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Monsieur le Président, je remercie mon collègue, le whip en chef du gouvernement, de son appui. Je suis très heureuse d'être ici ce soir.
En fait, j'ai été fort impressionnée d'entendre certains témoignages la dernière fois que nous avons parlé de cette mesure législative, vendredi dernier. Mon discours sera axé sur certains enjeux qui ont été soulevés à ce moment-là. J'ai examiné une partie des témoignages entendus par le comité sénatorial ainsi que certains documents liés à nos séances d'information technique, et j'espère pouvoir répondre à certaines des préoccupations soulevées vendredi dernier par quelques-uns de mes collègues.
Plusieurs points cruciaux ont été soulevés vendredi. Ainsi, il a été question de certains problèmes entourant l'activité sismique sur l'île, de même que des consultations auprès des Autochtones et de l'inclusion des résultats de celles-ci dans le projet de loi. Des questions ont été soulevées quand aux consultations menées par Parcs Canada auprès des Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse. Je peux garantir à la Chambre que nous prenons des mesures importantes en ce qui concerne les Mi'kmaq, que nous les avons déjà consultés et que nous continuerons de les consulter, et que Parcs Canada poursuit sa collaboration avec eux.
En faisant de l'île de Sable une réserve à vocation de parc national, le gouvernement du Canada protégerait les droits ancestraux revendiqués rattachés à ce territoire. On utilise la désignation « réserve à vocation de parc national » — terme clairement défini dans la Loi sur les parcs nationaux du Canada — lorsqu’il existe des revendications en suspens par des peuples autochtones, en ce qui a trait aux titres et aux droits ancestraux, pour lesquelles le Canada a accepté de négocier.
Dans ses observations, la députée d' a exprimé des préoccupations à cet égard, car le préambule mentionne que les Mi'kmaq ont revendiqué un titre et des droits ancestraux, mais le projet de loi ne le fait pas. Je tiens simplement à assurer à la Chambre que c'est normal. Quand on crée une réserve à vocation de parc national en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada, on ne mentionne pas le peuple autochtone qui revendique un titre et des droits ancestraux. En fait, c'est la désignation qui protège les droits ancestraux. Pour ce qui est de l'intégrité du réseau des parcs nationaux, la loi établit clairement qu'une réserve à vocation de parc national jouit de la même protection qu'un parc national, tout en respectant les affirmations de droits ancestraux ou de droits issus de traités. Ce n'est pas un parc national de second ordre. Le parc de Nahanni, dans le Nord et ceux de l'Archipel-de-Mingan, au Québec, et des Îles-Gulf, en Colombie-Britannique, sont tous des réserves à vocation de parc national pendant que nous travaillons à conclure avec les Autochtones qui font usage de ces terres une entente qui leur permettrait d'administrer ces territoires en collaboration avec Parcs Canada.
Soyons clairs, nous ne proposerons pas de faire de l'île de Sable un parc national tant que les consultations et les négociations avec les Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse ne seront pas conclues.
En fait, pour illustrer ce point, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, en 2006, les monts Torngat, au Labrador, étaient désignés comme réserve de parc national. La même année, la députée d' a signé un énoncé d'incidences et d'avantages avec le président de la Société Makivik qui représente les Inuits du Nunavik, au Nord du Québec, lesquels revendiquaient la région du Labrador comprise dans cette réserve de parc. Ce n'est qu'après la signature de cet accord que le gouvernement a pu officiellement transformer la réserve de parc en l'actuel Parc national du Canada des Monts-Torngat.
En ce qui concerne les consultations, Parcs Canada a écrit, en mai 2010, à l'Assemblée des chefs de la Nouvelle-Écosse, à l'Office des affaires autochtones de la Nouvelle-Écosse, et au Native Council of Nova Scotia — comme l'exige le protocole de consultation établi dans le cadre du processus conçu en Nouvelle-Écosse — pour demander la tenue d'une consultation au sujet du projet de transformation de l'île-de-Sable en parc national.
En novembre 2010, les représentants des Mi'kmaq ont écrit à Parcs Canada pour confirmer qu'ils convenaient de désigner l'île-de-Sable comme parc national en adoptant une loi au Parlement visant à l'assujettir à la Loi sur les parcs nationaux du Canada. Ils ont ajouté qu'ils se réjouissaient à l’idée de collaborer avec Parcs Canada à l’élaboration d’un plan directeur pour l’île-de-Sable et d’autres mesures permettant aux Mi’kmaq de participer activement et efficacement à la vision et à l'orientation entourant la gestion de l’île-de-Sable en tant que parc national.
La consultation avec les Mi'kmaq durant le processus de désignation se poursuivrait jusqu'à l'étape finale du processus de désignation de l'île-de-Sable comme parc national. Une fois qu'un accord final aurait été négocié entre le Canada, la Nouvelle-Écosse et les Mi'kmaq, dans le cadre du processus conçu en Nouvelle-Écosse, Parcs Canada prendrait les mesures qui s'imposent, conformément à l'accord final, pour transformer la réserve de parc national de l'île-de-Sable en parc national.
Parcs Canada a établi une relation productive avec les Mi'kmaq. Parcs Canada et les Mi'kmaq sont sur le point de conclure un accord de contribution visant à permettre aux Mi'kmaq de faire de la recherche et de consulter les collectivités membres en vue de mieux comprendre le lien culturel et historique qui les unit à l'île-de-Sable.
Les résultats de ces consultations façonneraient la gouvernance future et privilégieraient une approche consultative pour la création de la réserve à vocation de parc national de l'île-de-Sable. Ils permettraient aussi de bâtir des relations de travail concrètes avec les Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse. Ce travail jetterait les bases de la participation des Mi'kmaq à la planification et à la gestion de la réserve à vocation de parc national.
Comme on l'a dit, l'île de Sable est située dans l'un des plus grands bassins extracôtiers d'hydrocarbures en Amérique du Nord. Je sais qu'au cours du débat de vendredi dernier, d'aucuns se sont inquiétés de l'avenir de l'île de Sable, craignant que des activités d'extraction pétrolière ne soient autorisées dans la région. Je crois que le gouvernement du Canada et de la Nouvelle-Écosse ont négocié relativement à l'île de Sable une approche qui assure un juste équilibre entre la conservation et le fait qu'il s'agit d'un vaste bassin d'hydrocarbures.
Toutes les activités pétrolières au large des côtes de la Nouvelle-Écosse, y compris sur l'île de Sable et en périphérie, sont assujetties à la Loi de mise en oeuvre de l'Accord Canada-Nouvelle-Écosse sur les hydrocarbures extracôtiers. Comme le précise le préambule du projet de loi, l'article 4 de la Loi de mise en oeuvre de l'Accord stipule que cette dernière a préséance sur toutes les lois qui s'appliquent à la région extracôtière, y compris l'île de Sable.
Par conséquent, c'est dans ce cadre législatif établi par les législatures précédentes que nous devons intégrer la nouvelle réserve à vocation de parc national. À cette fin, par l'entremise du projet de loi , nous modifierions la loi sur l'Accord pour interdire légalement, pour la première fois, l'extraction en surface à l'île de Sable. C'est un élément que la Chambre ne devrait pas perdre de vue car il serait fort avantageux de protéger cette partie unique d'un écosystème et d'un territoire chers à tous les Canadiens pour l'avenir. C'était d'ailleurs l'un des objectifs fondamentaux qui nous ont amenés à présenter ce projet de loi au départ. Nous instaurerions aussi une zone tampon depuis la laisse de basse mer de la réserve à vocation de parc national jusqu'à un mille marin; l'interdiction de forage s'y appliquerait également.
Beaucoup de mes collègues ont soulevé des préoccupations au sujet de la définition de l'expression « activités d'exploration pétrolière à faible incidence sur l'environnement ». Je pense qu'il est normal d'avoir cette discussion parce que nous voulons être sûrs de bien faire les choses. Par conséquent, je vais vous indiquer comment j'interprète cela, en me fondant sur les témoignages présentés au comité sénatorial, ainsi qu'aux discussions que le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a eues, si je ne m'abuse, lors de l'élaboration de son projet de loi concernant cette question, car j'estime que c'est un aspect dont il faut tenir compte, advenant que cette mesure soit appuyée par mes collègues et renvoyée au comité compétent.
Le projet de loi énumère plusieurs activités liées à l'exploration pétrolière à faible incidence sur l'environnement qui pourraient être autorisées sur l'île, notamment des activités sismiques. Bien que certains associent le mot « sismique » à du dynamitage et à des explosions, ce n'est pas le cas ici. M. Stuart Pinks, directeur de l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers, a décrit comme suit les activités sismiques à faible incidence au Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles:
[...] il s’agit d’émettre un son qui, si cela se fait sur l’île elle-même, se déplacera verticalement dans le sable, [...] traversera les formations rocheuses, et une partie de ce son, les ondes d’énergie, sera renvoyée vers le haut. Des dispositifs d’écoute captent ce signal.
Cette activité a été menée sur l'île une fois au cours des dernières décennies. En 1991, Mobil Oil Canada a effectué de la prospection sismique sur l'île de Sable et dans les environs. La société avait accepté de se conformer à un code de pratique strict élaboré en collaboration avec Mme Zoe Lucas, une experte résidente de longue date sur l'île de Sable, et avec la Green Horse Society, la principale organisation non gouvernementale à vocation environnementale pour l'île de Sable.
En suivant ce code de pratique, l'industrie a apporté des changements importants à la conception et à la mise en oeuvre de son programme, notamment en reportant le début du programme de façon à éviter la période de mise bas des oiseaux nicheurs, des phoques communs et des chevaux, et en modifiant le tracé des lignes sismiques pour qu’elles ne traversent pas d’aire ayant une grande biodiversité.
Dans le cadre du programme de 1999, Mobil Oil Canada a utilisé deux véhicules vibrosismiques comme sources sonores sur l'île. Elle les a placés du côté nord et du côté sud, dans le tiers occidental de l'île de Sable. Ils ne pouvaient être installés que dans les zones de plage extérieure sans végétation. C'étaient les sources sonores. Pour recevoir les sons, 62 lignes de réception ont été installées sur l'île. Pour les installer, aucun véhicule n'a été autorisé à circuler là où il y avait de la végétation. De plus, toute la circulation dans les zones couvertes de végétation s'est faite à pied et a été limitée aux environs des lignes de réception. Tout l'équipement utilisé dans le cadre du programme, y compris les câbles, les géophones, les batteries et ainsi de suite a été apporté à pied dans les zones couvertes de végétation et retiré de la même façon.
En 2000, Mme Lucas a conclu dans un rapport que, de façon générale, « pendant le programme sismique de 1999 sur l'île de Sable, l'observation du code de pratique a été très élevée ». Elle a aussi observée que « le programme [sismique] a eu une incidence limitée et à court terme sur l'île de Sable ». Par ailleurs, elle a conclu que le respect du code de pratique par « l'entreprise de prospection permettait de s'attendre à ce que tout groupe menant des activités sur l'île fasse de même ».
Je signale également qu'en vertu de l'entente signée l'année dernière en vue de la création d'un parc national, le Canada et la Nouvelle-Écosse ont convenu que des travaux d'exploration à faible incidence pourraient continuer d'être autorisés. Interrogé sur la possibilité d'amender le projet de loi pour interdire de telles activités, M. Leonard Preyra, ministre des Communautés, de la Culture et du Patrimoine du gouvernement de Nouvelle-Écosse, a confirmé au comité sénatorial qui examinait le projet de loi que le fait de pouvoir autoriser de telles activités « est une importante base pour l'accord lui-même. D'une certaine façon, cela pourrait tout remettre en question ».
Durant notre débat à l'étape de la deuxième lecture, certains ont dit craindre que le projet de loi pourrait créer un précédent pour d'autres parcs nationaux relativement à la poursuite des activités pétrolières. Ce n'est clairement pas le cas du projet de loi , car il ne modifie pas la Loi sur les parcs nationaux du Canada de manière à permettre des activités pétrolières à faible incidence dans les parcs existants ou futurs. Au lieu de cela, nous modifions la Loi de mise en oeuvre de l'accord Canada-Nouvelle-Écosse sur les hydrocarbures extracôtiers de manière à limiter le pouvoir dont dispose actuellement l'office d'autoriser des programmes sismiques à l'île de Sable dans le but de n'autoriser que des activités à faible incidence.
Pour cette raison, je soutiens que le gouvernement ne compromet pas l'intégrité du réseau des parcs nationaux du Canada, comme l'a laissé entendre à plusieurs reprises la députée de .
Les gouvernements qui créent de nouveaux parcs nationaux sont souvent obligés de prendre des décisions difficiles quand il s'agit d'autoriser certaines activités, qu'il s'agisse de routes d'accès minier à Nahanni, d'activités liées à l'utilisation traditionnelle du territoire, y compris la chasse à Wapusk ou l'accès aux ressources forestières pour usage local à Gros Morne. Dans chaque cas, nous mettons dans la balance le besoin de maintenir l'intégrité du réseau des parcs nationaux et la volonté de saisir l'occasion de renforcer les efforts de conservation de certains endroits spéciaux comme l'île de Sable.
Nous avons réussi à négocier un régime de conservation plus rigoureux pour l'île de Sable que celui qui existe actuellement et c'est l'objectif visé. Il s'agit de protéger cette région, d'imposer un degré de conservation plus élevé et de bien comprendre que c'est vraiment l'un des endroits les plus spéciaux que nous ayons dans notre pays et que nous devons le protéger. Telle est l'intention du projet de loi, point final.
Je soutiens que le gouvernement renforce l'intégrité de notre réseau de parcs nationaux et qu'il s'efforce d'étendre considérablement notre aire marine nationale de conservation. C'est grâce à cette approche pragmatique pour ce qui est de résoudre les diverses difficultés qui sont inhérentes à la création de nouveaux parcs nationaux que nous réalisons des progrès extraordinaires.
Par exemple, en 2006, le gouvernement a créé le lieu historique national Saoyú-?ehdacho de 5 565 kilomètres carrés en partenariat avec la Déline Land Corporation et le Déline Renewable Resources Council. C'est le premier paysage culturel septentrional protégé par le gouvernement du Canada, le premier lieu historique national du Grand Nord géré en collaboration par Parcs Canada et un groupe autochtone et la première aire protégée établie dans le cadre de la stratégie des aires protégées des Territoires du Nord-Ouest.
En 2007, le s'est joint au gouvernement de l'Ontario pour annoncer la création de l'aire marine nationale de conservation du lac Supérieur. D'une superficie de plus de 10 000 kilomètres carrés, en incluant le lit du lac, les îles et les terres riveraines septentrionales, c'est la plus grande aire marine protégée d'eau douce du monde entier.
En 2009, la Chambre a adopté un projet de loi qui a permis de multiplier par six la superficie de la réserve de parc national du Canada Nahanni. Pour leurs efforts et la réalisation de ce qui était un rêve depuis des décennies, le ministre de l'Environnement, le Grand chef de la Première nation Dehcho et le président de la Société pour la nature et les parcs du Canada se sont vus décerner la prestigieuse médaille d'or de la Société géographique royale du Canada.
En août dernier, le s'est joint aux chefs des Sahtu Déné et des Métis pour annoncer la création de la réserve de parc national du Canada Nááts'ihch'oh dans le but de protéger le cours supérieur de la rivière Nahanni sud. Cette mesure de conservation va mener à son terme le travail d'un grand nombre de personnes qui ont uni leurs efforts pour protéger l'écosystème Nahanni.
Dans son discours du Trône de 2011, le gouvernement a promis à la population canadienne de créer de nouvelles aires protégées d'envergure. Par exemple, Parcs Canada s'emploie à conclure des négociations en vue de créer un nouveau parc national sur l'île Bathurst, au Nunavut, et une nouvelle réserve à vocation de parc national dans les montagnes Mealy, au Labrador. Chacun de ces nouveaux parcs apportera des avantages écologiques, sociaux et économiques aux peuples autochtones et aux collectivités septentrionales. Chaque nouveau parc deviendra une nouvelle destination fascinante pour les visiteurs, ce qui permettra de diversifier l'économie locale et d'ouvrir la porte à des histoires nouvelles et captivantes au sujet de ces endroits.
Nous allons poursuivre nos efforts en vue de conclure les consultations et les évaluations de faisabilité concernant des aires marines nationales de conservation dans les eaux écologiquement riches du sud du Détroit de Georgia, en Colombie-Britannique, et du Détroit de Lancaster, au Nunavut, et pour une nouvelle réserve à vocation de parc national dans la région Thaidene Nene du bras est du Grand lac des Esclaves. Dans chaque cas, nous collaborons étroitement avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi qu'avec les peuples autochtones.
Je peux certifier à la Chambre que tout en continuant d'oeuvrer à la protection des parcs nationaux et des aires marines de conservation, le gouvernement s'emploie également à promouvoir la conservation urbaine. Nous voulons aussi apporter les messages inspirants d'endroits reculés comme l'île de Sable aux populations urbaines car nous voulons que les citadins soient motivés à prendre des mesures pour protéger leurs aires naturelles.
