:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole pour appuyer le projet et lancer la discussion d'aujourd'hui à son sujet.
Je partagerai mon temps de parole avec la formidable députée de . On m'a dit de m'exprimer précisément en ces termes, mais je les approuve volontiers.
Voilà qu'on veut encore modifier le Code criminel, mais, cette fois-ci, c'est pour une bonne raison. Le projet de loi , Loi sur le terrorisme nucléaire, vise à modifier le Code criminel pour mettre en oeuvre les exigences de droit pénal de deux traités internationaux de lutte contre le terrorisme, soit la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, sous sa forme modifiée en 2005, et la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, adoptée la même année.
La Loi sur le terrorisme nucléaire crée quatre infractions — des actes criminels — qui s'ajoutent à la partie II du Code criminel. Deviennent illégaux le fait de posséder, d’utiliser ou de jeter des matières ou engins nucléaires ou radioactifs, ou de commettre un acte contre une installation nucléaire ou son fonctionnement dans l’intention de causer la mort, des lésions corporelles graves ou des dommages considérables à des biens ou à l’environnement; le fait d’utiliser ou de modifier des matières ou engins nucléaires ou radioactifs, ou de commettre un acte contre une installation nucléaire ou son fonctionnement dans l’intention de contraindre une personne, un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte quelconque ou à s’abstenir de l’accomplir; le fait de commettre un acte criminel prévu par une loi fédérale dans l’intention d’obtenir une matière ou un engin nucléaire ou radioactif ou d’obtenir l’accès à une installation nucléaire ou son contrôle; et le fait de menacer de commettre l’une des trois autres infractions.
Le projet de loi prévoit d'autres modifications au Code criminel qui, si elles sont accessoires, n'en ont pas moins leur importance. Il ajoute un nouvel article selon lequel toute personne qui commet ou tente de commettre à l'étranger l'une ou l'autre des quatre nouvelles infractions peut être poursuivie au Canada. Il modifie aussi les dispositions du code en matière d’écoute électronique de façon à ce qu'elles s’appliquent aux nouvelles infractions. Le code est aussi modifié afin que les quatre nouvelles infractions soient considérées comme des infractions primaires pour ce qui est de délivrer des mandats ou de rendre des ordonnances autorisant les prélèvements pour analyse génétique.
Enfin, le projet de loi modifie les modalités d'application de la règle interdisant, au Canada, les déclarations de culpabilité multiples pour la même infraction. Ainsi, même si une personne a été jugée et condamnée pour l'une ou l'autre des quatre nouvelles infractions à l’étranger, ladite règle ne s’applique pas si le procès subi à l’étranger ne répondait pas à certaines normes juridiques canadiennes de base. En pareil cas, un tribunal canadien peut juger l'individu à nouveau pour l'infraction dont il a déjà été reconnu coupable par un tribunal étranger.
Compte tenu de la prolifération des armes nucléaires et des centrales nucléaires, il est clair depuis longtemps, surtout depuis la fin de la guerre froide, qu'il faut élaborer un nouveau régime de sûreté nucléaire qui soit plus efficace. La possibilité que des armes nucléaires tombent entre les mains de terroristes a incité bien des gens à se pencher sur l'élaboration d'un régime ou d'un cadre stratégique de ce genre. Il est clair qu'un tel régime doit être mis en oeuvre à l'échelle internationale et se fonder sur la bonne foi et l'étroite collaboration des pays. Il est très urgent qu'il soit instauré.
Cette situation est à l'origine des deux conventions dont je parlais tout à l'heure, que le Canada n'a toujours pas ratifiées. D'une part, la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, qui date de 1980. Cette convention est importante parce qu'il s'agit, encore aujourd'hui, de la seule initiative internationale de protection des matières nucléaires qui ait force exécutoire.
En juillet 2005, une conférence diplomatique a été organisée afin de resserrer les dispositions de cette convention. On y a notamment renforcé la collaboration internationale en ce qui concerne certaines mesures ayant pour but de localiser et de récupérer rapidement le matériel nucléaire volé ou importé illégalement, d'atténuer les effets radioactifs, par exemple en cas de sabotage, et d'éviter que des infractions connexes soient commises.
D'autre part, en 1996, l'Assemblée générale des Nations Unies a chargé un comité spécial de créer la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l'explosif, qui est devenue plus tard la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire. Cette dernière convention, adoptée par l'assemblée générale en avril 2005, oblige les États parties à créer dans leurs lois nationales des infractions criminelles correspondant aux violations définies dans la convention et à établir leurs compétences nationales et internationales à cet égard.
Ces deux conventions n'ont pas encore été ratifiées par le Canada, car les dispositions relatives aux infractions doivent d'abord être incorporées dans les lois criminelles canadiennes.
De ce côté-ci de la Chambre, nous reconnaissons qu'il est urgent de mettre en place un régime visant à contrer le terrorisme nucléaire. De plus, le NPD favorise la diplomatie multilatérale et la coopération internationale, particulièrement dans des domaines qui suscitent de grandes préoccupations communes comme le terrorisme nucléaire. Par conséquent, nous devons travailler avec les principaux pays qui ont entrepris de ratifier ces conventions.
Puisque le Canada a accepté d'être juridiquement lié par ces conventions, nous croyons également qu'il est important qu'il remplisse ses obligations internationales. C'est pour ces raisons que nous voterons en faveur du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, afin de permettre au comité de l'étudier plus en profondeur. Cependant, il convient d'abord de souligner quelques préoccupations.
Premièrement, il y a l'origine du projet de loi. J'exhorte tous ceux qui soutiennent, au nom de la tradition, l'institution anachronique et antidémocratique qu'est le Sénat d'utiliser celui-ci conformément à cette tradition. En effet, le Sénat est la Chambre de second examen objectif et non la Chambre qui crée les mesures législatives. C'est un travail qui nous incombe à nous, qui avons été élus par les Canadiens, pour le meilleur ou pour le pire.
Deuxièmement, comme c'est le cas pour un grand nombre de mesures législatives présentées par le gouvernement dans les deux Chambres, nous devons prendre soin de ne pas aller trop loin au nom de l'antiterrorisme. À cet égard, nos expériences avec la Loi antiterroriste des libéraux et, plus récemment, avec le projet de loi du gouvernement sont instructives. Les dispositions de cette loi et de ce projet de loi vont à l'encontre des droits, des libertés et des principes fondamentaux qui sont garantis par le droit canadien.
En outre, ce qui est peut-être encore plus important, nous avons constaté que nous avons réussi à assurer la sécurité du Canada et des Canadiens et à protéger ceux-ci contre une attaque terroriste sans avoir eu recours à des dispositions aussi extrêmes, sans avoir modifié le paysage juridique du Canada et sans avoir violé les droits et libertés civiles des citoyens canadiens. En fait, au fil des ans, ces dispositions se sont révélées une violation inutile et inefficace des droits et des libertés.
Je signale que cette question a été soulevée pendant l'étude du projet de loi au Sénat. Il ne fait aucun doute que l'intention des rédacteurs du ministère de la Justice était d'adhérer le plus possible aux dispositions de la convention. Toutefois, certains pensent que certaines des nouvelles infractions qu'on propose d'inscrire au Code criminel ont une portée plus large que les infractions contenues dans les ententes internationales comme telles. Il faut s'assurer que la portée excessive de ces nouveaux articles n'entraînera pas une criminalisation excessive et n'ira pas à l'encontre de la Charte canadienne des droits et libertés.
Je m'attends à ce que lors de l'étude du projet de loi , le Comité de la justice veille à ce qu'on tienne compte des leçons tirées des mesures législatives antiterroristes précédentes.
