peut-être aussi rationaliser le service grâce aux fonds disponibles d'autres sources d'emprunts.

Je manquerais à mon devoir si je ne parlais pas aujourd'hui au comité de la Loi canadienne sur les pêches et de son application dans la région du Muskoka. Je voudrais dire dès le départ que nous sommes très fiers de la façon dont nous protégeons notre environnement et nos ressources au Muskoka. Nous sommes l'une des rares municipalités du Canada à avoir établi des politiques de planification de l'utilisation des terres qui tiennent compte de la protection de l'habitat du poisson et de la qualité de l'eau. D'autre part, il y a certains problèmes opérationnels dont vous devriez tenir compte.

Comme vous le savez peut-être, chaque fois que l'on entreprend des travaux sur un cours d'eau ou près d'un cours d'eau il faut obtenir un permis du ministère des Ressources naturelles de l'Ontario, conformément à la Loi sur les terres publiques. Depuis cinq ans environ, le régime d'administration permanente a évolué au point que, alors que l'on ne tenait souvent pas compte de l'obligation d'avoir un permis dans le passé, il arrive souvent maintenant au gouvernement fédéral de devoir intervenir parce que le ministère ontarien renvoie toutes les demandes qui touchent l'habitat du poisson au ministère des Pêches et des Océans.

Il arrive donc souvent maintenant que le ministère provincial renvoie au ministère des Pêches et des Océans même les demandes de permis pour les plus petits travaux qui soient. Cela a causé des retards importants et une augmentation des coûts pour des projets importants à l'échelle municipale, mais sans grande conséquence au plan national.

.1115

Ce qui n'améliore pas les choses, c'est que depuis avril 1995 tous les projets examinés par le ministère des Pêches doivent correspondre aux exigences de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. Même si tous les projets municipaux doivent satisfaire aux exigences de la Loi sur l'évaluation environnementale de l'Ontario, dans bien des cas ils doivent aussi être approuvés conformément aux dispositions de la loi canadienne.

À titre d'exemple de ce problème, je mentionnerai le cas de la proposition du district en vue de reconstruire une partie de la route numéro 26 du Muskoka, dans le canton de Muskoka Lakes. Ce projet comprend le remplacement d'une buse sous la route principale et d'une deuxième buse sous une route secondaire. Les deux buses mesurent environ 36 pouces de diamètre.

Après l'évaluation environnementale de l'Ontario, le district a demandé un permis de travail au ministère provincial en mai 1994, comme l'exige la Loi sur les terres publiques de l'Ontario. Le ministère a trouvé des mulets à cornes dans le cours d'eau - ce que certains d'entre nous appellent des ménés ou épinoches - et renvoyé la question au ministère des Pêches et des Océans, qui a à son tour transmis la demande au ministère fédéral chargé de l'application de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale.

Je tiens à bien préciser ici que nous n'avons absolument rien à redire au comportement des fonctionnaires fédéraux ou provinciaux. Nous sommes convaincus que tous nous ont fourni des services appropriés, compte tenu du cadre législatif et administratif qu'ils doivent respecter.

Le fait est que si le gouvernement fédéral doit s'occuper de tous les projets de ce genre, la bureaucratie sera vite débordée, ne serait-ce que par les demandes en provenance de l'Ontario.

Il y a des centaines de buses dans le réseau routier du district et des milliers dans la province. Nous avons du mal à croire que le gouvernement fédéral doive vraiment s'intéresser à la réglementation de l'environnement pour ces conduits. Cela nous étonne même un peu que cela intéresse le ministère provincial.

Je vous signale cette question parce que l'on doit maintenant utiliser les ressources des trois échelons gouvernementaux pour des questions qui, à notre avis, ne méritent pas une telle attention.

Selon nous, nous devons examiner de plus près nos rôles respectifs à cet égard pour garantir qu'on utilise sagement les ressources publiques, surtout en ces temps difficiles sur le plan économique.

L'un des programmes auxquels nous avons participé récemment et qui a eu le plus de succès, c'était le programme d'infrastructure Canada-Ontario. Grâce à ce programme, les administrations du district et des municipalités du Muskoka ont pu apporter des améliorations permanentes importantes à nos collectivités, des améliorations qui ont favorisé la croissance et l'investissement tout en fournissant des emplois dont on avait bien besoin dans l'industrie du bâtiment.

Dans le cas du district, nous avons construit des choses comme des routes, des égouts, des canalisations d'eau un peu partout dans les localités du Muskoka.

Nous avons aussi construit un nouveau centre d'information touristique sur la route 11 pour promouvoir notre industrie touristique et nous avons aidé à la construction d'un deuxième centre d'information touristique sur la route 169. Des milliers de personnes ont visité ces centres l'été dernier pour se renseigner sur les services touristiques de la région du Muskoka. En retour, les entreprises qui profitent du tourisme ont investi de l'argent dans les programmes offerts par ces services.

Nous encourageons le gouvernement fédéral à mettre sur pied un autre programme d'infrastructure dans un avenir rapproché. Cela favorise davantage d'investissements dans nos collectivités, montre que nous avons confiance dans l'avenir et crée de l'emploi.

Nous recommanderions cependant que l'on simplifie la documentation requise pour qu'on puisse regrouper tous les projets dans une seule demande et que l'on donne plus de souplesse relativement au coût de chaque projet visé par la demande.

Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de m'avoir permis de vous adresser la parole aujourd'hui au nom du district. Je suis très heureux que le comité ait décidé de visiter notre région. J'espère que les renseignements que nous vous avons fournis vous aideront dans vos délibérations.

Le président suppléant (M. Wood): Merci, monsieur Adams. C'est un jour de grand vent où l'on serait mieux chez soi, et nous vous remercions d'avoir fait l'effort de venir nous voir.

Je laisserai mon collègue, M. Asselin, entamer la période de questions.

[Français]

M. Asselin: D'abord, en tant que député, je suis heureux de rencontrer des élus municipaux. On en a rencontré plusieurs pendant notre tournée. On s'est aperçu que les élus municipaux étaient beaucoup préoccupés par un futur programme d'infrastructures. J'ai été conseiller municipal à Baie-Comeau pendant 14 ans. J'espère que ma carrière politique à Ottawa ne sera pas aussi longue. Je suis convaincu que plusieurs sont d'accord là-dessus.

J'aimerais vous poser une question ayant trait au programme d'infrastructures. J'aimerais savoir s'il y a des petites municipalités qui n'ont pu avoir accès au programme d'infrastructures et d'autres petites municipalités qui n'ont pu se qualifier quant aux normes.

.1120

J'aimerais aussi savoir si vous aimeriez que le fédéral transfère cet argent directement à la province de l'Ontario afin que cette dernière gère l'enveloppe budgétaire et administre le programme conjointement avec les municipalités.

Quelles recommandations pourriez-vous faire au comité pour que le gouvernement fédéral améliore le programme d'infrastructures afin qu'il soit équitable pour toutes les municipalités?

[Traduction]

M. Adams: Ma première recommandation serait de simplifier le système. Je n'ai aucune objection à ce que le gouvernement fédéral transfère les fonds aux provinces pour qu'ils soient administrés par la province et les municipalités. Selon moi, ce système a bien fonctionné la dernière fois et fonctionnera bien encore à l'avenir.

Vous avez demandé si nous avions de petites municipalités qui n'avaient peut-être pas satisfait aux critères. Comme le district de Muskoka est restructuré, nous n'avons que six municipalités, dont la plus petite correspond facilement aux exigences du programme d'infrastructure. Toutes les municipalités du Muskoka ont donc pu profiter du dernier programme d'infrastructure, et elles l'ont fait.

Il y a une chose qui nous aurait sans doute aidés la dernière fois. Aux échelons fédéral, provincial et municipal, nous reconnaissons tous que nous vivons à une époque où tout évolue très rapidement. Si nous songeons à la façon dont se passaient les choses il y a même deux ou trois ans, nous constaterons que cela a bien changé. La dernière fois, nous avions présenté des demandes pour certains projets dans le cadre du programme d'infrastructure. Nos priorités ont changé depuis. Nous aurions voulu pouvoir consacrer l'argent à autre chose, mais nous avons constaté que c'était très difficile de le faire.

Dans un cas, nous avions promis de l'argent pour un projet auquel le secteur privé contribuait 30 p. 100. La part de 30 p. 100 que la municipalité aurait fournie normalement venait du secteur privé. Le projet n'est pas allé de l'avant du côté du secteur privé. Nous avons eu du mal à récupérer l'argent et à le réinvestir dans un autre programme municipal.

Je recommanderais donc que les municipalités aient davantage de marge de manoeuvre pour ce qui est de transférer l'argent d'un projet à un autre, tant qu'ils correspondent aux critères.

[Français]

M. Asselin: Nous, de l'Opposition officielle à Ottawa, réclamons que le gouvernement actuel prolonge d'au moins deux ou trois ans le programme d'infrastructures. Ce fut un excellent programme créateur d'emplois. Bien sûr, on reconnaît que ce sont des emplois à court terme, mais il reste que cela a donné une meilleure qualité de vie et de meilleurs services à la population. Certains travaux ont été réalisés dans des municipalités qui n'avaient pas les moyens de se les payer.

Les citoyens sont en droit de réclamer ces services-là, parce que l'argent qui y est consacré vient des impôts payés par les citoyens. Si on peut améliorer la qualité de vie et donner de meilleurs services dans les municipalités, en bout de ligne, c'est un excellent programme.

Je suis heureux d'apprendre que toutes les municipalités y sont admissibles, mais j'aurais une petite question en terminant. Les municipalités étaient-elles obligées de faire certains travaux d'immobilisation à même leur budget ou par règlement d'emprunt pour être admissibles?

[Traduction]

M. Adams: Oui, les municipalités s'étaient engagées à contribuer 30 p. 100 aux travaux d'immobilisations. Soit dit en passant, je pense que la grande majorité des travaux effectués dans le cadre du programme d'infrastructure au Muskoka, dont nous avons pleinement profité et dont nous voudrions bien profiter encore, n'auraient pas été effectués sans le programme d'infrastructure. Je l'ai mentionné dans mon exposé. Ce programme a contribué à notre communauté et au mode de vie de ses habitants.

Vous avez dit que les emplois créés étaient surtout des emplois à court terme. Je pense que nous avons l'exemple d'un partenariat avec le gouvernement fédéral ici même au Muskoka. Comme vous le savez, le gouvernement fédéral est en train de construire un nouveau pénitencier à sécurité moyenne à Gravenhurst.

.1125

Nous avons utilisé l'argent du programme d'infrastructure pour construire des canalisations d'eau et des égouts. Ce ne sont pas des canalisations qui fonctionnent à cause de la gravité. Comment les appelle-t-on? Des canalisations à pression? De toute façon, nous avons construit environ cinq kilomètres de canalisations d'eau et d'égouts à partir de notre usine jusqu'à l'emplacement de la nouvelle prison et nous avons utilisé l'argent du programme d'infrastructure pour construire les routes d'accès provinciales jusqu'à la prison sur environ 2,5 kilomètres.

Nous aurions pu nous lancer dans ces programmes tout seuls. Cela évidemment se serait traduit par une augmentation des impôts locaux, mais l'arrivée du programme d'infrastructure nous a permis à ce moment précis de nous associer plus étroitement au gouvernement fédéral. Nous savons qu'il sera difficile de mener à bien ce projet dans les limites du budget fixé par les autorités fédérales; nous pourrions trouver certaines façons originales d'utiliser une partie des fonds du programme d'infrastructure autour du pénitencier - pour l'adduction d'eau, les égouts et les routes - et nous pourrons proposer un montage municipal-provincial-fédéral.

Cette initiative en partenariat permettra de créer environ 300 emplois permanents, à temps plein, bien rémunérés dans le Muskoka. C'est une conséquence directe du programme d'infrastructure, et du fait que le chantier de la prison a commencé dans les temps, et que l'on respectera le budget prévu. J'aime penser que ce projet est pour sa part à l'origine de la création de certains emplois à temps plein dans la région du Muskoka.

Le président suppléant (M. Wood): Madame Cowling.

Mme Cowling: Merci, monsieur le président.

Ce que nous ont dit les témoins, de façon générale, c'est qu'il y a très souvent des services faisant double emploi dans bien des secteurs. Cela m'amène maintenant à vous poser la question suivante: est-il difficile de faire vivre une industrie touristique rentable?

J'aimerais m'intéresser à la question du point de vue de l'ensemble du Canada, dans une perspective globale. Lorsque l'on parle de partenariat, dans le domaine de l'infrastructure, et d'associer différents paliers de gouvernement, peut-on s'en inspirer pour créer des projets en partenariat dans les campagnes canadiennes, pour aider nos communautés rurales à lancer une industrie touristique? J'aimerais que vous me répondiez d'une façon qui vaille pour l'ensemble du Canada.

M. Adams: Il me serait difficile de vous parler du point de vue de l'ensemble du pays, mais je peux cependant inclure dans ma réponse la situation des provinces limitrophes, en ce qui nous concerne le Manitoba et le Québec. Jusqu'à l'automne dernier j'avais une résidence secondaire dans la province de Québec, à Laniel, un village au nord-est de North Bay, et je connais bien la région. J'ai fait de la motoneige dans tout l'Ontario, le Québec et le Manitoba, et même dans l'est des États-Unis.

Le tourisme est un secteur de concurrence, comme n'importe quel autre. Il est donc difficile d'arriver à associer en affaires des gens qui au départ sont concurrents, puisque de toute évidence ils se battent pour le même client, le touriste, dans le cas qui nous intéresse ici.

Mais ma passion pour la motoneige m'a souvent amené à prendre la parole devant des clubs et des congrès de motoneigistes, pour expliquer à l'assemblée présente que le touriste est en permanence en mouvement. C'est une cible mobile. Nous nous sommes organisés dans la région du Muskoka pour offrir des voyages touristiques, avec une nuit passée à Muskoka, une autre à Haliburton, et peut-être la troisième à Parry Sound.

Cela nous a permis de comprendre, dans notre petit univers touristique, que nous profitons tous de ce genre d'organisation, plutôt que d'essayer de conserver chacun par-devers soi son marché, en voulant retenir les touristes trois jours chez soi d'affilée. Le touriste est quelqu'un de plus en plus mobile; nous devons donc en tenir compte dans notre planification, pour qu'il soit à la fois intéressant et amusant pour le touriste d'être chez nous, tout en sachant qu'il va aller ailleurs ensuite, et que quelqu'un qui se trouve ailleurs va pouvoir venir chez nous.

Je pense que le raisonnement peut être étendu à l'ensemble du pays, et même à l'échelle internationale. C'est un petit peu difficile. Vous m'avez demandé comment est-ce qu'on peut s'y prendre. Je ne sais pas, puisque la nature humaine fait que les hommes d'affaires sont en concurrence, et qu'ils ne désirent pas partager leur clientèle ni se communiquer leurs listes de clients.

Mais plus nous en parlerons, moins cela paraîtra effrayant. Lentement nous nous sensibilisons au fait que l'on voyage plus loin, plus vite, en essayant d'en faire le plus possible pendant ses vacances; c'est-à-dire que les touristes ne vont plus maintenant simplement dans un centre familial de vacances pour y passer deux semaines sur le même petit bout de rive de 200 pieds; le touriste veut en faire le plus possible.

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Ce que peut faire le gouvernement? J'aimerais pouvoir vous le dire. Si je pouvais le faire, je serais consultant.

Mme Cowling: Merci.

Le président suppléant (M. Wood): Monsieur Serré.

M. Serré: Merci, monsieur le président.

Merci, monsieur Adams, pour un exposé excellent. Nous sommes d'accord sur tant de choses, à certains égards, que j'aurais pu imaginer avoir rédigé votre mémoire moi-même; surtout lorsque vous parlez des forêts et aussi de l'application de la Loi fédérale sur les pêches.

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec mon collègue du Bloc, qui voudrait donner beaucoup de pouvoirs aux provinces, mais j'ai souvent recommandé que le gouvernement fédéral se dégage complètement du domaine de la gestion des eaux intérieures, à l'exception des Grands Lacs et des cours d'eau ou étendues d'eau qui sont à la frontière américaine - je parle de frontières entre nos deux pays. Êtes-vous d'accord avec l'idée, et pensez-vous qu'il faille en faire une recommandation du comité?

M. Adams: Je pense exactement comme vous. J'irais même jusqu'à dire que la province devrait elle aussi se dégager de tout un domaine qui est de notre ressort. Dans l'exemple de la Loi sur les pêches auquel j'ai fait allusion, je ne crois pas que le ministère provincial des Ressources naturelles ait porté beaucoup d'intérêt à ces travaux de drainage dont j'ai parlé, les buses. Je pense donc même que l'on peut continuer à déléguer plus bas; le gouvernement provincial ontarien va de toute façon se défaire de certaines de ses responsabilités pour les confier au niveau municipal.

Mais vous avez raison, je pense que le gouvernement fédéral devrait se limiter aux océans, et, pour ce qui est de l'intérieur, aux voies d'eau les plus importantes. Certes il doit conserver la responsabilité des Grands Lacs, des canaux qui les relient les uns aux autres, mais en se défaisant de ses compétences concernant les eaux intérieures et les étendues d'eau douce.

M. Serré: Le problème n'est pas simplement un problème de compétence qui se recoupe d'un palier de gouvernement à l'autre, mais à l'intérieur des mêmes ministères d'un même palier on a souvent des chevauchements. Je peux vous citer en exemple le ministère des Pêches donnant de telles permissions, ou le ministère de l'Environnement ou des Ressources naturelles, etc., avec ensuite la Garde côtière qui refuse son approbation, le tout retardant le projet de trois mois supplémentaires. J'aimerais que le comité en prenne bonne note, et que nous en fassions une recommandation.

Une petite question, monsieur le président, concernant le programme d'infrastructure. Personne ne doute du succès impressionnant de l'opération, de façon générale, non seulement parce que nous avons besoin d'une bonne infrastructure, mais également du point de vue de la création d'emplois. Il n'est pas vrai que ces emplois sont seulement des emplois à temps partiel, car quand on a la bonne infrastructure on crée aussi des emplois permanents.

Mais il y a apparemment deux écoles de pensée. Je ne veux pas dire ici que nous aurons un autre programme d'infrastructure - ce serait au premier ministre ou au ministre des Finances d'en décider - mais il est vrai qu'on en parle beaucoup. Une première école de pensée estime qu'il faut se limiter aux infrastructures municipales: c'est à peu près ce qui a eu lieu la dernière fois, à quelques exceptions près. L'autre école de pensée estime qu'il faut élargir ce programme pour tenir compte des besoins du monde des affaires, en incluant par exemple les infrastructures touristiques, etc. Qu'en pensez-vous?

M. Adams: Je crois que vous avez donné un début de réponse dans votre question en disant que la bonne infrastructure fait ensuite des petits, en quelque sorte, en relançant le commerce. Si vous n'avez pas d'adduction d'eau, si vous n'avez pas les réseaux d'égout voulus, c'est-à-dire si vous ne pouvez pas vendre les conduites d'eau qui sont fabriquées, les usines en question vont finir par fermer. Il suffit de se reporter aux années 80: les promoteurs étaient à la recherche de terrains où il y avait l'eau et l'égout; c'est là que l'on développait.

Je suis donc en faveur d'un programme d'infrastructure au niveau municipal, mais je ne serais pas contre la mixité. Je pense que l'on peut marier les deux idées. C'est-à-dire qu'il faudrait pouvoir aider le secteur des affaires, ou lancer des associations entre les municipalités et les entreprises dans l'utilisation de ces fonds du programme d'infrastructure, et dans d'autres cas on pourrait se limiter à des travaux d'intérêt strictement municipal.

Lors de ce premier programme d'infrastructure on a beaucoup débattu pour savoir si l'on pouvait utiliser cet argent pour des installations récréatives, entre autres. Je ne le pense pas, en ce qui me concerne. Je pense qu'il faut donner la priorité aux infrastructures de base: égouts, adduction d'eau et routes; sans bonnes routes, sans bonnes infrastructures, l'économie se traîne.

M. Serré: Merci.

Le président: Madame Cowling.

Mme Cowling: Monsieur le président, j'aimerais avoir de M. Adams quelques précisions.

J'aimerais revenir sur la question posée par mon collègue. Vous dites que le gouvernement fédéral devrait limiter ses compétences à certains secteurs bien précis. Nous nous sommes ainsi retirés des forêts et des mines; mais nous continuons à être présents dans les domaines des sciences et de la technologie, ce qui fait que nous sommes une ressource importante pour les provinces. Pour plus de clarté, et pour le compte rendu, j'aimerais vous demander si d'après vous nous devrions également nous retirer du domaine des sciences et de la technologie; je pense par exemple à l'Institut des eaux douces, entre autres.

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M. Adams: Absolument pas.

Mme Cowling: Merci.

M. Adams: Je pense que le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer pour la recherche et le développement, dans le domaine des sciences et de la technologie. Nous ne pouvons pas nous en remettre complètement à ce que fait le secteur privé pour financer ces domaines, ne serait-ce que du fait que le profit est toujours la motivation principale du secteur privé.

Le gouvernement fédéral a fait beaucoup dans le domaine des sciences et de la technologie, recherche et développement, et il doit pouvoir continuer. De fait, et en pensant à la jeunesse de notre pays, je pense qu'il faut faire plus, car nul ne sait de quoi aura l'air notre pays dans dix ans. Regardez avec quelle rapidité le monde a évolué sur le plan des communications électroniques.

J'aimerais vous présenter ce matin un jeune homme qui m'accompagne, Liam Winegard. C'est un élève de huitième année de la Gravenhurst Public School qui m'accompagne tout au long d'une journée de travail.

En visitant notre bureau de district j'ai été frappé par la salle d'imprimerie. Nous avions, au niveau du district, un atelier d'imprimerie. Il n'y a évidemment plus de machines à imprimer. Tout se fait par photocopie électronique, ce qui est beaucoup plus rapide et moins onéreux.

Nous sommes ensuite allés au service informatique. La première fois que je suis entré au bureau de district, l'ordinateur seul remplissait une pièce entière de 20 sur 20, qui devait être climatisée. Dans cette même pièce on a maintenant Félix, Fido et un autre: trois petites boîtes en matière plastique avec des noms, qui représentent tout le matériel et le logiciel de six municipalités, et même de certains services des conseils scolaires. Tout cela tiendrait dans le coffre de votre voiture.

Si vous m'en aviez parlé il y a six ans, je vous aurais dit que vous rêviez. On me dit que d'ici à deux ans on arrivera à faire tenir tout cela dans la boîte à gants de la voiture.

Le monde évolue très rapidement, et nous ne pouvons pas prévoir ce qu'il deviendra. Voilà pourquoi le gouvernement, à mon avis, pourrait faire plus dans le domaine des sciences, de la technologie et de la recherche, pour qu'il y ait pour nos enfants - et j'en ai deux - des emplois intéressants, bien rémunérés, dans les domaines de pointe.

Le président: Monsieur Wood.

M. Wood: Pendant votre absence j'ai réussi à noter toutes les questions importantes.

Le président: Liam, pourquoi ne pas vous asseoir près de Gord?

Certains d'entre vous reconnaîtront le nom de Liam: Winegard. Son grand-père était député sous le dernier gouvernement conservateur.

Une voix: Bill, vraiment?

M. Wood: Bill Winegard. Voici Liam, son petit-fils.

Gord, vous avez cinq grandes rubriques placées dans un certain ordre. S'agit-il de priorités, ou est-ce dans le désordre?

M. Adams: C'est plutôt dans le désordre, je ne pense pas qu'il y ait de priorité absolue.

M. Wood: Très bien.

Le président: Merci beaucoup, Bob.

Avant que vous ne partiez, Gord, j'aimerais rappeler une de vos observations concernant le tourisme, laquelle recouvre ce que j'ai déjà dit moi-même, et cela me paraît important. Vous avez dit que le Conseil canadien du tourisme - vous ne l'avez pas nommé ainsi, mais je pense que c'est ce que vous vouliez dire - a fait un travail remarquable auprès de certains gros joueurs, tels que CP, Air Canada et ce genre d'organisme. Mais nous avons aussi besoin de faire quelque chose pour les plus petits voyagistes - ceux que nous avons l'habitude de voir ici à Parry Sound-Muskoka - pour qu'ils puissent eux aussi profiter de ces entreprises en partenariat. Il n'y a pas que les gros joueurs qui devraient pouvoir en profiter.

M. Adams: Merci, Andy. Il se trouve que je suis d'accord avec vous, et je vous en ai déjà parlé un petit peu. L'industrie touristique est pour le moins un secteur difficile et certains des petits exploitants de la région de Muskoka, dont dépend d'ailleurs un fort pourcentage de l'emploi de la région, retiennent leur souffle de l'Action de Grâce jusqu'au 24 mai.

