Que, de l’avis de la Chambre, les agriculteurs ont le droit démocratique de décider de l’avenir de leurs propres outils de gestion de l’offre et commissions de commercialisation; et reconnaissant ce droit, la Chambre exhorte le gouvernement à mettre de côté son projet de loi visant à abolir le comptoir unique de la Commission canadienne du blé (CCB) et à organiser un scrutin libre, en bonne et due forme, auprès de tous les membres actuels de la CCB afin de connaître leurs souhaits, et exhorte le gouvernement à accepter de respecter le résultat de ce processus démocratique.
— C'est un honneur pour moi de présenter aujourd'hui notre motion de l'opposition sur la Commission canadienne du blé. Je tiens à souligner que la motion est appuyée par le député de .
De temps en temps, nous avons l'occasion de débattre d'une question déterminante. C'est justement le cas aujourd'hui. La motion dont nous sommes saisis aujourd'hui porte sur ce que les Canadiens veulent. Il s'agit d'imaginer un Canada qui, à certains égards, a été façonné jusqu'ici par ceux qui se trouvent au coeur de ce secteur d'activité. Aujourd'hui, nous débattons également du risque que notre pays soit façonné par un programme idéologique qui nuit aux intérêts des Canadiens et au gagne-pain de ceux qui contribuent à cette économie, à ce secteur.
Au cours des derniers jours, nous avons discuté du programme que le gouvernement s'obstine à défendre pour démanteler la Commission canadienne du blé. En même temps, nous avons parlé de deux visions contradictoires: une qui ferait reculer le Canada et une autre qui le ferait avancer.
Il y a bien des décennies, la Commission canadienne du blé a été créée pour répondre aux vœux des agriculteurs. Les agriculteurs voyaient bien que les entreprises privées, qui souvent n’avaient même pas leur siège social dans l’Ouest canadien, profitaient de leur dur labeur et les payaient très peu en retour. Les agriculteurs savaient que, lorsque l’économie ralentit, il faut se serrer les coudes pour survivre. Pour progresser, il faut collaborer. Ensemble, ils ont créé une des entités de commercialisation les plus efficaces de notre pays.
La Commission canadienne du blé est devenue par la suite beaucoup plus qu’une simple agence de commercialisation. Elle a participé à la mise au point et à la vente du meilleur blé au monde, le blé canadien. Pendant des décennies, la Commission canadienne du blé a travaillé avec les agriculteurs et des organismes comme la Commission canadienne des grains pour mettre au point une marque canadienne de qualité destinée à l’exportation. Cette marque n’appartenait pas à la Commission canadienne du blé; elle appartenait aux agriculteurs canadiens. Elle nous appartenait, à nous tous.
Je me souviens d’avoir visité à quelques reprises les bureaux de la Commission canadienne du blé, à Winnipeg. J’ai vu des douzaines de produits que nous, Canadiens, exportons dans le monde entier, des produits à la création desquels nous participons, par exemple des pâtes, du riz et de la farine. Le dur labeur des agriculteurs canadiens leur a acquis une réputation d’excellence et constitue une garantie, et tous les Canadiens en ont tiré des avantages. Cette qualité supérieure, cette marque d’excellence, a été une source de fierté pour tous les Canadiens.
La Commission canadienne du blé, toutefois, n’est pas seulement un guichet unique. Elle illustre la notion que ceux qui créent le produit final doivent avoir leur mot à dire dans la production, qu'ils doivent pouvoir contribuer à façonner l’avenir de leur moyen de subsistance. Non seulement le fonctionnement de la Commission canadienne du blé a été déterminé principalement par les agriculteurs, mais en outre, depuis 1998, 10 des 15 membres du conseil d’administration sont élus par les agriculteurs eux-mêmes. Les agriculteurs sont aux commandes de l’institution qui travaille pour eux. Nous avons tous tiré des avantages du fait que les agriculteurs guidaient l’activité de la Commission canadienne du blé. Les agriculteurs ont donné la priorité à la mise au point des meilleurs produits au monde, et le Canada en a tiré des avantages. Les agriculteurs ont cherché à optimiser l’efficacité et les économies de coûts, et les routes de transport dans les Prairies, y compris dans ma région d’origine, par exemple la ligne de la baie d’Hudson, et des plaques tournantes comme le port de Churchill, dans ma circonscription, ont été mises à contribution. Les agriculteurs ont cherché à créer un système qui assure la stabilité dans une économie de plus en plus incertaine, et les familles des agriculteurs en ont tiré des avantages. La Commission canadienne du blé a optimisé le rendement pour les agriculteurs, et les collectivités rurales et les centres urbains de tout l’Ouest du Canada en ont vu les résultats.
Aujourd’hui, cette réalité et cette vision risquent de disparaître. Ce que les agriculteurs ont mis des décennies à construire risque d’être détruit en quelques semaines, non pas par les grandes compagnies ni par un autre pays, mais par notre propre gouvernement. Un gouvernement qui se targue de défendre le Canada rural et l’Ouest du pays menace de faire disparaître cela.
Ce que le gouvernement projette de faire de la Commission canadienne du blé est profondément antidémocratique. Il fait fi de l’opinion des agriculteurs sur toute la ligne. Qu’en est-il du respect à l’endroit des administrateurs de la Commission du blé, qui ont été élus par les agriculteurs et dont huit sur dix ont été élus parce qu’ils étaient en faveur du guichet unique? Qu’en est-il du respect du plébiscite, qui indique que la majorité des agriculteurs appuient la commercialisation à guichet unique du blé et de l’orge? Enfin, qu’en est-il de l’obligation du gouvernement de respecter l’article 47.1 de la Loi sur la Commission canadienne du blé, qui dit que toute modification à la structure de commercialisation de la commission doit être soumise au vote des agriculteurs?
C’est ce que le NPD demande aujourd’hui, que les agriculteurs des Prairies aient leur mot à dire sur leur avenir et que le gouvernement respecte le droit de parole des agriculteurs. Comme le disait le président actuel de la CCB, l’intention du gouvernement n’est pas de donner la liberté de choix aux agriculteurs, mais de faire fi des choix qu’ils ont déjà faits.
Depuis quelques jours, les députés d’en face ont le mot « liberté » à la bouche. Je leur demande donc: que dire de la liberté des agriculteurs de décider de leur propre destin? Que dire de leur liberté de faire respecter leur vote, exprimé démocratiquement dans le plébiscite? Que dire de leur liberté d’exprimer leur opposition à l’intention du gouvernement de démanteler la Commission du blé?
L’ironie de la chose, c’est que le même gouvernement ne s’est jamais adressé directement et régulièrement aux agriculteurs. On pourrait parler d’une approche à la Dr. Jekyll et Mr. Hyde.
Nous avons eu récemment des élections fédérales. Nous savons pertinemment que, durant la campagne, bien des candidats conservateurs n’ont rien dit sur la Commission canadienne du blé. Le sujet n’était pas à l’ordre du jour et, s’ils en ont parlé, ils ont raconté une toute histoire en personne. Un candidat conservateur qui n’a pas la langue dans sa poche a abordé plusieurs questions à Churchill, mais, n’a certainement pas mentionné la Commission canadienne du blé. Ce candidat n’a certainement pas mentionné ce que la perte de la commission représenterait pour la localité de Churchill, dont le port dépend à 95 p. 100 des produits céréaliers acheminés par la Commission canadienne du blé.
De quel genre de transparence a-t-on fait preuve à l'égard des gens des Prairies en vue du vote du 2 mai? Non seulement le gouvernement n'a pas expliqué clairement son programme, mais il est même arrivé que des candidats aillent jusqu'à dissimuler le message du gouvernement. En mars, à l'occasion d'une tribune agricole organisée à Minnedosa, au Manitoba, par le député de , le a affirmé que les conservateurs respecteraient le vote des agriculteurs. Il a aussi annoncé à la foule que, tant que les agriculteurs ne se prononceraient pas en faveur de ce changement, il n'était pas prêt à agir unilatéralement. Il a aussi dit aux agriculteurs qu'ils avaient entièrement raison de croire à la démocratie, et qu'il y croit aussi.
Il y a à peine quelques mois, voilà ce que disait le à ceux qui souffriront le plus de ces changements, maintenant qu'il a renié son engagement. En fait, il tourne le dos à la démocratie. Comment les conservateurs peuvent-ils dire une chose pendant la campagne électorale pour ensuite faire une volte-face complète seulement quelques mois plus tard? Voilà qui est inquiétant si on se demande ce que la perte de la Commission canadienne du blé signifiera pour le reste du pays, et ce que la perte des structures de commercialisation et des structures économiques qui mettent le producteur au coeur du processus signifiera, non seulement pour l'Ouest, mais pour le pays au grand complet.
Dans ma région, l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce est un important organisme qui travaille fort pour le compte des pêcheurs du Nord du Manitoba et de tout l'Ouest du Canada. À voir le sort que le gouvernement réserve à la Commission canadienne du blé, à quoi faut-il s'attendre pour le poisson d'eau douce?
Que dire des autres types de structures de commercialisation pour lesquelles les gens des autres régions du Canada demandent une protection?
[Français]
J'aimerais souligner le message partagé par plusieurs de mes collègues venant du Québec: la gestion de l'offre est un principe extrêmement important en ce qui concerne le développement de l'économie rurale et de l'économie au Québec en général. Ce gouvernement a-t-il aussi un programme pour la gestion d'offre? Même s'il nous dit aujourd'hui qu'il ne parle pas de l'abolir, ça fait quelques mois qu'il dit la même chose de la Commission canadienne du blé. Il dit qu'il va entendre la voix des fermiers. Peut-on appliquer la même façon de faire aux fermiers du Québec ou de l'Ontario? Est-ce ainsi seulement pour les gens des Prairies? On voudrait vraiment comprendre la logique de ce gouvernement.
[Traduction]
Si le gouvernement n'écoute pas les agriculteurs et change de versions selon les circonstances, qui écoute-t-il alors?
Nombreux sont ceux qui ont dit que ce sont les grandes sociétés qui ont le plus à gagner, par exemple Cargill, Viterra, Bunge et d’autres, qui ont toujours œuvré dans le domaine de l’agriculture. Les bénéfices engendrés sont le premier objectif de ces sociétés, et non les intérêts financiers des agriculteurs, le bien-être des collectivités rurales ou la rentabilité des réseaux de transport dans les Prairies, dans l'intérêt des agriculteurs et de l’ensemble de l’économie.
Voici ce que mentionnait un communiqué de presse daté du 11 mai 2011:
Le gouvernement du Canada devrait donner au moins six mois à l’industrie du grain pour s’adapter avant de mettre fin au monopole de la Commission canadienne du blé, a dit mercredi le directeur général [...] de la filiale canadienne de Cargill.
Le 1er août 2012, soit le premier jour de la campagne agricole de 2012-2013, serait un bon moment pour effectuer le changement, parce que cela permettrait aux agriculteurs de l’Ouest de vendre leur blé et leur orge à un acheteur de leur choix, plutôt qu’à la Commission du blé seulement...
Il se trouve que c'est exactement le programme établi par le gouvernement. Le message de Cargill Canada correspond exactement au message qu’envoie le gouvernement conservateur aux Canadiens. Qui prend les décisions, et dans l’intérêt de qui sont-elles prises?
Je veux aussi parler d’une lettre d’opinion envoyée à un journal par un agriculteur des Prairies, qui parlait de son inquiétude après avoir appris que la société céréalière Bunge verrait d'un bon oeil le démantèlement de la Commission du blé. M. Don Dutchak a mentionné ceci:
Entre autres opinions radicales, [le PDG] fait remarquer que d’autres pays ont éliminé les commissions de commercialisation parce qu'« elles ne sont pas toujours bien gérées ».
Le vérificateur général du Canada et les responsables de 14 enquêtes internationales sur les pratiques commerciales de la Commission canadienne du blé diraient tous que ce n’est pas le cas. Les rapports sur la Commission du blé ont toujours fait était d’une gestion brillante, non seulement pour la façon dont la commission fonctionne et accorde la priorité aux intérêts des agriculteurs, mais aussi pour sa transparence et sa reddition de comptes. Ce n’est cependant pas le discours que tiennent les sociétés qui s'intéressent à ce qu’il restera de la commission après son démantèlement.
L’économiste Murray Fulton a dit que la perte du comptoir unique de la commission rendrait le régime canadien plus semblable à celui des États-Unis: la concurrence dans le commerce des céréales et du transport ferroviaire diminuerait, le plafond actuel imposé aux bénéfices dans le transport des marchandises disparaîtrait et les bénéfices des agriculteurs seraient réduits. Il a dit aussi que ces changements seraient irréversibles.
Comme l'a signalé Mark Sandilands, du Lethbridge Herald: « Une fois disparue la Commission du blé, on peut imaginer un système féodal moderne où les agriculteurs seront à la merci des multinationales, qui décideront ce qu’il faut cultiver et en quelle quantité. »
Le Syndicat national des cultivateurs a déclaré ceci:
La disparition du guichet unique de la CCB [...] entraînera le transfert de la richesse créée par les agriculteurs canadiens à de grandes sociétés céréalières appartenant souvent à des intérêts étrangers plutôt qu'aux agriculteurs eux-mêmes et à leurs collectivités.
Selon les dires de Richard Gray, spécialiste en économie agricole à l'Université de la Saskatchewan, les gagnants sont les grandes sociétés manutentionnaires de grain. M. Gray a dit ceci:
[...] les grands manutentionnaires de grain comme Cargill, Viterra et Bunge tireront vraisemblablement profit de la situation. Ils bénéficieront de l'arrivée sur le marché d'un grand nombre de vendeurs qui se feront concurrence pour écouler leur récolte et ils feront un profit sur la marge commerciale ou sur la différence entre le prix d'achat et celui de revente.
Le contrôle qu'auront ces sociétés fera non seulement perdre du terrain aux agriculteurs, mais il visera également à entacher la réputation que s'est taillée le Canada comme producteur de la meilleure qualité de blé au monde.
Comme on l'a déjà souligné, le système canadien d'enregistrement des semences lors de l'inspection de sortie des navires coûte cher aux agriculteurs. Cependant, ce système vaut la peine parce qu'il assure une qualité constante qui permet aux agriculteurs de s'accaparer une plus grand part du marché mondial tant pour le grain de qualité supérieure que pour celui de qualité régulière. Cela signifie davantage de profits et de ventes pour les producteurs de l'Ouest.
Comme nous ne pouvons soutenir la concurrence en matière de volume ou de prix à cause de notre position enclavée et des coûts élevés du transport, la qualité est essentielle. Donna Welke, ancienne commissaire adjointe pour la Saskatchewan à la Commission canadienne des grains, a indiqué que nos producteurs sont conscients de cette réalité, à l'instar de nos concurrents. Mme Welke a souligné que les États-Unis ont intérêt à faire baisser la qualité du grain canadien pour donner un avantage concurrentiel aux entreprises américaines.
Force est de se demander encore une fois comment le gouvernement, qui compte de nombreux représentants élus dans l'Ouest du Canada et qui soutient défendre l'intérêt du Canada rural, peut en toute bonne conscience affirmer agir dans l'intérêt des agriculteurs alors qu'on sait pertinemment en examinant le cas de la commission australienne du blé que ce sont les grandes sociétés qui seront avantagées. Les agriculteurs seront désavantagés dans un contexte d'incertitude économique grandissante. La réputation que nous nous sommes bâtie et dans laquelle nous avons investi pendant des décennies en souffrira. Ne seront pas non plus épargnées les collectivités et les régions rurales, notamment dans l'Ouest du Canada, ainsi que celles, ailleurs au pays, où les gens sont préoccupés par le risque éventuel que ce changement représente pour les structures de commercialisation.
Comment le gouvernement peut-il ne pas tenir compte de ces faits? Comment peut-il s'opposer à l'idée que les agriculteurs devraient décider de leur destinée?
Je voudrais également parler de l'extrême arrogance dont font preuve les ministériels sur cette question. Étant originaire de l'Ouest du Canada, je suis profondément troublée de les voir prétendre savoir ce que veulent les Canadiens de l'Ouest et ce qui est dans leur intérêt dans le dossier de la Commission canadienne du blé alors qu'ils font pourtant fi du résultat du plébiscite. Il est troublant de les entendre faire des déclarations comme en ont fait le , qui a comparé l'abolition de la commission à un train qui a quitté la gare et qui file à toute allure, ou le , qui a parlé de sonner le glas de la commission.
Nous savons très bien qu'une telle arrogance ne passe pas dans l'Ouest du Canada. Le gouvernement Mulroney savait lui aussi se montrer arrogant, et nous avons vu où cela l'a mené: à la fin de son règne, il ne lui restait plus aucun siège dans l'Ouest du Canada, car les gens étaient favorables à l'idée d'une voix démocratique et croyaient que les citoyens ordinaires devaient pouvoir se faire entendre. C'est comme si le gouvernement prétend savoir mieux que nous ce qui est bon pour notre avenir.
Pour terminer, en tant que jeune Canadienne et résidante de l'Ouest, je m'inquiète surtout des conséquences de cette mesure pour notre avenir. Permettez-moi de citer Sid Stevenson, qui a envoyé une lettre aux responsables de l'émission As it Happens, diffusée à la CBC. Voici un extrait de sa lettre:
J'ai 24 ans et je suis un producteur de blé du Manitoba de la cinquième génération. Je me sens obligé de répondre à votre entrevue avec [...] [le] ministre de l'Agriculture.
Il poursuit ainsi:
Les agriculteurs sont tout à fait capables de décider du mode de commercialisation qui leur convient. La majorité d'entre eux se sont prononcés en faveur du maintien de la Commission canadienne du blé. Pourquoi le gouvernement ne respecte-t-il pas notre décision?
:
Madame la Présidente, je tiens à dire clairement que le gouvernement ne peut pas appuyer cette motion. Nous ne mettrons pas de côté le projet de loi , comme elle le propose.
