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Monsieur le Président, je prends la parole sur la question très importante qui est à l'étude.
Je crois qu’il vaut la peine de relire la motion de mon collègue avant de faire mon intervention à la Chambre. Le député de propose:
Que la Chambre demande au gouvernement du Canada de répondre de façon prioritaire aux besoins des collectivités des Premières nations dont les membres n’ont pas accès à de l’eau courante propre dans leurs maisons; que les mesures visant à corriger cette inégalité soient prises au plus tard au printemps 2012; que la Chambre reconnaisse en outre que le fait de ne pas répondre à ce besoin essentiel constitue un outrage constant à notre sens de la justice et de l’équité en tant que Canadiens.
Je remercie le député d’avoir présenté cette motion et de soulever cette question vitale. Le gouvernement a vraiment à cœur de veiller à la santé et à la sécurité de tous les Canadiens, Autochtones ou non, et qu’ils vivent ou non dans une réserve. Cela demeure une priorité pour nous tous à la Chambre.
J’informe aussi tous les députés que j’appuie la motion, ce qui ne devrait étonner personne. Comme mon collègue de , je suis convaincu que le gouvernement doit aider à faire en sorte que toutes les collectivités des Premières nations aient accès à de l’eau potable sûre, propre et salubre. Moi aussi, je crois qu’il faut continuer à prendre des mesures pour parvenir à cet objectif. Mois aussi, j’estime qu’il faut s’attaquer à ce problème d’approvisionnement en eau potable sûre, propre et salubre.
Heureusement, le gouvernement reconnaît l’ampleur du problème évoqué dans la motion. Lorsqu’il a été porté au pouvoir, il y a cinq ans, le gouvernement a même fait de l’alimentation en eau potable des collectivités des Premières nations une priorité nationale.
Depuis 2006, le gouvernement a consenti d’importants investissements stratégiques dans les infrastructures pour aider les Premières nations à exploiter leurs réseaux d'aqueduc et d'égout. Il a aussi lancé un plan d’action en cinq points pour assurer l’alimentation en eau potable des collectivités. Son premier budget prévoyait des investissements importants afin que le plan d’action commence à se traduire en résultats concrets. De plus, au 31 mars 2010, le gouvernement avait investi environ 1,25 milliard de dollars dans les infrastructures des eaux usées et de l’approvisionnement en eau potable des Premières nations. Cet investissement totalisera quelque 2,5 milliards de dollars d’ici la fin de l’exercice 2012-2013.
Le gouvernement agit, c’est clair. Pourtant, le travail n’est pas achevé. Il continue de travailler en collaboration avec les partenaires qui veulent bien chercher et appliquer avec lui des solutions concrètes pour favoriser l’accès à une eau potable salubre. Son approche est double. D’abord, il faut établir avec les Premières nations les besoins à long terme précis de chacune des collectivités en matière d'aménagement en infrastructure. Deuxièmement, il faut mettre en place un régime de réglementation efficace fondé sur des normes consacrées par la loi. Ce régime de réglementation doit protéger l’intégrité des investissements actuels et à venir en infrastructure et garantir l’accès à une eau potable sans danger dans les collectivités.
Cette approche repose sur les conclusions de plusieurs rapports importants. Qu’on me permette d’exposer en quelques minutes certaines des précieuses connaissances que l'on tire de ces rapports et de dire comment ceux-ci aident le gouvernement à continuer de progresser dans cet important dossier.
Pour établir les besoins à long terme précis en matière d'aménagement en infrastructure dans chaque collectivité, nous avons fait une évaluation nationale détaillée des réseaux existants, publics ou privés, d'aqueduc et d'égout exploités par les collectivités des Premières nations au Canada. Ce fut une évaluation indépendante complète.
De fait, notre gouvernement est le premier à avoir commandé une évaluation nationale de ce genre. L’ampleur de cette évaluation est sans précédent. Plus de 4 000 systèmes d’aqueduc et d’égout, de puits et de fosses septiques dans les réserves ont été classés en fonction de critères détaillés. Le classement reflète le risque global associé à la gestion du réseau. Il établit si le système, par sa conception ou ses caractéristiques mécaniques, répond aux normes contemporaines, par exemple, ou si les exploitants sont bel et bien accrédités.
Le rapport nous donne une meilleure idée des défis et des occasions qui nous attendent. L’évaluation nationale aidera les Premières nations et le gouvernement à concentrer leurs efforts sur les secteurs prioritaires. Elle dégagera des pistes de solution. Elle contribuera à garantir que l’argent des contribuables est utilisé de la façon la plus efficace et la plus rentable possible.
Par ailleurs, le gouvernement a dressé un plan d’action qui donne suite aux constatations et aux recommandations de l’évaluation nationale. Cette réponse met l’accent sur trois secteurs clés: premièrement, améliorer les technologies et les partenariats pour optimiser les investissements dans l’infrastructure; deuxièmement, accroître les efforts de renforcement des capacités et de formation; troisièmement, instaurer des normes et protocoles fédéraux exécutoires.
L’évaluation constitue en outre la réponse directe du gouvernement au récent rapport de l'ancienne vérificatrice générale qui demandait que le gouvernement prenne des mesures pour mieux surveiller la qualité de l’eau potable dans les réserves. Le Bureau du vérificateur général réclamait aussi un régime de réglementation pour les systèmes d’aqueduc et d’égout dans les réserves. Le Bureau du vérificateur général n’est pas la seule institution à avoir formulé cette recommandation.
En 2006, le gouvernement a chargé un groupe d’experts de définir des options réalistes en vue d’instaurer un régime de réglementation applicable aux réseaux d’aqueduc et d’égout dans les réserves. Le groupe d’experts a recueilli les témoignages de représentants des Premières nations, des provinces et des territoires ainsi que de divers spécialistes de l’eau et du génie. Dans son rapport, le groupe a défini trois options de réglementation réalistes. La plus raisonnable était l’incorporation par renvoi des lois provinciales et territoriales dans la loi fédérale, avec les modifications requises pour répondre aux besoins des collectivités des Premières nations.
Le commissaire à l’environnement et au développement durable a fait écho aux demandes du groupe d’experts. Le commissaire a également formulé une série de recommandations, dont la principale était de créer un régime fédéral de réglementation de l’eau potable dans les réserves. De fait, le commissaire a carrément dit que tant qu’un régime de réglementation compatible avec ceux des provinces ne serait pas en place, le gouvernement fédéral ne serait pas en mesure de veiller à ce que les habitants des réserves des Premières nations aient en permanence accès à une eau potable salubre.
Le commissaire à l’environnement et au développement durable n’était pas le seul à dire cela. Dans un rapport de 2007, le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones arrivait essentiellement à la même conclusion. Après avoir écouté des dizaines de témoins, les membres du comité ont déclaré sans ambages dans leur rapport : « L’imposition de normes sur l’eau des réserves par voie législative s’impose. Tous les avis, incluant ceux du présent comité, abondent dans le même sens. »
Le rapport du comité sénatorial contenait une autre recommandation importante. Les membres du comité demandaient en effet au gouvernement d’entamer auprès des collectivités et des organisations des Premières nations un vaste processus de consultation sur les options législatives, en vue d’élaborer ensemble un projet de loi.
C'est exactement ce que nous avons fait. Suite à cette recommandation, le gouvernement du Canada a lancé un processus de consultation continue. Plus précisément, Affaires indiennes et développement du Nord Canada a publié un document de travail qu'il a distribué aux parties concernées en prévision d'une série de séances de discussion ciblées. On a donné à près de 700 participants, dont plus de 500 représentants des collectivités des Premières nations, l'occasion de formuler leurs commentaires et leurs suggestions sur la proposition présentée par les experts et approuvée par le gouvernement.
Cette option consiste à incorporer par renvoi les règlements provinciaux et territoriaux en les adaptant aux besoins des collectivités des Premières nations. Aucune autre option viable n'a été proposée.