Au moment où nous nous apprêtons à assujettir l'île de Sable à la Loi sur les parcs nationaux du Canada, le gouvernement apportera une contribution spéciale à la conservation urbaine au Canada en créant le premier parc national périurbain du pays dans la vallée de la Rouge, dans le Grand Toronto. Le parc national urbain de la Rouge sera un concept unique qui inclura la conservation d'actifs naturels et culturels, l'agriculture durable, des occasions d'apprentissage et une vaste gamme d'activités récréatives.
Les parcs nationaux du Canada jouent déjà un rôle important dans la conservation urbaine, grâce à leur apport en eau et en air propres et aux avantages économiques liés aux aires naturelles. Par exemple, le bassin hydrographique protecteur du Parc national de Banff fournit une eau potable indispensable à la vie, permet des activités récréatives et soutient l'agriculture et les industries bien au-delà de ses frontières.
Les territoires relevant de Parcs Canada englobent aussi des écosystèmes durables qui abritent des aires migratoires pour de nombreuses espèces, comme les fauvettes et les papillons monarques dans le parc national de la Pointe-Pelée. Ces espèces constituent à leur tour un lien important de la chaîne écologique des régions urbaines.
Bien que l'approvisionnement en eau potable et en air pur et que les avantages écologiques engendrés par les aires naturelles soient une contribution incroyable, ils n'englobent en fait qu'une partie de l'héritage que perpétue Parcs Canada pour l'ensemble de la population canadienne sur le plan de la conservation urbaine.
On pourrait aussi soutenir que le rôle le plus important qu'exerce Parcs Canada à cet égard consiste à donner l'occasion aux Canadiens d'entrer en contact direct avec la nature, contribuant ainsi à mieux faire connaître les enjeux liés au développement durable et au patrimoine naturel et suscitant un sentiment de fierté devant ces efforts de conservation qui sont une pierre angulaire de notre identité canadienne.
De très nombreuses études ont démontré que l'exposition à des environnements naturels pouvait aider l'être humain à gérer le stress, la maladie et les blessures, tout en améliorant chez lui la concentration et la productivité.
En terminant, j'encourage mes collègues d'en face à appuyer le projet de loi. Je suis très encouragée par le dialogue extrêmement productif que nous avons eu jusqu'ici. Je me réjouis à l'idée que le comité aura d'excellentes discussions sur le projet de loi et qu'il pourra examiner chacune des préoccupations soulevées par mes collègues. Ce soir, j'ai tenté d'apporter quelques éclaircissements à ce sujet. Le ministre prendra aussi la parole plus tard.
J'espère sincèrement qu'il s'agit d'un exemple d'une situation où nous pouvons travailler ensemble à la Chambre afin d'accomplir une chose merveilleuse pour la conservation au Canada et aussi pour protéger une des aires les plus sacrées et les plus délicates sur le plan écologique au pays, non seulement pour aujourd'hui, mais aussi pour les générations futures.
Je suis très fière de ce que le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a accompli dans ce dossier. Je suis aussi très fière de ce que l'industrie a fait. Ensemble, à la Chambre, nous pouvons franchir l'étape finale et faire en sorte que la réserve à vocation de parc national de l'Île-de-Sable soit officiellement créée.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole ce soir relativement à une mesure législative que nous attendons depuis longtemps, en fait depuis des décennies, et qui est vraiment très importante.
Certains se sont adonnés à de petits jeux politiques avec ce projet de loi et, contrairement à ce que dit le député de , ce ne sont pas les députés de l'opposition, mais bien les conservateurs. Or, cette mesure législative est trop importante pour agir de la sorte. Si j'ai le temps à la fin de mon intervention, je vais parler de ce qui s'est passé. Pour l'instant, je veux parler du fond du projet de loi. Par conséquent, jetons un coup d'oeil à cette mesure.
Premièrement, je tiens à dire que j'appuie le projet de loi, mais pas à n'importe quel prix. Cette mesure législative mérite vraiment d'être appuyée à l'étape de la deuxième lecture. Il faut que le comité en soit saisi et j'ai hâte qu'il le soit. J'ai hâte de travailler avec les députés conservateurs et libéraux du Comité de l'environnement et d'étudier attentivement ce projet de loi afin de dissiper certaines préoccupations, s'il y a lieu, et ensuite de l'adopter.
Comme les députés le savent, le projet de loi vise à établir la réserve à vocation de parc national de l'Île-de-Sable du Canada. C'est très intéressant et c'est une initiative importante.
L'île de Sable a la forme d'un long croissant étroit. Elle est située dans l'Atlantique Nord, à environ 290 kilomètres au sud-est de la Nouvelle-Écosse. Croyez-le ou non, mais cette île se trouve dans la circonscription d'Halifax. Je suis la députée fédérale de l'île de Sable et je représente la seule personne qui vit dans l'île, Zoe Lucas, et tous les chevaux qui s'y trouvent.
Mon homologue provincial à l'assemblée législative de la Nouvelle-Écosse, Leonard Preyra, représente aussi l'île de Sable. En fait, sa circonscription s'appelle Halifax Citadel-Sable Island. Il est chanceux que le nom de cette île figure dans la désignation de sa circonscription.
L'île de Sable se caractérise par la présence de dunes et d'herbages divers. On y trouve plus de 190 espèces végétales, ainsi que la plus grande colonie de phoques gris au monde, comme l'a mentionné le député de . En fait, le grand nombre de phoques gris dans l'île est presque problématique.
On y trouve également 350 espèces d'oiseau, y compris la sterne de Dougall, qui est protégée en vertu de la Loi sur les espèces en péril.
Cette île est en quelque sorte une anomalie dans l'océan, mais c'est aussi un endroit spécial. Je n'y suis jamais allée. Je ne suis pas certaine de vouloir m'y rendre, parce que je pense que nous ne devrions pas tous y aller. Nous pouvons apprendre des choses sur cette île et l'apprécier tout en restant sur le continent. Cela dit, cet endroit occupe vraiment une place spéciale dans le coeur des Néo-Écossais.
Comme les députés le savent, les chevaux sauvages sont les plus célèbres habitants de l'île. On en compte environ 375. Le cheval de l'île de Sable est le cheval officiel de la Nouvelle-Écosse. Qui, ici, savait que notre province a un cheval officiel? Pourtant, tous les Néo-Écossais le savent.
L'île de Sable est à la limite du plateau continental, ce qui fait qu'elle connaît parfois des tempêtes impressionnantes et des eaux très agitées. C'est pour cette raison qu'on la surnomme le cimetière de l'Atlantique. On compte quelque 350 naufrages à cet endroit.
Que peut-on dire au sujet du projet de loi? Cette mesure est l'aboutissement de nombreuses années de travail par la collectivité, le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et Parcs Canada. Tous ces intervenants ont collaboré afin de protéger la nature et les écosystèmes uniques de l'île de Sable.
En 2004, le gouvernement fédéral et celui de la Nouvelle-Écosse ont conclu « qu'il serait dans l'intérêt public d'utiliser une désignation fédérale d'aire protégée afin d'atteindre les objectifs de conservation de l'île de Sable ».
C'était en 2004 et c'est ce qui a marqué le début des efforts visant à transformer cet endroit en un parc national. Depuis, Parcs Canada a participé à des consultations sérieuses, y compris à des séances publiques, au cours desquelles cet organisme faisait le point sur la progression du dossier. J'ai d'ailleurs assisté à plusieurs de ces séances à Halifax.
Je dois prendre un instant pour souligner le travail accompli par les gens de Parcs Canada qui sont chargés de ce dossier. Ils se sont merveilleusement acquittés de leur tâche. Ils ont écouté les objections des gens et se sont montrés très ouverts. Ils ont énormément de mérite. Ils ont réussi parfaitement à gagner la confiance de la population de nos circonscriptions.
Comme je l'ai dit, l'île occupe une place spéciale dans le coeur des Néo-Écossais, ce qui fait que tout le monde craint que les choses ne se passent pas bien. Que voudra dire la création d'un parc? Transformera-t-on l'île en une sorte de Disneyland? Les gens ont beaucoup hésité. Parcs Canada a oeuvré lentement et patiemment auprès de la population, l'a écoutée exprimer ses craintes et a bâti un très solide lien de confiance avec elle.
Je voudrais également souligner le travail de Zoe Lucas, de la Green Horse Society, une femme incroyable dont nous avons déjà entendu parler ce soir. Il faut souligner aussi le travail de la Société pour la nature et les parcs du Canada, où Chris Miller s'occupe de ce dossier actuellement. N'oublions pas non plus le travail de Mark Butler, de l'Ecology Action Centre, et de beaucoup d'autres personnes qui se sont faites les défenseurs de cette cause. Enfin, je m'en voudrais de ne pas applaudir le travail de Leonard Preyra, qui a été le porte-étendard de ce projet de loi à l'assemblée législative.
Le projet de loi nous est soumis, aux Communes. Quelles en seront les conséquences? Il n'est pas parfait, mais c'est normal. Je pense que ce projet de loi est un pas dans la bonne direction. J'y vois certains problèmes, mais j'espère que nous pourrons en parler lors de l'étude au comité. Je sais que le ministre prendra la parole au sujet de ce projet de loi dans cette enceinte. Je lui suis reconnaissante de prendre part au débat de ce soir et d'écouter mes objections. Il y répondra peut-être même, espérons-le.
Le projet de loi prévoit inclure un article 140.1 dans la Loi de mise en oeuvre de l’Accord Canada-Nouvelle-Écosse sur les hydrocarbures extracôtiers. J'appellerai cette loi la loi sur les hydrocarbures extracôtiers. Voici l'article en question:
140.1 Nul ne peut exercer des travaux ou des activités liés au forage pétrolier, notamment le forage exploratoire, dans la réserve à vocation de parc national de l’Île-de-Sable du Canada ni à l’intérieur d’un mille marin de la laisse de basse mer.
Il n'y aura donc aucun forage. Ce sera complètement interdit. C'est ainsi que j'interprète cet article, et c'est très important. Aucun forage en surface ne sera effectué à moins d'un mille marin. C'est l'interprétation que je fais de cet article. Gardons cette idée à l'esprit pour plus tard, car je voudrais parler de l'interdiction de forage relativement à un autre article. Mais avant, poursuivons l'examen du projet de loi.
L'article 142.1 de la loi serait modifié pour inclure le paragraphe 142.1(3), dont voici le texte:
142.1(3) Les droits d’accès à la surface prévus au présent article, concernant la réserve à vocation de parc national de l’Île-de-Sable du Canada, se limitent à ce qui suit:
a) l’accès aux têtes de puits existantes aux fins de sécurité et de la protection de l’environnement;
Je saute aux alinéas 142.1(3)c) et 142.1(3)d), qui se lisent comme suit:
c) la capacité d’évacuation d’urgence des travailleurs extracôtiers;
d) la mise en service, l’entretien et l’inspection des installations d’urgence, notamment l’aire d’atterrissage d’hélicoptère et les caches à carburant.
J'ai sauté l'alinéa 142.1(3)b), mais ce que j'ai lu ne me pose aucun problème. Évidemment, il s'agit de têtes de puits existantes. Je comprends que le vent emporte le sable aux têtes de puits et qu'il faut pouvoir réagir. Il est tout à fait logique de disposer d'installations d'urgence, comme une plateforme d'atterrissage pour les hélicoptères en cas d'urgence au large. Ces parties du projet de loi ne présentent pour moi aucun problème.
Cependant, l'alinéa 142.1(3)b) porte sur l'exploration dont nous parlons. Je le cite:
b) les activités d’exploration pétrolière à faible incidence sur l’environnement, notamment les programmes sismiques, géologiques ou géophysiques;
Si nous revenons au forage de surface, les activités d'exploration excluent le forage également, d'après mon interprétation du projet de loi. Je comprends que même les programmes sismiques excluent le forage, ce qui voudrait dire, d'après moi, qu'on ne peut pas prélever d'échantillons du sol. Creuser un peu à la pelle, ce n'est pas du forage, mais je comprends que cela signifie que le forage est interdit et je veux étudier la question au comité pour m'assurer que mon interprétation est bonne.
Toujours à propos des activités d'exploration, la question des programmes sismiques pose un problème de taille. J'ai déjà commencé à recevoir des appels et des courriels de gens de la localité, qui disent ne pas comprendre ce que cela signifie et qu'ils sont très préoccupés, comme je le suis, du reste. Qu'est-ce, au juste, qu'un programme sismique? J'ai entendu le discours de la , qui a expliqué combien les programmes sismiques avaient changé et qu'ils avaient là une incidence beaucoup plus faible.
D'après ce que je comprends de l'activité sismique, on se sert d'un genre de boîte, pas très grosse, probablement de la taille de ce podium, qui envoie des ondes sonores et qui permet de prendre des photos. Cela n'entraîne ni utilisation de câbles géants ni forage. Toutefois, je veux me renseigner auprès de l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers pour m'assurer que c'est ce dont il est question, car il n'y a pas de définition dans la mesure de ce qu'on entend par « à faible incidence » sur l'environnement. Il n'est pas question d'activité sismique dans la Loi sur les parcs nationaux, ni dans la Loi sur la mise en oeuvre de l'accord extracôtier. Par conséquent, qu'entend-on par là?
J'attends aussi avec impatience le témoignage de l'office au sujet de cette exploration à faible incidence sur l'environnement. Ces activités doivent-elles être approuvées par l'office aussi, ou est-ce quelque chose que les compagnies ont le droit de faire simplement parce qu'il en est question dans cette partie du projet de loi?
Je viens de mentionner les compagnies. En fait, la société ExxonMobil détient les droits de forage dans l'île. Elle n'y fait aucun forage pour l'instant, et elle respecte la limite d'un mille marin, mais elle le fait de façon volontaire. Je trouve très positif que le projet de loi encadre un comportement volontaire.
Toutefois, ces baux vont continuer d'exister. J'ai du mal à comprendre une chose: si les baux existent toujours mais que les compagnies ne sont pas autorisées à faire du forage, doivent-elles se tourner vers l'office pour entreprendre ce genre d'exploration? Comment cela se fera-t-il? Quelles seront les conséquences pour l'environnement?
La secrétaire parlementaire a mentionné que Zoe Lucas avait pu s'entendre avec les représentants de l'industrie pour élaborer les meilleures pratiques relativement à ce type d'exploration. J'aimerais en savoir plus à ce sujet. Peut-être Zoe Lucas pourrait-elle venir témoigner devant le comité. Je crois savoir qu'elle a collaboré étroitement avec les intervenants du secteur pour éviter que l'on traîne de l'équipement dans les dunes, pour s'assurer qu'il y aura un moratoire sur ce travail pendant certaines saisons d'accouplement et d'autres garanties similaires.
Zoe Lucas a passé la plus grande partie de son temps dans l'île. C'est une scientifique extraordinaire, et j'ai confiance en elle. Par conséquent, si c'est un projet auquel elle a été associée, je serais encline à croire qu'il satisfait à des normes très élevées, mais c'est une chose que je voudrai explorer au comité.
Nous interdisons le forage en surface. Nous interdisons le forage à moins d'un mille marin. Toutefois, pour moi, cela veut dire qu'à 1,1 mille marin, nous pourrions avoir des plateformes. Et que dire de la pollution par le bruit et de la pollution lumineuse? Il y a des espèces en danger sur l'île et je veux savoir si on se soucie de ce genre de questions environnementales.
Imaginons cette plateforme à 1,1 mille marin, juste au-delà de la limite. Il y aura quand même du forage sous l'île. Je me suis entretenue avec des citoyens qui ont dit que c'était scandaleux. Mon instinct me porte à dire que c'est scandaleux, mais je tente de comprendre ce que cela signifie et j'essaie aussi de comprendre s'il est techniquement possible de se trouver à une distance de 1,1 mille marin, de forer sous le substrat rocheux puis de forer à l'horizontale.
Nous savons tous que le forage horizontal existe et que nous avons la technologie pour le faire, par exemple, dans le cas de la fracturation hydraulique, mais ce genre de forage est-il techniquement faisable maintenant? Cela se fait-il sous le substrat rocheux et quelles sont les conséquences environnementales possibles?
L'île de Sable, comme les députés le savent, est située dans un champ gazier. Ce ne sont donc pas les déversements de pétrole que je crains. Toutefois, j'aimerais développer l'idée qu'on puisse forer sous l'île, parce que c'est assez préoccupant. J'aimerais aussi entendre ce qu'ont à dire l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers et la Société pour la nature et les parcs du Canada sur les effets de ce genre de forage sur l'environnement.
Mon collègue d' et la secrétaire parlementaire du ministre de l'Environnement ont soulevé la question d'un précédent qui serait créé. C'est une drôle de situation, car l'île de Sable relève de la compétence de la Garde côtière et est visée par cet accord sur les hydrocarbures extracôtiers. Or, ce projet de loi modifierait cet accord, non la Loi sur les parcs, en ce qui a trait au forage. Je ne vois pas comment cela pourrait créer un précédent pour les autres parcs étant donné que c'est une situation tellement particulière: la loi sur l'accord ne vise aucun autre parc.
Je suppose que c'est le ministère qui serait le mieux placé pour déterminer quels sont les éventuels précédents. Je ne pense pas qu'il y en ait. C'est mon interprétation de la loi, mais j'aimerais approfondir un peu plus la question.
