propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, après plusieurs années de travail et de consultation, c'est un grand honneur pour moi de présenter à la Chambre le projet de loi qui vise à aider les victimes de traite de personnes à obtenir justice dans un contexte qui les protège mieux.
Ce projet de loi vise aussi à aider les policiers et les procureurs qui luttent contre cette nouvelle forme d'esclavage, disons-le, à avoir les outils nécessaires pour porter des accusations et avoir des sentences à la hauteur des crimes commis.
Je tiens à remercier les groupes et les personnes qui ont travaillé avec moi pour élaborer ce projet de loi, en l'occurence des experts policiers du SPVM, moralité et module Exploitation sexuelle des enfants, des criminalistes du Barreau du Québec, des groupes de femmes et des groupes qui travaillent auprès des victimes de traite des personnes, notamment le Comité d'action contre la traite humaine interne et internationale, l'Afeas, le Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, l'organisme Concertation-Femme, la Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle, l'Association québécoise Plaidoyer-Victimes, La maison de Marthe. Ces groupes ont travaillé concrètement à l'élaboration du projet de loi.
Je tiens aussi à remercier ceux qui se sont ensuite ajoutés pour appuyer le projet de loi, en l'occurence le Collectif de l'Outaouais contre l'exploitation sexuelle, le diocèse de l'Outaouais de la condition des femmes et, bien sûr, le Conseil du statut de la femme du Québec.
Avant de présenter le projet de loi, j'aimerais tracer un rapide portrait de la traite des personnes au Canada. C'est malheureusement un phénomène assez majeur au Canada, et donc au Québec.
Il est indéniable qu'au Canada on peut estimer qu'entre 80 % et 90 % des personnes victimes de traite le sont en vue de nourrir l'industrie du sexe. Oui, nous avons aussi au Canada des individus qui sont victimes de traite en vue de travail forcé. C'est vraiment très atypique mais cela existe quand même.
Le Canada est malheureusement considéré comme un pays de recrutement, de destination et de transit, surtout vers les États-Unis. Les villes les plus populaires sont Fort Lauderdale, Miami, New York et Las Vegas, on peut s'en douter. Le Canada est aussi considéré comme un pays touristique. Il ne s'agit pas seulement de tourisme habituel mais aussi de tourisme sexuel.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce genre de chose n'arrive malheureusement pas juste dans les pays en voie de développement. Le rapport de 2001 du Service canadien de renseignements criminels fait état que l'âge moyen d'entrer dans la prostitution au Canada est de 14 ans. Au Canada, la majorité des victimes de traite sont des femmes de 12 ans à 25 ans.
Selon les chiffres de 2004 du département d'État des États-Unis, on estime que, chaque année, de 1 500 à 2 000 personnes seraient victimes de traite au Canada vers les États-Unis. On estime à environ 600, le nombre de femmes et d'enfants qui entrent au Canada par le biais des trafiquants pour servir dans l'industrie du sexe.
Les principaux points de transit et de destination des victimes de traite interprovinciale et internationale sont notamment Montréal, Toronto, Winnipeg et Vancouver. Au Québec, la Sûreté du Québec estime que 80 % des clubs de danseuses nues sous sa juridiction appartiennent à des groupes criminels, souvent sous des prête-noms. Cette industrie, soit dit en passant, est dominée par le crime organisé et, malheureusement, par les gangs de rue.
Des filles recrutées en Atlantique peuvent se retrouver au Québec, en Ontario, en Alberta ou en Colombie-Britannique, et vice-versa. Ça bouge. C'est ça, la traite de personne. Même si ce commerce odieux est dominé par le crime organisé, les gangs de rue sont devenus de nouveaux joueurs depuis plusieurs années maintenant. D'ailleurs, le SPVM a mis la traite humaine parmi ses priorités dans la lutte contre la criminalité.
On estime que depuis la fin des années 1990, les membres des gangs de rue sont passés de petits recruteurs à proxénètes de haut niveau et se spécialisent dans la prostitution juvénile de jeunes filles majoritairement de 11 ans à 25 ans. Une fille peut rapporter autour de 280 000 $ par année, selon sa beauté et sa jeunesse. On peut imaginer que 20 filles peuvent rapporter autour de 6 millions de dollars. C'est beaucoup d'argent.