Le gouvernement fédéral a intérêt à aider ces gens. Alors, que peut-il faire pour que l'information arrive jusqu'au niveau du simple exploitant? Je vous parle du petit entrepreneur qui emploie peut-être trois ou quatre personnes l'été autour des lacs. Comment est-ce qu'un programme comme celui-là peut l'aider - c'est là précisément que le message ne passe pas - et comment le gouvernement fédéral peut-il aider Muskoka à se faire connaître de par le monde?

Nous pensons que le marché de l'écotourisme européen est très intéressant. Il suffit de voir le nombre d'Européens qui viennent visiter le Parc Algonquin. Comment est-ce qu'on peut les attirer à Muskoka? Je sais que le gouvernement fédéral peut nous aider. Il suffit de trouver les bons moyens pour que l'information parvienne au dernier utilisateur.

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Le président: Merci beaucoup, Gordon et Liam, de nous avoir consacré une partie de votre temps. Je sais que le comité vous en est très reconnaissant et nous serons heureux de notre coté de vous faire parvenir le rapport, où j'espère que vous verrez certaines de vos suggestions reprises par nos recommandations.

Merci beaucoup.

M. Adams: Merci beaucoup, Andy, et je remercie le comité.

Le président: Je vais demander à notre témoin suivant, le dernier avant le repas de midi, de s'avancer: Don Gordon, de la Muskoka Heritage Foundation.

Vous aurez environ 10 minutes pour votre déclaration liminaire, et nous passerons ensuite aux questions.

M. Don Gordon (Muskoka Heritage Foundation): Bonjour. Je vous remercie de me donner la parole, et je félicite le comité de s'intéresser aussi activement aux affaires du Canada rural.

J'ai deux choses à vous dire. D'abord, je vais rapidement décrire la Muskoka Heritage Foundation, qui n'est qu'un exemple parmi tant d'autres - et il y en a de plus en plus dans tout le Canada - d'association locale d'intérêt privé de défense du patrimoine. Deuxièmement, je vous donnerai quelques exemples de la façon dont nous utilisons à bon escient nos ressources naturelles pour contribuer à l'essor de la région.

D'abord, la Muskoka Heritage Foundation est un organisme de bienfaisance dûment enregistré, doté d'un conseil d'administration de bénévoles. Celui-ci est composé de représentants des diverses collectivités de Muskoka. La fondation compte plus de 500 membres et curateurs qui sont en majorité des propriétaires fonciers locaux.

La fondation fait un travail actif de lutte pour la conservation des terrains privés. À Muskoka cela revêt une importance particulière du fait de l'étendue de la propriété privée, mais cela reste à un niveau plus général tout aussi crucial, puisque le domaine public, tout en permettant de protéger certaines zones désignées, a besoin de la participation des propriétaires privés pour assurer la transition et la protection de l'intégrité écologique des zones protégées.

Nos moyens sont: l'information et l'éducation du public, grâce à des articles dans la presse, des bulletins et notre centre et bureau d'information. Nous avons également avec les propriétaires des ententes de gestion s'appliquant en ce moment à 34tS000 acres dans le district de Muskoka; cela représente 2 p. 100 de la superficie des terres du district, soit plus que la superficie des parcs fédéraux et provinciaux de Muskoka; c'est donc beaucoup.

Ce qui est peut-être le plus important, c'est que nous avons la responsabilité fiduciaire de certaines terres de la région, et de cette façon gérons et possédons des réserves naturelles. Nous détenons également des servitudes de conservation sur certaines propriétés faisant partie de réserves naturelles.

Votre comité est d'ailleurs en mesure d'aider à donner plus d'importance à cette fonction de curatelle foncière au Canada. L'an dernier, le Comité des finances a fait plusieurs recommandations de réforme de la Loi de l'impôt sur le revenu pour stimuler la pratique de la donation de certaines terres ayant une importance particulière sur le plan écologique.

Le budget du printemps dernier a permis d'adopter certaines de ces recommandations, mais nous attendons toujours certaines modifications essentielles aux dispositions relatives aux gains en capital. Faire don d'un terrain à un organisme de bienfaisance peut encore être onéreux pour les Canadiens.

Si vous pouviez faire une recommandation, s'ajoutant à celle du Comité des finances, nous aurions enfin au Canada les outils dont ont besoin les organismes communautaires qui veulent aider les autorités du pays à remplir leur rôle de conservateur de la nature.

La Muskoka Heritage Foundation s'intéresse beaucoup au développement durable. Nous sommes en contact permanent avec les propriétaires fonciers, et nous reconnaissons qu'ils ont besoin de retirer un revenu de leur propriété. Comme une économie saine a besoin d'un environnement sain, notre capacité de protéger l'environnement va de pair avec une économie prospère.

Pour illustrer mon propos sur la conception durable de l'utilisation des ressources naturelles, je vais vous parler de la gestion forestière de Muskoka.

Comme dans la plupart des régions rurales, c'est l'exploitation des ressources naturelles qui est la base de l'économie locale. Cependant, et à la différence d'autres localités, c'est l'exploitation récréative et touristique de nos ressources naturelles qui représente la source de revenus la plus importante localement, l'extraction étant d'une importance secondaire.

Cela veut dire que depuis très longtemps, bien avant que l'idée soit en vogue et répandue, nous avons été sensibles aux nécessités d'un développement durable. Tout le monde, pour ainsi dire, dans le district de Muskoka, comprend que la santé de l'économie est directement tributaire de la qualité de notre environnement, puisque c'est cela qui attire les touristes et les propriétaires de résidence secondaire; mais il est important de bien comprendre que Muskoka n'est pas un parc et que le tourisme seul ne peut pas faire vivre l'économie du district.

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L'exploitation forestière, à l'origine la principale industrie de la région, continue à jouer un rôle important et représente encore un potentiel d'avenir considérable. Pour optimiser le rendement forestier, tout en protégeant l'industrie touristique primaire, nous avons mis au point des modalités de gestion forestière originales. Nous sommes à la veille de créer un organisme sans but lucratif qui sera dépositaire de la licence d'exploitation des forêts de la Couronne de toute la région. Cela inclura donc la région de Parry Sound et des parties du district d'Almaguin et de Muskoka.

Cette structure sera dirigée par un conseil d'administration composé de trois représentants de ce secteur industriel et de quatre autres personnes représentant le district de façon générale, lequel sera donc au poste de commande lorsqu'il faudra défendre certains intérêts importants. Un des objectifs essentiels du conseil d'administration sera d'obtenir un certificat d'agrément déclarant que notre forêt relève du développement durable. Cela augmentera la valeur de nos produits sur les marchés internationaux, et nous garantira l'accès à certains nouveaux marchés. Nous nous penchons également sur le dossier de l'exploitation des forêts privées.

Le district de Muskoka est un modèle en matière de développement durable. La Muskoka Heritage Foundation, organisme de conservation, travaille avec les autorités et le secteur privé afin que l'on se fixe un objectif commun en fonction des besoins du présent, sans compromettre les générations à venir. Les ressources naturelles sont notre capital. Le développement durable est la capacité de mettre en valeur ce capital, en le préservant, alors que les modes traditionnels d'exploitation ne faisaient que conduire à son épuisement.

J'ai pu aujourd'hui vous donner une image très encourageante de la situation. Muskoka, cependant, n'est qu'un petit district en pleine évolution, où il y a encore beaucoup de gens pour lesquels l'environnement et l'économie se regardent en chiens de faïence.

Au niveau national votre comité est en mesure de déclarer le développement durable objectif national; de reconnaître que les ressources naturelles ont une valeur, même lorsqu'elles ne sont pas exploitées, et même si alors certains industriels ont tendance à ne voir dans une forêt sur pied que du bois non utilisé; et de mettre en évidence les possibilités des modes non traditionnels d'utilisation des ressources naturelles, de plus en plus importantes ici à Muskoka, telles qu'une nature intacte et l'écotourisme.

Finalement, nous espérons que vous suivrez l'exemple de vos collègues du Comité des finances, pour recommander que les organismes qui détiennent des terres en fiducie puissent disposer des outils dont ils ont désespérément besoin pour léguer aux générations à venir un patrimoine naturel intact.

Voilà qui conclut mon exposé.

Le président: Merci beaucoup.

Monsieur Asselin.

[Français]

M. Asselin: Je voudrais tout d'abord vous féliciter. Vous avez très bien vendu votre organisme, mais cela ne nous fera pas avancer au niveau du comité.

Le comité a décidé de se déplacer cette semaine et de faire le tour de l'Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan et des Territoires du Nord-Ouest afin de voir comment on pourrait améliorer le développement économique rural.

J'aimerais connaître les attentes de Muskoka envers le gouvernement fédéral. Qu'est-ce qui ne fonctionne pas? Quelles sont vos priorités pour que les conditions de vie, la création d'emplois et l'éducation soient améliorées ici? Quelles sont vos attentes? Qu'est-ce qui vous préoccupe le plus? Quelles sont vos attentes envers le gouvernement fédéral pour améliorer le développement rural?

[Traduction]

M. Gordon: D'un strict point de vue d'organisme de conservation, nous sommes d'abord là pour protéger l'environnement naturel; mais cela doit se faire à l'intérieur d'un cadre raisonnable. Nous aimerions que le comité comprenne bien ceci: on peut toujours créer de l'emploi aux dépens de la protection de l'environnement, mais ça n'est jamais qu'une politique à courte vue, avec au bout du compte la destruction de notre capital naturel. On peut même dire que l'exploitation durable est une occasion rêvée de croissance de l'emploi.

Ainsi, l'exploitation durable des forêts est plus créatrice d'emplois que l'exploitation traditionnelle. Si le gouvernement fédéral est cohérent, et s'il s'inspire véritablement des résultats du programme de forêts modèles, nous pourrons dans le district de Muskoka nous livrer véritablement à une saine exploitation des ressources naturelles.

Le président: Madame Cowling.

.1150

Mme Cowling: Merci, monsieur le président.

Dans votre mémoire, vous parlez de l'exploitation forestière du district de Muskoka. Avez-vous réfléchi aux possibilités de transformation, faites-vous quelque chose dans cette direction?

Nous en sommes à l'ère des techniques de pointe; essayons de maintenir un certain équilibre. Puis qu'il est question de création d'emplois, et que la technologie évolue très rapidement, comment le gouvernement peut-il maintenir l'équilibre pour conserver les emplois ou même créer de nouveaux emplois dans des régions telles que Muskoka?

M. Gordon: Si vous voulez parler des forêts - et je dirai tout de suite que je ne suis pas un ingénieur des forêts, et donc certainement pas un technicien de ce domaine - , l'idée d'obtenir le label de forêt à développement durable correspond aux besoins des marchés européens, et il y a une grande demande de produits du bois, meubles et accessoires domestiques en bois provenant de forêts dont l'exploitation est certifiée durable.

Pour cela il faut prouver que l'on marque les arbres, que l'on fait de la coupe sélective, du reboisage, etc. Tout cela signifie des emplois supplémentaires.

On ne crée pas d'emplois en refusant les nouvelles techniques, ou en s'en tenant aux vieilles méthodes, mais au contraire en appliquant les derniers développements technologiques conformes aux meilleures pratiques de sylviculture, ce qui permet d'ouvrir de nouveaux marchés à nos produits.

Mme Cowling: Merci.

Le président: Monsieur Serré.

M. Serré: Vous dites que beaucoup de gens font de l'environnement et de l'économie des domaines antinomiques. Vous avez raison; je ne pense pas que la protection de l'environnement et le développement s'excluent.

Je vais essayer de poser ma question de façon telle que vous me compreniez.

Pourriez-vous me donner quelques exemples de mesures de protection de l'environnement qui soient en même temps créatrices d'emplois?

M. Gordon: Je ne peux pas véritablement vous donner de statistiques. Il faut simplement considérer l'environnement comme un secteur de notre économie, et calculer le nombre d'emplois que représente la protection de l'environnement. Qu'il s'agisse des ministères ou des spécialistes du contrôle de la pollution recrutés par les entreprises, ou travaillant dans les universités, c'est un domaine qui est devenu une industrie à part entière.

Je crois que l'Ontario est l'un des principaux exportateurs de technologie de réduction de la pollution telle que les épurateurs-laveurs de cheminées industrielles, les produits de remplacement et les méthodes de rechange. Si nous jouons le rôle de chef de file dans la résolution des problèmes environnementaux chez nous, nous pourrons ensuite commercialiser les fruits de nos efforts sur le marché international.

Le président: Don, une des choses que vous avez mentionnée dans votre mémoire est la reconnaissance des débouchés non traditionnels dans le domaine des ressources naturelles. Vous avez mentionné la nature et l'écotourisme. Avez-vous une idée des chiffres que cela représente pour Parry Sound - Muskoka, de la valeur de ce genre d'entreprises?

M. Gordon: Je ne peux vous chiffrer exactement la contribution que cela représenterait pour l'ensemble du secteur touristique. Le tourisme est certainement l'activité économique la plus importante de cette région.

Je peux seulement citer des faits courants, à savoir que tous les grands centres de villégiature ont récemment élaboré leurs propres programmes environnementaux pour attirer de nouveaux visiteurs, surtout les visiteurs à destination de l'Europe. Le simple fait que les exploitants du marché privé répondent à ce besoin montre qu'ils doivent voir là un élément important.

Le président: Je voudrais poser une dernière question afin de comprendre ce que vous dites à propos des dons de terrains à une fiducie foncière. Les changements apportés, l'année dernière, à la Loi de l'impôt sur le revenu, permettaient de réduire la totalité de la valeur de ses autres revenus. Tel a été le changement apporté et je pense qu'il a été annoncé.

Je ne suis pas certain d'avoir compris ce que vous avez dit à propos du gain en capital. Dites-vous que ce don ne donne pas droit à la déduction pour bien en capital?

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M. Gordon: Si ce n'est pas votre résidence principale - par exemple, si quelqu'un donne une servitude de conservation à la Fondation du patrimoine. La valeur de la servitude peut ne représenter qu'une fraction de la valeur de l'immeuble. Le reçu que cette personne obtient ne correspondra donc peut-être qu'à 10 p. 100 de la valeur totale. Comme c'est une disposition présumée, les gains en capital sur la propriété seront calculés au moment où le propriétaire fait don de la servitude.

Également, les gens font généralement des dons à des fiducies foncières vers la fin de leur vie, après avoir été propriétaires pendant 30 ou 40 ans de leur résidence secondaire. À peu près tous ceux qui font un don de terrain se retrouveront avec un gain en capital important, ce qui élimine l'avantage découlant de la Loi de l'impôt sur le revenu. C'est un problème qui n'a pas été réglé.

Le président: Don, si vous avez l'occasion de nous préparer un petit mémoire à ce sujet - nous tiendrons des consultations prébudgétaires au cours de la semaine du 11 novembre à Bracebridge - , peut-être pourriez-vous en profiter pour le déposer. Nous l'enverrons directement au Comité des finances qui tient des consultations prébudgétaires.

M. Gordon: Je vous en remercie.

Le président: Merci beaucoup, Don. Nous vous remercions d'avoir pris le temps de venir aujourd'hui nous parler un peu du travail important qu'accomplit votre organisation. Merci également pour vos suggestions. Merci.

M. Gordon: Merci.

Le président: La séance est suspendue.

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Le président: Je vais rouvrir la séance et souhaiter la bienvenue à Russ Brown et John Finley, qui vont nous faire chacun un exposé, après quoi nous tiendrons ensemble une discussion.

Ces deux personnes exploitent des entreprises touristiques régionales. Dans le premier cas, il s'agit du RMS Segwun et maintenant d'un deuxième navire, le Wanda III. M. Finley exploite, quant à lui, le Muskoka Pioneer Village, ici à Huntsville. Ces deux personnes ont accepté de comparaître avec un préavis très court, parce que nous avions un trou dans notre horaire.

Je vous remercie d'avoir pris le temps de venir, messieurs. La parole est à vous.

M. John Finley (directeur général, Huntsville Pioneer Village): Je voudrais remercier le comité de m'avoir invité à parler à Huntsville, cet après-midi. J'espère que ce n'est pas à vous que nous devons l'arrivée de l'hiver.

Je m'appelle John Finlay et, comme chacun sait, je suis le directeur général du Muskoka Pioneer Village, de renommée internationale.

À Huntsville, nous prenons très au sérieux le tourisme et le divertissement de nos chers visiteurs. Le Muskoka Pioneer Village, de Huntsville, est le musée vivant le plus actif de la région. Il y a à peine cinq ans, nous accueillions moins de 8 000 visiteurs dans toute l'année. Nous en recevons maintenant environ 35 000 à 40 000. J'espère que ce mouvement se poursuivra.

Tout a commencé par une idée lancée par le Club Rotary de Huntsville et nous sommes maintenant sous la direction de la corporation de la ville de Huntsville.

L'avenir des musées présente toutefois de nombreux défis. On nous considère souvent comme un service dont on peut se passer et nous sommes une cible facile pour ceux qui cherchent à alléger un budget.

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Certains responsables des musées voient là une tendance à la réduction des services et des problèmes insurmontables. Pas moi. C'est une possibilité qu'il faut envisager avec enthousiasme. Devant la réduction de leurs ressources financières, les musées doivent chercher d'autres moyens de survivre.

Il faut changer la façon traditionnelle de voir la pièce de musée en s'intéressant plutôt aux moyens de préserver cette pièce.

L'avenir des musées et du tourisme peut se résumer en trois mots: le forfait, le partenariat et le bénévolat.

Pour ce qui est du forfait, si vous n'appliquez pas déjà cette formule, vous devriez l'envisager sérieusement. Ceux qui n'établissent pas de forfait avec d'autres sites de la région n'arriveront à rien.

Le partenariat se passe de commentaires. Je suis satisfait de voir que tous les niveaux de gouvernement, surtout les gouvernements fédéral et provincial, insistent sur l'importance du partenariat. C'est la voie de la survie. Tous les secteurs doivent contribuer à la stabilité de la région.

La participation des bénévoles à un musée ou à toute activité multifonctionnelle visant à distraire les touristes est une nécessité. Le bénévolat apporte une dimension importante que ne peuvent donner les relations traditionnelles entre employés et employeurs. Le bénévolat vous apporte la collectivité, son acceptation et son enthousiasme. C'est une chose qui nous unit tous.

Les gens qui travaillent actuellement dans le domaine des musées ne parlent pas souvent de l'autofinancement, mais je vais le faire. Devant la réduction de l'aide fournie à tous les niveaux, nous devons examiner les possibilités d'autofinancement des musées. Mais nous devons également tenir compte de notre raison d'être soit la préservation du passé pour l'avenir.

Il y a des moyens d'y parvenir. Au Muskoka Pioneer Village, nous suivons une voie qui nous conduira à l'autofinancement et préservera notre raison d'être.

Qu'est-ce que le gouvernement peut faire pour nous? Le gouvernement de l'heure peut intervenir rapidement en donnant aux régions des fonds qui permettront de nous faire connaître. Nous venons d'être les hôtes, avec l'aide de Andy, de l'Ontario-Québec Marketplace. En une soirée, nous avons pu nous faire connaître un peu partout. C'était là un aspect très important de la promotion du bien-être économique de la collectivité.

Le gouvernement fédéral pourrait nous fournir des fonds régionaux qui seraient distribués par les exploitants locaux du secteur du tourisme et de l'hôtellerie. Si le gouvernement veut obtenir de meilleurs résultats à un prix raisonnable, il doit attacher davantage d'importance à la contribution régionale. Nous nous sommes déjà engagés dans cette voie.

Merci.

J'espère ne pas avoir pris trop de temps, Andy.

Le président: Non, pas du tout. Nous avons l'intention de vous poser quelques questions, mais nous allons d'abord entendre Russ.

M. Russ Brown (directeur général, Steamship and Historical Society): Merci beaucoup.

Je voudrais remercier le comité de m'avoir invité à prendre la parole.

Quand on m'a contacté, on m'a parlé des ressources naturelles et il faut dire que la région de Muskoka a été créée par les ressources naturelles. Notre principale industrie est le tourisme et sans les ressources naturelles que nous possédons, l'industrie touristique n'existerait pas.

Muskoka a une industrie touristique depuis 1870. Quand vous parlez du tourisme et des ressources naturelles à Muskoka, ce sont deux choses inséparables. L'un ne va pas sans l'autre.

Le premier président de notre entreprise, A. P. Cockburn, a lancé la première flotte commerciale de navires à vapeur, à Muskoka, en 1866. La compagnie s'est retrouvée avec une flotte de 10 navires. Vous serez peut-être intéressés d'apprendre qu'en 1867, la première année de la Confédération, M. Cockburn a été élu député de la région pour le Parti réformiste. L'histoire est un éternel recommencement, je suppose.

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Pour vous donner une idée de notre croissance, M. Cockburn a remporté ces élections par 676 voix contre 407. À titre de comparaison, la population actuelle de Muskoka dépasse 50 000 habitants et, selon les avis, vous pouvez multiplier ce chiffre par six ou sept pendant l'été.

Pour ce qui est de notre entreprise et du navire que nous possédons sur les dix, le Segwun, en 1959, l'ère des navires à vapeur était terminée. D'autres formes de transport étaient certainement beaucoup plus rapides, les routes étaient meilleures et l'ère de la vapeur était finie. Le Segwun est resté amarré au quai de Gravenhurst pendant près de 10 ans. Ensuite, quelques enthousiastes de la marine à vapeur, ont décidé de le restaurer et se sont mis à la tâche à la fin des années 60. Onze ans, et 1,4 million de dollars plus tard, le Segwun relâchait sa vapeur. Il a plusieurs titres de noblesse. D'abord, c'est le plus ancien navire à vapeur en service en Amérique du Nord et il est toujours alimenté au charbon. Par conséquent, quand vous regardez les documentaires touristiques sur le Mississippi, n'oublions pas que nous avons quelque chose de mieux chez nous.

Pour ce qui est des fonds recueillis pour relancer le Segwun, nous avons obtenu un peu plus d'un million de dollars du gouvernement provincial. Il nous a certainement été utile d'avoir Frank Miller comme député à l'Assemblée législative étant donné qu'il était également trésorier de la province à une certaine époque. Nous avons également recueilli des fonds complémentaires auprès de l'Ontario Road Builders' Association et du public.

En 1974, Pierre Elliott Trudeau est venu à Gravenhurst pour rebaptiser le Segwun. Cela lui a fait beaucoup de publicité et l'a vraiment lancé. Notre entreprise appartient maintenant à la Muskoka Steamship and Historical Society et nous avons une commission formée de 24 bénévoles. Ce sont à la fois des résidents d'été qui sont des gens d'affaires de Toronto ainsi que des gens d'affaires locaux.

Après les quatre ou cinq premières années d'exploitation, l'entreprise ne semblait pas rentable. Nous avons perdu 250 000 dollars, mais depuis dix ans, nous enregistrons chaque année un excédent et notre chiffre d'affaires annuel dépasse maintenant le million de dollars. Nous employons 31 personnes au cours de l'été et nous injectons 800 000 dollars dans l'économie de Muskoka. Nous créons donc des emplois non seulement sur le Segwun, mais à l'extérieur sans obtenir aucune aide du gouvernement. Nous avons obtenu une aide au départ, pour la restauration du navire.

Cette année, nous avons entrepris la restauration d'un autre navire, le Wanda III, qui est le dernier yacht à vapeur que possédait Mme Timothy Eaton. Le premier ministre, monsieur Chrétien, est venu ici en août pour le lancer. Notre organisme a entrepris de recueillir 600 000 dollars pour terminer les travaux de restauration et nous avons obtenu 10 000 dollars du gouvernement fédéral pour ces travaux.

Les lacs Muskoka ont été formés il y a 10 000 ans avec la disparition des glaciers. Ce sont les lacs qui attirent les gens à Muskoka depuis 130 ans. Les centres de villégiature, les motels, les hôtels et les terrains de camping dépendent de nos ressources naturelles pour la navigation de plaisance, la pêche, la natation, les activités reliées à la faune, le ski et la motoneige. D'autre part, les résidents d'été ne seraient pas chez nous et ne dépenseraient pas beaucoup d'argent dans l'économie locale s'ils ne pouvaient pas se livrer à ces activités.

Les ressources naturelles de Muskoka représentent un produit de calibre international. Bien souvent, quand on parle de ressources naturelles, les gens pensent à l'exploitation minière et forestière, mais les ressources naturelles de Muskoka sont simplement ses ressources naturelles. La plupart d'entre elles ne sont pas renouvelables et nous voudrions donc conserver cette destination de calibre international dans son état actuel. Merci.

Le président: Merci beaucoup. Nous allons passer aux questions.

Monsieur Asselin.

.1330

[Français]

M. Asselin: C'est très intéressant d'entendre parler du tourisme, qui est relié à l'histoire.

Lorsque vous nous avez dit qu'un député avait été élu sur le thème de la réforme, j'ai trouvé cela très intéressant. Les époques changent et, aujourd'hui, les réformistes se font élire pour un mandat.

Le gouvernement semble préoccupé par les services qu'il doit donner à la population. On se doit, avec les moyens dont on dispose, de donner des programmes de plus en plus efficaces qui sont applicables à chacune des régions, c'est-à-dire différents d'une province à l'autre.