Enfin, j'en viens à ce que j'estime être un point très important dans cette discussion, la question du délai. L'entrée en vigueur du projet de loi ou d'une version amendée de celui-ci est une condition préalable à la ratification des deux conventions internationales. Le préambule de ces deux conventions énonce l'urgence avec laquelle la communauté internationale doit agir pour mettre en place un régime de contrôle des armes et des matières nucléaires et veiller à ce qu'elles ne soient pas accessibles à des fins terroristes.
Par exemple, le préambule de la convention sur le terrorisme nucléaire parle de profondes préoccupations des parties à la convention face à la multiplication, dans le monde entier, des actes de terrorisme sous diverses formes ou manifestations et note que les actes de terrorisme nucléaire peuvent avoir les plus graves conséquences et peuvent constituer une menace contre la paix et la sécurité internationales. Il signale également que les instruments juridiques multilatéraux existants ne traitent pas ces attentats de manière adéquate et souligne « l’urgente nécessité de renforcer la coopération internationale entre les États » pour élaborer et adopter des mesures.
Par conséquent, la question à se poser est: pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour que cette mesure législative parvienne à la Chambre pour être soumise à un débat alors que les deux conventions sont ouvertes à la ratification depuis 2005?
Même si d'autres pays tardent à les ratifier, on s'attendrait à ce que le Canada soit parmi les premiers à agir à l'égard de questions comme celles-là.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec mon collègue l'honorable député de , qui partage d'habitude ses réflexions et ses commentaires avec moi. Cette fois-ci, c'est moi qui vais partager mon temps avec lui.
Je suis heureux d'intervenir sur le projet de loi , qui vise à modifier le Code criminel afin de le rendre compatible et conforme aux exigences stipulées dans deux conventions internationales que nous avons signées en 2005: la Convention sur la protection physique des matières nucléaires et la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire.
Je vais commencer par faire une remarque que mes collègues ont déjà faite. Ce projet de loi est introduit par le Sénat. Or, selon le processus parlementaire canadien, il devrait être introduit par les parlementaires élus et non par les sénateurs. Le NPD préférerait que la plupart du temps, selon le processus parlementaire, les projets de loi soient introduits par les élus, c'est-à-dire par la Chambre des communes, et non par le Sénat.
Je ne veux pas répéter ce que la plupart de mes collègues ont déjà dit. Je dirai simplement que tout ce qui concerne les armes nucléaires et la propagation des matières fissiles sur la planète est une source de grande inquiétude non seulement pour les Canadiens, mais également pour tous les habitants de la planète. C'est une évidence qu'il faut parfois rappeler, car c'est important.
Concernant ce projet de loi en particulier, nous devons nous poser une question légitime. Mon collègue député de en a parlé il y a quelques minutes. Dans ces conventions, on répète constamment qu'il est urgent d'agir en matière de protection des matières fissiles et des armes nucléaires; c'est une constante, dans ces conventions. Néanmoins, la perception mondiale de la position du Canada, c'est d'attendre non pas cinq ans, mais sept ans pour agir. En effet, nous avons signé ces conventions en 2005 et nous sommes en 2012. Nous ne pourrons pas ratifier ces conventions avant 2013. Pourquoi, alors que le mot « urgent » est partout dans ces conventions, attend-on aussi longtemps avant de déposer des projets de loi qui devraient être prioritaires?
L'une des conséquences, c'est qu'au niveau international, le Canada perd de la crédibilité et donne l'impression qu'il ne prend pas ces questions au sérieux, ce qui n'est pas le cas. Chaque fois que nous rencontrons nos concitoyens dans notre circonscription ou ailleurs, nous nous rendons compte que la sécurité globale en général et la sécurité nucléaire en particulier suscitent beaucoup d'inquiétudes. Le fait de savoir que des terroristes peuvent se procurer des matières nucléaires pour en faire des bombes est une source d'inquiétudes pour la population en général.
Le principal argument de la secrétaire parlementaire, lorsqu'elle a déposé le projet de loi , était que le gouvernement est majoritaire. Il est en place depuis février 2006, mais il était minoritaire. À ma connaissance et selon ce qu'on entend depuis que ce projet de loi est à l'étude à la Chambre des communes, il y a un consensus général: nous n'avons d'autre choix que de ratifier ces conventions.
Si on ne le faisait pas, cela irait à l'encontre de toute notre politique et de la philosophie prônée par le Canada depuis des années.
Cet argument ne m'a pas convaincu. On ne peut que se demander pourquoi le gouvernement a attendu aussi longtemps avant de déposer un projet de loi si important sur le plan international.
Si on regarde la liste des pays qui l'ont déjà ratifié, on peut se dire que, sur la scène internationale, globalement, on donne l'impression d'être un mauvais élève en matière de promotion de la sécurité nucléaire, alors que ce n'est pas le cas et que ce n'est pas la perception des citoyens.
Il y a un autre aspect. Si le Canada s'était placé dans une position de bon élève, s'il avait été proactif et avait ratifié dans des délais très raisonnables et rapides ces deux conventions, et s'il avait apporté les modifications législatives au Code criminel afin d'être en position de ratifier ces conventions, cela aurait incité les autres pays à croire que le Canada fait partie des leaders sur le plan international et qu'il a la volonté de mettre en avant ces préoccupations.
Chaque fois que le Canada aura l'occasion de démontrer au monde qu'il veut être proactif et qu'il prend ces sujets au sérieux, il faudra, à mon avis, accélérer le processus.
Ce retard à implanter les modifications législatives me fait penser au fait qu'en octobre 2010, le Canada a retiré sa candidature du Conseil de sécurité de l'ONU. Même si on ne peut pas faire de lien évident, on ne peut que regretter cette décision. Encore une fois, cela donne l'impression que le Canada se désengage sur le plan international. En réalité, la ratification de ces deux conventions n'est pas une possibilité, c'est une obligation morale envers tous nos partenaires internationaux.
J'aimerais revenir sur un des discours très intéressants que l'on a entendus à ce sujet, soit le discours du député de . Cela ne remet pas en cause le bien-fondé des autres discours, mais étant donné que le député de Toronto—Danforth connaît bien les traités internationaux, sa perspective était un peu différente de celle des autres.
Il a mentionné plusieurs aspects, notamment qu'en vertu du processus actuel, on risquerait d'aller plus loin que la stricte application des mesures nécessaires à la ratification, et ce, pour deux raisons: cela pourrait modifier de façon trop contraignante le Code criminel; et cela risquerait d'anticiper ce que pourrait être de prochaines modifications à ces conventions, pour éviter de se retrouver dans la situation actuelle, c'est-à-dire être obligé d'attendre cinq, six ou sept ans avant de ratifier des traités.
Dans ce contexte, il y a un danger à vouloir faire plus que le strict minimum. Il ne faut pas spéculer sur ce que pourrait devenir ces conventions et il ne faut pas ajouter de dispositions qui ne seraient pas strictement nécessaires à la ratification de ces deux conventions internationales. Ce sera le travail du comité.
:
Monsieur le Président, je remercie mon collègue de d'avoir partagé son temps de parole avec moi pour que je puisse m'exprimer sur ce projet de loi que j'aurai l'honneur, à moins d'une incapacité, d'étudier avec mes collègues au Comité permanent de la justice et des droits de la personne. J'apprécie grandement ce privilège parce que ce projet de loi est effectivement très important sur plusieurs aspects.
Je vais commencer par un premier aspect d'ordre pratique qui nous touche directement, et presque au quotidien. Il ne faut pas oublier que nous vivons dans un monde où les matières nucléaires et radioactives sont très présentes.