Cela étant dit, deux termes utilisés dans la motion ont particulièrement attiré mon attention. Il s'agit de « démocratie » et de « gestion de l'offre », bien sûr, un concept que l'opposition essaie d'intégrer à son argument.
Selon de multiples sondages tenus par la Commission canadienne du blé, la majorité des agriculteurs veulent qu'on leur donne le choix et ils sont de plus en plus nombreux à penser ainsi. À titre d'exemple, le printemps dernier, 76 p. 100 des jeunes agriculteurs et des agriculteurs débutants ont dit qu'ils voulaient avoir le choix. C'est exactement ce que ce projet de loi leur apporterait. La Loi sur le libre choix des producteurs de grains en matière de commercialisation leur donnerait le choix qu'ils désirent. C'est un exemple concret de démocratie.
Pour ce qui est de la gestion de l'offre, l'opposition essaie d'intégrer ce concept à son argument mais elle n'a jamais, contrairement au gouvernement, pris de mesures concrètes afin de soutenir la gestion de l'offre. Pendant les dernières élections, notre parti était le seul à parler de la gestion de l'offre dans sa plateforme électorale. De plus, nous avons réitéré notre engagement à ce sujet dans le discours du Trône, le printemps dernier. Je suis à la Chambre depuis 15 ans, et je ne me souviens pas avoir jamais entendu d'autres partis faire de même. Nous défendons régulièrement notre système de gestion de l'offre sur la scène mondiale, par exemple le mois dernier, à Saskatoon, alors que j'étais l'hôte des réunions du groupe de Cairns.
Permettez-moi de citer le nouveau président des Producteurs laitiers du Canada, Wally Smith, qui était des nôtres à Saskatoon. Il a dit ceci:
Nous sommes heureux que [le ministre] ait souligné que le Canada continuera d'appuyer fermement ce qui fonctionne bien ici, au Canada, c'est-à-dire notre système de gestion de l’offre.
Il a aussi dit ceci:
[Le ministre] a profité des discussions du groupe de Cairns pour souligner que dans le cadre du travail que fait le gouvernement pour appuyer les divers secteurs agricoles du pays, il s'intéresse aussi à des questions plus vastes touchant le commerce agricole, par exemple le rôle que peuvent jouer la science et l’innovation pour les agriculteurs, l’environnement et les objectifs de sécurité alimentaire.
Les représentants de l'industrie ont fait beaucoup d'autres commentaires favorables à propos de l'appui soutenu que nous accordons à la gestion de l'offre, mais je vous les citerai un autre jour.
Le fait est que l’opposition se livre à toutes sortes d’acrobaties pour établir un lien fallacieux entre la gestion de l’offre et ce projet de loi qui favorise la liberté de commercialisation. Les deux questions sont aussi étrangères l’une à l’autre que des pommes et des oranges. Je devrais plutôt dire des pommes et des noix. Il n’y a aucun lien. Les producteurs des cinq industries soumises à la gestion de l’offre -- lait, poulet, dinde, œufs et œufs d’incubation de poulet à chair -- ont travaillé fort et longtemps pour établir ces systèmes, il y aura 40 ans l’année prochaine. Nous célébrerons cet anniversaire avec eux. La gestion de l’offre est de portée nationale. C’est l’un des grands facteurs qui la distinguent de la Commission canadienne du blé.
La gestion de l’offre bénéficiait déjà d’un fort appui avant que le gouvernement fédéral et les provinces ne l’adoptent. C’était aussi une entreprise conjointe, comme la Commission canadienne du blé dans sa région. Quatre provinces participaient dans ce dernier cas, mais trois d’entre elles sont d’accord avec nous pour apporter ces changements justifiés et opportuns.
Les producteurs qui participent actuellement au système de gestion de l’offre appuient ce système, contrairement aux agriculteurs de la région de la Commission canadienne du blé, qui veulent avoir un choix. Contrairement à la Commission canadienne du blé, le système canadien de gestion de l’offre ne recourt pas aux fonds publics pour garantir ses dépenses. La Commission, elle, a prélevé 1,3 milliard de dollars sur les fonds publics ces dernières années pour remédier à quelques erreurs qu’elle avait faites. La gestion de l’offre est un système éprouvé qui permet à nos agriculteurs de produire de la volaille et des produits laitiers de première qualité pour les consommateurs canadiens. De plus, leur production a acquis une réputation mondiale qui fait qu’elle est très demandée partout.
La situation de la Commission canadienne du blé n’est pas du tout comparable. Elle constitue un monopole régional alors que la gestion de l’offre est de portée nationale, comme je l’ai dit. Sous le régime actuel, si nous faisons pousser du blé ou de l’orge dans l’Ouest canadien – et seulement dans l’Ouest canadien – et que nous voulons l’exporter ou le vendre au Canada, la loi nous impose de passer par la Commission canadienne du blé. Si nous avions essayé de vendre nous-mêmes notre blé lorsque les libéraux étaient au pouvoir, ils nous auraient menottés et enchaînés et nous auraient jetés en prison. C’était un vrai fléau. Je sais que les agriculteurs qui avaient été incarcérés voudront célébrer plus tard aujourd’hui lorsque ce projet de loi aura progressé.
La Commission canadienne du blé est loin d’être universellement appuyée, comme c’est le cas du système de gestion de l’offre. Un pourcentage croissant de producteurs qui sont obligés de recourir à la Commission exigent d’avoir un choix, que nous sommes prêts à leur accorder. Notre appui de longue date à la gestion de l’offre et notre engagement envers la liberté de commercialisation pour les céréaliculteurs de l’Ouest témoignent du fait que notre gouvernement comprend ce dont les agriculteurs Canadiens ont besoin pour exploiter efficacement leurs terres et avoir des entreprises rentables.
Des motions comme celle-ci ne constituent que des tentatives désespérées d’effrayer les gens, dont l’opposition devrait avoir honte si elle comprenait réellement l’agriculture. Les manœuvres de l’opposition n’empêcheront pas la liberté de commercialisation de se concrétiser, mais elles pourraient déstabiliser l’industrie des céréales de l’Ouest qui vaut des milliards de dollars. Ces manœuvres sont susceptibles de compromettre le gagne-pain de milliers de céréaliculteurs, indépendamment de la taille de leur exploitation.
Il serait maintenant utile de cesser les grands discours et de passer en revue les objectifs fondamentaux du projet de loi dynamique qui est à l’étude. Le grand objectif de la modification proposée est de donner aux agriculteurs canadiens de l’Ouest des moyens plus nombreux de réussir sur le plan économique.
Les agriculteurs qui veulent se prévaloir d’un régime de mise en commun auront toujours cette possibilité grâce à une commission du blé à participation facultative alors que ceux qui estiment pouvoir mieux réussir en vendant directement leur production sur le marché en auront également la possibilité.
Les produits et les denrées alimentaires du Canada sont de plus en plus recherchés dans le monde entier. Les producteurs canadiens, dans les secteurs des mines, des forêts, de l’énergie et de l’alimentation, ne ménagent pas leurs efforts pour être les producteurs les plus concurrentiels et ceux qui réussissent le mieux sur la planète. On ne peut guère prétendre que c’est une idée radicale que de revoir le rôle d’un monopole d’État de 68 ans en prévoyant une période de transition d’un maximum de cinq ans.
L’opposition adore le mot « idéologue », peut-être parce qu’il y a un bon moment que ses députés n’ont plus avancé quelque idée de valeur. Inutile d’être idéologue pour s’apercevoir que, en 2011, la commercialisation ne se fait pas dans les mêmes conditions qu’en 1943, à l’époque où la Commission canadienne du blé est devenue un mécanisme obligatoire. Le Canada ne fait que se joindre aux pays industrialisés les plus avancés qui ont laissé tomber ce genre de système de commercialisation.
Le refus de l’adaptation et de l’évolution n’est pas un moyen de réussir. C’est la garantie d’une stagnation durable. Cette modification fait l’objet de débats depuis des années, et il nous incombe maintenant d’honorer l’engagement que nous avons pris au cours de toutes les campagnes électorales.
Notre objectif, maintenant, c’est d’assurer la prévisibilité et un climat de certitude pour que les vendeurs et acheteurs de grains préparent efficacement la prochaine saison. Le projet de loi a recueilli un appui enthousiaste chez les agriculteurs et les groupes agricoles, ainsi que dans toute l’industrie.
Le gouvernement a entendu le point de vue des nombreux entrepreneurs du secteur agricole qui estiment que leurs propres activités leur vaudront des succès plus éclatants s’ils disposent des choix que le projet de loi leur procure en matière de commercialisation.
Un groupe de travail largement représentatif a conclu dans un rapport paru le mois dernier que ce serait effectivement le cas. En réalité, les entrepreneurs d’aujourd’hui prouvent constamment qu’ils peuvent stimuler l’économie et qu’ils le feront s’ils ont le contrôle de leur entreprise agricole et, au bout du compte, de leurs résultats.
Dans l’industrie céréalière, cela veut dire le choix des modalités de commercialisation du grain, le choix du moment de la vente, le choix des acheteurs, le choix du prix des produits et, en fin de compte, le choix entre la vente à une Commission du blé à participation facultative ou sur le marché libre.
Notre plan global apporte certitude et clarté aux agriculteurs, à l’industrie et à l’ensemble du marché. Le gouvernement a toujours soutenu que les agriculteurs devaient avoir le choix des modalités de mise en marché de leur grain, qu’ils le vendent chacun pour soi ou sur un marché libre par l’intermédiaire d’une Commission canadienne du blé à participation facultative.
La loi permet au gouvernement d’assurer à la Commission canadienne du blé le soutien initial nécessaire pour fonctionner comme organisme de commercialisation à participation facultative, en lui donnant le temps de faire la transition vers un régime de propriété entièrement privé. Nous collaborerons avec la commission afin que la transition se fasse le plus tôt et le plus harmonieusement possible.
Le projet de loi, une fois adopté, permettra aussi aux agriculteurs et aux sociétés céréalières de conclure immédiatement des contrats à terme visant l’achat ou la vente de blé, d’orge et de blé dur pour exécution après le début de la campagne agricole, le 1er août 2012. Ainsi, les agriculteurs et tous les éléments de la chaîne de valeur pourront faire leur préparatifs en conséquence et assurer une transition ordonnée.
Cette nouvelle liberté présente aussi de nombreux avantages économiques pour les localités des Prairies. Les prophètes de malheur se répandent en spéculations, mais les transformateurs pourront désormais ouvrir leurs portes pour faire des affaires, sans l’entrave de l’exigence actuelle de n’acheter le blé et l’orge qu’à la Commission canadienne du blé.
L'industrie céréalière canadienne est une force économique de 16 milliards de dollars pour les agriculteurs et représente près de la moitié de nos exportations de produits agricoles, mais ce qui a déjà été la culture phare du Canada a perdu du terrain. L'innovation dans les secteurs du blé et de l'orge stagne. La concurrence pour la superficie a faibli et de nouvelles cultures, comme le canola, dépassent le blé au chapitre de la valeur dans les Prairies.
Le rapport de l'Institut C.D. Howe publié au printemps dernier a confirmé que la part de la production annuelle mondiale du blé que détient le Canada a chuté de 50 p. 100. De même, celle de l'orge a baissé de 40 p. 100. La part du marché étant moindre, la Commission canadienne du blé a moins d'influence sur la scène mondiale et, par conséquent, est devenue un preneur de prix.
Au cours des 20 dernières années, nous avons vu une croissance phénoménale des débouchés à valeur ajoutée du côté de l'avoine, des légumineuses et du canola dans les Prairies. Des débouchés semblables se présenteront pour le blé et l'orge quand nous mettrons en oeuvre cette loi sur le libre choix en matière de commercialisation.
Nous travaillerons de concert avec les producteurs agricoles et l'industrie afin d'attirer les investissements, d'encourager l'innovation, de créer des emplois à valeur ajoutée et de bâtir une économie plus solide. Nous savons que le blé dur et l'orge présentent un potentiel élevé, mais le monopole que détient actuellement la Commission canadienne du blé y fait obstacle.
Voyons un peu ce qui s'est passé lorsqu'on a brisé le monopole sur l'avoine. Au Manitoba, la superficie utilisée pour la culture de l'avoine a augmenté de plus de 175 000 acres depuis qu'on a retiré l'avoine du mandat de la commission en 1989. La construction de deux nouvelles usines a été annoncée dans les semaines qui ont suivi la décision. Plusieurs autres usines ont été construites à la fin des années 1980 et au début des années 1990, ce qui a transformé considérablement le marché de l'avoine. Citons notamment Can-Oat, à Portage la Prairie, au Manitoba, qui emploie actuellement 125 personnes. Le Manitoba transforme en ce moment un demi-million de tonnes d'avoine par année.
Juste de l'autre côté de la frontière, au Dakota du Nord, plusieurs nouvelles usines de fabrication de pâtes ont été construites et ont donné des emplois qui auraient pu être créés au Manitoba, en Saskatchewan ou en Alberta.
On peut s'attendre à ce que davantage de transformateurs lancent de nouvelles entreprises au Canada. Les marchands privés de blé et d'orge vont accroître leur main-d'oeuvre. Les minoteries vont pouvoir s'approvisionner directement auprès du producteur de leur choix, aux prix et au moment qu'ils auront négociés. Les entrepreneurs pourront créer leurs propres minoteries, malteries et usines de fabrication de pâtes spécialisées.
En fait, nous avons tout récemment eu l'honneur de lever la première pelletée de terre pour la construction d'une nouvelle usine de fabrication de pâtes à Regina, en Saskatchewan. La compagnie fabrique déjà des pâtes partout dans le monde, mais jusqu'à maintenant elle n'avait pas voulu s'installer au Canada en raison du monopole de la commission et du fait que traiter directement avec les producteurs de blé dur entraînait trop de tracasseries administratives. La nouvelle usine, qui devrait commencer à exercer son activité l'an prochain, va créer 60 emplois permanents et jusqu'à 150 emplois temporaires. Tous les éléments sont donc en place afin que les forces du marché entrent en jeu.
Des transformateurs avant-gardistes tels que l'Alliance Grain Traders pourront s'entendre directement avec les agriculteurs pour ce qui est de la qualité et de l'uniformité des approvisionnements. Ce sont là deux aspects qui ont été occultés avec le programme de rachat ridicule que la Commission canadienne du blé avait mis en place. La structure du modèle d'entreprise à Regina est plus complexe, mais elle permet d'aller de l'avant plus facilement.
Murad Al-Katib, qui est un jeune entrepreneur dynamique de Davidson, en Saskatchewan, a dit très clairement que la construction de la nouvelle usine de transformation de pâtes à Regina devenait d'autant plus possible avec le retrait du guichet unique.
L'Alliance Grain Traders a élaboré un système de classe mondiale pour la manutention des lentilles, des pois et d'autres légumineuses. En vertu de ce système, la manutention s'effectue à l'endroit même où les denrées sont cultivées et non au point de vente, conformément à ce que dit la Commission canadienne du blé. L'alliance entrevoit les mêmes possibilités pour les pâtes de blé dur et j'ai hâte de célébrer ses succès futurs, qui ne seraient pas possibles sans l'importante mesure législative du gouvernement.
Un agriculteur de la Saskatchewan a dit récemment au Globe and Mail qu'il avait hâte de vendre son blé dur à l'usine. Je suis convaincu que ses propos reflètent le point de vue d'autres producteurs de blé dur dans sa province.
Cette initiative est une bonne nouvelle pour la Saskatchewan et il y en aura d'autres. La logique est toute simple, mais elle semble échapper aux esprits négatifs. Un plus grand nombre d'acheteurs favorisera une plus grande concurrence et de meilleurs prix pour les grains des producteurs. Deux bourses de marchandises situées de chaque côté de la frontière se disputent déjà le blé des agriculteurs.
Pour la toute première fois, le Minneapolis Grain Exchange va accepter des contrats à terme pour les grains canadiens. Pour la toute première fois, cette bourse va permettre l'utilisation de grains canadiens pour régler des contrats futurs.
Intercontinental Exchange Futures Canada de Winnipeg a annoncé qu'elle mettra son contrat à terme sur le blé de printemps de l'Ouest canadien sur le marché dès que le projet de loi aura reçu la sanction royale. C'est une excellente nouvelle, car cela signifie que les agriculteurs disposeront d'un outil important de gestion des risques dès qu'ils commenceront à commercialiser eux-mêmes leurs grains.
Nous entendons beaucoup de propos alarmistes au sujet des grandes entreprises, mais le fait est que des entreprises canadiennes solidement établies dans ce secteur d'activité sont impatientes de faire fonctionner la libre commercialisation, dont, bien sûr, plusieurs terminaux exploités par des agriculteurs partout dans l'Ouest canadien qui possèdent maintenant leur propre terminal portuaire à Vancouver.
Mayo Schmidt, président et directeur général de Viterra, une autre entreprise canadienne de tout premier ordre qui a son siège social à Regina, a déclaré vendredi dernier qu'il était impatient de travailler avec la commission à participation facultative pour faire progresser l'industrie. Il s'occupera de leurs grains. Voici ce qu'il a dit:
Si la Commission canadienne du blé choisit de faire affaire avec l'industrie en vue d'établir une relation et d'accéder au système (de manutention des grains), lequel sera mis à sa disposition, je pense que ses perspectives seront meilleures si elle le fait le plus tôt possible.
Arrêtons de créer des obstacles et laissons les forces du marché s'exercer. Il a également dit: « C'est le moment où jamais de tirer profit de l'ouverture et de l'empressement de tous les acteurs à l'accueillir en tant que participant » . Il a ajouté que les grains produits par les agriculteurs feront l'objet d'une concurrence féroce et que celle-ci s'intensifiera considérablement, comme c'est le cas depuis la fin du monopole de la commission australienne du blé sur les grains, il y a trois ans.
