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Madame la présidente, distingués invités, membres du Comité permanent de la santé, permettez-moi en premier lieu de vous présenter l'Association canadienne des dons d'organes, appelée aussi ACDO.
Engagé dans la communauté depuis sa fondation, en décembre 1983, l'organisme a pour mission de promouvoir le don d'organes et de tissus, en plus d'assurer à l'échelle nationale la reconnaissance des donneurs décédés, à titre posthume, et vivants. Le troisième mandat de l'Association canadienne des dons d'organes est d'assurer le transport des équipes médicales et des organes sur tout le réseau routier québécois.
Depuis sa mise en place, en mars 1987, la chaîne de survie est maintenue grâce à de nombreux bénévoles policiers, jour et nuit, 24 heures sur 24, l'année entière. Depuis mars 1987, notre organisme bénévole a transporté 7 346 organes ou tissus, a parcouru en urgence plus de 1 174 594 kilomètres et porté assistance à plus de 4 691 reprises aux équipes médicales du Québec, principalement, du Canada et des États-Unis. Nous évaluons que depuis sa mise en place il y a eu 21 ans en mars 2008, plus de 11 985 transports d'urgence médicale ont été effectués par notre organisme.
Pendant toutes ces années, nous avons côtoyé à de multiples reprises les familles des donneurs décédés ainsi que les donneurs vivants, et nous avons été en mesure de constater toute la grandeur de ce don extraordinaire. Comme vous le constatez, notre organisme a développé une expertise dans la mission qu'elle s'est donnée en décembre 1983: la promotion du don d'organes et de tissus, la reconnaissance des donneurs et l'assistance médicale pour le transport en toute sécurité des équipes médicales, des organes et des tissus.
Nous nous présentons devant vous aujourd'hui dans l'unique but de vous faire connaître peut-être une solution qui, nous en sommes persuadés, fera grandir l'adhésion à la cause du don d'organes et de tissus auprès de la communauté canadienne. Nous ne prétendons pas être en mesure de prendre position dans le débat sur la nouvelle réglementation régissant les donneurs d'organes. Nous laisserons plutôt les milieux médical et scientifique faire les représentations qu'ils jugeront pertinentes.
Néanmoins, nous sommes toujours fort inquiets de constater, ces dernières années, l'augmentation des personnes en attente tant au Québec qu'au Canada, et nous croyons qu'il faut tout mettre en oeuvre pour augmenter le nombre de donneurs d'organes et de tissus. En vous rappelant que le succès d'un pays en matière de dons d'organes est largement tributaire de la confiance de sa population envers l'équité, la qualité et la sécurité de son système de transplantation.
Un échange prodigieux
Soulignons [...] que dans la mesure où il réunit la douleur de la famille du défunt et l'espoir des personnes en attente, le don d'organes peut changer la perception de la mort et de la vie et nous aider à mieux comprendre le sens de l'une et l'autre.
En fait, comme le souligne le philosophe Jean-Claude Guillebaud, le don d'organes « [...] est tout sauf un échange anodin. » Comme il l'explique, « [...] dans ce prodigieux échange d'une personne à une autre, dans ce geste ultime de solidarité humaine, quelque chose se passe qui, à l'évidence, ne relève plus de la seule médecine. »
Dans un rapport publié en avril 1999 intitulé « Le don et la transplantation d'organes et de tissus: Une approche canadienne », le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes souligne le rôle crucial des familles des donneurs dans le processus de don d'organes, et formule la recommandation suivante, à notre avis très importante:
10. Le Comité convient qu'un témoignage de reconnaissance des donneurs par le biais de leur famille s'impose et recommande:
10.1 Que le gouverneur général du Canada envisage de remettre des médailles ou des plaques commémoratives aux familles des donneurs lors d'une cérémonie.
Notre organisme a inauguré, en 1994 à Sherbrooke, province de Québec, le premier cénotaphe-jardin en Amérique du Nord, érigé à la mémoire des donneurs d'organes et de tissus du Canada. Nous y retrouvons présentement plus de 2 000 inscriptions de donneurs, et ce, à titre posthume. En octobre de chaque année se déroule depuis 15 ans une cérémonie en leur mémoire où les représentants des familles qui ont consenti au prélèvement d'organes ou tissus reçoivent la médaille du donneur des mains du lieutenant-gouverneur du Québec en fonction.
Depuis quelques années, une reconnaissance est également attribuée aux donneurs vivants. Cette cérémonie de reconnaissance se déroule dans le plus grand respect à l'égard des donneurs qui ont transmis la santé en héritage. Nous croyons sincèrement que cette reconnaissance publique répond aux besoins des familles, en maintenant leur adhésion envers cette grande et noble cause.
Madame la présidente, en quittant mon bureau hier soir, je prenais connaissance d'une lettre adressée par Québec-Transplant à la maman d'une jeune donneuse en juillet 2004. Je respecterai la confidentialité de cette lettre en conservant l'anonymat des personnes concernées, mais je me permets de vous la lire parce qu'elle donne le ton final à ma présentation.
Permettez-nous tout d'abord de vous offrir ainsi qu'aux membres de votre famille nos plus sincères condoléances pour le décès de votre fille Isabelle (nom fictif) survenu le 13 juin (2004). Nous tenons aussi, par la présente, à vous remercier chaleureusement de votre consentement au don d'organes.
Par un tel geste de générosité, plusieurs personnes en attente de transplantation ont pu recevoir ce précieux don. À la lumière des informations qui nous ont été transmises par les différents centres de transplantation en date d'aujourd'hui, les receveurs de foie, de pancréas, de reins se portent très bien et ont même regagné leur domicile.
Au nom de ces patients, de leur famille ainsi que des équipes de transplantation, veuillez accepter toute notre reconnaissance. Nous espérons que le don d'organes pourra vous aider à apaiser votre peine et vous apporter la sérénité nécessaire pour mieux traverser votre deuil.
Vous trouverez ci-joint une invitation de l'Association canadienne des dons d'organes, vous donnant la possibilité de faire inscrire le nom de votre fille sur un monument en l'honneur des donneurs d'organes du Québec et du Canada. Ce monument est érigé dans la ville de Sherbrooke, province de Québec.
Pour confirmer votre inscription, vous devrez faire parvenir une copie de cette lettre témoignant que votre fille Isabelle (nom fictif) a fait don de ses organes. Nous tenons à préciser qu'aucune obligation ou délai n'est requis de votre part et qu'aucuns frais ne se rattachent à cette inscription.
Encore une fois, merci d'avoir opté pour le don de vie et nous vous prions d'accepter, Madame ..., l'expression de nos sentiments les meilleurs.
Cette lettre a été adressée à la mère d'Isabelle, le 8 juillet 2004. Je terminerai ma modeste présentation en vous lisant cette lettre que notre organisme a reçue le 1er avril dernier, près de quatre ans après le décès de cette jeune fille.
Il y aura bientôt quatre ans que j'ai eu la douleur de perdre ma petite fille Isabelle (nom fictif).
La vie a suivi son cours, ma santé s'est replacée tant bien que mal. J'ai fait beaucoup de démarches pour réapprendre à vivre. Je crois que pour moi, c'est maintenant nécessaire d'aller à cette cérémonie. J'ai besoin de passer cette étape. Je remercie le ciel de m'avoir permis de faire le don d'organes. Une fois la poussière retombée, on se rend compte de l'importance du don d'organes. C'est sûrement ce que ma fille me dirait. J'attends de vos nouvelles pour me permettre de compléter mes démarches de deuil.
Maman X, maman d'Isabelle (nom fictif)
Madame la présidente, au nom de ces familles, des donneurs et des milliers de patients en attente, je vous remercie de votre accueil.