Concernant la consultation avec les Mi'kmaq, j'ai entendu l'explication de la secrétaire parlementaire concernant la différence entre une réserve à vocation de parc et un parc. Elle a expliqué que, durant le déroulement de ce processus propre à la Nouvelle-Écosse, il faudrait éviter de parler de parc et privilégier le terme « réserve à vocation de parc », qui confère les mêmes protections et obligations.
Je comprends cet argument. C'est également comme cela que j'interprète la loi, mais je répète que j'aimerais approfondir la question au comité, avec le ministère. Je crois comprendre que les représentants de la Confédération des Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse continentale ont également témoigné devant le Sénat; j'aimerais également entendre leurs opinions.
Le député de a parlé de la population de phoques sur l'île. Je pense qu'il nous faut des réponses de la part de Parcs Canada au sujet de la chasse aux phoques. Si je comprends bien la chose, la chasse est autorisée dans certains parcs nationaux.
Il y a une grande différence entre la chasse aux phoques et l'abattage sélectif de phoques. Le NPD est en faveur de la chasse, mais pas nécessairement de l'abattage sélectif. C'est pourquoi il importe de savoir si la chasse serait encore permise sur l'île. Ce n'est pas un point déterminant, mais cela nous aiderait à mieux comprendre le projet de loi.
Voilà mes principales préoccupations concernant le projet de loi à l'étude. J'ai hâte de travailler avec les députés conservateurs et libéraux qui siègent au Comité de l'environnement afin de déterminer quoi faire avec le projet de loi et quels amendements proposer, le cas échéant. Je répète que je voterai pour le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture afin de le renvoyer au comité.
Je veux revenir sur un incident qui s'est produit cet après-midi et qui m'a vraiment perturbée. C'est le fait que nous siégions jusqu'à minuit. Nous le faisons déjà depuis un certain temps. C'est fort bien. Je suis pas mal fatiguée, mais ce n'est pas grave parce que même si je suis fatiguée, c'est toujours un privilège que d'être à la Chambre. C'est quelque chose de spécial. Même si nous devons être ici jusqu'à minuit, je considère que c'est un honneur.
Je suis pâle et j'ai les traits tirés, mais c'est ce qui arrive lorsque nous sommes fatigués. J'avais quand même encore pas mal d'enthousiasme, mais celui-ci a été refroidi aujourd'hui.
Je ne comprends pas pourquoi nous siégeons jusqu'à minuit. Je ne vois pas où est l'urgence et pourquoi nous ne pourrions pas collaborer afin d'adopter ces mesures législatives. Je ne comprends pas pourquoi nous débattons de projets de loi que nous aurions pu étudier avant, au lieu que les conservateurs prorogent le Parlement et nous empêchent de siéger. Nous aurions pu débattre de ces mesures législatives à ce moment-là, parce que la majorité d'entre elles avaient déjà été présentées, mais les conservateurs ont choisi de mettre fin aux débats.
Malgré tout, et même si je suis fatiguée et que j'ai les traits tirés, j'ai gardé mon enthousiasme. J'ai fait de mon mieux pour m'acquitter de mes responsabilités. Toutefois, comme vous avez pu le constater plus tôt, monsieur le Président, les conservateurs ont présenté une motion d'attribution de temps. Ils ont pris une mesure pour limiter la durée du débat sur ce projet de loi.
Cela n'a rien de spécial en soi. Ce n'est rien de nouveau, puisque c'est la 42e fois qu'ils le font. Ce qui est choquant, c'est que le NPD s'efforçait de collaborer avec le gouvernement, afin que cette mesure aille de l'avant. J'en ai parlé au cours de la période des questions sur l'attribution de temps. Nous tentions de négocier. Nous avions ouvert une porte pour dire « essayons d'adopter cette mesure législative et de faire quelque chose ensemble », mais les conservateurs nous ont claqué cette porte au nez.
Habituellement, nos adversaires sont le porte-parole et le secrétaire parlementaire, mais, en l'occurrence, la secrétaire parlementaire n'est pas en cause. Nous avons de très bonnes relations de travail. Le problème, c'est la direction du Parti conservateur; c'est la façon de faire du leader du gouvernement à la Chambre. C'est le fait que les conservateurs savent uniquement se servir d'un marteau et que tout ce qui les entourent leur semble être des clous.
Il m'est très difficile d'imaginer que nous allons pouvoir collaborer en comité, que nous allons pouvoir négocier et travailler ensemble. J'ai perdu confiance et cela mérite d'être répété parce que c'est la réalité.
Cette mesure législative doit être renvoyée au comité. Je suis prête à travailler avec mes collègues, mais cela ne sera pas facile.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , Loi sur le développement et la conservation des parcs nationaux du Canada.
Ce projet de loi accorderait une protection juridique à l'île de Sable, située en Nouvelle-Écosse, en la transformant en parc national. Elle deviendrait ainsi le 43e parc national du Canada. C'est une mesure clé qui permettra de respecter l'engagement qu'a pris le gouvernement du Canada, dans le cadre du discours du Trône de 2011, de créer d'importantes zones protégées. L'adoption de ce projet de loi marquerait la fin du processus entrepris par le gouvernement du Canada, en collaboration avec la Nouvelle-Écosse, visant à transformer l'île de Sable en une réserve à vocation de parc national à laquelle tous les Canadiens s'identifieraient.
En fait, en octobre 2011, à Halifax, le député de et moi avons eu l'honneur de cosigner, avec le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Darrell Dexter, le protocole d'entente pour la création d'un parc national à l'île de Sable. Je sais que nous avions tous le sentiment, cette journée-là, que c'était le couronnement de près de 50 ans de travail pour conserver l'île de Sable, et que nous prenions les mesures nécessaires pour protéger ce paysage emblématique pour les générations futures. Cela fait longtemps qu'on rêve de protéger l'île de Sable, et nous espérons que nous allons bientôt réaliser ce rêve avec l'adoption du projet de loi .
Comme le député de l'a mentionné plus tôt dans le débat, c'est en 1961 que le gouvernement fédéral a pris pour la première fois des mesures de conservation, après que des écoliers de toutes les régions du Canada l'ont exhorté à mettre un terme au projet visant à retirer les fameux chevaux de l'île de Sable. Puis, vers la fin des années 1960 et au début des années 1970, lorsque la région de l'île de Sable est devenue le point de mire de l'exploitation pétrolière, diverses organisations ont attiré l'attention des Canadiens sur l'avenir de l'île. Pendant ce temps, le développement de l'île et l'activité humaine sur celle-ci ont diminué, ce qui a permis à la nature de reprendre ses droits.
Puisque j'ai eu l'honneur et le plaisir de visiter l'île de Sable, je peux affirmer à la Chambre qu'il s'agit d'un endroit très spécial, qui bénéficiera désormais de la protection de notre réseau de parcs nationaux de renommée mondiale. L'île de Sable est vraiment minuscule par comparaison à la réserve de parc national Nahanni National, qui est située aux Territoires du Nord-Ouest; cette réserve, dont la superficie est de 30 000 kilomètres carrés, est maintenant protégée grâce aux mesures prises en 2009 par le Parlement en vue d'en augmenter la superficie. Cependant, j'ai pu constater par moi-même que l'île est tout aussi importante que cette réserve. En effet, la nature y a repris ses droits et cet endroit est redevenu un sanctuaire pour les espèces menacées.
Lorsqu'on s'approche de l'île de Sable, on ne peut qu'être impressionné par le fait que cette bande de sable isolée — elle est située, comme mes collègues l'ont mentionné, à un peu moins de 300 kilomètres d'Halifax — ait survécu. Il est encore plus étonnant que la vie y ait aussi survécu. L'île est une formation remarquable, non seulement en raison de ses caractéristiques géographiques — elle est en fait la seule partie exposée de la zone externe du plateau continental dans le Nord-Ouest de l'Atlantique —, mais aussi à cause des espèces sauvages qu'on y trouve. Ainsi, l'île compte environ 190 espèces végétales, dont 20 ayant une répartition limitée ailleurs. Elle est également un sanctuaire pour près de 350 espèces d'oiseaux migratoires, y compris la sterne de Dougall, qui figure dans la liste des espèces en péril de la Loi sur les espèces en péril. En fait, c'est à l'île de Sable que se reproduisent presque tous les bruants d’Ipswich du monde.
L'île de Sable est surtout reconnue pour ses chevaux sauvages. Leur nombre varie d'année en année et d'une décennie à l'autre, oscillant entre 300 et 500 bêtes. C'est à peu près l'un des seuls troupeaux au monde à être totalement laissé à lui-même. On croit que ces chevaux ont été introduits sur l'île au cours des années 1730, et ils ont été désignés comme une espèce protégée par le gouvernement Diefenbaker en 1961. En tant que Canadien, député et visiteur de l'île de Sable, je suis fier de prendre la parole dans cette enceinte pour terminer le travail qui a été entrepris en 1961. Le Parlement laissera ainsi un merveilleux héritage aux prochaines générations.
Et quel héritage les générations précédentes nous ont légué! Comme on l'a mentionné, l'île de Sable a une très longue histoire, qui a parfois été tragique. On y dénombre environ 350 épaves, ce qui a valu à l'île le surnom de « cimetière de l'Atlantique ».
Il y a plus de 200 ans, on y a établi des postes de sauvetage, puis, plus tard, on y a construit des phares et des refuges pour les marins ayant fait naufrage. La plupart de ces installations sont dues à la débrouillardise et à la détermination des Canadiens. Grâce à l'expertise professionnelle de Parcs Canada, nous continuerons de faire connaître ces histoires aux Canadiens et aux gens du monde entier.
Le projet de loi modifie l’annexe 2 de la Loi sur les parcs nationaux du Canada par adjonction de la description officielle de la réserve à vocation de parc national de l’Île-de-Sable du Canada. La désignation de réserve à vocation de parc national respecte les négociations en cours entre le gouvernement fédéral et les Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse dans le cadre du processus néo-écossais. Les Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse appuient la création de la réserve à vocation de parc national de l'Île-de-Sable. Le gouvernement du Canada s'engage, lorsque le processus néo-écossais sera terminé, à négocier une entente avec les Mi'kmaq qui conduira à la création d'un parc national en bonne et due forme.
Jusqu'à ce que cet accord soit conclu, l’île de Sable demeurerait une réserve de parc national. Je tiens à dire qu'une réserve de parc national bénéficie des mêmes protections que celles visant les parcs nationaux, dans le respect des droits ancestraux ou issus de traités. Elle n'appartient pas à une classe inférieure de parcs nationaux. Certains parcs emblématiques du Canada comme le parc Nahanni, situé dans les Territoires du Nord-Ouest, ainsi que les parcs Gwaii Hanaas et Pacific Rim, situés sur la côte Ouest, sont aussi des réserves de parc national. Il n'y a pas non plus de limite de temps. Nous n'amorcerons pas le processus de création d'un parc national à part entière tant que nous n'aurons pas terminé notre travail auprès des Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse.
Comme on l'a entendu, l’île de Sable est située dans l'un des plus grand bassins extracôtiers d'hydrocarbures de l'Amérique du Nord. Ce soir, je sais que de nombreux intervenants ont exprimé leurs craintes par rapport à l'avenir de l’île de Sable et aux activités pétrolières qui pourraient être autorisées dans cette région, mais au bout du compte, comme la réserve à vocation de parc national de l’Île-de-Sable sera créée dans une région où il y a déjà de l'exploration et de l'exploitation pétrolière, je crois que le gouvernement et celui de la Nouvelle-Écosse ont négocié pour l’île de Sable une approche permettant de créer le 43e parc national du Canada de manière à concilier conservation et développement.
Les députés devraient considérer ce que ce projet de loi permettrait de faire à l'égard de l’île de Sable. Nous créerions sur l’île de Sable une nouvelle réserve de parc national des plus intéressantes, où seraient conservés un des systèmes dunaires les plus vastes de l'Est du Canada ainsi qu'un habitat pour les espèces menacées, et bien sûr, pour les chevaux sauvages de l’île de Sable.
Nous protégerions les droits et les titres des Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse tout en établissant un nouveau partenariat entre Parcs Canada et les Mi'kmaq. Pour la première fois, la loi interdirait le forage pétrolier, y compris le forage exploratoire, à la surface de l'île de Sable. La loi prévoirait la création d'une zone tampon autour de la réserve à vocation de parc national. Ainsi, il serait interdit de faire du forage dans un rayon d'un mille marin à partir des limites de la réserve, établies à partir de la laisse de basse mer.
La loi limiterait les activités pétrolières qui peuvent actuellement être menées sur l'île de Sable, et les activités autorisées se limiteraient aux activités à faible incidence. Je serais heureux d'en dire davantage à ce sujet en répondant à des questions à la suite de mon intervention. Aux termes du projet de loi, l’Office des hydrocarbures extracôtiers serait obligé de consulter Parcs Canada avant d'autoriser toute activité à faible incidence sur l'île de Sable.
Enfin, nous offririons aux Canadiens des occasions de découvrir l'île de Sable, que ce soit en visitant l'île ou en consultant divers médias.
Je voudrais maintenant faire écho aux observations des intervenants qui m'ont précédé, et remercier les détenteurs de permis d'exploration pétrolière sur l'île-de-Sable et dans ses environs, qui ont consenti de plein gré à des modifications qui les empêchent, totalement et à perpétuité, de faire des travaux de forage sur l'île et dans la zone tampon d'un mile marin autour de celle-ci.
Je tiens aussi à remercier sincèrement le et le d'avoir contribué à la création de la réserve à vocation de parc national de l'Île-de-Sable.
Je veux remercier également la province de la Nouvelle-Écosse, qui a collaboré avec nous dès le début pour la création de cette nouvelle réserve à vocation de parc national.
Je tiens à dire à la Chambre que le projet de loi ne constitue qu'un premier pas pour Parcs Canada, puisque cet organisme sera dorénavant chargé d'administrer l'île, ce qui permettra aux Canadiens de mieux connaître cet endroit éloigné situé dans le nord-ouest de l'océan Atlantique.
Au cours des prochaines années, Parcs Canada travaillera de concert avec des partenaires et des intervenants à la protection de l'île, où l'on trouve des chevaux sauvages et des dunes balayées par le vent, de même que des épaves et des oiseaux marins. L'aspect sauvage de cette île continuera à en être une caractéristique marquante pour ceux qui auront l'occasion, unique, de la visiter.
J'ai entendu des questions exprimant des inquiétudes à ce sujet; Parcs Canada prendra soin de faciliter les occasions de voyages tout en veillant à protéger la pérennité du site ainsi que son caractère unique, pour qu'en profitent les générations présentes et futures.
Tout en maintenant l'intégrité écologique de l'île-de-Sable, Parcs Canada consultera la population et collaborera avec les partenaires et les intervenants à la préparation d'un plan de gestion qui guidera tous les aspects de la gestion future de cette merveilleuse réserve à vocation de parc national.
J'aimerais maintenant décrire brièvement les modifications proposées à la Loi sur les parcs nationaux du Canada, qui sont présentées dans la deuxième partie du projet de loi.
Premièrement, au sujet des autres modifications proposées dans la deuxième partie du projet de loi, le projet de loi à l'étude donnerait suite aux questions soulevées par le Comité mixte permanent d'examen de la réglementation, en particulier en vue de remédier aux divergences entre les versions anglaise et française du paragraphe 4(1). Ce sont des changements mineurs qui ne modifient nullement le sens de la disposition.
Le projet de loi ajouterait aussi un nouveau paragraphe 4(1.1), qui précise le pouvoir qu'a le ministre de l'Environnement d'invoquer l'article 23 ou l'article 24 de la Loi sur l'Agence Parcs Canada afin d'établir des frais dans les parcs nationaux.
En fait, un amendement apporté à ce projet de loi au Sénat a rendu ces changements plus clairs. Le projet de loi apporterait des changements touchant deux parcs nationaux dans l'Ouest du Canada. Il apporterait des changements mineurs aux zones commerciales dans la collectivité de Field, en Colombie-Britannique, dans le parc national Yoho, pour tenir compte de la réalité actuelle à Field tout en respectant en même temps des limites commerciales établies pour cette agglomération et son plan directeur.
Enfin, la dernière série de modifications fait en sorte que le projet de loi changerait la taille du domaine à bail de la station de ski Marmot Basin, qui se trouve dans le parc national Jasper, en éliminant un secteur qui est un important habitat faunique pour le caribou des bois, la chèvre des montagnes, l'ours grizzly et le carcajou, en échange d'un secteur plus petit d'une moins grande sensibilité écologique. Il en résultera un gain net important pour l'intégrité écologique du parc national Jasper.
Le gouvernement du Canada est fier de déposer ce projet de loi pour créer officiellement la réserve à vocation de parc national du Canada de l'Île-de-Sable du Canada et pour donner à ce trésor national le niveau de protection environnementale le plus élevé qui existe au Canada. L'île de Sable se joindrait à d'autres lieux qui sont devenus de véritables icônes naturelles et culturelles du Canada dans un réseau de parcs nationaux qui englobe plus de 326 000 kilomètres carrés, superficie qui est quatre fois plus grande que le lac Supérieur et qui célèbre la beauté et la variété infinies de notre pays.
Le projet de loi marque la troisième fois que notre gouvernement propose au Parlement une mesure législative visant à accroître la taille du réseau de parcs nationaux et d'aires marines nationales de conservation du Canada, réseau qui a déjà une réputation internationale.