Comme nous le savons tous, il faut faire des efforts pour arriver à de bons résultats. Il ressort clairement de notre plan exhaustif que le gouvernement travaille en étroite collaboration avec l'industrie pour que la transition vers le marché libre se déroule le plus harmonieusement possible. Nous prenons toutes les précautions pour veiller à ce que la période de transition soit aussi harmonieuse que possible pour les agriculteurs et l'industrie dans son ensemble.
Les agriculteurs canadiens cultivent des produits de première classe et le marché mondial déborde d'occasions à saisir. Notre objectif est de redonner les rênes aux producteurs de blé et d'orge, afin qu'ils puissent saisir ces occasions. Le gouvernement donnera le libre choix aux agriculteurs, afin qu'ils puissent continuer à faire tourner l'économie et à nourrir le Canada et le monde.
La motion de la députée de est contre-productive et nuira à l'ensemble de l'industrie céréalière de l'Ouest canadien. Il n'est pas surprenant que l'opposition ne comprenne pas la réalité des agriculteurs de l'Ouest, puisqu'elle n'a remporté aucun siège dans la région qui est touchée par la Commission canadienne du blé. Ce qui est surprenant, c'est que les députés de l'opposition continuent à faire passer leurs propres intérêts avant ceux des agriculteurs de l'Ouest canadien, qui ont besoin de stabilité et de liberté sur le plan de la commercialisation.
J'exhorte tous les députés à travailler pour et non contre les agriculteurs. Montrons aux producteurs de grains de l'Ouest canadien que nous les avons entendus et que la libre commercialisation est un droit qu'ils méritent, et votons contre cette motion irresponsable.
:
Madame la Présidente, je suis vraiment reconnaissant d'avoir une nouvelle occasion d'intervenir au sujet de l'attaque idéologique aberrante que le gouvernement conservateur a lancée contre les céréaliculteurs de l'Ouest et contre les exploitations agricoles familiales de l'ensemble du Canada.
Je suis ravi d'intervenir de nouveau parce que, malheureusement, le gouvernement n'était pas disposé à donner l'occasion de se prononcer aux producteurs les plus durement touchés par la décision insensée de supprimer le guichet unique de la Commission canadienne du blé pour la mise en marché et la vente du grain.
Le gouvernement a privé de leur droit d'expression non seulement les producteurs de blé et d'orge de l'Ouest, mais également l'ensemble des Canadiens. Au cours de la dernière législature, le gouvernement a montré qu'il n'était pas disposé à écouter les voix opposées à son message à sens unique. Il a congédié Paul Kennedy, le président de la Commission des plaintes du public contre la GRC, et Linda Keen, la présidente de la Commission canadienne de sûreté nucléaire.
Maintenant, chaque fois qu'un député conservateur parle de son mandat, il laisse subtilement entendre que toute résistance est futile. Cependant, le gouvernement ne fera pas taire les céréaliculteurs de l'Ouest du Canada, ni les députés de ce côté-ci de la Chambre.
Comme dans le cas de la mesure législative visant à s'attaquer au passage de clandestins, du projet de loi omnibus contre le crime et du projet de loi d'exécution du budget, le gouvernement conservateur a présenté un avis de motion pour limiter la durée des débats après seulement une heure et demie de débat.
Je comprends qu'il peut être fatigant d'écouter le même pour un partisan conservateur qui défend la cause des agriculteurs de l'Ouest et qui ne partage peut-être pas le point de vue du ministre — même pour les agriculteurs d'allégeance conservatrice que le gouvernement refuse d'écouter —, mais ce n'est pas une raison pour limiter la durée du débat.
De toute évidence, le gouvernement conservateur a reconnu, comme je l'ai dit, que le présent débat ne devrait pas avoir lieu puisque le projet de loi contrevient clairement à l'article 47.1 de la Loi sur la Commission canadienne du blé. Cependant, plutôt que de tenir un plébiscite, le gouvernement s'est enfoui la tête dans le sable pour ne pas entendre le tollé de protestations provoqué par ses décisions illégales.
Je rappelle aux député que l'article 47.1 de la Loi sur la Commission canadienne du blé dispose notamment ce qui suit:
Il ne peut être déposé au Parlement, à l’initiative du ministre, aucun projet de loi ayant pour effet, soit de soustraire quelque type, catégorie ou grade de blé ou d’orge, ou le blé ou l’orge produit dans telle région du Canada [...] à moins que les conditions suivantes soient réunies: a) il a consulté le conseil au sujet de la mesure; b) les producteurs de ce grain ont voté — suivant les modalités fixées par le ministre — en faveur de la mesure.
Dans sa quête idéologique en vue d'abolir le système de commercialisation et de vente à guichet unique, le gouvernement fait abstraction d'un élément important: la volonté de la majorité des producteurs céréaliers de l'Ouest canadien. Par conséquent, la mesure législative que nous étudions depuis quelques semaines outrepasse le pouvoir du gouvernement en ce sens qu'il néglige de remplir toutes ses obligations.
L'institution qu'est la Commission canadienne du blé est considérée comme étant si sacro-sainte que la loi prévoit un mécanisme pour protéger les agriculteurs contre tout gouvernement qui éliminerait de façon arbitraire le pouvoir et l'influence d'un organisme qui commercialise et vend du blé et de l'orge au meilleur prix possible pour le compte de tous les producteurs céréaliers de l'Ouest canadien. L'article 47.1 a été inscrit dans la Loi sur la Commission canadienne du blé pour prévenir le genre même d'abus perpétré par le ministre et le gouvernement.
Au cours des derniers jours de débat, des députés conservateurs ont décrié à maintes reprises le plébiscite et dénoncé ses imperfections. De ce côté-ci de la Chambre, nous n'avons jamais insisté pour dire que le gouvernement devrait tenir pour acquis le point de vue de 62 p. 100 des producteurs de blé et de 51 p. 100 des producteurs d'orge. Comme nous sommes de véritables démocrates, nous avons plutôt soutenu que, s'il n'est pas satisfait du plébiscite tenu par les agriculteurs, le gouvernement devrait organiser son propre plébiscite, comme le prévoit la loi, et déterminer la volonté des agriculteurs.
Si la majorité des agriculteurs des Prairies décident de se débarrasser de leur outil de commercialisation et de vente, le Parti libéral ne leur mettra pas de bâtons dans les roues. Les agriculteurs sont les mieux placés pour décider. Ils doivent donc prendre leur propre décision, puisqu'ils ont le droit de le faire.
Nous avons été clairs depuis le début: laissons les agriculteurs décider. Or, le gouvernement ne leur permettra même pas de s'exprimer. Malgré ses lamentations au sujet de la capacité de l'Ontario de commercialiser son grain, le gouvernement oublie, comme par hasard, que les producteurs de blé de l'Ontario ont décidé eux-mêmes de cesser de commercialiser leur grain au moyen d'un guichet unique.
Les Canadiens doivent savoir que la commercialisation du blé est très différente selon qu'on se trouve en Ontario ou dans les Prairies. L'Ontario produit du blé tendre, que l'on utilise dans la fabrication de pâtisseries, de biscuits et de beignes, alors que le blé roux du printemps cultivé dans l'Ouest sert à fabriquer de la farine de blé dur et des pâtes alimentaires. Les minoteries de l'Ontario utilisent le blé des Prairies pour fabriquer de la farine de boulangerie.
En outre, les Prairies produisent 80 p. 100 du blé du Canada, dix fois plus que l’Est du Canada. Quatre-vingt-dix pour cent du blé ontarien est utilisé en Ontario ou dans le Nord-Est des États-Unis, alors que 68 p. 100 du blé des Prairies est exporté. Il est destiné à d’autres pays, à des coûts de transport supérieurs, des coûts qui sont maintenus à des niveaux acceptables grâce à l’influence de la Commission canadienne du blé. Le transport n'est pas un facteur aussi important en Ontario, compte tenu de la proximité des marchés.
Dans ce cas, pour quelle raison les députés conservateurs des Prairies font-ils confiance aux céréaliculteurs de l’Ouest quand il s’agit de voter pour eux, mais pas lorsqu’il s’agit de prendre leurs propres décisions au sujet de la commercialisation et de la vente de leurs céréales? Malgré son idéologie réformiste, le Parti conservateur semble avoir oublié, maintenant qu’il est au pouvoir, que les producteurs de céréales de l’Ouest du Canada ont tout autant droit à l’autodétermination que les agriculteurs de l’Ontario, qui ont exercé ce droit il y a des décennies.
Le et le n’ont pas fait grand mystère de leur volonté bien arrêtée de faire disparaître le système de guichet unique, mais leur réticence à écouter la population canadienne sur ce sujet est troublante. J’ai reçu des messages d’agriculteurs de l’Ouest qui disent que leurs propres députés conservateurs refusent de répondre aux appels et aux courriels qu’ils leur adressent dans l’espoir de se faire entendre. Ces députés conservateurs de l’Ouest sont à ce point aveuglés, à ce point zélés dans ce dossier, qu’ils en oublient leurs responsabilités envers leurs électeurs.
Il est intéressant de constater qu’à la veille des élections, le était tout à fait disposé à écouter les agriculteurs. À Minnedosa, il a assuré aux céréaliculteurs de l’Ouest canadien, comme le rapportait le Manitoba Co-operator en mars dernier, qu’ils auraient leur mot à dire au sujet du système à guichet unique, que lui-même n’agirait pas arbitrairement et qu’un gouvernement conservateur ne prendrait aucune mesure sans consulter d’abord les agriculteurs. Une fois élus, toutefois, le ministre et le n’étaient plus du tout enclins à écouter la voix de la majorité des agriculteurs.
J’en reviens à un commentaire formulé il y a des années par le , qui affirmait qu’il allait transformer du tout au tout le visage de la politique canadienne. Il a fait plus qu'en transformer le visage: il l’a défigurée. Maintenant, le ministre, le et les autres membres de l’orchestre de marionnettes à cordes des conservateurs nous chantent sur tous les tons qu’ils ont un mandat.
En août, 68 000 bulletins de vote ont été envoyés par la poste aux agriculteurs. Au cours de ce mois, des réunions ont été organisées partout dans les Prairies. Des centaines d’agriculteurs ont quitté leurs champs pour assister aux réunions, même si la récolte commençait, simplement pour se faire entendre. J’y étais, avec d’autres membres de mon parti. Nous avons vu et entendu la surprise et la colère de centaines d’agriculteurs face au projet du gouvernement. Des agriculteurs aux points de vue opposés ont assisté à ces réunions, ont écouté avec respect ce qui se disait et ont expliqué pourquoi, selon eux, le guichet unique devrait être conservé ou aboli.
Aucun mandat ne permet d’agir illégalement et d’adopter un projet de loi qui menace la subsistance des céréaliculteurs de l’Ouest canadien. Pas même le fait d’avoir obtenu les voix de 24 p. 100 des électeurs admissibles ne peut constituer un mandat pour abolir l’agence de commercialisation des agriculteurs canadiens.
À Colonsay, en Saskatchewan, dans la circonscription de la ministre chargée de la diversification de l’économie de l’Ouest canadien, les agriculteurs ne croient pas en l’existence d’un mandat pour abolir le système de guichet unique. Ils se sont réunis là-bas vendredi pour protester, et c’est ce qu’ils ont dit. Ils n’y croient pas non plus dans Brandon—Souris, où les céréaliculteurs se sont rassemblés pour exprimer cette opinion, mais apparemment leurs députés ont fait la sourde oreille: en trois jours de débat, pas un seul député conservateur des Prairies n’a eu le courage de défendre le droit de ses électeurs à exiger du gouvernement qu’il tienne un plébiscite, comme le prévoit l’article 47.1 de la loi.
Cette semaine, des agriculteurs vont se rassembler à Winnipeg. Nous ne pouvons qu’espérer que le gouvernement prendra le temps de le remarquer, mais nous ne nous faisons pas d’illusion. Le gouvernement ne remarque jamais rien ni personne qui ne soit totalement d’accord avec lui.
Le taux de participation au plébiscite, dont le résultat ne présentait aucune ambiguïté, était de 56 p. 100, taux semblable à celui de nombreuses élections générales et partielles récentes, notamment dans la circonscription du ministre. Ainsi, 62 p. 100 des producteurs de blé et 51 p. 100 des producteurs d'orge ont voté en faveur du maintien du système de vente et de commercialisation à guichet unique sous l'égide de la Commission canadienne du blé. Malheureusement, le ministre a fait fi du résultat du plébiscite, comme s'il s'agissait d'un simple sondage coûteux.
Les Canadiens, eux, ne peuvent hélas pas faire abstraction des résultats des élections dans leur circonscription et renvoyer leurs députés muselés des Prairies.
Curieusement, pas plus tard qu'hier, les députés conservateurs étaient disposés à citer les résultats d'autres sondages de la Commission canadienne du blé, à condition qu'ils soient conformes à leur point de vue. Encore une fois, où est passé le courage des députés d'en face? S'ils sont si convaincus de la volonté des producteurs de grains de l'Ouest canadien, qu'ils tiennent donc un plébiscite.
Au lieu de cela, le gouvernement a tenté, par son projet de loi boiteux, de museler les agriculteurs de toutes les manières possibles. Non seulement il fait fi de façon cavalière du droit des producteurs de grains de l'Ouest canadien à l'autodétermination au moyen d'un plébiscite, mais il empêche les agriculteurs d'exercer leur volonté démocratique en élisant eux-mêmes leurs administrateurs. Voici ce que stipule l'article 12 du projet de loi :
Les administrateurs élus qui sont en poste à la Commission canadienne du blé à la date d’entrée en vigueur de la présente partie cessent d’occuper leur charge à cette date.
Ce sont les agriculteurs qui choisissent, parmi eux, ceux qui siégeront au conseil d'administration et représenteront leurs intérêts, mais ils ne pourront plus le faire maintenant. Au lieu d'avoir 10 administrateurs élus, la Commission canadienne du blé comptera cinq administrateurs nommés par les conservateurs.
Huit membres élus du conseil d'administration sur 10 se sont constamment montrés favorables au système à guichet unique. En faisant passer le nombre de 10 membres élus plus cinq membres nommés à seulement cinq membres nommés par le gouvernement pour cinq ans, au sein du conseil d'administration intérimaire de la Commission canadienne du blé, dont les services seraient désormais facultatifs, le gouvernement conservateur s'assurerait que les seules personnes habilitées à parler au nom de la multitude d'agriculteurs seraient des gens obéissants installés à leur poste par le cabinet du premier ministre, ce qui fait qu'il n'y aurait plus aucune forme d'expression démocratique. Le gouvernement accorde plus d'importance à son idéologie qu'à l'expérience des agriculteurs.
Beaucoup de gens, y compris le magazine The Economist, de tendance normalement conservatrice, sont d'avis que, compte tenu de la fragilité de l'économie mondiale, le démantèlement de ce système à guichet unique aurait pour conséquence que:
La hausse des coûts de commercialisation forcera inévitablement les petits producteurs à vendre leur exploitation agricole à de plus gros exploitants ou à des sociétés agro-industrielles, ce qui aura un effet dévastateur sur les petites municipalités des Prairies, dont les économies dépendent des agriculteurs autonomes ayant un revenu disponible.
Qu'est-ce qui arrêtera le gouvernement du libre marché avant qu'il aille encore plus loin? Janis Joplin chantait qu' « être libre est comme avoir tout perdu ». Mais, dans ce cas, il nous reste encore une autre chose à perdre. Une fois que le gouvernement aura démantelé le guichet unique où se vend le blé canadien, il lui restera à faire disparaître le système de gestion de l'offre pour la volaille, les produits laitiers et les oeufs. Je suppose qu'une fois rendus là, les agriculteurs n'auront plus le choix: ils devront être libres comme dans la chanson.
Les États-Unis ont rendu unilatéralement la frontière moins perméable dans le but supposément de stimuler leur économie. La principale revendication commerciale des États-Unis à notre égard a toujours été l'élimination de la Commission canadienne du blé. Pourquoi? Parce que la commission donne à nos agriculteurs un avantage concurrentiel. À l'heure actuelle, le premier ministre courbe l'échine devant nos voisins du Sud. Non content de les laisser nous imposer des mesures protectionnistes, il leur sacrifie nos avantages concurrentiels. Quand je pense que le critiquait notre gouvernement libéral pour ne pas avoir déréglementé le système bancaire canadien comme les États-Unis l'avaient fait et voulaient que nous le fassions. Il espérait que nous nous mettions à suivre pas à pas nos voisins dans chaque dossier, sans jamais obtenir quoi que ce soit en retour.
Les États-Unis se sont adressés à 14 reprises à l'Organisation mondiale du commerce pour réclamer l'élimination de la Commission canadienne du blé. Chaque fois, l'organisation s'est prononcée en notre faveur et a permis aux producteurs de céréales de l'Ouest canadien de conserver leur précieuse ressource. Il ne faut pas se leurrer: notre accord commercial prévoit qu'une fois que la commission aura disparu, nous ne pourrons plus jamais la remettre sur pied.
Hier, le s'est avéré incapable de dire à la Chambre pour quelles raisons le gouvernement juge qu'il est dans notre intérêt que les principales décisions concernant le grain canadien soient prises à Minneapolis, à Chicago ou à Kansas City, car c'est bien ce qui va se produire. Qui plus est, le gouvernement n'a offert aucune garantie quant à la souveraineté alimentaire du Canada. L'achat de petites entreprises agricoles familiales par de grosses sociétés agroalimentaires est une chose, mais c'en sera une autre de voir l'expropriation de fermes canadiennes par des intérêts étrangers, ce qui n'est pas sans rappeler l'achat de nos terres riches en minerais dans l'Ouest, car ces intérêts étrangers s'inquiéteront bien plus de la sécurité alimentaire de leur propre pays que de la souveraineté alimentaire du Canada.
La semaine dernière, j'ai affirmé que le était devenu le valet du département du Commerce des États-Unis, mais j'avais tort. Pour qu'il soit leur valet, il faudrait que les États-Unis viennent à nous. C'est plutôt le contraire qui se produit; bientôt, nous leur offrirons sur un plateau d'argent d'autres concessions commerciales, qui s'ajouteront à toutes les autres que nous avons déjà accordées.