C'est sur cette opinion que s'appuyait le projet de loi . Pourquoi cette loi? Parce que le gouvernement sait bien que les normes toutes seules ne suffisent pas. Il faut qu'elles s'appuient sur la loi.
Toutefois, à la suite de la dissolution du Parlement le 26 mars 2011, le projet S-11 est mort au comité. Je suis heureux d'annoncer que le en a discuté avec les Premières nations et va proposer une réglementation de l'eau destinée à leur fournir la même protection qu'aux autres Canadiens. Avec cette mesure, le gouvernement pourra collaborer avec les collectivités des Premières nations pour mettre au point une réglementation fédérale applicable, une réglementation sur l'approvisionnement en eau potable, le bon traitement des eaux usées et la protection des sources d'eau potable pour les collectivités des Premières nations. D'ailleurs, notre gouvernement continue à faire de l'eau potable et du bon traitement des eaux usées dans les réserves une priorité nationale.
Comme en témoigne la motion de mon collègue, le défi demeure. Mardi, Écojustice, un organisme de bienfaisance national qui oeuvre à donner aux Canadiens un environnement sain, a publié son récent rapport sur la qualité de l'eau au Canada. On y souligne l'absence d'une loi sur l'eau potable dans les collectivités des Premières nations. Je peux assurer aux gens d'Écojustice et à tous les Canadiens que nous sommes conscients de la nécessité de mettre en place des normes rigoureuses pour améliorer la qualité de l'eau potable dans les collectivités des Premières nations.
Notre gouvernement tient à présenter le plus tôt possible une loi fédérale sur l'eau potable des Premières nations. Je peux affirmer aux Canadiens que nous avons fait et que nous continuons à faire d'importants investissements stratégiques pour améliorer et entretenir les réseaux d'adduction d'eau et de traitement des eaux usées dans les communautés des Premières nations.
Notre gouvernement est déterminé à collaborer avec des partenaires de bonne volonté pour que les collectivités des Premières nations puissent avoir accès à de l'eau potable. Nous allons continuer nos efforts auprès des Premières nations et de nos autres partenaires pour que les solutions au problème de l'eau et des eaux usées deviennent une réalité.
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Monsieur le Président, imaginez-vous une carte postale en blanc et noir représentant un bambin. Son visage est couvert de taches, ses yeux sont éteints et on lit sur la carte « L'eau est un droit de la personne » et, au bas de la carte « Avez-vous l'eau courante? Moi pas. Et je vis au Canada. J'ai besoin de votre aide. »
Cette carte s'inscrit dans la campagne lancée par l'Assemblé des chefs du Manitoba afin de sensibiliser la population au manque d'eau potable sûre et propre dans beaucoup de réserves isolées.
Imaginez-vous maintenant en train de marcher dans un sentier bordé d'arbres près d'un lac sur le territoire de la Première nation Garden Hill. C'est la marche que doit faire un jeune garçon tous les deux jours juste pour percer un trou dans la glace et y puiser de l'eau pour sa famille.
L'ancienne vérificatrice générale, Sheila Fraser, a déclaré dans un rapport que le gouvernement avait souvent laissé passer l'occasion de prendre des mesures qui auraient amélioré la qualité de vie des Premières nations. Les éléments essentiels comme un logement décent, une eau potable, le bien-être des enfants et l'éducation sont et restent dramatiquement sous les normes. Devant cet état de fait, Mme Fraser déclarait ceci dans le dernier rapport qu'elle adressait au Parlement:
[...] je constate, avec une profonde déception, qu’en dépit des mesures prises au fil des ans par le gouvernement fédéral en réponse à nos recommandations, un nombre disproportionné de membres des Premières nations n’ont toujours pas accès au même titre que le reste de la population canadienne aux plus élémentaires des services. [...] Dans un pays aussi riche que le Canada, un tel contraste est inacceptable.
Elle expliquait ensuite que, loin de s'améliorer, les conditions de vie dans les réserves empiraient. Elle recommandait une refonte complète des outils fédéraux et une participation accrue des Premières nations.
Je donne un exemple. La maison de M. Taylor, un diabétique âgé de 82 ans qui a besoin de dialyses à quelques jours d'intervalles, n'a ni salle de bain ni eau courante. Il prend son eau en perçant un trou dans un lac. Un seau hygiénique recouvert d'un sac à vidanges lui sert de toilette dans sa chambre, située à l'étage. Il y a bien une bécosse, mais à moins 40°, ce n'est pas très pratique.
Ne pas pouvoir se laver peut avoir des conséquences sur la santé bien plus graves que la diarrhée et les infections de la peau. Le manque d'eau courante, qui rend impossible le lavage des mains, un moyen de contrôle des infections, explique en partie pourquoi les collectivités autochtones du Nord du Manitoba ont été si durement éprouvées par la pandémie de grippe H1N1.
Pendant les 10 années du mandat de l'ancienne vérificatrice générale, son bureau a produit 31 rapports de vérification sur la situation des Autochtones. L'an dernier, le ministère des Affaires autochtones et du développement du Nord lui-même déclarait que le bien-être des collectivités autochtones s'améliorait peu sinon pas du tout. Mme Fraser qualifiait cette situation d'inacceptable.
Elle a expliqué qu'elle trouvait tragique qu'un groupe de Canadiens n'aient pas les services de base que la plupart des autres tiennent pour acquis. Mme Fraser a conclu que trop de Premières nations n'avaient toujours pas d'eau potable.
L'eau dans les réserves relève de la compétence du gouvernement fédéral, qui appuie et finance l'établissement, l'amélioration et la gestion des systèmes d'approvisionnement en eau dans ces localités.
La qualité et la salubrité de l'eau potable dans les collectivités des Premières nations sont visées par des politiques fédérales, des lignes directrices administratives et des dispositions de financement, mais elles ne sont visées par aucun règlement, tout comme aucune loi ne fixe les responsabilités quant à l'éducation des enfants sur les réserves, et aucun financement n'est offert.
Le projet de loi , a été présenté au Parlement en mai 2010 afin de combler le vide réglementaire. Le projet de loi S-11 aurait permis au gouvernement fédéral de prendre un règlement concernant l'eau potable dans les réserves et d'adapter et d'incorporer les mesures législatives provinciales pertinentes pour répondre aux besoins des collectivités des Premières nations.
Le projet de loi s'est heurté à la forte opposition des groupes des Premières nations parce qu'il empiétait sur leurs compétences. De surcroît, dans le rapport qu'elle a présenté en 2010, la vérificatrice générale a signalé que l'élaboration et l'entière mise en oeuvre du règlement en vertu de la mesure pourraient prendre des années. Le projet de loi est mort au Feuilleton quand les élections fédérales ont été déclenchées au printemps 2011.
L'eau est nécessaire à la vie. Aucun être vivant ne peut survivre sans eau. L'eau est essentielle au bien-être et à la santé des êtres humains, ainsi qu'à la préservation de l'environnement. L'eau fait vivre la terre et les peuples autochtones qui en dépendent.
C'est pourquoi les Premières nations ont toujours eu un lien sacré avec l'eau. De temps immémoriaux, elles orientent leur existence autour de l'eau; par exemple, c'est en fonction de l'eau qu'elles choisissent les localités où assurer le transport et la récolte. Il n'y a qu'une certaine quantité d'eau douce sur la terre, et elle est constamment mise à l'épreuve. La préservation de la qualité de l'eau est essentielle à l'approvisionnement en eau potable, à la production alimentaire et à l'usage de l'eau à des fins récréatives. Les agents infectieux, les dangers radiologiques et les produits chimiques toxiques peuvent tous compromettre la qualité de l'eau.
Aujourd'hui, près de deux milliards de personnes vivent dans des régions où l'approvisionnement en eau est mise à l'épreuve et trois milliards de personnes vivent à plus d'un kilomètre d'une source d'eau. Toutes les huit secondes, un enfant succombe à une maladie hydrique; l'accès à de l'eau propre et salubre éviterait ces décès.