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Merci beaucoup, madame la présidente, et merci au comité permanent d'avoir invité la Société canadienne du sida à prendre part à ces discussions.
La Société canadienne du sida est une coalition nationale de plus de 125 organismes communautaires de lutte contre le VIH-sida. Elle a pour mission de renforcer la réponse au VIH-sida dans tous les secteurs de la société.
Nous sommes conscients de la nécessité d'assurer la sûreté des dons d'organes et de tissus, mais nous sommes préoccupés de constater que les normes afférentes au Règlement sur la sécurité des cellules, tissus et organes humains destinés à la transplantation ont été modifiées d'une manière qui cible les hommes gais et les autres hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, comme étant une population précise chez qui les dons d'organes ne sont pas acceptés. C'est une disposition réglementaire qui semble fondée sur l'hypothèse que tous les hommes homosexuels ou bisexuels ont un risque élevé de contracter le VIH, et qui perpétue du même coup des préjugés homophobes en confondant l'orientation sexuelle et le comportement sexuel.
Ainsi, cette nouvelle réglementation semble se concentrer sur des stéréotypes entretenus à propos de la population des hommes gais et autres hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HRSH) et se fonder sur une croyance non démontrée selon laquelle permettre à la population des gais et des HRSH de donner des organes augmenterait le risque de transmission du VIH aux patients qui recevraient ces transplantations d'organes.
Il est bien établi, en épidémiologie, que certaines conditions doivent être présentes afin que le VIH soit transmis. Il doit y avoir présence du VIH dans les substances corporelles, comme le sang, le sperme, les sécrétions vaginales ou le lait maternel. De plus, il doit y avoir une voie de transmission — par exemple, certains types particuliers d'activité sexuelle non protégée; la transmission de la mère à son enfant; un partage de seringue ou d'aiguille ou d'autre instrument utilisé pour une injection ou le perçage de la peau; ou encore la transfusion ou la transplantation de dons organiques infectés, que ce soit du sang, des produits sanguins, des organes ou du sperme.
Le nouveau règlement pour le don d'organes ne définit pas le type d'activité sexuelle entre hommes qui peut occasionner la transmission du VIH. Par conséquent, toute relation monogame entre hommes entraîne l'exclusion mais, en revanche, un homme peut avoir eu des rapports sexuels non protégés avec une femme ou avoir eu de multiples partenaires sexuels et être quand même autorisé à faire un don d'organe.
Le Dr Gary Levy s'est déjà adressé à ce comité à cet égard:
...des nouvelles techniques de dépistage du VIH, y compris les tests sérologiques de troisième génération qui mesurent la réponse anticorps, l'ARN et l'ADN par PCR, [qui] donnent à nos transplantologues de bien meilleurs outils pour faire un examen préliminaire d'éventuels donneurs et organes. Bien utilisées, ces techniques rendent extrêmement improbable la transmission du VIH.
Le fait de comprendre que le risque de transmission du VIH par un don d'organe ne serait présent quasi exclusivement que pendant la « période fenêtre » donne à conclure qu'avec les méthodes enzymatiques actuelles et sensibles pour le dosage immunoadsorbant, et les données sur l'incidence de l'infection par le VIH parmi les personnes ayant reçu une transplantation, le risque de transmission du VIH par transplantation d'organe est de un par million.
Le taux de dons d'organes et de tissus au Canada est l'un des plus faibles parmi les pays occidentaux industrialisés. Il se maintient à 14,5 donneurs par million, à une époque où le besoin de transplantations a augmenté de 50 p. 100.
En repérant des groupes de personnes à risque élevé, plutôt que des activités à risque élevé, on met à l'écart une grande quantité de personnes qui pourraient être des donneurs sûrs. Alors que l'on invoque des données empiriques et scientifiques pour justifier le fait de cibler la population des gais et des HRSH, le document Le VIH et le sida au Canada — Rapport de surveillance en date du 31 décembre 2006 de l'Agence de la santé publique du Canada signale que les tendances observées chez les femmes dans les rapports de surveillance précédents se maintiennent. La proportion de tests positifs chez les femmes a continué d'augmenter et a atteint un niveau record en 2006, à 27,8 p. 100 du nombre total de tests positifs. Il s'agit d'une augmentation notable par rapport à 1997 où les femmes ne représentaient que 11,1 p. 100 du nombre total de tests positifs.
Le rapport de l'ASPC signale en outre que les femmes constituent une proportion considérable des résultats positifs au test parmi les jeunes adultes et que, en 2006, les jeunes femmes de 15 à 19 ans constituaient 63,8 p. 100 de l'ensemble des résultats positifs au test parmi ce groupe d'âge. Tandis que les HRSH constituaient la plus grande proportion de résultats positifs au test en 2006, la catégorie d'exposition hétérosexuelle compte encore pour une proportion et un nombre significatifs de résultats positifs au test.
En utilisant la même logique d'incidence et de prévalence que celle qui exclut la population des hommes gais, il reste à savoir si on ajoutera des critères d'exclusion qui réduiront davantage le bassin déjà limité de donneurs.
La Société canadienne du sida incite le Comité permanent de la santé à travailler à définir un ensemble de critères équitables pour toutes les populations et permettant aux agences de gestion des dons d'organes de maintenir des politiques de sélection selon le risque comportemental de l'individu, plutôt qu'une politique globale d'exclusion fondée sur l'orientation sexuelle, ce qui assurerait ainsi un meilleur accès à des organes pour la transplantation.
Merci.
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Madame la présidente, mesdames et messieurs membres du comité, bonjour. D'abord, je vous remercie de m'offrir l'occasion de m'exprimer sur cette question.
Je vais vous dire deux mots sur les organismes que je représente. Je suis le président de Gai Écoute, un organisme d'aide aux personnes homosexuelles. Chaque année, nous recevons plus de 25 000 appels et plus d'un million de visiteurs sur nos sites Internet. Je suis aussi le président de la Fondation Émergence, une fondation vouée à l'éducation, la sensibilisation et la lutte contre les préjugés. D'ailleurs, nous menons les campagnes de la Journée internationale de lutte contre l'homophobie.
Je crois qu'on est en train de vous distribuer notre matériel promotionnel de cette année qui dit que l'homosexualité n'est pas une maladie.
Nous souscrivons à la nécessité d'adopter une réglementation sur la sécurité des dons d'organes. Je crois que la communauté gaie y souscrit. Nous avons été informés de cette situation en janvier par l'intermédiaire des médias francophones qui reprenaient un article d'un média anglophone du mois de décembre. Tout cela pour vous dire qu'à mon avis, la communauté gaie n'a pas été informée de manière adéquate de cette situation.
Mon témoignage a pour but d'établir que la décision de Santé Canada est contraire à l'esprit de la Charte canadienne des droits et libertés qui prohibe la discrimination, et que Santé Canada a l'obligation morale d'expliquer de manière compréhensible ses décisions. Il faut établir si cette décision est discriminatoire. Je rappelle que la Charte pose l'obligation de motiver une telle décision, ce qui n'a pas été fait. Un peu plus tard, je proposerai un mode d'application de réglementation.
Pour ce qui est du caractère scientifique, bien sûr, je n'ai pas les connaissances nécessaires pour prendre une position arrêtée sur cette réglementation. Il s'agit d'une réglementation à caractère scientifique qui dépasse mes compétences. Il m'est à tout le moins permis d'affirmer que la science a fait des progrès au cours des dernières années dans l'identification des virus, et je ne suis pas certain que la réglementation reflète correctement les progrès des dernières années.
