:
Je remercie la Chambre d'avoir accepté, monsieur le Président.
Monsieur le Président, on constate une tendance lorsqu'on observe la façon dont le Sénat nous remet des projets de loi. Nous ne sommes pas en mesure de les examiner de près, et ils nous arrivent avec d'importantes lacunes. C'est d'ailleurs le cas de ce projet de loi.
De nombreuses personnes ont consacré beaucoup de temps au dossier des armes à sous-munitions. Il s'agit d'engins ignobles et terrifiants. Pour ceux qui ne le savent pas, ce sont des bombes qui contiennent ce qu'on appelle des petites bombes. Elles sont larguées, souvent dans une zone de conflit, et elles laissent tomber des centaines de petites bombes de la grosseur d'une balle de tennis.
Ces armes sont ignobles parce que 98 % des personnes atteintes sont des civils, notamment des enfants. Je pourrais d'ailleurs montrer aux députés des photos en ligne dans lesquelles des enfants ont perdu un bras ou une jambe, où l'on voit des personnes qui sont mortes. Ces armes sont aussi terribles que les mines terrestres, et on pourrait même dire qu'elles sont pires à cause de la façon dont elles sont utilisées et causent du tort, en particulier aux enfants.
Il y en a environ quatre milliards dans les stocks mondiaux. S'en débarrasser représente une tâche énorme, et c'est ce que le traité que nous avons signé était censé accomplir. En 2006, 22 membres des Forces canadiennes ont perdu la vie et 112 ont été blessés par des mines terrestres et des armes à sous-munitions. On se sert de ces bombes où nos soldats sont déployés et où il y a des civils.
Tout comme les mines terrestres, la façon dont ces armes sont conçues est ignoble, car l'objectif est essentiellement de faire croire aux gens qu'il ne s'agit pas de bombes, mais de quelque chose d'autre. Il ne fait aucun doute que nous devons nous en débarrasser.
Les Soviétiques se sont servi des armes à sous-munitions en Afghanistan, les Britanniques dans les Malouines. Les forces de la coalition ont largué ce genre d'armes pendant la première guerre du Golfe et des factions belligérantes y ont eu recours en Yougoslavie et au Kosovo. En fait, lorsqu'on examine les conflits passés, on constate que les forces de la coalition ont utilisé ces armes dans leurs missions communes.
En 2010, on a décidé de se réunir et d'élaborer un traité d'interdiction. La démarche réunissait 18 pays membres de l'OTAN. Malheureusement, les États-Unis n'en faisaient pas partie. D'après certains rapports, aux termes de la politique américaine actuelle, on considère que les armes à sous-munitions sont utilisables par tous les avions de combat de l'inventaire américain. Elles font partie intégrante de tous les éléments de manoeuvre de l'armée et de la marine et, dans certains cas, elles peuvent constituer la moitié de l'appui-feu tactique indirect. Comme dans le cas des mines terrestres, les Américains ne sont donc pas sur le point de s'en débarrasser.
Nous devons également nous occuper d'autres pays comme la Russie et la Chine pour obtenir une interdiction. À ce titre, nous pouvons jouer un rôle de chef de file. Bon nombre de gens étaient très enthousiastes lorsque le Canada a signé ce traité. Le problème est apparu lors de la présentation de la loi. Voilà où nous en sommes aujourd'hui.
Ce que nous avons devant nous est un projet de loi qui aurait pour effet — et ce n'est pas l'avis exclusif du NPD ou de moi-même — de saper la crédibilité du traité que nous avons signé, à tel point que les gens affirment qu'il serait préférable de ne pas avoir de loi du tout. C'est tout à fait consternant, car toutes les parties en présence avaient l'occasion de s'unir pour faire aboutir un traité international qui nous aurait apporté la même structure que lorsque nous avons fièrement signé le protocole d'interdiction des mines terrestres. Voila ce que nous souhaitions. Lorsque le gouvernement a présenté le projet de loi , nous en avons pris connaissance et constaté les problèmes qu'il posait. Les gens sont allés au comité du Sénat et ont indiqué tous les problèmes posés par la loi, en particulier par l'article 11.
Il stipule — et je vais le formuler dans des termes que tout le monde comprend — que même si nous avons signé ce traité qui nous interdit d'utiliser les armes à sous-munitions, nous pouvons quand même les utiliser. C'est une échappatoire énorme, et le mot-clé est « interopérabilité ».
Au lieu d'écouter ceux qui s'occupent des traités internationaux, comme les gens du ministère des Affaires étrangères, le gouvernement n'a consulté que le ministère de la Défense nationale, et ceci est tout à fait indiscutable. Est-ce qu'il fallait consulter la Défense nationale? Évidemment. Est-ce que ce ministère devait être chargé de rédiger la loi ou de la piloter? Certainement pas. Nous sommes en présence d'un traité international que nous avons négocié avec nos alliés et nos partenaires. Nous sommes dans le domaine de la diplomatie. En laissant le ministère de la Défense nationale décider des détails de la mesure, comme on l'a vu ici, on a sapé cette loi.
Le problème, ce n'est pas qu'on aurait opté pour la passivité en nous rangeant aux côtés de nos amis des États-Unis qui, eux, malheureusement, utilisent ces armes à sous-munitions, mais le sens véritable de la loi, c'est que nous pourrions faire usage de ces armes, à cause de l'échappatoire qu'elle contient.
Cela veut dire que le traité que nous avons signé est sapé par l'action du gouvernement et par ce projet de loi, mais les conservateurs ne veulent pas en convenir. Nous avons entendu les témoignages de ceux qui ont négocié le traité. Le négociateur en chef, Earl Turcotte, a dit, au sujet du projet de loi, que c'était « la pire mesure législative que tout pays ayant ratifié ou signé la convention ait présentée à ce jour ».
Pourquoi le gouvernement n'écoute-t-il pas les conseils d'experts? Voici une autre citation, cette fois de l'ancien premier ministre australien Malcolm Fraser, qui a dit: « C'est déplorable que le gouvernement canadien, au sujet des armes à sous-munitions, ne fasse preuve d'aucun leadership à l'échelle planétaire. Son approche est timide, inappropriée et rétrograde. » C'est un ancien premier ministre de l'un de nos alliés qui a tenu ces propos. Il a dit cela parce qu'il désire vraiment débarrasser le monde de ces armes odieuses. Qu'est-ce que le gouvernement fait? Il affirme qu'il n'envisagera même pas d'amendements.
J'espère que les conservateurs écouteront leur . Je terminerai sur ce point. Plus tôt aujourd'hui, le ministre de la Défense nationale a dit que le projet de loi n'est pas parfait. Il a même précisé que c'était quelque chose qui doit être changé. Étant donné que le ministre admet que les conservateurs forcent l'adoption d'un projet de loi qui laisse à désirer, j'espère sincèrement que les conservateurs seraient prêts cette fois-ci, puisque cette question est si importante pour nos alliés, à écouter les gens qui veulent que des amendements soient apportés. Toutes les personnes qui ont comparu devant le comité et qui ne faisaient pas partie du ministère de la Défense nationale ont affirmé que le projet de loi comporte des lacunes, qu'il est mauvais, que nous ne devrions pas l'adopter et qu'il minerait notre crédibilité.
Les conservateurs ont un choix: ils peuvent écouter les autres ou être entêtés et continuer à n'écouter personne d'autre qu'eux-mêmes. Nous devons apporter des amendements au projet de loi, et nous ne l'appuierons pas tant que cela ne sera pas fait.
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Monsieur le Président, avant de commencer à discuter du projet de loi en question, je dois, moi aussi, m'élever de la façon la plus véhémente possible contre le processus dont on use ici.
Le projet de loi dont on discute ce soir a été déposé à la Chambre le 6 décembre 2012. Il a fallu 6 mois aux conservateurs pour appeler le projet de loi pour débat. Et quand ils l'ont appelé pour débat, celui-ci a duré 10 minutes, à 1 h du matin le mercredi 29 mai. Maintenant, après 10 minutes de débat, alors qu'il a fallu six mois au gouvernement pour se grouiller un peu et déposer le projet de loi, on nous dit qu'on va nous imposer une motion d'attribution de temps, parce que les discussions sont trop longues. De plus, les recommandations d'amendements qui ont été faites dans l'autre Chambre n'apparaissent absolument pas dans le projet de loi devant nous.
Les armes à sous-munitions n'ont à peu près pas d'utilité militaire, mais elles frappent surtout les civils. Quatre-vingt-dix-huit pour cent des blessés à cause des armes à sous-munitions sont des civils.
Ces armes ont souvent une efficacité relative. Environ 30 % de petites sous-munitions comprises dans l'arme n'explosent pas. Elles deviennent des sous-munitions souvent grosses comme des balles de tennis et souvent très colorées. Cela reste dans l'environnement et cela s'étend sur un terrain très large. Les enfants les aperçoivent. C'est attirant! Ils jouent avec cela et, évidemment, cela leur explose au visage en faisant les dégâts qu'on peut imaginer. Les sous-munitions dans les armes à sous-munitions deviennent en quelque sorte des mini-mines antipersonnel, mais très nombreuses.
Puisqu'il est question de mines antipersonnel, faisons une petite comparaison avec ce que le Canada a fait en ce qui a trait aux mines antipersonnel. Le Canada était un leader dans ce domaine. Il a acquis l'estime non seulement de nombreux de pays, mais aussi de nombreux citoyens partout dans le monde grâce au travail qu'il a fait sur les mines antipersonnel.
Un jour, j'ai rencontré un haut dignitaire africain de langue portugaise. Il m'a dit qu'il avait appelé sa fille Ottavia en l'honneur de la convention d'Ottawa. Ottawa était, à ce moment-là, un mot rempli d'espoir. Or, maintenant, il est question des armes à sous-munitions. Au début, il existait un leadership canadien, mais ce n'est plus du tout le même leadership. Au contraire, on recule et on détruit tout. Lors des négociations, le Canada est rapidement devenu l'empêcheur de tourner en rond, en quelque sorte. La plupart des pays impliqués s'opposaient à la disposition sur l'interopérabilité que le Canada avait déjà fait mettre dans la convention, mais le Canada a mis beaucoup de pression et il l'a obtenue. Sincèrement, il n'y a pas de quoi être fier.
Là, maintenant, nous avons devant nous le projet de loi . Si nous n'avions pas de raison d'être fier durant les négociations, je pense que nous aurons bien des raisons d'avoir honte si cela est adopté. Malgré son titre, ce n'est pas un projet de loi de mise en oeuvre de la convention. C'est un projet de loi de démolition de la convention. Le projet de loi S-10 va, en fait, invalider la convention.
Dans ce projet de loi, on a trouvé le moyen de contourner la disposition sur l'interopérabilité en permettant au Canada d'aider, d'encourager, de conseiller et de conspirer dans le but d'utiliser des armes à sous-munitions, et ce, dans le cadre d'une convention qui veut abolir leur utilisation.
Nous avons entendu un peu plus tôt des commentaires selon lesquels le NPD s'opposerait à cela simplement pour faire de la petite politique ou quelque chose de ce genre.
Au cas où quelqu'un penserait de cette façon, j'aimerais citer plusieurs personnes pour montrer à quel point le consensus est large contre ce projet de loi et que cela implique toutes sortes de personnes.
J'aimerais citer le chef de la délégation canadienne qui a négocié la convention, ainsi que le président du Département de la sécurité et des affaires internationales au Collège des Forces canadiennes. À mon avis, ce sont deux personnes qui devraient savoir de quoi elles parlent. J'aimerais aussi citer un dignitaire étranger, l'ancien premier ministre australien, Malcolm Fraser, ainsi que l'honorable Warren Allmand, ancien solliciteur général du Canada.
Commençons par Earl Turcotte, chef de la délégation canadienne qui a négocié cet accord. Quand M. Turcotte a vu comment les négociations se déroulaient et ce qui s'annonçait, il a démissionné. J'admire son courage. C'est pour dire à quel point il était outré de voir ce que le gouvernement nous préparait.
Il a dit: « La loi proposée est la pire parmi celles de tous les pays ayant jusqu'à présent ratifié ou signé la convention. »
Au sujet de l'approche du gouvernement actuel en ce qui concerne les armes à sous-munitions, l'ancien premier ministre australien, Malcolm Fraser, a dit qu'elle est « timide, inadéquate et régressive ». Heureusement que le gouvernement va changer en 2015.
Par ailleurs, j'aimerais citer Walter Dorn, président du Département de la sécurité et des affaires internationales au Collège des Forces canadiennes. C'est une longue citation, mais ça vaut la peine de l'entendre:
Comme je côtoie quotidiennement des militaires qui ont participé à des missions multinationales et que je peux être appelé à y participer moi-même en tant que civil en vertu du Code de discipline militaire, je dois vous dire que le projet de loi dans sa forme actuelle risque de nous placer dans une situation compromettante.
Les militaires canadiens qui sont déployés ne veulent pas être forcés de violer un traité ou être associés à sa violation. En vertu du projet de loi, les Canadiens seront forcés d’accepter des ordres qu’ils jugent illégaux. Ils se trouveront ainsi dans une impasse juridique entre les lois nationales et internationales. Les soldats sont entraînés à obéir à des « ordres légaux ». Il en résultera de la confusion, car les lois sont contradictoires. Une interdiction totale, comme le prévoit la convention, serait beaucoup plus claire.
Il ajoute:
[...] l’article 11 du projet de loi dans sa version actuelle semble être en contravention légale du traité, ce qui ouvre la voie à de graves dilemmes moraux et affaiblit la norme contre l’utilisation de ces armes terribles. Il doit donc être supprimé ou modifié.
Finalement, l'honorable Warren Allmand a dit:
Dans son libellé actuel, le projet de loi S-10 renferme des dispositions contraires au but et à l’objet du traité. Il est illogique pour le Canada d’adhérer à un traité dont le but est l’interdiction absolue de l’utilisation et du transfert d’armes à sous-munitions, d’une part, et, d’autre part, de promulguer une loi nationale qui crée des exceptions autorisant le personnel canadien à précisément se livrer à des types d’activités interdites ou proscrites par la convention.
De toute évidence, tout le monde est d'accord. Il ne s'agit que de lire le projet de loi.
Comme je le disais au début, ce n'est pas un projet de loi de mise en oeuvre, mais un projet de loi de destruction de la convention. Accepter ce projet de loi et l'adopter tel quel met les militaires canadiens dans une situation extrêmement difficile, en plus d'être un mauvais exemple pour les autres pays. Le Canada demeure ainsi le mauvais joueur sur la scène internationale.
Après la question de la lutte contre la désertification, Kyoto, le Traité sur le commerce des armes pour lequel on ne sait pas trop ce qui arrivera, les nouvelles directions concernant la coopération internationale, le Canada apparaît encore comme un mauvais joueur.
Ce projet de loi a des failles énormes. Il doit être revu et nous ne l'appuierons certainement pas.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir participer au débat.
C'est important pour les Canadiens de comprendre notre position relativement à ce projet de loi. Le projet de loi a été présenté au Sénat, où il a suscité de graves inquiétudes chez les sénateurs Hubley et Dallaire.
Il a ensuite fait l'objet de témoignages et de débats en comité. Normalement, il devrait s'agir d'une simple ratification, puisque cela fait longtemps que la Chambre s'est prononcée sur les armes à sous-munitions.
Il y a plusieurs années, je me rappelle avoir interrogé le ministre David Emerson sur le rôle qu'allait jouer le Canada dans la mise en oeuvre de la loi sur les armes à sous-munitions. Le Canada n'avait pas proposé de projet de loi, mais avait finalement accepté de ratifier la convention.
Le projet de loi dont nous sommes saisis vise essentiellement à donner effet à un traité international signé par le Canada et d'autres pays.
Mes collègues ont fait remarquer que le projet de loi est un reflet bien pâle du traité que nous avons signé. Le traité prévoit l'interdiction des armes à sous-munitions; il interdit aussi leur utilisation. Cela fait longtemps que le Canada s'y conforme volontairement. Ce fait n'est pas contesté. Personne n'affirme que le gouvernement continue de promouvoir l'utilisation des armes à sous-munitions ni qu'il s'oppose en quelque sorte au traité qu'il a signé.
Nous appuierons l'étude du projet de loi en comité, mais ce que nous disons, aussi clairement que possible, c'est que la façon dont le gouvernement a choisi de mettre en oeuvre le traité est contestable.
Il faut comprendre que d'autres pays ont déjà procédé aux débats et aux approbations parlementaires. Ce que je veux dire, c'est que si tous ces pays avaient interprété le traité exactement comme le fait le gouvernement, notre position s'en trouverait considérablement affaiblie.
Or, l'approche des conservateurs est assez consternante. M. Turcotte, qui a négocié le traité, s'est dit lui-même profondément déçu de l'interprétation que le gouvernement fait du traité.
Notre collègue du Nouveau Parti démocratique en a aussi parlé.
[Français]
Comme l'a déjà dit ma collègue, le premier ministre de l'Australie était vraiment déçu de l'approche du gouvernement du Canada. En fait, je dirais même qu'il était fâché. Malcolm Fraser est un ancien premier ministre conservateur de l'Australie. Il n'est pas un homme radical ni de la gauche et il n'est pas contre la protection de la souveraineté de son pays par des forces militaires, au contraire. Il serait remarquable que le gouvernement conservateur du Canada soit le seul à adopter une telle position et à interpréter le traité de cette manière. Naturellement, on pose des questions à ce sujet.
Pourquoi le gouvernement a-t-il choisi, dans le cadre de la section 11 du projet de loi qui est devant nous, d'effectuer une interprétation si négative du traité? Est-il possible de dire, comme l'a dit mon collègue d', que l'une des conséquences de la loi proposée par les conservateurs est que les officiers canadiens pourraient exiger l'utilisation de ces bombes et que les soldats canadiens pourraient avoir à les utiliser?
Pour moi, c'est en contradiction totale avec le fait que le Canada est contre l'utilisation de ces bombes.
On a donc un problème important. En effet, les conservateurs ont réussi à créer un problème, même en étant en faveur du désarmement multilatéral, en ce qui concerne l'utilisation de ces bombes si dangereuses et dont les répercussions sur la population civile sont si cruelles.
[Traduction]
Nous avons tous pu constater, ces dernières années, que les guerres ne sont plus des combats entre des soldats face à face sur une ligne de front, mais qu'elles atteignent de plus en plus les populations civiles dans des pays du monde entier.
Qu'il s'agisse de mines terrestres ou d'armes à sous-munitions, ces armes ont des effets horribles et dévastateurs sur les populations civiles. Il est difficile de les guider et de les contrôler. Il est difficile de prévoir avec précision qui va être touché, blessé ou tué. C'est justement la nature aléatoire de ces armes qui a incité la communauté internationale à mettre fin à leur fabrication et à leur utilisation.
En ce qui nous concerne, nous sommes totalement en faveur de cette mesure législative du point de vue de la mise en oeuvre du traité. Nous insistons toutefois sur le fait qu'il faut apporter des amendements à l'étape de l'étude en comité afin de respecter à la fois l'esprit et la lettre du traité que nous devons signer. Les amendements nécessaires portent sur l'article 11.
Mes collègues les sénateurs Hubley et Dallaire sont d'une grande intégrité et fort compétents. Ils ont suivi la situation et débattu de la mesure législative à l'autre endroit. Ils ont fait de leur mieux pour convaincre la majorité conservatrice au Sénat de la nécessité d'y apporter des changements, ce qui ne s'est malheureusement pas produit.