C'est un commerce peu risqué et qui coûte peu à gérer. D'ailleurs, la plupart de ces gars disent qu'on a juste à la battre, à la violer, à la torturer et à lui donner un peu de drogue, et elle prend son rendez-vous toute seule. D'autre part, les peines sont négligeables à l'heure où on se parle. Prenons l'exemple d'un proxénète de la région de Peel qui a exploité, torturé et violé une fille de 15 ans pendant deux ans. Ça lui a rapporté à peu près 360 000 $ par année et il a eu une peine de trois ans.
Ce projet de loi cherche à rendre justice aux victimes et à faciliter le travail des policiers et des procureurs. Que fait le projet de loi? Tout d'abord, plusieurs procureurs et policiers que j'ai rencontrés m'ont dit que, généralement, la traite de personnes était perçue comme un phénomène international et que l'on trafiquait des personnes soit du Canada vers l'extérieur, soit de l'extérieur vers le Canada. Malheureusement, le Code criminel est mal interprété.
Cette fausse perception disparaît graduellement et de plus en plus, mais elle a encore cours chez certains praticiens. À cet égard, rappelons que des jeunes des régions du Québec ou des réserves autochtones de partout au Canada se retrouvent malheureusement dans des réseaux de traite qui transitent vers les grandes villes canadiennes et les zones touristiques comme Niagara Falls, par exemple, ou Montréal lors du Grand Prix de Montréal.
La traite interne est donc bien présente au Canada et représente d'ailleurs une grande part, à mon avis, du marché criminel au Canada. Les victimes sont âgées d'entre 14 et 25 ans dans ce genre de traite humaine. Le projet de loi en question bonifie le paragraphe 279.01(1) en établissant que la traite des personne n'est pas seulement un phénomène international, mais aussi interne. J'ai donc ajouté cette phrase: « Quiconque, que ce soit dans un contexte interne ou international, recrute, transporte [...] ». Cela amène une clarification qui permettra de faire en sorte que toute personne, policier ou procureur, comprendra exactement ce qui est dit dans l'article.
Actuellement, dans l'article 279.04, il y a des dispositions sur le trafic d'organes et le travail forcé. Compte tenu qu'on sait que la plus grande partie de la traite de personnes sert à des fins d'exploitation sexuelle, j'ai tenu à ajouter le paragraphe 279.04(1.1), qui porte vraiment sur l'exploitation sexuelle. Cette définition, si on peut la nommer ainsi, provient essentiellement du Protocole de Palerme, qui vise la traite de personnes et la criminalité transnationale et qui a été ratifié par le Canada le 13 mai 2002. Cet ajout permet de toucher vraiment à toutes les dimensions de l'exploitation sexuelle. Il fait donc en sorte que le Canada respecte sa signature.
Dans un autre ordre d'idées, les infractions de traite de personnes et de proxénétisme sont souvent associées à la commission d'autres délits violents. Toutefois, malgré plusieurs accusations pour un même événement, les trafiquants s'en sortent avec de courtes peines, puisqu'elles sont calculées de manière concurrente. En fait, les peines sont malheureusement moins sévères pour les trafiquants de personnes que pour les trafiquants de drogue.
Or les crimes commis par ces personnes, que je qualifierais carrément d'esclavagistes, sont d'une extrême gravité. Les victimes sont torturées, séquestrées, violées, obligées de se prostituer, etc. Il est donc important qu'on tienne compte de tous ces éléments relativement à un événement. Ce projet de loi fait en sorte que la peine qui est imposée pour la traite de personnes ou de proxénétisme sera calculée de manière consécutive à d'autres peines pour un même événement.
L'autre problème rapporté par les policiers et les procureurs est la capacité d'aider ou d'amener une victime à témoigner. Le problème que rencontrent ces praticiens dans ce genre de criminalité, c'est que les victimes ne veulent pas témoigner. Pourquoi? Parce qu'elles vivent un stress post-traumatique important et qu'elles ont peur, bien sûr, d'être victimisées. Plusieurs groupes qui s'occupent de ces groupes de victimes me l'ont dit: la victime ne doit plus porter le fardeau de la preuve.
Actuellement, dans le Code criminel, dans le cas du proxénétisme, au paragraphe 212(3), nous avons déjà la notion de renversement de la preuve sur le proxénétisme. Le même fonctionnement a donc été introduit dans ce projet de loi, donc un renversement de la preuve pour le délit de traite au paragraphe 279.01(3).