Nous avons aussi des interrogations sur la période d'exclusion de cinq ans dont parle l'annexe E. Certains groupes sont exclus pour cinq ans; d'autres, pour un an. La réglementation parle de la période fenêtre pendant laquelle on ne pourrait faire aucune identification. Il me semblerait logique, si on devait faire une exclusion, de la faire en fonction de la période fenêtre et non pas sur une base de cinq ans, qui me semble arbitraire. Pour d'autres groupes, on a fixé une période d'un an. On ne nous a pas donné d'explications là-dessus. Nous comprenons la période d'un an appliquée à certains groupes à cause de la latence.
La réglementation nous semble aussi contenir certaines incohérences puisqu'on nous dit qu'il n'y a d'exclusion pour aucun groupe, alors que l'annexe contient des exclusions pour certains groupes et laisse le soin aux professionnels de la santé de décider s'ils doivent faire des exceptions ou non.
Je reviens à la discrimination. À mon avis, un gouvernement, une agence de santé ou un ministère qui prend une décision discriminatoire a la responsabilité morale de justifier cette décision.
Le droit à l'information est un droit très important pour les communautés gaies. J'estime personnellement que dans ce dossier, il y a une forme de mépris envers nos communautés. En effet, on a pris des décisions sans prendre la peine de donner les informations nécessaires. Nous sommes des gens responsables. Avant de venir ici, j'ai pris la peine d'aller subir les tests de détection pour m'assurer de parler en toute connaissance de cause. Après toutes mes années de vie et de vie sexuelle, je suis toujours séronégatif. L'obligation qu'a Santé Canada de justifier ses décisions est très importante. J'ai personnellement senti une forme de mépris à l'égard de nos communautés dans le fait qu'on établisse ce règlement sans prendre la peine de les informer.
Je dirige un organisme de défense des droits ainsi que la Fondation Émergence. Nous menons des campagnes d'information et serions disposés à travailler de concert avec Santé Canada auprès de nos communautés pour faire comprendre pourquoi un tel règlement est appliqué et quels sont les niveaux de risque. Soyez assurés que là où il existe des niveaux de risque, les communautés gaies, en autant qu'elles en soient correctement informées, sont suffisamment responsables pour souscrire aux politiques.
Il me semble important, vu qu'on parle de niveaux de risque, de souligner que des personnes vont décéder parce qu'elles n'auront pas reçu d'organes. Il y a actuellement une pénurie dans ce domaine. Des personnes meurent parce qu'elles n'ont pas reçu d'organes, mais on exclut les personnes homosexuelles en tant que donneurs. Dans le règlement, on nous a dit par la suite qu'on n'était pas exclus. Si on me demande d'indiquer sur ma carte d'assurance-maladie du Québec si je veux faire un don d'organes, que dois-je faire? Dois-je signer ou non? Les gens de Santé Canada ne me donnent pas de réponse à ce sujet. Je suis séronégatif, mais pour l 'instant, j'ai retiré ma signature parce que je ne sais pas quoi faire. Je reviens toujours à cette nécessité d'informer.
Il me semble qu'il y aurait d'autres moyens de procéder. Je propose la mise sur pied d'un registre national confidentiel de donneurs d'organes. La population compte 10 p. 100 de personnes homosexuelles, mais on n'en recense que 2 p. 100. Donc, 8 p. 100, soit la majorité, échappent au recensement. Je pense que la méthode n'est pas vraiment adéquate.
Si je voulais être donneur, on me demanderait si j'ai des relations sexuelles à risque. On m'expliquerait quelles sont les conditions et je m'inscrirais volontairement. Ce registre pourrait être confidentiel, accessible à l'échelle du pays. En cas de décès d'une personne, on pourrait vérifier si elle est inscrite dans le registre national de dons d'organes. Dans les conditions actuelles, on ne sait pas comment procéder. Signe-t-on ou non une carte? Dans la salle d'urgence, on pose des questions aux familles. Les parents ne connaissent pas le comportement sexuel de leurs enfants, du moins je ne crois pas que ce soit le cas.
J'insiste sur le caractère discriminatoire et sur les préjugés entretenus dans la population. Nos campagnes intitulées « L'homosexualité n'est PAS une maladie! » nous indiquent qu'il y existe encore beaucoup de préjugés. En adoptant un règlement de cette nature, le gouvernement canadien, en l'occurrence Santé Canada, encourage de façon flagrante ce genre de préjugés à l'égard des personnes homosexuelles. On vient de nous classer dans une catégorie de personnes à toutes fins pratiques dangereuses pour la société.
Alors que nous faisons des efforts extraordinaires pour atteindre l'égalité et combattre ces préjugés, on entretient ces derniers. Il est essentiel que Santé Canada mette en oeuvre des programmes d'information adéquats pour sensibiliser l'ensemble de la population. Cette politique renforce les préjugés envers les personnes homosexuelles. Elle n'encourage pas les comportements sexuels responsables. Elle n'encouragera pas non plus les dons d'organes, alors qu'il y a une pénurie dans ce domaine.
Je vous remercie beaucoup.
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Je m'appelle Nigel Flear et je suis ici à titre de président d'Égale Canada. Merci de me donner l'occasion de comparaître devant le comité aujourd'hui.
Pour ceux d'entre vous qui ne le savent pas, Égale Canada est la seule organisation nationale qui fait la promotion de l'égalité et de la justice pour les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transsexuelles, et leur famille, partout au pays. Égale Canada a soumis de nombreux mémoires à des comités du Sénat et de la Chambre des communes, sur des problèmes concernant les lesbiennes, les gais, les bisexuels et les transsexuels au Canada, et est intervenu dans des causes entendues par la Cour suprême du Canada.
Comme vous le savez, je suis ici pour discuter du nouveau règlement de Santé Canada relatif au don d'organe, qui est publié dans la partie II de la Gazette du Canada et qui est entré en vigueur en décembre 2007. Nous n'avons été informés du règlement qu'au début de l'année, quand les médias nous l'ont appris.
Le règlement énumère des critères d'exclusion relatifs au don d'organe, notamment que le donneur n'est pas admissible s'il s'agit d'un homme qui a eu des rapports sexuels avec des hommes — HRSH — dans les cinq années précédentes. Il peut devenir un donneur seulement si le transplantologue signe un formulaire attestant qu'il autorise l'utilisation d'un organe qui serait normalement exclu. Ce critère est clairement discriminatoire à l'égard des homosexuels, des bisexuels et des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, et cible un groupe précis de la société en fonction de l'orientation sexuelle, sans égard au comportement.
Dans la déclaration qu'il a faite devant le comité le mardi 4 mars, le Dr Gary Levy, directeur du Programme de transplantation d’organes multiples du Réseau universitaire de santé de l'Université de Toronto, a dit :
Le règlement, dans sa version actuelle, n'améliorera pas la sécurité des organes par rapport à la pratique courante... le critère d'exclusion le plus troublant, celui qui vise particulièrement les hommes qui ont eu des rapports sexuels avec d'autres hommes, critère tout à fait discriminatoire.
Égale Canada recommande que le ministère de la Santé cible les comportements à risque élevé plutôt que les groupes à risque élevé. Des rapports sexuels non protégés avec des partenaires inconnus, qu'ils soient homosexuels ou hétérosexuels, hommes ou femmes, expose une personne à des risques plus élevés d'infections. Dans d'autres pays — l'Espagne, l'Italie et le Portugal, par exemple —, la politique est en train d'être peaufinée, en tenant compte des comportements à risque plutôt que de l'orientation sexuelle. Les experts médicaux ont déjà indiqué qu'un nouveau règlement est inapplicable, pourrait empirer la pénurie d'organes destinés à la transplantation, et que le risque, ce n'est pas d'être gai, mais d'adopter des comportements sexuels à risque.