Le projet de loi parle beaucoup de matières nucléaires et d'applications civiles ou militaires. Ces applications très pointues et particulières échappent au contrôle direct de simples individus. Le projet de loi touche aussi les substances radioactives qui ont des utilisations civiles beaucoup plus proches de notre quotidien comme, par exemple, les applications médicales ou d'autres applications civiles liées à l'utilisation de substances radioactives dans les appareils de mesure. On se rappellera que, sur certains modèles de détecteurs de fumée, on utilisait aussi des substances émettrices de radioactivité, ce qui a été banni pour des raisons évidentes de sécurité.
Ce type de substance est beaucoup plus commune que les gens pourraient se l'imaginer. Par conséquent, c'est donc très important de dépasser les articles actuels du Code criminel, qui sanctionnent déjà une utilisation incorrecte, une utilisation criminelle de ce type de substance, pour l'étendre aux pratiques d'ordre terroriste. Ces pratiques vont beaucoup plus loin que de simplement vouloir nuire à une personne ou à un groupe de personnes. En effet, elles veulent se servir de moyens de pression et de terreur qui permettent de contraindre un pays ou un groupe de personnes à modifier carrément un comportement et de le mettre sous un régime totalement inacceptable pour un État ayant des bases démocratiques.
Au-delà de cette première précision, un autre aspect que nous défendons au NPD, et que nous voudrons mettre en application dans un éventuel gouvernement, est évidemment le respect et la mise en place de grands traités internationaux régissant différentes activités. J'avais d'ailleurs posé une question en apportant ce point-là. Elle est très loin, l'époque où le Canada a fait preuve de leadership, l'époque où il avait mené à bien la mise en place et l'adoption d'un traité interdisant les mines antipersonnel.
L'exemple du traité sur les mines antipersonnel est intéressant dans le sens où, au-delà de son adoption, une convention de ce genre peut quand même être limitée dans ses capacités d'action à cause de la non-adhésion de certains États dans le monde qui préfèrent éviter de restreindre leur capacité d'action.
À partir de là, au-delà des modifications au Code criminel qui sont parfaitement valables, il faudra poser la question au gouvernement et espérer qu'il aille beaucoup plus loin en faisant vraiment preuve d'une capacité d'action — je n'irais pas jusqu'à parler de contrainte — pour convaincre et amener le concert des nations à ratifier le traité sur le terrorisme nucléaire afin qu'il ait force de loi, et pas seulement à l'intérieur de chacun des différents pays, et qu'il y ait une collaboration qui permette de prévenir tout dérapage, toute action criminelle d'ordre terroriste que nous cherchons à interdire par des modifications au Code criminel.
Je répète que je suis très honoré de pouvoir débattre de ce projet de loi aujourd'hui et de discuter des modifications proposées au Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Nous devrons nous poser beaucoup de questions sur les modifications proposées et leur portée. Quand le projet de loi a été déposé au Sénat, on y a relevé une lacune importante liée à la fabrication d'un engin utilisant du matériel nucléaire et radioactif, ce qui peut nuire à des personnes. Cette omission est très grave. Les experts en matière de terrorisme nucléaire craignent qu'une bombe nucléaire classique soit fabriquée, même si c'est passablement hors de la portée d'organisations terroristes. Ils craignent surtout la fabrication d'un engin explosif ou un mécanisme de diffusion de poussières radioactives, beaucoup plus simple à fabriquer, qui nuirait à un certains nombre de personnes.
Je suis très heureux de voir que le projet de loi inclut maintenant cet aspect. Il est bien de ratisser plus large, mais mon collègue de a quand même posé certaines questions sur l'effet multiplicateur des gestes criminels visés par ce projet de loi. Il faudra vérifier quel est l'effet individuel et la portée de ces gestes, et si les modifications apportées au Code criminel sont conformes aux contraintes que notre société impose pour éviter l'arbitraire de l'État.
Au Comité permanent de la justice et des droits de la personne, j'ai eu à examiner certains projets de loi qui ne résisteront pas, en tout ou en partie, à l'épreuve de la Charte canadienne des droits et libertés. C'est vraiment désolant, car au-delà de la perte de temps que ça représente, c'est un grave problème pour l'ensemble des citoyens. En effet, ces derniers pourraient être des victimes involontaires du durcissement de la loi, qui n'atteint pas pleinement le but recherché et qui mène éventuellement à l'invalidation de certains articles. Il peut y avoir des conséquences très fâcheuses.
Dans le cadre de l'examen que mes collègues et moi-même allons faire au comité, je vais veiller, avec mes collègues, à ce que les modifications proposées ne soient pas invalidées par le Code criminel en raison de leur portée trop large ou parce qu'elles ne prévoient pas suffisamment de mesures de précaution quant à la Charte, de sorte que le Canada, après avoir ratifié les conventions visées, pourrait ne plus pouvoir appliquer totalement les exigences des traités internationaux auxquels nous avons adhéré.
Un des aspects qui ont été soulevés au Sénat, c'est le cas d'une manifestation ayant lieu autour d'une installation de production d'électricité d'une centrale nucléaire. Il pourrait s'agir d'une manifestation d'écologistes pour empêcher le personnel d'entrer pour maintenir pleinement les activités de la centrale. Est-ce que les articles proposés pourraient permettre de poursuivre ces gens d'avoir mené une activité à caractère terroriste? On parle d'une manifestation pacifique et dont l'objectif est tout à fait discutable, mais qui reste quand même légitime au vu de la liberté d'expression ou de circulation.
Pour éviter de se retrouver dans la situation totalement inacceptable où la loi serait invalidée parce qu'elle va trop loin, je vais examiner le projet de loi en collaboration avec 11 de mes collègues.
Il y a une grande préoccupation. Les modifications au Code criminel sont parfaitement légitimes et constituent un premier geste important. Cependant, une fois que nous les aurons étudiées, il faudra veiller à ce que toutes les mesures préventives et concrètes que le Canada prendra à l'avenir, en raison de la place qu'il occupe sur la scène internationale, limiteront la prolifération des armes nucléaires, qui est un autre aspect touché par ces traités.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de parler aujourd'hui du projet de loi , qui vise à modifier le Code criminel pour répondre aux obligations des États signataires de deux conventions internationales: la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, que j'appellerai la convention pour la répression, et l'Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, que j'appellerai simplement l'amendement.
Mes remarques seront divisées en trois parties. La première portera sur la convention et l'amendement. La deuxième concernera le projet de loi et la façon dont ce dernier répond à ces obligations internationales. La troisième définira le contexte dans lequel s'inscrit actuellement ce débat, c'est-à-dire la prolifération nucléaire à laquelle nous devons faire face.
D'abord, la convention pour la répression et l'amendement contribuent à l'élaboration et à l'harmonisation de lois nationales visant à protéger les matières nucléaires et à combattre la menace du terrorisme nucléaire. Le projet de loi ajouterait notamment quatre nouvelles infractions au Code criminel pour interdire la possession, l'utilisation et le transfert d'engins radioactifs ou nucléaires ou de matières connexes, et pour protéger les installations nucléaires.
En outre, le projet de loi classerait ces nouvelles infractions dans la catégorie « activité terroriste » et permettrait aux tribunaux canadiens d'exercer leur compétence dans les affaires concernant les infractions de cette nature commises à l'étranger, de manière à ce que l'infraction n'ait pas besoin de se produire au Canada pour que notre pays puisse engager des poursuites aux termes de la loi canadienne.
L'adoption du projet de loi permettrait au Canada de ratifier ces conventions, objectif que le gouvernement s'est récemment engagé à atteindre lors du Sommet sur la sécurité nucléaire de 2012, qui a eu lieu à Séoul.
