propose que le projet de loi soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité plénier.
— Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi intitulé Loi prévoyant la reprise et le maintien des services postaux.
Il y a actuellement un arrêt de travail, un service essentiel n'est plus fourni, et les Canadiens se posent des questions auxquelles il faut trouver réponse de toute urgence: Comment en sommes-nous venus là? Comment les choses ont-elles pu se dégrader à ce point? Possédons-nous les mécanismes pour le règlement des conflits de travail?
Nous possédons certainement ces mécanismes, et ils sont tout à fait fonctionnels, plus de 90 p. 100 du temps.
Dans notre pays, employeurs et syndicats ont la possibilité de s'entendre sur les conditions de travail grâce aux négociations collectives. Chacun doit mettre de l'eau dans son vin, ce qui permet, presque toujours, d'arriver à un règlement mutuellement acceptable. Ces négociations ne font pas beaucoup de bruit, parce que, habituellement, il n'y a rien de très spectaculaire dans la signature d'une convention collective.
Cependant, qu'arrive-t-il quand les négociations échouent, comme cela se produit parfois? Tout n'est pas perdu, parce que le Code canadien du travail prévoit une série de mesures que le gouvernement peut prendre afin d'aider les parties à surmonter le différend et à éviter la grève ou le lock-out.
Alors, qu'est-il arrivé à la Société canadienne des postes?
J'assure aux Canadiens que nous avons fait tout en notre pouvoir pour l'aider à s'entendre avec le syndicat. Nous avons utilisé tous les moyens qui étaient à notre disposition.
Revenons un moment à l'automne de l'année dernière. Les négociations entre les parties ont débuté en octobre 2010, avec, comme objectif, un règlement avant l'expiration de la convention collective en vigueur, à la fin de janvier. En dépit des concessions mutuelles, c'était l'impasse, l'impossibilité de s'entendre sur des points essentiels. C'est pourquoi, le 21 janvier, 10 jours avant l'échéance, les parties m'ont informée de la situation.
Comme je l'ai dit, dans un cas comme celui-là, le gouvernement peut prendre des mesures. La première consiste à faire appel à un conciliateur et, si la conciliation échoue, à nommer un médiateur.
En ce qui concerne Postes Canada et le STTP, le gouvernement a suivi le processus habituel qui est énoncé dans le Code canadien du travail, et nous avons passé beaucoup de temps avec les deux parties. Au cas où il y aurait encore des doutes à ce sujet, je tiens à souligner que le gouvernement ne fait pas de favoritisme et que les experts qu'il nomme n'ont pas de parti pris. Le travail des conciliateurs et des médiateurs n'est pas d'imposer l'entente qui convient le mieux au gouvernement, mais plutôt d'aider les parties à trouver elles-mêmes une solution.
J'en reviens à la suite des événements. Après 60 jours de conciliation, il n'y avait toujours aucune entente entre Postes Canada et le syndicat. Compte tenu des enjeux, les deux parties se sont entendues pour prolonger de 32 jours la période de conciliation. Même après 92 jours d'efforts de la part du conciliateur, aucune entente n'était encore en vue. Donc, le 5 mai, j'ai nommé un médiateur. Les parties ont entamé une période de répit de 21 jours, comme le prescrit le Code canadien du travail, mais encore là, aucun progrès n'a été réalisé. Au contraire, le 30 mai, le syndicat a déposé un avis de grève de 72 heures et, le 3 juin, les travailleurs des postes ont débrayé. Enfin, le 15 juin, l'employeur a déclenché un lock-out.
J'ai dit au début que les Canadiens et Canadiennes ont des questions. La question suivante qu'ils se posent, c'est: Qu'est-ce qui va se passer maintenant?
Si l'on se fie à la dernière grève des postes, en 1997, l'économie pourrait être gravement atteinte. Les entreprises qui comptent sur le service postal seront durement touchées. Si la grève dure, certaines entreprises pourraient faire faillite et des emplois pourraient disparaître, dans certains cas pour de bon.
Pouvons-nous nous permettre une grève alors que notre économie est encore en train de se rétablir?
Nombreux sont nos citoyens qui dépendent des services de Postes Canada pour obtenir du gouvernement l'information et les prestations qui leur sont essentielles. En réalité, nous serons tous touchés par un arrêt de travail, mais ce sont les personnes handicapées, les aînés et les personnes qui vivent dans les collectivités éloignées qui vont en souffrir le plus. Cette grève nuira indûment à bien des Canadiens.
Vient ensuite cette question: Que fera le gouvernement pour régler le problème? La réponse, c'est que nous avons pris la décision difficile de mettre fin à la grève en adoptant une loi de retour au travail et en imposant l'arbitrage.
Lorsque des négociations collectives échouent, la loi permet à l'employeur de faire pression sur le syndicat pour régler la question. En outre, le syndicat a le droit de déclencher une grève pour s'assurer d'obtenir un règlement.
Dans la situation actuelle, rien ne nous laisse croire que le conflit va se résoudre. C'est pourquoi nous avons adopté cette résolution. Ainsi, les parties pourront reprendre les négociations et conclure une convention collective.
Le projet de loi est le fruit d'un long processus. J'ai travaillé pendant un bon moment auprès du syndicat et de l'équipe de gestion. En réalité, les Canadiens ne peuvent se passer de leurs services postaux plus longtemps. Le gouvernement n'a d'autre choix que d'adopter des mesures législatives forçant le retour au travail, et c'est ce que nous avons fait aujourd'hui.
:
Monsieur le Président, je dois dire que nous avons commencé ce débat sur une note relativement triste. Nous venons d'entendre la dire, à propos du cas qui nous occupe, qu'il y a 45 000 travailleurs des postes, même si je crois qu'il y en a plus, mais je vais reprendre ses propos, et qu'il y a 33 millions de Canadiens. Autrement dit, elle divise la population en deux: les gens qui nous livrent le courrier et le reste des Canadiens.
D'une part, je trouve triste que la voie les choses de cette façon et, d'autre part, que l'on sème la division dans ce dossier. Je l'ai dit par le passé, et j'aurais espéré que la situation se déroule différemment, je considère que le gouvernement fait tout pour diviser les Canadiens. Malheureusement, nous entamons la discussion dans cet état d'esprit.
Je n'ai pas l'intention d'utiliser cette approche. En fait, quand je pense aux employés de Postes Canada, la première image qui me vient à l'esprit, c'est le facteur qui vient livrer mon courrier à la maison. Il s'appelle Gary. Chez nous, il y a toujours quelqu'un à la maison pendant la journée. C'est ma belle-mère de 85 ans qui reçoit le courrier. Comme c'est le cas pour beaucoup d'autres aînés et familles canadiennes, on tisse des liens avec le facteur. Ces liens deviennent très personnels.
C'est pendant les Fêtes, lorsque tout le monde se souhaite ses meilleurs voeux, qu'on se rend compte à quel point ce service gouvernemental est important dans la vie personnelle des gens. Je pense que nous devons amorcer ce débat en nous rappelant qu'il faut apprécier à sa juste valeur le travail des gens qui travaillent au sein de la fonction publique.
[Français]
Deuxièmement, je veux dire que nous sommes ici pour arriver à un résultat constructif. Nous allons proposer des amendements à cette législation. Je veux dire au et à la que mon équipe et moi serons disponibles, peu importe l'heure, pour discuter de la possibilité de chercher et de trouver une solution à cette situation.
[Traduction]
Le NPD n'appuie pas la mesure législative qui a été présentée, et je vais expliquer pourquoi. Nous voulons proposer des modifications et faire des propositions en vue de l'améliorer. Nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement pour établir un libellé qui nous permettrait de régler la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Je tiens simplement à dire que nous sommes prêts, à n'importe quel moment, à travailler avec des représentants du gouvernement pour essayer d'atteindre cet objectif, dans l'intérêt non seulement de 33 millions de Canadiens, mais aussi des personnes qui travaillent d'arrache-pied pour fournir un service postal au pays.
[Français]
Les bonnes relations de travail dans ce pays dépendent de la bonne foi de tous, et le gouvernement conservateur a décidé, malheureusement, de faire preuve de mauvaise foi. Les travailleurs des postes dans les centres urbains du Canada négocient avec Postes Canada depuis octobre dernier. Leur contrat a expiré le 31 janvier dernier, il y a donc cinq mois seulement. Maintenant, malgré des revenus de 281 millions de dollars l'an dernier, ce gouvernement, par le biais de la société d'État, impose des réductions de salaire et des réductions pour tous les nouveaux employés: il décrète une réduction de 18 p. 100 du salaire de base et une réduction du temps de vacances, en plus de forcer les nouveaux employés à travailler cinq années de plus avant de pouvoir recevoir une pleine pension.
[Traduction]
Les travailleurs ont négocié en toute bonne foi. Pendant les négociations, ils ont veillé à ce que les Canadiens reçoivent leur courrier et à ce que tous les chèques des services sociaux soient livrés à temps. Les Canadiens doivent en être bien conscients.
Je pense à ces gens qui travaillent très fort pour nous. En ce moment, je pense aux imposants centres de tri du courrier que j'ai visités. Ces centres de tri sont immenses. Je m'y rends au moins une fois par année pour prendre contact, parce que Postes Canada est un des plus importants employeurs dans ma circonscription. Des milliers de personnes s'occupent d'y trier le courrier, ce qui est une tâche étonnamment manuelle, malgré la présence de nombreuses machines.
Je pense à ces gens qui classent tout ce courrier que nous envoyons dans différents casiers. Une partie du courrier ne peut pas être trié par une machine; il doit l'être manuellement.
En les observant et en discutant avec eux, je me suis rendu compte qu'ils traitent du courrier venant de partout dans le monde. Ces enveloppes contiennent des histoires personnelles et des messages expédiés par des Canadiens à d'autres Canadiens ou à des citoyens d'autres pays. Peut-être que le destinataire est un membre de la famille ou peut-être une entreprise, mais il y a un aspect privé dans tout cela. Le respect dont font preuve ces travailleurs dans l'exercice de leur métier est remarquable.
J'ai remarqué que plusieurs d'entre eux devaient porter une attelle à la main ou au bras en raison des mouvements répétitifs que leur impose leur travail. Leur corps est soumis à des pressions telles que tout mouvement devient douloureux et difficile. Les travailleurs sont néanmoins à leur poste, tâchant d'offrir les services attendus, également conscients qu'ils doivent soutenir leur famille.
J'ai aussi pu constater que l'effectif était très diversifié; c'est à tout le moins le cas au centre de tri situé près de ma circonscription. Je crois qu'il serait impossible de trouver un groupe de Canadiens plus diversifié que celui-là. On y voit des gens de toutes les origines. C'est peut-être pour cette raison qu'on reconnaît l'importance que revêt la poste. D'une certaine façon, elle fait partie du processus de communication démocratique qui les a incités à venir s'installer au Canada — 'idée que la population peut communiquer librement et faire valoir ses opinions et qu'un service postal public permet aux gens de communiquer entre eux.
Ils sont nombreux à mentionner notamment la Charte des droits dont s'est doté le Canada et à dire à quel point ils sont fiers d'être Canadiens et de travailler pour leurs concitoyens. C'est pourquoi il me paraît déplacé de les dissocier du reste de la population, comme s'ils ne faisaient pas partie des 33 millions de Canadiens. Ils font autant partie des 33 millions de Canadiens que n'importe qui d'autre.
Je suis très fier de Postes Canada, de sa direction et des décisions qui ont été prises au fil des ans. Je me suis par contre opposé à certaines décisions, et nous avons été plusieurs à le faire d'ailleurs. J'y reviendrai un peu plus tard.
Il a notamment été décidé de transférer au groupe Shoppers Drug Mart plusieurs opérations postales assurées par de petites entreprises de ma collectivité. Je n'ai rien contre Shoppers Drug Mart, mais il n'a pas besoin d'ajouter la livraison postale à ses activités. Beaucoup de petits magasins familiaux de variétés ont dû fermer leurs portes après que Postes Canada eut décidé d'accorder ses contrats au plus haut soumissionnaire. Cela a été un très dur coup à encaisser pour les petites entreprises.
Néanmoins, je suis très fier de l'institution canadienne qu'est Postes Canada. Je pense à Purolator, par exemple. La plupart des Canadiens ne savent même pas que cette entreprise appartient à Postes Canada et aux Canadiens. Elle s'acquitte très bien de ses fonctions de livraison, en notre nom, dans un environnement très compétitif, en plus de faire preuve de leadership en matière d'environnement. Purolator a une camionnette à hydrogène postée dans un garage dans ma circonscription, et cet hydrogène est créé par l'éolienne que vous pouvez apercevoir lorsque vous arrivez à Toronto en suivant le bord de l'eau, sur le site de l'Exposition nationale canadienne. C'est de cet endroit que provient l'hydrogène. Il s'agit d'un véhicule de livraison postale de l'État qui est alimenté par l'énergie éolienne. C'est fabuleux.
J'aime personnellement Postes Canada pour une autre raison. En effet, la société d'État a pris la décision — et je sais gré au premier ministre de l'avoir appuyée dans ce sens — d'émettre un timbre pour marquer les 100 ans de services offerts aux personnes aveugles au Canada par l'INCA et l'Association montréalaise pour les aveugles, qui a été fondée par mon arrière-grand-père, Philip E. Layton, qui était lui-même aveugle.
Il se trouve que Postes Canada a décidé de mettre son image sur l'enveloppe. Lorsque nous achetons ces timbres, nous pouvons voir son image, et j'en retire beaucoup de fierté. Tous ceux et celles qui ont travaillé avec des personnes aveugles au fil des années et qui les ont côtoyées apprécient ce geste. Nous pourrions mentionner de nombreux timbres qui ont été émis et de nombreux gestes que Postes Canada a posés parce qu'elle fait partie de la communauté. Elle fait partie de ce que nous sommes, en tant que Canadiens, de bien des façons.
Je ne voudrais pas que ce que je dois dire aujourd'hui au sujet du projet de loi fasse ombrage à toutes ces choses positives que nous devons mentionner, ni aux services publics dont nous dépendons, parce que nous dépendons effectivement de ces services publics, chacun d'entre nous.
Toutefois, je dois parler contre le projet de loi. Je dois expliquer brièvement pourquoi. En fait, je ne serai peut-être pas très bref, si vous me le permettez, monsieur le Président.
Au Canada, les bonnes relations de travail reposent sur la bonne foi des parties. Les gestes posés par le gouvernement dans ce dossier ne vont pas en ce sens. Tout comme le député d', je suis choqué d'entendre la ministre du Travail dire que les employés des postes sont en grève. C'est tout simplement faux. Je n'ai jamais entendu pire propagande visant à monter la population contre ces travailleurs. Il est choquant de voir que cela se produit ici, à la Chambre des communes.
Les employés des postes sont en lock-out. S'ils ne l'étaient pas, ce débat n'aurait pas lieu, ce projet de loi n'aurait pas été déposé et les citoyens recevraient leur courrier.
Les employés des postes veulent retourner au travail, mais ils sont confrontés à un problème. Leur employeur a verrouillé les portes. Ils ne peuvent pas travailler. Ils ne peuvent pas entrer dans les centres de tri du courrier, ni dans les bureaux de poste. Ils ne peuvent pas recueillir le courrier et le livrer à des gens comme ma belle-mère et beaucoup d'autres qui attendent leur courrier.
Il existe une solution simple. J'ai demandé à plusieurs reprises au premier ministre au cours des derniers jours de simplement adopter la solution suivante. Je le répète: « Monsieur le premier ministre, levez le lock-out et laissez le service postal reprendre. »
Il ne s'agit pas d'une grève des employés. Il s'agit d'un lock-out imposé par la direction et, de toute évidence, appuyé par le gouvernement. Nous faisons cette dernière affirmation, car si le gouvernement était sincère lorsqu'il dit que cette grève nuit à l'économie canadienne, il prendrait les mesures nécessaires pour que la livraison du courrier reprenne le plus rapidement possible. La solution simple serait de lever le lock-out, mais, malheureusement, ce n'est pas l'objectif du gouvernement, peu importe ce qu'il dit. Son objectif, c'est de s'ingérer dans les négociations collectives entre l'employeur et les employés. Malheureusement, je dois en conclure que c'est ça, l'objectif du gouvernement.
Le gouvernement dit qu'il doit légiférer le retour au travail des employés des postes pour des raisons économiques. Si c'est vrai, pourquoi a-t-il imposé ce lock-out?
Je demande encore une fois au gouvernement d'ordonner à Postes Canada de lever le lock-out. Rappelons-nous qu'il s'agit d'un organisme gouvernemental. Rappelons-nous également que les mesures qui ont été prises nuisent à l'économie canadienne.
Le lock-out pourrait être levé dès maintenant. Un simple appel téléphonique permettrait de rétablir le service en quelques heures. Je suis persuadé que ce serait possible si le premier ministre appelait le PDG.
Cependant, en prenant le parti de l'employeur et en montant les travailleurs des postes contre les Canadiens dans le but évident de diviser pour mieux conquérir, comme il l'a déjà fait auparavant, le gouvernement a essentiellement anéanti la raison d'être de la négociation.
Mettons nous dans la position du PDG de cette société. Il devait être ravi de ce projet de loi qui signifie essentiellement qu'il n'a plus à faire quoi que ce soit. Il n'a plus à faire de compromis et il n'a même pas à discuter avec les employés parce que le gouvernement va tout simplement faire adopter cette mesure législative à toute vapeur.
Peut-on imaginer ce qu'obtiendra Postes Canada en prime? Le gouvernement accordera aux travailleurs une augmentation salariale inférieure à celle que le PDG lui-même était disposé à accorder.
Monsieur le Président, quelle autre raison le PDG a-t-il d'être satisfait? J'ai appris qu'il est le PDG le mieux rémunéré de toutes les sociétés d'État canadiennes et qu'il touche une prime de 33 p. 100 en plus de son salaire. Si sa prime annuelle est fonction de la rentabilité de l'entreprise et qu'il vient d'apprendre qu'une loi adoptée par le Parlement du Canada impose aux travailleurs une réduction salariale, qu'est-ce que cela signifie? Cela signifie que les profits seront plus élevés et, partant, que sa prime sera plus substantielle. Voilà pourquoi le PDG est absolument ravi.
Voilà ce qui nous donne le sentiment que le gouvernement a essentiellement pris partie dans ce conflit. Or, nous estimons que c'est carrément inapproprié.
Examinons l'incidence qu'aura cette mesure sur la famille d'un travailleur ordinaire des postes pendant les quatre années que durera cette convention collective.
En pratique, cette famille disposera de 857,50 $ de moins. On peut comprendre pourquoi les travailleurs sont mécontents de cette situation, particulièrement lorsqu'on sait que le PDG touchera une prime plus élevée suite à cette réduction salariale.
Face à un gouvernement prêt à prendre de telles mesures à l'égard des travailleurs des postes, il y a lieu de se demander qui seront les prochains groupes ciblés. Qui le gouvernement a-t-il maintenant dans sa mire?
Voilà pourquoi 33 millions de Canadiens doivent suivre les débats sur ce projet de loi de très près et se demander s'ils seront les prochains touchés. Seront-ils les prochains? Se verront-ils imposer des redevances pour éponger le déficit inégalé que le gouvernement a laissé s'accumuler?
Monsieur le Président, voilà que nos commentateurs du commentariat de l'autre côté de la Chambre s'en donnent à coeur joie. On serait tenté de leur répondre que ce sont les allègements fiscaux massifs que les conservateurs ont consentis qui sont à l'origine de ce déficit. Si le gouvernement avait daigné suivre nos conseils, il ne se trouverait pas dans une situation aussi déficitaire.
Nombre de Canadiens vont se demander ce qui se passera si leur employeur leur fait une offre salariale et que cette offre fait ensuite l'objet de négociations. Si le premier ministre est prêt à dire aux travailleurs des postes que l'offre salariale que leur a proposée leur employeur était trop élevée et à présenter une mesure législative afin de la revoir à la baisse, qu'arrivera-t-il aux autres Canadiens?
Je ne vois pas pourquoi le gouvernement ne ferait pas d'autres victimes parmi les Canadiens. En fait, je crois que nous avons toutes les raisons du monde de craindre que le gouvernement agisse de nouveau de la sorte et que n'importe qui d'autre puisse subir le même sort. Qui seront les prochains sur la liste?
Le gouvernement protestera, disant qu'il n'imposerait pas une telle chose à qui que ce soit d'autre. Pourtant, la mesure législative dont nous sommes saisis ébranle notre confiance. Si le gouvernement est prêt à imposer de telles mesures à 55 000 Canadiens, à savoir les facteurs qui distribuent le courrier, généralement le sourire aux lèvres, quel que soit le temps qu'il fait, nous sommes tous en droit de nous demander si notre tour viendra ensuite.
Le projet de loi soulève également la question des pensions.
Comme beaucoup de travailleurs ne cotisent pas à un régime de retraite, nous devons renforcer le Régime de pensions du Canada pour aider tous ces gens.
Cependant, quiconque cotise à un régime de retraite voit bien que le gouvernement est prêt à imposer des restrictions. Ce que le gouvernement envoie aux travailleurs comme message en somme, c'est qu'ils n'auront pas droit à une pleine pension, contrairement à ce qu'ils croyaient, à la pension qu'ils ont dit à leur famille qu'ils toucheraient à leur retraite et sur laquelle dépendaient tous les projets familiaux, les projets qui les incitaient à continuer de distribuer le courrier dans les pires intempéries ou à continuer de trier le courrier malgré leurs bras endoloris.
En fin de compte, ces travailleurs croyaient sans doute qu'ils pourraient prendre leur retraite et disposer d'une pension suffisante pour ne pas vivre dans la pauvreté, qu'ils n'auraient pas travaillé en vain puisque leurs efforts leur permettraient ensuite de passer plus de temps avec leur famille, car on sait qu'un grand nombre d'entre eux doivent travailler par quarts et ne passent pas beaucoup de temps en famille. Donc, les travailleurs ont promis à leur conjoint et à leurs enfants qu'ils passeraient un jour plus de temps avec eux, compte tenu du fait qu'ils allaient toucher une pension.
Cependant, cette mesure législative fera en sorte que ces travailleurs devront travailler cinq ans de plus que ce qu'ils avaient prévu. Ce n'est pas acceptable. Une telle situation crée d'autres problèmes, dont je parlerai dans quelques instants. Bien sûr, Postes Canada économiserait beaucoup d'argent en procédant ainsi. En fait, il y a beaucoup de choses qu'on peut faire si on souhaite uniquement économiser de l'argent. Il suffit de réduire les salaires de tout le monde, d'éliminer les pensions et de ne plus offrir de soins de santé. Il y a plein de façons d'économiser de l'argent. Or, par définition, il n'est pas toujours souhaitable d'économiser de l'argent. Il faut établir un juste équilibre, ce qui n'a pas été fait dans le cas de cette mesure législative.
Il faut donc pardonner aux Canadiens de douter de la Société canadienne des postes, qui affirme qu'elle éprouvera des difficultés financières si elle n'impose pas des restrictions aux travailleurs, les mêmes travailleurs qui l'ont aidée à dégager 1,7 milliard de dollars de profits au cours des 15 dernières années. Ces sommes ont été obtenues grâce au travail acharné des employés, car les services postaux ne dégageaient pas de profits il y a de nombreuses années. Ils ne fonctionnaient pas de cette façon à ce moment, mais depuis plusieurs années, ils sont structurés de manière à faire des profits. Ce sont ces travailleurs qui ont aidé Postes Canada à dégager ces profits, et maintenant, ils sont punis de l'avoir fait. Comment peut-on motiver des gens qui se trouvent dans une telle situation?
En 2009 uniquement, soit la dernière année pour laquelle nous disposons de toutes les données, Postes Canada a engrangé 281 millions de dollars de profits nets. N'oublions pas que le gouvernement obtient une bonne partie de ces sommes; je suppose qu'il les utilisera pour diminuer la dette. Pour diminuer la dette, le gouvernement ira chercher 857,50 $ dans les poches de la famille d'un employé des postes moyen. Il appliquera cette somme à la réduction de la dette nationale. C'est inacceptable et injuste. Tous les citoyens, les 33 millions de Canadiens, doivent contribuer à éponger la dette, pas seulement les 55 000 employés du système postal.
La société d'État n'a pas besoin d'avoir recours à un grand frère pour intimider des travailleurs cherchant simplement à subvenir aux besoins de leur famille et pour leur faire avaler ses conditions. C'est un projet de loi tout à fait répréhensible parce qu'il sert à bousculer les gens et n'est pas présenté de bonne foi.
[Français]
Parlons du contrat que le gouvernement souhaite imposer. Ce contrat crée deux catégories de travailleurs: les nouveaux contre les anciens; les jeunes contre les plus âgés. En demandant aux nouveaux travailleurs d'accepter de moins bons salaires, des pensions de retraite moins sûres, des vacances moins longues, ils deviennent des travailleurs de deuxième ordre. J'admire les travailleurs de s'être dressés contre cette injustice, alors que ce ne sont pas nécessairement leurs droits ou leurs avantages qui sont menacés, mais ce sont ceux des travailleurs du futur. Ils se sont portés à la défense de la prochaine génération, comme le veut la tradition du mouvement syndical. C'est aussi une tradition du NPD et nous en sommes fiers.
[Traduction]
Il y a un lien avec une valeur canadienne fondamentale qui nous est chère et qui consiste à ne laisser personne pour compte. Nous ne devrions pas créer deux classes de travailleurs dans un milieu comme Postes Canada.
Le gouvernement veut imposer une convention collective qui va exactement à l'encontre de cette valeur. La convention dit que des gens devraient être laissés pour compte et précise qui sont ces gens. Elle est structurée de manière à ce qu'une génération de travailleurs soit moins bien servie que l'autre, ce qui est de nature à susciter du ressentiment parmi les travailleurs, un sentiment parfaitement humain. Les jeunes travailleurs seront amers lorsqu'ils songeront aux avantages qu'ils n'ont pas, mais qui ont été consentis aux plus âgés. Comment peut-on espérer ainsi maintenir le moral des travailleurs, leur efficacité ou leur qualité de vie?
C'est une mesure passablement néfaste, qui divise encore les gens. Elle affaiblit le lien pouvant exister entre les gens qui travaillent ensemble. Elle monte les travailleurs les uns contre les autres. Pire encore, dans ce contexte, elle monte une génération contre l'autre. Cela me paraît être une situation très dangereuse.
La voix des travailleurs se trouve affaiblie parce qu'ils n'ont plus l'impression de faire partie de la même équipe. Ils sentent qu'il y a un conflit dans leurs rangs, ce qui les empêche de s'exprimer à l'unisson comme ils le pourraient normalement. Au fond, c'est peut-être ce que le gouvernement souhaite. Il essaie peut-être, entre autres, d'affaiblir la voix des travailleurs. Il est certain que, lorsqu'on examine ce projet de loi sous toutes ses coutures et qu'on constate ce que le gouvernement a fait au cours des derniers jours, dans le cas des deux grèves dont nous avons débattu aux Communes, force est de conclure que cette volonté de diviser fait peut-être partie de la stratégie employée.
Certains employeurs et gouvernements peuvent penser que c'est une bonne chose de diviser pour régner dans un effort de nivellement vers le bas, sauf dans le cas de ceux qui se trouvent en haut de l'échelle dont la situation ne cesse de s'améliorer. En fait, les statistiques de notre pays devraient alarmer tous les députés parce que les inégalités croissantes dans notre société sont les types d'inégalités qui mènent un jour à une réduction de la qualité de vie et du sentiment de bien-être. Il y a beaucoup d'études à ce sujet.
Dans les sociétés plus égales, où l'écart entre les gens au haut de l'échelle et ceux au bas n'est pas aussi grand, le degré de bien-être des citoyens est plus élevé. Les gens vivent plus longtemps, sont en meilleure santé et sont plus heureux, entre autres.
Beaucoup d'études ont été menées à ce sujet. Je sais que beaucoup de parlementaires de toutes allégeances commencent à prêter attention aux études réalisées sur ces inégalités croissantes et sur la nécessité d'y mettre fin.
Malheureusement, les politiques du gouvernement, une par une, ont contribué à cette inégalité croissante. Par exemple, les personnes qui ne paient pas d'impôt en raison de leurs revenus insuffisants n'auront pas accès à tous les crédits d'impôt offerts par le gouvernement.
De nombreuses stratégies de réduction d'impôt ont surtout avantagé les gens au haut de l'échelle. De plus, certaines des mesures offertes peuvent seulement être utilisées par les personnes qui disposent d'argent à la fin du mois ou de l'année, et beaucoup de gens n'en n'ont pas.
Nous allons donc observer un écart progressif entre les personnes en haut de l'échelle et celles en bas. C'est ce que fait cette mesure législative. Elle crée une division entre les 55 000 employés et, comme je l'ai dit plus tôt, entre le PDG qui reçoit une prime, et les travailleurs. Il y a probablement d'autres cadres supérieurs qui reçoivent des primes eux aussi.
Les inégalités dans ce milieu de travail vont donc augmenter. C'est le reflet de ce qui cloche dans notre société. Cette mesure législative va à l'encontre des initiatives que nous devrions prendre pour régler ce problème.
Par ailleurs, le projet de loi fait taire les travailleurs. Il y a peut-être des gens pour penser que c'est une bonne idée. J’ai accordé une entrevue aujourd'hui à M. O’Leary, de l’émission The Lang and O'Leary Exchange. J’avais eu un échange corsé avec lui au cours d’une entrevue antérieure au sujet de son affirmation selon laquelle la cupidité est une bonne chose. Je l’ai affronté là-dessus. Je lui ai dit que je ne croyais pas que la cupidité devrait être considérée comme une bonne chose. Mais je devais avoir l’occasion de le dire à la télévision publique.
J’ai eu la chance d’avoir une entrevue avec lui cet après-midi sur cette question précise. Il m’a demandé: « Dites-moi Jack, ne serions-nous pas mieux si nous n’avions tout simplement pas de syndicats? » Il m’a appelé par mon prénom. J’espère que je peux l’employer dans ce contexte à la Chambre. Dans ma réponse, je lui ai signalé qu’il venait de rendre hommage à l’Australie pour son économie très fructueuse, qui a pourtant un gouvernement travailliste et des syndicats très forts.
Le fait est que le mouvement syndical de notre pays a permis à nos travailleurs, partout où ils ont pu s’organiser en syndicats, d’améliorer radicalement leur niveau de vie. Nous pourrions faire une longue liste des réalisations des syndicalistes au fil des ans. La plupart des avantages ont d’abord été négociés dans le cadre de contrats de travail, mais ils sont devenus suffisamment populaires auprès des Canadiens pour qu’ils finissent par être inscrits dans la loi.
Commençons par le travail des enfants. Si nous n’avions pas eu de mouvement syndical, nos enfants travailleraient. Ceux qui en doutent n’ont qu’à visiter les pays où il y a des enfants qui travaillent et voir ce qu’il en coûte d’organiser un syndicat dans ces endroits.
Pensons aussi à des choses comme les fins de semaine de congé. Nous n’aurions pas droit à une fin de semaine de congé si ce n’était des syndicalistes qui ont obtenu le droit, pour les familles des travailleurs, d’avoir un peu de temps ensemble chaque semaine.
Sans les syndicats, nous n’aurions pas de comité de santé et sécurité dans nos lieux de travail, ces comités qui discutent des moyens d’améliorer les conditions de travail et de les rendre plus sûres. Pourtant, on compte encore trois travailleurs par jour qui meurent sur leurs lieux de travail au Canada. Nous avons encore énormément de travail à faire dans ces domaines. Nous avons adopté le projet de loi Westray. Cela n’aurait jamais été possible sans les syndicats. Je parle ici des métallurgistes et de tous ceux qui ont appuyé cette loi solide que nous avons maintenant, qui est invoquée chaque fois que les circonstances l’exigent. Je sais qu’il y a des sociétés, grandes et petites, qui ont changé leurs pratiques après l’adoption de ce projet de loi.
J'ai eu le privilège de faire partie du conseil d'administration du quatrième service public d'alimentation en énergie en importance au pays, Toronto Hydro. Lorsque je me suis joint à cette société, les mesures visant à assurer la santé et la sécurité des travailleurs étaient loin d'être adéquates. Nous affichions le pire bilan de tous les services publics de l'Amérique du Nord. Un projet de loi est alors arrivé. En tant que membres du conseil d'administration, nous avons tous été renseignés à son sujet. Je n'ai aucun problème à dire que j'avais exercé des pressions pour améliorer la situation, mais que c'est le projet de loi qui, ultimement, a informé la direction et les membres du conseil qu'ils seraient passibles de poursuites au criminel s'ils étaient conscients d'une situation dangereuse et qu'ils ne faisaient rien pour y remédier. Cette douche froide a vite fait d'attirer leur attention.
J'aimerais féliciter Toronto Hydro, car en six trimestres, la société est passée du pire bilan trimestriel de blessures et autres incidents de travail à une fiche trimestrielle parfaite et cela, grâce à cette mesure législative.
Ce que j'essaie réellement de faire comprendre, c'est que les syndicats dont nous parlons en ce moment rendent un service extrêmement important à notre société. Les gens sont frustrés lorsqu'un service auquel ils se fient n'est pas disponible. Lorsque le courrier n'est pas livré, c'est difficile pour eux et pour les petites entreprises.
J'ai déjà dirigé ma propre petite entreprise. Je payais mes fournisseurs, mais si le chèque du client avec qui j'avais signé un contrat n'arrivait pas, c'était plutôt difficile. Des PME éprouvent des difficultés en ce moment parce qu'elles se retrouvent dans la même situation. D'autres propriétaires d'entreprise dépendent fondamentalement du courrier pour mener leurs activités.
Nous sommes tous au courant de la situation critique de ce genre d'entreprises. Voilà pourquoi, si nous avions à coeur de les aider, nous mettrions fin au lock-out et laisserions les travailleurs retourner au travail.
[Français]
J'aimerais que le gouvernement comprenne à quel point il est important de construire des ponts entre les générations et entre les différents groupes de travailleurs. J'aimerais que le gouvernement accepte de travailler avec nous pour défendre les droits des travailleurs et pour obtenir une meilleure entente pour leurs familles. C'est pourquoi nous avons proposé de travailler avec le et son équipe pour proposer des amendements acceptables pour ce projet de loi afin d'avoir une meilleure situation.
Soyons clairs: cette loi est une violation du droit des travailleurs de négocier en toute bonne foi une convention collective. Elle a aussi pour effet d'affaiblir le droit de négociation de tous les Canadiens — 33 millions de Canadiens —, le droit de joindre leurs efforts à ceux de leurs collègues afin d'obtenir de meilleures conditions et un droit reconnu par l'article 2 de la Charte des droits et libertés. Ce sont les faits. Cette loi envoie un message aux employeurs de partout au pays. Elle leur dit que ce gouvernement se rangera du côté des patrons, contre les employés, et ce, à chaque occasion qu'il aura.
[Traduction]
Pourquoi les employeurs devraient-ils négocier de bonne foi s'ils peuvent compter sur le gouvernement pour intervenir et pour imposer ce qu'ils ne peuvent pas obtenir à la table de négociation? Où cela prendra-t-il fin? Une fois qu'on ouvre la porte à ce genre de choses, qui sait où cela va nous mener?
C'est pourquoi nous proposons que les lois soient modifiées et aussi pourquoi nous ne pouvons pas appuyer le projet de loi à l'étude. Il encourage les employeurs, où qu'ils soient, à tâter le terrain. Regardez ce qu'ils ont obtenu à Postes Canada. Nous pourrions faire de même. Qui devons-nous appeler au gouvernement pour faire avancer notre cause? Qui devons-nous consulter? Je pense que nous devrions d'abord nous tourner vers certaines des sociétés d'experts-conseils qui semblent fourmiller d'anciens membres du parti. Ces personnes pourraient nous conseiller, mais c'est un sujet dont nous débattrons un autre jour.
Le gouvernement laisse entendre que les lois de retour au travail pourraient être la nouvelle façon de mener des négociations collectives au pays, ce qui réduirait à néant toute la notion voulant que l'on doive négocier de bonne foi. Le gouvernement souhaite entraîner les Canadiens de force sur cette pente glissante. Je demande simplement au gouvernement si c'est vraiment ce qu'il compte faire, car ce serait très dangereux.
[Français]
Nous devons comprendre que les bénéfices des conventions collectives vont bien au-delà du simple contrat. Les gains négociés par les travailleurs au fil des ans ont aidé à élever les normes pour tous les Canadiens. Les travailleurs syndiqués se sont battus pour les droits que l'on considère maintenant comme acquis: un salaire suffisant pour élever une famille — les salaires des employés non syndiqués sont tirés vers le haut par les salaires des employés syndiqués —, les normes de santé et de sécurité au travail, la semaine de 40 heures, les fins de semaines, la protection contre le harcèlement, les vacances, les régimes de pension en milieu de travail, etc.
[Traduction]
Avec la collaboration de partis progressistes comme le Nouveau Parti démocratique, la négociation collective a été l'un des moteurs de progrès pour les travailleurs. Je considère qu'il faut faire fond sur cet héritage, et non le mettre en pièces.
Nous célébrons le 50e anniversaire de notre mouvement politique. Lors de notre congrès, nous avons réfléchi à ce que nous avions accompli tout au long de ces années, toujours avec un seul objectif en tête: améliorer la vie des familles des travailleurs. C'était, et c'est toujours ce qui nous définit.
Pendant notre congrès, nous avons rendu un hommage spécial à notre chef fondateur national, Tommy Douglas, le père de l'assurance-maladie. Le système public de soins de santé porte sa signature aux yeux de tous les Canadiens. La création des régimes de pensions publics, de concert avec Lester Pearson, est une autre de ses réalisations. Néanmoins, Tommy Douglas a fait beaucoup plus, notamment au chapitre de l'électrification rurale, de l'accès universel à l'éducation et de la stabilisation des revenus des agriculteurs.
Tommy savait aussi que garantir des droits fondamentaux aux travailleurs était essentiel à une Saskatchewan et à un Canada justes et prospères. En tant que premier ministre de la Saskatchewan, il a donc fait adopter une loi, il y a de cela de nombreuses années, pour garantir un salaire minimum aux travailleurs. Il a fait adopter une loi établissant une semaine de 40 heures, des vacances payées et un plein droit à la négociation collective pour tous les travailleurs.
Tommy rendait à César ce qui appartenait à César, et c'est ainsi que les travailleurs ont négocié des conventions dans lesquelles on retrouvait leurs propres idées. Le devoir de Tommy, tel qu'il le concevait, était d'étendre ces protections des plus élémentaires à l'ensemble des travailleurs, en légiférant dans sa province et dans son pays.
Lorsque nous sommes saisis d'un projet de loi ici, au Parlement, nous espérons qu'il poursuivra des objectifs de cet ordre. Mais au lieu de cela, nous avons devant nous aujourd'hui une mesure législative qui va exactement dans la direction opposée, pour plusieurs raisons dont j'ai déjà glissé mot. D'autres membres de notre caucus vous parleront d'autres aspects de la question dans le cadre de ce débat.
L'héritage de Tommy est extraordinaire.
[Français]
Il y a 60 ans, Tommy Douglas a fait adopter le premier vrai Code du travail de notre pays.
Des voix: Bravo!
L'hon. Jack Layton: Les chansons sont-elles permises? J'imagine que cela améliorerait parfois le ton du débat.
Ce Code du travail représentait un progrès incroyable pour les travailleurs de l'époque. Nous ne resterons pas les bras croisés en regardant les conservateurs nous ramener en arrière et renier les acquis obtenus au cours d'une longue bataille.
[Traduction]
Je ne vais tout simplement pas rester les bras croisés en regardant les membres du gouvernement conservateur s'engager dans la même voie que leurs homologues républicains et leurs amis du Tea Party aux États-Unis.
Nous avons tous été témoins de cas semblables au Wisconsin où le gouverneur a usurpé les droits de négociation collective de 175 000 fonctionnaires en les privant de leur droit à des conditions de travail décentes, à l'égalité entre les sexes et à un régime de pension équitable. Le gouverneur n'essaie même pas de camoufler cette tentative de réduire le nombre de travailleurs. La situation ne se limite pas au Wisconsin; les travailleurs de l'Ohio, de l'Indiana et de l'Idaho sont tous victimes d'attaques semblables sous prétexte d'austérité.
[Français]
Leur véritable but est de maximiser les profits en abusant des travailleurs. La loi pour Postes Canada nous mène exactement à la même chose: une compagnie faisant du profit affirme qu'elle ne peut pas se permettre de payer pour les nouvelles embauches. Ce gouvernement conservateur se fait le complice du patronat en proposant cette loi. Il prend tout simplement son inspiration à la mauvaise place.
[Traduction]
J'aimerais maintenant vous présenter les éléments fondamentaux qui étayent notre prise de position.
Premièrement, nous devons éviter de profiter de cette tribune pour diviser les Canadiens en deux camps en parlant des 55 000 travailleurs postaux et des 33 millions d'autres Canadiens. Il est temps que nous commencions à nous considérer tous comme faisant partie d'un seul et même groupe de concitoyens s'efforçant d'atteindre les mêmes objectifs pour nos familles respectives. C'est tout ce qui compte. Je demande donc à chacun d'éviter de recourir à ces tactiques visant à semer la discorde, surtout dans le cadre du présent débat qui sera suivi par de nombreux Canadiens.
Je ne voudrais surtout pas que ces gens qui, jour après jour, livrent et trient notre courrier se sentent dévalorisés par rapport à qui que ce soit.
[Français]
Deuxièmement, ce projet de loi attaque le droit essentiel des travailleurs de pouvoir négocier leurs conditions d'emploi. On ne peut pas faire cela.
Troisièmement, ce projet de loi augmentera l'inégalité dans notre société. Si on commence à voir de tels projets de loi, à plusieurs reprises, partout dans les autres secteurs de notre économie et de notre société, on augmentera l'inégalité, et ce sera une approche tout à fait inacceptable, non seulement pour le Nouveau Parti démocratique, mais pour la grande majorité des Canadiens et Canadiennes.
Les gens doivent se demander si ce sont eux et leur famille qui vont maintenant subir les tactiques de ce gouvernement conservateur dans notre société. S'il peut faire cela aux travailleurs de Postes Canada, va-t-il le faire là où ces gens travaillent? A-t-il une liste? Y a-t-il plusieurs autres entreprises avec le même genre de contrat? Les PDG vont-ils célébrer ce soir, demain, ou ce week-end, car ils peuvent utiliser la même tactique que celle qu'on a vue avec Postes Canada? C'est inacceptable.
Finalement, je répète encore une fois que nous pouvons trouver une solution à cette chicane maintenant. Le peut demander à Postes Canada d'enlever le cadenas pour que les gens puissent retourner travailler. Mon équipe et moi, nous offrons encore une fois de travailler pour trouver des amendements à ce projet de loi, afin qu'on mette fin à ce débat et que les négociations puissent se dérouler comme il faut.
C'est tout ce que je peux dire maintenant.
[Traduction]
Je propose donc:
Que le projet de loi C-6 ne soit pas maintenant lu une deuxième fois, mais qu'il soit lu une deuxième fois dans six mois à compter de ce jour.
:
Monsieur le Président, je remercie mon collègue de et la Chambre d'avoir accepté de nous laisser partager son temps de parole.
D'entrée de jeu, je reconnais que, de temps à autre, il peut y avoir des circonstances où les autorités gouvernementales et le Parlement se doivent d'intervenir pour mettre fin à une grève et forcer un retour au travail.
Depuis mon élection à la Chambre, il m'a été donné à quelques occasions de participer à de tels débats et d'avoir à voter pour trancher la question. On a parlé de 1997, la dernière fois où il y avait eu une grève aux Postes. C'est un cas. Il y eu aussi le cas des producteurs de grain dans l'Ouest canadien qui étaient dans l'impossibilité de faire livrer leurs produits.
Cependant, ce n'est pas la seule façon dont disposent les autorités gouvernementales pour aider. Je vais donner un autre exemple où le Parlement est intervenu. Au retour des élections de 2008, le gouvernement a été confronté à une situation sur laquelle je reviendrai plus tard. Le premier ministre a abrogé le Parlement. Quelques jours plus tard, il s'est déclaré une grève du transport en commun à Ottawa. OC Transpo était en grève. La grève a duré 53 jours durant l'hiver. Cela a été très dur pour la population de notre ville. Dès la reprise des travaux parlementaires en janvier 2009, j'ai demandé un débat d'urgence à la première occasion. Le Président de l'époque nous l'a accordé pour le lendemain parce qu'il fallait que les gens de la Chambre puissent s'organiser pour retourner chez eux le soir.
Entre-temps, sachant qu'il y aurait un débat à la Chambre le lendemain, les deux parties, qui reconnaissaient de grandes défaillances et de sérieuses lacunes dans leurs positions respectives, se sont entendues pour envoyer le tout en arbitrage. La grève a été réglée.
Le gouvernement peut aussi intervenir en utilisant sa force morale, en débattre, comme nous le faisons présentement, mais pas sous la menace.
Il se dessine ici une toile de fond. Je reviens à l'élection de 2008. Les gens qui étaient ici et la population canadienne se souviendront qu'au lendemain de ces élections, le gouvernement devait présenter une mise à jour des finances publiques. Lorsque le gouvernement l'a présentée à la Chambre, il y avait inséré quelques éléments qui n'avaient jamais été discutés pendant l'élection. L'un de ces éléments visait à suspendre le droit de grève des fonctionnaires. Ce droit de grève avait été reconnu dans les années 1960 par le Parlement à l'initiative de Lester Pearson. On n'a pas vraiment abusé de ce droit de grève au pays, mais il établissait un équilibre entre les forces patronales et le besoin syndical de se faire valoir. Le gouvernement, sans aucun préavis, proposait de suspendre le droit de grève des fonctionnaires.
Les trois partis de l'opposition de l'époque se sont entendus pour dire non, et c'est ce qui a mené à la prorogation dont je parlais tout à l'heure. Le gouvernement n'est pas revenu sur ce point, du moins pas à ce moment-là.
Voici un autre élément: il y a quelques jours, un des syndicats d'Air Canada a déclenché une grève à la suite de l'incapacité d'en venir à une entente. Tout le monde reconnaissait que les Canadiens qui utilisaient Air Canada, car il y a d'autres façons de se déplacer par aéronef qu'Air Canada, n'avaient pas tellement souffert de cette grève. En moins de 24 heures, moins d'une journée après que la grève soit déclenchée, le gouvernement a quand même déposé une loi de retour au travail. On n'a pas eu à disposer de cette loi parce qu'il y a eu une entente. Cela dit, comme n'importe qui venant du monde syndical, je suis certain que lorsqu'on sait qu'une loi forçant le retour au travail est en vue, on essaie de négocier.
Le troisième élément qui tisse cette toile de fond est celui que l'on vit présentement avec Postes Canada. Le syndicat de Postes Canada a décidé, après des négociations qui n'ont pas abouti et après un vote extrêmement fort de ses membres, de commencer une grève tournante qui affectait localement la livraison du courrier. Toutefois, les syndiqués et les gens du syndicat avaient accepté de livrer en tout temps les chèques des gens qui en avaient besoin. Ils faisaient quand même la part des choses.
Le 9 juin, ils ont proposé de retourner au travail si Postes Canada acceptait de remettre en vigueur les clauses qui étaient dans l'ancienne entente collective. Postes Canada a refusé. Mais elle allée beaucoup plus loin que cela. C'est là qu'elle a sorti le cadenas et imposer le lock-out, alors que les négociations se poursuivaient. C'est du jamais vu. Alors que les négociations se poursuivaient, le gouvernement est arrivé avec une loi pour forcer le retour au travail à la suite d'un lock-out. Cela ne tient plus.
Cette toile de fond est très inquiétante pour quiconque croit à la légitimité et à la légalité du droit de grève. Il y a une situation où, effectivement, il y a un droit qui a été reconnu depuis des décennies au pays, qui a son utilité, qui est dérangeant pour le côté patronal qui subit la grève ou pour les gens qui bénéficient de ces services et qui en ont besoin. Toutefois, il y a d'autres questions. Il y a celle du caractère essentiel du service qui peut entrer en ligne de compte, mais de cela, on n'en parle pas. Je crois qu'on reconnaît que cela dérange les commerçants et peut-être les organismes qui dépendent des contributions. Cependant, la nature même d'un droit de grève est qu'il faut que cela dérange pour pouvoir amener des pressions à la table des négociations. C'est ce que le syndicat tentait de faire et ce que Postes Canada n'a jamais voulu. On n'oublie pas qu'il n'y a qu'un seul actionnaire à Postes Canada, c'est la Couronne, c'est le gouvernement majoritaire conservateur, qui exerce ce droit pour la Couronne à ce moment-ci.
Cette toile de fond est très inquiétante pour quiconque croit au respect des droits reconnus dans un pays, et ce, décennie après décennie, législature après législature. C'est pour cela que nous allons proposer — comme mon collègue de l'a dit — certains amendements parce que la loi présentée est très draconienne et devrait être assouplie.
Comme je l'ai dit, on reconnaît qu'il peut y avoir des circonstances où le gouvernement peut et doit agir, mais celle-ci n'en est pas une. Le gouvernement se sert, comme disait le chef de mon parti, d'une matraque, d'un marteau, et dès lors, tous les problèmes prennent la forme d'un clou sur lequel ont doit frapper. Ce n'est pas ainsi qu'on résout les problèmes, ce n'est pas ainsi qu'une société évolue, ce n'est pas ainsi qu'on démontre du respect.
J'espère toujours que le gouvernement, dans sa volonté d'agir, prendra en considération les droits des gens. Notre passé est tout de même honorable à cet égard. On a connu une belle évolution sur le plan des droits syndicaux dans ce pays. Il y a des circonstances particulières, et surtout la toile de fond que je tisse. Il y a un gouvernement qui, alors qu'il était minoritaire, parlait de suspendre le droit de grève. Il y a un syndicat qui va en grève et se fait rappeler au travail sur l'ordre du gouvernement moins de 24 heures après le déclenchement de la grève. Maintenant, on a un gouvernement qui présente une loi qui force le retour au travail alors que les négociations étaient en cours, parce que l'employeur a sacré tout le monde à la porte à la suite d'un lock-out. J'espère que tout le monde qui écoute reconnaîtra que c'est une toile de fond qui peut être très inquiétante.
À cet égard, je crois que le gouvernement doit faire preuve d'un peu de souplesse et doit certainement mettre un peu d'eau dans son vin et en arriver à une solution, de préférence négociée. Retournons à la table de négociation — les syndicats ont indiqué qu'ils sont prêts à le faire — et assurons entretemps la livraison du courrier.
Finalement, seulement après que toutes les véritables tentatives réelles, franches et honnêtes auront été tentées et qu'elles n'auront pas fonctionné, à ce moment-là, on pourra concevoir que le gouvernement puisse revenir devant le Parlement. Rien n'empêche le gouvernement de rappeler le Parlement cet été. Présentement, on est appelés à siéger pendant 48 ou 72 heures. Au lieu de faire cela, on pourrait peut-être demander au syndicat et aux gestionnaires de la Société canadienne des postes de négocier et de s'entendre et, dès lors, tout le monde pourrait continuer à oeuvrer dans une meilleure entente et dans un meilleur environnement. Parce que si ce n'est pas le cas, cela risque d'être passablement difficile à Postes Canada pour un bon bout de temps.
:
Monsieur le Président, il y a maintenant un député libéral au Manitoba, soit deux fois moins qu'avant les dernières élections fédérales. J'imagine que le député apprécie la signification du chiffre un.
L'arrêt de travail à Postes Canada constitue un très grave problème. Comme je l'ai déjà dit, de nombreuses images symboliques sont associées à Postes Canada et aux services qu'elle offre aux Canadiens. Néanmoins, je prends un moment pour examiner l'importance de Postes Canada pour les entreprises.
Nombreuses sont les industries qui utilisent encore les services postaux traditionnels pour respecter leurs obligations commerciales et mener des activités rentables. Les entreprises canadiennes se remettent des secousses de la dernière récession, mais si on jette un coup d'oeil à ce qui se passe dans le monde, force est de constater que certains pays sont confrontés à divers défis, notamment de graves crises d'endettement national, ou à des conflits géopolitiques. Bon nombre de facteurs pourraient nuire considérablement au Canada.
Évitons de créer des difficultés au sein même du pays. Voilà ce que tente d'éviter le gouvernement en présentant cette mesure législative de retour au travail. Nous voulons aider les Canadiens à atteindre leur plein potentiel sur le plan financier, professionnel et personnel. Compte tenu des exigences de la nouvelle économie mondiale et de la nécessité de faire des gains d'efficience, la Société canadienne des postes met actuellement en oeuvre un important programme de renouvellement de l'infrastructure.
Le député de , qui est intervenu plus tôt, sait certainement que l'une de ces nouvelles grandes installations se trouve à Winnipeg, à la limite de nos deux circonscriptions. Ce programme de renouvellement de l'infrastructure aidera Postes Canada à faire des gains d'efficience et à mieux soutenir la concurrence.
On prévoit que les projets de renouvellement de l'infrastructure entraîneront des changements qui accroîtront les gains d'efficience et la souplesse de la société. De plus, le gouvernement s'attend à ce que les entreprises canadiennes bénéficient de ces changements notamment parce que l'expédition du courrier sera plus rapide et qu'il y aura de nouveaux types de services.
Les entreprises, particulièrement les petites entreprises, continueront d'utiliser le service postal traditionnel comme important moyen de communication, de marketing et de livraison des colis. En fait, Postes Canada donne du travail à plus de 500 000 Canadiens et représente, dans l'économie canadienne, le plus important facilitateur pour le commerce dans les régions éloignées. Si certains colis peuvent être livrés par des services de messagerie privés, Postes Canada constitue souvent le dernier maillon de la chaîne d'expédition à l'extérieur du corridor Montréal-Windsor et des autres grands centres urbains.
Un nombre impressionnant d'entreprises canadiennes recourent aux services de Postes Canada. La société a déclaré qu'elle compte environ 100 000 clients commerciaux, dont plus de 5 000 utilisent ses services pour plus de 50 000 $ par année. Ces chiffres montrent clairement l'importance de Postes Canada pour les petites entreprises et pour le commerce au Canada.
Postes Canada possède 60 p. 100 des parts du marché entreprise-consommateur auprès des entreprises comptant moins de 10 employés. Cet arrêt de travail cause du tort à ces petites entreprises. En fait, le propriétaire d'une petite entreprise de ma circonscription a communiqué avec moi aujourd'hui. Il veut que le gouvernement adopte immédiatement cette mesure législative, car son entreprise subit les contrecoups de l'arrêt de travail.
Certes, les services postaux sont importants pour les entreprises, mais ils sont tout aussi importants, sinon plus importants, pour les organismes de charité du Canada. Les organismes nationaux comme la Société canadienne du cancer, l'Association canadienne du diabète, la Fondation des maladies du coeur et la Société Alzheimer, pour n'en nommer que quelques-uns, ont besoin des services postaux pour recevoir des dons totalisant plus de un milliard de dollars par année.
Cet arrêt de travail a des répercussions tangibles sur ce segment important de la société canadienne, car les organismes reçoivent 25 p. 100 de leurs dons à la fin du printemps ou au début de l'été.
Ni les entreprises, ni les organismes de charité ne peuvent se permettre que cet arrêt de travail se poursuive.
Bon nombre d'entreprises se tournent vers d'autres moyens de communication en raison de l'arrêt de travail. Toutefois, aucune autre solution ne s'offre à certaines entreprises. Certaines petites entreprises n'ont pas la capacité de gérer leurs affaires en ligne ou ne disposent pas des moyens technologiques nécessaires pour le faire. D'autres font appel à des services de messagerie pour livrer leurs colis, mais elles doivent payer beaucoup plus cher que ce qu'elles paient habituellement à Postes Canada. Tout cela a des répercussions sur la rentabilité et la compétitivité des entreprises.
La plupart des petites entreprises et des organismes de charité se fient encore et toujours à Postes Canada pour transmettre leurs factures et recueillir des dons. En raison de cet arrêt de travail, les sommes dont ils disposent s'amenuisent. Les petites entreprises subissent les contrecoups des coûts supplémentaires qu'elles doivent payer, ce qui, en retour, cause du tort à l'économie canadienne.
Bref, la poste est un moteur important du commerce au Canada, qui est maintenant mis en péril par cet arrêt de travail.
À l'heure actuelle, tous les députés de la Chambre préféreraient sans aucun doute que Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes aient négocié une convention collective qui convient aux deux parties. Cependant, la réalité est toute autre: les parties ne sont pas parvenues à combler l'écart qui les sépare. Les répercussions de l'arrêt de travail sur notre pays sont de plus en plus importantes. Le gouvernement doit agir maintenant. Comme les parties ne sont pas en mesure de négocier une entente, un arbitre sera choisi et tranchera pour elles.
Comme je l'ai dit, l'interruption du service postal ne cesse d'avoir des conséquences pour les entreprises, les particuliers et le gouvernement du Canada. Je m'inquiète également des conséquences pour les contribuables canadiens.
Au départ, la menace d'une grève et le déclenchement des grèves tournantes ont suscité beaucoup d'incertitude liée à la distribution du courrier au Canada. Maintenant, la situation touche les particuliers et les familles canadiennes. Les futurs époux se demandent quand leurs invitations de mariage parviendront aux êtres qui leur sont chers. Les grands-mères ne peuvent envoyer de voeux d'anniversaire à leurs petits-enfants. Les étudiants attendent de recevoir leur matériel scolaire et de savoir s'ils sont acceptés à l'université. Les familles canadiennes veulent toutes partager leur expérience au moyen de la poste. Nous nous souvenons tous d'avoir reçu par la poste une lettre d'un être cher écrite à la main, de la première lettre d'un employeur ou du premier chèque de paye après de longues semaines de travail.
Postes Canada a vu diminuer le volume de lettres en raison de l'évolution des télécommunications. C'est le cas pour tout autre service postal partout dans le monde. La diminution du volume de lettres combinée à l'expansion des collectivités canadiennes entraîne un fardeau énorme pour Postes Canada. En effet, plus de 200 000 nouvelles adresses s'ajoutent chaque année, ce qui augmente les coûts liés à la distribution directe du courrier. Ajoutons à cela le fait que Postes Canada perdra des clients à cause de cette interruption. Je crains que la société d'État ne puisse demeurer viable.
Le Parlement a imposé des obligations à Postes Canada en vertu de la Loi sur la Société canadienne des postes et de la Loi sur la gestion des finances publiques. Postes Canada doit fournir un service postal universel à des tarifs abordables tout en demeurant autonome financièrement. Elle doit tirer un bénéfice du rendement des capitaux propres, verser des dividendes au gouvernement et ne pas recevoir de crédits parlementaires.
La situation est très grave. Postes Canada ne peut distribuer le courrier. Envisageons les choses sous l'angle des mois de négociations et des efforts inlassables de la ministre du Travail pour rallier les deux parties à une solution. Envisageons également les choses sous l'angle des familles d'un bout à l'autre du pays, qu'elles vivent en ville ou à la campagne, en appartement, en copropriété ou dans une maison. En envisageant les choses sous tous les angles de la société, nous constatons que Postes Canada joue un rôle partout.
La reprise économique au pays est fragile. La participation de Postes Canada à l'économie canadienne concerne des centaines de milliers de personnes et d'entreprises. Des milliards de dollars changent de mains par la poste. La situation à Postes Canada n'est pas viable. Le gouvernement doit agir rapidement et avec rigueur. On aurait souhaité que les choses se passent autrement. Imposer le retour au travail par un projet de loi est une solution de dernier recours, mais c'est actuellement la seule solution.
J'invite tous les députés à prendre le parti non pas de Postes Canada ou du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, mais le parti des Canadiens, qui doivent recevoir leur courrier. C'est ce qui se produira une fois adopté le projet de loi de retour au travail. Le Canada sera ainsi bien armé pour se battre sur la scène économique mondiale et pour continuer sa reprise économique.
Ensemble, nous pouvons y arriver et nous devons agir sans tarder.
:
Monsieur le Président, comme je n'ai pas pu poser de question au ministre, je vais poser des questions qui resteront sans réponse. Le ministre vient de nous dire que ce n'est pas le rôle du gouvernement de se mêler des affaires d'une société d'État et qu'on devrait le comprendre mieux que cela. J'ai une question, dans mon discours, à laquelle je n'aurai pas de réponse, et c'est la suivante: pourquoi, dans le projet de loi, le gouvernement conservateur fait-il une offre moins élevée que la proposition de l'employeur, qui est une société d'État? Pourtant, le ministre essaie de faire croire aux Canadiens et aux Canadiennes qu'il ne se mêle pas des affaires de la société d'État, que ce n'est pas son rôle. Par contre, il veut faire adopter un projet de loi où il impose des salaires.
Il dit que la dernière offre de Postes Canada proposait aux travailleurs, pour 2011, une augmentation de 1,9 p. 100. Or, au lieu de cela, le gouvernement conservateur va offrir 1,57 p. 100. Pour 2012, la proposition de l'employeur, la société d'État — et le gouvernement se vante de ne pas se mêler des affaires de cette dernière — avait proposé 1,9 p. 100. Le gouvernement conservateur, qui ne se mêle pas des affaires de la société d'État, offre 1,5 p. 100 dans le projet de loi. Pour 2013, Postes Canada faisait une offre finale de 1,9 p. 100. Or le gouvernement, encore là, change l'offre du patronat et dit que maintenant c'est 2 p. 100 pour 2013 et 2 p. 100 pour 2014. Les augmentations que les employés à Postes Canada recevaient étaient de 3,3 p. 100 en-deçà du taux d'inflation. Je n'aurai pas la réponse du ministre, et j'aurais aimé l'avoir. N'oublions pas que le gouvernement ne se mêle pas des affaires de la société d'État.
En plus de cela, le ministre a dit que le rôle du gouvernement était de mettre un mécanisme en place pour amener les parties à la table de négociation. Selon le mécanisme que je connais, quand on amène les employés et l'employeur à la table de négociation, on y amène aussi un arbitre et on ne dit pas à l'arbitre quoi faire, sauf d'essayer de trouver un juste milieu entre les deux et d'en venir à une entente. Si les deux parties ne le peuvent pas, l'arbitre peut trancher.
Or là encore, le ministre, qui dit qu'il ne se mêle pas des affaires de la société d'État et qu'on devrait le comprendre mieux que cela, dit que l'arbitre doit choisir l'offre finale qui a été mise sur la table. On imagine cela. Je ne sais pas si le ministre responsable des postes, qui vient juste de parler ce soir, sait ce que c'est qu'est une négociation. Moi, je le sais. Je suis un ancien négociateur, et j'en ai négociées, des conventions collectives. Si on inclut une disposition dans un projet de loi — qui deviendra loi — qui permet d'aller en médiation pendant huit semaines, par exemple — c'est une proposition qu'ils ont faite —, et que l'arbitre doit ensuite procéder avec l'offre finale, que va faire l'employeur? Il va laisser tomber la médiation. Il n'en viendra pas à une entente avec les employés parce que l'arbitre est pris avec l'offre finale, Or dans l'histoire, chaque fois qu'un arbitre a fait un arbitrage avec l'offre finale, il a toujours pris le parti de l'employeur, comme le gouvernement conservateur est en train de le faire. C'est toujours ce qui arrive.
Alors si le gouvernement ne veut pas se mêler des négociations elles-mêmes, pourquoi n'accepte-t-il pas ce qui est normal: faire des amendements au projet de loi?
Le chef du NPD a dit qu'on est ouverts et prêts à faire des amendements pour que l'arbitre ait le pouvoir, et si on n'est pas capable d'en arriver à une entente durant la médiation, on va présenter une convention collective qu'ils devront accepter. Le syndicat avait proposé cette partie-là.
Ce qu'on nous dit, c'est qu'en médiation, il y a un arbitre et qu'on doit au bout du compte accepter l'offre finale proposée par les deux parties. Ça va empêcher la partie patronale de faire une entente parce qu'il sait que l'autre est meilleure. C'est la même chose que le ministre devrait comprendre: en diminuant les salaires en deçà de ce qui avait été offert par le patronat et par la société d'État, comment veut-on que la société d'État veuille retourner à la table pour négocier une convention collective quand elle sait que le gouvernement va la protéger?
Postes Canada a fait 281 millions de dollars de profits en 2009. Combien Postes Canada a-t-elle fait de profits en 2010? J'aimerais le savoir, car Postes Canada tarde à nous donner le rapport des profits réalisés en 2010: il accuse déjà deux mois de retard. Combien de millions de dollars de profits a-t-elle faits? Où vont ces millions de dollars quand il y a un surplus? Au cours des 12 ou 13 dernières années, Postes Canada a fait des profits chaque année.
Postes Canada a-t-elle quelques milliards de dollars en banque ou cet argent est-il plutôt transféré au gouvernement du Canada? Si cet argent est transféré au gouvernement du Canada, cela explique pourquoi le gouvernement du Canada se mêle de la négociation de la société d'État, c'est parce qu'il veut avoir cet argent. Il coupe les acquis des travailleurs et des travailleuses, et il le fait au détriment de ces derniers. Ce gouvernement se vante, dans son budget, de réduire les impôts des travailleurs et des travailleuses, mais, de l'autre côté, il coupe leur salaire et vole toutes les réductions d'impôt octroyées. Cela n'est pas acceptable!
Dans son allocution, le ministre a parlé de la vieille dame qui attend sa belle carte, des personnes qui ont besoin de leur courrier et de la petite entreprise qui a besoin de son service de poste, mais en aucun temps il n'a parlé du travailleur qui a besoin de son régime de pension ou du travailleur qui a besoin d'un salaire décent et qui ne peut aller travailler moyennant une échelle salariale différente de celle de ses collègues de travail. Jamais le ministre n'a parlé de la santé et de la sécurité des travailleurs au travail. Jamais il n'a parlé des postiers qui livrent la poste l'hiver dans les régions rurales, dans des conditions incroyables comme on en connaît ici, au Canada. Jamais il n'a parlé pour les travailleurs! En aucun temps!
Par contre, il a dit que le NPD aurait pu régler cela à Vancouver en se débarrassant des travailleurs, comme l'ont fait les conservateurs. Non! Les travailleurs, sont des hommes et des femmes qui se lèvent chaque matin et qui travaillent pour bâtir ce pays. Les petites et les moyennes entreprises, ce sont aussi des travailleurs et on les respecte, les petites et les moyennes entreprises, aussi bien que n'importe quel employeur.
J'ai toujours eu du respect pour la compagnie Noranda où j'ai travaillé. C'est un gros employeur. J'ai dit une seule chose à la compagnie Noranda: si elle fait de l'argent, qu'elle partage avec ses travailleurs et ses travailleuses. Y a-t-il quelque chose de mal là-dedans? Qu'une compagnie fasse de l'argent, cela ne pose pas problème! Je souhaite qu'elle fasse de l'argent, mais qu'elle le partage ensuite avec ceux qui lui ont permis d'obtenir cet argent. Ce n'est pas le président de la compagnie qui est descendu sous la terre, qui a cassé la roche, qui a miné sous la terre et qui a mis sa vie en danger. C'étaient les mineurs qui le faisaient.
Si je comprends bien, le ministre voudrait que le NPD oublie les travailleurs. Selon sa manière de s'y prendre, il sélectionne les travailleurs.
Cette fois-ci, il n'y a que 45 000 travailleurs et il y a 33 millions de Canadiens. Mais on dit à ces 45 000 travailleurs « out the door », qu'on ne les protège pas parce qu'il faut s'occuper de 33 millions de personnes. La prochaine fois, ce sera les hommes et les femmes qui travaillent à Radio-Canada. Une autre fois, ce sera CBC. Tout le monde va y passer sous le gouvernement conservateur.
C'est pour cela que j'ai posé une question à la et même au : que leur ont fait les travailleurs et les travailleuses du Canada pour qu'ils les haïssent autant? S'ils croient dans la négociation libre d'une convention collective, pourquoi, après que les parties ne soient pas arrivées à s'entendre, s'en mêlent-ils en offrant un salaire moindre que ce qui était sur la table? Que leur ont fait ces gens qui travaillent et qui bâtissent le pays? Ce sont des gens qui travaillent fort partout. Les gens de chez nous laissent Caraquet, Shippagan, Bathurst, Tracadie-Sheila, Lamèque, Miscou, Grande-Anse et Maisonnette pour aller travailler fort dans l'Ouest et se séparent de leur famille. Oui, ils gagnent de bons salaires, mais pensons à ce qui leur en coûte de se séparer de leur famille. Qu'a fait ce monde au gouvernement conservateur? Le NPD a choisi de respecter les hommes et les femmes qui travaillent dans notre pays.
Il n'y a pas de différence entre les conservateurs et les libéraux là-dessus. En 1997, j'étais à la Chambre, quand les libéraux ont légiférer pour ordonner le retour au travail des travailleurs et travailleuses des postes. Ils ont fait la même chose. Dans la loi, ils ont offert un salaire moindre que ce qui avait été offert à la table de négociation. Ils n'ont rien à se vanter aujourd'hui. Ils n'ont pas à venir nous conter une histoire que c'était différent avec eux parce que les employés avaient fait une grève qui avait duré deux semaines. La seule chose qu'ils ont fait en 1997, c'est de légiférer un retour au travail. Il était correct de les punir et de couper leur salaire parce qu'ils avaient fait une grève de deux semaines? Les libéraux devraient penser à ce qu'ils disent. Ils devront y penser deux fois parce qu'ils ont fait la même chose que ce que les conservateurs font aujourd'hui. Que disent les conservateurs? Qu'ils ne font rien de différent des autres, que les libéraux l'ont fait en 1997. Maintenant, les libéraux se lèvent et déchirent leur chemise, comme le député de l'a fait cet après-midi, en disant que ce que fait le gouvernement est terrible.
Ce serait drôle d'aller lire dans les hansards les discours du député de . J'aimerais lire ce qu'il y disait; j'étais ici à l'époque. Le député de Bourassa peut faire comme moi, il peut parler pas mal fort. On sait tous au Québec à quel point le député de Bourassa peut parler. C'est ce qu'il a fait en 1997. Lui aussi s'était levé, et il ne parlait pas en bien des travailleurs et des travailleuses. Il disait à quel point ils étaient méchants d'avoir fait la grève.
