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Monsieur le Président, je me réjouis d’être ici aujourd’hui pour parler de ce projet de loi. Nous venons de nous faire servir un mélange indigeste composé de quelques éléments de désinformation, d’une poignée de propos exagérés et peut-être aussi d’un soupçon presque indiscernable de vérité, le tout sur un lit de peurs. De toute évidence, l’opposition cherche à susciter la peur. Nous croyons qu’il faut se montrer beaucoup plus responsable.
Je suis heureux de parler de ce projet de loi historique qui va enfin libérer les producteurs de blé et d’orge de l’Ouest canadien. C’est une excellente recette pour les agriculteurs de l’Ouest canadien: une tasse d’innovation, une grosse noisette d’emplois à valeur ajoutée et plusieurs litres de possibilités. Tout cela va créer une économie plus dynamique pour les producteurs de l’Ouest canadien. La priorité absolue de notre gouvernement est l’économie, et c’est pour cela que nous jugeons cette mesure si importante.
La majorité des agriculteurs de l’Ouest canadien ont maintenant fini la récolte et, s’il faut en croire les rapports, le blé et l’orge sont d’excellente qualité et pourront nourrir le monde. Au printemps, vous vous en souvenez, les semis ont été difficiles. Nos agriculteurs ont travaillé dur tout l’été et ils ont réussi à récoler un produit de qualité. Ils ont géré cette récolte du début à la fin. Ils ont fait les semis, ils ont protégé les plants contre les ravageurs, ils ont fertilisé le sol et ils ont récolté les céréales. Ce projet de loi leur donnerait enfin la liberté de commercialiser eux-mêmes ce produit.
De nombreux agriculteurs cultivent 5 000, 10 000, 15 000 ou 20 000 acres, et nous croyons que tous les agriculteurs canadiens devraient être en mesure d’administrer leur entreprise de façon à pouvoir saisir les occasions de commercialisation qui s’offrent à eux. Ils n’ont pas besoin qu’un citadin vienne leur dire ce qu’ils doivent faire de leur produit. Ils n’ont vraiment pas besoin que quelqu’un de l’extérieur vienne leur donner des leçons, en particulier lorsque ces gens viennent de régions où l’on est libre de commercialiser ses propres produits. Les agriculteurs de l’Ouest canadien sont parfaitement capables de vendre eux-mêmes leurs produits.
Je pourrais parler pendant des heures de toute l’énergie qui a été investie dans ce projet par tant de gens pendant si longtemps. Nous allons enfin pouvoir ouvrir ces perspectives aux agriculteurs de l’Ouest canadien.
Dans le discours du Trône de juin 2011, notre gouvernement a réitéré son engagement. Il a promis de faire en sorte que les agriculteurs de l’Ouest canadien soient libres de vendre eux-mêmes leur blé et leur orge sur le marché. Aujourd’hui, nous tenons cette promesse. Grâce au projet de loi qui est proposé, nous pouvons offrir des choix de commercialisation aux céréaliculteurs de l’Ouest. Nous adoptons une approche progressive, pour laisser à l’industrie le temps de s’adapter à ce changement notable de l’activité.
Le ministre a abordé les grands thèmes associés à la liberté de mise en marché. J’aimerais maintenant expliquer aux députés et à notre auditoire les détails et l’importance de ce projet de loi.
Le projet de loi modifierait de façon ordonnée et progressive le régime de commercialisation de la Commission canadienne du blé. Les dispositions législatives proposées élimineraient le monopole de la Commission canadienne du blé, comme le demandent depuis longtemps de nombreux agriculteurs. Elles permettront à la Commission canadienne du blé d’agir à titre d’organisme de commercialisation facultatif pendant un maximum de cinq ans, le temps d’effectuer la transition vers une privatisation complète. La Commission canadienne du blé pourra par ailleurs clore la campagne agricole 2011-2012.
Cela me semble important, pour éviter de perturber le marché. Les agriculteurs et les céréaliculteurs doivent pouvoir commencer à négocier des contrats à terme pour la campagne 2012-2013 bien avant le 1er août 2012, date à laquelle débute la nouvelle campagne agricole.
