:
Monsieur le Président, je suis honoré de prendre la parole au sujet de cette motion, présentée par la députée de . Nous avons une bonne relation de travail au comité permanent.
La priorité absolue du gouvernement est la création d'emplois, la croissance économique et la prospérité à long terme pour tous les Canadiens, autochtones ou non. Nous constatons maintenant les résultats de ce travail. Comme le l'a dit hier, l'économie mondiale demeure fragile, mais le Canada a créé, net, plus de 900 000 emplois au cours des dernières années. C'est tout un exploit, compte tenu du climat économique actuel.
Tout au long de 2013, notre priorité restera l'économie. Nous savons qu'en continuant de développer notre économie, de permettre à nos enfants de recevoir une bonne éducation, de former des travailleurs pour les emplois de demain, de réduire les tracasseries administratives et d'outiller nos entreprises pour qu'elles réussissent dans le monde, nous élargissons les possibilités qu'ont les peuples autochtones de participer pleinement à l'économie. Nous savons qu'il existe des possibilités extraordinaires de promouvoir et d'encourager la participation des Autochtones à l'économie et nous demeurons déterminés à collaborer avec les partenaires intéressés précisément à cette fin. Nous tenons à aplanir les obstacles au développement économique dans les réserves, à aider les Autochtones à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour accéder au marché du travail et à fournir aux collectivités des Premières Nations et aux régions dans lesquelles elles se trouvent une autonomie accrue pour qu'elles puissent administrer leurs terres et leurs ressources.
Nous pouvons tous convenir qu'accroître la participation des Autochtones à l'économie est l'une des façons les plus efficaces d'améliorer le bien-être et la qualité de vie des peuples autochtones du Canada. C'est également d'une importance capitale pour la prospérité future du Canada.
[Français]
Depuis que le Plan d'action économique a été mis en oeuvre en réaction à la crise économique mondiale, le Canada a récupéré plus que la totalité du rendement et des emplois perdus au cours de la récession. Le nombre d'emplois a augmenté de plus de 750 000 depuis juillet 2009 et s'établit maintenant à 260 000 de plus que le sommet atteint avant la récession, ce qui représente la croissance de l'emploi la plus forte parmi les pays du G7. Ces chiffres sont très rassurants pour les Canadiens en raison de l'incertitude qui continue de planer sur l'économie mondiale.
[Traduction]
La participation constante des peuples autochtones à l'économie est un élément essentiel de notre force économique. Le secteur des ressources naturelles en est un bon exemple. Le secteur canadien des ressources naturelles emploie près de 800 000 Canadiens. Le secteur minier est l'employeur privé qui emploie le plus grand nombre d'Autochtones, qui forment 7,5 % de sa main-d'oeuvre. Par ailleurs, les Autochtones représentent 4,3 % de la main-d'oeuvre dans le secteur de l'énergie, et 10 % dans l'industrie des sables pétrolifères. Le secteur des ressources naturelles génère des milliards de dollars par année en redevances et en recettes fiscales, ce qui aide défrayer les coûts des programmes et des services gouvernementaux.
Notre secteur des ressources est appelé à continuer de prendre de l'expansion pendant longtemps. À l'heure actuelle, nous estimons que, au cours des 10 prochaines années, il pourrait y avoir jusqu'à 600 nouveaux projets qui représenteraient des investissements de plus de 650 milliards de dollars pour l'exploitation des ressources naturelles partout au pays. Certains de ces projets se trouveront dans la belle circonscription de Kenora, dans le Nord de l'Ontario. Ces projets créeront des emplois dans toute la région et partout au Canada, ce qui accroîtra la prospérité économique. En fait, les chiffres augmentent à mesure que de nouveaux débouchés sont découverts.
L'exploitation des ressources est d'une importance vitale pour les communautés autochtones de tout le Canada. Prenons l'exemple de la Première Nation de Fort McKay, en Alberta. De toutes les communautés autochtones, c'est celle qui a établi la plus importante relation d'affaires avec des producteurs de sables pétrolifères. Fort McKay, qui n'avait qu'un seul contrat de services de nettoyage et d'entretien en 1986, compte maintenant des sociétés qui ont déclaré des revenus de plus de 120 millions de dollars en 2008. Dans cette communauté, le taux de chômage est de moins de 5 %. On y trouve un centre pour les jeunes, une clinique médicale et un nouveau complexe domiciliaire qui compte une centaine de maisons louées à des membres de la collectivité.
Avant l'exploitation des mines de diamants dans les Territoires du Nord-Ouest, la Première Nation Tlicho comptait de petites entreprises locales qui s'adonnaient à des activités traditionnelles. Aujourd'hui, l'activité économique y est beaucoup plus diversifiée, allant de la vente au détail à des entreprises qui offrent des services miniers et qui ont un chiffre d'affaires de plusieurs millions de dollars.
Il y a de nombreux autres exemples de projets de développement des ressources ayant fait l'objet d'un partenariat entre le gouvernement et les collectivités autochtones grâce au Programme de développement des entreprises autochtones. Le partenariat avec Kitsaki Mining Limited est un projet de 3 millions de dollars visant à fournir de l'équipement d'extraction commercial destiné aux activités d'exploitation minière à ciel ouvert et souterraine dans le cadre du projet de mine d'or mené par Golden Band Resources, à La Ronge, en Saskatchewan. Le gouvernement a versé une contribution de 1,1 million de dollars pour ce projet.
Pas plus tard que la semaine dernière, le ministre était en Colombie-Britannique pour annoncer un nouveau règlement découlant de la Loi sur le développement commercial et industriel des premières nations qui permettra la construction d’installations de gaz naturel liquéfié de Kitimat LNG dans la réserve indienne no 6 de Bees, où vit la Première Nation des Haisla. Grâce à ce projet, les producteurs d’énergie canadiens disposeront d’une voie d’accès aux marchés étrangers. Le projet créera également des emplois spécialisés bien rémunérés et des possibilités de développement économique pour la Première Nation des Haisla et pour tout le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique.
[Français]
Il est évident que ces projets de développement économique ont des retombées positives sur tous les secteurs de l'économie canadienne, surtout pour les communautés des Premières Nations. C'est pourquoi il est important de voir à ce que le Canada crée les conditions nécessaires pour attirer l'investissement mondial dans ces provinces et territoires. Cela inclut la réforme réglementaire au nord et au sud du 60e parallèle.
Des procédés réglementaires simplifiés et clairement schématisés fourniront aux entreprises la certitude dont elles ont besoin pour profiter des occasions économiques et maximiser l'utilisation du secteur des ressources afin de créer des emplois partout au Canada, y compris pour les Autochtones, tout en veillant à protéger l'environnement.
[Traduction]
En 2009, le gouvernement a changé de manière fondamentale sa façon de faire affaire avec les peuples autochtones. Au lieu de promouvoir le développement économique en se fondant sur l'approche ponctuelle dépassée qu'ont adoptée les gouvernements précédents, nous nous employons à établir des partenariats stratégiques avec les partenaires intéressés tout en mettant au point des modèles novateurs pour surmonter les obstacles structurels au développement économique auxquels les collectivités autochtones ont longtemps dû faire face.
Cette approche permet notamment d'accroître les partenariats et les investissements dans le secteur privé, d'encourager l'entreprenariat chez les Autochtones, d'établir de petits centres d'affaires dans les réserves, y compris au sein des collectivités isolées et éloignées des Premières Nations, de développer la main-d'oeuvre autochtone grâce à des investissements dans la formation professionnelle et le commerce, par l'entremise de RHDCC, et d'accroître la valeur des ressources appartenant aux Autochtones.
[Français]
Grâce à cette approche, notre gouvernement collabore avec ses partenaires pour s'assurer que les Autochtones profitent des mêmes possibilités d'emploi, de revenu et de création de richesses que les autres Canadiens.
[Traduction]
En moyenne, nous avons fourni plus de 45 millions de dollars par année pour aider les entreprises autochtones à se développer, pour favoriser la participation des Autochtones aux grands projets de production d'énergie et d'exploitation des ressources naturelles et pour donner aux entreprises autochtones un meilleur accès aux capitaux dont elles ont besoin pour se développer.
De plus, nous collaborons avec les Autochtones pour abattre les obstacles structuraux qui les empêchent de participer pleinement à l'économie. Par exemple, pas plus tard que le mois dernier, le a annoncé que huit autres Premières Nations seraient bientôt responsables de l'application de leur code foncier, en vertu de la Loi sur la gestion des terres des premières nations. Ces huit nations se joindront aux 18 qui se sont ajoutées en janvier dernier, ce qui fera un total de 69 Premières Nations bénéficiant de ce régime, qui les soustrait à l'application de 34 articles de la Loi sur les Indiens concernant les terres et qui leur accorde une autonomie accrue en ne faisant plus intervenir le ministre et en leur redonnant la gestion des terres et des ressources dans les réserves. Les Premières Nations concernées peuvent désormais déterminer comment elles souhaitent exploiter, protéger et utiliser les terres de leurs réserves.
