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Je vous assure, monsieur le Président, que nos partisans sont beaucoup plus mûrs que certains des partisans des gens d'en face. Peut-être que le député néo-démocrate aurait dû faire le même sermon à sa jeune collègue de qui, la semaine dernière, a fait entrer une personne qui a effectivement perturbé les travaux de la Chambre.
Les gens qui sont ici aujourd'hui sont venus célébrer la mesure, et nous sommes très heureux qu'ils soient là. En effet, plus de 60 agriculteurs sont venus de l'Ouest du Canada à leurs propres frais. Ils sont ravis d'être ici, car ils croient en la liberté. Je suis sûr qu'ils resteront à la tribune toute la journée. Ils sont aussi ravis que nous du fait que nous en sommes à l'étape de la troisième lecture du projet de loi .
Nombre de ces agriculteurs sont mes héros. Je suis très déçu quand j'entends le député de et mon collègue de Winnipeg les dénigrer. Le député les a qualifiés de voyous et de bouffons. Moi je les considère comme des amis et je suis fier de les présenter comme tels. Je les admire depuis de nombreuses années parce qu'ils ont le courage de leurs convictions. Il s'agit d'une question très importante pour eux et nous avons hâte d'aller de l'avant avec eux.
Je dois également souligner qu'étaient présents ici ce matin deux ministres provinciaux de l'Agriculture, en l'occurrence ceux de l'Alberta et de la Saskatchewan. Ces ministres ont estimé suffisamment important de se déplacer pour que les Canadiens sachent qu'il faut aller de l'avant dans ce dossier. Les députés les ont probablement entendus, à la conférence de presse, affirmer que la situation montre que la démocratie fonctionne. Un des ministres a déclaré que dix agriculteurs ont été incarcérés et que, compte tenu de cela, c'était un jour mémorable et qu'ils se devaient d'être ici.
Il est temps d'adopter ce projet de loi et de le renvoyer au Sénat pour qu'il y soit également adopté et que le 1er janvier, les agriculteurs de l'Ouest du Canada puissent avoir les mêmes droits que les producteurs du reste du pays.
Plusieurs de mes collègues interviendront plus tard. Je sais qu'ils vont présenter certains faits historiques du dossier. Entretemps, je parle brièvement des antécédents de la Commission canadienne du blé et de la raison pour laquelle elle a été créée parce que certains députés d'en face soit ne les connaissent pas, soit ne veulent pas les connaître.
Les gens doivent comprendre que les syndicats du blé des Prairies ont été créés dans les années 1920 et qu'ils ont très bien fonctionné. À cette époque, la participation à ces syndicats était facultative. En 1927, ils traitaient plus de la moitié des livraisons de grain dans les Prairies. Les agriculteurs n'étaient pas obligés d'y participer. L'autre moitié du grain était livrée par les producteurs. Ces derniers étaient libres de mettre leur grain en marché comme cela leur convenait. Ce système fonctionnait fort bien. Il est intéressant de noter que lorsque les syndicats ont été mis sur pied, les agriculteurs ne disposaient pas d'installations de manutention du grain mais que, quelques années plus tard, ils en ont construit. En 1927, les agriculteurs possédaient environ 15 p. 100 des installations de manutention des Prairies, mais celles-ci traitaient plus de 50 p. 100 du grain. Par conséquent, un grand nombre des arguments qu'invoque aujourd'hui l'opposition ne sont pas plus valides à l'heure actuelle qu'ils ne l'étaient dans les années 1920.
De 1923 à 1931, le libre marché a servi de filière de rechange. La concurrence était permise et les gens n'y trouvaient rien à redire. Dans les années 1930, la crise a frappé et les entités de mise en commun ont éprouvé des ennuis financiers. Ces dernières tentaient d'acheter du gain alors qu'elles auraient dû en vendre, et elles ont été acculées à la faillite. C'est à ce moment-là que le gouvernement est intervenu.
En 1943, au beau milieu de la guerre, on a pris une décision. Deux choses sont survenues. Les agriculteurs avaient eu de petites récoltes, le prix du grain montait en flèche et l'Europe avait besoin de céréales bon marché. Le gouvernement est donc intervenu. Le décret fait état que la commission est devenue obligatoire en 1943 pour deux raisons: d'une part, pour juguler l'inflation et, d'autre part, pour approvisionner l'Europe en grain bon marché. Les deux ont coûté de l'argent aux agriculteurs.
Par conséquent, dès qu'on a imposé le monopole, les agriculteurs en ont payé le prix. Des producteurs de l'Ouest canadien reconnaissent que même à cette époque, soit dans les années 1940 et 1950, ils payaient pour les autres. Cela a continué jusque dans les années 1960 et 1970, mais ils étaient de plus en plus nombreux à manifester leur opposition. Dans les années 1990, les agriculteurs en ont enfin eu assez. Un groupe du nom de Farmers for Justice a été créé pour défendre les droits des agriculteurs.