Jetons un coup d'oeil aux divers pays qui ont explicitement rejeté l'interprétation que fait le gouvernement conservateur de ce traité.
Au moins 35 États ont indiqué être d'avis que la disposition relative à l'interopérabilité n'est pas une échappatoire. C'est la disposition dont vient de parler le .
La loi néo-zélandaise ne crée aucune exception relativement aux interdictions prévues dans la convention.
La Norvège a noté ceci:
L'exemption visant la coopération militaire n'autorise pas les États parties à s'engager dans des activités interdites par la convention.
Dix autres États membres de l'OTAN en sont arrivés à des interprétations semblables, soit la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, la France, l'Allemagne, la Hongrie, l'Islande, le Portugal et la Slovénie.
Il est difficile pour le gouvernement de justifier le fait que nous pourrons invoquer la disposition relative à l'interopérabilité comme échappatoire pour pouvoir participer à des manoeuvres de l'OTAN ou à des opérations conjointes avec d'autres pays. C'est pourtant ce que le gouvernement a fait.
Il faut examiner de près le concept de l'interopérabilité, qui est un principe relatif à la façon dont les militaires canadiens travaillent, honorent leurs responsabilités et combattent dans d'autres pays. Parallèlement, il est important de demander à quoi cela sert de signer une convention et d'accepter un traité alors que nous ne le mettrons pas en oeuvre s'il influe sur la moindre de nos opérations à l'étranger.
On dirait presque une preuve d'hypocrisie organisée de la part du gouvernement qui dit, d'un côté, qu'il mettra fin à l'utilisation des armes à sous-munitions et, de l'autre, qu'il ne le fera pas nécessairement s'il doit s'engager à ne plus les utiliser au combat.
C'est un enjeu que les Canadiens doivent comprendre et dont le gouvernement doit parler franchement.
Je comprends que le gouvernement a présenté le projet de loi, qu'il le renvoie au comité et qu'il dit que son intention est de mettre en oeuvre un traité, que nous signons à titre de pays souverain. Cela dit, le gouvernement ne peut le faire et, parallèlement, affirmer qu'il le mettra en oeuvre, mais qu'il veillera à ce qu'il ne s'applique pas lorsque ses troupes sont au combat.
Le gouvernement a vraiment pris une position contradictoire. Une fois de plus, il a poussé l'exceptionnalisme canadien au point de presque faire de nous la risée du monde entier. Dans les faits, le gouvernement affirme qu'il veut faire semblant de se ranger du côté des bons qui signent et ratifient ce traité, mais qu'il n'est pas vraiment en désaccord avec nos partenaires, entre autres les États-Unis, qui ne le signeront pas, car les États-Unis disent ne pas vouloir utiliser ces armes, mais que dans certains cas, ils pourraient ne pas avoir d'autre choix et ne veulent pas nuire à leurs militaires. Rappelons-nous que les États-Unis ont aussi refusé de signer la convention sur les mines antipersonnel.
Il me semble que le gouvernement doit montrer ses vraies couleurs. Le gouvernement du Canada a-t-il, oui ou non, l'intention de permettre à ses soldats d'utiliser activement les armes à sous-munitions au combat? Est-ce que le gouvernement du Canada a l'intention de faire en sorte que ses commandants autorisent l'utilisation de ces armes à sous-munitions lorsqu'ils sont dans le théâtre des opérations, même si le Canada a signé un traité disant qu'il ne le fera pas?
Je crois qu'il faut une certaine cohérence. Les conservateurs font précisément ce contre quoi les autres pays nous ont mis en garde et ce qu'ils refusent de faire, c'est-à-dire se servir de la notion d'interopérabilité pour se soustraire à la responsabilité d'appliquer la convention.
Il faut renvoyer le projet de loi au comité. Il faut faire témoigner M. Turcotte. Il faut parler aux personnes qui ont interprété la convention, à celles qui l'ont passée au peigne fin. Il faut parler à des gens du monde entier qui savent comment on l'a interprétée dans leur pays. Le comité doit aborder de front les motifs qui incitent le gouvernement à agir ainsi dans ce dossier.
Le Canada ne devrait pas se soustraire à ses responsabilités en choisissant d'appliquer un traité de cette façon. Ce serait désavouer notre engagement. Ce serait désavouer notre interprétation de la notion de mise en application d'un traité que nous avons signé. Cela jetterait la confusion la plus complète sur ce que le Canada et ses troupes se sont réellement engagés à faire.
Voilà pourquoi, même si nous voulons que le projet de loi soit renvoyé au comité, nous avons beaucoup de mal à concevoir la manière dont le gouvernement a choisi d'interpréter le traité dans l'article 11 du projet de loi.
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Monsieur le Président, j'espère que nous aurons la chance d'entendre de nouveau ce soir le député de .
Pour faire suite au dernier échange, il est stupéfiant d'entendre les membres du Parti libéral, qui se plaignaient des restrictions nationales à l'époque où nos forces combattaient en Afghanistan et à Kandahar, qui insistaient pour que cette mission soit commandée par l'OTAN à partir de 2003 et qui réclamaient ensuite le commandement canadien de la première mission de combat de l'OTAN dans le sud de l'Afghanistan en 2005-2006. Ce même parti, maintenant dans l'opposition, est devenu l'expression impérieuse de la voix de Dieu quant à savoir si l'interopérabilité peut vraiment devenir une réalité pratique.
Les libéraux ne voulaient pas appliquer ces principes et retirer les soldats canadiens des unités américaines et ils ne voulaient pas empêcher que des pilotes canadiens peut-être basés avec des escadres américaines fournissent un appui aérien aux unités américaines qui pouvaient avoir besoin d'un tel appui à cause du danger des armes à sous-munitions. Ils n'ont pas soulevé la moindre de ces préoccupations, même quand cette convention était en négociation à l'époque. Au beau milieu des combats, la plupart d'entre eux voulaient servir nos troupes le mieux possible; ils voulaient que nos troupes réussissent. Ils savaient très bien, et l'ont appris rapidement, qu'ils avaient envoyé les Forces canadiennes en Afghanistan sous-équipées, sans les bons uniformes, les bons véhicules, la mobilité voulue et le transport stratégique tactique, que notre pays, avec sa tradition de corps expéditionnaire, aurait dû toujours avoir. Ils en étaient gênés et on le leur a reproché et ils devront assumer pendant le reste de leur histoire le bilan d'une décennie de noirceur et du plus bas niveau de soutien consenti aux Forces canadiennes.
Quoi qu'il en soit, sur cette question des armes à sous-munitions et des exceptions, l'hypocrisie dont nous avons été témoins ce soir est stupéfiante. Les députés de ce parti voulaient que nous dirigions la première mission de combat de l'OTAN dans l'un des théâtres d'opérations les plus difficiles qu'on puisse imaginer, et ils veulent maintenant entraver ces mêmes forces en les empêchant de travailler en étroite collaboration avec leurs collègues américains. Ce parti veut entraver nos forces et les empêcher d'être de bons alliés, ils veulent nous empêcher d'être l'un des rares pays qui n'ont aucune de ces restrictions et qui ne reculent pas devant le combat quand c'est nécessaire, autorisé et juste. Les propos tenus par le député de plaident en faveur de notre projet de loi, probablement plus que tout ce que je m'apprête à dire. C'est le bon projet de loi pour régir notre participation à la Convention sur les armes à sous-munitions à cette étape de notre histoire, tandis que les États-Unis empruntent encore une voie différente.
Permettez-moi de dire quelques mots sur cette importante mesure législative du point de vue du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes. N'oublions pas les actions des membres des Forces canadiennes en sol canadien et à l'étranger, qui les amènent à être en contact avec les Canadiens des trois côtes et d'un bout à l'autre de notre grand pays. Ils sont en contact avec nos alliés, avec beaucoup de pays dont le député de a parlé. Beaucoup de ces pays ont envoyé des contingents en Afghanistan, mais ils n'avaient pas la taille, la portée ou la capacité nécessaire pour accomplir les lourdes tâches accomplies par des pays comme le Canada.
Au cours de la dernière année, nos troupes sont intervenues dans le cas de catastrophes naturelles, comme les inondations au Québec et dans les Prairies, les feux de forêt en Colombie-Britannique et un ouragan au Canada atlantique. Elles appuient les organismes d'application de la loi, au besoin. Elles patrouillent dans l'Arctique et accomplissent des missions de recherche et sauvetage. Presque toutes les semaines, nous parlons de ces missions à la Chambre des communes. Nos troupes accomplissent leur mission dans les endroits les plus inhospitaliers et les climats les plus rigoureux qui existent sur Terre.
À l'étranger, nos militaires ont participé activement à la mission en Afghanistan, d'abord en protégeant Kaboul, la capitale, tandis que nos alliés menaient une autre opération en Irak. Deuxièmement, ils ont combattu à Kandahar, amenant les forces de l'OTAN à atteindre une cadence des opérations inédite dans l'histoire de l'alliance. Actuellement, ils s'occupent de la formation des Forces de sécurité nationale afghanes.
Les forces ont protégé les civils en Libye. Elles participent à des opérations de lutte contre le trafic de stupéfiants dans le bassin des Caraïbes et l'Est de l'océan Pacifique. Elles aident à assurer la sécurité du transport maritime dans la mer d'Oman. Souvenons-nous du NCSM Toronto et des saisies de quantités sans précédent d'héroïne, d'opium et de haschisch, ce que les marines alliées ne sont jamais parvenues à faire.
Nous participons aussi à diverses missions internationales, notamment à Chypre, sur le plateau du Golan et au Soudan du Sud. De plus en plus, les forces se trouvent à travailler dans des théâtres d'opérations complexes, de nature délicate, qui posent des défis d'ordre juridique. Dans beaucoup de ces États et de ces sociétés, la primauté du droit est inexistante lorsque les missions sont entreprises. C'est pourquoi les Forces canadiennes et, forcément, les nouvelles autorités de bon nombre de ces pays s'en remettent au droit international, y compris aux conventions, aux accords et à d'autres traités, pour les guider dans leurs actions.
L'un de ces traités est la Convention sur les armes à sous-munitions, que le Canada a signée de bonne foi il y a quatre ans et demi. Le projet de loi dont nous sommes saisis permettrait au Canada de ratifier ce traité. Toutefois, même si la convention n'est pas encore en vigueur au Canada — et c'est là un élément essentiel — le ministère de la Défense nationale et les Forces canadiennes ont déjà pris des mesures concrètes pour respecter l'esprit du traité.
Premièrement, il importe de reconnaître que les Forces canadiennes n'ont jamais utilisé de telles armes dans le cadre de leurs opérations. Rien de ce que nous disons aujourd'hui ne mérite plus d'être répété que ce fait. Malgré leur succès dans les guerres mondiales, les opérations de maintien de la paix et leurs missions en Corée et en Afghanistan, les Forces canadiennes n'ont jamais utilisé d'armes à sous-munitions. Trois ans avant la signature de la convention par le Canada, les Forces canadiennes avaient déjà commencé à éliminer graduellement de leurs stocks d'armes opérationnelles les armes à sous-munitions qui étaient demeurées inutilisées. Peu de temps après, les forces ont entrepris la destruction de la totalité de ces armes en leur possession, un processus qui sera bientôt terminé étant donné que Travaux publics et Services gouvernementaux Canada a publié le dernier appel d'offres pour la destruction des stocks qui nous restent.
Pendant que ce processus de destruction des stocks était en cours, le chef d'état-major de la Défense a mis en évidence la position des Forces canadiennes sur ces armes en interdisant leur utilisation dans n'importe quelle opération militaire. Le fait que tout ait eu lieu avant même que le Canada ne signe la convention témoigne de notre engagement et de celui des Forces canadiennes à l'égard des objectifs de la convention.
[Français]
C'est parce que nous reconnaissons que le type de coopération internationale qui mène à des accords comme la convention engendre un monde plus sécuritaire et mène, par ricochet, à une plus grande sécurité pour le Canada.
[Traduction]
Les Forces canadiennes ont toujours ardemment défendu le régime de contrôle des armements et de désarmement. Il aide au maintien de l'ordre et de la paix dans le monde, et réduit le recours aux opérations militaires.
[Français]
Mais bien entendu, ce genre de coopération internationale requiert plus que la signature de traités et va plus loin que les initiatives de coopération dans le domaine du contrôle des armements.
Durant plusieurs décennies, le Canada s'est posé comme défenseur des efforts multilatéraux de sécurité. La stratégie de défense « Le Canada d'abord » met en évidence l'importance d'une telle coopération dans le contexte actuel.
[Traduction]
Les partenariats et la coopération avec tous nos alliés constituent également une priorité pour les pays membres de l'OTAN, et pour les autres pays.
[Français]
Il est clair que la coopération internationale dans le domaine de la défense demeurera une pierre angulaire de la sécurité du Canada pour des années à venir.
[Traduction]
J'aimerais comparer cette vision de la sécurité à celle de nos nombreux partenaires. Il y a les États-Unis, ici, en Amérique du Nord, mais il y a des dizaines de pays membres de l'OTAN, et d'autres, qui collaborent activement avec le Canada au maintien de la sécurité. Le député de a dit que le gouvernement répondait à une sorte de pression impériale. Je me tourne vers l'Europe, vers nos voisins du sud, vers l'Asie, et je ne vois pas, et je crois qu'aucun député de ce côté de la Chambre ne sent ce pouvoir impérial auquel devrait se soumettre le Canada.
C'est pour cette raison que nous continuerons de rappeler à la Chambre et aux Canadiens que nous parlons de la réalité d'aujourd'hui, et non pas des inquiétudes des années 1920 ou 1950 ni d'une question d'intérêt historique. Nous parlons de la sécurité actuelle du Canada, de nos partenariats et de la coopération à l'échelle mondiale, et de nos obligations internationales en matière de contrôle des armements et de désarmement.
[Français]
Comme je l'ai déjà mentionné, la coopération internationale dans le domaine de la sécurité comporte plus que des traités. Elle englobe des domaines comme la recherche collaborative, le développement, l'entraînement, le partage de renseignements et les opérations conjointes.
Ces efforts aident les Forces armées canadiennes à protéger la sécurité du Canada, car dans le monde complexe d'aujourd'hui, les pays ne peuvent contrer la plupart des menaces à eux seuls.
Dans cet environnement volatile le Canada dispose d'un proche allié. Pendant des décennies, les Forces canadiennes et américaines ont travaillé côte à côte pour protéger la sécurité de nos deux pays et pour promouvoir la stabilité mondiale. C'est pourquoi, dans la stratégie de défense « Le Canada d'abord », il est inscrit que les Forces armées canadiennes ont le devoir de renforcer cette coopération de longue date en demeurant un partenaire solide et fiable dans la défense de l'Amérique du Nord.
[Traduction]
Je pourrais bien demander au député de s'il connaît l'histoire de son propre parti.
C'est le Parti libéral du Canada qui a conclu l'Accord sur la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord. Nous sommes un petit partenaire, mais nous visons l'objectif général de défendre l'Amérique du Nord, et nous l'avons accepté de plein gré. Le gouvernement actuel appuie cette alliance tout autant que le faisait le gouvernement libéral. Il ne s'agit toutefois pas de céder notre souveraineté, mais de défendre plus efficacement la paix et nos intérêts, en collaboration avec nos alliés. C'est ce que nous avons toujours fait.
[Français]
La stratégie fait aussi appel aux forces pour qu'elles coopèrent avec nos partenaires et alliés, y compris les États-Unis, afin d'encourager la sécurité internationale.
Notre collaboration de longue date avec nos amis américains a porté fruit au fil des années. Elle nous a permis d'accéder à des informations importantes, de dialoguer avec des décideurs clés et d'améliorer nos propres capacités militaires, et elle a permis à nos industries de la défense de collaborer de façon plus efficace.
[Traduction]
Et bien sûr, elle permet d'exporter vers les États-Unis et ailleurs.
Cette relation mérite d'être préservée. Ce facteur a été prioritaire pour le Canada lors de la négociation de la Convention sur les armes à sous-munitions. Voilà pourquoi le Canada s'est fait le champion de la disposition portant sur la coopération militaire des États signataires avec des pays, comme les États-Unis, qui ne sont pas parties à l'accord.
Cette disposition, soit l'article 21 de la convention — que reflète le projet de loi —, permet de trouver un juste équilibre entre, d'une part, les principes humanitaires auxquels nous sommes entièrement attachés et, d'autre part, nos impératifs de sécurité. Elle nous permet de coopérer de façon significative avec nos partenaires qui n'ont pas encore signé l'entente, et correspond tout à fait aux obligations humanitaires que le Canada a accepté d'assumer aux termes de la convention. C'est par contre un aspect que l'on pourrait renforcer. Malgré ce qu'en disent ceux d'en face, nous nous conformons entièrement aux dispositions de la convention.
Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui reflète l'interprétation que le Canada fait de cette disposition. Il permet à notre armée d'être tout à fait interopérable avec celle des États-Unis. Il préserve les liaisons et échanges précieux que les Forces armées canadiennes ont avec notre plus grand allié. Ainsi, à l'occasion de combats, les Forces canadiennes ne seraient pas obligées de se séparer d'unités américaines au simple motif que des armes à sous-munitions pourraient être utilisées.
Bien sûr, les membres des Forces canadiennes ne les utiliseraient pas et ne participeraient pas directement aux opérations en cause. Bien sûr, nos unités ne s'en serviraient pas, car ce serait violer nos obligations aux termes de la convention. Devrions-nous toutefois abandonner nos collègues américains en Afghanistan ou dans une autre mission de combat, simplement parce qu'une limite juridique n'est pas respectée?
L'interopérabilité entre nos deux nations reste essentielle à la défense et à la sécurité du Canada. Et cela est plus important aujourd'hui, en 2013, que jamais. Chaque sou compte. Chaque soldat compte. Il faut tirer parti de toutes les capacités, chez nous, au sein de l'OTAN et dans toutes les opérations menées de par le monde.
L'article 21 de la convention, dont tient compte le projet de loi , offre à nos soldats la protection juridique nécessaire pour continuer de coopérer avec des États non signataires, sans risque de mesures disciplinaires ou de poursuites. Cette protection s'applique à la participation à des opérations militaires conjointes et à des exercices multinationaux, à la formation et à la coopération militaire en dehors des champs de bataille. En fait, ce type de coopération est partie intégrante de l'action que mènent nos militaires.
Ceci étant dit, cela ne nuira en rien à notre engagement de satisfaire à toutes nos obligations en vertu de la convention. En tout temps et dans le cadre de toutes les opérations, les Forces armées canadiennes seront toujours tenues de respecter les obligations qui visent à interdire d'autoriser toute attaque aveugle ou d'y participer, y compris celles où l'on a recours à des armes à sous-munitions, que les forces agissent de façon indépendante ou en collaboration avec des partenaires étrangers.
En termes simples, dans des circonstances où le choix des munitions utilisées relève exclusivement des Forces armées canadiennes, aucun membre des Forces armées canadiennes n'utilisera directement une arme à sous-munitions ou ne demandera explicitement qu'on y ait recours. En fait, pendant la mise en oeuvre, le chef d'état-major de la Défense publiera des directives supplémentaires pour s'assurer que cela est entièrement appliqué dans la pratique.