Un tel régime a des avantages clairs. Les Premières Nations qui appliquent leur propre code foncier réussissent à mieux tirer parti des possibilités de développement économique, car elles peuvent fonctionner au même rythme qu'une entreprise privée. Imaginez les avantages.
Par exemple la Première Nation dakota de Whitecap, en Saskatchewan, fonctionne selon la Loi sur la gestion des terres des premières nations depuis 2004. Plus de 700 emplois ont été créés là-bas depuis ce temps et rapportent à cette nation environ 90 millions de dollars par année. C'est incroyable.
Le printemps dernier, le projet de loi a modifié la Loi sur la gestion des terres des premières nations pour permettre aux Premières Nations assujetties à cette loi de libérer encore davantage le potentiel de développement économique associé aux terres des réserves. Les modifications ont simplifié la tâche des Premières Nations voulant se doter de leur propre code foncier. Elles ont éliminé des obstacles d'ordre juridique qui subsistaient et qui les empêchaient de profiter pleinement des avantages découlant d'une prise en charge totale de leurs terres conformément à la Loi sur la gestion des terres des premières nations.
Dernièrement, notre gouvernement a modifié, avec le projet de loi , Loi de 2012 sur l'emploi et la croissance, les dispositions sur la désignation des terres de la Loi sur les Indiens, de manière à permettre aux Premières Nations de profiter plus rapidement des occasions de développement économique qui se présentent en louant des parties des terres des réserves tout en en conservant entièrement la propriété. Ces modifications répondent aux attentes des nombreuses Premières Nations ayant exprimé leur frustration devant les démarches longues et pénibles qui étaient prévues auparavant et qui nuisaient à leur capacité d'attirer et de conserver des investissements en réagissant aussi rapidement qu'une entreprise privée.
Malheureusement, beaucoup de faussetés ont été colportées dans les médias et au sein des Premières Nations quant aux tenants et aboutissants de ces modifications. Je tiens à répéter que ces modifications n'ont rien à voir avec la cession de terres. Elles permettent plutôt la location de terre à des fins de développement économique et ce, seulement à la suite d'un processus décisionnel mené par les Autochtones et leur gouvernement. C'est aussi simple que ça.
[Français]
Toutefois notre gouvernement travaille de concert non seulement avec nos partenaires autochtones, mais aussi avec les gouvernements provinciaux et territoriaux ainsi que le secteur privé pour accroître la participation des Autochtones dans les secteurs clés de l'économie canadienne.
Par exemple, en 2010, nous avons lancé l'Initiative de partenariats stratégiques qui aide les Canadiens autochtones à tirer parti de débouchés en matière d'exploitation des ressources, qui sont complexes et axés sur le marché, et ce, surtout dans des secteurs prioritaires de l'économie, notamment la foresterie, les pêches, l'exploitation minière, l'énergie et l'agriculture.
[Traduction]
À ce jour, l'initiative est venue en aide à plus de 60 communautés autochtones et a contribué aux plus grands chantiers liés au développement des ressources du Canada, y compris l'initiative dans le Cercle de feu, dans le Nord de l'Ontario, et le projet énergétique du Bas-Churchill, dans la région de l'Atlantique.
Nous ne concentrons pas nos efforts au sud du 60e parallèle. Nous savons aussi que le Nord du Canada regorge de ressources naturelles qui représentent un incroyable potentiel économique.
Lors de son voyage dans le Nord en août dernier, le a affirmé que le gouvernement voulait faire en sorte que les habitants du Nord puissent profiter des énormes gisements de ressources naturelles qui s'y trouvent. Si l'on veut en tirer parti, il faut mettre des projets sur les rails et ce, de façon efficace, responsable et durable. Il est aussi nécessaire de conclure des ententes avec les gouvernements des territoires et les Premières Nations afin que ce soient eux, les gens du Nord, qui bénéficient comme il se doit des revenus générés par ces initiatives.
Voilà pourquoi le gouvernement a pris d'importantes mesures pour réduire les tracasseries administratives et pour rationaliser les exigences réglementaires dans le Nord. Le 6 novembre 2012, nous avons présenté à la Chambre des communes le projet de loi , Loi sur l'emploi et la croissance dans le Nord. Cette mesure législative est actuellement à l'étude en comité, et, si elle était adoptée, elle accroîtrait la confiance et instaurerait des conditions favorables aux investissements du secteur privé et au développement dans l'ensemble des territoires. Le projet de loi crée la Loi sur l'aménagement du territoire et l'évaluation des projets au Nunavut et la Loi sur l’Office des droits de surface des Territoires du Nord-Ouest, et il modifie également la Loi sur l'Office des droits de surface du Yukon.
Ces mesures législatives nous permettront d'honorer nos obligations juridiques découlant de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut et des ententes sur les revendications territoriales des Gwich'in et des Autochtones du Sahtu. Elles répondent aussi aux demandes d'amélioration des processus réglementaires dans le Nord qui ont été formulées par des groupes autochtones, des gouvernements et le secteur privé.
[Français]
L'amélioration des régimes réglementaires dans le Nord ayant trait aux abondantes ressources naturelles du Nord pourrait alimenter la prospérité du Canada et créer des milliards d'emplois pendant des dizaines d'années. Les mesures concrètes que nous prenons dans la Loi sur l'emploi et la croissance dans le Nord permettront de libérer ce potentiel.
Notre gouvernement continuera d'exploiter les abondantes ressources naturelles du Canada au profit des Canadiens, incluant les peuples autochtones. Notre vision est celle d'un avenir où les peuples autochtones sont autonomes et prospères, gèrent leurs propres activités et contribuent largement au bien-être du pays dans son ensemble.
[Traduction]
Le gouvernement continuera de prendre des mesures concrètes pour instaurer les conditions nécessaires à une participation accrue des Premières Nations à l'économie du Canada.
Je tiens à dire en terminant que nous avons toujours l'intention de collaborer avec les partenaires intéressés afin d'améliorer la prospérité à long terme, la santé et la pérennité des Premières Nations, de leur milieu et de tous les Canadiens.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec mon excellente collègue d'.
[Traduction]
C’est avec un certain plaisir que je participe au débat car, comme je l’ai dit au secrétaire parlementaire, les néo-démocrates qui forment l’opposition officielle ont demandé à la Chambre de confirmer l’engagement du gouvernement à se conformer à la loi. Nous demandons au gouvernement de commencer vraiment à appliquer en totalité les traités et à consulter les Premières Nations avant d’adopter des lois touchant à leurs droits.
Le gouvernement n’a personne d’autre à blâmer que lui-même pour les manifestations organisées dans le cadre du mouvement Idle No More, pour les préoccupations suscitées partout dans le pays par certains projets de ressources et pour les perturbations qui en ont découlé. Les conservateurs ne cessent pas de parler ici de consultation et de respect des droits des Premières Nations et des titres ancestraux, ce qui ne les empêche pas de déposer encore d’autres mesures législatives sans consulter les Premières Nations. Ensuite, ils se demandent pourquoi les Premières Nations d’un océan à l’autre se rebellent contre le gouvernement et exigent d’être mieux traitées.
Dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique, 35 % à 40 % des électeurs que je représente sont d’origine autochtone. Les Premières Nations constituent non seulement un élément très important de notre histoire et de notre culture, mais aussi une partie essentielle de notre avenir. Les Premières Nations influencent notre façon de travailler, notre façon de vivre, notre perception de notre pays et de nos collectivités. C’est une importante leçon que le gouvernement a tout intérêt à comprendre.
Je me souviens d’une visite du dans le Nord-Ouest à bord de son Challenger. Il était venu assister à une réunion exclusive de financement organisée près d’un très beau petit lac. Le même jour, par coïncidence, la Première Nation locale dressait quatre totems. C’était la première fois qu’une activité de ce genre avait lieu depuis près d’un siècle.
Étant un bon parlementaire, j’ai envoyé au Cabinet du une invitation dans laquelle je lui disais en substance: « Pourquoi ne venez-vous pas? C’est une grande célébration. La Première Nation locale vous traitera avec honneur et respect même si elle n’aime pas beaucoup vos politiques parce que ses membres ont toujours su faire preuve d’honneur et de respect. » Réponse du Cabinet du : Pas question, jamais de la vie.
Le a assisté à sa réunion exclusive de financement pendant que la Première Nation dressait ses quatre totems. Même si l’invitation était venue de membres des Premières Nations, le Cabinet du — on peut supposer que c’est sous l’impulsion du lui-même — a estimé que ce n’était pas une activité digne du chef du gouvernement.
Il y a un problème qui se manifeste trop souvent en politique, particulièrement dans le cadre du Parlement et des Premières Nations: nous n’entendons parler que des histoires négatives parce qu’elles sont si nombreuses. Dans les communautés des Premières Nations, nous ne connaissons que trop bien les statistiques et les réalités. Nous sommes au courant du taux élevé de suicide et de dépression ainsi que du retard économique dû à l’inaction du gouvernement. Nous savons que les étudiants des Premières Nations qui sont allés à l’école ce matin ont reçu un tiers de moins de financement que les étudiants non autochtones qui ne vivent pas dans des réserves.