Les députés se souviennent peut-être du contexte politique dans lequel le sommet s'est déroulé, en mars dernier, alors que la Corée du Nord s'apprêtait à lancer un satellite susceptible de menacer l'espace aérien de la Corée du Sud. C'est dans ce contexte que le a déclaré, avec raison, ce qui suit:
Ce qui se passe en Corée du Nord, et même en Iran, nous préoccupe tous, mais je crois que cela nous encourage à faire en sorte que les matières nucléaires déjà disponibles soient protégées, ou même détruites [...]
Ce que le ministre a dit à l'époque n'est pas moins vrai aujourd'hui.
Le projet de loi revêt une importance capitale. En effet, on sait depuis longtemps qu'il est nécessaire de légiférer. En 2005, le gouvernement de Paul Martin, dont je faisais partie, a signé la convention pour la répression. Or, les élections qui ont eu lieu par la suite nous ont empêchés d'adopter une mesure législative pour la ratifier et mettre ses obligations en oeuvre. Je me réjouis que le gouvernement actuel s'en occupe.
Il est néanmoins regrettable qu'il ait mis sept ans à agir. Certes, il faut saluer la volonté actuelle du ministre de promouvoir un cadre international pour régir la prévention des actes de terrorisme nucléaire. Mais je n'arrive pas à m'expliquer pourquoi le gouvernement a tant tardé à concrétiser cet engagement international impérieux et de premier ordre. C'est irresponsable.
Ce dont nous sommes saisis aujourd'hui, ce n'est pas de la convention, mais bien du projet de loi . Cette mesure législative, présentée à l'autre endroit, vise à mettre en oeuvre les principes énoncés dans les deux conventions internationales que le gouvernement libéral a, comme je l'ai dit, avalisées en 2005. Tout comme le gouvernement libéral de l'époque, nous voulons promouvoir un cadre mondial de protection des matières nucléaires et de prévention du terrorisme nucléaire. J'invite donc tous mes collègues à renvoyer le projet de loi au comité compétent qui pourra l'examiner comme il se doit.
J'appuierai le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, car il vise à concrétiser les engagements de principe internationaux du Canada en la matière. J'aimerais reprendre à mon compte les propos du sénateur Roméo Dallaire, qui a affirmé ceci: « Les armes nucléaires constituent la forme de violation massive des droits de la personne la plus extrême qu'on puisse imaginer. Elles sont une violation du droit à la sécurité et menacent la paix dans le monde. »
Si un État voyou ou une organisation terroriste non étatique mettait la main sur des matières fissiles, les conséquences seraient aussi dangereuses qu'inimaginables. Le projet de loi traduit le besoin pressant que nous avons d'assurer la sécurité des matières et des installations nucléaires. Il modifie le Code criminel, notamment en prévoyant l'exercice de la compétence extraterritoriale du Canada, de sorte que le procureur général dispose des outils nécessaires pour faire respecter la loi. Ces outils, ce sont les quatre nouvelles infractions criminelles que crée le S-9.
Premièrement, aux termes du projet de loi, est coupable d'un acte criminel quiconque fabrique un engin ou possède, utilise, transfère, exporte, importe, modifie ou jette toute matière nucléaire ou radioactive ou tout engin dans l’intention de causer la mort, des lésions corporelles graves ou des dommages considérables à des biens ou à l’environnement. Il est également illégal de commettre un acte contre une installation nucléaire ou un acte perturbant gravement ou paralysant son fonctionnement.
Deuxièmement, selon le projet de loi, est coupable d'un acte criminel également quiconque a l'intention de commettre ces mêmes gestes dans le but de contraindre une personne, un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s'abstenir d'accomplir un acte quelconque. Autrement dit, dans le cas de la première infraction, il s'agit de l'intention de causer la mort, alors que dans le cas de la seconde infraction, il s'agit de coercition et de menaces liées au nucléaire.
Troisièmement, le projet de loi rend coupable d'un acte criminel distinct quiconque commet un acte criminel dans l’intention d’obtenir une matière nucléaire ou radioactive ou un engin ou d’obtenir l’accès à une installation nucléaire.
Quatrièmement, ce projet de loi rend coupable d'un acte criminel quiconque menace de commettre l'une des nouvelles infractions susmentionnées.
De plus, le projet de loi ajoute ces quatre nouvelles infractions à la définition d'« activité terroriste » qui se trouve au paragraphe 83.01 du Code criminel. Ainsi, la perpétration de ces infractions mettrait en oeuvre d'autres dispositions du Code criminel concernant d'autres infractions, comme la surveillance électronique et le prélèvement d'échantillons d'ADN.
Le projet de loi a bénéficié d'un débat en profondeur au Sénat, et j'espère que les députés accepteront de le renvoyer au comité de la Chambre pour qu'il y fasse l'objet d'un examen plus détaillé sur le plan technique.
Je vais maintenant parler du contexte dans lequel se déroule ce débat, soit celui de la prolifération nucléaire, du désarmement nucléaire, ainsi que du rôle du Canada à cet égard.
En effet, tout important qu'il soit, le projet de loi à lui seul ne serait pas suffisant. Malgré tous nos efforts, les matières et les installations nucléaires resteront toujours vulnérables. La protection de ces stocks n'est nécessaire que tant et aussi longtemps qu'ils existent. Tant que les États fabriqueront des armes nucléaires et de l'uranium très enrichi et que des organisations terroristes les convoiteront, ces armes et cet uranium constitueront une menace pour la sécurité humaine. Le gouvernement a manqué de leadership à cet égard.
En effet, les députés se souviendront peut-être qu'à Séoul, la délégation canadienne a été sévèrement critiquée, tant par les États-Unis que par l'Union européenne, pour n'avoir pas respecté des engagements antérieurs visant à entreprendre l'élimination progressive de l'utilisation d'uranium très enrichi pour la production d'isotopes à usage médical. Autrement dit, le Canada devrait être à l'avant-garde du mouvement de contrôle des armements et du désarmement nucléaire mondial. Les mesures contenues dans le projet de loi devraient être considérées comme des mesures préliminaires dans un cadre plus large de non prolifération nucléaire.
Je suis effectivement préoccupé par le fait que l'attitude du gouvernement en matière de justice pénale au pays influence peut-être sa politique étrangère, en ce sens que le gouvernement suppose peut-être que le simple fait de criminaliser un comportement suffit à le combattre. Nous savons que des problèmes aussi complexes et multidimensionnels que la prolifération nucléaire exigent bien plus que cela.
Le projet de loi aiderait certes à prévenir le terrorisme nucléaire en permettant aux forces de l'ordre de poursuivre les terroristes avant qu'ils ne commettent leurs gestes mortels et destructeurs. Mais étant donné que les attaques nucléaires, quelles que soient les circonstances, sont tout simplement inacceptables et que le risque de terrorisme nucléaire ne sera jamais nul tant que des terroristes et des intervenants non étatiques pourront avoir accès à des armes et des engins nucléaires, il faut considérer que le projet de loi n'est qu'un instrument de prévention limité et qu'il ne constitue qu'une première étape.
Que les choses soient claires. Je souscris sans réserve à la création des nouvelles infractions et je reconnais que les lois nationales jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le problème des armes nucléaires. Comme je l'ai dit ailleurs, j'appuie aussi le renvoi de la mesure législative au comité. Je veux seulement insister sur le fait que la collaboration internationale est importante et que l'objectif suprême de la Chambre devrait être d'adopter un régime juridique international de non-prolifération des armes nucléaires et, ultimement, de désarmement nucléaire.
Le sénateur Dallaire a dit au Sénat qu'il faut « examiner ce projet de loi dans le cadre plus vaste des mesures que le Canada a prises et doit encore prendre contre les armes nucléaires ». Autrement dit, il faut rester inébranlable: on ne peut pas faire confiance, en aucunes circonstances, aux dangereux régimes coupables de génocides en ce qui concerne les armes nucléaires.