Ces directives militaires interdiraient expressément aux militaires canadiens qui participent à des opérations interarmées avec des forces armées alliées d'utiliser des armes à sous-munitions et de donner ou de recevoir de la formation sur leur utilisation. Les directives interdiront aussi aux Forces armées canadiennes ou aux tierces parties qui sont sous leur commandement de transporter des armes à sous-munitions.
La question que nous posons à l'opposition est la suivante: en quoi ces mesures de protection peuvent-elles être insuffisantes? L'opposition pense-t-elle que le pharisaïsme dont elle fait preuve aujourd'hui pourra faire disparaître comme par enchantement la réalité, c'est-à-dire qu'il existe une politique différente aux États-Unis, un pays qui se trouve à être notre allié le plus important? En réalité, ces restrictions, qui seraient mises en oeuvre dès la ratification de la convention par le Canada, dépasseraient les exigences de la convention.
En conclusion, les Forces armées canadiennes respectent nos obligations nationales sur les plans juridique et humanitaire, quel que soit l'endroit où elles sont déployées. Leurs obligations en vertu de la convention font partie intégrante de cet engagement à facettes multiples. Comme je l'ai dit d'entrée de jeu, le ministère de la Défense nationale a déjà interdit l'utilisation des armes à sous-munitions dans le cadre de nos propres opérations. Nous les avons retirées du service actif. Nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour détruire nos stocks restants.
Le Canada maintient son engagement à l'égard de la ratification de la Convention sur les armes à sous-munitions et, au bout du compte, de son universalisation. Qu'est-ce que cela signifie? Cela signifie que nous voulons que tous les pays deviennent des États parties à cette convention, y compris les États-Unis. Nous en ferons la promotion. Nous ferons de la sensibilisation. Nous ferons appel à la diplomatie pour atteindre cet objectif. Nous reconnaissons que, ce faisant, nous consolidons nos efforts globaux pour promouvoir la sécurité nationale et internationale. Nous sommes aussi conscients du fait que cet engagement à l'égard de notre sécurité collective ne peut être honoré qu'en étroite collaboration avec nos partenaires et alliés, dont certains n'ont toujours pas signé la convention.
Cela étant dit, d'ici à ce que cet objectif d'universalisation ait été atteint, le projet de loi dont nous sommes saisis ménage le bon équilibre pour faire en sorte que nous honorions nos obligations sous le régime de la convention, tout en nous permettant de rester un partenaire fort et fiable dans la quête de la paix et de la sécurité tant au pays qu'à l'étranger. En conséquence, j'exhorte mes collègues à appuyer cet important projet de loi pour que nous puissions passer aux prochaines étapes de la phase cruciale de mise en oeuvre.
Permettez-moi de terminer avec deux points personnels. Nous vivons dans un monde dangereux. J'ai moi-même eu l'expérience des armes à sous-munitions dans le plus récent théâtre des opérations des Forces canadiennes en Afghanistan.
L'exception prévue dans ce projet de loi n'est pas une abstraction. Nous ne devrions pas en débattre d'un point de vue purement juridique. Nous en avons vraiment besoin.
Lorsque nous parcourions les collines et les vallées d'Afghanistan, il est arrivé plus d'une fois que quelqu'un fasse un pas sur un rocher, qu'il regarde dans le vide et qu'il voit ce qui semblait être un endroit éloigné, mais où des moutons, des gens, des bergers et des voyageurs passaient néanmoins, et où il restait des armes à sous-munitions qu'avaient laissées tantôt l'Union soviétique, tantôt les États-Unis.
Je n'ai jamais été témoin des atrocités que ces restes explosifs de guerre ont causées aux familles et aux villages afghans. Fort heureusement, les personnes qui voyageaient avec moi ont toujours repéré et évité les petits explosifs de la taille d'une balle de tennis au pouvoir destructeur.
Cela dit, ils étaient utilisés, non seulement par des pays que nous considérions jadis comme des ennemis, comme l'Union soviétique, non seulement par la Chine et son pouvoir militaire grandissant, mais aussi par les États-Unis. Nous pourrions regretter de l'avoir fait, mais nous l'avons néanmoins fait. Je garantie que c'est arrivé dans des unités dans lesquelles les Canadiens étaient activement intégrés, avaient été intégrés ou devaient l'être par la suite.
Compte tenu de nos liens de partenariat avec les États-Unis dans le domaine militaire, et des liens de l'OTAN avec les États-Unis dans le domaine militaire en Afghanistan et ailleurs, il serait honteux et scandaleux, de notre part, de refuser cet esprit de camaraderie, cette forme de développement professionnel et de participation — car il y a aussi des soldats américains intégrés dans nos unités — tout simplement à cause d'une arme particulière qu'ils ont pu utiliser à l'occasion en Afghanistan.
Croyez-moi, je n'ai vu aucun cas, dans les missions des Nations Unies en Afghanistan — et nous les avons étudiées minutieusement — où des armes à sous-munitions auraient été utilisées par erreur contre des cibles civiles. J'espère qu'elles ne l'ont pas été. Les munitions que nous avons trouvées dans les montagnes avaient été laissées là par les pilotes qui avaient déchargé leurs munitions avant de regagner leur porte-avion ou leur base; ils croyaient ces stocks détruits et sans danger pour qui que ce soit.
Nous avons tous des débris de guerre explosifs dont nous devons nous occuper. Nous nous en occupons. Le Canada a toujours été l'un des protagonistes du financement des programmes de déminage et de destruction de grandes quantités de munitions inutiles en Afghanistan, dans le but de renforcer la sécurité dans ce pays déchiré par la guerre. Cependant, nous ne devons pas nous encombrer d'une obligation totalement ridicule, qui nous empêcherait d'intégrer nos militaires aux unités américaines, tout simplement parce que les États-Unis, sur cette question, ont un avis différent du nôtre — un avis moins avancé, diront certains — quant à l'adhésion à cette convention, mais un avis conforme à leur pouvoir décisionnel, conforme à leur propre souveraineté et conforme à leur rôle militaire dans le monde.
De notre côté, nous espérons que le projet de loi sera adopté. Nous espérons qu'on va nous comprendre. Nous savons que les Canadiens souhaitent la poursuite de ce partenariat avec les États-Unis. Nous espérons que l'opposition, en particulier le Parti libéral, finira par comprendre que les députés, en s'en tenant aux beaux discours qu'ils nous ont servis ce soir, vont à l'encontre même d'une décision qu'ils ont prise...
:
Monsieur le Président, je viens tout juste d'écouter le secrétaire parlementaire se contorsionner dans sa logique tordue. Il ressemblait davantage à une meneuse de claques pro-armes à sous-munitions qu'à quelqu'un qui s'y oppose. Il a passé la majeure partie de son discours à justifier les endroits où il pourrait être nécessaire de les utiliser dans l'intérêt d'une puissance supérieure. Il semblait travailler davantage pour la NRA que pour le mouvement pacifiste.
Il n'est pas surprenant que les exceptions figurent à l'article 11, parce que 22 est un multiple de 11 et que le député adopte à l'égard des mines à dispersion une attitude digne du roman Catch 22 de Joseph Heller.
J'espérais que le débat de ce soir à ce sujet serait sérieux, parce que le pays nous regarde. Le pays avait bon espoir que nous tentions de prendre certaines mesures afin de reconquérir notre place dans la communauté internationale, comme nous l'avons fait pour le traité sur les mines terrestres quand tout le pays s'est engagé dans le dossier. Des écoliers s'étaient engagés dans le dossier. Les gens étaient fiers du Canada et de la place de chef de file que nous avions revendiquée au sein de la communauté internationale, qui était dirigée par Lady Di et, dans notre propre pays, par des gens comme la Dre Samantha Nutt et Lloyd Axworthy. Ils ont joué un rôle important et ont fait la fierté du pays.
Au lieu de cela, nous avons pris une mesure vertueuse et qui avait un grand mérite, puis nous l'avons sabotée et compromise. Nous nuisons à la communauté internationale et nous la compromettons à cause de ces exceptions.
Je m'explique.
Le secrétaire parlementaire s'esclaffe. Je crois qu'il ne se rend pas compte de la mauvaise image que ses manigances donnent de notre pays.
J'ignore s'il est responsable du sabotage. Je ne crois pas que son grade soit assez élevé pour cela. Comme il se fait tard, je vais revenir à notre sujet un instant, tandis que nous avons l'attention du secrétaire parlementaire et qu'il est encore lucide, car il pourrait recommencer son bavardage afin de nous empêcher de tenir toute forme de débat constructif.
Je vais lire l'article 6, dont je citerai quelques extraits.
L'article 6 serait approuvé par la plupart des Canadiens et les rendrait fiers que nous ayons signé cette convention en 2008. L'article 6 dit ceci:
[...] il est interdit à toute personne:
a) d’utiliser des armes à sous-munitions [...]
b) de mettre au point, de fabriquer, d’acquérir ou de posséder des armes à sous-munitions [...]
c) de déplacer des armes à sous-munitions [...]
d) d’importer ou d’exporter des armes à sous-munitions [...]
e) de tenter de commettre tout acte visé à l’un des alinéas a) à d);
f) d’aider ou d’encourager une personne à commettre un tel acte ou de lui conseiller de le faire;
g) de comploter avec une autre personne pour commettre un tel acte [...]
Tout cela semble merveilleux. Il semble on ne peut plus clair et explicite que le Canada n'aura rien à voir avec les armes à sous-munitions, qu'il s'agisse d'en fabriquer, d'en expédier, d'en exporter, d'en vendre, d'en manipuler ou d'en utiliser. Nous abandonnons ces activités.
Il semble que nous abandonnions ces activités jusqu'à ce qu'on lise les dispositions qui se trouvent un peu plus loin et qui s'étendent sur deux pages complètes. Il s'agit de l'article 11, qui dit ceci:
L’article 6 n’a pas pour effet d’interdire à la personne visée [...]
a) de diriger ou d’autoriser des activités pouvant comporter l’utilisation, l’acquisition, la possession, l’importation ou l’exportation d’armes à [sous-musiciens]
b) de demander expressément l’utilisation [...] de telles armes [...]
c) d’utiliser, d’acquérir ou de posséder de telles armes [...]
Voilà toutes les exceptions.
L'article 11 se poursuit ainsi:
L’article 6 n’a pas pour effet d’interdire à la personne qui, dans le cadre de la coopération militaire [...]
a) aide ou encourage une personne à [utiliser des munitions]
Autrement dit, cela fournit une feuille de route sur les différentes façons de participer à l'utilisation des armes à sous-musiciens.
Ai-je dit « musiciens » encore une fois? Voilà pourquoi les députés sont si hilares. Je les prie d'être indulgents envers moi, car je suis un peu contrarié; en 16 ans de carrière à la Chambre, je crois n'avoir jamais été aussi déçu.
Il y a bien des choses qui clochent avec la façon dont les choses se sont déroulées, mais ce qui est absolument tragique, selon moi, c'est que nous ratons une occasion de bien refléter la position de notre pays et de dénoncer avec vigueur les armes à sous-musiciens.
Bon, voilà que je vais le dire tout le temps maintenant.
Je souhaite invoquer le Règlement.
En tant que membre du syndicat des musiciens, mon collègue de est sans doute profondément offensé. C'est vrai qu'ils voyagent en groupes...armés de leurs instruments.
Permettez-moi de faire un retour en arrière et de recommencer en quelque sorte.
Nous devrions prendre note, comme je le fais toujours, qu'il s'agit du projet de loi « S »-10. D'entrée de jeu, laissez-moi vous dire que j'accepte très mal le fait que des projets de loi de la sorte proviennent du Sénat. Personne n'a donné le mandat aux sénateurs de présenter des lois. On ne voyait que rarement et exceptionnellement des projets de loi arriver à la Chambre en provenance du Sénat. En réalité, bien que nous ayons signé le traité en 2008, le Sénat ne l'a reçu qu'en avril 2012. Bien que les conservateurs tentent de nous faire croire à l'urgence de la situation, qu'il est nécessaire de régler cette affaire ce soir, et qu'ils ont même été jusqu'à invoquer la possibilité de clore le débat pour que cela se produise, il reste que quatre ans se sont écoulés avant qu'ils présentent le projet de loi au Sénat, sans compter la Chambre des communes.
Le Sénat l'a étudié du mois d'avril jusqu'au 6 décembre, date à laquelle le projet de loi a été présenté dans cette enceinte. Ils ont donc tergiversé pendant des mois et ont procédé à ce qu'ils font là-bas et, le 6 décembre, le projet de loi a enfin été présenté ici. Puis, le 29 mai 2013, à 1 h du matin, le secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères s'est levé et a parlé du projet de loi pendant environ huit ou dix minutes avant que l'ajournement ait lieu.
Parfois, c'est tout ce dont on a besoin de la part du secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères. Huit ou dix minutes, c'est amplement suffisant.
Nous avons eu 10 minutes de débat sur ce projet de loi, un projet de loi auquel, je crois, tout le pays s'intéresse et doit s'intéresser pour de nombreuses raisons. Mais à peine en avons-nous débattu 15 minutes qu'on nous impose une fois de plus la clôture aujourd'hui.
On se demande à quelle fréquence le gouvernement a recours à la clôture. La réponse est: à chaque étape de chaque projet de loi, on nous impose l'attribution de temps et la clôture, qui limite le débat.
Si je peux me permettre un préambule à ma critique du projet de loi, je me dois de commencer par critiquer son origine. Le projet de loi nous vient de l'autre endroit, le Sénat, qui n'a pas d'affaire à faire cela, n'a aucun mandat et que personne n'a élu. Il n'a aucune raison légitime de créer des projets de loi. Il n'a aucun droit d'en être saisi le premier et d'en autoriser le principe, et cetera. Quand la Chambre en est enfin saisie, le projet de loi a déjà sa forme établie.
J'ai écouté plusieurs observations à propos de l'article 11 au cours du débat actuel. Non seulement il permettrait une échappatoire pour que le Canada participe à l'utilisation d'armes à sous-munitions en partenariat avec d'autres pays qui ne sont pas signataires du traité, le plus évident étant les États-Unis, mais il saboterait et minerait l'intégrité de l'opération internationale tout entière.
Je ne crois pas que les gens réalisent l'ampleur de la question. Mon collègue de a judicieusement soulevé la question à savoir qui détermine notre politique étrangère. Qui dicte ce genre de chose? Ceci ne correspond pas à ce que veulent les Canadiens. Je peux assurer aux députés que s'ils consultaient les Canadiens, ne serait-ce que par l'entremise d'un débat complet, d'une trousse d'information ou d'une possibilité de rétroaction, ceux-ci serait horrifiés.
Les réalisations dont nous sommes le plus fiers ces dernières années et cette dernière décennie sont, premièrement, de ne pas être allés en Iraq. Je garantis que si le gouvernement actuel avait été au pouvoir à l'époque, nous serions intervenus en Iraq. Ça ne fait aucun doute. Deuxièmement, le traité sur les mines antipersonnel est une autre de nos réalisations qui a rendu les gens fiers d'être Canadiens.
Petit à petit, notre réputation internationale a été entachée à tel point que les commentateurs du monde entier se demandent ce qui se passe avec notre pays.
L'ancien premier ministre australien Malcolm Fraser a dit: « C'est déplorable que le gouvernement canadien, au sujet des armes à sous-munitions, ne fasse preuve d'aucun leadership à l'échelle planétaire. Son approche est timide, inappropriée et rétrograde. » Ce sont des reproches assez sévères de la part d'un ancien premier ministre d'un pays du Commonwealth
Earl Turcotte, ancien coordonnateur principal de l'action antimines au MAECI et chef de la délégation canadienne qui a négocié la Convention sur les armes à sous-munitions, a affirmé ce qui suit: « [...] La loi proposée par le Canada est la pire parmi celles de tous les pays ayant jusqu'à présent ratifié ou signé la convention. »
Nous ne sommes plus en tête du peloton. Nous ne sommes pas en tête du défilé. Nous sommes devenus les personnes qui sont derrière les éléphants avec un balai-brosse et qui suivent le défilé.
Voici ce que Paul Hannon, le directeur de Mines Action Canada, a dit: « Le Canada devrait avoir la meilleure mesure législative dans le monde. Nous devons préciser clairement qu'aucun Canadien n'aura plus jamais rien à voir avec ces armes. Cependant, à notre avis, la mesure législative est loin de répondre à ces normes. »
En tant que bon gars et boy-scouts du monde dans de nombreux domaines, nous devons relever les normes de comportement et de rendement. Cela signifie peut-être que nous devons nous tenir debout et dire ceci à nos voisins américains: « Nous sommes de votre côté. Nous sommes des frères d'armes à presque tous les égards. Cependant, si vous utilisez des armes à sous-munitions dans tel conflit, nous ne combattrons pas à votre côté. Nous avons une mesure législative dans notre pays qui ne nous permet pas d'être à proximité de ces armes. »
Cela pourrait amener à réfléchir les pays qui n'ont pas encore ratifié la convention et leur permettre de se rendre compte qu'ils auront un prix à payer s'ils ne se joignent pas aux membres de la communauté internationale qui condamnent de plus en plus ces armes à sous-munitions.
L'horreur qu'elles engendrent est bien connue et de nombreux autres intervenants en ont donné des exemples. Je suis le premier à l'admettre: je ne suis pas un expert dans le domaine des affaires étrangères, mais je crois avoir un sens inné du bien et du mal et, en l'occurrence, nous avons totalement tort. Je suis gêné par la position incarnée dans cette mesure législative, et ce n'est pas une exagération.
J'entends des bavardages là-bas. J'espère que ces députés sont fiers d'eux. J'ignore comment ils en sont venus à adopter ce point de vue. Qui tirait leurs ficelles? Qui pourrait même imaginer et concevoir l'article 11, qui contredit absolument la lettre et l'esprit de la loi?
Assurément, lorsque nous adhérons à une convention ou à un traité international, nous avons l'obligation de nous engager. Nous adhérons à la fois à la lettre et à l'esprit de la loi. Nous nous engageons à en assurer le respect, la diffusion, la promotion et la défense. C'est ainsi qu'un courant se répand, grâce au leadership de pays occidentaux industrialisés et éclairés comme le Canada, qui relèvent les normes de comportement, même dans le contexte d'un conflit armé.
Passons en revue quelques interdictions. Il est interdit « ... sachant qu'une personne a commis un tel acte ou a aidé ou encouragé une autre à le commettre, de la recevoir, de l'aider ou de l'assister... ». On en a déjà parlé. C'est tout à fait contradictoire. C'est même un acte criminel, en vertu de ce projet de loi, d'aider ou d'encourager quiconque a commis tout acte visé par la mesure, et pourtant, à l'article 11, il est clairement précisé que nous pouvons collaborer avec ceux qui se rendent coupables des actes mentionnés à l'article 6. Il n'en est pas fait mention dans la convention.
Par conséquent, nous pouvons les aider. Nous pouvons transporter le matériel pour eux. Nous pouvons le leur acheminer pour qu'ils puissent s'en servir pour bombarder des gens. Nous pouvons faire pratiquement tout pour aider et encourager nos collègues américains au sein de l'OTAN.
M. Brian Storseth: Voyons donc.
M. Chris Alexander: Ce n'est pas vrai.
M. Pat Martin: C'est l'interprétation que j'en fais. Je voudrais bien entendre mon collègue le secrétaire parlementaire dire que j'ai tort, car n'importe quel observateur objectif qui lirait ce texte comprendrait qu'il y a ici des exemptions et des échappatoires aussi grandes qu'une porte de grange. Cela tourne en dérision toute cette initiative, à la fois la lettre et l'esprit de la loi.