Je crois qu’il faudrait également avoir un entretien sérieux sur le succès en général, et non sur certains succès bien particuliers. Le gouvernement aime bien dire que tout ce que nous avons à faire, c’est établir les droits de propriété. Il donne l’exemple d’endroits tels que Kelowna, Kamloops, le centre-ville de Vancouver et les champs pétrolifères de l’Alberta comme si toutes les réserves du Canada étaient situées sur des terrains d’une aussi grande valeur que ceux de ces endroits. Ce n’est évidemment pas le cas pour la grande majorité des réserves dans lesquelles le gouvernement du Canada a jugé bon d’installer les Premières Nations. C’est un fait.
Les succès dont je veux parler sont des réalisations locales enregistrées dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique. Ce sont des réalisations faites grâce à des efforts et des luttes menées contre la doctrine gouvernementale et contre l’ignorance des dirigeants.
Je pense à la Première Nation haïda qui s’est battue contre le gouvernement du Canada et celui de la Colombie-Britannique pour défendre son archipel Haida Gwaii. Elle s’est battue pour établir un régime de gestion foncière fondé sur la cogestion, dans lequel les commissions d’utilisation des terres de Haida Gwaii sont formées à moitié de Haïdas et à moitié de non-Haïdas. À titre de voisins et de partenaires, ils ont trouvé des moyens d’exploiter leurs terres autrement que ne le voulaient les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique en créant des mines à ciel ouvert. Ils aspirent en fait à un avenir dans lequel nos enfants pourront s’épanouir.
Je pense aussi à la Première Nation de Tahltan, dans le Nord de la Colombie-Britannique. Elle a dû affronter Shell Canada qui, avec l’appui du présent gouvernement et des gouvernements précédents, voulait obtenir du gaz par fracturation en plein dans les eaux sacrées des rivières Stikine, Skeena et Nass, qui comptent parmi les plus importantes de toute la province. Shell voulait procéder à des forages et à des opérations de fracturation dans cette région sans être en mesure de confirmer qu’elle n’empoisonnerait pas tous les puits des environs.
La Première Nation de Tahltan a réussi, sans argent, sans de forts appuis et sans l’aide du gouvernement, à faire face à l’une des plus puissantes multinationales du monde et à la convaincre qu’il y avait mieux à faire ailleurs. Tout récemment, contrairement à ce qu’on prévoyait et sans tenir compte de l’avis du gouvernement, Shell a décidé de renoncer à ses baux dans la région des eaux sacrées. Finalement, le gouvernement de la Colombie-Britannique s’est rallié à cette décision en disant qu’il était peut-être temps de protéger certains endroits et que la prospection pétrolière et gazière n’était pas une si bonne idée dans la région en cause. Cela s’est fait grâce à la Première Nation de Tahltan.
Je pense aux nations de Kitsumkalum et de Kitselas qui ont récemment signé une entente avec le CN. Ce fut une journée incroyable. Le lendemain de la journée d’action nationale du mouvement Idle No More, j’ai assisté à une réunion à Kitsumkalum, tout près de Terrace, en Colombie-Britannique. Nous étions sur la voie ferrée, le long d’un nouvel embranchement. Les responsables des Premières Nations, en tenue traditionnelle, se tenaient sur la voie devant un train. Ils ont arrêté le train en présence de membres de la GRC et des membres de la collectivité venus pour voir couper le ruban: le CN avait négocié avec les Premières Nations une entente de partage des revenus afin de construire un embranchement ferroviaire desservant une carrière qui donnera des emplois à l’ensemble de la collectivité.
C’était assez édifiant de voir ce qu’il est possible de réaliser quand les parties négocient de bonne foi avec les Premières Nations. Tout le monde en profite. Je pense à la Première Nation Haisla qui s’est opposée au projet Northern Gateway malgré tout l’argent distribué et en dépit des mesures d’intimidation prises par le gouvernement contre quiconque exprime un point de vue indépendant qui n’est pas favorable à la mise en place d’un oléoduc de 1 100 kilomètres entre l’Alberta et le port de Kitimat et à la navigation de quelque 250 superpétroliers dans des chenaux qui comptent parmi les plus étroits et les plus dangereux du monde.
Lorsque que les responsables de la Première Nation Haisla se sont exprimés, ils ont dit qu’ils voulaient bien faire des affaires, mais sous leur propre gestion. Ils acceptaient de signer des ententes avec les sociétés de mise en valeur des ressources, mais à leurs propres conditions. Ils ont dit qu’ils refusaient d’être intimidés. Ils se sont entourés d’avocats. Depuis deux ou trois générations, ils investissent dans l’éducation de leurs jeunes malgré les pensionnats indiens et les autres mesures prises par les gouvernements successifs contre les Premières Nations.
Je pense aux Nisga’as qui ont signé le premier traité des temps modernes. Ils exhortent toujours le gouvernement à établir des relations. Le gouvernement parle de respect, mais il joint rarement le geste à la parole. Il ne veut même pas rencontrer les Nisga’as, qui sont un modèle pour les Premières Nations du pays en matière de gouvernance et de constitution. Le gouvernement s’est tout simplement lavé les mains de toute cette affaire.
Il est notoire que les relations du gouvernement du Canada et de la Couronne avec les Premières Nations sont dysfonctionnelles. J’étais présent à la Chambre quand le a accueilli ici les dirigeants des Premières Nations, des Métis et des Inuits pour leur présenter des excuses que je croyais sincères au sujet du scandale des pensionnats indiens.
Je crois que nous pouvons tous convenir, quelle que soit notre affiliation politique, que lorsqu’une chose de ce genre est imposée à des jeunes et à des familles, génération après génération, comme politique officielle du gouvernement du Canada, il vient un moment où il est impératif d’affronter l’histoire et la réalité et de présenter des excuses. Le plus souvent, s’excuser signifie qu’on prendra des mesures correctives. Si une personne me présente des excuses sincères, je suppose qu’elle ne maintiendra pas l’attitude au sujet de laquelle elle s’est excusée.
Toutefois, quelle est la toute première chose que le gouvernement a faite? Eh bien, il a coupé le financement de la Fondation autochtone de guérison, qui avait été établie justement pour aider les gens à combattre les effets des pensionnats indiens. Oui, c’est la première chose que le gouvernement a faite après s’être excusé.
Les conservateurs s'en prennent aux dirigeants des Premières Nations, et ils se demandent pourquoi celles-ci sont tellement mécontentes. Pourquoi ne font-elles pas confiance au gouvernement, qui veut seulement être leur ami? Pourtant, combien de fois, quand les Premières Nations ont tendu la main et tâché de négocier avec le gouvernement et de lui faire entendre raison, celui-ci écoutait d'autres amis qu'il voulait entendre en premier?
Si les évaluations environnementales et les lois des Premières Nations dérangent les sociétés pétrolières, il essaiera de les esquiver et créera une profonde incertitude dans le secteur des ressources. Je ne l'ai pas entendu seulement de dirigeants des Premières Nations, mais aussi de gens de l'industrie pétrolière et gazière. Ils disent que le gouvernement leur offre constamment un cadeau empoisonné, car ils ne peuvent pas légitimer socialement leur projet, parce que le public surveille le gouvernement en action, le regarde sabrer les lois environnementales et le voit traiter avec un manque total de respect les membres des Premières Nations, qu'il considère comme des radicaux et des ennemis de l'État.
Que font les Premières Nations et les gens qui se soucient de l'environnement et des droits et titres de propriété des Premières Nations? Ils résistent à cette intimidation. Ils se tiennent debout et unissent leurs efforts, entre communautés, entre familles, entre amis. Cela crée le climat d'incertitude auquel contribuent les conservateurs, même s'ils pensent qu'ils n'y sont pour rien.
Nous devons être des alliés, au vrai sens du terme. Nous devons trouver le moyen de nous distancer de l'arrogance et de l'incompétence qui caractérisent les gouvernements libéraux et conservateurs. Nous devons écouter les Premières Nations et comprendre leur réalité. Le gouvernement doit joindre le geste à la parole. Cela ne veut pas dire présenter un projet de loi qui prive les Premières Nations de leurs droits et titres, se soustraire à l'obligation d'accommodation et de consultation ou forcer les Premières Nations à saisir les tribunaux — ce qui coûte des millions de dollars en frais juridiques aux contribuables canadiens et fait la fortune des avocats —, alors que leurs droits sont clairement définis dans la Constitution et la Charte canadienne des droits et libertés.
Nous avons appris que les avocats du ministère de la Justice ont averti les conservateurs à maintes reprises que leur projet de loi aboutira devant les tribunaux, parce qu'il est inconstitutionnel et ne résistera pas à une contestation fondée sur la Charte. Le gouvernement présente donc sciemment une mesure idéologique qui coûtera des millions de dollars. Ce projet de loi n'améliore le sort de personne, mais aide les conservateurs à redorer l'image d'un ministre qui, selon eux, est encore une fois sur la corde raide.