Les politiques du Canada à cet égard doivent tirer parti des institutions juridiques et diplomatiques déjà existantes. Le Canada doit, par exemple, participer activement à l'adoption d'une convention globale sur les armes nucléaires qui obligerait les pays qui possèdent de telles armes à les détruire progressivement et à céder le contrôle de toutes les matières fissiles aux Nations Unies. Nous devrions appuyer la série complète des propositions du secrétaire général des Nations Unies en ce qui concerne le désarmement nucléaire.
De plus, il faut exercer des recours judiciaires internationaux contre les régimes qui font peser des menaces de génocide, surtout ceux qui se servent de l'armement nucléaire pour étayer leurs menaces.
Nous devons voir les armes nucléaires comme étant un outil dangereux susceptible d'appuyer les intentions génocidaires de ces régimes. Nous devons insister pour que les États qui se moquent ouvertement du droit international et qui menacent la paix et la sécurité de la communauté internationale, ainsi que les droits de leurs citoyens, n'aient pas de telles armes entre les mains. En effet, on a pu constater que les États qui violent — et qui le font à grande échelle — les droits de leurs citoyens sont les plus susceptibles de violer les droits des autres.
Actuellement, l'Iran de Khamenei est le meilleur exemple de cette menace. Je m'exprime ainsi pour faire la distinction entre le régime de Khamenei et les Iraniens, qui sont victimes d'une répression massive dans leur pays. L'Iran de Khamenei n'a jamais cessé de développer sa capacité nucléaire, d'où l'importance de l'application du droit pénal à l'échelle nationale, comme il en a été question, ainsi que du multilatéralisme et des régimes juridiques internationaux.
Le projet de loi permet de s'attaquer au problème sur la scène nationale. Cependant, en ce qui concerne la menace nucléaire iranienne, nous devons continuer à collaborer avec la communauté internationale.
J'ai déjà déclaré que la menace iranienne est quadruple: il y a la menace nucléaire; la menace d'incitation, la menace de terrorisme et la répression nationale massive. Il ne fait aucun doute que le programme d'armement nucléaire de l'Iran viole les dispositions du droit international. L'Iran a déjà violé — comme l'a établi un comité composé de représentants de tous les partis du Comité des affaires étrangères — l'interdiction d'incitation au génocide prévue dans la Convention sur le génocide.
L'Iran est un leader en matière de terrorisme international parrainé par l'État. D'ailleurs, les 22 actes terroristes perpétrés en 2012 seulement, sur cinq continents, qui portaient la marque de l'Iran ne font qu'étayer cette affirmation. Pour finir, comme je l'ai mentionné, l'Iran prend des mesures de répression si massives contre ses citoyens qu'il se rend coupable de crime contre l'humanité.
Cela m'amène à parler plus particulièrement de la façon dont le Canada doit aborder la question de la prolifération nucléaire en ce qui concerne l'Iran. C'est là que le contexte international et notre rôle dans ce contexte deviennent importants.
Je propose que le Canada appuie les négociations prospectives du P5+1 avec l'Iran, ainsi que toute stratégie diplomatique qui en découlera, et présente les exigences suivantes à l'égard de la lutte contre la prolifération nucléaire en général, mais plus particulièrement à l'égard du programme d'armement nucléaire de l'Iran.
Premièrement, l'Iran doit se plier à l'exigence absolue qu'est la suspension vérifiable de son programme d'enrichissement de l'uranium, de manière à ce que la communauté internationale puisse contrecarrer la stratégie iranienne consistant à gagner du temps, nier les faits et cultiver les illusions, plutôt que de désarmer.
Deuxièmement, l'Iran doit expédier à l'étranger son stock d'uranium enrichi pour qu'il soit traité, puis renvoyé en Iran, afin d'y être utilisé dans un programme nucléaire civil soumis à des inspections et à une surveillance adéquates.
Troisièmement, l'Iran doit fermer et démanteler de manière vérifiable son usine d'enrichissement d'uranium de Fordo, qui est enfouie sous une montagne, près de Qom. Les Iraniens ont au départ nié l'existence de cette usine, mais la zone deviendra bientôt impénétrable à moins que l'usine ne soit effectivement démantelée.
Quatrièmement, l'Iran doit suspendre sa production d'eau lourde dans son usine d'Arak. On oublie parfois que l'eau est également essentielle pour produire du plutonium. La Corée du Nord s'en sert pour fabriquer ses armes nucléaires. Autrement dit, l'acquisition de l'arme nucléaire peut ne pas se faire uniquement par l'enrichissement d'uranium. Même si la suspension de l'enrichissement d'uranium est nécessaire, elle ne permettra pas, à elle seule, de s'assurer que le programme d'armement nucléaire est bel et bien abandonné.
Cinquièmement, l'Iran doit permettre aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique d'avoir accès immédiatement et sans restriction à toute installation nucléaire suspecte, car l'Iran a signé le traité de non-prolifération des armes nucléaires. L'Iran a donc non seulement l'obligation de ne pas utiliser l'énergie nucléaire dans un but militaire, mais également l'obligation d'ouvrir ses installations nucléaires pour qu'elles puissent être inspectées.
Sixièmement, les autorités iraniennes doivent permettre à l'Agence internationale de l'énergie atomique d'avoir accès au complexe militaire près de Téhéran où l'Iran aurait, selon les observations, effectué des essais de puissants explosifs, peut-être de concert avec le développement d'une arme nucléaire.
Enfin, l'Iran doit permettre à l'Agence internationale de l'énergie atomique d'installer, sur ses centrifugeuses, des dispositifs permettant de surveiller les niveaux d'enrichissement de l'uranium.
Voilà le genre d'approche qui est axée sur des limites à ne pas dépasser et qui peut être mise en oeuvre avec la participation du Canada, de manière à combattre la prolifération. Comme je l'ai dit, le Comité des affaires étrangères des Communes a déterminé que l'État iranien pratiquait officiellement l'incitation au génocide. Prolifération et incitation rendent la menace encore plus dangereuse qu'elle le serait autrement.
Il reste des mesures que le Canada n'a pas encore prises, pour combattre la prolifération des armes nucléaires et l'incitation au génocide. Nous n'avons pas suffisamment examiné certains recours juridiques.
Premièrement, nous pourrions simplement demander au secrétaire général des Nations Unies de renvoyer la question au Conseil de sécurité, puisqu'il s'agit d'une menace à la paix et à la sécurité internationale qui mérite d'y être débattue et qui relève du secrétaire général.
Deuxièmement, n'importe quel État signataire de la Convention sur le génocide, y compris le Canada, peut porter plainte à tout moment contre l'Iran, qui est également signataire de cette convention, devant la Cour pénale internationale.
Troisièmement, le Canada ou un autre pays pourrait demander au Conseil de sécurité des Nations Unies de se pencher sur l'incitation au génocide pratiquée par l'État iranien, et soutenue par son programme d'armement nucléaire, afin de voir s'il y a lieu d'attribuer une responsabilité criminelle individuelle. Il existe d'autres solutions, mais je vais m'en tenir à celles-ci pour ce qui est de cette question.
Enfin, avant de conclure, je souhaite revenir sur un détail technique du projet de loi et faire un lien avec le problème de l'armement nucléaire en Iran. Les députés savent peut-être que le gouvernement n'a pris aucune mesure pour inscrire les Gardiens de la révolution islamique iranienne comme une entité terroriste en vertu du Code criminel, bien qu'il avait dit qu'il le ferait. En clair, les Gardiens de la révolution islamique iranienne sont le noyau dur de la menace iranienne à quatre volets dont je parlais; ils jouent un rôle de premier plan dans la répression de la population iranienne, le terrorisme international, l'incitation au génocide et la prolifération nucléaire.