Peu importe ce que le a affirmé hier en ce qui concerne la gestion de l'offre, le gouvernement ne peut même pas honorer la promesse qu'il a faite aux producteurs de céréales de l'Ouest canadien, soit écouter ce qu'ils ont à dire. Quelles sont les garanties que les cinq industries soumises à la gestion de l'offre peuvent espérer obtenir? Nous serions stupides et naïfs de croire que nos industries soumises à la gestion de l'offre, comme celles du poulet, des produits laitiers et des oeufs, ne sont pas déjà dans la mire du gouvernement, pour leur plus grand malheur.
Les agriculteurs pourront également se faire rouler par le CN et le CP. Des intervenants d'autres industries agricoles ont communiqué avec moi pour me faire part de leurs préoccupations concernant le fait que le Canada est considéré comme un fournisseur non fiable de produits agricoles parce qu'il ne peut pas acheminer ses marchandises vers les ports par chemin de fer. C'est en grande partie à cause des différends qui opposent les fournisseurs et les compagnies de chemin de fer CN et CP.
Les industries agricoles prévoyaient que ces préoccupations seraient abordées dans l'examen des services ferroviaires déposé en mars dernier. Sept mois plus tard, le gouvernement a tabletté un énième rapport, et nous discutons de l'éventualité d'enlever aux agriculteurs des Prairies leur infrastructure des transports.
Où est le facilitateur de l'industrie ferroviaire? Je me suis entretenu avec des producteurs de légumineuses, qui m'ont demandé s'il existait des ententes sur les niveaux de service pour eux et d'autres producteurs de l'industrie agricole. Où sont les mécanismes visant à protéger les agriculteurs et à empêcher que les sociétés ferroviaires, qui ne sont pas à l'écoute de leurs besoins, les exploitent?
Le est resté remarquablement silencieux à ce sujet. Les propriétaires de courtes lignes ferroviaires craignent avec raison de ne plus pouvoir entretenir leurs chemins de fer sans le soutien de la Commission canadienne du blé. Les céréaliculteurs de l’Ouest se sont tournés vers ces lignes courtes à cause de la fermeture de voies et de la rigidité des sociétés ferroviaires.
Les agriculteurs comprennent l’intérêt d’économiser 1 400 $ par wagon de producteur en frais de transport, grâce à la position de négociation unique de la CCB. Or, cette économie se volatilisera presque immédiatement. À l’heure actuelle, la commission peut négocier avec le CN et avec CP Rail pour assurer une fourniture suffisante de wagons de producteur. Comme la commission perdra son influence, cet avantage disparaîtra également.
Dans mes discussions avec les céréaliculteurs canadiens de l’Ouest, je n’ai entendu que trop souvent des histoires tragiques au sujet du traitement que les sociétés ferroviaires réservent aux producteurs. Celles-ci sont tellement indifférentes aux producteurs de blé qu’il arrive souvent qu’elles envoient des wagons percés, sans se préoccuper du grain qui se perdra en route. Pris individuellement, les agriculteurs doivent affronter un monstre, alors que leur poids collectif leur donnait un certain recours devant un traitement aussi médiocre.
Le gouvernement semble déterminé à dépenser un montant estimé à 500 millions de dollars, au bas mot, à un moment où il prétend que l’économie est toujours fragile, pour démobiliser une organisation qui n’a pas encore besoin de fonds fédéraux. Celle-ci a été financée par les bénéfices des agriculteurs; et pourtant, ceux qui se disent conservateurs sont prêts à sacrifier des revenus de milliards de dollars pour les agriculteurs tout en dépensant des millions de dollars pour démanteler l’organisation.
De toute évidence, la protection de l’exploitation agricole familiale dans les provinces des Prairies n’est pas une priorité du gouvernement conservateur. Les conservateurs auraient pu agir autrement pour répondre à la volonté de la majorité des producteurs de blé et d’orge, mais ils ont préféré répondre aux exigences de leur propre idéologie.
Le projet de loi illustre bien la mesquinerie du gouvernement. Il est mal conçu. Hier encore, le a été contraint de retirer de son site Web une vidéo qui, sans être truffée d’inexactitudes flagrantes, contenait des insultes racistes répétées.
Le gouvernement est à ce point arrogant qu’il estime ne plus avoir à rendre compte de ses actes aux simples citoyens. La loi a dit clairement et les agriculteurs canadiens de l’Ouest ont confirmé par leur vote que la Commission canadienne du blé est une institution essentielle dans les Prairies.
Après la deuxième lecture, le gouvernement a toujours la possibilité de retirer le projet de loi et de tenir une consultation pour connaître enfin la volonté des agriculteurs canadiens. Je supplie le gouvernement de tenir cette consultation dans l’intérêt des agriculteurs et dans celui de la démocratie.
:
Madame la Présidente, je prends la parole aujourd’hui pour appuyer la motion d’opposition de notre parti concernant la Commission canadienne du blé. Je serais heureux de partager mon temps de parole avec mon collègue, le député de .
Je suis ravi d’apprendre qu’il y a eu du mouvement de l’autre côté et que des députés demandent un plébiscite, qui constitue un élément essentiel de notre motion.
Comme l’a si bien dit la députée de , notre motion demande au gouvernement de mettre de côté son projet de loi visant à abolir la Commission canadienne du blé et d’organiser un scrutin libre, en bonne et due forme, auprès de tous les membres de la commission afin de connaître leurs souhaits. Je compte parler aujourd’hui de cette motion, qui constitue une réaction directe au projet de loi . J’appuie notre motion non seulement parce que je crois que le maintien de la Commission canadienne du blé est important pour les Canadiens, mais aussi parce que je crois que le projet de loi compromet la démocratie canadienne et constitue un autre exemple de la façon irresponsable dont les conservateurs se servent de leur majorité.
La démocratie canadienne a deux aspects critiques liés l’un aux résultats et l’autre au processus. En ce qui concerne les résultats, ceux qui jugent la démocratie examinent souvent la mesure dans laquelle les préférences des groupes minoritaires sont respectées lorsque les gouvernements élus prennent des décisions. Pour ce qui est du processus, la situation de la démocratie dépend de la mesure dans laquelle les gouvernements font participer les citoyens aux décisions tant électorales que non électorales. Notre motion porte sur la façon dont le projet de loi mine la démocratie canadienne aussi bien dans ses résultats que dans son processus. J’espère que tous les députés l’appuieront.
Avant de parler de la façon dont le projet de loi mine tant les résultats que le processus de la démocratie, il convient de prendre du recul pour considérer l’institution que notre motion appuie.
La Commission canadienne du blé est, pour les agriculteurs des Prairies, l’organisme de commercialisation du blé, du blé dur et de l’orge. Il s’agit en fait de l’organisme de commercialisation des céréales le plus important et le plus efficace du monde. C’est une institution impressionnante qui est reconnue partout à l'étranger et dont nous pouvons être fiers.
Le principe de la Commission canadienne du blé remonte aux années 1920, lorsque les agriculteurs de l’Ouest avaient commencé à mettre en commun leurs céréales afin d’obtenir de meilleurs prix. C’était un effort collectif qui bénéficiait de l’appui général partout dans le pays. En 1943, le guichet unique a été créé, imposant aux agriculteurs des Prairies de commercialiser leur blé par l’entremise de la commission. Cette structure de guichet unique garantissait la stabilité financière, une gestion prudente du risque et la régularité de l’approvisionnement, facteurs très importants pendant les années de guerre, mais aussi par la suite.
La Commission canadienne du blé est contrôlée, dirigée et financée par des agriculteurs. Ce n’est pas un organisme gouvernemental; c’est un organisme d’agriculteurs. La Commission canadienne du blé vend nos produits partout dans le monde et organise le transport entre des milliers d’exploitations et les clients de 70 pays. Elle commercialise chaque année quelque 21 millions de tonnes de blé et d’orge.
Environ 80 p. 100 du blé produit chaque année dans l’Ouest est exporté. La commission est non seulement une institution canadienne, mais aussi un important organisme dans le monde entier. Les exportations constituent l’essentiel de ses activités, mais elle approvisionne aussi les minoteries et les brasseries du Canada. La Commission canadienne du blé ne fixe pas les prix des céréales, qui constituent un important élément de sa structure. Les prix sont fixés par les lois de l’offre et de la demande dans le monde. Toutefois, sa taille et sa position dominante sur le marché lui permettent de maximiser les prix.
L'avantage qu'en tirent les agriculteurs est clair, tel qu'énoncé dans le mandat de la Commission canadienne du blé et démontré dans ses pratiques. Elle aide les agriculteurs à l'échelle mondiale. Elle les aide, mais elle oeuvre dans les limites des paramètres du marché. Les prix sont fixés en fonction de l'offre et de la demande mondiales. Toutefois, cela assure aux agriculteurs une certaine tranquillité d'esprit.
La Commission canadienne du blé n'achète pas le blé et l'orge des agriculteurs; elle est plutôt leur agent de commercialisation. On fait tout un plat autour d'une institution qui est, en fait, un agent de commercialisation. Nos vis-à-vis parlent de monopole et de non-respect des droits d'une minorité. Or, la commission est un office de commercialisation qui fait du bon travail pour les agriculteurs et qui, en fait, leur permet de survivre.
La Commission canadienne du blé négocie les ventes sur les marchés internationaux et en remet le revenu aux agriculteurs. La Commission canadienne du blé ne fait aucun gain; elle ne conserve que les montants dont elle a besoin pour couvrir ses coûts et la gestion du risque financier.
La Commission canadienne du blé finance son programme de commercialisation par une foule d'autres activités, comme le développement de marchés, l'élaboration de stratégies, la recherche et l'analyse et la défense de l'intérêt public. Encore une fois, il s'agit d'une organisation qui est la créature des agriculteurs et qui les aide à obtenir les meilleurs prix possibles tout en respectant les paramètres du marché. Il n'y a rien là d'insidieux. C'est simplement un outil. En fait, c'est la seule façon dont un bon nombre de petits exploitants peuvent survivre.
La Commission canadienne du blé administre également l'aide à la livraison du grain et les versements aux agriculteurs, y compris des programmes novateurs d'établissement des prix qui aident les producteurs à gérer leurs liquidités et leurs risques.
Je ne suis pas originaire des Prairies. J'ai grandi dans une région rurale de la Nouvelle-Écosse, où j'étais entouré de fermes. Bien des exploitations agricoles ont du mal à subsister, particulièrement les petites fermes. Elles font faillite parce que le risque est très grand. La Commission canadienne du blé aide ces petites exploitations agricoles à survivre. Si nous l'abolissons, elles vont certainement disparaître.
La Commission canadienne du blé atténue les risques courus par les agriculteurs, notamment en ce qui concerne les échéances de paiements, leur capacité de vendre leurs céréales à l'acheteur idéal au moment idéal et la façon d'acheminer leurs produits vers les marchés.
La commission n'est ni un organisme gouvernemental ni une société d'État. Elle n'est pas financée par les contribuables. Les agriculteurs paient ses coûts de fonctionnement avec les revenus de la vente de leurs céréales. Je le répète: ce n'est ni un organisme gouvernemental ni une société d'État. Voici un exemple de plus d'ingérence d'un gouvernement majoritaire arrogant dans le fonctionnement d'une organisation qui opère en dehors du champ d'activité du gouvernement.
Je reviens à mes deux principaux arguments selon lesquels les résultats et le processus sont des étalons qui nous permettent d'évaluer la santé de la démocratie au Canada.
Au plan des résultats, le projet de loi propose de démanteler la Commission canadienne du blé, un organe financé et contrôlé par les agriculteurs en éliminant la commercialisation à guichet unique du blé et de l'orge.
La mesure crée une Commission canadienne du blé à adhésion facultative, mais personne ici ne croit qu'il s'agit d'un effort sincère. C'est simplement que le gouvernement a peur de dire qu'il a l'intention d'abolir cette organisation dans son ensemble. Il veut nous faire croire qu'il procède par étape. La participation facultative à la Commission canadienne du blé n'est ni plus ni moins qu'une façon pour le gouvernement de dire qu'il n'abolit pas complètement la Commission canadienne du blé d'un seul coup.
La Commission canadienne du blé est avantageuse pour le Canada et pour les petits agriculteurs. Voilà les résultats qu'il faudrait évaluer. Si le gouvernement réussit à faire adopter le projet de loi , combien restera-t-il de petits exploitants agricoles dans cinq ans? Je pense que c'est la chose importante qu'il faut mesurer.
Nous devons vérifier si le gouvernement majoritaire passe outre aux souhaits des agriculteurs de la région. Dans cinq ans, si nous constatons qu’un grand nombre de fermes familiales ont disparu, nous devrons demander si l’on a bien fait ce qu’il fallait.
Notre motion, en cette journée de l’opposition, affirme que nous devrions consulter les agriculteurs, comme le prévoit la loi. C'est de cela dont je veux parler pour ce qui est du processus.
La partie la plus radicale du projet de loi est probablement le processus suivi par le gouvernement pour tenter d’abolir la Commission canadienne du blé. Il vaut la peine d’examiner la Loi sur la Commission canadienne du blé concernant le processus qu’on serait censé respecter, et le comparer à ce que propose le gouvernement.
L’article 47.1 de la Loi sur la Commission canadienne du blé établit ceci:
Il ne peut être déposé au Parlement, à l’initiative du ministre, aucun projet de loi ayant pour effet, soit de soustraire quelque type, catégorie ou grade de blé ou d’orge, ou le blé ou l’orge produit dans telle région du Canada, à l’application de la partie IV, que ce soit totalement ou partiellement, de façon générale ou pour une période déterminée, soit d’étendre l’application [...]
On y trouve un grand nombre de paragraphes et de précisions auxquels le ministre devrait porter attention. Le gouvernement ne peut proposer aucun changement sans avoir consulté la commission.
Deuxièmement, et plus important encore:
b) les producteurs de ce grain ont voté — suivant les modalités fixées par le ministre — en faveur de la mesure.
Selon cet article, il faut tenir un plébiscite. C'est établi dans la loi. En fait, les conservateurs eux-mêmes ont invoqué cette disposition sous un ancien gouvernement.
Le gouvernement sera jugé en fonction de cette mesure législative qui détruira les exploitations agricoles locales. Dans cinq ans, on trouvera beaucoup moins de fermes familiales dans les Prairies.
Le gouvernement montre ici aux Canadiens comment il conçoit la démocratie dans notre pays. Il fait fit de l’obligation d’organiser un plébiscite. C'est contraire aux traditions du Parti conservateur lui-même.
Le Parti réformiste et le parti de l’Alliance, qui ont formé le Parti conservateur, se sont battus à la Chambre pour améliorer la démocratie canadienne, et je reconnais que c'est tout à leur honneur. Randy White avait présenté des projets de loi d’initiative parlementaire proposant la possibilité de révoquer un député. L’attitude actuelle du gouvernement va à l’encontre d’une telle vision. Cela me choque grandement, et je crois que les Canadiens en seront choqués également.
:
Madame la Présidente, je prends la parole pour appuyer notre motion.
Celle-ci fournit au gouvernement conservateur l'occasion de rétablir la confiance des Canadiens et de sauver une institution qui a si bien servi les agriculteurs. Même si elle est perçue comme un modèle de réussite partout dans le monde, la Commission canadienne du blé est attaquée par les conservateurs en vertu d'un programme dont l'idéologie privilégie les intermédiaires nantis aux dépens des agriculteurs canadiens.
La commission aide à faire en sorte que les producteurs puissent vendre leurs grains au bon acheteur et que les grains soient acheminés de façon efficace à l'acheteur. Nous vivons dans un grand pays, et l'approche coopérative en matière d'accès aux marchés est très caractéristique du système canadien. Le moment est venu de réitérer notre confiance dans cette approche et de protéger nos valeurs contre la cupidité des grandes sociétés. Au Canada, la coopération nous a permis de survivre. Celle-ci correspond à la volonté des agriculteurs, mais c'est aussi une bonne approche du point de vue économique.
Allen Oberg, qui est agriculteur et qui préside le conseil d'administration de la Commission canadienne du blé, a récemment déclaré que le démantèlement du guichet unique de la commission allait « compromettre des exportations d'une valeur de 5 milliards de dollars et faire passer l'argent des poches des agriculteurs canadiens aux mains des sociétés américaines ».
Enrichir des sociétés étrangères au détriment de nos producteurs ne correspond pas à ma conception d'une saine gestion économique. Le gouvernement conservateur semble risquer délibérément d'appauvrir nos agriculteurs pour accommoder des entreprises étrangères qui n'ont pas besoin de notre aide.
Selon un récent sondage ponctuel effectué par la Commission canadienne du blé, 62 p. 100 des agriculteurs favorisent le maintien du guichet unique pour le blé. La majorité des répondants souhaite aussi que le guichet unique soit maintenu pour l'orge. Étant donné que plus de 38 000 producteurs ont participé au sondage, le résultat est très concluant.
Afin de montrer sa bonne foi, le gouvernement devrait, avant d'apporter quelque changement que ce soit à la Commission canadienne du blé, étudier les conséquences qu'aurait le démantèlement du guichet unique pour nos agriculteurs et notre économie. Le gouvernement conservateur devrait renoncer à son approche doctrinaire et écouter les objections des producteurs et de leurs familles. Les familles d'agriculteurs méritent bien davantage le soutien du gouvernement qu'une bande d'intermédiaires nantis du secteur agricole.
Pourtant, les mesures prises par le gouvernement conservateur ne semblent pas témoigner d'une volonté en ce sens. L'attitude doctrinaire du gouvernement s'est traduite par un manque total d'ouverture et d'écoute. De toute évidence, celui-ci n'a pas l'intention de laisser le débat retarder le transfert de notre grain aux intérêts commerciaux des grandes villes.