Il faut que cela cesse et cela cessera uniquement lorsqu'un gouvernement prendra le temps de s'asseoir, d'écouter, de participer à la cérémonie d'inauguration du mât totémique et de participer à la fête avec respect et humilité, comme cela se doit, de nation à nation. Tant que cela n'arrivera pas, pas la peine de faire de beaux discours sur le développement économique et la prospérité, car ils ne seront pas au rendez-vous. Le respect, l'amitié sincère et l'attitude du gouvernement — qui doit être l'allié et non l'ennemi des Premières Nations — sont les clés de la réussite.
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Monsieur le Président, c’est un grand honneur de partager ce temps de parole avec le député de . J’aborde cette question avec la même ardeur que lui.
J'ai aussi le même dynamisme que la députée de , l’auteur de la motion à l’étude. Au nom des Premières Nations auprès desquelles je mène des consultations, je tiens à la remercier d’avoir saisi la Chambre de cette question.
J’appuie sans aucune réserve la motion, qui réclame une action plus énergique, l’amélioration des conditions économiques des Premières Nations, des Inuits et des Métis du Canada, notamment à la faveur du prochain budget, et l’engagement à mettre en œuvre les traités et à mener des consultations complètes et sincères.
Le prochain budget sera révélateur. En face, on a fait bien des promesses. Je garantis aux députés que l’opposition officielle et les autres partis d’opposition ne seront pas les seuls à scruter le budget de près. Tous les peuples autochtones au Canada en feront autant.
En ce qui concerne la mise en œuvre des traités, dont je parlerai dans un instant, il est certain que le gouvernement n’a pas été à la hauteur. Même si des mécanismes ont été mis en place pour régler des revendications particulières, les mesures qu’il a prises, loin de régler le problème, ont aggravé la situation.
Pour commencer, je tiens à lancer le même appel que le député de . Il a demandé au Parlement d’intervenir et de prendre des mesures conséquentes pour combler le déficit économique, social et moral à l’égard des peuples autochtones et d’agir pour les libérer du poids d’un siècle de discrimination et de pauvreté. Il est très important de rappeler qu’il ne faut pas se contenter de parler de stratégies économiques et de la mise en œuvre des traités. Il faut aussi parler des raisons profondes pour lesquelles il est essentiel de progresser dans ce dossier.
Deuxièmement, le député nous a rappelé que nous sommes tous parties aux traités. Il est une chose que j’ai entendue bien des fois au cours de la dernière année, notamment lorsque j’ai eu l’honneur d’être porte-parole de mon parti pour Affaires autochtones et Développement du Nord canadien. C’est un rappel qui a été fait par les aînés, les chefs, les membres des conseils, les jeunes Autochtones et le chef national Shawn Atleo, avec qui les traités ont été conclus. C’est que nous avons des responsabilités aux termes des traités, tout comme les Premières Nations. Nous sommes parties aux traités.
Troisièmement, il faut prendre des mesures concrètes pour rétablir des relations fondées sur la bonne foi. Cela, nous l’avons entendu aujourd’hui tant et plus.
Le gouvernement prétend que le véritable enjeu, c’est une participation réelle à l’économie et l’emploi. Cette participation exige un accès juste à l’éducation. Comment obtenir un emploi bien rémunéré si on ne peut pas faire des études supérieures ni même finir l’école primaire, où, comme le chef national Shawn Atleo l’a fréquemment signalé, le taux d’obtention de diplôme est de 35 p. 100? Le chef national préconise avec force un soutien plus généreux pour l’éducation des Autochtones. Il a dit que le taux d’incarcération des jeunes Autochtones est supérieur au taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires. À l’évidence, les Autochtones ne peuvent pas décrocher un emploi bien rémunéré ni contribuer à l’économie s’ils n’ont pas un accès équitable à l’éducation.
Quant à la qualité des conditions de vie, comment les jeunes pourront-ils étudier s’ils se trouvent dans des maisons ou des écoles pleines de moisissures et s’ils n’ont pas en permanence l’électricité, le chauffage et une bonne eau potable?
Ce sont là des choses bien simples que les Canadiens tiennent pour acquises.
Nous devrions chercher avant tout à procurer des emplois aux personnes le plus durement touchées. Comme mes collègues l’ont signalé, on nous signale beaucoup d’exemples de réussite. Lorsque j’étais porte-parole et que j’ai participé à l’examen au comité d’initiatives, de changements dans le régime de gestion foncière, beaucoup de dirigeants des Premières Nations ont comparu et ils ont souligné que la situation ne se présentait pas de la même manière pour eux tous, qu’ils n’avaient pas tous la chance d’avoir une réserve immédiatement voisine d’un grand centre industriel ou d’une grande municipalité. La situation est très pénible pour les collectivités éloignées. À dire vrai, ce qu’ils voulaient, c’était un accord sur des retombées équitables dans les terres traditionnelles et pas nécessairement la mise en valeur des terres de leurs réserves.
Le secrétaire parlementaire a parlé de Fort McKay. La Première Nation de Fort McKay, dans le nord de l’Alberta, au beau milieu de la zone d’exploitation des sables pétrolifères, a dû forcément conclure des accords avec l’industrie pour profiter des retombées de cette exploitation, et elle a obtenu un certain nombre de contrats. Toutefois, il importe de reconnaître que même cette Première Nation trace une limite à ne pas franchir. Ses dernières terres importantes, qui sont expressément réservées à des pratiques traditionnelles, sont sur le point d’être touchées. Elles sont sur le point d’être complètement encerclées par les entreprises d’exploitation des sables pétrolifères.
Cette Première Nation, comme toutes les autres qui se sont manifestées, ne veut pas seulement une part du gâteau, pas seulement des emplois. Ces Premières Nations veulent participer à la prise des décisions sur l’exploitation des ressources dans leurs territoires ainsi que dans des territoires adjacents, où l’exploitation des ressources risque de les toucher.
La participation à l’économie, cela veut dire aussi qu’il faut des accords sur des retombées équitables. Nous entendons parler constamment de Premières Nations isolées qui en sont réduites à essayer de négocier seules des accords équitables avec de grandes sociétés. Parfois, elles y arrivent. Parfois pas. Le gouvernement fédéral a-t-il la responsabilité de les aider dans ces démarches?
Quel est le point de référence pour mesurer les progrès?
Le gouvernement passe son temps à parler de tout l’argent qu’il dépense. À n’importe quelle question, qu’il s’agisse de l’éducation, de l’eau potable, du droit d’être consulté, du droit à un emploi, le gouvernement répond: « Voyez tout l’argent que nous avons dépensé. »
Quel est le point de référence pour mesurer les progrès? La date de la signature des traités? L’époque des traités historiques et des traités numérotés, il y a plus de 100 ans? La date de la signature des traités modernes?
Au comité et à l'occasion de rencontres de députés avec des délégations, des gens nous ont souvent dit être inquiets, car le gouvernement ne respecte pas et n'applique pas les traités.
Est-ce l'anniversaire de l'ajout de l'article 35 à la Constitution? Sont-ce le vérificateur général et ses multiples appels à mieux protéger nos Premières Nations?
Dans sa dernière vérification, l'ex-vérificatrice générale Sheila Fraser a pointé du doigt les conditions qui sévissent dans les réserves et signalé que les mesures adoptées par le gouvernement fédéral ne suffisaient tout simplement pas. Je la cite:
Ce n’est pas un secret: les conditions de vie dans les réserves se détériorent par rapport au reste du Canada. Par exemple, seulement quarante et un pour cent des élèves qui vivent dans une réserve terminent leurs études secondaires. Dans le reste du Canada, ce taux est de soixante-dix-sept pour cent. Par ailleurs, plus de la moitié des réseaux d’eau potable dans les réserves continuent de présenter un risque de santé.
Comme on l'a déjà mentionné, il reste encore une bonne centaine d'avis d'ébullition de l'eau. Nous sommes pourtant au XXIe siècle.
Mme Fraser a aussi dit:
Ce qui est réellement troublant, toutefois, c’est la stagnation. L’an dernier, le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien a indiqué qu’entre 2001 et 2006, il n’y a eu à peu près aucune amélioration du bien-être des communautés des Premières Nations. Dans un pays aussi riche que le Canada, un tel écart est tout simplement inacceptable.
Les députés d'en face rejettent le blâme sur les libéraux, sauf que les deux vérificateurs généraux qui ont succédé à Sheila Fraser ont relevé exactement le même problème. Les progrès sont donc minimes.
Est-ce l'anniversaire du sommet de 2012 entre la Couronne et les Premières Nations, qui a débouché sur de nombreux engagements? Est-ce l'adoption à l'unanimité de la motion sur le rêve de Shannen, qui appelait à l'égalité dans l'accès à l'éducation? Est-ce la promesse d'accélérer le règlement des revendications particulières qui traînent en longueur? Sont-ce les recommandations du Panel national sur l'éducation primaire et secondaire des Premières Nations?
Les recoupements ne manquent pas et permettraient éventuellement de commencer à jauger les progrès. Dans l'ensemble, malheureusement, les progrès ne sont pas très concrets.
N'oublions jamais que les peuples des Premières Nations, les Métis et les Inuits demandent des droits fondamentaux et procéduraux qui sont garantis par la Constitution et par nos lois.