Les États-Unis les ont déjà désignés groupe terroriste, alors que les Nations Unies et l'Union européenne ont imposé diverses sanctions aux Gardiens de la révolution islamique iranienne et à leurs dirigeants. Il est regrettable que le Canada ne les ait pas encore inscrits comme une entité terroriste en vertu du Code criminel, car ce geste aiderait à combattre la prolifération nucléaire, l'incitation au génocide et le terrorisme international. En effet, les Gardiens de la révolution islamique iranienne, par l'entremise du Hezbollah et d'intermédiaires terroristes iraniens, étaient impliqués dans la tentative d'assassinat de l'ambassadeur saoudien à Washington, dans l'attaque terroriste survenue en juillet dernier contre des touristes israéliens en Bulgarie, qui a fait sept morts, ainsi que dans une série d'attentats terroristes internationaux en 2012.
Bien sûr, les solutions judiciaires internationales que j'ai décrites devraient être appliquées contre les membres et les dirigeants des Gardiens de la révolution islamique iranienne. En effet, voilà longtemps que je demande que ce groupe soit inscrit parmi les entités terroristes; j'en parle dans le cadre du débat sur le projet de loi afin de souligner qu'un aspect particulier du projet de loi devrait être examiné plus en détail en comité et que des amendements à cet égard devraient être proposés.
Une autre caractéristique importante du projet de loi concerne la disposition relative à l'exclusion militaire, qui ferait en sorte qu'aucune des infractions nouvellement créées ne s'appliquerait « aux activités menées par les forces armées d’un État dans l’exercice de leurs fonctions officielles, dans la mesure où ces activités sont régies par d’autres règles de droit international ».
Je crains qu'on puisse soutenir que les activités des Gardiens de la révolution islamique iranienne ou les activités concernant ceux-ci entrent dans cette catégorie, car ce groupe pourrait être considéré comme une force militaire plutôt que comme une organisation terroriste. Manifestement, il est possible de démontrer que les activités des Gardiens de la révolution islamique iranienne contreviennent au droit international, ce qui invaliderait la protection prévue dans l'article. Toutefois, tant et aussi longtemps que ce groupe ne sera pas considéré comme une organisation terroriste aux termes du Code criminel, cette lacune sur le plan juridique continuera de menacer nos discussions.
Je le répète, nous devons situer le projet de loi dans le contexte plus vaste de la prolifération nucléaire et de la menace nucléaire iranienne en particulier. Pour ce faire, il faut examiner le projet de loi de façon à nous assurer qu'il ait l'effet escompté, c'est-à-dire parer à la menace nucléaire. Par conséquent, je réitère ma demande au gouvernement d'inscrire les Gardiens de la révolution islamique iranienne sur la liste des organisations terroristes. Je propose en outre que les conséquences de la disposition relative à l'exclusion militaire fasse l'objet d'un examen plus approfondi au comité afin de veiller à ce que le projet de loi S-9 contribue véritablement à une prévention efficace.
Le Canada a l'habitude et la réputation de prendre l'initiative dans le cadre d'efforts multilatéraux de ce genre. Notre pays se distingue par la qualité de ses interventions diplomatiques. Sous les gouvernements précédents, nous avons démontré qu'en appliquant un leadership multilatéral, il est possible de trouver une solution à des problèmes apparemment insolubles de coopération internationale et d'assurer la sécurité des populations humaines. Je rappelle à la Chambre le rôle de premier plan qu'a joué le Canada dans la négociation du traité interdisant l'utilisation de mines antipersonnel, signé à Ottawa, en 1997. Le Canada avait mobilisé les gouvernements et les organismes non gouvernementaux pour la signature de ce traité international historique. N'oublions pas non plus que le Canada a alors exercé un leadership efficace en modifiant le comportement de gouvernements et de forces militaires, prouvant, en fin de compte, que le désarmement est un objectif réalisable. Le Canada devrait travailler en ce sens aujourd'hui, dans le contexte global de la prolifération, surtout en ce qui a trait à l'Iran.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Le projet de loi permet au Canada de remplir ses obligations envers l'ONU en vertu de la Convention sur la protection physique des matières nucléaires et de la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, y compris en élargissant les mesures internationales au-delà de la protection contre la prolifération pour inclure maintenant la protection des installations nucléaires. De plus, il renforce l'obligation du Canada en vertu de la résolution 1540 du Conseil de sécurité de l'ONU prise en 2004, d'adopter et d'appliquer des mesures efficaces pour prévenir la prolifération des matières nucléaires ainsi que des armes chimiques et biologiques.
D'entrée de jeu, je tiens à dire que, de façon générale, nous appuyons la mesure législative. Nous sommes d'avis qu'il est grand temps que le gouvernement respecte ses obligations à l'égard des Nations Unies, mais cela dit, nous exprimons certaines réserves quant à la portée de la mesure législative.
Je tiens également à souligner que le programme sur la loi et l'ordre du gouvernement fait en sorte que, dans l'ensemble, ce dernier a tendance à s'occuper d'abord et avant tout des questions touchant la loi et l'ordre. Si ma mémoire est bonne, il ne s'agit là que de l'un des 14 projets de loi sur les crimes et les châtiments, ou visant à définir la criminalité, dont la Chambre a été saisie. Il y a beaucoup de projets de loi de ce type. Il y a eu des projets de loi sur les mégaprocès, les passeurs, les peines minimales obligatoires, la justice militaire, le registre des armes d'épaule, les arrestations par des citoyens, les communications électroniques criminelles, les passeurs, la violence à l'égard des aînés, la responsabilisation des contrevenants, la responsabilisation de la GRC, le renvoi plus rapide des criminels étrangers, le terrorisme ainsi le terrorisme nucléaire. On pourrait croire que la criminalité monte en flèche au Canada et qu'elle a pris une ampleur considérable, car ces projets de loi sont disproportionnés par rapport à ce que nous faisons ici, à la Chambre des communes.
Cependant, ce n'est pas la réalité. Les faits montrent le contraire. La criminalité est en baisse au Canada et elle était déjà en baisse avant que le gouvernement arrive au pouvoir. Il n'est pas judicieux d'axer nos efforts sur des mesures législatives qui visent à faire croire aux Canadiens que la criminalité est en hausse et qu'il faut rendre le système de justice pénale plus sévère et moins souple. De ce côté-ci de la Chambre, nous sommes d'avis qu'il est préférable d'adopter une approche plus souple et plus systématique à l'égard de la criminalité.
La mesure législative est nécessaire, et nous convenons qu'il est nécessaire d'adopter des lois pour respecter les accords conclus avec les Nations Unies, notamment la Convention sur la protection physique des matières nucléaires. Cependant, il convient d'aborder les aspects qui ne figurent toujours pas dans le programme du gouvernement pendant que nous sommes saisis de cette mesure législative.
Le gouvernement rend illégaux certains actes terroristes impliquant l'utilisation de matières nucléaires. Bravo. En règle générale, les Canadiens sont heureux de savoir que, si des gens essaient d'utiliser des matières nucléaires ou radioactives à des fins terroristes, ils enfreignent alors la loi, et que, s'ils se font prendre et sont reconnus coupables, ils s'exposent à de lourdes peines. Cependant, il convient de souligner que, dans ce cas, il n'existe pas de peine minimale obligatoire.