Au nom d'Égale Canada, je vous exhorte à modifier ce règlement et à le rendre compatible avec les données scientifiques plutôt que de traiter les homosexuels comme étant un groupe à risque.
Merci de m'avoir donné l'occasion de prendre part à cette discussion importante.
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Merci, madame la présidente et tous les membres du comité, de m'avoir invité.
Je suis ici aujourd'hui pour le compte de la Société canadienne de l'hémophilie, un organisme qui représente les personnes atteintes de troubles de coagulation et qui compte une section locale dans chaque province du pays. Toutefois, je suis ici, à bien des égards, pour parler de mon propre point de vue, au nom de l'organisme. Notre organisme n'a pas encore pris de position particulière sur la question, mais je crois que les points que je vais soulever correspondent à certaines des réflexions en cours.
La raison pour laquelle cette question me tient particulièrement à coeur, c'est que je risque d'avoir besoin d'une transplantation de foie avant la fin de ma vie. Si je peux en obtenir une, cela pourra me sauver la vie. Je suis infecté par le VIH et l'hépatite C. J'ai une cirrhose du foie. Ma cirrhose n'étant pas décompensée, je suis capable de me débrouiller au jour le jour et je ne parais pas particulièrement mal en point. Mais je sais pertinemment que j'ai de fortes chances d'avoir besoin d'une transplantation; la disponibilité du plus grand nombre possible d'organes est donc extrêmement importante pour moi.
Bien entendu, je suis également conscient de l'importance du principe de précaution dans le système public de soins de santé. La Société canadienne de l'hémophilie a été durement touchée, au fil des ans, par la tragédie du sang contaminé et a beaucoup réfléchi à la façon dont notre société s'y prend pour trouver le juste milieu entre le besoin de précaution, pour ce qui est des infections, et le besoin de transfusion sanguine ou de transplantation de ces organes qui sauvent des vies.
À cause des cas antérieurs de sang contaminé et de mes propres expériences à cet égard, je suis également bien conscient de l'importance d'un consentement éclairé de la part des patients lorsqu'ils reçoivent des soins de santé — un consentement pleinement éclairé.
On a entendu aujourd'hui certaines observations sur la science dans ce domaine. Vous avez beaucoup de renseignements publics là-dessus. Je crois qu'au bout du compte, tout se ramène au principe de précaution et à la question de savoir comment nous composons avec la science des probabilités par rapport à la science des incidents particuliers de transmission infectieuse. C'est un débat qui doit se poursuivre et ce, dans le domaine public. Il doit être compris par le public. Il s'agit d'un débat important parce qu'au coeur même de celui-ci se trouve la question de la discrimination propre à ces situations.
Plus précisément, je veux réagir à la suggestion selon laquelle de nouvelles méthodes de dépistage représentent la solution à nos problèmes. Ce que nous avons appris de l'expérience liée à la transfusion sanguine, et ce que nous reconnaissons également dans les transplantations d'organes, c'est l'importance à la fois de la présélection et des tests. Ce ne sera jamais parfaitement sûr. Il y aura toujours des choses qui tourneront mal. Il y aura des choses qui échapperont même aux meilleurs des systèmes. Ce que nous devons faire, c'est mettre en place le plus grand nombre possible de systèmes pour veiller à ce que nous réduisions au maximum le tort causé à cause de la nécessité d'une transplantation et d'une transfusion sanguine. Si nous vivions dans un monde parfait, nous n'aurions pas besoin de transplantations ni de transfusions parce que nous n'aurions pas d'accidents ni de maladies et nous n'aurions aucun problème qui en justifierait le besoin.
Je ne veux pas consacrer beaucoup de temps là-dessus aujourd'hui, parce que je crois que vous avez également des renseignements au dossier. En tout cas, une bonne part de ceux-ci forment la toile de fond pour l'élaboration du règlement, mais il existe des différences particulières et marquées entre le don de sang, et le système afférent, et la transplantation. Plus précisément, les dons de sang se démarquent par leur volume. Nous ne sommes pas aux prises avec une grave pénurie, malgré des pénuries intermittentes durant l'année. Dans le domaine de la transfusion sanguine, nous n'avons pas le même type de pénurie; par conséquent, il va de soi que des approches de précaution plus vastes sont raisonnables dans ce cas.
Dans le cas des donneurs d'organes — même si ce règlement a, bien entendu, une portée plus large que les rares dons d'organes qui se déroulent au pays —, le manque de disponibilité de ces organes particuliers signifie que les gens, au niveau individuel, pourraient être prêts à faire différents choix. Nous croyons que l'important, c'est le choix de l'individu.
Grâce à l'article prévu par le règlement en ce qui concerne la distribution exceptionnelle, nous avons une certaine assurance qu'au bout du compte, le patient et le médecin prendront une décision basée sur la meilleure information dont ils disposent.
J'aimerais également parler de la raison pour laquelle, selon moi, cette situation particulière est devenue si controversée, puis je vais terminer en vous expliquant pourquoi j'estime, d'après ce que j'ai compris de la discussion, que la véritable controverse ici nous a réellement échappé.
En quoi consiste donc cette controverse?
En ma qualité d'avocat, lorsque j'ai examiné la documentation sur la façon dont ce règlement a été élaboré, j'ai été en réalité très impressionné par le processus. Par contre, lorsque le rapport aux médias a été diffusé, j'ai constaté une difficulté : les gens ont commencé à se demander d'où venait tout cela. Lors des réunions auxquelles j'ai assisté par la suite, des gens disaient par exemple : « Je n'ai pas pu trouver ce règlement. Où était-il? Il m'a fallu plusieurs jours pour retracer toute cette information. »
Pour vous dire franchement, j'ai trouvé le tout dans environ 20 minutes, mais je me suis immédiatement rendu compte que c'était à cause de ma formation d'avocat. En effet, j'ai consulté directement le plan de réglementation et réussi à tout trouver de cette manière. Quant aux autres personnes, elles avaient consulté le site Web de Santé Canada et d'autres sites où elles avaient l'habitude de trouver l'information. De toute évidence, il y a eu un problème de communications à la fin et, peut-être, durant ce processus.
À mon avis, la CBC a diffusé beaucoup de reportages originaux, mais il est très évident qu'on n'avait pas fait beaucoup de recherches de fond. C'est très malheureux, parce qu'on a immédiatement diffusé, à la grandeur du pays, des messages qui ne reflétaient tout simplement pas la réalité.
De plus, il va de soi que ce document sera en évolution constante. Ce règlement va changer et croître avec le temps. La science nous donnera des pistes nouvelles et différentes. La société changera. La culture changera. On assistera à des changements au fil des ans.
La réaction à ce règlement était-elle justifiée?
J'ai examiné les critères d'exclusion. Étant moi-même une personne atteinte d'hémophilie qui a reçu des produits sanguins durant sa vie — peu importe quand cela s'est passé, ou il y a combien d'années, ou peu importe mon état actuel —, je ne serai pas autorisé à faire un don d'organe. J'ai le VIH et l'hépatite C. Je suis sur la liste d'exclusion. Sont aussi exclus les gens ayant été mordus par un animal enragé, mais il y a déjà eu une controverse, et ce n'est probablement pas aussi vaste que ce devrait l'être. Si quelqu'un a été exposé à un animal atteint de la rage... et ayant vécu quelques années sur une ferme d'élevage de moutons, j'ai été exposé à des animaux enragés au fil des ans, d'où mon exclusion.