Nous connaissons l'histoire. Les libéraux étaient au pouvoir. Les agriculteurs essayaient d'exporter leur grain, parfois aussi peu que quelques livres. Ils sont allés aux États-Unis et, à leur retour, ils ont été arrêtés et inculpés. Le gouvernement libéral ne s'est pas contenté de porter des accusations contre eux, il a insisté pour qu'on les emprisonne également. Nous avons parmi nous plusieurs personnes aujourd'hui qui ont eu le courage de leurs convictions, qui sont allées jusqu'à accepter d'être incarcérées pour que le reste d'entre nous soit libre.
Il y a eu une évolution de la situation assez remarquable des années 1940, où l'on a imposé aux gens une situation de contrainte à la place de leur liberté, aux années 1990 début 2000, où les gens ont réclamé un changement. Pourquoi? Qu'est-ce qui pouvait pousser les agriculteurs de l'Ouest canadien à exiger ce genre de liberté?
Premièrement, ils voyaient que les autres agriculteurs avaient ces libertés et ils voulaient la même chose. Mais ce qui est encore plus fondamental, c'est que la situation dans les exploitations a énormément changé. Autrefois, quand on parlait de transport, on parlait de charrettes tirées par des chevaux, et ensuite de camions d'une ou deux tonnes pour emmener le grain en ville. On ne pouvait le transporter que sur quelques milles jusqu'aux élévateurs locaux, 30 ou 40 boisseaux à la fois. Finalement, on est passé aux trois tonnes puis aux roues à tandem, et maintenant il y a d'énormes semi-remorques, des trains routiers qui transportent 1 500 boisseaux sur des centaines de milles s'il le faut.
De nos jours, il y a des lignes secondaires qui n'existaient pas autrefois, quand les gens étaient tributaires de deux voies ferrées seulement. Grâce aux lignes secondaires, ils ont le choix pour transporter leurs marchandises. Dans les fermes, on est passé des roues en acier au GPS, de la charrue à un socle aux pulvérisateurs automatiques. On est passé de rangées de bottes de foin dans les champs aux moissonneuses-batteuses de 450 chevaux.
Les communications ont évolué presque autant que la technologie. Il y en avait pratiquement pas autrefois. Les gens s'informaient localement et la plupart du temps il n'avaient pas le téléphone. Ils amenaient leur grain à l'élévateur local où ils voyaient le prix, et ils ne pouvaient rien y faire. Ils avaient peut-être un journal par semaine ou ils écoutaient de temps en temps la radio, mais ils dépendaient de l'agent de l'élévateur local. Tout cela a évolué, nous le savons tous.
Quand les agriculteurs se lèvent le matin, ils commencent par vérifier les cours sur leur BlackBerry. Ils sont en avance sur les compagnies céréalières. Ils savent dès le petit matin ce qu'ils veulent savoir. Ils vont sur l'Internet, sur Twitter, sur Facebook. Ils ont instantanément le cours des marchandises. C'est là-dessus qu'ils s'appuient.
Je peux vous donner un ou deux exemples de la façon dont la Commission du blé ne réagit pas et n'a pas réagi autrefois, pour montrer qu' il faut que cela change. J'ai déjà raconté cette histoire. Dans ma région, au début des années 1990, du grain a gelé. La Commission du blé nous a dit qu'elle ne voulait pas le commercialiser, donc nous avons cherché un autre marché et nous l'avons trouvé au Montana. Nous avons dit à la Commission du blé que nous allions vendre ce grain au Montana. Et là, la compagnie céréalière nous a rappelés en nous disant qu'elle avait changé d'idée, qu'elle avait trouvé du grain. Il se trouve qu'elle achetait après tout notre grain, mais pour beaucoup moins que le prix que nous avions convenu avec elle. Nous avons suivi les camions depuis nos élévateurs de Frontier, Climax et Shawnavon en Saskatchewan jusqu'au Montana, de l'autre côté de la frontière. Nous les avons vus déverser ce grain dans la fosse du silo. Nous avions été capables de le commercialiser à un meilleur prix que la Commission du blé. Elle nous l'a pris et l'a vendu au prix qu'elle voulait.
L’automne dernier, nous avons eu un problème de classement des lentilles. Par le passé, il fallait des semaines et des semaines pour régler les problèmes, même un problème comme le gel des cultures. Il nous fallait plusieurs semaines pour trouver une solution, pour savoir comment réagir. Dans le cas du classement des lentilles, au bout de deux ou trois jours, nous avons reçu des appels nous informant d’un problème, problème qui a été pratiquement réglé en moins d’une semaine. Je me suis dis que les choses avaient bien changé en matière de communications, quand on pense qu’à une époque les agriculteurs ne pouvaient même pas savoir ce qui se passait. Maintenant, ils savent avant tout le monde quelles mesures doivent être prises.