La vie des peuples autochtones est intrinsèquement liée à la terre et à l’eau. Parce qu’ils vivent si près de la terre et qu’ils en sont si fortement tributaires, les peuples autochtones ressentent intensément les effets de la perte d’eau, de la pollution et d’autres changements. Un approvisionnement sûr en eau, des services d’assainissement et une saine gestion de l’eau sont essentiels à la santé dans le monde. Avec une eau salubre, on pourrait empêcher annuellement 1,4 million d’enfants de mourir de la diarrhée, 860 000 enfants de mourir de malnutrition, 500 000 enfants de mourir de malaria et aussi prévenir 280 000 décès par noyade. Près d’un dixième des maladies dans le monde serait prévenu si l’on réduisait simplement les risques de maladies d’origine hydrique en assurant un meilleur accès à une eau salubre, des services d’assainissement et d’hygiène améliorés et une meilleure gestion de l’eau.
Il y a eu de nombreuses tragédies dues à l’eau au Canada. En 2000, par exemple, sept personnes sont mortes dans la collectivité de Walkerton, en Ontario, parce que leur eau potable avait été contaminée par la bactérie E. coli. Ce sont toutefois les collectivités autochtones qui sont touchées de façon disproportionnée par la crise de l’eau.
Malgré les promesses répétées du gouvernement de veiller à ce que les Premières nations aient accès à de l’eau potable, leur eau est encore souvent contaminée. L’ancienne vérificatrice générale, Sheila Fraser, a signalé que, même si le gouvernement fédéral avait rédigé un projet de loi pour assurer la salubrité de l’eau, il n’y aurait pas de changement concret avant des années.
Le plus troublant demeure le fait que les tests de qualité de l’eau sont réalisés seulement de façon sporadique et que l’information essentielle n’est pas mise en commun. Les systèmes d’eau potable de plus de la moitié des réserves sont menacés. Cet été, une étude nationale qui portait sur près de 600 systèmes d’aqueduc et d’égout des Premières nations a permis de constater que près des trois quarts étaient considérés comme moyennement ou largement susceptibles de ne pas répondre aux normes de salubrité. De fait, plus du tiers étaient classés dans la catégorie des systèmes à risque élevé.
Le a affirmé que le rapport définissait le risque et il a précisé que les constatations ne signifiaient pas que l’eau était impropre à la consommation humaine. Je ne veux pas prendre un avion qui risque de ne pas atterrir, pas plus que je veux boire une eau qui risque de ne pas répondre aux normes de salubrité. Dans trente pour cent des cas, le risque était élevé en raison soit de la source d’eau, soit de la conception du système. Les autres systèmes affichaient des problèmes sur les plans de l’exploitation, de la surveillance et de la production de rapports. Je veux donc savoir quelles mesures concrètes le gouvernement a prises pour améliorer la formation, la surveillance et la production de rapports, et quels montants ont été débloqués pour financer ces activités urgentes.
Le monde prend conscience de la crise liée à l’eau et aux conditions d’hygiène. Le manque d’accès à l’eau propre est l’une des pires violations des droits de la personne dans le monde. Nous avons les objectifs du Millénaire pour le développement, et le but est de réduire de moitié d’ici 2015 la proportion de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable et à des services d’assainissement de base. Nous sommes en plein dans la décennie des Nations Unies sur le thème « L’eau, source de vie », une décennie de mesures pour promouvoir les efforts en vue de respecter d’ici 2015 les engagements internationaux en matière d’eau et de problèmes dus à l’eau.
Quand le gouvernement prendra-t-il des mesures pour régler la crise de l’eau et de l'assainissement des eaux dans notre propre pays? Plus précisément, que fera-t-il pour faire connaître cet état de crise? La sensibilisation est la clé pour faire bouger les choses. Comment le gouvernement s’y prendra-t-il pour tenir des consultations dignes de ce nom sur des questions relatives aux droits des Premières nations relativement à l’eau potable et au traitement des eaux usées? Comment s’y prendra le gouvernement pour consulter et collaborer avec les Premières nations afin de combler le manque de ressources? Le gouvernement offrira-t-il des ressources financières suffisantes aux régions pour qu’elles effectuent une analyse approfondie des répercussions et déterminent les besoins sur les plans du financement, de l’élaboration de politiques et des ressources techniques, à l’échelle régionale?
En 2006, le groupe d'experts sur la salubrité de l'eau potable dans les collectivités des Premières nations a constaté que le gouvernement fédéral n’avaient jamais fourni de financement suffisant aux Premières nations pour qu’elles puissent améliorer les normes de qualité de l’eau dans les réserves.
Je veux que ce soit bien clair que notre parti n’appuiera pas la mesure législative sur la salubrité de l’eau potable qui est proposée sans qu’elle s’accompagne d’un plan de mise en oeuvre prévoyant des ressources supplémentaires pour régler les lacunes constatées lors de l’Évaluation nationale des systèmes d’aqueduc et d’égout dans les collectivités des Premières nations.
Avant de présenter de nouveau le projet de loi, le gouvernement doit collaborer avec les Premières nations et obtenir préalablement leur consentement libre et éclairé sur la gamme d’options réglementaires concernant l’eau potable énoncées par le groupe d’experts.
Les Nations Unies ont reconnu que l’accès à l’eau et à l'assainissement était un droit de l'homme. Le 28 juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a convenu, avec une forte majorité, d’une résolution établissant que l’accès à de l'eau potable salubre et à l'assainissement pour tous était un droit de l’homme. Cette résolution a obtenu l’appui de 122 pays, tandis que 41 pays, dont le Canada, se sont abstenus.
Au moment même où cette résolution était prise, plus de 100 avis d'ébullition de l’eau étaient en vigueur dans les réserves, et dans 49 collectivités des Premières nations, faire bouillir l’eau ne suffisait pas à la rendre potable. En juillet 2011, 126 collectivités des Premières nations, d’un bout à l’autre du Canada, faisaient l’objet d’un avis d’ébullition de l’eau. En 2008, on en comptait 106. Au 31 octobre 2011, 124 collectivités des Premières nations faisaient l’objet d’un tel avis.
Le grand chef du MKO, M. David Harper, a dit clairement au comité sénatorial, en février 2011, que l’absence d’eau courante dans plus de 1 000 foyers autochtones, dans le Nord du Manitoba, était une violation de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Il a expliqué que son peuple vivait dans des conditions dignes du tiers monde et que des familles de la région d’Island Lake, au Manitoba, avaient quotidiennement moins d’eau à leur disposition que les résidants de camps de réfugiés.
Les gens de la région d’Island Lake ne consomment que dix litres d’eau par jour, et ce sont des membres de la famille qui vont la chercher à un robinet local et la rapportent à la maison dans des seaux. Ils peuvent en avoir davantage s’ils la puisent dans des lacs et des rivières dont l’eau a été jugée impropre à la consommation, étant notamment contaminée par l’E. coli.
Cette semaine, Ecojustice a confirmé ses conclusions précédentes, selon lesquelles « malgré les milliards de dollars dépensés et les nouvelles mesures législatives proposées, la qualité de l'eau dans les communautés des Premières nations est toujours considérablement inférieure à celle qu'on trouve dans les communautés situées à l'extérieur des réserves, et rien ne laisse présager une amélioration. » Ecojustice a diffusé un bulletin consacré à l'eau dans lequel le gouvernement fédéral a reçu la note la plus basse, en partie à cause de l'absence d'amélioration de la qualité de l'eau dans les communautés des Premières nations.
Selon des évaluations internationales, les problèmes liés à l'eau et aux installations sanitaires ont un coût important. Ils entraînent chaque année 1,8 million de décès et des dépenses de l'ordre de 7 milliards de dollars américains pour les établissements de santé et de 340 millions de dollars américains pour les particuliers. Quant aux pertes de temps causées par les maladies et les soins, elles se chiffrent à 63 milliards de dollars américains annuellement.
Pendant plusieurs décennies, on a considéré que les problèmes concernant l'eau et les installations sanitaires étaient synonymes de maladie et de pauvreté. Ainsi, un approvisionnement en eau insuffisant, une eau insalubre, une piètre gestion de l'eau et un accès inégal entraînaient des pertes de temps et des pertes financières, des maladies et des coûts de soins de santé élevés.