Je dis aux gens de chez nous et d'ailleurs au Canada qu'on a de la sympathie pour les petites et moyennes entreprises, qu'on les comprend. On comprend la dame âgée qui aimerait recevoir sa carte de fête. Si on laisse le gouvernement conservateur attaquer tout le monde, par petits groupes, comme il veut le faire, quelle sorte de pays créerons-nous?
Si j'ai bien compris, la dit qu'on ne peut pas accepter que les gens ne reçoivent pas leur courrier. Elle est en train de dire que les travailleurs des postes sont des citoyens de deuxième classe, qu'ils n'ont pas le droit d'avoir un syndicat, de négocier une convention collective et d'avoir des droits comme les autres de faire une grève, qu'il faut qu'il y ait un lock-out.
Le gouvernement va plus loin que cela. Il dit que n'importe qui qui fait la grève est un citoyen de deuxième classe parce qu'il ne devrait pas faire cela. Cet individu est méchant parce qu'il y a 33 millions de personnes qui ne sont pas d'accord avec lui.
Ce n'est pas facile une grève. Ce n'est pas facile qu'il y ait un lock-out. S'il y en a un qui a traversé plusieurs grèves, c'est bien moi. On en a fait, des grèves. Mais aujourd'hui, si les femmes et les hommes qui travaillent à la mine sont capables d'avoir des fonds de pension et de prendre leur retraite, c'est parce qu'on a dû descendre dans la rue pour se battre contre la compagnie et nous donne ce gros argent qu'elle reçoit.
Pourquoi le gouvernement, dans son projet de loi, ne demande-t-il pas aux directeurs de Postes Canada d'accepter une diminution de salaire aussi? Pourquoi le gouvernement ne baisse-t-il pas les salaires et les fonds de pension de ses directeurs amis qu'il a nommés? Qu'il baisse aussi leur salaire et leur fonds de pension, parce qu'eux, ils sont bien payés. Le président de Postes Canada reçoit un boni en plus. Le leader du NPD l'a dit clairement ce soir. Plus Postes Canada fait de profits, plus les directeurs reçoivent de bonis. Cette société d'État veut couper les salaires des travailleurs et travailleuses, elle qui a fait 281 millions de dollars de profits l'année dernière.
Le leader du NPD a très bien dit à quel point on devrait respecter ces travailleurs et travailleuses. Qu'on pense à chacun de nous, députés. Lorsque le postier arrive chez nous, n'est-il pas assez gentil? N'est-on pas content de recevoir notre courrier? Lorsque ce sera fini, ils vont toujours aller chez vous, et on devra le regarder. Va-t-on être un de ceux qui va leur dire qu'on ne les a pas appuyés afin qu'ils conservent leur régime de soins de santé pour les médicaments et les maladies à long terme? On parle de personnes qui travaillent pour la société d'État et qui servent le public. Est-on dans les années 1940? S'en va-t-on dans les années 1930, avec le gouvernement conservateur?
Le gouvernement est en train d'établir quelle sorte de gouvernement il est. Ce soir, c'est plutôt clair. Il a parlé de la dame âgée, de la personne handicapée et de la personne qui attendait son courrier dans la petite entreprise, mais il n'a pas parlé du travailleur et de la travailleuse. Je veux que le monde qui écoute ce soir entende cela. J'ai écouté le ministre, et il a parlé de tout le monde sauf des travailleurs et travailleuses. Je n'ai pas honte de me battre pour les travailleurs et les travailleuses. Nos parents et nos grands-parents étaient des travailleurs et des travailleuses.
Mon père allait abattre des arbres dans le bois. Il en a coupé, du bois. Ce n'était pas la plus belle « job », mais c'était respectable. On faisait des planches de 2 x 4 avec le bois qu'il coupait, et des gens riches se construisaient de belles bâtisses avec ces planches. Le mineur ou la mineuse qui va sous terre, le pêcheur qui va pêcher en mer, est-ce eux que le gouvernement n'appuie pas? J'aimerais que les conservateurs pensent à tout cela.
On pourrait régler tout ça ce soir par des amendements au projet de loi. On sait que le gouvernement va faire adopter son projet de loi. Qu'on le veuille ou non, il a la majorité. Il dit avoir une majorité forte et solide, mais 40 p. 100 des gens ont voté pour eux, sur 61 p. 100 de la population qui a voté. Ce n'est pas une grande majorité, mais le système fait en sorte qu'il a la majorité au Parlement. Le projet de loi va être adopté, mais ça n'en fait pas un bon projet de loi. Est-ce que le gouvernement s'attaque aux travailleurs avec son projet de loi? Oui. Le gouvernement est-il en train de mettre en place un mécanisme pour conclure une convention collective avec les travailleurs des Postes? Il va peut-être y en avoir une, mais elle sera forcée par le gouvernement. Est-ce que ça donne des bonnes relations de travail par la suite? Non. Je le sais parce que je l'ai vu.
Quand on force du monde à faire quelque chose, ça ne marche pas. Si on force son enfant à faire quelque chose, il ne sera pas content. La façon de s'y prendre n'est-elle pas de lui faire comprendre pourquoi il devrait le faire? On appelle ça du bullying. C'est ce que le gouvernement est en train de faire.
[Traduction]
C'est de l'intimidation envers les travailleurs, et c'est inacceptable. Vous semez la discorde chez les travailleurs. Vous montez le reste de la société contre les travailleurs, et c'est inacceptable. Je recommande au gouvernement de réfléchir. Nous siégerons pendant toute la fin de semaine; vous pourrez donc y penser pendant toute la fin de semaine.
Quand j'étais mineur, j'ai travaillé très souvent pendant le quart de nuit. Cette nuit, mon quart est de minuit à six heures, mais je suis arrivé plus tôt pour faire mon travail. Je serai ici demain matin, à six heures. Je serai ici samedi. Je serai ici dimanche pour mener la lutte en faveur des travailleurs. Nous ferons tout notre possible pour obtenir le respect qui est dû aux hommes et aux femmes qui ont bâti ce pays. C'est cela que nous ferons.
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Monsieur le Président, j’aurais bien voulu céder mes 20 minutes au député d’ parce que je suis sûre qu’il a encore beaucoup à dire et qu’il parle avec une telle passion, mais je suis moi aussi fière d’exprimer mon appui aux hommes et aux femmes que Postes Canada a mis en lock-out.
J’ai suivi avec beaucoup d’attention le débat des derniers jours, tant sur les deux motions dont nous sommes saisis que sur le projet de loi lui-même. Je dois dire que le gouvernement s’est lancé dans la plus grande campagne de désinformation dont j’aie été témoin à la Chambre.
Examinons les faits. Voici la chronologie des événements qui nous a conduits au débat de ce soir. Le 24 mai, Postes Canada a publié un communiqué soutenant que les exigences du STTP coûteraient 1,4 milliard de dollars. Ce nombre n’a jamais été ni expliqué ni justifié. Le 1er juin, Postes Canada a poursuivi sa campagne de désinformation en prétendant que le volume du courrier avait baissé de 17 p. 100 depuis 2006.
Ensuite, le 2 juin, à 23 h 59, le STTP a commencé une série de grèves tournantes. Presque immédiatement, le 3 juin, Postes Canada a suspendu l’assurance-médicaments et d’autres avantages sociaux pour tous les employés, y compris ceux qui étaient en congé de maladie ou qui bénéficiaient de l’assurance-invalidité. Le 7 juin, Postes Canada a affirmé que le volume du courrier avait baissé de 50 p. 100 depuis le 3 juin. Le fait que cela ne correspondait pas du tout aux renseignements provenant des installations postales n’a pas empêché le gouvernement de propager ce mythe.
Le 8 juin, Postes Canada a annoncé que le courrier ne serait plus livré les mardis et jeudis. Le lendemain, 9 juin, la ministre du Travail a demandé au syndicat de mettre fin à ses grèves tournantes et à Postes Canada de rétablir le service postal. Le président de la société a répondu en prétendant que le STTP avait déposé sur la table de négociation plus de 50 exigences, tout en revenant sur plusieurs de ses offres. De son côté, le syndicat a convenu le 10 juin de suspendre ses activités de grève et de poursuivre les négociations. Malheureusement, cela n’a pas duré. À 18 heures, la direction de Postes Canada a rejeté l’offre du syndicat.
Le premier signe indiquant que le gouvernement avait pris la part de l’employeur s’est manifesté le 13 juin lorsque le STTP a astucieusement accusé Postes Canada d’essayer de forcer les travailleurs à déclencher une grève générale nationale pour obtenir du gouvernement conservateur majoritaire l’adoption d’une loi de retour au travail.
Le lendemain, nous avons été témoins de la transition rapide entre le ridicule et le sublime. Dans la matinée du 14 juin, Postes Canada a prétendu avoir perdu des recettes de 70 millions de dollars depuis le 3 juin. De son côté, la ministre du Travail, répondant à la question d’un journaliste, a dit à juste titre qu’il n’y avait pas lieu d’adopter une loi de retour au travail puisqu’il n’y avait que des grèves tournantes et que le courrier continuait d’être livré.
Dans la soirée du même jour, Postes Canada a fait monter les enchères en affirmant avoir subi un manque à gagner de près de 100 millions de dollars depuis le 3 juin, soit 30 millions de plus que le chiffre avancé le matin même. Bien sûr, la société s’est servie de ce chiffre pour justifier le déclenchement immédiat d’un lock-out national.
Il y a mieux encore. Voici ce qui s’est passé ensuite. Une fois de plus, il faut observer les écarts entre les déclarations du matin et celles de l’après-midi. Dans la matinée du 15 juin, la ministre du Travail a dit qu’elle n’avait reçu que très peu de plaintes découlant des grèves tournantes. Pourtant, dans l’après-midi, elle a annoncé que, par suite du lock-out national déclenché par Postes Canada, elle déposerait un projet de loi de retour au travail.
La façon dont Postes Canada a amené le gouvernement à déposer ce projet de loi permet de comprendre pourquoi la direction a refusé de négocier de bonne foi pendant les huit derniers mois. Elle a entrepris les négociations en étant déterminée à s’en prendre aux droits et aux avantages des travailleurs qui avaient fait de la société une entreprise rentable pendant 16 ans, ce qui lui a valu d’être récompensée de son intransigeance par le gouvernement conservateur.
De toute évidence, c’est Postes Canada qui a provoqué l’interruption de la livraison du courrier. Prétendre le contraire revient à propager un mythe. La société a agi ainsi parce qu’elle était persuadée que les conservateurs réagiraient en déposant le projet de loi de retour au travail qu’elle a toujours souhaité obtenir.
Cela ne dissipe qu’un seul mythe lié à l’ingérence tragique du gouvernement dans le processus de négociation collective. Permettez-moi de vous signaler quelques autres mythes dont j’ai entendu parler à la Chambre. Je crois en fait qu’il y en a au moins huit autres.
Mythe postal numéro 1: On affirme que personne n’écrit ou n’envoie de lettres. Il est vrai que le volume du courrier a lentement baissé, mais la lettre est loin d’être un moyen de communication mort et enterré. En fait, le volume des envois format lettre est de 10 p. 100 plus élevé qu’il ne l’était en 1997, lors de la dernière grève du STTP. On trouve ce chiffre dans le rapport annuel de Postes Canada.
Selon le deuxième mythe à propos de la poste, les tarifs postaux sont trop élevés. Notre timbre à 59 ¢ est l’une des meilleures affaires du monde industrialisé. Les Japonais paient l’équivalent de 94 ¢ CDN pour envoyer une lettre ordinaire par le courrier du régime intérieur. Ce tarif est de 88 ¢ en Autriche et de 78 ¢ en Allemagne.
Le prix réel d’un timbre a, en fait, diminué depuis que Postes Canada a été constituée en société d’État en octobre 1981. À l’époque, le gouvernement a lancé un timbre de 30 ¢ parce que la poste perdait des centaines de millions de dollars par année. Le prix d’un timbre a augmenté de 96,7 p. 100 depuis lors, de janvier 1982 à mars 2011, alors que l’indice des prix à la consommation s’est accru de 128,8 p. 100 au cours de la même période.
Examinons le troisième mythe: Postes Canada draine les deniers publics. En réalité, la poste et les postiers ne coûtent rien au public. Postes Canada a réalisé un profit de 1,7 milliard de dollars au cours des 15 dernières années et elle a versé 1,2 milliard en dividendes et en impôt sur le revenu au gouvernement fédéral. En assurant la rentabilité de Postes Canada, les travailleurs des postes économisent les derniers publics. Encore une fois, c’est ce qu’on peut lire dans les rapports annuels de Postes Canada.
Selon le mythe numéro quatre, Postes Canada a une faible productivité. En réalité, Postes Canada est très productive. Contrairement à de nombreuses entreprises, Postes Canada a nettement augmenté sa productivité au cours des deux dernières années. Par exemple, le niveau de productivité et de traitement du courrier pour le courrier transactionnel a augmenté de 6,7 p. 100. Autrement dit, le nombre de pièces de courrier traitées à l’heure rémunérée a augmenté.
De plus, le nombre de travailleurs a diminué. La société a fait des compressions de personnel pour compenser la diminution du volume de courrier. Proportionnellement, les réductions d’effectif ont été plus importantes que la baisse de volume. La société s’attend également à obtenir d’importants gains de productivité grâce à son programme de transformation postale d’une valeur de 2 milliards de dollars. Sa forte productivité a permis à Postes Canada de maintenir les tarifs postaux à un bas niveau, de réaliser des profits et de verser des sommes importantes dans les coffres de l’État sous forme de dividendes et d’impôt sur le revenu.
Cela nous amène au mythe numéro cinq. Les conservateurs disent qu’il y a une crise à Postes Canada parce que le volume des lettres a baissé de 17 p. 100. En réalité, comme je l’ai déjà dit, les volumes de courrier transactionnel ou de lettres de Postes Canada ont diminué de 7,2 p. 100 entre 2006 et 2009, en partie à cause de la récession économique. Les chiffres pour 2010 n’ont pas encore été publiés, mais compte tenu de la reprise économique, les volumes totaux vont probablement augmenter un peu grâce à la reprise du publipostage direct et à l’augmentation du volume de colis résultant de la plus grande acceptation des achats par Internet. Le volume des lettres diminue, mais pas tout à fait autant que Postes Canada voudrait le faire croire lorsqu’elle brandit le chiffre de 17 p. 100. Notre service postal n’est pas menacé de mort.
Selon le mythe numéro six, les travailleurs des postes ne veulent pas reconnaître les défis que posent certaines réalités comme la baisse des volumes de courrier et des recettes. Ce n’est pas vrai. Les travailleurs des postes sont conscients de ces défis. C’et pourquoi le STTP essaie de négocier des nouveaux services tels que les services bancaires. En 2008, la poste de 44 pays offrait des services bancaires qui produisaient 20 p. 100 de son revenu total. Une banque postale a existé dans notre pays entre 1867 et 1969. Il est peut-être temps de la ressusciter. Comme chacun sait, le STTP a déjà négocié des dispositions qui permettent à la Société et au syndicat d’expérimenter des nouveaux services, de créer des emplois et des nouvelles méthodes.
Selon le mythe numéro sept, Postes Canada doit négocier d’importants changements afin de pouvoir faire face à la diminution des volumes. Encore une fois, ce n’est pas vrai. La convention collective entre le STTP et Postes Canada permet déjà à cette dernière d’ajuster le niveau de son effectif et la Société a déjà réduit les heures de travail dans une proportion plus élevée que la baisse des volumes.
L’article 47 décrit un processus pour la restructuration des itinéraires des facteurs. Cette restructuration permet à la direction de réduire le nombre d’itinéraires de facteurs et de postes en fonction des volumes.
L’article 14 du contrat permet à la société de réduire les heures de travail à temps partiel et le nombre de postes internes, si bien que ce mythe ne tient pas non plus.
Vient ensuite le mythe numéro huit: les gens pensent qu’il est temps de privatiser ou de déréglementer Postes Canada. Ce n’est absolument pas vrai. Il est vrai que les entreprises de messagerie multinationales exercent régulièrement des pressions sur le gouvernement pour qu’il déréglemente Postes Canada. Ces entreprises veulent que le marché des lettres soit ouvert à la concurrence afin qu’elles puissent accroître leurs profits et leur part de ce marché.
Dernièrement, certains médias et instituts économiques de droite préconisaient une privatisation et une déréglementation, mais à part eux, à peu près tout le monde s’y oppose. En 2008, le gouvernement fédéral a effectué un examen de Postes Canada dont il a fait rapport en 2009. Ce rapport indiquait clairement que le public semble accorder peu d’appui, voire aucun, à la privatisation ou à la déréglementation de Postes Canada. Je suis fier de dire que les néo-démocrates se sont opposés énergiquement à la privatisation et à la déréglementation du service postal lorsque la Chambre a été saisie de cette question au cours de la dernière législature.
Si nous poursuivons ce débat, pourquoi ne pas centrer notre attention sur les véritables enjeux au lieu de perdre du temps au sujet des mythes que l’on propage, ce qui va totalement à l’encontre de la conclusion d’un règlement négocié entre le STTP et Postes Canada?
Permettez-moi d’entamer cette discussion en abordant un sujet en particulier, celui des pensions. Les femmes et les hommes qui travaillent au sein du service postal national du Canada travaillent pour tous les Canadiens et ils sont en lock-out aujourd’hui parce qu’ils défendent non seulement leurs propres conditions de travail et avantages sociaux, mais aussi des conditions et des avantages sociaux équitables pour tous les travailleurs canadiens.
Une des principales exigences que la direction de Postes Canada a formulées au cours de cette ronde de négociations est qu’il faut réduire les prestations de pension des travailleurs qui ont cotisé pendant toute leur carrière. Ce qui est encore plus scandaleux, c’est que la direction compte réduire énormément les prestations de pension pour les travailleurs nouvellement embauchés.
L’attaque contre les pensions dont nous sommes actuellement témoins dans le secteur privé comme dans le secteur public est inconsidérée, mal avisée et risquée financièrement. Lorsque les employeurs cherchent à trouver de l’argent pour financer les somptueuses primes accordées aux dirigeants, ils considèrent de plus en plus les régimes de pension des travailleurs comme une source de liquidités facile d’accès. C’est tout simplement répréhensible. Les pensions appartiennent aux travailleurs qui les ont gagnées, qui ont sacrifié l’amélioration de leur rémunération et de leurs avantages sociaux pendant de nombreuses années pour se constituer un fonds de pension fiable et équitable.
Les pensions sont des salaires différés, mais il semblerait que Postes Canada soit le porte-étendard d’un gouvernement qui cherche à exercer de fortes pressions à la baisse sur les régimes de pension des employés certainement dans l’espoir que cela entraînera l’amenuisement des prestations de retraite dans l’ensemble du secteur public et privé.
Comme première salve, Postes Canada cherche à semer la zizanie au sein du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes. La direction exige notamment que tous les travailleurs des postes nouvellement embauchés soient couverts par un régime de pension à cotisation déterminée plutôt qu’à prestations déterminées.
En passant, je crois utile de décrire brièvement les différences importantes entre les régimes de pension à prestations déterminées et à cotisation déterminée. Dans le premier cas, il s’agit d’un véritable régime de pension. Dans le deuxième cas, c’est à la grâce de Dieu.
La majorité des travailleurs du secteur public, environ 70 p. 100, ont actuellement un régime de pension à prestations déterminées. Cela veut dire que les employeurs et les employés y cotisent tous les deux sous la forme de salaire différé, comme je l’ai déjà mentionné. Selon la définition, lorsque le régime est à prestations déterminées, il promet aux travailleurs de leur verser, à leur retraite, un certain montant de prestations mensuelles généralement calculées en fonction des années de service, de l’âge et du niveau de salaire. Cela veut dire que les travailleurs ont une idée très précise du montant qu’ils toucheront à leur retraite et qu’ils peuvent planifier leur vie en conséquence.
Lorsqu’il s’agit de prestations déterminées, il faut mettre des fonds de côté pour les paiements futurs. Par contre, dans le cas du régime de pension à cotisation déterminée, les travailleurs et les employeurs versent dans le régime des cotisations d’un montant fixe, mais le montant des prestations que touchera le retraité dépend entièrement des hauts et des bas du marché. Un message circule actuellement dans les médias sociaux. Voici à peu près ce que l’on peut y lire:
Vous souvenez-vous quand les enseignants, les infirmières, les postiers, les bibliothécaires, les travailleurs sociaux, les employés des compagnies aériennes et les assistants en soins de santé ont fait s’effondrer la bourse, ont ruiné les banques, ont obtenu des milliards en renflouement et en primes et n’ont pas payé d’impôts?
Les travailleurs canadiens ne sont certainement pas responsables du désastre économique de ces dernières années, mais ils en ont certainement payé le prix. Dans un trop grand nombre de cas, les économies qu’ils avaient placées dans des régimes enregistrés d’épargne-retraite ont fondu. Les Canadiens qui avaient travaillé toute leur vie pour économiser pour leurs vieux jours ont vu leur argent se volatiliser. Certains retraités ont été pratiquement ruinés.
Voilà l’avenir que réservent les régimes de pension à cotisation déterminée: au mieux l’insécurité et au pire un désastre financier. C’est contre cela que se bat le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, au nom de tous les travailleurs canadiens.
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a aujourd’hui une crise, au Canada, sur le plan de la sécurité de la retraite. Même avant que nous ne ressentions entièrement les effets du choc démographique causé par la retraite des baby-boomers, un quart de millions d’aînés canadiens vivent actuellement dans la pauvreté. La majorité d’entre eux sont des femmes vivant seules. Il est honteux que dans un pays aussi riche que le nôtre, nous semblions trouver normal de laisser les hommes et les femmes qui ont bâti ce pays faire face à une pauvreté abjecte pendant leurs vieux jours.
Même si le gouvernement a appuyé tant notre motion relative aux pensions au cours de la dernière législature que notre motion sur la sécurité du revenu des aînés de cette semaine, ce n’étaient là évidemment que de vaines promesses de la part des conservateurs.
Ce que souhaitent les Canadiens, ce sont des pensions décentes et équitables sur lesquelles ils puissent compter pour partir à la retraite dans la dignité et le respect qu’ils méritent. Dans la population active canadienne, seuls 38 p. 100 de travailleurs ont un régime de pension. Près de 10 millions n’ont pas un régime de pension privé. Ces travailleurs doivent compter sur leurs propres économies, dans le cadre d’un REER, ou sur d’autres moyens d’assurer la sécurité de leur revenu à la retraite.
En 2007, 30 p. 100 des ménages canadiens n’avaient ni régime de pension ni économies accumulées dans un REER. Comme nous le savons tous, les comptes commerciaux dans lesquels sont détenues les sommes investies dans un REER font l’objet de frais de gestion qui comptent parmi les plus élevés du monde. Bref, les Canadiens ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour assurer leur retraite, particulièrement dans le secteur privé, où 75 p. 100 des travailleurs n’ont aucun régime de pension.
Compte tenu des réalités démographiques liées aux départs actuels et imminents à la retraite des membres de la génération du baby-boom, la situation déjà intenable des retraités canadiens ne fera qu’empirer. Si nous, législateurs, continuons à faire abstraction de cette crise, nous verrons monter en flèche le nombre des aînés vivant dans la pauvreté. Cela imposera des pressions accrues aux contribuables parce que nous assisterons à une hausse de la demande de services sociaux au moment même où les recettes fiscales diminueront.
Comme il constitue l’un des plus grands régimes de pension du monde, le RPC peut être la source d’une plus grande part des revenus de retraite des Canadiens. Compte tenu de sa portée nationale, il dispose de nombreux experts en investissements hautement compétents, qui peuvent veiller à constituer un portefeuille bien diversifié. Le RPC peut réaliser des économies d’échelle considérables sur les frais d’administration et de gestion.
Pour les travailleurs canadiens, le RPC offre un risque moindre, une plus grande certitude, la transférabilité et des prestations accrues, comme les prestations aux conjoints ainsi que les prestations de décès et d'invalidité et la protection contre l’inflation.
Nous devons développer notre régime de pension national, public et universel. Nous pouvons commencer par élaborer un plan responsable visant à doubler les prestations sur un certain nombre d’années. Nous devrions collaborer avec les provinces pour permettre aux travailleurs et aux employeurs de faire des contributions volontaires. Nous devrions immédiatement porter le SRG à un niveau suffisant pour sortir tous les aînés canadiens de la pauvreté.
Le gouvernement manque de responsabilité sociale et financière d’abord en omettant d’apporter les améliorations nécessaires au RPC et au SRG afin de rehausser le niveau de vie des Canadiens qui vivent actuellement dans la pauvreté. Il est répréhensible de compromettre davantage la sécurité de la retraite des Canadiens en appuyant les employeurs déterminés à affaiblir les régimes de pension d’entreprise, comme le fait actuellement Postes Canada.
Partout dans le pays, les Canadiens comprennent que la lutte des travailleurs des postes pour une pension équitable et décente constitue en fait la lutte de tous les travailleurs et, bien sûr, de tous les Canadiens. Les autres travailleurs du secteur public comprennent certainement à fond les répercussions des exigences aussi injustes que déraisonnables de Postes Canada visant à affaiblir les dispositions relatives aux pensions pour lesquelles les travailleurs ont mené un dur combat.
Ils savent que si Postes Canada réussit à miner son régime de pension, il n’y aura pas longtemps à attendre pour voir le gouvernement -- qui est déterminé à accorder des milliards en concessions fiscales aux grandes sociétés et à construire des kiosques -- s’attaquer à leurs propres pensions.
Tous les travailleurs comprennent qu’en affaiblissant les pensions, on imposerait des pressions à la baisse qui rendraient les travailleurs et les aînés plus vulnérables à l’indignité de la pauvreté dans leur retraite.
Il y a seulement quelques jours, tous les partis de la Chambre, y compris les conservateurs, ont voté en faveur de la motion présentée par ma collègue, la députée de . Cette motion demandait à la Chambre de mettre fin à la pauvreté des aînés, compte tenu que c'est réalisable du point de vue financier, et demandait au gouvernement de prendre des mesures immédiates pour augmenter suffisamment le Supplément de revenu garanti pour atteindre cet objectif.
Le gouvernement a maintenant l'occasion de montrer aux Canadiens qu'il a davantage que des promesses vides à offrir aux travailleurs et aux aînés. En guise de conclusion, je tiens simplement à réitérer ma solidarité envers tous les membres du STTP, et en particulier ceux de ma ville, Hamilton, qui sont dirigés par le président Mark Platt.
Et, bien entendu, j'aimerais adresser des salutations spéciales à tous les hommes et les femmes qui travaillent dans les établissements de traitement du courrier d'Upper Gage et Upper James dans Hamilton Mountain, et dont le service et les sacrifices ont renforcé notre communauté et permis d'établir des liens d'amitié. Nous exprimons notre solidarité afin de protéger non seulement leurs pensions, mais aussi celles des travailleurs qui ne peuvent pas encore imaginer le moment où ils en auront besoin. Cette solidarité remarquable et inspirante mérite le soutien de tous les députés.
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Monsieur le Président, afin de comprendre les actions du gouvernement, j'ai lu le projet de loi , j'y ai réfléchi et j'ai également écouté religieusement les motifs invoqués par le gouvernement pour le présenter.
Nous avons ici une société qui verse à son principal dirigeant un salaire de 660 000 $ par année pour qu'il soumette ses employés à un lock-out, sous prétexte qu'elle n'a pas les moyens d'augmenter décemment les salaires. Nous avons aussi un gouvernement qui ramène de force ces employés au travail dans des conditions qui révèlent moins de prévoyance que celles que l'employeur lui-même offrait. Nous avons un gouvernement qui jette bas le masque à peine trois semaines après le début de la 41e législature, montrant ainsi le visage hideux qu'avaient deviné 60 p. 100 des Canadiens, le 2 mai.
Il ne me reste plus que deux ou trois façons d'interpréter la situation actuelle. La conclusion la plus évidente est que le projet de loi qui nous occupe, le , obéit à un objectif qui dépasse de beaucoup la portée de l'actuel conflit de travail. D'après les questions et les propos à son appui que tiennent les gens d'en face, c'est comme si le projet de loi était en profonde contradiction avec l'objet et les engagements exposés dans le Code canadien du travail, dont le préambule promet de « favoriser le bien-être de tous par l'encouragement de la pratique des libres négociations collectives et du règlement positif des différends ». C'est comme s'il tournait le dos à une longue — et je cite — « tradition canadienne de législation et de politique du travail ». Cette tradition, façonnée par les employeurs, les syndicats et les travailleurs, reconnaît et soutient les libres négociations collectives comme — et je cite à nouveau le préambule de la loi qui est censée régir ce processus — « les fondements de relations du travail fructueuses permettant d'établir de bonnes conditions de travail et de saines relations entre les travailleurs et les employeurs ».
Le projet de loi semble représenter une attaque contre la notion même de libre négociation collective, une menace pour l'existence même des syndicats et la négation du droit même des travailleurs d'y adhérer.
Ce projet de loi porte atteinte au droit de libre association. Il va à l'encontre de l'engagement international que le Canada a pris de respecter la liberté d'association et de protéger ce droit d'association, garanti par la Convention 87 de l'Organisation internationale du travail.
Enfin, il ne fait aucun doute que ce projet de loi va à l'encontre de l'engagement qu'a pris le Parlement du Canada, qui est énoncé dans le préambule du Code canadien du travail, à savoir continuer et accentuer son appui aux efforts conjugués des travailleurs et du patronat pour établir de bonnes relations et des méthodes de règlement positif des différends et établir de bonnes relations de travail pour servir l'intérêt véritable du Canada en assurant à tous une juste part des fruits du progrès.
C'est le constat que nous faisons de ce côté-ci de la Chambre.
Par ailleurs, lorsque j'écoute les députés d'en face, qui cherchent à se justifier, je me demande s'ils comprennent bien comment le processus de négociation collective, tel qu'il est décrit dans le Code canadien du travail, est censé fonctionner. Quand j'entends la utiliser le mot « grève » pour parler de ce lock-out, je me dis que j'ai raison de me poser cette question. C'est la même chose quand j'entends les députés d'en face répéter un après l'autre que ce conflit de travail est une grève.
Ce que nous voulons au bout du compte, ce que nous souhaitons, c'est que la partie patronale et le syndicat parviennent à une entente équitable. Il y a de cela plusieurs décennies, le Canada a décidé, pour favoriser le plus possible l'atteinte d'un tel objectif, d'établir un régime de relations de travail qui permet aux travailleurs, s'ils le souhaitent, de négocier collectivement avec leur employeur. Ce régime découle du fait qu'un employé est relativement impuissant devant son employeur.
Bien qu'elle puisse paraître radicale pour les députés d'en face, c'est une notion qui fait l'objet d'un consensus dans toutes les démocraties occidentales depuis des décennies. Notre régime de relations de travail permet aux travailleurs de décider ensemble, toujours dans le cadre d'un processus démocratique, s'ils souhaitent négocier avec leur employeur de façon individuelle ou collective.
Notre régime de relations de travail s'appuie sur un processus de résolution des différends, qui est essentiellement axé sur la dissuasion réciproque. C'est-à-dire que ce régime est conçu pour inciter les parties à arriver à une résolution dans les négociations collectives, sachant que si l'une se comporte d'une manière que l'on juge déraisonnable, l'autre pourra déclencher une grève ou imposer un lock-out.
C'est un régime qui offre, ou devrait offrir, aux parties un contexte prévisible pour négocier et administrer leur convention collective. Pour que cela fonctionne, les deux parties doivent comprendre les règles et les normes de conduite. Elles doivent comprendre les conséquences qu'entraînerait un comportement déraisonnable, et savoir quelles pourraient être les répercussions si elles devaient présenter des demandes que l'autre partie juge excessives.
Les parties apprennent à se connaître dans un tel contexte. Avec le temps, elles ont une meilleure idée de la façon dont l'autre partie réagit et se comporte, à la table de négociation et ailleurs. C'est un aspect extrêmement important de notre régime.
Bien que les personnes assises autour de la table de négociation puissent changer, au fil du temps, les parties établissent des relations, bonnes ou mauvaises, qui leur permettent de prendre des décisions éclairées en ce qui a trait aux négociations.
Le but des règles de conduite et du contexte de compréhension mutuelle est de faire en sorte que les parties sont libres de négocier. Il peut arriver que quelqu'un fasse une bévue ou une erreur de calcul. Il peut aussi arriver, pour bien des raisons, que quelqu'un sorte carrément du cadre normal des choses. Quoi qu'il en soit, pour que les parties puissent reprendre les négociations en toute bonne foi, elles doivent savoir qu'elles ont le pouvoir d'exercer leurs droits. Elles doivent être en mesure d'évaluer si la position qu'elles adoptent vaut les pertes de salaires pour les travailleurs ou les pertes de revenus pour l'employeur.
Comprenons bien que le régime reconnaît aux deux parties le droit de déclencher une grève ou d'imposer un lock-out, mais elles doivent toutes deux savoir que si elles optent pour ces solutions, elles le font en sachant parfaitement qu'il y aura des conséquences.
Lorsqu'une partie n'a plus à assumer les conséquences de ses actions — et c'est ce que fait le gouvernement conservateur avec cette mesure législative —, tout le régime des relations de travail s'écroule. On ne peut plus rien prévoir. Les parties n'ont plus à assumer les conséquences de leurs calculs et de leurs décisions. Il y a maintenant un nouvel ensemble de calculs qui définissent la façon dont une personne se conduit à la table des négociations et ailleurs.
En présentant le projet de loi , le gouvernement conservateur a libéré l'employeur de l'incitatif, dans le cadre de ce régime de relations de travail, qui le pousserait à agir de façon raisonnable, à agir de façon rationnelle et à devoir assumer les conséquences du pouvoir économique qu'il a exercé en mettant les travailleurs en lock-out.
Bien que le gouvernement actuel dise souhaiter un terrain d'entente, il a, par ce projet de loi, éliminé cette possibilité dans cette ronde de négociations. De plus, par son intervention, il a sérieusement compromis la possibilité de trouver un terrain d'entente dans l'avenir. La seule chose que l'on peut prévoir dans cette relation de négociation, c'est que le gouvernement conservateur interrompra et compromettra l'exercice d'une négociation collective libre dans un régime de relations de travail qui vise à apporter un semblant d'équilibre entre les travailleurs et les employeurs. La seule chose prévisible, c'est qu'un gouvernement conservateur exercera son pouvoir de retirer aux travailleurs la capacité de négocier avec leurs employeurs.
Qui plus est, le gouvernement a, en fait, indiqué par ce projet de loi que tous les employeurs visés par ce code, et partout au pays, n'ont plus à assumer les conséquences de leurs actions. Ce signal aura des répercussions sur les tables de négociation de compétence fédérale, à tout le moins, et compromettra les chances de collaboration mutuelle et d'entente entre les employeurs et les travailleurs partout au pays.
Par ce projet de loi, le gouvernement dit aux employeurs qu'ils peuvent essayer de voir ce qu'ils peuvent obtenir des travailleurs. Ils seront à l'abri de toute répercussion et n'auront pas à subir les conséquences de ce qu'ils font à la table de négociation.
Cette façon d'agir ne cadre pas avec un régime de relations de travail qui est censé être au service des Canadiens et de notre économie. Le projet de loi nuit profondément à tous les Canadiens en raison des incidences plus globales qu'il a sur un régime de relations de travail qui se veut mature et coopératif au Canada.
Pour comprendre toute la mesure du tort causé à tous les Canadiens, il faut placer convenablement la négociation collective dans le contexte de notre histoire et de notre économie. Il faut comprendre que la libre négociation collective se situe à la base de notre économie et que c'est à elle qu'on doit une bonne part de la richesse dont jouit notre pays depuis que nous avons adopté ce système.
Il faut reconnaître que notre régime de relations de travail est loin d'être parfait. Trop de personnes n'ont pas accès à la syndicalisation et, donc, à la richesse qu'elle crée, mais notre régime est assez vaste pour qu'il y ait assez de travailleurs occupant des emplois convenables et bien payés pour constituer une classe moyenne prospère au Canada. Notre régime a doté notre pays de travailleurs capables de s'offrir les biens qu'ils produisent, d'acheter et de meubler de belles habitations, de payer des études collégiales ou universitaires à leurs enfants et de prendre une retraite aisée grâce à un salaire différé qui prend la forme de prestations de retraite.
Le régime de relations de travail devait constituer, et constituait en effet pour les travailleurs, un moyen de profiter aussi de la richesse qu'ils créent par leurs compétences et leur travail. Le régime de relations de travail est tant et si bien partie intégrante de notre économie qu'il a servi de base à la conception de notre système de pensions. Mais surtout, nous avons édifié autour de ce régime un pays qui se caractérise par la générosité et la compassion et qui se fonde sur une assiette fiscale que sous-tendent des emplois décents et bien rémunérés. Le régime nous a permis d'avoir des programmes sociaux qui protègent les plus vulnérables et leur permettent de vivre dans la dignité. Il nous a permis d'établir un système d'éducation postsecondaire accessible à tant de Canadiens. Plus particulièrement, il nous a permis de créer un système universel de soins de santé.
Toutefois, nous voyons maintenant chez nous des initiatives qui minent le régime de relations de travail et la libre négociation collective qu'il est censé protéger. Ces initiatives prennent la forme d'accords de libre-échange qui ne protègent pas les moyens de subsistance des Canadiens, d'ententes conclues avec des pays où les salaires sont bas, d'ententes avec des pays qui ne comptent aucune mouvement ouvrier, d'ententes avec des pays où l'on fait travailler les enfants, d'ententes avec des pays où, en réalité, la négociation collective est exclue et où les syndicalistes sont ciblés par des hommes de main et des escadrons de la mort. Nous constatons des attaques directes contre le régime lui-même — comme ce qui est en train de se produire ce soir —, des attaques qui permettent aux employeurs de se soustraire à un régime de relations de travail qui est bon pour tous les Canadiens, de faire comme s'il n'existait pas ou d'en abuser.
Le gouvernement impose aux travailleurs des postes des salaires inférieurs à ce que l'employeur cherchait à leur imposer, ce qui représente la pointe acérée et empoisonnée d'un plan économique différent, un plan qui continue d'entraîner le Canada dans une très mauvaise direction, bien loin de celle que nous empruntions quand la libre négociation collective bénéficiait de l'appui des Canadiens et du gouvernement canadien.
Cette étape du plan économique, le gouvernement conservateur l'appelle la prochaine phase du Plan d'action économique du Canada, mais dans ce cas-ci, toute l'action se passe sur une pente descendante — pour les travailleurs, pour leurs salaires et leurs pensions, et pour les services publics sur lesquels ils comptent. Nous constatons les effets de ce plan à l'échelle du Canada: les emplois manufacturiers bien rémunérés disparaissent, la syndicalisation est en perte de vitesse, la classe moyenne s'efface, et les services publics et ses travailleurs sont de plus en plus menacés.
Nous vivons maintenant dans un pays où un travailleur sur quatre et un adulte sur six gagne moins que le salaire correspondant au seuil de la pauvreté. Parmi les pays de l'OCDE, le Canada vient au deuxième rang, derrière les États-Unis, au chapitre des pays où les salaires sont bas. La proportion des travailleurs qui gagnent moins des deux tiers du salaire moyen est deux fois plus élevée que sur le territoire continental européen et beaucoup plus élevé que dans les pays scandinaves. Nous nous retrouvons avec une polarisation lamentable et croissante du revenu, alors que les gouvernements fédéraux favorisent les uns après les autres des économies dans lesquelles la richesse n'est pas équitablement partagée.
Ce projet de loi maintient clairement cette tendance: une société avec à sa tête un PDG qui gagne 660 000 $ qui impose un lock-out à des travailleurs qui gagnent une fraction de ce montant, et un gouvernement qui ordonne le retour au travail de ces employés et qui leur impose des salaires inférieurs à ceux proposés par leur employeur.
En tant que résidant de la circonscription de Beaches—East York, à Toronto, j'ai été témoin des conséquences de tels projets de loi. Toronto est maintenant divisée en trois groupes distincts selon les revenus. Le groupe des revenus moyens a rétréci de façon spectaculaire, celui des revenus élevés a grossi, et celui des faibles revenus a considérablement grossi.
Il y a de nombreuses années, les deux tiers des quartiers de Toronto étaient habités par des gens à revenu moyen. Aujourd'hui, cette proportion est passée à un tiers. Les quartiers défavorisés qui ne représentaient auparavant que 20 p. 100 de la ville, en représentent maintenant la moitié. Au cours de la même période, Toronto a vu le revenu moyen des ménages baisser de presque 10 p. 100.
Cette tendance vers une baisse du revenu est évidente dans ma circonscription, Beaches—York-Est. Dans cette collectivité qui comptait jadis surtout des travailleurs à revenu moyen, on trouve de plus en plus de gens qui vivent dans la pauvreté.
Ma circonscription et ma ville, Toronto, ainsi que le Canada bénéficieraient d'un retour à une époque où le gouvernement appuyait le régime de relations de travail et en faisait la promotion. Ce faisant, il protégeait le gagne-pain des travailleurs canadiens. Ce régime assurait de bons emplois, de bons salaires et de bonnes pensions et favorisait la santé des quartiers et des collectivités de nos villes, à l'échelle de tout le pays.
Voilà pourquoi j'affirme avec certitude que même si ce projet de loi porte sur un conflit de travail précis, il jette les bases d'un plan plus large, plus hostile et plus pernicieux qu'on ne peut voir de prime abord. Il contribue grandement à façonner le genre de pays que nous craignons de devenir.
Le gouvernement doit respecter les principes énoncés dans le préambule du Code canadien du travail, en l'occurrence favoriser le bien-être de tous par l’encouragement de la pratique des libres négociations collectives et du règlement positif des différends et par l'établissement de bonnes relations de travail pour servir l'intérêt du Canada en assurant à tous une juste part des fruits du progrès.
Je suis fier de défendre la cause du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes ce soir et, ce faisant, je défends l'ensemble des Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir participer au débat sur ce projet de loi et sur la motion prévoyant que l'on prenne le temps d'examiner plus en détail les répercussions de celui-ci. Je pense qu'il serait très utile de se consacrer à cette tâche pendant six mois.
Si le gouvernement avait réfléchi un peu plus aux répercussions de ses gestes, il n'aurait pas agi avec autant de véhémence pour fouler aux pieds les droits de ces travailleurs.
J'ai entendu les députés d'en face soulever plusieurs thèmes tout au long de la journée, dont celui des méchants grands syndicats. Ils parlent des syndicats comme si c'était le diable incarné; ils en parlent comme s'ils étaient à l'origine de tous les maux de la terre.
Je n'arrive pas à comprendre cela, car je suis sûr qu'il y a beaucoup de femmes et d'hommes qui, dans leur collectivité et dans leur circonscription, ont décidé, par vote démocratique, de faire partie d'un syndicat, qui sont entrés dans un secteur où un syndicat était en place. Ces électeurs ont réussi à avoir un salaire décent, des indemnités de maladie et peut-être un régime de retraite, faisant ainsi partie des 30 p. 100 de travailleurs canadiens qui ont la chance d'avoir une retraite. En d'autres termes, il y a des gens qui profitent des droits et des possibilités qu'offrent la négociation collective, le travail en commun et la possibilité d'avoir, dans leur milieu de travail, un contrôle sur les salaires, les avantages sociaux et les conditions de travail.
Je ne vois pas pourquoi n'importe quel député de cette Chambre plaiderait contre cela. C'est comme si, parce que les gens font partie d'un groupe, cela est négatif alors que ce serait positif s'il s'agissait de particuliers. Comment cela se fait-il? Ce n'est tout simplement pas logique.
Si les députés se donnaient la peine de regarder vraiment quelle genre d'organisation est un syndicat, ils verraient en fait ce que je sais après avoir été syndiqué, à savoir qu'un syndicat est l'une des organisations les plus démocratiques de la société. Ses chefs sont élus, un peu comme les membres des partis politiques. Les décisions et les procédures d'exploitation sont établies dans des règlements que tout le monde peut voir. Il a inévitablement une constitution, qui contrôle la marche de l'organisation. Les finances de l'organisation sont entièrement publiques. Les prises de décision au sein de l'organisation sont entièrement publiques. Le syndicat tient régulièrement des assemblées générales afin que tous les membres puissent participer aux activités quotidiennes de l'organisation.
Comme j'ai fait partie d'un syndicat pendant de nombreuses années, je sais pertinemment que si un membre n'est pas satisfait de la façon dont l'organisation est menée, il peut se rendre à la réunion tenue le deuxième mercredi de chaque mois ou à tout autre moment décidé à cette fin par le syndicat, pour exprimer ses préoccupations. Voilà comment fonctionne un syndicat. Quand il s'agit de voir comment les syndicats dépensent les cotisations qu'ils reçoivent, comment ils se préparent à la négociation collective, tout cela est décidé par leurs membres.
Cela ressemble un peu à d'autres organisations, comme les partis politiques, où tous les membres ne veulent pas nécessairement participer aux activités quotidiennes et où certains de ceux qui ne sont pas contents de la façon dont les choses marchent, et rouspètent et grognent contre les décisions qui sont prises, ne sont pas prêts à aller à la réunion du mercredi soir pour participer à ces décisions. Cela arrive. Toutefois, le point important est que les décisions sont prises par la majorité tout comme à l'occasion de nos élections, et les autres membres du groupe ou de l'électorat vivent avec les résultats.
Je ne parlerai au nom d'aucun autre parti de cette Chambre mais, tout comme notre parti, le syndicat ne représente pas seulement les gens qui ont voté pour lui ou qui y adhèrent. Il représente l'ensemble des membres, car en vertu de son mandat, il est responsable de l'ensemble des membres syndiqués et doit agir de manière responsable pour négocier de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, en plus d'agir constructivement pour le compte de l'ensemble des membres, qu'ils y adhèrent ou non.
Je puis concevoir dans une certaine mesure que, compte tenu de la façon dont le gouvernement a agi, il ne comprend peut-être pas cela. Ce que j'entends dire, c'est que le gouvernement semble penser que si une région donnée ne compte pas de députés conservateurs, elle n'obtiendra pas de petits cadeaux. Si les gens n'ont élu aucun membre du gouvernement dans leur province, ils n'auront pas droit, comme certains autres, au genre de traitement de faveur qu'on a pu voir au cours de la lutte électorale. J'affirme que c'est totalement inadmissible, et notre chef, le , a répété à de nombreuses reprises que notre responsabilité, ici, était de défendre les intérêts de tous les Canadiens, et c'est exactement ce que fait le caucus du NPD.
C'est précisément le rôle rempli depuis 150 ans par les syndicats dans notre société canadienne. Les syndicats ont joué un rôle important partout au pays pour veiller à ce que nous ayons une bonne politique sociale. Cela comprend des mesures comme nos pensions, le Régime de pensions du Canada; l'assurance-emploi; les lois du travail, qui établissent la semaine de travail normale et font en sorte que les gens n'aient pas à travailler sept jours par semaine, qu'il n'y ait pas de travail des enfants, que les droits humains fondamentaux soient respectés en milieu de travail, qu'on ait des programmes de santé et de sécurité générale, que les gens soient protégés et qu'ils aient le droit de refuser. Toutes ces protections de base, qui sont en place dans tous les milieux de travail, découlent en grande partie du travail des syndicats, qui sont à l'oeuvre depuis 150 ans dans notre pays.
Encore une fois, j'enjoins les députés d'en face de ne pas avoir une opinion aussi négative des syndicats et de reconnaître que, dans les faits, ils sont formés d'hommes, de femmes et de familles qui travaillent fort, qui tentent d'améliorer leur milieu de travail, de subvenir aux besoins de leur famille, et qui oeuvrent chaque jour, sans relâche, à développer leur collectivité et à améliorer la vie de l'ensemble des Canadiens.
Je dois aussi vous faire part de mes préoccupations quant à certains autres commentaires que le parti ministériel ne cesse de répéter. Il y a d'abord le fait que les négociations duraient depuis huit mois et que l'on a soudainement décidé que cela prenait trop de temps. J'ai participé à des négociations dans le secteur public qui se sont étendues sur quelques années en raison de circonstances particulières, mais aussi, bien évidemment, de mésententes entre l'employeur et le syndicat. Les parties n'ont jamais toutefois cessé de négocier. Elles ont continué à chercher des solutions et à s'efforcer de régler les problèmes. Il ne suffit pas qu'une certaine période se soit écoulée et que les parties commencent à utiliser des moyens de pression pour que l'on soit justifié de mettre fin au processus en décidant d'intervenir sous prétexte que l'on aurait assez perdu de temps. En agissant de la sorte, le gouvernement impose un critère de façon inappropriée. Ce n'est pas à lui de le faire. Ce sont les parties en cause qui doivent décider.
Si les gens ont porté attention à l'ensemble du débat et aux interventions des députés du NPD, qui forment l'opposition officielle, ils ont pu comprendre que les parties en l'espèce n'arrivaient pas à trouver un terrain d'entente à l'égard de diverses questions, ce qui a incité le syndicat à avoir recours à l'un des outils à sa disposition. Dans la boîte à outils du syndicat, le droit de grève constitue l'arme absolue. Pour une raison ou une autre, on a choisi de ne pas l'utiliser. Je pense que c'est surtout dû au fait que le syndicat a lui-même reconnu qu'il s'agissait d'une arme de dernier recours et qu'il ne souhaitait pas paralyser entièrement les services postaux au pays parce qu'il comprenait que l'on n'en était qu'aux premières étapes de la négociation et qu'il y avait encore un large fossé à combler entre les parties. Il fallait donc faire quelque chose pour tenter un rapprochement et le syndicat a opté pour certaines tactiques moins radicales en amorçant un lent processus de grèves tournantes.
Un certain nombre de nos électeurs nous l'ont dit. Nous l'avons entendu ici même. C'est officiellement consigné. Des députés d'en face ont fait lecture de messages de leurs électeurs qui indiquaient que les grèves tournantes ne leur causaient pas problème. Ce mouvement de grève ne les indisposait pas, mais ils n'appréciaient pas voir une société d'État décider de mettre le cadenas sur ses portes.
C'est à ce moment-là que les services postaux ont complètement arrêté. C'est à ce moment-là que les factures et les chèques ont cessé de circuler pour les petites entreprises dont tout le monde du côté gouvernemental semble parler. C'est à ce moment-là qu'ils ont été arrêtés, et ce n'est pas lorsque le syndicat employait ses tactiques. Les services postaux ont cessé lorsque la direction s'en est mêlée et lorsqu'elle a cadenassé tous les lieux de travail de Postes Canada au pays. C'est à ce moment-là que tout a été arrêté. On nous l'a dit autant comme autant, alors nous comprenons que c'est ce qui s'est passé.
On pourrait penser que la façon appropriée de réagir à cette situation aurait été d'enlever les cadenas, d'ouvrir les portes et de laisser les travailleurs rentrer au travail et livrer le courrier. Cela n'aurait-il pas été la solution? Cela n'aurait-il pas été la meilleure façon de réagir?
Des voix: Oh, oh!
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole après le député de . Il s'exprime avec beaucoup d'éloquence.
Ma voix est peut-être un peu enrouée à une heure du matin. Mais même si nos voix sont un peu enrouées et que nous avons la gorge un peu irritée, nous continuerons de faire entendre nos voix à la Chambre des communes pour défendre les intérêts des travailleurs canadiens.
Mes antécédents sont différents de ceux du député de . Il a parlé avec beaucoup de fierté de sa participation aux mouvements ouvrier et syndical. Je n'ai jamais été membre d'un syndicat, même lorsque j'étais ouvrier. J'ai travaillé dans des manufactures, mais sans être syndiqué. Je suis retourné aux études et je suis devenu administrateur. J'ai négocié des conventions collectives, mais toujours au sein de la partie patronale. J'ai exploité des commerces et j'ai reçu deux prix d'excellence en affaires, en 2003 et en 2004. Je comprends, du point de vue de l'entreprise, à quel point il est nécessaire de laisser libre cours à la négociation collective et de laisser les parties patronale et syndicale travailler ensemble pour trouver des solutions.
Mais dans ce cas-ci, il n'y a pas de négociation collective libre et juste. En fait, c'est tout le contraire. C'est la raison pour laquelle les députés du NPD prennent encore la parole à la Chambre des communes à une heure du matin pour dénoncer cette situation. Le gouvernement devrait lever le lock-out, laisser le service postal reprendre et permettre au syndicat et à la direction de négocier une convention collective, comme le souhaitent de nombreux Canadiens.
J'aimerais rendre hommage à la diversité du caucus néo-démocrate, la nouvelle opposition officielle. Les membres du caucus viennent de milieux différents. Nous avons des propriétaires de petites entreprises, des gestionnaires, des infirmières, des médecins, des avocats et des ouvriers. Jamais la Chambre des communes n'a connu un caucus aussi diversifié. Cela nous permet d'apporter une vaste expérience à ce débat.
Le manque d'expérience des ministériels à l'égard des négociations collectives ressort clairement dans le débat de ce soir. Je n'ai pas assisté à toutes les interventions, mais j'ai entendu au moins une vingtaine de députés conservateurs, notamment des membres du Cabinet, parler de la grève à Postes Canada alors qu'il s'agit d'un lock-out. Ces propos révèlent clairement qu'ils manquent d'expérience et qu'ils ne comprennent pas la différence entre un lock-out et une grève.
Il y a grève lorsque les travailleurs refusent de travailler. Il y a lock-out lorsque l'employeur empêche les travailleurs d'entrer au travail. Or, dans le cas présent, l'employeur a interrompu les activités et mis le cadenas sur la porte. Le chef du NPD et le caucus néo-démocrate demandent que l'employeur lève ce lock-out pour permettre la reprise du service postal. Voilà pourquoi nous sommes ici ce soir.
Sans vouloir être méchant, j'affirme que cette confusion révèle un manque d'expérience et de diversité au sein du caucus conservateur. Seulement un ou deux députés conservateurs possèdent de l'expérience ou des antécédents syndicaux. Toutefois, et c'est fort important, dans un tiers des ménages canadiens on trouve une personne qui appartient à un mouvement syndical, c'est-à-dire à un groupe de travailleurs qui se sont regroupés pour protéger leurs intérêts en milieu de travail.
La capacité de participer à des négociations collectives et de faire partie d'un syndicat constitue un élément essentiel de toute démocratie. Si les travailleurs n'ont pas ces droits, ils ne vivent pas en démocratie. Voilà des principes démocratiques fondamentaux qui tiennent à coeur à de très nombreux Canadiens. D'autre part, l'équilibre entre la partie patronale et la partie syndicale constitue un élément essentiel de la négociation collective. Ainsi, pour que les parties en arrivent à une entente, elles doivent négocier de façon honnête et sincère.
Or, ce n'est pas ce qui s'est passé dans le cas qui nous intéresse ici. Les députés qui débattent cette question ce soir possèdent des antécédents et des expériences très variés et les députés néo-démocrates ont exprimé des opinions très diversifiées, mais contrairement à ce que prétend le gouvernement, les députés conservateurs tiennent tous le même discours et commettent tous la même erreur en désignant un lock-out comme étant une grève alors qu'il y a une différence fondamentale entre ces deux notions. Qui plus est, les conservateurs prétendent que les négociations durent depuis environ huit mois.
Nous savons que c'est faux. Nous savons que les travailleurs de Postes Canada ont sincèrement voulu en arriver à une entente, qu'ils ont tenté de négocier et que Postes Canada a fait preuve de mauvaise foi. Voilà la réalité.
Les travailleurs ont donné un mandat de grève au syndicat dans une proportion de 94 p. 100, et malgré les quelques courriels qui ont été lus ici ce soir par des députés conservateurs, il me semble évident qu'avec un mandat aussi fort, soit 94 p. 100, les travailleurs de Postes Canada sont bien déterminés à négocier avec la direction. Malgré cela, la direction a tout simplement refusé de négocier de bonne foi avec les travailleurs et elle a ensuite fait cesser toutes les activités du système de distribution du courrier. Elle a tout d'abord décidé de cesser ses opérations deux jours par semaine, empêchant ainsi les Canadiens de recevoir leur courrier. Les travailleurs de Postes Canada, que ce soit les trieurs de courrier ou les facteurs, par exemple celui qui gravit les 30 marches menant à mon domicile, qui est situé en haut de la côte de l'avenue Glover, et qui les redescend ensuite, ont déclaré que les services essentiels continueraient d'être offerts et que les chèques continueraient d'être distribués aux aînés. La direction est par la suite intervenue et a fait cesser toutes les activités du système postal.
Il aurait fallu intervenir de manière plus réfléchie et plus mesurée, mais étant donné qu'il n'y a aucune diversité chez les conservateurs et que le gouvernement ne comprend pas qu'il est important de maintenir un équilibre dans le régime démocratique canadien, il en a été tout autrement. Comme mon collègue de l'a mentionné, le gouvernement a employé les grands moyens et a présenté une mesure législative qui entrave tout processus de négociation collective et impose aux travailleurs de Postes Canada l'orientation du gouvernement en la matière.
Qu'a fait le gouvernement? Il a tout d'abord imposé une diminution des salaires. Il semble que toute augmentation doit être évaluée en fonction du taux d'inflation actuel. Mes collègues du caucus du NPD et moi-même en sommes renversés. Les conservateurs de l'autre côté de la Chambre ignorent la différence entre le taux d'inflation et une réelle augmentation. S'il y a une augmentation de 2 p. 100 et que le taux d'inflation est de 3 p. 100, n'importe quel député du NPD dira qu'il s'agit d'une réduction nette de 1 p. 100. Les conservateurs, eux, affirment qu'il s'agit en quelque sorte d'une augmentation de salaire, alors qu'en réalité, il s'agit d'une diminution.
Voilà les conditions imposées par le gouvernement aux 50 000 facteurs et trieurs de courrier partout au Canada, des gens qui ont du mal à joindre les deux bouts. Année après année, le gouvernement leur imposera une réduction de salaire obligatoire. C'est à mon avis le principal problème posé par le fait que le gouvernement s'ingère dans les négociations collectives. C'est tout à fait inapproprié. Si le caucus conservateur était aussi diversifié que le caucus du NPD, le gouvernement y aurait sans doute pensé à deux fois avant de s'immiscer dans ce conflit de manière aussi irresponsable.
Parlons maintenant des pensions. Comme nous le savons, la réduction imposée par le gouvernement conservateur a aussi de profondes répercussions sur les pensions. De ce côté de la Chambre, le NPD s'est battu pour les pensions. Nos prédécesseurs du CCF, qui se trouvaient peut-être dans un autre coin de la Chambre lorsque le caucus était plus petit, avaient avancé l'idée que les personnes qui travaillent devraient avoir droit à une pension et qu'en fait, à la fin de leur vie active, elles devraient pouvoir profiter du fait qu'elles ont travaillé toute leur vie et recevoir une pension. À l'époque, cette idée avait été jugée radicale et elle avait été décriée tant par les conservateurs que par les libéraux.
C'est le NPD qui a défendu cette cause. Nous avons été vertement critiqués. Nous avons été vilipendés par les conservateurs et les libéraux, mais grâce à notre persévérance et aux efforts que nous avons déployés auprès des travailleurs d'un bout à l'autre du pays, on considère aujourd'hui les pensions comme un avantage pour les Canadiens.
Nous nous sommes battus pour le régime public d'assurance-maladie. Nous nous sommes également battus pour le régime d'assurance-emploi. Chacune de nos batailles a suscité les mêmes paroles creuses de l'autre côté de la Chambre, mais nous avons remporté toutes ces batailles puisque aucun député n'est plus dévoué qu'un député néo-démocrate. Nous ne baisserons pas les bras. Nous ferons entendre notre voix tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas construit la société à laquelle aspirent tous les Canadiens.
L'élément lié aux pensions de ce véritable coup de massue que portent les conservateurs sur les facteurs et les trieurs de courrier de Postes Canada fait en sorte que bon nombre de jeunes travailleurs qui joindront les rangs de Postes Canada ne pourront espérer prendre leur retraite à 65 ans. Ils risquent de prendre leur retraite beaucoup, beaucoup plus tard et de toucher une pension beaucoup, beaucoup plus petite.
Il est totalement irresponsable que le gouvernement condamne à la pauvreté de jeunes employés qui joignent les rangs de Postes Canada alors que des centaines de milliers d'aînés de notre pays vivent sous le seuil de la pauvreté. Je ne trouve pas d'autres mots pour exprimer ce que je pense.
Troisièmement, le gouvernement s'en prend également aux jeunes travailleurs. Nous savons que les temps sont toujours durs sous les conservateurs, surtout pour les jeunes Canadiens. Peut-être est-ce pour cette raison que notre caucus compte une vingtaine de jeunes députés. Les jeunes Canadiens se retrouvent dans notre parti et ils risquent de payer le prix de toutes ces politiques conservatrices qui ont pour effet d'abaisser les salaires, de restreindre les débouchés, d'éliminer ultimement les pensions et d'imposer le plus haut taux d'endettement aux étudiants de toute l'histoire de notre pays, surtout en Colombie-Britannique, d'où je viens.
La mise en application de ces propositions, de ce véritable coup de massue qu'assène le gouvernement, fait en sorte que les jeunes Canadiens ou les néo-Canadiens qui joindront les rangs de Postes Canada travailleront pour toujours à des salaires moindres et ne pourront jamais espérer bénéficier de la sécurité de retraite à laquelle nous aspirons tous.
Voilà trois raisons pour lesquelles nous nous opposons à cette mesure législative. Elle est inadéquate et irresponsable. Si le gouvernement était avisé et s'il reflétait la diversité de notre caucus, il n'aurait pas agi ainsi.
Cette mesure législative est peut-être motivée par une autre raison. Mon collègue de a posé une question qui laissait entendre que le gouvernement agit peut-être par idéologie.
Je suis choqué.
: Le député de se dit choqué.
Nous nous souvenons tous des événements ayant précédé le 2 mai. Nous nous rappelons la vague orange à de nombreux endroits au pays. Ce n'était peut-être qu'une réaction de la part du conservateur, mais à l'époque, il a déclaré que nous n'avions pas à nous inquiéter et qu'il agirait avec modération s'il était réélu à son poste. Et pourtant, ce projet de loi est très immodéré et cause un grave préjudice à 50 000 familles au pays. Des gens qui ont travaillé dans les services postaux et qui ont servi leur pays se voient traités très irrespectueusement, selon moi.
On pourrait dire qu'il s'agit encore une fois d'un exemple du programme très radical du gouvernement, lui qui vient s'immiscer dans les négociations collectives comme il a essayé de le faire avec Air Canada, dans le but d'introduire des éléments hautement inappropriés, qui pénalisent les travailleurs pour des pratiques de gestion dont ils ne sont pas responsables, à Postes Canada, et qu'on ne saurait qualifier autrement que de mauvaises pratiques. Ce que le gouvernement est en train d'essayer de faire cette nuit est très fortement teinté idéologiquement et est hautement inapproprié.
À l'instar de mon collègue de , je me demande, dans une perspective plus générale, qui seront les prochains. Le précédent que l'on cherche à établir est absolument inacceptable. Nous sommes fondamentalement en désaccord lorsqu'on nous propose de payer moins cher les jeunes Canadiens et de moins bien doter la caisse de retraite de ceux qui feront leur entrée sur le marché du travail dans les années à venir. Nous ne souscrivons pas du tout à l'idée qu'année après année, les fonctionnaires qui oeuvrent pour Postes Canada — puisque c'est ainsi qu'on devrait les appeler —, c'est-à-dire les gens qui trient le courrier et qui nous le livrent tous les jours, devraient subir une réduction salariale nette de 1 p. 100, tel que le prévoit cette convention massue. Nous ne sommes pas d'accord parce que nous en pressentons l'effet sur la classe moyenne partout au pays. Les politiques de ce genre sont des attaques contre la classe moyenne canadienne. Nous avons pu observer l'érosion de notre classe moyenne au cours du mandat des conservateurs. Les Canadiens de la classe moyenne gagnent moins d'argent. Leur niveau d'endettement a presque doublé au cours des dernières années. Ils travaillent des heures de plus en plus longues et sont payés de moins en moins cher.
Par le passé, c'est la libre négociation collective, ce grand égalisateur, et la possibilité d'adhérer à un syndicat qui ont souvent permis d'assurer la croissance de la classe moyenne. Il y a une seule façon de décrire cela. Dans son discours spectaculaire, plus tôt dans la soirée, le chef de l'opposition officielle et député de a rendu hommage au rôle historique que le mouvement syndical a joué dans la construction de notre pays et dans la formation de la classe moyenne.
Nous voulons nous assurer que les Canadiens de la classe moyenne sont prospères. Nous voulons préserver le système de freins et de contrepoids qui est assuré par l'interaction entre les membres du mouvement syndical et les membres de la direction. Nous voulons aussi préserver les éléments fondamentaux dont le député de a parlé dans son exposé fascinant sur les négociations collectives et sur l'importance d'assurer cet équilibre crucial, importance qui n'est pas comprise par tous les députés conservateurs.
Nous avons observé une érosion, et il faut y mettre fin. Nous nous opposons fondamentalement à l'adoption de politiques mesquines qui avantagent peu de personnes aux dépens d'un grand nombre.
Il ne fait aucun doute que cette mesure législative récompense les mauvaises pratiques de gestion. Elle récompense les membres de la direction, qui ne se sont pas engagés activement ou sincèrement dans les négociations avec le syndicat. Cette mesure leur donne un chèque en blanc. Elle entraîne une érosion fondamentale des droits à la négociation collective. Elle nuit à 50 000 familles de travailleurs et, plus important encore, elle nuira à des milliers d'autres Canadiens chaque année qu'elle sera en vigueur.
C'est un principe fondamental. La représentation de notre parti à la Chambre est passée de 13 députés à 19, puis à 29, puis à 36 et, finalement, à 103 parce que les familles de travailleurs du Canada nous croient quand nous leur disons que nous voulons un Canada où tout le monde compte, où aucune personne n'est laissée pour compte, où il y a un équilibre entre les riches et les pauvres, où les gens de la classe moyenne peuvent prospérer, et où les Canadiens démunis peuvent sortir de la pauvreté. Ce sont les principes que nous défendons à la Chambre des communes. C'est pourquoi notre caucus se bat si farouchement ce soir pour protéger les droits des travailleurs canadiens.
Nous continuerons de le faire parce que c'est bon pour le Canada. C'est pourquoi nous sommes ici, et nous n'abandonnerons pas le combat. Nous ne nous tairons pas tant que le gouvernement n'entendra pas raison.
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Madame la Présidente, je reste tranquillement assis pendant leurs interventions et je leur demanderais d'en faire autant.
On a déjà parlé du droit à la négociation collective. Ce droit est garanti par la Charte canadienne des droits et libertés. Il est également protégé par des conventions internationales dont le Canada est signataire. Le pays est donc lié par ces conventions.
Négocier collectivement signifie aussi négocier librement. C'est là où ça devient intéressant et difficile pour le gouvernement. La libre négociation collective appelle des négociations entre deux parties privées. Chaque partie a le droit de négocier une convention collective. Au fond, une convention collective, c'est un contrat. La négociation collective est régie par le droit contractuel canadien. J'aurais pensé que le droit de deux parties de négocier librement un contrat serait quelque chose qu'appuieraient les conservateurs.
Les conservateurs prétendent appuyer les entreprises privées et protéger le droit de conclure librement des contrats dans ce pays. Dans ce cas, les conservateurs n'ont d'autre choix que de laisser l'entreprise privée, en l'occurence une société d'État, une entité indépendante du gouvernement, s'asseoir avec l'autre entité privée, dans ce cas un syndicat, et de respecter leur droit de négocier les conditions de leur relation en paix, sans s'ingérer de façon excessive en leur imposant un règlement. Je ne pense pas que les conservateurs toléreraient une minute que le gouvernement intervienne dans les décisions de deux entreprises qui négocient un contrat de vente. S'il est vrai que les conservateurs croient à la liberté de passer des contrats, ce qui vaut pour l'un vaut aussi pour l'autre. Il doivent être cohérents, mais ils ne le sont pas et ce projet de loi le démontre clairement.
La loi n'autorise clairement le gouvernement à intervenir dans le processus des libres conventions collectives qu'en deux circonstances. L'une concerne les services essentiels. L'un des députés d'en face, qui, à ce que je sache, a déjà été policier, comprendrait cela. Je pense que c'est la raison pour laquelle il a cru, bien à tort, qu'il n'y avait pas de droit de grève, ce qui est vrai pour les services essentiels. Très souvent, c'est le motif invoqué par le législateur pour refuser d'accorder le droit de grève. La police ne peut pas faire la grève. Les urgentistes, les pompiers parfois, les ambulanciers paramédicaux non plus. Ces groupes professionnels n'ont souvent pas ce droit.
La deuxième exception intervient lorsque la grève menace la santé et la sécurité du public, ce qu'il faut prouver, parfois devant une commission des relations de travail.
Je suggère respectueusement qu'aucune de ces conditions ne se présente dans le cas qui nous occupe.
Je tiens à parler de la grève. Les propos des gens d'en face prouvent qu'ils sont dans l'erreur et qu'ils ne distinguent pas la grève du lock-out. Encore une fois, sans vouloir trop insister, il ne s'agit pas d'une grève, mais d'un lock-out. Toutefois, ce que je m'apprête à dire s'appliquera aux deux situations également.
La négociation collective étant une négociation, elle comporte une augmentation graduelle de la pression. C'est pour inciter les parties à s'entendre. On peut, par exemple, commencer par tenir un vote de grève. Le syndicat quittera la table des négociations, sondera ses membres et reviendra avec un mandat de grève, ce qui donnera à l'employeur une idée de l'appui dont il jouit et le signal, habituellement, de changer son fusil d'épaule.
L'employeur peut avoir recours au processus de l'offre finale, dans le cadre duquel il présente une offre finale au syndicat et impose un vote sur cette offre. Cela peut inciter le syndicat à changer sa position à la table de négociation. Les employés peuvent faire du zèle, c'est-à-dire qu'au lieu de se mettre en grève, ils travaillent en respectant au pied de la lettre les dispositions de la convention collective. C'est un moyen de pression auquel ils ont recours avant de déclencher une grève. Le syndicat peut décider qu'il y aura des grèves tournantes, ce qui se rapproche le plus d'une grève complète. Chacune de ces mesures individuelles fait partie du processus de négociation collective. Au bout du compte, il y a grève ou lock-out.