Êtes-vous d'accord que le fédéral transfère des sommes d'argent et les pouvoirs aux provinces? Ces dernières pourraient ensuite, dans un système de partenariat, transférer certaines sommes aux régions dans le but d'améliorer le développement rural.

Il n'y a rien de mieux que la province elle-même pour développer ses régions selon les ressources et la main-d'oeuvre dont elle dispose pour que les impôts qui sont payés à Ottawa et à chacune des provinces soient utilisés à bon escient afin qu'ils soient rentables pour tout le monde et qu'on crée de plus en plus d'emplois.

Quelles sont vos préoccupations et quelles seraient vos priorités pour que le gouvernement fédéral puisse dispenser de meilleurs services par des programmes plus efficaces, tout en s'occupant du développement régional?

[Traduction]

M. Brown: Sans y avoir beaucoup réfléchi, je dirais que le partenariat est la voie de l'avenir. Je crois au financement de contrepartie et si un organisme peut recueillir un nombre x de dollars, surtout dans les domaines culturel et historique où tout le monde cherche à recueillir de l'argent et où les fonds de démarrage sont tellement importants... Je dirais, qu'en général, il vaut mieux que cela vienne du gouvernement provincial étant donné qu'en principe il est plus proche de la région. Je n'y verrais pas d'objection.

M. Finley: Je vois un inconvénient à ce qu'un autre niveau de gouvernement répartisse les fonds, car avant que le projet bénéficie de l'argent dont il a tellement besoin, il aura prélevé sa part en cours de route. Je ne vois pas d'objection au système de financement actuel, mais si l'on ajoute un autre intermédiaire, c'est comme si vous aviez un enfant de plus. Le financement du projet s'en trouvera compromis.

[Français]

M. Asselin: On sait que les gouvernements provinciaux ont tendance à donner des pouvoirs aux municipalités. Cependant, ils ne transfèrent pas nécessairement l'argent nécessaire en même temps.

Le problème est le suivant. Le gouvernement fédéral coupe dans les transferts aux provinces. Les provinces coupent dans les transferts aux municipalités et aux institutions de développement, particulièrement les associations touristiques.

Les corporations municipales s'occupent de développement et c'est là que l'argent manque. Si le gouvernement fédéral transférait des sommes d'argent aux provinces et que la gestion se faisait en partenariat entre le municipal, le provincial et, principalement, avec des organismes de développement régional, vous seriez mieux en mesure de gérer tout cela.

Je suis mal placé, comme député, pour vous dire si vous devez changer d'auto cette année ou si vous devez changer votre mobilier de cuisine. Si vous avez l'argent et le pouvoir, c'est à vous de décider si vous devez le faire. C'est un peu ce que nous devrions retrouver dans chaque région.

.1335

Les gens devraient se prendre en main et travailler dans un système de partenariat qui comprendrait le fédéral, le provincial, toutes les institutions et même l'entreprise privée pour exploiter les ressources à des fins d'exportation. Le gouvernement fédéral pourrait se garder des pouvoirs, entre autres en matière de recherche et de développement. Il pourrait aider les entreprises au niveau de l'exportation sur le marché international. Quant à la cuisine, cela devrait se faire en région, dans chacune des provinces.

[Traduction]

M. Brown: Je ne connais pas grand chose au développement des exportations. Nous exploitons un petit navire de croisière à Muskoka et je m'intéresse donc à ce qui se passe au niveau local plutôt que national. Mais nous avons constaté, par le passé, quand nous avons contacté le gouvernement, que nos chances de réussite étaient bonnes si nous avions un bon dossier et de bons arguments. C'est tout ce que je pourrais ajouter.

M. Finley: Je dirais la même chose. Ce ne sont pas des problèmes mais des possibilités. Une grande possibilité à exploiter consiste à renseigner davantage les simples citoyens sur les ressources à leur disposition.

Ce dont vous parlez outrepasse un peu le cadre de mes activités qui consistent à gérer un petit musée communautaire. Je pense qu'on pourrait chercher davantage à informer le public et à indiquer où trouver ces subventions. Il est parfois très difficile d'obtenir l'information requise. Mais je m'oppose tout à fait à ce que l'on ajoute de nouveaux intermédiaires pour dispenser l'aide quelle qu'elle soit.

Le président: Monsieur Wood.

M. Wood: Monsieur Finley, je vous ai écouté avec intérêt dire comment vous aviez redressé la situation du musée. Vous avez mentionné les forfaits qui représentent, selon vous, la voie de l'autofinancement et le fait que vous étiez passé de 8 000 visiteurs à 35 000. Comment avez-vous redressé la situation? Il s'agit certainement d'une réussite. Comment y êtes-vous parvenu? Avez-vous pu le faire grâce à l'aide des divers gouvernements ou à vous seul? Comment cela s'est-il passé?

M. Finley: Cela a commencé, il y a des années, par le plan directeur que nous avons établi pour notre survie. J'ai été embauché essentiellement pour maintenir le village en vie ou mieux le faire connaître. Dieu merci, le village est toujours debout aujourd'hui.

Nous avons exploré tous les moyens de créer une source de revenus qui serait conforme à notre raison d'être. Mon estimé collègue, qui se trouve ici, m'a enseigné quelque chose de très intéressant, il y a des années, quand j'ai fait mes débuts, à savoir que nous sommes dans le secteur du divertissement et que tous les musées se font concurrence pour obtenir le peu d'argent disponible.

Il faut exceller. Il faut être conscient des atouts de sa région. Nous avons reconnu que le meilleur atout international de notre région était le Parc provincial Algonquin et nous avons commencé à communiquer, grâce à l'Internet, avec divers agents de voyages, etc., pour proposer des forfaits qui invitaient les gens non seulement à visiter le village de pionniers de Muskoka, ce qui ne disait pas grand-chose aux Européens, mais ils savaient où se trouvait le Parc provincial Algonquin...

Le patrimoine et l'écotourisme représentent sans doute le meilleur marché touristique à l'heure actuelle et nous avons associé les deux. Nous avons écouté les desiderata de nos clients potentiels et nous leur avons donné ce qu'ils voulaient.

M. Wood: Vous avez également mentionné, dans votre exposé, que vous recherchiez des fonds régionaux. Nous avons parcouru le pays cette semaine et nous nous demandons ce qui se passerait si le gouvernement fédéral mettait sur pied un programme de développement rural en débloquant des fonds pour le tourisme. J'ai déjà posé la question, ce matin, mais pensez-vous que cela apporterait la stabilité et la certitude économique aux régions? Si des fonds régionaux étaient distribués... le gouvernement ne se contente évidemment pas de donner de l'argent et il faut une certaine reddition de comptes à l'égard des fonds attribués à chaque région. Comment envisagez-vous ces fonds régionaux et la reddition des comptes?

.1340

M. Finley: La reddition des comptes est très importante. La possibilité que je vois est d'assigner des fonds et d'avoir, pour chaque région, des partenaires actifs qui participeront à la distribution de ces fonds et qui comprendront les changements constants qui s'opèrent. On peut parfois rater une occasion simplement parce que l'éléphant met trop de temps à écraser la mouche. Si les responsabilités sont attribuées au niveau local - la responsabilité financière autant que la responsabilité de la répartition des fonds - nous pourrons ainsi agir rapidement face aux situations qui représenteront pour nous de formidables débouchés pour l'avenir.

J'ai parlé de l'Ontario-Québec Marketplace que nous venons d'organiser avec succès à Huntsville et Muskoka. C'est une occasion qui s'est offerte à nous très rapidement et que nous avons pu exploiter grâce à des bénévoles et à diverses sources de financement. Nous avons pu montrer au marché mondial ce que nous pouvions faire à Muskoka. Cette capacité de réagir au changement et aux nouveaux débouchés... il faut saisir les possibilités qui s'offrent ou elles seront perdues à jamais.

M. Brown: Le problème vient en partie de ce que vous êtes dans une région rurale. Notre marché est, en fait, le triangle d'or. Nous essayons de le faire connaître à l'étranger, mais la majorité des visiteurs viennent du triangle d'or. Nous n'avons pas un vaste éventail de choses à faire. Nous exploitons un navire qui peut transporter 99 personnes à la fois et que nous exploitons à 90 p. 100 de sa capacité. Il est difficile de convaincre les gens qui passent quatre heures en automobile s'ils viennent de Toronto, des gens qui viennent à Gravenhurst et qui retournent chez eux en voiture, de faire une croisière de deux heures. Pour ce qui est du projet de John, ici à Muskoka, c'est une autre question.

Nous avons besoin d'attractions plus nombreuses. L'avantage est que les gens ne viendront pas seulement pour passer la journée. Comme on le dit chez nous, si nous gardons les gens à coucher, ils resteront là pendant deux ou trois jours. Le gouvernement peut nous aider à créer davantage de choses à faire.

M. Wood: Devrions-nous canaliser notre argent vers la commercialisation pour aider les groupes comme le vôtre et celui de M. Finley à commercialiser la région?

M. Brown: C'est sans doute le problème insoluble de l'oeuf et de la poule. Vous pouvez consacrer de l'argent à la commercialisation, mais il vous faut un produit à offrir. Il nous faut suffisamment d'activités de façon à ce que, quand vous faites venir les gens... Pour le moment, si vous faites tout ce qu'il y a à faire à Muskoka, cela vous prendra sans doute trois jours. Pour amener les visiteurs à rester plus longtemps... Les gens avaient l'habitude de venir à Muskoka, de louer un chalet et de s'asseoir devant leur chalet pendant deux semaines avant de rentrer chez eux en voiture. Les gens ne font plus cela. Ils veulent avoir des choses à faire.

Nous avons ajouté un autre bateau et une autre attraction; nous avons un petit musée. Nous essayons d'élargir l'éventail des activités. Nous travaillons également avec des agences de tourisme qui font venir des visiteurs d'Allemagne, qui est l'un de nos grands marchés. Nous en recevons quelques-uns de France. Nous parlons beaucoup d'essayer de conquérir les marchés japonais et chinois, mais compte tenu de ce que nous avons à offrir et de l'argent que nous avons à dépenser, ce sont des marchés trop éloignés qu'il n'est pas possible de développer.

Le président: Madame Cowling.

Mme Cowling: Une chose dont vous avez parlé et que les autres témoins n'ont pas mentionné je crois, c'est le bénévolat. Ayant été bénévole, dans ma propre localité, pendant un certain nombre d'années, je sais ce que le bénévolat a fait pour des gens comme moi. Cela vous donne un sentiment de fierté et d'appartenance.

Étant donné qu'un bon nombre de nos jeunes quittent les régions rurales du pays, ils n'ont jamais la possibilité d'acquérir ce sentiment de fierté et d'appartenance. Ils perdent une chose dont nous avons eu la chance de bénéficier dans une certaine mesure. Comment faire pour raviver ce sens du bénévolat quand la majorité des bénévoles sont des personnes âgées? Comment raviver de tels sentiments?

Je pourrais peut-être brosser un portrait de ma circonscription; elle pourrait très bien ressembler à cette région. C'est une vaste circonscription sur le plan géographique. Elle a un parc national et un parc provincial. Par le passé, elle dépendait uniquement de l'agriculture. Nous constatons que ce n'est plus possible. Je sais que le même phénomène se produit dans de nombreuses régions du pays.

.1345

Comment exploiter certains des autres atouts que nous possédons? Par exemple, nous avons deux parcs et un certain nombre de lacs. Si vous n'avez pas de jeunes, comment exploiter vos atouts. C'est un problème difficile que nous connaissons dans de nombreuses régions du pays, car la plupart de ces jeunes sont dans les grands centres urbains.

M. Brown: Dans notre cas, nous avons deux commissions de bénévoles. Nous avons eu la chance de trouver des gens très compétents pour siéger à ces commissions. Nous nous efforçons de faire en sorte que ce ne soit pas une simple activité sociale, juste pour dire que vous faites partie de la commission du Segwun et que vos obligations se limitent à venir boire un ou deux cocktails.

Nous les faisons travailler très fort. Nous les choisissons en fonction de ce qu'ils peuvent apporter. Nous avons donc un conseil de l'ingénierie. Le chef de ce comité a travaillé au bras spatial canadien, par exemple. L'autre a dirigé le plus grand chantier maritime des Grands Lacs. Nous avons donc des gens compétents. Comme vous le dites, ce sont des personnes âgées.

Nous essayons d'attirer des gens plus jeunes et nous avons la chance d'avoir une attraction qui se déplace. Nous naviguons sur les lacs et les gens de Muskoka ont l'habitude de voir des navires à vapeur se promener. Nous ne pouvons donc pas dire que les jeunes manifestent un manque d'intérêt, surtout au bord des lacs. Quand nous passons devant leur chalet, ils font des signes de la main au capitaine et ils viennent nous voir passer. Dix ans plus tard ils veulent se marier sur le navire. Ils s'y attachent très rapidement.

Nous n'avons pas eu de difficulté à trouver des gens. Nous venons de recruter un couple. À notre commission, si vous avez 30 ans, vous êtes jeune. Nous attendons que les jeunes s'établissent. Cela peut paraître un peu égoïste, mais nous n'inviterions pas un jeune à siéger à la commission s'il n'avait pas quelque chose à apporter. Nous devons gérer notre attraction comme une entreprise commerciale, même si c'est sans but lucratif, parce que nous n'avons personne pour nous renflouer. Nous sommes donc à la recherche de partenaires, qui pourraient faire quelque chose pour nous, à titre d'administrateurs.

M. Finley: Dans mon cas, c'est assez facile. Je trouve que les gens d'expérience - et je ne veux pas seulement dire les personnes âgées - ont la capacité de transmettre quelque chose de très utile aux jeunes, quelque chose qui risque d'être perdu. Quand des jeunes et moins jeunes travaillent ensemble, surtout lorsque vous employez les jeunes et que les personnes âgées travaillent comme bénévoles, ces dernières transmettent aux jeunes une chose qu'ils pourraient ne jamais recevoir. Elles leur transmettent un art.

Nous avons un certain nombre de forgerons qui n'ont pas encore atteint l'âge de 18 ans. Certains de nos membres plus âgés leur enseignent le métier. L'art du forgeron est en train de disparaître. Ces jeunes apprennent le métier de forgeron, mais le plus important est qu'ils apprennent, de ces membres plus âgés de la communauté, le sentiment de fierté qui risque de disparaître de même que ce sentiment d'appartenance.

L'un de mes objectifs était de - traditionnellement, un musée ne reçoit que les gens de 35 ans et plus. Je tenais à abaisser l'âge des visiteurs et à prolonger la durée du séjour des familles. Nous avons pu le faire grâce à divers programmes, en réunissant tous les groupes d'âge ensemble. C'est difficile au départ, mais il est étonnant de voir ce qui se passe avec le temps. Nous avons instauré des programmes quotidiens pour les enfants qui constituent une source de revenu de même qu'un moyen de faire participer les enfants aux activités du musée. Ces deux initiatives ont été un succès.

Cette année, c'était notre première année. Nous nous étions dit qu'avec un peu de chance, nous aurions 200 inscriptions pour les mois de juillet et août. Nous en avons eu 800 auxquelles se sont ajoutées des inscriptions pour la journée seulement. Nous avons fait venir des bénévoles, des personnes du troisième âge, pour travailler avec les enfants. Cela a marché incroyablement bien et les jeunes comme les plus âgés ont vécu ensemble une expérience enrichissante - chose qui selon moi se fait rare de nos jours.

.1350

Le président: Merci. Messieurs, quelques questions.

Je voudrais aborder toute la question de l'aide gouvernementale à l'infrastructure touristique. Au cours des deux dernières années, les responsables provinciaux et ceux du district ont conjugué leurs efforts pour faire construire un nouveau centre de tourisme sur la route 11, à l'entrée de la localité.

L'existence de ce centre - cette dépense et cet investissement ont-il profité à vos deux entreprises? Pensez-vous plutôt que le centre est utile de façon plus générale et non seulement pour vos deux entreprises?

M. Brown: Du point de vue du Segwun, le kiosque de tourisme de Muskoka a été un atout. Il a été une fenêtre sur le monde - pécuniairement parlant. Pour quiconque chemine sur la route, c'est une raison de s'arrêter. Mon entreprise n'est pas située sur la grand-route. Ainsi, on peut très bien traverser tout Gravenhurst et ignorer totalement notre présence là-bas.

Quand il existe un centre d'accueil comme celui-là, où les gens peuvent tout simplement accoster, pour obtenir des renseignements - dès l'année prochaine, nous allons faire le nécessaire pour qu'on y vende des billets, ce qui va constituer un revenu pour le centre tout en nous permettant de vendre quelques billets de plus.

Nul doute qu'il s'agit d'un immeuble très bien conçu. Nous n'avons jamais rien eu de pareil. Quand les gens faisaient route sur l'autoroute - permettez-moi de vous donner un exemple géographique. Juste au sud de Muskoka, il y a maintenant un nouveau casino, aux abords de Orillia. Ceux qui l'exploitent sont tous Américains. Nous avons toutefois tous tenté notre chance. Des comités avaient été constitués, tous les efforts avaient été faits. Nous n'avons cessé de pousser la candidature de Muskoka.

Quand on prononce le nom Muskoka, les gens n'enregistrent pas parce que la carte routière indique Gravenhurst, Bracebridge et Huntsville. Nous tenons très souvent pour acquis, quand nous employons le nom de Muskoka, que les gens savent de quoi il s'agit. Mes filles, qui sont allées à l'université à Toronto, me disent que quand leurs camarades de Toronto parlent de leur lieu d'origine, la connaissance de la plupart des étudiants semble s'arrêter, s'agissant d'une extrémité nord, à Barrie. Cela s'explique du fait que la compagnie Molson a là-bas un grand centre où se produisent des orchestres de rock.

Des centres d'information comme celui-là sont d'une importance vitale car depuis que - et je n'aime pas trop l'expression - le marché anglo-saxon a découvert Muskoka, il y a eu au Canada, en Ontario notamment, un changement démographique qui a modifié la structure ethnique. Ainsi, il faut renseigner les gens et un centre d'information comme celui-là répond très bien à ce besoin.

Le président: John.

M. Finley: Le kiosque de tourisme de Muskoka offre deux avantages, selon moi. D'abord, une présence physique à l'entrée de Muskoka. Mais ce qui est encore plus important, c'est que la mission et le mandat de ce kiosque sont de signaler aux gens qui viennent par ici l'existence de Muskoka pour qu'une fois sur place, nous puissions les attirer. Je n'ai pas l'argent nécessaire pour aller les chercher à l'extérieur de Muskoka. Le centre est donc un outil vital.

On songe à des façons nouvelles et emballantes de renseigner les gens. Je n'ai pas l'argent nécessaire pour adhérer à toutes les associations routières et aux groupes de marketing qui constituent la mission du bureau de tourisme de Muskoka. Sans la présence physique du bureau, j'aurais bien du mal à prospérer comme je le fais aujourd'hui.

Le président: Je voudrais vous poser une deuxième question après quoi vous serez libre. Vos deux entreprises embauchent tous les étés un certain nombre d'employés et vous les gardez. Avez-vous du mal à obtenir le personnel possédant les compétences dont vous avez besoin? Trouvez-vous que la main-d'oeuvre sur laquelle vous pouvez compter ici est suffisamment formée?

M. Brown: Dans mon cas, le gouvernement fédéral joue un rôle de premier plan car la garde côtière contrôle presque tout ce que nous faisons. Nous devons obtenir diverses licences. Il y a une difficulté qui commence à se faire sentir, c'est celle du recrutement de mécaniciens de chaufferie. Autrefois, nous pouvions compter sur les mécaniciens de chaufferie formés pendant la Seconde Guerre mondiale mais aujourd'hui, ils ont vieilli.

.1355

Nous avons donc du mal à trouver des gens qui aient l'expérience des chaufferies. Il y a beaucoup de mécaniciens qui s'y connaissent très bien en matériel diesel.

Voilà donc une de nos difficultés. Nous allons pouvoir nous débrouiller au cours des deux ou trois prochaines années mais je m'inquiète vraiment de l'avenir sur ce plan.

Notre saison de navigation est de 128 jours. C'est trop court pour faire venir des équipes et les former car il faudrait pouvoir leur donner davantage que ce qu'ils peuvent gagner en 128 jours. Je ne vois pas très bien la solution à ce problème.

Nous prévoyons des problèmes sur le plan technique, essentiellement à cause de la pénurie de mécaniciens. Il est beaucoup plus facile de trouver des officiers de pont, des capitaines, etc. Bien entendu, dans la région de Muskoka, on trouve facilement des professionnels de la restauration.

Le président: John.

M. Finley: Les compétences pour lesquelles il y a des débouchés sont, bien entendu... je vais vous donner l'exemple que je cite souvent. Cette année, nous nous sommes adressés au ministère du Patrimoine canadien et au programme Jeunesse Canada au travail. Ce dernier programme a été fort utile. J'ai donné aux étudiants mon manuel, épais comme ça, en leur disant que dès le lendemain nous rencontrerions le public et que j'espérais qu'ils seraient prêts à interpréter tous les édifices et à expliquer les programmes.

La formation nécessaire est assez longue et avant qu'on ne le sache, la saison est terminée, l'occasion a passé. Dès qu'un employé est bien formé, il part pour l'université ou ailleurs. Je pense que le problème est le même dans bien des régions rurales. C'est pour cela que j'aimerais vraiment pouvoir aussi compter sur les personnes âgées pour qu'ils travaillent avec les jeunes. Cela nous permettrait sans doute de faire bien davantage. Les personnes âgées semblent être un peu moins nomades que les jeunes.

Le président: Merci beaucoup, messieurs. Encore une fois, je vous remercie d'être venus malgré un court préavis. Vous avez tous deux des entreprises qui sont d'une grande importance pour l'économie locale. Vous attirez le tourisme régional, c'est-à-dire que beaucoup de gens affluent vers Muskoka et vous êtes un élément central dans la vie de la région. Merci beaucoup. Au nom des membres du comité, je vous remercie d'être venus aujourd'hui.

M. Brown: Merci.

M. Finley: Merci.

Le président: Le témoin suivant est Mme Louise Paquette, directrice de l'Initiative fédérale du développement économique du nord de l'Ontario, FedNor. Nous sommes heureux de vous accueillir, madame.

Mme Louise Paquette (directrice, Initiative fédérale du développement économique du nord de l'Ontario, FedNor): Merci, monsieur le président.

Le président: Je vous invite à faire une déclaration liminaire, après quoi les membres du comité vous poseront des questions.

Mme Paquette: Merci d'avoir invité FedNor, l'Initiative fédérale du développement économique du nord de l'Ontario, à comparaître aujourd'hui.

Nous pensons que l'avenir de FedNor participe de la collaboration avec la population du Nord pour l'édification des partenariats nécessaires à la réalisation d'une diversification de notre économie axée sur les ressources.

Pour commencer, je vais vous parler de la région que nous desservons, c'est-à-dire de l'aspect démographique et communautaire. Le nord de l'Ontario représente 88,4 p. 100 du compartiment continental de la province mais n'abrite que 8 p. 100 de sa population. En 1991, la région comptait 822 000 habitants, dont 580 000 dans le nord-est et le reste dans le nord-ouest. Il est intéressant de signaler qu'au cours des 20 dernières années, la croissance démographique s'est faite essentiellement dans le nord-ouest.

Quant à la taille des localités, il y a dans notre région cinq grands centres urbains, qui représentent environ 56 p. 100 de la population. Les autres habitants vivent dans de petites localités à industrie unique, dans les régions rurales avoisinantes, la plupart ayant moins de 2 500 habitants.

Un nombre considérable de personnes, particulièrement dans le groupe des 20 à 44 ans, quittent le nord de l'Ontario. En 10 ans, entre 1981 et 1991, la population de la région n'a augmenté que de 4 p. 100, alors que le taux de croissance brut en Ontario était de 12 p. 100.

[Français]

La population autochtone, soit environ 68 000 habitants, constitue environ 8,3 p. 100 de la population du nord de l'Ontario. Nous sommes surtout préoccupés par le fait qu'une très grande portion de la population est jeune. Dans certaines collectivités, jusqu'à 50 p. 100 de la population est âgée de moins de 25 ans. Des 521 000 francophones qui vivent en Ontario, 31 p. 100 vivent dans le nord de l'Ontario, la majorité dans le nord-est.

Maintenant, regardons un peu les obstacles et les défis qui nous entourent. Le niveau des compétences dans le nord de l'Ontario est sensiblement inférieur à celui de l'ensemble de la province.

.1400

En effet, 44 p. 100 des personnes âgées de 15 ans ou plus n'ont pas terminé leur secondaire, comparativement à 36 p. 100 à la grandeur de la province. Le taux de chômage est plus élevé. Au mois de septembre, le taux de chômage dans le nord de l'Ontario s'élevait à 10,3 p. 100 tandis que dans le reste de la province, il était de 9,2 p. 100.