Sans vouloir faire de la provocation, la seule raison pour laquelle les conservateurs pourraient possiblement justifier la motion d'attribution de temps et l'imposition du bâillon à ce débat en particulier, c'est qu'ils auraient honte si les enfants et les militants du Canada entendaient parler de cela et pouvaient lire ce document minable, s'ils étaient au courant que nous allons aider ceux qui utilisent des armes à sous-munitions.
Tant pis pour notre participation au bannissement de ces armes. En fait, nous pouvons détruire nos stocks ici, mais nous sommes pleinement habilités à faire tout le nécessaire pour aider les pays qui utilisent ces armes régulièrement depuis longtemps à continuer de s'en servir.
Lorsque j'ai eu l'occasion d'aller à Genève, j'ai été témoin de l'une des choses les plus émouvantes que j'ai jamais vues. Il y a à Genève une statue d'une chaise de cuisine deux fois plus grande que le trône du Président de la Chambre. Je dirais qu'elle a probablement 30 pieds de haut, avec une patte éclatée en mille miettes. C'est devenu le symbole international des mines terrestres. Je crois que cela a capté l'imagination de toute la communauté internationale. Cela nous rappelle brutalement qu'il y a des choses que nous refusons tout simplement de tolérer.
Comme d'autres intervenants l'ont dit, le visage de la guerre a changé tellement que c'est devenu un jeu, à savoir qui est prêt à sacrifier le plus grand nombre de civils et pas nécessairement de combattants armés. Ce ne sont plus nécessairement des soldats qui se battent contre des soldats, le gagnant est celui qui est prêt à tolérer la plus grande brutalité avant de céder. Telle est la nature de la guerre et les victimes de la guerre sont plus souvent des civils et des témoins innocents.
Les armes à sous-munitions sont peut-être la pire calamité, maintenant que les mines terrestres sont en voie d'éradication et que des efforts sont déployés pour enlever les centaines de millions de mines qui ont été installées un peu partout dans le monde. Maintenant, le monde a tourné son attention vers les armes à sous-munitions pour nous débarrasser de ce fléau. Pourtant, le Canada ne fait pas sa part. Nous ne mettons pas l'épaule à la roue. Nous ne sommes pas à la hauteur et nous continuons de faillir à la tâche. Nous trahissons d'innocents civils du monde entier en ne dénonçant pas et en n'utilisant pas tous les moyens possibles pour dénoncer, empêcher, restreindre et progresser vers l'interdiction universelle de ces armes à sous-musiciens.
Par conséquent, c'est à cause de l'article 11 que nous allons voter contre le projet de loi à cette étape. Nous ne pensons même pas pouvoir l'appuyer en principe. Je suis certain que l'on jouera à des jeux politiques avec ce dossier. Les conservateurs vont publier des communiqués pour dire que le NPD a voté contre l'interdiction des armes à sous-munitions. Je suis certain qu'ils vont jouer à ce petit jeu, mais il s'agit de l'un de ces dossiers qui méritent un débat plus approfondi. Nous pouvons pointer du doigt les conservateurs qui s'agenouillent devant leur maître, quelqu'un qui tire les ficelles et leur dit de ne pas adopter le projet de loi sans y ajouter cette brèche béante.
Au comité, il y aura une tentative pour éliminer l'article 11 ou tout au moins le modifier afin qu'il ne réduise pas complètement à néant la teneur de la convention internationale sur les armes à sous-munitions. Je suis certain que cela n'arrivera peut-être même pas avant notre retour au travail à l'automne. Je doute beaucoup que nous aurons l'occasion entre aujourd'hui et l'ajournement de tenir sur ce projet de loi le débat complet qu'il mérite.
Les conservateurs ont proposé la clôture à toutes les étapes de l'étude de tous les projets de loi. Ils ont aussi manipulé les comités. Notre démocratie parlementaire est en miettes. En fait, il ne nous reste plus qu'un fac-similé de démocratie. Tous les contrepoids qui permettent de donner suite aux préoccupations légitimes exprimées par les députés autres que les parrains d'un projet de loi ont été supprimés.
Nous commençons à en avoir assez de l'attitude qu'affichent les conservateurs, à savoir que le gagnant l'emporte et tant pis pour les autres. Je m'étonne qu'ils jouent à ces petits jeux politiques mesquins avec une initiative d'une telle importance sur le plan humanitaire. Cela me déçoit et je le dis en toute sincérité. Je n'ai même pas envie de crier et de hurler à ce sujet. Cela me rend plus triste qu'en colère.
:
Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur d'intervenir ce soir pour parler d'une mesure aussi importante que le projet de loi . Je l'attends depuis 2008, et même avant.
Les propos échangés actuellement à la Chambre me laissent un peu perplexe. Non seulement il s'agit d'une bonne mesure législative, mais de plus, il est important, pour nous, de la ratifier et de la mener aux étapes ultérieures. Nous voulons préserver le rang du Canada dans le monde, ainsi que son image de pays fort. Qu'il s'agisse des mines terrestres et du traité d'Ottawa, ou des armes à sous-munitions, il est important de savoir que nous avons participé aux délibérations sur les armes à sous-munitions depuis les origines du processus d'Oslo.
En tant que député de , j'ai parfois l'impression que pour les gens qui ne connaissent pas grand-chose à la question, il n'est pas simple de peser le pour et le contre avant de se prononcer sur l'élimination des armes à sous-munitions. Je représente deux des plus grandes bases militaires tactiques de notre pays, la 4e Escadre Cold Lake d'appui tactique, et la garnison d'Edmonton.
Quand on s'adresse aux hommes et aux femmes des Forces canadiennes, on voit qu'ils approuvent cette mesure législative, car ils sont convaincus qu'on doit leur donner les meilleures armes pour cibler les ennemis, et non les civils. Mais, comme l'ont dit les députés de part et d'autre de la Chambre au cours du vigoureux débat d'aujourd'hui, les armes à sous-munitions, malheureusement, ciblent aussi des civils.
L'utilisation des armes à sous-munitions a été lourde de conséquences dans de nombreux pays, à cause de son effet intermittent. On ne peut pas demander au pays agresseur ou à une organisation terroriste de nous donner la carte des endroits où ces armes ont été utilisées, car elles sont disséminées sur une vaste zone où des enfants et des agriculteurs en seront victimes, plusieurs mois, sinon plusieurs années plus tard.
Comme je l'ai dit, je remercie ma femme d'avoir porté cette importante question à mon attention dès 2008, lorsque le problème se posait au Liban, comme il s'était déjà posé en Serbie, au Vietnam ou au Nicaragua. Lorsqu'on a eu l'occasion de rencontrer des victimes des armes à sous-munitions, de jeunes enfants qui ont ramassé une petite balle rose qu'ils prenaient pour un jouet, qui a explosé et qui leur a arraché un bras ou une jambe, on ne peut s'empêcher d'avoir un point de vue passionné sur la question. On ne peut s'empêcher de réprouver l'usage de ces armes et d'affirmer qu'il faut se battre pour faire changer les choses.
Reportons-nous à l'époque de 2008-2009, lorsque M. Turcotte négociait en notre nom en tant que membre de la délégation canadienne. Nous observions l'évolution de la situation. Nous ne savions pas s'il y aurait suffisamment de pays prêts à ratifier la convention et à la mener jusqu'à l'étape où elle se trouve aujourd'hui. On voyait, comme dans un rêve, le moment où nous allions la ratifier, avec l'appui de plus de 100 pays, ce qui nous permettrait de faire ensuite pression sur les pays qui ne l'auraient pas ratifiée.
Après examen, cette mesure législative est-elle parfaite? Correspond-elle à tout ce que nous aurions rêvé en 2008? Non.
Toutefois, elle a franchi plusieurs étapes dont je parlerai aujourd'hui, et c'est une mesure très valable. Elle aura une incidence qui fera une grande différence, en ce sens qu'elle réduira la quantité d'armes à sous-munitions utilisées dans le monde aujourd'hui. À mon avis, c'est un grand pas en avant. J'estime que quiconque s'y oppose n'a pas fait ses devoirs et n'a pas compris qu'on ne peut pas tout avoir, mais qu'on peut certainement commencer avec cette mesure, avec le traité d'Oslo. Nous pourrons progresser à partir d'ici, car c'est un excellent point de départ, non seulement pour les Canadiens, mais surtout pour les pays du tiers monde qui ont été affligés par l'utilisation dommageable des armes à sous-munitions.
Comme des députés avant moi l'ont déjà dit, le Canada a participé activement aux négociations sur la Convention sur les armes à sous-munitions, et il a été l'un des premiers pays à y adhérer, en 2008.
Au moment où nous nous préparons à rentrer dans nos circonscriptions cet été, il est extrêmement important de faire adopter cette mesure le plus rapidement possible. Le projet de loi est une étape nécessaire qui nous rapproche de la ratification.
Permettez-moi d'insister là-dessus. Lorsque j'ai entrepris mes démarches auprès du , il fallait s'assurer que le Canada ratifie ce document, qu'il continue d'affirmer sa réputation internationale en tant que chef de file dans le domaine des mines terrestres et des armes à sous-munitions. J'ai été fier de l'appui que j'ai reçu du ministre, mais il n'en reste pas moins que notre pays a connu de nombreux gouvernements minoritaires. Maintenant, nous avons finalement un gouvernement conservateur majoritaire solide et stable, ce qui nous a permis de nous attaquer à certaines de ces importantes questions.
Je suis heureux que nous siégions plus longtemps en juin, car je veux être sûr non seulement que la mesure sera adoptée à la Chambre des communes, mais qu'elle recevra aussi la sanction royale. Il importe de maintenir notre bonne réputation partout dans le monde. On s'attend à ce que les Canadiens soient des chefs de file. Et que personne à la Chambre ne vienne dire le contraire. Nous avons été les meneurs tout au long de ce processus. Nous avons été l'un des premiers pays à la table. Nous avons été l'un des premiers pays à encourager nos alliés de l'OTAN, comme l'a mentionné le secrétaire parlementaire tout à l'heure. Nous avons été l'un des instigateurs de ce mouvement. C'est à cause du sang versé par les hommes et les femmes des Forces canadiennes que nous avons cette crédibilité auprès des Américains, des Britanniques, des Australiens et de tous nos alliés. Nous pouvons leur dire que nous avons été sur le terrain et que nous voulons faire avancer les choses et éliminer les armes à sous-munitions et ratifier la convention.
Les débris de guerre explosifs, y compris ceux causés par les armes à sous-munitions, sont une sérieuse source de préoccupation humanitaire. Larguées en vol ou tirées au sol, certaines armes à sous-munitions peuvent libérer des dizaines ou même des centaines de sous-munitions plus petites qui peuvent couvrir rapidement une large superficie.
Les armes à sous-munitions représentent une grande menace pour les civils, non seulement pendant les attaques, mais surtout par après, quand elles n'explosent pas comme prévu. Les bombettes non explosées peuvent tuer et mutiler des civils longtemps après la fin des conflits, surtout dans les régions densément peuplées. Chose tragique, beaucoup de victimes des armes à sous-munitions sont des enfants innocents et inconscients. Les bombettes non explosées peuvent aussi empêcher d'avoir accès aux terres et à l'infrastructure essentielle, limitant le potentiel de développement de communautés entières.
Comme je fais campagne pour l'adoption d'un tel projet de loi depuis de nombreuses années, j'ai eu l'occasion de parler à des enfants et des agriculteurs qui se trouvaient dans leurs champs ou leurs plantations et qui ont ramassé ce qu'ils croyaient être un jouet pour s'apercevoir qu'il s'agissait d'un dispositif explosif dont ils ne se doutaient pas qu'il pouvait les mutiler grièvement.
Nous devons être fiers du travail que nous avons accompli au Canada. Nous devons être fiers du fait que nous sommes constamment parmi les dix premiers sinon les cinq premiers donateurs d'argent aux pays frappés par les mines terrestres ou les armes à sous-munitions. Nous devons être fiers de ces réalisations et de la constance de notre effort qui ne s'est pas relâché depuis 2005, 2006.
Je suis très offusqué d'entendre des députés de l'opposition dire que nous ne devons pas ratifier cette mesure parce qu'elle n'est pas parfaite et que ce n'est pas exactement ce que quelqu'un nous a dit que nous devions faire. Très franchement, à les écouter, je me rends compte que la plupart d'entre eux n'ont pas pris le temps, comme l'avait fait leur ancienne chef Alexa McDonough, de comprendre l'importance de ratifier ce traité. J'ai regardé le député de pendant qu'il parlait. Il a fait partie du même caucus que Mme McDonough. Ne lui a-t-elle pas communiqué sa passion et fait comprendre l'importance pour notre pays d'agir rapidement dans ce dossier?
L'engagement de notre gouvernement pour ce qui est de la protection des civils contre les conséquences aveugles causées par des vestiges explosifs de la guerre est bien établi, le Canada figure toujours parmi les dix pays donateurs les plus généreux et souvent même parmi les cinq premiers.
Depuis 2006, nous avons versé plus de 200 millions de dollars à plus de 250 projets dans le cadre de cet effort planétaire. Par exemple, nos efforts ont permis de verser plus de 1,5 million de dollars à l'Organisation des États américains pour appuyer le déminage au Nicaragua. Avec l'aide d'autres donateurs, nous avons ainsi aidé à enlever 179 000 mines terrestres installées pendant la guerre civile au Nicaragua durant les années 1980. En conséquence, en 2010, le Nicaragua s'est déclaré pays sans mine, ce qui faisait de l'Amérique centrale la première région à se débarrasser totalement de ses mines à la suite d'un conflit.
Nous voulons profiter de cet élan et nous sommes fiers de faire partie de l'effort international pour libérer le monde des armes à sous-munitions. Consciente du tort que les armes à sous-munitions causent aux civils, inspirée par la convention d'Ottawa, la communauté internationale a commencé en 2007 à négocier un traité qui interdirait les armes à sous-munitions. La Convention sur les armes à sous-munitions qui en résulte interdit l'utilisation, la mise au point, la production, l'acquisition, le stockage, la conservation et le transport des armes à sous-munitions.
De l'avis du gouvernement, le traité que nous avons signé et que nous voulons maintenant ratifier établit un juste équilibre entre des considérations humanitaires et la capacité des États parties de protéger leur sécurité nationale et leurs intérêts en matière de défense. En fait, la convention reflète les efforts du Canada pendant les négociations pour établir un juste équilibre entre l'engagement d'éliminer l'utilisation des armes à sous-munitions pour des raisons humanitaires et le besoin de protéger nos considérations légitimes et importantes en matière de sécurité. Le Canada n'a jamais utilisé d'armes à sous-munitions et nous aurions également été d'accord pour les interdire complètement, mais il était clair dès le début que ce n'était tout simplement pas une option réaliste.
Étant donné la position d'autres pays, il n'aurait pas été possible pour le Canada de ratifier une interdiction immédiate et complète. En effet, certains pays avec lesquels nous travaillons en collaboration sur le plan militaire n'étaient pas prêts à faire de même. Aurions-nous préféré que tous les pays signent la convention? Aurions-nous préféré que tous les pays aient la même position de principe et la même capacité que le Canada? Bien sûr que oui, mais, malheureusement, certains de nos alliés les plus proches n'ont pas signé la convention. Dans ce contexte, la meilleure façon de mettre un terme à l'utilisation des armes à sous-munitions est de permettre à des pays comme le Canada de renoncer à y avoir recours et à signer le traité, tout en maintenant leur capacité de coopérer avec les alliés qui ont décidé de ne pas adhérer à la convention.
Tout au long des phases préparatoires et au cours des négociations sur la convention — ce que l'on a appelé le « processus d'Oslo » —, un certain nombre d'États ont insisté pour que le nouveau traité contienne des dispositions leur permettant de continuer à participer efficacement à des opérations militaires conjointes avec des pays qui n'ont pas signé la convention. Nous avons négocié l'élimination éventuelle de ces armes, mais nous avons également reconnu que les États ne seraient pas tous en mesure d'adhérer immédiatement à la convention. Dans un contexte où les opérations multilatérales de coopération militaire sont essentielles à la sécurité internationale, on s'est rendu compte que cette position n'était pas exclusivement canadienne, mais que c'était aussi celle d'autres pays, en particulier nos alliés.
L'article 21 de la convention est le résultat qui découle de ce compromis. Il reconnaît que le fait de permettre aux États parties de mener des opérations de coopération militaire avec des États non parties représentait la meilleure façon d'inciter le plus grand nombre possible de pays à signer la convention. En l'absence de l'article 21, un moins grand nombre d'États possédant des armes à sous-munitions auraient accepté de se joindre à nous et se seraient engagés à éliminer leurs stocks d'armes et à cesser de les utiliser.
On a beaucoup parlé aujourd'hui des gens qui ont négocié ce traité. Mais je peux vous affirmer qu'en interrogeant ceux qui ont pris part aux séances d'information, ils sont tous du même avis que moi et estiment que l'article 21 est essentiel à la réussite du traité. Rétrospectivement, il est facile de dire que quelque chose n'allait pas; mais à l'époque, c'était le seul moyen envisageable, et pas seulement pour le Canada, mais pour l'ensemble du processus. Témoignant devant le comité des Affaires étrangères de l'autre Chambre, le a affirmé et je cite:
[...] nous devons composer avec la réalité du monde dans lequel nous vivons. Dans le cas présent, si nous avions une tolérance zéro, nous n'obtiendrions probablement aucun résultat. Je pense que ce que nous avons, c'est la certitude que le Canada ne fera pas usage de ces armes, n'en achètera pas et qu'il éliminera son stock. C'est une belle réussite; que 110 autres pays s'engagent aussi à faire de même constitue une réussite encore plus grande. Il est à espérer que chaque année, nous réussirons à ajouter un ou deux pays, ou plus, et qu'un jour, il ne sera plus nécessaire pour quelque pays que ce soit de vouloir posséder et encore moins utiliser ce genre d'armes.
Le compromis auquel permet d'arriver l'article 21 figure à l'article 11 de la loi interdisant les armes à sous-munitions. Puisque la convention prévoit le recours au droit pénal, il faut s'assurer que les membres des Forces canadiennes et les civils qui participent à des opérations de coopération militaire permises par la convention ne soient pas exposés à une responsabilité au criminel pour des activités légales qu'ils mènent au service de leur pays. Ce sont des dispenses de ces interdictions qui leur offriront la protection voulue. Notre gouvernement l'a dit clairement, il ne compromettra pas la capacité de nos soldats de faire leur travail ou d'accomplir la mission qu'on leur confie dans l'intérêt du pays.
Soyons clairs: les mesures prévues à l'article 11 n'autorisent pas des activités particulières, mais excluent celles qui pourraient être des infractions criminelles en vertu du projet de loi . Si ces exclusions n'étaient pas prévues dans la loi, une large gamme d'activités de coopération militaire que nous menons fréquemment avec nos alliés les plus proches, en particulier les États-Unis, pourraient être assujetties à une responsabilité criminelle. En fait, les États-Unis n'ont pas l'intention d'adhérer à la convention dans un avenir proche et, à ce que je sache, je ne m'attends pas à ce qu'ils le fassent. Il ne serait évidemment pas juste d'exposer les membres des Forces armées canadiennes à une responsabilité pour accomplir leur devoir au service de leur pays lorsqu'ils coopèrent à des opérations que mènent des États qui ne sont pas parties à la convention.