Depuis 15 ans, notre façon de voir les choses a considérablement changé. Tout ce qui touche l'eau et les installations sanitaires est maintenant considéré comme un moteur de développement. Ainsi, l'accès universel à un meilleur approvisionnement en eau, la salubrité des ressources et une bonne gestion de l'eau peuvent permettre d'économiser temps et argent, d'améliorer la santé et d'éviter des coûts liés aux maladies, tout en favorisant la productivité économique des populations.
Comme on l'a mentionné plus tôt, les maladies infectieuses liées à l'eau sont une cause importante de morbidité et de mortalité partout dans le monde. Il faut garder à l'esprit que la découverte de nouveaux pathogènes et de nouvelles souches de pathogènes connus crée des défis supplémentaires dans le secteur de l'eau et de la santé publique. À titre d'exemple, de 1972 à 1999, on a découvert 35 nouveaux agents infectieux et de nombreux autres sont réapparus. Certains de ces pathogènes peuvent se transmettre dans l'eau.
Le Canada devrait chercher activement de nouvelles façons de protéger la santé publique. À cette fin, il devrait réduire les contaminants présents dans l'eau potable utilisée par tous les Canadiens, protéger les ressources en eau potable, moderniser les outils dont disposent les collectivités pour obtenir l'eau potable dont elles ont besoin et voir à ce que les collectivités rurales puissent obtenir de l'eau potable à un coût abordable.
Il est temps pour le gouvernement du Canada de mettre en place une stratégie nationale complète en matière d'eau qui permettrait de rehausser les normes nationales sur l'eau potable. Dans le numéro d'avril 2008 du Canadian Medical Association Journal, on apprenait que 1 766 avis d'ébullition d'eau étaient en vigueur dans les municipalités canadiennes, excluant les collectivités des Premières nations.
Parmi les quelque 90 000 maisons situées dans les réserves en 2008, environ 2 100 n'avaient pas d'eau courante et 4 700 n'avaient pas de système d'égout.
Les avis sont censés être une mesure de précaution parmi tant d'autres dans le domaine de la santé publique. Toutefois, comme certains d'entre eux sont en vigueur depuis au moins cinq ans, ils semblent être utilisés comme solution de fortune.
Dans le cadre d'une stratégie nationale en matière d'eau, le gouvernement pourrait remédier au besoin urgent qu'il y a d'investir dans les infrastructures, de consentir des fonds fédéraux aux municipalités et aux collectivités des Premières nations pour améliorer les services publics d'eau, et d'assurer la protection et la préservation de l'eau pour toutes les formes de vie et pour les générations à venir. La stratégie devrait aussi comprendre une mesure législative fédérale de protection pour que l'eau reste là où elle est et pour interdire une fois pour toutes l'exportation massive d'eau.
L'eau potable est un des besoins les plus élémentaires de la vie. Il est donc impensable que des collectivités en soient privées. Le fait que plus d'une centaine de collectivités des Premières nations n'ont pas accès à de l'eau potable est une honte nationale. Voici ce qu'a dit un chef: « Je me demande à quel point la réaction aurait été différente si c'était les résidants de Toronto qui n'avaient pas accès à de l'eau. »
J'aimerais conclure en demandant aux députés s'ils s'inquiètent de la salubrité de leur eau potable.
Il est temps que tous les députés se joignent aux Premières nations pour exiger des comptes et faire valoir le droit à de l'eau potable. De plus, il est temps que le gouvernement fédéral soit tenu responsable de son bilan médiocre en matière de protection de l'eau.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec ma collègue d'.
Je suis fière de représenter les habitants du nord du Manitoba, sachant que notre région du pays est caractérisée par une incroyable diversité. Cette diversité lui confère d'immenses possibilités et une grande richesse au plan humain. C'est l'une des plus jeunes régions du Canada. Un grand nombre de jeunes gens se projettent dans ce qu'ils espèrent être un avenir inspirant. Ils font partie de ces collectivités qui réfléchissent aux moyens à prendre pour faire de notre région un meilleur endroit où vivre.
Cependant, parallèlement à ses immenses possibilités, à ses connaissances étendues et à son incroyable diversité, la population du nord du Manitoba est confrontée à des défis extrêmes; et c'est sans doute certaines Premières nations nordiques reculées que j'ai l'honneur de représenter qui doivent relever les pires défis d'entre tous.
J'aimerais évoquer particulièrement la réalité des quatre Premières nations de la région d'Island Lake: St. Theresa Point, Garden Hill, Wasagamack et Red Sucker Lake, toutes des collectivités en forte croissance. Parmi leurs habitants, bon nombre sont des jeunes qui envisagent une réalité très différente de celle de la plupart des Canadiens. Cette réalité, dont un plus grand nombre de Canadiens ont pris connaissance aujourd'hui, choque bien des gens. En effet, elle est très éloignée de la leur, autant pour ce qui est des services que de leur quotidien.
Plus de 40 p. 100 des 1 880 maisons des Premières nations au Canada qui n’ont pas l’eau courante sont situées dans ces quatre collectivités des Premières nations d’Island Lake. Plus de 800 foyers des Premières nations d’Island Lake sont sans eau. Comme bien des députés le savent, les maisons sont souvent surpeuplées, ce qui oblige plusieurs générations à vivre dans l’agitation sociale souvent associée à pareille réalité. Le fait qu’un grand nombre de ces maisons n’aient pas l’eau courante ne fait qu’exacerber le problème.
Il y a environ deux ans, il était important pour moi de prendre la parole, avec des membres du NPD, pour réclamer une action urgente lorsque la pandémie de grippe H1N1 a frappé de façon disproportionnée les Premières nations d’Island Lake. Bien des gens se sont interrogés sur les causes, mais nous savons qu’il existe une très forte corrélation entre la grippe, les virus et les maladies de toutes sortes, et l’absence d’eau courante. Au lieu de songer à un plan à long terme, le gouvernement a fait porter la discussion sur l’utilisation de désinfectants pour les mains. Même lorsque nous avons demandé une intervention correcte, avec des professionnels de la santé, le gouvernement a mis beaucoup de temps à se manifester.
L’histoire des Premières nations d’Island Lake est plus tragique que d’autres. Les autres collectivités que je représente, comme celles de Shamattawa, de Hollow Water, de Bloodvein et de Marcel Colomb, qui s’efforce de constituer sa Première nation, ont également des défis redoutables à relever pour assurer des services d’eau acceptables à leurs habitants.
En des termes simples, disons que la situation avec laquelle tant de Premières nations sont aux prises dans le nord du Manitoba et dans tout le Canada est inacceptable. Des membres des Premières nations sont réduits à des conditions de vie dignes du tiers monde, à des conditions que nous sommes nombreux à ne pouvoir imaginer.
Je songe aux gens à qui j’ai rendu visite dans des localités de toute ma circonscription et dans la région d’Island Lake, où j’ai la chance de conduire sur des routes de glace et où je me rends une fois par année, voire plus souvent. Je me souviens de la dernière campagne électorale. Après des pressions extrêmes exercées par les médias et les dirigeants des Premières nations d’Island Lake, la réponse du ministère des Affaires indiennes a été de donner un seau hygiénique pour chaque maison. J’ai pris une photo d’un seau hygiénique. Bien des gens ont accueilli cette mesure avec un mélange de honte, de dégoût et peut-être d’étonnement, tâchant de comprendre ce que le gouvernement voulait dire, à quel point il se souciait peu de la triste réalité des habitants d’Island Lake.
Aujourd'hui, je suis heureuse d'apprendre que le gouvernement est favorable à la motion qui nous est présentée et qu'il entend agir. J'espère que les mesures qui seront prises ne se limiteront pas encore à l'envoi de seaux hygiéniques ou de baquets d'eau et ressembleront plutôt à un investissement à long terme dans les collectivités.