Les producteurs ont besoin de certitude à l’égard du marché pour pouvoir planifier leurs activités pour la campagne 2012-2013, et nous devons leur fournir cette certitude. Les débats et les retards inutiles porteront préjudice à nos agriculteurs et à notre réputation de fournisseur de céréales de grande qualité. J’imagine que c’est la raison pour laquelle j’étais tellement déçu d’apprendre que le président de la Commission canadienne du blé avait offert à déjeuner aux membres du caucus du NPD, il y a environ un mois, pour les supplier de retarder l’adoption du projet de loi par tous les moyens et aussi longtemps que possible, de sorte que la loi perturberait profondément le marché au moment de son entrée en vigueur. Cela n’est pas dans l’intérêt des agriculteurs.
Les agriculteurs veulent savoir quel système de commercialisation ils devront utiliser pour la récolte de 2012. Nous avons besoin de certitude pour que le Canada puisse continuer de vendre du blé et de l’orge et conserver sa réputation de fournisseur fiable.
Je dois également signaler que l’opposition a laissé entendre que la disparition de la commission se traduirait par une diminution de la qualité de nos céréales. Ce sont les agriculteurs qui cultivent des céréales de qualité, pas la Commission canadienne du blé.
Je suis extrêmement fier du travail qui a été réalisé à la station de recherche de Swift Current, au fil des ans. Cette station a mis au point la majorité des variétés cultivées dans l’Ouest du Canada et continue de faire de l’excellent travail. Maintenant, nous pourrons conserver toutes ces variétés au Canada. Nous ne serons plus obligés de regarder nos voisins du Sud cultiver des variétés que la commission refuse d’homologuer dans nos régions, même si c’est là qu’elles ont été mises au point.
La commerce international des céréales est dans une large mesure fondé sur les contrats à terme. Pour les achats et les ventes à venir, le marché doit savoir qui sera autorisé à vendre le blé et l’orge du Canada, sinon les acheteurs pourraient se tourner vers d’autres pays pour acheter leur blé et leur orge. Nous voulons éviter cela.
Les malteurs et les minotiers canadiens ont dit au gouvernement qu’ils voulaient conclure un an à l’avance les contrats à terme pour le blé et l’orge avec leurs clients des boulangeries et des brasseries. Ils veulent que la loi entre en vigueur le plus tôt possible. Pour eux, le 1er janvier, c’est un peu tard, mais c’est encore acceptable. Nous savons que le secteur canadien du blé et de l’orge est en mesure de répondre à la demande internationale et intérieure de produits de grande qualité, mais les agriculteurs et les intervenants sur le marché ont tous besoin de certitude pour planifier leurs activités.
Pendant la période de transition, l’organisme provisoire facultatif s’appellera encore la Commission canadienne du blé. Il continuera d’offrir aux agriculteurs la possibilité de mettre leurs récoltes en commun avec des prix initiaux garantis par le gouvernement du Canada, exactement comme cela se fait actuellement. Il profitera encore d’une garantie de prêt appuyée par le gouvernement fédéral et il élaborera des plans d’entreprise en vue de la revitalisation. Ces plans seront examinés par le au plus tard en 2016.
Nous sommes biens conscients que cette transition entraînera des coûts. Devenue facultative, la Commission canadienne du blé sera probablement de taille plus modeste que le grand monopole qui existe actuellement. Le gouvernement est disposé à contribuer aux coûts de liquidation de ce monopole. C’est aux agriculteurs qu’il revenait de payer les coûts de fonctionnement de la Commission canadienne du blé -- je me dois de le faire remarquer et de le souligner --, mais le gouvernement reconnaît qu’on ne peut pas leur demander d’assumer seuls tous les coûts de la transition vers un organisme facultatif. Le gouvernement veut bien leur donner un coup de main, mais il utilisera de façon responsable l’argent des contribuables.
Dans le cadre des vastes consultations que nous avons menées, l’industrie a soulevé un certain nombre de questions pertinentes concernant la transition. Pendant l’été, notre groupe de travail a rencontré un large éventail d’intervenants de l’industrie, et son rapport expose très bien les grandes questions de transition auxquelles l’industrie devra faire face.
Permettez-moi de m'attarder sur certaines questions soulevées par les agriculteurs des Prairies.