Mais que fait le gouvernement en ce qui concerne les autres crimes qui terrorisent les Canadiens? Récemment, dans ma circonscription, , il y a une vague de meurtres et de mutilations commis avec des armes de poing. La semaine dernière, une personne a été tuée et deux autres ont été blessées par des armes à feu lors d'une violente altercation. Pendant l'été, on a célébré les funérailles de six jeunes Somaliens qui ont été abattus lors d'actes violents qui se sont produits à divers endroits à Toronto. Bien sûr, il y a eu la fusillade horrible qui s'est produite au cours d'une fête de quartier sur la rue Danzig, à Scarborough, où deux personnes sont mortes et 23 autres ont été blessées. Quelles mesures le gouvernement prend-t-il pour endiguer le flot d'armes illégales qui entrent au Canada?
C'est bien beau de faire adopter des lois qui rendent illégaux le terrorisme et le terrorisme nucléaire, mais que faisons-nous pour rassurer notre population si elle est terrorisée par d'autres actes? Quelles sont les mesures prises pour retirer des rues les armes à feu qui s'y trouvent déjà? Nous ne sommes saisis d'aucun projet de loi à ce sujet.
Le gouvernement a fait adopter le projet de loi , qui annule le registre des armes d'épaule et mènera à l'élimination des données. Par conséquent, il y aura moins de renseignements disponibles sur les armes en circulation et les gens sont craintifs. Les habitants de ma ville ont peur des répercussions que cela aura sur leur sécurité. Ils sont plus craintifs qu'avant l'arrivée au pouvoir des conservateurs.
Ce projet de loi ne fait rien pour prévenir le vol de téléphones cellulaires et d'autres appareils électroniques mobiles, qui représente actuellement à lui seul le crime le plus important dans ma circonscription, . Des enfants sont agressés et des gens sont blessés, mais le gouvernement ne réagit pas. La solution est pourtant simple. Il suffit de rendre illégale l'activation de téléphones dont le vol a été signalé. J'ai d'ailleurs présenté une motion à la Chambre à ce sujet.
Le gouvernement ne s'est toujours pas prononcé sur les choses qui effraient les gens, qui leur donnent le sentiment d'être moins en sécurité qu'ils ne l'étaient hier. Pourtant, nous voici en train de parler de terrorisme nucléaire.
La mesure porte également sur le risque du terrorisme nucléaire pour l'environnement. Je répète: bravo. Les Canadiens se préoccupent de l'environnement. Ils se soucient des changements climatiques, dont on a récemment senti les effets lorsque l'ouragan Sandy s'est abattu sur les États-Unis et le Canada.
Qu'est-ce que le gouvernement fait d'autre pour l'environnement? La définition d'environnement qui figure dans le projet de loi , celui dont nous sommes actuellement saisis, est pratiquement identique à la définition qu'on trouve dans la nouvelle Loi sur l'évaluation environnementale. Essentiellement:
l'« environnement » est l'ensemble des conditions et des éléments naturels de la Terre, notamment: a) l'air, l'eau, le sol et les couches de l'atmosphère; b) les matières organiques et inorganiques ainsi que les êtres vivants; c) les systèmes naturels en interaction qui comprennent les éléments visés aux alinéas a) et b).
Encore une fois, bravo.
Un terroriste nucléaire qui menace l'un de ces éléments de l'environnement s'expose à une grave peine s'il est reconnu coupable d'une infraction. Les gestes qu'il pose ne peuvent avoir aucune incidence environnementale qui pourrait nuire à un organisme vivant, dont un être humain. Or, ce n'est pas le cas des projets du gouvernement.
La définition d'effets environnementaux de la nouvelle Loi sur les évaluations environnementales concerne seulement l'incidence sur les poissons, les espèces migratoires et les oiseaux. Si un projet fédéral présente une menace pour la santé humaine, le gouvernement s'en fiche. La santé humaine n'est plus protégée aux termes de la Loi sur l'évaluation environnementale.
Le projet de loi , lui, protège la santé humaine. Il protège davantage l'environnement contre tout préjudice éventuel que la Loi sur l'évaluation environnementale. Les terroristes nucléaires sont traités avec plus d'intransigeance que les projets gouvernementaux ou d'autres projets d'envergure qui risquent de nuire à l'environnement. La plupart de ces projets n'ont rien à voir avec le terrorisme nucléaire, c'est pourquoi il n'est pas bien grave s'ils nuisent à la santé humaine; c'est ce qu'affirme le gouvernement conservateur.
Il faut adopter le projet de loi pour respecter nos obligations à l'égard des Nations Unis. Nous aimons les Nations Unies. Nous aimerions bien siéger au Conseil de sécurité. Nous aimerions bien respecter toutes nos obligations. Nous avons notamment des obligations aux termes de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, que le gouvernement a signée le 11 mars 2010. Ce jour-là, le gouvernement a promis de présenter, deux ans plus tard, aux Nations Unies un rapport d'étape. Il ne l'a toujours pas fait.
Le gouvernement n'a pas fait rapport des mesures qu'il a prises pour aider les personnes handicapées. Jusqu'à présent, les mesures prises par le gouvernement ont nui aux personnes handicapées. La convention des Nations Unies stipule clairement que nous devons prendre des mesures pour permettre aux personnes handicapées d'avoir un accès égal à l'information et à Internet. Pourtant, dans son dernier projet de loi, le gouvernement a mis fin au financement du Programme d'accès communautaire, ce qui a privé des milliers de personnes handicapées de l'accès à Internet dont elles bénéficiaient en vertu de ce programme.
Il semble que le gouvernement a laissé tomber les personnes handicapées et qu'il a de nouveau manqué à l'une de ses importantes obligations envers les Nations Unies. Nous étions d'accord avec les Nations Unies. Nous pensions que nous allions améliorer la vie des personnes handicapées grâce aux mesures que nous allions prendre et aux gestes que nous allions poser. Pourtant, le gouvernement va à l'encontre de la promesse qu'il a faite aux Nations Unies.
De plus, le projet de loi ne fait rien pour répondre à l'un des besoins les plus pressants de ma circonscription, à savoir le logement abordable. Le projet de loi porte exclusivement sur la sécurité, mais les personnes qui vivent dans des logements subventionnés à Toronto ont de gros problèmes de sécurité.
Il y a 15 ans, le gouvernement libéral a arrêté de s'occuper des logements subventionnés, et le gouvernement fédéral n'a rien fait pour reprendre ce rôle. La Ville de Toronto accuse un déficit de 750 millions de dollars en ce qui a trait à la réparation de ces immeubles, et des milliers de personnes sont sur des listes d'attente. Pourtant, il n'y a rien que nous puissions faire. Cela fait partie du problème de sécurité qui afflige les habitants de ma circonscription, à Toronto, et ceux de l'ensemble du Canada.
Toutefois, le gouvernement prétend que le terrorisme nucléaire est notre problème le plus important. Nous n'avons absolument rien fait pour aider les Canadiens à se sentir plus en sécurité chez eux, là où ils habitent.
:
Monsieur le Président, c'est un grand honneur, comme toujours, de prendre la parole à la Chambre des communes, la chambre des gens ordinaires, et de représenter les électeurs de la circonscription de Timmins—Baie James, pour qui j'ai le plus grand respect. Je prends mon rôle d'intervenant au sérieux, car le sujet dont nous discutons est très important et transcende les allégeances politiques. En effet, la prolifération du matériel nucléaire — et le fait qu'il puisse être utilisé illégalement et servir à lancer des attaques nucléaires — préoccupent la communauté internationale.
En présentant le projet de loi , le Canada cherche à ratifier les engagements qu'il a pris il y a huit ans aux Nations Unies dans le cadre de la Convention sur la protection physique des matières nucléaires. Ces engagements ont été modifiés en 2005 dans la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire. Il est dommage que nous n'ayons pas déjà ratifié cette convention, mais comme nous nous penchons aujourd'hui sur la question, je propose de passer aux actes.