En fait, en mai 2011, Parcs Canada s'est vu octroyer le prestigieux prix Don à la Terre décerné par le World Wildlife Fund, soit la récompense la plus prestigieuse décernée aux réalisations d'un mérite exceptionnel dans le domaine de la conservation. En reconnaissant qu'un geste de conservation est un don fait à la Terre, le WWF souligne à la fois le leadership environnemental et les réalisations dignes d'inspiration dans le domaine de la conservation, contribuant à la protection du monde vivant que nous partageons tous.
Le prix Don à la Terre reconnaît le leadership de Parcs Canada en matière de conservation et son bilan exceptionnel à l'échelle mondiale pour ce qui est de la création de nouvelles aires protégées et de la participation inégalée des Autochtones dans l'établissement et la gestion de nos aires protégées.
J'aimerais parler brièvement de certaines de ces nouvelles aires protégées, dont l'île de Sable fera bientôt partie.
En 2009, le Parlement a adopté à l'unanimité un projet de loi qui a permis de multiplier par six la superficie de la réserve de parc national Nahanni, la faisant passer à 30 000 kilomètres carrés.
À l'époque, on a déclaré à la Chambre qu'il s'agissait de l'oeuvre d'une génération sur le plan de la conservation, une réalisation accomplie en étroite collaboration avec les Premières Nations du Dehcho. Désigné comme étant l'un des premiers sites du patrimoine mondial, ce parc agrandi protégera maintenant à tout jamais l'habitat important du grizzly, du caribou et du mouflon de Dall, ainsi que la célèbre rivière Nahanni Sud.
Un an plus tard, à la suite d'un examen parlementaire, la réserve d'aire marine nationale de conservation et le site du patrimoine haïda Gwaii Haanas sont devenus la première aire marine protégée inscrite à l'annexe de la Loi sur les aires marines nationales de conservation du Canada. Une première mondiale, cette nouvelle aire marine protégée, de concert avec la réserve de parc national et le site du patrimoine haïda Gwaii Haanas actuels, protégera une aire contiguë, qui s'étale des sommets montagneux jusqu'au fond de l'océan. Une riche forêt pluviale tempérée et son écosystème marin adjacent seront désormais protégés pour les générations futures. Tout cela a été possible grâce à la collaboration des membres de la nation haïda.
Il est important de signaler que le gouvernement a travaillé non seulement en vue de protéger des aires naturelles vastes ou éloignées comme Nahanni, Gwaii Haanas et l'île de Sable, ainsi que des habitats et des espèces en voie de disparition, mais aussi en vue de conserver certaines des dernières vastes aires naturelles situées dans des milieux plus développés.
En 2011, le gouvernement a annoncé l'achat des terres de l'historique ranch de la famille Dixon, dans la vallée de la rivière Frenchman, dans le Sud-Ouest de la Saskatchewan, afin de les protéger pour les générations futures en l'intégrant au parc national du Canada des Prairies.
Cette acquisition, qui permet d'élargir d'environ 111 kilomètres carrés la superficie du secteur ouest existant du parc national des Prairies, présente un décor spectaculaire et des pâturages naturels, y compris un habitat essentiel pour des espèces en péril.
Permettez-moi de citer la députée d' à ce sujet:
Cette vaste prairie balayée par le vent abritait jadis des millions de bisons sauvages avant l’arrivée des colonies européennes. Grâce à la réintroduction du bison, un symbole des prairies, le parc rétablira les processus naturels de pâturage dans l’écosystème d’herbes mixtes, améliorera l’intégrité à long terme du milieu et offrira aux Canadiens et Canadiennes la chance d’observer à nouveau ces animaux majestueux après une absence de plus d’un siècle.
Voilà le genre de démarche qui témoigne du pouvoir de nos parcs nationaux. En plus de protéger les aires naturelles que nous ont léguées les générations qui nous ont précédés, ces parcs nous donnent la possibilité de restaurer ce qui aurait été perdu autrement.
En 2009, encore au parc national des Prairies, Parcs Canada a réintroduit le putois d'Amérique, une espèce qui était disparue de la région depuis plus de 70 ans.
Enfin, je suis particulièrement fier de l'initiative de notre gouvernement destinée à promouvoir les aires protégées et la conservation jusque dans la vallée de la Rouge, à Toronto.
Dans le discours du Trône de 2011, notre gouvernement a annoncé qu'il verrait à créer un parc national en région urbaine, le premier du genre au pays, dans la vallée de la Rouge. Il s'agit d'une initiative capitale susceptible d'accroître la visibilité et le financement public de la conservation en milieu urbain. Je suis aussi fier que notre gouvernement investisse 143 millions de dollars en 10 ans dans l'aménagement du parc et les opérations provisoires, puis 7,6 millions de dollars par année par la suite pour le budget de fonctionnement.
Dans leur superficie globale, la réserve à vocation de parc national de l'Île-de-Sable et le parc national urbain de la vallée de la Rouge n'ont peut-être pas l'envergure de nos majestueux parcs du Grand Nord ou des Rocheuses, mais ils n'en sont pas moins importants. Ils sont complémentaires au mandat des grandes aires protégées, car ils ciblent certains de nos écosystèmes parmi les plus menacés et ils représentent un moyen de plus d'inciter les Canadiens à faire le nécessaire pour conserver les aires naturelles de leur région.
L'adoption du projet de loi permettrait de protéger à perpétuité les caractéristiques naturelles et culturelles de la réserve à vocation de parc national de l'Île-de-Sable afin que les Canadiens d'aujourd'hui et de demain puissent en profiter et les admirer.
J'espère que les députés des deux côtés de la Chambre appuieront, comme moi, le projet de loi .
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Monsieur le Président, je dois tout d'abord signaler que je partagerai mon temps de parole avec ma très estimée collègue de .
Comment ne pas commencer par déplorer la 42e motion d'attribution de temps imposée par le gouvernement conservateur? C'est vraiment déplorable, car nous sommes d'accord avec ce qu'on peut appeler l'esprit général de ce projet de loi.
Je me concentrerai passablement sur le cas de l'île de Sable et le fait d'accorder le statut de parc national à l'île de Sable. C'est une très bonne idée à la base, mais comme le diable est dans les détails, nous aimerions bien travailler d'égal à égal, avec tout le respect que nous leur devons, avec nos collègues conservateurs pour étudier ces détails et trouver des terrains d'entente.
Malheureusement, notre temps sera limité, ce qui est vraiment déplorable. Évidemment, on n'utiliserait sans doute pas nos privilèges parlementaires pour assommer nos collègues de discours. Tout ce qu'on demande, c'est d'être entendus concernant des inquiétudes légitimes et des propositions qu'on veut apporter, ainsi que sur toute autre question raisonnable qui mérite d'être débattue à la Chambre. Malheureusement, il faut faire avec ce qu'on a.
Le Parti conservateur a la majorité à la Chambre. Grand bien lui fasse. Qu'il abuse de son pouvoir, mais on continuera quand même à travailler et on tendra surtout la main à un projet de loi qui comporte plusieurs aspects positifs.
En tant que fier Canadien originaire du Québec et y résidant toujours, je parlerai de l'île de Sable, un lieu quand même mythique dans l'imaginaire de tout Canadien. Qui n'a pas entendu parler de l'île de Sable, cette mince et fragile bande de sable, au large de la Nouvelle-Écosse? L'île héberge entre autres la mythique colonie de chevaux sauvages. C'est un lieu bucolique. C'est aussi un trésor national dont la réputation a largement débordé nos frontières.
Je le répète, c'est déjà une magnifique idée d'en faire un parc national et de lui offrir les protections qui viennent avec ce statut.
Ma collègue d', qui défend ce dossier avec brio en ce qui concerne la proposition du gouvernement, a signalé un gros problème. En effet, il y a malheureusement une érosion, voire presque un massacre, des grandes protections environnementales, par rapport au palier fédéral, ce qui inquiète énormément et fragilise finalement ce statut de parc national.
Je ne parlerai pas vraiment de ça, parce que cela a quand même été débattu. D'ailleurs, je ne doute pas que des collègues voudront développer ce sujet.
Je parlerai plutôt du statut de parc national. Avec un tel statut, la responsabilité, la supervision et la mise en opération de l'île de Sable reviendront à Parcs Canada. Je parlerai également du manque de moyens. En effet, peu importe la valeur qu'on peut attribuer à ce projet de loi, ce manque de moyens représentera ultimement quelque chose de vain, si on ne peut pas rétablir au moins certains moyens qui assureraient cette protection et permettrait d'étudier cet endroit et d'acquérir les connaissances nécessaires à propos de ce magnifique milieu naturel.
Pour illustrer cette question, je vais parler de ma circonscription, Beauport—Limoilou. Elle héberge un haut lieu de notre histoire sous la supervision et la responsabilité de Parcs Canada. Je parle du parc Cartier-Brébeuf qui héberge, avec une quasi-certitude historique et archéologique, le premier lieu d'hivernage de Jacques Cartier. On remonte donc au XVIe siècle.
Le parc Cartier-Brébeuf, qui se situe maintenant au centre-ville de Québec, sur les bords de la rivière Saint-Charles, est un endroit dont je me souviens très bien. Quand j'étais au secondaire, je l'avais visité avec un groupe scolaire. Je l'ai aussi visité avec mon fils, après m'être établi dans Limoilou. Durant l'hiver, on avait pris plaisir à boire une décoction d'écorce de cèdre, je crois. Je m'en souviens assez vaguement, car cela fait déjà une bonne vingtaine d'années. Mon fils était un petit bonhomme, à l'époque. C'était une recette amérindienne qui avait permis à Jacques Cartier et à son équipage de survivre aux terribles hivers canadiens et aux ravages du scorbut, entre autres.
Une telle richesse est très importante à préserver, ne serait-ce que pour un motif de fierté. D'ailleurs, je ne parle pas de la connaissance que cela nous apporte. Quand on sait d'où on vient, on comprend beaucoup mieux et on a certains outils de base pour se diriger. La perspective historique est réellement fondamentale. C'est extrêmement facile de perdre un passé, des artéfacts et des aspects concrets de notre histoire qui restent fragiles et limités. Ce sont des objets de notre patrimoine.
Cette année, il n'y aura plus de guides-interprètes au parc Cartier-Brébeuf. Tout va se faire par panneaux d'affichage ou par audio-guides. Les gens vont partir avec leurs petits écouteurs. C'est un moyen très intéressant, dans l'absolu. En fait, cette innovation a un réel intérêt, mais ultimement, rien ne remplace l'être humain ni l'interaction qui peut apporter beaucoup aux visiteurs, comme aux guides-interprètes. Je le sais, pour l'avoir vécu moi-même dans un site patrimonial dans Lotbinière.
Rien ne remplace cette interaction entre le visiteur et le guide-interprète qui peut nous emmener beaucoup plus loin. Ce dernier donne des réponses ou, recevant des interrogations auxquelles il n'était pas préparé, cherche à aller plus loin dans ses connaissances et revient avec un bagage beaucoup plus riche pour sa clientèle. Il est vraiment consternant de voir ce lieu fondateur de la présence française au Canada être ainsi abandonné.
Au Comité permanent de la justice et des droits de la personne, j'ai souvent demandé à quoi sert d'adopter une loi si nous n'avons pas les moyens de la mettre en oeuvre et de nous assurer de son exécution juste et complète.
À la base, c'est certain que le projet de loi peut être très prometteur. Toutefois, par exemple, la biodiversité au Canada se dégrade, surtout la biodiversité marine. Dans le cas précis de l'île de Sable, si nous n'avons pas les moyens des ambitions que recèle ce projet de loi, celui-ci sera vain. Ce sera surtout un objet de honte pour nous, qui allons transmettre cet héritage aux générations futures, un héritage particulièrement riche et fragile.
J'aimerais aussi soulever la baisse de fréquentation dans le réseau de Parcs Canada. J'ai été l'heureux titulaire du poste de porte-parole en matière de petite entreprise et de tourisme, poste qu'occupe maintenant mon collègue et voisin proche. On constate tous les deux une baisse dramatique du nombre de touristes étrangers. On peut faire le même constat en ce qui concerne Parcs Canada ou les touristes étrangers: malheureusement, nous ne prenons pas les moyens pour intéresser les gens, les attirer, les accueillir et leur faire vivre une expérience hors du commun.
De la même manière, en ce qui a trait au projet de loi , nous sommes d'accord sur l'intention et nous sommes d'accord pour l'appuyer en deuxième lecture, mais est-ce que les moyens vont suivre? Est-ce que le gouvernement va pouvoir nous rassurer à ce sujet? J'ai de gros doutes.
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Monsieur le Président, je remercie le député de de partager son temps de parole avec moi et pour avoir si bien exposé pourquoi il appuyait le projet de loi et les réserves qu'il a à son sujet.
D'autres l'ont mentionné, mais juste pour établir le contexte, je précise que les néo-démocrates appuieront le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Toutefois, comme la députée d' l'a expliqué, plusieurs points nous préoccupent. Nous parlons du fait que le projet de loi, qui propose de faire de l'île de Sable le 43e parc national du Canada, a l'appui de groupes environnementaux nationaux et locaux. Toutefois, le libellé soulève des questions. Il doit être étudié en comité.
Le projet de loi interdirait le forage à moins d'un mille marin de l'île ainsi que le forage à la surface de l'île. Les activités d'exploration seraient normalement permises sur l'île. C'est une première pour un parc national. Ces activités d'exploration seraient limitées à celles qui ont une faible incidence. Toutefois, ce terme n'est pas encore défini.
Il faudrait aussi consulter l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers avant de délivrer des permis pour des activités liées au pétrole. L'office serait libre d'inclure des conditions, comme des mesures d'atténuation de l'incidence du projet proposé dans le parc ou des mesures correctives.
Ce ne sont pas seulement les néo-démocrates qui soulèvent des objections sur lesquelles le comité devra se pencher. La Société pour la nature et les parcs du Canada a témoigné devant le comité sénatorial, mais elle a aussi émis un communiqué comprenant le passage suivant:
Selon nous, il est inacceptable de permettre l'exploration pétrolière et gazière dans un parc national [...] Même des activités à faible incidence peuvent nuire à un écosystème aussi fragile, et nous devons prendre toutes les précautions nécessaires pour nous assurer que l'intégrité écologique de l'île soit la priorité en matière de gestion.
Pour que la conservation demeure la priorité dans la gestion de l'île, la Société pour la nature et les parcs du Canada continue de préconiser des activités pour les visiteurs hors de l'île, une limite du nombre de visiteurs, la poursuite de la recherche scientifique sur l'île et des restrictions dans l'exploitation pétrolière et gazière.
Je me transporte maintenant sur la côte Ouest, car, bien que les écosystèmes soient très différents, il existe des points communs qu'il est important de souligner dans le contexte de la discussion au sujet de l'île de Sable. Je voudrais commencer par citer un rapport produit par la Société royale du Canada en 2009. Le réseau anglais de Radio-Canada en a parlé en 2012 dans un article intitulé « Le Canada ne protège pas ses océans selon un groupe d'experts sur la biodiversité ». Voici ce qu'on peut y lire:
Un groupe d'expert qui étudie l'état de la biodiversité marine au Canada accuse le gouvernement de ne pas protéger les océans du pays, d'exposer le milieu biologique marin à des dangers et de négliger les espèces vivantes à risque dans les océans du pays.
Il est question, dans cet article, du saumon quinnat, une espèce qui est évidemment emblématique de la côte Ouest. Il y a un lien avec les parcs nationaux, car ces territoires favorisent la biodiversité. Lorsque nous les protégeons mal, par exemple, en permettant le forage exploratoire pour trouver du pétrole et du gaz, nous devons nous demander si notre priorité est bien la protection de l'environnement. Voici ce que dit encore l'article:
« Le ministre des Pêches et des Océans se retrouvent avec un pouvoir discrétionnaire énorme sans que des lignes directrices, des objectifs ou des principes étayés par des données scientifiques ne servent à le guider dans ses décisions, indique le rapport. Le groupe d'experts constate non pas un manque de connaissances ou l'absence de politiques judicieuses, mais une inaction permanente et décourageante malgré les connaissances, les définitions de pratiques exemplaires et les politiques qui existent depuis des années. »
On apprend ensuite que le groupe a inscrit le saumon quinnat sur la liste des espèces menacées d'extinction.
Comme il est question de zones protégées et de parcs nationaux, j'aimerais donner quelques exemples de zones et de parcs situés dans ma région. Ces exemples sont instructifs quant aux mesures de protection qui ont été prises et aux risques persistants. Ils s'inscrivent dans le contexte des éléments que nous devons prendre en considération dans le cas de l'île de Sable.
J'aimerais commencer avec le sud du détroit de Georgie. Mes observations sont tirées du rapport intitulé « How Deep Did Canada Dare? » Les auteurs du rapport font une chose intéressante: ils évaluent les zones protégées. Dans le cas particulier du sud du détroit de Georgie, on apprend que d'importants progrès ont été réalisés, mais que les mesures de conservation ne sont pas encore clairement définies.