L'objectif d'une grève ou d'un lock-out est de faire du tort. C'est le dernier moyen auquel on a recours pour exercer le plus de pression possible sur l'autre partie sur les plans économique, politique et social. Le gouvernement semble penser que seules les grèves qui n'ont aucune conséquence pour qui que ce soit devraient être permises, que seules les grèves qui n'occasionnent aucun problème devraient être autorisées.
Le gouvernement pourrait tolérer les grèves seulement si elles sont inefficaces. Cela va à l'encontre de l'objectif même d'une grève. Il veut priver du droit de grève les employés dont le travail a des répercussions sur la collectivité. Il est prêt à accorder ce droit aux groupes qui n'ont pas un grand pouvoir économique. On pourrait donner quelques exemples qui illustrent très bien cela.
Par exemple, je ne pense pas que quiconque s'en souvienne, à l'exception des députés de l'Alberta, mais je peux mentionner une grève qui a eu lieu à Edmonton dans les années 1980. Les employés de la menuiserie Zeidler ont déclenché une grève, qui a duré huit ans. Pourquoi? Parce qu'aucun gouvernement ne les obligés à reprendre le travail. Aucun gouvernement n'a forcé l'employeur à retourner à la table de négociation. Aucun gouvernement n'a soumis le litige à un processus d'arbitrage exécutoire ou à un processus de l'offre finale qui donnerait lieu à la signature d'une convention collective. Pourquoi? Parce que les travailleurs de Zeidler constituaient un petit groupe marginal dont le travail n'avait aucune répercussion sur qui que ce soit. Dans ce cas précis, le gouvernement a laissé souffrir les travailleurs. Bien sûr, de nombreux députés d'en face auraient été tout à fait favorables à cela.
L'an dernier, les travailleurs de Vale Inco au Canada ont eu maille à partir avec la multinationale milliardaire et ils ont fait la grève pendant un an. Est-ce que le gouvernement les a forcés à retourner au travail? Non. Pourquoi? Parce que l'employeur avait des milliards de dollars en poche et pouvait facilement survivre à la grève. Une petite collectivité abritant des centaines de familles a énormément souffert de ce conflit, mais cela ne justifiait pas une intervention.
Dans le cas présent, j'avancerais que le syndicat a veillé à ce que l'interruption des services se fasse de manière tempérée et contrôlée, mais quand il a exercé un peu plus de pression, le gouvernement a paniqué. Celui-ci a décidé que les travailleurs devaient retourner au travail immédiatement compte tenu des pressions qu'ils exerçaient. C'est un bel exemple d'application à sens unique du mécanisme de grève et de lock-out.
Pourquoi se battaient les syndicats qui ont déclenché une grève ou fait pression sur les employeurs au fil des ans? Je pourrais faire des recherches plus poussées, mais j'ai une courte liste des éléments pour lesquels les syndicats se sont battus et qu'ils ont obtenus pour la population canadienne: salaire minimum; congés payés; périodes minimales de repos entre les quarts de travail, y compris le week-end; congés fériés payés; congé parental; comités de santé et sécurité au travail et normes de sécurité; pensions; régimes de santé et d'aide sociale, y compris les soins dentaires, oculaires et médicaux.
Voilà pourquoi les syndicats vont en grève. Ce sont souvent de petits groupes de personnes qui sacrifient leurs propres intérêts financiers pour améliorer le sort de la collectivité. Toutes les familles canadiennes ont profité des sacrifices de ces braves hommes et femmes, et elles tireront également profit de la bataille que livrent bravement aujourd'hui les travailleurs du STTP.
Pour ce qui est de l'ingérence dans le processus de négociation collective, le gouvernement serait outré si quiconque s'ingérait dans les relations contractuelles établies entre deux joueurs du secteur privé. Par contre, il ne se gène pas pour le faire lui-même quand un syndicat est en cause. Penchons-nous sur l'ingérence du gouvernement.
Non seulement le gouvernement a-t-il fait intrusion dans le conflit, mais il a en plus commencé à rédiger un contrat pour l'une des deux parties. Le gouvernement a prévu dans sa loi des salaires moins élevés que ceux que la direction était prête à offrir. Comment peut-on justifier une telle chose? L'État est en train de rédiger un contrat privé. Bon sang, nous avons une bande de socialistes devant nous. Les députés d'en face ne nous ont jamais donné d'explication à cet égard.
J'aimerais aussi parler de nos collègues du Parti libéral, parce leur position change selon la semaine, le mois, l'année ou la décennie dans laquelle on se trouve. Je tâcherai de peser mes mots. Je me limiterai à la vérité.
En 1997, le Parti libéral avait présenté une mesure législative semblable à celle dont la Chambre est saisie. Il a forcé les travailleurs du STTP à retourner au travail et leur a imposé des salaires. C'est très intéressant d'entendre les libéraux parler de ce projet de loi.
Et ce n'est pas la seule fois. C'est un bilan lamentable, puisque, en 1965, le gouvernement libéral a proposé une mesure législative qui enlèverait le droit de grève à tous ses employés, point à la ligne. J'hésite à en parler, parce que le présent gouvernement conservateur copie ce que les libéraux ont fait en 1997, et je ne voudrais certainement pas qu'ils copient ce que les libéraux ont fait en 1965. Je veux être prudent.
En 1993, les Libéraux ont congédié 10 000 travailleurs à temps partiel chargés des envois publicitaires, la plus importante mise à pied de toute l'histoire du Canada. Ces travailleurs livraient le courrier publicitaire sans adresse au secteur privé. Je crois que les Canadiens doivent être au courant de cela lorsqu'ils voient les libéraux se lever et prétendre qu'ils sont du côté des travailleurs dans ce litige.
J'aimerais aussi parler un peu de ce qui est sur la table et des risques inhérents à ce projet de loi. Postes Canada propose de traiter ses nouveaux employés de manière tout à fait différente. La société d'État veut avoir deux catégories de travailleurs. En effet, les nouveaux employés recevraient des salaires 18 p. 100 moins élevés que ceux des employés actuels, ils auraient à travailler cinq ans de plus avant d'être admissibles à la retraite, ils adhéreraient à un régime à cotisations déterminées plutôt qu'à un régime à prestations déterminées. Les députés savent-ils ce qu'est un régime à cotisations déterminées? Ce n'est pas un régime de pension, mais plutôt un RÉR; c'est ce dont il s'agit. Aucun revenu de pension n'est garanti lorsqu'une personne prend sa retraite, et tout le risque du régime de retraite repose sur les travailleurs, et non sur l'employeur. Il y a aussi des avantages réduits au moment de la retraite.
J'aimerais parler également de ce qui est en jeu au chapitre des pensions, ce qui intéresse tous les Canadiens, parce que la sécurité de la retraite est très importante. Il y a ici également un régime à deux niveaux, ce à quoi les travailleurs s'opposent. Ils se battent pour la sécurité de leur retraite.
Le gouvernement se vante d'avoir favorisé l'emploi. Il brandit fièrement le nombre d'emplois qu'il a créés ainsi que ses résultats financiers. J'ai remarqué qu'il établit toujours une comparaison avec juillet 2009, soit au beau milieu de la récession. Malgré ces résultats, il manque encore d'emplois de qualité, car ce sont des emplois à temps partiel, temporaires et généralement dans le secteur des services qui ont été créés. Nous devrions plutôt demander aux Canadiens s'il y a davantage d'emplois professionnels qui permettent de faire vivre une famille qu'en 2006, lorsque les conservateurs ont été portés au pouvoir. D'après moi, ce n'est absolument pas le cas.
Est-ce que les emplois que le gouvernement se vante d'avoir créés sont à l'image de ceux que propose Postes Canada, c'est-à-dire qu'ils sont accompagnés de salaires inférieurs, de pensions réduites et de plus longues années de travail avant la retraite? Quel sorte d'héritage transmettons-nous à la nouvelle génération en leur offrant des emplois moins bien rémunérés qui ne permettent pas de faire vivre une famille?
Je viens de l'Est de Vancouver, où une maison se vend en moyenne 850 000 $, et où un appartement avec deux chambres à coucher se loue 1 200 $ par mois. Dans ma circonscription, le revenu médian d'un ménage est de 43 000 $. Malgré cela, le gouvernement veut créer plus d'emplois aux normes moins élevées. Ce n'est certainement pas ainsi qu'il favorisera la santé de l'économie.
Pour redresser l'économie canadienne, il faut créer des emplois durables de classe moyenne qui permettent de faire vivre une famille et qui sont assortis de régimes de retraite, d'assurance-dentaire et d'assurance-maladie, et il faut les protéger. Ces emplois doivent permettre aux gens de fonder une famille, de prendre des vacances une fois par année peut-être, d'acheter des biens et des services au sein de la collectivité, et, par le fait même, d'appuyer le secteur des affaires que le gouvernement prétend encourager.
L'économie canadienne ne peut être vigoureuse si la classe ouvrière et la classe moyenne ne sont pas solides. Si seulement le gouvernement pouvait commencer à le comprendre.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole, malgré le fait que je n'aurais peut-être pas choisi une heure aussi tardive. Même en Colombie-Britannique, l'heure de grande écoute est déjà dépassée.
Je tiens d'abord à souligner qu'un très grand nombre de Canadiens travaillent chaque jour au moment où on se parle. Je veux souligner le travail de tous les nettoyeurs, ces hommes et ces femmes partout au pays qui nettoient nos bureaux et nos écoles. Ce n'est pas un gros sacrifice pour moi d'être ici aujourd'hui, tandis qu'eux doivent souvent cumuler deux ou trois emplois pour subvenir aux besoins de leur famille.
Je tiens également à souligner le travail accompli par tous ceux qui remplissent les étalages des grands magasins et des épiceries, qui ont souvent de la difficulté à trouver quelqu'un qui s'occupera de leurs enfants la nuit, pendant qu'ils travaillent, parce qu'ils doivent eux aussi cumuler deux ou trois emplois pour payer leur loyer et assurer un meilleur avenir à leurs enfants.
Je dois aussi souligner le travail des travailleurs de la santé, des professionnels des soins de santé, des médecins, des infirmiers et des autres professionnels de ce milieu, qui travaillent jour et nuit pour que nous puissions être en meilleure santé. Ils travaillent souvent à cette heure, la nuit.
Je souligne en particulier le travail des personnes qui offrent des services d'urgence, à savoir les agents de police, les pompiers et les ambulanciers, qui travaillent à cette heure de la nuit et qui doivent souvent composer avec des problèmes dont nous ne nous occupons pas durant la journée, des problèmes de dépendance et de santé mentale qu'on leur laisse le soin de régler à cette heure avancée de la nuit.
Je souligne également le travail des militaires qui oeuvrent jour et nuit pour assurer notre sécurité et qui sont souvent en fonction à cette heure tardive.
Normalement, à cette heure-ci, les travailleurs des postes trieraient le courrier pour assurer le roulement de notre économie, pour le distribuer aux aînés et aux organismes de bienfaisance qui dépendent du service postal pour survivre et pour livrer les produits qu'acheminent par la poste les petites entreprises de ma circonscription qui en tirent des profits afin d'assurer la subsistance de leur famille.
Pour moi, il semble tard, mais pour bon nombre d'entre eux, il est l'heure de se rendre au travail.
Pourquoi sommes-nous réunis ici ce soir? Pour une raison que les deux côtés de la Chambre partagent, selon moi, à savoir l'importance que revêt Postes Canada pour notre pays à de nombreux égards.
J'ai fait mention des aînés et des personnes handicapées qui attendent désespérément de recevoir leurs chèques par la poste. J'ai également fait mention des organismes de bienfaisance. Bon nombre de travailleurs reçoivent leur chèque de paye par la poste. Beaucoup de petites entreprises, dans le cadre de leurs activités, ont recours aux services de Postes Canada pour envoyer leur correspondance. Toutefois, et peut-être plus important encore, de nombreuses familles attendent que le service postal reprenne pour recevoir des nouvelles des membres de leur famille qui sont ailleurs au Canada ou à l'étranger. Pour ceux qui peinent à joindre les deux bouts, la poste est l'un des seuls moyens qu'ils peuvent se permettre pour garder le contact.
J'aurais espéré que l'on s'entende, notamment, sur le fait que Postes Canada, en tant que société d'État, accomplit avec brio son mandat. En effet, elle réalise des profits au nom de tous les Canadiens tout en fournissant un excellent service qui ne serait pas offert à de nombreuses collectivités s'il était confié au secteur privé.
Ce soir, nous sommes profondément en désaccord sur certains aspects de la mesure. Je vais parler de certains points de divergence.
Nous ne sommes pas d'accord notamment en ce qui a trait à l'histoire du conflit. Le gouvernement aime parler des longues négociations, mais en omet sciemment la donnée fondamentale, à savoir que Postes Canada faisait un profit de 281 millions de dollars. D'où vient ce profit? Il vient du travail quotidien des gens qui ne ménagent pas leurs efforts pour fournir aux Canadiens des services de qualité. Par conséquent, lorsque vient le temps des négociations collectives, il faut s'attendre à partager une partie de ces profits, non seulement avec les contribuables en général, mais également avec les gens qui oeuvrent jour après jour pour que Postes Canada soit une entreprise rentable. Lorsqu'ils constatent que le PDG est payé près d'un demi-million de dollars, plus une prime de 33 p 100, ils votent à plus de 94 p. 100 en faveur de la grève, en vue d'obtenir leur juste part des profits, et il ne faut pas s'étonner qu'ils agissent ainsi. Ils ont voté en faveur de la grève parce qu'ils font face à un employeur qui essaie de réduire leurs salaires et leurs avantages sociaux alors qu'il n'y a aucun motif économique de le faire.
Il y a un deuxième point sur lequel nous ne sommes pas d'accord, et ce sont les ingrédients de la réussite économique. Le gouvernement semble déterminé à créer au Canada une économie de petits salaires. Il pense qu'on arrivera ainsi à favoriser la croissance et la prospérité pour l'avenir. Or, je voudrais rappeler aux députés que le Canada a connu sa meilleure période de croissance dans les années 1950 et 1960. Qu'est-ce qui a caractérisé cette période de notre histoire? C'était la période égalitaire par excellence. L'égalité et le partage de la richesse engendrent la croissance économique et le progrès futurs.
L'objectif du gouvernement n'est pas de protéger la santé financière de Postes Canada. Je pense qu'il veut procéder à un nivellement vers le bas parce qu'il croit que payer des bas salaires aidera le Canada à mieux soutenir la concurrence avec les autres pays et que cela assurera sa prospérité future.
J'ai parlé à des propriétaires de petites entreprises dans ma circonscription, et ils sont conscients de ce qui se produit quand les travailleurs n'ont pas assez d'argent pour joindre les deux bouts, acheter du pain au dépanneur, payer les frais de garde de leurs enfants ou acheter une maison. Ils savent que, si un pays offre de bons salaires et assure de bonnes conditions de vie pour les familles, cela aidera les petites entreprises à devenir prospères elles aussi.
Il y a un ouvrage très important, qui m'a beaucoup influencé au cours de l'année dernière. Il s'intitule The Spirit Level et il a été rédigé par deux épidémiologistes britanniques, Richard Wilkinson et Kate Pickett. Le sous-titre du livre, Pourquoi les sociétés plus égalitaires se débrouillent presque toujours mieux, est très intéressant.
Les auteurs ont examiné, à l'aide de preuves scientifiques, 11 mesures de santé et de bien-être social. Ils ont examiné la santé physique, y compris la durée de vie des personnes et la fréquence de leurs maladies. Ils ont examiné la santé mentale et la fréquence des troubles mentaux dans une société. Ils ont étudié les taux de toxicomanie. Ils ont examiné le niveau d'instruction, le nombre d'années que les personnes restent aux études et leur degré de réussite. Ils ont examiné les taux d'emprisonnement et le nombre de fois que les personnes avaient eu des démêlés avec la loi. Ils ont examiné le taux d'obésité, un problème de santé de plus en plus fréquent dans notre pays. Ils ont examiné la mobilité sociale, l'égalité qui régnait dans la société et les probabilités que des enfants de milieux économiques différents puissent réussir dans la vie. Ils ont examiné le degré de confiance qui existait dans une société et ils ont tenté de déterminer si les gens faisaient confiance à leurs voisins et s'ils se sentaient en sécurité dans leur quartier et dans leur propre maison. Ils ont examiné le nombre de grossesses chez les adolescentes et le nombre d'enfants vivant dans la pauvreté.
Qu'ont-ils trouvé? Ils ont constaté que les pays où il y avait une plus grande égalité avaient de meilleurs résultats dans ces mesures de progrès social.
Par conséquent, quand nous examinons le projet de loi , nous constatons qu'il s'agit justement de la mauvaise solution pour favoriser une société prospère, et j'entends par là non seulement une société florissante sur le plan économique, mais aussi une société où nous voulons tous vivre et où nous voulons que nos enfants vivent à l'avenir.
Les trois facteurs clés de l’égalité sont un salaire suffisant, un régime de pension solide et un accès égal à l’éducation et aux soins de santé. Pour moi, le problème que pose le projet de loi dont nous sommes saisis, c'est qu’il constitue une attaque directe à deux de ces trois facteurs clés.
Le premier de ces facteurs est évidemment un salaire suffisant. J’ai entendu le tapage des gens d'en face, comme l’a dit le député, et c’était peut-être le meilleur terme qu’on puisse employer pour qualifier cela. Ces députés demandent pourquoi les travailleurs devraient avoir des salaires aussi élevés et pourquoi les travailleurs des postes font autant d’argent. Ces travailleurs ont un tel salaire parce que c'est ce qu’il faut pour assurer la subsistance d'une famille dans notre société. Leur syndicat a obtenu de haute lutte ce qu'il leur fallait pour qu’ils puissent joindre les deux bouts à la fin du mois, en mettre un peu de côté en prévision de leur retraite et en avoir encore pour payer les études de leurs enfants. Voilà pourquoi.
Le gouvernement propose dans sa mesure des salaires moins élevés que ceux que Postes Canada proposait à la table au début du conflit. C'est une attaque contre l’obtention de salaires suffisants dans notre société.
Nous irons tous mieux et nous serons tous plus prospères quand tout le monde pourra joindre les deux bouts à la fin du mois.
Le deuxième facteur clé pour assurer l’égalité est un solide régime de pension. Que trouvons-nous dans cette proposition? Des dispositions qui semblent dire que nous ne pouvons pas grand-chose contre le fait que certains travailleurs ont une bonne pension et qu’il n’y a pas moyen de la leur enlever. Au lieu de cela, le gouvernement aurait pu essayer de faire en sorte que tous les travailleurs aient la sécurité financière à leur retraite en prenant un moyen bien simple: améliorer le Régime de pensions du Canada. Le NPD a fait campagne énergiquement en faveur de cette idée, et nous avons constaté un très large appui de la population à cet égard.
Mais le gouvernement propose plutôt, dans ce projet de loi, de refuser un bon régime de retraite aux futurs employés. Ce n’est pas la bonne solution, ni pour l’économie ni pour le progrès social au Canada.
Permettez-moi d'illustrer l'importance du débat en racontant deux histoires. Ma grand-mère était une employée des postes et son mari, mon grand-père, travaillait à son compte en tant que plombier. Lorsqu'est venu le temps de prendre leur retraite, n'eût été de la pension de travailleuse des postes que touchait ma grand-mère, ils n'auraient rien eu. Pourquoi? Parce qu'ils ne gagnaient pas suffisamment pour économiser, acheter des REER et payer les frais de Bay Street pour la gestion de leurs avoirs. Ils ont beaucoup donné à leur collectivité pour appuyer des oeuvres paroissiales et communautaires importantes auxquelles ils participaient. Ils ont élevé quatre enfants qu'ils ont tenté de soutenir jusque dans leurs études universitaires. Au bout du compte, n'eût été de la pension de travailleuse des postes de ma grand-mère, ils auraient vécu dans la pauvreté absolue. Grâce à sa pension, ils ont pu subvenir à leurs besoins et vivre leur retraite dans la dignité. Après le décès de ma grand-mère, mon grand-père a pu continuer à vivre de sa pension au moyen d'une prestation de survivant.
Ma famille connaît la grande importance de ces régimes de pension publics. Je souhaite sincèrement que toutes les familles canadiennes puissent, comme la mienne, bénéficier d'une retraite sûre pour leurs parents et grands-parents.
Ma deuxième histoire concerne des travailleurs des postes de ma circonscription. Ma factrice se nomme Julie. Nous déménageons plutôt fréquemment, mais à l'intérieur du même secteur de livraison postale. Par conséquent, peu importe l'adresse de destination, Julie inscrit sur l'enveloppe « Veuillez effectuer le changement d'adresse » et la livre quand même dans notre boîte aux lettres. Elle est devenue une bonne amie à nous au cours des quatre ou cinq dernières années.
Beaucoup de ses collègues ont communiqué avec moi aujourd'hui et j'aimerais citer l'une d'entre eux, qui m'a demandé d'utiliser son nom ce soir. Sherry Partington, de Victoria, m'a donc dit: « J'aimerais dire au gouvernement que oui, je veux retourner au travail, mais je veux y retourner dans des conditions régies par une convention juste et négociée, et non imposée par le gouvernement. »
J'aimerais aborder un autre point, étant donné que les députés d'en face tentent de transformer le débat en un conflit opposant les travailleurs syndiqués et les travailleurs non syndiqués. Je suis très fier d'affirmer que je suis toujours membre de mon syndicat en tant qu'enseignant au niveau collégial et que mes cotisations syndicales sont à jour.
Pendant la campagne électorale, j'ai rencontré un jeune homme qui m'a dit ceci: « Vous êtes en faveur des syndicats. Qu'est-ce que les syndicats ont fait pour moi? » Nous avons parlé de ce que le mouvement syndical avait réalisé pour tous les Canadiens grâce à la négociation collective, à l'action politique et à l'alliance avec le NPD. Nous avons discuté d'un très grand nombre de sujets. Mon collègue de a déjà mentionné certaines de ces choses, mais j'ai demandé à ce jeune homme s'il avait droit à des congés de maladie payés. Il m'a répondu que c'était évidemment le cas. J'ai rétorqué qu'il n'était pas membre d'un syndicat et lui ai demandé qui, selon lui, était à l'origine des congés de maladie payés. Je lui ai demandé combien d'heures il travaillait tous les jours. Il m'a dit qu'il ne travaillait jamais plus de huit heures par jour. Je lui ai demandé qui, selon lui, était responsable de cela et lui ai dit que c'était grâce au mouvement syndical. Je lui ai aussi demandé s'il avait congé le week-end et s'il aimait en profiter. Je lui ai enfin demandé s'il croyait toujours que le mouvement syndical n'avait jamais rien fait pour lui.
Nous avons ensuite discuté des paies de vacances, de la rémunération des heures supplémentaires, des prestations d'assurance-maladie complémentaire, des primes de poste, des régimes de retraite, des comités de santé et sécurité au travail, des congés parentaux et du fait que, maintenant, des syndicats font campagne en faveur des services de garde d'enfants et qu'ils luttent contre la discrimination et le harcèlement en milieu de travail. À la fin de notre entretien, il m'a dit qu'après tout, il allait peut-être voter pour moi parce que je lui avais donné de l'information importante sur la contribution des syndicats. Il n'en était vraiment pas conscient.
Par conséquent, je suis très fier d'être ici ce soir. Je crois que nous sommes toujours en train de débattre du renvoi. Si nous ne proposons pas d'amendements, c'est que nous sommes toujours en train de débattre d'une motion de renvoi. Par conséquent, ce n'est pas encore le moment de faire cela. Cependant, je crois qu'il n'est pas trop tard pour qu'on en arrive à une entente et que le gouvernement revienne à la raison. Cela pourrait être fait de deux ou trois façons. Si le gouvernement n'est pas disposé à mettre fin au lock-out et à laisser les travailleurs des postes retourner au travail en vertu du contrat actuel, comme ils ont offert de le faire, on pourrait trouver des compromis relativement à ce projet de loi de retour au travail.
Cependant, ce débat ne porte pas uniquement sur le service postal et la négociation collective ou les droits syndicaux. Ce débat porte sur le genre de Canada dans lequel nous souhaitons tous vivre à l'avenir: la vision que nous concevons pour nous-mêmes, en tant que collectivité, et celle que nous avons pour tous nos enfants et nos petits-enfants, actuels ou à venir.
Les syndicats, et particulièrement le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, se sont durement battus pour avoir des salaires et des avantages sociaux décents afin d'appuyer les familles de leurs membres. Leur imposer un lock-out et un contrat piétine leurs droits durement acquis. C'est un recul, qui crée un précédent dangereux. Postes Canada appartient à tous les Canadiens, et les avantages qui sont accordés à ces travailleurs — et c'est la position que nous défendons — sont ceux que nous devrions chercher à obtenir pour tous les travailleurs de notre grand pays.
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Madame la Présidente, je regarde l'heure, et j'ignore si je devrais dire qu'il est 7 h 25, comme en Angleterre, ou 23 h 25, comme en Colombie-Britannique. Quoi qu'il en soit, je tiens à souhaiter à tous mes collègues à la Chambre une bonne fête nationale.
Pendant que nous débattons de cette question très importante, j'aimerais prendre une minute pour récapituler. De quoi est-il réellement question ici? On parle d'une société d'État, pas n'importe laquelle, une société d'État canadienne qui réalise d'importants profits année après année, dont des centaines de millions de dollars l'an dernier qui ont été versés dans les recettes générales du gouvernement. C'est tout à fait acceptable.
Cette même société a entrepris des négociations avec ses employés comme si elle subissait des pertes. C'est ce que j'ai du mal à comprendre. Cette société est très rentable, mais lorsqu'il s'agit de ses employés, qui font des quarts de travail de jour, de soir et de nuit, qui ont donné d'innombrables années de service, qui livrent du courrier dans les régions les plus éloignées et qui permettent à nos entreprises de poursuivre leurs activités, elle n'hésite pas à offrir aux nouveaux employés un salaire inférieur de 18 p. 100 à ce que gagnent les employés actuels des postes. Est-ce tout le respect que nous avons pour la prochaine génération?
Sommes-nous en train de dire à la prochaine génération de travailleurs qu'elle ne décrochera pas d'emplois aux salaires décents, qu'elle devra se débrouiller avec beaucoup moins, qu'aucun de ses membres ne pourra s'offrir de maison, qu'elle ne sera pas capable de bien gagner sa vie?
En même temps, cette société se retourne contre ses travailleurs et s'attaque directement à quelque chose de très précieux pour tous les Canadiens: la Sécurité de la vieillesse. Elle en veut à leurs pensions et pas seulement aux leurs, mais à celles de la génération qui suit.
Pendant ma longue jeunesse, qui n'est pas encore terminée, on m'a sans cesse répété que, d'une génération à l'autre, les choses s'améliorent. Voilà pourquoi nos parents travaillaient si fort. Les miens sont arrivés au Royaume-Uni avec de très jeunes enfants. Mon père a occupé deux ou trois emplois en même temps pour nous offrir l'instruction et le genre de vie qui, à son avis, serait meilleure que celle qu'il avait vécue. Il a fait partie de syndicats, oui, absolument, et il nous a inculqué l'importance de l'action collective: la solidarité rapportait, non seulement à l'individu, mais à toute la société.
Il m'a également enseigné autre chose. Il m'a prédit que mon sort et celui de mes enfants seraient meilleurs. J'ai une fille de 13 ans, peut-être un peu plus vieille que cela. En passant, si je n'étais pas ici, je célébrerais mon 40e anniversaire de mariage cette fin de semaine. Telles que les choses se présentent, je pourrais très bien le célébrer avec tous les députés. En pensant à mes enfants et à beaucoup de mes collègues, ici, en pensant aussi aux centaines et aux milliers d'enfants à qui j'ai enseigné, je suis triste à l'idée que les choses empirent pour notre jeunesse, triste aussi en constatant que le gouvernement choisit de contribuer davantage à cette érosion en abaissant le salaire à l'embauchage, en instaurant un taux salarial distinct, alors que les salaires devraient augmenter.
Les députés ont entendu mes collègues parler du coût du logement en Colombie-Britannique. Là où j'habite, ce coût est très élevé. Quand j'ai fait du porte-à-porte, j'ai rencontré de nombreuses familles, et voici ce qu'elles m'ont dit. Elles ne rêvaient pas de s'offrir une Rolls-Royce ni une limousine ni même de pouvoir parcourir le pays ou bien se payer des vacances outre-mer pour se prélasser sur la plage en lisant un livre. Tout ce qu'elles souhaitent, c'est d'avoir un emploi bien rémunéré qui leur permet de passer du bon temps avec les leurs, de payer des études collégiales et universitaires à leurs enfants et, en même temps, de s'occuper de leurs parents. C'est ce que m'a dit la famille canadienne moyenne quand j'ai fait du porte-à-porte.
Toutefois, les gens m'ont aussi parlé de leur quotidien. Un grand nombre d'entre eux étaient des travailleurs syndiqués bien rémunérés dans le secteur des soins de santé en Colombie-Britannique, mais notre province est dirigée par un gouvernement de coalition. Certains députés savent peut-être que cette coalition est composée de députés du Parti conservateur, du Parti libéral et du Parti Crédit Social. Ils disent être des libéraux, mais nous savons ce qu'ils sont, parce qu'ils s'en sont pris eux aussi aux travailleurs. Ils leur ont retiré leur convention collective et ils ont congédié des milliers et des milliers d'employés.
Par la suite, la Cour suprême a déterminé qu'ils avaient mal agi. Elle a décrété que le gouvernement n'avait pas fait une bonne chose. Ces travailleurs, qui recevaient jadis un salaire décent, doivent maintenant occuper deux postes à plein temps. Ils effectuent le même travail qu'auparavant, sauf qu'ils sont maintenant payés entre 9 $ et 12 $ de l'heure alors qu'ils recevaient entre 18 $ et 20 $ de l'heure.
J'ai entendu les histoires de mères de famille, de pères et de grands-mères qui doivent avoir deux emplois à temps plein. Ils nous ont dit qu'ils en avaient plus qu'assez d'entendre les politiciens leur dire à quel point la famille est importante, parce qu'ils sont trop débordés pour passer du temps avec leurs enfants. Est-ce le sort que nous voulons réserver aux travailleurs canadiens? Nous voulons niveler par le bas et réduire leur salaire horaire de façon à ce qu'ils doivent accumuler deux ou trois emplois. Je veux réellement croire que pas un seul parlementaire ne voudrait en arriver là.
Je gagne un très bon salaire en ce moment, et je me verrais très mal prétendre devant la Chambre que le reste de la population peut se contenter de 18 $ de l'heure ou moins. Il n'est plus question de salaire minimum, mais de salaire minimum vital, car nous savons à quoi ressemble le coût de la vie. C'est le genre de choses dont il faut parler.
Permettez-moi de revenir au cas de la société d'État, si mes collègues d'en face veulent bien m'accorder leur attention un petit instant. Une société d'État engrangeant des profits faramineux avait demandé à ses employés d'accepter une réduction de leurs droits, de leurs salaires et de leur fonds de pension. Puis, dans toute sa sagesse, elle a aussi décidé d'offrir une hausse salariale. Et tout à coup, et c'est cette partie que j'ai du mal à expliquer à mes petits enfants, le gouvernement est intervenu. Mais d'abord, il lui fallait une raison pour intervenir, alors Postes Canada a décidé de fermer la porte à ses employés, sachant fort bien que le gouvernement n'attendait que ça pour déposer une loi. Non seulement le gouvernement a déposé une loi, mais il a aussi décidé qu'un arbitre allait entrer en scène pour présenter une offre finale. Cependant, ce n'était pas encore suffisant pour le gouvernement.
Ce qui est maintenant offert aux employés de Postes Canada, c'est une hausse salariale moins importante que celle qu'avait proposée Postes Canada. Comment le gouvernement peut-il prétendre vouloir régler le conflit?
Même si les 4,5 millions de Canadiens qui ont voté pour ce côté-ci de la Chambre n'appuient pas ce genre d'intervention, nous avons affaire à un gouvernement qui veut profiter de sa majorité pour écraser les travailleurs en leur disant « bien sûr, la société fait des profits, et bien sûr, la population canadienne en profite, mais vous les travailleurs devez payer le prix, parce que nous voulons faire encore plus de profits ».
Je ne vois tout simplement pas comment il pourrait s'agir de la chose juste et équitable à faire. Je me demande par ailleurs de quoi aura l'air la productivité de la société d'État à la suite du règlement.
Soit dit en passant, il y a une vérité que j'ai apprise au cours de ma vie: lorsqu'une grève oppose les travailleurs et la direction, on finit toujours par avoir une entente. Il y aura une entente.
Lorsqu'une entente est imposée par une loi, je peux dire par expérience que les incidences sur les travailleurs et la productivité sont énormes.
Je suis enseignante. Je suis également originaire de la Colombie-Britannique. J'ai l'habitude des lois imposées par le gouvernement. Cela m'est arrivé non pas une fois, mais deux fois. C'était l'oeuvre d'un gouvernement de coalition libéral-conservateur. Je sais l'impact qu'une telle mesure a eu sur les enseignants dans ma province, l'effet qu'elle a eu sur le moral, sur les gens qui ne pouvaient pas enseigner et sur l'apprentissage des élèves.
Un rapport publié cette semaine disait qu'un très fort pourcentage de travailleurs canadiens sont déprimés au travail. Si le gouvernement conservateur croit avoir trouvé un remède à la dépression, ce n'est pas ce projet de loi. J'inciterais le gouvernement à tenir une autre consultation pour voir ce à quoi cela pourrait ressembler.
Encore une fois, si nous voulons avoir des employés productifs, heureux au travail et prêts à donner le meilleur d'eux-mêmes, laissez-les négocier leur propre convention collective. En imposant une convention collective à ce groupe d'employés, le gouvernement élimine un de leurs droits fondamentaux, leur droit de négocier leur propre travail.
Ce n'est certainement pas trop demander. Il n'est pas trop tard pour que le gouvernement voie la lumière du jour, qui paraîtra d'ailleurs bientôt. Il n'est pas trop tard pour qu'il dise à Postes Canada: « Enlevez les cadenas. Laissez les travailleurs retourner au travail. » Ils ont accepté et vont travailler dans le cadre du contrat. Que le gouvernement dise aussi: « Retournez à la table de négociation. Au besoin, ayez recours à un médiateur. » Laissez les deux parties négocier une entente.
Voilà tout ce que le gouvernement devrait faire. Il enverrait ainsi un message important aux travailleurs du Canada, c'est-à-dire qu'ils ont un gouvernement qui respecte les travailleurs et qui croit dans la libre négociation collective.
Le gouvernement parle beaucoup du marché libre. Appliquons ces mêmes principes à la négociation. Laissons la négociation se dérouler sans l'intervention du gouvernement.
Je vais vous raconter l'histoire d'un jeune homme à qui j'ai enseigné. Il est entré dans ma classe. Sa famille faisait partie du milieu des affaires dans le Nord de Nanaimo. Ses parents étaient très axés sur les affaires et n'avaient pas le temps pour les syndicats. Ils disaient: « Vous n'allez pas enseigner cette matière sur les syndicats à nos enfants, et nous ne voulons vraiment pas que notre fils apprenne quoi que ce soit sur le mouvement syndical, puisqu'il ne deviendra pas un travailleur. Il fera partie du monde des affaires. » Je me suis entretenue avec eux à ce sujet et je leur ai dit que si c'était le cas, leur fils n'avait rien à perdre à apprendre des choses sur le mouvement syndical.
J'ai passé environ trois mois à parler de la révolution industrielle et des raisons pour lesquelles les syndicats ont été formés. J'ai expliqué que c'était pour créer un terrain d'égalité, pour que les employeurs ne puissent pas abuser des employés, pour éviter que des gens ne se tuent au travail, ou qu'ils travaillent 20 heures par jour, et pour empêcher également que des enfants ne soient envoyés dans des mines. C'était pour toutes ces raisons.
Lorsque nous avons terminé la matière, les parents sont venus à l'école. Ils sont entrés dans ma classe et m'ont dit qu'ils voulaient me remercier. Je leur ai demandé ce que j'avais fait. Ils voulaient me remercier parce que leur fils était arrivé à la maison et qu'ils avaient discuté de la façon de donner de l'expansion à leur entreprise, de ce qu'ils devaient faire et de la manière dont ils devaient veiller aux besoins des travailleurs également, des personnes qu'ils employaient.
Ce jeune homme a fini par gérer l'entreprise familiale. Je suis encore en contact avec lui et il me dit encore combien c'était une matière fascinante.
Je souhaiterais que mes collègues d'en face se rendent compte également que nous n'avons pas à diaboliser les syndicats. Nous devons plutôt célébrer les gens qui travaillent ensemble, les gens qui réalisent que pour construire un Canada fort, pour ériger notre système de soins de santé et notre système d'éducation et avoir des pensions décentes, nous devons faire front commun.
Qu'ils soient syndiqués ou non, les gens ont le droit de recevoir un salaire convenable. Les simples citoyens du Canada ont le droit d'avoir les moyens de subvenir aux besoins de leur famille sans l'aide des banques d'alimentation. Les jeunes ont droit à un avenir un peu plus rose que celui qui se dessine aujourd'hui à l'horizon. Si nous ne le faisons pas pour nous, faisons-le pour nos enfants et petits-enfants.
Je me suis présenté à ces élections afin d'aider à bâtir un meilleur Canada et à consolider les soins de santé, l'éducation et la Sécurité de la vieillesse dans notre pays.
Il y a longtemps, j'ai lu un livre qui disait qu'une société se mesure à la manière dont elle traite ses jeunes, ses aînés, ses malades et ses personnes défavorisées.
Chers collègues, c'est justement l'objet des discussions avec le STTP. En tant que Canadiens et parlementaires, nous ne pouvons pas laisser tomber nos enfants, nos petits-enfants et nos travailleurs. C'est pourquoi je demande à chacun de se rallier à nous.
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Madame la Présidente, je suis heureux de pouvoir participer à ce débat. Je tiens tout d'abord à dire que ma ville, Hamilton, est aussi aux prises avec un conflit de travail similaire, dans le cadre duquel l'employeur a décrété un lock-out. J'aimerais beaucoup que le gouvernement intervienne aussi rapidement dans le conflit qui oppose U.S. Steel à ses travailleurs que dans celui qui touche Postes Canada, et qu'il ordonne à cette entreprise de reprendre les négociations et de ramener au travail près de 1 000 employés qui ont été mis en lock-out en raison des politiques du gouvernement. J'aimerais bien que le gouvernement s'attaque d'abord au conflit qui touche Hamilton avant de parler des améliorations qu'il croit apporter.
Je veux maintenant énoncer certains faits qui, à mon avis, sont importants. Tout d'abord, Postes Canada est rentable: ses profits totalisent 281 millions de dollars. Oui, cette rentabilité est en partie attribuable aux décisions prises par la direction. Cependant, on ne peut pas nier que les travailleurs de Postes Canada ont grandement contribué à assurer la rentabilité de Postes Canada, et ce, dans l'intérêt de la population canadienne. Les travailleurs ont joué un rôle clé dans la rentabilité de Postes Canada, et voilà maintenant que le gouvernement se sert de l'économie pour justifier cette mesure législative. Tout le monde répète qu'il s'agit d'un lock-out, et je tiens à souligner aux députés ministériels qu'ils entendront ce mot encore et encore au cours des dix, voire des vingt prochains jours.
En réalité, le syndicat a déclenché des grèves tournantes. Il s'agit d'une tactique visant à exercer des pressions sur la direction à la table de négociation, et non à nuire aux activités d'une organisation. Avant que le gouvernement présente son projet de loi, le syndicat a offert de cesser les grèves tournantes et de reprendre le travail pendant les négociations; il a tout simplement demandé à la direction de continuer d'appliquer les dispositions de la convention collective. Si cette offre avait été acceptée, il n'y aurait plus eu de grèves tournantes, la partie patronale et la partie syndicale seraient en train de négocier, et nous ne serions pas ici, en train de discuter de cette mesure législative mesquine.
L'un de mes collègues de l'autre côté a parlé de huit mois. Il y a à peu près aussi longtemps que les travailleurs de la U.S. Steel ont été mis en lock-out. Pourquoi convient-il d'imposer une mesure législative dans le cas de Postes Canada après huit mois de négociations et malgré le fait que les employés étaient encore au travail, alors qu'il y a déjà plus de huit mois que des métallurgistes sont sans travail et ne reçoivent aucune rémunération? Cette situation ne semble pas poser problème au gouvernement, qui semble croire que ces gens peuvent s'en sortir malgré tout. Le gouvernement ne s'inquiète pas des ravages économiques occasionnés par cette situation, dont les travailleurs d'Hamilton et leur famille font les frais.
Il est également curieux que l'entreprise ou le gouvernement ou la direction, ce qui est du pareil au même dans ce cas-ci, veuille réduire les offres salariales présentées aux travailleurs dans le cadre de négociations collectives libres et équitables, sous prétexte qu'il faut réduire les coûts. Pourtant, on ne s'offusque pas de verser au président-directeur général une rémunération de plus de 661 000 dollars. Les conservateurs vont aller chercher jusqu'au dernier sou dans les poches des travailleurs de Postes Canada et leur enlever le plus d'avantages possible. On juge acceptable de verser un si gros salaire au président-directeur général, mais inacceptable de payer raisonnablement les travailleurs qui sont à l'oeuvre tous les jours. C'est tout simplement inacceptable.
N'oublions pas non plus que nous sommes saisis d'une mesure législative qui vise à réduire les offres salariales présentées à la table de négociation. En soi, cela justifie que nous nous trouvions réunis ici à débattre de cette mesure législative et que nous en retardions l'adoption le plus longtemps possible. En quoi une telle mesure peut-elle être acceptable?
En quoi est-il acceptable que le gouvernement profite de l'occasion pour présenter une loi forçant le retour au travail et prévoyant du même coup des salaires inférieurs à ce qui avait été proposé à la table de négociation? C'est injuste. On sait tous que c'est injuste. Voilà une autre bonne raison pour nous d'être ici et d'être solidaires des travailleurs de Postes Canada.
Certains ont dit que le gouvernement prépare peut-être le terrain en vue de vendre la société d'État et de la privatiser. Certaines signes laissent croire qu'il a déjà commencé. Il a déjà commencé.
Voici des faits. Notre collège demande des faits, et je lui en suis reconnaissant.
Nous savons tous que Postes Canada a un travail très difficile à faire en ce qu'elle doit offrir le même niveau de service aux régions les plus éloignées de notre pays au même prix qu'il en coûte d'envoyer une lettre ou un colis à l'autre bout de la ville. C'est extrêmement difficile. La prestation du service se fait sur une énorme superficie.
La loi prévoit que Postes Canada doit s'autofinancer. Il y a quelques années, des entreprises privées ont décidé qu'elles allaient investir le secteur des services postaux parce qu'elles y voyaient de bonnes occasions d'affaires. C'est alors qu'est survenu le différend sur le repostage. Je n'entre pas dans les détails, mais les travailleurs postaux savent très bien de quoi il s'agit. C'est une activité importante pour Postes Canada.
À l'époque, la Postes Canada défendit ce secteur comme une chasse gardée dont elle avait besoin pour compenser ses activités non rentables, par exemple la livraison du courrier dans les régions éloignées du Canada. Postes Canada intenta un recours judiciaire contre les petites entreprises qui lui contestaient son monopole en faisant valoir l'argument que ces dernières empiétaient sur un secteur exclusivement réservé, en vertu du mandat lui étant conféré par la loi. Postes Canada s'adressa à la justice pour qu'on interdise ce secteur aux entreprises privées. Le tribunal de première instance donna raison à Postes Canada.
En tant que bons citoyens, les entreprises privées déboutées en première instance firent appel. Or, devinez quoi, les tribunaux d'appel décidèrent que le secteur d'activité occupé par Postes Canada lui était réservé exclusivement en raison de son obligation d'autofinancement. Au début, le ministre adhéra à cette décision et affirma que personne d'autre que Postes Canada ne devrait oeuvrer dans le secteur en question et que le gouvernement continuerait d'appliquer cette politique. Depuis, le gouvernement a changé de discours.
Nous soupçonnons qu'il a commencé à y avoir un lobbying intensif parce que le gouvernement a soudainement changé sa politique. À leur décharge, les libéraux étaient, à l'époque, sur la même longueur d'ondes que nous. Ils appuyaient Postes Canada. Quand ils sont arrivés au pouvoir, les conservateurs ont poursuivi cette même approche. C'était une grande surprise quand ils ont soudainement changé leur position.
Qu'est-ce que le gouvernement a fait aux compagnies qui enlevaient le travail appartenant légalement à Postes Canada? Il a présenté une mesure législative qui rendrait légal ce qu'elles faisaient, alors qu'il s'était battu devant les tribunaux pour que ce travail puisse seulement être fait par Postes Canada. Après sa volte-face, le gouvernement a présenté un projet de loi pour légaliser ce que ces compagnies faisaient. Les libéraux ont appuyé cette mesure législative, mais le projet de loi est mort au Feuilleton soit à cause d'une prorogation, soit à cause d'élections.
Les conservateurs ont présenté un autre projet de loi avec le même objectif, et les libéraux l'ont également appuyé.
Ce projet de loi a lui aussi rencontré de l'opposition, y compris de la part du NPD, qui s'est battu pour défendre le droit de Postes Canada d'être la seule entreprise à faire ce travail dont elle avait besoin pour être autonome financièrement. Quand le projet de loi s'est heurté à de l'opposition, est-ce que les députés savent ce que le gouvernement a fait? Il a agi comme il le fait d'habitude. Il a inséré cette mesure dans un projet de loi budgétaire afin que ce ne soit pas un projet de loi distinct qui attirerait l'attention des Canadiens. Les partis de l'opposition ne pouvaient pas dire que le gouvernement était en train de privatiser Postes Canada parce que ce n'était qu'une partie du gros budget.
Au moment où nous débattons du projet de loi dont nous sommes saisis actuellement, Postes Canada n'a plus le monopole sur ce travail, ce qui rend sa viabilité financière beaucoup plus difficile.
Lorsque nous affirmons que le gouvernement ne se soucie pas de Postes Canada et de ses services, nous avons beaucoup de preuves qui viennent appuyer nos propos, y compris la mesure législative dont nous débattons aujourd'hui et qui enlève aux employés des augmentations salariales qui avaient déjà été approuvées correctement et équitablement à la table de négociation. C'est le type de gouvernement que nous avons. C'est le type d'attitude qu'il a envers des travailleurs qui tentent seulement d'avoir une bonne convention collective et de vivre leur vie. C'est tout ce qu'ils veulent.
Nous disions plus tôt que les autres travailleurs devraient demeurer vigilants parce que le gouvernement allait également s'en prendre à eux. Demandez à mon collègue de Sudbury ce qui s'est passé avec Vale Inco, les dommages qui ont été engendrés là-bas et les préjudices économiques qui ont été causés aux travailleurs, à leurs familles et à la collectivité de Sudbury, tout cela parce que le gouvernement a refusé de protéger la collectivité et les travailleurs et a autorisé la prise de contrôle. Ce n'est pas très différent de ce qui s'est produit avec la U.S. Steel.
Nous avons un gouvernement qui en est à ses premiers jours et qui dit aux gens de ne pas s’inquiéter, qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur et de se méfier de lui et qu’il n’est pas un parti d’extrême droite. Le voici pourtant, à 3 heures du matin, en train non seulement de défendre l’adoption d’un projet de loi de retour au travail — ce qui est toujours délicat en soi —, mais de perpétrer une attaque sournoise contre ces travailleurs et leur droit à la négociation.
Je ne parviens pas à accepter le fait que nous avons ici un gouvernement qui affirme tout bonnement qu’il convient de supprimer, au moyen d’une loi, une chose qui venait d’être acceptée dans le cadre des négociations. Pourquoi le gouvernement fait-il une chose pareille? La réponse que nous obtenons du premier ministre, c'est qu’il doit s’assurer que ce contrat de travail s’harmonise à ceux du reste de la fonction publique. Sauf que la Société canadienne des postes fait partie du gouvernement et que le gouvernement fixe les paramètres pour l’ensemble du gouvernement.
Le mandat était établi. Les dirigeants de la société connaissent la position et le raisonnement du gouvernement. Ils savent aussi qu’ils ont un confortable coussin puisqu’ils peuvent compter sur au moins 281 millions de dollars de bénéfices. Ils ont présenté ce qu’ils jugeaient être une offre juste, je présume, sur le plan salarial, et l’offre a été acceptée. Il n’y avait pas que cela dans le contrat, et les choses peuvent changer. J’ai déjà moi-même participé à des négociations. Mais c'est ainsi que les choses se sont passées. Les dirigeants étaient parvenus à une entente et ils comprenaient leur mandat.
Que le gouvernement vienne maintenant dire qu’il ne peut pas accepter ce que la Société canadienne des postes avait négocié est totalement insensé. C'est aussi insensé que de dire que la principale raison qui l’amène à présenter cette mesure législative, c'est que la réduction du service assuré par la société fait du tort au Canada, alors que c'est lui qui a verrouillé la porte. Soyons lucides. Si le gouvernement veut que Postes Canada soit de nouveau à pied d’œuvre, il n’a qu’à déverrouiller la porte. Les travailleurs se présenteront.
Des voix: Bravo!
M. David Christopherson: Je soupçonne que nous serons ici un bon bout de temps, plusieurs jours.
Une voix: Combien de jours?
M. David Christopherson: J’entends un député demander combien de jours il faudra. Je ne sais pas exactement. Je sais seulement que mes 102 collègues néo-démocrates et moi sommes prêts à rester ici et à tenir le fort aussi longtemps que nous le pourrons, jour et nuit, fins de semaine comprises. Nous ferons tout ce que nous pourrons, parce que c'est inacceptable.
Des voix: Bravo!
M. David Christopherson: Je pense qu’il y a une certaine unité à la Chambre. Je ne suis pas sûr que c'est ce que nous essayions de faire, mais si c'est ce qui se passe, cela ne fait pas de tort.
Ce qui est vraiment préoccupant, c'est la tendance que la situation pourrait engendrer chez les employeurs dans l'ensemble du pays.
Nous sommes tous au courant des luttes qui sont menées dans le but de sauver les pensions et les prestations déterminées. Nous perdons cette bataille et j'en ai le coeur brisé. Je crois que beaucoup de travailleurs et de familles de travailleurs sont en train de passer d'un régime de retraite à prestations déterminées à un régime de retraite à cotisation déterminée, et leur retraite dans la dignité dépend de leur aptitude à gérer leurs valeurs mobilières et à prédire l'évolution des marchés boursiers.
Combien de personne ici présentes n'ont pas été touchées par le malheur des aînés lorsque la bulle technologique a éclaté en 2000? Ces gens avaient 69 ans et étaient tenus, par la loi, de convertir leurs REER. Ils ont été forcés de les convertir en rentes, et en six mois, ces rentes ont perdu environ la moitié de leur valeur. Pourquoi ces personnes ont-elles perdu la moitié de leur revenu de retraite? La question est sans réponse. Il n'y a pas de réponse aussi longtemps que c'est le marché boursier qui détermine.
Le pays se porte tellement mieux lorsque nous avons des régimes de retraite à prestations déterminées. Oui, laissons les sociétés s'en occuper. Elles peuvent retenir les services des meilleurs conseillers, des meilleures maisons de courtage et des meilleurs analystes, lesquels, soit dit en passant, se trompent. Comment peut-on s'attendre à ce que les Canadiens s'assurent d'avoir 1 million ou trois quarts de million de dollars dans leur portefeuille alors que des gens qui sont payés un demi-million de dollars par année pour le faire se trompent? Ce n'est pas normal.
Ce qui nous inquiète, c'est que les travailleurs au pays vont encore perdre certains de leurs acquis. Il faudra plus que des semaines, des mois, voire des années, avant qu'on s'en rende compte. Cependant, dans 5, 10, 15 ou même 20 ans, des gens prendront leur retraite, en particulier les jeunes baby-boomers, ceux qui ont été touchés par le passage des prestations déterminées aux cotisations déterminées et qui commenceront à encaisser leurs REER à l'approche des 70 ans. Ils se rendront compte alors que, même s'ils ont travaillé plus longtemps —durant peut-être 50 ans —, la dignité dont ils pensaient pouvoir jouir au cours de leur retraite, qu'ils auraient pu avoir et à laquelle ils ont droit, est tout simplement inexistante parce que le marché boursier s'est effondré à un bien mauvais moment pour eux.
Sur qui rejetteront-ils le blâme? Sur qui passeront-ils leur colère? À qui s'en prendront-ils parce qu'ils ne peuvent pas jouir du niveau de vie auquel ils ont droit en tant que retraités? Vers qui vont-ils se tourner? Comme ils ne pourront se tourner vers qui que ce soit, le mieux que nous puissions faire, ici, dans l'enceinte du peuple, c'est de mener ces luttes dans toute la mesure de nos capacités pour renverser la vapeur et pour faire en sorte que les gens puissent envisager l'avenir avec espoir, et non avec désespoir. Ils peuvent aussi penser qu'il existe peut-être un gouvernement qui est de leur côté ou qui, à tout le moins, n'est pas leur ennemi.
Notre pays pourrait avoir une approche tellement plus positive à l'égard de la fonction publique, de nos institutions publiques et, certainement, des Canadiens qui travaillent pour ces institutions publiques.
Je suis fier d'être ici ce soir. Je suis fier de faire front commun avec mes collègues du NPD afin de tenir tête au gouvernement et de lutter contre ce projet de loi inacceptable et draconien.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur de prendre la parole à la Chambre, avec notre équipe du NPD, et de me faire la voix des gens du Nord du Manitoba, de prendre la parole pour les travailleurs qui bâtissent nos collectivités et qui ont construit notre pays. Prendre la parole à la Chambre est aussi pour moi, d'une certaine manière, une façon de participer à l'histoire.
Comme jeune femme de 28 ans qui est née et qui a grandi au Canada, je vois le Canada dans lequel j'ai grandi et auquel j'ai cru disparaître progressivement. C'était un Canada où les gens profitaient d'un des meilleurs milieux de vie, du meilleur système de santé, d'un réseau d'éducation parmi les meilleurs, de milieux de travail parmi les plus sûrs et de possibilités d'avenir parmi les plus stables. Toutefois, avec ce genre de loi, ce Canada est en train de s'éroder.
Le Canada se dégrade peu à peu parce que les gens qui l'ont construit, les travailleurs canadiens, voient leurs droits s'envoler. Le premier droit de tous est le droit à la négociation collective, et c'est ce que le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes a demandé. Il a demandé à se prévaloir d'un droit prévu dans la loi, un processus que les travailleurs canadiens utilisent dans de nombreux lieux de travail, pour dire « ce n'est pas juste », ou « les temps ont changé, tout coûte plus cher, d'autres défis nous attendent, trouvons des moyens de conserver nos salaires, nos avantages et nos pensions dans un Canada qui va de l'avant ».
Au lieu d'avoir un partenaire avec lequel ils pouvaient négocier, ils se sont fait mettre en lock-out. Lorsque ce partenaire a décrété le lock-out, après quelques jours seulement, le gouvernement, qui a le contrôle sur ses sociétés d'État, s'est immiscé dans le conflit et s'est non seulement dit d'accord avec la direction de Postes Canada, mais s'est permis d'aller encore plus loin. Le gouvernement a proposé des salaires plus bas que ce que Postes Canada, l'employeur, avait proposé à ses employés. Avec le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui, le gouvernement est allé encore plus loin et a réduit au silence ceux-là mêmes qui soutiennent nos collectivités, ceux-là mêmes qui ne demandent rien de moins que la dignité et l'équité.
Mais ce Canada se dégrade peu à peu aussi parce que ma génération est attaquée. C'est ma génération qui fera les frais du régime de pension à deux vitesses proposé dans le programme de Postes Canada. Le régime auquel ma génération n'aura pas droit, c'est le genre de régime qui a déjà été aboli chez beaucoup d'employeurs du secteur privé.
Je viens d'une communauté minière fière. Vale, une compagnie étrangère, a expulsé les travailleurs, nos frères et nos soeurs à Sudbury, pendant un an parce qu'ils demandaient une pension convenable, un régime de retraite à prestations définies, afin qu'ils sachent que leur argent — leurs salaires différés — n'irait pas dans un trou noir et ne servirait pas à des transactions risquées sur les marchés, qui, comme nous l'avons vu, ont fait des ravages dans les économies des gens, mais que cet argent serait placé en toute sécurité quelque part, parce que c'est leur argent, c'est-à-dire notre argent.
Voilà un nouveau scénario. Nous voyons une société d'État, qui est contrôlée par le gouvernement, adopter exactement la même approche et dire que, parce que vous êtes jeunes et nouveaux, vous n'avez pas droit aux salaires et aux pensions de ceux qui vous ont précédés. Qu'en résultera-t-il? Il en résultera que la prochaine génération, ma génération, sera moins à l'aise que ses parents. La situation ne vise pas seulement les individus, mais les collectivités dans lesquelles nous vivons.
Je pense à ma collectivité, Thompson, l'une des régions les plus jeunes au Canada. Rhonda, qui livre mon courrier, ainsi que Jen et Ian, de bons amis, sont des gens comme vous et moi. Ils souhaitent s'acheter une maison, fonder une famille, peut-être même faire l'acquisition d'une voiture ou partir en vacances loin de l'une des régions les plus froides au Canada. Cependant, ils savent qu'ils ne pourront pas poursuivre les mêmes projets que leurs collègues, qui approchent de la retraite, ou encore leurs parents, qui sont retraités.
Il existe aussi deux poids, deux mesures pour les habitants des régions rurales du Canada. On a parlé abondamment des difficultés auxquelles ces gens sont confrontés.
Je me demande comment les députés de l'opposition, élus dans la même région du Canada que moi, représentant des régions rurales comme celle que je représente, arrivent à dire que ce que fait Postes Canada est acceptable. Cela constitue à la fois une attaque contre les travailleurs en général, mais aussi une injustice à l'égard des régions rurales puisque Postes Canada a toujours accordé la priorité aux centres urbains, pour ce qui est de la répartition des fonds et des conditions de financement. Le service postal dans ces régions n'est pas un luxe. Il s'agit d'un élément essentiel, non seulement pour les communications et les entreprises, mais aussi pour la communication entre les gens.
Plus récemment, Postes Canada s'est occupé du programme Aliments-poste, qui desservait des populations parmi les plus pauvres au pays, c'est-à-dire les Autochtones des régions comme celle d'où je viens et que je représente. Ce sont des régions isolées, et ce programme leur a permis d'avoir accès à des aliments sains. Il n'en est maintenant plus question.
On a beaucoup parlé des 2 milliards de dollars que Postes Canada a consacrés à ses projets de modernisation. J'ai vu une présentation PowerPoint fort sophistiquée à propos des nouveaux véhicules que les employés auraient. Ces véhicules ne fonctionnent pas dans des endroits comme la région d'où je viens. Ce que je sais pour avoir parlé aujourd'hui avec Barb, Lorna et Bertha, à Flin Flon, c'est que les travailleurs permanents qui prennent leur retraite ne sont pas remplacés. On engage de plus en plus de travailleurs occasionnels. Quand ils expriment des préoccupations au sujet de la livraison du courrier dans les régions rurales, Postes Canada hésite à réagir.
L'hypocrisie, c'est un gouvernement qui prétend défendre le Canada rural, ou l'Ouest canadien, qui prétend être tourné vers l'avenir, mais qui, en plus d'abandonner les secteurs ruraux dans son projet de loi, attaque les fondements même de ma génération.
Ce genre de démarche ne se limite pas à Postes Canada. Nous avons entendu la question: Qu'est-ce que ce sera ensuite? Qu'en est-il des institutions envers lesquelles nous avons tous un sentiment d'appartenance et qui nous permettent de collaborer pour trouver des manières d'aider tout le monde?
La Commission canadienne du blé est un autre exemple. C'est le seul organisme autorisé à vendre un produit très important issu de ma région du Canada.
Qu'en est-il des autres sociétés d'État canadiennes? Quelle est la prochaine qui sera dans la mire du gouvernement? On sait déjà que le financement de ces sociétés a été remis en cause et réduit. Mais qu'en est-il de leurs employés?
Les choses ne doivent pas absolument se passer de cette façon. Notre chef, qui dirige l'opposition officielle, a affirmé qu'il n'est pas nécessaire qu'il en soit ainsi. Nous demandons au gouvernement d'exiger que Postes Canada lève le lock-out et permette aux parties de négocier pour trouver une solution aux problèmes avec lesquels les travailleurs sont confrontés sur le terrain et reconnaisse que ces travailleurs soutiennent les collectivités canadiennes. Ces Canadiens élèvent des enfants qui grandiront dans un monde qui présentera de plus en plus de défis.
Le rôle du gouvernement consiste d'abord et avant tout à défendre les citoyens. Voilà pourquoi nous luttons aujourd'hui, non seulement pour les employés de Postes Canada, mais également pour tous les travailleurs canadiens qui méritent d'être traités avec dignité dans un pays aussi riche que le nôtre.
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Monsieur le Président, je remercie mon collègue d'avoir fourni des éclaircissements à ce sujet.
Nous sommes donc ici pour discuter de cette mesure législative visant à forcer le retour au travail, qui est injuste. La Société canadienne des postes a décidé de décréter un lock-out et d'empêcher 48 000 employés des postes de travailler, même ces derniers souhaitaient travailler.
Pour défendre les droits de tous les travailleurs, je suis solidaire de mes camarades du STTP, qui veulent travailler, mais ne peuvent pas. Mes collègues du caucus néo-démocrate ainsi que des milliers de personnes de ma collectivité et d'autres collectivités canadiennes sont aussi solidaires de ces travailleurs.
Les travailleurs des postes ont entrepris des grèves tournantes légales le 3 juin. Même s'ils ont exercé leur droit de grève prévu dans la loi dans le cadre du processus de négociation collective, ils se sont assurés de ne pas interrompre la distribution du courrier, dont dépendent un très grand nombre de Canadiens. En fait, c'est seulement après le lock-out décrété par Postes Canada, le 15 juin, que nous nous sommes aperçus que le courrier n'était plus distribué. La semaine dernière, le gouvernement a choisi de s'ingérer dans le processus de négociation collective et d'imposer une mesure législative forçant le retour au travail.
Le rôle du gouvernement n'est pas d'intervenir dans le processus, mais plutôt de dire à sa propre société d'État de retourner à la table de négociation et de mettre en place une convention collective juste et équitable. Le rôle du gouvernement n'est pas d'aider la société à atteindre ses objectifs à la table de négociation en faisant adopter une loi de retour au travail. La mesure législative proposée enlève toutes les raisons qui pourraient inciter Postes Canada à revenir à la table de négociation et lui enlève son obligation de négocier, sans parler de celle de négocier de bonne foi.
Cette mesure législative présentée par la mine le processus de négociation collective pour lequel beaucoup d'hommes et de femmes se sont battus pendant de nombreuses années et pour lequel ils ont fait des sacrifices. Quand j'étais conciliatrice au sein de la commission provinciale du travail, nous insistions pour que toutes les parties parviennent à une entente par elles-mêmes.
Les personnes qui, par le passé, ont défendu vigoureusement le droit à la négociation collective ont créé des avantages pour tous les Canadiens. Grâce à elles, les jeunes qui intègrent le marché du travail savent aujourd'hui qu'ils pourront profiter d'avantages comme une journée de travail de huit heures — ce n'est pas mon cas, mais cela s'applique à la plupart des Canadiens —, de congés les fins de semaine, de normes et de mesures visant à assurer des conditions de travail sécuritaires et de congés parentaux, parmi tant d'autres.
Nous avons essentiellement tous un meilleur niveau de vie en raison du travail effectué par le mouvement syndical et les travailleurs au fil des années. Il est également important de noter que les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, le STTP, ont eux-mêmes été responsables de nombreux progrès au cours des années.
En tant que jeune femme, j'aimerais en souligner quelques-uns.
En 1974, les membres du STTP ont exprimé leur solidarité avec les opérateurs des machines de codage, qui étaient essentiellement des femmes, en déclenchant une grève illégale pour défendre le droit à l'égalité des femmes qui faisaient ce métier peu rémunéré.
En 1981, les membres du STTP ont fait la grève et sont parvenus à obtenir des congés de maternité payés. Grâce à cela, de nombreuses femmes n'ont plus eu à choisir entre leur désir d'avoir une famille et celui d'avoir une carrière. Les femmes savent maintenant qu'elles n'ont plus à craindre les problèmes financiers lorsqu'elles s'occupent de leurs nouveau-nés et qu'elles auront un emploi lorsqu'elles reviendront de leur congé de maternité.
En 1985, le STTP a élaboré et obtenu une convention collective pour le personnel chargé du nettoyage à Toronto, qui comportait un grand nombre de femmes. Ce fut l'une des premières unités de négociation collective du secteur privé.
Le mouvement syndical et en particulier le STTP défendent énergiquement et depuis longtemps les luttes qui ont abouti aux droits des travailleurs et à l'égalité pour les femmes.
En tant que femmes, jeunes travailleurs, travailleurs de tous âges et membres de la collectivité qui ont une conscience, nous ne pouvons pas rester les bras croisés alors que les droits de tous les travailleurs sont enlevés et se détériorent.
Les employés des postes sont nos voisins et amis. Ce sont des Canadiens ordinaires qui méritent des salaires, des avantages sociaux et des conditions de travail décents.
Ils fournissent des services essentiels aux électeurs de ma circonscription, Scarborough—Rouge River, et à tous les autres Canadiens, notamment les chefs de famille monoparentale qui dépendent du chèque mensuel de la prestation fiscale canadienne pour enfants, les aînés bénéficiaires du SRG ou de la SV qui n'ont pas de dépôt direct, les Canadiens qui comptent sur leur prestation du PPIRPC, les Canadiens à faible revenu qui attendent leur remboursement d'impôt, les particuliers qui attendent leur passeport et les familles des nouveaux venus qui se servent du service postal pour envoyer des demandes de parrainage afin d'être réunis avec les êtres qui leur sont chers. Ces voisins de tout le pays attendent que Postes Canada débarre ses portes et rouvre ses boîtes aux lettres rouges pour que leur vie revienne à la normale.
Les employés des postes demandent la même chose que mes voisins: rentrer au travail et continuer de livrer quotidiennement des millions d'articles de courrier.
Par ce projet de loi de retour au travail, le gouvernement a décidé de punir les travailleurs en leur imposant un contrat assorti d'augmentations salariales bien inférieures à la dernière offre de Postes Canada. En voici quelques détails.
L'offre de Postes Canada était de 1,9 p. 100 en 2011, 2012 et 2013, et de 2 p. 100 en 2014, soit bien en deça du taux d'inflation de 3,3 p. 100.
Toutefois, le projet de loi du gouvernement prévoirait des offres encore inférieures, soit de 1,75 p. 100 en 2011, seulement 1,5 p. 100 en 2012 et 2 p.100 en 2013 et 2014. Tout cela en dépit du fait que Postes Canada fait des profits — 281 millions de dollars pour la seule année passée. Comme nous l'avons appris, son PDG a gagné un salaire incroyable de 497 000 $ plus une prime de 33 p. 100, alors qu'on offrait un système salarial à deux vitesses et discriminatoire envers les jeunes employés parce que Postes Canada veut diminuer le salaire des débutants.
Cette proposition visant les jeunes travailleurs est injuste et injustifiée.
Comme l'a déclaré Paul Moist: « Les loyers ou les hypothèques à deux niveaux, ça n'existe pas. Les jeunes et les nouveaux employés n'ont pas de rabais sur leurs factures de services publics ou d'épicerie ».
Je suis d'accord avec lui. Je n'ai jamais eu de loyer à rabais parce que j'étais étudiante et que je travaillais à temps partiel. C'est scandaleux.
Vous restiez chez vos parents.
Je regrette, j'ai vécu pendant neuf ans loin de chez mes parents, dont sept pendant que j'allais à l'université. Je n'ai pas eu le luxe de rester chez mes parents comme l'un des chahuteurs l'a dit.
Il est scandaleux de dire que les jeunes travailleurs ne méritent pas le même salaire que les autres. Les femmes se battent encore pour obtenir un salaire égal pour un travail égal. Cela vaut aussi pour les jeunes travailleurs. Ce projet de loi élimine le droit des travailleurs du secteur public de négocier collectivement.
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Monsieur le Président, je sais que tous les députés présents dans cette enceinte actuellement sont fatigués, mais il est de notre devoir de parler au nom de nos électeurs, quelles que soient nos opinions.
Puisque c'est la première fois depuis les élections que je fais un bref discours devant la Chambre, je voudrais remercier mes électeurs d'Edmonton—Strathcona de m'avoir réélue et de me faire confiance pour défendre leurs intérêts à la Chambre.
Comme tous mes collègues députés, je reçois, moi aussi, passablement de courriels ainsi que des lettres. Je ne sais pas si elles me sont parvenues par pigeon voyageur, une espèce que je croyais disparue.
Comme les députés des deux côtés de la Chambre l'ont dit, nos électeurs sont très inquiets de ne pas recevoir leurs chèques de pension, leurs chèques de prestations de sécurité de la vieillesse, leurs chèques d'aide sociale venant de leur province, leurs chèques de prestations d'invalidité, et ainsi de suite. Nous comprenons tous leurs inquiétudes.
Nous partageons aussi les inquiétudes des diverses ONG dont dépend notre société. Elles ont besoin des subventions de l'État et des dons par chèque qu'elles reçoivent. Elles doivent organiser des campagnes de financement.
Je suis heureuse que mes électeurs qui ont exprimé des inquiétudes concernant les répercussions de la grève sur leurs entreprises m'aient néanmoins félicitée pour ma réélection. Ils respectent ma détermination et mes principes, me souhaitent bonne chance et me disent de poursuivre mon bon travail.
Voilà le genre d'électeurs que l'on trouve dans Edmonton—Strathcona. Ils comprennent que nous sommes en présence de problèmes difficiles. Ils comprennent qu'il y a des tensions entre les employeurs, les employés et les syndicats. Certaines personnes ne sont pas nécessairement favorables aux syndicats et voudraient les voir disparaître.
Au cours du présent débat, j'ai été particulièrement troublée par l'affirmation des députés d'en face voulant qu'il soit inopportun de poursuivre le débat toute la nuit. N'oublions pas que c'est le gouvernement qui essaie de faire adopter un projet de loi dans la précipitation. Nous avons été forcés de recourir à des mécanismes qui nous permettent de représenter nos électeurs et ceux qui subiront les effets de ce projet de loi répressive.