Par ailleurs, la réalité actuelle n'a pas soudainement vu le jour il y a cinq ans, et ça me préoccupe. Les gouvernements libéraux passés ont sciemment perpétué la situation inadmissible qui sévit au sein de tant de Premières nations du Nord du Manitoba en les privant de fonds d'immobilisation en raison du plafond de 2 p. 100 et en refusant de comprendre que les membres des Premières nations, que le gouvernement soit libéral ou conservateur, méritent de vivre dans la dignité au même titre que tous les autres Canadiens .
Aujourd'hui, je suis fière d'exiger avec mes collègues du NPD un véritable plan d'action répondant aux besoins des Premières nations et transformant pour le mieux leur réalité inacceptable. Je réclame une approche visionnaire reconnaissant que ce n'est pas qu'une question d'eau potable, de logement et d'éducation: il s'agit également de comprendre que les Canadiens appartenant à une Première nation ont une qualité de vie nettement inférieure à celle de leurs concitoyens non autochtones.
Cette situation montre l'incapacité structurelle des gouvernements successifs de traiter les gens des Premières nations sur le même pied que les autres et de leur reconnaître la capacité de parvenir à l'autonomie gouvernementale. Nous devons travailler en partenariat avec eux et reconnaître qu'il nous faut respecter les droits qui sont conférés par traité aux Premières nations du Manitoba et de tout le pays. Nous nous engageons ainsi à changer la réalité ensemble. Les Premières nations vivent dans des conditions dignes du tiers monde et tous les Canadiens doivent se sentir interpellés.
Nous devons reconnaître que changer la situation des Premières nations créera des possibilités incroyables pour notre pays. Si les jeunes Autochtones ont des conditions de logement adéquates, accès à de l'eau salubre et à une éducation de qualité, ils pourront apporter leur contribution à la société canadienne comme tout le monde. Notre économie en bénéficiera, notre tissu social en bénéficiera et nous en bénéficierons tous.
En tant que députée de et que fière néo-démocrate, je demande, au nom de nombreuses Première nations, qu'on mette fin aux approches fragmentaires et aux coups de publicité. Nous devons collaborer avec les Premières nations, qui ont travaillé très fort et dont les leaders, les membres et les organismes ont travaillé très fort pour soulever des questions et proposer des solutions. Ces solutions reposent sur des partenariats avec d'autres instances, comme les gouvernements provinciaux et les intervenants municipaux, pour discuter de développement économique. Au bout du compte, cependant, le gouvernement du Canada a une obligation fiduciaire envers les membres des Premières nations. Les conditions dignes du tiers monde dans lesquelles ceux-ci vivent aujourd'hui au Canada sont une honte pour le gouvernement du pays et pour chacun de nous.
Je demande que l'on mette de côté la recherche de coupables. Nous sommes loin d'arriver à ce que les Premières nations et les peuples autochtones du Canada aient la dignité que nous méritons tous. Nous devons collaborer avec elles pour parvenir à l'égalité, à l'équité, à la dignité et à une nouvelle manière de penser au Canada que nous voulons, c'est-à-dire à un Canada où nous sommes tous égaux, mais où nous reconnaissons les droits des premiers peuples de notre pays. Personne au Canada aujourd'hui ne devrait avoir à vivre ce que beaucoup de Premières nations vivent. Tous les Canadiens, Premières nations, Métis et Inuit compris, méritent la dignité dans le Canada du XXIe siècle.
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Monsieur le Président, je remercie la députée de d'avoir bien voulu partager son temps de parole avec moi.
J'appuie la motion du député de , mais à la condition que, conformément à ce qui a été consenti, un amendement crucial lui soit apporté. L'amendement en question demande des mesures immédiates à l'égard d'un problème qui perdure depuis beaucoup trop longtemps au Canada. Nous sommes heureux d'appuyer la motion à condition d'adopter aussi l'amendement demandant de prendre sans plus tarder des mesures à l'égard de la situation critique concernant l'accessibilité à l'eau potable des Premières nations au Canada.
Au cours des dernières décennies, la situation précaire dans laquelle se trouvent beaucoup trop de collectivités autochtones aurait mérité des mesures et des investissements importants et urgents de la part des anciens gouvernements conservateurs et libéraux. Aujourd'hui, les députés ont l'occasion d'appuyer la demande de mesures et d'investissement immédiats et j'insiste sur les mots mesures et investissement.
Les membres des Premières nations en ont assez d'entendre chaque jour à la Chambre la même réponse du , qui affirme sans cesse que le gouvernement dépense beaucoup d'argent. Le gouvernement dépense beaucoup pour bien des choses, mais il ne s'emploie pas à répondre aux besoins urgents des femmes, des enfants, des aînés et des familles des Premières nations qui manquent d'eau potable pour se laver et boire sans danger. C'est maintenant qu'ils y ont droit, pas dans une semaine, pas dans un mois, pas dans un an, pas dans dix ans.
Le chef national de l'Assemblée des Premières Nations Shawn Atleo a comparu pour dire ce qu'il pensait du projet de loi concernant la salubrité de l'eau potable sur les terres des Premières nations qui a été déposé au Sénat, et non à la Chambre, à la dernière législature. En passant, ce projet de loi a été copieusement critiqué par tous les organismes et les leaders des Premières nations qui ont comparu. Nous attendons toujours le projet de loi révisé et amélioré promis depuis longtemps.
Le chef Atleo a affirmé que, pour les Premières nations qu'il représente, il est clair que le gouvernement fédéral doit absolument faire quelque chose pour assurer des services d'eau potable à toutes les Premières nations. Ça ne semble pas encore une priorité pour le gouvernement conservateur.
Je veux que les députés me comprennent bien. La réponse n'est pas adéquate si les mesures prises, y compris les lois promises qui ne viennent toujours pas, ne reposent pas sur la consultation directe des Premières nations et la prise en compte de leurs besoins, de leurs intérêts et de leurs recommandations.
Le chef Atleo a indiqué que trois mesures à la fois distinctes et indissociables doivent être mises en oeuvre afin d'assurer l'approvisionnement en eau potable dans les collectivités des Premières nations. Il faut d'abord obtenir l'assurance que les ressources nécessaires seront allouées pour que les Premières nations puissent se conformer aux normes pour l'eau potable qui seraient adoptées. Ensuite, une véritable consultation des Premières nations devra avoir lieu au cours du processus d'élaboration des règles. Le chef Atleo a donné des exemples de cas où les parties en cause ont réussi à établir un dialogue sincère et constructif concernant diverses mesures législatives. Ce qui, à son avis, ne s'est malheureusement pas encore produit dans ce dossier.
La troisième mesure consiste à reconnaître qu'aucune Première nation n'acceptera une loi qui abroge les droits ancestraux ou conférés par traité ou qui y portent atteinte. C'était l'objection formulée avec le plus de véhémence par les membres des Premières nations qui ont témoigné au sujet du projet de loi présenté par le gouvernement lors de la dernière législature.
Ces propos ont été repris à l'occasion d'autres consultations tenues par le gouvernement fédéral. L'ancien ministère des Affaires indiennes, qui est maintenant Affaires autochtones et développement du Nord Canada, avait mis sur pied un groupe d'experts sur la salubrité de l'eau potable dans les collectivités des Premières nations. Un autre examen, une autre étude. Le groupe a publié en 2006 un rapport qui recommandait exactement ce que réclame le chef Atleo.
Nous devons adopter des mesures législatives qui offrent aux Premières nations la même protection que celle dont bénéficient toutes les autres collectivités du pays. Comment y parviendrons-nous, compte tenu que le gouvernement, dans sa grande sagesse, refuse, à l'instar de tous les gouvernements libéraux et conservateurs qui l'ont précédé, d'adopter des normes juridiques contraignantes pour assurer la salubrité de l'eau potable?
Par conséquent, quand on discute des Premières nations, qui sont censées avoir la protection de notre gouvernement national, on voit que ce gouvernement n’a pas veillé à appliquer les mêmes normes dans leurs collectivités.