C'est l'une des préoccupations soulevées au sujet de l'île de Sable: à quoi ressembleront ces mesures de conservation? Mettra-t-on suffisamment de ressources en place? Parcs Canada, Environnement Canada et Pêches et Océans feront-ils leur part pour assurer la protection continue de cet endroit très spécial? Je pense que la plupart des Canadiens ont entendu parler de l'île de Sable.
En ce qui concerne le sud du détroit de Georgie, j'aimerais souligner quelques faits importants. Voici ce que dit la Société pour la nature et les parcs, ou la SNAP:
Même si Parcs Canada et le gouvernement de la Colombie-Britannique travaillent depuis plus de 10 ans sur l'étude de faisabilité, celle-ci n'est toujours pas terminée. Entretemps, le sud du détroit de Georgie est une autoroute de transport maritime et un lieu très exploité pour la pêche récréative. Bien que le gouvernement fédéral et celui de la Colombie-Britannique aient convenu d'aller de l'avant avec la création de l'aire marine nationale de conservation, ils n'ont pas encore défini de mesure de protection précise. Nous craignons qu'une approche vaguement définie et progressive ne soit utilisée pour créer cette aire. Si c'est le cas, la majeure partie de la région ne sera pas protégée pendant encore plusieurs années.
Je reviens sur les activités dites à faible incidence permises sur l'île de Sable. Cela soulève les mêmes préoccupations. L'expression « à faible incidence » n'a pas été définie et l'approche proposée est également progressive et vaguement définie.
Au comité, il faudra clarifier la définition, les objectifs ainsi que l'échéancier.
Qu'est-ce qui est en jeu dans le Détroit de Georgia Sud?
L'étendue d'eau qui va du sud de la Colombie-Britannique continentale à l'île de Vancouver est reconnue depuis longtemps pour son rôle dans l'épanouissement des écosystèmes, tant naturels qu'humains. On y trouve l'habitat délicat de l'épaulard résident du sud, qui figure sur la liste fédérale des espèces en péril, et de nombreuses espèces de poissons, comme la sébaste, la morue-lingue et le hareng.
Près de deux millions d'oiseaux de rivage et d'oiseaux marins fréquentent les estuaires, les replats de marée et les eaux côtières de la région et s'en servent comme aires d'estivage, de repos et d'hivernage. Les phoques communs l'habitent à l'année longue. On y trouve des otaries de Steller et des otaries de Californie durant les mois d'hiver. De nombreux géants mondiaux y sont chez eux, comme la plus grosse pieuvre, le plus gros oursin, le plus gros nudibranche, la plus grosse anémone, la plus grosse palourde intertidale, la plus grosse étoile de mer, le plus gros pétoncle et la plus grosse bernache au monde.
Dans l'article, la SNAP parle plus loin de la menace que représentent les activités humaines pour cet écosystème très important. L'une de ces activités, à part l'urbanisation et la croissance du transport maritime, est l'augmentation de la circulation des pétroliers dans le secteur.
Ce qui est triste c'est que, en 1971, le gouvernement fédéral avait annoncé que les îles Gulf et l'inlet Saanich devraient être transformées en parc marin national, parce que la région était en train de se développer rapidement et qu'il fallait agir vite pour préserver son charme naturel.
Puis, rien n'a avancé pendant 25 ans. C'est uniquement grâce à des organismes comme la SNAP, qui ont pris la direction de l'élaboration du réseau marin de conservation, qu'une coalition a été formée pour travailler dans cette région spéciale. Bien sûr, une partie de cette région est à la limite de ma circonscription, Nanaimo—Cowichan. Là où j'habite, les gens se soucient vraiment de la santé des eaux qui entourent notre région et tiennent à ce que nous prenions tous au sérieux notre responsabilité en matière de protection et de préservation.
Je veux parler d'une autre région spéciale située à l'extérieur de ma circonscription, ce sont les récifs d’éponges siliceuses du détroit d’Hécate. Ces récifs sont spéciaux. L'objectif de la SNAP et d'autres organismes est d'obtenir une protection juridique à long terme en tant que zone de protection marine établie en vertu de la Loi sur les océans et de faire désigner les récifs d'éponges siliceuses du détroit d'Hécate et du détroit de la Reine-Charlotte comme site du patrimoine mondial de l'UNESCO.
J'en parle parce qu'il s'agit d'une région vraiment unique. La SNAP parle de son caractère exceptionnel dans ce rapport. Je cite:
Ces animaux marins uniques ont été découverts au large de la côte de la Colombie-Britannique dans les années 1980 et sont les seuls récifs d'éponges siliceuses vivantes de cette taille dans le monde.
Nous avons quelque chose de très spécial en Colombie-Britannique. L'âge des récifs d'éponges siliceuses du détroit d'Hécate est estimé à 9 000 ans et ils atteignent 25 mètres de haut. C'est la taille d'un immeuble de huit étages.
Si j'en parle dans le contexte de l'île de Sable, c'est parce que nous savons ce qui endommage ces écosystèmes fragiles que sont les récifs d'éponges siliceuses. Des mesures ont été prises. On a finalement mis fin à la pêche au chalut qui endommageait gravement ces récifs, mais cela n'a pas empêché la sédimentation et le chalutage qui a une incidence sur la zone fragile à l'extérieur du secteur protégé.
Lorsque les gens regardent l'île de Sable et la zone de protection d'un mille marin qui l'entoure, ils doivent se demander si les activités juste au-delà de la zone d'un mille marin ne vont pas avoir une incidence sur la santé environnementale de l'île de Sable.
Je suis heureuse de pouvoir porter ces faits à l'attention de la Chambre pour qu'elle puisse les prendre en considération. J'espère qu'il y aura un débat approfondi au comité. J'espère que nous entendrons des témoins au comité pour pouvoir prendre en considération certaines de ces implications.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un privilège d'intervenir aujourd'hui à la Chambre pour exprimer mon appui à l'endroit du projet de loi , qui vise notamment à créer la réserve à vocation de parc national de l'Île-de-Sable afin de la protéger en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada.
Tout au long de ce débat et de l'examen que fera du projet de loi un comité de la Chambre, on nous demande de présider un événement historique, à savoir la création d'un nouveau parc national.
Il s'agit d'une occasion unique pour tous les députés. En effet, on nous demande de prendre en toute connaissance de cause une décision claire en vue de protéger l'île de Sable à tout jamais. On nous donne l'occasion de transmettre aux générations futures cette île légendaire, qui abrite un troupeau célèbre de chevaux sauvages et un important habitat faunique. Nous allons léguer à nos enfants une aire naturelle et tous les récits qui y sont reliés. À leur tour, ils pourront transmettre ce trésor à la génération suivante.
À première vue, ce projet de loi semble plutôt court et anodin, mais, en réalité, il est essentiel pour que, comme le prévoit la disposition sur l'usage public des parcs inscrite dans la Loi sur les parcs nationaux du Canada, l'île de Sable soit dédiée au peuple canadien pour son agrément et l’enrichissement de ses connaissances et pour qu'elle soit entretenue et utilisée de façon à rester intacte pour les nombreuses générations futures.
J'interviens à la Chambre en faveur du projet de loi afin que nous puissions prendre cette décision.
Je m'imagine sur les plages de l'île de Sable, en train de me demander comment celle-ci a bien pu être créée, comment, au beau milieu de l'Atlantique, cette bande de sable, perchée sur une protubérance isolée du plateau continental, a bien pu survivre aux pires rigueurs de l'océan.
Comment se fait-il que des centaines de navires aient fait naufrage à l'île de Sable? Comment se fait-il que des chevaux et des espèces d'oiseaux en voie de disparition aient pu survivre sur cet avant-poste désolé, composé de dunes et d'une végétation clairsemée? Quel idéalisme absolu pousse des personnes à passer des mois à cet endroit, agissant ainsi à titre de gardiens de l'île au nom de tous les Canadiens?
J'ai bien hâte de constater les initiatives que Parcs Canada va mettre en oeuvre pour faire connaître la riche histoire de l'île de Sable et pour répondre à ces questions, ainsi qu'à bien d'autres.
Alors que nous débattons ce soir de la possibilité de protéger l'île de Sable sous les auspices de la Loi sur les parcs nationaux du Canada, peut-être conviendrait-il de carrément se demander comment nous en sommes venus à vouloir en faire pour toujours un parc national.
Les premières activités de conservation relatives à l'île de Sable étaient strictement ciblées et correctives. Comme d'autres députés l'ont signalé, le gouvernement a adopté un règlement en 1961 afin de protéger les chevaux de l'île et d'interdire qu'on la leur fasse quitter. C'est ce qu'on appelle le Règlement sur l'île de Sable, et il protégeait l'île expressément en imposant des restrictions afin d'en limiter l'accès et de contrôler les activités pouvant y être pratiquées.
À la fin des années 1960, le ministère des Transports a mis un holà aux plans visant à extraire de l'île son sable riche en minerai, même après que l'île eut été jalonnée.
Ce n'est pas tout. En 1977, on a adopté une approche de conservation plus progressiste en désignant l'île de Sable en tant que refuge d'oiseaux migrateurs au titre de la Loi sur la convention concernant les oiseaux migrateurs, de manière à protéger ces oiseaux, y compris leurs nids et leurs oeufs. C'est quelque chose de très important.
Cela dit, un refuge d'oiseaux migrateurs ne protège pas les autres espèces de l'île de Sable ni leur habitat. De plus, les règlements ne s'appliquent qu'en période de nidification, alors ils ne sont pas un outil de conservation efficace le reste du temps.
Les choses ont continué à évoluer jusqu'à ce que, récemment, des secteurs précis de l'île soient désignés « habitats essentiels » à la sterne de Dougall, une espèce réputée en voie de disparition au titre de la Loi sur les espèces en péril.
Puis, en 1998, en collaboration avec la Nouvelle-Écosse et le ministère des Pêches et des Océans, le Service canadien de la faune a rédigé un document clé intitulé Stratégie de conservation pour l'île de Sable, dont l'objectif était d'établir un cadre pour la préservation de l'intégrité physique et de la diversité biologique de l'île de Sable. Je fais remarquer que cela a été entrepris sous un autre gouvernement.
Le document signalait que l'île était utilisée par les humains depuis plus de 400 ans et que cette utilisation avait modifié l'île et en avait altéré à tout jamais l'écosystème d'origine, mais qu'il était temps de développer une stratégie de conservation afin de définir les limites environnementales devant encadrer les activités futures.
En résumé, la stratégie devait essentiellement protéger le terrain existant contre toute déstabilisation d'origine humaine, et conserver la faune et la flore de l'île. C'était en 1998.
Dans le cadre du débat de ce soir, il est particulièrement intéressant de noter qu'une partie de cette stratégie visait la désignation légale de l'île de Sable. Les auteurs du document avaient observé que, même si l'application du Règlement sur l'île de Sable et de la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs
[...] s'est avérée relativement efficace pour protéger l'île de Sable, de nombreuses parties de l'environnement naturel de l'île ne bénéficient pas, pour l'instant, d'une protection juridique adéquate.
C'est pourquoi la stratégie recommandait avec sagesse d'améliorer la protection juridique de la valeur naturelle de l'île afin qu'elle soit plus englobante. C'est ce vers quoi nous avons tendu pendant toutes ces années.
Enfin, c'est en juin 2008, sous le gouvernement actuel, que le député d'Ottawa-Ouest—Nepean a annoncé une initiative visant à faire de l'île de Sable une aire protégée fédérale. À l'époque, il avait aussi annoncé du financement en vertu de l'initiative sur la santé des océans, en vue du maintien d'une station météorologique permanente sur l'île de Sable.
Je crois qu'il vaut la peine de répéter les paroles que le député avait prononcées ce jour-là. Voici ce qu'il avait dit:
Nous croyons qu’il est dans le meilleur intérêt des Canadiens et des Canadiennes de préserver l’île de Sable pour les générations à venir [...] L’annonce qui a été faite aujourd’hui est une autre preuve que le gouvernement s’engage à protéger et à préserver notre environnement dans les provinces de l’Atlantique.
Il s'agissait là de paroles prémonitoires, car cette annonce a marqué le début d'un cheminement qui nous a menés à ce soir et au projet de loi .
C'est en 2009, alors que les gouvernements du Canada et de la Nouvelle-Écosse discutaient de la protection de l'île de Sable, qu'est née l'idée de protéger l'île en la transformant en parc national.
En janvier 2010, les deux gouvernements ont signé un protocole d'entente sur l’établissement d’une aire protégée fédérale sur l’île de Sable, dans la province de la Nouvelle-Écosse. Finalement, après toutes ces années, un gouvernement était prêt à agir.
En reconnaissance de l'importance nationale de l'île de Sable, les deux gouvernements ont accepté de collaborer afin de déterminer si l'île devait être protégée à titre de réserve nationale de faune en vertu de la Loi sur les espèces sauvages du Canada ou à titre de parc national en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada.
Aux termes de leur entente, les gouvernements ont nommé un groupe de travail chargé de formuler des recommandations concernant le type d'aires protégées fédérales à envisager. Le processus était censé être très réfléchi.
Il est important de signaler que le protocole d'entente entre les deux gouvernements était très clair dès le début:
Aucune recommandation quant à l'éventuelle désignation ou création d'une aire protégée fédérale visant l'île de Sable n'aura d'incidence négative sur les intérêts du Canada ou de la Nouvelle-Écosse dans les ressources pétrolières extracôtières, y compris celles qui se trouvent dans la zone de l'île de Sable.
D'entrée de jeu il était clair que, quel que soit le type d'aire recommandée, il fallait tenir compte des dispositions de la Loi de mise en oeuvre de l'Accord Canada-Nouvelle-Écosse sur les hydrocarbures extracôtiers. C'est une mesure majeure qui l'emporte sur toutes les autres mesures fédérales visant la région ayant été négociées préalablement avec la province. Il fallait aussi, bien sûr, prendre en compte le rôle de l'Office des hydrocarbures extracôtiers.
Que s'est-il passé ensuite dans cette fascinante histoire de développement? C'est le Jour de la Terre, le 22 avril 2010, que le groupe de travail Canada-Nouvelle-Écosse sur l'île de Sable a recommandé aux gouvernements du Canada et de la Nouvelle-Écosse que l'île soit désignée en tant que parc national en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada. En comparant les deux types d'aires protégées fédérales, le groupe de travail en est venu à la conclusion que la désignation de parc national entraînerait un certain nombre d'avantages supplémentaires sur le plan de l'intérêt public.
Premièrement, en tant que parc national, l'île de Sable serait protégée et présentée dans le cadre d'un réseau national de parcs nationaux et reconnue comme l'un des principaux symboles culturels et naturels du Canada.
Deuxièmement, bien que les hydrocarbures extracôtiers demeureraient accessibles pour l'industrie, la désignation en tant que parc national entraîne une protection accrue contre l'exploitation et le développement de ressources non pétrolières se trouvant sous terre.
Ensuite, la désignation de parc national entend un effort de conservation et de préservation accru des ressources culturelles et archéologiques, autre facteur important.
Enfin, la diversité des objectifs de programme nécessaires dans un parc national, ce qui comprend la protection, l'expérience des visiteurs et la consultation des parties concernées, serait mieux servie si l'on maintenait une présence humaine constante dans l'île.
Dans sa conclusion, le groupe de travail a souligné que de nombreux secteurs associés à l'île de Sable ont découvert à quel point la population a à coeur l'avenir de l'île de Sable et s'y intéresse de près. Il est également ressorti de l'analyse réalisée par le groupe de travail que tous les secteurs veulent assurer un avenir renouvelé à l'île de Sable.
Cela correspond peut-être au but visé par le projet de loi , un avenir renouvelé pour l'île de Sable.
En mai 2010, les deux gouvernements ont annoncé leur décision d'entreprendre des consultations et de négocier une entente pour la désignation et la protection de l'île de Sable en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada.
On pourrait se demander ce que le public a pensé de l'idée de faire de l'île de Sable un parc national. Il est important d'en tenir compte dans l'évaluation du bien-fondé du projet de loi . Au cours de l'été 2010, Parc Canada a tenu à Halifax trois séances portes ouvertes auxquelles plus de 200 personnes ont assisté. Beaucoup ont pris le temps de discuter longuement avec le personnel de Parcs Canada et de présenter des mémoires, sur papier ou en ligne, et d'envoyer des courriels, des lettres et des messages téléphoniques pour répondre à la page Web, au bulletin de nouvelles et aux annonces de Parcs Canada.
Les députés seront étonnés d'apprendre que Parcs Canada a reçu plus de 2 800 réponses, y compris 235 mémoires détaillés. Comme Parcs Canada le fait remarquer dans son rapport sur ces consultations, le volume et la qualité des réponses obtenues témoigne du fort attachement que de nombreux Néo-Écossais et Canadiens de tous les coins du pays éprouvent pour cet endroit bien spécial. L'agence constate que « [l]’île de Sable et ses dunes de sable isolées occupent une place de choix dans le cœur et l’esprit des Canadiens ».
Les Néo-Écossais, chez qui j'ai mes racines, se sentent particulièrement proches de l’île de Sable, car elle a joué un rôle important dans leur histoire et dans leur imaginaire.
La passion et le grand intérêt que les Canadiens ont pour l'île de Sable étaient évidents dans les mémoires que Parcs Canada a reçus en provenance d'un peu partout au pays et même de l'étranger et dont les auteurs souscrivent à la création du parc national de l'île-de-Sable tout en exprimant leurs idées, leurs craintes et leur vision.