Tout comme mes collègues de et de , je m'insurge aussi contre l'affirmation voulant que, de ce côté-ci de la Chambre, nous ne nous souciions que du sort des gens qui travaillent pour les syndicats. Il y a un peu d'hypocrisie ici. Certains se sont plaints que mes collègues néo-démocrates s'écartaient du sujet sur lequel porte le projet de loi. En même temps, ils nous accusent de ne représenter les intérêts que des travailleurs syndicaux. Ils ne peuvent pas jouer sur tous les tableaux en même temps.
Comme certains députés l'ont rappelé à la Chambre, nous parlons d'un projet de loi qui va toucher aux droits et aux privilèges des employés syndiqués, en particulier ceux des travailleurs des postes. Par conséquent, il est logique que, lorsqu'ils parlent du projet de loi, les députés abordent aussi ces questions.
Cela ne signifie aucunement que les députés néo-démocrates, ou tout autre député, ne se soucient pas du sort des gens qui travaillent ailleurs, qu'il s'agisse des employeurs propriétaires uniques, des avocats qui font partie d'un cabinet, des chirurgiens ou des dentistes, des employés de dépanneurs ou de grandes sociétés, des mineurs ou des agriculteurs. Bien entendu, tous les Canadiens ont des droits et des privilèges, et il nous incombe de les protéger.
Je rappelle à la Chambre que nous discutons d'un projet de loi que le gouvernement a présenté à la Chambre. En passant, cela a été fait à la dernière minute, au moment où nous nous apprêtions à ajourner pour l'été.
Je suis aussi profondément troublée par l'affirmation voulant que nous soyons soit en faveur des aînés ou des entrepreneurs privés, ou bien des travailleurs syndicaux. En tant qu'élus, il nous incombe de représenter tous les Canadiens également et de veiller à la protection de leurs droits et de leurs intérêts.
À la Chambre, on a beaucoup fait état de la nécessité de protéger les droits des personnes qui exploitent des entreprises, mais on fait peu de cas des gens qui travaillent pour ces entreprises et on ne se demande pas s'il existe des dispositions pour protéger les droits et les intérêts de ces travailleurs.
Comme l'ont dit certains de mes collègues néo-démocrates, c'est grâce au mouvement syndical organisé que nous avons le droit de mettre en pratique ce que d'aucuns en cette Chambre qualifient de valeurs familiales.
Quelles sont ces valeurs familiales? Bien entendu, il y a le droit d'avoir du temps libre pour le consacrer à ses enfants et à ses parents âgés, pour leur rendre visite dans leur foyer de retraite et pour aller voir des cousins ailleurs au pays.
Voilà la raison d'être du combat de ces travailleurs: ils veulent avoir le droit de s'absenter du travail pendant des périodes prolongées. Je crois comprendre qu'on propose de limiter ces congés. Pour moi, cela ne ressemble pas du tout à des valeurs familiales.
La Chambre a entendu parler, au cours des dernières semaines, des rapports constatant la hausse de l'endettement des ménages. Pourtant, le projet de loi du gouvernement prévoit une réduction des salaires à des valeurs moindres que ce qui était offert par l'employeur. En fin de compte, cette réduction fera augmenter davantage l'endettement des ménages. Tous les Canadiens devraient certainement avoir droit à un salaire raisonnable.
Si nous ne veillons pas à ce que les employeurs paient des salaires suffisants, ce sont les contribuables qui devront compenser. Voilà pourquoi nous luttons pour obtenir des salaires suffisants. Les gens préfèrent travailler fort pour gagner un salaire suffisant. Ils ne veulent pas dépendre de l'État pour obtenir ce qui leur manque. Ils ne veulent pas dépendre des banques alimentaires.
Nous avons entendu des députés nous dire qu'il y a même des anciens combattants qui doivent fréquenter les banques alimentaires, eux qui ont pourtant combattu vaillamment à l'étranger pour défendre les libertés de notre pays ou d'autres pays. Nous devons veiller à ce que tous les travailleurs, qu'il s'agisse des membres des forces armées, des membres de la GRC, des travailleurs des postes ou des infirmières, aient un salaire suffisant pour leur permettre de vivre.
Je suis profondément troublée. On semble laisser entendre que certains employés devraient avoir des droits et que d'autres ne devraient pas en avoir.
Permettez-moi de donner aux députés un exemple concret de situation où les syndicats ont défendu des travailleurs dont le gouvernement veut favoriser la présence: les travailleurs étrangers temporaires. Dans ma province, on a fait appel à des dizaines de milliers de travailleurs étrangers temporaires. Qui a défendu leurs intérêts? Ce sont les syndicats. Ils ont offert à ces travailleurs de l'aide juridique gratuite, alors que les gouvernements les avaient laissé tomber.
Tant le fédéral que la province les ont laissé tomber. Qui a défendu les intérêts des travailleurs de l'entreprise privée et des grandes entreprises? Le gouvernement n'était pas prêt à les aider. Ce sont les syndicats qui s'en sont chargés.
Les syndicats n'avaient aucun intérêt à protéger les travailleurs étrangers, qui étaient susceptibles de remplacer leurs propres membres dans leurs postes. Malgré tout, les syndicats ont lutté pour que des inspections en bonne et due forme soient effectuées afin de s'assurer que les droits des travailleurs étrangers temporaires étaient bel et bien respectés. Voilà un bon exemple de l'utilité des syndicats.
Je n'ai jamais été membre d'un syndicat. Au cours de ma pratique, je n'ai jamais oeuvré ni pour un syndicat ni dans le domaine des relations de travail. Cela ne signifie pas que je n'ai pas de respect pour mes collègues qui ont fait ce genre de travail. C'est un travail difficile, voire ardu, de prendre part à des négociations. C'est un rôle très utile, que l'on représente la partie patronale ou la partie syndicale. Je pense que nous devrions respecter les progrès qui ont été accomplis au Canada.
J'ai eu l'honneur et le privilège de travailler à l'étranger, dans des pays avec lesquels nous avons des échanges commerciaux, et les droits et les privilèges que nous avons ici n'existent pas là-bas. Ce sont des pays où, par exemple, nous exportons de l'amiante. Chaque jour, en me rendant au travail, je voyais des travailleurs aller pieds nus dans un chantier de construction. On ne leur fournissait ni bottes ni casque ni vêtements de travail adéquats. Ils ne pouvaient pas se laver comme il faut et n'avaient aucune protection syndicale. Dans la plupart des cas, s'ils essayaient de se syndiquer, ils se faisaient brutaliser.
Nous avons beaucoup de chance dans ce pays. Nous avons beaucoup de chance parce que beaucoup de ceux qui travaillent dans les syndicats ont gratuitement offert leur aide à d'autres nations pour faire en sorte que celles-ci aient les mêmes droits et possibilités.
Pourquoi cela est-il important? C'est très important pour une exploitation, qu'il s'agisse de la mienne, d'une industrie pétrochimique ou d'une exploitation agricole, d'avoir des conditions de travail, de santé et de sécurité convenables. Une organisation doit garder sa main-d'oeuvre en santé afin de pouvoir livrer ses produits.
Nous devrions rendre hommage aux travailleurs qui sont prêts à tenir tête à un employeur important. Ce n'est pas facile de tenir tête à un employeur important.
Je dois dire que je trouve…
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Monsieur le Président, en annonçant son intention de déposer un projet de loi forçant le retour au travail des employés syndiqués de Postes Canada, le gouvernement a tout simplement condamné le processus de négociation.
Il est bien évident qu'un employeur, une fois qu'il est assuré de gagner son épreuve de force sans même faire l'effort de négocier, n'a plus aucune raison de se remettre à la tâche. Un employeur qui obtient l'assurance qu'il sera épaulé par tout le poids législatif de l'État n'a plus aucune raison d'écouter les revendications des employés, de négocier et de faire des compromis, et de reconnaître la nécessité de poursuivre un dialogue ouvert, honnête et constructif.
Depuis que le gouvernement a annoncé son intention de forcer les travailleurs à renoncer à leurs droits les plus fondamentaux, les négociations ont tout simplement cessé. Le gouvernement contourne ainsi toute une tradition de dialogue, parfois passionné, parfois difficile et souvent déchirant, mais chaque fois mené dans le but ultime d'améliorer les conditions de travail et le développement dans les entreprises.
Soyons clair: les travailleurs ne veulent pas nuire aux profits de leur entreprise. En aucun cas ils n'ont l'intention de mettre en péril le développement et la poursuite d'occasions d'affaires permettant l'augmentation des revenus et, oui, la croissance des profits.
Aucun travailleur de Postes Canada ne remet en question les objectifs fondamentaux qui sont ceux de toute entreprise: le succès, la croissance, le profit et l'investissement. Il est certain que les travailleurs ont le succès à coeur. Leurs revendications ne sont en rien égoïstes ou naïves. Au contraire, ils désirent mettre leur expérience à contribution. Nous parlons ici d'une organisation qui se démarque par rapport à toutes ses semblables ailleurs dans le monde. Postes Canada a su adapter son mode de gestion à la réalité d'un territoire vaste et à la population dispersée, un territoire qui impose des défis uniques pour une entreprise de distribution. C'est ainsi que Postes Canada s'est démarquée de la concurrence en trouvant les moyens d'étendre son réseau dans les confins du pays, tout en préservant non seulement la rentabilité, mais en maximisant ses profits.
Postes Canada est une entreprise au modèle d'affaire enviable, qui fait figure de référence pour bien des pays dans le monde qui ne bénéficient pas d'un réseau aussi complexe et capable d'absorber de tels volumes de distribution.
C'est pourquoi les tentatives du gouvernement de comparer Postes Canada à d'autres réseaux de distribution ailleurs dans le monde proposent un argument si faible. Ce n'est pas à Postes Canada de se comparer aux autres. Il appartient plutôt à la concurrence de démontrer comment il leur serait possible d'accomplir la tâche admirablement bien exécutée de Postes Canada.
En étudiant attentivement les modes de fonctionnement auxquels font référence les dirigeants de Postes Canada et le gouvernement conservateur afin de justifier leurs actions, nous remarquons plutôt que très peu de ces entreprises se prêtent à la comparaison.
Postes Canada est un pilier de l'économie canadienne, non pas parce qu'elle se compare avantageusement à la concurrence, mais parce que les services et l'expertise qui ont été développés par les employés de Postes Canada depuis des décennies sont uniques dans le monde.
Récemment, le nouveau président-directeur général de Postes Canada, Deepak Chopra, a reconnu les possibilités d'expansion des services à Postes Canada. Il comparait le potentiel de Postes Canada à celui d'autres pays dans le monde, notamment la Nouvelle-Zélande, qui a développé de nouveaux services et ainsi augmenté sa profitabilité.
M. Chopra aurait pu en profiter pour souligner le cas exceptionnel de Postes Canada lorsqu'on en compare la performance avec la Nouvelle-Zélande, justement. Nous parlons ici d'un pays de 3,5 millions d'habitants, soit 10 fois moins que la population canadienne; un pays de 270 000 km2, soit 37 fois moins grand que le Canada avec ses 10 millions km2. Si on évalue la densité de population, on peut aussi comparer la Nouvelle-Zélande, avec 15 habitants par kilomètre carré, et le Canada, avec 3,3 habitants par kilomètre carré.
Je souligne ces simples faits pour rappeler que, lorsque les dirigeants de Postes Canada comparent le service canadien à celui des autres pays, ils doivent le faire en gardant à l'esprit le rendement exceptionnel des employés sur le terrain, qui fait en sorte que la population ne ressente aucun décalage dans la prestation de services, malgré des situations géographique et démographique absolument incomparables.
Est-ce que le gouvernement remercie les travailleurs de Postes Canada pour leur exceptionnelle contribution à la performance de notre service national? Absolument pas. Il use plutôt de désinformation en insinuant qu'il faut faire plus avec moins afin de rattraper la concurrence.
Mais quelle compétition? Ce n'est pas aux employés de Postes Canada de se comparer avec les exemples auxquels se réfère le gouvernement conservateur. Non, c'est plutôt devant la réussite unique de notre service de distribution que le gouvernement conservateur devrait se montrer humble et reconnaissant.
Et d'où vient cette réussite? Des employés de Postes Canada. Postes Canada a toujours privilégié une stratégie axée sur la compétence et le talent des employés, une stratégie axée sur les ressources humaines.
Comment faire autrement afin de desservir le vaste territoire canadien? Comment y parvenir sans avoir une confiance absolue dans chacun des travailleurs qui collaborent au succès de Postes Canada? C'est sur cette confiance, fruit d'une tradition de collaboration, de concertation et, oui, de négociation qu'est effectivement fondée la réussite de Postes Canada. La réussite historique et absolument unique de Postes Canada repose sur la confiance envers les facteurs. Ils sont bien plus que des simples employés, ils sont en fait des associés. Ces facteurs sont des responsables de secteurs, ils sont des gestionnaires de routes de distribution, ils sont des spécialistes du service à la clientèle, des optimisateurs de rendement, des ingénieurs de la performance. Les facteurs sont fiables, autonomes, réguliers et ponctuels. Autant de critères prisés de l'économie moderne.
Et que fait le gouvernement conservateur? Quelle approche adopte-t-il depuis à peine quelques semaines installé au pouvoir? Il sabote totalement et sans hésitation toute une histoire de fidélisation et d'entente réciproque, de soutien de l'entreprise envers ses employés, sous forme de salaires décents, d'avantages stables et de confiance renouvelée à la suite de négociations. Le gouvernement conservateur s'attaque au lien de confiance qui permet à Postes Canada de dépendre des employés qui opèrent leurs routes de distribution dans les coins les plus reculés du pays.
Parlons maintenant du moment choisi par le gouvernement pour imposer sa loi. Le gouvernement conservateur croyait déstabiliser l'opposition en ayant recours à une mesure extraordinaire. Mais nous avons des petites nouvelles pour le gouvernement. La stratégie du gouvernement qui vise à forcer un vote précipité en prolongeant la session parlementaire et en empêchant les députés québécois d'être présents auprès des leurs durant la fête nationale du Québec se retournera contre lui.
Le gouvernement conservateur oublie, ou ignore, que l'absence des députés néo-démocrates sera très remarquée par les Québécois. Ce sont les Québécois qui ont révolutionné le gouvernement canadien en faisant élire un nombre record de jeunes, de femmes, de représentants des minorités visibles et de progressistes de tous les horizons. Ce sont eux qui ont espéré et provoqué la plus belle vague de changement au Canada depuis de nombreuses années.
Le gouvernement conservateur croit-il réellement que l'absence des députés néo-démocrates lors des festivités de la fête nationale du Québec passera inaperçue? Non. L'absence de leurs députés décevra les Québécois autant que l'attitude de mépris du gouvernement conservateur face aux employés de Postes Canada.
Pire, cette absence attirera l'attention de toute la population québécoise sur ce qui se passe ici en Chambre. Lorsqu'ils demanderont: « Mais où sont donc nos élus, alors que depuis leur élection historique nous attendons l'opportunité de fêter leur émergence dans le ciel politique québécois? », nous leur répondrons que nous sommes fidèles au poste auquel ils nous ont élus.
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Monsieur le Président, avant de commencer mon discours, je dois dire que je siège à la Chambre depuis plus de cinq ans et que je suis extrêmement fier de mes nouveaux collègues. Je les félicite.
Cela fait longtemps que je me tiens au courant du dossier de Postes Canada. J'ai appris pas mal de choses en parlant aux travailleurs, au syndicat et aux représentants de la direction. Voilà ce que j'ai appris. Selon son mandat, Postes Canada doit réaliser un bénéfice annuel. Nous avons appris qu'en 2009 je crois, ce bénéfice était de 281 millions de dollars. Mais ce n'est pas tout. La société doit aussi donner une partie de ce revenu au gouvernement fédéral. En d'autres mots, Postes Canada est une façon pour le gouvernement de recevoir de l'argent, d'avoir un revenu garanti. Pour réaliser ce bénéfice, la direction veut que la société d'État devienne plus efficace. Et pour ce faire, elle doit entreprendre des mesures de compression.
[Traduction]
J’ai remarqué cela dans les collectivités de ma circonscription. Nous l’oublions en participant au débat d’aujourd’hui, mais l’ancienne présidente de Postes Canada, Moya Greene, avait pris des mesures draconiennes.
Dans la lettre que je lui ai adressée le 9 février 2010, je lui ai dit, par exemple, que la restructuration des bureaux de poste de Trail et de Castlegar occasionnait des problèmes d'effectif: des employés à temps partiel ayant des années d’ancienneté obtenaient moins d’heures que des employés occasionnels, et deux commis au guichet ayant reçu une formation complète avaient été mutés dans des postes de nuit dans une autre collectivité. À l’heure actuelle, notre bureau de poste de Castlegar a un commis au guichet de moins, ce qui allonge les files d’attente, et un poste de nuit a été éliminé.
Bien entendu, tout cela réduit la qualité du service offert à la collectivité.
J’ai également compris, en parlant à des représentants du STTP et à d’autres personnes, qu’avant l’arrivée de l’ancienne présidente à Postes Canada, il y avait d’assez bonnes relations de travail et l’atmosphère était plus détendue. Par conséquent, je crois qu’à la base de ce conflit, il y a un problème d’environnement créé par la direction, qui est peu propice à de bonnes relations de travail.
Mon adjointe de circonscription, Laurel Walton, a parlé hier à un membre du STTP qui faisait partie du piquet de grève. Il se demandait si le projet de loi rétablirait les avantages retirés le 2 juin, comme le congé de maladie, les soins de santé et les soins prolongés.
Je sais que l’employeur a arbitrairement réduit les heures des commis et des facteurs à plein temps sans consulter le syndicat. Ils se demandent si leurs heures régulières seront rétablies, s’ils retrouveront les minimums prévus dans la convention collective et si la livraison recommencera cinq jours par semaine. Ce sont des questions que se posent les travailleurs du STTP pendant qu’ils font du piquetage.
Je suis fier de signaler que mon association locale d’enseignants à la retraite de Grand Forks organise un rassemblement devant le piquet de grève afin d’exprimer son appui aux travailleurs des postes. En fait, il est plus que jamais nécessaire de manifester de l’appui à tous ceux qui valorisent l’équité et la justice. Il est tout simplement inacceptable que le gouvernement fédéral impose le retour au travail par voie législative, offre des salaires moindres que l’employeur et mette en fait les travailleurs en lock-out.
Les Canadiens doivent comprendre que ce n’est qu’un commencement. Dans le cadre de ces coupures et compressions, Postes Canada a réduit les heures de travail et les postes dans quelque 72 collectivités rurales de la Colombie-Britannique. À un moment donné, une travailleuse m’a appelé en larmes. Elle faisait sept heures par semaine à titre d’employée à temps partiel, mais on lui a coupé quatre de ces heures. Elle avait déjà de la difficulté à joindre les deux bouts tout en s’occupant de son mari invalide. Ce genre de politique fait beaucoup de tort, surtout dans les collectivités rurales.
Avant d’écrire à la présidente de Postes Canada, j’ai consulté le président du STTP à Trail. Il m’a dit que ses collègues et lui étaient disposés, avant le début des discussions concernant le lock-out, à négocier avec Postes Canada pour trouver une solution. Ils avaient quelques idées novatrices qui auraient permis à la société de trouver de nouveaux clients et d’augmenter ses recettes à l’échelle locale. On m’a dit en fait que les relations s’étaient détériorées avec l’arrivée du nouveau président.
Après avoir écrit à la présidente, j’ai pris contact avec son successeur. Je lui ai mentionné ma lettre du 17 décembre dans laquelle j’avais parlé des postes qui n’étaient pas remplis après le départ à la retraite de leurs titulaires. Cela a imposé de nouvelles contraintes aux travailleurs ainsi qu’au public qu’ils desservent.
Le schéma est clair. Postes Canada a entrepris une rationalisation de ses opérations en allant aussi loin que possible aux dépens de ses travailleurs.
[Français]
Après que le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes ait amorcé une série de grèves tournantes, il a offert de mettre fin à la grève si Postes Canada acceptait de maintenir en vigueur l'ancienne convention pendant la durée des négociations, ce que la société a refusé.
On nous adresse plusieurs questions pour savoir ce qui se passe et ce qu'on fait. Je réponds que c'est Postes Canada qui a imposé le lock-out. Les travailleurs voulaient continuer à travailler pendant les négociations. Ce n'est donc pas une grève des travailleurs, mais un lock-out imposé par la direction. Le gouvernement impose maintenant un contrat qui n'est pas une convention collective juste. C'est inapproprié de la part du gouvernement d'intervenir et d'imposer un contrat aux employés.
Nous demeurons tout de même optimistes quant à la résolution du conflit, mais on doit faire preuve de bonne volonté des deux côtés. Le gouvernement doit cesser d'interférer dans le processus. La direction de Postes Canada et le gouvernement n'ont discuté sur rien. On a imposé un lock-out immédiatement et présenté un projet de loi. Dire que ce n'est pas le gouvernement qui a pris la décision est faux. Ce sont les deux.
[Traduction]
Dans un communiqué, Dennis Lemelin, président du STTP, affirme que l'intervention indûment rigoureuse du gouvernement va détériorer les relations pendant des années. Comme je l'ai dit plus tôt, les relations étaient bonnes avant que nous prenions ce genre de mesures draconiennes.
Le dernier projet de loi forçant le retour au travail, que le gouvernement fédéral a imposé en 1997, contenait une disposition prévoyant le médiateur ou l'arbitre tienne compte de l'importance de la bonne entente entre les travailleurs et la direction. Or, ce n'est pas le cas du projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui.
J'aimerais répéter ce que j'ai dit aux électeurs qui s'inquiètent à propos du lock-out. La situation actuelle ne fait que nous donner un aperçu de l'avenir. Le gouvernement fédéral actuel, entre autres, redouble d'efforts pour retirer aux travailleurs canadiens les droits et les avantages pour lesquels ils se sont battus pendant des années. Nous finirons tous par être touchés, surtout dans les collectivités rurales. La réduction du nombre d'emplois et des salaires signifie que moins d'argent parviendra jusqu'à nos petites entreprises. Comme l'a si bien dit Robert Reich, ancien secrétaire américain du travail, je crois qu'un pays doit avoir une classe moyenne forte pour que son économie soit vigoureuse.
Si les salaires, les avantages sociaux et les régimes de retraite de nos travailleurs des postes sont coupés, d'autres secteurs en seront sûrement victimes aussi. C'est inévitable. Les économies locales dépendent des emplois bien rémunérés. La réduction du nombre d'emplois et des salaires signifie que moins d'argent parviendra jusqu'à nos petites entreprises.
Nous devons appuyer les travailleurs des postes. Assurons-nous que le gouvernement demande à Postes Canada de mettre fin au lock-out pour que les négociations puissent se poursuivre jusqu'à ce qu'elles aboutissent à une solution raisonnable pour tous.
:
Monsieur le Président, laissez-moi également aujourd'hui souhaiter une bonne fête nationale à tous les Québécois et à tous les francophones. Je voudrais également souhaiter spécialement une belle fête nationale à mes concitoyens et concitoyennes de Hull — Aylmer.
Le gouvernement conservateur qui est en place actuellement prend tous les moyens mis à sa portée pour empêcher et détruire tout droit à la négociation collective. Ce gouvernement appuie et accepte qu'un employeur mette ses employés en lock-out. Ce gouvernement refuse fondamentalement de reconnaître le droit à la négociation collective, un droit acquis chèrement par ces travailleurs et ces travailleuses et les travailleurs et les travailleuses au sein du Canada et même internationalement.
Au cours des 100 dernières années, les travailleurs ont revendiqué des droits, tels des heures de travail raisonnables, des lois en santé et sécurité qui les protègent, de congés de maternité et de paternité, des pensions décentes et bien d'autres. Cela ne s'est pas fait sans sacrifices et sans batailles.
Hier, le a tenté de nous donner un cours d'économie 101, mais aujourd'hui, j'aimerais profiter de l'occasion qui nous est donnée enfin, en tant que syndicalistes, pour parler des batailles des syndicats et des gains qui ont été faits bien souvent à l'encontre des employeurs et des gouvernements qui se sont succédé. Je pense principalement aux batailles des femmes à l'intérieur des syndicats de travailleurs et de travailleuses, ce qui nous permet aujourd'hui d'avoir 42 députées qui sont des femmes ici, du côté du NPD, et j'en suis très fière.
Dans le monde du travail, ces droits, tels que le droit à la pension, sont très importants pour nous. Ce sont ces droits que cet employeur et ce gouvernement veulent bafouer, soit le droit de revendiquer, le droit de négocier, le droit à des salaires décents et le droit de travailler dans la langue de son choix.
À ce stade-ci, j'aimerais citer quelques exemples des batailles qui ont été menées par les travailleurs et principalement par les travailleuses de Postes Canada. Je remonte un peu en arrière, car je crois que c'est très important de le faire quand on parle de syndicalisme, de notre formation et de la façon dont on a acquis ces droits, des droits que le gouvernement du Canada, le gouvernement en place et l'employeur veulent bafouer.
On remonte en 1880, à l'époque où une commission royale recommande l'embauche de femmes dans la fonction publique parce qu'elles se contentent d'un salaire peu élevé. On est très loin du salaire égal pour un travail égal. En 1884, le service postal compte plus de femmes commis de troisième classe que tout autre ministère.
En 1918, les épouses des grévistes sont aux premières lignes d'une grande manifestation d'appui organisée par divers syndicats dans les rues de Toronto.
Au cours des années 1950 et 1960, de nombreuses travailleuses des postes sont embauchées. Ces femmes, qui touchent encore une fois un maigre salaire, travaillent à temps partiel ou de façon occasionnelle.
En 1955, c'est l'abolition des restrictions visant les femmes mariées, à qui le travail dans la fonction publique était interdit.
En 1981, le STTP, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des Postes, déclenche une grève pour obtenir le congé de maternité rémunéré et obtient gain de cause.
En 1986, l'Association des courriers des routes rurales du Canada est mise sur pied. La majorité de ses membres sont des femmes.
En 2000, l'Organisation des courriers des routes rurales est mise sur pied pour améliorer les conditions de travail de ces travailleuses.
En 2004, enfin, on a une convention collective au nom des facteurs et factrices ruraux et suburbains. Enfin, de nombreuses travailleuses obtiennent ainsi accès au régime de retraite, à un régime d’avantages sociaux et à d’autres protections.
C'est très important d'en parler pour démontrer tous les gains qui ont été faits par des femmes et des travailleurs au sein la fonction publique fédérale et également dans le secteur des postes. C'est ce qu'on a gagné et c'est ce que ce gouvernement veut nous retirer.
J'aimerais également parler d'un autre exemple où les travailleurs et les travailleuses ont mené des batailles. Cela remonte au 15 mai 1919, à Winnipeg, une journée que plusieurs ont appelé « Bloody Saturday ».
Elle vit dans la mémoire de ceux parmi nous qui ont pris part de façon si honorable à la lutte pour les droits des producteurs de richesse. Elle vit dans la mémoire des fils et des filles de ceux qui y ont participé et à qui cette histoire est racontée durant les douces et agréables veillées familiales. Il faut dire qu'aujourd'hui, les veillées familiales ne sont plus les mêmes.
Plus près de nous, ici, à Buckingham, il y a un monument érigé à la mémoire des travailleurs tués lors d'un conflit de travail au début des années 1900. Ces deux faits démontrent le courage des travailleurs et travailleuses qui se sont battus pour avoir droit à la négociation collective. Ce sont également ces droits fondamentaux que ce gouvernement et Postes Canada tentent de détruire. Les travailleurs et travailleuses des postes ont contribué grandement à l'amélioration des conditions de vie et de travail de l'ensemble de la société. Je tiens à les remercier au nom des Canadiens et Canadiennes.
Pour avoir milité en tant que femme dans ces mouvements, je suis très fière d'avoir fait mon apprentissage par l'entremise de l'école syndicale. Je suis également fière de pouvoir partager avec mes collègues cette histoire ainsi que cette fierté qu'ils et elles auront eue d'avoir mené des luttes solidaires dont les gains profitent aux députés, aux femmes et à l'ensemble de la collectivité. Si ce n'était des syndicats des travailleurs et travailleuses, on ne serait pas ici aujourd'hui, et les femmes ne seraient pas avancées comme elles le sont aujourd'hui. Plusieurs femmes de ma génération se rappellent très bien le temps où le congé de maternité rémunéré n'existait pas. Le terme « équité salariale » était même inconnu.
On peut aussi parler des mythes dans la fonction publique que l'employeur, Postes Canada, tente de diffuser. On dit que Postes Canada siphonne les fonds publics. Dans les faits, le service postal public et les travailleurs et travailleuses des postes ne coûtent rien au Trésor public.
Au cours des 15 dernières années, Postes Canada a réalisé des profits de 1,7 milliard de dollars et a versé au gouvernement fédéral 1,2 milliard de dollars en dividendes et en impôt. Or on tente présentement de nous faire croire qu'il y a des problèmes, que les services publics sont trop forts et qu'ils devraient être privatisés ou détruits.
On parle de la faible participation et de la faible productivité de la fonction publique et de Postes Canada. Au contraire, Postes Canada est très productive. Contrairement à de nombreuses entreprises, elle a fortement augmenté sa productivité au cours des deux dernières années. Par exemple, la productivité du traitement du courrier transactionnel s'est accru de 6,7 p. 100. Il est très important de le noter.
J'aimerais également noter une chose que les postiers faisaient et qu'on a oubliée au cours des années. Dans les grandes villes, les postiers participaient à la communauté de façon très importante. Ils livraient le courrier porte à porte, et bien souvent, ils notaient que des personnes âgées n'avait pas pris leur courrier depuis cinq ou six jours. Ils appelaient ensuite la police ou des personnes de la communauté pour savoir si ces personnes allaient bien. On a perdu cette valeur, ce besoin, cette action qui était très importante pour la communauté. Aujourd'hui, on voit bien souvent des personnes âgées laissées à elles-mêmes. On pourrait parler de situations où des gens âgés ont été trouvés après plusieurs jours dans leur communauté.
Je dénonce encore une fois l'attitude de ce gouvernement et de cet employeur qui, de connivence, ont accepté un lock-out et refusé le droit à la négociation collective juste et équitable à l'ensemble des travailleurs et travailleuses. Cela fait en sorte qu'à l'avenir, ces mêmes travailleurs et travailleuses et la collectivité vont perdre leurs droits et régresser.
Je souhaite qu'on retourne enfin à la table de négociation et que le gouvernement entende raison.
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Monsieur le Président, je vais répéter ce que j'ai dit parce qu'il s'agit peut-être d'un problème d'interprétation. Je reconnaissais tout à fait qu'une aide avait été apportée à l'industrie automobile par le gouvernement fédéral au moyen de garanties de prêt de 10 milliards de dollars. Cela dit, il est inacceptable de dire qu'on a aidé la foresterie, qui est un secteur plus important en termes de pourcentage du PIB que le secteur automobile, qui n'a reçu que 170 millions de dollars pour s'aider à sortir de la crise. Je voulais simplement corriger ce que mon collègue d'en face avait mentionné.
Je veux également dire que je suis fier de représenter les gens de Rimouski-Neigette—Témiscouata—Les Basques. Par la même occasion, comme plusieurs de mes collègues, je veux exprimer mes regrets de ne pouvoir être avec eux pour la Fête nationale du Québec que nous célébrons aujourd'hui.
J'aimerais spécifier aux divers députés qui ont fait des interventions, et particulièrement les députés du gouvernement, que pour ma part, je me fixe pour objectif de représenter tous les gens de ma circonscription, les postiers comme ceux qui reçoivent les services des postiers.
Mes collègues savent qu'il s'agit de mon premier mandat en tant que député. Certains d'entre eux sont ici depuis plus longtemps, mais il semble que mes collègues aient un certain problème à répondre adéquatement à la correspondance qu'ils reçoivent de leurs concitoyens. J'aimerais donc leur donner un petit coup de main. S'ils ont un crayon et une feuille de papier, ils pourront prendre quelques notes.
Aux gens qui leur écrivent pour signaler qu'ils ont des difficultés, que leur petite entreprise ne pourra survivre si le service ne reprend pas ou qu'ils attendent des services, divers biens, des médicaments etc., ils pourront répondre qu'il y a actuellement un conflit à Postes Canada et que les employés ont répondu à ce conflit par une grève tournante devant des offres qui étaient, selon eux, inacceptables de la part de Postes Canada. Cette grève tournante permettait aux citoyens de recevoir leur courrier, leurs colis etc.
La a dit qu'elle n'interviendrait pas pour mettre fin à la grève tournante étant donné que le service n'était pas interrompu, mais que si le service était interrompu, elle considérerait sérieusement la possibilité d'adopter une loi spéciale. Postes Canada a donc décrété un lock-out.
Étant donné que le gouvernement possède une faible majorité qui lui a été donnée par moins de 40 p. 100 des électeurs et moins de 20 p. 100 des électeurs québécois, il a le pouvoir d'imposer une loi spéciale qui brime le principe de négociations collectives. Par contre, en tant que député du gouvernement, mes collègues appuient ce processus. En fait, le gouvernement avait plusieurs choix. Il aurait pu adopter une loi spéciale pour reconduire la convention collective, ce qui aurait été acceptable pour le syndicat et les employés, et ce qui aurait permis aux citoyens de recevoir leur courrier. Malheureusement, le gouvernement a décidé de ne pas aller dans cette direction.
Le gouvernement aurait pu établir une loi spéciale qui aurait mis fin au lock-out sans affecter le droit de grève tournante et le droit de grève du syndicat, ce qui aurait permis de la livraison du courrier. Malheureusement, le gouvernement a décidé de ne pas aller dans cette direction.
Le gouvernement a donc décidé d'imposer une loi spéciale qui force le retour au travail dans des conditions défavorables aux employés.
Le gouvernement se dit surpris que les employés n'approuvent pas les conditions défavorables à leurs intérêts, même si cette décision du gouvernement retarde la livraison du courrier.
C'est ce que mes collègues pourraient répondre à leurs concitoyens pour expliquer la situation actuelle.
À mon avis, ce gouvernement — mes collègues ne sont pas tenus d'écrire cela dans leur lettre — est certainement le plus polarisateur que j'aie vu dans l'histoire du pays. Présentement, il divise le pays entre bons et mauvais citoyens, comme il l'a fait durant les cinq dernières années et comme on sait qu'il continuera de faire. Présentement, les mauvais citoyens sont les syndiqués qu'il a décidé de traiter comme des citoyens de deuxième classe.
Ce qui se passe ici n'est pas seulement un événement isolé. On ne reste pas ici pendant la semaine des quatre jeudis pour traiter d'un événement isolé à Postes Canada. Un message est lancé aux employeurs du pays pour les prochaines années, et particulièrement pour les quatre prochaines années de ce gouvernement. Ce message indique aux présidents-directeurs généraux et aux présidents de conseil d'administration qu'ils peuvent négocier de mauvaise foi, et laisser traîner les choses pendant sept, huit ou neuf mois et imposer un lock-out.
Puis le gouvernement va légiférer en imposant des conditions strictes aux employés, ce qui fera l'affaire des employeurs. On l'a vu dans le cas d'Air Canada. C'était ce que le gouvernement était sur le point de faire. On le voit maintenant dans le cas de Postes Canada. Qu'est-ce que ce sera, à l'avenir? Via Rail, Bell, Bombardier ou n'importe quelle autre compagnie que ce gouvernement jugera être trop importante économiquement pour la laisser librement négocier et décider de son avenir.
[Traduction]
Autrement dit, le message qui est actuellement transmis aux employeurs de ce pays, c’est que s’ils fomentent une crise, le gouvernement viendra à leur secours. Voilà exactement ce qui est en train de se passer en ce moment.
[Français]
J'aimerais prendre le temps qu'il me reste pour discuter de deux raisons particulières qui, selon moi, expliquent pourquoi il y a présentement un conflit de travail. Du côté patronal, on impose deux clauses carrément inacceptables pour le syndicat et pour l'ensemble du mouvement syndical, ainsi que pour les gens à faible revenu qui font partie de la classe moyenne. Avec de telles clauses, on peut comprendre que les gens utilisent des moyens de pression comme des grèves tournantes.
L'une d'entres elles est ce qu'on appelle la « clause orphelin. » S'il y a une mesure dans le monde des relations de travail qui est tout à fait inéquitable, inique et injuste, c'est celle des « clauses orphelin ». Je ne sais pas si on peut bien traduire cette expression. À la base, avec cette clause, les jeunes employés qui entrent sur le marché du travail et qui font le même travail que ceux déjà en place, gagneront un salaire inférieur que leurs collègues d'à côté. Comment un syndicat qui représente tous ses membres peut-dire à certains d'entre eux qu'ils valent moins que les autres membres qui travaillent à côté d'eux? Pense-t-on réellement que le syndicat est en mesure d'accepter cela? Ne peut-on pas expliquer à Postes Canada, qui est une société d'État — donc contrôlée par le gouvernement —, ce principe de base des relations de travail, à savoir qu'il ne peut pas y avoir des membres qui reçoivent un salaire différent pour le même travail?
La deuxième clause concerne les pensions. Comme certains collègues en ont déjà parlé, je ne m'y attarderai pas longtemps. On demande aux employés, qui savent qu'à 60 ou 65 ans ils auront une sécurité de revenu à la retraite, de passer d'un régime de prestations déterminées, dont on connaît le montant, à un régime à cotisations déterminées, où on espère qu'il n'y aura pas de crise économique au moment où on prendra sa retraite. Sinon, on risque de devoir travailler cinq, six ou sept ans de plus.
Encore une fois, c'est un principe inacceptable et on peut comprendre la position du syndicat. On demande à Postes Canada d'être plus conciliant et au gouvernement fédéral d'utiliser une option différente que celle d'un retour au travail dans des conditions défavorables aux travailleurs et d'envisager d'autres options comme celle de mettre fin au lock-out.
:
Monsieur le Président, je prends la parole ce matin pour me faire l'écho de la préoccupation grandissante entourant la mesure autoritaire et draconienne du gouvernement.
Le gouvernement a essentiellement déclaré la guerre aux travailleurs canadiens. À peine quelques heures après que les employés d'Air Canada eurent déclenché une grève, le gouvernement a annoncé qu'il allait présenter un projet de loi de retour au travail. Et quelques heures seulement après que Postes Canada eut mis ses employés en lock-out, le gouvernement a indiqué qu'il allait déposer un projet de loi de retour au travail. Il n'a pas tenté de raisonner ou de rencontrer les parties au conflit; il a simplement employé les grands moyens.
Les travailleurs canadiens devraient prendre garde, car le gouvernement juge approprié que le niveau de vie des travailleurs ordinaires continue de reculer par rapport à l'inflation. D'après le gouvernement, il est acceptable de réduire les pensions. Et, d'après le gouvernement, il est aussi acceptable que les jeunes travailleurs soient moins bien rémunérés que d'autres pour exécuter le même travail.
L'intention du gouvernement est claire. Il veut s'en prendre, pour des motifs de profit et d'idéologie, au niveau de vie pour lequel les travailleurs se sont battus depuis plus de cinquante ans. Le projet de loi s'en prend aux familles des travailleurs en les privant d'un revenu de 40 millions de dollars en salaires. Il s'en prend aux pensionnés et aux retraités en exigeant que l'entente ne modifie pas le ratio de solvabilité du régime. Il s'en prend aux conditions de travail en stipulant que l'arbitre doit étudier le marché imaginaire des entreprises postales afin de comparer les conditions de travail. Il n'existe pas d'éléments comparables, mais l'arbitre est tenu de faire cet exercice.
La mesure législative s'en prend aussi aux jeunes travailleurs en leur faisant savoir très clairement qu'ils doivent s'attendre à obtenir moins que leurs collègues plus âgés en ce qui a trait aux conditions de travail, aux salaires, aux pensions et à tout le reste. Ce n'est pas le message que notre parti veut envoyer aux Canadiens. Nous voulons plutôt leur dire qu'ils peuvent continuer à espérer améliorer leur sort année après année, à voir leur niveau de vie augmenter et à pouvoir plus facilement payer leurs maisons et leur nourriture, au lieu du contraire.
La disposition législative sur le ratio de solvabilité me fait vraiment tiquer, parce que le gouvernement a dit qu'il était préoccupé par les coûts d'une entente conclue par la voie de la médiation ou de l'arbitrage. La détermination du ratio de solvabilité des offres soumises à l'arbitre va nécessiter, pour chaque offre qui sera proposée ainsi que pour l'offre qui aura été retenue, des études actuarielles d'un régime de pension de 14 milliards de dollars qui coûteront des millions de dollars. C'est un gaspillage d'argent incroyable.
Le gouvernement fait uniquement mention du ratio de solvabilité. Il ne parle pas du ratio sur le plan de la continuité. Pourquoi? Le ratio de solvabilité montre ce qui se produit si un régime de pension est liquidé. Si Postes Canada cesse d'exister, quel sera le montant dû aux pensionnés? Le gouvernement ne parle que de cet aspect. Est-ce à dire qu'il envisage secrètement de privatiser Postes Canada? Je dis cela parce que le gouvernement n'a pas parlé du ratio sur le plan de la continuité, dont Postes Canada ne se soucie pas non plus, puisque la société a dit:
Étant donné le modeste déficit sur le plan de la continuité, on prévoit l'éliminer rapidement [...]
Ce sont les propos de la Société canadienne des postes elle-même. En fait, le déficit est de 1 p. 100.
Ces éléments laissent croire que le gouvernement envisage peut-être de donner les services postaux à la sous-traitance dans un avenir rapproché, ce qui devrait nous préoccuper énormément.
Je veux aussi souligner aux députés d'en face que mon expérience dans le mouvement syndical au Canada est très longue. Ce qui m'avait poussé à m'engager dans le mouvement syndical, c'était, je m'en souviens, une mesure législative présentée en 1975 par un certain premier ministre qui, contrairement à ce qu'il avait promis, avait limité les salaires au Canada. Cette mesure législative était appelée le contrôle des salaires et des prix et a été présentée par M. Pierre Trudeau, un premier ministre que ce parti n'apprécie guère. En présentant un projet de loi qui limite les salaires, le gouvernement actuel nous rappelle beaucoup cet ancien premier ministre. C'est affreux.
Il a refait la même chose en 1982 en présentant d'autres dispositions de contrôle de salaires. Je le répète, ce projet de loi semble annoncer le début d'une série de mesures visant à contrôler les salaires dans notre pays.
Ce premier ministre n'est resté en fonction que deux ou trois ans avant d'être chassé du pouvoir. Le gouvernement ne devrait pas l'oublier.
Si, dans ce conflit, il est question de modération, si c'est ce dont il s'agit, c'est-à-dire que l'on demande aux travailleurs de Postes Canada de faire preuve de modération, pourquoi donc la haute de direction de Postes Canada ne fait-elle pas elle-même preuve de modération? Pour quelle raison le PDG de Postes Canada continue-t-il de recevoir des augmentations de salaire et de prime nettement supérieures au taux d'inflation? Pour les Canadiens, le message est clair: le gouvernement se préoccupe plus des PDG et de ce qu'ils gagnent que des travailleurs canadiens moyens et de leurs salaires, de leurs conditions de travail et de leur capacité à joindre les deux bouts.
L'autre chose qui me dérange dans les déclarations faites par le gouvernement, c'est qu'il se plaint que les négociations ont trop duré et que c'est pourquoi il a dû intervenir. En fait, j'ai participé à des négociations d'une convention collective qui ont duré 22 mois parce que les différends étaient si complexes et si détaillés qu'il a fallu autant de temps pour trouver un moyen de sortir de l'impasse sans grève ni lock-out. C'est l'une des choses qui arrivent au Canada lorsque la situation est compliquée. Nous prenons le temps de discuter des problèmes; nous consacrons beaucoup de temps à rechercher une solution.
La affirme également qu'elle a fait tout ce qu'elle pouvait — tout ce qu'elle pouvait — en vertu de la loi pour empêcher le conflit. C'est faux. La loi comporte toujours une disposition permettant de faire appel à un commissaire-conciliateur. La ministre ne s'en est pas servie. Un commissaire-conciliateur a le pouvoir de publier un rapport public et, pendant qu'il délibère, il est impossible de déclencher une grève ou un lock-out. La ministre n'a pas fait tout ce qu'elle pouvait.
Parlons également des autres effets que la mesure législative aura sur le reste des Canadiens et des messages qu'elle envoie aux autres gouvernements de notre pays.
Mon gendre est agent de police, et comme son travail est considéré comme un service essentiel, il n'a pas le droit de faire la grève. En échange, la province conclut une entente selon laquelle, si les négociations concernant son salaire, ses avantages et ses conditions travail échouent, ceux-ci seront déterminés par un tiers — non pas certains de ses avantages, non pas tout sauf son régime de retraite et non pas tout sauf son salaire, car, en ce moment, c'est nous qui allons déterminer les salaires des travailleurs.
Récemment, les agents de police de la ville de Toronto sont parvenus à obtenir une hausse salariale de 11,5 p. 100 sur quatre ans par voie d'arbitrage. C'est tout à fait approprié, comme augmentation. Les agents de police ont dit « oui ». Or, elle avait été proposée par un tiers.
Cependant, à l'heure actuelle, le gouvernement a décidé de défendre à la tierce partie en cause d'accorder une hausse supérieure à 7,25 p. 100. Il s'agit d'une différence supérieure à 4 p. 100 par rapport à aux augmentations obtenues par arbitrage au Canada. Je crois que bon nombre des agents de police ont voté pour le parti ministériel. Toutefois, si le gouvernement met en oeuvre ce genre de mesures législatives, il indiquera aux autres assemblées législatives du pays qu'il est acceptable de limiter les augmentations de salaires et la bonification des avantages et de modifier les régimes de retraite dans les règlements par arbitrage. Ce jour-là sera déplorable pour le reste du Canada.
Il y a une autre chose que je tiens à ajouter. Immédiatement après que les négociations ont été rompues le 22 juin, Postes Canada a annoncé dans un communiqué ce qui suit:
Postes Canada doit maintenant trouver des moyens de composer avec les pertes financières engendrées par l’arrêt de travail.
C'est un mal qu'ils se sont infligés eux-mêmes. Ils se sont porté ce coup, et ils s'inquiètent maintenant des pertes financières?
:
Monsieur le Président, lors de la dernière campagne électorale, la grande priorité pour les électeurs de ma circonscription, St. John's-Sud—Mount Pearl, c'était les pensions. C'était la grande priorité pour les aînés. C'était la grande priorité aussi pour les travailleurs.
Les aînés craignaient d'avoir de la difficulté à joindre les deux bouts avec un revenu fixe. Ils m'ont dit de ne pas les oublier lorsque je serais à Ottawa. Je ne les oublie pas et je vais continuer de veiller à leurs intérêts.
À Terre-Neuve-et-Labrador, on parle beaucoup ces jours-ci non seulement du brouillard qui descend de l'Atlantique Nord et qui vient recouvrir les petits villages isolés et les villes de la province, mais aussi du prix des produits de première nécessité comme la nourriture, le pétrole et le gaz, qui ne cesse d'augmenter, alors que les revenus fixes, bien sûr, ne bougent pas.
Les aînés se demandent ce qu'ils vont faire pour joindre les deux bouts avec un revenu fixe, leur pension, alors que le coût de la vie ne cesse d'augmenter. Pendant la campagne électorale, je ne sais plus combien d'aînés sont venus m'ouvrir la porte vêtus d'un manteau d'hiver, d'une tuque et de mitaines. Ils portent ces vêtements au milieu de l'après-midi parce qu'ils n'ont pas les moyens de mieux chauffer leur appartement ou leur maison. Ils m'ont dit de ne pas les oublier et c'est ce que je vais faire.
Les personnes âgées n'étaient pas les seules personnes préoccupées par les pensions. J'ai entendu des jeunes et des couples de travailleurs me dire, sur le pas de leur porte, qu'ils ne savaient pas trop comment ils pouvaient se préparer à la retraite alors qu'ils peuvent difficilement joindre les deux bouts pendant les meilleures années de leur vie active. Ils parviennent à peine à payer leurs factures et, dans certains cas, ils ne le peuvent même pas.
Nous avons entendu les préoccupations de pompiers d'âge moyen qui se demandent comment ils pourront prendre leur retraite avec leur pension modeste étant donné la récupération par le Régime de pensions du Canada.
Je peux dire que l'horizon s'assombrit à Terre-Neuve-et-Labrador et dans le reste du Canada.
Un des principaux points en litige entre les 48 000 travailleurs des postes en lock-out et Postes Canada, c'est les pensions. Comme le porte-parole du Nouveau Parti démocratique pour les questions de pensions l'a affirmé à la Chambre des communes jeudi, le régime de pension est menacé. Comme le chef du NPD l'a déclaré si éloquemment jeudi, Postes Canada veut créer un régime de rémunération et d'avantages sociaux à deux vitesses. Les nouveaux travailleurs qui entreraient à la société d'État devraient travailler cinq ans de plus pour être admissibles à une pension. Cinq ans!
Paul Moist, président national du Syndicat canadien de la fonction publique, a déclaré:
[...] l'idée de mettre en place un système de salaires et d'avantages sociaux à deux vitesses pour les nouveaux employés de Postes Canada [...] est injustifiée et injuste à l'endroit des jeunes Canadiens qui font déjà les frais d'un taux de chômage élevé.
Ce taux est déjà assez élevé.
Voici une citation directe des paroles de Paul Moist:
Il n’existe aucun système de loyers ou d’hypothèques à deux vitesses. Les jeunes et les nouveaux travailleurs n’ont pas droit à un rabais sur leur facture de services publics ou leur épicerie. Il est outrageux d’affirmer que les jeunes travailleurs ne méritent pas le même salaire et les mêmes avantages sociaux en échange du même travail.
Les jeunes ont déjà suffisamment de difficulté à rembourser leurs prêts étudiants et à payer les frais d'intérêt élevés sur les cartes de crédit auxquels le gouvernement conservateur, comme nous le savons, n'a pas l'intention de toucher.
Si le gouvernement conservateur s'en prend aux pensions de 48 000 travailleurs de Postes Canada, qui sera sa prochaine cible? À quel régime de pensions s'en prendra-t-il ensuite? Nous savons vers qui les sympathies du gouvernement conservateur vont. Postes Canada a fait un profit net de 281 millions de dollars rien qu'en 2009. Qui bénéficiera des cinq années supplémentaires que les nouveaux employés de Postes Canada devront travailler? Pas les travailleurs, je peux vous l'affirmer.
Jeudi, la a pris la parole à la Chambre des communes et a parlé du tort que la grève à Postes Canada faisait subir à l'économie canadienne, mais elle a été corrigée: il ne s'agit pas d'une grève, mais d'un lock-out. L'utilisation du mot « grève », comme le chef de l'opposition l'a souligné, constitue un parfait exemple de propagande.
La a déclaré que le lock-out pourrait causer un tort majeur à l'économie. Et qu'en est-il des dommages aux pensions? Est-ce que la ministre les juge majeurs? Quel sera le prochain régime de pension à subir une attaque?
La a dit que les Canadiens ne peuvent pas se passer des services postaux.
Je peux le dire avec autorité, avec l’autorité des centaines de retraités et de travailleurs avec qui j’ai parlé pendant la campagne électorale dans la circonscription de : les Canadiens ne peuvent se passer de leur pension. Je le demande de nouveau: de qui menacera-t-on la pension la prochaine fois?
Le but ultime du gouvernement conservateur est-il d’affaiblir la voix des travailleurs? Cette mesure fait-elle partie de sa stratégie? S’agit-il du nouveau plan d’action des conservateurs? Comme le chef de l’opposition l’a demandé, le véritable objectif est-il de réaliser des bénéfices en exploitant les travailleurs? Comme on l’a déjà dit, c’est une course vers les pires conditions de travail, sauf pour les plus nantis.
La loi du gouvernement conservateur imposant le retour au travail donne l’avantage à l’employeur, Postes Canada, dans ce conflit de travail. Elle forcera les employés à reprendre le travail pour une rémunération inférieure à celle que Postes Canada a proposée dans sa dernière offre. De quel côté le gouvernement conservateur se range-t-il? Pas du côté des travailleurs de Postes Canada, c’est évident.
Pendant les élections fédérales, le député de St. John's et moi avons rencontré les travailleurs du bureau central de Postes Canada à St. John’s de bonne heure, un beau matin. De bonne heure, c’est à 6 heures du matin. Nous leur avons serré la main dans le terrain de stationnement lorsqu’ils arrivaient pour leur quart de travail. Il faisait un froid de canard. Les travailleurs nous ont dit qu’ils devraient peut-être débrayer, et nous, candidats néo-démocrates, leur avons dit que nous serions à leurs côtés.
Lorsque je suis rentré dans ma circonscription, il y a une quinzaine de jours, je suis retourné voir les travailleurs à l’extérieur de la succursale de Kenmount Road. Ils avaient organisé une ligne d’information et servaient de la limonade. Il faisait toujours froid, mais la limonade était excellente. La plupart des travailleurs étaient jeunes et ils étaient pleins d’énergie. Ils craignaient pour leurs prestations et tout ce qu’ils risquaient de perdre. Ils risquent de perdre bien des choses.
Jeudi, aux informations, chez moi, il y avait une nouvelle au sujet d’un juge de la Cour suprême de Terre-Neuve qui avait accordé une injonction contre les travailleurs en lock-out de Postes Canada dans l’Est de Terre-Neuve. Postes Canada avait déposé une plainte contre les travailleurs de St. John’s et de Mount Pearl parce qu’ils bloquaient l’accès aux bureaux de poste avec des véhicules, des tables de pique-nique, des palettes et ce que le juge Robert Hall a décrit comme des piquets de grève vigoureux.
L’injonction interdisait aux travailleurs de bloquer le passage des gens et demandait à ce que les barricades des piquets de grève soient enlevées au plus tard le jeudi soir. Je suis sûr qu’elles ont été enlevées. Les travailleurs de Postes Canada sont de bons citoyens respectueux des lois, mais peut-on leur reprocher d’être énergiques dans la défense de leur avenir? Pouvons-nous les blâmer? Je le répète, si nous tolérons pareil traitement pour les 48 000 employés de Postes Canada, à qui le tour, la prochaine fois? Je le demande de nouveau pour bien faire passer le message: à qui le tour, la prochaine fois?
Le gouvernement conservateur n'a de cesse de dire que le Canada est le pays qui a le mieux surmonté la récession. Par contre, il annonce qu'il faudra faire des compressions de plusieurs milliards de dollars. Or, qui payera la note? Les petits travailleurs? Les jeunes? Les personnes âgées? Les retraités?
En ce qui concerne les pensions, six Canadiens sur dix dépendent uniquement du RPC, du RRQ, d'autres formes d'aide gouvernementale ou de leurs propres économies, des économies modestes, soit dit en passant. Je tiens cette donnée du Globe and Mail. Voici ce qu'on peut lire dans le Globe and Mail:
Les spécialistes en matière de régimes de pension estiment qu'environ 30 p. 100 des gens seront plus pauvres à leur retraite, parfois même beaucoup plus pauvres. En outre, cette proportion croît d'année en année.
Je reprends également les propos du président de l'Alliance de la Fonction publique du Canada, John Gordon:
Le gouvernement projette de s'attaquer aux syndicats et de mettre fin à la libre négociation collective. C'est ce qui est en train de se passer [...]
Voici en fait ce qui importe aux néo-démocrates. Ils ont à coeur de défendre les intérêts des travailleurs et des familles du Canada. Jeudi dernier, la a fait un commentaire désobligeant à la Chambre. Elle a dit que les syndicats ont un téléphone rouge qui les relie aux néo-démocrates. Lorsque les Canadiens ont des problèmes importants qui les concernent, qui concernent leur avenir ou les familles, ils peuvent s'adresser aux néo-démocrates. Nous ne les ferons pas passer après les grandes entreprises ou qui que ce soit d'autre. Au contraire, nous les écouterons.
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Monsieur le Président, vous me trouverez un peu échevelée et les yeux un tantinet rougis. Je pense que c'est la même chose pour tous nos collègues ici qui débattent ce projet de loi et qui défendent bec et ongles les travailleurs afin de leur offrir une voix.
J'ai bien écouté mes collègues. Ils ont vraiment parlé avec beaucoup de passion de leur expérience du mouvement syndical. En outre, depuis que je fais partie de cette équipe de l'opposition officielle, je réalise que l'union fait la force. L'expérience qu'ils ont partagée depuis le début de notre présence à la Chambre des communes m'a vraiment appris beaucoup sur les qualités de solidarité et les droits collectifs des travailleurs et travailleuses.
Je vous remercie de m'accorder du temps pour m'adresser à la Chambre relativement au projet de loi et d'ajouter ma voix à la voix éloquente de mes collègues de l'opposition officielle.
Je considère que le débat concernant ce projet de loi est très important. J'ai été très inspirée par notre leader, le , qui s'est adressé à la Chambre hier soir. Il a relaté l'histoire du mouvement qu'est le NPD et surtout les valeurs qu'ont toujours défendues ses membres. Je crois que ce débat est un débat sur les valeurs que l'on veut défendre en cette Chambre, mais aussi que l'on veut défendre sur les tribunes populaires un peu partout au pays, c'est-à-dire des valeurs de partage, de justice sociale et de liberté.
On nous parle de plus en plus de récession économique, on nous dit que l'économie va mal, que les intérêts supérieurs de l'économie sont menacés. Et, au nom de l'économie, on va brimer le droit des travailleurs et des travailleuses de négocier un contrat décent non seulement pour eux, mais aussi pour les générations futures.
Je crois que le débat que nous avons présentement en cette Chambre est un débat non seulement pour le court terme, mais également pour le long terme. Quelles sont les choses que nous allons apporter pour les générations futures?
Voici que je siège à la Chambre des communes depuis à peine un mois et le gouvernement actuel a déjà mis la table. D'abord, il a déposé un projet de loi pour forcer le retour des employés d'Air Canada. La chronologie de ce dossier, à mon avis, ne nécessitait aucunement ce projet de loi, alors que le processus de négociation venait tout juste d'être entrepris.
En ce qui concerne Postes Canada, la chronologie a déjà été élaborée, mais permettez-moi de vous rappeler que sont prises des actions plus ou moins controversées. Le 8 juin, Postes Canada annonce qu'elle annule la livraison du courrier les mardis et jeudis, alors qu'on sait bien que tous les Canadiens ont droit à des services de livraison cinq jours par semaine. Postes Canada commençait déjà à diminuer le service auquel ont droit les Canadiens, c'est-à-dire la livraison du courrier cinq jours par semaine.
Le 14 juin, Postes Canada décrète un lock-out national, c'est-à-dire qu'on ferme les portes aux travailleurs et qu'on les empêche de faire le travail qui permet la livraison du courrier cinq jours par semaine. Maintenant, les employés des postes sont privés de leurs droits de négociation et de travailler, tandis que les Canadiens et les Canadiennes sont privés de leur courrier.
Comme plusieurs d'entre vous l'ont déjà mentionné, cette interruption, ce lock-out, fait en sorte que plusieurs de nos concitoyens et nous-mêmes sommes privés de la livraison de courrier, notamment la livraison de leurs chèques, comme cela a été mentionné: chèques de pension ou tout autre chèque. Comme il a été mentionné également, ce sont souvent les personnes du troisième âge les plus touchées, celles qui ne sont peut-être pas habituées de se servir d'Internet ou qui n'ont tout simplement pas les moyens de l'avoir.
Encore une fois, mes collègues qui habitent dans des régions rurales ont très bien mentionné que certains endroits dans ces régions n'ont pas l'Internet ou le fait que la plupart des gens ont plus confiance de recevoir leur chèque par la poste que par la voie de l'Internet. Pourtant, les travailleurs de Postes Canada avaient déjà fait des démarches pour que les chèques soient distribués à la population, mais depuis le lock-out, ils ne peuvent pas faire cette livraison. Les gens touchés par cette situation vivent donc une situation financière précaire car ils doivent tout de même payer leurs comptes, leur loyer et leur épicerie.
Cela a aussi été mentionné par les députés ici présents qu'il en va de même pour les petites et moyennes entreprises qui dépendent des services de Postes Canada pour passer des commandes ou encore pour en envoyer. Je constate que le gouvernement actuel crée une dangereux précédent en brimant le droit légitime des travailleurs de négocier avec leur employeur. La priorité de ce gouvernement, qui a été clairement et explicitement exprimée, porte sur les intérêts supérieurs de l'économie.
J'élève ma voix pour parler des intérêts supérieurs des gens, des Canadiens et des Canadiennes, des travailleurs et des travailleuses. J'aimerais rappeler que l'économie n'est pas une fin mais un moyen qui nous permet d'organiser entre nous notre société pour favoriser un partage équitable des richesses de notre pays. On doit aussi établir une sécurité de revenus, une sécurité pour l'avenir, une sécurité pour les retraités et aussi pour les jeunes qui entrent sur le marché du travail pour qu'ils bénéficient eux aussi des avantages sociaux, des pensions et des différents programmes qui permettent d'avoir une assurance-invalidité ou de l'assurance en cas de blessures ou autres malchances.
Je ne comprends pas que ce gouvernement, qui parle de défendre les intérêts supérieurs de l'économie, ait décrété un lock-out des employés, de concert avec Postes Canada. Par ses actions, il a lui-même mis en péril les intérêts supérieurs de l'économie qui lui sont chers.
À mon avis, cette ingérence du gouvernement dans le processus légitime de négociation ne correspond pas au rôle qui nous est dévolu. La présente loi va favoriser l'employeur au détriment des employés, qui seront privés de négocier. De plus, le gouvernement se permet de baisser les conditions salariales qui avaient été précédemment présentées par l'employeur. Ce qui est en jeu ici, ce sont les droits acquis des travailleurs et des travailleuses du service postal: les régimes de retraite, les divers programmes d'assurance-invalidité, les conditions de travail et les conditions salariales.
Le Canada est reconnu pour sa qualité de vie et ses valeurs sociales qui permettent à tous de bénéficier de programmes et d'avantages sociaux qui font l'envie de bien des pays. C'est en partie ce qui a permis au Canada de passer au travers des soubresauts de l'économie au cours des dernières années. Ce que nous constatons par les actions de ce gouvernement, c'est une « Walmartisation » des emplois, de bas salaires, une précarité des emplois et une érosion des avantages sociaux. Par ses actions, ce gouvernement nous amène de plus en plus près du modèle américain.
Ne sommes-nous pas capables d'apprendre des Américains en ne répétant pas leurs erreurs? Notre société canadienne jouit d'un système où les inégalités sont moins flagrantes que chez nos voisins du Sud, où il y a des disparités flagrantes, des disparités énormes entre les pauvres et les riches. En tant que Canadienne et Québécoise, je veux défendre les valeurs d'une société juste et équitable. Je veux défendre les droits des travailleurs et des travailleuses, le droit de négocier pour améliorer les conditions, pour que chacun d'entre nous en bénéficie.
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Monsieur le Président, habituellement, depuis les sept dernières années, lorsque je prends la parole à la Chambre, j'ai l'habitude de dire qu'il me fait plaisir de prendre part au débat sur tel ou tel projet de loi. Aujourd'hui, en ce 24 juin, mon plaisir est nettement atténué, car je suis extrêmement triste de ne pas pouvoir être dans ma circonscription actuellement.
Dans moins d'une heure, je devais participer à une activité avec des gens, à une messe, et comme par le passé, j'aurais eu l'occasion de continuer à fêter avec mes concitoyens jusqu'aux petites heures du matin. À la fin, je me permettais même de fêter la Fête nationale du Québec en tant que Québécois et non pas seulement à titre de député. On est toujours députés, même quand on fait notre épicerie.
Je suis triste d'être ici, surtout que mon collègue de a demandé hier le consentement unanime pour interrompre le débat d'aujourd'hui et le reprendre plus tard.
La question n'était pas de jouer le jeu du gouvernement en adoptant la loi et de retourner dans nos circonscriptions et être en vacances pour trois mois, comme les journalistes se plaisent à le dire. Tous les députés vont prendre un certain temps de vacances, mais ils vont continuer à travailler au cours de la période estivale, à recevoir leurs concitoyens dans leurs bureaux et à participer à toutes les festivités de la période estivale dans leur circonscription. Quoi qu'il en soit, on est ici pour une raison. On a été élus pour travailler, pour légiférer. Ce projet de loi est devant nous et nous avons la responsabilité de se pencher sur cette question.
Le projet de loi du gouvernement est un affront à la démocratie. Toute personne a droit à des conditions de travail justes et équitables. Le sommaire du projet de loi est assez explicite quant à l'intention du gouvernement d'y aller d'un coup de masse contre les travailleurs et travailleuses des postes. Le sommaire du projet de loi indique, et je cite:
Le texte prévoit la reprise et le maintien des services postaux et impose le choix d’une des offres finales comme mode de règlement des questions qui font toujours l’objet d’un différend entre les parties.
À la lecture du projet de loi, on s'aperçoit qu'un arbitre, aussi compétent soit-il — ce ne sera sans doute pas de sa faute si jamais il doit se pencher sur les conditions de travail —, n'aura d'autre choix que de pencher pour les conditions imposées par la partie patronale. En ce qui me concerne, il n'est pas question de prendre parti pour un côté ou l'autre. J'ai toujours dit qu'il fallait prendre le parti de la négociation, de la possibilité pour les deux parties d'en venir à une entente. Le gouvernement n'a pas agi en ce sens, et ce, dès le départ.
Tout à l'heure, j'ai fait réagir les députés du Parti conservateur lorsque j'ai dit que dans les années 1980, Ronald Reagan n'avait pas agi autrement en congédiant carrément des contrôleurs aériens qui avaient entrepris des moyens de pression pour obtenir des conditions de travail justes. J'ai même entendu quelqu'un crier que ça avait au moins le mérite d'avoir fonctionné. Peut-être que ça fonctionne, c'est une façon qu'a la droite dans le monde d'imposer ses règles, d'être maître d'une situation. Cependant, relativement au climat social, je ne pense pas que ce soit la bonne attitude à prendre, quand on est un gouvernement responsable. Les gens des postes vont retourner au travail, et si les conditions prévues dans le projet de loi leur sont imposées jusqu'à la fin de cette convention collective, soit jusqu'en 2015, il va y avoir un climat pourri dans les bureaux de poste.
Au bureau de poste de Victoriaville, pendant le conflit, alors que les grèves tournantes avaient commencé, des briseurs de grève sont arrivés. Les policiers ont dû intervenir parce qu'il y a eu un début de grabuge. Heureusement, il n'est rien arrivé de très grave.
À Sherbrooke, le même phénomène s'est produit et des gens ont essayé de faire le travail des postiers. Dans ces cas-là, il y a des règles à suivre. Ça ne veut pas dire que tout travail est interdit, mais le travail comme tel des postiers ne doit pas être fait par des briseurs de grève.
Dans ce conflit, il faut aussi comprendre qu'il y a eu une négociation. Ce qu'on nous dit, c'est que la Société canadienne des postes n'était pas très encline à négocier parce qu'on savait qu'une épée de Damoclès, une loi spéciale, était suspendue au-dessus de la tête des employés. Tout ce qu'on avait à faire, c'était d'attendre. Quand les grèves tournantes ont commencé, il y a eu des inconvénients pour la population.
Cependant, l'inconvénient n'était pas majeur puisque les syndiqués avaient décidé de ne pas faire une grève générale. En agissant avec des grèves tournantes, on vient faire en sorte de faire entendre notre voix, on indispose pendant un certain temps certaines catégories de personnes dans un certain secteur, mais dès le lendemain, ou après quelques jours, on est rendus dans un autre secteur. Donc, les inconvénients ne sont pas permanents pour les personnes touchées par les premières grèves tournantes. Or, tout de suite, l'employeur y est allé avec l'imposition d'un lock-out et là, par contre, les inconvénients sont majeurs.
Donc, quand j'entends la partie gouvernementale nous dire que cela pénalise l'économie, il faut regarder ce qui s'est passé exactement. La menace d'une loi spéciale a fait en sorte que la Société canadienne des postes a imposé le lock-out, sachant que la loi spéciale obligerait les employés à accepter des conditions qui étaient sans nul doute inacceptables pour eux. Ainsi, tout ce qui s'est passé est de la responsabilité du gouvernement. La menace de la loi spéciale planait dans l'air, ce qui a fait en sorte que la Société canadienne des postes y est allée d'un lock-out. Bien sûr, tout ce que l'employeur a à faire, c'est d'attendre la fameuse loi spéciale, l'imposition des conditions par un arbitre et puis, par la suite, on s'en lave les mains, on n'a pas à négocier.
Le devoir du gouvernement était de faire en sorte qu'il y ait une véritable médiation et non pas d'inclure dans la loi spéciale le fait qu'un arbitre aurait à choisir l'une ou l'autre des deux offres. On a ajouté l'insulte à l'injure quand on a décidé d'offrir dans la loi spéciale des salaires plus bas que ceux qui avaient été offerts auparavant par la Société canadienne des postes. Il y avait aussi les « clauses orphelin ». Enfin, on y est allé très large pour faire en sorte que ce soit la Société canadienne des postes qui ait le gros bout du bâton dans ce qu'on peut appeler cette négociation.
Évidemment, si aujourd'hui on nous dit, du côté du gouvernement conservateur, qu'il y a eu des impacts économiques, il est en grande partie responsable de ce qui s'est passé. Avec cette façon de faire et avec leur projet de loi , il ne faut pas être surpris qu'on entende parler de « L'arrogance conservatrice », comme dans l'éditorial du journal Le Soleil, par exemple, qui est intitulé ainsi. Je cite Brigitte Breton qui a écrit cet article:
Avec leur projet de loi C-6, les conservateurs démontrent que l'intérêt public est loin d'être leur seule motivation. L'occasion est trop belle pour eux de marquer qu'ils sont maintenant les maîtres à Ottawa. Et ils le font de façon éloquente en prévoyant dans le texte de loi des conditions salariales moindres que celles offertes par Postes Canada.
Cela résume ce que je viens de dire. Il faut dire qu'on a vécu la même situation avec le dossier d'Air Canada où le gouvernement a tout de suite dit qu'il y aurait une loi spéciale. Les gens n'avaient même pas encore commencé à faire des moyens de pression précis, ou particulièrement dommageables, et tout de suite, c'était le bâillon. On s'assurait que les gens retournent au travail, peu importe la façon, peu importe le climat de travail qui va prévaloir par la suite. J'insiste là-dessus parce que c'est important, car tout cela a des répercussions sur le service à la population.