Le groupe d’experts a recommandé que nous adoptions une loi qui établirait un cadre utile pour l’application de ces normes et a présenté un certain nombre d’options, en précisant toutefois que le gouvernement ne devait pas aller de l’avant sans s’être assuré que les ressources et la formation nécessaires étaient en place, afin que ces nations soient en mesure de respecter la loi.
Ensuite le Sénat a réalisé une autre étude, au Comité sénatorial des peuples autochtones. En 2007, le comité, après avoir entendu les témoignages de représentants du gouvernement et de chefs des Premières nations, a fait exactement les mêmes recommandations que le chef national, et même que tous les chefs ayant témoigné, ainsi que le groupe d’experts d’AINC, avaient déjà faites.
On en conclut que le devoir de consultation et d’accommodement est très important, et les Premières nations prient le gouvernement de ne pas le négliger. Ce devoir a été confirmé par la Cour suprême du Canada dans une très importante affaire qui avait été portée devant les tribunaux par une Première nation de ma province, la Première nation crie Mikisew. L’arrêt de la Cour suprême était très clair: avant que le gouvernement fédéral puisse prendre une décision sur une politique ou une loi, quelle qu’elle soit, ou sur toute question touchant les ressources, les intérêts ou les membres des Premières nations, il a l’obligation prépondérante, en vertu de la Constitution, de consulter, d’accommoder et de répondre aux demandes.
Il ne suffit pas que le gouvernement rappelle sans cesse aux Premières nations tout l’argent qu’il leur a consacré, ou qu’il leur demande d’être patientes parce qu’une loi sur l’eau potable salubre sera adoptée bientôt. Il doit véritablement engager ces fonds dès maintenant dans le budget.
Je vais vous dire dans un instant quel est le montant prévu dans le budget. Pour ceux qui se demandent comment j’ai pu savoir ce chiffre, c'est que le gouvernement a demandé à une firme d'ingénieurs de faire le travail pour déterminer quel était le montant exact.
Si les Premières nations qui vivent en permanence avec des avis d’ébullition de l’eau ne peuvent pas vraiment espérer que le gouvernement réagisse positivement à toutes ces études, elles pourraient suivre les conseils de l’ancienne vérificatrice générale, Sheila Fraser. Dans son dernier rapport présenté cette année, Mme Fraser a mis le problème de l’eau potable pour les Premières nations au premier rang des problèmes criants que le gouvernement fédéral doit régler en priorité. Elle a admis que le gouvernement avait pris certaines mesures, mais a dénoncé l’absence de tout progrès réel pour l’amélioration du niveau de vie et de bien-être des habitants des réserves. Elle a dit que, ces dix dernières années, son bureau avait produit pas moins de 31 rapports de vérification sur des questions relatives aux Autochtones et que trop de membres des Premières nations manquaient encore de commodités que la plupart des autres Canadiens tenaient pour acquises.
Elle a réclamé des réformes structurales majeures, dont un encadrement législatif des programmes, y compris du programme d’accession à de l’eau potable salubre accompagné du financement proportionné qui serait prescrit par la loi. Voilà des mots très importants: « financement proportionné prescrit par la loi ».
Ce que la vérificatrice générale a illustré au moyen d'exemples tirés du milieu de l'éducation, c'est que les enfants des Premières nations n'ont aucun droit prévu par la loi qui leur garantit que le gouvernement investira des fonds de façon régulière pour répondre à leurs besoins, qu'il s'agisse d'éducation, ou dans ce cas, d'eau potable. Non. Tout d'abord, les Premières nations doivent accepter de construire une usine de traitement des eaux, de poser les conduites, de les réparer ou de donner de la formation. Ensuite, si cette condition est respectée, le gouvernement peut signer un accord de contribution, et les Premières nations peuvent recevoir de l'argent, mais seulement pendant un an. Puis on recommence le processus.
La vérificatrice générale a également demandé que l'on favorise la prestation de services à l'échelle locale par les Premières nations. Je répète qu'elle a écouté les Premières nations. Le gouvernement les écoutera-t-il?
Jugeons de l'ampleur réelle du problème. Comme je l'ai mentionné, le rapport technique commandé par le gouvernement, publié cette année, révèle qu'il faudrait dépenser un montant supplémentaire de 3,5 milliards de dollars simplement pour faire en sorte que les réseaux d'approvisionnement en eau des Premières nations répondent aux normes prévues par la loi dans les autres collectivités canadiennes. Soulignons que cette mesure coûterait 162 millions de dollars en Alberta seulement.
Je veux ajouter qu'il ne suffit pas de fournir de l'eau courante. Comme les députés le savent sans doute, ou les députés qui étaient à la Chambre à la dernière législature ou ceux qui ont pris le temps de prendre connaissance de ce qui s'y est passé, un certain nombre d'entre nous ont publié un rapport fondé sur un examen des répercussions des sables pétrolifères sur l'eau. Dans ce rapport, on laissait entendre très clairement que le gouvernement fédéral néglige ses responsabilités en matière de protection de l'eau de source.
C'est absolument indispensable. Le meilleur moyen de réduire les coûts pour les Premières nations, c'est de traiter leur eau pour s'assurer que l'eau de source est propre.
Il y a quelques jours, j'ai mentionné la présence de niveaux élevés de dioxyde de carbone dans l'eau de source de la collectivité de Fort McKay. Si les résidants avaient une source d'eau plus sécuritaire, ils pourraient réduire les effets néfastes que l'eau a sur leur collectivité en n'étant pas obligés d'y ajouter plus de chlore.
Pour terminer, les Premières nations méritent une loi pour garantir leur droit à l'accès à l'eau potable, ils méritent d'obtenir les ressources nécessaires pour prendre immédiatement des mesures en ce sens, ils méritent qu'on respecte leurs droits ancestraux et issus de traités et ils méritent qu'on les consulte vraiment dans ce dossier.
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Monsieur le Président, je partagerai le temps de parole qui m'est accordé avec le député de . Je voudrais prendre un instant pour le remercier, lui qui appartient à un autre parti, pour avoir généreusement et magnanimement permis au Parti vert de participer au débat sur cette importante motion présentée dans le cadre d'une journée de l'opposition.
Nous nous inquiétons, comme tous les partis présents aux Communes, du scandale que constitue actuellement le manquement du gouvernement fédéral à son obligation de fiduciaire, en vertu de la loi et de la Constitution, de fournir de l'eau potable à tous les membres des collectivités des Premières nations. Cette obligation est fondamentale, est profondément enchâssée dans la Constitution et est conforme à des valeurs que tous les députés partagent. Ce n'est pas seulement une obligation juridique, mais aussi une obligation morale.
C'est un scandale perpétuel qui heurte la conscience de tous les Canadiens lorsqu'ils s'aperçoivent que des systèmes d'approvisionnement en eau potable dignes du tiers monde existent un peu partout dans ce vaste pays riche, et que ces systèmes sont réservés presque exclusivement aux Premières nations.
Je voudrais essayer de proposer des solutions de nature à régler le problème, puisque nous discutons de la manière la moins partisane possible.
Force est de reconnaître que les statistiques sur cette question sont une honte pour le Canada. Seulement 27 p. 100 des Premières nations ont de l'eau potable pouvant être considérée comme sûre, 39 p. 100 de l'approvisionnement en eau potable est jugé comme présentant des risques élevés et 34 p. 100 comme présentant un risque modéré. Les Premières nations elles-mêmes ont remis en question ces statistiques du ministère des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien qui affirme que ces chiffres sont recueillis de façon un peu arbitraire, mais que ce sont les seuls qui sont disponibles.
La Presse canadienne a appris, par un document obtenu en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, que, en un seul mois, soit en mai dernier, 223 mises en garde et avis ont été émis dans les collectivités des Premières nations.
Ces chiffres sont atterrants, mais ils ne diminuent pas en dépit des gouvernements qui se succèdent. Il ne fait aucun doute que les gouvernements libéraux et que l'actuel gouvernement conservateur ont fait des annonces, ont fourni du financement et ont affirmé leur intention de s'attaquer au problème. Pourtant, cette situation scandaleuse n'est toujours pas réglée.