La première question est l'accès volontaire de la Commission canadienne du blé aux élévateurs, aux ports et aux terminaux. Le groupe de travail sur le libre-choix en matière de mise sur le marché a examiné la question assez en détail. Le groupe — et nous sommes d'accord sur ce point — s'attend à ce que les entreprises céréalières se fassent une concurrence active pour les grains dans un marché libre. Si les agriculteurs veulent mettre leurs grains en marché par l'intermédiaire d'une commission du blé à adhésion volontaire, nous nous attendons à ce que cette commission soit capable de conclure des marchés avec les manutentionnaires de grains pour traiter le volume voulu. C'est ce qui se fait pour toutes les autres cultures.
Curt Vossen, président de Richardson International, a déclaré:
Je crois que vous verrez davantage d'acteurs, pas moins. Il pourrait y avoir des coentreprises, des alliances, des fusions entre des acteurs en place et des nouveaux, mais je crois que vous verrez une prolifération parce que les gens voudront tout naturellement se faire une place sur ce marché.
C'est exactement ce que nous avons constaté en Australie ces dernières années.
J'ajouterais que le secteur des élévateurs appuie la direction que nous avons prise. Les sociétés céréalières offrent présentement des services de manutention à des tiers qui ne possèdent pas d'élévateurs ni de terminaux portuaires et dont beaucoup sont leurs concurrents directs.
Wade Sobkowich, directeur de la Western Grain Elevators Association, a déclaré ceci au groupe de travail:
Du point de vue commercial, les sociétés céréalières ont intérêt à fournir des services à la CCB, tout particulièrement lorsque les volumes de blé et d’orge à manipuler sont conséquents
Il existe également un précédent dans le cas des entreprises concurrentielles qui appartiennent à des agriculteurs et qui soutiennent la concurrence sur le marché des grains grâce à des alliances et à des ententes.
Permettez-moi de donner des exemples de telles entreprises qui réussiront et qui vont déjà bien. Le Gardiner Dam Terminal Ltd. est une entreprise appartenant à des producteurs qui a conclu une entente de coentreprise avec Viterra. Elle possède et exploite un terminal céréalier situé près de Strongfield, en Saskatchewan, ainsi qu'une entreprise de fournitures d'intrants pour les cultures près de Broderick, en Saskatchewan. Notre projet fournira de meilleurs services aux agriculteurs tout en aidant des entreprises appartenant à des producteurs à prendre de l'expansion.
Un autre magnifique exemple d'agriculteurs ayant pris en mains la chaîne de valeur est Westlock Terminals, une coopérative de nouvelle génération dans le centre nord de l'Alberta. Il s'agit d'une coopérative appartenant en totalité à des producteurs locaux. Mon collègue la connaît très bien, j'en suis certain. La coopérative a gardé un élévateur local en opération après la fusion d'Agricore et de United Grain Growers il y a dix ans.
Aujourd'hui, Westlock compte 230 membres et a récemment ouvert une nouvelle usine. Son directeur général, Clifford Bell, a déclaré que le libre-choix en matière de commercialisation « donnera à WTL des occasions que notre coopérative de nouvelle génération n'avait jamais vues auparavant. Les changements nous ouvriront de nouvelles perspectives et nous offriront de nouveaux moyens d'exporter nos grains ».
Ce ne sont là que deux exemples de la manière dont les agriculteurs peuvent prendre leur propre avenir financier en mains lorsqu'ils en ont la possibilité. Je ne vois aucune raison pour laquelle une commission canadienne du blé à adhésion volontaire ne pourrait pas elle aussi connaître le succès.
Le gouvernement continuera de suivre la situation pour ce qui est de l’accès à des silos et interviendra, au besoin. Cette approche graduelle permettra d’exercer les contrôles nécessaires pour assurer une transition sans heurts.
La deuxième préoccupation valable qui a été exprimée concerne l’accès des producteurs à des wagons de producteurs. Ma région est particulièrement touchée par cette question. Nous sommes les plus grands utilisateurs de ce type de wagons dans les Prairies. J’ai moi-même utilisé ces wagons pendant des années. J’en utilisais bien avant que la Commission canadienne du blé s’y intéresse.
Je tiens à préciser d’emblée que le monopole de la Commission canadienne du blé n’influe en rien sur l’accès à des wagons de producteurs. Je dirais également que j’ai prôné l’utilisation de wagons de producteurs et j’en ai utilisé pendant des années et qu’un grand nombre de producteurs de la région en utilisaient depuis des décennies. Ce n’est qu’au cours des sept dernières années que la Commission du blé est intervenue dans ce domaine.