[Traduction]

Sur le plan de la distance, nous le savons, le territoire est vaste... Il faut de quatre heures à quatre heures et demie de voyage dans une tempête de neige pour arriver ici. Pour cette raison, les entreprises du Nord dépendent grandement de l'infrastructure des transports. Pourtant, les routes de la région sont en train de se détériorer, l'infrastructure des télécommunications n'y est pas convenable et le service de transport aérien ou par train continue à subir des réductions.

Notre économie souffre de l'absence de diversification. Elle repose encore énormément sur les secteurs axés sur les ressources. Notre compétitivité internationale dépend de notre capacité d'accès aux innovations en matière d'information et de technologie. Grâce à ces dernières, nous pourrons obtenir les connaissances nécessaires pour relever le défi de l'économie mondiale.

Que fait FedNor pour aider le développement économique, étant donné ces caractéristiques démographiques, et les paramètres que je viens de citer?

En mars 1996, l'honorable John Manley a annoncé un nouveau départ pour FedNor, notamment un nouveau mandat et un engagement financier de 60 millions de dollars pour relancer le développement économique du nord de l'Ontario. Le but principal de FedNor continue d'être le développement économique, la diversification et la création d'emplois, mais les programmes passeront du financement direct à l'utilisation d'initiatives d'accès au capital mises en oeuvre par les partenaires bancaires de FedNor.

Il est important de signaler que FedNor n'a que 10 ans d'âge. Auparavant, FedNor offrait essentiellement des prêts sans intérêt, non remboursables, versés directement aux entreprises et dont ont profité environ 1 000 entreprises dans 100 localités. Cela représente au total 61 millions de dollars, dont 8,4 millions de dollars ont été versés aux sociétés de développement des collectivités au cours des 10 dernières années.

Avec la création d'une direction du développement économique des collectivités, FedNor rénové a reçu le mandat tout particulier de dispenser ses programmes et ses services suivant une approche communautaire, et dans le cas du tourisme, sur une base sectorielle.

FedNor travaille avec ses partenaires dans les localités, y compris les 22 sociétés de développement des collectivités du nord de l'Ontario, avec des réseaux d'affaires, de même qu'avec les communautés autochtones et francophones, pour trouver des nouvelles façons de non seulement avoir accès aux capitaux mais aussi d'appuyer les initiatives commerciales et d'offrir des services consultatifs, d'accroître la compétitivité à l'échelle internationale, d'améliorer l'accès à de nouveaux marchés et d'encourager l'entrepreneuriat.

Tout à l'heure, Marlene vous a parlé des bénévoles. Vous trouverez intéressant de savoir que la véritable force des SDC est le fait que ces sociétés sont formées de bénévoles. D'ordinaire il y a un directeur exécutif et un employé, mais là encore il s'agit de bénévoles. J'ai assisté à quelques-unes de leurs réunions, et ce sont des gens que j'ai trouvé absolument épatants.

Dans le domaine de l'immobilier, l'emplacement est ce qui compte. À FedNor, c'est l'accès l'accès, l'accès - accès aux capitaux, à l'information et aux marchés.

Pour ce qui est de l'accès aux capitaux, FedNor utilise toute la gamme des outils qu'offre Industrie Canada pour appuyer la croissance et la diversification des PME. La Loi sur les prêts aux petites entreprises est un de ces outils. Il y a également le plan d'investissement communautaire canadien et je suis sûre que M. Wood n'a que de bonnes choses à dire de ce plan pilote qui vient d'être mis en oeuvre à North Bay.

Encore une fois, FedNor offre des contributions supplémentaires en capital aux SDC du nord de l'Ontario afin de grossir les investissements dans les petites entreprises locales... de permettre l'octroi de prêts ou de garantir des prêts, et d'acheter des actions, les décisions étant toutes prises localement, par les conseils d'administration recrutés au sein de la collectivité.

FedNor offre de nouvelles ressources, de nouveaux défis aux SDC, notamment la bonification de leurs ressources informatiques et de leurs capacités via Internet. Notre rôle est de faciliter le passage des SDC à l'ère technologique. L'atteinte de l'autonomie financière et l'intensification des investissements dans les PME sont les mots d'ordre à l'heure actuelle.

Le réseau des SDC permettra également la dissémination de renseignements sur les autres programmes de FedNor et d'Industrie Canada, nous offrant ainsi une plus grande pénétration dans les régions rurales de l'Ontario.

Quant à notre initiative sans but lucratif, nous appuyons activement la constitution d'un réseau d'experts en développement économique communautaire qui pourra offrir des avis et des conseils aux PME et aux entreprises qui se trouvent dans la région desservie par FedNor.

.1405

FedNor doit également gérer le programme d'adaptation aux fermetures de bases de l'Ontario, le PAFBO. Ce programme offrait auparavant des capitaux pour appuyer la croissance des PME et leur développement dans la collectivité, et ce dans la circonscription de M. Wood. Ce programme nous tient toujours fort occupé, croyez-moi.

FedNor a conclu des accords d'accès aux capitaux dans le nord de l'Ontario avec la BDC et la Banque Royale. Un protocole d'entente conclu avec la Banque de développement du Canada, de vaste portée, utilise des instruments financiers innovateurs comme les prêts de fonds de croissance et les prêts à risque élevé, ainsi que le financement par quasi-capital. L'entente conclue avec la Banque Royale vise les industries axées sur la haute technologie et fondées sur le savoir, offrant à celles-ci des prêts à terme à risque élevé.

Ces deux ententes s'adressent aux petites entreprises qui se trouvent au premier stade de croissance. Ces deux ententes remontent à il y a environ six mois et l'efficacité n'en a pas encore été démontrée.

La recherche et le développement, c'est un fait, dans le cas de certains projets, ne sont pas lucratifs en soi et FedNor a prévu un fonds très concurrentiel qui sert à verser des contributions directes remboursables à des compagnies qui font de la recherche et du développement et qui n'ont pas accès au financement bancaire à cause du risque élevé que comporte leur projet.

FedNor a également signé un protocole d'entente avec le Conseil national de recherches concernant la promotion de son programme d'aide à la recherche industrielle, le PARI, et la coordination des activités du CNR et de celles de FedNor. Le PARI complète le fonds de R et D préconcurrentiel de FedNor... en fait il s'agit d'un accord pour la fourniture de capitaux consacrés à la recherche et au développement, capitaux que nous obtenons auprès de nos partenaires bancaires.

En terminant, nous travaillons en étroite collaboration avec les groupes de travail autochtones et la communauté francophone pour multiplier les accès aux capitaux et aux fonds d'actions nécessaires pour mener à bien les projets spécifiques de ces groupes.

Il y a également la question de l'accès à l'information. Je réunis trois volets: la connectivité, la formation et le développement des entreprises.

FedNor rénové reconnaît que l'accès à une infrastructure moderne de télécommunications est la clé de la compétitivité commerciale. Les pleins avantages, sur le plan commercial notamment de l'autoroute de l'information ne peuvent découler que d'une échine électronique stable qui traverserait tout le nord de l'Ontario.

Aujourd'hui, il existe des différences énormes dans la qualité des services de télécommunications à la disposition d'un grand nombre de nos localités du nord de l'Ontario. FedNor a fait de ses rapports avec les fournisseurs de services de télécommunications une priorité, et travaille avec les groupes communautaires et les représentants des Autochtones pour identifier les lacunes de l'infrastructure de télécommunications.

Je ne suis à FedNor que depuis deux mois, mais nous avons déjà rencontré la communauté autochtone à deux reprises. Un excellent groupe de travail a été formé et il s'est déjà réuni cinq fois. Nous avons également rencontré Bell Canada à plusieurs reprises depuis les annonces récentes qui touchent nos localités. Encore une fois nous risquons d'être laissés pour compte. C'est un peu comme si la grand-route passait non loin de chez vous, sans que vous puissiez y accéder de votre résidence.

FedNor va également appuyer les efforts des groupes communautaires visant à former les gens du Nord pour qu'ils puissent se servir et profiter des télécommunications modernes et repérer les débouchés commerciaux permettant d'ouvrir bien des portes sur le plan du commerce électronique, de la télémédecine et de l'enseignement à distance.

Enfin, FedNor fait la promotion des programmes offerts par Industrie Canada, programmes qui visent l'amélioration de l'accès à l'emploi pour les jeunes, à la formation, à la création et au développement des entreprises. Strategis compte parmi ses programmes-là.

Il s'agit de la source la plus exhaustive de renseignements en ligne, et les entreprises y trouvent de l'information sur les marchés, les secteurs industriels et les technologies. Je suis sûre que vous avez tous beaucoup entendu parler de Strategis et quant à nous, nous essayons de faire connaître ce programme dans le Nord.

Il existe d'autres exemples de programmes technologiques comme Partenariats technologiques du Canada, le programme de la filière étudiante, le programme d'accès des communautés, le Réseau scolaire et le Centre des entreprises Canada-Ontario.

Hier, j'ai assisté à une conférence où l'on disait que grâce à ce dernier programme, les entreprises ont accès à 900 programmes, services et règlements fédéraux et provinciaux.

Comme vous le savez, le centre téléphonique est situé à Toronto et 80 p. 100 des 20 000 appels qui y sont acheminés tous les mois proviennent d'entreprises. Cinq cents de ces appels proviennent de gens qui habitent le Nord. C'est pourquoi nous nous réjouissons à l'idée d'avoir notre propre centre, qui sera le premier, mais nous l'espérons non le dernier, dans le nord de l'Ontario.

[Français]

Finalement, parlons de l'accès aux marchés. La diversification et le développement économique durable, grâce à l'amélioration des liens commerciaux, sont une priorité pour FedNor. Confronté au déclin de sa population, le nord de l'Ontario ne peut aspirer à la croissance de ses entreprises sans l'expansion vers les marchés à l'extérieur de la région.

.1410

FedNor a donc créé un poste de spécialiste commercial dans le Nord, qui s'emploiera exclusivement à aider les PME à accéder à de nouveaux marchés. De même, FedNor, en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, vient de se lancer dans un programme de formation à l'intention des délégués commerciaux.

Les délégués commerciaux sont des employés fédéraux, provinciaux ou municipaux qui oeuvrent dans le domaine du développement économique et qui offriront, à l'avance, des conseils aux entreprises de leur collectivité qui pensent à l'exportation.

Le mois dernier, 20 candidats ont complété cette formation dans le cadre du programme dans le nord-est et un autre groupe de 20 délégués recevront leur formation en novembre. L'objectif du programme est de mettre en place 100 nouveaux exportateurs dans le nord de l'Ontario d'ici l'an 2000.

En vue d'aider les entreprises de cette région à développer leur capacité d'exportation, FedNor poursuit ses activités en matière de sensibilisation et de développement des fournisseurs. Ainsi, des ateliers se tiendront relativement, entre autres, au commerce électronique et au marché public.

Ces activités porteront une attention particulière au développement des fournisseurs autochtones et aideront ces derniers à avoir accès au marché public.

[Traduction]

L'accès au marché signifie, cela va de soi, les exportations aussi bien que le tourisme. Comme je l'ai dit tout à l'heure, le tourisme dans le nord de l'Ontario est sectoriel. Sa contribution annuelle de 600 millions de dollars à l'économie de la région et les 4 000 personnes qu'il emploie dans le nord de l'Ontario ne sont pas du tout négligeables.

FedNor offre un appui financier à des initiatives régionales générales qui servent à consolider l'industrie du tourisme. Cet appui est disponible dans le cas d'initiatives de commercialisation coopérative, dans le cas de forfaits de tourisme spécialisé, de formation de compétences en matière de tourisme et de recherche et analyse économiques ciblées sur un centre donné. J'aimerais pouvoir vous donner certains exemples de ces réalisations. Le programme toutefois n'a été lancé que la semaine dernière.

En conclusion, les défis que doivent relever les gens du nord de l'Ontario sont assez semblables à ceux que rencontrent les gens des autres régions rurales et septentrionales du Canada. Néanmoins, nos circonstances particulières sont uniques: notre culture et notre façon de faire le sont aussi.

Les solutions sont peut-être différentes de celles que l'on applique ailleurs. FedNor travaille en étroite collaboration avec les intervenants locaux pour élaborer des mécanismes, des politiques et des solutions qui reflètent leurs priorités. FedNor permet aux habitants du Nord de prendre les rênes de leur propre renouveau économique. Il s'agit d'aider les entrepreneurs du Nord en veillant à ce que leur point de vue soit pris en compte dans les orientations et les décisions. En terminant, FedNor aide à l'édification d'une communauté autonome, où les gens peuvent vivre, travailler et prospérer.

Monsieur le président, j'ai terminé.

Le président: Merci beaucoup.

Monsieur Asselin.

[Français]

M. Asselin: D'abord, madame Paquette, vous avez un nom qui, pour moi, est très facile à prononcer. Au Québec, il y a beaucoup de Paquette.

Madame Paquette, je me dois, en premier lieu, de vous féliciter, parce que la compagnie FedNor a envoyé aujourd'hui devant le Comité permanent des ressources naturelles, une personne capable de s'exprimer dans les deux langues officielles, en français et en anglais.

Je puis vous assurer, madame Paquette, que votre document, que je viens de recevoir, va être lu, du moins pour la partie que vous avez écrite en français. J'ai reçu cette semaine toute cette pile de documents. Le vôtre est le seul à avoir été écrit dans les deux langues. Pourtant, je puis vous dire qu'on a rencontré de très grosses compagnies, des compagnies qui ont beaucoup de capitaux, mais qui n'ont pas pris le temps et la peine d'investir de l'argent pour faire traduire leur mémoire et le présenter au comité dans les deux langues officielles. Je vous en félicite.

Cela étant dit, j'ai peine à croire que le programme de Bell ne sera probablement régularisé en bonne partie qu'en 1998. C'est difficile à croire qu'en 1996, une entreprise n'a même pas accès à une ligne téléphonique privée.

.1415

C'est difficile à croire parce qu'aujourd'hui, l'infrastructure des télécommunications est importante pour le développement économique, pour l'expansion de l'industrie et pour que l'entreprise se fasse connaître et atteigne les marchés.

L'autoroute de l'information est aussi importante. Par exemple, si vous avez un client ou si vous voulez être un client d'une grande entreprise, vous devez faire connaître vos produits, cela dans des délais très restreints. J'ai peine à le croire, mais quelqu'un qui n'a pas accès à une ligne privée ne peut installer un fax. C'est problématique pour l'expansion de l'industrie.

Le gouvernement fédéral demande aux communautés autochtones de créer leurs emplois, de se prendre en main et d'aller de l'avant. Mais si on ne leur donne pas les outils nécessaires, dans le Grand Nord, et si les communautés autochtones n'ont pas accès à des lignes de communication, à certains équipements, elles n'ont pas les outils nécessaires pour travailler.

Le gouvernement fédéral doit faire pression auprès des compagnies de télécommunication, entre autres Bell, pour qu'elles équipent les gens du nord de l'Ontario et du reste du Canada afin qu'ils reçoivent les services de communication dont ils ont besoin pour l'expansion de leurs entreprises.

Le manque de services de communication dans le nord de l'Ontario est-il vraiment un problème?

Mme Paquette: Vous avez tout à fait raison. Nous espérons surtout que la communauté autochtone ira de l'avant, mais il faut absolument qu'elle ait les outils. Les outils de télécommunication n'existent pas là, à l'heure actuelle, peu importe ce que disent très souvent nos politiciens, tant fédéraux que provinciaux. Je sais qu'à l'heure actuelle, pour la province de l'Ontario - j'y ai déjà travaillé - , le fonds du patrimoine est une grande priorité.

Donc, nous allons continuer à faire pression au niveau de la province et de Bell Canada pour s'assurer que c'est une priorité. L'annonce a été faite dans le Nord et dès la semaine suivante, il y a eu deux réunions dans le nord-est et une autre dans le nord-ouest. Il y en aura une autre la semaine prochaine.

M. Asselin: On est à l'aube du XXIe siècle. On n'est plus dans les années 1950. À cette époque, il n'était pas étrange qu'on soit trois sur la même ligne téléphonique. Au Québec, on avait ce service-là avec Québec Téléphone, même dans les rangs les plus éloignés.

Mme Paquette: Cela n'existe plus au Québec?

M. Asselin: Non.

[Traduction]

Le président: Monsieur Wood.

M. Wood: Merci.

Je voudrais savoir quelle est la part des fonds privés qui pourraient remplacer les programmes gouvernementaux grâce au recours à des institutions financières privées? Je sais que cela est prioritaire à FedNor.

Mme Paquette: Je pense que le ministre Irwin a évoqué avec éloquence cette semaine l'importance pour les banques de faire une place pour les petites entreprises. Ces dernières sont porteuses d'emplois pour l'avenir. Je pense qu'il faut que nous continuions de travailler d'arrache-pied avec les banquiers et les entrepreneurs afin de pouvoir améliorer l'accès aux capitaux. La Société d'aide aux entreprises est un bon départ mais il y a encore beaucoup à faire.

M. Wood: Je sais que FedNor a des ententes avec la Banque Royale et que du côté francophone, elle envisage de faire de même avec les caisses populaires. Quel résultat cela a-t-il donné? Les choses viennent-elles tout juste de démarrer? Y a-t-il des réalisations dignes d'être citées.

.1420

Mme Paquette: Il est encore trop tôt pour se prononcer. J'aurais bien aimé pouvoir vous citer des exemples dignes d'éloges. Avec la Société d'aide aux entreprises, nous avons signé 11 accords et nous sommes impatients de voir comment ces entreprises vont prospérer. Nous les suivons de près. L'accord

[Français]

l'entente avec les Caisses populaires

[Traduction]

en est encore au stade embryonnaire, mais je pense que l'on s'accorde pour dire qu'il faut trouver les bons outils pouvant bien servir les collectivités. S'agissant de toute la collectivité du nord de l'Ontario, il faut dire qu'il y a des sous-collectivités, les Autochtones ou encore les francophones, et il faut déterminer les besoins de chacun pour les aider à avoir accès aux capitaux. Nous en sommes encore aux discussions mais j'espère que nous pourrons parler de résultats dans six mois ou moins.

M. Wood: Vous avez parlé du ministre Irwin. Je sais que mon collègue M. Asselin a parlé des Autochtones, quant à lui. Qu'est-ce qui empêche les Autochtones d'obtenir assez de capitaux pour investir? N'y a-t-il pas moyen de surmonter les difficultés? Comment s'y prendre?

Mme Paquette: Je pense que nous pouvons parler d'un départ relativement bon. Nous essayons notamment de faire en sorte que les groupes de travail autochtones dont j'ai parlé tout à l'heure rencontrent à tout le moins les principaux intervenants, du côté du gouvernement comme dans le secteur privé. La semaine dernière, à la réunion qui a eu lieu à Sault Ste. Marie, la Société d'aide aux entreprises était présente, les gens de Bell Canada, et les gens d'une autre société dont je ne me rappelle plus le nom. Les Autochtones ont l'impression qu'ils ne connaissent pas les principaux intervenants et c'est là un des problèmes fondamentaux.

Autre problème, l'accès. Nous essayons de leur montrer comment faire, comment avoir accès aux capitaux. Il y a par ailleurs toute la question du remboursement qu'on est en train de discuter actuellement avec la communauté autochtone. Cette question est sans doute la question prioritaire.

M. Wood: Merci.

Le président: Monsieur Serré.

[Français]

M. Serré: Bienvenue, madame Paquette, au Comité permanent des ressources naturelles. Cela fait déjà plusieurs mois qu'on essaie d'entrer en contact avec vous et, par ma faute, on n'a pu se rencontrer. Donc, cela me fait vraiment plaisir de vous rencontrer aujourd'hui.

À l'instar de mon collègue du Bloc québécois, je vous félicite d'avoir préparé un très bon document, non seulement parce qu'il est bilingue, mais aussi parce que son contenu est très bon. Tous les documents faits par FedNor ou Ressources humaines Ontario sont bilingues comme le veut la loi. Donc, tous les documents de FedNor sont publiés dans les deux langues officielles du pays.

M. Wood m'a un peu enlevé mes questions, mais j'avais une question assez précise et vous y avez répondu partiellement. Le programme de FedNor a très bien identifié les problèmes auxquels font face, non seulement le nord de l'Ontario, mais toutes les régions rurales du Canada. Les problèmes que vous avez soulevés ici, l'accès au capital, l'accès aux communications, l'accès aux marchés internationaux, sont des points qui ont été soulevés par plusieurs autres intervenants lors de nos audiences.

C'est peut-être un peu injuste de ma part de vous demander cela, étant donné que vous avez été nommée il y a seulement deux mois à la direction de FedNor, mais j'aimerais que vous expliquiez un peu plus en détail comment vont fonctionner les partenariats avec la Banque Royale, la Banque de développement du Canada et éventuellement, je l'espère, le Mouvement des caisses populaires, en vue d'accroître le montant de capital disponible aux petites entreprise. Ce serait intéressant pour mes collègues.

Mme Paquette: Dans le passé, les petites et moyennes entreprises venaient directement à notre bureau pour traiter de leurs projets. Ensuite, on avait l'occasion de leur offrir une contribution de 100 000$, qui n'était évidemment pas remboursable. Quand la contribution dépassait 100 000$, on devait la rembourser, mais sans intérêt. De là, nous sommes allés à la Banque Royale. L'entente que nous avons avec la Banque Royale représente trois millions de dollars pour les trois prochaines années. Il s'agit là d'un marché très précis en technologie.

.1425

Les clients iront directement à la Banque Royale avec leurs projets pour contracter un prêt. Si la Banque pense que tout va bien, elle leur prêtera de l'argent. Nous avons investi de l'argent pour les encourager, surtout parce que c'est un risque plus élevé que d'autres, tandis que dans le cas de la BDC, c'est ouvert à n'importe quel projet. De la même façon, les petites et moyennes entreprises iraient directement à la banque avec leurs projets pour lui soumettre les informations nécessaires à un prêt.

C'est un emprunt. C'est une réserve, mais c'est à perte également. Donc, ce n'est pas garanti. La confusion chez nos clients vient de là. Plusieurs pensent que le fédéral garantit les prêts. Tel n'est pas le cas. C'est une réserve, une seconde réserve. Donc, la banque doit quand même assurer son prêt.

M. Serré: Cela va-t-il encourager les banques à faire des prêts? Selon les témoignages qu'on a entendus jusqu'à maintenant, c'est cela qui est le problème. On est un peu déçus des grandes banques, parce que dès qu'il y a le moindre risque - et elle perçoivent, à tort, que le risque est plus élevé dans les régions rurales du pays - , les banques disent non automatiquement. C'est pour cela qu'on a tellement de difficultés à accéder au capital. S'il n'y a pas de garanties de FedNor ou d'Industrie Canada, ce programme va-t-il encourager les banques à accorder des prêts à haut risque?

Mme Paquette: C'est ce que nous espérons. Il y a seulement six mois que ces ententes ont été conclues. Cela reste à voir. J'ai rencontré le vice-président de la BDC, responsable du Nord, pour savoir si cela fonctionne. Il semble qu'il y a beaucoup de demandes, mais les approbations ne sont peut-être pas assez nombreuses. Il s'agit de vérifier les dossiers et d'y travailler. Déjà 11 prêts ont été un succès.

M. Serré: Il n'y a pas tellement longtemps, j'ai rencontré les représentants pour le nord de l'Ontario de deux grandes banques. Ils faisaient du lobbying à mon bureau parce que j'avais fait des commentaires à la Chambre des communes à quelques reprises et parce que je n'étais pas satisfait du service qu'elles donnaient dans les régions. Je les ai mis au défi de nous dire quel montant d'argent ils recueillent dans le nord de l'Ontario en ce qui a trait aux dépôts garantis, aux régimes d'épargne, etc., et quelle partie de ces sommes est réinvestie en prêts dans le nord de l'Ontario. On m'a dit qu'on me donnerait ces chiffres-là. Mais, apparemment, ce sont des chiffres qui sont confidentiels. Je sais très bien pourquoi ils ne veulent pas nous donner ces chiffres-là. On sait très bien qu'une grosse partie de ces sommes est prêtée à des Reichmann et à des grosses corporations.

Cela m'amène à une question d'ordre général. Je vais être un peu dur et je ne veux pas que vous le preniez personnellement. Comme je vous le disais, vous êtes là depuis seulement depuis deux mois. Je pense qu'on a identifié les problèmes. Certains programmes semblent apporter des réponses à ces problèmes-là.

On parle de valeur ajoutée. Cela fait 20 ans que j'entends ce terme-là. Je sais que c'est peut-être trop tôt dans votre mandat, et dans celui du nouveau FedNor, mais FedNor existe quand même depuis plusieurs années. Nous, en tant que députés de l'Ontario, avons voulu faire des changements à FedNor et le réorienter parce que, franchement, quand j'ai été élu que député, je n'étais absolument pas satisfait des résultats qu'on avait obtenus avec FedNor.

Avec ces nouveaux programmes, on va peut-être réussir un peu mieux. Pourriez-vous nous dire rapidement à quelles sortes de résultats vous vous attendez avec ces programmes-là?