Ce qui est épouvantable, c'est que le gouvernement actuel ne cesse de parler de « partenaires intéressés » et de « Premières Nations intéressées ». Ce point doit être soulevé. Nous connaissons bien le mépris du gouvernement à l'égard des Premières Nations qui ont recours aux tribunaux. Elles sont forcées de le faire parce que le gouvernement refuse obstinément de les consulter adéquatement. Au cours du dernier mois seulement, de nombreuses poursuites ont été intentées par des Premières Nations du Nord de l'Alberta et de la Saskatchewan, qui critiquent le gouvernement parce qu'il ne les a pas consultées au sujet du budget.
Pour les peuples autochtones, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones pousse cette obligation encore plus loin, car elle stipule qu'ils devraient avoir le droit de donner leur consentement.
J'aimerais dire que j'ai été profondément touchée par la chance qui m'a été offerte de participer à certains rassemblements du mouvement Idle No More. Je dis bien « rassemblements », car il ne s'agissait pas de manifestations. C'étaient des rassemblements dirigés par des aînés, auxquels prenaient part des jeunes et des chefs portant des costumes traditionnels. J'ai eu l'occasion de parler avec de nombreux jeunes qui veulent désespérément contribuer à l'économie et qui veulent désespérément se faire entendre. Dans ma province, des chefs et des conseillers de Premières Nations signataires des traités nos 6, 7 et 8 ont communiqué avec moi pour me demander comment ils pouvaient amener le gouvernement à ouvrir le budget et à revenir sur sa décision de porter atteinte aux lois environnementales qui protègent leurs terres traditionnelles.
J'espère que le gouvernement appuiera notre motion, mais, plus encore, j'espère qu'il passera à l'action.
:
Monsieur le Président, pendant le temps des Fêtes, nous sommes allés voir
Les Misérables en famille. Il est presque impossible, quand on regarde ce film, de ne pas penser avec émotion à la situation semblable qui existe ici, au Canada.
La chanson À la volonté du peuple lance cette invitation:
Si ton coeur bat aussi fort
Que le tambour dans le lointain,
C'est que l'espoir existe encore
Pour le genre humain.
Les tambours ont résonné vigoureusement, au Canada et dans le monde entier, pour attirer l'attention sur la plus grande injustice sociale qui sévit dans notre pays. Comme je suis médecin, le son des tambours me rappelle un coeur qui bat. J'entends les mêmes soixante battements par minute que j'entendais dans mon stéthoscope, il y a bien des années. C'est un son qui m'est très familier.
Le son des tambours était très émouvant au cours des dernières semaines. On a craint, à un certain moment, que le coeur de la chef Theresa Spence cesse de battre. Je tiens à remercier le chef du Parti libéral du leadership dont il a fait preuve, car il a contribué à sauver cette vie. Je veux aussi rappeler un point essentiel: c'est l'état de la relation entre les Premières Nations et le gouvernement qui a convaincu la chef Spence qu'il fallait prendre des mesures draconiennes. Les choses doivent changer.
Le 21 décembre, le 11 janvier, puis lundi à notre retour au Parlement, des centaines de personnes se sont massées sur la Colline pour appuyer le mouvement Idle No More, alors que d'autres rassemblements avaient lieu partout au pays. Les participants voulaient ainsi protester contre les changements radicaux apportés à la protection environnementale et demander des gestes concrets pour résoudre les questions autochtones.
Cela m'a rappelé la chanson:
Si ton coeur bat aussi fort
Que le tambour dans le lointain,
C'est que l'espoir existe encore
Pour le genre humain.
C'est un appel aux jeunes et à l'optimisme, un appel à changer les choses.
[Français]
Demain commence maintenant. Cette motion demande au gouvernement de faire en sorte que l'amélioration des résultats économiques des Premières Nations, des Inuits et des Métis soit le point central du budget de 2013.
[Traduction]
Je recommande avec insistance au gouvernement d'appuyer cette motion présentée par la députée de , qui travaille fort.
Le caucus du gouvernement s'est réuni hier. Le n'a pas dit un mot sur les problèmes des Autochtones. Ce n'est pas une priorité pour le gouvernement. J'espère qu'en votant pour cette motion, il signifiera son intention de prendre cette question au sérieux.
Il est temps que les députés ministériels comprennent que le développement du capital humain est ce qui pourrait le plus améliorer la situation économique des Autochtones et de leurs collectivités, mais aussi de tous les Canadiens. Une action commune est requise de toute urgence pour libérer le potentiel humain et économique dans les communautés autochtones de tout le pays.
À l'heure où il y a des pénuries sans précédent de travailleurs compétents, on estime à 400 000 le nombre de Canadiens autochtones qui atteindrons l'âge de travailler au cours de la prochaine décennie. Pourtant, l'écart entre les Premières Nations canadiennes et le reste de la population dans le taux de réussite au secondaire demeure un obstacle de taille à la participation de tous les Autochtones au marché du travail.
Les députés savent que l'éducation est importante pour réussir. C'est lamentable, mais le taux de réussite au secondaire diminue sous le gouvernement conservateur. Les conservateurs avaient promis de combler les écarts scandaleux de financement en éducation. Or, le a donné suite à cette promesse par une confrontation, niant même l'existence d'un écart dans le financement par élève.
Selon le ministère des Affaires autochtones, le taux de réussite au secondaire pour les élèves des Premières Nations vivant dans des réserves est de 35 %. En revanche, 77 % des non-Autochtones du Canada détiennent un diplôme d'études secondaires. De plus, le nombre de diplômés postsecondaires autochtones est bien inférieur à ce qu'il est dans le reste du Canada. Par exemple, moins de 10 % des Autochtones au Canada ont un diplôme universitaire alors que la moyenne nationale est de 23 %.
Comme le soulignait le chef de notre parti pendant la période des questions, les conservateurs ont l'intention de faire augmenter de 8 % au cours des cinq prochaines années le taux de diplômation au niveau secondaire des membres des Premières Nations vivant dans les réserves. Ils n'ont fixé aucune cible concernant l'augmentation de leur taux d'inscription ou de diplômation au niveau postsecondaire. Comme le soulignait le vérificateur général, au rythme actuel, il faudra attendre 28 ans pour que les Premières Nations comblent le fossé qui les séparent du reste de la population au niveau secondaire.
Nous avons demandé au gouvernement de prendre des mesures dans le prochain budget et de collaborer avec les Premières Nations afin que ces taux de diplômation rejoignent les taux nationaux au plus vite. Cet objectif, qui figurait dans l'accord de Kelowna — on se donnait alors 10 ans pour l'atteindre —, devrait être notre mot d'ordre pour les années à venir. Pourtant, après sept ans, le gouvernement n'a pas progressé. Et ce n'est pas en répétant les mêmes phrases toutes faites qu'on va changer la réalité. Quand le mouvement Idle No More dit que c'est « fini, l'inertie », il veut aussi dire c'est « fini, les phrases toutes faites ». Nous avons besoin d'action et de vérité.
Selon le Centre d'étude des niveaux de vie, si la situation des Autochtones était la même sur le plan de l'éducation et de l'emploi que celle des non-Autochtones du Canada, le PIB grimperait de 36 milliards de dollars, il y aurait 3,5 milliards de dollars de plus dans les coffres de l'État, et les dépenses gouvernementales diminueraient de 14,2 milliards de dollars d'ici 2026.
Comme le faisait valoir le Sénat dans l'étude qu'il a menée en 2007 sur le développement économique autochtone, il faut renforcer les investissements dans les capacités de gouvernance des Autochtones qui favorisent les succès économiques. Hélas, le gouvernement a plutôt choisi d'inclure les capacités de gouvernance des Autochtones dans le lot de compressions prévues dans son budget de 2012. Même les ressources qui contribuent directement aux succès économiques des peuples autochtones ne sont pas à l'abri des coupes du gouvernement.
Aussi consternant que cela puisse paraître, le gouvernement a l'intention, le 12 février 2013, de fermer le Portail des Autochtones du Canada, qui permet aux Premières Nations, aux Métis et aux Inuits de trouver sur un seul site Web une foule de ressources sur les programmes et les services du gouvernement. On y trouve des liens vers des sources d'information — gouvernementales ou non — sur l'emploi et les ressources humaines, de même que des offres d'emploi susceptibles d'intéresser les Autochtones de partout au pays — offres que les employeurs peuvent même afficher gratuitement. Le Portail des Autochtones du Canada ne se résume pas à un simple babillard où consulter des offres d'emploi; il fournit aussi, à très peu de frais pour les contribuables, de l'information essentielle sur des sujets aussi variés que les revendications, les traités, le développement économique, les affaires, la justice et la police. Sa fermeture compliquera encore davantage la tâche des Canadiens, qui ont déjà bien du mal à s'y retrouver dans la bureaucratie fédérale.
Les informations sur les questions autochtones au gouvernement qui sont actuellement compilées et maintenues à peu de frais seront dispersées. Il sera donc encore plus difficile pour les Canadiens, autochtones et non autochtones, de les obtenir. Il suffit de consulter la page Web du site pour prendre connaissance des nombreux endroits où il faudra dorénavant s'adresser pour obtenir les informations qui étaient auparavant regroupées à une seule place.