Cette politique me préoccupe-t-elle? Suis-je ici pour la défendre parce que je suis inquiet des infections susceptibles d'être transmises par un organe que l'on pourrait me transplanter un jour? À certains égards, je ne m'en inquiète pas tellement. Selon moi, ma réaction face à toute cette controverse n'est pas tant liée à cette crainte qu'au fait que je me retrouve clairement dans le groupe le plus exclu ici.
Bien entendu, la raison pour laquelle le groupe des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes est si préoccupé par cette politique, c'est parce qu'ils ont subi de la discrimination à travers l'histoire du pays. Pendant que je réfléchissais à cette question, je me suis également demandé quand j'avais été le plus près de ressentir le sentiment que j'entends exprimer par les gais et lesbiennes au grand nombre de réunions auxquelles j'assiste. Cela remonte probablement à mes années au secondaire où, en tant qu'hémophile, je ne pouvais souvent pas prendre part à des activités sportives qualifiées de viriles. Je craignais souvent que les gens pensent que j'étais homosexuel. Quand j'y pense, je suis porté à me poser pleins de questions sur notre société; cela me permet de comprendre la réaction à des politiques comme celle-ci. Je crois que, dans cette affaire, nous avons tous un rôle à jouer et une part de blâme à assumer.
Je ne veux pas banaliser les choses, mais je crois que dans d'autres circonstances, cette politique ne poserait pas de problème. Encore une fois, lorsque vous examinez, du point de vue de la probabilité, du point de vue du principe de précaution, les taux d'infection dans la population et notre capacité de les diminuer grâce à des critères pratiques, les hommes qui ont eu des rapports sexuels avec un autre homme occupent les premiers rangs de cette liste, tout comme les personnes qui ont déjà reçu des produits sanguins, les personnes qui ont reçu des injections non médicales de drogues et les personnes qui se sont fait tatouer au moyen d'instruments partagés.
Je ne vais pas m'y attarder maintenant. J'estime qu'il y aurait des points à améliorer dans le règlement. Toutefois, de toute évidence, puisque le comité dont je fais partie est chargé du sida et de l'hépatite C, il étudie constamment le groupe d'hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes, une population particulièrement ciblée par les messages et les campagnes visant à réduire le taux d'infection dans ce milieu, tout comme dans beaucoup d'autres milieux. Par conséquent, la situation va durer un certain temps.
Cependant, la situation nous dit autre chose, elle signale un autre échec de notre part, c'est-à-dire notre incapacité de vraiment faire du bon travail auprès de ces collectivités en vue de réduire les niveaux d'infection. Il faut faire en sorte que des ressources soient débloquées pour faire ce travail auprès d'elles.
La vraie controverse dont je souhaitais vous parler aujourd'hui est la réunion à laquelle...
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Merci, madame la présidente, et je remercie tous les témoins de leurs exposés.
Je ne vois personne qui essaie de nous rouler ici. Je ne vois rien de retors forcément dans toute cette question, mais le résultat final pose problème. Notamment, il est vrai que tous peuvent donner des organes et que tous peuvent typiquement en recevoir, en raison de la disposition relative à la distribution exceptionnelle. Essentiellement, tous ceux qui reçoivent actuellement un don d'organe signent un abandon de recours. Par conséquent, on peut toujours affirmer qu'on peut franchir les étapes de ce régime et que n'importe qui peut faire un don, même si on est sur la liste d'exclusion, grâce à la sérologie et à toutes ces choses qui nous ont été expliquées.
Là où je vois un problème, c'est qu'avec la réglementation actuellement en vigueur, beaucoup de personnes vont avoir l'impression qu'elles ne peuvent pas faire un don. Je suis un donneur, j'ai signé ma carte, mais quand j'examine la liste, je me demande si j'aurais dû le faire. Je ne suis pas hémophile, mais j'ai reçu dans le passé un cryoprécipité durant la période d'incertitude. Je suis chanceux, puisque je n'ai pas développé comme d'autres... J'ai un cousin qui est mort; un des cousins de ma mère avait le même problème que moi et a reçu un cryoprécipité durant une chirurgie et est par la suite mort du sida.
Donc, je me demande si je ne devrais pas retirer mon nom de la liste. Le critère d'exclusion à l'alinéa e) dit: « les personnes qui, au cours des 12 derniers mois, ont eu des rapports sexuels avec des personnes décrites aux points a) à d)... » Je connais beaucoup de personnes qui, en dépit de leur bonne volonté, seraient bien incapables de dire si les personnes avec lesquelles elles ont eu des relations sexuelles — bien que je présume qu'elles ont des pratiques sexuelles sans risque — ont couché avec quelqu'un qui aurait pu avoir des relations sexuelles avec une prostituée ou qui aurait pu payer pour des services sexuels au cours des cinq années précédentes. Il est très difficile de le savoir.
Si l'on s'arrête à la disposition relative à la probabilité et à toutes ces questions, j'interrogerais le Service correctionnel du Canada et le ministère de la Justice. Ce dernier aurait, peut-on le supposer, examiné ce critère. Le simple fait d'énoncer, dans un règlement du gouvernement du Canada, qu'aucun Canadien ne peut passer 72 heures incarcéré dans un établissement canadien sans courir un grand risque d'avoir des relations sexuelles à risque... Si vous êtes d'office exclu parce que vous avez été incarcéré pendant 72 heures dans un établissement canadien, vous êtes en train de dire à tous les hommes qui sont détenus pendant un long week-end pour avoir conduit avec facultés affaiblies ou avoir commis une agression, par exemple, qu'ils vont se faire violer dans un établissement canadien. C'est là la probabilité évaluée par le ministère de la Justice. J'estime que c'est un peu décevant .
Toutefois, pour en revenir à ce que j'estime grave, des gens me disent qu'ils font retirer leur nom de la liste des donneurs, mais qu'ils auraient été, autrement, des donneurs.
Dr Levy a déclaré — et je crois qu'il me l'a dit dans mon bureau — qu'actuellement, le plus grand risque de propagation du sida ne vient pas forcément du groupe des hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes, mais bien des jeunes femmes qui ont des relations sexuelles anales. C'est dans ce groupe de population sidéenne qu'on constate la plus forte croissance de la maladie. Or, le critère dont il est question n'exclut pas les jeunes femmes, et il ne devrait pas le faire. Cependant, il exclut des hommes qui pourraient bien être monogames et pratiquer des relations sexuelles sans risque. Ils sont exclus d'office, alors qu'ils pourraient faire un don d'organe.
Je souscris à l'idée du consentement éclairé, comme l'a fait valoir John. Je devrais avoir le droit de savoir, en tant que donneur et en tant que receveur... tous s'entendent sur ce point. Je conviens qu'il faudrait prendre le plus grand soin d'utiliser les meilleures connaissances scientifiques possibles et de reconnaître qu'il y aura peut-être un certain risque.
Je vais peut-être poser la question à M. Alexander et laisser les autres y répondre par la suite, mais après avoir lu le règlement et sachant qu'ils ne satisfont probablement pas aux critères prévus dans la loi — il n'est pas sûr que les critères respectent la Charte des droits et certes le pouvoir de délégation... On peut déléguer des pouvoirs, mais on ne peut pas déléguer un pouvoir délégué, comme c'est le cas des pouvoirs conférés au Conseil canadien des normes. Nous sommes conscients que le règlement ne satisfait probablement pas au premier critère du droit, mais y a-t-il moyen d'arranger tout cela? Y a-t-il moyen de modifier le règlement à l'étude de manière à ne pas décourager les gens de s'inscrire comme donneurs tout en protégeant les receveurs?