Je me rappelle à quel point j'ai été choquée lorsqu'un ami qui travaillait dans la collectivité autochtone de Burnt Church, au Nouveau-Brunswick, m'a raconté que l'hôpital local devait faire venir l'eau par camion. Quand on voit que, faute d'un approvisionnement en eau potable sûre, un hôpital local doit faire venir de l'eau en bouteille par camion, force est de conclure que le gouvernement se soucie bien peu des collectivités des Premières nations.
Quels sont les problèmes dans ce dossier? Certains ont été abordés dans le bref échange entre le secrétaire parlementaire et la députée d'. La députée d' s'occupe de ce dossier depuis longtemps, puisqu'elle a écrit un ouvrage sur la gouvernance des Premières nations au chapitre de l'eau.
De toute évidence, il faut commencer à chercher une solution qui respecte vraiment les droits, les compétences et les responsabilités des Premières nations elles-mêmes. Comme l'a dit le grand chef Shawn Atleo de l'Assemblée des Premières Nations, c'est à cet égard que la mesure législative du gouvernement précédent, qui a d'abord été présentée au Sénat, en l'occurrence le projet de loi , était si irrémédiablement lacunaire. Elle ne reposait même pas sur un engagement respectant les droits et les compétences des Premières nations. Voilà par où il faut commencer.
Dans le passé, le gouvernement a déclaré qu'il entamerait des consultations avec les Premières nations pour élaborer un modèle de gouvernance efficace en ce qui concerne l'approvisionnement en eau. À ce jour, 13 séances d'information et de participation ont eu lieu, toutes en 2009. Ce n'est pas là le genre d'engagement qu'il faut établir avec les gouvernements des Premières nations pour élaborer un modèle de gouvernance efficace axé sur des compétences partagées pour ce qui est des systèmes d'aqueduc et d'égout. Comment élaborer un tel modèle? Il faut commencer par présenter aux Premières nations l'idée de compétences partagées.
Après avoir vu à ce que les droits des Premières nations et leur champ de compétences soient respectés, nous devrons écouter ce que leurs représentants ont à dire à ce sujet. D'après le grand chef Shawn Atleo, les capacités ne sont pas suffisantes. Autrement dit, nous pourrions imposer certains règlements aux collectivités des Premières nations mais oublier de régler des questions globales, de respecter le savoir traditionnel ou de soutenir ces collectivités dans une optique de respect et de négociations entre deux gouvernements, autant d'éléments importants pour concevoir des modèles de gouvernance de l'eau dans les Premières nations qui fonctionneraient vraiment et seraient soutenus par des capacités accrues.
On n'a pas seulement besoin de tuyaux. Les besoins sont beaucoup plus vastes. Il faut adopter une approche holistique et répondre aux exigences des collectivités des Premières nations.
Oui, il nous faut effectivement plus d'argent. Ce sera essentiel pour pouvoir mettre en place un cadre efficace. Il faudra des systèmes de traitement de l'eau, des systèmes adaptés au contexte des Premières nations, qui vivent souvent dans des régions isolées.
Nous devons arrêter de polluer l'eau des Premières nations. C'est vraiment fondamental. Quand une communauté vit en aval d'une grande usine de pâtes et papier qui ne porte pas attention à ses effluents, qu'elle vit en aval des sables bitumineux de l'Athabasca ou d'une autre source de pollution — je pense par exemple aux collectivités où vivaient beaucoup de grues et dont l'environnement était fortement contaminé par le mercure provenant de grandes centrales électriques — cette communauté sera aux prises avec des problèmes de pollution de l'eau qui dépasseront les simples bactéries. Et la solution ne pourra pas porter que sur les bactéries.
Cette vision holistique suppose qu'on protège l'eau à la source, qu'on s'assure que les Premières nations aient les capacités requises et qu'on respecte les droits et les champs de compétence des collectivités des Premières nations.
Je n'accuse personne ici quel que soit son parti. Il faut que sur cette question nous agissions pour une fois sans parti pris, en reconnaissant que cette situation d'échec est le résultat d'un enchaînement qu'on ne peut pas attribuer à un gouvernement ou à un autre.
C'est quelque chose qui nous interpelle en tant que nation; nous devons tous ensemble reconnaître qu'il s'agit avant tout d'une question de gouvernance puisque nous sommes sur le territoire de quelqu'un d'autre. Très concrètement, où qu'on soit au Canada, on est sur le territoire de quelqu'un d'autre. Mais dans le cas précis des collectivités des Premières nations, on ne peut pas renier, on ne peut pas ignorer, on ne peut pas escamoter, parce que c'est bien pratique, ces droits et ces responsabilités relevant d'un champ de compétence en décidant d'installer une usine d'épuration d'eau d'un certain type et en disant aux gens comment elle va fonctionner.
Comme chacun le sait, nous avons eu au Canada suffisamment de problèmes avec des usines très perfectionnées de traitement de l'eau dans des collectivités non autochtones pour nous abstenir de toute arrogance en la matière. On songe au grand fiasco de l'usine de traitement d'eau d'Halifax, après des dépenses de milliards de dollars. Il faut aborder cette question dans le cadre d'un partenariat pour que toutes les collectivités des Premières nations aient accès à de l'eau potable.
Pour l'avenir, cette journée de débat et de discussion à la Chambre des communes constitue un excellent point de départ. On nous a certainement rappelés à l'ordre. Sheila Fraser, la vérificatrice générale, a dit dans sa dernière allocution à l'intention des parlementaires que nous sommes qu'après avoir publié pendant des années des rapports dénonçant l'absence d'eau potable dans les collectivités des Premières nations, elle se demandait si nous réussirions un jour à progresser le moindrement dans ce dossier.
C'est le moment. Saisissons l'occasion. Nous sommes unis. Nous sommes d'accord sur quelque chose. Alors agissons ensemble.
Ma dernière réflexion concerne la question de l'eau potable en général au Canada. Puisque nous parlons ici de l'eau potable pour les Premières nations en toute impartialité, quelle que soit notre allégeance politique, ne pourrions-nous pas discuter plus généralement de la façon dont nous réglementons l'eau potable?
Je n'ai peut-être pas raison, mais je veux partager cette réflexion. Je pense tout haut. Est-ce parce qu'il y a quelque chose de mal à vouloir établir un cadre général pour l'eau potable au Canada que nous ne réglementons pas l'eau potable? Pourtant, on réglemente la sécurité alimentaire. Au fil des ans, on a essayé plusieurs fois au Sénat de présenter un projet de loi désignant l'eau comme un produit alimentaire pour que sa salubrité puisse faire l'objet d'une réglementation.
Nous ne réglementons pas la salubrité de l'eau. Santé Canada a établi des normes gouvernementales fédérales, mais il n'existe aucun mécanisme d'application. De façon générale, l'application de la réglementation relative à la salubrité de l'eau potable au Canada se fait lorsqu'il y a des cas médiatisés. À moins qu'il ne s'agisse d'une situation désespérée comme à Walkerton, il arrive parfois que les cas de non-respect des normes en matière d'eau potable, même à l'extérieur des réserves, n'obtiennent pas l'attention voulue.
Le moment est peut-être venu de reconnaître qu'une loi canadienne sur la salubrité de l'eau potable s'impose, une loi qui s'appliquerait à toutes les sources d'eau potable au pays. Une telle loi créerait un cadre fédéral aux termes duquel les droits, les responsabilités ainsi que les compétences des Premières nations pourraient être respectés puisque nous corrigerions les lacunes en prévoyant d'importantes ressources afin d'approvisionner l'ensemble du pays en eau potable, mais surtout les réserves des Premières nations de l'ensemble du Canada. Nous partageons avec les Premières nations cette responsabilité fédérale exclusive.
Je suis reconnaissante de l'occasion qui m'a été donnée d'intervenir sur le sujet. Je répondrai avec plaisir aux questions.