Quels sont les points de vue des Canadiens devant l'idée de faire de l'île de Sable un parc national? Qu'en pensent-ils?
Parcs Canada nous indique qu'en général, les Canadiens sont favorables à la proposition de faire de l'île un parc national. Ils pensent qu'il est important de maintenir l'intégrité écologique de l'île et de protéger ses ressources culturelles. Ils souhaitent qu'il soit possible de visiter l'île, mais en limitant les visites et en les gérant sagement. Ils veulent que soient offertes hors de l'île des activités d'interprétation pour les visiteurs. Les Canadiens souhaitent aussi que les ressources naturelles soient gérées prudemment, y compris le pétrole. Enfin, ils se soucient de la gestion des espèces sauvages, une question qui n'est certainement pas la moins importante.
Encouragés par l'appui reçu lors des consultations pour le projet visant à protéger l'île de Sable et à en faire un parc national, les fonctionnaires ont entrepris de négocier un protocole d'entente pour la création d'un parc national à l'île de Sable. La dernière étape de cette belle histoire a été la signature de l'accord établissant le parc national le 17 octobre 2011, par notre , responsable de Parcs Canada, et par M. Darrell Dexter, premier ministre de la Nouvelle-Écosse.
Le projet de loi vise à officialiser par une loi nombre d'éléments prévus dans l'accord de 2011 établissant le parc national, y compris des éléments très importants, que je vais rappeler.
Premièrement, tout forage serait interdit sur l'île de Sable elle-même et à l'intérieur de la zone située à moins d'un mille marin de l'île, en mer. Deuxièmement, les activités liées à l'exploitation pétrolière ne serait permise sur l'île que dans quatre cas très circonscrits et très précis. Enfin, l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers serait tenu de consulter Parcs Canada chaque fois qu'il envisagerait d'autoriser l'une des quatre activités très limitées en question.
Étant donné que la Nouvelle-Écosse continuera de s'intéresser à l'avenir de l'île, l'accord de création du parc prévoit également la formation d'un comité Canada-Nouvelle-Écosse pour permettre à la province de donner son avis concernant la gestion du parc national. De plus, Parcs Canada permettra à la Nouvelle-Écosse, dans des limites raisonnables, de continuer à mettre en oeuvre des programmes de surveillance de l'environnement, des changements climatiques, de la météo et des propriétés atmosphériques sur l'île de sable et d'y effectuer de la recherche scientifique.
Alors que nous terminons cette première étape de la démarche visant à assurer l'avenir de l'île de Sable, il est important de ne pas oublier les gens dont le dévouement à titre personnel et professionnel pour la cause de cette île nous permet de saisir cette merveilleuse occasion.
Je pense, par exemple, aux fonctionnaires de la Garde côtière canadienne, du Service météorologique du Canada et du Service canadien de la faune qui, pendant des années, ont veillé sur l'île de Sable pour nous.
Je songe également à certaines personnes et organisations, notamment à Zoe Lucas, qui est une résidente de longue date et la gardienne bénévole de l'île, de même qu'à la Green Horse Society et au Sable Island Preservation Trust.
Je pense en outre à la Nouvelle-Écosse et à des sociétés comme Exxon Mobil, qui ont agi dans l'intérêt public en accordant toujours la priorité à la conservation de l'île de Sable dans le cadre des activités qu'elles ont menées dans cette région.
J'invite la Chambre à remercier la Nouvelle-Écosse qui, le 10 mai dernier, a donné la sanction royale à son projet de loi visant à modifier les lois existantes afin d'interdire le forage. Il incombe maintenant à la Chambre des communes de terminer son travail afin que les deux gouvernements puissent voir à ce que leurs lois respectives entrent en vigueur et protéger enfin l'île de Sable par voie législative, conformément à la Loi sur les parcs nationaux.
Je voudrais aussi mentionner que Parcs Canada poursuivra sa collaboration avec les Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse.
En terminant, je tiens à dire que je suis très fier d'avoir pu prendre la parole pour appuyer le projet de loi et exprimer mon soutien à l'égard du nouvel élan que connaîtra l'île de Sable en tant que réserve de parc national, conformément à la Loi sur les parcs nationaux du Canada.
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Monsieur le Président, je tiens à informer l'intervenant précédent que la députée de , qui est elle-même une fière Néo-Écossaise, n'a calomnié personne en particulier. Elle a mentionné des préoccupations très sérieuses à propos de l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers, au sujet duquel j'ai moi-même de grandes inquiétudes.
Je tiens à commencer par remercier le gouvernement d'avoir entamé des discussions pour veiller à ce que l'île de Sable ait la possibilité de devenir un site de préservation et un site de conservation jusqu'à la fin des temps.
Je veux seulement comprendre quelques points. C'est le même gouvernement qui a effectué des compressions massives à Parcs Canada. C'est le même gouvernement conservateur qui, un discours après l'autre, nous dit à quel point cette mesure législative est excellente et que ce serait une bonne chose pour l'île de Sable. Pourtant, que font les conservateurs? Ils ont recours à l'attribution de temps sur ce débat. L'île de Sable existait longtemps avant qui que ce soit d'entre nous. Espérons qu'elle existera encore pendant de nombreuses années lorsque nous ne serons plus là. Par conséquent, il est inadmissible d'imposer l'attribution de temps pour une mesure législative de cette importance. J'aimerais vraiment que quelqu'un d'en face explique à la population canadienne pourquoi ils considèrent qu'il est nécessaire d'avoir recours à l'attribution de temps, à moins qu'ils n'aient l'intention de proroger le Parlement sous peu et qu'ils savent que le projet de loi mourraient alors au Feuilleton.
J'appuie l'idée de transformer l'île de Sable en une réserve à vocation de parc national. Toutefois, comme ma collègue d', j'ai certaines préoccupations qui doivent être prises en considération. C'est pour cette raison que le NPD va appuyer le renvoi de ce projet de loi au comité. Nous ne faisons guère confiance aux gens d'en face, mais nous espérons que ma collègue d'Halifax pourra inviter tous les témoins que notre parti souhaite entendre, que le Parti libéral pourra en faire autant, et que le Parti vert participera à cet exercice, afin que tous qui se préoccupent de l'île de Sable puissent présenter leur point de vue. Je songe notamment aux Mi'kmaq, aux Premières Nations, aux provinces, au secteur pétrolier et gazier, aux défenseurs de l'environnement et aux pêcheurs. Tous ces intervenants doivent être entendus.
Il est dommage que les conservateurs ne puissent pas transformer le Sénat en un parc national. Ce serait vraiment bien. Un grand nombre de personnes viendraient visiter l'endroit et les 92 millions de dollars qui sont consacrés à cette institution pourraient servir à préserver l'île de Sable et tous les autres parcs que nous avons au Canada. Nous pourrions même en créer quelques autres. Les sénateurs pourraient ensuite être ajoutés à la Loi sur les espèces en péril. Ce serait vraiment merveilleux.
Il y a toutefois un problème. J'ai entendu les fameux conservateurs répéter à maintes occasions que l'île de Sable allait être préservée pour les générations futures. C'est faux. J'espère que les sénateurs vont s'enlever cette idée de la tête. L'île de Sable n'est pas pour les humains.
Farley Mowatt, qui est un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, un défenseur de l'environnement et un auteur fantastique, a souvent dit, et la députée du Parti vert peut en témoigner puisque nous étions ensemble lorsqu'il a prononcé ces paroles: « À titre d'êtres humains, nous avons l'obligation d'assurer la protection de l'environnement. Nous avons l'obligation de protéger “les autres”. » Ce qu'il appelait « les autres », c'était les insectes, les serpents, les chevaux, les plantes, les oiseaux et les phoques. Les autres espèces qui habitent la planète doivent aussi avoir leur place.
L'île de Sable n'est pas le parc national de Banff. Ce n'est pas le parc de Kluane, au Yukon. Ce n'est pas non plus le parc de Moresby-Sud, le parc Nahanni ou le parc de Kejimkujik. Cet endroit ne ressemble à aucun autre parc où les humains peuvent aller, s'amuser et profiter de régions du Canada qui sont absolument fantastiques. L'île de Sable est tellement fragile et spéciale qu'il faut limiter soigneusement le nombre de personnes qui s'y rendent.
Le député de South Shore—St. Margaret's s'est vanté d'y être allé des dizaines de fois. Il s'y est rendu 24 fois ce qui, selon moi, est 23 fois de trop. J'ai eu l'occasion d'aller à l'île de Sable. Je peux dire aux députés que c'est une expérience spirituelle. L'endroit est de toute beauté. Toutefois, je me sentais coupable d'être là. J'avais le sentiment que je ne devrais pas être à cet endroit, qui est absolument magnifique avec les chevaux, les plantes et les oiseaux qui s'y trouvent.
Il y a des raisons pour lesquelles certaines personnes sont très préoccupées par le projet de loi et par l'Office Canada—Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers.
Je me souviens très bien qu'en 1995, j'ai assisté à titre de simple citoyen à une assemblée publique tenue à la caserne de Waverley, en Nouvelle-Écosse, qui se trouve maintenant dans ma circonscription. Les représentants du projet gazier de l'île de Sable étaient présents, tout comme ceux des commissions de pétrole. Ils avaient des cartes de l'océan sur lesquelles un gros point noir cachait l'île de Sable. La première chose que j'ai voulu savoir c'était pourquoi l'île était cachée par un gros point noir. On m'a répondu: « C'est l'île de Sable. Nous n'y toucherons jamais. Nous la laissons tranquille. L'endroit est trop fragile. »
Je suis conscient de la nécessité de faire de l'exploitation pétrolière et gazière. Je conduis une auto, ma maison est chauffée au mazout et je suis constamment dans des avions. Je suis conscient de cette nécessité. Cela dit, j'étais vraiment heureux d'entendre ces experts dire qu'ils ne toucheraient pas à l'île de Sable, qu'une zone tampon d'un mille serait établie autour de l'île. C'était vraiment une bonne nouvelle.
Hélas, nous avons été trahis par le secteur pétrolier et gazier. Nous avons aussi été trahis par d'autres personnes. En fait, ces gens ont fait leurs essais sismiques dans l'île. Je me souviens très bien à quel point j'étais choqué — je me retiens pour ne pas dire ce que je voudrais dire — qu'on nous ait menti au cours de ces assemblées. Ces gens-là étaient des professionnels et ils nous ont menti. Ils ont dit qu'ils ne feraient jamais d'essais sismiques dans l'île de Sable, mais ils en ont fait.
Ce qui me préoccupe vraiment c'est que si nous n'aboutissons pas à un projet de loi convenable, si nous n'incluons pas des mesures concrètes pour qu'il n'y ait plus jamais d'essais sismiques dans l'île, je ne vais pas bien dormir, parce que je n'aurai pas la certitude que les chevaux, les oiseaux, les plantes et les autres espèces qui habitent l'île peuvent faire ce qu'elles sont censées faire, ce qu'elles font depuis des siècles et, on l'espère, ce qu'elles vont continuer à faire durant des siècles encore.
L'île n'est pas un milieu pour les humains, mais bien pour d'autres habitants. J'aimerais que tous les parlementaires et les Canadiens comprennent cela. Cet écosystème est trop fragile. Il faut le laisser tranquille dans toute la mesure du possible.
Je remercie le et la secrétaire parlementaire d'avoir indiqué que, dans certaines circonstances, notamment des situations d'urgence, les travailleurs de l'industrie pétrolière et gazière, ou les personnes qui éprouvent de graves difficultés, pourraient se rendre sur l'île pour y être secourus, parce qu'il s'agit du cimetière de l'Atlantique. Je crois que nous pouvons tous nous entendre sur ce point, à condition que des mesures de contrôle et des protocoles rigoureux soient appliqués à cet égard. Je suis heureux de cette précision.
Cependant, le et le gouvernement doivent nous assurer que, lorsque ce projet de loi passera l'étape de la deuxième lecture, il n'y aura ni manigances au comité, ni attribution de temps, ni empressement pour examiner la question à huis clos, ce qu'on observe dans tous les comités de la Chambre. Nous devons offrir à tous les Canadiens une tribune publique qui leur permettra de faire part de leurs préoccupations concernant ce précieux joyau de l'Atlantique, et faire exactement ce que nous disons vouloir faire aujourd'hui, c'est-à-dire protéger l'intégrité de l'île de Sable pour de nombreuses années à venir.
Par ailleurs, le gouvernement a imposé d'énormes compressions à Parcs Canada. Nous n'avons encore rien entendu sur le financement de cette mesure. Nous aimerions savoir d'où proviendront les fonds, d'où vient l'argent. La députée d' et la ont notamment avancé l'idée d'établir un centre d'histoire et d'interprétation à Halifax. Qui paiera pour cela? D'où viendra l'argent? Quelle forme prendra ce centre? Tout le monde ne peut pas aller visiter l'île de Sable. Il serait bien mieux de mettre en place un centre d'interprétation à Halifax ou dans une autre collectivité; je ne suis pas particulièrement préoccupé par cette question. Je veux seulement être certain qu'on disposera des fonds nécessaires afin que l'ensemble des Canadiens, voire tous ceux qui viennent du monde entier pour visiter la région, puissent apprendre qu'à 290 kilomètres au large de la côte Est se trouve l'un des endroits les plus magnifiques au monde.
Il est important de bien faire les choses. C'est pourquoi le NPD, sous le leadership de sa porte-parole d', a indiqué qu'il appuiera le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture.
Toutefois, si les députés d'en face tentent de jouer au plus fin, rien n'assure qu'ils pourront compter sur notre appui par la suite. La députée d' a indiqué fort clairement qu'elle souhaite désespérément travailler avec la secrétaire parlementaire, avec le et avec le gouvernement conservateur pour que ce soit une bonne mesure législative.
C'est inhabituel dans cette enceinte. Normalement, les conservateurs mettraient tout simplement fin au débat. Aussitôt que nous ouvrons la bouche, ils nous réduisent au silence. Nous avons l'occasion, des deux côtés de la Chambre, de collaborer pour faire un bon projet de loi. Je ne vois pas pourquoi le ou le ne souhaiteraient pas cela. Il pourraient montrer que, oui, le Parlement peut collaborer comme il l'a déjà fait dans bien d'autres dossiers.
J'étais ici lorsque nous avons demandé la protection du goulet de l'île de Sable. En fait, je suis très fier que nous l'ayons fait, car c'est là que vit la baleine à bec commune. Les gouvernements ont prévu une certaine protection pour ce secteur. Le goulet est splendide. Il est à proximité de l'île de Sable. Il est tout simplement magnifique. Je ne suis jamais allé au fond, mais tout ce que j'en ai vu, notamment les espèces qui vivent dans ces eaux, est vraiment époustouflant. Le gouvernement libéral avait alors fait preuve de collaboration pour accorder cette protection.
Nous devons nous assurer que la Garde côtière, Parcs Canada et Environnement Canada disposent des ressources nécessaires pour faire en sorte que l'intégrité de la mesure législative ne sera pas assurée seulement par de belles promesses, mais aussi par du financement. Voilà autre chose dont nous devrons discuter à l'étape de l'étude en comité.
On nous a déjà trahis. Ce n'est pas le gouvernement conservateur qui nous a trahis, cependant, il faut le reconnaître. Il n'était pas au pouvoir. On a été trahis par les gouvernements fédéral et provincial de l'époque.
Je peux assurer à la Chambre que les groupes environnementaux sont nombreux. Je sais que le Ecology Action Centre et M. Mark Butler, l'un des plus grands environnementalistes de la côte Est, sont tous deux fort préoccupés par le projet de loi. Notre collègue de a exprimé des réserves quant au fait de permettre à l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers d'avoir ne serait-ce qu'un petit mot à dire dans la gestion de l'île.
Ce sont des questions importantes qu'il faut poser. Je ne prétends pas savoir qui a raison et qui a tort, j'aimerais simplement qu'on consulte les experts. Tâchons de prendre le temps, à l'étape de l'étude en comité, de consulter les intervenants concernés. Ainsi, nous pourrons laisser un héritage à tous les êtres qui habitent notre merveilleuse planète. C'est quand nous pouvons collaborer et accomplir quelque chose qui nous transcende qu'on comprend de quoi le Parlement est vraiment capable.
Le gouvernement a un certain mérite. J'ai habité au Yukon, près de Nahanni, une région splendide. Quand la région s'est mise à grandir, j'en parlais abondamment. Je trouvais que c'était merveilleux. Svend Robinson, ancien collègue, a été arrêté par la police lorsqu'il défendait la région sud de Moresby. Comment se porte le parc aujourd'hui? C'est l'une des régions les plus sublimes et charmantes du monde, près des îles de la Reine-Charlotte. Il a risqué gros pour cela.
Tâchons de faire en sorte que les habitants n'aient pas à manifester à Halifax pour assurer la protection de l'Île de Sable. Il n'est pas nécessaire d'en arriver là. On peut collaborer pour y arriver.
J'ai quelques conseils à donner au ministre, cependant. Il y a beaucoup d'autres zones marines à protéger au Canada et je suis fier de l'entendre parler du détroit de Lancaster. Je suis fier des régions de la baie St-Laurent et de la côte Ouest. J'ai eu l'occasion de vivre en Colombie-Britannique et au Yukon, et maintenant en Nouvelle-Écosse.