Mme Paquette: Avant de répondre à la question, j'aimerais faire un commentaire.

.1430

Puisque vous avez eu un conflit avec les représentants de deux grandes banques, vous serez peut-être intéressé à savoir qu'avant de venir ici, j'ai appelé mon bureau pour connaître le nombre de prêts accordés dans le nord de l'Ontario en vertu de la Loi sur les prêts aux petites entreprises. On n'a pu me donner l'information à ce moment-là, mais on va me la donner plus tard. Ce serait une information assez intéressante pour le comité.

La BDC est-elle venue vous rencontrer, monsieur le président?

[Traduction]

Les représentants de la BDC sont-ils venus témoigner?

Le président: Vous parlez de la Banque de développement du Canada?

Mme Paquette: Oui.

Le président: Pas devant votre comité mais devant le Comité de l'industrie.

Excusez-moi, je me trompe. Oui ils sont venus témoigner.

[Français]

Mme Paquette: Benoît, aujourd'hui, j'ai essayé de vous donner une meilleure idée des priorités de FedNor. Nous avons lancé nos programmes il y a deux semaines et nous sommes en train de mettre de la pression au sujet des télécommunications, comme l'a dit M. Asselin. Il y a du travail sur la planche. FedNor existe depuis 10 ans. En effet, on fête notre dixième anniversaire cette année, mais la façon de s'y prendre est très différente aujourd'hui.

[Traduction]

Le président: Madame Cowling.

Mme Cowling: Merci, monsieur le président.

Merci pour un exposé fort instructif. Je reviens sur certaines préoccupations exprimées par un grand nombre de témoins. En effet, le Canada rural se vide et un grand nombre de jeunes quittent les régions rurales. Avez-vous songé à la façon de contrer cela? Il semble non seulement que le Canada rural ait des difficultés d'accès aux capitaux, mais aussi qu'il soit encore plus difficile pour les jeunes d'avoir accès à des capitaux. Qu'en pensez-vous?

Mme Paquette: C'est une chose que je connais bien. Je suis du nord de l'Ontario. J'ai quitté la région après avoir obtenu mon diplôme pour aller à Toronto où je suis restée 10 ans car j'avais décidé que je ne pouvais pas exercer ma profession dans le nord de l'Ontario. Il n'y avait pas de débouchés dans mon secteur.

Que pouvons-nous faire pour que nos jeunes restent dans la région tout en prospérant? Il ne faudrait pas les garder ici et qu'ils se retrouvent dans une impasse car ce ne serait pas leur rendre service, surtout s'ils sont jeunes.

Je pense qu'il faut régler certains de nos problèmes d'infrastructure. Le problème de l'infrastructure des télécommunications dans le nord de l'Ontario est probablement le plus épineux. Si les problèmes de maillage ne sont pas résolus, comment peut-on s'attendre à ce qu'on puisse profiter des programmes? Une petite entreprise...? On ne peut même pas être relié par télécopieur.

Cela dit, il faut en même temps l'infrastructure sociale nécessaire dans beaucoup de localités rurales, c'est-à-dire des hôpitaux et des écoles. Dieu seul sait que le gouvernement provincial ne se foule pas beaucoup de ce côté-là. Cela aura une incidence sur la décision des jeunes de partir ou de rester.

Il nous faut encourager des projets comme ce qui a été fait à Thunder Bay, le technoparc. Cela ne fait que commencer et nous sommes en train de consulter les gens de Thunder Bay que je dois rencontrer la semaine prochaine à ce propos. C'est ainsi que nous pourrons attirer des diplômés des écoles commerciales qui travailleront avec d'autres entrepreneurs afin de créer avec eux quelque chose de nouveau dans notre propre région, et nous pourrons ainsi garder ces jeunes dans la région une fois qu'ils auront leur diplôme.

Au collège Cambrian, il y a un programme intitulé NORCAT. On y construit des prototypes. C'est un projet à haut risque, mais cela marche... Si vous avez un trépan pour forage rotatif que vous pouvez utiliser dans le nord de l'Ontario et si de surcroît vous construisez le prototype et le fabriquez ici... Il faut faire ce genre de choses dans le nord de l'Ontario. Il faut également que l'infrastructure, celle des télécommunications, de la santé, de la recherche et du développement, soit maintenue pour garder les gens... Il faut que les gens soient contents mais il faut qu'ils puissent également faire marcher leur tête.

.1435

Je pense que la recherche et le développement constituent une bonne avenue. Nous pourrions construire... Il a beaucoup été question des centres d'excellence. Pourquoi pas chez nous?

À Sudbury, le secteur de la santé a connu une expansion considérable. On y fait de la recherche industrielle sur le cancer, le cancer du sein notamment, car l'incidence de cette maladie est beaucoup plus élevée dans le nord de l'Ontario.

Voilà le genre de choses qui non seulement attirerait des professionnels mais nous permettrait de garder nos jeunes. Je pense qu'il est important de les appuyer, grâce notamment à des programmes à l'intention des étudiants, alors qu'ils sont encore à l'école, au collège ou à l'université, afin qu'ils comprennent qu'il y a des choses à faire dans le nord de l'Ontario pour contribuer à sa prospérité.

Tout programme, fédéral ou provincial, que nous pouvons mettre en place pour permettre à nos jeunes de travailler pendant qu'ils sont aux études est un pas dans la bonne voie. Il faut aussi leur donner les outils nécessaires, de façon que s'ils décident de... Beaucoup d'entre eux savent bien qu'ils devront travailler de façon autonome. Un emploi, c'est un emploi, et c'est l'entrepreneurship dans le Nord.

Nos entreprises sont petites. Moins de cinq employés en moyenne. Mes collègues à Ottawa pensent en fonction de 250 employés, mais chez nous, nous sommes cinq. Ça va tout de même. Plus gros ne veut pas nécessairement dire meilleur.

Je crois que cela tient à un certain nombre de choses, et c'est une priorité pour des gens comme vous et moi.

Le président: J'ai deux courtes questions à vous poser avant que nous mettions fin à notre entretien.

Le gouvernement de l'Ontario a récemment annoncé de nouvelles affectations au Fonds du patrimoine du nord de l'Ontario. Y a-t-il des discussions en cours entre FedNor et le gouvernement provincial en vue de l'établissement d'une structure commune de financement au titre du Fonds du patrimoine et de FedNor?

Mme Paquette: Oui, et je reviendrai à l'aspect télécommunications.

Je me suis entretenue avec certains des membres du conseil d'administration et je dois même rencontrer l'un d'eux lundi pour discuter précisément de cette question. J'en ai parlé avecM. Hodgson, le ministre du Développement du Nord et des Mines, à Sudbury. Nous en discuterons de nouveau de façon que nous arrivions à tout le moins à comprendre ce qu'eux font et ce que nous faisons, afin que les fonds soient, non pas simplement dépensés, mais investis dans le nord de l'Ontario. Ainsi, de ce côté-là, il y a...

Du côté du tourisme, nous croyons savoir qu'une aide financière considérable - de l'ordre de 85 millions de dollars - sera accordée au secteur du tourisme du nord de l'Ontario. Nous travaillerons avec eux pour que, s'ils s'occupent de l'infrastructure comme telle dans le nord de l'Ontario... À FedNor, nous avons quelque 3,7 millions de dollars qui sont réservés au tourisme, de sorte que nous devrons nous assurer que nos activités se complètent.

Le président: Ma seconde question fait suite à ce que disaient mes collègues. J'ai été quelque peu inquiété par la réponse que vous avez donnée en ce qui concerne l'accès aux capitaux.

Vous avez dit - à juste titre, je crois - que l'entente que FedNor a conclue avec la Banque de développement et la Banque Royale vise l'établissement, non pas d'une garantie de prêts, mais d'une réserve pour pertes sur prêts. Je crois que tout le monde comprend cela.

Je suis très préoccupé par le fait qu'on pourrait minimiser l'importance de cette entente. L'objet est que les deux institutions en question, de même que toute institution avec laquelle vous pourrez conclure une entente à l'avenir, accepteront, à cause de cette réserve pour pertes sur prêts, de gravir l'échelle de risque quand il s'agira d'accorder des capitaux à des petites entreprises. Si en temps normal elles acceptent un taux de pertes sur prêts de 1,5 p. 100 et qu'elles en arrivent ainsi à un certain profil de risque qu'elles jugent acceptable, elles devraient maintenant, avec une réserve pour pertes sur prêts de FedNor qui équivaudrait à cinq points de pourcentage, accepter un profil de risque plus élevé de la part de leurs clients puisque leurs réserves seraient de 6,5 p. 100, mais que leurs pertes réelles se limiteraient à 1,5 p. 100. Autrement dit, l'établissement de cette réserve pour pertes sur prêts devrait permettre à des gens qui n'auraient pas pu obtenir de prêts auparavant d'en obtenir.

Je sais que vous n'avez signé que 11 ententes jusqu'à maintenant, mais comment votre organisme s'assurera-t-il que le profil de risque qu'accepteront vos partenaires aux fins des ententes qu'ils concluront soit plus élevé?

Mme Paquette: J'ai moi-même demandé au vice-président comment nous pourrions nous entendre à ce sujet. Après avoir vérifié, je me suis rendu compte que l'entente ne prévoit pas de disposition en ce sens même s'il aurait fallu en inclure une.

Je comprends ce que vous dites, monsieur Mitchell, et je suis d'accord avec vous. Nous tenterons de régler ce problème. C'est pourquoi j'ai demandé tout à l'heure si vous prévoyez d'entendre la BDC. Ses représentants seraient peut-être plus en mesure de répondre à cette question que moi. Je sais que FedNor a une obligation envers les entreprises, mais nous devons manifestement nous en remettre à la BDC pour le volet bancaire de notre activité. Il faudra donc définir quel est le profil de risque acceptable.

.1440

Le président: Je puis vous assurer que je poserai effectivement la question à la BDC. Les agences de développement régional qui couvrent toutes les régions du Canada rural, à l'exception de celles du sud de l'Ontario, notamment de Muskoka, qui... Je n'ai pas comme mes collègues la chance d'avoir une circonscription qui soit entièrement couverte par une agence de développement régional. C'est là un problème que je devrai aborder, non pas avec vous, mais avec le ministre de l'industrie.

Il est essentiel, par exemple, en ce qui concerne l'accès aux capitaux, et au fur et à mesure que les questions se posent sur le plan de la technologie, que nous soyons à même de constater l'efficacité de l'investissement fait par les agences de développement régional. Je crois que vous avez très bien fait la distinction quand vous avez dit que vous vouliez que l'argent soit, non pas dépensé, mais investi dans le nord de l'Ontario.

Il en est de même à mon avis pour le BFDR-Q, pour la Diversification de l'économie de l'Ouest et pour l'APECA aussi maintenant. Il est absolument essentiel que nous puissions constater les résultats de l'investissement que nous faisons dans ces régions.

Merci beaucoup d'avoir bravé les éléments. Je sais que le voyage n'a pas été facile. Dans le Canada rural, les tempêtes de neige précoces sont souvent un problème, bien que, comme nous l'a dit M. West tout à l'heure, elles annoncent le début de la saison de la motoneige.

Merci beaucoup. Je vous suis reconnaissant d'être venue nous rencontrer.

Mme Paquette: J'étais heureuse d'être là. Merci beaucoup.

Le président: J'invite maintenant notre témoin suivant, M. Greg Smith, vice-président et directeur général de Panolam Industries.

Merci beaucoup, monsieur Smith, de votre présence ici aujourd'hui. Je vous invite à nous faire un exposé préliminaire, après quoi les membres du comité pourront vous poser des questions.

M. Greg Smith (vice-président et directeur général, Panolam Industries): Merci beaucoup de m'avoir invité à venir vous rencontrer cet après-midi. Je devrais toutefois vous faire une mise en garde, car, quand j'ai reçu l'invitation à venir vous rencontrer, il n'y avait que trois jours que j'étais en fonction. Je suis nouveau dans cette industrie.

Par ailleurs, Panolam est une toute nouvelle entreprise. Elle n'existe sous le nom de Panolam Industries que depuis le 17 juin dernier, quand elle a été rachetée au groupe Domtar. Nous sommes maintenant sous le contrôle d'un groupe d'investisseurs privés de San Francisco.

Pour vous situer un peu, j'ai pensé qu'il serait bon de vous décrire l'historique de Panolam et vous expliquer qui nous sommes. Panolam était autrefois une division de Domtar. Nous sommes là depuis 20 ans. Aujourd'hui, nous avons un chiffre d'affaires de quelques 110 millions de dollars. Au cours de cette période de 20 ans, nous avons connu un taux de croissance de 10 p. 100 ou plus. Notre croissance s'accélère au fur et à mesure que nos exportations se multiplient, notamment nos exportations aux États du nord-est.

Panolam fabrique un aggloméré en bois. Il s'agit d'un «aggloméré» car nous prenons du brin de scie et des copeaux de bois auxquels nous ajoutons de la résine et des cristaux de mélamine pour fabriquer un revêtement pouvant être utilisé dans la cuisine ou la salle de bains et pouvant servir à la fabrication de meubles de rangement décoratifs, etc. Nous sommes donc plus compétitifs avec ce produit que dans le cas des produits en bois traditionnels pour la fabrication de ces diverses composantes. La compétitivité de nos coûts nous assure une croissance constante.

Il y a cinq ans, 95 p. 100 de ce que nous produisions était vendu ici au Canada, tandis que 5 p. 100 étaient exportés aux États-unis. Aujourd'hui, la proportion est d'environ 45 p. 100 pour le marché canadien et 55 p. 100 pour le marché américain. Cette tendance se poursuivra. Notre taux de croissance s'accélère au fur et à mesure que les fabricants de placards se rendent compte de l'attrait de notre produit et s'en servent en remplacement de produits en bois. Il s'agit donc d'accroître notre accès au marché.

Il est toutefois intéressant de noter que, bien que notre industrie se réjouisse de la faiblesse du dollar canadien, par rapport au dollar américain, notre activité ne dépend pas de l'écart entre les deux monnaies. Nous avons une protection naturelle en ce sens que nous importons des matières brutes sous forme de résine et de papier, qui font amplement contrepoids à l'avantage que nous avons à l'exportation. Notre industrie n'est donc pas à la merci des variations du taux de change.

Nous avons un peu plus de 250 employés ici à Huntsville. Ils sont bien payés dans notre industrie. Le taux horaire moyen est de 17$ pour les travailleurs des services de production. Les travailleurs spécialisés qui s'occupent de l'entretien des machines gagnent 20$ l'heure. Notre entreprise n'est pas syndiquée. Nous offrons d'excellents avantages sociaux.

.1445

Nous devons cette situation avantageuse au fait que l'entreprise a pu croître de façon compétitive et améliorer tant sa rentabilité que sa croissance future soutenue, et ce, de manière à permettre l'apport de nouveaux capitaux.

Nous achetons de propriétaires de boisés qui se trouvent dans un rayon d'environ 250 milles. Bien entendu, le transport est un facteur clé à cet égard, mais il est encore plus important pour notre produit fini. Le produit qui sort de notre usine est très lourd. Le transport ferroviaire est très important pour nous.

Nous avons eu une peur l'an dernier quand il était question que le service ferroviaire soit éliminé en raison du faible taux d'utilisation dans la région. L'élimination de ce service nuirait énormément à nos possibilités d'exportation. Comme vous le savez, les camions qui circulent de l'autre côté de la frontière, exception faite du Michigan, sont soumis à des restrictions qui ne représentent sans doute que la moitié des restrictions qui s'appliquent au Canada. Par conséquent, les frais de transport, qui sont déjà un facteur considérable, se trouveraient à augmenter d'autant. Par ailleurs, le marché auquel nous pourrions exporter notre produit tout en demeurant compétitifs s'en trouverait réduit.

Nous aurions certaines possibilités pour ce qui est d'étendre notre activité au recyclage de matériaux de construction et de palettes de bois utilisées pour le transport dans d'autres secteurs.

Nous voyons d'un très bon oeil quelques projets pilotes qui sont en cours, et nous encourageons fortement le gouvernement à les appuyer, comme il le fait déjà de manière générale pour tout ce qui touche au recyclage. Notre industrie, tout comme beaucoup des autres fabricants de panneaux de particules, etc., en profiteraient. Cela permettrait de créer de nouveaux emplois, qui seraient pour la plupart des emplois assez spécialisés ou très spécialisés si les usines étaient automatisées et qu'elles appliquaient les technologies les plus récentes, comme nous le faisons nous-mêmes.

Nous sommes très automatisés et nous nous servons des technologies de pointe. Loin d'être comme les moulins à bois traditionnels, notre entreprise est fortement dépendante des procédés de pointe et des capitaux. Nous avons annoncé au cours de la semaine que nous allions terminer l'installation d'une nouvelle presse de 6 millions de dollars. Il s'agit, là encore, d'une presse à commande informatisée, pour laquelle nous avons besoin d'employés qualifiés comme techniciens.

La meilleure façon d'assurer le développement des ressources humaines dont nous avons besoin dans notre industrie et pour nos applications particulières, c'est de faire appel aux programmes des collèges communautaires. Les programmes de formation de techniciens et de technologues des collèges communautaires produisent les diplômés que nous préférons embaucher. Nous ne sommes pas à ce point éloignés de la grande ville, si vous voulez, ou de la région de Toronto que nous avons beaucoup de mal à trouver des candidats acceptables, mais nous tenons à disposer de possibilités de formation et d'éducation dans notre région, au lieu que les gens aient à faire plusieurs heures de route pour assister à des cours du soir, etc. C'est quelque chose que nous encourageons chez nos employés - de tenir leurs compétences à jour. La technologie et la micro-informatique évoluent et nous aimons bien que nos employés soient au courant des progrès qui se font.

Enfin, il faudrait dans le cadre du développement rural mettre un peu plus l'accent sur les possibilités du côté de la valeur ajoutée au lieu de se concentrer uniquement sur l'exportation de richesses naturelles. Nous en sommes nous-mêmes un bon exemple. Si l'on arrive à avancer encore davantage dans la voie de la valeur ajoutée intégrée, il est essentiel de pouvoir exporter le produit et assurer la viabilité de l'industrie. C'est ce que Panolam a fait pendant toutes les années où elle était une division de Domtar, et c'est ce qui nous assure la croissance soutenue que nous connaissons aujourd'hui.

Si notre activité dépendait uniquement du taux de change et de l'accessibilité des matières premières que nous obtenons des boisés locaux, je crois que nous ne survivrions pas longtemps. Je ne crois pas que l'industrie dans son ensemble serait suffisamment viable pour qu'on lui accorde des dégrèvements fiscaux importants.

Voilà qui vous donne un aperçu de ce qu'est Panolam et de ce que nous faisons à l'heure actuelle.

Le président: Merci, monsieur Smith.

Monsieur Asselin.

.1450

[Français]

M. Asselin: Vous faites de l'exploitation forestière et cela m'amène à vous poser quelques questions. L'exploitation forestière étant un besoin essentiel dans la transformation du bois, avez-vous des quotas d'exploitation? Si vous êtes limités dans les quotas d'exploitation, cela vous limite aussi dans les quotas de transformation.

Toujours en ce qui a trait aux quotas, avez-vous aussi des quotas en ce qui a trait à l'exportation? Si vous ne faites pas d'exportation, la demande est-elle suffisamment grosse pour anticiper, dans un avenir assez proche, l'expansion de votre entreprise, ce qui pourrait avoir pour effet de créer des emplois additionnels?

En dernier lieu, avez-vous de la difficulté à trouver de la main-d'oeuvre qualifiée en région?

[Traduction]

M. Smith: À ma connaissance, les boisés peuvent nous fournir tout le bois dont nous avons besoin; il s'agit simplement d'une question économique.

Comme je l'ai indiqué, nous obtenons le bois dont nous avons besoin des boisés qui se trouvent dans un rayon de quelque 250 milles. Il s'agit de savoir si nous pouvons acheter le bois à un prix raisonnable pour que nous puissions assumer les frais supplémentaires liés au transport si le bois vient d'une région plus éloignée. C'est généralement là le facteur déterminant.

Pour l'instant, cette disponibilité restreinte ne limite pas notre croissance, même si nous savons que l'approvisionnement se fait rare. Nous croisons constamment sur la route beaucoup de camions d'entreprises qui nous font la concurrence. En tant que nouveau venu dans cette industrie, je me demande s'il n'y a pas une meilleure façon d'assurer notre approvisionnement en cette matière première. Mais pour l'instant, ce facteur ne limite pas notre croissance.

Je répète que notre capacité à exporter est sans limite. Le seul facteur limitatif, c'est notre capacité à fabriquer un produit économique dans une région donnée et à le transporter. Le transport représente un coût important, puisque nous exportons vers les États-Unis.

Aujourd'hui, nous descendons jusqu'en Virginie. Nous couvrons donc New York, Boston et la côte nord-est. Nous sommes très efficaces. Les autres concurrents des États-Unis sont installés dans une région qui... Nous parvenons à rester concurrentiels dans cette zone-là, même si l'on ajoute les coûts de transport. Mais si nous allions plus loin encore, nous entrerions en concurrence avec d'autres usines américaines qui seraient favorisées par rapport à nous dans leurs coûts de transport. Comme je l'ai dit, c'est dans ces conditions-là que le taux de change devient un facteur. Le taux de change en vigueur aujourd'hui nous permet de nous rendre jusqu'en Virginie. Si le taux de change devait augmenter de 10 p. 100, par exemple, nous pourrions être obligés de reculer de 100 milles dans notre pénétration.

Comme nous importons beaucoup de matières premières de résine et de papier, vous voyez que ce n'est pas le taux de change qui fait avancer ou reculer nos exportations. Le taux de change ne joue qu'un rôle mineur dans la partie transport de nos coûts.

Pour ce qui est du personnel qualifié, nous n'avons pas eu de problème jusqu'à ce jour. C'est sans doute parce que nous versons de bons salaires et offrons de bons avantages sociaux. Cela explique pourquoi, dans les collèges communautaires de la région, il y a tous les ans une longue liste de gens qui veulent s'inscrire parce qu'ils aimeraient bien trouver du travail dans la région, comme on l'a dit plus tôt.

D'après ce que j'ai vu, 75 p. 100 des travailleurs de notre entreprise de Huntsville proviennent des régions rurales de l'Ontario. Bon nombre d'entre eux ont étudié dans des collèges communautaires, ont obtenu leur diplôme, puis sont revenus ici pour travailler dans ce genre d'industrie. Cela leur plaît beaucoup.

Je suis nouvellement arrivé à Huntsville, mais j'ai entendu dire que plusieurs fils et filles de ces employés n'ont pas pu se trouver du travail ici et ont dû s'installer dans les autres centres.

[Français]

M. Asselin: Vous avez parlé de donner des bons salaires, mais y a-t-il chez vous l'équité salariale pour les femmes, à travail égal, salaire égal? Les hommes et les femmes reçoivent-ils une rémunération semblable?

[Traduction]

M. Smith: Nous avons pour politique d'offrir un salaire équivalent pour des tâches de nature équivalente ou pour des compétences équivalentes. Notre système d'évaluation nous permet de coter un emploi, qu'il soit comblé par un homme ou une femme. Le salaire offert dépend de l'évaluation.

.1455

Le président: Madame Cowling.

Mme Cowling: Merci, monsieur le président. Je vais continuer dans le même ordre d'idées que mon collègue.

Parmi vos 250 employés, combien sont des femmes et combien sont des jeunes qui viennent de terminer leurs études?

M. Smith: Je crois que 30 de nos employés sont des femmes et que 150 des 250 ont moins de 40 ans.

Mme Cowling: Vous avez dit que, dans votre recherche de candidats, vous vous tournez vers des étudiants issus des collèges communautaires. Une de nos réalisations, au gouvernement, c'est d'avoir créé un climat de croissance économique et d'emploi. Nous avons également aidé à édifier de valides partenariats à tous les paliers de gouvernement.

Voici ma deuxième question. Vous dites rechercher les diplômés des collèges communautaires. Avez-vous songé à vous associer aux collèges communautaires pour offrir le recyclage ou la formation sur le tas, par exemple? Avez-vous envisagé cette possibilité? Qu'en dites-vous?

M. Smith: C'est une excellente idée. Je répète que je suis un nouveau venu, mais je sais que nous nous sommes associés avec certains collèges communautaires pour offrir certains programmes en vue de mettre au point de façon conjointe certaines nouvelles techniques.

Nous entrevoyons qu'avec la mise au point de certaines techniques, nous pourrions agrandir notre part du marché. Nous avons donc décidé de nous associer avec certains collèges communautaires en vue de perfectionner cette technique spécifique et en vue de démarrer l'activité sous forme de système de profits et de pertes. En fait, c'est nous qui fournissons la matière première et offrons une technologie privilégiée.

Quant au collège communautaire, c'est lui qui établit la méthodologie et les procédés. On s'attend à ce que le collège puisse nous approvisionner. Le collège espère, pour sa part, que ce programme deviendra un centre rentable; il entend l'utiliser pour former de nouveaux étudiants. Ainsi, ceux-ci acquerront une compétence qui sera axée sur...