Le droit d’utiliser des wagons de producteurs est prévu dans la Loi sur les grains du Canada. C’est la Commission canadienne des grains qui alloue ces wagons aux producteurs. Cela ne changerait pas. À l’heure actuelle, la Commission canadienne du blé gère la commercialisation des céréales expédiées dans des wagons de producteurs. Leur utilisation est donc liée à la commercialisation. En vertu des nouvelles règles, les producteurs et les lignes ferroviaires sur courtes distances pourraient conclure des accords commerciaux avec les compagnies céréalières ou la commission canadienne du blé à participation volontaire pour commercialiser leurs céréales. Les agriculteurs auraient simplement plus de choix.
Les lignes ferroviaires sur courtes distances s’attendent à des changements puisqu’elles auraient un plus grand choix de partenaires commerciaux pour traiter la quantité de grains que leur confieraient les producteurs. J’ai rencontré un grand nombre de responsables de ces lignes ferroviaires et je peux dire que ceux qui sont tournés vers l’avenir voient là de grandes possibilités.
Par exemple, Kevin Friesen, président de la Boundary Trail Railway Company, fait de l'agriculture au Manitoba. Il affirme que le gouvernement est à l'écoute et qu'il envisage l'avenir avec optimisme en ce qui concerne les lignes ferroviaires secondaires et l'utilisation de wagons de producteurs. Nous observons déjà la création de quelques partenariats très intéressants, ce que le producteur de l'Ouest a décrit comme une percée dans la coopération des chemins de fer. Mobil Grain Ltd. et West Central Road and Rail se sont associées pour créer la 12e ligne ferroviaire secondaire de la Saskatchewan. Big Sky Rail couvrira 354 kilomètres sur les anciennes lignes du CN, à l'ouest du lac Diefenbaker. Le président Sheldon Affleck, qui fait un excellent travail dans l'exploitation de cette ligne ferroviaire sur courte distance, affirme qu'il est possible d'au moins doubler, voire de tripler, les arrivages par cette voie. Les agriculteurs ont manifesté un grand intérêt en peu de temps, déclare-t-il.
J'aimerais également prendre une minute pour parler de la qualité du grain. Comme je l'ai dit tout à l'heure, ce sont les agriculteurs qui cultivent le grain, et non pas la Commission canadienne du blé. La qualité restera pareille à cause des changements que nous envisageons d'apporter. La Commission canadienne des grains continuerait de fournir ses services, peu importe qui s'occupera de la commercialisation du grain. Si nos clients continuent de choisir le Canada plutôt que ses concurrents, ce n'est pas à cause de la Commission du blé, mais à cause de l'engagement indéfectible envers la qualité dont témoignent tous les intervenants de la chaîne de valeur et, je dirais, d'abord et avant tout, l'agriculteur, le producteur.
Dans sa forme actuelle, la Commission du blé est un administrateur et un marchand de grains. Ce n'est ni elle ni les sociétés céréalières qui décident quelles variétés enregistrées pourront être produites au Canada. C'est l'Agence canadienne d'inspection des aliments qui supervise et approuve l'enregistrement des variétés de blé. La Commission des grains, quant à elle, a pour mandat de s'assurer que les normes de qualité supérieures du Canada continuent d'être respectées. Dans le contexte de la libre commercialisation, les deux organismes poursuivraient donc leur important travail.
Il est évident que les agriculteurs auraient beaucoup plus d'occasions de cultiver des variétés de grains spécialisées. C'est un domaine où la Commission canadienne du blé ne s'est pas montrée à la hauteur, malgré son succès remarquable les quelques fois où elle s'y est essayé. Elle n'a jamais exploité ce domaine autant qu'elle aurait dû le faire. Les agriculteurs sont déjà au courant des nouvelles possibilités et ils ont hâte d'en tirer profit.
Je dois également parler du financement futur de la recherche sur le blé et l’orge et des activités de développement des marchés. Je considère que cela est important. Mon collègue l’a mentionné un peu plus tôt, mais il était évident qu’il ne comprenait pas comment cela se faisait par le passé. Je ne pense pas qu’il soit au courant de l’existence d’un prélèvement volontaire, qui sera maintenu. La recherche est essentielle au dynamisme et à la compétitivité de notre secteur céréalier. Je peux assurer aux députés et aux agriculteurs qu’il y aura un prélèvement sur les ventes des producteurs, pour que les agriculteurs continuent de financer ces activités. Ces fonds appuieraient les travaux de la Western Grains Research Foundation, de l’IICG et du Centre technique canadien pour l'orge brassicole.