Manifestement, on ne peut penser au développement économique quand des gens vivent dans des conditions dignes du tiers monde. Comme nous l'avons dit, chez les Premières Nations, les Inuits et les Métis, l'écart en matière d'éducation s'élargit tant sur le plan du financement que des résultats. La pénurie de logement s'accentue. Les réseaux d'aqueduc et d'égout sont en mauvais état, et rien n'est fait pour remédier aux graves lacunes en matière de santé chez les Autochtones.
Les conservateurs se justifient de ne pas s'attaquer à la crise du logement dans les réserves en affirmant avoir construit 10 000 logements au cours des six dernières années. En réalité, ils tentent de se féliciter d'un échec, car les niveaux de financement du gouvernement précédant prévoyaient la construction de 13 800 logements. Le gouvernement défend aussi son bilan désastreux à l'égard des réseaux d'aqueduc et d'égout en faisant valoir qu'il a mené la plus importante étude à ce sujet afin de pouvoir établir des priorités. Pourtant, près de deux ans après l'étude fédérale, 117 collectivités des Premières Nations au Canada ont été visées par des avis concernant la qualité de l'eau potable. Il s'agit d'une augmentation de 23 % par rapport à 2006. Le gouvernement n'a aucune stratégie à long terme pour endiguer cette crise.
Selon l'étude du gouvernement, il faudrait investir 6 milliards de dollars, sur une période de 10 ans, pour régler ce problème. À l'heure actuelle, c'est 1,2 milliard de dollars qu'il faudrait investir de toute urgence. Qu'avons-nous vu? Nous avons vu 330 millions de dollars dans le dernier budget. Le ministre a ensuite eu l'audace de répéter son annonce de 330 millions de dollars le jour suivant la réunion prétendument importante du 11 janvier. Quelle hypocrisie. C'est insultant.
Qu'y a-t-il d'autre? Trop de projets d'exploitation des ressources naturelles vont de l'avant sans que les Premières Nations reçoivent une juste part des avantages économiques ou soient partenaires de leur exploitation.
[Français]
Cette motion demande aussi au gouvernement de s'engager à agir quant à l'application des traités et à consulter, de manière pleine et entière, les Canadiens autochtones quand il s'agit de la législation qui concerne leurs droits, comme le requiert la législation nationale.
[Traduction]
Les conservateurs ont signé la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui exige un consentement préalable libre et éclairé. Mais, dans leur correspondance, ils emploient systématiquement le mot « aspirations » pour qualifier cet engagement, qui était pourtant le fondement même de la rencontre entre la Couronne et les Premières Nations, en janvier 2012, où les conservateurs se sont engagés à oeuvrer en vue du 250e anniversaire de la proclamation royale. Or, ils n'ont même pas levé le petit doigt avec les provinces pour honorer ces traités ou pour veiller à ce que les Premières Nations puissent bénéficier de la prospérité du Canada.
Le gouvernement n'ayant même pas commencé à s'occuper du nécessaire partage équitable des revenus issus des ressources naturelles du Canada, les relations avec les peuples autochtones du pays ont atteint un tournant dangereux. Les Premières Nations cherchent à faire respecter leurs droits et remportent presque toutes leurs batailles devant les tribunaux, comme le chef l'a souligné dans un discours récent. Comme on peut le voir, des milliers d'Autochtones et de non-Autochtones prennent part à des manifestations au Canada, dans le cadre du mouvement Idle No More et en ligne. Les conservateurs doivent se rappeler que presque toutes les activités d'exploitation des ressources naturelles au pays qui se déroulent actuellement ou qui sont prévues ont lieu à moins de 200 kilomètres d'une réserve amérindienne ou sur des terres ancestrales. Malgré tout, les négociations en vue du règlement des revendications globales entre les Autochtones et le gouvernement, qui concernent des problèmes cruciaux relatifs à l'exploitation des ressources, en particulier le partage des redevances, ont progressé à un rythme incroyablement lent.
Le Conseil canadien des chefs d'entreprises a déclaré que les peuples autochtones devaient être de vrais partenaires dans les projets d'exploitation des ressources et de production d'énergie. Pourtant, le s'est mis à dos les Premières Nations en balayant du revers de la main leur demande d'établissement d'un comité mixte d'étude de l'exploitation des ressources du Cercle de feu. Le ministre a soutenu qu'on ne soulèverait ainsi que des « questions inutiles ». Même l'ancien ministre de premier plan Jim Prentice du Cabinet du a réprimandé le gouvernement en disant que « l'obligation de la Couronne de faire participer les Premières Nations de façon significative ne s'est pas encore concrétisée. »
Le nombre de revendications globales réglées par le gouvernement a constamment diminué depuis 2005, malgré la promesse des conservateurs de transformer le processus relatif aux revendications territoriales en 2007. Actuellement, plus de la moitié de la centaine d'accords en cours de négociation le sont depuis au moins 16 ans. Ces longs délais sont souvent le résultat de la stratégie de négociation du gouvernement, qui est axée sur une approche où tout est à prendre ou à laisser plutôt que sur la souplesse et l'équité. Il est clair que les négociateurs n'ont pas le mandat d'accepter des compromis.
La frustration des Autochtones est compréhensible, compte tenu de l'absence totale de progrès dans leurs dossiers, compte tenu du refus du gouvernement de s'acquitter de son obligation légale de les consulter au sujet des questions susceptibles d'avoir une incidence sur leurs droits ancestraux ou leurs droits issus des traités et compte tenu de l'attitude du gouvernement, qui, comme le démontrent ses propres documents, considère les Premières Nations, les Inuits et les Métis du pays comme des adversaires.
[Français]
Plus récemment, la frustration s'est illustrée dans l'échec de la consultation concernant les changements reliés à la protection environnementale sur les terres et les voies navigables des populations autochtones que contenaient les deux dernières lois d'exécution du budget.
[Traduction]
Les mesures unilatérales de ce genre ont beaucoup nui aux relations entre le gouvernement conservateur et les Premières nations. Elles ont entraîné le lancement du mouvement Idle No More, qui a donné lieu à la réunion bâclée du 11 janvier entre le et les dirigeants autochtones. Le fait qu’en sortant de la réunion, le était d’avis que le gouvernement s’était acquitté de son devoir de consultation au sujet de différents projets de loi controversés montre que les conservateurs ne comprennent toujours pas ce que signifie une vraie consultation. Les peuples autochtones n’ont pas été consultés sur le projet de loi ou le projet de loi . Au comité, le ministre a admis qu’il n’y a pas eu de consultations au sujet du projet de loi sur la gouvernance autochtone. Il y a eu des consultations sur le projet de loi d’initiative parlementaire, mais pas sur le projet de loi du gouvernement. Même le chef autochtone qui avait précédemment exprimé son appui considérait que le projet de loi constituait un leurre.
Nous croyons que le gouvernement devrait travailler avec les dirigeants autochtones pour établir un comité consultatif juridique indépendant chargé d’évaluer tous les projets de loi pouvant toucher les droits autochtones et de se prononcer sur le devoir de consultation du gouvernement fédéral avant la présentation des mesures législatives en cause. Compte tenu du fait que la population autochtone est très jeune et affiche un taux de croissance très rapide et que la quasi-totalité des projets de mise en valeur de ressources naturelles sont réalisés sur des terres autochtones, nous croyons que si le gouvernement veut vraiment jouer à fond la carte des ressources naturelles, il aurait intérêt à changer d’attitude.
Le doit comprendre la gravité de la situation et ses effets possibles sur l’ensemble des Canadiens. Il est temps d’agir. Il est temps pour le gouvernement de travailler avec les Autochtones du Canada en vue d’établir de nouvelles relations de nation à nation fondées sur l’esprit de partenariat, le respect et la coopération qui ont caractérisé les relations d’origine. Nous sommes tous touchés par les traités qui ont tous eu deux signataires. Les 96 % de Canadiens non autochtones doivent comprendre la gravité de la situation. À la Chambre, nous devons aller de l’avant et veiller à ce que les choses progressent.
Le mouvement Idle No More ne s’éteindra pas. Les jeunes savent ce qu’il faut faire pour redresser les torts du passé et remédier aux plus graves injustices sociales et économiques commises au Canada.
Au cours de la semaine qui a précédé Noël, j’ai visité le refuge des jeunes hommes autochtones de ma circonscription. Ces jeunes gens, qui étaient sans abri la semaine précédente, me demandaient ce qu’était un projet de loi omnibus et quels en était les effets sur les droits issus de traités. Le lendemain, à North Bay, il y avait une séance d’information Idle No More avec le député local. Nous avions de la difficulté à le croire, mais la centaine de personnes qui étaient venues au centre d’amitié suivaient attentivement la présentation Powerpoint sur les projets de loi touchant les droits autochtones qui n’avaient pas le fait l’objet de consultations. Les Autochtones disposent maintenant de l’information nécessaire. Ils sont prêts à se battre.