De ce fait, à partir du moment où les policiers auront assez de preuves pour porter des accusations, ils n'auront pas forcément besoin du témoignage d'une victime. Le renversement de la preuve existe donc pour le proxénétisme. Quant à moi, nous devons tout simplement l'appliquer aussi à la traite des personnes.
L'aspect de ce projet de loi que je préfère est celui de la confiscation des fruits de la criminalité. Malheureusement, ce qui est beaucoup constaté dans le milieu policier, c'est que la traite des personnes rapporte beaucoup d'argent. C'est payant parce qu'une fille peut rapporter beaucoup d'argent à un proxénète et la possibilité qu'elle porte plainte contre ce dernier est extrêmement faible. Le proxénète n'a pas besoin de faire de la gestion ou de gros achats pour faire fonctionner cette industrie ou ce commerce. Ainsi, beaucoup d'argent revient au proxénète.
Actuellement, l'article 462.37(2.02), qui concerne justement la confiscation des fruits de la criminalité, permet de confisquer les biens obtenus criminellement pour les infractions d’organisation criminelle passible d’un emprisonnement de cinq ans ou plus et pour toute infraction aux articles 5, 6 ou 7 de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
À mon avis, les infractions de traite des personnes et de proxénétisme devraient également faire partie de cet article. Le projet de loi ajoute donc ces deux dispositions à l'article 462.37.
En terminant, je voudrais inviter tous mes collègues à poser un geste extrêmement important pour les victimes de la traite des personnes. Il ne faut pas oublier qu'on n'a pas besoin d'aller en Thaïlande pour retrouver dans ce commerce des petits enfants de 12, 13 ou 14 ans. Malheureusement, il ne faut pas oublier que des adultes sont aussi victimes de ce commerce. Ce commerce — si on peut parler de commerce — exploite majoritairement des femmes, des jeunes filles et des enfants. Je dirais plutôt qu'il s'agit d'esclavage. Selon moi, cette question va au-delà de toute partisanerie et il est de notre devoir de renforcer le Code criminel quant à la traite des personnes.
Je tiens à remercier mes collègues, et je les invite à appuyer ce projet de loi au nom de la justice, mais surtout au nom de l'humanité.
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Monsieur le Président, je remercie ma collègue de sa question. Étant donné qu'on travaille souvent sur ce dossier de la traite des personnes, je voudrais la féliciter de ce qu'elle a fait également pour améliorer le Code criminel concernant ce dossier.
Si j'ai bien compris la question qui m'a été traduite, la manière dont fonctionnent ces individus est très variée, qu'ils fassent partie de gangs de rue, qu'ils soient des membres du crime organisé ou même des trafiquants indépendants qui n'ont absolument rien à voir avec des groupes criminels. Ils vont manipuler la victime, très souvent par l'intermédiaire d'agences de mannequinat. Parfois, ils vont les recruter carrément dans des night-clubs ou dans des écoles, un peu partout.
Cela se fait par étape. D'abord, il y a ce qu'on appelle la lune de miel, ou la période de charme où l'on fait croire à la personne qu'elle va faire beaucoup d'argent, qu'on est là pour elle et qu'on l'aime. Parfois, les victimes ne font même plus la différence entre leur agresseur et leur conjoint. Le phénomène est très complexe. Par la suite, il y a la période de dressage. Durant cette période, les victimes se font battre, se font violer par 15 hommes en même temps dans un appartement miteux. On les torture et on leur enlève leurs papiers d'identité. Je précise que cela ne se passe pas à l'extérieur du Canada, mais ici, au Canada. Ces personnes seront violentées. On va menacer leur famille et leur dire que, si ce n'est pas elle qui est là, ce sera leur petite soeur.
J'ai rencontré de nombreuses victimes. Des personnes impliquées dans ces réseaux m'ont raconté leur vie. Je n'oublierai jamais cette voiture qui allait de Montréal vers Québec avec une petite fille de 12 ans sur le siège arrière et une autre de 16 ans sur le siège avant. Cette dernière, rendue à l'âge de 20 ans, me racontait qu'elle entendait la petite fille de 12 ans pleurer en arrière parce qu'elles partaient pour Québec pour aller vivre dans un duplex miteux, où on mettait le monde pour nourrir cette industrie.