Le prélèvement serait mandaté par le gouvernement pour la période de transition, et entre-temps nous discuterons avec l’industrie de la mise sur pied d’un mécanisme à long terme pour appuyer la recherche et le développement des marchés, afin que cette grande industrie puisse continuer de progresser. Je crois que cette excellente initiative du gouvernement sera très bien accueillie par l’industrie.
Notre gouvernement sait que, en agriculture, l’innovation est le moteur de la compétitivité. Nos producteurs de blé doivent rester à la fine pointe de l’innovation, et ce prélèvement les y aiderait.
La peur est le pire ennemi du changement. Il suffit de songer à l’expérience australienne pour constater l’élan que l’élimination d’un monopole peut donner à l’industrie du blé. Le ministre australien du Commerce, M. Craig Emerson, a récemment déclaré que la transition s’était faite d’une façon remarquablement harmonieuse, que personne ne réclamait un retour en arrière, que c’était l’une des plus belles réformes jamais menées en Australie et qu’il la recommandait à tous.
Déjà, nous sentons monter l’excitation et la volonté d’innovation non seulement au Canada, mais dans tout le continent. Les acheteurs commencent à se disputer les produits des agriculteurs. Pour la toute première fois, la Minneapolis Grain Exchange acceptera les céréales canadiennes dans les marchés à terme. Sa directrice du marketing et du développement, Rita Maloney, a déclaré:
Pour nous, c’est un secteur de croissance possible, car les producteurs, les exploitants de silos élévateurs et les spécialistes de la commercialisation de tout le Canada pourront non seulement utiliser les contrats pour les opérations de couverture, mais aussi participer au processus de livraison.
Entretemps, ICE Futures Canada à Winnipeg s'emploie à créer ses propres contrats à terme pour le blé de printemps et le blé dur dans l'Ouest du Canada.
De plus, l'annonce de la semaine dernière concernant la construction d'une usine de fabrication de pâtes dans la région de Regina fait clairement ressortir les améliorations considérables que ce changement engendrera.
Ces changements offrent un potentiel illimité dans l'Ouest du Canada.
La liberté de choix en matière de commercialisation assurera la relance du blé canadien. Au cours des deux dernières décennies, on a vu la culture du blé et de l'orge décliner; les céréaliculteurs ont adopté le semoir pneumatique et se sont tournés vers la culture du canola et des légumineuses. Cette année, on prévoit une récolte record de canola.
Il ne faut pas céder à la peur. Il faut se tourner vers l'avenir, vers un avenir où les céréaliculteurs pourront gérer leur entreprise et décider à qui vendre leur grain, où les jeunes auront enfin les outils dont ils ont besoin pour réaliser leurs rêves, où les entrepreneurs pourront tirer profit de l'innovation et ajouter de la valeur à leur récolte, où il y aura de nouvelles possibilités en matière de commercialisation du grain et où les producteurs de blé et d'orge de l'Ouest du Canada retrouveront enfin leurs droits de propriété.
L'avenir de l'industrie agricole de l'Ouest du Canada est prometteur. Nous prenons aujourd'hui une mesure historique et décisive pour offrir de la certitude et de la clarté aux producteurs et aux acheteurs de grain, qui signeront bientôt des contrats pour le blé et l'orge pour la campagne agricole 2012-2013. C'est grâce à son attitude d'ouverture, non à la peur, que le Canada est devenu le fournisseur mondial de choix pour le blé. Comme le blé marquis l'a fait il y a un siècle, la liberté en matière de commercialisation insufflera une énergie nouvelle dans l'industrie céréalière.
Le gouvernement est déterminé à respecter la promesse qu'il a faite depuis longtemps de donner aux céréaliculteurs de l'Ouest du Canada la liberté de choix qu'ils méritent pour la commercialisation. Le ciel ne s'écroulera pas à cause de cette liberté. En fait, comme le ministre l'a dit hier, les possibilités seront illimitées.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de pouvoir prendre la parole à titre de représentante des gens du Nord du Manitoba, qui forment une partie importante de la mosaïque qu'est le Canada.