Par exemple, nous n'avions discuté qu'une seule journée du projet de loi sur la suppression du guichet unique de la Commission canadienne du blé quand le gouvernement a décidé de recourir au bâillon pour étouffer au débat. Cela doit être un record. Les conservateurs sont prêts à étouffer le débat et à réduire l'opposition au silence. Pourquoi? Ce sont ces députés du Parti conservateur qui nous disaient naguère qu'ils allaient faire les choses différemment et encourager un sain débat. C'est une autre chanson maintenant.
Je vais répéter ce que j'ai dit ici même il y a quelques jours. Le 31 mars 2004, le chef du Parti conservateur, alors dans l'opposition, disait: « Le gouvernement a eu recours à la clôture à la Chambre après seulement six jours ».
Le chef du Parti conservateur était manifestement si furieux qu'un gouvernement ait le culot d'invoquer la clôture au bout de six jours de débat seulement qu'il était prêt à en découdre avec le parti au pouvoir. Je suis entièrement d'accord, mais alors que le suive ses propres conseils et qu'il rouvre le débat et revienne sur cette décision antidémocratique.
Pourquoi mettre fin par la force au débat alors qu'on n'a manifestement pas discuté de la question fondamentale qui est le droit des agriculteurs à se prononcer eux-mêmes? Face aux besoins des régions, le gouvernement conservateur fait la sourde oreille. C'était quoi, son slogan aux dernières élections?
[Français]
« Notre région au pouvoir ». Il me semble que la vraie région qui est au pouvoir, selon ce gouvernement conservateur, c'est la région entre le ministre et les conseils d'administration des multinationales.
Les conservateurs semblent s'attacher à attaquer nos régions et tout ce qui touche les familles des petits et moyens producteurs. Dans mon comté, les producteurs de produits alimentaires les plus importants sont des pêcheurs. Or le gouvernement conservateur vient d'abolir le Conseil pour la conservation des ressources halieutiques, un organisme créé en partenariat avec nos pêcheurs. Ce conseil a été créé en 1993 suite à un moratoire sur la pêche à la morue, afin qu'on ait l'heure juste sur l'état des stocks de poissons. Chaque année, le conseil faisait l'inventaire des stocks et nos quotas de pêche étaient basés sur ces données. C'était un merveilleux exemple de coopération entre le gouvernement et les pêcheurs. C'était une voix indépendante qui générait des données fiables. C'est grâce à ce partenariat avec les pêcheurs que le conseil réussissait autant à nous aider à gérer une ressource cruciale pour les pêcheurs de l'Est du Canada. Le conseil a fait ses preuves, mais voilà que sans aucun préavis, le gouvernement ferme ses portes.
Si nous nous n'appuyons pas le guichet unique qu'est la Commission canadienne du blé, ce sont les petits producteurs, les pêcheurs et les travailleurs d'usines de pêche, ainsi que les fermiers de l'Ouest et leurs familles qui en subiront les conséquences.
Ce n'est pas uniquement l'impact sur les producteurs de céréales qui nous inquiète. Il faut aussi que nous pensions aux retombées générées par la Commission canadienne du blé. Un exemple parmi tant d'autres est l'accès au chemin de fer. La construction du chemin de fer menant à Churchill, au Manitoba, a été terminée en 1929. Aujourd'hui, la Commission canadienne du blé est de loin le plus important utilisateur du port de Churchill, avec 95 p. 100 de ses expéditions. Les céréales sont transportées par chemin de fer dans des wagons agriculteurs à un prix abordable.
On doute que sans guichet unique, les compétiteurs de la commission voudront utiliser le port de Churchill autant que le fait ladite commission, car ils possèdent leurs propres installations portuaires sur la côte ouest et à Thunder Bay. Le port de Churchill ne les intéresse pas. On croit qu'ils voudront même favoriser leurs propres infrastructures ailleurs. Le port de Churchill et le chemin de fer seront mis en péril, si nous ne protégeons pas le guichet unique.
Dans mon comté, nous avons également un chemin de fer en péril. La plupart des entreprises forestières ont fermé leurs portes. Nous nous retrouvons donc avec un chemin de fer ayant les passagers comme seuls clients fiables. Avec la privatisation de notre chemin de fer par le CN, comme la privatisation en faveur d'Omnitrax dans le cas du chemin de fer menant à Churchill, le chemin de fer doit être rentable pour qu'il soit intéressant aux yeux des compagnies privées.
On ne questionne pas le fait que les grandes routes doivent être rentables. On les subventionne sans trop se poser de questions, mais à ce jour, ce gouvernement ne semble pas trop s'inquiéter des chemins de fer.
Comme dans mon comté, il y a une réflexion au sujet de notre chemin de fer. De la même façon, les gens des régions du nord du Manitoba devront se questionner sur la viabilité de leur chemin de fer, si nous n'appuyons pas le guichet unique de la Commission canadienne du blé.
La commission a un rôle beaucoup plus large que celui de simplement gérer le transport et la vente des céréales. Elle sert à soutenir l'économie et les infrastructures de plusieurs localités.
[Traduction]
L'infrastructure du Nord du Canada est menacée. Il a fallu des années pour construire les chemins de fer du Nord et le port de Churchill ainsi que les communautés avoisinantes. Et voilà que le gouvernement conservateur dit aux gens qui en dépendent ainsi qu'à leur plus important client d'aller voir ailleurs et qu'on se fiche éperdument du port.
La suppression du guichet unique risque d'entraîner une baisse des prix versés aux céréaliculteurs, ce qui veut dire qu'ils vont souffrir. Certains quitteront peut-être ce secteur. Une chose est certaine, les baisses de prix ne se répercuteront pas sur les consommateurs. Non. L'expérience nous montre que les intermédiaires, les grandes sociétés de l'agroalimentaire, profiteront de la baisse des prix, mais qu'ils ne la répercuteront pas sur les consommateurs.
Les députés conservateurs sont tellement obsédés par leur programme à vocation idéologique qu'ils sont devenus sourds à la voix des agriculteurs, les gens même qu'ils prétendent aider. Ce n'est manifestement pas aux attentes des agriculteurs qu'on répond ici. C'est au souhait des grandes sociétés entre les mains d'étrangers qui veulent obtenir nos céréales à bon marché. On pourrait s'en passer.
En supprimant les droits des agriculteurs sans un vrai débat, le gouvernement a poussé l'arrogance un peu trop loin. Face à une telle opposition, comment les conservateurs peuvent-ils rester sourds aux demandes des agriculteurs? Il faut organiser un plébiscite, comme la loi l'exige, et ce n'est que justice.
:
Monsieur le Président, je n’ai pas l’habitude de remercier les partis de l’opposition pour tout ce qu’ils font, mais je dois les remercier de continuer à ranimer le débat sur la Commission canadienne du blé à la Chambre des communes. C’est une question qui me tient à cœur et, à mesure que je parlerai, tous comprendront pourquoi. C’est aussi une question que je connais à fond.
Avant d’entamer mon allocution, j’aimerais faire quelques observations.
Je dois remercier les interprètes qui vont traduire ce que je vais dire. J’ai l’habitude de ne pas remettre des notes d’allocution en bonne et due forme. Je leur donne donc un peu plus de fil à retordre que la plupart des autres députés.
Je veux également remercier le . Bien des gens ont remarqué qu’il se passionne pour cette question et, pourtant, il ne vient pas d’une région rurale. Pour utiliser une expression de mon coin, c’est un gars de la ville. Toutefois, il comprend que c’est une question fondamentale. C’est une question de liberté et une question qui touche à l’essence et au cœur de l’identité des gens de l’Ouest canadien et des Prairies. Je veux remercier spécialement le et ces remerciements vont au-delà des vagues remerciements que les députés font souvent à leur chef de parti. Pour quelqu’un qui a représenté Calgary à la Chambre des communes et qui est originaire d’Etobicoke, il fait vraiment preuve de beaucoup de leadership dans ce dossier.
Comme je le disais au début de mon allocution, c’est une question que je comprends à titre personnel. C’est une question qui touche l’histoire de ma famille. Je viens d’une circonscription des Prairies. La circonscription de Saskatoon—Humboldt est actuellement pour le tiers rurale et les deux tiers urbaine, puisqu’elle englobe une partie de la ville de Saskatoon, mais elle est encore très étroitement liée à l’industrie agricole. Cette question me touche en raison des gens que je représente, mais, plus encore, parce qu’elle me rappelle l’histoire de ma famille et de sa venue au Canada.
Du côté de ma mère, mon arrière-grand-père s'est établi, en 1900, dans le district de Hague, en Saskatchewan — qui, à l'époque, faisait partie des Territoires du Nord-Ouest —, en provenance du Manitoba, et a repris une exploitation familiale. À cette époque, les gens se réjouissaient de pouvoir profiter des occasions qu'offraient les Prairies. C'était avant la création de la Saskatchewan. Le Canada en était encore à ses balbutiements. Il s'est établi dans cette région parce que cela lui permettait d'avoir sa propre exploitation et d'être libre. Il était né en Ukraine — la Russie à l'époque — et est venu dans un pays où il pouvait gagner sa vie.
Du côté de mon père, mon arrière-grand-père, mon grand-père et mon père ont également cultivé la terre dans l'Est de la Saskatchewan. J'ai brièvement travaillé avec mon père. Mes ancêtres paternels sont originaires de Yevpatoriya, en Russie, et ont transité par l'Allemagne avant de s'installer dans la région. Par pure coïncidence, et c'est intéressant, l'un des premiers lopins de terre qu'ils ont achetés avait appartenu à Charles Dunning, qui, plus tard, est devenu premier ministre de la Saskatchewan. Je suppose que je ne suis pas le premier agriculteur qui n'a pas remporté de succès dans l'agriculture et qui s'est tourné vers la politique. Voilà une petite leçon d'histoire.
Voilà les faits. Ils ont commencé à cultiver la terre, mais ils n'exploitaient pas de grandes fermes, comme l'ont laissé entendre les députés de l'opposition. Mon père, mon oncle Ronnie et mon oncle Bernie n'ont jamais exploité de grandes fermes. Ils étaient de petits agriculteurs. Mon arrière-grand-père et mon grand-père faisaient partie des agriculteurs les plus pauvres. Avant d'arriver au Canada, ils avaient été emprisonnés dans un camp pour prisonniers de guerre en Allemagne après la Première Guerre mondiale. Voilà leur histoire, voilà l'histoire de gens des Prairies.
Bon nombre de personnes originaires de l'Est et du Nord de l'Europe, qui sont venues s'installer au Canada, n'avaient jamais eu le droit ou la possibilité de posséder leur propre terre. Soit leur terre avait été collectivisée dans les années subséquentes par les gouvernements communistes socialistes de l'Europe de l'Est et de l'ancienne Union soviétique ou dans le cadre d'initiatives plus vaines de l'empire tsariste austro-hongrois. C'était très important pour ces gens d'être propriétaires de leur terre et de contrôler leurs produits afin d'être en mesure de gagner leur vie et de se bâtir un avenir.
D'autres provinces ont été créées dans les Prairies, mais ma famille fait de l'agriculture en Saskatchewan. Les agriculteurs ont commencé à travailler ensemble pour accroître leur capacité de commercialiser leur grain et, par le fait même, pour améliorer leur gagne-pain.
Mes collègues d'en face ont parlé des coopératives, des entités de mise en commun et de diverses autres choses du même genre, mais ils ont oublié de mentionner des institutions comme l'Union des producteurs de grain, les syndicats du blé de la Saskatchewan et de l'Alberta et la Manitoba Pool Elevators. Il s'agissait d'institutions à participation facultative. Les diverses organisations agraires et agricoles se sont regroupées volontairement pour unir leurs efforts. On oublie souvent ce pan de l'histoire quand on parle de la Commission canadienne du blé.
Le projet de loi du gouvernement, qui a été présenté par le et qui reçoit l'appui des députés conservateurs, ne vise pas à abolir la Commission canadienne du blé. Il vise plutôt à éliminer les dispositions de la loi relatives au monopole, de telle sorte que les agriculteurs puissent commercialiser eux-mêmes leur grain et que la Commission canadienne du blé redevienne une institution à participation facultative.
C'est au fil du temps que l'on constatera la forme que prendra cette institution à adhésion facultative. Il se peut qu'elle devienne une autre coopérative, qui s'inspire de l'Union des producteurs de grain et des syndicats du blé à partir desquels la Commission canadienne du blé avait été créée à l'origine. Rien n'est sûr pour l'instant, mais c'est une possibilité.
Il faut se souvenir que, lorsque la Commission canadienne du blé a été créée, puis modifiée sous diverses formes, elle n'était pas assujettie à des dispositions sur le monopole. Dans les années 1940, la commission a commencé à devenir un monopole et à acquérir la capacité de contrôler le prix du grain, comme elle le fait actuellement dans le cas du blé, du malt et de l'orge. Elle contrôlait aussi le prix d'autres produits pendant la Seconde Guerre mondiale; on se souviendra du maïs, du tournesol et de diverses autres cultures. En 1941, le gouvernement de l'époque a habilité la Commission canadienne du blé à plafonner et à contrôler les prix. C'est au cours de la Seconde Guerre mondiale qu'ont été adoptées les dispositions relatives au monopole. En 1943, la Loi sur les mesures de guerre a rendu obligatoire la vente par l'entremise de la Commission canadienne du blé.
Les députés doivent comprendre la nature coopérative des institutions agricoles des Prairies, à l'origine. Les organismes de commercialisation du blé, comme l'Union des producteurs de grain et la Commission canadienne du blé dans sa version originale, étaient très différents du monopole créé dans les années 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale, par des dispositions contenues dans la Loi sur les mesures de guerre pour favoriser l'effort de guerre. Ces dispositions n'ont pas été adoptées dans l'intérêt des agriculteurs.
Lorsque la guerre a pris fin, les dispositions en question ont dû être soumises à un examen tous les cinq ans. La Chambre les a maintenues jusqu'en 1965, année où elle les a pérennisées.
Les activités de la Commission canadienne du blé ont changé au fil des ans, notamment en ce qui a trait aux types de production commercialisés par elle. L'avoine a été retirée du mandat de la commission à l'instar d'autres productions, que j'ai mentionnées tout à l'heure. Depuis que Charlie Mayer, un ancien ministre responsable de la Commission canadienne du blé, a soustrait l'avoine du mandat de cette dernière, le marché de ce produit a pris de l'expansion dans l'Ouest canadien.
Ce qu'il faut bien comprendre avant toute chose, c'est que la Commission canadienne du blé n'était pas un monopole à l'origine. Ses services n'étaient pas obligatoires. C'est essentiellement cette situation que nous essayons de rétablir aujourd'hui.
Pour pouvoir vous parler de la réalité actuelle dans le cadre du présent débat, j'ai téléphoné à mon cousin Dwight, un agriculteur de la région de Yorkton, et nous avons parlé de l'utilité de notre proposition. Il m'a expliqué simplement ce qu'il en est. Comme beaucoup de jeunes agriculteurs, il cultive principalement autre chose que du blé pour gagner sa vie. Il produit du canola et du lin. Il a toujours été plus imaginatif et plus actif sur divers plans que mon père ou son père. Je lui ai demandé quels étaient les prix du grain, parce que je ne les connais pas comme à l'époque où je transportais du grain pour mon père, il y a quelques années. Il m'a dit qu'il perdrait environ 1,50 $ par boisseau actuellement s'il vendait du blé à la Commission canadienne du blé, par rapport à ce qu'il obtiendrait s'il le vendait en Ontario ou à Minneapolis. Cette somme peut sembler petite, mais, lorsque le prix d'un boisseau est de 6 ou 7 dollars, une différence de 1,50 $ est importante.
Quand ils regardent la marge de profit finale, cette différence est très importante. Voilà l'argument économique que bon nombre d'agriculteurs invoquent.
Je ne me limiterai pas uniquement à l'argument économique aujourd'hui à la Chambre. Certaines questions plus vastes ont une incidence sur la prospérité des membres de ma famille et des gens de ma circonscription. Il faut se pencher sur une question fondamentale plus vaste dont la portée ne se limite pas aux agriculteurs et à l'industrie agricole, et qui concerne l'ensemble des Canadiens.
La plupart des Canadiens, y compris moi, comprennent que les partis politiques ne sont pas des entités parfaites sur le plan de l'idéologie ou de la philosophie. Cependant, les partis entrent dans des catégories générales.
Le Nouveau Parti démocratique se présente comme un parti social démocrate compte tenu du genre de socialisme qu'il prône. Si on examine le discours néo-démocrate, on constate qu'il y est abondamment question d'équité, ce qui est souvent un critère assez subjectif. Toutefois, ce principe se retrouve généralement dans le discours des néo-démocrates et dans celui de leurs partisans.
À l'instar des membres de tous les mouvements socialistes, les néo-démocrates ne se préoccupent pas tant de la création de la richesse que de la redistribution de celle-ci. Ils considèrent qu'il incombe au gouvernement, à titre d'entité mise en place par l'État, d'uniformiser les règles du jeu pour assurer l'équité économique et la redistribution de la richesse. Voilà pourquoi le système monopolistique à guichet unique de la Commission canadienne du blé qui enverrait en prison les producteurs qui vendent eux-mêmes leur blé correspond tellement bien à leur philosophie politique. Dans cette optique, le rôle de l'État ne consiste pas à protéger les droits fondamentaux, mais plutôt à mettre en commun, à distribuer et à redistribuer la richesse.
Les partis qui prônent davantage la libre entreprise et qui épousent au moins ce principe, évidemment pas toujours de façon parfaite, sont généralement plus près de la tradition libérale classique du discours parlementaire. Ces partis croient que le rôle de l'État consiste à protéger la vie, la liberté et la propriété. Voilà la philosophie qui ressort de l'approche de notre gouvernement à l'égard de la Commission canadienne du blé.