Le procédé en question se prêterait fort bien à de petites applications de menuiserie. Ainsi, ceux qui ont le tempérament entrepreneur pourraient se lancer dans les affaires à la fin de leurs études.

Cela représente pour nous la possibilité d'échanger certaines techniques et de mettre au point un procédé spécifique qui ne trouverait pas nécessairement son application dans les grandes usines. Mais nous avons besoin d'avoir cette compétence à portée de la main, et c'est pourquoi nous nous sommes tournés vers les collèges communautaires.

Nous nous sommes associés avec certaines universités, comme l'Université de la Colombie-Britannique, l'Université de Toronto, dans le cadre des programmes d'ingénierie ou des sciences du bois, par exemple. Depuis mon arrivée, je n'ai pas constaté le même niveau de partenariat avec les collèges communautaires dans le cadre du programme de technologie du bois, mais je crois que vous avez lancé une bonne idée. Je demanderai à notre section des ressources humaines ce qu'elle en pense.

J'ai constaté que nous avions certains contacts avec les universités, au niveau du baccalauréat en sciences.

Mme Cowling: Recommanderiez-vous au comité de soutenir l'élaboration de programmes destinés spécifiquement aux régions rurales du Canada, dans le but de faire mousser les partenariats?

M. Smith: Je répondrai sur une note plus personnelle: votre comité devrait encourager les activités comme celles que je viens de décrire. Les programmes visés devraient être liés à une industrie durable, et ne devraient pas uniquement dépendre de l'accès à des ressources naturelles bon marché ou du taux de change.

Je vous encourage fortement à soutenir les programmes permettant l'élaboration de procédés à valeur ajoutée dans des industries fondées sur les ressources naturelles, qui entraînent à leur tour la sécurité d'emploi et des emplois durables. Il me semble que ce serait la bonne chose à faire. Vous auriez tort de vous limiter à ce qui peut être intéressant à court terme, parce que le taux de change est à 35 p. 100, mais qui pourrait friser la catastrophe si le taux de change devait varier soudainement.

Je vous encourage à vous tourner vers les procédés à valeur ajoutée, et à encourager la transformation des produits ici même au Canada, avant leur exportation.

Mme Cowling: Merci.

Le président: Merci, madame Cowling.

Monsieur Smith, c'est votre type d'entreprise qui nous intéresse particulièrement dans le cadre de notre étude. Les initiatives à valeur ajoutée qui se fondent sur l'accès aux ressources naturelles dans les régions rurales du Canada permettent de diversifier notre économie et de la faire croître. Vous venez tout juste d'investir considérablement dans votre région, et vous allez sans doute continuer à le faire.

.1500

Pourriez-vous nous expliquer ce qui a poussé votre société à faire ces investissements, et nous suggérer des façons de reproduire ces circonstances favorables ailleurs, dans les autres régions rurales.

M. Smith: Les facteurs qui nous ont incités à faire ces immobilisations dans la région de Huntsville... En fait, nous avons deux autres entreprises, situées aux États-Unis, sur la côte ouest et dans le sud, ce qui nous permet de couvrir tout le marché américain.

Au fond, je reviens à ce que nous avons dit plus tôt. Lorsque nous avons fait notre propre évaluation à l'interne, nous avons déterminé que la situation géographique de l'usine permettait d'avoir facilement accès à la matière première, puisque les coûts de transport sont importants. La situation géographique était donc favorable au départ; ensuite, nous avons déterminé que nous avions la possibilité d'utiliser la bonne quantité de matières premières en provenance des États-Unis, ce qui nous donnait une longueur d'avance et nous protégeait contre les fluctuations du taux de change.

Il faut tenir compte de tous ces facteurs et de la marge éventuelle, c'est-à-dire tenir compte du rendement des investissements éventuels pour l'actionnaire; or, la combinaison de tous ces facteurs était telle que nous pouvions également avoir accès facilement au marché du nord-est des États-Unis, ce qui devenait intéressant en termes de volume.

Je vous ai déjà dit qu'il y a cinq ans, ce n'était que 5 p. 100 de nos affaires qui se faisaient avec les États-Unis; aujourd'hui, cette proportion a grimpé à 55 p. 100, et j'imagine qu'elle suivra la règle normale du 10 pour 1. C'est également ce qui a intéressé les investisseurs. Ils ont jugé qu'en investissant encore plus dans les installations actuelles, en misant sur le grand nombre de travailleurs spécialisés déjà à l'emploi de la compagnie, et étant donné les résultats des dernières années... En fait, nous avions déjà la main-d'oeuvre spécialisée pour pouvoir exploiter nos procédés de fabrication. Cela nous donnait la marge de manoeuvre suffisante pour élargir nos opérations, et cela nous permettait de liquider encore plus certains frais généraux grâce à l'accroissement du volume dans la même usine; de plus, cela nous permettait d'exporter vers le nord-est du marché américain.

Il s'agissait en fait de faire profiter nos investissements, plutôt que de quitter la région et d'aller s'établir dans une région vierge dans le nord-est des États-Unis. Les actionnaires principaux de notre nouvelle société sont des Américains, et ce sont eux qui ont conclu qu'il serait bon d'investir ici et nous en étions convaincus également.

Évidemment, ces actionnaires restent préoccupés par le taux de change, et c'est un facteur suffisamment important pour que je vous en parle constamment. J'ai entendu tellement d'histoires d'horreur autour d'entreprises qui dépendaient trop de ce facteur. Il est donc normal que les investisseurs s'en préoccupent.

Le président: Pour résumer ce que vous avez dit, toujours dans l'esprit de recommandations que devra faire le comité, vous voudriez vous assurer que le gouvernement s'occupera de l'infrastructure des transports. Ensuite, il faudra faire en sorte d'investir dans la formation et dans l'acquisition des compétences, pour obtenir une main-d'oeuvre spécialisée.

M. Smith: Vous avez raison de dire que ce sont là les facteurs critiques, du moins dans notre cas. La question du transport est celle qui nous préoccupe le plus. Ce ne serait peut-être pas le cas si nous étions plus au nord, mais en ce qui nous concerne, le transport constitue un élément critique. Notre industrie s'est bien inquiétée l'année dernière, lorsqu'elle a entendu dire que nous pourrions perdre à Huntsville notre service ferroviaire. J'imagine que c'est une préoccupation toujours plus grande, plus on va vers le Nord.

Le président: Monsieur Serré, une question?

M. Serré: Merci, monsieur le président. En fait, j'avais deux questions, mais comme vous venez vous-même de m'enlever les mots de la bouche et qu'on vous a répondu, je m'en tiendrai à une seule.

Au cours des derniers jours, nous avons entendu beaucoup parler dans les audiences de... mais cela fait déjà vingt ans que j'entends dire la même chose au sujet des produits à valeur ajoutée. Votre entreprise illustre magnifiquement la façon dont on peut faire de nos ressources des ressources naturelles à valeur ajoutée.

Dans le même ordre d'idées que notre président, je me demandais si vous avez reçu des subventions ou une aide quelconque de l'un ou l'autre des paliers de gouvernement, lorsque vous avez décidé de vous installer à Huntsville? Vous a-t-on aidé pour la recherche et le développement, ou pour la formation de votre main-d'oeuvre, ou avez-vous tout fait par vous-mêmes?

M. Smith: Je ne puis malheureusement pas répondre, puisque je suis arrivé il y a à peine six semaines et que mon industrie est installée là depuis vingt ans. J'imagine que oui, mais je ne puis répondre avec certitude. Comme notre entreprise fait partie d'un conglomérat beaucoup plus vaste, je ne saurais dire si elle a été subventionnée ou pas.

M. Serré: Pourriez-vous obtenir l'information et l'envoyer au comité?

M. Smith: Bien sûr.

M. Serré: Notre comité voudrait bien connaître la réponse, car on se demande toujours, d'un point de vue philosophique, si un gouvernement devrait ou pas aider les petits entrepreneurs, particulièrement ceux du Nord et des régions rurales. Nous vous serions reconnaissants de nous donner des chiffres ou de l'information qui nous permettraient de déterminer que telle ou telle entreprise existe toujours parce qu'elle a été subventionnée pour la recherche et le développement ou que telle autre a dû mettre la clé dans la porte parce qu'elle n'a pas reçu d'aide.

.1505

Toujours dans le même ordre d'idées, quelles seraient les deux recommandations spécifiques que vous feriez au comité, en vue d'aider votre entreprise à faire face à un changement de politique émanant de l'un ou l'autre des ministères du gouvernement fédéral - que ce soit dans le domaine de l'environnement, du transport, ou de la formation de la main-d'oeuvre - et en vue de vous permettre d'élargir vos opérations et de créer plus d'emplois dans les régions rurales du Canada?

M. Smith: Je recommanderais tout d'abord au gouvernement d'établir l'infrastructure nécessaire en matière de transport pour aider des entreprises rurales dans l'ensemble. Le témoin qui m'a précédé s'est d'ailleurs inquiété de la détérioration de l'infrastructure.

Nous savons à quel point il est difficile d'inciter les camionneurs américains à se rendre de Toronto à Huntsville. Ils refusent de voyager à vide sur cette courte distance avant de retourner aux États-Unis, et la situation est encore pire à cause du mauvais état dans lequel se trouvent les routes.

Nous sommes donc mieux placés, en ce sens, que les entreprises qui se trouvent plus au nord; néanmoins, le facteur transport et l'accès au transport ferroviaire pourraient devenir une préoccupation majeure. Voilà pour la première recommandation.

En second lieu, je vous encouragerais à mettre l'accent sur la mise en valeur des ressources - et je parle des ressources monétaires - qui pourraient être offertes à cette industrie, dans l'éventualité de nouvelles propositions qui s'intéresseraient particulièrement à la valeur ajoutée de la ressource naturelle, plutôt qu'à son exploitation, à proprement parler.

M. Serré: Votre entreprise effectue-t-elle beaucoup de recherche et de développement?

M. Smith: Nous faisons beaucoup de recherche et de développement visant l'application d'un produit et le matériau utilisé en surface, c'est-à-dire le fini superficiel, car c'est justement ce qui nous permet de nous distinguer des autres sur le marché.

J'ai déjà dit que nous avions trois usines, dont celle de Huntsville est la plus grande et celle qui présente une intégration verticale. Nous fabriquons des panneaux de particules, tout comme de nombreux autres manufacturiers en Amérique du Nord, comme vous le savez. Ce qui distingue Panolam des autres, c'est le fait que nous fabriquons des revêtements de mélanine, qui se démarquent d'un bon nombre des autres produits utilisés en surface. Et c'est dans ce domaine de la recherche et du développement que nous investissons surtout.

Ce n'est pas que notre proportion soit plus élevée en comparaison avec... Je suis moi-même issu de l'industrie de l'électricité, et en comparaison, nous ne réinvestissons pas énormément; nous réinvestissons à peine moins de 5 p. 100.

M. Serré: Aimeriez-vous que le gouvernement investisse plus en recherche et en développement?

M. Smith: Je crois que la recherche et le développement dans les ressources naturelles faisant l'objet de subventions gouvernementales se situent surtout au niveau du boisé. Je répète que je suis un nouveau venu, mais j'ai entendu dire que certaines des politiques qui s'appliquent sont préoccupantes pour l'industrie; je ne parle pas tant des politiques en matière de recherche mais de la façon dont les politiques s'appliquent. En effet, il semble que l'on exige d'une entreprise qu'elle coupe un certain pourcentage de bois dur et un certain autre pourcentage de bois mou.

Je ne suis pas sûr que ce soit là la stratégie optimale en vue de soutenir notre industrie. Au lieu d'appliquer une politique obligeant à couper tel pourcentage de tel bois, il vaudrait peut-être mieux exiger de l'entreprise exploitante qu'elle reboise avec une bonne espèce de bois dur, par exemple.

Quant à la recherche, je n'en sais trop rien. Si les universités avec lesquelles nous travaillons dans la recherche sont suffisamment subventionnées du côté des ressources naturelles... Cela semble avoir donné de bons résultats pour nous, et cela donnait aussi de bons résultats dans le secteur de l'électricité, lorsque j'y étais. Je ne suis pas nécessairement convaincu que de recevoir gratuitement de l'argent du gouvernement, ce soit la meilleure façon de faire de la recherche.

L'industrie doit être en mesure de survivre par elle-même, les visionnaires de ces industries doivent avoir une bonne idée de la voie à parcourir, et ils doivent savoir investir judicieusement. Je ne crois pas que ce soit au gouvernement d'injecter une vision dans une entreprise. C'est à l'entreprise elle-même à se la forger et à y croire.

M. Serré: Merci.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Smith.

J'ai beaucoup apprécié votre témoignage, et je sais que les autres membres du comité pensent comme moi. Vous avez abordé un sujet qui intéresse ce comité au plus haut point. Il s'agit de la notion de valeur ajoutée dans l'économie rurale. Nous avons beaucoup apprécié votre opinion à ce sujet.

Je suis le député qui représente cette région, et à ce titre, je tiens à vous remercier au nom de tous mes électeurs pour les investissements que votre compagnie fait dans la région. Merci beaucoup.

M. Smith: Cela a été un plaisir pour moi, et je vous remercie. Je ferai parvenir les informations que M. Serré a demandées, pour tout le comité.

Le président: Merci beaucoup.

J'appelle maintenant notre témoin suivant, Ray Lacroix, de Bell Canada.

Monsieur Lacroix, vos oreilles doivent sonner depuis ce matin, car nous ne cessons de parler de l'infrastructure des télécommunications.

M. Ray Lacroix (sous-directeur, Relations gouvernementales, Bell Canada): Effectivement. Les observations de Louise Paquette, de FedNor, m'ont beaucoup intéressé. Nous avons eu plusieurs rencontres avec FedNor, et également avec les représentants de la Fondation du patrimoine du nord de l'Ontario. J'ai donc été heureux d'entendre ces observations. Soit dit en passant, nous travaillons en collaboration avec eux.

.1510

Merci beaucoup, monsieur le président, de cette invitation. Au nom de Bell Canada, je tiens à dire à quel point nous apprécions cette occasion d'exprimer la position de la compagnie en ce qui concerne le potentiel de contribution des télécommunications à la prospérité économique du Canada rural et à la qualité de vie de ses citoyens.

Je commencerai en faisant ressortir les avantages d'une infrastructure de télécommunications moderne. Je décrirai ensuite les mesures prises par ma compagnie pour améliorer les services de télécommunications destinés à ces clients qui vivent en milieu rural, et je donnerai des exemples précis des avantages que cela représente.

Je terminerai par une vue d'ensemble des initiatives prises par Bell Canada, non seulement pour améliorer les services que la compagnie offre à ses clients actuels, mais également pour étendre ces services à des clients que nous n'atteignons pas aujourd'hui.

Pour Bell Canada, une infrastructure moderne de télécommunications peut être une source de relance économique dans le Canada rural et peut améliorer la qualité de vie des citoyens, et cela, à de nombreux égards. Premièrement, des entreprises qui pourraient ne pas envisager de s'installer en milieu rural en d'autres circonstances, peuvent être encouragées à négliger des villes comme Toronto ou Ottawa et à s'installer en milieu rural, diversifiant ainsi les économies locales.

Grâce aux télécommunications, la distance et la géographie perdent de leur importance, et placent le monde entier à la porte d'une communauté, où qu'elle soit située. Prenez l'exemple d'un de nos clients qui, à partir de son élevage de bétail près de Kemptville, en Ontario, offre un service Intranet à des clients situés au centre-ville d'Ottawa.

Les télécommunications promettent d'offrir aux citoyens un meilleur accès aux soins de santé, leur évitant ainsi de se déplacer sur de longues distances pour consulter des spécialistes.

Bell Canada participe à un certain nombre d'essais technologiques importants dans le domaine de la télémédecine, des essais destinés à améliorer l'accès aux experts de la santé, et cela, en particulier pour les gens qui vivent dans des régions isolées ou mal servies sur le plan médical. Par exemple, des psychologues en pédiatrie de l'Hôpital pour enfants de Toronto peuvent maintenant se brancher sur les installations de l'hôpital de Parry Sound et aider les médecins à traiter de jeunes patients, leur évitant ainsi de se rendre à Toronto, ce qui serait beaucoup plus coûteux.

L'accès à la télémédecine peut offrir un meilleur accès à des spécialistes et peut permettre également d'obtenir une seconde opinion sans les délais ordinaires. Cela permet également d'accélérer le diagnostic lorsqu'il s'agit de patients qui vivent dans des communautés éloignées, cela réduit la répétition de tests de diagnostic coûteux, cela élargit les possibilités de consulter du personnel spécialisé, cela réduit le stress chez les patients et leur famille qui vivent à l'écart des centres spécialisés, cela permet d'effectuer des économies et de réduire les budgets des transports médicaux publics; enfin, d'une façon générale, cela améliore la qualité des soins pour l'ensemble de la population.

Les avantages de la télémédecine et des services connexes dépendent d'un réseau de télécommunications numérique pouvant acheminer d'énormes masses d'information, voix, images et données. Une infrastructure de télécommunications véritablement moderne permet d'accéder à des ressources éducatives grâce à l'enseignement à distance, un outil d'enseignement supérieur qui permet aux enseignants, aux étudiants et aux parents de surmonter les obstacles temporels et géographiques.

La salle de classe est ouverte sur le monde, et l'école est ouverte en permanence. Prenez l'exemple du Collège des Grands Lacs, la première école ontarienne entièrement numérique. Les élèves de ce collège communautaire francophone peuvent assister à la même classe, avec le même professeur, et au même moment, et cela, en étant dans cinq endroits différents dans la province. Et les cours donnés à distance sont entièrement interactifs. Les élèves et les enseignants peuvent se voir et s'entendre mutuellement. Ils peuvent également utiliser des tableaux noirs électroniques qui fonctionnent dans les deux sens pour illustrer leurs leçons.

À Lanark, en Ontario, une collectivité où le taux d'abonnement à Internet par habitant est parmi les plus élevés, les commissions scolaires publiques et séparées pourront bientôt profiter des solutions technologiques de Bell pour partager plus efficacement leurs ressources, et en particulier pour travailler ensemble à l'optimisation des itinéraires des autobus scolaires.

Le 6 septembre de cette année, Bell a pris une première mesure destinée à mettre ces applications prometteuses à la disposition de tous les clients que nous desservons en Ontario et au Québec. Ce faisant, nous espérons que le service local de base deviendra plus utile à nos résidents et à nos clients d'affaires dans le Canada rural, des gens qui ont besoin du téléphone pour atteindre leurs clients, leur famille et leurs amis dans d'autres villes.

.1515

Pour vous donner des détails, nous avons élaboré un plan pour accélérer le remplacement du matériel de télécommunications vieilli par une technologie moderne, à la pointe du progrès, et nous avons soumis un plan au Conseil de la radiotélévision et des télécommunications canadiennes.

Si ce plan est approuvé, Bell investira 180 millions de dollars pour étendre son réseau de service téléphonique hautement efficace à près de 500 000 clients dans les communautés rurales et de taille moyenne qui, jusqu'à présent, n'avaient pas accès au même niveau de service que les clients des grands centres urbains. Pour les clients qui vivent actuellement dans des communautés rurales, les améliorations apportées au réseau signifieront non seulement la possibilité d'obtenir de nouvelles applications, comme la télémédecine et l'éducation à distance, mais également des améliorations importantes du service téléphonique qu'ils utilisent quotidiennement.

Une fois la modernisation terminée, ces clients auront à leur disposition un service téléphonique de grande qualité et d'une plus grande efficacité. Ainsi, ils pourront faire appel aux services des autres fournisseurs d'interurbain sans devoir signaler des numéros supplémentaires, ils auront accès à des services 911 plus efficaces là où les municipalités décident d'offrir ce service; ils auront accès à des services de transmission de données plus efficaces et pourront choisir entre divers fournisseurs pour leur abonnement à Internet. D'autre part, ils auront accès aux services Étoiles, comme l'appel en attente, l'afficheur et le mémorisateur.

Enfin, les améliorations technologiques proposées par Bell élargiraient les zones locales pour beaucoup de clients ontariens et québécois. En tout, près d'un million de clients profiteraient d'améliorations de service dans les grands centres locaux d'ici à la fin de 1997, ou d'ici au milieu de 1998 dans le cas des collectivités rurales du Grand Nord. Je parle des collectivités qui sont au nord du 52e parallèle.

Si la proposition est approuvée, Bell modernisera 13 standards de la région de Parry Sound-Muskoka, les transformant en centres de télécommunications numériques pleinement modernisés, et sept collectivités verront également leurs zones locales élargies. Pour ne vous donner que quelques exemples, les clients d'affaires et les clients résidentiels de Magnetawan, McKellar, Parry Sound et Port Carling constateront d'ici à la fin de cette année que leur service téléphonique local de base s'est amélioré de façon notable.

Pour financer ce programme de modernisation accélérée, Bell a également demandé au CRTC d'approuver un nouveau plan tarifaire pour les services locaux destinés aux clients résidentiels des collectivités de petite et de moyenne taille. Avec le nouveau système, Bell pourra recouvrer une portion plus importante des coûts du service de base à ces clients qui, aujourd'hui, paient moins d'un tiers ou de la moitié des coûts véritables des services dont ils disposent.

Cela permettrait également de facturer les services téléphoniques de façon plus équitable, c'est-à-dire que les clients jouiraient d'un niveau de service comparable à celui des grands centres et paieraient un tarif comparable également.

Aujourd'hui, il en coûte beaucoup plus à Bell pour offrir des services locaux dans les régions à faible densité. Toutefois, les clients qui vivent dans les régions plus éloignées paient un abonnement mensuel moins élevé. Avec la proposition d'amélioration du service rural de Bell, tous les clients des collectivités de petite et de moyenne taille paieraient un abonnement uniforme de 14,60$ pour une ligne unique et de 10,75$ pour les lignes à deux et à quatre abonnés.

Si notre proposition est approuvée, l'augmentation du prix des abonnements résidentiels locaux se situerait entre 45c. et 4$ par mois, selon la facture actuelle de l'abonné. Par exemple, actuellement, l'abonnement des clients de Huntsville leur coûte 12,40$ et, si notre proposition est approuvée, ils verront le prix de leur abonnement augmenter de 2,20$ par mois. En moyenne, si l'on considère l'ensemble, l'augmentation moyenne serait de 1,11$ par mois.

Bell a demandé au CRTC d'approuver sa proposition avant le 29 novembre 1996, et dans ces conditions, les nouveaux tarifs prendraient effet le 1er décembre de cette année.

Bell considère que ce plan lui permettra de faire face à la demande de la plupart des clients des collectivités de petite et de moyenne taille, mais nous savons que ce ne sera pas suffisant pour répondre à la demande de tout le monde. À cause de cela, nous étudions un certain nombre d'options qui nous permettraient d'améliorer d'une autre façon nos services locaux.

Par exemple, Bell étudie des solutions technologiques qui permettraient d'offrir des lignes uniques aux clients des régions isolées et rurales qui ont actuellement des lignes à quatre abonnés. À l'heure actuelle, ces clients qui ont toujours des lignes à quatre abonnés dans les régions isolées et rurales doivent payer un tarif supplémentaire au kilomètre pour obtenir une ligne unique ou une ligne à deux abonnés. Dans certains cas, l'option d'une ligne unique n'existe même pas à cause des coûts que cela représenterait.

Enfin, Bell étudie activement un certain nombre de nouvelles technologies pour faire face aux besoins des communautés qui, pour des raisons de distance ou de géographie, n'ont pas encore accès au réseau téléphonique traditionnel.

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En fait, le 15 octobre de cette année, Bell a lancé un essai technique de deux mois en partenariat avec TMI Communications pour déterminer si la technologie par satellite pouvait répondre aux besoins des clients des régions isolées. En effet, il est possible qu'un service par satellite soit mieux adapté aux besoins des communautés éloignées, car il donne accès aux communications numériques sans exiger des poteaux téléphoniques, des fils ou des antennes cellulaires.

Dans le cadre de cet essai, il y a 20 participants des régions de Parry Sound et de Kenora en Ontario et du lac Kenogami au Québec qui font l'essai de ces installations fixes par satellite. Si Bell a choisi ces collectivités, c'est parce qu'elles offrent différents types de topographie, de végétations, et des angles variés par rapport au satellite.

Pendant cet essai, les participants peuvent faire des appels locaux et des appels interurbains dans tout le Canada et les États-Unis, et ils peuvent également appeler les autres participants à l'essai dans leur propre localité. Les participants utilisent également d'autres services facultatifs offerts par TMI Communications, par exemple des services de répondeur, service d'attente, service de transfert d'appel et de conférence téléphonique.

Lorsque les essais seront terminés, nous rencontrerons les participants pour leur demander ce qu'ils ont pensé du service et pour déterminer si ce service correspond aux besoins des habitants de leur localité.