Il est vraiment important pour nous de comprendre que cela est difficile. Toutefois, si le gouvernement fait la sourde oreille, ce sera à ses risques et périls. Je demande au gouvernement s’il entend la volonté du peuple. Si le coeur bat aussi fort que le tambour au lointain, c'est que l'espoir existe encore pour le genre humain. Pas demain, mais aujourd’hui, tout de suite. Si le gouvernement veut montrer sa bonne foi, il doit voter en faveur de cette motion.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Aujourd'hui, je prononce mon premier discours en tant que député de Victoria. Il me tarde de contribuer à ce débat historique sur le sort des peuples autochtones, mais d'abord, permettez-moi de remercier sincèrement les gens de Victoria qui m'ont confié la responsabilité de les représenter.
Comme tous les députés le savent, il n'existe pas de plus grand honneur ou privilège que de servir ses concitoyens. Dernièrement, j'ai été plongé en plein coeur du processus démocratique canadien en tant que candidat à des élections. Ce fut incontestablement l'une des expériences les plus exaltantes de ma vie. J'ai bénéficié du soutien non seulement de ma famille, mais aussi de celui de centaines de bénévoles dévoués et désintéressés. Je tiens à les remercier de leur travail infatigable, car force est de reconnaître que sans eux, je ne serais pas ici aujourd'hui.
Je tiens aussi à remercier l'ancienne députée de Victoria de son appui constant à mon endroit. Denise Savoie était très respectée des deux côtés de la Chambre. Elle a occupé avec brio les fonctions de vice-présidente, et son comportement à la Chambre était synonyme de courtoisie et de respect. Je tiens à suivre son exemple. Si je me fie aux conversations que j'ai eues avec d'innombrables députés, je peux dire sans me tromper qu'elle laisse un grand vide à la Chambre.
J'aimerais situer mes observations dans leur contexte et expliquer un peu à mes collègues pourquoi c'est pour moi un grand honneur d'intervenir au sujet de la quête de justice incessante des peuples autochtones.
Avant de devenir député, j'ai travaillé en tant que consultant auprès de gouvernements, d'entreprises privées et de Premières Nations. J'ai occupé les fonctions de négociateur de traité pendant plus de 10 ans sur l'île de Vancouver. En tant que représentant du gouvernement de la Colombie-Britannique, je me suis rendu dans presque toutes les communautés des Premières Nations de l'île de Vancouver. Dans le cadre de négociations en vue de conclure des ententes de développement économique, j'ai aussi travaillé avec des Premières Nations et des Inuits au Nunavut, ainsi qu'avec des Premières Nations du Nord-Est de la Colombie-Britannique. Je pense que ce travail m'a permis de comprendre un peu le sentiment de désespoir qui habite un grand nombre de nos concitoyens. Je parle ici non seulement de ceux qui habitent dans des réserves éloignées, mais aussi de ceux qui vivent dans la pauvreté dans les grandes villes du pays.
Il est probablement inutile de répéter la litanie de statistiques choquantes que nous connaissons tous si bien: les taux de suicide, de décrochage scolaire et de mortalité infantile ainsi que les conditions déplorables de ceux qui vivent dans des collectivités comme Attawapiskat ou, plus près de chez moi, à Victoria, la Première Nation Pacheedaht.
Pour trouver des solutions, je crois également qu'il est inutile de ressasser les échecs et les déceptions du passé. Il ne sert à rien de pleurer parce que l'accord de Kelowna n'a jamais été mis en oeuvre ou parce que si peu semble avoir été fait en réponse aux excellentes et considérables recommandations de la Commission royale sur les peuples autochtones.
Plutôt, les Canadiens de bonne foi doivent à tout prix se concerter pour chercher de nouvelles solutions, des solutions fondées sur les efforts antérieurs et le plan fourni par le rapport Dussault-Erasmus, mais uniquement à titre de point de départ, car il est certainement plus que temps d'agir. Nous avons désespérément besoin de nouvelles idées, basées sur la reconnaissance du droit constitutionnel des Premières Nations à la consultation significative dans le contexte d'une relation de nation à nation entre la Couronne et les peuples des Premières Nations.
Tout est une question de respect. Les Premières Nations avec qui j'ai le privilège de travailler nous rappellent constamment que le respect est essentiel. Par exemple, le peuple Nuu-chah-nulth utilise, dans sa langue, le mot eesok pour évoquer ce concept de respect. Les Premières Nations nous demandent d'établir une nouvelle relation fondée sur ce principe fondamental du respect.
Dans ce contexte, j'aimerais parler de deux aspects essentiels à un développement économique considérable et continu qui profitera aux Inuits, aux Métis et aux peuples des Premières Nations du Canada. Il s'agit de la consultation et de la reconnaissance de l'autonomie gouvernementale. Le gouvernement conservateur doit tout simplement faire mieux au chapitre de la consultation.
Nous savons tous que la consultation est un devoir constitutionnel et qu'il faut, le cas échéant, prendre en considération les droits ancestraux ou issus de traités. Ce n'est cependant pas par des poursuites interminables que le concept de consultation sera déterminé. Il ne s'agit pas de compter machinalement le nombre de réunions auxquelles on assiste ou de voir qui s'y trouve, d'en faire le compte et de voir si un tribunal dira que c'est satisfaisant. Il n'est pas du tout question de cela. Il s'agit de respect, de communication et de l'établissement de relations durables. Voilà les trois éléments qui finiront par faire changer les choses.
Les tribunaux n'accepteront pas les simulacres de consultation et les flots de paroles. Ils ne l'ont pas fait par le passé. Ils exigeront des consultations véritables. Ils nous ont d'ailleurs rappelé récemment que le devoir de consulter est fondé sur l'honneur de la Couronne. Ce sera toujours la pierre angulaire de nos relations avec les Premières Nations.
Comme l'ont affirmé récemment avec tant de fougue les dirigeants autochtones et les participants au mouvement Idle No More, le gouvernement actuel a affaibli les lois relatives à la protection de l'environnement, dont dépendent les communautés des Premières Nations.
Les déplorables projets de loi omnibus d'exécution du budget n'ont pas tenu compte des droits issus de traités, fondement de la relation historique entre la Couronne et les peuples des Premières Nations.
Dans certaines parties du pays, notamment la Colombie-Britannique et le Nord, il n'existe pas de traités historiques, de sorte que c'est sur l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 que repose la reconnaissance des droits ancestraux et des titres de propriété des Autochtones.
Les communautés autochtones ont tout simplement le droit de participer à la gestion et à l'utilisation des terres et des ressources à l'égard desquelles elles revendiquent des droits, même si ces revendications n'ont pas encore été reconnues par les tribunaux ou définitivement réglées.
Plus récemment, en Colombie-Britannique, le devoir de consulter les Premières Nations et de tenir compte de leurs droits n'a pas été observé par le gouvernement. Par exemple, la demande de permis d'Enbridge pour la construction d'un pipeline servant à transporter le bitume des sables pétrolifères jusqu'à Kitimat a suscité des protestations véhémentes de la part des Premières Nations de la province. La majorité des non-Autochtones de la Colombie-Britannique se joignent à eux pour s'opposer à ce projet, qui comporte de sérieuses lacunes.
La grande majorité des Premières Nations, tout comme la plupart des Britanno-Colombiens, se sont opposés à ce dangereux projet d'oléoduc et de pétroliers. Les risques qu'on nous demande d'assumer sont tout simplement inacceptables. Moi qui viens de faire une campagne électorale dans une ville côtière comme Victoria, je peux dire qu'il y a une vive opposition au projet et ce, autant chez les Autochtones et que chez les non-Autochtones. À mon avis, il est temps que le gouvernement rejette les projets de développement aveugles comme celui que propose Enbridge. Le gouvernement doit tout simplement faire davantage de consultations.
Que faut-il comprendre de l'autonomie gouvernementale? Selon Stephen Cornell, du projet de l'Université Harvard sur le développement économique des Amérindiens, il faut en comprendre trois choses: premièrement, que l'autonomie politique est une chose valable et importante, deuxièmement, qu'il est essentiel que les institutions politiques soient efficaces et, troisièmement, que ces institutions politiques doivent être adaptées à la culture environnante. Bref, qu'il est important d'avoir un bon gouvernement.
C'est pourquoi je tiens à saluer l'excellent travail accompli par Miles Richardson, ancien président de la Nation haïda, actuellement associé principal de l'Institut sur la gouvernance. L'objectif consiste à améliorer les accords de gouvernance pour les Premières Nations de façon à ce qu'elles puissent être des partenaires de développement économique plus efficaces.
Comme je l'ai dit, les institutions gouvernementales doivent être adaptées à la culture environnante et doivent obtenir l'adhésion des gens. Selon le professeur Cornell:
Les institutions qui sont adaptées aux particularités culturelles des Autochtones d'aujourd'hui sont plus efficaces que celles qui ne le sont pas.
En conclusion, je sais que les conservateurs se contenteront de dire que le budget de 2013 mise sur la création d'emplois et le développement économique, et que les Premières Nations en profiteront autant que les autres Canadiens. C'est leur mantra.