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Monsieur le Président, j'aimerais remercier ma collègue de d'avoir fait montre d'un grand leadership. J'aimerais également remercier et féliciter l'intervenante précédente, la députée de , la chef du Parti vert, qui a fait un excellent discours. C'est avec plaisir que j'ai partagé mon temps de parole avec elle.
Je lisais justement un article ce matin au sujet des avis d'ébullition d'eau, qui sont un problème récurrent dans ma province natale, Terre-Neuve-et-Labrador. Il y en a environ 200 en ce moment, ce qui est beaucoup pour une province insulaire et, bien entendu, la partie continentale du Labrador. C'est énorme pour une province qui ne compte qu'un peu plus de 500 000 habitants.
Voilà qui nous donne une idée de la situation à laquelle nous sommes confrontés, surtout dans certaines des régions rurales les plus éloignées, où les collectivités des Premières nations sont très vulnérables à cet égard.
Nous avons signé beaucoup d'accords et nous avons des idéaux qui nous poussent à voir la question comme un droit de la personne pour ceux qui veulent une eau potable de qualité. Il est clair que le gouvernement doit se conformer aux normes et respecter les droits des gens et des collectivités touchés par la situation.
Comme la députée l'a souligné au sujet des groupes touchés, nous obtenons l'information d'eux, nous organisons des consultations puis, au bout du compte, nous semblons incapables de traduire concrètement ce que nous avons décidé de faire. Je sais que des cyniques diraient que c'est habituellement ce qui se passe dans un gouvernement. C'est souvent ce qui se produit.
Malheureusement, dans ce cas comme dans bien d'autres, les mesures ne sont jamais prises assez vite et, pour cette raison, les plus vulnérables sont les premiers à faire les frais de la situation. En l'occurrence, ils n'ont pas d'eau potable.
Je félicite le député de , le chef de notre parti, d'avoir présenté la motion, et je félicite aussi la députée de .
Je voudrais parler du document. Je trouve ce document pertinent et j'estime qu'il établit une norme internationale que nous devons respecter. J'ai déjà lu le document et je le trouve fantastique. Je cite l'article 21:
Les peuples autochtones ont droit, sans discrimination d’aucune sorte, à l’amélioration de leur situation économique et sociale, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, de la formation et de la reconversion professionnelles, du logement, de l’assainissement, de la santé et de la sécurité sociale.
Les États prennent des mesures efficaces et, selon qu’il conviendra, des mesures spéciales pour assurer une amélioration continue de la situation économique et sociale des peuples autochtones. Une attention particulière est accordée aux droits et aux besoins particuliers des anciens, des femmes, des jeunes, des enfants et des personnes handicapées autochtones.
Voilà où réside la responsabilité de la gouvernance, pas uniquement pour le gouvernement fédéral, mais pour d'autres gouvernements. Je sais que nous nous sommes perdus dans un débat visant à déterminer si nous devons aspirer à cela ou si nous devons agir immédiatement. Tout document que nous signons doit être accompagné de bonnes politiques que nous mettons en oeuvre pour traduire notre engagement en actions et permettre concrètement l'atteinte des objectifs énoncés, soit, en l'occurrence, réduire le nombre de collectivités au Canada qui doivent faire bouillir leur eau pour avoir de l'eau potable et faire en sorte qu'elles bénéficient de l'approvisionnement en eau potable, un service de base dans de nombreux pays.
Nous avons déjà signé quelques traités, mais les mesures qui ont suivi n'ont guère porté fruit. Malheureusement, le processus s'embourbe dans les méandres de la bureaucratie, et il s'enlise à cause de la façon dont nous débattons à la Chambre, où nous menons une politique de confrontation, ce qui est très décevant.
La députée de vient de faire référence à cela en demandant que nous nous entendions et que nous déterminions comment nous pourrions en arriver à un consensus. Personne à la Chambre ne dirait: « Attendons. N'agissons pas dès maintenant. Repoussons cette question d'eau potable à la fin de notre liste. » Personne ne dirait une chose pareille.
Pourtant, pour une raison quelconque, nous commençons à débattre des points de détail, et nous oublions l'essentiel: fournir de l'eau potable. Si on me permettait une expression familière, je dirais que nous devons parfois tous nous mettre du plomb dans la tête afin de déterminer où cela nous mènera finalement.
Ma nièce, qui vient de Terre-Neuve-et-Labrador, a été enseignante à Attawapiskat. Lorsque je lui ai rendu visite là-bas, j'étais stupéfait de voir à quel point cette collectivité avait besoin de nombreux services de base, notamment en ce qui a trait au logement, à l'approvisionnement en eau, aux soins de santé et à l'éducation. Même s'il s'agissait d'une collectivité éloignée, et même si les conditions s'étaient aggravées au fil du temps, je me demandais comment on avait pu en arriver là.
Par conséquent, ai-je besoin de dire que ces personnes vivent dans des conditions qui ne sont pas conformes à celles visées par les accords internationaux que nous avons signés? Comment cela peut-il se produire dans un pays comme le Canada, qui est devenu le chef de file mondial que tous les pays rêvent de devenir? Beaucoup de leaders de l'étranger ont dit que le Canada doit s'exporter partout dans le monde. Le problème, c'est qu'en faisant cela, nous exporterions également cette situation. Cela ferait ressortir le fait que nous commettons des erreurs.
Nous devons tendre vers tous les buts qui sont définis dans cette entente, mais surtout, nous devons passer à l’action.
Je veux parler de certaines des choses qui se sont passées dernièrement.
Il incombe au gouvernement fédéral de donner aux collectivités dans les réserves des Premières nations les outils et les ressources dont elles ont besoin -- tous les services que j’ai mentionnés précédemment quand j'ai parlé de certaines des collectivités des Premières nations que j’ai visitées. Ce devoir est réparti entre trois ministères. Le ministère des Affaires autochtones et du développement du Nord fournit aux Premières nations le financement nécessaire pour l’entretien de l’infrastructure et la gestion des services d’eau. Santé Canada surveille la gestion de la qualité de l’eau dans les réserves. Environnement Canada gère la protection des sources d’eau.
Dans de nombreux cas, on m’a dit que les règlements étaient entrés en vigueur dans les collectivités, pas seulement des collectivités autochtones, mais aussi des collectivités non autochtones. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles, dans des provinces comme Terre-Neuve-et-Labrador, il y a plus de 200 avis d’ébullition de l’eau dans les petites collectivités. Cela vient du fait que les responsables locaux sont extrêmement frustrés de leurs relations avec le gouvernement supérieur. Ce n’est pas nouveau. Et cela concerne de nombreux ministères fédéraux.
Quelqu’un l’a déjà mentionné, il nous faut entamer des discussions avec les membres de toute collectivité visée par un avis d’ébullition de l’eau. Il y en a quelques-unes dans ma circonscription. Ce ne sont pas des collectivités autochtones. Le problème est grave: l’infrastructure se désagrège littéralement. Dans le cas des collectivités autochtones, par exemple celle d’Attawapiskat, la situation est encore bien pire. Il y a tellement d’obstacles à surmonter. Les gens qui se considèrent comme des spécialistes de l’infrastructure et des réseaux d’aqueduc doivent regarder la situation et se demander par où commencer. Mais il faut bien commencer quelque part.
Je suis heureux que nous abordions la question, parce que notre débat produira peut-être l’étincelle qui nous permettra de faire de ce mécanisme un moyen beaucoup plus efficace pour aider les plus vulnérables.
Je tiens à remercier à nouveau mes collègues de cette initiative, aujourd’hui, parce que j’ai entendu d’excellents arguments au sujet non seulement de l’eau, mais aussi des droits fondamentaux des collectivités et des citoyens. Le Canada est le meilleur pays pour les collectivités, parce que nous faisons front commun, nous le faisons pour créer des collectivités meilleures pour nos enfants. Nous tenons aujourd’hui un grand débat.
Je nous encourage à progresser, comme l’a fait remarquer ma collègue , jusqu’au point où nous pourrons prendre des mesures positives pour que le droit fondamental à l’eau propre, dont il est question dans les accords internationaux, soit respecté dans le grand pays qu'est le Canada.