Madame la présidente, je vais poser trois questions en rafale: une à M. Tremblay, une à M. McCutcheon et une à nos amis de la Société canadienne du sida.
Monsieur Tremblay, vous êtes demeuré silencieux sur la question qui constitue l'objet de cette réunion. Vous avez lancé un appel à la vie en parlant des dons. Je vous prie de croire que cet appel a été entendu par les membres de ce comité. Néanmoins, pensez-vous que l'annexe E, telle qu'on peut la lire maintenant, est discriminatoire? À votre connaissance, les nouvelles technologies disponibles, notamment les tests de troisième génération, appelés PCR, pourraient permettre, avec un coefficient de sécurité très élevé, d'accepter les dons des personnes homosexuelles?
Monsieur McCutcheon, mon analyse est assez proche de la vôtre. Je pense en effet que c'est clairement discriminatoire et que ça contribue à stigmatiser un groupe. Je connais tout le travail que vous avez effectué, votre organisme et vous, pour mettre fin à ces préjugés. Je vais demander à notre analyste de confirmer ma conviction à savoir qu'au cours des années 1996 et 1997, Mme Picard, qui siégeait au Comité permanent de la santé, a proposé la création d'un registre national. Vous connaissez les réserves qu'on a face au mot « national », mais quoi qu'il en soit, on comprend l'idée.
J'aimerais qu'on confirme, en opinant du bonnet, que ce rapport a bel et bien existé, qu'il s'agit d'une initiative volontaire, délibérée, et qu'un ensemble d'investigations sont menées. Autrement, ne devrait-on pas amender l'annexe E de façon à ce qu'au moins les rapports sexuels à risque soient abordés? Votre opinion à ce sujet m'importe.
Enfin, j'aimerais que mes amis de la Société canadienne du sida nous parlent davantage de l'expérience de l'Espagne et du Portugal. Nous pourrions peut-être même obtenir des notes de recherche de nos services. Ça nous permettrait de prendre connaissance de ce qui a été fait et peut-être de nous en inspirer.
La parole est à vous, monsieur Tremblay.
Moi, je pourrais vous répondre au sujet de la question d'un registre national. Je sais que le comité dont je faisais partie ne l'a pas recommandé. C'est une question dont a déjà été saisi le Parlement. En fait, j'ai un projet de loi à ce sujet depuis de nombreuses années.
Nous pourrions peut-être avoir le consentement unanime du comité pour faire franchir à ce projet de loi toutes les étapes, parce que ce pourrait être une question importante, une façon importante d'avoir un système adéquat de dons d'organes et de transplantations au Canada.
M. Plater soulève un point extrêmement important, soit qu'en fait, notre système est ainsi conçu qu'il fait de la discrimination de sorte que les personnes infectées au VIH et à l'hépatite n'ont pas le droit de recevoir un don, même si elles ont besoin d'une transplantation de foie. Je crois que c'est ce que vous tentiez de dire. Vous pourriez peut-être préciser votre pensée. Il me semble qu'il est nécessaire de régler le problème de discrimination dans un sens comme dans l'autre. Ce serait certes là un moyen.
Je vais vous laisser répondre à cette question dans le contexte de la question qui vous a été posée, à savoir si, en nous éloignant de ce qu'ont proposé le gouvernement et l'association des normes, nous ne manquerions pas à nos obligations en termes de principe de précaution.
Nous avons entendu de nombreux autres témoins laisser entendre que nous passons à côté de la question quand vient le temps d'évaluer les véritables facteurs de risque. Tout ce que nous faisons, c'est de rendre le système discriminatoire à l'égard des hommes gais. J'aimerais commencer par vous, après quoi j'ai quelques autres questions à poser.
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D'accord. Je ne souhaite pas induire le comité en erreur. La restriction m'empêchant d'obtenir un don de foie n'est pas codifiée. C'est simplement dû au fait qu'aucun programme de transplantation au Canada n'acceptera, actuellement, de faire la transplantation. Nous nous sommes efforcés d'en comprendre les raisons et d'y réagir. La transplantation d'un foie n'est jamais une chirurgie courante, mais elle est de plus en plus offerte aux États-Unis.
Donc, il existe une raison cachée et, si elle n'est pas codifiée, alors je crains qu'elle ne soit liée à la discrimination.
En ce qui concerne les changements, à nouveau, on a raison de dire qu'il faut constamment réexaminer le règlement et les lignes directrices de l'ACNOR sur lesquelles il s'appuie. Toutefois, il faut le faire en toute connaissance de cause. J'ai entendu ici aujourd'hui certains commentaires qui, selon moi, ne sont pas tout à fait justes.
Certaines femmes sont exclues en vertu des lignes directrices actuelles. Ce sont des femmes qui s'adonnent à certaines activités à risque élevé et, parfois, le risque est directement lié à l'activité, par exemple le fait d'être rémunérée pour des relations sexuelles, d'avoir des relations sexuelles avec une personne que l'on sait être infectée par le VIH, l'hépatite C ou l'hépatite B ou que l'on soupçonne de l'être. Toutefois, cela étant dit, il faut comprendre... Donc, on tient compte de ces femmes.
Ce qui a été dit au sujet de l'augmentation du taux d'infection chez les jeunes femmes est fort intéressant et très éloquent au sujet des problèmes soulevés par l'actuel débat. Ces taux représentent des augmentations, en pourcentage, et ils suscitent de graves et sérieuses préoccupations puisqu'ils démontrent notre incapacité à faire passer des messages à ces groupes, mais les données brutes continuent d'être faibles en ce qui concerne le nombre d'infections par rapport à la population dans...
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais amorcer un dialogue avec M. Alexander concernant le commentaire selon lequel le règlement pourrait faire de la discrimination à l'égard des hommes homosexuels. Je ne me souviens pas qui l'a dit, mais je crois que c'est vous qui avez affirmé que vous aviez eu des échanges avec la Société canadienne du sang.
Dans la circonscription que je représente, je connaissais une personne qui est décédée il y a quelques années et qui a par la suite été diagnostiquée comme étant infectée par le sida. Il avait été infecté lors d'une transfusion sanguine. Quelqu'un avait donné de son sang, et il l'avait reçu. Naturellement, peu après, il y a eu toute cette affaire du sang contaminé. C'était terrible. Tout cela remonte à pas mal d'années déjà, à 20 ou 25 ans. Quelle période atroce! Les gens mourraient, et c'était horrible. Tout cela date déjà pas mal.
Après cette période, quand on allait donner du sang, c'état beaucoup plus difficile. Je crois qu'il existe des règlements provinciaux et des règlements nationaux. Je me suis simplement rendu sur le site Web et ai obtenu une partie du questionnaire de la Société canadienne du sang qu'il faut signer.
Vous avez lu certaines des questions qui sont posées. Cela ressemble beaucoup à ce qui est prévu dans le règlement. Lisez simplement certaines d'entre elles. Avez-vous le sida? Avez-vous déjà subi un test de dépistage du VIH ou du sida qui s'est avéré positif? On demande aux donneurs s'ils ont eu des relations sexuelles avec un homme, même une fois, depuis 1977. Aux femmes, on demande si au cours des 12 derniers mois elles ont eu une relation sexuelle avec un homme qui avait eu des relations sexuelles même une fois depuis 1977 avec un autre homme.
Il y a une foule de questions au sujet des drogues et d'autres maladies. Au cours des six derniers mois, avez-vous eu des relations sexuelles avec quelqu'un dont vous ignorez le passé sexuel? Êtes-vous né en Afrique ou y avez-vous habité depuis 1977? Ce sont là des questions plutôt controversées auxquelles il faut répondre. À moins d'y répondre et de signer le formulaire, vous ne pouvez pas donner du sang. Ensuite, il y a autre chose.