Je suis convaincu que les travailleurs et les travailleuses d'Air Canada, tout comme ceux de Postes Canada, tout comme ceux dans le secteur public ou para-public, peu importe qu'Ils soient syndiqués ou non syndiqués, veulent toujours travailler du mieux qu'ils peuvent et rendre le meilleur service possible. Toutefois, lorsqu'on rentre au travail la tête entre les deux jambes parce qu'on s'est fait imposer des conditions qui vont à l'encontre de ce que l'on a toujours prôné, des conditions que notre employeur nous a fait subir et qui mettent en péril nos fonds de pension, tout cela fait en sorte, qu'on le veuille ou non, que le service à la population risque d'être affecté parce que le climat de travail sera pourri. Bien évidemment, encore là, je blâme directement le gouvernement conservateur pour cette façon de faire.
Donc, juste pour résumer et conclure, le Bloc québécois va évidemment continuer à s'opposer à ce projet de loi qui n'est pas autre chose que la volonté du gouvernement conservateur d'imposer ses vues.
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M. le Président, je suis heureux de participer au débat ce matin. C’est un débat important pour de nombreuses raisons, non seulement en ce qui concerne une société d’État, mais également parce qu’il y va de l’orientation que nous voulons donner à notre pays et du climat que nous voulons qu’il y règne.
Il ne fait aucun doute que nous sommes témoins d’un climat de plus en plus hostile envers les travailleurs en Amérique du Nord, et ce climat se retrouve maintenant à l’intérieur de nos frontières. C’est malheureux, car cela va à l’encontre des attentes et de la volonté des Canadiens.
Postes Canada est une société d’État rentable. Elle a réussi à créer un pays dynamique. Le Canada englobe des régions éloignées peu peuplées et des régions très peuplées le long de la frontière, où vivent 80 p. 100 des Canadiens. Grâce à Postes Canada, les petites collectivités rurales ont accès à un service extraordinaire qui les relie aux grandes villes. Les gens aiment cet environnement. Ils aiment ce lien d’un océan à l’autre. Ils aiment la diversité.
Tout comme le réseau ferroviaire, la Société canadienne des postes fait partie de notre infrastructure. Elle remonte à la naissance de notre pays. Communiquer est important dans un pays qui couvre une aussi vaste étendue géographique. Notre histoire peut parfois sembler illogique quand on songe aux conflits, aux possibilités d’épanouissement des collectivités, ainsi de suite, collectivités qui ont pu s’épanouir dans un climat très sain pour la plupart. Certes, nous avons vécu notre part de difficultés, mais nous avons aussi nos points forts. Postes Canada en fait partie.
Communiquer, c’est l’art d’avancer. À cause du geste posé par le gouvernement, les communications sont au point mort à l’heure actuelle. Postes Canada a mis ses travailleurs en lock-out, et le gouvernement lui a donné le mandat de les écraser. Le gouvernement a enlevé aux travailleurs leur capacité à communiquer. C’est ce qui est triste.
Peu importe l’issue de cette situation d’ici les quelques heures ou jours à venir, le fait est que les travailleurs devront retourner au travail. La plupart des Canadiens veulent aller au travail tous les jours, mais ils sont trop peu à pouvoir occuper un emploi qu’ils aiment. Les hommes et les femmes qui travaillent dans le bureau de poste de ma région et qui servent ses habitants aiment leur travail. Ce n’est pas toujours agréable. Il y a certes des problèmes, mais ces personnes veulent faire partie d’un système qui jouit du respect des Canadiens.
Notre système est un incroyable succès. Postes Canada retourne les millions de dollars de profit qu'elle génère au gouvernement. En même temps, ses tarifs sont parmi les plus bas et elle offre le meilleur service. Il y a des problèmes ici et là, mais il y a reddition de comptes. Les systèmes privés partout dans le monde ont des coûts plus élevés, offrent moins de services et la reddition de comptes y est moindre.
Les contribuables canadiens sont propriétaires de cette société d'État. Ils ont un intérêt direct dans cette société et je ne parle pas des camions ou des structures physiques. Je parle des gens, nos concitoyens canadiens, qui livrent le courrier et qui, lorsqu'ils vont de porte en porte tous les jours, s'occupent de leur collectivité.
Je ne peux dire à la Chambre le nombre de fois que j'ai entendu des citoyens parler d'un travailleur des postes qui a noté quelque chose dans la collectivité. Nos postiers sont les yeux et les oreilles de nos collectivités. Ils vont au-delà des exigences de leur travail. Ils aident les gens en difficulté, parce qu'ils estiment que c'est leur devoir. Ils sont fiers de l'uniforme qu'ils portent.
Une des choses qu'il est vraiment important de reconnaître dans ce débat et que je trouve extraordinairement choquante, c'est toute la question du salaire à deux niveaux. L'échelle salariale à deux niveaux qui est proposée réduit le salaire des nouveaux employés de 18 p. 100. C'est vraiment un cas de salaire moindre pour un travail égal.
Il y a eu une époque où c'était acceptable. Les employeurs étaient autorisés à faire de la discrimination fondée sur la couleur de la peau ou parce que la personne était une femme ou appartenait à un groupe ethnique. Nous avons mis fin à cette pratique dans notre pays parce qu'elle est injuste. L'apparence d'une personne ou qui elle est ne compte pas. Si cette personne fait le même travail, alors, elle devrait avoir droit au même salaire, aux mêmes avantages et tout le reste. C'est un principe fondamental de justice sociale que nous devons examiner ici. Une réduction de salaire de 18 p. 100 est une véritable gifle, non seulement pour les nouveaux travailleurs qui seront embauchés par Postes Canada, mais également pour ce que nous essayons de faire.
Je suis un jeune père et je veux que mes enfants aient une éducation postsecondaire. Je veux qu'ils aient un diplôme universitaire. Je veux qu'ils trouvent un emploi. Pourquoi voudrais-je qu'ils aient un salaire qui est inférieur de 18 p. 100 à Postes Canada ou dans n'importe quelle autre société d'État simplement parce qu'ils sont jeunes et qu'ils sont de nouveaux employés? Postes Canada veut profiter de cela. Elle aura un taux de roulement du personnel plus élevé. C'est ce qui arrive dans ces milieux. Ils ont un taux de roulement plus élevé et moins de pensions à payer plus tard.
C'est ce que nous demandons. Le gouvernement met en place un système dans le secteur public pour dire au secteur privé que la rémunération à deux vitesses est acceptable. Ce qui est très important à ce sujet, c'est que nous allons payer pour cela de toute façon. Ces nouveaux employés devront attendre cinq ans de plus avant d'avoir droit à une pension. Même s'ils acceptent la rémunération à deux vitesses, même s'ils restent, ils devront faire cinq années de plus pour avoir droit à une pension.
Qu'arrivera-t-il lorsqu'ils quitteront Postes Canada? Ils compteront encore davantage sur le secteur public, soit les contribuables. Au lieu de mettre en place un système planifié et abordable que nous pouvons gérer et qui permet aux employés de contribuer à l'économie canadienne, nous lésons ces employés. Ils auront moins d'avantages, moins d'argent. Je le vois dans la rue tous les jours. J'ai beaucoup consulté les gens au cours des dernières années durant les diverses campagnes électorales. Chaque fois que je vais les rencontrer, je suis encore plus inquiet, car j'en vois qui essaient tant bien que mal d'assurer l'éducation de leurs enfants. Ils empruntent davantage. En même temps, ils ne réussissent pas à nourrir leur famille ni à payer leurs factures comme avant. Ils ont l'impression de ne pas progresser.
Il y a de plus en plus d'organismes communautaires. Ils doivent combler les lacunes.
La question de la rémunération à deux vitesses est intéressante. Quand les conservateurs sont revenu au pouvoir, ils n'ont pas imposé un système de rémunération à deux vitesses aux députés ou aux sénateur. Ils ne leur ont pas demandé d'attendre cinq ans de plus pour avoir droit à leur pension. Ils n'ont pas réduit leur salaire de 18 p. 100 parce qu'ils croyaient à ce principe. Ils ne prêchent pas par l'exemple.
Le ministre et le gouvernement disent à une société d'État qu'il est acceptable d'imposer un lock-out à des travailleurs, de mettre le reste du Canada en veilleuse. Ces travailleurs ont investi de la valeur dans leur milieu de travail. Le gouvernement montrera par l'exemple qu'il est possible d'avoir un système à deux vitesses et un régime de pension moins généreux.
Pourquoi les conservateurs ne s'imposent-ils pas à eux-mêmes ce genre de système? C'est dans la loi qu'ils proposent. Ils appuient un contrat à Postes Canada qui comporte des différences de salaire. Pourquoi ne prêchent-ils pas par l'exemple, alors, s'ils croient en ce principe?
Je crois au principe du salaire égal pour un service égal et je pense qu'il est temps de cesser d'accabler notre jeunesse. Les étudiants, dans l'ensemble du Canada, ont une dette d'environ 16 milliards de dollars à l'heure actuelle uniquement au titre des prêts fédéraux.
Voici l'avantage que nous retirerons de cela. Les contribuables vont économiser un peu d'argent. Nous allons envoyer de nouveaux employés au travail à un salaire moindre. Ils ont une dette plus élevée. La dette moyenne par personne est d'environ 20 000 $ après deux ans d'études postsecondaires. En plus, les étudiants paient des intérêts plus élevés que le taux créditeur. Ces étudiants tentent de faire leur entrée dans l'économie. Ils s'établissent plus tard. Ils ont leurs enfants plus tard dans la vie. Ils auront moins d'années donnant droit à une pension.
Dans cette situation, le gouvernement contribue à imposer un système qui n'est pas durable. Il n'est pas durable tel qu'il est actuellement, mais c'est également un mauvais exemple. Nous ne voulons pas dire aux entreprises et aux autres employeurs que la réduction des salaires est une solution. Le gouvernement l'a fait dans le cas du secteur de l'automobile. En ce qui concerne la récente récession, c'est la mauvaise gestion et la cupidité qui ont entraîné l'effondrement de l'économie aux États-Unis et au Canada, et ne parlons pas des actionnaires et des différentes méthodes de blanchiment d'argent, et pourtant, ils n'ont rien eu à payer. En fait, ils ont eu des primes. Comme solution, ils ont coupé les salaires et les pensions des travailleurs de l'automobile, mais ce n'était pas là le problème. Le problème, c'était la mauvaise gestion, l'argent mal dépensé et l'absence de reddition de comptes.
J'ai vu le vrai visage de Postes Canada et la tromperie. La société a tenté de fermer le bureau de poste de Sandwich Towne. J'ai obtenu une copie du document grâce à une fuite. La justification de Postes Canada comprenait de l'argent pour un gestionnaire à temps plein pour la région allant de Windsor à London. Elle a inclus le salaire au complet dans sa justification pour essayer de démontrer que le bureau n'était pas rentable. Grâce à cette fuite, nous avons pu réfuter tout cela et empêcher la fermeture du bureau de poste. Elle voulait le fermer pour des raisons idéologiques.
Ce dont il est question, c'est de l'idéologie visant à réduire les salaires et les pensions parce que, pour une raison quelconque, on en est venu à les considérer comme des coûts. Les salaires et les pensions ne sont pas un coût. Ils sont un avantage net pour la collectivité. Ils sont un avantage net pour notre pays et c'est quelque chose pour lequel nous devrions travailler. Nous avons les moyens d'accorder de tels salaires et de telles pensions.
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Merci beaucoup, madame la Présidente.
En tant que Québécoise, tout d'abord, j'aimerais commencer mon discours en souhaitant une bonne fête nationale à toutes les Québécoises et à tous les Québécois.
Malheureusement, on ne peut pas être présents à cette fête, aujourd'hui. Cela vient me toucher directement au coeur. C'est très important pour moi d'être Québécoise et d'être Canadienne. Donc, pour moi, la Saint-Jean, c'est extrêmement important. À tous mes concitoyens d'Alfred-Pellan, à toute ma famille, à tous mes amis et à tout le Québec: bonne Saint-Jean!
Avec le projet de loi que le gouvernement conservateur propose en ce moment, c'est toute une génération de nouveaux arrivants sur le marché du travail qui seront touchés. Pourquoi? Tout d'abord, parce que ce sont les jeunes, les prochains qui entrent sur le marché du travail, qui seront les prochaines postières et les prochains postiers chez Postes Canada.
J'aimerais seulement rappeler quelques faits du projet de loi actuel. Tout d'abord, les salaires qu'on propose vont être à la baisse pour les prochains employés. On parle de 875,50 $ sur quatre ans de moins que ce qui avait été prévu.
Ensuite, pour ce qui est des pensions, les employés vont devoir attendre cinq ans de plus que les autres pour être admissible à leur pension.
C'est sans parler des conditions de travail dangereuses pour les travailleuses et les travailleurs de Postes Canada.
Puisque ce projet de loi touche la prochaine génération de travailleurs, j'ai pensé qu'il était très pertinent pour tous les membres de la Chambre des communes d'entendre ce que les jeunes avaient à dire sur le sujet. Je leur ai donc demandé, par l'entremise de divers médias sociaux, ce qu'ils pensaient de ce sujet, soit du lock-out chez Postes Canada et du projet de loi que le gouvernement apporte à la table.
Aujourd'hui, je veux leur donner une voix. Je vous laisse entendre ce qu'ils avaient à dire sur le sujet.
Tout d'abord, une première personne, Daniel Carette, un jeune père de famille de 26 ans, dit que les négociations devraient se faire de façon standard, qu'il ne devrait pas y avoir d'intervention du gouvernement, et que de plus, les chèques importants provenant du gouvernement sont envoyés par la poste de toute façon. Alors, il suggère de laisser les employés négocier leur convention en paix. Il ajoute qu'il n'est pas très porté pour les syndicats, mais qu'il est du côté de ce qui a été gagné lors de l'ancienne convention et que ça ne doit pas être supprimé des nouvelles conventions, surtout lorsque l'employeur n'est pas en difficulté.
Philippe Long écrit pour sa part qu'il croit que le lock-out est inutile et que, pour des dirigeants qui rabaissent les employés à cause de leur grève tournante, décréter un lock-out général et paralyser le pays, ce n'est pas mieux.
Une étudiante à la maîtrise à l'Université Laval, à Québec, Caroline Roy-Blais m'a écrit que les employés de Postes Canada avaient décidé de ne pas prendre la population en otage en organisant des grèves tournantes et en continuant de distribuer les chèques et autres papiers gouvernementaux. Elle ajoute que les employeurs ont décidé de décréter un lock-out afin que le gouvernement vienne s'ingérer dans les négociations pour obliger les employés à « accepter » des conditions de travail dangereuses et des salaires moindres pour les prochaines personnes embauchées.
Elle dit en outre qu'elle est contre l'intervention du gouvernement. Premièrement, elle écrit que, bien que le gouvernement se dise fervent du libre marché et non interventionniste, il intervient sans gêne dans le conflit. Deuxièmement, elle demande pourquoi créer deux classes d'employés. À travail égal, salaire égal, écrit-elle. Troisièmement, elle affirme que c'est un droit important que celui de la libre association des employé en syndicat, qu'on ne devrait pas empêcher les employés de se regrouper pour obtenir de meilleures conditions de travail, au nom du droit entrepreneurial de faire de l'argent.
De plus, elle ajoute qu'il ne faut pas oublier que la « clause orphelin » vise à accorder des salaires augmentés aux postiers déjà embauchés, mais à geler les salaires des futurs employés. Elle suggère qu'on veut donc dire que si une personne a été engagée après la signature de la convention, elle n'aurait pas droit au même salaire, pour le même travail! Elle finit en disant que ce n'est pas équitable du tout.
Jean-François Paradis, un jeune père de famille de la région de Montréal, disait que Postes Canada essaie d'imposer une nouvelle méthode de distribution qui a triplé les accidents de travail, ce qui n'est pas acceptable. Par ailleurs, c'est un lock-out, ce n'est pas une grève. S'il n'y a plus de distribution, c'est la faute de Postes Canada. Si ça traîne en longueur, c'est la faute de Postes Canada, qui attendait une loi spéciale au lieu de négocier.
J'ai aussi reçu un bref commentaire de Patrick Allard. Selon lui, c'est un vrai scandale.
Ce matin, un autre citoyen m'a écrit. Il s'agit d'Eric Jacques. Il disait que Postes Canada fait des profits tous les ans depuis 16 ans. Par contre, les dirigeants de cette société disent devoir réduire les coûts. Où est la logique derrière tout ça? Les postiers faisaient une grève tournante pour assurer le service et le gouvernement disait qu'il n'interviendrait pas tant que le courrier passait. Donc, Postes Canada a décrété un lock-out, de sorte que le gouvernement agisse et que la société n'ait plus besoin de négocier de bonne foi. Si on veut vraiment améliorer la santé de l'économie, on doit avoir un plan avec des bons salaires, comme ceux des postiers.
Ce ne sont que quelques-uns des commentaires que j'ai reçus. C'est ce que la nouvelle génération a à dire à propos de ce conflit de travail. Ce sont des gens conscientisés, qui comprennent le problème. Ils ne comprennent pas du tout ce que le gouvernement conservateur est en train de faire en ce moment.
J'espère sincèrement que les propos de ces quelques citoyens canadiens seront pris en considération par les députés de l'autre côté de la Chambre, et ce, afin qu'on puisse en arriver à un consensus beaucoup plus intéressant pour les travailleuses et les travailleurs.
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Madame la Présidente, j’aimerais répondre au commentaire du député d’en face.
J’évolue dans le milieu de la petite entreprise. J’ai trois petites entreprises prospères. Elles sont toutes rentables. Je comprends ce qu’est une petite entreprise. Je suis un capitaliste à tendance gauchiste. Je crois en la nécessité de réaliser des profits, mais j’estime aussi qu’il faut les partager équitablement avec les autres citoyens.
Madame la Présidente, merci de me donner la possibilité de m’exprimer sur la mesure législative proposée par le gouvernement. Le gouvernement conservateur tente de faire adopter de force le projet de loi par le Parlement quelques heures après avoir suspendu les règles habituelles de la Chambre, tout comme il l’a fait avec le projet de loi sur la TVH.
Les conflits de travail sont des choses qui arrivent dans toute économie de marché moderne. Ils font partie de la vie et résultent de la dichotomie entre les sociétés, qui veulent faire des profits, et les travailleurs, qui réclament des salaires suffisants et des conditions de travail sécuritaires. C’est une situation normale dans les économies de marché, auxquelles, en principe, vous croyez.
Normalement, les conflits finissent par se régler sans intervention indue du gouvernement. Le gouvernement actuel m’étonne. Avant que les conservateurs accèdent au pouvoir, et par la suite, ils se disaient toujours en faveur d’une réduction de la taille et des interventions de l’État, lequel devait laisser les marchés régler leur problèmes eux-mêmes. C’est ce qu’ils prétendaient.
Au lieu d'agir en conséquence, voilà que le gouvernement se fait interventionniste. C'est un gouvernement autocratique qui intervient lourdement dans le processus de négociation collective que nous avons élaboré sur une période de plusieurs décennies. Le gouvernement conservateur dit qu'il prône une politique de non-intervention, mais c'est le gouvernement le plus interventionniste depuis fort longtemps.
Ce n'est là qu'un indice parmi d'autres des changements fondamentaux qui se produisent au sein du Parti conservateur. Les conservateurs qui forment le gouvernement se sont beaucoup éloignés de leurs racines. Leurs ancêtres doivent sûrement se retourner dans leur tombe.
Qu'est-il arrivé à la volonté des conservateurs de réduire la taille de l'État? La première mesure qu'ils ont prise après avoir obtenu leur fausse majorité a été de nommer des sénateurs qui leur sont favorables et de former l'un des plus gros Cabinets de l'histoire du Canada. Il y a maintenant plus de ministres, plus de limousines, plus d'avantages et plus d'employés. Toutes ces mesures ont été prises après avoir augmenté le budget du cabinet du premier ministre, dont l'effectif et le budget n'ont jamais été aussi importants que maintenant.
Le gouvernement actuel parle depuis toujours de responsabilité financière, mais son bilan montre qu'il ne saisit pas cette notion. Il gaspille des milliards de dollars pour acheter des chasseurs, construire des mégaprisons et accorder sans discernement des réductions d'impôt aux entreprises. Et c'est sans parler des bases militaires qu'il ouvre un peu partout sur la planète. Ce faisant, le gouvernement accumule un déficit record, le plus gros déficit depuis Brian Mulroney.
Et voilà maintenant qu'il s'immisce dans les négociations syndicales-patronales d'une façon qui viole carrément la Charte canadienne des droits et libertés. Si le gouvernement agit de cette façon dans ce cas-ci, que se passera-t-il ensuite? Va-t-il intervenir chaque fois qu'il y aura un conflit de travail? Va-t-il faire adopter une loi chaque fois que deux parties ne s'entendront pas sur un point?
Soyons clairs. À l'heure actuelle, nous n'avons pas de service postal parce que Postes Canada a complètement interrompu ses opérations. La société a mis ses employés en lock-out.
Ce matin, à 5 heures, j'ai été déçu d'entendre au réseau CBC, qui citait les propos de la ministre, que nous étions en présence d'une grève. Il n'y avait personne remettre les pendules à l'heure et préciser qu'en fait il s'agit d'un lock-out et non pas d'une grève.
Commençons par le début. Les employés avaient des préoccupations au sujet de leur convention. Ils ont commencé à faire des grèves tournantes le 2 juin, et il y a eu ralentissement du service. Les gestes posés étaient mesurés et responsables. J'admets que ce n'était pas une situation idéale, mais personne dans ma circonscription n'a protesté à grands cris, pas même les petites entrepreneurs. La vie continuait malgré les grèves tournantes.
Après avoir commencé leurs grèves tournantes, les employés ont même offert d'y mettre fin si l'employeur acceptait que l'ancienne convention s'applique durant les négociations, mais Postes Canada a refusé. Ensuite, le 15 juin, la société a décidé de mettre tout le monde en lock-out et d'interrompre complètement le service postal au Canada. Cette décision était irrationnelle et déraisonnable. C'est à ce moment-là que les gens de ma circonscription ont commencé à m'en parler. Ils se plaignaient, et ils avaient raison de le faire. Les petites entreprises étaient touchées par cette mesure. La direction de Postes Canada aurait dû y songer, avant de prendre cette mesure irresponsable.
Cependant, au lieu de présenter un projet de loi visant à mettre fin au lock-out, à rétablir le service en alternance et à ramener les deux parties à la table de négociation, le gouvernement a décidé, après quelques jours seulement, de se mêler du droit à la négociation collective et d'imposer un règlement même inférieur à ce que la direction avait demandé. Par conséquent, Postes Canada est récompensée pour avoir interrompu le service postal sur lequel comptent un grand nombre de nos électeurs. Il s’agit d’un précédent dangereux, indépendamment des détails particuliers de ce conflit de travail ou de tout autre conflit de travail.
Est-ce que cela signifie que, dorénavant, au Canada, n’importe quelle grande société au fait de l’idéologie du gouvernement pourrait simplement refuser de négocier et attendre que le gouvernement s'en mêle et force le retour au travail par une loi? Est-ce que cette intervention encouragera Postes Canada, à l’avenir, à prendre notre service postal en otage chaque fois qu’elle n’aura pas envie de négocier?
Les conservateurs sont en train de mener le pays sur une voie dangereuse. Nous pouvons donc nous attendre à ce que, dorénavant, toutes les parties se campent sur leurs positions. Nous pouvons nous attendre à une augmentation plutôt qu’à une diminution des conflits de travail, ainsi qu’à de plus fréquentes interruptions des services sur lesquels comptent les Canadiens. À l’avenir, qu’est-ce qui motivera les sociétés à négocier de bonne foi ou à régler à l'amiable?
Le gouvernement ne devrait pas s’employer à imposer des contrats de travail aux entreprises et aux travailleurs. Ce n’est pas ce qu’on appelle une négociation libre ou équitable. Ce n’est pas ce qu’on appelle laisser le processus suivre son cours. Ce n’est pas ce qu’on appelle laisser libre cours aux lois du marché. Le gouvernement conservateur doit arrêter de s'ingérer.
Il s’agit en l’occurrence d’un niveau extraordinaire d’intervention pour un gouvernement qui prétend préférer laisser le marché régler ses problèmes. Je me demande si ce qui se passe actuellement n’aurait pas quelque chose à voir avec une idée chère au gouvernement, celle de privatiser Postes Canada et de réduire les services aux Canadiens.
Le gouvernement s’est engagé depuis longtemps sur la voie de la privatisation de notre service postal. Nous le savons. Ce sont les Canadiens des régions rurales et éloignées, notamment ceux de la plupart des collectivités de Thunder Bay—Superior-Nord, qui souffriront le plus de cette privatisation. Ils sont très touchés par ces pertes de service.
Certains services postaux ruraux de ma circonscription sont menacés. Par exemple, la collectivité de Dorion, dans ma circonscription, perdra son comptoir postal cet été. Ce comptoir est actuellement situé à l’intérieur du magasin Canyon Country Service, sur la route 11. Cet établissement devra fermer définitivement ses portes en raison de circonstances indépendantes de sa volonté. Cependant, Postes Canada n’a trouvé aucun local de substitution. Elle n’a informé personne des progrès de ses démarches pour en trouver un. C’est mauvais signe. Voilà un des exemples parmi les plus préoccupants d'une obsession idéologique conservatrice inquiétante.
Postes Canada insiste pour dire qu’elle continue de respecter sa prétendue politique de non-fermeture des services postaux ruraux, car elle peut se dire impuissante à trouver une solution de remplacement.
En dépit du gros salaire qu’elle verse à son PDG et des primes qu’elle verse à ses cadres supérieurs, Postes Canada est rentable. Elle n’a pas besoin de supprimer les services en régions rurales, pas plus qu’elle n’a besoin de privatiser ses services ou de se retirer de la table de négociation. La société a engrangé des profits de 281 millions de dollars l’année dernière. Le PDG gagne plus de 650 000 $ par année et son augmentation de salaire dépasse largement le taux d’inflation et ce que les travailleurs demandent dans ces négociations. Pourquoi interrompre tous les services postaux au Canada, ce qui devrait être une mesure de dernier recours?
Je veux parler un peu des personnes qui sont touchées par le lock-out de Postes Canada. Comme je l’ai dit auparavant, j’évolue dans le milieu de la petite entreprise. Bien entendu, mon entreprise, comme bien d’autres au pays, compte sur le service des bureaux de poste. C’est le cas de nombreuses entreprises. Un grand nombre d’entre elles envoient leurs paiements par la poste. Le lock-out de Postes Canada et l’arrêt du service leur nuisent et ce sont les Canadiens qui vont payer les pots cassés et non les pauvres postiers qui veulent faire du bon travail moyennant un salaire raisonnable. Ce service est important pour eux. Le lock-out touche les travailleurs qui veulent travailler et qui sont privés de travail de la même façon que les Canadiens sont privés de leur service postal.
J’aimerais lire une citation:
Personne ne sait mieux que les employés des postes à quel point la population canadienne compte encore sur les services postaux. Nous voyons passer des médicaments, de l'aide financière que les familles envoient aux étudiants qui sont au loin et des denrées qui sont acheminées dans le Grand Nord. Nous voyons la frustration de nos collègues lorsqu’ils voient que tout ce pour quoi ils se sont battus au fil des ans est anéanti d’un trait de plume par [notre premier ministre] communiste. C’est exaspérant et franchement très triste qu’un gouvernement crée autant de problèmes et réprime ses propres citoyens.
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Madame le Présidente, comme tous mes collègues l'ont dit aujourd'hui, on siège à la Chambre le jour de la Fête nationale du Québec. Je m'en excuse auprès de mes concitoyens. Cela démontre que les conservateurs veulent davantage s'opposer aux droits des travailleurs que respecter le jour férié d'une nation du Canada. Ce sont les conservateurs qui ont accepté la validité de la nation québécoise, et maintenant, ils mettent leur idéologie anti-travailliste avant le respect des Québécois.
Le 3 juin dernier, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes du Canada a amorcé une série de grèves tournantes qui démontraient la bonne volonté des travailleurs à vouloir exercer des moyens de pression, tout en demeurant de bonne foi et en faisant fonctionner le système de courrier. Le syndicat a offert de mettre fin à la grève si Postes Canada acceptait que le vieux contrat reste en vigueur pendant la durée des négociations. Mais Postes Canada a refusé.
Le 15 juin, Postes Canada, avec l'accord du gouvernement conservateur, a décidé de mettre tous ses employés en lock-out, de les forcer à l'arrêt de travail et de fermer le service de courrier, afin de permettre au gouvernement d'intervenir.
Comme le disait précédemment mon collègue de , le gouvernement a très certainement donné son accord au lock-out. Cela lui permettait ensuite de forcer un retour au travail accompagné d'une loi spéciale. Mettre les employés en lock-out de cette façon ne me semble pas très juste dans un contexte de négociation collective. Cela démontre la tendance du gouvernement à établir des paramètres restrictifs qui empêchent les partis de parler. Au Canada, on a des lois pour protéger les travailleurs, mais le Parti conservateur semble dire aux travailleurs qu'ils vont couper le pouvoir de négociation d'une convention collective en imposant des conditions moindres que ce qu'a offert la direction de Postes Canada en ayant recours à un arbitre. Cet arbitre sera-t-il neutre? On ne le sait pas. Va-t-il suivre la voie du gouvernement en penchant du côté de l'employeur?
Les services de courrier demeurent un élément essentiel dans la vie des Canadiens et pour notre économie. Dans ma circonscription de Notre-Dame-de-Grâce—Lachine et Dorval, des personnes sont fâchées à cause de ce lock-out parce que leur entreprise est dépendante de ce service. Cependant, mes électeurs restent conscients que le conflit est beaucoup plus grand. Ils sont également conscients qu'il ne s'agit pas d'une grève, mais d'un lock-out. Ils savent également que le conflit est beaucoup plus grand que celui de Postes Canada; il s'agit d'un incroyable précédent.
Le gouvernement ne fait pas que se tourner vers la privatisation, comme l'ont soulevé plusieurs de mes collègues. Il veut imposer un climat de peur, un malaise pour les travailleurs qui veulent négocier des conditions de travail adéquates. Les travailleurs de Postes Canada ont été victimes d'une grosse machine qui souhaite brimer les droits des travailleurs partout au Canada. Bientôt, le Canada va faire comme l'État du Wisconsin qui, pas plus tard qu'en mars 2011, a adopté un projet de loi limitant les droits des syndicats de fonctionnaires et privant les syndicats des employés de l'État de presque tous leurs droits en matière de négociation collective, à l'exception des négociations salariales. C'est de la répression.
Selon les facteurs et les factrices à qui j'ai parlé dans ma circonscription, ce n'est même pas le salaire qui les dérange dans ce cas-ci. Comme l'ont souligné mes collègues, le régime des pensions est en danger, les « clauses orphelin » sont inacceptables et on impose des conditions frustrantes de travail dans lesquelles ils vont devoir travailler. Ce qui dérange le plus mes électeurs, ce sont les conditions qui touchent la santé et la sécurité au travail. J'ai parlé à Michel St-Pierre, un facteur qui vit dans ma circonscription depuis plusieurs années. Les travailleurs des postes demandent à leur employeur, entre autres, d'avoir de bonnes conditions de travail sur le plan de la sécurité.
Pour le moment, un facteur doit porter deux sacs, un de chaque côté du corps, en plus des circulaires. On reçoit tous des millions de circulaires dans nos boîtes aux lettres tous les jours. On peut donc imaginer le poids qu'ils ont à porter. Avec la nouvelle loi spéciale, on leur impose de porter un troisième sac. Postes Canada veut les forcer à porter un sac devant eux et qui bloque complètement leur champ de vision du sol. C'est intelligent, ça! On va épargner de l'argent en leur faisant porter plus de sacs, mais on va devoir payer de nombreux frais de la CSST parce qu'ils se blesseront et déposeront des plaintes. Dès qu'il s'agit d'un mal de dos, il est très difficile à prouver à la CSST que c'est attribuable à l'emploi. On va perdre beaucoup d'argent en raison de ces blessures.
Ce n'est pas tout. Le syndicat a maintenu sa position selon laquelle tous les travailleurs et travailleuses des postes doivent bénéficier du même régime de retraite et avoir droit aux mêmes avantages. Si on accepte la proposition de Postes Canada visant à supprimer la possibilité d'une retraite anticipée pour les futurs employés, ce sera une question de temps avant qu'on ne tente de réduire les critères d'admissibilité à une retraite anticipée pour les employés actuels. Nous demeurons optimistes quant à la résolution du conflit, mais il doit y avoir de la bonne volonté des deux côtés.
Le gouvernement doit cesser d'interférer dans les négociations. Placer les employés en lock-out pour ensuite leur imposer un contrat de retour au travail n'est certainement pas une façon juste de négocier. J'ai de la difficulté à croire que maintenant, les deux parties peuvent négocier un contrat juste.
Pour cela, les conservateurs doivent cesser de gouverner de façon interventionniste et de permettre un précédent comme nous le connaîtrons si cette loi est adoptée.
Il est vrai que les entreprises de messagerie multinationales exercent régulièrement des pressions en faveur de la déréglementation de Postes Canada. Ces entreprises veulent que le gouvernement ouvre le marché de la poste-lettre à la concurrence pour qu'elles puissent augmenter leurs profits et leurs parts du marché.
Dernièrement, certains médias et instituts économiques de la droite ont réclamé la privatisation et la déréglementation de Postes Canada. Toutefois, presque tout le monde s'y oppose.
En 2008, le gouvernement fédéral a commandé un examen de la Société canadienne des postes dont le rapport a été rendu public en 2009. Ce rapport est très clair. Il semble que le public n'est pour ainsi dire aucunement en faveur de la privatisation ou de la déréglementation de Postes Canada.
De plus, tous les grands partis politiques fédéraux s'opposent officiellement à la privatisation du service postal et la plupart d'entre eux ont aussi rejeté la déréglementation.
Je voudrais aussi ajouter qu'un autre de mes commettants m'a rejoint ce matin. C'est une femme qui est aussi factrice. Elle travaille depuis très longtemps. Présentement, elle a de la difficulté à porter tout ce poids. Elle me disait que, avec les nouveaux sacs qu'on va lui imposer, ce seront plus de 30 kilos qu'elle devra transporter.
Cela n'est pas tout, parce que avec ces 30 kilos, présentement, les facteurs ont quatre heures pour préparer leur courrier et quatre heures pour le distribuer. Maintenant, on veut leur imposer six heures de distribution continue à marcher dans les rues avec trois sacs, en plus des circulaires, pour aller livrer le courrier.
En plus de cela, avec la nouvelle loi spéciale, on leur interdit de charger du temps supplémentaire. Si elle trouve cela trop lourd, si elle titube dans les rues parce qu'elle a de la difficulté, si elle a des marches à monter, s'il y a du verglas l'hiver, qu'elle a de la difficulté et que cela lui prend une demi-heure de plus, on va lui interdire de charger une demi-heure de temps supplémentaire. À mon avis, c'est vraiment ridicule.
On demande au gouvernement de justement changer cette loi spéciale et de laisser les travailleurs retourner au travail pour que les petites entreprises puissent justement avoir accès à leur service de courrier. Il faut laisser enfin les gens discuter ensemble de leur convention collective pour que ces travailleurs puissent juger de ce dont ils ont besoin pour leur travail et qu'ils puissent réclamer ce dont ils auront besoin pour le côté santé et sécurité au travail, pour les « clauses orphelin », les pensions et les salaires.
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Madame la Présidente, honorables députés, confrères, consoeurs: lock-out, lock-out. Quand j'entends ces mots, ça me fait mal. Je ne sais pas si madame la Présidente peut voir de son siège. J'ai une bosse ici qui remonte au premier lock-out auquel j'ai assisté, il y a une trentaine d'années, à la Commonwealth Plywood. Les travailleurs avaient été mis en lock-out et les briseurs de grève passaient en étant escortés par des policiers et des services de sécurité privés. Ces services et ces policiers donnaient des coups de matraque aux travailleurs qui étaient présents et aux gens qui venaient les appuyer. Pour moi, le lock-out est une mesure violente. Je vois un député qui rit là-bas, mais il n'empêche que c'est très violent. Il y a une violence politique dans ce genre de loi.
Souvent, pour les conservateurs, des citoyens qui manifestent, c'est violent. Supprimer des emplois, imposer des lois, mettre du monde à la rue, couper 11 milliards de dollars dans les services publics, ce n'est pas violent, pour eux. Faire attendre des personnes âgées pendant 16 heures dans des hôpitaux, ce n'est pas violent! Eh non.
Lock-out, lock-out. Ce gouvernement adore les cadenas; on aurait dû s'en douter. Il aime aussi les grosses clôtures pour entourer des villes, afin de les protéger des dangereux et violents manifestants. Les sommets des grands puissants sont protégés contre les revendications légitimes des citoyens.
Ce gouvernement aime beaucoup les frontières. On met beaucoup d'argent dans les infrastructures aux frontières, même si celles-ci se rendent jusque dans la cour du ministre responsable du Conseil du Trésor. Ce gouvernement aime aussi les prisons, beaucoup de prisons avec beaucoup de cadenas.
Le premier ministre, pour justifier les investissements dans les prisons, dit qu'il y a beaucoup de crimes non déclarés. Est-ce que des travailleurs qui refuseraient de retourner au travail suite à une loi abjecte, ce serait un genre de crime non déclaré? Peut-être.
Un autre crime non déclaré et qui pourrait servir à remplir ces prisons, c'est de toucher leurs clôtures. C'est dangereux. On a arrêté 1 200 personnes qui avaient osé toucher leurs clôtures; c'est un grand crime.
Ce gouvernement veut enfermer le peuple canadien dans une logique, celle de la loi et l'ordre. Si ça ne fonctionne pas comme il veut, il va mettre le cadenas sur nos libertés: liberté de négociation, liberté d'exercer des moyens de pression et liberté d'association, éventuellement peut-être. La seule chose sur laquelle il ne mettra pas de cadenas, c'est sur ses privilèges. On ne met pas de cadenas sur la liberté de creuser des mines n'importe où, sans le consentement des communautés locales. On a le droit d'exploiter une mine de deux kilomètres près d'un lac ou de 62 rivières au nom de la liberté de commerce. On a la liberté de creuser des puits de gaz de schiste n'importe où. On est libre de creuser un puits dans ma cour. On ne cadenasse pas ce genre de liberté.
On a la liberté de polluer l'eau, l'air, les vastes étendues des prairies canadiennes avec les résidus miniers et pétroliers. On se garde des libertés. On a la liberté de contrôler pour avantager le marché du pétrole, pour faire monter les prix. On a la liberté de concentrer les entreprises de communication pour faire passer un message. On ne met pas de cadenas là-dessus. On concentre les entreprises. On est bon là-dedans.
On a la liberté de spéculer avec les épargnes des petits épargnants, sans réglementation, sans pénalité. On joue à la loterie avec nos épargnes. On est libre de faire ça.
On a la liberté d'imposer des taux d'intérêts presque usuraires de 20 p. 100, 22 p. 100, 23 p. 100. Il n'y a rien là. Les familles s'endettent, les jeunes surtout. On les met dans le fond du puits pour qu'ils paient pendant 100 ans. On a la liberté de faire de l'évasion fiscale.
On a de beaux petits paradis fiscaux. On est libres d'aller y mettre notre argent. On blanchit ainsi cet argent. C'est le fun. On fait de l'argent. Personne ne regarde ça. Telles sont les libertés que l'on défend de l'autre côté de la Chambre. Eh oui! Cependant, la liberté des travailleurs et des travailleuses de s'organiser, de négocier, on ne respecte pas ça. Négocier, faire des moyens de pression, établir un rapport de force? Non. On parle de négociations. Toute la semaine, j'ai entendu la dire qu'ils avaient négocié pendant huit mois. De quelle sorte de négociations parle-t-on? De négociations qui visent à diviser les travailleurs en deux groupes: un groupe à qui on veut couper les salaires, fragiliser les pensions, augmenter l'âge de la retraite. Que sont ces négociations bidon? Des négociations bidon! On dirait que la Société canadienne des postes est une entreprise en faillite qui demande à ses travailleurs et travailleuses de faire un effort pour relancer l'entreprise. On sait que les travailleurs et travailleuses, même syndiqués, font souvent ces efforts. Or on parle d'une entreprises qui a fait des profits de l'ordre de 281 millions de dollars au cours d'une année. Ce n'est pas le cas: la Société canadiennes des postes n'est pas en faillite.
Pour comprendre les offres faites par la Société canadienne des postes et, indirectement, le gouvernement, il faut saisir qu'il y a un « agenda » politique derrière cela. Le premier point de cet « agenda » politique est de prouver à tous que les conservateurs ne feront pas de cas des droits des travailleurs et travailleuses. Le deuxième point est de prouver qu'ils sont au pouvoir et qu'ils sont forts. Oui! On n'a qu'à voir l'attitude condescendante des ministres depuis trois semaines dans leurs réponses aux questions qui leur sont adressés. Je pense au qui nous répète systématiquement la même phrase. Le fait la même chose lorsqu'il est question de l'amiante. On ne répond pas aux questions, on se pète les bretelles, on ne répond pas non plus aux attentes des députés de la Chambre, pas du tout, pas plus qu'à la population qui aimerait avoir des réponses à des questions: qu'a-t-on fait avec les 50 millions de dollars? comment se fait-il que personne n'ait de documents à ce sujet, en ce qui concerne les processus décisionnels qui ont mené à ces investissements? Ces documents sont disparus dans la nature.
L'objectif fondamental de l'« agenda » politique du gouvernement conservateur est de saborder les services publics, de tailler l'État en pièces, de couper dans les services publics et, finalement, — c'est l'objectif ultime — de privatiser et de faire disparaître l'État pour donner tout au marché. Ce serait bien s'il n'y avait plus d'État et que tout était privé. C'est le credo conservateur. On le connaît. On devrait privatiser les hôpitaux, les prisons, les services publics, la police, l'eau, le sol, notre territoire. Dans sa psychose collective de privatiser, pourquoi ne pas privatiser le gouvernement lui-même, le gouvernement du peuple? Que celui-ci soit remplacé par un conseil d'administration! Ce serait bien plus facile.
Des voix: Ah, ah!
M. Pierre Dionne Labelle: On enlève le gouvernement et on fait un vaste conseil d'administration d'hommes d'affaires qui vont décider à la place du peuple ce qui est bon pour lui. C'est la vision, la psychose collective des conservateurs, l'idéal réformiste.
Si vous vous engagez dans la voie de la « désolidarisation » sociale, cela va vous prendre beaucoup de cadenas. Achetez-en, des cadenas! Cela va vous prendre également beaucoup de prisons. Il va falloir placer beaucoup d'agents à la frontière. On ne laissera pas les spéculateurs, les usuriers, les prédateurs du bien commun détruire les acquis sociaux et politiques des 100 dernières années sans réagir. Mais non!
Les députés du NPD vont se tenir debout pour défendre, avec les travailleurs, les travailleuses et la population, une chose que l'on ne peut pas cadenasser, mettre en quatre murs, derrière des clôtures, des barbelés, qu'on ne peut pas laisser à la frontière, qu'on ne peut pas enfermer. Cette chose, c'est que l'on va toujours se tenir debout pour défendre notre liberté, liberté de parole, liberté d'association, liberté d'organisation, liberté de s'organiser pour vivre dans une société plus juste, riche de tout son monde.
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Monsieur le Président, j'aimerais commencer en souhaitant une bonne Fête nationale à tous les Québécois. Il me fait chaud au coeur d'apprendre que tous les francophones de partout au Canada fêtent aussi cette fête nationale. Continuons la lutte. On va y arriver.
J'aimerais aussi dire à tous mes collègues que je suis extrêmement fier de tous les discours qu'ils ont faits jusqu'à présent. Ils parlent du fond du coeur. Ils parlent avec leur expérience, contrairement au gouvernement en place qui semble parler comme une machine ou un répondeur qui répète constamment le même message. Je suis inquiet, ayant moi-même vécu au Québec une loi spéciale qui a eu un effet incroyable, pas seulement sur moi, mais sur beaucoup de gens au Québec.
Je vais parler de l'histoire du Québec, d'autant plus qu'aujourd'hui, c'est la Fête nationale. Rappelons-nous les débuts au Québec. Les gens qui ont apporté la prospérité au Québec et au Canada, ce sont les travailleurs. Ce sont les gens qui ont défriché les régions avec leurs mains. Ce sont les gens qui ont construit les routes. Ce sont les gens qui ont mis sur pied des commerces locaux. Plus tard dans l'histoire, ce sont les gens qui se sont alliés pour créer Hydro-Québec afin que cela devienne un projet du peuple. Ce sont les bénévoles qui continuent de travailler et d'aider les gens encore aujourd'hui.
Tous ces travailleurs ont sacrifié de leur temps et de leur énergie. C'est le peuple au complet, ne l'oublions pas. C'est un partage historique, et le lien avec la poste est très important dans cette histoire. C'est grâce à la poste, grâce à ce lien, que les gens ont pu communiquer. Aujourd'hui encore, c'est le service le plus fiable qui existe, et tous les citoyens le savent. Tout le monde utilise l'informatique, mais la poste existe toujours. Elle nous fournit des services incroyables.
Tous les citoyens de ma circonscription sont affectés par la grève des postes. Tout le monde est conscient qu'il faut que la grève finisse, mais il y a la façon, et ce gouvernement n'a pas la bonne façon de faire. C'est absolument inacceptable.
Nous nous dirigeons vers un événement historique. Nous faisons partie d'une histoire, d'un nouveau millénaire. Où est la nouvelle vision de ce gouvernement? Où est sa capacité d'aller au-delà des vieilles méthodes?
En ce qui a trait à mon expérience de travail, depuis l'âge de 14 ans, j'ai travaillé dans des endroits syndiqués, dans de petites et grandes entreprises. J'ai même été boss. J'ai aussi négocié des postes. J'ai connu tous les aspects d'une négociation. Or un lien commun relie toutes les entreprises privées et publiques, et c'est le partage des biens, le partage de la réussite. Postes Canada n'a absolument aucune excuse. La société a eu des revenus de plus de 281 millions de dollars et continue de prospérer, mais elle ne partage ce bien d'aucune façon. Postes Canada n'a absolument pas voulu négocier avec les travailleurs, qui étaient tout à fait de bonne foi. Ils étaient même prêts à revenir aux mêmes conditions de travail, qui étaient des conditions de survie, de continuité.
Le prétexte de ce gouvernement pour mettre le cadenas est que les travailleurs étaient de mauvaise foi et qu'ils font perdre de l'argent à une entité qui n'arrête pas d'en faire.
Revenons à l'histoire puisqu'il semble que ce gouvernement fonctionne toujours dans le passé. Tous les gouvernements qui ont agi de cette façon, qui ont créé une fausse situation, comme le lock-out, et qui, par la suite, ont élaboré une loi spéciale, ont fait de la dictature. C'est ainsi que j'appelle cela, et j'ose le dire aujourd'hui.
Oui, c'est ce vers quoi on se dirige. C'est une position de droite qui va à l'encontre de tous les droits des citoyens travailleurs, sans exception.
Selon la définition du gouvernement, un service essentiel en est un qui est rentable. C'est un sens très large, et si je regarde tous les travailleurs qui existent, toutes les professions sont rentables.
Ce gouvernement prétend créer de l'emploi. Je veux bien, mais cela reste à voir. Quand les travailleurs utilisent leur droit d'expression, on les bâillonne littéralement parce que cela coûte de l'argent. Si je comprends la logique du gouvernement, peu importe de quels travailleurs il s'agit, dès que ça coûte de l'argent à l'employeur pour régler un conflit à l'interne, on va bâillonner les travailleurs. C'est le message qui est envoyé en ce moment avec cette loi spéciale. Il y a un problème.
Il y a plusieurs sortes de travailleurs actuellement: des agronomes, des infirmières, des commis de bureau, des restaurateurs, des douaniers, des agents de sécurité, des peintres, des journalistes, des boulangers, des dentistes, des consultants, des comptables, des déménageurs, des électriciens, des mécaniciens, des ébénistes, des télévendeurs, des traducteurs et traductrices, des sociologues, des pilotes d'avion, des musiciens, des ingénieurs, des agents de la paix, des huissiers, des guides, des commis de dépanneur, des serveurs, des directeurs d'école, etc. Quel est leur projet? Quelle influence auront-ils dans les multinationales? Quel message envoie-t-on? Quelle influence va-t-on avoir sur les codes du travail provinciaux?
Si les gens coûtent ne serait-ce qu'un peu d'argent, on a l'excuse parfaite. On bâillonne le droit d'expression, on met les gens en lock-out, on invente un scénario et on décide de faire une loi spéciale. Félicitations! On s'en va vraiment dans la bonne direction.
Les contrats de travail sont toujours à la baisse. Si je comprends bien la logique, pour être rentable, il faut que les gens travaillent 60 heures par semaine et aient un fonds de pension à l'âge de 105 ans. On s'en va dans une excellente direction.
Pour ma part, je ne crois d'aucune façon à une société où c'est l'économie qui contrôle le peuple. Au contraire, l'économie sert le peuple. Ce ne sont pas les 2 p. 100 qui doivent prendre le contrôle, mais bien 98 p. 100 des gens qui vivent dans une réalité quotidienne, qui veulent des solutions avec une vision.
J'invite le gouvernement de l'autre côté à venir s'asseoir avec nous. Au lieu de prendre les décisions seul, avec une vision limitée, je l'invite à prendre le temps de s'asseoir avec nous pour avoir une vue d'ensemble énormément représentative de ce que les gens veulent.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre part à ce débat. C'est avec un très grand intérêt que j'ai écouté les interventions de mes collègues au cours des dernières heures ici.
Permettez-moi d'adopter un angle différent pour ce débat et de parler de la terminologie que nous utilisons dans nos échanges. Parfois, nous avons besoin d'aide pour comprendre ce dont il est question. Nous n'employons pas la terminologie en connaissance de cause. Nous l'employons à répétition. En fait, nous pensons l'utiliser de façon appropriée ou nous pensons que nous aidons à clarifier les choses.
Dans ses remarques hier soir, la parlait sans cesse d'une grève, alors qu'en réalité cette grève a pris fin lorsque le lock-out a été décrété. Je pense qu'elle a fini par le reconnaître.
De notre côté, nous reconnaissons qu'effectivement il y avait une grève tournante. Cela ne fait aucun doute. Il y avait une grève tournante, c'est un fait. Personne ne le nie. Nous devons utiliser la bonne terminologie et reconnaître que ce n'est plus le cas, et que nous sommes maintenant confrontés à un lock-out.
Dans le domaine des relations du travail, un lock-out est quelque chose de totalement différent. La situation est complètement changée. Nous devons maintenant reconnaître qu'il ne s'agit plus d'une grève tournante qui avait lieu à différents endroits en alternance, parfois dans des petites villes, parfois dans de grandes villes. Nous sommes face à un lock-out. Tout le système est paralysé.
Selon le droit du travail au Canada, une seule partie peut décréter un lock-out, et c'est l'employeur. Les travailleurs ne peuvent jamais se mettre en lock-out. Ils peuvent cesser de travailler, mais ils ne peuvent jamais aller poser un cadenas sur la barrière. Ils ne peuvent tout simplement pas.
L'autre expression que l'on n'a cessé d'entendre tout l'avant-midi, c'est « dirigeant syndical ». Voyons un peu qui est un dirigeant syndical et à quoi il ressemble. L'expression « dirigeant syndical » donne à penser que cette personne est en quelque sorte le patron des travailleurs qu'elle représente.
En réalité, il faut inverser la pyramide. Ce sont les travailleurs qui engagent le dirigeant syndical. Démocratiquement, ils élisent le dirigeant syndical. Tous les trois, quatre ans ou cinq ans, selon le syndicat, les travailleurs peuvent licencier ce dirigeant syndical s'il ne fait pas ce qu'ils lui ont demandé de faire.
Le même sort nous guette. Certains d'entre nous ont fait partie de la 40e législature et sont de retour pour la 41e, alors que ce n'est pas le cas pour d'autres. De toute évidence, leurs chefs, les électeurs, les ont remerciés. Ils leur ont dit qu'ils n'avaient plus besoin d'eux pour les représenter, qu'ils devaient céder la place à quelqu'un d'autre. C'est effectivement ce que nous faisons dans de nombreuses situations dans le monde syndical.
Qu'on me permette de mettre un visage sur le personne de dirigeant syndical. Les députés qui sont ici aujourd'hui et qui me regardent ont devant eux un ancien dirigeant syndical. Je n'ai pas deux têtes, et pas de cornes non plus. Je représentais des travailleurs qui m'ont élu pour accomplir un travail précis en leur nom, à savoir négocier des conventions collectives, et c'est ce que j'ai fait.
Lorsque nous avions terminé de négocier, je soumettais la convention aux syndiqués en leur disant: « Voici le mieux que nous avons pu obtenir. Nous croyons que l'entente est bonne. Aimeriez-vous procéder au vote? Dites-moi oui ou non. »
Parfois, les membres disaient oui, mais ils disaient aussi non à l'occasion. Que cela voulait-il dire lorsqu'ils répondaient non? Cela voulait dire que le dirigeant syndical devait retourner à la table de négociation. Le dirigeant syndical travaille pour les travailleurs, pas le contraire.
La terminologie dont nous nous servons peut parfois commencer à avoir des répercussions sur la réputation des gens et peut avoir une connotation qui n'est pas nécessairement vraie. J'aimerais demander aux députés, lorsqu'ils font référence à des termes interchangeables, de le faire de façon appropriée.
Il y a un dirigeant à Postes Canada, et c'est le PDG. Les travailleurs n'élisent pas le PDG. Le PDG leur est imposé. Les travailleurs ne peuvent pas lui dire: « Vous avez fait un mauvais travail. C'est le temps de passer à quelqu'un d'autre. » Ils n'ont pas ce droit démocratique. Cependant, au sein de leur syndicat, ils l'ont; ils peuvent remplacer leur « patron » par l'entremise du processus électoral.
Je dirais simplement que parfois nous utilisons tous une terminologie impropre. Je ne prétends pas que nous n'en sommes pas tous coupables. De temps à autre, de ce côté-ci de la Chambre, nous sommes coupables d'utiliser une terminologie à laquelle nous devrions peut-être porter une attention particulière lorsque nous faisons ce genre de choses.
Mais laissons la terminologie de côté et parlons du fait que, selon l'entente proposée, les nouveaux employés recevront moins que les employés actuels et moins que ce que la direction offre présentement. De qui s'agit-il? Dans mon coin de pays, il s'agit de gens qui ne sont déjà plus jeunes. Bon nombre de mes collègues ici présents sont encore jeunes; voilà pourquoi ils nous parlent de la réalité des jeunes travailleurs, qui se retrouveraient à gagner moins d'argent que les collègues qu'ils côtoient tous les jours.
Dans mon coin de pays, une bonne partie de ces travailleurs sont d'anciens employés de John Deere. Ou d'Atlas. Des travailleurs en milieu — et parfois en fin — de carrière, qui doivent trouver un autre emploi parce que leur ancien employeur a mis la clé sous la porte.
Ces entreprises sont parties. John Deere a fermé il y a un peu plus de 18 mois, et ne reviendra pas. Atlas est partie il a déjà un certain nombre d'années. Nous avons vu la débâcle qu'a connue le secteur manufacturier, dans ma circonscription comme dans le reste du pays.
Voici comment les choses se passent: quand une personne obtient un emploi à Postes Canada, elle ne commence pas à temps plein. Elle occupe d'abord un poste occasionnel. Elle doit donc attendre patiemment à la maison qu'on l'appelle parce qu'un autre employé est malade. « Reste à côté du téléphone », qu'on lui dit. Et c'est ce que font tous ceux et celles qui espèrent occuper un emploi à Postes Canada: ils restent à côté du téléphone, au cas où un de leurs collègues devait s'absenter, auquel cas ils pourront entrer travailler pour la journée. Ils attendent qu'on les appelle pour leur annoncer qu'ils peuvent entrer ce jour-là. Puis, s'ils sont assez patients, ils peuvent décrocher un poste à temps partiel.
Or, pendant tout ce temps, leurs responsabilités, elles, ne changent pas. Les jeunes aussi ont des responsabilités, c'est évident, mais je parle ici des gens qui ont l'air de ce que j'ai l'air, moi, et non de ce que tous ces jeunes ont l'air, comme mes enfants, qui sont dans la mi-vingtaine. Ces gens-là n'ont pas fini de rembourser leur hypothèque ou d'élever leurs enfants, mais voilà qu'ils doivent occuper un emploi occasionnel, ou au mieux à temps partiel. Et juste au moment où ils s'apprêtent à franchir la dernière étape et à devenir des employés à temps plein, on leur dit qu'en vertu de la convention collective qu'on veut leur imposer, ils devront se contenter de moins. Ils vont travailler avec d'autres gens qui vont faire exactement le même travail, mais ils devront quand même se contenter de moins.
S'il en est ainsi, pourquoi accepterions-nous que ces gens travaillent côte à côte avec d'autres gens qui font le même boulot? L'entreprise est-elle en train de nous dire qu'elle accorde plus d'importance à tel employé qu'à tel autre sur le plan de la rétribution? Je ne parle pas seulement des échelles salariales, qui seront moins élevées pour les employés nouvellement embauchés, car on dirait en quelque sorte...
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Monsieur le Président, d’emblée, je tiens à dire qu’en général nous avons eu droit à un excellent débat. J’imagine que nous en sommes actuellement à la seizième heure. Selon le magnifique calendrier sur cette table, nous serions encore le jeudi 23 juin. J’ai l’impression que nous rejouons le
Jour de la Marmotte, ce film où le même jour se répète à l’infini. Je présume que ce sera jeudi pour un bout de temps.
En général, je pense que c'est un excellent débat. La plus grande partie de nos activités au Parlement semble être seulement pour la forme. Un projet de loi est présenté, il fait l'objet d'un débat, il est renvoyé au comité. Nous savons d'avance ce que diront les députés de chaque côté de la Chambre. J’ai toutefois le sentiment qu'en l’occurrence, dans le cadre de ce débat sur une question sérieuse, nous ignorons en fait l’issue du débat. Nous ignorons combien de temps ce débat va se poursuivre. Je pense qu'on peut se le demander.
Nous ignorons ce que donnera ce débat, bien qu'il soit évident que la pression continue d'augmenter. À entendre tous les néo-démocrates qui ont pris la parole, je peux dire que, contrairement à ce que prétendent les conservateurs, nous tenons absolument à ce que le service postal soit rétabli. Nous appuyons les petites entreprises. Nous comprenons et nous convenons de la nécessité de rétablir ce service.
En fait, nous sommes aux prises avec un lock-out et avec une mesure législative épouvantable à laquelle nous sommes déterminés à nous opposer. Je pense que c’est la seule chose honorable et conforme à nos principes que nous puissions faire, tout en essayant d'apporter des amendements qui contribueront à résoudre la situation. Je pense que cela représente un scénario intéressant pour la Chambre et que cela rend la discussion et le débat plus significatifs.
J’ai entendu des discours formidables, de même que les anecdotes racontées par certains au sujet de l’histoire syndicale, des droits des femmes ou de l’impact du mouvement syndical. Encore une fois, les députés conservateurs ne veulent rien entendre à ce sujet, mais il s’agit d’un aspect de la société qui se manifeste et qui est rarement discuté ou abordé à fond à la Chambre.
Je suis ravie de constater que nous pouvons au moins tenir ce genre de débat et aller au-delà du projet de loi pour expliquer les raisons et les principes pour lesquels ce parti s’oppose aussi farouchement à ce projet de loi de retour au travail.
Hier, dans son superbe discours, le député de , c'est-à-dire le chef du NPD, a parlé de la relation que lui et sa famille entretiennent avec leur facteur. Mon expérience est identique. Je pense que nous avons tous une relation spéciale avec notre facteur.
Je connais mon facteur, qui passe habituellement vers 9 h 15 dans Vancouver-Est. Il y a quelques années, il a remarqué que la porte de ma maison était ouverte. Je n'étais pas là. J'étais ici à Ottawa. Il est reparti en pensant qu'il y avait peut-être quelqu'un dans le jardin ou dans une pièce. Il a continué sa tournée. Lorsqu'il est revenu le lendemain, la porte était encore ouverte.
Une personne qui logeait chez moi avait oublié de fermer la porte à clé. Mon facteur a pris le temps de téléphoner à la police et de signaler l'incident. Les policiers sont venus. Ils ont communiqué avec mon bureau et j'ai ensuite pu envoyer quelqu'un verrouiller la porte. À mon avis, cet exemple illustre parfaitement à quel point les facteurs et les travailleurs des postes font partie de notre collectivité.
Je me rends chaque année au centre de tri principal sur la rue Georgia Ouest pour m'entretenir avec les facteurs, que je rencontre aussi dans la collectivité. Ces travailleurs sont là à 6 heures du matin pour trier le courrier qu'ils vont ensuite livrer, qu'il y ait du verglas, de la neige ou de la pluie, ou que les escaliers d'un client soient brisés. Ils livrent le courrier, quelles que soient les conditions. Nous entretenons une relation spéciale avec ces travailleurs dans notre collectivité, et c'est le cas partout au pays.
Selon moi, c'est ajouter l'insulte à l'injure que d'avoir à débattre d'une mesure législative qui force ces travailleurs à retourner au travail, alors qu'ils ont été mis en lock-out et que tout ce qu'ils souhaitent c'est de négocier une entente équitable. Leur objectif est tout à fait raisonnable et c'est à cette fin que les relations de travail sont censées servir chez nous.
J'en ai vraiment ras le bol d'entendre les conservateurs répéter constamment qu'ils ne veulent pas intervenir sur le marché, étant donné que ce n'est pas le rôle du gouvernement. Or, que font-ils? Dès que leurs amis à Postes Canada n'aiment pas ce qui se passe à la table des négociations, ils s'empressent de déposer une mesure législative qui empire la situation. Pourquoi la Société canadienne des postes négocierait-elle quoi que ce soit, alors que ses amis ici présentent un projet de loi dont elle n'aurait même pas rêvé?
Oui, nous nous opposons en bonne partie à tout ce qui est proposé, parce que ce ne sont pas seulement les travailleurs des postes qui seront touchés, et je tiens à le mentionner très clairement, mais tous les travailleurs au pays.
Nous voyons bien où tout cela nous mènera. Le gouvernement veut niveler par le bas. Il y aura deux types de salaires. Un nouvel employé n'obtiendra pas le même salaire qu'un ancien, et qui sait, il en sera peut-être de même pour sa pension, pour ses conditions de travail et pour les éléments touchant la sécurité.
Avec ce projet de loi, le gouvernement tente de donner une nouvelle orientation aux relations de travail en prenant sans réserve le parti de l'employeur et cela aura des répercussions profondes pour tous les travailleurs au pays. Il suffit pour s'en convaincre de voir ce qui arrive avec les pensions. Nous avons été nombreux pendant la journée et la nuit à parler de nos préoccupations au sujet du régime de pensions. Que nous soyons syndiqués ou non, nous voulons tous avoir un sentiment de sécurité à notre retraite. Dieu sait que nous avons soulevé ce sujet à maintes reprises à la Chambre au fil des années, que ce soit avant ou après les élections.
Il est très important pour tous les travailleurs au pays, et pas seulement pour les travailleurs des postes, de savoir ce qu'il adviendra de leur régime de pensions. S'agira-t-il d'un régime à prestations déterminées ou encore d'un régime à cotisations déterminées qui n'offre aucune sécurité?
Oui, c'est la question qui se pose. Nous savons que ce projet de loi imprime une nouvelle orientation aux relations de travail au pays.
Un peu plus tôt, j'ai entendu des députés conservateurs dire que le NPD en a contre Postes Canada parce que la société fait des profits. En fait, nous sommes heureux que la société fasse des profits; cela prouve que cette société d'État a un bel avenir devant elle. Elle fournit un service essentiel aux habitants des quatre coins du pays. Nous voulons simplement nous assurer que les employés obtiennent leur juste part. Je le répète encore, il s'agit pour nous d'une proposition très raisonnable. Que Postes Canada fasse des profits n'est pas mauvais en soi. Nous tenons simplement à nous assurer que les employés auront leur part du gâteau.
Nous lisons tous des extraits de courriels que nous avons reçus. À en croire les conservateurs, ils entendent seulement parler des gens qui appuient leur projet de loi de retour au travail. J'aimerais cependant ajouter que j'ai été contactée par beaucoup de gens dans ma circonscription.
Dans un courriel qu'il m'a envoyé, le propriétaire d'une petite entreprise me dit:
Postes Canada réalise des profits. C'est une société d'État, pourquoi ne pas partager ces profits? Oui, je voudrais que la livraison du courrier reprenne mais pourquoi ne pas faire en sorte que Postes Canada écoute les travailleurs de la poste et leur accord les droits qui leur sont dus?
J'ai reçu une lettre d'un autre électeur, un travailleur de la poste, qui a écrit au ministre il y a quelques jours. Cet électeur dit:
Si on nous oblige, par une loi, à retourner au travail et à accepter un mauvais contrat, beaucoup de questions, notamment en matière de santé et sécurité, resteront en instance; la loi endommagera considérablement notre environnement de travail déjà extrêmement stressant. Le taux élevé de blessures et les burn-out entraînés par des itinéraires de livraison incroyablement longs et, croyez-le ou non, par le volume élevé du courrier, conjugués à une pénurie extrême de personnel rendent la tâche difficile à gérer.
Cet employé des postes a ajouté que nous devrions inviter des représentants des partis à accompagner des facteurs sur leur itinéraire pour se faire une meilleure idée de leurs conditions de travail.
Je suis très fière des néo-démocrates à la Chambre, du fait que nous comprenons en quoi consiste le projet de loi et de notre détermination à exposer les incidences et les conséquences de la mesure, non seulement sur les travailleurs de la poste mais sur tous les Canadiens. Nous voulons que le service postal reprenne et nous demandons une fois de plus, à la Chambre, au gouvernement de lever le lock-out et de permettre que le service reprenne et que les négociations collectives suivent leur cours. C'est ainsi que les choses devraient se passer.
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Monsieur le Président, je suis honoré de prendre la parole à la Chambre au nom des gens de Timmins—Baie James qui, au cours du dernier siècle, ont mené bon nombre des grandes batailles patronales-syndicales à l'origine du niveau de vie dont nous jouissons aujourd'hui. Ils suivent de très près ce dossier. J'ai reçu des courriels de gens partout dans la région qui ont suivi cette attaque concertée contre un mode de vie instauré au pays grâce à la solidarité des travailleurs.
Ce que nous devons faire ici aujourd'hui, c'est déconstruire le scénario créé par le cabinet du premier ministre et le Parti conservateur. Il s'agit d'un autre de leurs scénarios soigneusement concoctés qui véhiculent une vision du monde axée sur le bien et le mal, où tout est noir ou blanc. Et le capitaine Canada du côté des banquettes conservatrices va entrer en scène pour écraser les patrons syndicaux et les socialistes. Voilà le discours que nous entendons des rangs du Parti conservateur.
Comment ce scénario a-t-il été créé? Le conflit de travail persistait entre Postes Canada et le STTP. Dans l'esprit des conservateurs, il n'y a probablement rien de mal à s'en prendre aux facteurs parce que les conservateurs pensent que la mémoire collective ne retiendra qu'une période de conflit de travail. Ils s'acharnent à répéter que les deux parties n'ont jamais pu s'entendre. En fait, songeons à la dernière fois où nous avons dû ordonner un retour au travail. C'était en 1997. À l'époque, ma merveilleuse fille, Margaret Lola, n'était pas encore née et, aujourd'hui, elle fréquente l'école secondaire. Il ne s'agit donc pas d'une crise qui perdure; c'est une rupture des négociations. Puis, le gouvernement est intervenu et a mis en lock-out les employés de Postes Canada.
Nous avons une situation sans précédent où, dans une économie fragile, le gouvernement travaille avec Postes Canada pour fermer les services postaux du pays. Ainsi, les conservateurs peuvent dire que nous avons une crise et qu'ils sont forcés d'agir. Or, c'est une crise créée de toutes pièces. C'est une vieille tactique des conservateurs. John Snobelen, le chef de la bande de Mike Harris, disait qu'il fallait créer une crise de toutes pièces pour faire bouger les choses.
Le gouvernement a interrompu le service postal dans tout le Canada. Puis, les conservateurs se sont présentés à la Chambre dans un accoutrement de Capitaine Canada, jurant de défendre les intérêts des aînés et des petites entreprises qu’ils ont pourtant privés de service. Ainsi, ils dressent les gens les uns contre les autres.
Il a été intéressant d’écouter la , hier soir, car elle a essayé de semer la confusion dans l'esprit de la population en disant que les conservateurs devaient intervenir parce qu’il s’agissait d’une grève. Elle a répété ce terme tant et plus. C’est faux, car il s’agit d’un lock-out.
La ministre a prétendu que le gouvernement ne prenait pas parti. Bien entendu, nous savons de quel côté le gouvernement se range.
Lorsque le chef de notre parti a dit que nous pouvions régler ce différend, que nous discutions avec le syndicat et que nous étions disposés à proposer des amendements pour qu’il y ait un règlement, les députés conservateurs ont ri et ils ont ridiculisé cette idée, disant que nous étions en lien direct avec les syndiqués canadiens. Bien sûr, nous communiquons avec eux. C’est ainsi qu'on fait avancer les choses au Canada. Le Nouveau Parti démocratique estime que nous devons discuter, et non diaboliser les uns ou les autres.
Il est renversant que la trouve ridicule l’idée de discuter avec l’autre partie. C’est ce que nous avons fait. Nous avons présenté des amendements et proposé de collaborer avec le gouvernement. Pour toute réponse, nous avons eu droit à des attaques vitrioliques.
La a défendu le projet de loi. Arborant son logo de Capitaine Canada, elle a prétendu que les conservateurs représentaient 33 millions de personnes. Il est absurde de prétendre que les conservateurs représentent tous les Canadiens face à seulement 40 000 syndiqués. Voilà une attitude mesquine qui veut que les plus puissants écrasent les plus faibles.