Surtout n'oublions jamais quelque chose. Si des enfants de 12 ans sont vendus au Québec, c'est parce que des hommes en consomment. C'est un autre problème auquel il va falloir s'attaquer. Dans cette enceinte, il faut qu'on ait le courage de faire face à la prostitution au Canada et qu'on ait une loi, une seule, qui stipule que l'achat de services sexuels est un crime au Canada. J'espère qu'un jour viendra où l'on aura ce courage politique de s'attaquer à la clientèle, car s'il n'y a pas de clients, il n'y a pas de prostituées.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de participer au débat à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel (exploitation et traite de personnes). Je crois que le projet de loi aborde une question de la plus haute importance. Le système de justice pénal doit sanctionner efficacement la traite des personnes.
Le projet de loi vise un objectif important, celui de renforcer la réponse du système de justice pénal à ce crime odieux. Le prédécesseur du projet de loi , le projet de loi , Loi modifiant le Code criminel (traite de personnes), aussi parrainé par la députée d', proposait des modifications du même ordre, mais il est mort au Feuilleton à l'étape de la deuxième lecture, à la dissolution du Parlement en 2011.
Les objectifs du projet de loi méritent notre appui, car ce dernier cherche à tenir les délinquants responsables de leurs actes, à imposer des peines qui correspondent à la gravité du crime et à veiller à ce que les délinquants ne bénéficient pas de leurs méfaits. Le projet de loi soulève toutefois certains problèmes d'ordre juridique que des amendements permettront sûrement de régler.
Le projet de loi propose de modifier le Code criminel à plusieurs chapitres.
Tout d'abord, il prévoit exiger que les peines imposées pour proxénétisme — l'article 212 — et traite des personnes — les articles 279.01 à 279.03 — soient purgées consécutivement à toute autre peine. Il prévoit également préciser que la principale infraction de traite des personnes, à l'article 279.01, serait valable peu importe qu'elle ait été commise au Canada ou à l'étranger.
De plus, il créerait une présomption selon laquelle un accusé exploite une victime de traite s'il est démontré que cet accusé est habituellement en compagnie de cette victime. Cela modifierait la définition d'exploitation aux fins des infractions de traite des personnes dans le but d'inclure les moyens précisés.
Le projet de loi modifierait également la disposition qui impose le renversement du fardeau de la preuve concernant la confiscation des produits de la criminalité pour certaines infractions liées au proxénétisme et à la traite des personnes. Enfin il apporterait, à l'article 279.04, une modification de forme mineure à la définition française d'exploitation.
Une préoccupation découlant de certaines dispositions du projet de loi a trait à l'affaire Bedford, dont la Cour suprême du Canada est actuellement saisie. Cette affaire vise une contestation fondée sur la Charte de trois dispositions du Code criminel concernant la prostitution, dont l'alinéa 212.(1)j), qui porte sur le fait de vivre des produits de la prostitution et qui est inclus dans l'article 212 sur le proxénétisme. Tout amendement ayant une incidence sur cette disposition risque de compromettre la défense du gouvernement concernant sa constitutionnalité.
Certains s'inquiètent également du fait que des dispositions visent des questions déjà traitées dans l'ancien projet de loi , qui avait été parrainé par la députée de , et qui est entré en vigueur en juin 2012.
L'ancien projet de loi a étendu la juridiction extraterritoriale aux infractions du Code criminel liées à la traite des personnes et clarifié la définition d'exploitation qui se trouve à l'article 279.04 en créant un outil d'interprétation destiné à aider les tribunaux à déterminer si une personne en a exploité une autre en vertu des infractions liées à la traite des personnes du Code criminel.
Les nouvelles modifications qui recoupent des réformes récemment entrées en vigueur pourraient provoquer une certaine confusion dans la loi et entraîner des incohérences dans son interprétation et son application. Il serait possible de répondre à ces préoccupations, ainsi qu'à d'autres, grâce à des amendements visant à assurer l'uniformité et la clarté de la loi, et à gérer les risques juridiques.
Il n'en demeure pas moins que nous devrions tous appuyer des propositions visant à durcir notre réaction devant un crime aussi pernicieux et haineux que la traite des personnes. On considère souvent que ce crime est une forme moderne d'esclavage.
Il existe une certaine confusion, tant au Canada qu'à l'étranger, au sujet de la nature de ce crime. Il n'est pas surprenant que la communauté internationale ait de la difficulté à définir ce problème compte tenu de son ampleur, de toutes les formes qu'il prend et de la diversité des victimes et des contrevenants.
Cela dit, j'assure aux Canadiens que notre gouvernement s'efforce constamment d'améliorer la lutte contre cette activité criminelle hautement destructrice.