Les gens qui ont grandi sur la ferme familiale savent très bien que l'agriculture n'est pas un travail comme un autre. Ce n'est pas un métier que l'on choisit vraiment. Mon père et mon grand-père ont commencé à faire de l'agriculture avec leur père. Quant à moi, je conduisais un tracteur, mettais les terres en jachère pour l'été et transportais du grain bien avant d'avoir le droit de conduire légalement des véhicules sur les grands chemins. Ces tâches faisaient partie de ce que j'étais. Je me souviens que lorsque j'avais six ou sept ans, je travaillais avec mon père sur la ferme. Même si mon aide n'était peut-être pas très utile, de mon côté, ces tâches faisaient partie intégrante de ma vie.
Il s'agit d'un aspect fondamental de l'identité des agriculteurs. On parle ici de leur liberté. On parle ici de leur propriété. Il faut comprendre que bon nombre d'agriculteurs de l'Est et du Nord de l'Europe se sont établis dans l'Ouest du Canada parce qu'ils voulaient obtenir cette parcelle de propriété qui leur avait été refusée. Pour eux, c'était un symbole de liberté. Ce qu'il y a de paradoxal, c'est que la Commission canadienne du blé puisse leur prendre leur bien, à savoir leur blé, pour le mettre en commun. Ils cultivent leur blé. Ils produisent leur blé. Pourquoi ne peuvent-ils pas le commercialiser? Ils devraient pouvoir décider eux-mêmes de participer à un autre groupe dans une coopérative, comme cela a été fait avec l'Union des producteurs de grain, les syndicats du blé, la Commission du blé.
C'est là l'enjeu fondamental dont il est question. C'est pour cette raison que notre parti, compte tenu de sa perception générale de la vie, de la liberté et de la propriété, est résolu à défendre les droits des agriculteurs et leur droit de commercialiser leurs produits comme bon leur semble.
Mes collègues d'en face ont abordé plusieurs enjeux. Leur principal argument aujourd'hui est le sondage mené par la Commission canadienne du blé, qui montre que la majorité des répondants appuient le guichet unique. J'aimerais mettre en lumière certaines choses qui aideront les personnes qui connaissent peu cette question à mieux la comprendre.
La plupart des gens qui font de la politique savent qu'il est beaucoup plus facile de remporter un scrutin lorsque personne d'autre ne fait campagne dans le camp adverse et lorsqu'on peut définir le profil des électeurs et choisir la question. C'est bel et bien ce qui s'est produit dans le cas du sondage concernant la Commission canadienne du blé.
À la question portant sur la commercialisation de l'orge, à peine 51 p. 100 des agriculteurs ont répondu « oui », ce qui, considérant la manière dont le vote s'est déroulé, constitue une défaite en règle, surtout quand on connaît la question qui leur a été posée, et que voici: « Souhaitez-vous que la Commission canadienne du blé soit abolie ou souhaitez-vous qu'elle soit maintenue? »
La question que le gouvernement pose aux agriculteurs par l'entremise de la mesure législative est d'un tout autre ordre. En fait, il leur demande s'ils souhaitent que l'on maintienne la commission afin qu'ils puissent, s'ils le veulent, s'unir avec d'autres agriculteurs et faire affaire avec elle ou s'ils préfèrent avoir le choix de faire ce qu'ils veulent avec ce qui leur appartient en propre. Nous abolissons les peines d'emprisonnement et les amendes auxquelles s'exposaient les agriculteurs qui vendaient eux-mêmes leur blé.
Ce qui m'amène à l'argument que soulèvent sans cesse les députés d'en face, comme quoi cette mesure profitera uniquement aux grandes entreprises et aux grandes exploitations agricoles et ne pourra que nuire aux petits producteurs.
Mon père était un très petit producteur. Il était même obligé de cumuler les petits boulots pour joindre les deux bouts. Il a été concierge, puis bedeau; il a même enseigné quelques années, ce qu'il a pu faire parce qu'il détenait un diplôme de l'Université de la Saskatchewan. Tous mes oncles agriculteurs étaient eux aussi de petits producteurs. Et ils ont tous dû endurer l'oppression de la Commission canadienne du blé; on ne leur a jamais donné ni la liberté ni la possibilité de faire ce qu'ils voulaient.
Au fur et à mesure que grandissaient les jeunes de la génération suivante, de celle dont fait entre autres partie mon cousin Dwight, ils se sont mis à changer leur façon de transiger avec la commission, adoptant une attitude beaucoup plus pragmatique à son égard. Ils ont notamment commencé à privilégier d'autres types de cultures et à chercher des moyens d'échapper à son contrôle.
Personne ne cherche à défendre les droits des grandes sociétés. Quand on regarde les choses bien en face, on constate que les grandes sociétés n'ont jamais dû se battre pour obtenir le blé produit par les agriculteurs, alors qu'elles devraient faire des pieds et des mains pour amener les agriculteurs à cultiver les céréales qu'elles veulent acheter. Il s'agit d'un élément qui n'est pas toujours bien compris de tout le monde. Les entreprises de maltage qui ne s'intéressent qu'à l'orge brassicole n'ont jamais fait affaire avec personne d'autre que la Commission canadienne du blé. Elles n'ont jamais eu à courtiser les agriculteurs afin de les convaincre de faire affaire avec elles et non avec tel ou tel concurrent, parce qu'elles savaient que la commission offrirait le même prix et les mêmes conditions à tous les brasseurs du pays.
C'est ce qui se passe actuellement dans l'Ouest. Aucune entreprise n'a le dessus sur les autres. Pas plus Viterra, qui descend des anciens syndicats du blé, que Parrish and Heimbecker, Great Northern Grain Terminals ou Pioneer. Toutes ces entreprises ont réussi à se développer au fil des ans; il est maintenant temps qu'elles se fassent concurrence pour savoir laquelle réussira à obtenir le blé produit par les agriculteurs.
Certains députés de l'opposition ont affirmé que la perte de la Commission canadienne du blé serait lourde de conséquences pour le système ferroviaire, le système de transport et les wagons de producteurs. Que ce soit bien clair: les producteurs continueraient d'avoir accès aux wagons de producteurs, aux silos-élévateurs, aux ports et aux terminaux. Il est important de savoir que la Commission canadienne des grains continuerait de fournir des wagons de producteurs et que leur accès serait toujours protégé par la Loi sur les grains du Canada. Comme on l'a dit dans une intervention précédente, les lignes ferroviaires sur courtes distances et les terminaux intérieurs joueraient toujours un rôle important dans l'expédition du blé et de l'orge de l'Ouest canadien vers des ports intérieurs et internationaux. La Commission canadienne des grains continuerait également de protéger la qualité du blé et de l'orge canadiens. Rien de tout cela ne disparaîtrait. Il y aurait toujours des lignes ferroviaires sur courtes distances, des wagons de producteurs, la Commission canadienne des grains et d'autres aspects propres au système canadien de production du grain.
La seule chose que nous voulons abolir avec cette mesure législative, ce sont les dispositions sur le monopole qui figurent dans la loi. J'appuie cette mesure législative non seulement parce qu'elle touche à la liberté fondamentale, mais aussi parce qu'au bout du compte, elle améliorerait les résultats financiers des agriculteurs. Elle forcerait les sociétés céréalières à se faire concurrence pour le blé produit par les agriculteurs. Elle favoriserait l'innovation et la diversité. Elle appuierait la croissance des activités à valeur ajoutée, ce qui serait également favorable aux résultats financiers des agriculteurs.
En tant que fils, petit-fils et arrière-petit-fils d'un modeste agriculteur des Prairies, je suis très heureux d'appuyer le , le parti conservateur et le dans leurs efforts visant à éliminer le monopole de la Commission canadienne du blé.
:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'intervenir dans le présent débat. Je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
La question est cruciale pour les agriculteurs. Selon moi, il ne faut pas faire d'erreur et il ne faut pas avoir d'illusions. De toute évidence, il est question de l'avenir des fermes familiales dans l'Ouest du Canada. Nous avons le pouvoir de prendre une décision au nom des agriculteurs quant à la direction qu'ils prendront ultimement, qu'il s'agisse du guichet unique, comme c'est le cas actuellement, ou de la déréglementation du marché, comme ce dont parlent constamment les députés d'en face.
Le seul groupe d'intervenants qui manque dans tout cela, c'est celui qui subira directement les conséquences de cette décision. Certains députés seront directement touchés, car ils sont agriculteurs et cultivent des céréales dans les Prairies. Ils comprennent les conséquences de la décision de poursuivre dans la même voie ou de fonctionner sans la Commission canadienne du blé.
Quoi qu’il en soit, tous ces agriculteurs des Prairies qui ne sont pas ici méritent que nous prenions le temps de les écouter parce que, au bout du compte, ce sont leurs exploitations et leurs modes de subsistance dont nous discutons. Il n’est pas nécessaire de procéder en vase clos.
Je sais que quelques-uns de mes amis et collègues, de l’autre côté de la Chambre, ont parmi leurs électeurs des agriculteurs qui disent que c'est bien l’orientation que nous devons prendre. Ces mêmes députés ont aussi des électeurs dans l’autre camp, des gens qui s’opposent à cette orientation.
Comment faire pour tenir compte des intérêts divergents de ces agriculteurs, de ceux qui disent en toute bonne foi, je n’en doute pas un instant, qu’ils ne veulent plus être assujettis à la Commission du blé?
J’ai entendu le ministre le dire, et d’autres l’ont dit aussi. Certains ont voté avec leurs pulvérisateurs ou leurs semoirs pneumatiques. On peut bien dire que des agriculteurs ont décidé de cesser de cultiver le blé et de se tourner vers le canola ou une autre culture en raison de l’existence de la Commission du blé, parce qu'ils ont préféré faire des affaires sur un marché ouvert et qu’il y a plus d’argent à gagner avec le canola. C'est un argument qui se tient, mais il n’explique qu’une partie de la situation et ne tient pas compte de tout ce qui est en jeu.
Il n’y a aucun doute que les gens ont le droit d’alterner les cultures ou d’essayer de nouvelles cultures. Ils peuvent décider eux-mêmes comment ils feront les choses chez eux. Mais pourquoi ne pas les amener à s’intéresser à la situation dans son ensemble? Certains diront que les gens ont fait part de leur intérêt le 2 mai. Le gouvernement aime beaucoup nous demander, à mes collègues et à moi, ce que le député de , ou n’importe quel député de Vancouver ou d’une autre grande ville, a en commun avec les producteurs de blé des Prairies.
Je dirai à mes amis d’en face que les députés de Calgary, d’Edmonton ou de toute autre grande ville s’intéressent, tout comme moi, aux producteurs de blé du Canada. Ce n’est pas différent. Quand les électeurs ont voté pour un parti plutôt qu’un autre dans une région donnée, ils n’avaient pas nécessairement cette question en tête. Il n’y a pas que les agriculteurs qui sont allés voter.
Il est carrément fallacieux et totalement exagéré de dire que les conservateurs ont été élus sur la base d'une seule question parmi les nombreuses questions abordées dans leur vaste plateforme électorale, des questions qui visaient tous les pans de la population, et non exclusivement les agriculteurs. Nous pouvons néanmoins profiter de l'occasion pour demander aux agriculteurs ce qu'ils veulent. Je proposerais à mes collègues de réfléchir à la question que nous voulons leur poser. Des députés d'en face ont dit que les agriculteurs voudraient une troisième option. Nous devons débattre de la question que nous soumettrons aux agriculteurs de l'Ouest directement touchés et leur demander ce qu'ils veulent.
Mon collègue d', en Ontario, a dit que les agriculteurs ontariens ont le libre choix en matière de commercialisation parce qu'ils en ont décidé ainsi. Le député a mentionné qu'il ne s'agissait pas d'une décision du gouvernement fédéral, car les agriculteurs ontariens ne relèvent pas de sa compétence. Le ministre a confirmé plus tôt que les agriculteurs ontariens ne relevaient pas du gouvernement fédéral. Le gouvernement provincial a aboli le monopole, mais conformément à la décision des agriculteurs. Le gouvernement provincial ne leur a rien imposé. Il a permis aux agriculteurs ontariens de choisir. Ils ont fait un choix. Ils en avaient le droit.
Nous, de ce côté-ci de la Chambre, nous ne voulons pas faire obstacle aux agriculteurs de l'Ouest. En fait, c'est tout le contraire. Nous prenons le parti des agriculteurs en faisant valoir que le gouvernement devrait leur donner le choix. Nous convenons tous que les agriculteurs en ont le droit, car, ce sont eux, en fin de compte, les principaux intéressés.
Plus tôt, mon collègue de a parlé de sa famille. Son arrière-grand-père, son grand-père, son père et ses oncles étaient cultivateurs. Il a fait un exposé nuancé afin que nous saisissions ce que cela signifie que d'être agriculteur. Il ne fait aucun doute qu'il y a des problèmes. Des agriculteurs ont été emprisonnés et ont estimé avoir été traités injustement, ce qui n'aurait jamais dû leur arriver d'ailleurs. Toutefois, maintenant que nous savons tout cela, il y a moyen de résoudre les problèmes et il est de notre ressort de trouver comment remédier à la situation.
Nous n'avons que le plébiscite pour nous guider puisque le gouvernement refuse de poser une question aux agriculteurs. Le plébiscite n'est pas exactement l'unique outil, mais l'un des seuls outils dont nous disposons. Nous pouvons voir que 62 p. 100 des agriculteurs veulent conserver le système à guichet unique. Un plus petit groupe d'agriculteurs n'ont pas voté, et nous présumons que c'est parce qu'ils ne voulaient pas. Toutefois, en supposant que ce soit le cas, nous avons alors une majorité qui dit une chose et une minorité qui dit autre chose. Comment rallier la majorité des gens? Nous imposons simplement la volonté de la minorité à la majorité et disons que c'est ainsi que fonctionne la démocratie. Il est curieux que je ne me rappelle pas avoir appris ce concept dans mes cours de sciences politiques, mais c'est peut-être ainsi que les choses sont censées fonctionner du point de vue du gouvernement. J'ai toujours présumé cependant que lorsqu'on procédait à un vote, on prenait en main la démocratie et on respectait le vote de la majorité, mais cela reste à voir.
Quand on examine ce processus démocratique, ce qui est incroyable, c'est que les conservateurs emploient des termes comme « tyrannie » et « oppression ». La tyrannie a régné en Libye jusqu'à la chute de Kadhafi. La tyrannie et l'oppression sévissent en Iran. Il semble y avoir une certaine dichotomie lorsqu'on dit que la Commission canadienne du blé a quelque chose de tyrannique et d'oppressif. Il est peut-être plus raisonnable pour les détracteurs du guichet unique d'utiliser le mot « injuste » pour qualifier la commission. Toutefois, dire qu'elle est « tyrannique » ou parler de « la tyrannie de la Commission canadienne du blé » donne à croire qu'on a chassé les gens de leurs terres comme on l'a fait en Ukraine sous le régime de Staline, ce qui n'est pas le cas.
Ce qui se passe, c'est que les agriculteurs demandent qu'on leur donne le choix. Nous voyons des gens dans les Prairies qui sont manifestement mécontents de l'orientation prise par le gouvernement. Ils se font entendre et demandent d'avoir la possibilité de voter. De ce côté-ci de la Chambre, nous affirmons que si le gouvernement tient un vote, nous respecterons la volonté des agriculteurs. Y a-t-il processus plus démocratique?
La majorité des députés de l'autre côté de la Chambre sont issus de l'ancien Parti réformiste; ceux-ci avaient l'habitude de dire qu'ils consulteraient leurs électeurs. En fait, ils sont allés jusqu'à proposer que les électeurs puissent révoquer leur député parce que c'est démocratique. Je ne sais pas ce qu'ils ont fait de leurs racines, mais de toute évidence, ils les ont oubliées en devenant des conservateurs. Ils refusent de consulter leurs électeurs, les personnes directement en cause, les agriculteurs qui produisent du blé dans les Prairies, de s'enquérir directement de leurs souhaits et de respecter ceux-ci. De ce côté-ci de la Chambre, nous ferions l'inverse.
Nous demandons aux députés de l'autre côté de la Chambre de se joindre à nous afin de consulter les agriculteurs pour connaître leurs souhaits et de respecter ceux-ci, quels qu'ils soient. Ils ne correspondront pas forcément à nos demandes. En fait, il se pourrait que les conservateurs aient raison, mais posons la question. Si les conservateurs ont raison, nous mettrons fin à nos demandes, mais il n'est pas impossible qu'ils soient dans l'erreur. Si c'était le cas, ils devraient respecter le souhait des agriculteurs, tout comme nous le ferions si c'était eux qui avaient raison. Voilà comment le processus démocratique fonctionne et ce pourquoi nous nous battons. Comme le gouvernement l'a fait remarquer à maintes reprises, la raison pour laquelle nous demandons à nos courageux concitoyens d'aller outre-mer pour protéger des populations c'est précisément afin que celles-ci puissent, un jour, accéder à la démocratie.
J'implore gouvernement de tout simplement laisser aux agriculteurs de l'Ouest la possibilité de se prononcer sur leur avenir dans le cadre d'un vote, justement parce c'est leur avenir à eux qui est en cause.
:
Monsieur le Président, c'est toujours un honneur pour moi de me lever à la Chambre pour défendre des principes. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de défendre la démocratie. Ma distinguée collègue de présente à la Chambre une motion qui veut défendre la démocratie et le droit des agriculteurs de décider de leur destin.
La motion demande trois choses à ce gouvernement: de consulter, de reculer et d'accepter. Ce sont trois actions pour lesquelles ce gouvernement a encore besoin de beaucoup de pratique avant d'y exceller. J'espère d'ailleurs qu'il commencera à s'y exercer dès maintenant.
La motion demande à ce gouvernement de consulter les personnes qui sont concernées par son projet de loi mal intentionné, soit les agriculteurs. La Commission canadienne du blé est gérée par les agriculteurs, pour les agriculteurs. Ils contrôlent et dirigent la commission. Le gouvernement est-il en train de nous dire et de dire aux agriculteurs qu'ils ne savent pas gérer leurs affaires? Non seulement il trouve que la commission administrée par les agriculteurs ne fait pas son travail, mais en plus, il ne fait pas confiance au jugement de ces derniers pour décider si leur commission devrait exister ou pas. Si le gouvernement laissait les agriculteurs décider par l'intermédiaire d'un plébiscite, tel que celui qui fut jadis organisé par les agriculteurs ontariens, nous serions prêts, de ce côté-ci de la Chambre, à accepter cette décision.