Si nous appliquions cette théorie, nous pourrions porter atteinte à une foule de choses dans notre pays. Voilà la mentalité des conservateurs. Voilà la mise en scène qu’ils font, alors que les néo-démocrates ne croient pas qu’il faille dresser les gens les uns contre les autres ni pratiquer une politique de division.
Malheureusement, ce n’est pas tellement étonnant, car il faut tenir compte de celui qui fait cette mise en scène. Je voudrais citer quelqu’un de très connu à la Chambre. Il a dit:
Pour ce qui est des chômeurs, dont le nombre s’élève à un million et demi, ne vous sentez pas trop mal pour un grand nombre d’entre eux.
De qui s’agit-il? Du premier ministre du Canada.
C’est ce qu’il a dit lorsqu’il a décidé que la politique fédérale ne lui plaisait pas, qu’il avait mieux à faire. Il a quitté son travail de député, ce dont certains ne se souviennent peut-être pas, pour se mettre au service de la National Citizens Coalition. Il estimait que ce groupe avait un programme préférable à ce qu’on pouvait accomplir à la Chambre des communes.
J'ai relu le programme que le actuel a présenté avec la National Citizens Coalition en 1997. Un élément consistait à commencer à attaquer les groupes d'intérêt comme les organisations féminines et les organisations des droits de la personne. Nous avons vu comment les conservateurs ont attaqué KAIROS. Cela est tout à fait conforme au plan initial. Un autre élément consistait à attaquer les syndicats dans les médias. Nous pouvions entendre les députés d'arrière-ban. Ils étaient déchaînés contre ces patrons des gros et méchants syndicats. C'était en 1997, lorsque le était l'agitateur en chef de la National Citizens Coalition.
Ce programme comprenait d'autres éléments importants. Ce sont les principales raisons qui l'ont poussé à quitter le Parlement. Il voulait notamment lancer une campagne de lobbying pour faire adopter par l'Alberta une loi sur le droit de travailler. La deuxième raison était la privatisation et l'élimination de la fonction publique. La troisième, et la plus importante, pour laquelle il s'est présenté avec certains de ses petits copains maintenant élus, était une campagne visant à désyndicaliser les travailleurs.
Lorsque les conservateurs affirment qu'ils ne prennent pas parti, nous savons exactement à quelle enseigne ils logent. La situation actuelle a été fabriquée par l'extrême droite canadienne et un premier ministre qui a déclaré qu'il ne se souciait pas du sort des chômeurs. Il a dit cela en 1997. Chassez le naturel, il revient au galop.
Je veux expliquer comment la diabolisation s'est faite sous le gouvernement conservateur.
J'ai écouté le député de hier. Les conservateurs produisent tous les courriels qu'ils lisent et affirment qu'ils viennent de citoyens ordinaires. Le député a déclaré que les habitants de sa circonscription estimaient que ceux qui entrent dans la population active et obtiennent 12 $ l'heure et trois jours d'ouvrage par semaine devraient être aux anges.
Je me suis entretenu avec beaucoup d'électeurs de ma circonscription et d'ailleurs. Je n'ai jamais entendu une personne âgée me dire qu'elle était aux anges parce que son fils ou sa fille adulte gagnait 12 $ l'heure, sans régime de pension, et travaillait trois jours par semaine. Le député disait qu'ils étaient chanceux d'avoir un emploi. C'est son attitude. Je n'ai jamais entendu cela.
J'entends cependant des gens se demander ce qui est arrivé au Canada. Les régimes de pension et la population active que nous avons édifiés sont minés. La population active est transformée en main-d'oeuvre temporaire. En intervenant et en imposant le lock-out, le gouvernement crée une population active à deux niveaux. Il affirme que les nouveaux travailleurs ne méritent pas une pension et qu'ils méritent des salaires inférieurs. Le député de affirme qu'ils devraient se compter chanceux d'avoir un emploi.
Je sais ce que c'est que de voir des collectivités se battre pour obtenir des salaires de base. Ma grand-mère m'a dit que lorsqu'elle était petite, elle a vu la première forme de lock-out et de loi de retour au travail. Cela s'appelait l'armée. Ma grand-mère était une jeune fille lorsque Winston Churchill a envoyé l'armée contre les débardeurs de Dundee. Elle ne l'a jamais oublié.
Évidemment, l'armée a présenté une main de fer dans un gant de velours. Lorsque ma famille est arrivée au Canada, ma grand-mère a pris part à la grève à la mine Hollinger, qui a duré six mois. À l'époque, l'espérance de vie d'un mineur à Timmins était de 41 ans parce que les mineurs mourraient de silicose. À l'époque, il n'y avait pas de journée de travail de huit heures. Les mineurs se battaient pour une journée de travail de huit heures. Cela n'était pas donné à tout le monde. C'est venu progressivement.
Je me souviens des histoires d'hommes comme « Big » Jim McGuire, de la Western Federation of Miners. Il disait que lorsqu'un homme était blessé dans une mine, il devrait recevoir une indemnité. Le compte rendu des débats montre que les conservateurs à Queen's Park riaient de lui et le ridiculisaient. Leurs petits-fils et petites-filles sont ici aujourd'hui et rient de nous parce que nous avons dit qu'un principe fondamental était en cause aujourd'hui. Ce sont les conservateurs qui veulent transformer la situation en comédie. Ce sont eux qui l'ont écrite.
Les néo-démocrates ont dit et répété que le lock-out à Postes Canada doit cesser. Nous voulons que les gens retournent au travail. Nous voulons un accord équitable et négocié. Pour cela, il faut de la bonne volonté. Nous avons offert de collaborer avec le gouvernement. Nous avons offert d'aider à amener le syndicat à la table des négociations si le gouvernement est prêt à écouter. Cependant cela n'arrivera pas si le gouvernement ridiculise l'idée même de parler au syndicat, s'il tente de diaboliser les dirigeants syndicaux et si les membres du gouvernement croient qu'une personne qui gagne 12 $ l'heure et travaille trois jours par semaine devrait être heureuse d'avoir un travail. Cela correspond peut-être à l'idéologie conservatrice, mais pas à la nôtre.
Les conservateurs ont déclaré qu'ils ne prendraient pas parti. Mais regardez Nortel. Regardez les travailleurs de Nortel qui ont perdu leur emploi et leur pension. Regardez les travailleurs malades dont les prestations ont été coupées sans que le gouvernement fasse quoi que ce soit. Tous les autres pays occidentaux où des travailleurs de Nortel ont été touchés se sont occupés d'eux. Le gouvernement n'a rien fait, mais...
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Monsieur le Président, avant d'amorcer mon allocution, je voudrais remercier les gens. Depuis ce matin, nous recevons des dizaines de courriels pour nous appuyer et nous dire qu'ils ont besoin que nous nous levions à la Chambre pour défendre les droits des travailleurs. Je suis fière d'être ici avec tous mes collègues à faire la rotation pour défendre ces droits. En ce jour de la Fête nationale du Québec, bien sûr, je souhaite une excellente fête à tous mes concitoyens, particulièrement à ceux de Beauharnois—Salaberry.
Le gouvernement conservateur agit de mauvaise foi en voulant imposer un contrat de travail inacceptable aux employés de Postes Canada et a opté pour une réponse autoritaire au conflit de travail, comme il l'a fait avec Air Canada.
Hier, j'ai rencontré un représentant du syndicat des travailleurs, qui s'est déplacé jusqu'à Ottawa pour me dire que les travailleurs ont besoin de nous et qu'ils n'attendent que le moment de retourner au travail, que le lock-out soit levé pour continuer à travailler et à acheminer le courrier aux gens.
Il y a quelques jours, des pourparlers intensifs avaient lieu pour trouver une solution au conflit, mais la direction a fermé la porte et a déclenché un lock-out. Je sais que cela fait plusieurs fois déjà que je le répète, mais c'est bel et bien un lock-out, et non une grève. Pourtant, les employés n'avaient utilisé qu'un moyen raisonnable de faire entendre leurs demandes, une grève rotative qui affectait peu le service de base. Elle ne touchait qu'une municipalité par période de 24 heures. Au moment où on se parle, toutes les négociations sont rompues. Évidemment, l'employeur a tout intérêt à adopter la ligne dure maintenant que le gouvernement a pris parti pour lui.
Après toutes ces heures de discussions, je ne peux pas croire que le gouvernement conservateur n'ait toujours pas remis sa décision en cause et qu'il n'ait pas exigé que Postes Canada retire son lock-out. Les services postaux étaient maintenus par les employés lors des négociations et tous les citoyens recevaient leur courrier. Ce qui m'irrite le plus, c'est que le gouvernement tente de faire croire à la population que le problème vient des employés, alors que ceux-ci revendiquent un droit qui est légitime et fondamental, celui de négocier une convention collective en bonne et due forme pour qu'elle soit juste et équitable.
De plus, ce même gouvernement tient des propos totalement incohérents contre lesquels je m'insurge fortement. Au lieu de s'en tenir aux faits, les conservateurs contournent la réalité et essaient de gouverner par la peur. La preuve, c'est qu'ils répètent à qui mieux mieux que nous sommes en crise et que c'est la raison pour laquelle ils se sentent obligés d'intervenir. Quelle fausse attitude trompeuse! Leur intervention ignoble, au lieu d'améliorer la situation des employés, nuit au processus de négociation. Elle nuit parce que le gouvernement, à l'aide de sa loi spéciale irrespectueuse, propose une offre salariale inférieure à celle proposée par la partie patronale. Quelle honte!
Quel avantage ou intérêt Postes Canada aurait-elle à retourner négocier si le gouvernement s'immisce dans le conflit pour avantager la partie patronale? Il n'y a aucun avantage. Cette intervention inappropriée du gouvernement permet au conflit de se prolonger, ce qui a pour effet de prendre les citoyens en otage. Évidemment, les citoyens qui ne reçoivent plus leur courrier et leur paye sont de plus en plus mécontents, et ce, avec raison. Mais les employés aussi ne reçoivent plus de paye.
Il est donc important de nous rappeler que c'est la stratégie insidieuse des conservateurs qui nous plonge dans cette situation difficile. Les employés attendent de retourner travailler. Pourquoi le gouvernement n'incite-t-il pas Postes Canada, qui a fait 281 millions de dollars de profits l'an passé, à réinvestir dans des conditions de travail positives pour ses employés?
N'est-il pas évident qu'un milieu de travail sain où les travailleurs sont bien traités et reconnus à leur juste valeur, soit sur le plan des relations personnelles entre les patrons et les employés, soit par des conditions de travail justes et équitables, favorise un accroissement de l'efficacité et de la productivité des employés? Plus les gens sont heureux et fiers d'aller travailler, plus ils accomplissent leur tâche de façon consciencieuse. Il me semble que cette logique est élémentaire, mais apparemment, la partie patronale et le gouvernement ne sont pas de cet avis.
Pourtant, les employés de Postes Canada se donnent corps et âme pour que leurs concitoyens puissent recevoir leur courrier. Certaines personnes sont hypothéquées physiquement à force de marcher dans les intempéries, de soulever des colis et de répéter les mêmes mouvements chaque jour. Elles ne se plaignent pas parce qu'elles adorent leur métier, qu'elles sont bien rémunérés et qu'elles espèrent profiter de leurs beaux jours de retraite. Ce temps est-il révolu?
Le gouvernement créera-t-il un précédent? Il est important de comprendre que le principal enjeu ici est la santé et la sécurité des travailleurs. Les postiers et les employés des postes sont les travailleurs les plus touchés par les accidents de travail. Postes Canada perd quatre jours de travail par personne par année en raison de blessures ou de maladies. Les employés travaillent de plus en plus debout devant des machines et risquent davantage de se blesser au dos. Les facteurs doivent marcher de 12 à 15 kilomètres par jour avec un poids considérable sur les épaules. De plus, les nouvelles machines qui font le tri du courrier les obligent à transporter plus d'enveloppes dans leurs bras et dans leurs mains, ce qui augmente les risques de blessures.
En enfonçant de force un contrat de travail dénigrant pour les employés, comment le gouvernement peut-il espérer rétablir un climat de travail positif et productif? Les relations entre patrons et employés seront les plus tendues et le moral des travailleurs sera à son plus bas. Pourtant, le gouvernement conservateur se vante de promouvoir l'économie, de créer des emplois de qualité et de lutter contre la pauvreté. Ce sont de belles paroles en l'air. Mon dernier directeur d'école m'a déjà dit de faire attention à ceux qui parlent beaucoup et de me concentrer sur les actions.
Je réalise que le gouvernement fait de l'économie un objectif à atteindre au détriment de ses propres employés. Car au cas où il ne l'aurait pas encore réalisé, les employés de Postes Canada sont aussi des citoyens du Canada, d'un océan à l'autre, et ces citoyens contribuent à l'économie du pays. On a écrit devant tous les bureaux de poste « A Mari usque ad Mare ». Ils font donc partie du Canada à part entière. Ils sont 48 000, plus leurs familles.
Peut-être que le but du gouvernement consiste justement à diviser les gens pour mieux régner. En imposant sa loi de retour au travail qui détériore les conditions de travail, les jeunes, la relève, ne s'intéresseront plus à ce métier, la charge de travail deviendra trop élevée et les autres employés deviendront inefficaces. Ça serait la porte par laquelle les conservateurs entreraient pour proposer une solution de rechange au privé. Est-ce vraiment le début de la fin pour les services publics?
Nous avons donc tout intérêt à laisser les deux parties régler cette dispute. Notre service public des postes est l'un des plus rentables et efficaces dans le monde. En 2009, Postes Canada a généré des millions de dollars de profits, et les timbres sont parmi les moins chers, en regard de ceux d'autres pays. Par exemple, le timbre au Canada coûte 59 ¢, par rapport à 78 ¢ en Allemagne et à 88 ¢ en Autriche. Il est vrai que l'industrie fait face à de nombreux défis actuellement. L'émergence de nouvelles technologies, par exemple, la numérisation des communications, transforment les services postaux.
Le marché postal traditionnel a probablement atteint son plus haut niveau. Toutefois, le service des postes n'est pas appelé à disparaître. Il restera toujours un service important, particulièrement dans les régions rurales. Les travailleurs comprennent les besoins de modernisation du service et l'importance d'opérer des changements pour l'avenir. La convention collective que Postes Canada a conclue avec le syndicat lui permet déjà d'ajuster les niveaux d'effectifs, et la société des postes a réduit les heures de travail de manière proportionnellement plus élevée que la baisse des volumes.
D'autres pays ont réussi à relever le défi de modernisation des services postaux tout en maintenant des services universels. Comment? Ils offrent des services axés sur les nouveaux besoins du public plus lucratifs et finançant ainsi les services de base dans toutes les régions. Certaines personnes semblent croire que plus personne n'envoie de lettres et que le service des postes est amené est disparaître. C'est faux. Le volume de poste-lettres est de 10 p. 100 supérieur à ce qu'il était en 1997.
Malgré les nombreux défis que doit relever notre service des postes, il est important de se rappeler que les Canadiens appuient majoritairement le maintien des services universels et sont contre la privatisation, comme le soulignait un comité consultatif sur les postes. Les Canadiens veulent un service universel abordable et de qualité pour toutes les communautés urbaines ou rurales. D'ailleurs, le service postal est important pour les petites et moyennes entreprises.
Ce qui se passe en ce moment est d'une importance capitale pour tous les Canadiens et Canadiennes. Ce projet de loi spécial pour forcer un règlement qui bafoue les droits les plus élémentaires des travailleurs est une stratégie du gouvernement conservateur pour régler par la force un conflit et risque de créer un dangereux précédent.
Que veut-on en fait de société? Veut-on une société plus juste et démocratique, où les conflits sont réglés par la négociation ou bien par un pays qui force les droits des travailleurs et leur retour au travail sans qu'ils soient consultés? Je me tiens debout avec mes collègues...
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Monsieur le Président, tout d'abord, je voudrais prendre quelques instants pour adresser un petit message aux citoyens de ma circonscription, Verchères—Les Patriotes. Je sais qu'on m'attendait pour les festivités de la fête nationale et, malheureusement, je ne pourrai pas être aux côtés de mes concitoyens.
Toutefois, je voudrais dire que je suis de tout coeur avec eux. Je suis ici aujourd'hui non seulement pour défendre les intérêts des travailleurs de Postes Canada, mais aussi pour défendre les intérêts de tous les Canadiens et de tous les travailleurs. Je ne peux rester insensible à ce qui se passe et il est de mon devoir d'être en cette Chambre, avec tous mes collègues, pour me tenir debout, aux côtés des travailleurs et des familles canadiennes.
Comme plusieurs de mes collègues, je ne cesse de recevoir des courriels et des appels en soutien aux travailleurs et à la position du NPD. Malgré le fait que le gouvernement ait pris les citoyens en otage avec ce lock-out, les gens sont toujours prêts à défendre les droits et les acquis pour lesquels se sont battus leurs parents et leurs grands-parents.
Ce gouvernement, en s'attaquant aux employés et aux familles, semble ignorer que la justice sociale est désormais un acquis incontestable que nous défendrons jusqu'au bout. Je salue donc le courage de nos 55 000 concitoyens et les invite à continuer à se battre pour leurs droits universels que le gouvernement tente de bafouer. Le combat des travailleurs des postes est aussi celui de tous les Canadiens. Je me demande quel message cherche à envoyer le gouvernement conservateur aux citoyens avec ce projet de loi.
Par suite des élections du 2 mai, ce gouvernement a promis de gouverner pour tous les Canadiens, et là on voit qu'il a déjà commencé à priver les Canadiens d'un service aussi essentiel que la poste, pour des considérations idéologiques et pour démontrer à la direction qu'il est capable de négocier plus durement encore avec les employés.
Comme l'avait dit Nancy Snow, « Le gouvernement doit passer moins de temps à soigner son image et à détourner le regard du public et passer plus de temps à servir et défendre ses concitoyens ».
Il est également important de souligner que le gouvernement en place essaie de discréditer les travailleurs de la poste en prétendant que c'est une grève, mais ce que nous avons là est une pure machination, un lock-out imposé, malgré toutes les tentatives des syndicats pour une reprise du travail et une relance des négociations.
Le gouvernement doit faire preuve de responsabilité dans ce dossier et cesser d'intervenir dans ce conflit. Il doit reconnaître que les travailleurs ont le droit de négocier avec leur employeur d'égal à égal.
Je voudrais aussi vous raconter une histoire. C'est celle de Richard, un Canadien de 54 ans qui offre de bons et loyaux services depuis près de 30 ans à son employeur. Richard se lève tous les matins et il va distribuer des lettres et des colis, beau temps, mauvais temps. Richard aime son travail et, pendant toutes ces années, il a tissé des liens particuliers avec toutes les personnes de son quartier. C'est lui qui livre les chèques tant attendus, les lettres qui viennent parfois de l'autre bout du monde ou encore les colis. Richard prend toujours du temps pour un petit bonjour à l'un, un petite sourire à l'autre, quelques mots de réconfort pour ceux qui, par son entremise, reçoivent des mauvaises nouvelles, parfois. Son travail c'est sa vie et il y met du coeur.
Aujourd'hui, Richard n'est pas heureux de la situation actuelle et de celle de ses confrères. Richard a toujours été un bon employé et il se demande pourquoi son employeur chercher à bafouer ses droits. Richard pense à lui-même, mais il pense surtout à son fils qui, suivant les pas de son père, s'est engagé lui aussi à livrer des lettres et des colis depuis maintenant quatre ans. Quel avenir offre-t-on à son fils? Celui d'une retraite qui serait plus longue à venir? Celui de prestations de retraite insuffisantes pour lui permettre de faire vivre sa famille dans la dignité?
Il y pense et se dit que son syndicat s'est montré très responsable dans cette affaire. Il a offert de mettre fin à la grève si Postes Canada acceptait de garder l'ancien contrat pendant la durée des négociations. Pourtant Postes Canada a refusé et a décidé de mettre les employés en lock-out et d'arrêter les services de courrier.
Cette décision est la seule et unique raison expliquant pourquoi les Canadiennes et les Canadiens ne reçoivent plus leur courrier. Il est important de se rappeler que ce que les employés de Postes Canada vivent est un lock-out imposé par leur employeur et non une grève des travailleurs. Les travailleurs ont le droit de négocier en toute bonne foi avec leur employeur, et ce n'est pas le cas présentement.
Le gouvernement, en s'ingérant entre les deux parties, décide d'imposer un contrat de travail aux employés de Postes Canada. Ce contrat est tout simplement injuste. Non seulement il ne répond pas aux demandes des employés, mais en plus il se permet d'abaisser l'offre salariale prévue par l'employeur. Dans quel monde vivons-nous? Ce n'est d'abord pas le rôle ni la responsabilité du gouvernement d'imposer de tels contrats. Ce que propose le gouvernement est tout simplement une législation unilatérale et irresponsable. Elle bafoue le droit des travailleurs. Les actions du gouvernement ne donne pas l'occasion aux deux parties de négocier une entente en bonne et due forme.
Le gouvernement ne doit pas s'ingérer dans ce conflit ni dans aucun autre du même genre. Ce débat n'est pas seulement celui qui vise à résoudre le problème de Postes Canada; c'est plutôt celui du droit des travailleurs de négocier. Les Canadiens se sont battus pendant trop longtemps pour arriver à avoir un milieu de travail qui soit juste et équitable. Ils se sont battus corps et âme pour des salaires justes, des avantages adéquats qui leur permettent de subvenir aux besoins de leur famille.
Placer ces employés en lock-out, imposer un contrat en essayant de retirer les gains que leurs employés ont obtenus à la sueur de leur front, c'est revenir des années en arrière et c'est surtout créer un dangereux précédent.
À ceux d'en face qui continuent encore à flouer les Canadiens, à insulter leur intelligence et à bafouer leur droit d'avoir une information juste en parlant de grève, je voudrais rappeler qu'ils doivent parler de lock-out.
Ce gouvernement s'est donné l'occasion de s'ingérer entre le syndicat et Postes Canada sous prétexte que les postiers, en ne faisant plus leur travail, mettaient en danger l'économie canadienne. Mais il serait bon de rappeler aux députés d'en face que les employés de Postes Canada veulent retourner au travail et servir leurs citoyens comme ils l'ont toujours fait.
Le 3 juin, les travailleurs de Postes Canada ont commencé une grève tournante. Cela montre d'abord leur volonté de continuer à faire leur travail. Ce mouvement de grève n'était qu'une façon pour eux de se battre pour une meilleure sécurité au travail et pour un salaire équitable.
Ils refusent d'être les victimes de tactiques de récupération injuste de leur argent. Ils refusent que les droits des travailleurs de Postes Canada, mais aussi de tous les autres gros employeurs amis du gouvernement, n'aient à vivre cet abus plus tard et à en subir les conséquences.
Il ne s'agit pas aujourd'hui du seul droit des employés des postes, mais bien de l'intérêt de tous les travailleurs canadiens. Qu'en sera-t-il de leurs droits? Quel est le message que le gouvernement envoie aux patrons des grandes entreprises canadiennes? Voici ce qu'il semble leur dire: « Ne vous en faites pas, les amis, faites ce que bon vous semble. Imposez à vos employés les conditions qui vous conviennent, embauchez d'autres employés qui vous coûteront moins cher, faites la pluie et le beau temps sans vous soucier le moins du monde des conséquences. Le gouvernement est là pour vous appuyer et pour protéger vos intérêts, et non ceux de vos employés. Quoi qu'il advienne, nous allons légiférer en votre faveur et nous pourrons même annuler vos ententes précédentes et baisser le salaire de vos employés. »
Cela n'aurait pas dû se passer ainsi. Le gouvernement avait plusieurs options pour sortir de cette crise. Je ne m'attarderai pas à les citer toutes, puisque mes collègues se sont déjà penchés sur la question, et je ne mentionnerai que l'une d'entre elles: lever le lock-out pour permettre aux employés de Postes Canada de retourner au travail et, surtout, de pouvoir reprendre leurs négociations.
Les postiers l'ont dit à maintes reprises: ils souhaitent reprendre leur travail. En annulant le lock-out, Postes Canada pourra donner à ses employés l'occasion de retomber en grève, certes, mais surtout de reprendre le travail et de distribuer le courrier. Les négociations entre les deux parties pourraient reprendre dans le respect des volontés de chacun et on pourrait ainsi arriver à une entente.
Tout ceci pourrait être fait sans nuire à l'économie canadienne, sans bafouer le droit des citoyens, des petites et moyennes entreprises qui, soulignons-le, ont dû pâtir de ce lock-out. En effet, si elles continuaient à pouvoir jouir des services de Postes Canada pendant la grève tournante, ce n'était plus le cas pendant le lock-out. À qui la faute?
Nous sommes tous les otages de ce lock-out. Nos aînés ne reçoivent plus leurs chèques, les petites entreprises ne peuvent plus envoyer leurs factures, et même si nous sommes à l'ère du numérique et que beaucoup de services peuvent être effectués par l'entremise d'Internet, Postes Canada demeure un service indispensable à tous les citoyens. Notre devoir est de défendre les gens qui font fonctionner ce service essentiel. Le gouvernement impose des mesures d'austérité en sabrant directement dans les droits des citoyens d'avoir un revenu et un régime de pension décents.
Les conventions collectives servent justement à obtenir ce qu'on mérite, à soutenir les familles et les aider à payer leurs factures, à travailler dans un environnement sécuritaire et à prendre sa retraite dans la dignité. C'est exactement pour ça que nous nous battons aujourd'hui, même si le gouvernement ne semble pas comprendre, ou fait tout simplement la sourde oreille. Ce dernier est supposé protéger le droit des travailleurs et non pas légiférer contre eux.
Nous sommes ici aujourd'hui, en ce 24 juin, jour de la fête nationale du Québec, à essayer de trouver une solution. Le sort de nos concitoyens est entre nos mains et nous ne les laisserons pas tomber. Nous nous battrons jour et nuit pour défendre leurs droits. Comme le dit notre chef, nous sommes prêts à travailler ensemble jour et nuit pour rétablir le droit des travailleurs.
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Monsieur le Président, c'est la deuxième fois que je m'adresse à la Chambre, après avoir posé une première question la semaine passée. Je voulais avant tout remercier les gens de ma circonscription, Berthier—Maskinongé, de la confiance qu'ils m'ont témoignée. C'est un honneur pour moi de me lever en cette Chambre pour les représenter. Je vais défendre leurs intérêts chaque jour.
Je souhaite également souligner le travail de Guy André qui a oeuvré pendant sept ans pour les citoyens de Berthier—Maskinongé. Nous avons des opinions diverses sur le type de pays que nous voulons construire, mais nous partageons la même passion pour notre collectivité et le même engagement à soutenir nos citoyens.
Les collectivités comme la mienne n'ont pas simplement choisi un nouveau député. Le 2 mai, elles ont envoyé un message clair: nous ne pouvons pas continuer avec la vieille manière de faire de la politique; nous pouvons changer les choses, nous pouvons faire mieux. C'est le message envoyé par 1,5 million de Québécois. Ils se sont tous ralliés à la vision du NPD pour un meilleur Canada, un Canada où les familles sont une priorité et où personne n'est laissé pour compte, un pays où les Québécois se reconnaissent, où l'image et les valeurs sont progressifs. J'accepte humblement ce mandat qu'ils m'ont confié. C'est la raison pour laquelle nous sommes tous ici aujourd'hui au lieu d'être dans nos circonscriptions. Je souhaite aux gens de Berthier—Maskinongé — une bonne fête nationale, même si le calendrier de la Chambre montre que c'est encore le 23 juin.
À l'occasion de la fête nationale du Québec, je veux souhaiter aux citoyens de la circonscription de Berthier—Maskinongé de joyeuses festivités, entourés des membres de leur famille et de leurs aînés. J'avais d'ailleurs prévu de me joindre aux concitoyens de ma circonscription dans le cadre des activités organisées à l'occasion de la fête nationale. Ce matin, je devais assister à la fête de Lanoraie pour la première fois à titre de députée, où j'espérais dire quelques mots lors du salut au drapeau. Je voulais remercier Dominique Bellemare de tous ses efforts dans l'organisation des événements entourant la fête nationale même si maintenant il pleut à boire debout là-bas.
Je veux également mentionner Céline Bastien, les gens de Sainte-Ursule qui m'ont invitée à l'occasion des activités organisées pour le 175e anniversaire de la canonisation de Sainte-Ursule. J'espère que samedi sera l'occasion de célébrer ensemble la fierté des Ursuloises et des Ursulois envers leur municipalité. Encore une fois, je les remercie de leur invitation et je leur souhaite de belles célébrations.
Au lieu d'être avec eux, je suis ici à la Chambre des communes pour défendre les droits des travailleurs de Postes Canada, et nous sommes fiers d'être ici. Alors qu'on discute de cette situation, il est important de la comprendre et de savoir pourquoi on est ici. Après que le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes a commencé une série de grèves tournantes, le syndicat a offert de mettre fin à son action de grève si la compagnie était d'accord pour garder l'ancien contrat en place lors de la négociation, mais la Société canadienne des postes a refusé.
Le 15 juin, Postes Canada a décidé de mettre tous ses employés en lock-out et de fermer les services. Le 20 juin, le premier ministre a déposé une législation régressive visant à imposer un contrat aux employés de Postes Canada, qui inclut réellement un salaire en dessous du niveau demandé par la direction.
Ce n'est pas une grève des travailleurs, c'est vraiment un lock-out imposé par la direction.
Parlons du projet de loi . Il s'agit d'un projet de loi de retour au travail déposé par le gouvernement fédéral qui pénalise les travailleuses et travailleurs des postes et récompense Postes Canada pour avoir mis les travailleuses et travailleurs en lock-out et pour avoir interrompu la livraison du courrier à l'échelle nationale.
Le projet de loi impose des hausses salariales inférieures à celles proposées par Postes Canada. La dernière offre contenait une augmentation de 1,9 p. 100 en 2011, 2012 et 2013 et une hausse de 2 p. 100 en 2014, ce qui est bien inférieur au taux d'inflation de 3,3 p. 100.
Le projet de loi conservateur réduirait ces hausses à 1,75 p. 100 en 2011; à 1,5 p. 100 en 2012; à 2 p. 100 en 2013; et à 2 p. 100 en 2014. Selon le STTP, le fait que Postes Canada se concentre sur les concessions rend toute négociation impossible.
Les membres du STTP luttent pour empêcher que des brèches ne soient creusées dans la convention collective, et ils s'opposent aux reculs salariaux que Postes Canada veut imposer aux futurs employés.
Voici ce qu'a dit Denis Lemelin, le président national du STTP:
Nous croyons à la liberté de parole, à la liberté d'association et à la libre négociation collective. [C'est important.] Une loi de retour au travail représente une attaque contre les valeurs auxquelles adhère le Canada. De plus, il s'agit d'une attaque contre les droits des travailleurs et travailleuses et le niveau de vie dont ils bénéficient.
Les néo-démocrates croient aussi en ces valeurs. C'est pourquoi nous sommes ici, à la Chambre des communes, en train de défendre les intérêts des travailleurs et travailleuses canadiennes.
Je donnerai maintenant quelques exemples locaux. Quand on parle de cette situation, il est important de se rendre compte des effets sur tous les Canadiens et Canadiennes. J'ai quelques exemples de ma circonscription de .
M. Jacques Meunier, propriétaire de Chroma Peint à Saint-Alexis-des-Monts, m'a expliqué que les affaires de son entreprise sont perturbées par le lock-out de Postes Canada. En effet, puisqu'il opère une entreprise de débosselage, une grande partie de son chiffre d'affaires provient de clients dont le véhicule a été accidenté et qui ont fait une réclamation auprès de leur compagnie d'assurances.
Les compagnies d'assurance ne peuvent pas poster les chèques en raison du lock-out. M. Meunier se voit dans l'obligation d'assurer les frais occasionnés par la commande des diverses pièces auprès de ses fournisseurs, sans connaître le moment où il pourra encaisser le paiement des assurances et recevoir, par le fait même, les honoraires qui lui sont dus.
Pour une petite entreprise comme la sienne, la situation est vraiment grave et difficile.
M. Meunier m'a également fait part du fait qu'il a reçu cette semaine, et ce malgré la situation qui prévaut à Postes Canada, un état de compte de Revenu Canada. Deux poids, deux mesures.
Voici un autre exemple, vécu par une étudiante de ma circonscription.
Dans le cadre d'un voyage scolaire à destination des États-Unis, une étudiante de la circonscription a demandé au Directeur de l'État civil du Québec de lui émettre un certificat de naissance.
Le responsable a assuré que si les services postaux étaient interrompus, le certificat lui serait acheminé par un service de messagerie. Cependant, le certificat a été posté avant le lock-out et n'est jamais parvenu à l'étudiante.
Comme le certificat de naissance a été posté, le bureau du Directeur de l'État civil n'est pas responsable. L'étudiante et sa famille ont eu beaucoup d'inquiétudes, mais la mère a fait beaucoup d'appels téléphoniques auprès des autorités pour s'assurer que sa fille pourrait voyager.
La population de Berthier-Maskinongé est vieillissante, et plusieurs municipalités vivent l'exode des jeunes vers les grands centres. C'est difficile, car les aînés n'utilisent pas l'Internet autant que les jeunes.
Il y a beaucoup d'électeurs de Berthier-Maskinongé qui ont choisi d'accorder leur confiance aux députés du NPD. On est ici pour travailler pour les gens.
Il faut travailler ensemble pour tous les Canadiens. On veut seulement qu'on lève le lock-out et qu'on remette les gens au travail.
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Monsieur le Président, avant toute chose, je veux prendre un instant pour souhaiter une bonne fête nationale à tous les citoyens du Québec, plus particulièrement aux citoyens de ma circonscription de Portneuf—Jacques-Cartier.
La fête nationale est un moment privilégié pour se retrouver en famille, avec nos proches, et célébrer notre fierté d'appartenir à la nation québécoise, qui est riche en héritage et en culture. Je tiens particulièrement à remercier les citoyens des municipalités de Sainte-Brigitte-de-Laval et de Saint-Casimir, qui m'ont invitée à me joindre à eux pour participer à certaines festivités qui entourent la fête nationale.
J'aurais beaucoup aimé pouvoir participer aux activités qui ont été organisées aux quatre coins de ma circonscription au cours des deux derniers jours, mais je me devais absolument d'être ici, à la Chambre des communes aujourd'hui, pour soutenir les travailleurs de Postes Canada avec tous mes collègues néo-démocrates qui font de gros efforts. On travaille très fort pour ces gens aujourd'hui.
Il est très important pour moi d'être ici à Ottawa, malgré tout ce qui se passe au Québec, pour me joindre à la lutte des travailleurs de Postes Canada pour la défense et le maintien de leurs droits fondamentaux. Quand on parle de droits, on parle de la libre association, du droit à la négociation collective, qui semble être oublié dans ce cas-ci, et du droit à une meilleure sécurité au travail et à un salaire équitable.
La situation dans laquelle on se retrouve présentement est franchement déplorable, mais il faut se rappeler ici que ce n'est pas une grève, comme j'ai entendu certains de mes collègues du gouvernement le répéter à plusieurs reprises au cours de la nuit. Les travailleurs font plutôt face à un lock-out qui est imposé par Postes Canada. C'est quelque chose dont il faut se rappeler et garder toujours à l'esprit, lorsqu'on discute de cette situation. Ce sont les grands patrons qui ont pris la décision consciente de barrer les portes et de priver les citoyens canadiens de leurs services de courrier pourtant si essentiels.
Les travailleurs de Postes Canada, même lorsqu'ils faisaient des grèves tournantes, se sont toujours assurés que les Canadiens reçoivent leurs chèques gouvernementaux et leurs autres documents importants. Le syndicat a même offert de mettre fin à la grève, si Postes Canada acceptait que le vieux contrat reste en vigueur dans les négociations. J'y vois un signe de bonne foi très évident.
C'est seulement depuis que Postes Canada a décrété un lock-out que les services ont été interrompus, et pas avant. C'est à cause de ce lock-out que les Canadiens et les petites entreprises ne reçoivent plus leur courrier.
Maintenant, le gouvernement conservateur veut imposer un contrat de travail aux employés de Postes Canada. Cette loi spéciale du gouvernement conservateur est inacceptable. C'est une loi irresponsable qui va à l'encontre du droit fondamental et inaliénable des travailleurs de négocier de bonne foi une convention collective.
Les présentes actions du gouvernement conservateur enlèvent aux deux parties toute chance de négocier leur propre entente, une entente avec laquelle ils vont devoir vivre et travailler au cours des prochaines années.
En plus, les conservateurs leur font l'affront de leur présenter une offre dont les conditions sont pires que ce que Postes Canada avait offert aux travailleurs avant l'intrusion inutile et superflue du gouvernement. Diminution de salaire, précarité d'emploi, attaque sur les pensions, voilà ce que les conservateurs offrent aux travailleurs de Postes Canada. C'est une vraie honte!
Est-ce que mes collègues conservateurs réalisent que les travailleurs de Postes Canada méritent mieux? Plus de sécurité et de santé au travail, des salaires décents et une pension, est-ce vraiment trop demander? Apparemment oui, selon notre cher gouvernement.
Mais devons-nous réellement nous surprendre de l'attitude des conservateurs dans ce dossier? C'est loin d'être la première fois que le gouvernement affiche autant de mépris envers les travailleurs, notamment en ce qui a trait à leur pension.
De mon côté, je n'ai pas à chercher très loin pour fournir un exemple concret de cette attitude méprisante des conservateurs au fil des dernières années. On peut penser seulement à ce qui est arrivé aux travailleurs de l'usine d'AbitibiBowater, à Donnacona, au printemps. Le démantèlement a malheureusement été annoncé au printemps dernier. Comme mes collègues le savent probablement tous, devant les difficultés financières d'AbitibiBowater, 9 000 retraités voient leur fonds de pension littéralement fondre sous leurs yeux. Bien que leur pension ne soit rien de moins que leur salaire différé, un salaire que l'employeur s'est engagé formellement à leur verser à la fin de leur service, selon des modalités établies à l'embauche, les grands patrons d'AbitibiBowater se permettent de piger dans les fonds de pension au gré de leurs besoins.
Qu'ont fait les conservateurs pour améliorer le sort de ces retraités? Absolument rien. Il y a eu des appels à l'aide, mais rien n'a été fait. Encore aujourd'hui, ces retraités ont de la difficulté.
À l'époque, mon collègue de Thunder Bay—Rainy River avait présenté le projet de loi . Ce projet de loi s'avisait à protéger les indemnités de départ et de cessation d'emploi des travailleurs en cas de restructuration ou de faillite d'entreprise, comme c'est le cas avec AbitibiBowater.
En somme, le projet de loi aurait conféré aux caisses de retraite et aux indemnités de départ et de cessation d'emploi le statut de créanciers garanti pour qu'elles demeurent la priorité en cas de faillite. Les employeurs n'auraient donc plus eu la possibilité de décider de rembourser tous leurs sous-traitants avant d'accorder le salaire différé à leurs employés, comme ils auraient toujours dû le faire, dès le départ.
Bien que ce projet de loi ait cheminé quelque temps dans la Chambre, qu'il ait été discuté et qu'on ait senti l'approbation, finalement, ce projet de loi a été défait par les conservateurs, bien entendu. Quelle honte!
De toute évidence, les conservateurs se lavent les mains du sort des travailleurs canadiens. Au printemps dernier, ce sont les retraités de Donnacona qui ont souffert de l'indifférence et du mépris des conservateurs. Aujourd'hui, ce sont les travailleurs de Postes Canada qui en souffrent. Qui sera le prochain? Quel sera le prochain groupe de travailleurs à qui le gouvernement conservateur tentera d'imposer des conditions de travail pareilles? Qui est-ce que le gouvernement tentera de contrôler une fois cette loi spéciale adoptée? Tout le monde est en danger. Il ne faut pas se leurrer. Cela peut arriver à n'importe quel citoyen, à n'importe quel groupe de travailleurs. Il faut être très méfiant.
Personnellement, l'attitude actuelle des conservateurs m'inquiète beaucoup. Je pense que bon nombre de mes collègues et concitoyens aux quatre coins du pays partagent ce sentiment. Je suis inquiète pour l'avenir des droits des travailleurs face aux pressions de leur employeur.
Les actions irréfléchies de ce gouvernement sont une attaque directe contre les organisations de travailleurs au Canada et renforcent plus que jamais ma conviction dans la nécessité d'avoir des syndicats voués à la défense des droits des citoyens qui, comme nous tous, travaillent d'arrache-pied pour améliorer le sort de leurs communautés. Ce n'est pas de l'autre côté de la Chambre que je vois des gens qui sont prêts à se lever pour défendre les droits des travailleurs comme tous mes collègues l'ont fait pendant la nuit dernière, et nous allons continuer à le faire pendant les prochains jours.
Comme vous le savez, les syndicats se sont battus pendant de longues années pour s'assurer que nos enfants peuvent aller à l'école plutôt que de devoir travailler dans des usines, que les salaires accordés aux travailleurs sont justes et équitables et que leurs conditions de travail sont sécuritaires.
Les multiples combats acharnés leur ont permis d'acquérir des droits très importants, dont celui de négocier d'égal à égal et de bonne foi avec leur employeur pour établir une convention collective satisfaisante pour tous.
Il est plus que temps que le gouvernement cesse de brimer les droits des travailleurs de Postes Canada en s'ingérant aussi brutalement dans le processus de négociations. Il faut que le gouvernement cesse de se ranger constamment derrière le patronat et qu'il pose enfin un geste concret pour que ce conflit soit résolu rapidement et de façon satisfaisante. Le gouvernement a le pouvoir d'exiger que ce lock-out cesse et que les deux parties retournent à la table de négociations.
Les travailleurs de Postes Canada sont prêts à retourner au travail. Ils savent que les services qu'ils rendent aux citoyens canadiens sont essentiels et ils sont conscients de leurs responsabilités et de leur importance dans leurs communautés.
Tout ce qu'ils demandent, c'est de rentrer au travail dans la dignité et que leur demande soit entendue et respectée. C'est une bien petite demande dans les circonstances actuelles. Il est plus que temps que ce lock-out prenne fin. Respectons le droit des travailleurs de négocier collectivement et cassons le cadenas qui empêche les travailleurs d'exercer leurs droits.
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Monsieur le président, je veux tout d’abord offrir mes vœux pour la Saint-Jean-Baptiste. C’est une fête très importante célébrée par beaucoup de francophones d’un bout à l’autre du pays. Il convient de féliciter tous ceux qui organisent les célébrations dans tout le Canada et en particulier dans la province de Québec.
Je viens d’une ville un peu particulière en matière de relations de travail. Beaucoup se souviendront de la grève générale à Winnipeg, en 1919, et des répercussions que cette grève a eue sur l’ensemble du mouvement syndical ici, au Canada. Quand on a sous les yeux une loi du genre de celle que nous examinons aujourd’hui, il est difficile de ne pas avoir une pensée pour de nombreux dirigeants syndicaux.
Quand je parle de dirigeants syndicaux, je ne parle pas seulement de ceux qui occupent des postes officiels au sein du mouvement syndical, mais je parle aussi de tous ceux qui sont à la base de notre mouvement syndical depuis une dizaine d'années et bien avant cela aussi.
Je crois que Winnipeg, au Manitoba, s’est montrée très progressiste à bien des égards en adoptant des politiques du travail qui ont concrètement fait beaucoup, aussi bien pour les travailleurs que pour les entreprises, je me dois de l’ajouter.
Je veux parler très brièvement des postiers. Je soulignais hier, quand j’ai eu la parole, et je tiens à le répéter aujourd’hui, quelque chose qui me semble très important, quelque chose que l’on perd de vue. Nous ne devrions pas parler d’obstruction systématique ni de quoi que ce soit de cette nature. Le débat devrait porter sur les employés qui travaillent à Postes Canada et sur Postes Canada en tant que société. Nous aurions bien voulu que ces deux parties aient la possibilité de s’asseoir pour mener des négociations collectives librement dans le but d’en arriver à un règlement.
Nous croyons que le gouvernement savait que Postes Canada avait décidé de recourir au lock-out contre ses employés, et je soupçonne même qu’il a appuyé cette décision. En fait, c’est là que les difficultés ont vraiment commencé. À ce moment, je crois que bien des gens ont cessé d’espérer que le processus puisse aboutir. Au fond, le gouvernement avait le choix. La crise que nous traversons aujourd’hui est une crise qui a été provoquée par le gouvernement actuel. Je crois que c’est la vérité. Je ne crois absolument pas que le gouvernement ait pu ignorer que Postes Canada s’apprêtait à mettre ses employés en lock-out. Postes Canada aurait au moins informé la ministre compétente. Sinon, il s’en trouverait certainement pour laisser entendre que la ministre compétente a peut-être même eu des discussions avec Postes Canada avant que la société ne prenne sa décision. On peut vraiment s’interroger sur ce qui s’est passé dans ce cas.
Tout ce que je sais, c’est que j’ai eu l’occasion de rencontrer les travailleurs de Postes Canada et de discuter avec eux ces derniers mois, et j’ai fait allusion à certaines de ces discussions hier. Je devrais dire « aujourd’hui », parce que nous sommes toujours jeudi à la Chambre des communes. Pour ce qui est des questions qui étaient importantes, j’ai écouté la Société canadienne des postes lorsqu’elle est venue au Parlement et qu’elle a présenté son mémoire, mais j’ai aussi pris sur moi d’aller rencontrer des facteurs et d’autres employés pour savoir ce qu’ils pensaient des nouveaux services de prochaine génération que Postes Canada a l’intention d’offrir.
Ils étaient inquiets, et il y avait deux aspects distincts. Celui qui me vient à l’esprit, et auquel j’ai fait allusion hier, a été mentionné non pas par un seul, mais bien par plusieurs facteurs qui ont soulevé des questions similaires au sujet de la façon dont ils allaient devoir livrer le courrier porte-à-porte. Il y avait un système à un seul sac, et maintenant il y aura un système à deux sacs qui sera très difficile à utiliser, compte tenu de la façon dont les facteurs doivent manier les envois pour les mettre dans les boîtes.
Je me contenterai de dire qu’il y a bien des questions dont nous ne sommes pas nécessairement conscients ici, à la Chambre des communes. Il est important que ces questions soient examinées à une table où l’on a le sentiment que le processus de négociation va se dérouler avec équité. On dira ce qu’on voudra, mais je pense qu’au bout du compte les employés de Postes Canada croient que le gouvernement n’a pas été équitable et qu’il est intervenu directement.
Je ne dis pas pour autant qu’il ne faut jamais adopter de loi de retour au travail. C’est un outil qui a fait ses preuves dans notre pays, que ce soit ici, à la Chambre des communes, ou dans diverses provinces. De fait, tous les partis politiques, les conservateurs, les progressistes-conservateurs, les néo-démocrates et les libéraux, ont adopté des lois de retour au travail. Tous les partis politiques représentés ici, lorsqu’ils étaient au pouvoir, ont effectivement eu recours à des lois de retour au travail.
Ce qui caractérise la loi de retour au travail que nous examinons aujourd’hui, c’est qu’elle a été rédigée du point de vue de l’arbitre. Elle intègre des contraintes qui empêcheront la tenue de négociations légitimes. Par conséquent, bien des gens diraient, et c’est mon cas, et je crois que le chef du Parti libéral l’a dit, elle pourrait même être inconstitutionnelle. D’ici à ce que les tribunaux se prononcent, la question aura probablement été réglée, mais je soupçonne, compte tenu du libellé de cette loi, qu’elle pourrait bien être inconstitutionnelle. Nous devons modifier et changer le projet de loi.
Je suis renversé que le gouvernement ait mis les employés de Postes Canada en lock-out. Cela est vraiment très difficile à accepter. Je ne crois pas que les postiers l’accepteront un jour, parce que c’était certainement prématuré, ce n’était pas justifié.
Cela dit, je crois que si la loi, sous sa forme actuelle, était portée devant la Cour suprême, elle serait jugée inconstitutionnelle. J’en ai la conviction. Le gouvernement ne peut pas mettre les travailleurs dans une telle situation. Il manifeste un parti pris en faveur de la direction. C’est la raison pour laquelle il était intéressant de suivre ce que les néo-démocrates avaient à dire pendant le débat, quand ils ont discuté de l’amendement qui est proposé, le report de six mois.
Nous posons des questions, et les réponses sont intéressantes, parce que nous cherchons des idées. Nous voulons voir de quelle manière les travailleurs peuvent profiter des idées proposées et des discussions qui ont lieu à la Chambre en vue de résoudre le problème. Nous pourrions dire à Postes Canada de lever le lock-out. Ensuite, le syndicat et Postes Canada pourraient revenir à la table de négociation et essayer de régler le conflit par l'entremise d'un médiateur. Selon moi, c'est une option viable. Le leader de l'opposition officielle a parlé de proposer des amendements. Il y a même quelqu'un qui a pris la parole et qui a dit que des amendements avaient été proposés au gouvernement. Je crois qu'il faut un peu plus de transparence en ce qui concerne ce dont nous parlons.
Si nous continuons d'avoir ce débat au cours des prochains jours, je suis partant. Je siégeais à l'Assemblée législative du Manitoba en 1988 lorsque le débat sur le choix de l'offre finale a duré des heures, puis des jours. C'était intéressant de faire les comparaisons; l'étude du projet de loi avait été reportée de six mois. Il s'agissait d'un gouvernement conservateur, et le NPD formait l'opposition. J'ai déjà été dans cette situation, et je peux vous dire qu'il y avait beaucoup de frustrations, parce que nous n'avions pas le débat transparent qui est nécessaire pour rassurer non seulement les employés, mais aussi l'entreprise.
Je crois que nous devons commencer à être un peu plus pondérés dans nos commentaires et à trouver des moyens pour résoudre ce conflit au lieu d'essayer d'aggraver la dissension en disant que nous sommes pour le syndicat ou pour l'entreprise. En fin de compte, je crois que nous devons faire preuve de plus d'empathie par rapport à ce que les facteurs doivent subir pour pouvoir communiquer leurs messages et continuer d'accomplir l'excellent travail qu'ils font actuellement. Combien de gens font-ils sourire lorsqu'ils vont leur livrer le courrier à domicile? À bien des égards, ils sont des ambassadeurs pour les collectivités. Ils ne reçoivent pas la reconnaissance qui leur est due. En gros, pendant le lock-out, le gouvernement essaie de diaboliser les postiers lorsque les députés ministériels disent que c'est une grève, alors que ce n'en est pas une.
Je vois que mon temps de parole est écoulé, monsieur le Président. Je vous remercie de m'avoir permis de prendre la parole.
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Monsieur le Président, c’est à contrecœur que je prends la parole aujourd’hui, non pas parce que je ne veux pas représenter les travailleurs, mais parce que je crois que ce projet de loi répressif n’aurait jamais dû être déposé. Comme je l’ai dit plus tôt dans ce débat, avec ce projet de loi, le gouvernement a amorcé la course au nivellement vers le bas.
Je tiens à prendre un instant pour remercier ma femme. Je vais essayer de ne pas être trop émotif. Nous avons célébré notre 11e anniversaire de mariage hier et je n’ai pu être avec elle, mais elle comprend qu’il est important pour moi de participer à ce débat et m’a dit: « Chéri, nous nous reverrons dans une semaine. »
Je suis extrêmement fier des membres de notre caucus québécois qui ont fait un énorme sacrifice en renonçant à participer à la fête importante qu’est la Saint-Jean-Baptiste et à rencontrer leurs électeurs. Je suis convaincu que les Québécois qui ont choisi le NPD aux dernières élections sont également fiers de leur choix. Ils voient leurs députés se lever à la Chambre pour défendre les travailleurs dans la province de Québec et au Canada. J’aimerais les remercier.
J’ai consacré 28 ans de ma vie au mouvement syndical, et c’est un moment très émouvant pour moi. En 1988, j’ai fait la grève pendant 17 semaines. J’ai décidé de m’en tenir à mon discours, car je risque de me laisser porter par mes émotions.
Avec le projet de loi , le gouvernement a rompu avec une tradition en ce lieu, une tradition d’équilibre. Avec ce projet de loi, le gouvernement a décidé de lever le nez sur les droits des travailleurs de Postes Canada, des travailleurs qui ne réclament rien de plus qu’une convention collective juste et équilibrée.
Il y a lieu pour les autres travailleurs canadiens relevant du gouvernement fédéral de s’inquiéter. Ces mêmes travailleurs qui font en sorte que les Canadiens reçoivent les services dont ils ont besoin et qu’ils méritent sont maintenant aux prises avec le gouvernement le plus animé par des motivations idéologiques de l’histoire du Canada.
C’est une véritable douche froide que le projet de loi du gouvernement fait subir à l’ensemble des relations de travail au Canada. Ces effets se feront sentir chez tous les Canadiens qui travaillent fort, ces Canadiens qui croyaient pouvoir compter sur leur gouvernement fédéral, un gouvernement conservateur, pour adopter une attitude juste et impartiale dans un conflit de travail important. Malheureusement, les choses ont changé avec le dépôt du projet de loi . Aujourd’hui, les travailleurs commencent à se rendre compte à quel point ils se sont trompés au sujet du gouvernement conservateur.
Tout au long du débat, je n’ai pu m’empêcher de constater l’ampleur de l’ignorance des députés conservateurs au sujet du rôle du syndicat, de son rôle juridique, dans la négociation collective. Je désire prendre un moment pour le leur résumer comme le font les Coles Notes. Étant donné que les travailleurs et les employeurs sont représentés, il serait peut-être bon que les conservateurs le comprennent.
Avant de définir une stratégie nationale pour les négociations, toutes les sections affichent des feuilles de propositions sur les tableaux. Ces formulaires permettent de recueillir les propositions des membres sur les modifications à apporter à la convention collective. Les députés remarqueront que j’ai parlé de « propositions » et non de « demandes ».
Les employés travaillent dans le cadre fixé par leur convention collective. Lorsqu’ils remarquent des lacunes, ils font des propositions aux représentants de leur section. Un représentant élu parmi les simples employés compile les propositions, comme cela se fait dans toutes les sections de l’unité de négociation. Le syndicat tient alors une réunion au niveau local pendant laquelle tous les membres peuvent appuyer ou rejeter les propositions de leurs compagnons de travail.
Les propositions retenues au cours de ces réunions sont transmises au groupe central de négociation. Les représentants des sections locales pour les négociations, élus par les sections, assistent à la réunion de ce groupe, où toutes les propositions des sections sont présentées et classées par ordre de priorité et font l’objet d’un vote de tout le groupe.
Une fois que le groupe de négociation a fait parvenir ses propositions destinées à l’employeur, il choisit une équipe de négociation à laquelle il fait confiance. Cette équipe rencontre les représentants de l’entreprise et il y a échange de propositions.
Je le répète, il s’agit de « propositions » et non de « demandes » ou d’« offres ». Bien entendu, les médias et ceux qui manipulent l’information appellent ces propositions les « demandes des travailleurs » alors que ce que l’autre partie présente est désigné comme l’« offre de l’entreprise ». Les députés saisissent-ils la différence?
Maintenant que j’ai expliqué les modalités de la participation des syndiqués au processus de négociation, je voudrais rappeler aux députés qu’une question qui revient constamment est celle de l’obtention du mandat de grève.
Les syndicats font voter leurs membres par scrutin secret, la plupart du temps avant de présenter les propositions à l’entreprise. Certains syndicats le font après la présentation de l’offre finale. D’une façon ou d’une autre, le scrutin est secret.
Le libellé du bulletin de vote dit habituellement que, en votant oui, le syndiqué autorise le comité de négociation à rencontrer les représentants de l’entreprise et à prendre des mesures qui peuvent aller jusqu’à la grève s’il lui est impossible de parvenir à un accord. Le processus est ouvert et démocratique du début à la fin. Plus important encore, il montre clairement quel degré de confiance les travailleurs accordent au comité de négociation. Pour les travailleurs, la grève est le dernier recours, le dernier outil dont ils disposent.
Je dirais que, dans ce débat, les députés ministériels mal informés ont davantage montré ce qu’ils ignorent de la négociation collective que ce qu’ils en savent. C’est ce qui ressort lorsque nous entendons les vieux clichés sur les vieux dirigeants syndicaux. Je suis sans doute un de ces vieux dirigeants syndicaux.
J’ai fièrement servi les membres de la section locale 42 des travailleurs des communications et, plus tard du SCEP, pendant 28 ans. Je suis également fier d’avoir été le président ayant les plus longs états de service au sein du Hamilton and District Labour Council, qui regroupait 105 sections locales. Pendant toute cette période, les travailleurs m’ont fait confiance et aucune de mes motions n’a jamais été rejetée, parce que nous étions honnêtes les uns envers les autres. Ils ne m’ont jamais appelé « patron », mais « mon frère ». J’avais confiance en leur jugement lorsqu’ils présentaient leurs arguments à nos réunions, et ils me faisaient confiance. Comme ils le disaient, c’étaient eux les patrons dans la salle.
C’est une façon quelque peu détournée de commencer mon intervention au sujet du projet de loi et des torts qu’il cause à l’ensemble des relations de travail avec le gouvernement. Ce projet de loi traite avant tout de l’avenir des travailleurs de Postes Canada, les facteurs, des personnes qui travaillent fort et à qui les Canadiens confient depuis des générations la distribution de leurs lettres, cartes et colis.
Comme le diront souvent les députés du NPD en ce lieu, ces bons et loyaux travailleurs ont respecté les règles établies. En toute bonne foi, ils ont proposé des changements à leur convention collective et les ont présentés à leur employeur. Depuis le début des négociations, leurs représentants ont travaillé fort pour trouver un terrain d’entente.
Le processus de négociation n’offre que peu d'options garantissant aux employés que leurs propositions seront convenablement prises en compte par l’employeur. Si les travailleurs trouvent que l’employeur ne prend pas leur comité de négociation au sérieux, ils peuvent décider de déclencher une grève du zèle, par exemple.
En l’occurrence, dans une attitude on ne peut plus responsable, le STTP, au lieu d’opter pour une grève générale, a préféré les grèves tournantes pour attirer l’attention du public et du gouvernement sur la situation de ses membres. Il cherchait le plus possible à éviter de déranger la population. Ses membres l’ont en effet démontré en ne cessant pas de travailler en bloc. Durant l’impasse, ils ont accepté de livrer le courrier essentiel tel que les chèques de pension afin de créer le moins de désagrément possible chez la population canadienne.
Soyons clairs: c’est Postes Canada, l’employeur, qui a décrété le lock-out. Même lorsque les travailleurs ont proposé de mettre fin aux grèves tournantes et de continuer à appliquer l’ancienne convention collective, Postes Canada et le gouvernement ont dit non.
Il faut s’interroger sur ce qui est en train de se passer au juste. Pourquoi le gouvernement conservateur est-il si pressé de piétiner les droits des travailleurs canadiens? À mon avis, il s’est abandonné à son idéologie. Quelle autre explication pourrait-il y avoir à sa décision de bouleverser les pratiques historiques de cette Chambre?
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Monsieur le Président, j'aimerais saisir cette occasion pour souhaiter à mes concitoyens une bonne fête nationale. J'espère qu'ils profitent de l'occasion pour fêter la nation québécoise, en famille ou entre amis. Je peux dire qu'en élisant une députée du NPD, ils ont voté pour un Canadienne qui respecte et qui reflète notre langue et notre culture.
Le 3 juin, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes est entré en grève tournante. En le faisant, les travailleurs ont continué à fournir un service qui reste important pour les Canadiens tout en luttant pour le droit à un salaire raisonnable. Le 15 juin, Postes Canada a décidé de procéder à un lock-out, privant ainsi les citoyens du service de courrier. Après cinq jours, le gouvernement a déposé une loi de retour au travail qui établit une augmentation de salaire inférieure à celle offerte par Postes Canada lors des négociations et qui impose des limites strictes au mandat de l'arbitre lors du règlement du conflit.
Par cette action, le gouvernement a démontré son mépris envers la négociation collective et envers les droits des Canadiens qui se battent légitimement pour leurs droits en tant que travailleurs du secteur public. Si ce projet de loi est adopté, les conservateurs auront réellement changé les règles du jeu.
Dans ses négociations, la direction de Postes Canada a essayé d'imposer certaines conditions de travail aux employés, affectant ainsi leur qualité de vie et celle de leur famille. Pour les employés existants, elle voulait mettre fin à la contribution de la Commission des accidents du travail pour les travailleurs blessés, remplacer les avantages payés par l'employeur par un compte de dépenses pour les soins de santé, abolir la septième semaine de congés annuels, éliminer le congé de maladie et imposer un plan d'infirmité de court terme. Pour les nouveaux employés, elle voulait offrir moins de sécurité d'emploi, moins d'avantages sociaux, une pension affaiblie et un salaire plus bas.
Malgré le fait qu'au cours des négociations la direction ait abandonné quelques réductions, elle n'a jamais considéré les revendications sur les sujets de la dotation en personnel, la santé, la sécurité et les conditions de travail. Le fait que le gouvernement ne veuille pas reconnaître que c'est un lock-out et non pas une grève des employés confirme qu'il n'a aucune volonté d'apporter des solutions concrètes à ces problèmes. Mettons une chose au clair, c'est le gouvernement qui a barré les portes de Postes Canada.
Postes Canada appartient à tous les citoyens, et son mandat est de garantir les services postaux à tous les citoyens. Le gouvernement se dirige vers la privatisation malgré le fait qu'il n'existe aucune alternative pour remplir le mandat de Postes Canada. Tandis que nous payons 59 ¢ pour poster une lettre standard, ici au Canada, dans les pays avec des options privées, on peut payer jusqu'à 88 ¢ pour le même service. De plus, il faut noter que Postes Canada est rentable. Ses revenus se sont élevés à 281 millions de dollars l'an passé.
Pourquoi pénaliser les travailleurs des postes et récompenser Postes Canada qui a imposé un lock-out et qui a été effectivement responsable de la fermeture du service de courrier? En plus, le projet de loi de retour au travail impose une hausse salariale inférieure à celle proposée par Postes Canada dans sa dernière offre, qui était de 1,9 p. 100 en 2011, 2012-2013 et à 2,0 p. 100 en 2014. Le projet de loi conservateur réduirait ces hausses à 1,7 p. 100 en 2011, 1,5 p. 100 en 2012 et 2 p. 100 en 2013, ainsi que 2 p. 100 en 2014. On note bien que ces deux offres sont bien inférieures au taux d'inflation de 3,3 p. 100.
Selon le Syndicat des travailleurs et travailleurs des postes, cette législation coûterait 875,50 $ aux travailleurs à temps plein typiques au cours des quatre ans de l'entente. Ce gouvernement est-il là pour tirer les salaires vers le bas? Est-il là pour créer un précédent qui va lui permettre de s'ingérer chaque fois pour abaisser les salaires?
Je suis très fière de représenter la belle circonscription québécoise de Rivière-des-Mille-Îles.
C'est une circonscription habitée par plusieurs familles déjà très endettées et ayant beaucoup de mal à maintenir leur train de vie modeste. Dans ma circonscription, beaucoup de citoyens sont inquiets en ce moment. En fait, ils me disent que si les conservateurs sont prêts à imposer une telle loi aux travailleurs et travailleuses des postes, ils seront sûrement prêts à montrer aussi un tel manque de respect envers les travailleurs et travailleuses de partout au pays. Ils m'ont élue parce qu'ils veulent bâtir un pays où les travailleurs bénéficient des meilleures conditions de travail, où les aînés vivent dans la dignité et où les jeunes sont confiants en leur avenir.
Aujourd'hui, on voit bien que les conservateurs ont une vision très différente des choses. Ils ont appuyé un système de pensions à deux vitesses initialement proposé par la direction de Postes Canada, qui voulait que les employés existants soient toujours inscrits au régime de pension à prestations déterminées, alors que les employés nouvellement embauchés auraient un régime de pension à cotisations déterminées. Depuis ce temps, la direction de Postes Canada a revu sa position, mais elle insiste encore sur le report de l'âge de la retraite de cinq ans.
Si ce projet de loi est adopté, ce sera un recul important pour tous les travailleurs, y compris ceux qui habitent dans la circonscription de Rivière-des-Mille-îles. Si ce projet de loi est adopté, il sera un message clair pour ma génération: nous allons bénéficier de pensions moins stables que celles des générations précédentes. La façon avec laquelle ce gouvernement est intervenu dans ce dossier est une preuve flagrante de l'absence de toute volonté politique de défendre les nouvelles générations.
Les conservateurs ont imposé le lock-out sous prétexte que le conflit chez Postes Canada menace de causer des dommages importants à l'économie canadienne. Si cela est vrai, pourquoi ont-ils mis un cadenas pour empêcher les employés de se rendre sur leur lieu de travail? Les conservateurs mesurent les forces de l'économie par les profits de leurs amis, mais selon moi et mes collègues du NPD, la force de notre économie se mesure par le pouvoir des familles ordinaires de joindre les deux bouts.
Si nous enlevons aux travailleurs le droit d'utiliser des moyens légitimes de défendre leurs droits, nous continuerons d'accroître les inégalités. Le gouvernement s'est attaqué au régime de pension à prestations déterminées et s'est montré ouvert à la diminution des salaires et des avantages sociaux. Si cette tendance continue, le Canada sera un pays dans lequel les individus de ma génération ne pourront plus compter sur les pensions fiables à la retraite et où on verra la qualité de vie des travailleurs se détériorer.
Nous voyons déjà cette tendance. Aujourd'hui, les salaires des travailleurs sont proportionnellement moindres que ce qu'ils étaient il y a 20 ans. Selon Statistiques Canada, entre 1980 et 2005, le salaire à temps plein de ce groupe a chuté de 20,6 p. 100. Hier soir, à la Chambre, le chef de l'opposition officielle a souligné que les gains faits par les travailleurs au cours des dernières décennies doivent être sauvegardés. Ce sont des gains sur lesquels il faut bâtir.
Il faut se souvenir qu'en 1981, le STTP était le premier syndicat à obtenir un congé de maternité payé. Il a réussi à obtenir cet avantage après une grève de 42 jours, et l'ayant obtenu, il a fixé les autres normes pour tous les autres employés. Nous ne pouvons ignorer que ce projet de loi suit les autres projets de loi qui ont été introduits au sud de la frontière, dans le Wisconsin, au Texas, au Michigan, en Idaho et en Arizona. Ceci est notre Wisconsin, et il faut maintenant se tenir debout pour les travailleurs partout au pays.
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Monsieur le Président, je souhaite une bonne Saint-Jean-Baptiste à tous les Québécois et les Québécoises. Aujourd'hui, c'est une journée de célébrations.
Je voudrais aussi dire que je suis très fier de travailler avec une bonne équipe du Québec, et particulièrement avec les nouveaux députés.
[Traduction]
Je tiens d'emblée à aborder une question qu’il est important de comprendre et c’est la raison pour laquelle nous sommes ici. Comme on le sait, il y avait des négociations en cours, il y a eu des moyens de pression puis, bien sûr, il y a eu le lock-out. Nous devons insister sur ce point, car à en croire les propos exprimés ici aujourd’hui par les députés d'en face, il n'y aurait pas eu de lock-out. Soyons vraiment clairs au sujet de ce qui est en train de se produire. Il y a eu un lock-out. Postes Canada a offert de retourner au travail pour faire avancer les choses.
Certains affirment que, d’une certaine façon, les travailleurs de Postes Canada essayaient de saper l’économie ou de nuire aux autres. C’est totalement faux. Un choix a été fait. Le gouvernement peut faire le choix approprié. Cela doit être parfaitement clair. Il a le pouvoir nécessaire. Il a cependant choisi de décréter un lock-out. Je pense que les Canadiens l’en tiendront responsable.
Il est également important de comprendre que, dans notre pays, nous avons lutté collectivement pour des négociations justes et équitables. J’ai personnellement eu l’occasion de négocier des deux côtés de la table. J’ai négocié des contrats au nom des syndiqués. J’ai été de l’autre côté de la table à l’époque où je travaillais dans le secteur des ONG. J’ai alors dû négocier des contrats avec les employés. Le principe directeur de toute négociation consiste à faire en sorte que les négociations soient équitables. Tout le monde comprend cela. Ceux qui ne le comprennent pas me font penser au message publicitaire dans lequel le type offre un poney jouet à un enfant et un poney réel à l'autre. Ce n’est pas ça une négociation équitable, pour ceux qui ne sauraient pas ce que c’est. Il semble que le gouvernement veuille s’engager dans cette voie.
Un jeune travailleur n’obtiendra pas les mêmes droits à pension et le même salaire que les travailleurs plus anciens. C’est tout à fait contraire à l’équité. Je pense que c’est vraiment clair. Voilà le genre de problème auquel nous devrons faire face. Nous disons que, si vous êtes une jeune personne ou un nouveau travailleur, vous n’obtiendrez pas les mêmes avantages. Quand on y pense, c’est bien étrange. Nous demandons aux jeunes gens de renoncer à la chance de gagner un salaire décent permettant de vraiment s'installer dans une collectivité, de stimuler une économie et d'obtenir quelque chose dont nous avons tous pu bénéficier.
Je sais que les députés ont de jeunes enfants, tout comme moi. Que disons-nous à nos enfants? Eh bien, que dans notre économie, nous avons décidé de nous en prendre à certaines personnes et de leur retirer une partie de leurs avantages parce qu'il n'y a juste pas assez de fonds. C'est un peu comme si on donnait à un enfant un poney en jouet plutôt qu'un vrai. Désolé, on ne peut pas vous aider.
Ça n'a pas de sens. C'est contraire au principe de l'équité. Dans le contrat qui a été imposé, il est important de noter que nous parlons d'un système de deux poids, deux mesures.
Je veux revenir au projet de loi, parce que je sais que certains de mes collègues d'en face tenaient à ce qu'on le lise. Je les invite en fait, à se rendre à la page 6. Quand j'ai examiné cette mesure législative pour la première fois, il y a quelques points qui ont attiré mon attention. L'un d'entre eux concerne le choix de l'offre finale. Pour ceux qui ne connaissent pas ce type de négociation, il s'agit d'une méthode selon laquelle les deux parties acceptent — et c'est le premier point — un processus par lequel ils réduisent les questions à seulement deux ou trois, puis élaborent ce qui semble être la meilleure offre et la présente à un arbitre dont elles ont convenu. Ce n'est pas imposé. Or, dans le projet de loi, ça l'est. Le projet de loi déforme donc ce mode de négociation, au point de nuire à la pertinence globale du choix de l'offre finale.