Nous vivons dans un pays vraiment magnifique. Quiconque est intéressé par la richesse du territoire, peut découvrir des zones terrestres et aquatiques étonnantes. Néanmoins, j'estime que certaines régions du pays ne devraient pas être visitées. L'Île de Sable en est une.
Tout le mérite revient à Zoe Lucas. Ce bout de femme de 5 pi 2 po ou 5 pi 3 po est de la véritable dynamite. Elle en connaît plus au sujet de l'île de Sable que tous les députés de la Chambre n'en apprendront jamais. Elle est fantastique, mais elle n'est qu'une seule personne. On ne doit pas compter seulement sur elle, car, un jour, elle nous quittera peut-être. Elle a travaillé à la préservation de l'île de Sable, à sa reconnaissance et à son rayonnement. Elle en a parlé à de nombreuses personnes au Canada et partout dans le monde, afin de protéger l'intégrité de cette île magnifique.
Le ministre le sait, car il s'y est rendu. Il comprend que l'île possède une qualité spirituelle. Nous devons éviter à tout prix que des centaines de personnes s'y rendent, pour prendre les chevaux en photos, leur courir après pour les caresser, piétiner leurs herbages et tout le reste.
Je m'inquiète à un autre sujet. J'ai fait partie du comité des pêches pendant de nombreuses années; nous avions de sérieux problèmes avec les phoques gris. De nombreux phoques gris ont élu domicile à l'île de Sable. Leur population a littéralement explosé.
L'abattage d'animaux sauvages est une chose que les néo-démocrates n'accepteront jamais. Je parle des cas où on abat des animaux et où on les laisse couler au fond de la mer pour qu'ils servent d'appât aux crabes et aux homards. Il s'agit là d'une pratique inacceptable. Nous appuyons toutefois la chasse aux phoques, tant que ceux-ci servent à la fabrication de nourriture pour animaux ou d'autres produits. Nous ne laisserons personne abattre 20 000 à 30 000 phoques pour les laisser couler au fond de l'océan. Une telle pratique n'aiderait en rien la réputation du pays sur la scène internationale. Toutefois, si nous chassons les phoques de façon adéquate et sans cruauté, nous pourrions gérer l'espèce de façon appropriée tout en protégeant l'intégrité de l'île.
Le ministre sait sans doute que de nombreux phoques qui se rassemblent sur une bande de sable mobile comme celle-là peuvent causer beaucoup de dommages. Nous voulons empêcher les phoques gris d'envahir l'île et de la détruire. Nous souhaitons contrôler l'espèce d'une manière qui non seulement est sans cruauté, mais qui présente aussi des avantages économiques pour certains pêcheurs, en exploitant les carcasses à leur plein potentiel. Simplement abattre une partie du troupeau et laisser les bêtes couler au fond de la mer n'est pas la chose à faire. Je dirais même qu'il s'agit d'une pratique qui va à l'encontre des valeurs canadiennes.
Par conséquent, nous avons une question pour le ministre et nous espérons obtenir une réponse au comité: s'il existe effectivement une période appropriée pour chasser les phoques afin de réduire la taille de leur population, cette chasse limitée pourrait-elle tout de même être pratiquée dans la réserve à vocation de parc national de l'Île-de-Sable? Le cas échéant, chasserait-on sur l'île même ou seulement depuis des embarcations? Après tout, ce ne serait certainement pas une bonne chose que tous ces pêcheurs aillent marcher un peu partout sur l'île.
Voilà le genre de question qu'il faut régler pour que le projet de loi soit bien fait. Il faut des protocoles stricts. Nous sommes très fiers que le gouvernement fédéral et la belle province de la Nouvelle-Écosse, avec son excellent gouvernement néo-démocrate, travaillent de concert dans de nombreux dossiers, comme celui-ci. Cependant, nous n'avons pas encore obtenu toutes les réponses voulues. Ma collègue, la députée d', a travaillé d'arrache-pied dans ce dossier. J'assure aux députés que, lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité, elle ne lâchera pas le morceau tant qu'il ne sera pas exactement ce qu'il devrait être.
En vérité, des 308 députés qui siègent au Parlement, elle est la seule à avoir l'île de Sable dans sa circonscription, et c'est fantastique. Peu de gens ont cette chance. Certainement pas moi, en tout cas. Je m'étonne qu'elle n'ait pas rebaptisé sa circonscription Halifax—Île de Sable. Par contre, moi, j'ai l'île McNabs. Les députés devraient venir faire un tour dans mon coin pour admirer l'île McNabs. Elle est absolument superbe. L'île Lawlor aussi, d'ailleurs, sauf qu'elle est interdite d'accès.
En fait, ce sont des joyaux de la région d'Halifax et de la côte de la Nouvelle-Écosse, des endroits absolument magnifiques. J'invite mon collègue de Kitchener à venir dans notre région. Je m'occuperai personnellement de lui faire visiter l'île McNabs et l'autre île. Cependant, je ne lui ferai pas visiter l'île de Sable. Je l'encourage à éviter de s'y rendre. Nous aurons un centre d'interprétation qui, nous l'espérons, sera financé par le gouvernement fédéral, et nous lui ferons visiter ce centre. En fait, c'est ma collègue d' qui s'occupera de cette visite et qui lui fournira tous les renseignements nécessaires. Malgré tout le respect que je dois au député, nous l'invitons à ne pas se rendre sur l'île, car même si l'accès à celle-ci est rigoureusement réglementé, le fait qu'un grand nombre de personnes s'y rendent pourrait avoir des conséquences imprévues.
Nous voulons voir à ce que le projet de loi soit bon. Nous souhaitons travailler en collaboration avec le gouvernement. Nous n'apprécions pas que le gouvernement impose l'attribution de temps pour ce projet de loi, et j'aimerais bien que le demande pourquoi les conservateurs ont imposé l'attribution de temps pour une mesure législative aussi délicate.
J'espère qu'en travaillant avec les conservateurs ainsi qu'avec nos collègues du Parti libéral et du Parti vert, ma collègue d' et le formidable caucus du NPD adopteront une mesure législative appropriée qui permettra d'assurer la pérennité de la réserve à vocation de parc national de l'Île-de-Sable.
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Monsieur le Président, le débat de ce soir est fascinant, et je tiens à remercier tous les députés qui y ont participé, que ce soit par des discours ou par des questions et des observations. Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais dire que l'intervenant précédent était captivant, tout comme l'ont dit, je crois, la députée d' et le secrétaire parlementaire. Je vais me concentrer davantage sur les détails et les aspects techniques du projet de loi. De toute façon, on ne m'a jamais accusé d'être captivant.
Je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet de la deuxième partie du projet de loi , qui porte sur la création du parc national de l’Île-de-Sable, et plus particulièrement sur trois éléments distincts: la modification de l'article 4 de la Loi sur les parcs nationaux du Canada, et la modification des articles 4 et 5 de cette loi. Je vais parler de chacune de ces modifications, qu'on retrouve aux articles 13, 14 et 15 du projet de loi.
Tout d'abord, l'article 13 du projet de loi propose des modifications visant à répondre aux préoccupations du Comité mixte permanent d'examen de la réglementation concernant l'article 4 de la Loi sur les parcs nationaux du Canada. L'article 4 est l'une des pierres d'assise de cette loi. Il crée les parcs nationaux à l’intention du peuple canadien pour son agrément et l’enrichissement de ses connaissances, et précise qu'ils doivent être entretenus et utilisés conformément à la loi et aux règlements de façon à rester intacts pour les générations futures.
Ce libellé, qui est resté pratiquement inchangé pendant plus de 80 ans, a guidé l'Agence Parcs Canada et les institutions qui l'ont précédé dans la création et la gestion d'un système de parcs nationaux qui fait vraiment la fierté des Canadiens et l'envie des autres pays. Les modifications proposées dans le projet de loi ne changent rien à l'objectif du projet de loi. En fait, le libellé reste le même.
Le projet de loi apporte deux modifications à l'article 4. Il corrige une différence entre les versions anglaise et française, mais la correction ne modifie aucunement le sens de l'article.
Le projet de loi ajoute également un nouveau paragraphe 4.(1.1) afin de préciser le pouvoir du ministre de l'Environnement de fixer des prix en vertu des articles 23 ou 24 de la Loi sur l’Agence Parcs Canada. Le libellé de cet article du projet de loi a été amélioré grâce à un amendement apporté par le Sénat. Le libellé actuel élimine efficacement toute mauvaise interprétation possible de l'objectif des changements proposés.
Les articles 14 et 15 du projet de loi portent sur des points qui concernent certains parcs nationaux de l'Ouest canadien. Nous avons entendu un débat très intéressant de la part de certains députés, surtout de la Nouvelle-Écosse, concernant la création d'un parc national à l'île de Sable. J'aimerais maintenant décrire comment ces modifications répondent aux besoins de deux des plus anciens parcs nationaux de l'Ouest canadien, soit le parc national Yoho du Canada et le parc national Jasper du Canada.
L'article 14 du projet de loi modifie la description des zones commerciales de la localité de Field, en Colombie-Britannique, qui se trouve dans le parc national Yoho. Je rappelle à la Chambre que la Loi sur les parcs nationaux du Canada oblige les collectivités qui se trouvent dans un parc national à se doter d'un plan communautaire qui établit une vision, des principes directeurs et des paramètres de conception. Ces plans communautaires doivent aussi établir les règlements de zonage, y compris les zones commerciales et les limites visant la superficie maximale de ces zones.
Depuis 2004, le développement dans les collectivités doit respecter les zones commerciales ainsi que la superficie maximale réservée aux activités commerciales prévues à l'annexe 4 de la Loi sur les parcs nationaux du Canada. Tout changement à ces dispositions nécessite une modification législative.
Le premier plan communautaire de Field a été produit par Parcs Canada en 1999, et il a mené à la description des zones commerciales et de la superficie maximale que ces zones pouvaient atteindre, ce que l'on trouve actuellement à l'annexe 4 de la Loi sur les parcs nationaux du Canada.
En 2006, Parcs Canada a évalué la santé écologique, sociale et économique de Field et il a fait connaître ses conclusions dans un rapport qui a été publié dans la collectivité. Ce rapport soulignait que le zonage nuisait à la gamme des services qui sont maintenant escomptés par les visiteurs des parcs nationaux, à la viabilité économique de la collectivité et à la capacité financière de ses habitants. Bon nombre des recommandations formulées dans ce rapport ont été mises en oeuvre, mais celles portant sur le changement des zones commerciales nécessitent une modification à l'annexe 4 de la Loi sur les parcs nationaux du Canada.
Le projet de loi prévoit trois changements mineurs au zonage qui touchent certaines propriétés de Field.
Lorsqu'on a ajouté les zones commerciales des collectivités des parcs nationaux à la Loi sur les parcs nationaux du Canada, le pavillon-dortoir du Canadien Pacifique a été transformé en restaurant, et on en trouve la description à l'annexe 4. On s'attendait aussi à ce que l'ancienne gare du CP soit convertie pour que des activités commerciales puissent y être exercées, et cette propriété est aussi décrite à l'annexe 4. Depuis ce temps, le restaurant a cessé ses activités, et aucun développement à des fins commerciales n'a été proposé pour la gare. Le CP a besoin des deux propriétés pour ses activités, et il a demandé que le zonage passe de zone commerciale à zone de chemin de fer et d'installations.
Un autre emplacement à la périphérie de Field, y compris une propriété où se trouve une station-service, avait été classé comme zone d'équipement collectif pour y accueillir un musée, mais celui-ci n'a jamais vu le jour. Le zonage serait modifié pour que l'endroit devienne un terrain à usage commercial, ce qui permettra d'y maintenir la station-service actuelle et répondra aux besoins de la population locale et des visiteurs.
L'emplacement de l'ancien bureau et de l'ancienne caserne de la Gendarmerie royale du Canada était à l'origine considéré comme une zone résidentielle, mais une note dans le plan initial indiquait que le zonage serait ultérieurement changé pour en faire un emplacement commercial où pourraient être établis un gîte touristique et une boutique de souvenirs. Puisque ces établissements ont déjà vu le jour, le changement de zonage refléterait la réalité actuelle.
Les modifications du zonage ne donnent lieu à aucune controverse. La population locale est favorable à ces modifications, qui respectent les limites de développement commercial déjà établies et contenues dans l'annexe 4. Elles permettraient de fournir aux visiteurs du parc ainsi qu'aux entreprises et aux habitants de la municipalité des services dont ils ont besoin. Ce seraient des modifications importantes pour la viabilité économique de la municipalité de Field, et elles seraient conformes à l'esprit et aux objectifs du plan directeur local. Elles n'auraient aucune incidence sur l'intégrité écologique du parc national du Canada Yoho.
Je voudrais maintenant parler des modifications prévues à l'article 15 du projet de loi qui auraient une incidence sur le parc national du Canada Jasper. Elles concernent la station de ski Marmot Basin, qui se trouve à seulement 20 minutes de la municipalité de Jasper, à l'intérieur des limites du parc lui-même.
La station de ski est exploitée depuis 1961, et des centaines de milliers de visiteurs ont pu y faire des descentes à ski exceptionnelles, y compris vous, monsieur le Président, je crois.
Avant d'entrer dans les détails des modifications prévues à l'article 15, qui seraient avantageuses et pour le parc national Jasper, et pour l'exploitant de la station de ski, je voudrais premièrement décrire les mécanismes de contrôle issus des lois et des politiques que Parcs Canada a mis en oeuvre concernant l'exploitation des stations de ski et la gestion des parcs nationaux en général. Cela me permettra de répondre franchement aux objections soulevées précédemment dans cette enceinte au sujet de la nature de l'analyse ayant servi à étayer les propositions relatives à la station de ski Marmot Basin et au sujet des possibilités offertes au public de donner son point de vue concernant ces propositions.
Les dispositions de la Loi sur les parcs nationaux du Canada adoptées en 1998 exigent que les limites et la taille de chaque station de ski soient définies à l'annexe 5 de la loi. Tout changement de ces limites nécessite une modification de la loi. Le projet de loi est le moyen devant servir à modifier les limites de la station de ski Marmot Basin qui sont indiquées à l'annexe 5 de la loi.
En plus des mécanismes de contrôle juridiques prévus dans la Loi sur les parcs nationaux du Canada, Parcs Canada s'est doté, depuis 2000, d'une série de politiques guidant la gestion des stations de ski dans les parcs nationaux. Les lignes directrices sur la gestion des stations de ski de Parcs Canada définissent une approche générale en la matière.
Parcs Canada a consulté les exploitants de station de ski, les collectivités, des organismes non gouvernementaux et des représentants de l'industrie du tourisme en 2006 pour sonder leur opinion sur une éventuelle révision des Lignes directrices pour la gestion des stations de ski. Des changements ont été apportés aux lignes directrices à la lumière des commentaires recueillis. À ces lignes directrices s'ajoutent des lignes directrices pour chaque station de ski, qui établissent les limites de croissance permanentes et fixent les balises à respecter en matière d'aménagement et l'utilisation du territoire.
Le dernier élément de contrôle est l'obligation pour les stations de ski d'élaborer des plans à long terme et de faire une analyse d'impact détaillée des propositions de projet que la station de ski compte présenter pour les cinq à quinze prochaines années.
Ces politiques fournissent un cadre complet et rigoureux pour la gestion des stations de ski dans les parcs nationaux, cadre qui donne une garantie à long terme en matière d'aménagement du territoire aux exploitants de station de ski, à la population canadienne et à Parcs Canada.
Ce cadre respecte le mandat de Parcs Canada de maintenir ou de restaurer l'intégrité écologique tout en favorisant un attachement pour les lieux grâce aux souvenirs mémorables qu'en garderont les visiteurs et en leur donnant des possibilités d'apprendre. Il fournit aussi aux exploitants de station de ski des paramètres clairs pour la planification commerciale nécessaire à leur viabilité financière.
Pour ce qui est de la station de ski Marmot Basin, ses lignes directrices pour l'aménagement et l'utilisation du territoire ont été approuvées par Parcs Canada en 2008. Elles indiquent quels types d'aménagement et d'utilisation pourront être envisagés et fixent les limites de croissance, les paramètres de la gestion écologique et les approches d'exploitation.
Les lignes directrices pour le site ont été préparées en collaboration avec la station. On a aussi sollicité la participation du public et effectué une évaluation environnementale stratégique.
Le plan à long terme et l'évaluation environnementale connexe pour la station de ski Marmot Basin dans le parc national Jasper sont en cours d'élaboration. Marmot Basin a d'ailleurs affiché récemment, sur son site Web, un avis disant qu'elle a l'intention de tenir, à partir de cet automne, des consultations publiques sur ses plans à long terme.
Le processus mis en place par Parcs Canada exige clairement la tenue d'une analyse environnementale approfondie et d'une consultation publique. En fait, la population a été consultée tout au long du processus, que ce soit lors de l'élaboration des lignes directrices pour la gestion des stations de ski de Parcs Canada, qui ont été modifiées en 2006 pour tenir compte des commentaires de la population, ou lors de l'élaboration des lignes directrices de 2008 pour l'aménagement et l'utilisation du territoire de la station de ski Marmot Basin, et enfin, lors de l'établissement de la planification à long terme de la station de ski Marmot Basin. Une consultation publique est prévue pour cet automne. Voilà qui répond aux inquiétudes concernant la tenue d'une analyse appropriée et la participation des Canadiens qui se soucient du processus d'examen des projets.