Pour vous donner un exemple concret remontant à quelques années seulement, si les soldats des Forces canadiennes avaient été coincés dans un échange de feu en Afghanistan, ils auraient dû faire appel au soutien aérien des États-Unis d'Amérique, leurs alliés militaires, qui auraient alors pu recourir à des armes à sous-munitions. Il n'est pas juste que les fantassins canadiens puissent être accusés de délits en vertu du code pénal parce que leurs alliés utilisent ces armes. Il ne faut pas uniquement voir cela dans un contexte de traités, mais essayer de comprendre les répercussions que cela pourrait avoir sur les hommes et les femmes sur le terrain, pour les combattants canadiens qui risquent leur vie tous les jours où ils sortent du périmètre.
Je signale que les exemptions prévues à l'article 11 se limitent soigneusement aux activités prévues par la convention elle-même et qui sont nécessaires pour assurer l'efficacité des opérations et de la collaboration militaires. Elles s'appliquent uniquement aux personnes engagées dans des activités reliées aux opérations de collaboration militaire auxquelles participe le gouvernement du Canada. Elles ne soustraient aucunement les membres des Forces armées canadiennes à l'application d'autres obligations légales applicables, y compris celles découlant du droit humanitaire international existant. La mesure créera des crimes spécifiques relativement à l'utilisation d'armes à sous-munitions, ainsi que des exceptions correspondantes. Toutefois, aucun autre acte criminel existant n'est visé par la mesure. Ce qui est un crime aujourd'hui le sera toujours quand le projet de loi sera en vigueur.
Les membres des Forces canadiennes seront entièrement assujettis aux interdictions relatives à l'utilisation des armes à sous-munitions, comme n'importe quels autres Canadiens, à moins qu'ils participent à une opération de collaboration militaire autorisée avec un État qui n'est pas partie à cette convention. Lorsque les soldats des Forces canadiennes participent à de telles opérations de collaboration, il leur est toujours interdit de recourir à des armes à sous-munitions si le choix du type d'armes à utiliser relève de leur contrôle exclusif. C'est uniquement lorsque ce choix relève partiellement ou entièrement de l'autre pays que les militaires des Forces canadiennes ne seront pas réputés avoir commis un acte criminel.
J'ai participé à ce processus dès le départ, en tant que Canadien et en tant que parlementaire. J'ai exercé des pressions sans relâche et j'ai travaillé d'arrache-pied pour m'assurer que non seulement la population canadienne, mais aussi le gouvernement du Canada, comprenne l'importance de ce processus. Et je suis très heureux de voir les efforts déployés par le gouvernement pour faire adopter rapidement cette mesure à la Chambre des communes. Nous serons en mesure d'affirmer encore une fois que le Canada a pris l'initiative. Le Canada a de nouveau affirmé son autorité morale en prenant la défense non seulement des nations, mais aussi des populations qui sont moins privilégiées et qui ont besoin de notre appui, de notre force et de nos convictions. En tant que pays, il faut continuer à montrer l'exemple dans le dossier des mines terrestres et des armes à sous-munitions.
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Monsieur le Président, j'aimerais d'abord préciser que j'ai l'honneur de partager le temps dont je dispose avec la formidable députée de , qui fait d'ailleurs un travail exceptionnel comme porte-parole adjointe aux Affaires étrangères. Au NPD, nous ne lui en serons jamais assez reconnaissants. Heureusement que nous l'avons.
Je suis heureuse de prendre la parole à propos du projet de loi . C'est certain que je préférerais parler des changements climatiques, d'investissement dans les logements sociaux ou du respect de la langue française, car ces sujets interpelleraient beaucoup plus les citoyens de ma circonscription, Québec.
Cependant, nous sommes là pour parler encore une fois de sécurité. Par contre, on ne parlera pas des 3,1 milliards de dollars perdus dans la brume et que le gouvernement est incapable de justifier. Comment, dans la lutte contre terrorisme, a-t-il pu perdre 3,1 milliards de dollars? C'est drôle parce que je ne connais personne qui perd 3,1 milliards de dollars sans raison, soit dit en passant.
Pour ce qui est du projet de loi , il est important de rappeler que les armes à sous-munitions sont des armes qui relâchent des centaines d'explosifs sur un large terrain, et ce, dans une très courte période de temps. Ils ont sur les populations civiles des effets dévastateurs qui peuvent perdurer plusieurs années après la fin d'un conflit.
L'organisation Handicap International indique sur son site Web que depuis 1965, 16 816 victimes de sous-munitions ont été enregistrées dans le monde. Seize mille huit cent seize! Cependant, de nombreux accidents n'ont pas été référencés et l'Observatoire mondial des sous-munitions estime que le nombre réel des victimes est compris entre 58 000 et 85 000. De ce nombre, ce qui est plus fascinant, voire déplorable, dois-je dire, c'est que 98 % des victimes des armes de sous-munitions seraient des civils. Quatre-vingt-dix-huit pour cent! Autant dire que ces armes visent essentiellement les civils!
En février 2007, constatant que depuis des décennies, des civils souffrent chaque fois que des armes à sous-munitions sont employées, la Norvège a lancé le processus d'Oslo. Dans le cadre de ce processus, plusieurs pays soutenant l'élaboration de nouvelles règles sur les armes à sous-munitions se sont réunis lors d'une conférence à Oslo. C'est ainsi que la Convention sur les armes à sous-munitions est née. Ce traité international de désarmement interdit totalement l'emploi, la production, le stockage et le transfert de cette catégorie d'arme, et prévoit leur enlèvement et leur destruction. C'est aussi simple que cela.
En 2008, le Canada s'est joint à 108 pays qui ont signé le traité visant à interdire les armes à sous-munitions. L'accord est entré en vigueur en 2010 et il a été ratifié par 83 pays. Malheureusement, les États-Unis, la Chine et la Russie n'ont pas participé au processus et continuent d'emmagasiner des armes à sous-munitions.
Depuis 2008, des débats importants entre le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et le ministère de la Défense nationale ont mené à la promotion par le Canada d'une position largement perçue comme étant le reflet de celle des États-Unis. Or les États-Unis détiennent le quart des réserves mondiales d'armes à sous-munitions, ce qui représente environ 4 milliards de bombes. C'est ainsi que le gouvernement canadien a retardé la ratification du traité depuis maintenant plus de quatre ans. Il a donc attendu toutes ces années sous un gouvernement majoritaire conservateur. C'est important de le dire aussi. Ce n'était pas le NPD. Oh non!
Aujourd'hui, je me lève à la Chambre pour m'opposer au projet de loi parce qu'en réalité, il ne s'agit pas d'une tentative de ratification de la Convention sur les armes à sous-munitions, mais plutôt d'une tentative d'y faire exception. C'est là toute la nuance. On doit insister sur cette nuance et bien la comprendre, malgré les derniers commentaires que j'ai entendus de la part de mes collègues d'en face.
Au cours des audiences du Sénat, de nombreux témoins ont exhorté le gouvernement fédéral à modifier la législation. En effet, selon divers experts universitaires et d'anciens responsables en matière de désarmement, le projet de loi placerait le Canada en violation de ses obligations en vertu de la Convention sur les armes à sous-munitions. C'est important de dire cela aussi.
M. Earl Turcotte, chef de la délégation canadienne qui a négocié la Convention sur les armes à sous-munitions, a démissionné pour protester contre la tentative du Canada d'imposer une loi de mise en oeuvre faible, car c'est bien ce qu'elle est. M. Turcotte a dit: « La loi proposée par le Canada est la pire parmi celles de tous les pays ayant jusqu'à présent ratifié ou signé la Convention sur les armes à sous-munitions. »
Effectivement, la loi et les peines canadiennes seront les plus faibles — on croirait entendre parler d'une loi sur les mines — comparativement à celles de tous les autres pays signataires de la convention.
Pourtant, si le gouvernement manque de bonnes raisons afin d'adopter la ligne dure face à l'utilisation des armes à sous-munitions, il devrait considérer qu'en 2006, 22 membres des Forces armées canadiennes ont été tués, et 112 autres ont été blessés en Afghanistan. En raison de quoi? En raison de mines antipersonnel, d'armes à sous-munitions et d'autres armes explosives.
Le projet de loi comporte des omissions importantes qui pourraient avoir des conséquences fatales pour les civils. En effet, si le projet de loi est adopté dans sa forme actuelle, il permettrait aux Forces armées canadiennes d'aider des pays qui n'ont pas signé la convention à utiliser des armes à sous-munitions. C'est cela la faiblesse d'un tel projet de loi. Dans certaines circonstances, les Forces canadiennes pourraient même utiliser ces armes. D'autre part, le projet ne stipule pas clairement que les investissements dans ce domaine sont prohibés.
Selon le sénateur Roméo Dallaire, le projet de loi est erroné et met les membres de l'armée canadienne dans un dilemme moral et éthique horrible. Toujours selon le sénateur Dallaire: « Le projet de loi proposé par le gouvernement ne respecte pas [...] l'esprit de la convention ».
Le projet de loi va ainsi, dans les faits, invalider la convention plutôt que de la mettre en oeuvre. Encore une fois, ce gouvernement recule. Le projet de loi S-10 contourne les dispositions du traité en permettant au Canada d'aider et même d'encourager l'utilisation des armes à sous-munitions.
Le gouvernement canadien a donc totalement laissé tomber ses responsabilités internationales et cédé à la pression des États-Unis. Pourtant, d'autres pays, comme l'Australie et la Nouvelle-Zélande, qui sont aussi des alliés des États-Unis, se sont tenus debout et ont ratifié la convention sans dérogations similaires.
D'ailleurs, l'ancien premier ministre australien Malcolm Fraser avait déclaré:
C'est malheureux que le gouvernement canadien, en ce qui concerne les armes à sous-munitions, ne fasse pas preuve de leadership sur la scène mondiale. Son approche est timide, inadéquate et régressive.
On croirait entendre parler des changements climatiques.
Ce n'est pas l'unique traité sur les armes pour lequel ce gouvernement se montre timide, inadéquat et régressif. Tout au long des négociations sur le traité international sur le commerce des armes, un accord qui vise à mettre fin au commerce mondial des armes conventionnelles, le gouvernement conservateur a maintenu une position non coopérative.
Enfin, nous n'avons pas d'autre choix, nous, au NPD, que de nous opposer au projet de loi , parce qu'il ne vise pas à ratifier la convention comme il le devrait. Il s'agit bien d'une tentative d'y faire une exception. Il s'agit pour les conservateurs de se soustraire à leurs responsabilités encore et encore. Ce n'est pas nouveau. On commence à le savoir, depuis le nombre d'années qu'ils sont là.
Les conservateurs doivent arrêter de tenter de miner les accords internationaux pour réglementer le commerce des armes. En plus de saper les efforts de paix, le commerce non réglementé des armes entraîne l'accroissement des violences dans les zones de conflits et la hausse du nombre de victimes civiles. Des centaines de milliers de personnes sont tuées tous les ans en raison des conflits armés. Or les conservateurs préfèrent se traîner les pieds, ou encore proposer un projet de loi qui est tout simplement trompeur, voire vicieux.
C'est inacceptable et j'ose espérer que le gouvernement décidera enfin de travailler avec le NPD, qui est la conscience de ce Parlement, à l'étape du comité, afin d'apporter les amendements nécessaires au projet de loi , afin qu'on puisse aller de l'avant avec cette convention, sans nécessairement prendre tous les détours, comme les conservateurs veulent le faire.
J'ai ici une donnée très intéressante: plus de la moitié des victimes des armes à sous-munitions sont des enfants, qui sont particulièrement attirés par les sous-minutions non explosées.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de parler du projet de loi, qui revêt une extrême importance.
Il est important de savoir que c'est à la Chambre des communes et en comité parlementaire que des personnes élues peuvent aider à améliorer notre contribution à la communauté internationale ainsi qu'au monde et changer les choses pour des millions de personnes.
Je trouve vraiment dommage que le projet de loi provienne du Sénat, que le gouvernement n'ait pas agi pendant quatre ans, qu'il n'ait pas demandé un débat sur le sujet ou qu'il n'ait pas demandé au Parlement d'étudier la question. Il a attendu que le Sénat décide de présenter un projet de loi, qui est inopportun dans le cas actuel. D'ailleurs, il le sera tant qu'il n'y aura pas de véritable débat à la Chambre, où des députés sont élus démocratiquement. Malheureusement, après une heure de débat, le 29 mai dernier, à une heure du matin, le gouvernement a décidé de déposer une motion d'attribution de temps. Une seule personne avait débattu du projet de loi. C'est vraiment inacceptable.
Comment peut-on ratifier une convention si on la modifie en ajoutant des amendements qui mèneront à multitude de portes de sortie? On signe une convention dans le but d'en respecter l'esprit et les principes.
Comment peut-on prétendre ratifier une convention si les amendements que l'on apporte modifient et annihilent complètement l'esprit de la convention? Il est important de répéter que le négociateur en chef du Canada a démissionné parce que la position du Canada était trop faible. Cela donne un avant-goût de la façon dont le gouvernement tente de négocier les traités.
Par exemple, en ce moment, le Canada est en train de saboter les négociations au Comité des droits de l'homme de l'ONU concernant les violences sexuelles dans les zones de conflit. Le gouvernement refuse d'adopter une motion ou veut apporter des modifications à une motion concernant les violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants dans les zones de conflit armé. Pourquoi un gouvernement s'opposerait-il à de telles négociations? Croyez-le ou non, c'est parce que ces négociations et ces discussions comportent une section sur l'avortement, le choix de reproduction et les femmes victimes de viol.
Pour des raisons simplement idéologiques, peu importe que ce soit en matière d'armes à sous-munitions, de violences sexuelles ou de commerce des armes, le Canada s'oppose à de tels principes. Un autre exemple est le commerce des armes. À plusieurs reprises, à la Chambre, le a dit que la convention était une façon de passer par la porte arrière pour réinstaurer un registre des armes à feu ou pour brimer le droit de posséder une arme à feu. C'est complètement illogique. On parle du commerce international des armes. Les seules raisons pour lesquelles le gouvernement conservateur est complètement impuissant au niveau international sont simplement idéologiques. C'est complètement inacceptable. La réputation du Canada est en train d'en prendre un sale coup.
L'ancien négociateur a démissionné parce qu'il s'agit d'une loi trop faible. Il s'agit d'une loi faible proposée par un gouvernement faible, comme c'est souvent le cas. Les bottines ne suivent pas les babines. Le gouvernement du Canada est donc faible. Malheureusement, ce sera aussi un gouvernement faible à l'ONU et au niveau international.
On s'oppose à une motion contre les violences sexuelles et au Traité sur le commerce des armes. À quoi d'autre peut-on encore s'attendre d'un gouvernement conservateur qui essaie, par la porte d'en arrière, de modifier l'esprit d'une convention qui touche des millions de personnes dans le monde?
D'ailleurs, j'ai reçu plusieurs messages sur mon iPod de gens de partout dans le monde, notamment d'un jeune homme dont j'ai la photo, Phongsavath, un survivant des armes à sous-munitions. Ce jeune homme a perdu ses deux mains. Que dira le gouvernement conservateur à ce jeune du Laos? Lui dira-t-il qu'il est désolé et que c'est parce qu'il veut protéger ses soldats?
Je trouve complètement ridicule que le gouvernement essaie de se déresponsabiliser. En 2009, l'Allemagne, la France, le Japon et le Mexique ont signé le traité. En 2010, la Grande-Bretagne a suivi, et en 2012, c'était au tour de l'Australie. Pourtant, ces pays sont tous des alliés des États-Unis et ils ont tous eu des missions de coopération avec les États-Unis. Leurs soldats ont-ils souffert parce que leur pays a signé une telle convention? Non.
Le gouvernement essaie de se déresponsabiliser et de blâmer les États-Unis et les soldats. C'est la faute de tous, sauf la sienne. En fait, on se croirait dans une cour de récréation, où on ne fait pas une chose parce que l'autre ne la fait pas. C'est complètement ridicule!
Le Canada devrait être un leader sur la scène internationale, et non un simple « suiveux » — le mouton noir, comme on dit. Pourquoi n'a-t-on pas pu avoir le même leadership que celui dont on a fait preuve pendant la négociation de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel? Qu'est-ce qui s'est passé entre-temps? On a eu un gouvernement majoritaire conservateur idéologique.
Il ne faut pas oublier qu'il y aura, le 3 juin prochain, la ratification sur le commerce des armes. Malheureusement, on ne peut pas espérer mieux de la part du gouvernement. C'est complètement incompréhensible que le Canada continue d'être une nuisance et de refuser de sauver des vies simplement parce que les États-Unis ne veulent pas signer la convention.
Un de mes honorables collègues disait qu'on donne beaucoup d'argent aux pays dont la population est victime des armes à sous-munitions. Le gouvernement voudrait laisser les armes à sous-munitions être utilisées et donner de l'argent à ces pays. C'est complètement ridicule! Tant qu'à y être, agissons pour régler le problème, ratifions la convention telle qu'elle est et essayons de convaincre les États-Unis.
Quelle serait notre crédibilité vis-à-vis des États-Unis si on annihilait l'esprit de la convention et qu'on leur demandait de la signer? Quelle serait notre crédibilité vis-à-vis des États-Unis si on adoptait le projet de loi ? C'est ridicule. La crédibilité du Canada serait anéantie.
Que peut-on espérer d'un gouvernement conservateur qui ne respecte ni l'environnement, ni les droits des travailleurs ni les droits de la personne? Le Canada est le seul pays au monde à s'être retiré de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. La crédibilité du Canada est nulle sur le plan de la négociation. Si on adopte le projet de loi tel qu'il est, cela sera indéniable.
J'ai reçu des messages provenant de plusieurs pays. On m'a dit qu'en Irak, les gens sont toujours victimes des armes à sous-munitions. Quelle serait donc notre crédibilité sur le plan international si on adoptait le projet de loi ? Elle serait nulle.
Par ailleurs, les conservateurs n'ont appuyé aucune de nos initiatives portant sur le respect des droits de la personne, par exemple, ou sur la responsabilité sociale des entreprises. Cela démontre bien leur mépris ou leur laisser-faire.
Il s'agit donc d'un projet de loi anémique, déficient, insuffisant et médiocre qui mine l'esprit d'une convention qui sauverait des vies. La Convention sur les armes à sous-munitions a pour objectif d'interdire l'utilisation de ces armes. La convention stipule que les États qui la ratifient s’engagent à ne jamais, en aucune circonstance, utiliser, mettre au point, produire ou acquérir des armes à sous-munitions.
On sait déjà que c'est parce que les États-Unis n'ont pas signé le traité.
Au fond, on rejette toute la faute sur les États-Unis. Cela démontre bien à quel point le gouvernement est déconnecté. Ces armes tuent des femmes, des enfants et des civils. Dans la majorité des cas, elles n'explosent pas lorsqu'elles sont utilisées, mais des années plus tard. Cela veut dire que dans les zones de conflits, des années après, des femmes et des enfants meurent.
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Monsieur le Président, puisqu'il est question d'idéologie, je viens juste d'entendre la plus longue tirade de 15 minutes sur l'idéologie que nous ayons entendue à la Chambre ce soir. La député ne comprend pas ce mot. Elle devrait le chercher dans le dictionnaire.
J'ai le plaisir de prendre la parole ce soir pour traiter de cette loi interdisant les armes à sous-munitions, qui permet de réaliser complètement les engagements législatifs du Canada au titre de la Convention sur les armes à sous-munitions.