Je sais que je serai la centième à soulever ce point, mais il est important. Les agriculteurs ont déjà voté pour conserver la commission: les producteurs de blé à 62 p. 100 et les producteurs d'orge à 51 p. 100. Certes, 51 p. 100 est un résultat serré, mais lorsqu'on sait que ce gouvernement n'arrête pas de nous enfoncer dans la gorge qu'il a obtenu un mandat fort avec moins de 40 p. 100 des voix des Canadiens, je trouve que son argument manque de crédibilité.
Je suis prête à suggérer à la Chambre que le gouvernement ne veut pas consulter les agriculteurs car il a peur de leur verdict. Les agriculteurs ont fait leurs devoirs. Ils savent qu'avec la disparition de la Commission canadienne du blé, le même sort que leurs collègues australiens les attend, soit une baisse de revenus dramatique de 70 p. 100 la tonne de blé. Cette décision est idéologique. Elle ne respecte pas les agriculteurs, contrairement à ce que sous-entend le titre trompeur du projet de loi du .
Cette motion va au-delà de la Commission canadienne du blé. Je ne blaguais pas lorsque j'ai dit que je me levais pour défendre la démocratie. Au cas où le gouvernement ne l'aurait pas remarqué, les citoyens réclament actuellement leur droit de parole. Ils veulent faire entendre leur voix. Une tentative comme celle-ci est de nature à nourrir le cynisme de la population à l'égard de nos respectables institutions. Il faut que le gouvernement entende la voix de la raison et la voix des citoyens. Il doit reculer et doit accepter le verdict des agriculteurs.
Ce gouvernement doit cesser de mépriser les citoyens. Il doit arrêter de regarder de façon hautaine tous ceux et celles qui refusent de partager sa façon de penser. La démocratie, c'est beaucoup plus que de gagner des élections. La démocratie, c'est entretenir une discussion continue avec les citoyens. Par là, je ne veux pas parler du contrôle du message tel que fait par le Bureau du premier ministre, mais je fais référence à l'écoute des besoins et de l'avis des citoyens.
Pourquoi le gouvernement refuse-t-il d'écouter les agriculteurs? Pourquoi le gouvernement n'accepte-t-il pas de consulter les agriculteurs? Pourquoi le gouvernement ne suit-il pas le précédent ontarien?
J'écoutais hier le discours de mon collègue d' sur le projet de loi . Il parlait avec passion de la situation des pêcheurs de sa circonscription qui peinaient à gagner leur vie avec le produit de leur labeur. J'en retiens la disparité de prix qui peut exister entre les différents producteurs pour les mêmes produits. Le gouvernement oublierait-il que la Commission canadienne du blé s'occupe de la commercialisation du blé canadien?
La force de la commission est de pouvoir développer des marchés pour nos agriculteurs. Comment les conservateurs prévoient-ils remplacer la commission dans ce rôle? Il ne s'agit pas d'un rôle marginal lorsqu'on sait que 80 p. 100 du blé de l'Ouest est exporté outre-mer. Que fait le gouvernement du rôle que la commission joue actuellement dans le transport de la marchandise? Le gouvernement peut-il garantir le même accès au réseau ferroviaire aux agriculteurs de l'Ouest? Peut-il garantir les mêmes prix avantageux? Non, évidemment. Le gouvernement joue avec la vie de milliers d'agriculteurs. Lui, il s'amuse, mais les risques sont assumés à 100 p. 100 par nos vaillants agriculteurs et agricultrices.
Je crains que ce gouvernement n'ait abandonné les fermes familiales et celles de plus petite taille. Ce n'est pas une surprise. Ce gouvernement a choisi son camp: les multinationales et les pétrolières, en leur accordant des baisses d'impôt énormes, au détriment des PME, des contribuables et des consommateurs. Maintenant, il choisit les entreprises agricoles aux dépens de nos agriculteurs canadiens sans se soucier de l'impact qu'un tel projet de loi aura sur leur vie, leur famille et leur collectivité.
La Commission canadienne du blé, c'est l'union des agriculteurs pour obtenir de meilleurs prix. Et l'union fait la force. Les assurances collectives existent, car il est possible d'obtenir des prix moins élevés qu'individuellement. L'union des employés permet de négocier de meilleurs salaires avec leur employeur. Bien que cela déplaise à mes collègues d'en face, les agriculteurs en sortiront perdants, et ils le savent. C'est pourquoi ils ont voté pour le maintien de la Commission canadienne du blé.
Je suis fière d'être debout en cette Chambre et de défendre la position qu'ils ont prise. Je suis fière de me tenir debout devant le rouleau compresseur conservateur pour les droits démocratiques de tous les citoyens de ce pays. Je suis fière d'être ici et de m'opposer, avec mes collègues néo-démocrates, aux politiques destructrices de ce gouvernement. Je suis fière de le faire au nom des citoyens de Saint-Bruno—Saint-Hubert et de ceux et celles qui sont ignorés par ce gouvernement. Nous nous tiendrons fièrement devant le gouvernement pour nous opposer à chaque mauvais projet de loi qu'il présentera.
Le projet de ce gouvernement d'éliminer la Commission canadienne du blé sans le consentement des agriculteurs n'est qu'un autre exemple qui s'ajoute à une liste déjà trop longue.
:
Monsieur le Président, je veux parler de quelque chose que je connais d'expérience, à savoir le commerce et la liberté de modifier mon entreprise. Je suis heureux de participer au débat. Je suis fier que le gouvernement ait présenté la Loi sur le libre choix des producteurs de grains en matière de commercialisation, la semaine dernière. Je suis particulièrement heureux d'avoir l'occasion de corriger les suppositions et les prédictions erronées faites par certains, notamment que le fait d'accorder aux producteurs de blé et d'orge de l'Ouest canadien le libre choix en matière de commercialisation aurait une incidence sur le système de gestion de l'offre dans ma province, c'est-à-dire l'Ontario.
Le gouvernement veut donner aux producteurs de blé et d'orge de l'Ouest la possibilité de choisir leur système de commercialisation, mais cette question n'a rien à voir avec la gestion de l'offre. Ceux qui tentent d'établir un lien entre le libre choix en matière de commercialisation pour les producteurs de l'Ouest et la volonté de notre gouvernement d'appuyer le système de gestion de l'offre au Canada sont tout simplement de mauvaise foi, ou alors ils ne comprennent pas la différence. Il n'y a pas de lien entre ces deux approches.
Les producteurs dans les cinq secteurs assujettis à la gestion de l'offre — à savoir les industries du lait, du poulet, de la dinde, des oeufs et des oeufs d'incubation de poulet à chair — ont travaillé fort et longtemps pour obtenir ces systèmes. À chaque fois — et c'est ce qui importe — la mise en place du système de gestion de l'offre jouissait d'un appui très net avant même que les gouvernements provinciaux et fédéral n'aillent de l'avant.
En fait, je n'avais pas encore repris et acheté notre ferme lorsque le système de gestion de l'offre est entré en vigueur en 1965. C'est William A. Stewart, qui était le ministre de l'Agriculture de l'Ontario à l'époque et, selon moi, le meilleur ministre de l'Agriculture que l'Ontario ait eu, qui a mis en place le système de gestion de l'offre. C'est en 1970 que j'ai pu acheter la ferme familiale.
La gestion de l'offre est l'une des principales raisons qui m'ont permis de poursuivre l'exploitation de cette dernière et de me lancer dans l'industrie laitière. À l'époque, je venais d'obtenir mon diplôme du collège et j'ai commencé à acheter des terres et à cultiver des grains et des oléagineux. J'ai ainsi eu la chance de participer aux deux systèmes qui, en Ontario, donnent le libre choix en matière de commercialisation.
La grande majorité, sinon la totalité des producteurs qui adhèrent maintenant au système de gestion de l'offre l'appuie. Par ailleurs, la gouvernance de la Commission canadienne du blé s'exerce au niveau régional. Si des agriculteurs de l'Ouest produisent du blé et de l'orge et qu'ils veulent vendre leurs produits pour exportation à des fins de consommation, ils doivent passer par la commission, sinon ils se retrouvent en prison.
Je ne comprends pas les députés d'en face. Ils sont toujours d'accord pour qu'on laisse aux agriculteurs la responsabilité de cultiver leurs récoltes, d'investir dans les intrants, de décider des denrées qu'ils feront pousser, mais en fait, ils affirment qu'ils n'ont pas la compétence voulue pour les commercialiser. Honnêtement, c'est stupéfiant. Cela ne les dérange nullement d'envoyer en prison des agriculteurs qui ne sont pas inscrits au registre des armes d'épaule ou qui ont vendu du blé, mais ils ne veulent pas leur donner la possibilité de commercialiser leurs produits.
La commission est loin de bénéficier d'un soutien généralisé, comme c'est le cas de la gestion de l'offre. Bon nombre des producteurs concernés veulent simplement une option. Les agriculteurs veulent une solution de rechange au monopole de la Commission canadienne du blé. Nous allons continuer de travailler pour leur donner satisfaction.
Les agriculteurs devraient être aux commandes lorsqu'il s'agit de prendre leurs propres décisions d'affaires. Ils investissent et ils bâtissent leurs exploitations grâce à leur dur labeur et à leurs compétences. Ils prennent tous les risques. Ne devraient-ils pas aussi avoir le droit de décider comment et à qui ils vont vendre leurs produits? Bien sûr que oui.
Tous les hommes d'affaires canadiens, qu'ils soient barbiers, plombiers, conseillers financiers, propriétaires de quincaillerie ou concessionnaires d'automobiles, ont un pouvoir de décision. Ils choisissent de prendre ces décisions, tout comme les agriculteurs de l'Est, comme moi-même et mes collègues agriculteurs de Lambton-Kent-Middlesex, en Ontario. Pourquoi ne pas donner aux agriculteurs de l'Ouest la possibilité de faire la même chose?
Le gouvernement du Canada s'efforce de donner aux producteurs de blé et d'orge la liberté qu'ils méritent en matière de commercialisation. Les agriculteurs veulent pouvoir ajouter de la valeur à leurs récoltes et aller chercher davantage de profits au-delà des limites de la ferme. Ils méritent de pouvoir obtenir le meilleur prix possible pour leurs produits.
Les agriculteurs prennent déjà des décisions d'affaires relativement à des denrées comme le canola, les légumineuses, les légumes et d'autres produits agricoles, ainsi qu'en ce qui concerne le bétail. Les agriculteurs savent comment fonctionne le marché libre. Ce qui me stupéfie, c'est qu'on laisse les agriculteurs assumer toutes les dépenses associées à une récolte et les députés de l'opposition veulent les priver de la possibilité de la commercialiser parce qu'ils ne les croient pas suffisamment compétents pour le faire. Franchement, c'est une insulte aux agriculteurs de l'Ouest du Canada.
Nous voulons que la Commission canadienne du blé soit un organisme vigoureux, viable et à participation facultative auquel les agriculteurs peuvent s'adresser s'ils le souhaitent.
Permettez-moi de parler brièvement de la gestion de l'offre car, pour dire vrai, c'est de cela qu'il s'agit.
Le gouvernement continue d'appuyer la gestion de l'offre au pays et sur la scène internationale. Au cours de la dernière campagne électorale, le Parti conservateur du Canada est le seul parti qui a affirmé son soutien à la gestion de l'offre et qui a parlé de la nécessité de défendre ce système.
Le troisième parti, celui des libéraux, a été au pouvoir pendant 20 ans… Excusez-moi, c’est peut-être 13 ans seulement, mais cela m’a semblé une éternité. Les libéraux parlaient constamment de la gestion de l’offre alors qu’en réalité, ils ne faisaient rien à son sujet. Comme le l’a dit en février à l’assemblée annuelle des Producteurs laitiers du Canada, nos réalisations dans ce domaine se passent de commentaires. Je ne saurais trop insister sur l’appui que notre ministre de l’Agriculture a suscité parmi les agriculteurs à cause de sa position sur la gestion de l’offre et la liberté de commercialisation partout au Canada et en raison de sa vision et des objectifs qu’il poursuit pour maintenir la force et la durabilité de ce secteur extraordinaire.
Qu’avons-nous fait en matière de gestion de l’offre? Nous avons en fait agi en vertu de l’article 28 du GATT pour limiter les importations de concentrés de protéines de lait. Nous avons harmonisé les normes relatives à la composition du fromage pour assurer plus de certitude à l’industrie de transformation et aux consommateurs. Les Canadiens savent que le fromage est fait de lait. Nous avons pris des mesures pour que les familles puissent déterminer quel genre de fromage elles achètent à l’épicerie.
Le gouvernement travaille également pour veiller à ce que les sauvegardes spéciales pour l'agriculture prévues par l'OMC soient disponibles si on en a besoin à l’avenir. Enfin, le gouvernement continue à défendre les intérêts qui sont importants pour les industries soumises à la gestion de l’offre dans le cadre des négociations commerciales internationales.
De toute évidence, la gestion de l’offre est un enjeu de la plus haute importance pour tous les Canadiens. Pourquoi? Parce qu’elle crée des emplois et de la prospérité dans le pays. Elle crée de la prospérité dans nos agglomérations urbaines et dans les milliers de fermes laitières et d’élevages avicoles bien tenus du pays, de la Colombie-Britannique à Terre-Neuve. La gestion de l’offre garantit le gagne-pain non seulement de dizaines de milliers d’agriculteurs canadiens et de leur famille, mais aussi de leurs fournisseurs, des transporteurs et de tous les éléments de la chaîne de valeurs entre l’exploitation et l’assiette du consommateur. C’est le moteur économique du Canada aussi bien urbain que rural.
Pourquoi voudrait-on toucher à la gestion de l’offre quand elle a si bien réussi et assuré de nombreux avantages aux consommateurs, aux producteurs et à d’autres membres de l’industrie partout le long de la chaîne de valeurs? Ce serait absolument insensé.
Comme nous n’avons jamais vu agir ceux de l’autre côté, comme ils n’ont jamais parlé de l’importance de la gestion de l’offre pendant la campagne électorale, je crois que ce sont eux qui exercent continuellement des pressions pour faire disparaître la gestion de l’offre.
Le Parti conservateur du Canada, que représentent les députés de ce côté-ci, est le seul à dire qu’il appuie la gestion de l’offre et qui est disposé à prendre des mesures quand on le lui demandera et que le besoin s’en fera sentir.
Par ailleurs, les céréaliculteurs nous disent depuis des années qu’ils veulent avoir la possibilité de prendre leurs propres décisions d’affaires. Ce n’est pas le cas en matière de gestion de l’offre, parce que les producteurs appuient fermement leurs systèmes de commercialisation et ont remercié le gouvernement de son soutien.
Notre appui de longue date à la gestion de l’offre et notre détermination à donner aux producteurs de l’Ouest un plus grand choix reflètent l’engagement du gouvernement à donner aux agriculteurs ce dont ils ont besoin pour mener efficacement leurs exploitations.
Nous reconnaissons que la liberté de commercialisation constitue un grand changement dans l’agriculture de l’Ouest. C’est la raison pour laquelle nous avons tenu d’importantes consultations. Nous avons parcouru le pays pour parler de la chaîne d’approvisionnement, de l’exploitation agricole au port d’embarquement.
Au cours de l’été, un groupe de travail composé d’experts du domaine a justement étudié notre façon de commercialiser le grain et de le transporter, ainsi que les moyens de faire la transition entre le système actuel dirigé par la Commission canadienne du blé et un marché libre avec une mise en commun sur le marché à participation volontaire. Ce groupe de travail est l’un des nombreux outils dont le gouvernement s’est servi pour obtenir des conseils sur la façon de progresser.
La Loi sur le libre choix des producteurs de grains en matière de commercialisation s'inscrit dans notre engagement à mettre en place les programmes et les processus les plus avantageux pour les agriculteurs, et pas seulement pour eux mais pour tout le secteur.
Nous avons promis aux Canadiens que nous respecterions un ensemble de principes et nous nous attaquerions à certaines questions à notre arrivée au pouvoir. Nous n'avons pas dévié et nous sommes déterminés à accomplir les tâches que les Canadiens jugeaient importantes. Il y avait notamment le fait de laisser le libre choix en matière de commercialisation aux producteurs d'orge et de blé de l'Ouest. C'est pourquoi nous avons présenté la .
La Commission canadienne du blé et certains députés d'en face ont résisté parce qu'ils veulent maintenir le statu quo. Selon eux, apparemment, les agriculteurs ne savent pas commercialiser leurs céréales ou n'en sont pas capables.
Encore une fois, ce sont les agriculteurs qui prennent tous les risques en décidant quand semer, quand récolter, quoi cultiver, comment le faire pousser et quand le commercialiser, sauf s'ils cultivent de l'orge et du blé dans l'Ouest canadien. C'est absurde.
D'où vient cette idée? Curieusement, elle ne vient pas du passé. Remontons un peu en arrière. La Commission canadienne du blé a été créée en 1935, c'est-à-dire il y a 76 ans. Au départ, c'était un organisme de commercialisation du blé des Prairies à participation volontaire, mais il est devenu obligatoire de vendre le blé par l'intermédiaire de la commission en 1943.
En 1949, l'autorité de la Commission canadienne du blé a été étendue à l'avoine et à l'orge des Prairies. De 1949 à 1975, pendant environ 25 ans, la commission a été le comptoir unique pour l'avoine, l'orge et le blé de l'Ouest, que ce soit pour la consommation humaine ou l'alimentation des animaux. Mais quand la politique sur les céréales fourragères a changé en 1974 et 1976, la commission a perdu ses droits exclusifs de commercialisation des céréales des Prairies destinées à l'alimentation animale au Canada. Or, curieusement, le ciel ne s'est pas effondré. Les changements sont entrés en vigueur et en fait l'utilisation des céréales pour l'alimentation du bétail a considérablement progressé depuis.