C'est vous, je crois, qui avez dit que vous aviez eu des discussions avec la Société canadienne du sang. Voici ma question. Ce qui se fait dans ce cas-ci — pour les dons de sang — est-il différent de ce qui se fait pour les dons d'organe? Le principe qui consiste à justifier ces questions et ces déclarations par la protection du receveur est-il différent d'essayer de protéger le receveur en matière de don d'organes?
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Concernant les ajustements, une des questions soulevées a trait à l'évaluation du risque du comportement. Ce qui nous préoccupe, en particulier pour les dons d'organe — le foie, par exemple — c'est que vous obtenez habituellement le consentement de la famille de la personne décédée.
À la lumière du travail qui a été réalisé et des entretiens faits auprès des gens qui font cela, on comprend qu'il est très difficile d'obtenir de bons renseignements sur les comportements à risque dans ces circonstances. C'est souvent tard dans la nuit, à la suite d'un accident tragique, et vous posez la question aux membres de la famille. Il s'agit parfois du partenaire de la personne décédée; souvent, ce n'est pas le partenaire. Vous lui demandez « L'être cher qui vient de mourir a-t-il eu des relations sexuelles anales? A-t-il utilisé des accessoires sexuels et a-t-il eu des échanges sanguins durant des relations sexuelles? » C'est difficile d'obtenir la réponse que vous voulez. C'est pourquoi vous visez l'ensemble d'une population, en essayant de la restreindre le plus possible.
On pourrait, par exemple, modifier les lignes directrices sur le tatouage. On vous demande si vous avez été tatoué avec du matériel ayant servi à quelqu'un d'autre. À mon avis, un membre de la famille aurait autant de difficulté à répondre à cette question qu'à savoir quels genres de relations sexuelles avait la personne. Si la personne portait un tatouage, cela devrait être inscrit et cette information devrait être donnée au receveur. Cela mettrait fin au débat. C'est ce genre d'ajustement qu'il faut envisager.
Quelqu'un a fait un commentaire sur le système carcéral. Je vous suggère de consacrer tous un peu de temps à l'état de santé des détenus dans les prisons canadiennes; vous allez découvrir que c'est extraordinairement lamentable.
Je dirais que les ajustements ne sont pas dans la limite de temps; c'est le fait qu'il y a une exclusion de 12 mois contrairement à l'exclusion de cinq ans. C'est le genre d'ajustement qui va devoir être fait, à mon avis.
J'ai assisté à des présentations faites par le ministère et je crois comprendre que ce sera pour lui un processus continu, qui sera modifié. Il a choisi d'utiliser l'organisation de normalisation et le processus de réglementation notamment parce que cela allait permettre d'accélérer les choses. Rappelez-vous qu'il a fallu 11 ans pour en arriver là.
Il y a 11 ans, on a réclamé cette mesure pour réglementer ce qui n'était qu'une approche au cas par cas partout au Canada — je ne devrais probablement pas dire « au cas par cas » — qui, nous le reconnaissons, ne fonctionne pas toujours. Cette approche fonctionne pour les gens qui ont des intentions louables. Elle ne fonctionne pas pour les gens qui vont vite en besogne jour après jour.
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Merci, madame Smith. J'apprécie tous les commentaires faits par les témoins aujourd'hui.
Cette question est débattue depuis longtemps. Elle a survécu à trois premiers ministres et huit ministres de la Santé. C'est une bonne chose que nous continuions à essayer de mieux la comprendre et à protéger les normes que nous avons.
Je crois que c'est M. Flear qui a fait un commentaire sur les consultations. J'aimerais en parler et vous demander ce que vous en pensez.
La Bibliothèque du Parlement a fourni aux membres du comité des notes d'information. Une chose m'a frappé lorsque vous avez parlé des consultations; c'est que le rapport de la Bibliothèque du Parlement nous dit qu'en décembre 2007, avec l'entrée en vigueur du nouveau règlement, il semble que de nombreux intervenants aient été pris par surprise. On dit aussi que ce nouveau règlement avait fait l'objet de consultations intensives. Santé Canada a reçu des demandes de clarification de 15 organisations et des recommandations de 32 organisations en décembre 2005, après la publication préalable du règlement dans la partie I de la Gazette du Canada.
J'aimerais ajouter aussi que l'Association canadienne de normalisation a envoyé une lettre aux membres du comité, que je trouve intéressante. Elle dit avoir été surprise lorsqu'on a fait valoir qu'il y avait eu peu de consultations, parce que les personnes qui ont dit cela — selon l'association — auraient manqué les consultations intensives et les occasions offertes à tous de se faire entendre.
Santé Canada a mené des consultations exhaustives auprès des intervenants au cours du processus d'élaboration des normes, en envoyant plus de 900 avis à des intervenants pour les informer qu'ils pouvaient consulter les normes de la CSA et les commenter.
Pour inviter les gens à faire des commentaires, l'ébauche des normes a été envoyée au président et aux membres de la Société canadienne de transplantation en 2002. En outre, des représentants de Santé Canada ont présenté régulièrement des exposés à la société et à d'autres associations de transplantation.
Il est très intéressant de voir que d'importantes consultations ont été tenues et d'entendre certaines personnes dire qu'elles n'étaient pas suffisantes.
Ma question est la suivante: 900 avis ont été envoyés et 32 organisations ont participé activement au débat; comment cette consultation aurait pu être élargie? Pour l'avenir, avez-vous des suggestions sur la façon dont nous pouvons améliorer le processus de consultation pour atteindre plus de 900 personnes?
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J'aimerais ajouter une chose à ce que ce Patrick vient de dire. Non seulement est-il probable que vous n'ayez pas été avisés si vous ne figurez pas à la liste établie des organismes à consulter sur les organes, mais d'après nos informations, il n'y a aucune référence aux critères d'exclusion en tant que tels, donc les gens ne sauraient même pas que la liste prévoit l'exclusion des « hommes qui ont eu des rapports sexuels avec un autre homme au cours des cinq dernières années ».
Nous savons que la référence standard inscrite dans le règlement n'a pas été jointe au règlement publié dans la Gazette. Nous savons qu'elle n'a pas été annexée à la version électronique du règlement et donc, qu'elle n'était pas facilement accessible en ligne. Donc qui pouvait bien être au courant? Vous n'avez reçu aucun avis direct. Cela me porte à croire qu'il faut recommencer à zéro et veiller à ce que tout le monde soit consulté comme il se doit.
J'aimerais poser à Nigel et à quelques autres personnes une question sur les contradictions de ce gouvernement. D'une part, il semble prêt à exclure à tout jamais du don d'organes les hommes qui ont eu des rapports sexuels avec un autre homme au cours des cinq dernières années. Il n'y a pourtant aucune preuve que ces hommes ont eu un comportement à risque élevé; ils peuvent très bien avoir eu des relations monogames avec un seul homme avec qui ils sont mariés depuis longtemps, mais ils sont tout de même exclus. D'autre part, le gouvernement fédéral réduit le financement d'un organisme comme Kali Shiva, à Winnipeg, qui aide les populations présentant un risque élevé de contracter le VIH ou le sida parce qu'il se concentre trop sur la prévention. Selon les statistiques que j'ai lues sur Winnipeg, il y aurait une grande incidence du virus chez les femmes et les Autochtones ainsi que les travailleurs du sexe, entre autres. Peut-être pouvez-vous éclairer notre lanterne sur ce point.