Grâce au projet de loi , qui a été adopté à l'autre endroit le 4 décembre 2012, nous sommes tout près de devenir un État partie à la Convention sur les armes à sous-munitions. Notre ratification de cet important traité humanitaire enverra un signal fort quant à l'engagement inébranlable du Canada de réduire l'impact des conflits armés sur les civils innocents.
Comme d'autres l'ont signalé à juste titre, les armes à sous-munitions sont une source de grave préoccupation humanitaire pour la communauté internationale toute entière. Les armes à sous-munitions sont une forme d'armes explosives lancées du haut des airs ou à partir du sol et qui peuvent contenir et libérer ou éjecter des dizaines ou même des centaines de sous-munitions plus petites, aussi appelées bombettes, pour couvrir rapidement une vaste zone ciblée.
Les armes à sous-munitions peuvent menacer les civils, non seulement pendant les attaques, mais après coup, surtout lorsqu'elles n'explosent pas comme prévu. Les bombettes non explosées peuvent tuer et mutiler des civils des décennies après la fin des conflits et, chose tragique, beaucoup des personnes blessées par les armes à sous-munitions dans le monde sont des enfants qui prennent pour des jouets certains types de bombettes de couleur brillante. Certaines terres et infrastructures essentielles contaminées par des bombettes non explosées ne peuvent être utilisées à des fins importantes comme la culture, l'élevage et l'approvisionnement en eau. Cela bloque le développement de communautés entières qui essaient de rebâtir leur vie à la suite d'un conflit.
L'engagement du Canada de protéger les civils contre les conséquences aveugles des vestiges explosifs de la guerre, y compris les armes à sous-munitions, est bien connu et bien établi. Nous sommes fiers de faire partie de l'effort international pour débarrasser le monde des armes à sous-munitions, armes que le Canada n'a jamais produites ni utilisées dans ses opérations militaires.
Consternée par les dommages causées aux civils par les armes à sous-munitions, la communauté internationale a lancé en février 2007 une initiative connue sous le nom de processus d'Oslo en vue de négocier un traité qui interdirait les armes à sous-munitions. Les négociations ont eu lieu à l'occasion de plusieurs réunions en 2007 et en 2008 et ont débouché sur l'adoption de la Convention sur les armes à sous-munitions, à Dublin en mai 2008. La convention était prête à être signée en décembre 2008.
Le Canada a participé activement tout au long des négociations et nous avons été l'un des premiers pays à signer. Aujourd'hui, il y a 83 États parties à la convention.
Il importe de donner une idée du contexte dans lequel se sont déroulées les négociations. En dépit de ce que l'opposition voudrait nous faire croire, on a reconnu au tout début du processus d'Oslo que tous les États ne seraient pas en position de signer immédiatement et d'adhérer à la convention. On a aussi reconnu d'emblée que les opérations militaires multilatérales, qui sont cruciales pour la sécurité internationale, nécessitaient la coopération entre les états, dont ceux qui pourraient être parties à la convention et ceux qui ne le seraient pas. Et ce n'était pas seulement la position du Canada, mais aussi celle de nombre de nos alliés. Notre mandat de négociation était très clair et nous avons toujours été ouverts et transparents quant à nos intentions.
Depuis le début du processus d'Oslo, des pays, dont le Canada, ont commencé à parler d'interopérabilité militaire et de la nécessité de faire en sorte que les États parties puissent continuer de collaborer avec ceux qui ne l'étaient pas. Des déclarations fermes ont été faites en ce sens par le Canada et par d'autres pays dès la conférence de Vienne qui s'est tenue en décembre 2007, ainsi qu'à la conférence de Wellington, en février 2008, puis à celle de Dublin, en mai 2009.
Nous pensons, comme d'ailleurs bien d'autres États préoccupés au sujet de l'interopérabilité, que l'article 21 de la convention satisfait aux exigences à cet égard. Pour le Canada, autoriser son personnel militaire à mener des opérations avec les forces armées d'un État non partie à la convention, lui permet, entre autres, de maintenir le lien de coopération unique qui le lie aux États-Unis et qui lui procure des avantages incomparables aux plans de la sécurité, de la défense et de l'industrie. L'article 21 permet au Canada de se conformer aux exigences de sécurité légitimes, tout en appuyant la convention, en assumant ses obligations légales et en prônant la mondialisation de la convention. Le Canada reste d'ailleurs fermement engagé à cet objectif de mondialisation.
En gros, la Convention sur les armes à sous-munitions interdit l'emploi, la mise au point, la production, l'acquisition, le stockage et le transfert d'armes à sous-munitions. Elle interdit par ailleurs d'aider et d'encourager quiconque à commettre un acte prohibé.
Le projet de loi interdirait l'emploi, la mise au point, la fabrication, l'acquisition, la possession et le déplacement à l'étranger ainsi que l'importation et l'exportation d'armes à sous-munitions. Il interdirait également le stockage de ces armes en sol canadien ainsi que leur possession sous toutes ses formes. Il interdirait enfin d'encourager quiconque à commettre un acte prohibé, notamment d'investir directement dans la production de telles armes.
Il va sans dire que le Canada s'acquitte pleinement de ses obligations, aussi bien dans le principe que dans l'application.
Il est important de remarquer que le projet de loi met en oeuvre les parties de la convention qui exigent une loi du Canada. La convention impose au Canada, en tant qu'État partie, un certain nombre d'obligations, notamment celle de soumettre les personnes sur son territoire aux mêmes interdictions qui s'appliquent aux autres États parties.
À cette fin, le projet de loi énonce une série d'interdictions et d'infractions, et donne les définitions techniques nécessaires à l'instruction des cas d'infraction, et aux poursuites auxquelles ils donnent lieu. La loi prévoit également des exceptions conformes aux exclusions partielles qui figurent dans la convention, pour permettre l'utilisation à des fins légitimes, comme la coopération militaire entre les États parties et les États qui ne le sont pas, la recherche de défense, l'entraînement et le transport des stocks à des fins de destruction.
Comme je l'ai indiqué, l'article 11 énonce les exceptions qui assurent à notre personnel militaire la protection juridique nécessaire pour collaborer avec des forces armées d'États qui ne sont pas parties à la convention. Ces exceptions sont essentielles pour permettre au Canada de poursuivre sa participation à la coopération militaire et aux opérations multinationales avec des États qui ne sont pas parties à la convention, et pour maintenir ainsi son rang au niveau international.
Le gouvernement n'a pas à s'excuser de protéger nos militaires, hommes et femmes, pour éviter qu'ils ne s'exposent à des poursuites criminelles en faisant ce qu'on leur demande quotidiennement de faire.
Néanmoins, il convient d'insister sur le fait qu'il reste interdit aux membres des Forces canadiennes d'utiliser des armes à sous-munitions dans les opérations des Forces canadiennes ou d'imposer leur utilisation lorsque le choix des munitions à employer relève exclusivement de leur commandement.
En outre, les Forces canadiennes ont pour politique d'interdire à leurs membres d'utiliser les armes à sous-munitions et d'instruire d'autres militaires sur l'utilisation de ces armes lorsqu'ils participent à des échanges avec les forces armées d'un autre État. La même politique interdit le transport des armes à sous-munitions dans des véhicules appartenant aux Forces canadiennes ou placées sous leur commandement.
En réponse à des questions posées à l'autre endroit, j'aimerais maintenant expliquer brièvement pourquoi certains termes utilisés dans le projet de loi diffèrent de ceux de la convention. C'est simplement le résultat de l'indispensable transfert dans la terminologie juridique du Canada du langage utilisé dans le traité multilatéral. Il faut, en effet, se conformer à la charte canadienne ainsi qu'aux normes législatives de clarté et de certitude qu'exigent les tribunaux canadiens. C'est pourquoi il n'était pas souhaitable d'adopter certains amendements proposés par les sénateurs dans le cadre de leurs délibérations sur le projet de loi S-10.
Tout d'abord, plusieurs de ces amendements demandaient qu'on ajoute le mot « transfert » aux définitions et aux interdictions. Au sens où il est employé dans la convention, le mot « transfert » impose l'interdiction du déplacement matériel des armes à sous-munitions d'un État à un autre, lorsqu'il implique un transfert du droit de propriété et du contrôle de ces armes.
L'utilisation d'une telle définition posait des problèmes d'interprétation au plan intérieur, car le mot « transfert » figure déjà dans de nombreuses lois canadiennes, avec un sens différent.
C'est pourquoi on a plutôt utilisé le verbe « déplacer ». Le fait de déplacer des armes à sous-munitions d'un État ou d'un territoire étranger à un autre constitue une infraction s'il vise à transférer le droit de propriété et le contrôle sur ces armes, ce qui est conforme à notre droit criminel et qui facilite les poursuites. Les déplacements à l'intérieur et à l'extérieur du Canada sont couverts par les infractions concernant l'importation et l'exportation d'armes.
Un autre amendement proposait d'ériger en infraction le fait pour une personne d'investir sciemment dans une entreprise qui fabrique des armes à sous-munitions. Cela est déjà couvert par le projet de loi, étant donné que les investissements directs et intentionnels dans une entité commerciale qui fabrique des armes à sous-munitions sont visés par l'interdiction d'aider et d'encourager. Ces termes sont clairs dans le droit pénal canadien, et ils visent toute forme d'investissement qui implique une proximité suffisante avec la fabrication concrète des armes et, bien entendu, l'intention criminelle. Selon le libellé actuel du projet de loi, le fait d'aider et d'encourager ou de conseiller à partir du Canada sera un délit criminel, même si l'activité en question a lieu dans un pays où cela est légal.
De même, le projet de loi aborde exhaustivement la question des stocks d'armes à sous-munitions et, par conséquent, les amendements proposés concernant cette question sont inutiles. Le projet de loi ne fait pas référence au « stockage » comme tel, parce que cela n'est pas un terme utilisé dans le droit pénal canadien. Cette notion est plutôt incluse dans le projet de loi sous le vocable « possession ». Les armes à sous-munitions peuvent transiter par le Canada dans le cadre d'une collaboration militaire, mais elles ne peuvent être stockées ici, sauf pour des raisons autorisées, comme leur destruction.
Quant à la proposition d'amendement qui exigerait du Canada qu'il informe de ses obligations en vertu de la convention le gouvernement d'un État non partie avec lequel il collabore militairement, il faut se rappeler que, sous sa forme actuelle, la mesure relève du droit pénal. Il ne serait pas souhaitable de créer des obligations ne relevant pas du droit pénal dans ce genre de texte.
L'obligation d'aviser les États non parties des obligations du Canada aux termes de la convention et de décourager leur utilisation d'armes à sous-munitions s'applique au gouvernement du Canada lorsqu'il amorce une collaboration et des opérations militaires avec ces États. Cela ne crée pas d'obligations permanentes pour les effectifs militaires. Le gouvernement du Canada doit s'acquitter de ses obligations positives en raison du traité en soi, et il a l'intention de le faire pleinement.
En ce qui a trait à la proposition d'amendement qui établirait des exigences de rapport, la convention elle-même exige déjà un rapport annuel de la part des États parties. En fait, même si le Canada n'est pas encore un État partie, je suis heureux de dire aux députés que nous avons déjà commencé à nous acquitter de cette tâche volontairement. À ce jour, nous avons déjà soumis au secrétaire général des Nations Unies deux rapports de transparence en vertu de l'article 7, qui sont accessibles au public. Présenter des rapports additionnels au Parlement pourrait nuire à nos efforts diplomatiques en vue de promouvoir la mondialisation de la convention. En l'occurrence, il ne serait pas prudent d'encourager les pays à suivre notre exemple, et ensuite, de leur faire la leçon dans notre propre Parlement.
Étant donné que la majeure partie du débat sur le projet de loi a porté sur les exceptions liées à l'interopérabilité prévue à l'article 11, je me dois d'aborder cette question spécifique.
Comme cela a déjà été expliqué, la convention elle-même requiert le recours au droit pénal. Ainsi, il est nécessaire de créer des exceptions aux interdictions établies dans cette mesure législative afin de s'assurer que les membres des Forces armées canadiennes et les civils concernés qui participent à des opérations et des activités de collaboration militaire autorisées par la convention ne soient pas tenus criminellement responsables de ces actes lorsqu'ils servent le Canada.
Les exceptions prévues à l'article 11 du projet de loi ne permettent ni n'autorisent aucune activité précise. Elles excluent simplement les activités qui y sont mentionnées des nouvelles infractions criminelles créées par la loi. Si elles n'étaient pas incluses dans la loi, des accusations pourraient être portées pour un vaste éventail d'activités de coopération militaire fréquemment pratiquées avec nos plus proches alliés qui ne sont pas partie à la convention et que ne prévoient pas la ratifier prochainement.
Il importe de souligner que ces exceptions sont autorisées par la convention même et ne s'appliquent qu'aux interdictions prévues dans le projet de loi. Elles ne soustraient nullement les membres des Forces armées canadiennes des autres obligations juridiques applicables auxquelles ils sont assujettis, y compris celles qui sont établies par le droit humanitaire international.
Même avant la présentation de ce projet de loi, le gouvernement a pris des mesures concrètes pour remplir ses engagements en vertu de la Convention sur les armes à sous-munitions. Le Canada n'a jamais produit d'armes à sous-munitions, pas plus qu'il n'en a utilisées dans ses opérations. Les Forces armées canadiennes ont amorcé le processus de destruction de toutes leurs armes à sous-munitions, et celles qu'elles avaient encore ont été retirées des stocks opérationnels et désignées comme devant être détruites.
Le Canada travaille déjà activement à promouvoir l'universalisation et la mise en oeuvre de la convention auprès de ses partenaires étrangers, et il continuera à le faire. En outre, il a déjà présenté volontairement ses rapports de transparence annuels. Toutes ces mesures ont été prises indépendamment du projet de loi et avant que le Canada ratifie la convention.
Le Canada est déterminé à supprimer les armes à sous-munitions, et le gouvernement est fier d'avoir déposé ce projet de loi qui nous permet de ratifier la Convention sur les armes à sous-munitions. Nous sommes particulièrement fiers que le Canada ait contribué à établir un équilibre essentiel entre les préoccupations humanitaires, d'une part, et les préoccupations légitimes en matière de sécurité, d'autre part, et, en fin de compte, à ouvrir la voie à la ratification de la convention par un plus grand nombre d'États que ce qui aurait été le cas autrement.
J'exhorte tous les partis à appuyer ce projet de loi, afin que nous puissions l'adopter le plus vite possible.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
En 1997, le Canada s'est démarqué mondialement en étant l'hôte des réunions sur la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.
Ces réunions importantes ont mené à la signature du traité d'Ottawa, qui a permis de réduire le nombre de victimes civiles innocentes durant et après les conflits militaires. Ce traité concernait les mines antipersonnel, mais il y a une autre menace à laquelle le Canada pourrait répondre avec un véritable leadership: les armes à sous-munitions.
L'invention est brillante: lancer une bombe qui lance des centaines de petites bombes. Pourquoi ne pas lancer juste une grosse bombe plus précise? C'est là tout le génie militaire. En se répandant sur l'équivalent de quatre terrains de football, les petites bombes qui n'explosent pas tout de suite se transforment alors en mines antipersonnel. Certains de nos soldats se font blesser par ces mines.
Au moment de l'impact initial, 98 % des victimes des armes à sous-munitions sont des civils. Comme les petites bombes arborent des couleurs vives et qu'elles restent sur place des années après le bombardement, les enfants sont les victimes par excellence après le conflit militaire.
Si le Canada s'est engagé à lutter contre les mines antipersonnel, pourquoi ne fait-il rien de concret pour combattre cette invention inhumaine? On voit où je me positionne dans cette discussion. Je m'oppose au projet de loi et je vais démontrer en quoi il n'aide en rien le contrôle des armes à sous-munitions. Quand je vois ces petites bombes, je pense à mes petits-enfants et à nos enfants qui pourraient être tués ou gravement blessés par celles-ci.
À plus forte raison, ce projet de loi semble chercher à en faciliter l'usage.
En 2008, le traité d'Oslo s'est imposé comme la suite logique du traité d'Ottawa puisqu'il visait à interdire les armes à sous-munitions. Plusieurs pays parmi les plus gros producteurs d'armes comme la Chine, les États-Unis et la Russie ont décidé de ne pas participer au processus d'Oslo. Malheureusement, il semble que le Canada ait plié devant les lobbyistes des États-Unis afin que ce projet ne se concrétise pas.
Contrairement aux États-Unis, le Canada a participé au processus d'Oslo. Plutôt que de refuser d'y prendre part, le Canada a réussi à négocier l'inclusion, au texte final de la convention, d'un article qui permet l'interopérabilité militaire continue avec les États qui ne participent pas à la convention. Cette brèche taillée dans l'article 21 de la convention ouvre la porte à ce que le pays signataire tolère le statu quo. Il va sans dire que la portée du processus d'Oslo a été grandement réduite.
L'idée d'une loi pour mettre en oeuvre la convention est excellente, mais ce que nous avons devant nous ressemble plus à une police d'assurance au bénéfice du complexe militaro-industriel. On se demande où est passée la souveraineté du Canada quand on constate que la position adoptée par le gouvernement est largement calquée sur celle des États-Unis.
Que vont dire les conservateurs? Que c'est bon pour l'économie? Quelle économie? Que diront-ils aux 50 000 victimes des armes à sous-munitions du Laos, des victimes pauvres et majoritairement civiles?
Je me demande aussi quels arguments les conservateurs vont avancer devant nos soldats qui rentrent éclopés d'Afghanistan à cause de l'usage de cet icône du savoir-faire humain.
Moi qui pensais que les conservateurs étaient tough on crime, je suis déçue qu'ils choisissent d'être mous en matière de droit international humanitaire, que les armes à sous-munitions violent carrément.
Ce droit comprend entre autres le principe de distinction, c'est-à-dire que les armes doivent viser les combattants avec une certaine précision. Je rappelle que dans le cas présent, 98 % des victimes sont civiles.
Le principe d'humanité est également violé par les armes à sous-munitions, car elles causent un tort énorme et de longue durée au milieu naturel.
D'ailleurs, entre 5 et 40 % des sous-munitions n'explosent pas lors de la déflagration initiale, ce qui occasionne obligatoirement des pertes après le conflit.
Finalement, nommons les principes d'interdiction des maux superflus et des souffrances inutiles. Après le combat, un site touché par des armes à sous-munitions fait encore des victimes. Il s'agit là de victimes innocentes, puisqu'il s'agit trop souvent d'enfants qui n'étaient peut-être même pas nés au moment du conflit.
Mais à quoi bon rappeler à quel point ces armes sont inhumaines, puisque les conservateurs nous présentent un projet de loi pour les interdire? Peut-être, simplement, ce projet de loi ne vise-t-il pas vraiment à les interdire.
Sous le couvert d'une mise en oeuvre de la convention, le projet de loi est plutôt l'affirmation que les conservateurs ont choisi leur camp, celui des massacres inutiles.
Tough on crime? Pro-vie, vraiment?
Il y a de quoi rire. Voilà de biens beaux slogans qui n'arrivent pas à cacher la mollesse des conservateurs quand ça compte vraiment. Moi, je vois plutôt un groupe à la pensée étroite qui se couche devant les demandes des États-Unis pour ne pas avoir à affronter sa propre conscience.