Par contre, si l'on ne respecte pas véritablement les obligations constitutionnelles, qui exigent la tenue de consultations significatives, et si l'on n'admet pas l'autonomie gouvernementale et les rapports de gouvernement à gouvernement, il n'y aura pas de développement économique et les retombées seront négligeables pour les Premières Nations.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de pouvoir prendre la parole après le député nouvellement élu de , qui a, je le sais, fait de l'excellent travail auprès des Premières Nations. C'est certainement un plaisir de travailler avec lui à la Chambre.
C'est un honneur pour moi de prendre la parole au sujet de la motion présentée par le NPD, laquelle reflète vraiment les valeurs néo-démocrates et nous permettra de vraiment jauger le gouvernement.
La motion de l'opposition présentée par ma collègue, la députée de , et que nous appuyons tous, transcende les travaux quotidiens et les débats de la Chambre. Elle donne l'occasion à la Chambre, au gouvernement et aux autres partis d'opposition de se rallier à nous et de reconnaître qu'un virage s'impose, que le Parlement doit changer de cap et que les Premières Nations, les Métis et les Inuits méritent mieux de la part du Parlement.
Nous reconnaissons les appels à l'action qui sont de plus en plus nombreux — nous ne saurions faire autrement puisque nous sommes néo-démocrates — et nous comprenons que les gens qui sont à l'origine du mouvement Idle No More, qui ont manifesté, qui ont participé à des danses en rond spontanées, qui ont assisté à des ateliers de travail et à des séances d'information, qui sont venus au Parlement afin de rencontrer des ministres et, bien entendu, le , affirment que ça ne peut plus continuer.
Je suis aussi fière d'appuyer cette motion au nom de la circonscription de . J'ai le plaisir de représenter 33 Premières Nations qui habitent dans le Nord du Manitoba et de nombreuses communautés métisses.
Je viens d'une région dynamique et très diversifiée, riche d'histoire et de possibilités. Il ne fait par contre aucun doute que vivre dans le Nord n'est pas toujours facile, et que les Premières Nations du Nord du Manitoba sont encore plus touchées par ces difficultés.
Les Premières Nations du Nord du Manitoba et des quatre coins du Canada vivent dans une pauvreté extrême et connaissent un taux de chômage élevé. Dans ma circonscription, 42 % des Autochtones n'ont pas de diplôme d'études secondaires. Bon nombre d'entre eux vivent dans des conditions dignes du tiers monde.
En fait, nous savons que les Premières Nations du Canada occupent le 63e rang au monde selon l'indice du développement humain des Nations Unies. Cette réalité ne se limite pas aux chiffres. Elle est clairement visible pour quiconque visite les Premières Nations du Nord du Manitoba et de nombreuses autres régions du Canada. Les logements sont insalubres et 10, 15 et même plus de 20 personnes vivent dans une même maison parce que le nombre de logements est insuffisant. Un plus grand nombre de personnes sont atteintes de maladies, comme la simple grippe, parce qu'il n'y a pas d'eau courante dans leur communauté. Les jeunes en arrivent au point de vouloir s'enlever la vie et, malheureusement, nombreux sont ceux qui se suicident parce qu'ils n'ont aucun espoir ni aucune raison de vivre. Nombreux sont les membres de ces communautés qui sont laissés pour compte et qui aboutissent malheureusement dans le système correctionnel. De ce fait, c'est au Canada qu'on retrouve le pourcentage le plus élevé d'Autochtones parmi la population carcérale, hors de proportion avec le nombre d'Autochtones au pays.
Comme beaucoup le savent, c'est le résultat d'une sombre histoire de colonisation et d'oppression. Malheureusement, les uns après les autres, les gouvernements fédéraux n'ont pas réussi à sortir de ce cycle et à tracer une nouvelle voie. Biens qu'ils aient promis de faire le contraire, ils ont démontré par leurs actions qu'ils veulent conserver la relation paternaliste et colonialiste qui prévaut depuis si longtemps.
Il n'est pas nécessaire de regarder plus loin que les dernières années au Parlement. Il y a quelques années, le du Canada a présenté des excuses au sujet des atrocités commises dans les pensionnats indiens.
Je me souviens que je me trouvais dans les bureaux de la Manitoba Keewatinowi Okimakanak, le siège social des chefs du Nord. J'ai partagé ce moment avec de nombreuses personnes, avec des survivants et leurs familles, mais aussi avec des non-Autochtones, qui étaient émus d'entendre ces excuses. Je suis fière que notre regretté chef, Jack Layton, ait contribué à la présentation de ces excuses.
Au lieu de demeurer fidèle à l'engagement qu'il a pris de changer le cours des choses et d'établir de nouveaux rapports avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits, le gouvernement a continué de faire ce qu'il fait toujours.
Le projet de loi C-38 et plus récemment, le projet de loi C-45, sont des attaques dire tes contre les droits issus de traités des Premières Nations ainsi que les droits ancestraux en général. Tout au long du processus, il y a eu un manque de consultations, plus particulièrement pour ce qui est de la gestion des terres visées par les traités et des terres que les Autochtones possèdent.
Même si le gouvernement a la responsabilité constitutionnelle de consulter les Autochtones, ces derniers ont été réduits au silence et ignorés par les conservateurs.
Nous souhaiterions que l'histoire se termine ainsi. Malheureusement, au cours des dernières années, les organismes et les institutions qui représentent réellement les Autochtones ont dû composer avec des compressions sans précédent. Parmi celles-ci, mentionnons Soeurs par l'esprit, l'Institut de la statistique des Premières Nation, la Fondation autochtone de guérison, le Centre national pour la gouvernance des Premières Nation, l'Assemblée des Premières Nations, Inuit Tapiriit Kanatami, l'Association des femmes autochtones, l'Organisation nationale de la santé autochtone et l'Association des femmes inuit Pauktuutit.
À l'automne 2012, nous avons appris que les conseils de bande et les organisations politiques autochtones, comme ceux de ma région, en l'occurrence le conseil tribal Keewatin, le conseil tribal Swampy Cree, le MKO, la SCO et l'Assemblée des chefs du Manitoba, seraient visés par des compressions disproportionnées.
Ce sont eux qui représentent les Autochtones, qui s'occupent du logement et de l'éducation, défendent les intérêts des collectivités, collaborent avec les conseils de bande et se battent pour les collectivités autochtones qui, bien souvent, sont situées en région éloignée et n'ont pas voix au chapitre.
Le revers de la médaille, c'est que les Premières Nations, les Métis et les Inuits en ont assez. On n'a qu'à penser à ce qui s'est passé au cours des derniers mois au pays. Nous avons été témoins de ce qui a été l'un des plus importants événements de l'histoire récente des Autochtones et de leurs chefs. Nous avons pu constater que, pour la première fois, ils étaient prêts à affronter le gouvernement dans le cadre du mouvement Idle No More, grâce au leadership et au courage dont ont fait preuve de nombreux chefs, et grâce à d'immenses sacrifices.
J'aimerais prendre quelques instants pour rendre hommage à deux personnes qui sont pour moi des amis: l'aîné Raymond Robinson, de la nation crie Pimicikamak, qui a participé à la grève de la fin entreprise par Theresa Spence sur l'île Victoria afin d'inciter le gouvernement fédéral à agir, de même que Wilson Hartie, de la nation crie Nisichawayasihk, qui a lui aussi fait la grève de la faim pour pousser le à intervenir. Ces deux hommes, leur famille et leur collectivité ont pris position. Ces deux hommes ont fait un immense sacrifice et nous ont demandé à tous d'agir .
J'aimerais aussi rendre hommage aux organisateurs du mouvement Idle No More de ma municipalité, Thompson, — soit Lisa Currier, Clint Saulteaux, Val Charlette — ainsi qu’à tous ceux qui ont fait un travail de sensibilisation et collaboré avec les jeunes qui disaient: « Ça suffit. »
La motion de l'opposition présentée aujourd'hui fait écho à toutes ces voix. Le gouvernement devrait non seulement prendre des engagements, dans le budget de 2013, pour améliorer la situation économique des Premières Nations, des Inuits et des Métis, mais aussi s'engager à favoriser la mise en oeuvre des traités et la tenue de consultations approfondies et constructives à propos des mesures législatives qui touchent les droits des Canadiens autochtones.
Cela a assez duré. Nous avons l'occasion d'appuyer les peuples autochtones du Canada, de changer l'histoire et d'adopter une nouvelle orientation qui respectera les traités et fera vraiment honneur au 250e anniversaire de la proclamation royale, que nous célébrerons cette année. Nous pouvons faire beaucoup mieux et montrer à la communauté internationale que, dans un pays aussi riche que le Canada, les Premières Nations doivent vivre dans la dignité.
J'aimerais partager avec vous ce que Wilson et Raymond m'ont souvent répété: « Je le fais pour mes enfants et mes petits-enfants. Ce n'est pas pour faire de la politique ni pour attirer l'attention. Je le fais pour que les choses changent. » Je tiens à les remercier. En leur honneur et dans leurs mots, j'aimerais demander au gouvernement et au Parlement de changer de cap, d'appuyer la motion de l'opposition et de s'engager à bâtir un avenir meilleur avec les peuples autochtones du Canada.