Le 6 juin dernier, le gouvernement a lancé le Plan d'action national de lutte contre la traite de personnes afin d’améliorer encore la capacité du Canada à prévenir ce crime, d’offrir un meilleur soutien aux victimes et de s’assurer que les trafiquants sont traduits en justice. Au cours des quatre prochaines années, nous consacrerons plus de 25 millions de dollars à son exécution.
Plus précisément, le plan d'action national met l'accent sur la sensibilisation des populations vulnérables, l'aide aux victimes, les initiatives ciblées des forces de l'ordre et la collaboration de tous les Canadiens pour prévenir la traite des personnes.
Le plan d'action national a notamment entraîné la mise en place au Canada d'une première équipe intégrée d'exécution affectée à la lutte contre la traite des personnes, l'augmentation de la formation en première ligne afin de détecter la traite des personnes, d’y faire face et de renforcer la prévention dans les collectivités vulnérables, l'intensification du soutien aux victimes de cet acte criminel, qu’elles soient canadiennes ou nouvellement arrivées, et le renforcement de la coordination avec les partenaires du Canada et de l’étranger qui assistent le Canada dans sa lutte contre la traite des personnes.
De plus, le Canada a ratifié le Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants. La définition de la traite des personnes qui y figure correspond aux quatre infractions qui, au Canada, visent expressément cette activité, ce qui nous procure une définition nationale exhaustive de ce crime abominable. D'autres infractions au Code criminel peuvent aussi être invoquées relativement aux actes connexes.
Comme je l'ai dit, notre Code criminel comporte quatre infractions concernant expressément la traite des personnes. L'article 279.01, qui fait état de la principale infraction, assure une protection globale puisqu'il interdit à quiconque de recruter, de transporter ou d'héberger une personne en vue de l’exploiter.
L'infraction de traite d'enfants, énoncée à l'article 279.011, est la même que l'infraction principale de traite de personnes, sauf qu'elle prévoit une peine minimale obligatoire. Cette disposition a été ajoutée aux termes d'un autre projet de loi parrainé par la députée de , l'ancien projet de loi , qui est entré en vigueur en juin 2010.
Ma collègue du Bloc, qui a pris la parole avant moi, a parlé d'une personne de moins de 12 ans. C'est malheureux, mais c'est également quelque chose qui peut arriver à nos enfants.
Les deux autres dispositions directement liées à la traite des personnes, les articles 279.02 et 279.03, interdisent le fait de bénéficier d'un avantage matériel provenant de la traite d'une personne ou la rétention ou la destruction de documents en vue de faciliter la traite d'une personne. L'article 279.04 du Code criminel définit l'exploitation pour l'application de ces articles.
Le projet de loi assortirait à cette série d'infractions graves des peines plus lourdes en exigeant l'imposition de peines consécutives pour de telles activités répréhensibles. Tout le monde s'entend sur le fait que ce type d'infraction mérite une peine grave.
Le projet de loi exigerait aussi du tribunal responsable de la détermination de la peine qu'il confisque la propriété du délinquant à moins que celui-ci puisse prouver qu'elle n'est pas un produit de la criminalité. Il faut s'assurer que les trafiquants ne puissent jouir des produits de leur exploitation insidieuse d'autres personnes.
Le projet de loi créerait également une présomption qui aiderait les procureurs à prouver la perpétration de l'infraction principale de la traite en établissant un fait connexe, nommément que l'accusé vivait avec une personne exploitée ou se trouvait habituellement en sa compagnie. Il est très difficile d'enquêter sur ce type d'infraction et d'intenter des poursuites, surtout parce que les témoins font souvent l'objet de menaces et d'intimidation. Une telle présomption pourrait contribuer à la poursuite des accusés et raffermir l'argumentation du procureur, centrée en grande partie sur le fait que l'accusé vivait avec la personne exploitée ou était habituellement en sa compagnie. Cependant, un amendement s'impose pour veiller à ce que cette disposition s'applique également à la traite des enfants, et pour que le libellé de la présomption s'apparente davantage à ce qui figure dans le Code criminel, afin que cette présomption ait l'effet visé. De tels amendements faciliteraient les poursuites et permettraient de faire en sorte que les peines soient proportionnelles à la gravité des infractions et que les délinquants soient privés de tout bien acquis illégalement.
Je pense que nous partageons tous ces objectifs.