Permettez-moi aussi d'aborder le principe de la précaution, qui semble être le mot d'ordre du gouvernement sur cette question, même s'il n'y a pas de facteurs de risque nécessairement associés aux hommes gais. Ils ne veulent pas parler de toutes les autres personnes exposées à un risque élevé, comme celles qui ont des partenaires sexuels multiples ou des relations sexuelles non protégées, celles qui utilisent les services d'un travailleur du sexe, etc. Pourtant, ils vont exclure des hommes qui vivent une relation monogame. Comment justifiez-vous ce recours au principe de la précaution, alors que pour des choses comme le bisphénol A, qui est un perturbateur endocrinien pouvant causer le cancer du sein ou de la prostate, le gouvernement préfère attendre de voir s'il cause du tort, même si la science le prouve?
Peut-être certains d'entre vous pouvez-vous nous expliquer ce qu'il se passe et nous dire si vous êtes d'accord ou non qu'il faut, premièrement, modifier le règlement en fonction des données scientifiques factuelles, comme le Dr Levy le dit; deuxièmement, établir un organisme national de la transplantation d'organes qui tiendrait un registre et troisièmement, consulter abondamment les experts avant d'apporter des modifications par voie législative.
La parole est à vous.
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Merci, madame la présidente. J'aimerais aussi remercier les témoins d'être venus ici aujourd'hui.
Je pense que c'est M. Tremblay qui a expliqué ce qu'on faisait au Québec pour les familles qui donnent des organes, et l'idée me semble excellente. J'espère que nous pourrons inclure dans notre rapport final une recommandation en ce sens à toutes les provinces.
J'ai déjà rencontré M. Plater auparavant parce que nous avons collaboré de très près pour que les victimes de l'hépatite C qui ont reçu du sang contaminé avant 1986 ou après 1990 soient indemnisées. Quand j'étais porte-parole en matière de santé, les histoires sur le refus d'indemniser ces personnes étaient tout simplement terribles. Je ne veux pas tomber dans la partisanerie, mais c'était le scandale suprême. Je pense que nous voulons à tout prix éviter que l'histoire se répète. Je pense que tout le monde souhaite le mieux aux bénéficiaires, parce que ce sont eux qui ont le plus besoin d'aide.
J'aimerais corriger quelques affirmations qui ont été faites. Monsieur Alexander, il ne fait aucun doute que Santé Canada a consulté la Société canadienne du sida, et nous pourrons vous donner tous les détails après si vous le souhaitez, mais il est clair que votre organisme a été consulté.
L'un des problèmes fondamentaux... Il y a une exception pour les dons d'organe. On n'interdit pas aux hommes qui ont eu des rapports sexuels avec des hommes de donner des organes. J'aimerais vous lire ce que les fonctionnaires de Santé Canada nous ont dit lors d'une réunion précédente:
...Santé Canada n'empêche personne de devenir un donneur d'organes. Malgré l'établissement des facteurs de risque basés sur des données scientifiques, la disposition du règlement relative à la distribution exceptionnelle permet la transplantation d'un organe provenant d'un donneur considéré comme étant plus à risque, à condition que le médecin transplantologue juge que cette procédure sera dans l'intérêt supérieur du patient et que le receveur donne son consentement éclairé.
Nous faisons de notre mieux, et le règlement nous laisse une certaine marge de manoeuvre dans des circonstances exceptionnelles. L'équilibre semble donc établi.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de cette exception. Une réaction n'est peut-être pas nécessaire.
J'aimerais également souligner que selon certains, les critères d'exclusion prévus dans le règlement sur les cellules, les tissus et les organes seraient inconstitutionnels. En 2007, l'objet des consultations, c'était les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. La Cour d'appel de l'Ontario a examiné les critères d'examen à la lumière de la contestation du règlement sur le sperme fondée sur la Charte. La Cour d'appel a déterminé que l'exclusion de ces hommes n'était pas discriminatoire sur le fond et a statué que la justification de cette exclusion du point vue de la santé était logique.
Comme les critères d'exclusion sont moins sévères pour les cellules, les tissus et les organes et compte tenu de la prévalence de la transmission de maladies infectieuses et du fait que ce règlement prévoit un mécanisme permettant l'utilisation de cellules, de tissus ou d'organes même s'ils sont exclus de prime à bord, comment pourrait-on raisonnablement conclure qu'un critère d'exclusion n'est pas constitutionnel?
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En effet, nous avons des idées. La première qui me vient à l'esprit est de vous soumettre, madame la présidente et membres du comité, une pensée tout à fait spéciale. Nous débattons depuis 11 heures de ce nouveau règlement. Pendant ce temps, à Montréal, à Québec, à Toronto, à London, des gens sont en train de mourir. C'est à eux que je pense. J'ose espérer que le comité en arrivera rapidement à une décision pour éviter que la liste des personnes en attente n'augmente. C'est pour eux que j'insiste auprès du comité pour qu'on éclaircisse le plus rapidement possible cette situation.
Messieurs les députés, je crois que ce geste doit être reconnu à travers le pays comme un geste important pour permettre aux familles de faire leur deuil. Je vous répète que les familles qui vivent cette reconnaissance, après le départ d'un être cher, sentent que la mort de leur être cher n'a pas été inutile, qu'elle a peut-être permis à d'autres personnes de survivre et d'améliorer leur qualité de vie.
Notre association trouvait tout à fait aberrant, plus particulièrement au Québec où nous sommes très actifs avec plus de 2 000 policiers à travers la province, que dans tous les hôpitaux où on transplante et où on prélève des organes, l'acheminement de ces organes ou des équipes médicales se faisait en taxi ou en ambulance à des coûts incroyables. Nous avons implanté un système de transport encore unique en Amérique du Nord, avec l'arrivée d'une unité en permanence à l'Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal, qui permet d'accueillir les équipes de Toronto, de London, de Terre-Neuve, de la Nouvelle-Écosse et des États-Unis sur la piste d'atterrissage et de les conduire rapidement dans les centres hospitaliers afin de sauver du temps.
Lorsqu'il y a un prélèvement et par la suite une transplantation, les minutes comptent. Nous vivons un peu les quatre saisons. Alors, vous comprendrez qu'en période hivernale, surtout comme celle de cette année, toutes les minutes comptent, et nous ne pouvons nous permettre de perdre un seul organe. Malheureusement, les statistiques démontrent qu'en 2007 au Québec, il n'y a eu que 135 donneurs. Vous allez comprendre que les familles des personnes en attente et ceux qui ont besoin d'un foie ou d'un coeur sont inquiets. La liste d'attente est tellement longue que cela prend du temps.
Il y a du travail à faire et nous croyons que la cérémonie de reconnaissance que nous dirigeons, que nous implantons depuis 15 ans au Québec, devrait être endossée dans toutes les provinces par le gouvernement fédéral. Nous souhaiterions que la Gouverneure générale accepte de parrainer officiellement cette cérémonie, au cours de laquelle ces gens seraient reconnus, comme on reconnaît le monument que nous avons construit à Sherbrooke et qui est le seul du genre. C'est un monument qui rend hommage à des gens de Vancouver, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de partout au Canada. Nous avons besoin de l'appui du gouvernement fédéral pour implanter cette cérémonie qui, soit dit en passant, a fait l'objet d'une consultation de la part de nos amis français. On va tenir, dans les prochains mois, ce genre de cérémonie à Paris, pour rendre hommage aux donneurs.
En terminant, je me permets de vous dire que je quitte votre comité en demeurant assuré qu'il prendra une décision rapidement pour régler cette situation.
Je rappelle que nous ne possédons pas l'expertise requise pour vous donner des conseils, mais nous croyons que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter de perdre des dons d'organes.
Au nom des personnes en attente, je vous remercie d'y réfléchir rapidement. Merci infiniment.