Ensuite, en 1989, c'est l'avoine qui a cessé de relever du pouvoir de la commission. Là encore, si incroyable que cela puisse paraître, le ciel ne s'est pas effondré, mais au contraire le secteur de la transformation de l'avoine n'a cessé depuis de se développer dans l'Ouest du Canada.
Ce qui était un monopole au départ n'a cessé d'évoluer pendant 37 ans, et il n'en reste aujourd'hui qu'un comptoir unique pour l'orge et le blé destinés à l'exportation et à la consommation humaine au Canada, c'est tout.
Les agriculteurs se sont rapidement adaptés aux changements qui ont été faits, sans regretter la Commission canadienne du blé. Ce qui se justifiait durant la Seconde Guerre mondiale n'a plus de sens au XXIe siècle.
Les producteurs de blé et d’orge reconnaissent, tout comme le gouvernement actuel, que l’industrie brassicole du Canada a perdu confiance en la capacité de la Commission canadienne du blé d’assurer l’approvisionnement fiable en malt et en orge dont elle a besoin pour livrer concurrence sur les marchés internationaux dynamiques du malt et de la bière. Par conséquent, en ce début de XXIe siècle, il faut voir la Commission du blé dans une optique complètement différente. Il faut chausser de nouvelles lunettes et chercher ce qui sera bon non seulement pour les agriculteurs, mais aussi pour l’industrie.
Il est vrai qu’il s’agit d’un profond changement pour l’agriculture dans l’Ouest du Canada. Voilà pourquoi nous avons mené de vastes consultations auprès des groupes intéressés dans toute la chaîne d’approvisionnement, depuis l’exploitation agricole jusqu’au port de mer. Pendant l’été, un groupe de travail composé d’experts dans le domaine a entendu toutes sortes de conseils sur la façon dont les systèmes de commercialisation et de transport du grain pourraient opérer une transition, à partir du système dirigé par la Commission du blé, jusqu’à un marché libre qui laisse de la place à des régimes de mise en commun facultatifs.
Je tiens à être très clair. Il ne s’agit pas d’abolir la Commission canadienne du blé, mais plutôt de donner aux agriculteurs la liberté de mettre eux-mêmes leurs produits sur le marché ou de faire appel à la Commission canadienne du blé. Les partis de l’opposition ne semblent pas vouloir comprendre que cela leur donnerait le choix. Ils ne parlent que de l’élimination de la Commission du blé. Le groupe de travail n’est que l’un des nombreux moyens que le gouvernement a utilisés pour recueillir des conseils sur la façon de s’y prendre.
Le gouvernement tient à accomplir des progrès concrets en atténuant l’ingérence que la Commission canadienne du blé se permet depuis longtemps dans les affaires des agriculteurs des Prairies, car elle s’est substituée aux producteurs de grains pour diriger leurs propres entreprises.
Il faut, en toute honnêteté, éliminer le monopole dont dispose la Commission canadienne du blé et laisser les agriculteurs mener leurs affaires. Nous savons qu’un certain nombre d’agriculteurs veulent continuer de recourir à ses services, comme c’est le cas en Ontario, car la Commission du blé existe toujours pour les Grain Farmers of Ontario, par exemple. Voilà pourquoi les députés doivent se prononcer en faveur de la liberté en matière de commercialisation pour les producteurs de grains.
Soit dit en passant, cela n’a rien à voir avec la gestion de l’offre, mais le gouvernement tient toujours avec la même ferveur à protéger la gestion de l’offre, tout autant qu’il appuie la liberté en matière de commercialisation pour les producteurs de grains.
:
Monsieur le Président, j'aimerais partager mon temps de parole avec le député de .
La Commission canadienne du blé a été créée dans l'esprit de solidarité et de protection de ses membres. Elle existe depuis plus 70 ans et jouit encore aujourd'hui de l'appui indéfectible des agriculteurs qui en sont membres.
À la suite d'un référendum tenu par la commission, près de la majorité des 40 000 agriculteurs participants se sont prononcés en faveur du maintien de ce guichet unique qui exerce un monopole efficace sur les ventes et empêche la concurrence entre les fermiers. Autrement dit, la commission unit les agriculteurs de l'Ouest canadien, alors que le projet de loi du gouvernement cherche à détruire ces liens et à diviser le monde agricole des Prairies. Il s'agit d'une autre démonstration flagrante de l'attitude régressive qui teinte l'ensemble des politiques mises en avant par ce gouvernement.
Le front uni créé par la commission, qui opère indépendamment des fonds publics, assure aux agriculteurs des Prairies une tranquillité d'esprit et une stabilité financière qui seraient impossibles sans cette institution.
Nos agriculteurs, qui travaillent sans relâche pour fournir aux Canadiens des produits de qualité, ne devraient pas avoir à subir davantage de stress financier ainsi que veut le leur imposer le gouvernement conservateur. La commission met les fermiers à l'abri des aléas du marché et assure un revenu juste et équitable à chacun d'entre eux, peu importe leur volume de production, et évite que l'argent n'atterrisse dans les poches des intermédiaires qui profitent du travail acharné de nos agriculteurs. Sur le marché international, les chances que diminue le prix des céréales sont très faibles. Toutefois, avec le démantèlement de la commission, le revenu des agriculteurs sera indubitablement et significativement plus faible.
Dans un contexte économique comme celui qui prévaut présentement, nous ne pouvons pas nous permettre d'affaiblir les petits acteurs financiers de notre économie. Au Manitoba seulement, plus de 3 000 emplois sont en danger. La province sera privée d'un revenu de plus de 140 millions de dollars. Est-ce là une bonne stratégie pour encourager notre économie ou est-ce une façon d'engraisser les poches des grandes compagnies américaines qui n'attendent que le feu vert de la part de leurs amis conservateurs pour envahir le marché canadien des céréales?
La motion de la députée de — motion que nous débattons présentement — assurerait aux agriculteurs leur droit démocratique de s'exprimer sur l'avenir de leurs institutions, la démocratie étant un droit que tous les pays ont la responsabilité de protéger. Pourquoi le gouvernement conservateur cherche-t-il à menacer les droits démocratiques de nos fermiers? Se sentent-ils plutôt menacés par un tel exercice démocratique?
Plusieurs études ont démontré que le modèle à guichet unique, comme la commission, permet d'engranger des centaines de millions de dollars par année de plus que dans un marché libre. Pourquoi alors le gouvernement conservateur veut-il priver les familles canadiennes de ces revenus? Pourquoi les conservateurs veulent-ils priver les agriculteurs et leur famille des revenus qui leur permettent de participer activement à l'économie et de s'impliquer dans leur communauté?
La Commission canadienne du blé est la plus importante et la plus prospère société de commercialisation des céréales dans le monde. Pourquoi le gouvernement conservateur veut-il éliminer ce joyau du monde agricole canadien qui permet au Canada de rayonner à l'échelle internationale? Cette tactique s'inscrit clairement dans la stratégie conservatrice qui vise à faire perdre toute crédibilité au Canada sur la scène internationale.
Non seulement les agriculteurs comptent sur la commission pour assurer un accès équitable à tous, mais ils ne disposent pas tous d'un marché local leur permettant d'accéder au marché international des 70 pays qui achètent notre blé. La commission est également synonyme de qualité pour ces 70 pays acheteurs, notre institution mettant en place des normes de qualité et ayant une voix militante contre l'utilisation illimitée des OGM. Clairement, nos agriculteurs sont fiers des produits de qualité qu'ils offrent aux consommateurs, et avec un système tel que la commission, ils sont les pleins bénéficiaires. Ils récoltent non seulement leurs céréales, mais également le fruit de leur dur labeur.
Tous les Canadiens, partout au pays, devraient se sentir menacés par le projet de loi du gouvernement. Quatre-vingt pour cent du blé vendu au Canada provient de ce guichet unique, soit des Praires, de l'Ouest canadien. C'est donc la qualité des produits sur nos tablettes qui est menacée. Dans le cas où le gouvernement ferait à sa tête et ignorerait la voix de la majorité, c'est la fierté liée à nos produits et la qualité de ceux-ci qui en souffriraient.
L'agriculture est la base de la société canadienne, notre garde-manger, comme on se plaît si bien à le dire. Le Canada a besoin d'un monde agricole en santé pour que l'ensemble de la société canadienne puisse prospérer. Contrairement à ce que les conservateurs nous disent, il ne s'agit pas d'un enjeu qui ne touche que les Prairies. Mettre fin au monopole de la Commission canadienne du blé et procéder à son démantèlement, c'est mettre en péril l'ensemble du monde agricole canadien, c'est menacer la survie des fermes familiales si chères à notre communauté, tant à Kamloops en Colombie-Britannique qu'à Stanstead dans ma circonscription, tant à Prince-Albert en Saskatchewan qu'à Sainte-Marie-de-Kent au Nouveau-Brunswick; c'est lever le nez sur l'une des principales professions bâtisseuses de notre société, de notre grand pays qu'est le Canada.
Je ne croyais pas devoir rappeler aux conservateurs que la démocratie est aussi un principe fondateur de notre société. La motion de ma collègue de cherche à préserver le droit démocratique des agriculteurs afin qu'ils puissent décider eux-mêmes de l'avenir de la commission qu'ils gèrent et financent eux-mêmes depuis des décennies. Les conservateurs auraient tout intérêt à se prononcer en faveur des fermiers et de la démocratie en appuyant une motion qui défend nos travailleurs agricoles.
Alors que les conservateurs se posent en champions de la non-intervention étatique, alors que le gouvernement refuse d'intervenir dans la création véritable d'emplois stables, comment celui-ci justifie-t-il son intervention là où elle n'a pas été sollicitée et où il n'a pas à intervenir? La Commission canadienne du blé est gérée et financée par les agriculteurs. Le gouvernement et les contribuables ne financent pas les activités de cette institution. Avec ce projet de loi, les conservateurs ne défendent aucunement les intérêts de nos fermiers. Encore une fois, les conservateurs sont complètement déconnectés de la réalité des Canadiens et vont à l'encontre de leur volonté et de leurs valeurs.
Le justifie son projet de loi par le libre marché. Le marché canadien du blé est présentement libre de l'emprise des grandes entreprises américaines qui sont si proches des conservateurs. Les agriculteurs sont actuellement libres du stress financier que leur imposera le démantèlement de la commission. Le marché des céréales des Prairies est libre de l'attitude régressive des conservateurs. Le et le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire devraient plutôt assurer aux agriculteurs la liberté de leurs opinions et mettre de côté ce projet de loi.
Les conservateurs nous répètent qu'ils ont obtenu le mandat pour ce démantèlement lors des dernières élections générales. Pourtant, ils refusent de prouver cet appui en tenant un référendum au sein des agriculteurs membres de la commission, afin que ceux-ci puissent s'exprimer et donner un mandat clair et précis au gouvernement. Si les conservateurs sont si convaincus de l'appui des agriculteurs à leur démarche, ils n'hésiteront pas à appuyer la motion de la députée de qui ne veut que donner le droit démocratique à nos agriculteurs de s'exprimer sur l'avenir de leurs outils de gestion.
Tout comme le propose ma collègue de la circonscription de dans sa motion, je crois fermement que le gouvernement devrait organiser un scrutin libre, en bonne et due forme, auprès de tous les membres actuels de la Commission canadienne du blé, afin que ceux-ci puissent faire connaître de nouveau leur volonté au gouvernement, en espérant que cette fois-ci, le et le écouteront ce que les agriculteurs souhaitent leur dire.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole sur la motion de la députée de , qui traite d'un principe fondamental de la démocratie, soit les droits des personnes et, plus précisément, le respect de leurs droits. Le respect de ces droits est inscrit dans notre tradition législative, une tradition dont le gouvernement a fait fi, ainsi que les gens qui doivent travailler avec la Commission canadienne du blé dans le contexte de leurs affaires et de leurs investissements, et de leurs familles.
Il ne faut pas oublier que beaucoup de facteurs différents contribuent à susciter les difficultés actuelles du Canada, notamment l'immensité de notre territoire, la dispersion de notre population et la diversité des collectivités et des individus, ayant des intérêts différents, qui composent notre population. Dans les années 1920, la collectivité agricole a ressenti le besoin de s’unir pour créer un collectif qui l’aiderait à soutenir la concurrence sur le marché libre où elle écoulait son blé. C'est important, parce que c'est ce que la population voulait à cette époque. Ces gens en étaient venus à cette conclusion en se fondant sur leur expérience personnelle. Ils avaient compris que, s’ils pouvaient unir leurs intérêts en un collectif, ils pourraient parfois en tirer avantage.
C’est ce que nous faisons encore aujourd'hui, à bien des égards. Des Canadiens ont fait la même chose dans bien d’autres domaines. Prenons par exemple les coopératives de crédit. Quand il est devenu impossible pour les agriculteurs, entre autres, d’obtenir du crédit à un taux juste et raisonnable, ils ont uni leurs forces. Encore aujourd'hui, on trouve dans nos villes des coopératives offrant du financement, des services de comptabilité et des services bancaires, parce que les bénéfices de ces institutions sont versés aux membres. Les gens comprennent que, ensemble, ils peuvent réussir bien mieux que seuls.
Nous faisons la même chose quand nous regroupons des villes et villages. Au lieu d’avoir plusieurs services de police ou d’incendie indépendants, les gens comprennent que, si chacun paie une part du coût, nous pouvons obtenir les assurances et les services voulus. Nous agissons ainsi dans le droit fil d’une tradition qui a été établie dans les années 1920.
En 1943, le régime de commercialisation à guichet unique a été adopté. La loi qui créait la Commission canadienne du blé prévoit la tenue d’un scrutin pour dissoudre l’organisme ou modifier le concept actuellement utilisé. Soyons clairs, la commission n’est pas rentable en elle-même. Elle élit démocratiquement ses membres, dont dix représentent le milieu agricole et quatre sont nommés par le gouvernement, et elle désigne le président. C’est d’une importance vitale, car la loi proposée par le gouvernement n’autoriserait pas les agriculteurs démocratiquement élus à continuer à siéger au conseil d’administration de la Commission canadienne du blé. Le gouvernement nommerait lui-même des gens pour démanteler l’organisation et il ne permettrait pas aux agriculteurs élus de faire ces choix difficiles, même s’ils ne veulent pas les faire et que cette loi leur est imposée.
Il convient de féliciter la députée de de cette motion qui porte sur une question importante, non seulement pour la Commission canadienne du blé, mais aussi pour comprendre que la loi qui constituait une protection, qui était en place et qui suscitait des attentes, serait abolie. Cela pourrait créer un précédent relativement à d’autres lois. Le gouvernement nous affirme que c’est ce que la loi dit, mais qu’il n’en tiendra pas compte.
Il faut également féliciter la députée parce qu’il y a eu un plébiscite et que 63 p. 100 des agriculteurs ont indiqué qu’ils voulaient maintenir la Commission canadienne du blé. Les agriculteurs ont voté et ils ont donné un mandat clair. Les conservateurs nous répètent sans cesse que la population canadienne leur a donné un mandat clair alors qu’ils n’ont obtenu que 38 p. 100 des voix. C’est inacceptable. Ces 38 p. 100 dont on nous rebat quotidiennement les oreilles à la Chambre des communes pendant la période des questions semblent leur accorder un mandat de majorité absolue pour tout, qu’il s’agisse de projets de loi ou de propos tenus non seulement ici, à la Chambre, mais aussi dans les comités. Les agriculteurs canadiens se sont toutefois exprimés beaucoup plus majoritairement lorsqu’ils ont dit qu’ils ne voulaient pas abolir la commission.
Si nous examinons certains aspects économiques de la question, alors que l’économie est menacée, que les marchés mondiaux sont perturbés et que l’avenir semble très incertain, pourquoi le gouvernement voudrait-il prendre cette mesure sans même avoir un plan d’action? Il n’y a eu ni étude ni analyse. C’est pourtant quelque chose que nous faisons régulièrement. Les villes le font avant d’accorder pour des millions de dollars de contrats. Pourtant, on nous demande d’agir dans un dossier qui représente des milliards de dollars sans nous soumettre la moindre analyse économique. C’est déplorable, car cela illustre l’imprudent abandon idéologique des conservateurs et la témérité du but qu'il vise, soit faire adopter cette loi aussi rapidement que possible. Je crois qu’ils veulent procéder ainsi en prévision des prochaines élections. Ils veulent démanteler la Commission canadienne du blé et imposer tous ces changements avant les prochaines élections.
Une fois de plus, les agriculteurs disent qu'ils auraient préféré maintenir le statu quo. Ils pourraient tenir un débat ultérieur sur ce qu'ils veulent faire. Je sais qu'en Ontario, les agriculteurs ont tenu un tel débat et ils ont eu ce choix. Toutefois, ils avaient commencé par tenir un débat, ce qui était nettement plus efficace que la situation actuelle.
La députée de ne fait que défendre les droits des personnes qui ont investi dans le système en place. Ces gens se sont investis dans leurs fermes sur le plan familial, financier et personnel. Alors, il est tout à fait inacceptable que ce système soit rejeté, sans aucune analyse économique et sans la diligence raisonnable qui s'impose.
Il est important de rappeler que 63 p. 100 des personnes se sont prononcées. On a débattu du type de plébiscite qui a eu lieu et des différents types de problèmes qu'il a posés. Comme l'a proposé la députée de , nous devrions faire une tentative éclairée et sincère pour permettre aux agriculteurs de comprendre les conséquences de ce qui se dessine et d'y faire face de manière très stratégique. Cependant, nous devons agir de manière responsable pour éviter de nuire à nous-mêmes, à notre pays et à nos agriculteurs, surtout que ces derniers ont le droit de prendre leur destin en main, au lieu de se le faire imposer par d'autres.