En tant que députée de , je suis fière de faire entendre la voix des nombreux Canadiens qui se sont adressés à moi, en provenance notamment de Churchill et War Lake, sur la ligne de la baie d'Hudson, de Thicket Portage, Thompson et The Pas, où le chemin de fer commence, ainsi que de la vallée de la rivière Carrot, où l'on cultive toutes sortes de grains et où les producteurs font partie du secteur agricole de l'Ouest. Parmi ces voix se trouvent des gens de tout le Nord du Manitoba, mais aussi des gens qui viennent du Sud du Manitoba, notamment de Dauphin, Swan River et Selkirk. Il y en a aussi qui viennent de la province voisine de la mienne, la Saskatchewan, plus précisément de Prince Albert, Indian Head, Saskatoon, Regina. Il y en a qui sont de Medecine Hat et d'endroits plus à l'ouest encore.
J'ai eu l'occasion d'entendre les points de vue d'un très grand nombre de Canadiens de mon coin de pays, l'Ouest, et ils m'ont demandé de faire entendre leurs voix dans cette enceinte. Ces Canadiens se sont exprimés déjà, que ce soit lors d'un plébiscite, lors de l'élection des membres du conseil d'administration de la Commission canadienne du blé ou par des messages envoyés aux députés ministériels, messages qui n'ont pas trouvé d'oreilles attentives, du moins pas au cours des derniers mois. Les mêmes députés n'ont pas donné suite aux demandes de réunion de la part de personnes de l'Ouest canadien qui disaient croire au principe du guichet unique et qui jugeaient nécessaire qu'on les écoute.
Nous entendons le gouvernement parler de liberté, mais qu'en est-il de la liberté de voter des agriculteurs? Non seulement le gouvernement a complètement ignoré le plébiscite organisé par la Commission canadienne du blé, mais il a décidé de ne pas respecter l'article 47.1 de la Loi sur la Commission canadienne du blé, qui garantit aux agriculteurs le droit de se prononcer sur tout changement à la structure de commercialisation de la Commission canadienne du blé.
Le gouvernement refuse de permettre aux agriculteurs de voter. Il refuse d'écouter ceux qui élèvent une famille à la ferme ou dans une localité rurale, ou encore les enfants et les petits-enfants d'agriculteurs, qui vivent maintenant dans un centre urbain de l'Ouest du Canada et qui voudraient bien que leurs proches, ou les membres de leur famille élargie, qui tentent de faire fonctionner la ferme familiale, puissent se faire entendre. Le fait de ne pas permettre à ces personnes de faire entendre leur voix, en plus de témoigner d'un mépris complet pour la démocratie au Canada, constitue une insulte fondamentale, lancée à la Chambre, à l'égard des Canadiens de l'Ouest, qui sont dépeints comme s'ils étaient tous d'accord avec le gouvernement.
Où est la preuve? Qu'en est-il du référendum? Si les conservateurs sont si certains de ce qu'ils avancent, pourquoi n'interrogent-ils pas les agriculteurs? Pourquoi n'organisent-ils pas un vrai référendum pour que les agriculteurs puissent se prononcer directement?
Je crois savoir pourquoi. Parce que 22 000 personnes se sont prononcées en faveur de la Commission canadienne du blé lors d'un plébiscite. Parce qu'une grande majorité d'agriculteurs des Prairies ont élu des directeurs qui sont favorables au guichet unique.
Selon moi et, je crois, selon bien des gens parmi nous qui habitent dans l'Ouest, il est absolument insultant que le gouvernement n'écoute pas les producteurs dont le gagne-pain est menacé par la décision du gouvernement, dont le gagne-pain est même déjà en péril, je dirais, étant donné la situation économique actuelle. Cela témoigne du fait que le gouvernement tient vraiment l'Ouest pour acquis.
J'aimerais raconter une anecdote personnelle qui illustre le rôle qu'a joué, selon moi, la Commission canadienne du blé, ici et à l'étranger. Lorsque j'avais 17 ans, j'ai mené une étude, pendant mon stage d'études à Hong Kong, sur les avantages comparatifs de la Chine et du Canada quant au commerce du blé. J'ai eu la chance de rencontrer les gens de la Commission canadienne du blé, d'étudier les différentes sections de l'organisme et de m'entretenir avec des responsables des ventes, avec des intervenants de la chaîne de production et avec les personnes les moins riches, les agriculteurs qui produisent le blé.