En plus de ces six essais de satellite, Bell envisage d'autres possibilités pour offrir des lignes uniques à tous ses clients des régions rurales et des petites municipalités.

Cette semaine, Bell a soumis une demande à Industrie Canada pour obtenir un permis expérimental pour un service téléphonique sans fil fixe. Si cette demande est approuvée, nous espérons pouvoir faire des essais avec des participants à Verona, en Ontario, et à Thetford Mines, au Québec, au début de l'année prochaine.

C'est un essai qui suscite le plus grand intérêt parmi les gens de Bell, car il nous aidera à déterminer si la technologie sans fil est la solution la plus susceptible de mettre à la disposition des clients des régions rurales les services et les options dont les clients des régions urbaines disposent déjà. Les options Étoiles, les lignes uniques, les avantages du service à clavier, toutes ces options pourraient être mises à la disposition de tous les clients, où qu'ils habitent.

Pour les clients d'affaires, le service sans fil ouvrirait la possibilité de certaines applications d'affaires, comme les services Centrex et RNIS. Les entreprises locales pourraient ainsi concurrencer leurs homologues urbains sur un pied d'égalité, du moins sur le plan de la technologie et de la vitesse.

Le service sans fil serait également pour Bell un moyen plus rentable de desservir ses clients des petites communautés et des communautés rurales, car il pourrait s'intégrer aux pouvoirs installations dont dispose actuellement Bell. Cette nouvelle technologie serait plus facile à entretenir, puisqu'il devient inutile de faire passer des fils sur de longues distances ou à travers des terrains difficiles. Nos clients profiteraient également de cette souplesse car nous pourrions satisfaire à leurs exigences plus rapidement et plus efficacement.

Pour conclure, depuis quelques mois, nous, chez Bell, sommes à l'écoute de nos clients et c'est après les avoir consultés que nous avons élaboré nos projets de modernisation du service téléphonique, de révision de notre tarification et d'extension des services téléphoniques aux régions non desservies à l'heure actuelle.

Nos clients dans tout l'Ontario et le Québec veulent travailler à partir de chez eux, faire leurs opérations bancaires par téléphone et naviguer dans l'Internet au même titre que ceux qui habitent dans les grandes villes. Grâce à l'ensemble des progrès technologiques, l'emplacement géographique ne devrait plus faire obstacle à l'inforoute et à tous ses avantages. Un réseau téléphonique moderne peut rendre tout cela possible pour les Canadiens des régions rurales.

Encore une fois, au nom de Bell Canada, nous vous remercions de votre invitation.

Le président: Merci beaucoup.

Monsieur Asselin.

[Français]

M. Asselin: Comme le disait M. le président, les oreilles devaient vous siler pendant que vous étiez dans la salle. J'espère que vos oreilles peuvent en prendre encore. J'ai d'autres choses à vous dire et d'autres questions à vous poser.

Comme je l'ai dit plus tôt à Mme Paquette, je conçois mal qu'en 1996, on n'ait pas un service adéquat en télécommunications. De quel pourcentage de bénéfices nets Bell a-t-elle besoin avant de commencer à investir dans l'immobilisation? Bell Canada commence-t-elle à investir dans l'immobilisation seulement après avoir réalisé deux, trois ou cinq millions de dollars de bénéfices nets?

Je conçois mal que, dans le nord de l'Ontario et dans d'autres provinces où a remarqué la même problématique, les gens n'aient pas une ligne privée. Je ne sais pas si c'est Bell qui est aussi au Manitoba et en Alberta. C'est un outil indispensable pour l'industrie, pour la PME. Dans le Grand Nord, c'est la même chose lorsqu'on dit aux autochtones qu'ils ont besoin de créer leurs entreprises, de se prendre en main. Aujourd'hui, les autochtones veulent s'intégrer et développer leurs petites entreprises. Ils sont souvent dans la sous-traitance.

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Je pense que Bell doit, dans les plus brefs délais, collaborateur avec les différents paliers gouvernementaux afin de les aider à développer l'industrie en région. Mais cela dépend de Bell. En télécommunications, aujourd'hui, l'autoroute de l'information est un outil essentiel. À cause de la concurrence, les autochtones ne peuvent acquérir l'équipement nécessaire parce que les lignes ne sont pas adéquates. Le courrier électronique est aussi un moyen de communication auquel les gens pourraient avoir recours, mais ils n'ont pas les lignes nécessaires.

Des communications adéquates n'existent pas à cause d'un manque de concurrence. Y a-t-il juste Bell sur le territoire ou s'il y en a d'autres? Si c'est seulement Bell, c'est peut-être là qu'est le problème. Quand il y a de la concurrence, on peut recevoir les services dont on a besoin. S'il y avait de la concurrence, Bell Canada ne vendrait-elle pas son produit avant que son concurrent le fasse?

Vous dites que vous allez vous présenter devant le CRTC pour obtenir des autorisations. Lorsque Bell Canada se présente devant le CRTC, c'est habituellement pour faire augmenter la facture, jamais pour dire qu'elle veut améliorer les services à la clientèle et son équipement.

Allez-vous investir dans l'immobilisation ou devancer certains échéanciers, même si vous ne recevez pas l'autorisation du CRTC d'augmenter les tarifs?

[Traduction]

M. Lacroix: Bell Canada a mis en place un programme de modernisation. Malheureusement, celui-ci ne date pas d'hier. À l'heure actuelle, grâce aux technologies modernes et au budget que nous avons prévu pour l'amélioration de notre infrastructure dans les collectivités rurales, nous avons élaboré un plan d'amélioration qui sera mis en vigueur sur une période de dix ans.

Cela se fonde sur le fait que, en Ontario et au Québec, soit le territoire que nous desservons - nous ne desservons pas le Manitoba - nous dépensons de 20 millions de dollars à 25 millions de dollars à des travaux d'infrastructure dans les collectivités rurales.

Malheureusement, il reste certains endroits dans ces deux provinces où les services de télécommunications sont un peu désuets. Plus précisément, notre équipement de commutation fonctionne en mode analogique dans bien des endroits. En fait, en Ontario, il reste encore 65 standards analogiques. Nous prenons également les mesures nécessaires pour améliorer d'autres standards en mode numérique à moyenne portée.

Pour ce qui est des Premières nations, nous sommes conscients du fait qu'il faut offrir des services aux clients qui habitent dans le Grand Nord. Il s'agit de clients... Dans le cas de l'Ontario, là encore - je vais être précis - il y a 21 standards au nord du 52e parallèle. La proposition à l'étude aujourd'hui, que nous avons déposée le 6 septembre dernier, répond au besoin d'amélioration du service pour les clients de ces 21 localités. Il s'agit essentiellement de réserves indiennes situées dans le nord et le nord-ouest de l'Ontario.

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Quant à la qualité du matériel, vous avez tout à fait raison. Dans certains endroits, l'équipement est inférieur aux normes, comme je l'ai déjà dit. Cela s'explique par divers facteurs. La technologie est désuète.

Nous examinons également cette proposition dans notre propre intérêt, car cela nous permettra d'entretenir le matériel de façon plus efficace, rentable et opportune. Nous voulons également nous assurer de pouvoir offrir à nos clients un service téléphonique fiable. En fait, dans certains cas, nous n'avons pas été en mesure d'offrir le niveau de service auquel ont accès les collectivités urbaines, les grandes villes de l'Ontario et du Québec.

Vous avez parlé de la concurrence. C'est une remarque pertinente, car il existe désormais de la concurrence. Pour les services interurbains, cette concurrence est très forte, surtout en Ontario, mais également dans d'autres régions du pays. À l'heure actuelle, Bell Canada prévoit que d'ici à la fin de l'année, nous aurons perdu plus de 30 p. 100 de notre marché de l'interurbain en Ontario et au Québec. D'ici la fin de l'année prochaine ou le début de 1998, nous ferons même face à la concurrence pour les services locaux dans certains des grands centres urbains.

Quant aux collectivités rurales, je ne pense pas que la même concurrence s'exerce à court terme. Nous avons entendu dire que les autres utilisent des technologies diverses, les nouvelles technologies de services de communication personnelle, que les concurrents comptent se concentrer dans les grands centres urbains, car c'est là que se trouve la majorité de la clientèle. C'est là que la concurrence va être la plus vive et c'est pourquoi c'est sur le plan des services locaux que les entreprises vont se faire concurrence au début.

S'agissant de la concurrence dans les collectivités rurales, il est possible qu'elle soit stimulée par l'apparition de systèmes radio de meilleure qualité, de systèmes de transmission par satellite et micro-ondes et peut-être de communications sans fil. Pour le moment, toutefois, je ne crois pas que d'ici les quatre ou cinq prochaines années il y ait de la concurrence pour les services locaux dans les collectivités rurales.

Le président: Monsieur Serré.

M. Serré: Merci beaucoup, monsieur le président.

Merci de votre présence, monsieur Lacroix. Vous devez vous sentir un peu comme Daniel dans la fosse aux lions. Vous êtes un homme très courageux. Je tiens à vous dire d'entrée de jeu que je ne suis pas un fervent partisan de Bell Canada, qui exerce un monopole dans notre pays depuis tant d'années. À mon avis, votre entreprise a mal desservi le nord de l'Ontario.

Lorsque j'examine votre programme de modernisation, ma seule réaction est liée au calendrier. Il y a trois semaines à peine, je comptais m'opposer par tous les moyens possibles à votre demande d'augmentation de tarif au CRTC. Après en avoir discuté avec certains de mes collègues, j'ai changé d'avis, mais j'aimerais que vous me donniez l'assurance que les recettes découlant de cette augmentation de tarif seront entièrement consacrées à l'amélioration du système de communication dans le nord de l'Ontario.

Comme l'a dit mon collègue, c'est tout à fait incroyable. Il y a des régions dans ma circonscription qui... Bien sûr, certains secteurs sont desservis par Northern Telephone, mais le problème est le même, qu'il s'agisse de Bell ou de Northern Telephone. Vous avez voulu réaliser d'énormes bénéfices, et ce, au détriment des régions reculées de notre pays. Vous vous deviez de desservir ces régions, étant donné le monopole que vous déteniez.

Ma question est donc la suivante. Pouvez-vous nous donner l'assurance que les recettes découlant des augmentations de tarif seront toutes consacrées à la modernisation des services dans les régions rurales? Dans votre plan d'entreprise, prévoyez-vous de collaborer avec d'autres sociétés comme Northern Telephone pour synchroniser les mesures de modernisation dans le nord de l'Ontario? S'agissant de la technologie par satellite, quand pouvons-nous espérer des progrès dans ce domaine, et combien cela coûtera-t-il par rapport au coût du service actuel?

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M. Lacroix: Permettez-moi tout d'abord de faire une remarque au sujet du coût des services. Je vais me fonder sur le coût moyen pour vous donner une idée du taux de recouvrement de Bell à l'égard des services locaux de base dans toute la province de l'Ontario.

À l'heure actuelle, pour fournir notre service de base, cela nous coûte environ 27$ par ligne d'accès que nous avons en Ontario. C'est la moyenne pour le centre-ville de Toronto. Cela pourrait même sans doute coûter beaucoup moins cher. Dans les collectivités rurales, surtout dans le nord de l'Ontario, il nous en coûtera sans doute deux fois plus cher pour offrir le même service de base.

À l'heure actuelle, donc, la moyenne est de 27$ par ligne. Pour les collectivités rurales, c'est sans doute deux fois plus en moyenne.

Nous sommes déterminés à améliorer notre infrastructure, et à moderniser nos réseaux. Je le répète, nous avons déjà un plan de modernisation en place. Malheureusement, c'est un plan à long terme qui prendra fin lorsque nous aurons modernisé tous nos centres en Ontario. Il s'agit actuellement d'un plan décennal prévoyant des dépenses de l'ordre de 20 à 25 millions de dollars par an.

Il existe encore 30 compagnies de téléphone indépendantes en Ontario. Northern Telephone, dont vous avez parlé, en est une. Je dois dire que dans l'ensemble ces entreprises indépendantes ont des réseaux de commutation relativement modernes. Certains de leurs véhicules de transmission - il s'agit des connexions entre les standards - ne sont peut-être pas aussi perfectionnés qu'elles le souhaiteraient.

Je sais toutefois que les compagnies de téléphone indépendantes passent actuellement au peigne fin notre proposition, et je suppose qu'elles suivront l'exemple en essayant d'offrir les mêmes niveaux et types de services que Bell Canada offrira à sa clientèle.

Votre dernière remarque portait sur les communications par satellite. Comme je l'ai dit, nous venons de nous lancer dans ce que nous appelons des essais technologiques, en Ontario et au Québec, en vue d'établir si les télécommunications par satellite constituent une option viable pour certains clients dans les régions éloignées, où l'installation de services téléphoniques nous coûterait les yeux de la tête.

En fait, un essai a lieu ici même dans la région du Muskoka. Sauf erreur, la date prévue était le 15 octobre. Pour votre information, j'ai une brève vidéo à ce sujet. En fait, il s'agit d'une vidéo réalisée par la station de télévision locale. Je la laisserai au comité, si cela vous intéresse.

Pour répondre à la question des télécommunications par satellite, il faut qu'un certain nombre de choses se produisent. L'achat du matériel proprement dit coûte cher. Je ne parle pas du satellite, je parle de l'équipement de la station proprement dite: le téléphone et l'antenne pour la réception des signaux. Sauf erreur, l'achat de ce matériel coûte dans les 5 000$ à 6 000$.

En outre, il y aura les dépenses liées aux frais d'utilisation, car la plupart des télécommunications par satellite sont facturées au temps. Autrement dit, on calcule le temps d'utilisation, un peu comme on le fait pour le téléphone cellulaire.

La qualité de ce service peut être problématique, étant donné la façon dont le signal est transmis. Il est transmis à un satellite qui est en orbite à quelque 35 000 kilomètres de la terre. Il y a un léger délai dans la transmission; il y a une légère pause ou interruption dans la conversation lorsqu'une personne cesse de parler et que l'autre reprend. Il y a donc quelques problèmes techniques qu'il faudra résoudre.

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Quant à la vitesse des communications, la capacité de transmettre des données et d'être connecté à Internet, disons, par satellite, cela laisse un peu à désirer. Ce n'est pas le terme de jargon exact, mais le service est lent. À l'heure actuelle, la bande n'est pas très étendue. On en est encore au niveau inférieur du spectre de données, et la vitesse de transmission reste assez minime. Je crois qu'on a amélioré le système pour en arriver à quelque 4 800 bits à la seconde, ce qui est encore assez lent par rapport à la vitesse de transmission par ligne terrestre.

M. Serré: Monsieur le président, j'aimerais reposer ma question. Vous avez répondu à l'autre, mais celle-ci est restée sans réponse, et elle est très importante. Pouvez-vous nous donner l'assurance que toutes les recettes découlant des augmentations de tarifs serviront à des dépenses en immobilisations dans les régions rurales de l'Ontario?

M. Lacroix: Nos dépenses dans le cadre de cette proposition commencent à 180 millions de dollars. Nous avons déjà fait des ajouts à ce plan. En fait, nous finirons sans doute par dépenser beaucoup plus que cela, car nous prévoyons également d'améliorer, comme je l'ai dit plus tôt, les standards numériques de portée moyenne et à vitesse moyenne, de sorte que tous les clients de l'Ontario et du Québec relèvent du même centre de commutation numérique. Nos dépenses vont sans doute monter en flèche. Ce n'est pas un chiffre officiel, mais je pense qu'elles atteindront les 200 millions de dollars, et tout devra se faire au cours des 15 prochains mois, à compter du 1er octobre dernier.

Quant à la garantie que vous demandez, je peux vous dire que le délai de rentabilité de cet investissement est bien moindre que l'on ne pourrait croire en temps normal. Autrement dit, notre société compte sur un taux de rendement beaucoup plus important pour un investissement d'une telle ampleur. Nous rentrerons dans nos frais au cours d'un délai prolongé... sans doute entre cinq et six ans.

Dans le contexte actuel, surtout compte tenu de la concurrence locale à laquelle nous sommes assujettis, je dois vous dire que nous avons longuement réfléchi à la question avant de décider de la meilleure chose à faire, pour savoir si nous devions investir une telle somme à ce stade.

Le président: Madame Cowling.

Mme Cowling: Je viens du Manitoba et je représente une circonscription rurale. Comme je ne comprends rien au réseau des télécommunications, pourriez-vous m'expliquer s'il y a un rapport quelconque entre MTS et Bell Canada?

M. Lacroix: Il n'y a aucun rapport. Nous ne détenons aucune participation dans cette société. Il existe un accord passé par Stentor - il s'agit d'une association de compagnies de téléphone de tout le pays - quant à la façon dont nous acheminons nos transmissions, autrement dit nos routes d'interurbains, dans toutes les régions du pays. Pour qu'un de nos clients de l'Ontario puisse appeler la Colombie-Britannique, il faut évidemment que nous ayons une ligne qui passe par le Manitoba, et il existe donc des dispositions de partage des recettes relativement à cet appel interurbain. Toutefois, nous n'avons pas de capitaux investis proprement dits dans la société MTS.

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Mme Cowling: Il y a donc un partage de la technologie et de l'information transmise par satellite?

M. Lacroix: Nous partageons effectivement certaines technologies. Par exemple, nous avons mis sur pied le service Bell Sympatico, un service Internet que nous offrons à nos clients par l'entremise de notre groupe Bell Global Solutions, une filiale de Bell Canada. Nous avons conclu des accords avec nos partenaires de Stentor pour qu'ils commercialisent le service Sympatico dans tout le Canada en fournissant aux clients le service d'appels locaux pour avoir accès à Bell Sympatico. Si vous vous rendez au Manitoba ou en Colombie-Britannique, vous pourrez en fait composer un numéro local et avoir accès à l'Internet par Sympatico. Voilà le genre de dispositions que nous concluons.

Quant à la recherche et au développement, je ne sais pas combien la société MTS investit à ce chapitre. Cela se fait par notre entreprise soeur, Bell Northern Research, ou BNR. Je ne sais pas si c'est à cela que vous pensez quand vous parlez d'investissements.

Mme Cowling: Tous les députés autour de cette table portent un vif intérêt au développement économique du Canada rural. D'après ce que nous avons entendu dire par un certain nombre de témoins dans l'Ouest, l'un des plus gros problèmes auxquels se heurtent les activités rurales dans cette région, c'est d'être exclues de la technologie de l'inforoute.

Je soulève ces questions, car s'il n'existe pas entre les diverses régions du pays d'ententes pour échanger ce genre d'information dans le domaine des télécommunications, grâce à la construction d'un réseau qui relie les gens, je ne vois pas ce que le gouvernement fédéral pourrait faire pour y remédier. Je ne sais pas comment nous pourrons relier les régions très éloignées qui sont en fait très avantageuses pour bon nombre de citadins et de centres urbains. Nous savons tous que, ne serait-ce du secteur des ressources naturelles, bon nombre de centres urbains ne survivraient tout simplement pas.

M. Lacroix: En matière de développement économique rural, nous collaborons avec un certain nombre d'intervenants. Au sein de Bell Canada en Ontario et d'un groupe d'intervenants semblables du Québec, nous avons créé un groupe à vocation rurale composé de certains groupes et associations des deux provinces. Il y a le Economic Developers Council of Ontario, qui fait partie de ce groupe, outre la Fédération de l'agriculture de l'Ontario, la Banque de développement du Canada, la Northwestern Ontario Municipal Association, la Rural Ontario Municipalities Association, l'Association des municipalités de l'Ontario, la Chambre de commerce. Il y a à mon avis une excellente représentation de tous les intervenants au niveau rural qui s'intéressent au développement économique des collectivités rurales.

Nous avons conclu des accords de partenariat avec certaines collectivités rurales. Dans le comté de Lanark, nous avons mené bon nombre d'activités pour créer un réseau communautaire intégré qui utilise nos moyens de communications en vue de fournir une foule d'options différentes qui répondent à leurs besoins en matière de télécommunications. En fait, nous avons tenu compte des recommandations de ce groupe d'intervenants ruraux avant d'élaborer le plan dont j'ai parlé aujourd'hui et que nous avons déposé auprès du CRTC le 6 septembre dernier. Tous ces groupes participent donc au processus.

Il nous reste du pain sur la planche. Nous étudions maintenant la façon de fournir un service de ligne unique à tous les clients de l'Ontario et du Québec. Nous avons amorcé des discussions avec les groupes ruraux et d'autres en vue de trouver des solutions qui répondent le mieux aux besoins de ces clients.

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L'essai de transmission par satellite dont nous avons parlé, et plus précisément les essais de communication sans fil auxquels nous allons procéder sous peu contribueront grandement à répondre à ces besoins. Nous pourrons ainsi offrir à ces clients des systèmes de télécommunications pointus.

Je comprends votre intérêt pour ce qui se passe dans les autres régions du pays. La société Manitoba Telephone est au courant de notre proposition. Certaines propositions ont été déposées dans tout le pays. La société de téléphone du Nouveau-Brunswick a déposé un projet à la fin de juillet, ou au début d'août, en vue d'améliorer son équipement et d'offrir le même genre de service - un service de ligne unique - à sa clientèle.

Quant à Bell Canada, nous n'avons pas compétence en dehors des provinces de l'Ontario et du Québec, et il est difficile de dire s'il existe des plans semblables dans certains autres endroits; je dirais toutefois qu'en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, par exemple, les compagnies de téléphone font le projet d'améliorer leurs programmes d'infrastructure de façon accélérée.

Mme Cowling: Je vous remercie.

Le président: Avant que vous ne partiez, monsieur Lacroix, et que nous entendions le témoignage de M. Martin, j'ai quelques brèves questions à vous poser.

À la page 7 de votre mémoire vous énumérez les cinq éléments fondamentaux de votre plan de modernisation, que vous connaissez certainement très bien. Je suis curieux. Vous déposez un plan au CRTC et vous procédez ensuite à un investissement de 180 millions de dollars. Est-ce à dire que tous les clients des régions rurales de l'Ontario et du Québec vont profiter de ces nouveaux services?

M. Lacroix: C'est exact; c'est ce que prévoit notre plan. Encore une fois, je tiens à dire que, en faisant cette proposition, nous comptons bien fournir un service téléphonique de base commun à tous nos clients de l'Ontario et du Québec. Les éléments indiqués ici font partie effectivement des options que nous comptons mettre à la disposition de tous nos clients sans exception.

Le président: D'ici à la fin de 1998?

M. Lacroix: D'ici à la fin de 1997, sauf pour les 21 localités dont j'ai parlé plus tôt et qui sont situées au nord du 52e parallèle. Il y a là certains problèmes techniques à résoudre, et il faudra attendre l'été 1998 pour que ces localités soient également desservies par notre centrale numérique commune. Tout ce qui se trouve au sud du 52e parallèle sera desservi d'ici à la fin de 1997.

Le président: Autrement dit tout le monde aura du matériel de commutation numérique?

M. Lacroix: Tout le monde aura accès à un standard numérique, c'est exact.

Le président: À la page 9 vous donnez des exemples d'augmentations de tarif éventuelles, en citant le cas de Huntsville. Cela inclut-il l'augmentation de tarif de 2$ plus 2$ déjà approuvée par le CRTC?

M. Lacroix: Non. Les augmentations de tarif indiquées dans cette proposition, si elles sont approuvées, entreront en vigueur à compter du 1er décembre prochain. Les autres augmentations de tarif ont déjà été approuvées pour tous les clients résidentiels de Bell dans tout l'Ontario. Les tarifs proposés ici représentent les recettes qui serviront à notre programme d'infrastructure.

Le président: Je comprends la distinction que vous faites, mais en réalité... Supposons que le CRTC approuve les augmentations que vous avez demandées en septembre. Vous avez cité l'exemple de Huntsville. Le tarif de base passera à 12,40$ à compter du 1er décembre et ensuite à 14,40$ le 1er janvier. C'est bien cela?

M. Lacroix: C'est exact.

Le président: Très bien. Permettez-moi de vous suggérer, comme je l'ai fait pour d'autres responsables de votre compagnie, de préciser, quand vous nous citez ces exemples, qu'une autre majoration de 2$ a déjà été approuvée au préalable. Cette augmentation était proposée à des fins différentes, mais en réalité une personne pourrait lire cela et croire qu'elle va payer 12,40$ pour constater le mois suivant que le tarif est de 14,40$. Je crois qu'il convient de le préciser.

Je vais poser la question de M. Serré sous un angle différent. C'est sujet à débat, mais la société Bell demande une augmentation de tarif pour les clients des régions rurales en vue d'investir dans ces mêmes régions. Je crois que c'est la stratégie de Bell.

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L'inverse s'est-il déjà produit? Est-il déjà arrivé qu'une majoration des tarifs résidentiels visant les secteurs urbains desservis par Bell ne soit pas appliquée aux régions rurales? Ces augmentations de tarif ne vont pas servir au centre-ville de Toronto. Certains soutiennent que, puisque l'investissement profitera aux régions rurales de l'Ontario et du Québec, il est normal que ce soient les abonnés de ces régions qui paient la note.