Il est bien sûr important pour les Canadiens que tous les pays respectent les codes juridiques qui ont pour but d'empêcher les terroristes d'avoir accès à du matériel nucléaire et de l'utiliser à mauvais escient. Il n'est pas question, par contre, de se contenter de réagir aux événements. Un seul cas de mauvaise utilisation du matériel nucléaire pourrait avoir des répercussions catastrophiques. Il faut donc que le Canada prenne les devants sur la scène internationale, où il a déjà eu la réputation d'agir en faveur du désarmement, et fasse adopter des mesures multilatérales. Comme le matériel nucléaire est facile d'accès, ne pas agir revient à jouer à la roulette russe et à mettre sa vie en danger.
Je parlerai un peu du projet de loi, mais je tiens d'abord à parler de deux choses que nous avons récemment apprises en ce qui concerne la façon dont le matériel nucléaire est utilisé. Nous savons, d'une part, qu'il est utilisé illégalement, mais nous savons aussi, d'autre part, qu'il peut aussi être utilisé tout à fait légalement. Je vais parler de son utilisation illégale.
Il y a eu le récent assassinat du Russe Alexandre Litvinenko, qui a été empoisonné par du polonium 210. M. Litvinenko avait critiqué Vladimir Poutine. Son assassinat a déclenché une vaste enquête. Fait intéressant, les médias avaient alors rapporté que les autorités britanniques disaient savoir sans l'ombre d'un doute qui avait administré le poison, à quel endroit et à quel moment. Pourtant, il n'y a pas eu d'extradition en ce sens, et la vie a suivi son cours. Les médecins britanniques qui ont soigné M. Litvinenko, alors qu'il était mourant, ont déclaré que ce meurtre était un sinistre tournant qui marquait le début de l'ère du terrorisme nucléaire.
Depuis la chute du régime communiste, qui était devenu une oligarchie extrêmement corrompue, on avait espoir que la Russie fasse des progrès, et des efforts ont été faits en ce sens au cours des 20 dernières années. Toutefois, la situation actuelle suscite de véritables préoccupations. Récemment, on a condamné trois jeunes femmes parce que leur représentation théâtrale a embarrassé le dirigeant russe. Ekaterina Samoutsevitch, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina ont été arrêtées et condamnées à purger une peine dans une colonie pénitentiaire. Ekaterina Samoutsevitch a finalement été relâchée, mais les deux autres mères, dans la jeune vingtaine, purgent maintenant une peine de travaux forcés dans une colonie pénitentiaire pour avoir embarrassé l'oligarque Poutine. Cela s'est passé en 2012.
Ce qui est également fort triste et honteux, c'est que l'attaque de M. Poutine contre ces jeunes artistes a reçu l'appui des patriarches de l'Église orthodoxe russe, qui ont jugé, eux aussi, avoir été embarrassés par cette affaire. On aurait pu penser que les dirigeants d'une Église persécutée à l'époque de l'Union soviétique auraient demandé à M. Poutine de ne pas utiliser le pouvoir de l'État pour opprimer des artistes. N'est-ce pas le rôle des artistes de dire ce que les médias et le reste de la population n'osent pas dire? Or, aujourd'hui, en 2012, deux jeunes dissidentes souffrent dans une colonie pénitentiaire russe. Sur la scène internationale, on a fort peu parlé de cette affaire, et M. Poutine poursuit comme si de rien n'était. Le meurtre de M. Litvinenko, l'inaction pour trouver les coupables et l'utilisation de matières nucléaires dans cette affaire, tout cela est fort préoccupant.
Pour les jeunes femmes du groupe Pussy Riot, il faut absolument que les parlementaires et les dirigeants politiques affirment haut et fort que le droit à la dissidence et le droit de l'art doivent être protégés partout dans le monde, y compris dans le monde de Vladimir Poutine.
Je passerai maintenant à une autre question concernant la prolifération nucléaire, soit l'utilisation d'uranium appauvri par l'OTAN et les forces militaires américaines, ce qui est parfaitement légal à l'heure actuelle, mais qui ne satisfait certainement pas aux critères du droit international.
De toute évidence, l'uranium appauvri sert pour les armes antichars et a été abondamment utilisé pendant la première guerre du Golfe, en Afghanistan et lors de l'invasion de l'Irak. Il est très facile de faire exploser un char avec un gros obus à l'uranium appauvri, mais l'uranium est extrêmement toxique lorsqu'il est répandu dans l'atmosphère. Il détruit l'environnement parce qu'il l'empoisonne irrémédiablement. On en constate maintenant les effets dans des régions comme l'Afghanistan et l'Irak, en particulier à Falloujah. Le taux effroyable de malformations et d'anomalies congénitales rapportées par les médias après l'attaque des Américains contre Falloujah en 2006 a de quoi inquiéter. La Dre Samira Alani, pédiatre à Falloujah, a déclaré qu'elle avait elle-même enregistré plus de 700 malformations congénitales chez des enfants nés avec de graves anomalies et des enfants morts des suites de l'exposition à des radiations. Les seules radiations à laquelle on peut penser proviennent de l'utilisation d'obus à l'uranium appauvri. C'est inacceptable.
Ce qui est tout aussi inacceptable, c'est que, alors que nous parlons de limiter l'accès à ces matières parce qu'elles pourraient servir à des fins terroristes, la Commission américaine de réglementation nucléaire, de son côté, a accordé une autorisation générale pour l'utilisation d'uranium appauvri. N'importe qui peut obtenir une autorisation générale à condition de promettre de ne rien perdre de la matière utilisée.
Le Canada et la communauté internationale doivent réfléchir à la question et interdire l'utilisation de l'uranium par les forces nucléaires. En effet, il y a des pays qui ont accès à de l'uranium de qualité militaire et à des matières nucléaires, et qui sont instables. Dans certains cas, un ancien régime s'est effondré et les nouveaux dirigeants ne devraient pas avoir accès à ces matières. Ce serait catastrophique s'ils s'en servaient. Nous avons vraiment eu de la chance ces 50 dernières années, car ces armes n'ont pas été utilisées, même par accident. Nous devons tous nous en réjouir. Il reste que la communauté internationale doit agir et insister pour qu'on élimine ces armes et ces matières nucléaires afin d'éviter qu'elles soient utilisées à mauvais escient.
Le Nouveau Parti démocratique appuie le renvoi du projet de loi au comité. C'est important de le faire. Il va de soi que quiconque essaie de vendre des matières nucléaires doit être puni avec toute la rigueur de la loi. Cela dit, des efforts multilatéraux s'imposent. Le Canada a toujours joué le rôle d'intermédiaire honnête sur la scène internationale, amenant les diverses parties à négocier. Le monde doit non seulement contribuer à la réduction du nombre de missiles balistiques intercontinentaux, mais se pencher sur des problèmes comme les obus à uranium appauvri. Dans l'intérêt commun, nous devons commencer à retirer ces matières de la circulation.
Comme cela fait huit ans que nous attendons cette mesure législative, nous l'acceptons et appuierons son renvoi au comité, mais nous voulons que le gouvernement comprenne que, dans le dossier du nucléaire, nous ne pouvons pas nous contenter de réagir aux événements. La seule attitude crédible que peut adopter n'importe quel pays en 2012, c'est de se montrer proactif. Nous exhortons le gouvernement à prendre l'initiative du désarmement multilatéral, ce qui inclut aussi les obus à uranium appauvri, qui sont encore en usage.
J'ai hâte de poursuivre le débat. C'est le genre de discussions qu'il convient d'avoir à la Chambre, le genre de questions auxquelles les députés devraient consacrer leur temps.