J'ai appris à quel point était important le rôle que joue la Commission canadienne du blé pour s'assurer que les produits expédiés à l'étranger étaient de la meilleure qualité possible. J'ai appris que les habitants de ma ville, Thompson, contribuaient eux aussi, par leur travail acharné, à s'assurer que ce soit le meilleur blé du Canada qui soit chargé à bord des navires dans le port de Churchill et envoyé dans les autres pays du monde.
J'ai eu l'occasion d'écouter nos partenaires internationaux, y compris notre grand partenaire commercial, la Chine, qui connaissaient la réputation du Canada comme producteur du meilleur blé au monde. Le blé canadien n'appartenait ni à Cargill, ni à Viterra, ni à aucune autre entreprise. Il nous appartenait. Il nous appartient encore. C'est grâce à la Commission canadienne du blé, en collaboration avec les agriculteurs, les producteurs, les personnes qui travaillent le long des voies de transport, et les gens qui veillent à ce que nos produits soient expédiés à l'étranger, que les Canadiens peuvent se vanter depuis des décennies d'avoir le meilleur blé au monde.
Maintenant, nous avons un gouvernement qui non seulement refuse d'écouter les agriculteurs de l'Ouest, mais qui n'est que trop heureux de sacrifier les investissements faits par les agriculteurs, les familles, les collectivités rurales et les collectivités de l'ensemble de l'Ouest canadien et de donner notre blé à Cargill et à Viterra, dont les actions grimpent chaque fois que le ou le ouvrent la bouche. Ce sont ces actions que nous devons surveiller parce que ce sont ces entreprises qui seront avantagées par la mesure législative.
Nous entendons souvent parler de ce qui s'est passé en Australie. Malheureusement, même dans ce dossier, le gouvernement ne s'est pas montré complètement franc. La situation en Australie est quelque peu différente. Toutefois, de bien des façons, elle révèle ce qui nous attend si le gouvernement parvient à ses fins et démantèle effectivement la Commission canadienne du blé. Les agriculteurs de l'Ouest peuvent regarder ce qui s'est passé en Australie s'ils veulent savoir ce qui leur arrivera quand le guichet unique sera aboli.
À l'époque où la commission australienne du blé exploitait un guichet unique, le blé australien pouvait se vendre à 99 $ de plus par tonne que le blé américain, mais en décembre 2008, son prix avait chuté à 27 $ de moins par tonne que le blé américain. En trois années seulement, les 40 000 producteurs de blé australiens — qui, jadis, exploitaient leur propre système de commercialisation du grain et vendaient la quasi-totalité du blé australien, qui représentait 12 p. 100 de la production mondiale et totalisait environ 5 milliards de dollars — sont devenus de simples clients de Cargill, l'une des plus grandes sociétés agro-industrielles au monde, qui appartient à des intérêts privés et dont le siège social est aux États-Unis.
Depuis 2006, sur le marché national, la part des ventes de blé australien appartenant à la commission australienne du blé est passée de 100 p. 100 à 23 p. 100; 25 autres compagnies cherchent maintenant à profiter de l'écart entre le prix d'achat et le prix de vente.
Ross Philips, agriculteur australien, a été interviewé à propos de l'abolition de la commission australienne du blé. Il a dit: « Pensez-y bien avant de renoncer à votre guichet unique. Chaque agriculteur fera compétition à tous les autres agriculteurs. »
Il n'y rien de plus difficile pour un agriculteur que de vendre son grain à un négociant qui fait des affaires tous les jours. Si on renonce à la mise en marché ordonnée, les agriculteurs seront nombreux à faire faillite, et nous perdrons nos primes qui équivalent à 10 à 15 p. 100 du prix.
Écoutons donc nos voisins, ce pays du Commonwealth qui s'est déjà rendu jusqu'au bout de la voie destructrice sur laquelle le gouvernement cherche à nous mettre. Non seulement le gouvernement bafoue le droit de vote qu'ont les agriculteurs en vertu de la loi, mais en plus, il tient tous les habitants de l'Ouest pour acquis.
Les néo-démocrates lutteront contre le plan du gouvernement. J'espère pouvoir travailler avec les Canadiens de l'Ouest pour faire en sorte que nos voix soient entendues à la Chambre des communes.