En ce qui concerne l'analyse détaillée, prenons l'exemple de la collaboration entre Parcs Canada et la station Marmot Basin dans le cadre de deux études sur la faune qui permettra d'avoir un regard neuf sur les caractéristiques de l'habitat des chèvres de montagne et des caribous ainsi que sur leurs déplacements dans la région. Ces études seront utilisées dans le cadre de la planification à long terme, dans le respect des lignes directrices concernant la station Marmot Basin.
Les résultats des recherches seront publiés, et ces renseignements orienteront les prochaines décisions de Parcs Canada concernant le territoire de la station de ski et la gestion de la faune environnante, dont tiennent compte les modifications à l'annexe 5 de la Loi sur les parcs nationaux du Canada. Aucune décision ne sera prise d'ici à ce que ces études soient terminées.
La Chambre a entendu des préoccupations concernant les caribous qui se trouvent dans le parc national Jasper. En fait, une des études dont j'ai parlé est une évaluation des risques pour les caribous menée par Fiona Schmiegelow à l'Université de l'Alberta. Parcs Canada a aussi élaboré sa propre stratégie de conservation pour les caribous des montagnes du Sud qu'on retrouve dans les parcs nationaux du Canada.
Pour ce qui est de la situation qui a mené à la proposition de ces modifications, disons que l'exploitant de la station de ski Marmot Basin souhaite améliorer l'expérience des skieurs en faisant en sorte que la station reste concurrentielle par rapport à d'autres stations de la région nouvellement établies ou agrandies, et il veut que la station demeure rentable.
Les plafonds de croissance et les lignes directrices pour le territoire de la station de ski Marmot Basin sont fondés sur une capacité d'accueil de 6 500 skieurs par jour. À l'heure actuelle, le taux de fréquentation des pentes de ski se situe en moyenne juste au-dessus de 4 000 skieurs par jour. La zone commerciale peut actuellement desservir moins de 3 300 skieurs. Il faut mettre en place des installations, des services et des espaces supplémentaires de manière à offrir une expérience de ski exceptionnelle tout en respectant les impératifs de conservation.
Les lignes directrices pour la gestion des stations de ski permettent aux stations d'agrandir leur territoire seulement si elles apportent un gain substantiel pour l'environnement qui assure l'intégrité écologique du parc, ce qui nous amène au projet de loi dont nous sommes saisis.
L'exploitant de la station de ski Marmot Basin a proposé une solution qui repose sur la réduction du domaine à bail, un changement qui procurera un gain environnemental considérable et favorisera l'intégrité écologique du parc national Jasper. La station de ski Marmot Basin a offert de retirer de son bail 118 hectares de terrain écosensible dans la vallée de Whistlers Creek pour qu'ils soient ajoutés au parc. Ce terrain non développé est un habitat important pour de nombreuses espèces, dont le caribou des bois, qui est désigné aux termes de la Loi sur les espèces en péril, ainsi que le grizzly et la chèvre de montagne. En échange, la station de ski recevrait 60 hectares d'habitat beaucoup moins écosensible pour y construire de nouvelles descentes pour débutants et des pistes de ski de fond.
Le terrain qui sera proposé à la station de ski a été sélectionné avec soin, de manière à éviter les habitats de caribous et d'autres espèces importantes, ainsi que les sites d'hibernation des grizzlys, dont aucun n'a été trouvé dans cette zone. Avant d'autoriser quelque développement que ce soit, il faudra procéder à une évaluation environnementale conformément au processus de planification à long terme que la station de ski Marmot Basin a annoncé récemment et que j'ai mentionné il y a quelques minutes.
Les 188 hectares que la station de ski propose de retirer de son bail représentent un gain environnemental considérable, et ce, pour plusieurs raisons.
Premièrement, le nouveau découpage du domaine à bail réduit sa superficie de 18 %, une diminution notable.
Deuxièmement, la réduction du domaine à bail permettra de protéger, à long terme, un habitat sensible et important pour le caribou et la chèvre de montagne, qui comprend des sources de nourriture pour le caribou ainsi que des dépôts salins pour les chèvres de montagne.
Troisièmement, comme le terrain serait ajouté à une réserve naturelle existante, il serait mieux protégé qu'il ne l'est actuellement. Les activités permises feraient l'objet d'une gestion prudente, de manière à préserver l'état sauvage de ce secteur.
Deuxièmement, la réduction des baux est une contribution positive de Parcs Canada aux initiatives présentes et futures de gestion de l'écosystème à grande échelle pour protéger plus efficacement l'habitat du caribou. Cette réduction des baux protège des aires écologiques de grande valeur pour de nombreuses espèces qui habitent la vallée de Whistlers Creek, et garantit notamment la sûreté de l'habitat pour d'autres espèces fragiles de la vallée, comme l'ours grizzly, le carcajou et le lynx.
La mesure que nous proposons cadre parfaitement avec la politique de Parcs Canada en matière de gestion des stations de ski. Les Lignes directrices de 2006 encadrant la gestion des stations de ski, le document de Parcs Canada qui décrit la politique globale en la matière, prévoit spécifiquement la possibilité d'apporter des modifications proposées lorsqu'il y a un avantage environnemental considérable. Cela s'applique dans les cas d'une réduction ou d'une reconfiguration de la superficie du domaine à bail qui entraîne une meilleure protection des zones fragiles en échange d'un développement des zones moins fragiles.
Le projet de loi améliore la protection des écosystèmes fragiles dans le Parc national Jasper, tout en fournissant une garantie accrue quant à l'utilisation du territoire. Il permet à Parcs Canada de conserver le pouvoir de remplir son mandat tout en donnant aux exploitants de stations de ski la possibilité de prendre des décisions opérationnelles en toute confiance.
Comme je l'ai mentionné, les changements proposés en ce qui concerne le domaine à bail de la station commerciale de ski Marmot Basin, qui figurent à l'annexe 5 de la Loi sur les parcs nationaux du Canada, font en sorte que toutes les parties seraient gagnantes. Ainsi, l'exploitant de la station de ski serait gagnant, car il pourrait prendre des mesures pour améliorer sa compétitivité en suivant les règles strictes énoncées dans les lois et les politiques de Parcs Canada. Plus important encore, le parc national du Canada Jasper serait gagnant, car il tirerait profit de la réduction de la taille du domaine à bail de la station de ski et pourrait ainsi mieux protéger l'habitat de différentes espèces, y compris le caribou, qui est menacé.
En terminant, j'aimerais rappeler que la partie 2 du projet de loi aurait des effets très positifs, tant pour Parcs Canada que pour l'ensemble des Canadiens. Ainsi, elle apporterait des changements mineurs à l'article 4 de la Loi sur les parcs nationaux du Canada afin de maintenir la rigueur et l'objet de la disposition relative à l'affectation, tout en précisant le pouvoir du ministre de fixer des prix en ce qui concerne les parcs nationaux en vertu de la loi connexe. La mesure législative apporterait aussi des changements mineurs, mais importants, qui seraient avantageux pour la ville de Field, qui est située dans le parc national du Canada Yoho. Ainsi, elle prévoit un avantage environnemental important pour l'habitat faunique du parc national du Canada Jasper.
Plus particulièrement, ce projet de loi montre que le gouvernement est déterminé à faire en sorte que les parcs nationaux du Canada offrent aux visiteurs une expérience stimulante et leur donnent l'occasion d'établir des liens avec ces endroits, tout en assurant la protection de ces lieux pour les générations futures. J'invite tous les députés des deux côtés de la Chambre à appuyer le renvoi de la mesure législative au comité afin que nous puissions mener à bien cette initiative.
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Monsieur le Président, j'interviens ce soir pour parler du projet de loi , qui vise à modifier la Loi sur les parcs nationaux du Canada de manière à créer la réserve à vocation de parc naturel de l'Île-de-Sable du Canada. C'est l'aboutissement de 50 ans d'efforts déployés pour protéger le caractère unique de l'île de Sable.
D'après la BBC, l'île de Sable:
[...] est aux Canadiens ce que les îles Galapagos sont aux gens de l'Équateur, ou l'île de Pâques aux Chiliens. C'est un endroit dont l'importance n'est pas seulement scientifique et historique, mais aussi culturelle, un lieu qui fait partie de leur identité [...]
L'île de Sable est connue dans le monde entier à la fois pour sa biodiversité et pour ses naufrages. Elle abrite une biodiversité phénoménale, dont 375 chevaux sauvages, 350 espèces d'oiseaux, 190 espèces végétales et la plus grande colonie de phoques gris au monde.
Depuis 1583, il s'est produit plus de 350 naufrages sur l'île ou aux environs, ce qui lui a valu le surnom de « cimetière de l'Atlantique ».
J'aimerais décrire brièvement les événements qui ont mené à la création de la réserve de parc national de l'Île-de-Sable.
Compte tenu de l'écosystème unique de l'île, le gouvernement fédéral et le gouvernement de la Nouvelle-Écosse ont déterminé, en 2004:
[...] qu'il serait dans l'intérêt public d'accorder à l'île de Sable le statut d'aire protégée par le gouvernement fédéral afin d'atteindre les objectifs de conservation.
À la suite des consultations, on a recommandé d'accorder à l'île de Sable le statut de parc national. Ainsi, le 17 octobre 2011, les gouvernements du Canada et de la Nouvelle-Écosse ont signé un protocole d'entente en vue d'établir un parc national sur l'île de Sable.
L'île a été désignée comme étant une réserve de parc national étant donné qu'elle fait l'objet d'une revendication par les Mi'kmaq. En effet, les Mi'kmaq ainsi que les gouvernements de la Nouvelle-Écosse et du Canada mènent en ce moment des négociations au sujet de cette revendication. Le statut de réserve de parc national permet au gouvernement de poursuivre les négociations en ce qui concerne les revendications territoriales.
La conservation de l'île de Sable représente un défi en raison de la richesse des ressources qu'on retrouve sur l'île et aux environs de celle-ci. Le cadre législatif en vertu duquel la réserve a été créée précise qu'il ne doit pas y avoir d'incidences négatives sur les activités pétrolières.
Parcs Canada m'a expliqué que c'est la première fois qu'on crée une réserve dans une zone d'activités pétrolières et gazières. Au cours des 50 dernières années, l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers a déclaré avoir découvert 23 gisements importants au large de la Nouvelle-Écosse.
Le projet de loi inscrirait dans la loi l'interdiction existante d'entreprendre des travaux de forage à l'île de Sable. Fait important, cinq sociétés pétrolières ayant obtenu des permis de prospection afin d'entreprendre des activités de forage sur l'île ont accepté de leur plein gré de renoncer à ces droits.
Le Parti libéral appuie sans réserve la création de la réserve à vocation de parc national de l'Île-de-Sable. Nous aimerions toutefois que cette mesure législative fasse l'objet d'un examen poussé au comité, car nous tenons à ce que ce trésor national soit adéquatement protégé. Nous voulons veiller à ce que des mesures de protection environnementale rigoureuses soient maintenues pour cette réserve de parc national, et pour tous nos parcs nationaux, actuels et futurs. En outre, il faut que les préoccupations exprimées par les Mi'kmaq au sujet de la mesure législative puissent être prises en compte.
On s'inquiète également de l'ampleur de l'exploitation des ressources naturelles qu'autorise le projet de loi , et de la surveillance qui sera exercée. Pensons aux activités d'exploration pétrolière, y compris les programmes sismiques, géologiques ou géophysiques sur l'île de Sable. En outre, quelles autres activités peuvent être assimilées à de l'exploration pétrolière « à faible incidence environnementale »? Qu'entend le gouvernement par « faible incidence environnementale »?
Lors d'une séance d'information du ministère, des fonctionnaires m'ont expliqué qu'on ne sait pas exactement quand les incidences passent de faibles à élevées. En fait, lorsque j'ai demandé s'il existait des études d'impact, on m'a répondu que Parcs Canada n'en avait qu'une seule.
En outre, les fonctionnaires ne cessaient de répéter « selon ce qu'on nous a rapporté » pour renvoyer aux données dont ils disposaient, soit les recherches de l'industrie, rien d'autre. Il faut remédier à cette absence de définition et clarifier les choses.
Parcs Canada a expliqué que, s'il était question d'instaurer une aire marine protégée, le ministère aurait adopté une autre approche. Les réserves devraient-elles être moins protégées que les aires marines protégées? Il faudrait se pencher sur la question au comité. Les parlementaires doivent se faire expliquer ce qu'on entend par « activités à faible incidence environnementale » lorsque ce point sera examiné au comité.
Le Parti libéral est en faveur de l'exploitation responsable et durable des ressources. Nous croyons cependant que des projets d'exploitation de ce genre doivent faire l'objet d'évaluations environnementales rigoureuses. Nous devons protéger l'environnement de l'île de Sable et nous assurer que l'exploitation n'a pas de conséquences néfastes sur l'écosystème. Nous sommes conscients que l'exploitation des ressources pétrolières et gazières sur l'île de Sable et autour représente un enjeu économique de taille pour la Nouvelle-Écosse, et la loi offre une protection à cet égard. Or, l'île de Sable est un écosystème particulièrement fragile.
Nous aimerions nous pencher sur l'article 3, qui prévoit que les baux, les servitudes et les permis d'occupation et de travail actuels portant sur l'île de Sable ne seront pas assujettis à la Loi sur les parcs nationaux du Canada.
Pour ce qui est de l'article 7, quel serait le nouveau mécanisme de coordination et de coopération entre Parcs Canada et l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers? C'est très important, car les modifications à la Loi de mise en oeuvre de l'Accord Canada-Nouvelle-Écosse sur les hydrocarbures extracôtiers prévoient qu'« avant de délivrer une autorisation, l’Office tient compte de tout avis ». En d'autres mots, l'office n'est pas tenu de se conformer aux recommandations de Parcs Canada. Qui donc veillera à la protection de l'environnement et de l'île de Sable si l'office n'est pas tenu de respecter la décision? Si je comprends bien ce qu'a dit Parcs Canada, le protocole d'entente définissant les règles de cette relation sera mis en place après la création du parc. Le projet de loi prévoit des changements aux frontières terrestres du parc national Jasper. Est-ce que l'échange de terrains entre Parcs Canada et les exploitants de la station de ski Marmot Basin nuira aux espèces qui se trouvent dans ce secteur?
Pour ce qui est de l'article 15, qui touche le parc national Jasper, ainsi que l'échange de terrains et le nouveau développement, existe-t-il des préoccupations quant à la protection de l'environnement et des espèces en péril dans le nouveau secteur qu'on prévoit développer?
La semaine dernière, j'ai eu une conférence téléphonique avec la Société pour la nature et les parcs du Canada, qui s'intéresse à la protection de nombreux secteurs importants des régions sauvages au Canada. Je voulais savoir ce qu'elle pensait de l'étude accélérée du projet de loi et du fait que, même si le projet de loi est renvoyé au comité, les amendements proposés ne seront peut-être pas acceptés. On m'a répondu que la société veut que l'île de Sable soit protégée et que ce projet de loi est un premier pas important.
Je demande au gouvernement de ne pas faire du projet de loi un précédent pour permettre l'exploration dans les parcs nationaux. Les fonctionnaires m'ont assuré que les futurs parcs seront protégés par la loi contre de telles activités. Cela étant dit, la secrétaire parlementaire et le ministre ne m'ont toujours pas donné cette assurance ce soir, même si je leur ai demandé de le faire. J'aimerais que le gouvernement nous donne sa parole que l'intégrité des parcs nationaux du Canada ne sera pas atténuée, mais bien protégée, et que le fait de créer un parc national au milieu d'une zone d'exploration pétrolière et gazière ne vise pas à ouvrir une porte, à établir un précédent visant à permettre des activités de développement dans nos précieux parcs nationaux.
J'ai hâte que ces questions soient abordées au comité.
En terminant, j'aimerais dire que le gouvernement prétend être un gouvernement de la conservation, mais que ses actions indiquent le contraire.
Qu'il soit question des parcs nationaux ou des zones protégées que l'on propose de créer, comme celui de la Rouge ou de l'île de Sable, des préoccupations ont été exprimées en ce qui concerne l'intégrité écologique des parcs. Même si nous ne pouvons pas faire fi de ces préoccupations, les députés ministériels ne cessent de les balayer du revers de la main.
En outre, je suis préoccupée par le bilan du gouvernement en matière d'environnement compte tenu de ce dont nous avons été témoins au cours de la dernière année. Je pense par exemple au projet de loi , qui a vidé les lois environnementales de leur substance et abrogé la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale de même que la Loi de mise en oeuvre du Protocole de Kyoto, ou encore au projet de loi , qui a réduit de façon draconienne les mesures de protection visant nos cours d'eau.
Ce n'est pas de cette façon qu'un gouvernement soucieux de la conservation de l'environnement agit, et ce n'est pas non plus de cette façon qu'un gouvernement déterminé à protéger l'habitat agit.