Mais il y a plus, parce que à la page 6 — et d'une certaine façon, le projet de loi ne tient pas compte du Code canadien du travail — des salaires sont prévus. Certains peuvent penser que ce n'est pas grand-chose et qu'on devait indiquer des salaires puisque les parties n'ont pas pu se mettre d'accord. Je pense que c'est terrible et régressif.
Mais voici où le bât blesse. On impose des salaires inférieurs à ceux qui avaient été proposés par l'employeur à la table des négociations. Le gouvernement, qui ne doit pas prendre parti, a fait une offre. Le rôle du gouvernement est d'être un arbitre équitable — et je vois d'autres députés acquiescer de la tête —, mais à la page 6 du projet de loi, le gouvernement prévoit des salaires inférieurs à ceux qu'avait offerts l'employeur, ce qui est pour le moins déroutant. Nous avons affaire à une méthode de négociation qui va modifier la façon dont nous menons les négociations au Canada.
Nous devons nous y opposer. En fait, la négociation inéquitable est la chose à laquelle nous devons nous opposer et nous pouvons le faire ici. Nous sommes ici aujourd'hui afin que le projet de loi soit modifié.
Nous faisons une offre au gouvernement. Nous pouvons modifier le projet de loi, alors pourquoi ne pas le faire? Si nous disions aux Canadiens moyens qu'une entente est négociée et qu'un taux de salaire a été proposé aux employés, puis, qu'une autre partie supposée arbitrer équitablement le différend impose des salaires inférieurs à ceux qu'avait offerts l'employeur, la plupart des Canadiens diraient que cette situation est louche. Tout cela ne satisfait certainement pas au critère de l'équité. Il serait raisonnable que le gouvernement se penche là-dessus. C'est une situation qui doit être réglée. C'est l'une des raisons de notre présence ici aujourd'hui.
Dans ce que nous vivons là, il ne s'agit pas de nous qui, en tant que parti, avons décidé que nous voulions passer un jour et une nuit ici. Ce n'est pas l'idée que nous nous faisons d'une retraite. Si nous voulions faire une retraite, nous en ferions une. Nous le pouvons. Il s'agit d'une question de principe, de négociations et de la direction que prend notre pays.
Si le gouvernement veut légiférer en tenant compte de ce qui a été négocié, et imposer qu'on choisisse une offre finale lorsqu'il n'y a pas d'entente, c'est une chose. Mais si le gouvernement veut imposer des salaires aux employés qui sont moindres que ce que l'employeur était prêt à offrir, c'en est une autre et nous devons lui tenir tête.
Comme je l'ai déjà mentionné, il est un peu fâcheux de parler de clôture, puis de parler du projet de loi. Lorsque les députés du gouvernement étaient dans l'opposition, ils étaient fermement contre l'idée de la clôture. M. Manning était chef de l'opposition en 1998. Il était tout à fait opposé à cette idée. Il était convaincu que la clôture au Parlement était un geste fondamentalement antidémocratique. Il s'y opposait férocement. Preston et moi avons nos divergences de vues, croyez-moi. Mais il connaissait le sens du mot « Parlement » et il avait raison de dire que la clôture ne devrait pas être utilisée pour faire adopter de force un projet de loi et ne devrait l'être en aucune circonstance. S'en servir avant la présentation d'un projet de loi est nouveau. Nous devons y voir.
Je me rappelle les paroles de gens qui étaient contre la clôture.
Comparé à ce que fait le gouvernement libéral depuis qu'il est au pouvoir, le gouvernement de Brian Mulroney était un modèle de vertu, pour ce qui est de la clôture. Les libéraux imposent constamment le bâillon. Pas moyen de négocier. C'est regrettable. C'est la façon de faire du gouvernement ou rien du tout.
Il est malheureux que le gouvernement ait décidé d'agir ainsi, ait adopté cette tendance. Le fait que le gouvernement décide de faire adopter à toute vapeur des mesures législatives, controversées ou non, ne présage rien de bon pour notre institution. Le gouvernement n'en fait qu'à sa tête.
Savez-vous qui a prononcé ces paroles le 22 novembre 1999? Preston Manning.
M. Strahl, qui était ici il n'y a pas si longtemps, a déclaré en parlant du gouvernement en place:
Il a recours à la clôture et à l'attribution de temps pour limiter le débat à la Chambre. Il trafique la composition et les audiences des comités [...] Comment un tel gouvernement peut-il prétendre gouverner de façon démocratique lorsqu'il agit de cette façon?
Je le mentionne pour le compte rendu, car il est important de savoir à quelles fins est utilisée la clôture.
Je demande au gouvernement d'examiner le projet de loi, d'examiner cette imposition et de se poser la question suivante: est-ce juste?
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de traiter de cette question aujourd'hui.
Comme vous le savez, monsieur le Président, et comme mes collègues de la Chambre le savent, en particulier mon ami de , j'aime bien penser que le verre est à moitié plein. Il sait que c'est la vérité.
Je tiens simplement à faire remarquer à tout le monde ici que depuis environ 18 heures, le gouvernement ne parle plus d'une grève, mais d'un lock-out. C'est un grand pas en avant, car c'est exactement de cela qu'il s'agit.
À ce propos, j'ai reçu un courriel d'une personne qui publie un hebdomadaire dans ma circonscription. L'homme m'a demandé pourquoi, si le gouvernement voulait imposer un lock-out, il n'en avait pas avisé les gens comme lui. C'est une excellente question. Nous nous sommes posé cette question à la Chambre à quelques reprises. Pourquoi, tout à coup, les choses ont-elles été bloquées au bureau de poste? Rien ne se rendait. Les gens étaient mécontents. Cela a été difficile pour bon nombre de personnes, dont ce propriétaire d'une petite entreprise de l'Ouest de ma circonscription.
Pourquoi le gouvernement n'en a-t-il pas avisé les gens? Dans un esprit de compromis, pour leur dire que le gouvernement pourrait devoir intervenir et qu'il serait préférable de s'asseoir et de trouver des solutions.
Pourquoi le gouvernement ne l'a-t-il pas fait? Je l'ignore. J'ai dit au propriétaire de l'hebdo que je poserais cette question aujourd'hui. Nous en aurons peut-être la chance à la période des questions.
L'insistance du gouvernement à imposer le lock-out aux employés de Postes Canada et à les renvoyer au travail n'est pas seulement une atteinte au droit à la négociation collective, c'est également une attaque contre les jeunes travailleurs et une atteinte à la sécurité de la retraite de tous les Canadiens.
Je veux discuter des dispositions du projet loi qui imposent de nouvelles lignes directrices quant au salaire horaire des travailleurs de Postes Canada. L'augmentation proposée est considérablement moins élevée que celle mentionnée dans la dernière offre de Postes Canada, ce qui n'a aucun sens. En fait, au cours des quatre années du contrat, on privera les travailleurs et leur famille de 35 millions de dollars. Il est important de comprendre que cela touche à la fois les travailleurs et leur famille. Ce sont 35 millions de dollars qui ne seront ni imposés, ni dépensés dans l'économie locale.
En fin de compte, c'est une question d'équité. Nous parlons vraiment d'aujourd'hui et de demain, des jeunes travailleurs qui entreront à l'emploi de Postes Canada et qui ne bénéficieront pas des mêmes conditions que les anciens employés ou qui obtiendront seulement une partie de leurs avantages.
Au Canada, il n'y a pas de régime de loyers à deux paliers, de système hypothécaire à deux paliers, de système d'approvisionnement à deux paliers dans les épiceries, ou même de système d'approvisionnement en essence à deux paliers. Il est scandaleux de soutenir que les jeunes travailleurs de notre pays devraient toucher des salaires inférieurs à ceux de leurs collègues plus âgés. C'est aberrant puisqu'ils font le même travail.
Je veux parler des régimes de retraite, qui sont un enjeu important, et des changements touchant les pensions que le gouvernement tente d'imposer aux travailleurs de Postes Canada. Au cours de la dernière session, le sujet des régimes de pension et de la sécurité de la retraite est revenu sur la table dans presque toutes les discussions. Le projet de loi , mon projet de loi, a été présenté au Parlement, a fait l'objet de quelques votes et a été adopté à ces occasions. Je sais que les députés de ce côté-ci veulent veiller à ce que les Canadiens bénéficient de la sécurité dont ils ont besoin en matière de retraite.
En fait, au cours de la dernière campagne électorale, le gouvernement s'enthousiasmait à l'idée d'améliorer le RPC et d'accroître ses prestations. Puis, le a déclaré que cela nuirait à l'économie. Il a oublié que nous parlions de mettre progressivement en oeuvre ces changements sur sept ans. Nous n'envisagions pas d'ébranler le système.
Le a également laissé entendre qu'il serait difficile, d'un point de vue administratif, de hausser les prestations du RPC. Le président et chef de direction de l'Office d'investissement du RPC, David Denison, a indiqué clairement qu'aucun obstacle administratif n'entravait l'amélioration du RPC. En fait, c'est plutôt le contraire. Il affirme qu'offrir les mêmes prestations par l'entremise de régimes privés coûterait beaucoup plus cher.
En 2007, les cotisants canadiens aux REER ont versé des frais totalisant 25 milliards de dollars aux gestionnaires de fonds privés, frais qui ne sont pas perçus des cotisants au RPC. Ce dernier est tout simplement l'option la moins coûteuse. S'il était élargi, les négociations à propos de la sécurité du revenu de retraite comme celles qui ont actuellement lieu à Postes Canada seraient plus simples et claires, et nous pourrions commencer à assurer la sécurité du revenu de retraite des nouveaux employés dans la vingtaine.
Le doublement progressif des prestations du RPC signifie qu'elles passeraient de 960 $ par mois à 1 868 $ par mois au cours des sept prochaines années. Qu'est-ce que cela signifie pour le salarié moyen? Les personnes dont le salaire annuel est de 30 000 $ devraient payer 2,27 $ par semaine pendant sept ans pour assurer l'augmentation par deux fois des prestations du RPC. C'est une solution sensée.
On nous a raconté l'histoire de certains propriétaires d'entreprises et plein d'autres citoyens. J'aimerais parler des Canadiens qui en arrachent, mais sans pointer personne du doigt. J'aimerais lire quelques extraits de courriels que j'ai reçus de gens dans le Nord-Ouest de l'Ontario.
Celui-ci provient d'une travailleuse des postes et de son mari. Elle dit:
Les dispositions régissant les congés de maladie permettent à un employé à temps plein d'accumuler 10 heures par mois de congés de maladie. Ces congés s'accumulent jusqu'à la retraite. Une fois la retraite arrivée, tous les congés de maladie non utilisés disparaissent. ILS NE NOUS SONT PAS RENDUS!!!
Il semble que beaucoup de gens comprennent mal la chose. Les dispositions relatives aux congés de maladie protègent les gens en cas d'invalidité de longue durée. Elle écrit ensuite:
Au mois d'août dernier, mon mari [...] a appris qu'il avait le cancer et il est parti en congé de maladie. Heureusement, il avait près d'un an de congés de maladie accumulés. Ainsi, il a pu continuer à subvenir à nos besoins parce qu'il était toujours rémunéré. Qui plus est, ses médicaments étaient toujours couverts. Cela l'a beaucoup réconforté durant les mois de traitements qui ont suivi et l'a aidé à se rétablir des chirurgies qu'il a subies; sa situation était beaucoup plus tolérable. Il pouvait se concentrer sur son rétablissement. Il espérait pouvoir retourner au travail d'ici la fin de l'année et travailler quelques années de plus. Nous avons toujours une hypothèque et des comptes à payer, comme tout le monde. Nous avons envoyé trois enfants à l'université [...]
Le 2 juin 2011, la SCP a déclaré que notre convention collective n'était plus en vigueur. Par conséquent, les congés de maladie et les prestations [de mon mari] ont été retirés [...]
J'espère que les gens comprennent maintenant que, contrairement à ce qu'on peut laisser entendre dans le présent débat, ce n'est pas seulement les propriétaires de petites entreprises, les aînés et les autres qui sont touchés par la situation. Beaucoup d'employés de Postes Canada en arrachent également. Cela veut dire que les Canadiens dans l'ensemble du pays en arrachent.
Une autre personne a écrit: « Je suis une femme de 62 ans qui élève seule un fils qui est sur le point de terminer ses études universitaires. Il y a neuf ans, je suis devenue partiellement invalide, à travailler seulement à mi-temps à Postes Canada. » Elle est déjà pauvre. Elle demande pourquoi son employeur propose de l'appauvrir davantage.
Voici le témoignage d'une femme de ma circonscription. Elle dit: « Je suis actuellement en congé de maladie après avoir eu une crise cardiaque. Je souffre également de nombreux autres problèmes de santé connexes. » On lui a retiré toutes ses prestations. Elle ajoute: « Mon taux de glucose a doublé après seulement deux jours sans mon insuline, et j'ai de la difficulté à respirer sans mes pompes et mes médicaments pour le coeur », qu'elle n'a plus les moyens de payer. C'est ce qui se passe actuellement.
Nous, de ce côté-ci de la Chambre, et de nombreux députés de l'autre côté, j'en suis sûr, croyons à la liberté d'expression, au droit de libre association et au droit à la libre négociation collective. Le projet de loi mine les valeurs chères à notre pays et constitue une atteinte aux droits des travailleurs et à leur niveau de vie. Ce que le gouvernement devrait faire, c'est ordonner à sa propre société d'État de retourner à la table de négociation et de négocier une convention collective, mais elle doit d'abord mettre fin au lock-out.
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Monsieur le Président, aussitôt majoritaire, aussitôt autoritaire. Voilà comment je qualifie l'attitude de ce gouvernement face à ses responsabilités. La grève tournante a débuté à peine un mois après les élections, jour pour jour. Rappelons que le principe de la grève tournante est de durer 24 heures dans une localité avant de se poursuivre dans une autre.
Cette grève tournante ne devait pas pénaliser tout le pays et assurait le maintien d'un service dans chaque localité, à l'exception de la municipalité touchée par la grève pour une journée, et cela, à tour de rôle, municipalité après municipalité.
Le gouvernement ne va quand même pas nous dire qu'une grève tournante est pire qu'un arrêt de travail obligé par l'employeur. En ce moment, il ne s'agit pas d'une grève tournante, mais d'un lock-out. On peut donc affirmer que tout est bloqué avec l'aide du gouvernement conservateur.
La population n'est pas aveugle. La grève tournante laissait la porte ouverte aux négociations entre deux parties, pas le lock-out. Si les travailleurs en sont venus à la décision de faire une grève tournante, c'est parce qu'ils ont été lésés, le gouvernement leur offrant moins que leur employeur, Postes Canada.
Les travailleurs ont demandé que ces hausses soient tout au moins au niveau de l'inflation, d'autant plus que Postes Canada est bénéficiaire et qu'il n'y a donc pas de risque pour elle d'améliorer la situation des travailleurs qui se dévouent pour elle. Rappelons qu'il y a eu des profits de 281 millions de dollars l'an passé.
Par le passé, plusieurs grèves d'ouvriers ont été sévèrement réprimées. Je donne l'exemple de 1919, lorsqu'il y a eu grève générale à Winnipeg, la plus célèbre au Canada. En quelques heures, 30 000 travailleurs quittent leur poste. Les enjeux étaient le principe de la négociation collective, la hausse des salaires et l'amélioration des conditions de travail. En 1949, il y a aussi eu une célèbre grève, celle de Thetford Mines, impliquant 5 000 travailleurs, dont 2 000 mineurs d'Asbestos. Les enjeux étaient l'augmentation salariale, le régime de pension et la reconnaissance familiale. Plus ça change, plus c'est pareil.
C'était l'époque où toute tentative d'association sur un lieu de travail était immédiatement réprimée. C'était l'époque où il n'existait aucune législation sur les conditions de travail.
J'ai la mauvaise impression que nous revivons cette même époque où les travailleurs n'avaient aucun droit.
Les événement qui se passent actuellement à Postes Canada ressemblent étrangement à ce qui se passait au siècle dernier.
Le gouvernement se plaint du dommage causé aux petites entreprises, qu'il a lui-même provoqué avec son lock-out.
Le gouvernement essaie de faire adopter ce projet de loi le plus rapidement possible au mépris du droit le plus élémentaire des travailleurs.
Le NPD avait déjà pressenti bien avant les élections cette attitude que je qualifierais de totalitaire. Malheureusement nos pires craintes se sont révélées réalité, et deux fois plutôt qu'une.
Le NPD s'est opposé au budget déposé le 6 juin 2011. Le NPD s'est opposé au projet de loi pour mettre fin à la grève des 3 800 agents de centres d'appels et des comptoirs d'enregistrement d'Air Canada qui a été évitée de justesse. Il s'oppose aujourd'hui au projet de loi parce que cette loi ne permet pas de revenir à la table de négociation afin de trouver une solution commune aux deux parties.
Or les travailleurs ont voulu négocier avec leur direction et ils veulent poursuivre ces négociations.
Postes Canada veut que les nouveaux employés acceptent un salaire réduit ainsi que des avantages sociaux, une sécurité d'emploi et un régime de retraite réduits en comparaison avec ce qui est offert aux employés actuels. Au Québec, il est interdit par la loi de créer, pour les nouveaux salariés embauchés, des conditions de travail différentes de celles dont bénéficient les salariés en fonction. Cependant, les employés des entreprises soumises à l'autorité fédérale, comme les banques, les télécommunications et la fonction publique canadienne, ne sont pas protégés par cette législation. Cette clause de disparité de traitement a fait la manchette au Québec il y a quelques années sous l'appellation de « clause orphelin ».
Peut-on noter ici une fois encore que c'est le gouvernement qui a mis le service postal en lock-out et non les syndiqués? Les syndiqués faisaient une grève tournante afin de ne pas nuire aux petites et moyennes entreprises ou à la population. Les syndiqués ont livré des chèques de pension, de CSST et d'assurance-emploi aux citoyens.
« Visa le noir, tua le blanc, oh, fils du roi tu es méchant. » Cet extrait de V'la l'bon vent, une vieille chanson du folklore québécois, s'applique fort bien au travail que nous commande aujourd'hui le gouvernement conservateur.
Certes, le service du courrier est très important pour l'économie canadienne, et son interruption prolongée mériterait l'intervention du gouvernement du Canada au nom de l'intérêt public. Mais qui donc est le canard noir que vise l'honorable dans cette histoire? Qui est à l'origine de l'interruption du courrier sur le territoire canadien?
Après quelques jours de grèves rotatives parfaitement légales et à peu près inoffensives quant à la distribution du courrier, voilà que la direction de Postes Canada décide de réduire unilatéralement le service postal canadien, violant impunément sa propre mission, qui est de distribuer rapidement et efficacement le courrier au Canada. Cette seule décision aurait mérité que la ministre dépose un projet de loi pour renvoyer en bloc la direction de Postes Canada pour incompétence et outrage à l'ordre public.
Mais voilà que la ministre du Travail sort son grand fusil d'argent sous la forme d'une loi spéciale, prépare une loi matraquant les travailleurs des postes, au lieu de s'en prendre justement à ceux qui troublent l'ordre public, soit la haute direction de Postes Canada.
La loi est démesurée par rapport aux dommages auxquels elle entend mettre fin. La haute direction de Postes Canada, se sentant appuyée par un complice aussi bien placé, décrétera donc un lock-out auprès des travailleurs, achevant ainsi de saboter la distribution du courrier dans le pays.
On imagine à l'avance l'épaisseur des bonis qu'empocheront ces messieurs devant une idée aussi géniale.
Cette loi est une farce grossière qui récompense la turpitude et l'incompétence de la direction de Postes Canada. « Honteux », aurait dit notre chef. De plus, madame la ministre ajoute l'insulte à l'injure en réglant ses comptes avec les travailleurs syndiqués: la loi prévoit même des conditions de travail inférieures à ce qu'avait prévu le projet de règlement de la convention collective.
Voter en faveur d'une telle loi équivaut non seulement à mépriser l'ensemble des travailleurs syndiqués du Canada, mais aussi à nier leurs droits mêmes. Or c'est pour protéger ces droits que les contribuables canadiens paient le salaire de madame la ministre.
Voter en faveur de cette loi, c'est récompenser la paresse de la haute direction de Postes Canada, plus soucieuse de ses bonis de fin d'année que de la performance du service qu'elle doit offrir aux Canadiens.
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Madame la Présidente, j’aimerais commencer mon intervention en faisant quelque chose que j’aurais peut-être dû faire beaucoup plus tôt, c’est-à-dire rendre hommage à l’un des dirigeants syndicaux les plus connus, les plus respectés et les plus dignes que le pays ait connus, M. Jean-Claude Parrot, l’ancien dirigeant du STTP, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes.
Il a été la tête dirigeante de quelques grèves au milieu des années 1970, luttant contre des mesures draconiennes dans ce qui fut probablement le climat le plus antisyndical de l’histoire contemporaine. Il a abouti en prison pour ses convictions. Je l’ai rencontré il y a quelques années à Genève, où il représentait le Canada à l’OIT.
J’en parle parce que nous en sommes venus à discuter d’une tendance qui se manifestait de plus en plus dans son pays d’origine, mon pays actuel. Le nom de Thomas d'Aquino a été évoqué parce que nous parlions des grandes influences, de la dynamique, auxquelles est confronté le mouvement syndical et l’économie en général de nos jours, et il nous a semblé évoquer la liste des choses que Thomas d'Aquino aurait aimées voir, sa déclaration au sujet de ce que le Canada doit faire.
Il fut le premier ministre officieux du Canada. Il exerçait beaucoup d’influence dans les années 1990. Il avait une liste d’une douzaine de choses que le Canada devait accomplir, selon lui, pour connaître la prospérité au XXIe siècle. Il les cochait une par une, et les trois premières étaient que les sociétés devaient se débarrasser des coûts des charges sociales.
Les « charges sociales » est le nom de code pour pensions. On les blâme tout le temps, même pendant les difficultés récentes qu’a connues l’industrie de l’automobile. Comme il ne faut jamais laisser passer l’occasion de profiter d’une crise, la première chose que l’industrie a dite est que cela n’avait rien à voir avec une mauvaise gestion ou le fait que l’industrie fabrique des voitures que personne ne veut acheter. C’est à cause des charges sociales. Si seulement l’industrie pouvait se débarrasser des charges sociales, disait-on, elle serait aussi efficace qu'Honda et Toyota.
Jean-Claude Parrot, dans sa sagesse, m'a signalé ce fait pendant que nous dînions à Genève. Depuis, j'observe ses prémonitions devenir réalité, car la notion selon laquelle les travailleurs devraient pouvoir s'attendre à bénéficier d'un régime de retraite adéquat lorsqu'ils prendront leur retraite a subi des attaques sans précédent. Elle a été systématiquement sapée et grugée.
Voici comment on procède. Premièrement, on demande à Thomas d'Aquino, ou à John Manley maintenant, de déclarer qu'il est nécessaire de se débarrasser des régimes de retraite. Soudainement, quelques groupes de réflexion de droite se manifestent et confirment cet énoncé. Évidemment, quelques études menées par le Fraser Institute recommandent qu'on élimine les régimes de retraite. Puis, on lâche la meute de lobbyistes qui se précipitent sur la Colline du Parlement. Tout à coup, Tim Powers et Geoff Norquay soutiennent sur la Colline que nous devons nous débarrasser des régimes de retraite.
Soudainement, un gouvernement néoconservateur se range de leur côté et déclare qu'il est nécessaire que nous éliminions les régimes de retraite. Toutefois, il le dit peut-être plus gentiment parce que, comme nous le savons, l'infamie porte de nombreux masques, mais aucun aussi trompeur que celui de la vertu, et le gouvernement maîtrise l'art de porter celui de la vertu lorsqu'il le faut.
Nous verrons même le gouvernement se servir de cette ruse ce soir alors qu'il essaiera de faire des déclarations trompeuses à propos de ce qui se passe dans le cadre du lock-out à Postes Canada. Car la pierre d'achoppement n'est pas vraiment la hausse salariale de 0,5 p. 100 pour une des trois années; en soi, elle ne suffirait pas à créer une impasse dans une institution nationale. Ce qui est en jeu, c'est l'érosion systématique d'un régime de retraite de la fonction publique, ainsi que les avantages et les attentes de ce groupe de travailleurs. Ils ont choisi de s'attaquer à Postes Canada parce que, en toute honnêteté, ce groupe constitue un irritant depuis de nombreuses années. Son syndicat est très militant et, comme je l'ai dit, c'est l'un des régimes de relations industrielles les plus explosifs du monde occidental. C'est un régime grandement déficient, et je suis le premier à le reconnaître.
Un équilibre fragile régnait. Après la période très hostile des années 1970, on avait conclu une paix relative, un pacte, si l'on veut, avec le syndicat qui a survécu jusqu'à ce que les libéraux commencent à demander à Postes Canada de remettre des dividendes au gouvernement. Soudainement, le mandat de Postes Canada a été élargi de sorte que l'organisation ne pouvait plus simplement livrer le courrier à temps et offrir de bons services à des taux raisonnables, mais elle devait également verser au Trésor des millions de dollars par année.
C'est à ce moment-là que le gouvernement a commencé à s'en servir comme s'il s'agissait d'une vache à lait. C'est là que la caisse de retraite a commencé à avoir des manques à gagner, etc. Ce problème existait, mais Postes Canada a réussi à jouir d'une paix syndicale pendant quelques années jusqu'à la venue de Moya Greene. Moya Green a essayé de changer la culture organisationnelle de Postes Canada, puis, plus récemment le gouvernement s'est lancé dans la prospection de talents.
C'est l'un des problèmes qui surviennent lorsqu'il n'y a pas de commission des nominations publiques. Le gouvernement a cherché un homme de main au service des entreprises qui s'occuperait de faire le sale travail, qui mettrait un grain de sable dans l'engrenage des relations industrielles, qui sèmerait à tel point le désordre que nous nous trouverions dans une impasse et éprouverions les difficultés que nous connaissons aujourd'hui.
C'est comme dans le film Des hommes d'influence. Quelqu'un crée une crise puis dit que pour la résoudre la seule chose à faire est de privatiser tous azimuts. Ce n'est pas être paranoïaque que de supposer que la privatisation est l'objectif ultime, en l'occurence. J'ai observé la réaction des députés chaque fois que nous avons mentionné la privatisation. Tous ceux qui sont assis sur les banquettes du Parti conservateur acquiescent de la tête en disant: « Et, alors, où est le problème? C'est évident, n'est-ce pas? Nous privatiserons tôt ou tard. Autant le faire maintenant. »
Honnêtement, la majeure partie de la population canadienne ne veut pas que la société Postes Canada soit privatisée.
Ils ont envoyé un homme de main, Deepak Chopra, pas le gourou avec l'encens et tout l'attirail, mais l'autre, l'homme de main au service des entreprises. Ils l'ont parachuté en lui offrant 650 000 dollars par an plus une prime de 33 p. 100 pour tout ce qu'il peut soutirer des travailleurs durant ces négociations. C'est un très bon salaire pour le PDG de cette société.
Nous utilisions une expression dans le mouvement syndical quand je négociais des ententes; nous disions que nous ne voulions pas de touristes à la table de négociations. Nous ne voulons pas de touristes et encore moins un agent provocateur. Nous ne voulons certainement pas un saboteur à la table de négociations. Un saboteur qui créera délibérément des problèmes, un conflit afin que le gouvernement vienne à la rescousse pour éteindre l'incendie. Ils ont jeté de l'huile sur le feu d'un vieux conflit de travail, puis, ils ont accouru avec la brigade des pompiers en disant: « Éteignez le feu avec un projet de loi prévoyant la reprise du travail. C'est un lock-out, il faut plus de tuyaux, plus de pression, plus de vapeur. » C'est complètement dingue.
Je représente la circonscription de Winnipeg-Centre. En 1921, le gouvernement du Canada voulait mettre en prison J. S. Woodsworth, le dirigeant de la grève générale de Winnipeg en 1919, mais les bonnes personnes de ma circonscription l'ont plutôt envoyé à Ottawa en tant que leur député. Il est resté là pendant 21 ans et est devenu le fondateur et le premier chef de notre ancien parti, la Fédération du commonwealth coopératif. Je suis très fier de cette histoire et de cette tradition, et nous n'abandonnerons pas cette tradition aujourd'hui, peu importe le nom de notre parti, parce que nous pensons qu'il y a anguille sous roche.
Ce n'est pas un conflit de travail normal. Il y a quelque chose de sinistre là-dedans, et cette supposition ne relève pas de la paranoïa. Je vois toujours des gens de l'autre côté hocher la tête chaque fois que nous laissons entendre que l'objectif réel des conservateurs, c'est de trouver une raison de privatiser cette société d'État, soit en la faisant mourir de faim, soit en l'utilisant comme vache à lait.
Il est vraiment difficile de comprendre pourquoi une augmentation salariale en fonction du coût de la vie causerait une impasse, puisque la société a enregistré des profits de 281 millions de dollars l'année dernière et des profits du même ordre les années précédentes. Il s'agit d'un environnement de travail stable. La société a beaucoup réduit ses coûts de main-d'oeuvre grâce aux changements technologiques; en fait, ses coûts de fonctionnement sont en baisse, malgré la hausse de ses coûts en capital à cause de la mise en place des nouveaux services de tri du courrier, etc.
Postes Canada fait un bon travail. Il s'agit d'une institution canadienne à laquelle nous attachons une grande valeur. Nous n'allons pas laisser ces institutions qui définissent notre identité canadienne être démantelées une par une.
Le pacte du travail dans l'après-guerre a mené à une paix syndicale relative et à la fin des grèves sauvages. L'idée, c'était qu'en période de croissance de la productivité et des profits, les salaires des travailleurs seraient augmentés. Telle était l'entente, mais on y a porté atteinte.
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Madame la Présidente, j'ignore pourquoi je tire toujours la courte paille, mais il semble que je prends toujours la parole après mon collègue de , alors je vais essayer de faire autant d'envolées théâtrales que lui dans mon discours.
Avant de commencer, je désire souhaiter à tous les Québécois et aux francophones partout au pays, mais surtout à ceux qui fêtent dans ma circonscription, Sudbury, et en particulier à mon épouse, Yolanda, et à mes deux filles, Trinity et Thea, une bonne Saint-Jean-Baptiste. Bonne fête nationale.
Je parle aujourd'hui avec beaucoup d'inquiétude, de l'inquiétude pour les familles de travailleurs de notre pays. Je m'inquiète pour des personnes comme Todd et Chris ainsi que Conway et Steve, étant donné que j'ai discuté avec eux de leurs préoccupations. Ils sont inquiets que leurs invitations pour un événement important qui aura lieu demain soient immobilisées au bureau de poste.
Alors qu'aujourd'hui nous luttons pour les travailleurs de Postes Canada, je m'inquiète que demain ce soit un autre syndicat, un autre groupe de travailleurs, ou d'autres travailleurs du secteur public. Qui sera le prochain?
Le débat d'aujourd'hui, c'est de lutter pour toutes les familles des travailleurs canadiens.
Les attaques lancées contre les travailleurs de la poste au Canada sont peut-être un peu plus discrètes que celles dont sont l'objet les fonctionnaires aux États-Unis, mais elles ont commencé. Elles sont tout aussi idéologiquement motivées que celles qui ont eu lieu au sud de la frontière. Le plus troublant dans ces attaques, que ce soit aux États-Unis, au Canada ou ailleurs, c'est le portrait erroné qu'on brosse des travailleurs.
Comme le fait remarquer Paul Moist:
La grande majorité des fonctionnaires sont dans les domaines des soins de santé, des écoles, des services sociaux et des municipalités. Ce sont, pour la plupart, des femmes, et elles sont loin de toucher de gros salaires. Le salaire annuel moyen des plus de 600 000 membres du SCFP est inférieur à 40 000 $.
Il est plutôt culotté d'affirmer que ces travailleurs sont privilégiés.
Le fait de s'en prendre aux travailleurs et de leur mettre tout sur le dos est, au mieux, une erreur, et au pire, une offensive virulente contre la classe moyenne et la classe ouvrière.
Cependant, à mesure que le gouvernement tente tant bien que mal de s'en prendre aux travailleurs, les gens du pays n'arrivent pas à comprendre exactement en quoi les pensions et les bons salaires nuisent au Canada et pourquoi le gouvernement s'oppose à ce que les familles puissent toucher un revenu convenable. Pourquoi imposerait-il des salaires moins élevés par voie législative? C'est inéquitable, pour ne pas dire injuste, et j'encouragerais le gouvernement à supprimer cette disposition de sa mesure.
Premièrement, contrairement à ce que prétendent divers membres de la direction de Postes Canada, les travailleurs de la poste ne représentent pas un coût de production que doivent assumer les contribuables. Les travailleurs de la poste, par leur travail, contribuent à la valeur de l'économie, tout comme les mineurs et les travailleurs des secteurs des transports et des communications. En effet, en sa qualité de société d'État, Postes Canada a systématiquement généré des profits ces dernières années, malgré l'augmentation considérable du courrier électronique. Les travailleurs de la poste devraient être loués pour leur contribution à cette nouvelle valeur économique, et non rabaissés.
Voilà pourquoi j'aimerais féliciter la section locale 612 du STTP à Sudbury. Lundi dernier, cette section a offert d'aller porter les chèques du gouvernement aux aînés et autres personnes de ma collectivité; 5 600 chèques ont été livrés malgré le fait que les travailleurs sont en lock-out.
Mes collègues d'en face ont traité de fiers-à-bras les membres de syndicats, mais dans ma localité ainsi que dans le reste du pays, les membres de syndicats travaillent fort pour le compte d'organisations caritatives locales. Je peux confirmer qu'ils travaillent pour Centraide, pour la banque d'alimentation et pour les organismes offrant des soins aux personnes atteintes de cancer. Nos membres de syndicats se soucient de leurs localités et de leur pays, et nous rejetons l'idée selon laquelle ils seraient des fiers-à-bras.
Nous pouvons constater que les conséquences de la réduction des salaires, des pensions et des avantages des travailleurs sont tragiques, mais pour les PDG, c'est une autre histoire.
La rémunération du PDG de Postes Canada est approuvée par le . Pour les quatre dernières années, le PDG de Postes Canada recevait le salaire suivant:
En 2007, son salaire de base était de 455 000 $, plus une prime de 25 p. 100, pour un total de 568 750 $. En 2008, c’était 482 000 $ plus une prime de 33 p. 100, soit une augmentation de prime de 8 points de pourcentage d’une année à la suivante. En 2009, c’était 489 700 $, plus une prime de 33 p. 100. En 2010, c’était une rémunération de base de 497 100 $ à laquelle s’ajoutait une prime de 33 p. 100, pour un total de 661 143 $.
Qu’offre le gouvernement? Il offre une augmentation de salaire de 1,75 p. 100 la première année, de 1,5 p. 100 la deuxième année et 2 p. 100 les deux dernières années. Il est évident que c’est le PDG qui jouit du soutien du gouvernement, pas les travailleurs du Canada.
Dans une lettre qu'il m'a adressée, le président de l'unité syndicale de l’école secondaire de Sudbury affiliée à l'Association des enseignantes et des enseignants catholiques anglo-ontariens, Dan Charbonneau, me disait qu’il ne pouvait pas croire que les conservateurs présenteraient un projet de loi forçant un retour au travail. M. Charbonneau ajoutait:
Le gouvernement est allé encore plus loin en faisant pencher l’arbitrage en faveur de la direction en imposant des augmentations de salaire qui sont inférieures à celles qui avaient déjà été négociées à la table.
Comme cela a été mentionné auparavant, il est injuste d'imposer une réduction de salaire par une loi. Pourquoi le gouvernement ne retire-t-il pas cette disposition du projet de loi? Voilà une question que nous n’arrivons pas encore à comprendre.
Bref, il ne s’agit pas d’une grève, mais bien d’un lock-out imposé par la direction et le gouvernement conservateur. Le gouvernement est en train d’imposer un contrat de travail aux travailleurs. Ce n’est pas ce qu’on appelle une négociation collective équitable. Comme tous les néo-démocrates, je vais travailler d'arrache-pied pour faire en sorte que le gouvernement reconnaisse l’importance de contrats équitables et négociés.
Si les conservateurs sont tellement préoccupés par le service postal des Canadiens, en particulier dans les régions rurales, y compris celles de ma circonscription, de la région de Sudbury, de Nickel Belt et du Nord, il doit immédiatement mettre fin à ce lock-out.
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Madame la Présidente, il y a cinq mois, le premier ministre conservateur a nommé le président et PDG de Postes Canada. Il lui a consenti un salaire d’un demi-million de dollars assorti d’une prime de 33 p. 100. Cela signifie qu’il gagne plus de trois quarts de millions de dollars par année.
Cinq mois plus tard, le 3 juin, ce PDG retire l’assurance-médicaments et d’autres avantages à tous les employés, y compris à ceux qui étaient en congé de maladie ou qui retiraient des prestations d’assurance invalidité. Dix jours plus tard, il a mis en lock-out 48 000 travailleurs. Pendant que les travailleurs sont en lock-out, le PDG continue de recevoir son salaire et sa prime chaque jour, soit plus de 2 000 $ par jour. Pendant ce temps, bien entendu, les travailleurs ne reçoivent pas leur salaire.
Vous vous demandez peut-être comment un PDG peut ainsi mettre ses travailleurs à la porte et les empêcher de travailler, sachant que sa société a engrangé des profits de 1,7 milliard de dollars ces 15 dernières années? Cette société ne perd pas d’argent. Elle est rentable. En fait, ses profits ont été versés aux contribuables canadiens. Il ne faut pas oublier que le principal mandat de Postes Canada est de donner des services, de livrer le courrier universellement à tous les Canadiens. Voilà son mandat. Ce n’est pas simplement de faire de l’argent pour nous. Cependant, elle fait quand même de l’argent.
Faisons une comparaison avec un facteur. Le taux horaire pour les nouveaux travailleurs est de 19 $ l’heure. C’est ce qui est offert. Auparavant, le taux horaire de base pour les travailleurs était de 23,11 $, le taux horaire maximum étant de 24,15 $. L'offre sur la table, consentie par le PDG de Postes Canada nommé par le premier ministre, est de 1,9 p. 100.
Rappelons-nous que le PDG, au cours des dernières années, a obtenu une augmentation de salaire annuelle moyenne de 4 p. 100. Il a obtenu une augmentation de salaire de 4 p. 100. Le taux annuel moyen d’inflation est de 3,3 p. 100. Par comparaison, ce travailleur reçoit une augmentation de 1,9 p. 100. Le Parti conservateur et le premier ministre tournent le couteau dans la plaie en disant que 1,9 p. 100 c'est trop et qu'il faut réduire cette augmentation de salaire à 1,5 p. 100. Le but évident de ce projet de loi c'est de réduire l'augmentation de salaire offerte par Postes Canada en la faisant passer de 1,9 p. 100 à 1,5 p. 100. J’ignore comment ces députés peuvent justifier une telle chose.
Un facteur doit transporter jusqu’à 35 livres de courrier. Je mets au défi n'importe quel député d’en face de transporter 35 livres de courrier par tous les temps, sous la neige, sous la pluie verglaçante, sous la pluie. Faites-le. Faites-le pendant 35 ans et voyons ce qui vous arrivera.
Je vais vous dire ce qui arrive aux employés des bureaux de poste, aux trieurs et aux préposés à la livraison du courrier. Un sur dix se blesse au travail--un sur dix. C'est trois fois plus élevé, en moyenne, que tout autre groupe de travailleurs en Ontario, et les blessures sont trois fois plus sérieuses.
L'an dernier, on a rapporté 6 335 incidents et près de 3 000 travailleurs sont restés handicapés à cause de blessures. De quel genre de blessures parle-t-on? Il y a eu 27 commotions cérébrales, 1 amputation, 1 choc électrique, 91 fractures, 3 gelures, 325 ecchymoses et 978 entorses. Plus de 1 000 travailleurs ont éprouvé des douleurs l'an dernier.
On parle ici de fonctionnaires, pas de truands. Ce sont des travailleurs. Ils offrent un service au public.
Où, sur leur corps, se sont-ils blessés? Quatre cent cinq se sont blessés à une cheville et 579 au bas du dos. Pouvez-vous imaginer transporter ce poids? Trois cent deux se sont blessés au genou, des centaines se sont blessés à la main ou au poignet, et dix ont subi une blessure aux poumons ou à un autre organe interne.
Comment se sont-ils blessés? En glissant, en trébuchant et en tombant. Ils ont été frappés par des camions, des automobiles et des chariots. Ils ont été agressés et 87 travailleurs ont été mordus, piqués ou égratignés par un animal ou un insecte. Ce n'est pas un emploi facile. C'est dangereux.
Il y a de nombreuses façons pour les bureaux de poste de faire de l'argent, dont le service bancaire postal. La Nouvelle-Zélande et l'Italie ont introduit ce service il y a quelques années. Aujourd'hui, ce service génère 30 p. 100 des revenus des bureaux de poste et 70 p. 100 de leurs profits.
Il y a de nombreuses façons pour Postes Canada d'assurer sa viabilité financière et de continuer à générer des profits. La société doit faire preuve de créativité et essayer quelque chose de nouveau plutôt que de s'attaquer aux travailleurs. Le travail d'employé des postes est très difficile.
J'aimerais lire la lettre qu'un de mes électeurs m'a fait parvenir. C'est un Canadien inquiet, et non un employé des postes.
Il a dit: « Si le Plan d'action économique du Canada produit des résultats pour les Canadiens et favorise la création d'emplois, il n'est pas logique d'appuyer un contrat de Postes Canada qui causerait du tort aux Canadiens et qui risquerait d'éliminer des milliers d'emplois. Dans les circonstances, il faut renforcer l'économie et créer des emplois, particulièrement dans les secteurs qui fournissent des services essentiels à la population canadienne. À mesure que l'économie se redresse, la direction devrait abandonner ses demandes de concessions. La réduction des avantages sociaux des nouveaux employés, la diminution des salaires des employés temporaires actuels, le remplacement des congés de maladie par des congés personnels et l’adoption d’un régime d’assurance-invalidité de courte durée qui offre une protection insuffisante viennent miner le travail phénoménal des membres du STTP et compromettre la qualité des services postaux. Le comportement de Postes Canada manque d'éthique et est très décourageant. Je vous prie d'enjoindre Postes Canada de mettre fin aux coupes et d'accepter l'offre du STTP. Les parties devraient pouvoir négocier un contrat équitable, sans qu'un règlement ne leur soit imposé par la loi. »
Une autre note se lisait comme suit: « Postes Canada ne devrait pas pouvoir arrêter complètement la livraison du courrier. Cette société est responsable d'un service essentiel. »
Ces gens veulent nous rappeler, à moi ainsi qu'à tous les députés, que le syndicat était disposé à ce que ses membres, à tour de rôle, continuent de livrer le courrier pendant la durée des négociations. Les employés des postes sont prêts à travailler, mais encore faut-il que les portes soient ouvertes.
Étant donné les dangers qu'ils courent dans le cadre de leurs fonctions et le peu d'argent qu'ils gagnent par rapport au PDG, qui touche un salaire 14 fois plus élevé, nous devrions aujourd'hui démontrer notre plus grand respect envers ces travailleurs acharnés et estimés. Ouvrons les portes et laissons-les travailler.
Levons le lock-out et permettons-leur de continuer à offrir un service essentiel à la population canadienne.
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Madame la Présidente, j'aimerais aborder la question sous un angle différent dans le cadre du débat que nous tenons ici aujourd'hui.
Nous avons réclamé un débat sur ce qu'on appelle le renvoi à six mois. Hier soir, nous avons entendu le chef de l'opposition prononcer ce qui, je dois le dire, a été l'un des plus magnifiques discours que j'aie entendus en cette enceinte. Son discours figure probablement parmi les meilleurs jamais prononcés à la Chambre. Il a parlé de l'histoire du Canada et des droits du peuple, ainsi que des améliorations apportées au fil de nombreuses années aux conditions de vie de tous les Canadiens. Il a placé la situation actuelle dans ce contexte.
Je voudrais dire quelques mots à ce sujet. Je vais citer un extrait d'une lettre que j'ai reçue et dont le propos est très modéré. J'ignore où au Canada habite son auteur, mais il s'agit d'un Canadien. Il a déclaré ceci:
Merci de défendre un règlement équitable dans le cadre du lock-out à Postes Canada!
Cela peut sembler banal, mais c'est pourtant ce qui devrait se produire. Il serait dans l'ordre des choses que le gouvernement et nos lois favorisent le règlement équitable d'un conflit autour d'une convention collective. Nos lois garantissent le droit à la négociation collective. Ce droit est inscrit dans la Constitution. Il fait partie intégrante de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Nous nous targuons d'être une société de droit, qui respecte la primauté du droit. Le respect de la primauté du droit va de pair avec le respect des règles constitutionnelles et des droits protégés par la Constitution.
Voici ce que nous dit ce Canadien:
Merci énormément de vous tenir debout au Parlement. Je suis fier d'être Canadien lorsque je vois des politiciens faire des sacrifices personnels afin de protéger les travailleurs de notre pays.
Que l'on nous témoigne de la reconnaissance pour ce que nous faisons, c'est-à-dire protéger les travailleurs, me remplit de fierté. De quoi protégeons-nous les travailleurs? Dans ce cas-ci, d'une mesure législative qui les prive du droit de négocier alors même qu'ils tentent d'obtenir de meilleures conditions de travail. Les travailleurs ont fait part de leurs revendications au patronat, qui leur ont fait des propositions. Les travailleurs veulent négocier. Ils veulent entendre les offres de leur employeur et faire valoir leurs revendications. Dans ce cas-ci, leur position de négociation a consisté en des grèves tournantes afin d'attirer l'attention sur leurs conditions de travail et leurs revendications.
Qu'avons-nous? Nous avons une société d'État qui a fermé ses portes. Puis, quelques jours plus tard— je crois que c'était deux jours plus tard—, le gouvernement a annoncé qu'il présenterait cette mesure législative. Et qu'est-ce que cette mesure législative démontre? Elle démontre clairement que le gouvernement se moque des négociations qui ont déjà été menées. Nous savons que cette société, qui a dégagé des profits de 186 millions de dollars, a fait une offre aux travailleurs en fonction de sa position de négociation et d'autres conditions. Que fait le gouvernement? Il présente une mesure législative dans laquelle il force le retour au travail des employés et impose des conditions moins bonnes que celles auxquelles l'employeur avait consenti pendant les négociations collectives.
En procédant ainsi, il ni plus ni moins retiré à ces travailleurs un de leurs droits constitutionnels, soit le droit de négocier collectivement. C'est ce qu'ils faisaient, mais le gouvernement a mis le holà à ces négociations en empêchant qu'elles se poursuivent. En fait, le gouvernement a décidé de s'ingérer dans le processus, d'obliger les travailleurs à retourner au travail et d'imposer une entente. Je n'appellerais d'ailleurs pas cela une entente, car ce n'en est pas une, mais bien un contrat qui n'a pas été accepté par les deux parties et qui offrira de moins bonnes conditions aux travailleurs.
Cette personne a également écrit ceci:
Je tiens aussi à remercier tout particulièrement les députés du Québec qui ont choisi de ne pas célébrer la Fête nationale du Québec afin de pouvoir contester la mesure législative injuste [du premier ministre]. Bonne Fête nationale!
Je tiens moi aussi à souligner les sacrifices que font nos collègues de la belle province. Ils participent à ce débat afin d'obtenir un règlement juste pour les travailleurs de Postes Canada et font ainsi des sacrifices.
On nous parle des inquiétudes des gens, comme les PME et les autres qui attendent des chèques ou d'autres envois postaux. Je sympathise tout à fait avec eux, comme du reste l'homme qui écrit ce qui suit:
Si je ne m'abuse, la première journée du lock-out de Postes Canada, seulement 23 travailleurs de trois petites localités (Smithers, en Colombie-Britannique, Sioux Lookout et une troisième localité à Terre-Neuve) devaient débrayer dans le cadre des grèves tournantes. Sans le lock-out, les PME auraient reçu leurs chèques, car les postiers y auraient veillé malgré les grèves tournantes.
Cet homme nous demande par la suite de tenir bon et de poursuivre le combat. Je peux assurer tout le monde que c'est ce que nous ferons.
Nous sommes en présence d'une crise fabriquée de toutes pièces. Les mêmes puissances qui l'ont engendré pourraient la faire disparaître. Elles n'ont qu'à enlever les cadenas sur les portes. Qu'elles favorisent la négociation collective. Qu'elles favorisent un règlement équitable.
Le gouvernement a plutôt choisi de faire pencher la balance d'un côté, de sorte qu'il était impossible qu'il y ait des négociations de bonne foi entre Postes Canada et ses travailleurs.
J'emploie délibérément l'expression « Postes Canada et ses travailleurs ». Je suggère ces mots au et au lui-même, qui se sont mis à employer un langage indigne de cette enceinte, selon moi.
S'il parle au nom du devant la Chambre, lorsqu'il emploie des expressions comme les « patrons » et les « brutes » syndicaux, il nous révèle l'attitude du envers les représentants des travailleurs qui ont été élus démocratiquement et qui ont reçu par un vote de 97 p. 100 le mandat de négocier un accord au nom des travailleurs. Le député prend la parole dans cette enceinte au nom et nous parle des patrons et des brutes syndicaux. Pour tenir ces propos, il prend prétexte d'un bout de papier qui vient selon lui de l'un de ses électeurs.
C'est inadmissible. Les patrons qui ont causé l'arrêt de travail sont assis là-bas. Leur société d'État a fermé ses portes et interrompu le service postal. Ce sont eux qui pratiquent l'intimidation avec ce projet de loi retirant aux travailleurs le droit de négocier collectivement. S'il y a des brutes qui intimident les gens, la source du problème se trouve en face de nous.
Je veux que le gouvernement baisse le ton et cesse de jeter de l'huile sur le feu.
M. Bob Zimmer: Cessez de nous reprocher ce que vous faites vous-mêmes.
M. Jack Harris: Ce sont les propos comme ceux que j'entends là-bas qui attisent les tensions.
Je m'y oppose. Pareille situation ne fait pas du tout honneur aux gens d'en face, pas plus qu'elle ne fait honneur au Parlement. Au lieu de trouver des solutions, des députés calomnient à la Chambre des travailleurs qui exercent des droits protégés par la Constitution. Leurs représentants subissent le même sort.
Les députés désireux de comprendre auraient pu écouter attentivement le hier soir, quand il nous a parlé des progrès qu'avaient permis de réaliser les luttes livrées au fil des ans, depuis plusieurs décennies, qui ont fait du Canada le pays dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Toutefois, la tactique employée ici revient à dire que nous ne voulons pas faire profiter la prochaine génération de ces progrès. Les avantages que certains avaient réussi à obtenir en matière de sécurité de la retraite ne profiteront pas à d'autres. Les membres de la prochaine génération toucheront des salaires moins élevés en début de carrière. On veut adopter une politique spéciale d'embauche non discriminatoire, ciblant les personnes qui pourraient y voir un véritable avantage. Cela permettrait d'embaucher des Autochtones, des gens de couleurs, des personnes défavorisées, et ce, aux trois quarts du salaire des travailleurs actuels. C'est ce genre d'égalité que l'on veut créer au pays. Voilà le plan. Les nouveaux employés gagneront moins que tous les autres. On mettra en place une politique qui permettra de cibler de façon très proactive les personnes particulièrement défavorisées et on leur accordera un salaire moins élevé.
C'est inacceptable. Mais c'est pourtant ce vers quoi on se dirige.
Il faut en arriver à un règlement équitable. C'est justement ce que réclame cette personne. C'est tout ce que nous demandons. Cette loi devrait être reportée de six mois. Voilà en quoi consiste notre motion, et nous souhaitons la voir adopter.
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Madame la Présidente, comme je l'ai indiqué lors de mes premières interventions, je suis issu d'une communauté qui s'est historiquement distanciée des matières politiques et de la majeure partie de la dynamique canadienne. Le fait d'avoir grandi au nord du 50
e parallèle au sein d'une réserve en retrait comporte un certain nombre d'avantages dont je peux mesurer la justesse dans la situation qui nous préoccupe. Les Innus se sont toujours fait un point d'honneur de s'opposer à toute forme d'ingérence pernicieuse des instances étatiques dans le cadre de la gestion communautaire.
J'insiste sur le mot « pernicieux », car c'est bien de cela qu'il s'agit ici. L'intervention de l'État dans les politiques sociales, en ce qui concerne l'aide aux personnes dans le besoin, est essentielle afin de s'assurer que nous ne laissons pas tomber les plus démunis et les gens dans le besoin. L'État a un rôle important à jouer dans l'aide aux collectivités, que ce soit par l'entremise du financement des infrastructures ou par la collecte de données permettant de dresser un portrait socioéconomique d'une collectivité, ces dernières permettant de déterminer tant les problèmes socioéconomiques que les pistes de solution à ces problèmes.
Il est tout de même ironique de voir un gouvernement qui, trop souvent aveuglé par son idéologie, cherche à tout prix à sous-traiter au privé l'offre de service aux Canadiens et les emplois qui y sont associés. Alors que dans un conflit de travail comme celui de Postes Canada, la logique du marché voudrait que le gouvernement laisse les deux parties en place trouver une solution au conflit, le réflexe du gouvernement est plutôt l'inverse: il intervient alors que le besoin est inexistant. Pire encore, le gouvernement, par sa prise de position, brise l'équilibre naturel établi entre les forces en présence. La raison pour laquelle nous sommes en cette Chambre aujourd'hui, c'est pour rétablir cet équilibre et pour demander au gouvernement de retirer certaines clauses contenues dans le projet de loi, notamment en ce qui concerne la détermination des salaires.
Nous devons laisser l'arbitre et les deux parties arriver à une entente négociée et acceptable pour tous. Nous pouvons rétablir l'équilibre et en arriver à un accord afin que le lock-out décrété par Postes Canada prenne fin et que le service à la population reprenne, car en fin de compte, c'est de cela qu'il s'agit ici.
J'aimerais revenir sur ce dont je parlais plus tôt, soit l'ingérence pernicieuse des instances étatiques dans le cadre de la gestion communautaire. Ainsi, lorsque le message ne parvient pas à destination et que le gouvernement met en avant des mesures compromettant l'autonomie des organismes de gestion et l'autonomie de ma nation en général, les membres de ma communauté n'hésitent aucunement à passer à l'action en affirmant cette autonomie de manière draconienne.
Il faut bien me comprendre: loin de moi l'idée d'exhorter la population canadienne à recourir aux barrages routiers afin de faire entendre sa voix, même si nous sommes clairement en présence d'une situation impliquant l'ingérence de l'État dans une matière relevant du droit à l'association et des relations de travail. Je favorise une autre approche, soit celle de l'équilibre dont je viens de parler.
Le gouvernement tente de créer un précédent annonçant la tangente qu'il adoptera au cours de ce dit mandat en regard de la population canadienne. Comme on peut en juger, cette orientation s'apparente au directivisme proche à certains régimes décriés par les observateurs internationaux à l'heure actuelle. Il n'est pas de mon intention de citer des chiffres et des autorités à l'appui de mon intervention en cette Chambre, ma démarche étant alimentée par la dynamique viscérale propre à la communauté innue.
C'est cette même dynamique qui me permet d'offrir une vision humaine à une situation donnée. En ce sens, il ne faut en aucun moment éluder l'aspect humain inhérent à la situation qui nous préoccupe en ce moment. L'ingérence de l'État dans le cadre des rapports humains s'inscrivant dans le dialogue entre les employés de Postes Canada et l'employeur ouvre la voie à une mauvaise intervention de l'État dans les relations de travail entre employés et employeur.
Je veux revenir ici sur le déséquilibre qu'a induit le gouvernement conservateur par son projet de loi spécial. Rappelons-nous que les travailleurs des postes avaient offert de prolonger la convention collective le temps de poursuivre la négociation. C'est ce qui est prévu dans le projet de loi, mais ce dernier va plus loin en fixant les balises au sein desquelles l'arbitre peut agir.
Pourquoi vouloir se substituer en amont à ce qui doit survenir en aval? Pourquoi ne pas suivre le flot de la négociation et donner aux parties en cause l'espace pour négocier de bonne foi? L'imposition d'une loi spéciale est une mesure draconienne qui ne doit être envisagée que dans des situations présupposant une exposition de la population canadienne à de graves préjudices. Or ce n'est pas le cas en l'espèce; nous ne sommes pas en crise. Je mets tout le monde en garde, par contre, car une crise est si vite arrivée.
La population canadienne s'est déjà positionnée sur le rôle de l'État par le passé, et la présente réalité à la Chambre des communes donne le ton de la dynamique sociale s'étant imposée d'elle-même au sein de la population canadienne.
Les mesures envisagées par les conservateurs appartiennent à une époque aujourd'hui révolue.
Les relations de travail sont en constante évolution, et je soupçonne que cette novation est à la source des mesures envisagées par les conservateurs.
Ces derniers devront réévaluer leurs positions et politiques afin d'être conséquents avec les volontés exprimées par la population canadienne.
L'obstruction à l'exercice des droits d'association et la fluidité des négociations propres aux relations de travail constituent une répression directe et une négation de la notion du libre arbitre.
On peut être assuré que la présence du NPD à la Chambre teintera les décisions du gouvernement. Conséquemment, les députés de l'opposition n'ont aucunement hésité à débattre de cette matière essentielle, et ce, sans répit.
En ce sens, j'invite les Mamit Innuat, j'invite les Pessamiunnuat, j'invite les Chimonnuat et j'invite tous les Innus en général et les Naskapis à soutenir les employés des postes en grand nombre et de manière ostensible. Soyez visibles, mes frères et mes soeurs!
On verra que, lorsque les efforts sont mis en commun, les choses se passent à fond.
Avis à tous les Canadiens, la présente question risque fort d'être annonciatrice d'une ère d'obscurité. Il n'en revient qu'à la population de se positionner et de faire comprendre aux décideurs que la docilité a ses limites.
Bien au-delà de l'interruption des services postaux, les récents événements seront garants de la lutte des pouvoirs s'exerçant dans les secteurs privé et public. La mobilisation des forces est essentielle afin d'appuyer cette volonté d'expression et d'épanouissement des citoyens canadiens.
S'il le faut, je suis prêt à siéger jusqu'à l'arrivée du couple princier, afin qu'il puisse apprécier le dévouement des députés du Nouveau Parti démocratique.
J'insiste au passage sur l'effort surhumain déployé par le personnel de soutien du parti, dont certains ne dorment que quelques heures par nuit, afin d'assurer la cohésion des efforts.
Nous ne pourrions, sans eux, arriver à maintenir l'opposition aux politiques du gouvernement conservateur. Grâce à leur appui, nous écrivons aujourd'hui l'histoire.
Au final, je salue les citoyens de ma circonscription de toutes origines et souhaite à tous de profiter pleinement des festivités organisées sur l'ensemble du territoire.
J'aurais aimé être parmi eux mais ma présence est davantage pertinente à Ottawa.
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Madame la Présidente, c'est la première fois que je prends la parole lors de ce débat. J'aimerais en profiter pour dire à mes concitoyens de Montcalm de passer une belle fête nationale malgré le mauvais temps. C'est sûr qu'en ce moment, le gouvernement conservateur ne semble pas vouloir travailler dans l'intérêt des travailleurs de Postes Canada. Malgré cet empêchement, je tiens particulièrement à souligner la fête nationale du Québec et dire à mes concitoyens qu'il fait bon d'être Québécois par les temps qui courent. Je tiens à les assurer que je suis avec eux dans mes pensées les plus fraternelles et j'espère sincèrement les rencontrer lors d'une prochaine occasion. Je souhaite donc à tous une fête nationale mémorable remplie de musique, de contes et de légendes bien de chez nous.
Il est dommage que le gouvernement conservateur ne reconnaisse pas la fête nationale du Québec, mais je peux vous dire que mes concitoyens reconnaissent l'importance de mon devoir ici, à Ottawa, pour appuyer et soutenir les travailleurs de Postes Canada.
Lors de négociations, il est préférable que les deux parties trouvent un terrain d'entente et en arrivent à un consensus, mais hélas, depuis le début des négociations, j'ai la nette impression que la Société canadienne des postes n'a jamais voulu négocier de bonne foi. C'est un manque de respect envers leurs travailleurs que de se retirer des négociations et d'imposer un lock-out.
Un lock-out, ce n'est pas une grève. Une grève est une action de protestation venant des travailleurs, tandis que le lock-out est la fermeture provisoire de la Société canadienne des postes. C'est une décision engendrée par la partie patronale.
La Société canadienne des postes a préféré attendre que le gouvernement s'interpose en voulant imposer une loi spéciale. Cette façon de faire enlève tout droit de grève aux travailleurs, puisque ces derniers auront toujours la crainte de se faire imposer de telles lois, et envoie malheureusement un message négatif non seulement aux travailleurs de Postes Canada, mais surtout à tous les travailleurs du Canada.
Présentement, imposer un retour au travail provoquera de l'insatisfaction et du mécontentement chez les travailleurs. Ces derniers avaleront de travers ce genre de règlement forcé, ce qui leur laissera un goût amer. C'est sans parler de l'ambiance néfaste qui régnera entre la partie patronale et les travailleurs pour les mois à venir, si cela ne se calcule pas en années.
Il ne faut pas oublier que plusieurs milliers de travailleurs sont touchés par ce lock-out. Quand le gouvernement comprendra-t-il enfin que les travailleurs de la Société canadienne des postes sont des personnes avant tout — et je répète bien: des personnes avant tout — ayant des familles, des obligations et des responsabilités.
Cette loi enlèverait du pouvoir aux syndicats dont le rôle premier est d'assurer la défense des salariés et de voir à leurs intérêts. Dans un deuxième temps, le syndicat doit également s'assurer de transmettre les informations aux salariés. Ce faisant, il s'assure de bien faire son rôle de communication entre Postes Canada et les travailleurs.
La Société canadienne des postes fait semblant d'être déboussolée devant la situation actuelle. C'est à n'y rien comprendre. Ce sont eux qui l'ont provoquée, cette situation. La prise de position du gouvernement est carrément une gifle à la démocratie. Où est la loi du gros bon sens? On impose un lock-out aux travailleurs et, en plus, le gouvernement s'en mêle en voulant imposer une loi pour obliger les travailleurs à retourner au travail. On reconnaît bien là les vraies couleurs du gouvernement conservateur.
Les tribunaux du Canada ont reconnu aux travailleurs le droit de négocier leur contrat de travail. Les tribunaux du Canada ont reconnu aux travailleurs le droit de s'associer collectivement à d'autres travailleurs pour faire respecter leurs droits et leur contrat de travail.
Cette façon de faire du gouvernement conservateur est sans fondement. Cette procédure va créer un précédent qu'aucun travailleur ne souhaite. Qui va payer au bout du compte? Ce sont les travailleurs.
Au lieu d'avoir de la considération et du respect pour nos travailleurs, le gouvernement veut abuser de ses pouvoirs et tasser du revers de la main les droits des travailleurs. Cela est injuste et abusif.
Je ne comprends pas. Les conservateurs forment un gouvernement majoritaire. Effectivement, ils ont eu l'appui nécessaire, mais ont-ils eu l'audace de dire vraiment aux Canadiennes et Canadiens de quelle façon ils avaient l'intention de s'y prendre pour diriger le pays?
Ont-ils dit qu'ils trancheraient du côté des plus gros au lieu d'aider les travailleurs? Ont-ils dit qu'ils imposeraient leur loi sans faire attention aux conséquences sur la vie des travailleurs? Ont-ils dit qu'ils ne donneraient pas aux travailleurs la possibilité de négocier selon les règles de l'art d'une vraie négociation syndicale? Ont-ils dit qu'ils présenteraient un projet de loi pour retirer aux travailleurs leur droit d'être entendus et pour diminuer leur régime de retraite? Continueront-ils à imposer aux travailleuses et travailleurs canadiens des mesures draconiennes lorsque ceux-ci voudront faire respecter leur droit de négocier de meilleures conditions de travail?
Par respect pour les travailleurs et leur famille, je considère que le gouvernement devrait se retirer de ces négociations et non obliger quoi que ce soit par une loi spéciale et encore moins prendre la part de la partie patronale. On reconnaît bien là la façon d'agir des conservateurs — il est facile de reconnaître leurs amis —, au détriment des travailleurs canadiens.
Ce sont ces mêmes travailleurs qui contribuent jour après jour à faire de Postes Canada le service postal que nous connaissons aujourd'hui. Ces travailleuses et travailleurs ont contribué à leur régime de retraite, ils ont droit, comme toute personne vivant au Canada, de toucher une pension de retraite à la date prévue et ainsi de s'assurer une retraite paisible et sereine. Je considère donc qu'il est normal de s'attendre à un peu de considération de la partie patronale, mais également du gouvernement.
Pourquoi ne pas laisser aux deux parties la chance de négocier de façon honnête et d'encourager davantage la communication?
En ce moment, les employés ne peuvent pas se rendre au centre de distribution et n'ont pas accès au courrier, donc il ne peuvent pas le distribuer. Les portes sont closes, c'est ça, un lock-out. Postes Canada doit enlever les verrous sur les portes et permettre aux travailleurs de faire une distribution rotative, comme c'était le cas tout au début de la négociation. Aujourd'hui, le gouvernement s'en prend aux postiers de la Société canadienne des postes, qui seront les prochains à subir les décisions démesurées du gouvernement. Personne n'est intéressé à subir une réduction salariale et à retarder de cinq années la date butoir de leur retraite.
Cette loi spéciale va provoquer chez tous les travailleurs canadiens des inquiétudes et des incertitudes, puisqu'ils vont toujours se demander si ce ne seront pas eux les prochaines boucs émissaires du gouvernement conservateur. Cette loi spéciale va provoquer une division entre deux générations de travailleurs. Cette loi spéciale va provoquer des inégalités salariales et sociales. Cette loi spéciale va affaiblir les relations de travail, sans parler du climat néfaste que les travailleurs devront subir.
Le message que le gouvernement lance aux travailleurs est clair. Il ne se gênera pas pour se ranger du côté des employeurs, et cela, même si les travailleurs ont beaucoup à perdre. Peu importe la situation, les employeurs seront valorisés au détriment des travailleurs. Ce message dit aux travailleurs qu'ils n'ont aucune chance de négocier de façon juste et équitable, parce que s'ils insistent et persistent trop fortement à faire respecter leurs droits et leur convention collective, le gouvernement ne les soutiendra pas. Au contraire, ce dernier va s'en mêler et forcer les travailleurs à un retour au travail par une loi spéciale. En quelle année sommes-nous? Ces travailleurs ont payé des cotisations syndicales pendant plusieurs années. Le syndicat fait de son mieux pour les défendre, mais les travailleurs ne s'attendaient pas à ce que le gouvernement essaie, par une loi spéciale, d'empêcher le syndicat de faire correctement son travail en ne respectant pas leur droit de négocier librement leurs conditions de travail.
Je crains que cette approche ne cherche à creuser un fossé entre les travailleurs de générations différentes et, d'autre part, entre la partie patronale et les employés.
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Monsieur le Président, avant de commencer mon allocution, je vais revenir sur le commentaire du député qui vient de dire que, dans sa circonscription, une personne sur trois compte sur le soutien de Centraide. Cela m’a tout l’air d’une communauté prospère où beaucoup de gens demeurent dans le besoin. Si nous ne défendons pas maintenant les droits des travailleurs, ce sera alors deux personnes sur trois, puis trois personnes sur trois qui seront dans le besoin. C’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui, et c’est pourquoi personne ne rentrera à la maison avant qu’une entente juste et équitable n’ait été conclue.
Il faut toujours se rappeler que dans toute négociation entre des employés et leur employeur, comme dans le cas du présent litige où l’employeur a mis ses travailleurs en lock-out, il s’agit de la vie réelle de Canadiens, de leur qualité de vie et des conditions de vie de leur famille.
Ma circonscription compte l’un des plus importants centres de tri du courrier du Canada; bon nombre des travailleurs de ce centre et d’autres centres situés ailleurs dans l’est du Grand Toronto m’ont fait part de leurs commentaires. Tous ne m’ont parlé que d’une chose : l’équité.
J’ai beaucoup de respect pour les hommes et les femmes qui, partout au Canada, sont chargés de livrer notre courrier. Ces mêmes personnes qui, pendant le conflit de travail, se sont engagées à livrer les chèques d’assistance sociale et de sécurité de vieillesse, sont celles qui ont offert de mettre fin à la grève si Postes Canada accepte simplement de maintenir en vigueur l’ancienne convention pendant les négociations. Voilà une offre très raisonnable. Toutefois, Postes Canada l’a refusée.
Ce sont là les personnes qui forment la main-d’œuvre de Postes Canada : des travailleurs qui réclament plus d’équité afin de pouvoir subvenir aux besoins de leur famille, régler leurs factures, travailler dans un environnement sécuritaire et prendre leur retraite dans la dignité. C’est un droit qui devrait exister pour tous les Canadiens, de véritables Canadiens qui accomplissent un véritable travail pour tous leurs concitoyens.
L’une de mes électrices, qui est une employée des postes, a résumé l’attitude des travailleurs soumis au lock-out de Postes Canada et maintenant forcés de retourner au travail à cause de cette mesure législative. Elle m’a écrit ceci: « Rappelez-vous, nous voulons travailler, nous voulons livrer le courrier, nous adorons notre travail et nous en sommes fiers ». Dans le présent débat, il ne s’agit pas seulement du courrier. Il s’agit des droits des travailleurs à l’équité et à la négociation collective; pendant de nombreuses années, les Canadiens se sont longuement battus pour l’équité en milieu de travail.
Dans ma propre famille, nous avons une longue tradition de lutte pour les droits des travailleurs remontant à mon arrière-grand-père qui a fait les deux guerres mondiales et qui exerçait le métier de plâtrier. Il avait compris qu’il fallait se battre pour améliorer les conditions de travail. Cette lutte a été poursuivie par ma grand-mère et mon grand-père qui se sont rencontrés et sont tombés amoureux lorsqu’ils travaillaient ensemble pour améliorer les conditions dans leur milieu de travail. Mon père était enseignant et un membre actif de l’Elementary Teachers of Toronto. Je suis fier de marcher sur leurs traces.