Je ne suis pas la seule à le penser. L'ancien premier ministre d'Australie, Malcolm Fraser, a dit qu'il était malheureux que le gouvernement canadien actuel, en ce qui concerne les armes à sous-munitions, ne fasse pas preuve de leadership sur la scène mondiale. Il a ajouté que son approche était timide, inadéquate et régressive.
Puisque les conservateurs ont depuis longtemps choisi d'être les laquais des grandes puissances, leur flagornerie finira par percer leur image de durs à cuire. Ce sera vrai pour les changements climatiques et les sables bitumineux, l'économie canadienne qu'ils minent de façon éhontée et maintenant la réputation internationale du Canada.
Mais ils ne nous entraîneront pas dans leur chute. Le Canada, grand et fort, saura bien assez vite leur montrer la porte.
On dira que je ratisse large, mais à mon avis, ce projet de loi en dit long sur la façon de faire de ce gouvernement en matière de législation. Tout est vite fait, facile, paresseux et efficace pour plaire aux copains. Le projet de loi n'est pas une peccadille, mais on a très peu de temps pour discuter de ce projet de loi.
Earl Turcotte, ancien coordonnateur du programme Mine Action du MAECI, était à la tête de la délégation canadienne qui a négocié la convention. Il a démissionné devant la tentative du gouvernement d'imposer une loi de mise en oeuvre faiblarde en disant que « la loi proposée est la pire parmi celles de tous les pays ayant jusqu'à présent ratifié ou signé la convention. » La pire! Ce n'est pas la deuxième « moins pire », la meilleure « pas pire » ou la quatorzième en lice, mais la pire.
Là-dessus, je pense que je n'ai rien à ajouter sinon que le zèle disproportionné que met ce gouvernement à financer ou promouvoir son parti aurait tout avantage à être placé dans une saine approche de la législation. Les lois ont besoin de temps et d'études, et leurs objectifs doivent aider les gens. Il ne suffit pas de quelques heures pour discuter d'un projet de loi si important. Il ne faut surtout pas dire que c'est pour protéger les enfants.
Voilà autant de cibles que le projet de loi ne rejoint pas, car il est aussi désastreux qu'une arme à sous-munitions.
J'espère que les députés d'en face comprennent qu'il y a aura des dommages collatéraux.
:
Monsieur le Président, nous examinons ce soir un projet de loi qui nous vient du Sénat, le projet de loi , une loi de mise en oeuvre de la Convention sur les armes à sous-munitions.
Depuis quelques semaines déjà, nous sommes ici, réunis tard le soir, pour débattre des projets de loi dont le gouvernement conservateur désire pousser l'adoption. Bien que nous, de l'opposition officielle, soyons fiers de nous lever pour représenter les intérêts de nos concitoyens, pour poser des questions de fond et pour proposer de meilleures solutions ou des amendements concrets, je souhaite souligner que le processus par lequel nous venons parler du projet de loi ce soir est inacceptable.
En effet, le gouvernement conservateur force la main au Parlement pour faire approuver ses projets de loi le plus vite possible à l'aide de motions d'attribution de temps — la 45e aujourd'hui — et de multiples votes de dernière minute.
Qu'est-il advenu du temps traditionnellement alloué aux débats, des études approfondies et non partisanes aux comités parlementaires et des consultations gouvernementales avec des experts nationaux et internationaux? Toutes ces étapes sont essentielles au processus démocratique d'élaboration de lois, et ce, avant de solliciter le vote aux Communes. Je soulève ces points procéduraux au nom de mes collègues du NPD et du mien, car nous tenterons d'amender le projet de loi en comité.
Nous nous opposons au projet de loi tel qu'il est, car bien que son titre semble l'indiquer, en réalité, il ne sert pas à mettre en oeuvre la Convention sur les armes à sous-munitions, mais bien à l'anéantir. Le projet de loi S-10 sert à opposer le Canada aux 110 autres pays signataires de la convention, que 68 ont déjà ratifiée. Ce projet de loi servira de cachette au gouvernement conservateur. C'est une tentative de faire exception à la convention. Le NPD ne peut se mettre derrière une approche qui est, dans les mots de l'ancien premier ministre australien Malcolm Fraser, une approche timide, inadéquate et régressive.
Pour que tous mes collègues députés de cette Chambre soient informés à parts égales sur le sujet des armes à sous-munitions, tout comme mes concitoyens, je passe à la définition des termes. La Convention sur les armes à sous-munitions est un traité international humanitaire et de désarmement qui interdit totalement l'emploi, la production, le stockage et le transfert de cette catégorie d'armes et qui prévoit leur enlèvement et leur destruction.
Les 111 États qui ont souscrit à la Déclaration de Wellington ont participé à la réunion de Dublin, en Irlande, soutenant ainsi le projet de convention. Ces États incluent le Canada. Le texte de la convention a été adopté le 30 mai 2008 et le Canada a signé la convention le 3 décembre 2008. Ce faisant, le Canada s'est engagé à plusieurs choses.
Il s'est engagé notamment à ne pas employer d'armes à sous-munitions; à ne pas mettre au point, produire, acquérir, stocker, conserver ou transférer des armes à sous-munitions; et à ne pas assister, encourager ou inciter quiconque à s'engager dans une activité interdite à un État partie en vertu de la convention.
Il s'est également engagé à détruire les armes à sous-munitions en sa possession, au plus tard huit ans après l'entrée en vigueur de la convention; et à enlever et détruire le reste des armes à sous-munitions situées dans les zones contaminées par les armes à sous-munitions, ou à veiller à leur enlèvement et à leur destruction.
De plus, il devra fournir une assistance aux victimes d'armes à sous-munitions dans les zones sous sa juridiction, fournir une assistance aux autres États parties afin que ceux-ci se conforment aux dispositions de la convention et prendre toutes les mesures législatives nécessaires afin de mettre en oeuvre la convention.
L'article 2 de la convention se lit comme suit:
Le terme « arme à sous-munitions » désigne une munition classique conçue pour disperser ou libérer des sous-munitions explosives dont chacune pèse moins de 20 kilogrammes, et comprend ces sous-munitions explosives.
Les armes à sous-munitions ont été utilisées sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale et dans des conflits plus récents, comme au Kosovo, en Afghanistan ou en Irak, par exemple. Ce sont des armes qui relâchent des centaines d'explosifs sur un large terrain dans une très courte période de temps. Nul ne peut y échapper.
C'est triste à dire, mais 98 % de toutes les blessures liées à des armes à sous-munitions ont été infligées à des civils. Selon la Cluster Munition Coalition, plus de 25 % des victimes d'armes à sous-munitions sont des enfants qui sont particulièrement attirés par les sous-munitions non explosées. Ces bombes prennent l'apparence de jouets et jusqu'à 30 % d'entre elles n'exploseront pas lors de leur premier contact au sol. Ces bombes attendent patiemment leurs victimes.
Le gouvernement conservateur veut voter pour un projet de loi qui annule l'engagement du Canada envers les victimes des armes à sous-munitions.
Il ne s'agit pas seulement des victimes passées, mais des victimes d'aujourd'hui et de demain.
Le projet de loi , dans les faits, invalidera la convention. Il contourne la disposition sur l'interopérabilité en permettant au Canada d'aider, d'encourager, de conseiller et de conspirer dans le but d'utiliser des armes à sous-munitions.
Pourquoi le gouvernement, qui a négocié et signé la convention en 2008, fait-il volte-face? Le gouvernement n'est-il pas d'accord pour dire qu'il faut complètement bannir ces armes et que nous devons compléter nos paroles par des actions?
Parlant d'actions, je tiens à féliciter les nombreux Canadiens et Canadiennes qui ont signé des pétitions et qui exigent que le gouvernement agisse de façon responsable pour bannir les armes à sous-munitions. Je félicite ma collègue d' qui a reçu ces pétitions et qui les a déposées à la Chambre.
Tout comme le NPD, les citoyens de notre beau pays demandent que des amendements soient apportés au projet de loi . Ils demandent qu'aucun Canadien ne soit imputable de son implication dans l'utilisation, la production, l'achat ou la vente d'armes de sous-munitions ou des investissements financiers dans ces activités. Ils demandent que le gouvernement du Canada ajoute au projet de loi S-10 son engagement positif et soutenu envers la convention qu'il a signée en 2008. Ils demandent que le gouvernement du Canada reconnaisse l'impact massif des armes à sous-munitions sur les populations civiles pendant les périodes de guerre, mais aussi pour les décennies qui suivent.
Je citerai le regroupement Mines Action Canada:
[...] aucun(e) Canadien(ne) ne devrait jamais être impliqué(e) dans l’utilisation des bombes à sous-munitions quels que soient la finalité, le lieu, le moment, ou la mission.
Selon M. Paul Hannon, directeur du regroupement Mines Action Canada, le Canada devrait avoir la meilleure loi de mise en oeuvre au monde. Nous devrions être le premier leader. Avec le projet de loi qui est devant nous ce soir, ce n'est toutefois absolument pas le cas.
J'encourage tout le monde à signer la pétition de l'organisme Handicap International Canada contre les bombes à sous-munitions. À ce jour, elle compte 708 318 signataires. Je tiens aussi à féliciter mon collègue d' de l'excellent travail qu'il a fait à ce sujet.
À l'échelle mondiale, les sous-munitions non explosées et les mines terrestres tuent 4 000 civils chaque année. En 2006, 22 membres des Forces armées canadiennes ont été tués et 112 ont été blessés en Afghanistan en raison des mines antipersonnel, des armes à sous-munitions et d'autres armes explosives. Ces armes sont dangereuses parce qu'elles sont presque incontrôlables, même longtemps après la fin d'un conflit armé. Ces armes sont inacceptables.
Le projet de loi se présente comme un échec pour le leadership du Canada sur des enjeux d'importance internationale. S'il est adopté dans sa forme actuelle, ce projet de loi sera le plus faible au monde comparativement à ceux des 110 autres pays signataires de la convention. Pourtant, grâce aux amendements suggérés par le NPD, le Canada pourrait retrouver sa noblesse et son rôle de protecteur et de défenseur des droits de la personne, incluant le droit des victimes.
Pourquoi le gouvernement cherche-t-il à saper tous ces efforts? Il fut un temps meilleur. En 1997, grâce au leadership du Canada, le traité interdisant les mines, mieux connu sous le nom de Traité d'Ottawa, est devenu le traité de désarmement le plus ratifié de l'histoire. À la mémoire de ce moment historique, j'espère que tous mes collègues de tous les partis vont appuyer les efforts du NPD et les amendements qu'il propose.
Pour conclure, j'aimerais citer un article que Craig et Marc Kielburger ont écrit l'an dernier, lors du Jour du Souvenir. Craig et Marc Kielburger sont deux jeunes Canadiens exceptionnels qui ont fondé l'organisme à but non lucratif Free the children. Ils continuent à inciter plus de 100 000 jeunes par année à s'impliquer dans leur communauté pour faire avancer la justice, la paix et la solidarité sociale.
[Traduction]
Cette semaine, nous rendons hommage aux Canadiens qui sont morts au service de leur pays pour défendre la paix et la liberté dans le monde. Quoi de mieux pour honorer leurs sacrifices que de favoriser la paix en éliminant des armes qui tuent ou estropient des centaines d'enfants chaque année.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir ce soir dans le débat à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi , Loi interdisant les armes à sous-munitions. J'ai écouté avec plaisir ceux qui ont indiqué les raisons qui font que la Convention sur les armes à sous-munitions doit être ratifiée de toute urgence et que la Chambre doit adopter rapidement le projet de loi S-10.
Le besoin est évidenté. Comme l'a dit à maintes reprises le et comme l'a répété, il y a quelques heures, le , le gouvernement est fier de la part active que le Canada a prise dans la négociation de la Convention sur les armes à sous-munitions. J'ajouterais que ses félicitations vont aussi à M. Turcotte, qui était présent aux trois séances de négociation de la convention, et en particulier de l'article 21, dont l'opposition ne veut pas entendre parler, qui prévoit l'interopérabilité des Forces armées canadiennes avec les armées alliées.
À l'époque, nous nous sommes engagés en faveur de cette cause et aujourd'hui, nous le sommes encore tout autant. Pourtant, il reste une question à régler, celle de l'interopérabilité. Nous aimerions tous vivre dans un monde idéal, mais ce n'est pas le cas. Nous aimerions que tous les pays aient signé la convention, mais ce n'est pas le cas.
Dans le monde réel, les Forces armées canadiennes opèrent en étroite collaboration avec nos alliés américains, et entreprennent avec eux de nombreuses missions conjointes. Très fréquents, les détachements entre nos deux armées renforcent la coopération mutuelle et améliorent la sécurité de tous les Canadiens. Pour nos militaires, c'est l'occasion d'acquérir de l'expérience à l'étranger et de se sentir d'autant plus forts au retour. La coopération entre les armées canadienne et américaine est à la fois nécessaire et souhaitable. C'est la réalité du monde dans lequel nous vivons.
Pour que les membres des Forces armées canadiennes puissent travailler en étroite collaboration et en toute efficacité avec leurs homologues américains, il a fallu ajouter une disposition à la Convention sur les armes à sous-munitions, pour permettre au Canada et aux autres pays de signer le traité tout en les autorisant à poursuivre leur collaboration avec les forces armées de pays qui n'ont pas signé la convention. C'est la raison pour laquelle le Canada, appuyé par d'autres États, a demandé qu'on ajoute l'article 21 à la convention, pour permettre la coopération militaire et les opérations conjointes avec les États qui n'ont pas signé le traité.
À notre avis, l'article 21 assure l'équilibre entre la prise en charge des conséquences humanitaires des armes à sous-munitions, et la nécessité d'autoriser les États parties à assurer leur sécurité nationale et à protéger leurs intérêts légitimes de défense.
La réalité, c'est que l'article 21 fait partie de cette convention qui, à ce jour, a été signée par 112 pays et ratifiée par 83 d'entre eux.
Depuis le début des négociations, le Canada est d'avis que les pays devraient pouvoir poursuivre leur collaboration militaire avec les autres pays qui n'ont pas ratifié le traité. La délégation canadienne et d'autres pays ont insisté sur ce point dans toutes les séances de négociation qui ont eu lieu depuis 2007. Nous sommes d'ailleurs convaincus que l'article 21 répond adéquatement à ce besoin. Le fait d'autoriser les membres des Forces armées canadiennes à mener des opérations militaires avec d'autres pays qui n'ont pas signé la convention permettra au Canada de préserver ses rapports collaboratifs spéciaux avec les États-Unis. L'article 11 du projet de loi permettra à la fois au Canada d'adhérer à la convention et de répondre à ses besoins en matière de sécurité en collaboration avec son allié américain.
Comme on le sait, le Canada mène plus d'opérations conjointes avec l'armée américaine qu'avec l'armée de tout autre pays. En matière de négociation, le Canada suit un mandat précis, et il a toujours ouvertement fait état de ses objectifs. Les autres sont libres de leur opinion, mais le traité et cette mesure législative représentent l'opinion du gouvernement du Canada.
Le a abordé brièvement cette question tout à l'heure, mais il faut insister encore une fois sur le fait que, en vertu du projet de loi , les membres des Forces armées canadiennes n'auront pas le droit d'utiliser des armes à sous-munitions pendant leurs opérations.
Il serait aussi interdit aux membres des Forces armées canadiennes d'utiliser des armes à sous-munitions et de participer à des exercices sur l'utilisation de ces armes dans le cadre d'échanges avec des forces armées d'autres pays. De plus, il serait interdit aux Forces armées canadiennes de transporter des armes à sous-munitions à bord des véhicules qui leur appartiennent.
Comme je l'ai dit d'entrée de jeu, le débat sur le projet de loi , et sur la convention, porte surtout sur l'interopérabilité. Comme l'usage de ces armes est une infraction criminelle aux termes de la convention, le projet de loi S-10 doit faire en sorte que les membres des Forces armées canadiennes qui prennent part à des opérations avec les forces armées des États-Unis ne puissent pas être tenus criminellement responsables d'une action qui contreviendrait aux dispositions de la convention.
Imaginons qu'un commandant canadien se retrouve sous les tirs intenses de l'ennemi. Supposons qu'il demande le soutien aérien des Américains, nos alliés, et que les Américains utilisent une arme à sous-munitions. Notre commandant en serait-il tenu criminellement responsable? L'opposition semble dire que oui, il le serait, d'après les dispositions du projet de loi. Le commandant devrait-il éviter d'appeler le soutien aérien et laisser mourir des soldats canadiens dans le seul but d'éviter cette infraction criminelle? C'est de ce dilemme que nous parlons ici.
La mesure proposée placerait les militaires canadiens dans une situation très difficile, parfois même très dangereuse. Il faut penser à ce qui se passe vraiment sur le terrain, et protéger nos militaires en conséquence.
Quand la convention a été négociée, il était entendu que certains pays ne seraient pas en mesure de la ratifier immédiatement. Les négociateurs de la convention étaient aussi conscients que, pendant des opérations multilatérales, des États qui n'auraient pas encore signé la convention se trouveraient à collaborer avec des États signataires. Mais tous étaient conscients que, dans la vraie vie, les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaiterait. C'est pourquoi le Canada et d'autres pays ont fait valoir qu'il fallait trouver des façons de permettre aux pays signataires de la convention de collaborer avec ceux qui ne l'auraient pas encore signée.
C'est ce que fait le paragraphe 3 de l'article 21 de la convention. Cela se trouve dans la convention que tous les pays ont ratifiée. Nos alliés, tels que le Royaume-Uni et l'Australie, ont prévu des dispositions dans leur mesure législative visant à permettre l'application de l'article 21 afin que leurs armées puissent coopérer avec celles d'autres pays qui utilisent des armes à sous-munitions. Tous nos négociateurs ont participé à la négociation de cet article, y compris M. Turcotte.
Il est vrai que certaines dispositions du projet de loi diffèrent de celles de la convention. C'est simplement le résultat de l'indispensable transfert, dans la terminologie juridique du Canada, du langage utilisé dans le traité multilatéral. Il faut, en effet, se conformer à la Charte ainsi qu'aux normes législatives de clarté qu'exigent les tribunaux canadiens.
Comme les députés le savent, quand les sénateurs ont étudié ce projet de loi, ils ont proposé un certain nombre d'amendements qui étaient déjà couverts dans le projet de loi ou qui auraient affaibli sa position.
Permettez-moi maintenant de revoir certaines des suggestions des sénateurs et d'examiner pourquoi le gouvernement n'a pas été en mesure de les accepter.
Par exemple, certains sénateurs ont suggéré d'ériger en infraction le fait pour une personne d'investir sciemment dans une entreprise qui fabrique des armes à sous-munitions. Cela est déjà couvert par le projet de loi , étant donné que les investissements dans une entité commerciale qui fabrique des armes à sous-munitions sont visés par l'interdiction d'aider et d'encourager. Aux termes de l'article 10, sous sa forme actuelle, le fait d'aider et d'encourager ou de conseiller à partir du Canada serait un délit criminel, même si l'activité en question a eu lieu dans un pays où cela est légal.
En ce qui a trait à la proposition d'amendement qui établirait des exigences de rapport, la convention exige déjà un rapport annuel de la part des États parties. Même si le Canada n'a pas encore ratifié le traité, le gouvernement fournit déjà ces rapports volontairement. De même, les sénateurs ont proposé un amendement concernant la question des stocks d'armes à sous-munitions. Dans ce cas aussi, le projet de loi couvre déjà cette question. L'amendement proposé était donc inutile. Le projet de loi ne fait pas référence au « stockage » comme tel, parce que cela n'est pas un terme utilisé dans le droit pénal canadien. Le projet de loi emploie le mot « possession » pour désigner cette notion.