L'inverse s'est-il déjà produit? Autrement dit, est-il arrivé qu'une majoration de tarif imposée dans les régions urbaines ne le soit pas dans les régions rurales?

M. Lacroix: Si vous demandez si ces fonds pourraient servir à des travaux d'infrastructure, la réponse brève est non.

Notre barème de tarification se fonde essentiellement sur le nombre de lignes qu'un client peut appeler. Plus un client peut appeler de lignes, plus il paye cher ce service. C'est ainsi que s'établit notre tarification.

Par exemple, les clients des localités qui entourent la région métropolitaine de Toronto paient plus cher que ceux du centre-ville. C'est dû principalement au fait que les petites localités situées au nord, à l'est et à l'ouest peuvent appeler sur le réseau local la ville de Toronto et la banlieue. Ils ont accès à plus de lignes. Telle est notre politique pour établir les tarifs résidentiels visant ces services.

Le président: Merci, monsieur Lacroix. Je sais que vous avez parcouru beaucoup de chemin pour venir témoigner devant notre comité aujourd'hui et je vous en sais gré. Je peux vous donner l'assurance que la question de l'infrastructure des télécommunications fera partie intégrante du rapport que nous publierons sur le Canada rural. Nous vous remercions donc de votre participation.

M. Lacroix: Merci, monsieur le président. Ce fut un plaisir pour moi de venir vous parler aujourd'hui.

Le président: Il nous reste encore un témoin, après quoi nous lèverons la séance.

Nous avons le plaisir d'accueillir M. Martin, de Tembec Forest Products. Je suis heureux que vous ayez trouvé le temps de venir parler au comité de votre société et de la contribution que vous faites au secteur de la valeur ajoutée dans le domaine des ressources naturelles.

Je vous demanderais de faire un bref exposé liminaire, et nous vous poserons ensuite quelques questions.

M. Kenton Martin (vice-président et directeur général, Division de Huntsville, Tembec Forest Products Group): Merci, monsieur Mitchell.

Je suis vice-président et directeur général de la Division de Huntsville de Tembec, et j'ai donc une vision assez restreinte de la question. Je vais essayer de parler au nom de toute la société Tembec, mais bien sûr je connais mieux la situation à la Division de Huntsville.

Pour vous donner une idée générale de notre société, Tembec est une société de pâtes et papiers dont le chiffre d'affaires est de 1 milliard de dollars par an. La société a été créée en 1973 par les employés et les cadres qui ont acheté une usine de pâtes et papiers abandonnée à une société américaine, laquelle avait fermé l'usine depuis environ un an, dans la région du Témiscamingue, au Québec.

Tembec a de nombreuses installations autonomes en Ontario et au Québec. Elle a été créée au Québec, mais nos activités sont actuellement partagées presque également entre les deux provinces. Une de ces installations est celle de Huntsville, qui fonctionne de façon tout à fait indépendante. Ici nous fabriquons du parquet de bois dur.

Cette usine enregistre des ventes annuelles de 30 millions de dollars, compte 240 employés et 150 entrepreneurs forestiers, outre l'effectif permanent. Nous avons ouvert nos portes ici en 1989 avec 75 employés et des ventes de 5 millions de dollars. Vous pouvez donc constater l'expansion qu'a connue la société en six ans.

Nous menons des activités d'exploitation forestière: récolte, sciage du bois et ensuite fabrication de produits à valeur ajoutée comme le parquet de bois dur. La masse salariale de Tembec est d'environ 160 millions de dollars pour le personnel direct. Cela englobe l'Ontario et le Québec. Huntsville est l'usine située la plus au sud de la société Tembec.

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Quant à la masse salariale au niveau local, elle représente 12 millions de dollars pour les employés de l'usine de Huntsville, outre 9 millions de dollars partagés entre les travailleurs forestiers et les droits de coupe dans cette région. Nous avons également des contrats de 3 millions de dollars dans la région de Huntsville.

Quatre-vingts p. 100 de notre production est destinée à l'exportation. Nos marchés sont répartis de la façon suivante: environ un tiers en Europe, un tiers aux États-Unis, 15 p. 100 au Canada et 20 p. 100 en Asie. Les marchés américains et asiatiques sont ceux qui sont en pleine expansion. Il existe un marché mondial pour le parquet.

Comme je viens de le dire, nous fabriquons du parquet de bois dur, de bois de feuillus. Nous fabriquons également bon nombre d'autres produits de bois d'échantillon, c'est-à-dire du bois d'oeuvre partiellement transformé et prêt à assembler. Ces produits sont expédiés vers d'autres pays qui les transforment en d'autres produits. Les quilles en sont un bon exemple. Nous fabriquons le produit brut, et les usines américaines le recouvrent de plastique.

La plupart des obstacles au succès de notre entreprise, particulièrement ici à Huntsville, sont de nature provinciale. Dans le secteur des forêts, nous avons surtout des problèmes provinciaux, étant donné que ce sont les autorités provinciales qui gèrent notre monde.

La qualité et le volume du bois est source de problèmes. Nous sommes implantés dans des régions septentrionales et nous devons faire concurrence aux États-Unis et à d'autres pays du monde avec des normes inférieures. Il s'ensuit que leur bois est de meilleure qualité et moins cher à court terme.

Un autre obstacle majeur concerne l'accès au capital. Même si nous sommes une société cotée en bourse, notre division compte de nombreux projets ayant une période de récupération de moins de trois ans, voire parfois une période aussi courte qu'un an, et pour lesquels nous ne pouvons trouver du financement. Tembec, comme vous le savez, a connu une croissance énorme. Cette petite compagnie du nord du Québec affiche maintenant un chiffre d'affaires de plus d'un milliard de dollars. Au cours des cinq dernières années, l'actif total a triplé, passant de 500 millions à 1,6 milliard de dollars. Cela a provoqué un manque de liquidités, particulièrement pour une entreprise indépendante comme la nôtre.

La réglementation et le coût de la main-d'oeuvre au Canada représentent d'autres obstacles. En matière de valeur ajoutée, il faut tenir compte du coût de la main-d'oeuvre, et, malheureusement, le Canada ne fait pas bonne figure. Ainsi, à Huntsville, nous payons nos employés environ 13$ l'heure, ce qui est un salaire plutôt maigre dans la région, mais nous sommes l'usine de parquets, de couvre-planchers, la plus généreuse d'Amérique du Nord, sans exception. La plupart de nos concurrents du sud des États-Unis et du sud du Québec paient de 8$ à 10$.

Depuis dix ans nous faisons face à une nouvelle concurrence accrue de la Corée, de Taïwan, de la Chine, des Pays-Bas et de la Tchécoslovaquie. Souvent, ces pays achètent des matériaux bruts du Canada et des États-Unis, les valorisent là où la main-d'oeuvre est bon marché et les exportent ensuite de nouveau vers le Canada et les États-Unis, mais surtout vers les États-Unis. C'est une menace sérieuse, une tendance alarmante. Nous devons, pour les battre à ce petit jeu, adopter certaines solutions. Pour faire échec à l'avantage des faibles coûts de main-d'oeuvre dont disposent ces pays moins développés, notre stratégie est fondée sur la qualité et l'efficience de la capitalisation. Nous devons conserver la tête du peloton.

L'accès à du personnel qualifié est un dernier obstacle. Nous traitons énormément avec des experts-forestiers allemands. En fait, nous imitons certaines de leurs pratiques, et ils imitent certaines des nôtres. À Huntsville seulement nous avons des projets pilotes à cet égard. Ici, il n'existe pas de formation officielle. En Allemagne et aux États-Unis, on offre une formation diversifiée en fabrication, recherche, gestion forestière et valorisation des produits forestiers.

C'est une insulte pour moi - et, je pense, pour les Canadiens - , que les États-Unis aient des établissements d'enseignement plus avancés que le Canada en matière de gestion forestière et de valorisation des produits forestiers. Au Canada, il n'y en a pratiquement pas. Si l'on considère les universités, aucune d'entre elles n'offre de cours de valorisation du bois. Nous avons au Nouveau-Brunswick et dans le nord de l'Ontario des diplômés formés pour des postes au gouvernement. De nos jours, pratiquement aucun n'est issu de l'Université de Toronto, qui était autrefois la norme pour l'exploitation forestière. Ils ne connaissent ni les processus de valorisation, ni les finances d'entreprise, ni la commercialisation ou les ressources humaines. La plupart d'entre eux n'ont qu'un ou deux cours en économie.

En Allemagne, les experts-forestiers sont considérés comme des professionnels. C'est une profession réputée. On y éduque et on y forme des experts-forestiers professionnels. Leurs normes sont plus élevées et leurs pratiques meilleures que les nôtres. Les employés ruraux du secteur forestier ont un niveau de vie supérieur aux nôtres également.

.1605

À propos du secteur rural, nous constatons que les gens ne veulent pas vivre dans des endroits dépourvus de services familiaux. Huntsville est l'une des rares usines de Tembec qui n'ont pas vraiment de mal à attirer des professionnels. Dans le nord de l'Ontario et dans le nord du Québec, nous ne pouvons recruter des employés et nous ne pouvons les conserver. Cela tient à des choses simples, qui n'ont rien à voir avec le travail. C'est plutôt le côté social - les installations sportives, les théâtres, les cinémas, les possibilités d'emploi pour le conjoint, les services médicaux, les écoles - qui importe de nos jours. Le résultat, c'est que les candidats intéressants sont attirés par les villes.

La solution serait peut-être d'accorder des allégements fiscaux. Nos coûts d'emploi sont beaucoup plus élevés que ceux de nos concurrents américains. Un traitement fiscal favorable serait une façon de réduire cette disparité et d'égaliser les chances. Il est très coûteux de faire des affaires au Canada. Comme je l'ai mentionné, avec la mondialisation de l'économie, le processus de valorisation est menacé au Canada.

Je n'ai guère vu les effets des initiatives du gouvernement fédéral en matière de développement régional, que ce soit avant ou après. Cela n'a pratiquement aucune influence sur notre secteur. D'après l'expérience du Canada et d'autres pays depuis cent ans, on constate que le gouvernement est plutôt impuissant à réorienter les forces économiques nationales, qui, malheureusement, favorisent l'urbanisation au détriment des régions rurales. À mon avis, le gouvernement aurait intérêt à réduire sa contribution et à étudier les paramètres qui sont la clé du succès. D'ailleurs, j'en parlerai dans un instant.

Un autre problème tient au fait que le gouvernement, particulièrement au Québec et dans les Maritimes, investit dans des entreprises vacillantes qui nous font concurrence. Les principales entreprises concurrentes de la nôtre, à Huntsville, sont situées dans le sud du Québec, et il y en a aussi une ou deux au Nouveau-Brunswick. Ces entreprises achètent leur bois en Ontario et au Québec et le rapportent au Nouveau-Brunswick pour le transformer et ensuite nous livrer concurrence à Hong Kong. Cela fait baisser les prix et nous rend moins viables, sans compter qu'à long terme les entreprises en question sont peu susceptibles de jamais s'en tirer sans l'aide du gouvernement. Le même phénomène se produit dans le sud du Québec. On investit dans ces entreprises beaucoup d'argent dont ne peuvent tirer parti les entreprises implantées en Ontario. Cela nuit à l'industrie dans son ensemble. Nous devons trouver de nouveaux créneaux, et non pas faire concurrence aux entreprises canadiennes existantes.

La formation des travailleurs forestiers et agricoles représente des débouchés énormes. Cela relève surtout de la compétence des provinces, mais il y a peut-être de la place pour une intervention fédérale également. Nous avons des ordinateurs. Après avoir entendu les représentants de Bell Canada, je songeais à la possibilité d'une formation électronique. Toutes les universités le font maintenant. Le gouvernement fédéral pourrait peut-être tirer parti de ce créneau pour faire du Canada un chef de file dans ce domaine et scolariser davantage la population rurale.

Pour accroître la valeur ajoutée dans l'industrie des ressources, il faut renforcer les industries déjà existantes et favoriser leur expansion. J'oeuvre dans le domaine forestier depuis une trentaine d'années, et il semble que les efforts du gouvernement sont toujours axés vers d'autres industries. Nous souhaiterions être dans le secteur de la technologie de pointe ou dans celui du tourisme. L'exploitation forestière est l'un des piliers de la province et du pays, et pourtant les gouvernements en font fi, car elle est considérée comme obsolète et démodée.

On pourrait faire beaucoup pour renforcer et stimuler les entreprises existantes. On pourrait notamment réduire les coûts de main-d'oeuvre, sous forme d'allégements fiscaux du gouvernement fédéral, et minimiser la réglementation. Pour nous, c'est un paradoxe. Nous ne souhaitons pas affaiblir la législation environnementale, non plus que la législation sécuritaire, mais nos concurrents sont assujettis à des normes beaucoup plus souples Il est très difficile de contrer une telle situation. Cela nous coûte cher.

Il faut former des spécialistes des processus de valorisation.

En outre, je pense qu'il est nuisible de financer des entreprises non rentables. La plus importante contribution de l'État peut se faire dans le domaine de l'éducation, de la formation et de l'apprentissage. Prenez le secteur forestier dans notre région ici et faites des employés des experts forestiers professionnels. Faites de cette industrie une industrie rentable qui permettra aux gens de rester en région rurale et à l'industrie forestière, l'un des piliers du pays, de réussir.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Martin. Très intéressant.

Monsieur Asselin.

.1610

[Français]

M. Asselin: J'aimerais tout d'abord vous féliciter pour votre excellent exposé et vous remercier d'avoir sensibilisé les membres du comité au problème auquel vous faites face lorsque le gouvernement accepte de transiger avec les États-Unis ou le Japon pour les produits du bois brut. D'un côté, on peut vous aider et, de l'autre, vous nuire.

Comment le gouvernement pourrait-il vous aider à maintenir votre entreprise et vous permettre de penser à l'expansion, sans que l'exportation du bois brut vous nuise?

[Traduction]

M. Martin: Je ne sais pas trop ce que le gouvernement peut faire. La question est plutôt de savoir ce qu'il ne faut pas faire. En fait, il doit veiller à ce que son aide ne suscite pas la concurrence aux dépens de sociétés rentables. On a vu ce scénario dans l'industrie des pâtes et papiers également. On a rouvert des usines - généralement, c'est un problème plus local - et on les a soutenues au détriment d'autres concurrents canadiens, certainement pour ce qui est des couvre-planchers.

Il y a d'autres aspects. Le gouvernement consacre beaucoup de temps aux grandes questions comme le libre-échange et la taxe sur le bois d'oeuvre, mais il y a beaucoup d'autres problèmes. Aux États-Unis, il y a un cartel des fabricants de parquets. Nous sommes des producteurs de parquets d'érable. Il y a cinq fabricants de parquets d'érable aux États-Unis, et ils refusent les membres canadiens. J'ai une lettre qui confirme cela.

Ils prétendent réglementer la qualité des parquets, et les architectes spécifient la provenance. Aux États-Unis, pratiquement tous les contrats sont réservés aux membres de la MFMA, une association à laquelle on nous refuse l'accès.

Ce qui est intéressant - et en fait nous en discutions quelques instants avant que je n'arrive ici - c'est que les architectes canadiens exigent également des fournisseurs de la MFMA. À Vancouver, nous venons de perdre un contrat parce qu'on avait exigé des fournisseurs de la MFMA, c'est-à-dire le cartel américain.

Nous nous sommes adressés aux instances supérieures, mais ce n'est pas un problème suffisamment important. On nous a promis il y a des années de prendre des mesures rapides, mais ce n'est pas une question assez importante. Il y a trop peu d'intéressés au Canada. Ce genre de chose est difficile pour le gouvernement; cela représente beaucoup d'efforts pour quelques rares compagnies au Canada.

Je dois vous avouer qu'à mon avis le gouvernement libéral et le gouvernement provincial, ayant accordé la priorité à la réduction des taxes au Canada, ont fait du bon travail. Aujourd'hui, nos coûts d'emploi doivent être comparables au moins à ceux de nos concurrents américains.

À Huntsville, la valeur ajoutée pour la main-d'oeuvre est de 40 p. 100, ce qui est très élevé, et ce qui représente un facteur crucial dans notre secteur. Lorsque vous ajoutez à cela nos prestations, nos coûts supplémentaires, cela donne près de 35 p. 100. Parlez à nos concurrents américains, et vous verrez que chez eux il s'agit d'environ 15 p. 100. Ils n'offrent pas d'avantages sociaux particulièrement intéressants. Mais c'est tout de même aux environs de 15 p. 100.

Pour nous, une main-d'oeuvre qui représente 40 p. 100 de la valeur ajoutée, c'est un désavantage considérable. C'est la raison pour laquelle on voit beaucoup d'industries primaires au Canada s'installer là où sont les ressources, mais très peu d'industries à valeur ajoutée. Elles vont dans d'autres domaines.

[Français]

Le président: Merci. Monsieur Serré.

[Traduction]

M. Serré: J'ai une question très courte, mais qui n'a peut-être pas un rapport direct avec notre étude. Est-ce que vous êtes satisfaits de l'entente sur l'exportation de bois d'oeuvre que nous avons signée avec les États-Unis et satisfaits également de ce que le ministre a annoncé au sujet du système de quotas?

M. Martin: Personne n'est satisfait de la situation, mais c'est un des meilleurs exemples. Notre secteur n'est pas touché directement; je parle de la division de Huntsville. Chez Tembec, 30 p. 100 de nos opérations sont affectées.

Je pense que chez Tembec on pense généralement que c'est une des meilleures solutions possibles. On n'a pas tellement demandé leur avis aux compagnies, et je crois qu'on s'est trompé il y a quelques années quand on a essayé de voir les choses sur le plan national. Je pense que cette fois on a choisi une meilleure démarche, et c'est probablement ce que les Canadiens pouvaient espérer de mieux comme compromis.

M. Serré: Le meilleur parti d'une mauvaise situation.

M. Martin: Le meilleur parti de la pire situation, exactement.

M. Serré: Merci.

Le président: J'ai deux questions à aborder avec vous très rapidement.

Vous avez parlé des problèmes d'accès au capital. Est-ce que vous parlez de dettes ou d'immobilisations?

.1615

M. Martin: L'une ou l'autre forme du capital; les deux nous conviennent. Tembec est limitée dans une certaine mesure en ce qui concerne les immobilisations. D'une façon générale, nous sommes parvenus à la limite dans les deux cas. Nous sommes une entreprise indépendante, nous avons une excellente réputation, une rentabilité très élevée, une grande crédibilité dans nos projets d'immobilisations, mais rien de cela n'est une source de fonds.

Je ne sais pas quelle est la réponse facile. S'il y avait des programmes... là encore, c'est plutôt une affaire provinciale, mais s'il y avait des programmes auxquels les employés pourraient participer, des programmes qui ménageraient une participation locale... Les règles sont très dures pour les employés qui veulent investir dans leurs propres compagnies. Il est bon d'établir des sauvegardes, mais nous avons besoin également d'un mécanisme pour pouvoir recueillir du capital localement. Pour l'instant, ce n'est pas possible.

Le président: Est-ce que les institutions financières canadiennes vous aident comme vous voudriez qu'elles vous aident?

M. Martin: Le président de notre compagnie, que certains d'entre vous connaissent, vous dirait que non, pas du tout. Son objectif personnel est de tourner le dos complètement aux banques. Vous considérerez peut-être cela comme une injure personnelle, mais nous avons eu de mauvaises expériences par le passé, et on ne nous a pas beaucoup aidés. La meilleure solution est d'aller aux États-Unis pour trouver du financement par obligations.

Le président: Dans votre exposé, vous avez parlé d'un dilemme; je ne sais pas si vous l'avez fait à dessein ou si vous avez donné cette impression sans le vouloir. Vous avez dit que 80 p. 100 de votre production était expédiée aux États-Unis.

M. Martin: Pardon; nous exportons 80 p. 100 de notre production, mais 30 p. 100 seulement vont aux États-Unis.

Le président: D'accord. Donc vous exportez 80 p. 100 de votre production, si bien que pour vous un marché mondial le plus ouvert possible est très important, puisque c'est le débouché pour 80 p. 100 de votre production. D'un autre côté, vous avez dit que la situation joue en votre faveur, puisque des compagnies étrangères achètent nos matières premières pour nous réexpédier ensuite un produit fini, car elles ont libre accès à notre marché.

C'est donc un dilemme; vous voulez avoir librement accès à leurs marchés, mais pour obtenir cet accès nous devons ouvrir nous aussi notre marché, et cela vous fait du tort. En fin de compte, êtes-vous en faveur du libre-échange ou bien en faveur de barrières tarifaires?

M. Martin: À mon avis, les barrières tarifaires ne sont pas possibles. Pour une compagnie qui exporte 80 p. 100 de sa production, lorsqu'un autre pays décide d'ériger de telles barrières, c'est une catastrophe. Comme nous l'avons prouvé à Huntsville, au Canada il nous est possible d'aller chercher quelque chose dans la forêt et d'en faire un produit fini, c'est-à-dire toute valeur ajoutée, à la sortie de nos usines.

Cela nous donne un avantage inhérent, un avantage mondial, et tout cela devrait pouvoir être fait ici. Toutes les conditions étant normales, cela devrait pouvoir être fait ici. Notre combat, c'est la concurrence de l'Asie et d'autres pays. Nous devons devenir des hommes d'affaires plus malins, nous devons les battre à leur propre jeu, ou encore les battre sur le plan de la capitalisation ou de la qualité, mais certainement pas avec des barrières, non. Ce serait faire fausse route.

Le président: Vous avez parlé du coût de la main-d'oeuvre, mais je n'ai pas très bien compris. Est-ce que vous parliez de l'échelle salariale ou bien du coût des salaires? Je parle de ces 30 p. 100. Je ne me souviens pas de la somme exacte que vous avez mentionnée.

M. Martin: Le coût des avantages sociaux en Ontario se rapproche plutôt de 40 p. 100. Mais il s'agit des deux facteurs, le coût des salaires également. Si vous prenez le facteur des impôts, cela nous coûterait cher, car pour obtenir de bons employés, nous devons payer des salaires d'autant plus élevés. Je le répète, à Muskoka, 13$ l'heure, ce n'est pas un très bon au mais pourtant, c'est un coût élevé par rapport au reste du monde. Si vous prenez le sud des États-Unis, on y paye les gens 8$ l'heure, et pourtant la qualité de vie n'y est pas tellement inférieure à la nôtre. Je considère donc que les impôts constituent un gaspillage important, sans parler des inefficacités de notre économie.

Le président: Merci beaucoup. Je le répète, nous avons beaucoup apprécié votre intervention. Votre compagnie est un bon exemple du sujet qui intéresse le comité, un des éléments majeurs de ce sujet, étant donné qu'elle représente la valeur ajoutée à nos ressources naturelles dans les régions rurales de l'Ontario et du reste du Canada.

Quand vous parlez de la masse salariale que vous injectez dans l'économie locale et quand vous parlez de tous les achats subsidiaires que vous faites dans la région, c'est un exemple de succès. Il est facile de voir à quel point cela représente des avantages économiques pour cette région rurale de l'Ontario, ici, à Huntsville.

Je vous remercie beaucoup pour votre témoignage. Vous nous avez apporté des éclaircissements précieux que nous apprécions beaucoup. Merci.

.1620

[Français]

M. Asselin: Mes remarques s'adressent à vous, monsieur le président.

Monsieur a été le dernier témoin à être entendu. Nous avons fini avec lui.

Jeudi dernier, on m'a demandé de remplacer le député de Matapédia - Matane, M. Canuel. Je voudrais d'abord vous dire, ainsi qu'à votre équipe que j'ai appris à connaître, combien j'ai apprécié siéger avec vous. Je dois vous féliciter, monsieur le président, de l'excellent travail que vous faites avec votre équipe du Comité permanent des ressources naturelles.

Bien sûr, cette tournée a été plaisante et enrichissante pour tous. Quant aux gens qui nous accompagnent, ils nous ont aidés dans l'exercice de nos fonctions de député. Je voudrais remercier tout le personnel, tous ceux qui ont préparé cette tournée, entre autres Michel qui a fait un excellent travail, les deux greffiers, le service de production, les gens à la console et les recherchistes. J'espère n'avoir oublié personne. Si c'est le cas, je remercie également ceux que j'ai oubliés. J'espère pouvoir travailler avec vous tous lors d'une prochaine tournée et je vous souhaite la meilleure des chances.

[Traduction]

Le président: Merci beaucoup, monsieur Asselin. Nous avons beaucoup apprécié ce voyage avec vous cette semaine. Vous avez apporté une contribution précieuse à nos délibérations. Vous avez toujours été prêt à poser des questions et à encourager la discussion.

À tous les membres du personnel, aux membres du comité, je vous souhaite de prendre du repos pendant ces deux jours avant que nous ne partions vers l'Est, vers notre prochaine étape. Nous devons quitter Ottawa à 20 heures. dimanche soir, et nous reprendrons nos délibérations à Amos, au Québec, à 9 heures, lundi matin.

Merci. La séance est levée.

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