Il est très facile de comprendre la nécessité de conditions équitables lorsqu’on parle aux travailleurs en première ligne. Michael Duquette, président de la section locale 602 du STTP, qui représente plus de 2 000 travailleurs de Scarborough et de l’est du Grand Toronto, a consacré beaucoup de temps à m’informer des préoccupations de ses membres.
Un autre membre du conseil exécutif de la section locale 602 m’a envoyé un courriel décrivant en détail certains des mauvais tours que Postes Canada a joués à ses employés depuis que le syndicat a donné son avis de grève de 72 heures, le 31 mai. Je voudrais vous en relater quelques-uns.
Un employé, un messager du service motorisé, était en congé de travail pour une blessure au dos. Dès que l’avis de 72 heures a été donné, Postes Canada a mis fin à ses prestations de santé et à ses congés de maladie. On a découvert qu’il avait une tumeur cancéreuse. Il se retrouve maintenant sans congé de maladie, sans prestations, sans revenu et il doit demander l’assurance-emploi.
Un employé atteint d’un cancer terminal qui subit des traitements de chimiothérapie a été sidéré de voir ses prestations prendre fin le 31 mai. Il doit maintenant payer son traitement de sa poche. Cela viole la convention collective et c’est inhumain. Bien sûr, il peut se prévaloir de la procédure de grief, mais quelle personne qui meurt d’une maladie terminale va suspendre son traitement en attendant le résultat d’une procédure de grief?
Un autre messager du service motorisé qui était en congé autorisé par la CSPAAT lorsque l’avis de 72 heures a été donné a reçu un bordereau de paye indiquant qu’il avait reçu la totalité de sa paye. Toutefois, lorsqu’il est allé payer certaines factures, il n’a pas pu le faire parce que son compte était à découvert. Il a alors constaté que Postes Canada ne lui avait versé que le tiers de sa paye totale même si son bordereau de chèque disait qu’il avait été payé en totalité. Je me demande quel genre de jeu on joue.
Pensez aux gens qui sont en congé suite à un accident du travail ou en congé de maladie parce qu’ils souffrent du cancer ou de leucémie et qui s’aperçoivent qu’on les a privés non seulement de prestations, mais aussi d’argent même si le bordereau de paye qu’ils ont reçu par la poste indique qu’ils ont touché la totalité de leur paye. Le secteur fédéral détient le triste record des accidents du travail, immédiatement après les débardeurs. La Société veut maintenant que les membres du STTP renoncent à une assurance complétant celle de la CSPAAT. Elle veut que ses membres acceptent une assurance-invalidité à court terme et insuffisante. C’est tout à fait déraisonnable.
Postes Canada essaie aussi de s’attribuer le mérite d’avoir mis en place, le 20 juin, le programme de livraison des chèques du gouvernement dont j’ai parlé tout à l’heure. C’est une chose sur laquelle le syndicat a dû insister pour que la Société soit d’accord et voilà qu’elle s’en attribue le mérite.
La membre du STTP dont j’ai parlé voulait que je sache que l’attitude du public a été très positive. Elle écrit: « Pendant que nous faisions du piquetage à l’extérieur de notre établissement, des citoyens et des commerçants nous ont donné de la nourriture, des hamburgers, des hot-dogs, des caisses d’eau et de boissons gazeuses, d’énormes caisses de bois de chauffage. Même Tim Hortons est venu remettre à chacun des cartes Tim Hortons d’une valeur de 2 $. Des gens sont passés en automobile et ont klaxonné à toutes les heures du jour et de la nuit pour nous manifester leur soutien. À Pickering, il y a eu aussi beaucoup de gens qui ont apporté des crèmes glacées lorsqu’il faisait chaud. Même McDonald's est venu apporter des caisses d’eau et de glace ».
Apparemment, ils perdent des appuis de tous côtés et ils devraient en être conscients.
Des gens jeunes et vieux ont offert leur soutien aux membres du STTP. Ils comprennent que ce n’est pas seulement une attaque contre les travailleurs de Postes Canada, mais contre tous les Canadiens et les droits qui sont les leurs en tant que citoyens. Les gens sont sidérés que Postes Canada impose le lock-out à ses employés et collabore ensuite avec le gouvernement à une loi forçant les employés à reprendre le travail à des conditions pires que celles que la Société était prête à offrir à la table de négociation. Également, la Société les empêche de retourner au travail en ne levant pas le lock-out.
Ce sont des histoires vraies racontées par les intéressés. Ce sont les gens touchés par cette loi draconienne imposant la reprise du travail que le gouvernement conservateur essaie de nous faire adopter et que nous sommes tous fiers de rejeter de ce côté-ci de la Chambre.
J’ai bien peur que le gouvernement soit trop loin des citoyens. Je crains qu’il ne comprenne pas les effets que sa loi aura sur les travailleurs. J’ai bien peur également, comme d’autres ici, que ce ne soit qu’un début, que le gouvernement nous présente d’autres lois qui feront du tort aux familles de travailleurs du pays, des familles qui auront plus de difficulté à joindre les deux bouts et à vivre dans la dignité et la sécurité qu’elles méritent et pour lesquelles elles ont travaillé.
N’oublions pas que c’est la direction de Postes Canada qui a décidé d’imposer le lock-out aux travailleurs et de fermer le service postal.
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Monsieur le Président, en mon nom personnel et en tant que porte-parole en matière de francophonie, permettez-moi tout d'abord de souhaiter une excellente fête nationale à l'ensemble des Québécois et des Québécoises. La fête nationale a pris cette appellation depuis quelques années pour se faire plus inclusive de l'ensemble des minorités que comporte le Québec. Mon âge me trahit ici: j'ai parfois une petite nostalgie pour cette fête que l'on appelait la Saint-Jean-Baptiste. Mon coeur a une sympathie très nette et sentie aujourd'hui pour tous les francophones de ce grand pays qui célèbrent la Saint-Jean-Baptiste. Bonne fête à eux et à elles également
Ce n'est un secret pour personne, avant le 2 mai dernier, ma vie était tout autre. En effet, j'occupais deux fonctions: j'étais enseignant dans une école secondaire de Trois-Rivières et j'étais officier syndical représentant les enseignants de cette même institution. J'ai donc une certaine expérience de la négociation collective. J'ai négocié au moins quatre conventions collectives d'une durée de cinq ans chacune. On les avait appelées « la paix institutionnelle ». Dans chacune de ces négociations, malgré les confrontations et les opinions divergentes, on est toujours arrivé à trouver une situation où chacune des parties était gagnante et pouvait sortir la tête haute, n'ayant peut-être pas obtenu tout ce qu'elle cherchait mais ayant obtenu une amélioration de sa situation.
Le 2 mai dernier, une majorité d'électeurs de ma circonscription m'a fait le bonheur de m'élire à la Chambre. Je venais ici, idéaliste peut-être, contribuer à la création et à la rédaction de lois qui doivent assurer le mieux-être de tous. Je tenterai, dans les quelques minutes qui me sont accordées, de démontrer en quoi le projet de loi qui nous est présenté contient des lacunes importantes le rendant inacceptable. Depuis hier, à la Chambre, il y a un très large consensus, voire l'unanimité, sur l'importance du retour au travail des postiers. Le Parti conservateur, le NPD, le troisième parti de la Chambre ainsi que les postiers souhaitent leur retour au travail. Bref, tout le monde souhaite leur retour au travail. Pourquoi cela ne se fait-il pas? Probablement parce que ce conflit très précis comporte beaucoup plus d'enjeux que le conflit des postes.
La Société canadienne des postes est une très grande société. Hier, j'ai écouté avec beaucoup d'intérêt la nous décrire avec à-propos cette société. Il m'est apparu clairement à ce moment-là que ce dont nous discutons depuis des heures maintenant fait office de symbole. En effet, que ce soit pour une autre société de la Couronne, une société privée, une grande, une petite ou une moyenne entreprise ou n'importe quel genre d'entreprises de ce pays, ce qui se passe présentement fait office de symbole. On est en train d'établir ou de marquer les règles des prochaines négociations.
J'ai remis, l'instant de la préparation de ces quelques notes, mon chapeau d'enseignant d'histoire pour voir où étaient nés les méchants syndicats. Évidemment, je dis « méchants » avec dérision puisque voilà un titre dont on m'a affublé pendant des années. J'imagine qu'on le fera encore pendant les prochaines minutes, en plus de me traiter de socialiste. Je peux aisément accepter cela.
Au début de la révolution industrielle, à une époque où les propriétaires de capitaux mettaient en place des entreprises, les travailleurs ne recevaient pas l'écoute des propriétaires, travaillaient dans des conditions de misère, vivaient dans des conditions déplorables et n'avaient pas du tout accès au partage de la richesse. Dans chacune des démarches qu'ils entreprenaient, un à un, pour rencontrer le patron, ils se butaient évidemment à une porte fermée et à un manque d'écoute total. La solution est donc venue d'elle-même. Le seul moyen d'obtenir un rapport de force était de se lier et de créer les syndicats. Quelles ont été les réactions du patronat à cette époque, soit la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle? La première tentative fut de faire voter des lois pour empêcher la syndicalisation.
Dieu merci, sur ce point, ils n'ont pas gagné, et la syndicalisation a pu poursuivre sa route. Il y a une deuxième tentative: tenter de faire des lois pour empêcher le droit de grève. Il me semble que 200 ans plus tard, on n'est pas très loin de cela dans le conflit qui nous oppose, puisque la grève dont il était question aux postes était une grève bien modeste. C'étaient des mouvements de grève tournante, qui avaient pour effet de cesser la distribution du courrier une journée dans une région du pays, à tour de rôle, de façon à ce que l'ensemble de l'économie puisse continuer à tourner, que l'ensemble des entreprises puissent continuer d'avoir le service, mais qu'en même temps, les employés puissent démontrer à la population les conditions de travail qui étaient les leurs et faire valoir leurs revendications.
Heureusement, depuis la révolution industrielle, les syndicats ont fait beaucoup de chemin, ce qui nous a amené des conditions de travail nettement plus intéressantes: une semaine de travail raisonnable — je ferai exception de celle qu'on est en train de vivre —, des conditions de vie nettement améliorées et des salaires décents. Et particulièrement sur ces salaires, il y a dans le projet de loi une mesure discriminatoire absolument abominable en ce fait que les jeunes travailleurs ne pourraient pas profiter des mêmes offres de travail que les employés plus anciens. Il est curieux qu'à la Chambre des communes, on propose une loi contenant cela alors que nous, ici, nous n'accepterions pas cela.
Mon collègue de , qui est absent présentement, mais qui est le plus jeune député de cette Chambre, comme mon voisin de circonscription de , qui est le doyen de cette Chambre, ou moi qui suis quelque part au milieu, nous recevons tous le même traitement, parce que dans cette Chambre, on a compris que, peu importe l'âge et l'expérience, les idées, les valeurs et le travail de chacun des députés pour ses électeurs étaient équivalents et méritaient un salaire égal. Il me semble que cela ne tombe pas sous le sens qu'on ne puisse offrir à d'autres ce que nous nous offrons à nous-mêmes. Pourtant, c'est présent dans le projet de loi .
Qui gagne à avoir une négociation juste et équitable et une solution gagnant-gagnant? Eh bien, tout le monde peut gagner. Les employés de Postes Canada, bien sûr; les patrons de Postes Canada aussi, qui dans une entente négociée gagneraient à avoir un climat de travail sain pour de nombreuses années, gagneraient à avoir des modes de gestion objective basés sur une convention qui est mutuellement agréée; et l'ensemble des employés des autres entreprises de ce pays gagneraient aussi à avoir le modèle.
Il ne faut pas oublier aussi toute la catégorie des emplois précaires et des travailleurs autonomes, qui sont de plus en plus nombreux compte tenu des progrès technologiques dans notre société, et qui, eux seuls, peuvent difficilement revendiquer leurs droits, mais qui obtiennent les contrecoups ou les bons côtés d'une négociation collective faite par de grands syndicats.
La cerise sur le sundae: dans les normes du travail, le syndicat a bien sûr un droit de grève et le patron a un droit de lock-out. En principe, ce sont les deux moyens ultimes de la négociation. Or cette négociation dure depuis huit mois. Nous, ça fait deux jours qu'on se fait dire que c'est abominable une négociation qui dure huit mois. Des pourparlers et une négociation, ce sont deux choses bien distinctes. Dans les premiers mois d'une négociation, il ne faut pas en avoir fait beaucoup pour savoir qu'on prend le temps de se connaître, de s'apprivoiser, de mettre sur la table nos différentes demandes. Huit mois, c'est très court dans le règlement d'une convention collective.
Dans la progression des moyens de pression, le plus gros moyen de pression que le syndicat ait employé, c'est un mouvement de grève rotative. Et la réponse: une massue, des cadenas sur la porte, et non seulement des cadenas sur la porte, mais une suspension de la convention collective qui suspend aussi le droit des travailleurs, les avantages marginaux des travailleurs. Et on voudrait me faire croire que c'est une réplique équitable!
Malheureusement, je m'arrêterai ici parce que le temps file à une vitesse folle, mais c'est avec plaisir que je répondrai aux commentaires et aux questions des honorables députés.
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Monsieur le Président, j'aimerais tout d'abord profiter de mon temps de parole pour souhaiter une excellente fête nationale aux résidants de la circonscription électorale de , à tous les Québécois et à tous les Canadiens français au pays.
Partout dans mon comté aujourd'hui, des milliers de personnes célèbrent leurs valeurs communes et leur fierté de vivre dans la Belle province, et j'espère que cette journée a été à la hauteur de leurs attentes.
De mon côté, je ne peux pas en dire autant. Au lieu de partager avec eux ces festivités, au lieu de profiter de ces rassemblements pour rencontrer davantage de citoyens de ma communauté, je dois écouter un gouvernement s'attaquer aux droits des employés de Postes Canada, encore et encore, et justifier leurs mesures anti travailleurs par des arguments plus que douteux.
Comme beaucoup de mes collègues, au cours des derniers jours, je n'ai pas arrêté de recevoir des appels et des courriels de citoyens inquiets, de gens qui se demandent dans quoi ce gouvernement cherche à nous embarquer?
Dans ce conflit, je suis en train de voir d'un côté des gens qui se battent pour une meilleure sécurité de travail, et de l'autre, un gouvernement aux politiques irresponsables, qui cherche à imposer un contrat injuste et qui fait tout son possible pour baisser le salaire des travailleurs.
L'année dernière, en 2009, Postes Canada a enregistré des profits de l'ordre de 281 millions de dollars. Son président-directeur général gagne près d'un demi million de dollars par année avec un bonus de 33 p. 100. Et on demande quoi? On demande aux travailleurs de faire des sacrifices avec tous les impacts que cela peut avoir sur leur famille.
Il faut que ce gouvernement comprenne qu'il n'avait pas à se substituer à la direction de Postes Canada. Il n'avait même pas à s'ingérer dans cette affaire puisque les travailleurs ont le droit de négocier avec leur employeur et sont capables d'arriver à des solutions.
Après des décennies de lutte pour un milieu de travail juste et équitable, je me demande si ce gouvernement a voulu s'ingérer dans ce conflit uniquement dans le but de créer un précédent et de nous faire revenir en arrière.
Nous sommes chanceux d'avoir l'un des meilleurs services postaux au monde. Les employés de Postes Canada ne demandent pas mieux que de retourner au travail. Ces employés ont toujours été là pour la population, partout au pays, d'un océan à l'autre, été comme hiver. Et aujourd'hui, c'est à nous d'être là pour eux. C'est un devoir.
Nous voulons travailler avec le gouvernement pour arriver à des solutions, mais nous ne pouvons pas embarquer dans son jeu. Les travailleurs méritent du respect et ont le droit de négocier avec leur employeur d'égal à égal.
Si je suis debout ici, aujourd'hui, c'est que ces milliers d'hommes et de femmes qui bravent chaque jour les intempéries méritent mieux que ce projet de loi spéciale. Ils méritent mieux qu'un régime de pension affaibli, qui, du jour au lendemain, les forcera à effacer sur leur calendrier la date à laquelle ils devaient prendre leur retraite, une date à laquelle ils rêvent depuis des années. Après des décennies de bons et loyaux services, ce sont des milliers de Canadiens qui doivent changer de façon draconienne leurs plans.
Les promesses faites année après année par le côté patronal? Les engagements pris convention collective après convention collective? Fffft! Partis en fumée. C'est injuste de changer les règles du jeu d'une telle façon.
Les travailleurs et les travailleuses de Postes Canada méritent mieux qu'un gouvernement qui n'hésite pas à les diviser selon leur âge. Les mêmes règles doivent s'appliquer à tous, répètent parfois les députés de ce gouvernement sur d'autres dossiers. Or, cette fois, c'est l'inverse qu'ils préconisent: un régime à deux vitesses, clairement assumé, qui dit aux travailleurs de ma génération que leur contribution n'est pas à la hauteur et qu'elle ne sera jamais reconnue à sa juste valeur.
En imposant aux nouveaux employés des conditions de travail de loin inférieures, ce gouvernement s'assure de creuser un imposant fossé entre les générations. Il crée des divisions importantes entre jeunes et moins jeunes, assurant un climat de travail qui sera assombri quand les lettres recommenceront à être livrées aux quatre coins du pays.
Et surtout, surtout, ces travailleurs méritent mieux qu'un gouvernement qui est prêt à les traiter comme ils sont traités depuis quelques jours, soit comme des citoyens de deuxième ordre. C'est ce qui me frappe le plus depuis le début de ce débat, soit le mépris que certains députés de l'autre côté de la Chambre n'hésitent pas à afficher envers des milliers de Canadiens qui se consacrent à leur communauté depuis des années.
Le gouvernement n'a pas hésité à les peindre comme des gens qui refusent de travailler quand, au contraire, c'est la partie patronale qui a mis un cadenas sur la porte, arrêtant d'un coup sec tout le service postal au pays.
Le gouvernement n'a pas hésité à tenter de dresser la population canadienne contre les postiers, les présentant comme les fossoyeurs de l'économie canadienne, une caste privilégiée s'abreuvant à même le prix des timbres, quand, au contraire, ils sont des membres productifs de l'économie canadienne, qui rapportent des bénéfices substantiels au gouvernement.
Ces citoyens qui voulaient continuer à travailler, ce sont des membres impliqués dans leurs communautés qui servent fièrement leurs concitoyens et concitoyennes, beau temps, mauvais temps.
Le gouvernement n'a pas hésité à tourner le fer dans la plaie dans son projet de loi spécial en imposant un salaire inférieur à celui de la dernière offre patronale. C'est le monde à l'envers: les travailleurs ont maintenu le système postal malgré leur frustration face à la lenteur des négociations, se contentant de grèves tournantes dont les répercussions sur la population étaient minimes. L'employeur, lui, déclenche un lock-out, privant des millions de Canadiens de leurs services postaux et, comme mes collègues de l'autre côté de la Chambre adorent le rappeler, cela nuit considérablement à l'économie canadienne.
Devant cette situation, que fait le gouvernement? Il punit les travailleurs et récompense l'administration de Postes Canada en diminuant l'offre qui était sur la table.
Si ce gouvernement était sérieux au sujet des conséquences économiques négatives du lock-out actuel, il n'agirait pas ainsi. Il mettrait fin au lock-out au lieu de punir des travailleurs qui ont agi de bonne foi tout au long de ce dossier.
Actuellement, tout le monde veut que ce conflit se règle. Les employés n'attendent que cela, que le lock-out se termine, pour retourner travailler et continuer de servir la population.
Or ce projet de loi n'est pas pour un retour du système postal ou pour protéger la reprise économique, ou pour toute autre raison que le gouvernement invoque. Non, le projet de loi vise à brimer certains des droits les plus fondamentaux des travailleurs canadiens. Ce projet de loi vise à envoyer un message aux travailleurs partout au Canada: on leur dit de se tenir tranquilles, car ce gouvernement n'hésitera pas à intervenir s'ils veulent revendiquer leurs droits.
Aujourd'hui, je veux rappeler à ce gouvernement qu'il doit être là pour soutenir les familles et les aider à payer leurs factures. Ce n'est pas une faveur, c'est son travail. C'est un devoir. C'est malheureux, mais le gouvernement semble vraiment l'oublier.
Aujourd'hui, il s'attaque aux travailleurs de Postes Canada. Qui seront les prochains? Qui seront les prochaines victimes à voir leurs droits bafoués de la sorte?
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Monsieur le Président, c'est une triste Saint-Jean-Baptiste de toute évidence pour nous, et je trouve assez pathétique que le gouvernement n'ait pas su entendre nos requêtes à ce sujet.
Il y a quelques secondes, j'ai entendu notre collègue d'en face demander pourquoi. La raison pour laquelle nous faisons ce marathon, c'est entre autres pour que tout le monde comprenne bien la nature de ce gouvernement. Les gens vont en entendre parler aux nouvelles, 20, 30, 40 fois, puis ils vont finir par comprendre que le gouvernement a un objectif caché afin de privatiser le système des postes — un objectif caché car il nous fait accroire que c'est pour des raisons d'efficacité pour les travailleurs et le citoyen normal. Or, en réalité, son seul intérêt, c'est tout simplement de présenter un Canada qui sera plus invitant pour ses bons amis, les grandes compagnies auxquelles il offre tant de crédits fiscaux en tous genres.
Le projet de loi est une infamie. Ce n'est pas compliqué, c'est un abus de pouvoir clair et net. C'est maintenant qu'on voit le vrai visage de ce . J'invite tous les Canadiens et les Québécois à serrer les coudes, plutôt qu'à serrer les fesses, parce que tous peuvent se demander qui seront les prochains. Quels travailleurs vont se faire bâillonner par le gouvernement?
Les conservateurs n'auraient pas présenté ce projet de loi à la veille des élections, parce que c'est très clair que la grande majorité des Canadiens, eux, respectent les droits des travailleurs. Un tel projet de loi ne passerait pas à la veille dune élection, mais au début d'un mandat, on se le permet. Les conservateurs se permettent ce genre d'abus. Plutôt que d'agir en rassembleur, le gouvernement se place en adversaire des travailleurs. Je me souviens des paroles du le soir de son élection, alors qu'il disait vouloir se montrer le premier ministre de tous les Canadiens. Je me souviens d'avoir entendu cela.
[Traduction]
Un gouvernement majoritaire stable et fort, s'il vous plaît.
[Français]
Le gouvernement agit ici comme une bombe dans le climat social. Est-ce que le gouvernement a un objectif caché pour solder toutes nos ressources et sa main-d'oeuvre? Avons-nous devant nous un gouvernement qui s'oppose aux services postaux publics pour des raisons purement idéologiques?
Le gouvernement vise à démanteler Postes Canada, et c'est bien évident. Il préférerait privatiser les services postaux. C'est une décision qui aurait des conséquences désastreuses pour les Canadiens. Il n'existe aucune solution de remplacement privée qui pourrait remplir le mandat de Postes Canada. Au contraire, on aurait droit à un moins bon service et on paierait plus cher.
Avec une société de la Couronne qui fait plus de 280 millions de dollars de profits, comment peut-on parler de soucis de profitabilités avec des coûts qui seraient trop élevés pour les Canadiens? Les postes sont un service efficace et abordable, et je pense même que tous les Canadiens sont attachés à ce service.
S'il est vrai que de plus en plus de Canadiens utilisent le courriel, la poste demeure un service essentiel et cher aux Canadiens. Mais non, on crie à la panique! C'est drôle, moi, j'utilise le courriel comme un vrai fou, mais ma boîte à lettres est souvent tout à fait pleine. Je reçois facilement une bonne vingtaine d'affaires par semaine, ce qui veut dire une moyenne d'à peu près quatre envois quotidiens par la poste, si on parle de cinq jours ouvrables. On ne peut pas dire que c'est un service moribond.
Les travailleurs des postes sont conscients des enjeux futurs. Ils l'ont maintes fois démontré. Les grèves tournantes se faisaient en tout respect des citoyens. Les chèques de pension étaient livrés.
Le 3 juin, les travailleurs des postes ont commencé une grève tournante. Ils se battent pour une meilleure sécurité au travail et pour un salaire équitable. Ils refusent d'être les victimes de tactiques de récupération injustes de leur argent. Ils refusent que les droits de 48 000 travailleurs soient bafoués et que leur famille ait à en subir les conséquences. Postes Canada appartient à nous tous, à tous les Canadiens.
Nous avons la chance de compter sur l'un des meilleurs services postaux au monde. Les aînés doivent recevoir leurs chèques de pension, les petites entreprises doivent envoyer leurs factures.
Le gouvernement doit enlever justement ces maudits cadenas. Notre devoir est de défendre les gens qui font fonctionner ce service essentiel. C'est pour cela que nous sommes ici. Quand j'entends les conservateurs nous parler des entreprises qui souffrent de ce bris de service, je leur rappellerai que les PME sont aussi des citoyens et qu'elles aussi ont des consciences collectives et citoyennes, et qu'elles sont capables parfois de patienter. Je serais curieux qu'on les sonde.
C'est vrai, de toute façon, il faut y penser, les entreprises auxquelles pensent les conservateurs sont plutôt de grosses entreprises qui n'ont pas de conscience citoyenne, comme les pétrolières et les grandes banques. Par son attitude, le gouvernement essaie d'installer un climat qui plaira aux lobbys de la big business. On le sait tous. On va arrêter de se raconter des histoires. C'est très clair depuis le début. C'est l'origine de mon intérêt pour la politique, il y a trois ans. Quand j'ai pris ma carte de membre du NPD, je me suis dit que cela ne se pouvait pas, qu'il fallait bloquer cela. C'est un gouvernement qui est à la solde de la grande entreprise, qui est loin du monde normal. C'est pour cela que nous sommes ici.
J'aimerais rappeler que le P. D. G. de Postes Canada a gagné 497 000 $ l'an dernier et, qu'en plus, on lui prévoit une prime de rendement de 33 p. 100. C'est tout de même « costaud ».
Comment peut-on demander aux gens de faire des sacrifices quand on octroie des salaires pareils? C'est hallucinant. Le mot est juste. On utilise souvent le mot « hallucinant ». On dit, à propos de tout et de rien, que c'est hallucinant. Cela, c'est hallucinant, ce n'est pas possible. On nous demande cela sérieusement, pas de blague!
Les employés des postes ne conduisent pas des voitures de luxe et ne vivent pas dans des manoirs. Ce sont des personnes normales qui avaient de bonnes conditions de travail parce qu'elles étaient bien réunies, bien représentées. Aujourd'hui, on veut les casser. Voilà ce qu'on veut faire.
Bien évidemment, le gouvernement ne voit aucun inconvénient à ceci, même qu'il veut donner encore plus d'argent aux dirigeants de ces personnes, lesquels vont demander un peu d'assistance par la voie d'un projet de loi spécial.
Les conservateurs ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. En fait, non, ils ne voient pas plus loin que leur portefeuille. La courte vue, c'est leur spécialité. Par exemple, j'ai entendu hier soir, vers 22 h 20, quelqu'un qui blâmait le NPD de favoriser la création d'une bourse du carbone parce que cela allait augmenter le prix de l'essence. Cela, c'est danser sur le pont du Titanic. C'est de prétendre qu'il n'y en a pas, de problèmes, qu'il n'y en a pas, de pollution. C'est de la courte vue depuis le début. Actuellement, de vouloir privatiser le système des postes, c'est de la courte vue. On prétend qu'on va épargner de l'argent. Voyons donc! Qu'ils avouent donc qu'ils vont aller jouer au golf avec leurs copains.
Sous-évaluer l'importance et la portée des mesures contre les travailleurs des postes, c'est installer un climat dans lequel tous les travailleurs vont sentir leurs droits menacés; un Canada où la serveuse du Tim Hortons va hésiter à se plaindre de ses conditions de travail un de ces soirs. Oui, elle est moins protégée que les postiers et les gens qui travaillent au service des postes. Cependant, parce qu'on essaie de casser les postiers et les travailleurs des postes, cette serveuse va se sentir menacée, elle va vendre ses beignes et elle ne demandera pas d'augmentation, je peux le garantir.
C'est aussi le cas d'un caissier dans une station-service quand on va faire le plein à 3 heures du matin en bordure de la 417. Pense-t-on qu'il est protégé? Comment pense-t-on qu'il se sent si on fait cela aux postiers au service des postes? On ne parlera pas de Raoul qui travaille au 18e étage d'un édifice à côté et qui fait du ménage avec un aspirateur, ses écouteurs sur les oreilles. Lui aussi, il doit se dire que si on fait cela aux postiers et aux gens des postes, ce sera beau et super pour lui tout à l'heure.
Ces travailleurs ne sont pas syndiqués. Ils sont déjà coincés. Qu'on imagine un peu la perte graduelle d'espoir pour ces citoyens du Canada, qui sont souvent de nouveaux citoyens du Canada. Si au moins on disait à tous qu'il faut se serrer les coudes dans un contexte économique difficile. Mais non, on va acheter des F-35, car c'est cool. C'est vrai: j'imagine que d'aller souper avec les dirigeants des grandes compagnies d'aéronautique et d'équipement militaire doit être pas mal plus excitant que de manger des Timbits avec Huguette ou un sandwich avec Raoul.
J'entends nos voisins d'en face parler des citoyens qui sont pris en otage et qui souffrent des problèmes liés à la poste. Toutefois, soyons clairs: ce n'est pas une grève, c'est un lock-out. On va le répéter. C'est un match de ping-pong: une grève, un lock-out, une grève, un lock-out. On sait tous que la vérité, c'est que c'étaient des grèves tournantes, que messieurs se sont impatientés et ont dit non, et qu'ils allaient faire une loi spéciale, merci, bonsoir.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour exprimer ma solidarité avec les milliers de travailleurs des postes qui ont été mis en lock-out par Postes Canada. Dans ma circonscription, il y a trois dépôts postaux, un à New Westminster, un à Coquitlam et un autre à Port Moody. Je tiens à remercier tous les travailleurs de ces dépôts. Je me suis entretenu avec un grand nombre d'entre eux et je sais qu'ils s'acquittent bien de leurs tâches. Je sais qu'ils travaillent fort et je sais à quel point ils sont touchés par ce conflit et ce que celui-ci signifie pour eux.
Si le projet de loi qu'a présenté le gouvernement est adopté, ces travailleurs seront forcés de retourner au travail. Cette mesure législative proposée par le gouvernement conservateur tourne en dérision le processus équitable de négociation collective que nous devons aux durs combats menés par des milliers de Canadiens et de Canadiennes.
J'ai souvent eu le privilège de prendre la parole à la Chambre sur des enjeux cruciaux concernant notre pays, mais seulement quelques-uns m'ont motivé davantage que la protection des pensions. J'estime que tout le monde a le droit de prendre sa retraite dans la dignité. En tant que société, c'est ce que nous croyons, et nous avons travaillé fort pour obtenir une législation visant les régimes de pension publics.
Les familles de travailleurs ne demandent pas la charité. Les travailleurs ont négocié leur régime de pension en toute bonne foi avec leur employeur et ils versent une partie de leur salaire dans ce régime pour s'assurer une certaine sécurité à la retraite. Le projet de loi vient leur retirer le fruit de leur travail.
Nous sommes censés favoriser une hausse, non pas une baisse, de l'emploi et du niveau de vie. Nous devrions miser sur des emplois qui permettent de faire vivre une famille, et non encourager un nivellement vers le bas. Nous devrions bâtir un monde meilleur pour les parents et leurs enfants, et non leur couper l'herbe sous le pied. Il ne fait aucun doute que ce projet de loi constitue le premier d'une longue série de coups qui seront portés aux régimes de pension publics du pays.
Toutefois, ne me croyez pas sur parole. Mon bureau a reçu des commentaires de la part de nombreux citoyens dans ma circonscription qui seront touchés par cette mesure législative. Voici ce qu'ils ont dit.
Kerisma, une factrice à temps plein de Coquitlam, a fait remarquer que, depuis l'expiration du dernier contrat de travail, ses collègues et elle ont aidé Postes Canada à atteindre et à dépasser les objectifs visés en matière de rendement et de revenus. Elle estime que Postes Canada n'a pas négocié en toute bonne foi et que cette mesure législative récompense la société, qui a pourtant refusé d'examiner les questions liées à la santé et à la sécurité, qui a refusé de négocier et qui a mis ses travailleurs en lock-out, occasionnant ainsi un arrêt inutile du service postal.
Kerry travaille pour Postes Canada depuis 17 ans. Il affirme que son fonds de pension constitue son seul espoir de vivre au-dessus du seuil de la pauvreté à la retraite. Il dit: « On a fait d'importantes compressions à chaque convention depuis mon arrivée. Si la direction continue d'agir ainsi, nous aurons les pires conditions de la fonction publique. Tout ce que nous demandons, c'est d'être traités équitablement. »
Une autre employée des postes dans ma circonscription a exprimé sa frustration à l'égard du système de rémunération. Le système ne tient pas compte des colis des itinéraires motorisés ni du courrier retenu, ce qui fait en sorte que les travailleurs des postes ont plus de courrier à livrer et doivent travailler pendant leur dîner s'ils veulent terminer leur itinéraire à temps et ainsi éviter les sanctions disciplinaires. Elle veut savoir pourquoi le gouvernement s'attaque aux travailleurs des postes. Les emplois au gouvernement devraient être des emplois respectables dont on peut être fier.
Michelle est factrice depuis 20 ans à New Westminster. Elle adore son travail. Elle est une mère monoparentale de deux enfants et elle a du mal à joindre les deux bouts. Son itinéraire compte 1 233 points d'arrêt. Elle commence tous les matins à 6 h 30 et souvent, elle ne termine pas avant 17 heures, lorsque ses enfants arrivent de l'école. Elle livre aujourd'hui plus de courrier qu'elle en livrait il y a dix ans, et cela n'inclut pas le poids des circulaires. Elle s'inquiète de la prochaine génération de facteurs et se demande si son emploi sera un emploi viable pour les futurs travailleurs des postes. Elle a gentiment invité la à l'accompagner dans son itinéraire, et je serais heureux d'organiser une telle visite.
Shannon, employée des postes depuis neuf ans, s'inquiète de son assurance-maladie et de son régime de pension. Elle dit que son travail est très difficile physiquement. Beaucoup de ses collègues ont dû subir une chirurgie à la suite de blessures liées au travail, comme le syndrome du canal carpien et la dégénérescence du genou et de la hanche.
William, un facteur de New West, travaille pour Postes Canada depuis plusieurs années. Il a une femme et deux enfants à faire vivre. Il aimerait prendre sa retraite, mais craint qu'une convention collective imposée complique les choses.
Mirko travaille pour la société des postes depuis 16 ans. Il a deux enfants et une hypothèque. Il a été témoin de nombreux changements depuis son arrivée. Il dit être rémunéré pour 8 heures de travail alors que son itinéraire en nécessite en moyenne dix. Il y a 3 ans, dix itinéraires et demi ont été éliminés de la région, et tout le monde a vu son itinéraire s'allonger. Le nombre de blessures a augmenté. Il y a 16 ans, il livrait l'équivalent de deux plateaux de 1 000 lettres dans son itinéraire. Aujourd'hui, il en livre en moyenne l'équivalent de trois ou quatre.
Leanne est une employée des postes de Westminster depuis 19 ans. Elle a 39 ans. Elle vient d'être réélue secrétaire-trésorière de la section locale de Royal City pour un troisième mandat. Cela signifie qu'elle travaille dans les bureaux du syndicat au moins 10 jours par mois pour s'occuper des états financiers et exécuter d'autres tâches prévues dans son mandat. Elle estime que la seule et unique raison pour laquelle elle n'a pas encore subi de graves blessures professionnelles, c'est parce qu'elle a un répit, sur le plan physique, lorsqu'elle travaille pour le syndicat.
New Westminster, qui se trouve dans ma circonscription, en Colombie-Britannique, est une ville en croissance rapide. En effet, elle mentionne que, de sa fenêtre, sur la rue Columbia Est, elle peut apercevoir les gratte-ciel en construction sur l'ancien site d'une brasserie au moment même où elle rédige ce courriel à mon intention. Elle dit que, même s'ils livrent du courrier à beaucoup plus de points de remise de la ville et partout ailleurs à l'échelle locale, Postes Canada a restructuré leurs itinéraires et en a diminué le nombre pour chacun des bureaux au cours des dernières années.
En septembre 2009, le dépôt de New West a été restructuré. D'un coup de baguette magique, la direction a fait passer le nombre d'itinéraires de 86 à 75. Dans ce dépôt, on a procédé à la mise à pied de 11 employés à temps plein et d'un facteur suppléant. Tout à coup, des centaines de points de remise ont été ajoutés à chacun des itinéraires. Les travailleurs passaient donc plus d'heures tous les jours dans la rue. Ils devaient transporter des sacs postaux plus lourds tous les jours. Ils travaillaient 10, 12, voire 14 heures par jour. Ils livraient le courrier dans l'obscurité, dans la neige et dans des pentes raides.
Comment Postes Canada a-t-elle réagi? Elle a distribué aux travailleurs des crampons et des lampes frontales.
Au cours de l'hiver, environ le tiers des facteurs se sont blessés au travail; soit ils ont dû s'absenter, soit ils ont été incapables de remplir toutes leurs fonctions. Postes Canada a réagi en forçant ceux qui étaient encore valides à faire des heures supplémentaires sur d'autres itinéraires, après avoir terminé le leur.
Postes Canada a contesté toutes les demandes présentées par des membres à la Commission des accidents du travail de la Colombie-Britannique. Un grand nombre ont été rejetées. De nombreux membres ont donc cessé de signaler les blessures subies; ils ont tout simplement abandonné.
Leanne signale qu'elle souffre de fasciite plantaire et que, tous les matins, elle éprouve des douleurs aux pieds. Elle dit qu'elle peut endurer tout cela, mais que, ce qu'elle ne tolère pas, c'est qu'au cours de la première semaine d'implantation des nouveaux itinéraires, elle n'a pas pu voir son fils de cinq ans.
Elle poursuit en parlant de son fils et des répercussions de la situation sur celui-ci, du fait qu'elle ne peut plus le voir et que, comme elle est tenue de faire des heures supplémentaires, elle doit demander à ses parents et grands-parents de l'aider à élever son fils. Elle parle de maladie et de blessures au travail. Elle dit que Manuvie, le tiers chargé de gérer les cas d'invalidité, conteste chacune des demandes présentées par les travailleurs.
Il importe de savoir ici que les effets que les employés ressentent sur les plans physique et mental, et qui sont attribuables à leur travail, se répercutent également sur leurs familles.
Son est plus grand problème à l'heure actuelle, c'est la loi de retour au travail. Elle est consternée à l'idée qu'elle devra avaler de force ce règlement.
Certains moments sont déterminants pour une génération. Comment pourrons-nous regarder dans les yeux les travailleurs lorsque nous quitterons cette Chambre? Ce projet de loi draconien met en pièces des dizaines d'années de conventions collectives qui ont été adoptées grâce au dur labeur de tant de gens d'un bout à l'autre du pays. Nous avons l'obligation de respecter les accords que nous concluons avec les travailleurs.
Nous devons respecter les accords conclus avec les travailleurs. Nous avons aussi l'obligation de protéger les pensions. C'est la bonne chose à faire. Outre les pensions, nous devons aussi agir pour veiller à ce que tous les travailleurs touchent de bons salaires.
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Monsieur le Président, je vais essayer de profiter des quelques minutes qui me sont accordées pour essayer d'éclaircir les points que certains de mes collègues conservateurs n'ont manifestement toujours pas compris après plusieurs heures de débat.
Nous sommes ici aujourd'hui pour voter sur un projet de loi qui oblige les travailleurs à abandonner leur droit de négociation, qui oblige les travailleurs à retourner à des conditions de sécurité et de santé au travail qui sont dépassées et qui ont besoin d'évoluer, et qui oblige les travailleurs à se taire.
Cette loi de retour au travail marque un recul pour le droit des travailleurs. Nous l'avons dit de nombreuses fois à la Chambre mais, apparemment, cette constatation n'est pas arrivée de l'autre côté de la pièce.
En vertu de cette loi, les travailleurs vont se voir refuser leur droit, acquis depuis des décennies, de négocier leurs conditions de travail. Qu'on note bien le mot « négociation », un mot que le chef du gouvernement aurait sans doute besoin de regarder de plus près.
Il faut discuter et débattre pour parvenir à un accord qui satisfait les deux parties et qui est juste pour les deux parties, parce que même si l'une des deux parties a plus de pouvoir, par exemple si elle est majoritaire dans la négociation, l'esprit de démocratie et de justice devrait lui dicter d'écouter ce que les autres ont à dire pour apprendre de l'expérience qu'ils apportent à chacune de leurs interventions. Mais ce gouvernement, de toute évidence, se moque du mot « négociation ».
Depuis plusieurs mois, les travailleurs des postes ont négocié de meilleures conditions de travail. Ils ont fait des concessions, ils ont accepté d'écouter ce que leur employeur avait à leur dire. Ils étaient prêts à accepter la convention collective qui était déjà appliquée. Ils étaient prêts à faire cela pour faire avancer les choses.
Ils ont démontré plus d'attachement à leur travail et de dévouement envers leurs concitoyens que ce que leur obligation légale leur dictait. Que fait le gouvernement de leurs concessions? Que fait le gouvernement de leur dévouement envers les services publics et les citoyens de ce pays? Il les méprise, il les ignore et il les nie. Pire encore, il fait reculer les acquis des négociations entre Postes Canada et les travailleurs des postes. Il propose un salaire et des conditions de travail moindres. Pourquoi imposer aux travailleurs des conditions de travail moins bonnes que celles acceptées par Postes Canada?
Revenons sur l'argument de Postes Canada pour refuser des demandes faites par le syndicat, la supposée non-viabilité financière de l'entreprise si elle accepte ces revendications.
On peut donc supposer que les dispositions acceptées par le patronat ne mettaient pas en péril les finances canadiennes ou les finances de Postes Canada de près ou de loin vu la définition extensive que prend Postes Canada de sa viabilité financière.
Pourtant, le gouvernement a décidé de revenir sur ces dispositions. Pourquoi? La réponse est simple: pour le profit. Cette loi échange la sécurité, la santé, et la qualité de vie de travailleurs dévoués et de leur famille contre des profits plus élevés que les 281 millions de dollars de bénéfices que Postes Canada avait faits l'an passé. C'est quelques millions de dollars de plus en échange de la dignité de nos travailleurs. Est-ce ce que le appelle l'intérêt supérieur de ce pays?
Peut-être a-t-il oublié que ce pays n'est pas une banque. Ce pays n'est pas davantage une liasse de dollars, mais c'est des gens qui travaillent et qui se dévouent pour ce pays, des gens qui avaient déjà fait des concessions.
Où sont les concessions de ce gouvernement? Où est la dignité de ce gouvernement? Je ne le sais pas, je ne les vois pas dans ce projet de loi. Tout ce que je vois ici, c'est une insulte suprême pour tous les travailleurs de ce pays qui se lèvent chaque matin pour que ce pays fonctionne, pour que le courrier arrive à destination, pour que les malades soient soignés, pour que des biens soient fabriqués, pour que nos enfants apprennent, et pour que notre société et notre économie se portent le mieux possible. La vérité, c'est que les travailleurs dont on parle ont montré plus de respect et de souci envers les Canadiennes et les Canadiens que ce gouvernement.
Mais le mépris est une chose habituelle de l'autre côté de la Chambre. Citons, par exemple, l'outrage au Parlement que nous n'avons pas oublié. Le mépris envers les travailleurs des postes qui ont fait tout leur possible pour sauvegarder le service public même durant leur grève est inacceptable.
Qui sera le prochain? Qui sera le prochain à être humilié et sacrifié au nom du supposé intérêt supérieur de l'économie, intérêt dont, de toute évidence, on n'a pas du tout la même définition?
Qui d'autre devra se taire devant ces supposés intérêts économiques? Ou, devrais-je dire, qui d'autre devra se taire devant l'intérêt de ce gouvernement?
Voici un des courriels que j'ai reçus:
[Traduction]
Certes, le débat sur le projet de loi C-6 est un travail de longue haleine, mais de voir des hommes et des femmes défendre ce qui est juste, pas uniquement pour les travailleurs des postes, mais pour tous les travailleurs qui ne peuvent faire entendre leur voix, me remplit de fierté.
[Français]
J'aimerais ne pas répéter une fois de plus ce que nie ce gouvernement depuis des heures, mais nous n'avons ici pas le choix. Il a autorisé un lock-out des employés. Il a empêché des travailleurs de travailler, alors qu'ils étaient prêts à poursuivre un travail qu'aucune loi ne leur obligeait d'effectuer en vertu des services essentiels.
Ensuite, il propose une loi qui les oblige à revenir au travail, ce travail que personne ne voulait arrêter au départ. Et au passage, on leur enlève des droits. Le droit de négociations collectives, le droit de travailler dans la sécurité, le droit de partir à la retraite à un âge digne, le droit à des congés de maladie, le droit à des pensions qui permettent de vivre au lieu de survivre, droits qui sont et qui devraient rester fondamentaux dans notre pays.
Depuis le début de ce débat, hier, tous mes collègues néo-démocrates et moi-même recevons continuellement des courriels d'encouragement et de remerciement. Ce sont des courriels qui nous demandent de nous battre, de continuer à représenter l'intérêt des personnes qui vivent et qui travaillent dans ce pays.
Je voudrais d'ailleurs profiter de ce moment, à mon tour, pour remercier de leur soutien toutes ces personnes. Ces dernières nous rappellent à chaque moment pourquoi nous sommes ici, pourquoi nous nous levons à tour de rôle en cette Chambre et pourquoi nous sommes prêts à rester ici aussi longtemps qu'il le faudra.
Nous avons entendu, à de nombreuses reprises de la part des conservateurs, l'idée que les Canadiens leur ont donné un mandat clair, comme une justification de leurs agissements en cette Chambre. Je crois qu'il y a erreur sur le sujet. Je ne vois pas de message clair. Trente-huit pour cent des Canadiennes et des Canadiens ont voté en faveur des conservateurs. Cependant, le message clair que je vois ici et qui devrait être évident pour toute personne sachant faire des additions et de soustractions, c'est que 62 p. 100 des citoyens ont voté contre ce gouvernement.
Puisque mes collègues ne semblent pas vouloir entendre ces voix, je vais les apporter jusqu'ici. Ce matin, dans l'un de mes courriels, une personne disait combien elle était fière aujourd'hui d'avoir appuyé le NPD, qu'il lui faisait chaud au coeur de nous voir tous, à la Chambre, défendre des principes qui lui sont chers, comme le droit à la libre négociation collective, un salaire égal pour un travail égal, des régimes de retraite décents, des services publics pour l'ensemble de la population et la lutte contre cette attaque injuste envers la classe ouvrière. Elle nous encourage à poursuivre la lutte contre ce gouvernement de droite, qui n'a que du mépris pour la classe ouvrière et les gens ordinaires, écrivait-elle.
Il y en a d'autres.
[Traduction]
Une personne m'a écrit ceci: « Ma famille et moi écoutons les débats, et nous sommes tous épatés et reconnaissants que vous preniez notre défense afin que nous ne soyons pas forcés, par Postes Canada et par le gouvernement, d'accepter un contrat injuste. Nous vous remercions de défendre ceux à qui la loi confère un droit de libre négociation collective ».
Une autre personne m'a écrit ce qui suit: « Continuez de vous faire entendre. Continuez de vous battre. Continuez de démontrer que cette crise a été créée de toutes pièces par le gouvernement conservateur ».
[Français]
Notez bien ces mots. Nous avons entendu de nombreux députés conservateurs parler de grève. Encore une fois, il semble y avoir un malentendu ici. Comme mes collègues l'ont répété sans relâche, la grève était tournante. Elle ne touchait que modérément l'acheminement du courrier.
Par contre, le lock-out ne fait pas qu'e toucher cet acheminement; il le bloque. Ce lock-out n'a pas été choisi par les travailleurs des postes; il a été choisi par la direction de Postes Canada sous l'autorité de l'État, sous l'autorité de notre gouvernement.
L'échange constant entre ces deux mots, « grève » et « lock-out », par mes collègues du gouvernement montre une volonté évidente et malhonnête de tromper les citoyens, la volonté de faire reposer la responsabilité de cette situation sur les travailleurs plutôt que sur le gouvernement.
Les conservateurs ont répété de nombreuses fois leur souci pour les petites entreprises. Nous nous soucions tous ici, en cette Chambre, des petites entreprises dont les affaires sont touchées par l'absence de courrier.
Mes collègues conservateurs nous lisent des courriels de petites entreprises demandant la reprise du courrier. Or personne n'a demandé le lock-out au départ, personne sauf ce gouvernement. Pourquoi ne pas leur répéter, encore une fois, qui est le vrai responsable de cette situation, qui a appuyé le lock-out, qui porte réellement préjudice aux petites entreprises, qui porte préjudice à l'économie de notre pays maintenant? La réponse est simple, c'est le gouvernement.
Notre honorable premier ministre porte préjudice aux petites entreprises. Notre honorable premier ministre porte préjudice à l'économie de ce pays. Notre honorable premier ministre porte préjudice à ce pays, par un lock-out inutile qu'il a le pouvoir de faire cesser et par une loi injuste, parce qu'il ne demande pas ce qui pourrait tout régler, soit d'enlever les cadenas.
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Monsieur le Président, je voudrais souhaiter une bonne Fête nationale à toutes les Québécoises et à tous les Québécois. Je voudrais également remercier les gens de la circonscription Châteauguay—Saint-Constant pour l'organisation des festivités pour cette belle fête à laquelle j'aurais évidemment voulu participer, mais la situation qui nous préoccupe aujourd'hui m'empêche de le faire. Mes concitoyens comprendront bien la situation et ne m'en tiendront pas rigueur.
Nous sommes ici depuis le 23 juin pour faire un important débat sur le projet de loi du gouvernement forçant le retour au travail des employés en lock-out de Postes Canada. Nous sommes ici, en ce jour de la Fête nationale du Québec célébrée par tous les Québécois parce que le gouvernement n'a pas voulu faire une pause en cette journée importante pour près du quart de tous les députés. Ce gouvernement continue de faire preuve de mépris envers la population du Québec.
Ce n'est pas pour rien que la très grande majorité des Québécois n'a pas voté pour le parti du gouvernement au pouvoir. La population québécoise désapprouve massivement les actions et les valeurs des conservateurs. Ils ne sont pas dupes. Les actions et les valeurs du parti de l'autre côté de la Chambre sont à des années-lumière des valeurs partagées par la grande majorité des Québécois. Les résultats de la dernière élection sont là pour le démontrer. Il ne reste que six députés conservateurs issus du Québec au gouvernement. Avec ce genre de décisions et de projets de loi et les autres orientations annoncées dans le discours du Trône, le Parti conservateur sera en bonne position pour se faire complètement rayer de la carte au Québec.
Le gouvernement prétend être le gouvernement de tous les Canadiens, mais la population québécoise a la forte impression, pour ne pas dire la certitude, d'être laissée pour compte par le gouvernement, que ce soit par sa façon d'investir dans les infrastructures des comtés représentés par des députés du parti au pouvoir et par son indifférence dans les comtés où il n'y a pas de représentant du gouvernement, comme dans la région montréalaise, où les infrastructures vieillissantes sous la responsabilité du gouvernement ne sont pas adéquatement prises en charge. Si, par exemple, le pont Champlain se trouvait dans la circonscription de l'actuel , il y a longtemps que la reconstruction du pont aurait été annoncée. J'en ai la certitude, et les Québécois l'ont aussi.
Quelques-uns des candidats conservateurs ont candidement avoué pendant la campagne électorale qu'il était normal que les comtés représentés par les députés conservateurs reçoivent plus d'investissements que les autres. Cette situation est scandaleuse. L'actuel gouvernement a donc beaucoup à faire pour se rapprocher de la population québécoise. Ce n'est pas avec les prochaines orientations annoncées qu'il va aller en ce sens. On ne s'occupe pas de façon significative de l'environnement, on veut éliminer du registre des armes à feu les armes d'épaule, on veut bâtir des prisons pour y envoyer des jeunes contrevenants, on achète des avions dont on ne veut pas, on donne des subventions aux grandes entreprises, aux banques et aux pétrolières. De plus, on baisse les impôts des grandes entreprises alors que les petites et moyennes entreprises, qui créent près de la moitié des nouveaux emplois, n'obtiennent pas de considération. Ce gouvernement est clairement le gouvernement des riches, des mieux nantis et des grandes entreprises. Les employés et les travailleurs sont méprisés par le gouvernement. Le projet de loi en est un autre bel exemple.
Ce gouvernement méprise les travailleurs, on le voit bien aujourd'hui. S'il le faut, nous mettrons une croix sur toutes les autres fêtes nationales des prochaines années pour défendre les intérêts des travailleurs, parce que ce gouvernement n'aura aucun scrupule à faire avancer son programme politique, quitte à mépriser encore les députés issus du Québec. Il l'a fait hier et il le refera sans aucune hésitation. Mais nous serons là pour faire obstacle à tous les projets de loi semblables. Nous faisons obstacle à ce projet de loi scandaleux depuis le 23 juin et nous tiendrions le coup jusqu'à la Fête nationale de l'année prochaine, si nous le pouvions. Nous allons tout faire pour retarder le projet de loi , qui est tout à fait inacceptable et méprisant envers les employés en général. Je dis « en général », car ce n'est qu'un premier pas du gouvernement pour sabrer dans les conditions de travail des employés. Il s'attaque ici aux conditions de travail des employés de Postes Canada, mais à quel groupe de travailleurs s'attaquera-t-il ensuite?
Concernant ce conflit de travail, le gouvernement répond qu'il veut mettre fin à la grève pour ne pas nuire à l'économie, qu'il n'a pas de parti pris et qu'il a imposé des conditions qu'il croit justes et équitables. Que croit-il juste et équitable? Est-ce de prendre parti pour l'employeur en proposant des conditions inférieures à ce que l'employeur était prêt à consentir? Est-ce de proposer deux catégories de travailleurs, des jeunes qui n'auront pas le même salaire et les mêmes avantages que les autres?
Les gens ne sont pas dupes. Malgré le langage trompeur utilisé par les représentants du gouvernement, les citoyens comprennent que ce gouvernement a un net parti pris pour les riches et les employeurs.
Les gens savent que le gouvernement n'a qu'un seul et même objectif, soit de privatiser ses sociétés d'État, de sorte qu'elles puissent réduire les services offerts et faire de plus en plus de profits, afin qu'une poignée de dirigeants empochent des salaires mirobolants au détriment des services offerts et des droits des travailleurs.
La Société canadienne des postes est une entreprise de la Couronne déjà très profitable. Nous avons la ferme impression que ce lock-out était une belle machination du gouvernement afin d'imposer un contrat de travail qui sabrerait les conditions de travail des employés des postes d'abord, et des autres groupes de travail ensuite.
Pour mettre en lumière cette machination d'imposer un contrat de travail sans égard aux droits des travailleurs, faisons un bref retour sur les événements qui nous préoccupent.
Le 3 juin dernier, les travailleurs des postes ont entamé une grève tournante qui ne compromettait pas la livraison du courrier. Ils ne voulaient que légitimement exercer de la pression sur l'employeur afin de faire avancer les négociations qui perduraient depuis plusieurs mois. Le syndicat a agi avec diligence et s'est montré responsable. L'employeur a répondu par un lock-out de deux jours par semaine au tout début, ce qui pouvait être aussi légitime de sa part en ce sens.
Mais là où il a été irresponsable, c'est en imposant, quelques jours après, un lock-out permanent, tout cela avec la bénédiction du gouvernement qui trouvait que cela tombait à point nommé, vu la fin de la session parlementaire. Le gouvernement s'est dit qu'il en profiterait pour imposer, peu de temps après, des conditions favorables à l'employeur en accordant des conditions moindres que ce que la direction aurait bien voulu consentir à ses employés.
Et le gouvernement voudrait que l'on adopte rapidement ce projet de loi spécial, tel quel? Je l'ai dit et le répète: nous allons tout faire pour mettre en échec ce projet de loi indécent. Nous n'aiderons pas le gouvernement à conclure une impasse qu'il a lui-même créée alors qu'il voudrait jeter le blâme sur la partie syndicale.
Je trouve malheureux que le gouvernement conservateur prenne en otages les Canadiens et les Canadiennes en voulant faire porter l'odieux de cette impasse à la partie syndicale et au parti de l'opposition officielle.
Comment une grève qui était tout d'abord tournante a-t-elle fini par causer un énorme préjudice aux Canadiens et Canadiennes? Les travailleurs ont préféré faire une série de grèves tournantes dans différentes villes pour ne pas bloquer la distribution du courrier. D'ailleurs, les grèves tournantes n'avaient pas beaucoup de conséquences sur les entreprises, enfin elles en avaient moins qu'une grève générale. Même la ministre du Travail a admis que cette grève tournante avait peu de conséquences sur la distribution du courrier. Un porte-parole de Postes Canada a également tenu le même discours. C'est donc Postes Canada qui a imposé ce lock-out aux travailleurs, qui ne peuvent plus rentrer au travail aujourd'hui pour distribuer le courrier.
Maintenant, Postes Canada veut établir une stratégie de diminution des coûts d'exploitation. L'employeur veut diminuer les salaires des nouveaux employés, réduire les régimes de congés de maladie et baisser les cotisations aux régimes de retraite, à la santé et à la sécurité des employés.
Le projet de loi impose aux travailleurs une baisse de salaire pour les jeunes employés, une augmentation salariale inférieure au coût de la vie et inférieure aux propositions de la partie patronale, et veut imposer un nouveau régime de pension. C'est une menace aux conditions de travail durement acquises durant les dernières années et les négociations des années antérieures, du temps où il était permis de négocier. Aujourd'hui, on enlève le droit fondamental des travailleurs de pouvoir négocier leurs conditions de travail.
Ce projet de loi spécial déposé par les conservateurs est inacceptable, et on ne le dira pas assez souvent. Même si on le répétait sans relâche des milliers de fois, ce ne serait pas encore suffisant. Ce projet de loi causera un précédent et mettra tous les travailleurs canadiens en danger. Il donnera le plein pouvoir aux employeurs, dont celui d'imposer des conditions de travail à leurs employés, tout cela avec la complicité du gouvernement, sans que les employés puissent négocier leurs propres conditions. On dit aux travailleurs et aux syndicats de se plier à des conditions défavorables proposées par leur employeur, sinon on va leur imposer des conditions encore pires que toutes les concessions que leur employeur leur demandait. Pire, on va leur faire porter l'odieux de l'impasse devant laquelle leur employeur les a placés. On leur dit que le gouvernement sera favorable à l'employeur et va même le récompenser, même si ce dernier est coupable d'avoir pris les citoyens en otages. On dit aux travailleurs qu'on va leur rentrer dedans avec un projet de loi spécial qui penchera en faveur de l'employeur.
Si nous ne trouvons pas de solution au présent lock-out imposé, on pourrait quand même s'en tenir aux conditions de travail de la précédente convention collective. Laissons donc les parties négocier sans prendre la population en otage comme l'ont fait l'employeur et le gouvernement.
Nous sommes aussi très sensibles aux préoccupations et inquiétudes des Canadiens et Canadiennes, et nous comprenons que le lock-out de Postes Canada et l'interruption de la distribution du courrier causent des préjudices. Cependant, je répète que c'est à cause du lock-out imposé par Postes Canada, avec la complicité du gouvernement qui empêche les travailleurs de retourner distribuer le courrier. Cette situation pourrait se terminer demain matin si le gouvernement levait son lock-out imposé et permettait aux employés de revenir travailler dans les conditions de la précédente convention collective.
Il n'y avait pas d'urgence d'imposer cette loi spéciale. Nous pouvons mettre fin à ce lock-out en permettant aux parties de négocier de bonne foi. Le gouvernement ne réussira pas à faire porter l'odieux de cette impasse aux travailleurs. C'est la Société canadienne des postes qui a mis ses employés en lock-out, et c'est elle qui a créé ces conséquences. Alors, pourquoi ce gouvernement récompense-t-il l'employeur en penchant clairement du côté de celui-ci?
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre part à la conversation, après avoir écouté nombre de mes collègues décrire non seulement l'histoire des droits des travailleurs au Canada, mais également le danger que représente nettement le gouvernement, par son traitement des travailleurs des postes, pour tous les travailleurs du pays.
Nous vivons un moment dont je suis fier, et je partage cette fierté avec les néo-démocrates de partout au pays ainsi qu'avec les quatre millions et demi de personnes qui nous ont donné le mandat clair de défendre les travailleurs. J'invite la majorité conservatrice à se rendre compte de ce qui arrive lorsqu'on a devant soi une opposition néo-démocrate stable, solide et dévouée et qu'il y a un problème à régler. Finis les jours où les banquettes de l'opposition étaient occupées par de pauvres figurants qui se contentaient d'agiter un drapeau rouge en signe d'abdication. À la première menace, ils se volatilisaient pour la fin de semaine. L'opposition est maintenant formée de gens résolus à défendre les intérêts du pays.
Il est encourageant pour moi de pouvoir me joindre à mes nombreux nouveaux collègues, qui m'émeuvent et m'inspirent. J'aurais cru qu'après des heures de débats, certains nouveaux députés, et peut-être aussi certains députés plus expérimentés, auraient commencé à ressentir la fatigue. Pourtant, chaque fois que je regarde la transmission des débats et chaque fois que je viens aux Communes, je constate que non seulement nous ne sommes pas fatigués, mais nous sommes de plus en plus énergiques et enthousiastes.
Mes amis conservateurs qui sont obligés de prendre part au débat doivent le trouver ardu. J'ai presque envie de dire qu'il s'agit d'un simulacre de débat, parce qu'habituellement, dans un débat, la logique et l'intelligence servent à jauger les arguments. Or, actuellement, il n'y a rien en face. Les députés conservateurs se lèvent constamment pour poser de prétendues questions qui ressemblent davantage à des diatribes. Ils nous disent que l'économie a une grande importance et nous demandent pourquoi il n'est pas possible de remettre les gens au travail. Or, ils savent très bien que ce sont eux qui ont le pouvoir de le faire. Plutôt que de s'occuper de la situation, le est parti à des barbecues.
Si l'économie était si importante et s'il était si nécessaire de mettre un terme à tout cela, si on en croit ce que lui ont dit ses citoyens, les entreprises locales, les pensionnés et les groupes caritatifs qui s'inquiètent de ne pas recevoir leur courrier — si tout cela était si important pour le gouvernement —, on imagine qu'il aurait au moins pensé à prendre le téléphone et à demander au dirigeant de Postes Canada d'ouvrir les portes à ses employés et de rétablir les services postaux, plutôt que de mettre les travailleurs en lock-out comme il l'a fait. Il lui aurait demandé de retourner à la table de négociations en vue d'en arriver à une convention collective adéquate et équitable, en fonction des critères établis par le plus haut tribunal du pays. Le Parlement ne peut d'aucune façon s'approprier tout le mérite à cet égard. Il faut plutôt remercier les travailleurs de ce pays qui ont sué sang et eau, année après année, pour obtenir le droit de se serrer les coudes et de rétablir ensemble l'équilibre des relations entre employeurs et employés. Quand l'employeur n'offre pas de bonnes conditions de travail, les employés peuvent faire front commun afin d'exercer leur droit démocratique, tenir un vote et négocier en toute bonne foi.
Est-ce que cela vous dit quelque chose? Une société entame une série de négociations en vue de conclure un nouveau contrat de travail, puis se lance dans une campagne d'exagération et fait des sorties publiques, prétendant que les affaires ne vont pas très bien. La société affirme que ses profits ont beaucoup diminué. Les temps sont durs, et les choses ont changé. Les gens n'utilisent plus vraiment ses services, soit la poste dans le cas présent. Elle commence à accentuer son discours et à préparer le terrain pour la suite des choses, sachant fort bien ce qui va arriver: une diminution de l'offre qu'elle avait fait à ses employés, ceux-là mêmes qui ont, ironiquement, contribué à la prospérité actuelle de la société. Celle-ci sait qu'elle peut compter sur un allié puissant qui n'attend que le bon moment pour intervenir, tandis qu'elle poursuit les négociations, semaine après semaine et mois après mois, sans toutefois faire preuve de bonne volonté et se refusant à tout échange et concession. Elle s'attend à ce que seuls les employés fassent des compromis.
Pendant tout ce temps, la société sait qu'elle a toujours un accès direct au pour l'informer qu'elle va cadenasser ses employés et lui indiquer que le temps est venu de déposer une loi, et c'est ce qui est arrivé d'ailleurs. Le lock-out n'était pas encore annoncé que la loi était prête. Quand la société refuse de négocier en toute bonne foi avec ses employés, le gouvernement s'en mêle et les force carrément à travailler dans des conditions moins avantageuses que celles que venait d'offrir l'employeur.
Cela vous paraît ironique, ou vous avez une impression de déjà-vu? C'est que les relations entre les entreprises et les travailleurs du Canada sont bien malheureuses et sordides. Les entreprises agissent de la sorte continuellement, mais leurs efforts portent fruits seulement si le gouvernement se fait complice.
Leur tactique fonctionne seulement si elles ont un gouvernement dans leur poche qui est prêt à intervenir en leur nom et à prendre leur part.
Comme la l'a dit l'autre jour — cela doit être mis entre guillemets —, « ...le syndicat compte 45 000 membres, alors qu'il y a 33 millions de Canadiens ». Comme si ces employés de Postes Canada, lorsqu'ils se sont présentés au travail ce jour-là , avaient renoncé à leurs droits de citoyen canadien. Comment une ministre du Travail ose-t-elle prendre la parole à la Chambre des communes et exclure un groupe de Canadiens de notre société parce qu'ils font quoi? Ils défendent leurs droits.
Le gouvernement nous dit constamment qu'il croit avoir reçu des Canadiens un mandat majoritaire, que 40 p. 100 des votes équivaut en quelque sorte à une majorité tyrannique de 100 p. 100, et que cela est justifiable dans tous les cas. J'aimerais ramener les conservateurs à une nouvelle réalité. J'espère qu'ils y réfléchiront la prochaine fois qu'ils essaient cela, parce que, croyez-moi, mes amis, il y aura une prochaine fois. Il y aura un autre litige. Il y aura une autre transgression que les conservateurs n'aimeront pas et qui mettra leurs amis de Bay Street mal à l'aise. Les conservateurs disent: « Pas de problème. Pas de souci. Nous avons une majorité au Parlement, ce qui nous donne plein pouvoir. Nous ne ferons que passer par-dessus toute autre institution démocratique qui se trouve dans notre chemin. »
Remarquez que c'est une habitude du gouvernement. Il y a ce qu'on appelle les chiens de garde indépendants. Mes amis rigolent, mais nous nous souvenons tous du chien de garde en matière de sécurité nucléaire au Canada qui a soulevé des inquiétudes au sujet d'un certain réacteur situé près d'ici. Comme le gouvernement n'aimait pas ce qu'elle disait, il l'a congédiée. Puis, surprise, quelques mois plus tard, le réacteur était mis à l'arrêt. Pourquoi? À cause des problèmes qu'elle avait relevés.
Le gouvernement doit comprendre que lorsque des gens s'opposent à ses idées, ce n'est pas une mauvaise chose. Ces gens n'ont pas besoin d'être bâillonnés, éliminés ou congédiés. Ils n'ont pas besoin d'être mis en lock-out ou d'être forcés à retourner au travail. Leurs problèmes doivent être débattus et examinés ici même et dans le cadre d'un vaste dialogue dans l'ensemble du Canada, parce que c'est grâce à ce dialogue que nous parvenons à de meilleurs règlements.
Les néo-démocrates ne croient pas avoir toutes les réponses, mais nous savons que ces gens-là ne les ont pas. Il est temps pour eux de faire preuve d'un peu d'humilité.
Beaucoup de mes collègues ont affirmé que ce qui se passe va bien au-delà des intérêts des travailleurs du STTP dans le conflit à Postes Canada. Cela porte sur quelque chose de beaucoup plus vaste, sur une lutte menée pour des gens, partout dans le monde et au Canada, qui, durant de nombreuses décennies, n'avaient aucun droit. Il était acceptable que les employeurs fassent travailler des enfants, que des employés meurent au travail et que les employeurs ne paient pas à leurs employés un juste salaire pour une bonne journée de travail. Il a fallu de longues batailles, et parfois des épanchements de sang, pour qu'enfin on reconnaisse que ces comportements n'étaient pas acceptables et que l'on comprenne qu'une société évoluée doit payer de bons salaires à ses employés pour le bien de l'économie. Dans quelle mesure cet argument est-il radical?
Le NPD affirme qu'un régime de pension équitable est bon pour l'économie canadienne, mais le gouvernement affirme le contraire. Le NPD croit qu'un juste salaire et des conditions de travail sécuritaires sont bons non seulement pour les travailleurs, mais aussi pour l'économie. Le gouvernement prétend le contraire.
Le gouvernement affirme sans cesse que les Canadiens n'appuient pas ce que nous faisons. Un de mes amis m'a envoyé un courriel d'une personne de ma circonscription que je ne connais pas. Le contenu du message est le suivant:
Continuez votre bon travail pour le compte des travailleurs de Postes Canada. Cette mesure législative punit les travailleurs qui ont été mis en lock-out pendant qu'ils exerçaient leur droit de grève (de manière à perturber le moins possible la livraison du courrier) [...] et, chose étrange, récompense l'employeur qui a imposé un lock-out à ses employés (ce qui a interrompu toute livraison de courrier) [...] C'EST HONTEUX!
Cette personne a complètement raison.
Nous recevons beaucoup de courriels de gens qui habitent dans des circonscriptions conservatrices. J'aime beaucoup les lire. Ces personnes affirment qu'elles ont envoyé à leurs députés, leurs représentants à la Chambre, de nombreux messages sur cette question pour leur dire qu'ils avaient tort, mais que les députés se gardent d'en donner lecture à la Chambre. Le gouvernement refuse d'admettre qu'il peut y avoir, au Canada, des gens qui ne sont pas en faveur de l'imposition d'un lock-out et de l'adoption d'une mesure législative pour forcer les employés à retourner au travail.
Je demande aux députés ministériels d'être réceptifs aux changements proposés par le NPD et à l'idée que le gouvernement n'a pas toujours raison. Ils doivent prendre garde de ne pas devenir trop arrogants juste parce que leur gouvernement est majoritaire. Si les conservateurs continuent à agir de la sorte, nous serons assidus dans nos efforts visant à contrecarrer les leurs.