Certains amendements proposés par les sénateurs visaient à ajouter le mot « transfert » à la définition donnée dans les dispositions d'interdiction. Au sens où il est employé dans la convention, le mot « transfert » impose l'interdiction du déplacement matériel des armes à sous-munitions d'un État à un autre, lorsqu'il implique un transfert du droit de propriété et du contrôle de ces armes. L'emploi de cette définition soulèverait des préoccupations, car le mot « transfert » figure déjà dans de nombreuses lois canadiennes. Dans le projet de loi , nous avons donc utilisé le mot « déplacement » plutôt que le mot « transfert ». Le déplacement d'un pays à un autre d'armes à sous-munitions interdites serait une infraction si l'intention est de transférer le droit de propriété et le contrôle sur ces armes, ce qui correspond au droit criminel canadien et facilite donc les poursuites dans un tribunal canadien.
Un autre amendement proposé par les sénateurs obligerait les Forces armées canadiennes à informer tout État non partie à la convention — avec lequel le Canada s'engage dans une coopération ou des opérations militaires combinées — des obligations du Canada aux termes de la convention. Or, la Chambre doit se rappeler que le projet de loi relève du droit pénal. Ce ne serait donc pas une bonne idée d'y inclure une telle obligation. De plus, cette responsabilité appartient au gouvernement du Canada et non aux membres individuels des Forces armées canadiennes.
Peut-on s'imaginer si chaque militaire canadien avait l'obligation, sur le champ de bataille, d'informer ses homologues, qu'il s'agisse de militaires américains ou de soldats provenant d'un autre pays allié, tels que ceux avec qui nous avons pris part à la mission en Afghanistan, qu'ils devraient peut-être songer à ne pas utiliser d'armes à sous-munitions et à détruire leurs stocks? Dans le feu de l'action, le personnel militaire canadien doit se concentrer sur la tâche à accomplir.
Des sénateurs ont aussi proposé un amendement qui aurait ajouté au projet de loi l'infraction liée à l'extraterritorialité. Il ne s'agit pas d'une exigence aux termes de la convention et, qui plus est, cette question est déjà couverte en vertu du droit canadien.
Comme plusieurs autres députés l'ont déjà souligné, la Convention sur les armes à sous-munitions interdirait l'utilisation, la production et le transfert d'armes à sous-munitions. Avant même qu'il présente ce projet de loi, le gouvernement a pris des mesures importantes pour remplir ses obligations en vertu de la Convention sur les armes à sous-munitions. Le Canada n'a jamais produit ou utilisé d'armes à sous-munitions. Nous avons commencé à détruire toutes les armes à sous-munitions que nous possédons et nous présentons déjà des rapports annuels, comme l'exige la convention, et ce, même si nous ne l'avons pas encore ratifiée.
Le projet de loi donnera suite à l'objet de la convention en interdisant l'utilisation, la fabrication, la possession, l'importation et l'exportation d'armes à sous-munitions. Comme nous l'avons déjà dit, il interdira également le stockage et la possession d'armes à sous-munitions au Canada. Nous pouvons déjà mettre en oeuvre plusieurs parties du traité, mais, pour que d'autres parties puissent entrer en vigueur, il faut que la Chambre adopte rapidement le projet de loi .
La convention impose certaines obligations au gouvernement du Canada. Il faut toutefois imposer également certaines obligations aux individus. À cette fin, le projet de loi prévoit une liste d'infractions qui sont définies afin de faciliter les poursuites à l'avenir. Le projet de loi prévoit des circonstances où des exceptions s'appliqueraient, comme lorsque les armes à sous-munitions sont utilisées pour des travaux de recherche ou de la formation, ou lorsqu'elles sont transportées vers un lieu où elles seront détruites. Le projet de loi S-10 vise aussi à empêcher les Canadiens d'aider d'autres personnes à commettre des actes interdits par le traité.
Comme les autres intervenants l'ont mentionné durant ce débat, les armes à sous-munitions font partie des armes dangereuses qui touchent les civils de façon disproportionnée, et ce, longtemps après la fin des hostilités. Les enfants en particulier sont malheureusement trop souvent les victimes de ces armes, puisqu'ils les confondent fréquemment avec des jouets aux couleurs vives; ils les ramassent pour jouer, ce qui a des conséquences tragiques. Comme si cela ne suffisait pas, les armes à sous-munitions rendent impossible l'utilisation des terres pour l'élevage ou la culture; longtemps après la fin des combats, les agriculteurs et les éleveurs de bétail sont incapables de gagner leur vie.
Le gouvernement est déterminé à protéger les civils qui vivent dans les régions du globe dévastées par la guerre de la souffrance qu'infligent sans discrimination les armes à sous-munitions. En effet, nous avons appuyé l'interdiction des mines terrestres et nous continuons à appuyer l'interdiction des armes à sous-munitions prévue par la Convention sur les armes à sous-munitions. Ce projet de loi est un pas important en ce sens.
La ratification de la convention par le Canada signalera clairement l'engagement inébranlable du pays à réduire les souffrances causées par la guerre. Des civils innocents, y compris des enfants, ont besoin de notre aide dès maintenant.
Je suis fier d'appuyer le projet de loi , qui nous permettra de ratifier la convention et de mettre fin une fois pour toutes au fléau que sont les armes à sous-munitions. Je presse tous les députés de faire comme moi et d'appuyer le projet de loi.
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Monsieur le Président, c'est un privilège de prendre la parole ce soir au sujet de cette question très importante de l'interdiction des armes à sous-munitions. Ce projet de loi, qui a bénéficié d'un assez long débat ce soir, représente seulement l'un des aspects de l'engagement de notre gouvernement de s'attaquer aux conséquences d'ordre humanitaire et aux souffrances inacceptables causées aux civils par les vestiges de la guerre, notamment les armes à sous-munitions.
La Convention sur les armes à sous-munitions est un traité international qui complète d'autres ententes internationales portant sur divers types d'armes qui causent des blessures excessives ou frappent aveuglément.
Le Canada joue depuis longtemps un rôle de chef de file international dans la protection des civils contre l'utilisation des armes conventionnelles qui frappent aveuglément, parce que nous avons vu les conséquences dévastatrices qu'elles peuvent avoir. Nous avons poursuivi cet engagement de longue date en prenant part aux efforts internationaux pour débarrasser le monde des armes à sous-munitions, armes que le Canada n'a jamais produites ni utilisées dans ses opérations militaires.
Le projet de loi nous permettrait de poursuivre ces efforts de longue date en permettant au Canada de ratifier la Convention sur les armes à sous-munitions. La ratification enverrait un signal fort de notre engagement inébranlable de réduire l'incidence des conflits armés sur les civils innocents, que ce soit dans des pays comme la Syrie où les civils souffrent quotidiennement d'une épouvantable guerre civile, ou dans des pays comme le Laos, le Vietnam et le Cambodge, qui sont massivement contaminés par des armes à sous-munitions de nombreuses années après la fin des guerres. Il y a 24 pays et 3 territoires qu'on estime contaminés par les vestiges des armes à sous-munitions.
Les armes à sous-munitions sont une très grave préoccupation humanitaire. Elles représentent une menace pour les civils, non seulement pendant les attaques, mais par la suite. Elles ont tué et mutilé des milliers de gens, parfois des décennies après la fin des conflits et souvent alors que les victimes se livraient à leurs activités quotidiennes. Chose tragique, beaucoup des personnes blessées sont des enfants qui peuvent prendre pour des jouets certains types de bombettes de couleur brillante. Les munitions non explosées ont également des conséquences négatives pour les agriculteurs et les éleveurs qui n'ont pas accès à leur terre pour y cultiver des plantes et y élever du bétail. Cela bloque le potentiel de développement de communautés entières qui s'efforcent de rebâtir leur vie après le conflit.
Mobilisée par les souffrances causées aux civils par les armes à sous-munitions, la communauté internationale a lancé en février 2007 le processus d'Oslo afin de négocier un traité qui interdirait les armes à sous-munitions. Des négociations ont eu lieu à l'occasion de plusieurs réunions en 2007 et 2008 et ont débouché sur l'adoption de la Convention sur les armes à sous-munitions à Dublin en mai 2008, la convention étant prête à être signée à partir de décembre 2008.
Le Canada a participé activement au processus d'Oslo et a été l'un des premiers pays à signer la convention. Aujourd'hui, 83 pays l'ont ratifiée et 29 autres pays l'ont signée. La plupart de nos alliés de l'OTAN ont signé ou ratifié la convention.
La Convention sur les armes à sous-munitions établit une norme humanitaire très rigoureuse tout en préservant la capacité des pays qui ratifient la convention de continuer à collaborer militairement de manière efficace avec des pays qui ne sont pas parties à la convention. La convention interdit l'utilisation, l'acquisition, le stockage et le transport des armes à sous-munitions. Plus précisément, elle interdit les armes à sous-munitions, fixe des échéances pour la destruction des stocks et la dépollution des zones contaminées et établit un cadre pour la coopération et l'aide internationales afin que les victimes reçoivent l'aide dont elles ont besoin pour vivre une vie active.
Le gouvernement prône déjà activement la mondialisation de la convention et sa mise en oeuvre en collaboration avec des partenaires internationaux, et nous poursuivrons nos efforts en ce sens. Depuis 2006, le Canada a octroyé plus de 200 millions de dollars par l'intermédiaire de 250 projets pour soutenir cet effort mondial, et il fait partie des plus grands contributeurs du monde.
Par exemple, en février 2013, la a annoncé que 2,93 millions de dollars seront fournis pour aider les survivants de mines antipersonnel en Colombie, y compris des enfants et des jeunes, à se rétablir et à réintégrer la société.
Nous avons aussi alloué 3,9 millions de dollars pour régler le problème des débris de guerre explosifs au Laos, le pays le plus gravement touché par les armes à sous-munitions. En ce qui a trait au Liban, nous avons accordé 3,6 millions de dollars pour sensibiliser la population aux risques liés aux armes à sous-munitions et pour éliminer ces armes.
Comme d'autres avant moi l'ont souligné, le Canada n'a jamais utilisé d'armes à sous-munitions lors de ses opérations et il n'en a jamais produit. Le Canada n'a eu en stock au cours des trois dernières décennies que deux types d'armes à sous-munitions. Les Forces armées canadiennes ont commencé le processus qui mènera à la destruction de toutes ces armes, et les dernières armes à sous-munitions ont été enlevées des stocks opérationnels et elles sont destinées à être détruites.
Il est important de souligner que le projet de loi ne représente que les formalités législatives exigées par la convention. Outre l'aspect législatif de la question, nous continuons à prendre de nombreuses autres mesures et, à ce jour, nous avons participé, à titre d'observateur, à trois réunions des États parties. Nous avons déjà produit, de façon volontaire et transparente, des rapports annuels sur la mise en oeuvre de la Convention sur les armes à sous-munitions. Il convient de répéter que toutes ces activités sont exercées en dehors du cadre du projet de loi et avant que le Canada ratifie la convention. Ces mesures témoignent de l'engagement ferme du Canada à débarrasser le monde de ces terribles armes.
Pendant le processus d'Oslo, on a reconnu que certains États ne seraient pas en mesure de signer immédiatement la convention et d'y adhérer. On a aussi reconnu que dans le monde réel, les opérations militaires multilatérales essentielles à la sécurité internationale nécessitent une coopération entre des États, y compris entre certains États ayant renoncé aux armes à sous-munitions et d'autres n'y ayant pas renoncé.
Compte tenu de ces réalités, le Canada et d'autres pays ont insisté pour que la nouvelle convention contienne des dispositions leur permettant de continuer à participer efficacement à des opérations militaires conjointes avec des pays qui n'ont pas signé la convention. Cette position n'était pas propre au Canada. Elle était partagée par d'autres pays. Sans l'article 21, il était clair que plusieurs pays n'auraient pas pu adhérer à la convention. La question de l'interopérabilité militaire a été claire dès le début des négociations, tout comme le besoin de faire en sorte que les pays signataires du traité puissent continuer de collaborer sur le plan militaire avec des pays non signataires.
Le Canada et d'autres pays ont clairement pris position en ce sens dès la conférence de Vienne, en décembre 2007, ainsi qu'à la conférence de Wellington, en février 2008, et à la conférence diplomatique de Dublin, en mai 2008. Les dispositions sur l'interopérabilité qui se trouvent à l'article 21 de la convention permettent de créer un équilibre délicat entre la volonté de régler le problème des répercussions humanitaires des armes à sous-munitions et le fait de permettre à des États parties de préserver leurs propres intérêts nationaux légitimes en matière de sécurité et de défense.
Il s'agit là d'un équilibre important pour le Canada et dont le caractère prioritaire a été établi rapidement et souvent par le Canada et certains de nos alliés pendant les négociations liées à la convention. Il s'agit d'une préoccupation que partagent toujours des alliés clés parties à la convention. Cet équilibre nous permet d'accomplir notre volonté de débarrasser le monde des armes à sous-munitions tout en faisant en sorte que les Forces armées canadiennes puissent continuer de participer à des opérations multinationales avec des alliés clés qui ne sont pas parties à la convention. Ces opérations sont essentielles pour notre sécurité nationale et nous permettent de faire notre part sur la scène internationale. Pour le Canada, autoriser son personnel militaire à mener des opérations avec les forces armées d'un État non partie à la convention permet, entre autres, de maintenir le lien de coopération unique qui le lie aux États-Unis et qui lui procure des avantages incomparables sur les plans de la sécurité, de la défense et de l'industrie.
La mesure législative de ratification dont nous sommes saisis, soit le projet de loi , permettra au Canada d'inscrire les engagements aux termes de la convention dans le droit canadien. Le projet de loi met en oeuvre les parties de la convention qui exigent une loi du Canada. La convention impose au Canada, en tant qu'État partie, un certain nombre d'obligations, notamment celle de soumettre les personnes relevant de sa compétence aux mêmes interdictions que les autres États parties. À cette fin, le projet de loi énonce une série d'interdictions et d'infractions, et donne les définitions techniques nécessaires à l'instruction des cas d'infraction et aux poursuites auxquelles ils donnent lieu.
Plus précisément, le projet de loi interdit l'utilisation, le développement, la fabrication, l'acquisition, la possession, le transfert à l'étranger, l'importation et l'exportation d'armes à sous-munitions. De plus, il interdit le stockage de ces armes sur le territoire canadien, tout comme n'importe quelle forme de possession. Il interdit à quiconque d'aider ou d'encourager une personne à commettre un acte interdit, ce qui inclut tout investissement direct et intentionnel dans la production d'armes à sous-munitions.
Le projet de loi comprend aussi des exceptions qui correspondent aux usages partiellement autorisés dans la convention, pour des motifs légitimes, comme la coopération militaire entre les États signataires et ceux qui ne le sont pas, la recherche et la formation dans un but défensif et les transferts en vue de détruire les stocks.
Étant donné que le débat sur le projet de loi a été en grande partie axé sur les exceptions prévues pour les opérations militaires combinées, à l'article 11 du projet de loi, permettez-moi de m'attarder sur cette question en particulier. Comme je l'ai déjà mentionné, la convention elle-même prévoit le recours au droit pénal. C'est pourquoi il est nécessaire de définir des exceptions dans les actes interdits pour éviter que les militaires canadiens et les civils qui travaillent avec eux ne soient tenus criminellement responsables de tels actes alors qu'ils servent le Canada dans le cadre d'opérations militaires conjointes qui sont permises par la convention.
Ces exceptions s'appliquent aussi au personnel intégré à des forces armées étrangères, ce qui nous permet de préserver la coopération militaire unique du Canada avec les États-Unis et les avantages inégalés qui en découlent sur le plan de la sécurité, de la défense et des retombées industrielles.
Les exceptions prévues à l'article 11 du projet de loi n'autorisent aucune activité en particulier. Elles excluent simplement ces activités des nouvelles infractions criminelles créées par la loi. Si ces exceptions n'étaient pas incluses dans la loi, il en résulterait que des Canadiens pourraient être tenus criminellement responsables dans une vaste gamme d'activités de coopération militaire avec nos proches alliés qui ne sont pas signataires de la convention et qui ne prévoient pas la ratifier bientôt.
Il est important de souligner que ces exceptions sont prévues dans la convention elle-même et qu'elles s'appliquent seulement aux cas spécialement prévus dans le projet de loi. De plus, ces exceptions acceptées s'appliquent uniquement aux dispositions de la convention elle-même, et à aucun autre instrument du droit humanitaire international, ni aux principes juridiques habituels. Elles ne réduisent aucunement les autres obligations juridiques des membres des forces armées. Ce sont des dispositions qui permettent de collaborer avec d'autres États pourvu qu'aucune autre obligation applicable ne soit enfreinte, y compris l'interdiction de se livrer à des attaques indiscriminées.
Permettez-moi de souligner que, malgré les exceptions, les membres des Forces canadiennes se verront interdire en tout temps l'utilisation des armes à sous-munitions dans le cadre des opérations des Forces canadiennes. Ils ne pourront pas demander l'utilisation de ces armes lorsque la décision reviendra exclusivement aux Forces canadiennes.
En outre, une politique des Forces armées canadiennes interdira à leurs membres d'utiliser des armes à sous-munitions, ainsi que d'ordonner à quelqu'un d'utiliser de telles armes ou de lui apprendre à s'en servir, dans le cadre d'échanges avec les forces armées d'autres États. Une politique interdira aussi le transport d'armes à sous-munitions à bord de transporteurs qui appartiennent aux Forces armées canadiennes ou qui sont placées sous son contrôle.
Même si la Convention sur les armes à sous-munitions est récente, des progrès ont déjà été réalisés. Les pays qui ratifient la convention sont tenus de déminer les zones contaminées par des armes à sous-munitions le plus rapidement possible, au plus tard 10 ans après l'entrée en vigueur de la convention.
En 2011, plus de 52 000 armes à sous-munitions non explosées ont été détruites au cours d'opérations de déminage effectuées dans 10 États et deux autres régions. Des terrains qui étaient autrefois contaminés sont maintenant remis en valeur et utilisés. Les gens qui habitent dans ces secteurs peuvent se rendre à leur maison, à l'école et au travail en toute sécurité. Les agriculteurs peuvent labourer leurs champs. Les enfants peuvent jouer dehors, comme cela devrait être le cas partout dans le monde.
On commence à répondre aux besoins des victimes. Ensemble, les pays doivent poursuivre leurs efforts en vue de prévenir d'autres blessures ou décès.
Le Canada est déterminé à éliminer les armes à sous-munitions et il doit continuer à faire sa part à cet égard. En ratifiant la Convention sur les armes à sous-munitions, le Canada fera un grand pas dans cette direction.
Il est temps que le Canada se joigne au groupe de pays qui ont déjà ratifié cette convention importante. C'est pourquoi nous avons présenté ce projet de loi, qui permettra au Canada de devenir un État partie. Nous sommes particulièrement fiers du rôle important joué par le Canada pour que la convention établisse un équilibre essentiel entre les préoccupations légitimes d'ordre humanitaire et celles en matière de sécurité. N'eût été la participation du Canada, un grand nombre de pays n'auraient pas ratifié la convention.
Je pense que nous pouvons tous convenir de l'importance de la Convention sur les armes à sous-munitions et de la nécessité que la Chambre adopte rapidement le projet de loi .