Les temps ont changé. Nous entrons dans une nouvelle ère, où les agriculteurs de l’Ouest ont les mêmes possibilités que celles dont jouissent les agriculteurs du reste du pays depuis longtemps.
J’y songeais l’autre jour et une question a surgi dans mon esprit. Est-ce que les agriculteurs des provinces de l’Ouest ont la moindre idée de ce que signifiera la liberté après avoir été prisonniers de cette structure aussi longtemps? Je vais parler de quelques-unes des possibilités qui pourraient s’offrir à eux.
D’abord, il y a des possibilités pour la culture en général et pour certains types de cultures en particulier. Au fil des ans, le centre de recherches de Swift Current a créé de nouveaux types de céréales. En raison de notre système de classement, un grand nombre d’entre elles sont maintenant cultivées au Montana, plutôt que dans l’Ouest canadien. Nous avons donc regarder d’autres cultiver des céréales que nous avions pourtant créées, à nos frais, et que nous aurions dû pouvoir cultiver nous-mêmes.
Nous entrons maintenant dans une nouvelle ère où il y a une demande pour des bioproduits et des produits nutraceutiques. Quelle chance pour les agriculteurs de l'Ouest du Canada de pouvoir participer à ce genre d’entreprises. Nous abordons une époque où il y a des marchés à créneaux pour les céréales, où des consommateurs du monde entier réclament de petits lots de céréales spéciales. Les agriculteurs de l’Ouest demandent depuis des années de pouvoir exporter une petite quantité d’un type particulier d’orge ou de blé dur. On leur a toujours répondu non, parce que ces petits lots n’intéressent pas la Commission canadienne du blé.
Il y aura des possibilités de commercialisation. Les agriculteurs pourront commercialiser leur grain par l'entremise de la nouvelle Commission canadienne du blé ou le commercialiser eux-mêmes. Ils bénéficieront d'un libre choix en ce qui concerne la commercialisation de leur grain.
Il y aura des débouchés commerciaux. Certaines entreprises nous ont déjà dit qu'elles voulaient ajouter de la valeur au produit. Elles veulent dépenser dans l'Ouest canadien. C'est le contraire de ce que nous avons entendu au fil des ans.
Les entreprises se sont déjà engagées à faire de nouvelles dépenses. Elles parlent d'investir, tandis que de nouvelles entreprises parlent de s'installer dans l'Ouest canadien pour la toute première fois. N'est-ce pas merveilleux pour nous, les gens de cette région?
Il y a également des possibilités en ce qui concerne les affaires personnelles. Je vais vous donner deux exemples de situations dans lesquelles on a empêché les gens de saisir de telles possibilités. Un jeune couple que je connais faisait du pain et le vendait au marché local. Son entreprise a commencé à croître de plus en plus et donc, le couple produisait de plus en plus de pain. L'un des supermarchés voulait vendre le pain de ce couple sur ses tablettes. La Commission canadienne du blé s'est alors interposée et a dit à ce jeune couple qu'il n'était pas nécessaire de faire tout cela, qu'elle allait commercialiser son blé et qu'il n'avait pas à s'inquiéter. Par conséquent, ce couple n'a pas pu poursuivre cette activité.
Il y a aussi cette personne qui voulait moudre du grain pour en faire de la farine. Au fil des ans, la Commission canadienne du blé s'est immiscée dans chacune des étapes où elle pouvait le faire. Je sais que cet homme fait partie de ceux qui attendent depuis longtemps de profiter du libre choix qui leur sera maintenant offert.
À plus grande échelle, les agriculteurs qui voulaient lancer leur propre entreprise dans l'Ouest canadien, que ce soit une usine de traitement du blé dur ou une usine de fabrication de pâtes, n'auraient même pas eu le droit de livrer leur propre grain à leur propre entreprise. La Commission canadienne du blé s'en est mêlée et leur a interdit de le faire. Ces usines ont donc plutôt été construites au Dakota du Nord.
Les entrepreneurs bénéficieront de toutes sortes de possibilités. Il s'agira de produits locaux, d'entreprises qui veulent exporter des farines et des pâtes de spécialité. Il y a toutes sortes de possibilités.
Ce matin, les ministres provinciaux ont déclaré que, selon eux, il sera également possible de diversifier l'économie des provinces. Nous avons toujours été des bûcherons, des porteurs d'eau et des producteurs de grains. Nous aurons maintenant la possibilité de faire beaucoup plus.
J'aimerais prendre quelques minutes pour parler de l'innovation, car un marché libre attire des investissements, favorise l'innovation et crée des emplois à valeur ajoutée. Nous bâtirons une économie plus solide partout au Canada, et non pas seulement dans l'Ouest canadien.
En Saskatchewan, le commerce du blé et de l'orge est un important moteur économique, générant près de 2 milliards de dollars pour les agriculteurs. Je suis persuadé que, grâce au libre choix en matière de commercialisation, nous pourrons favoriser la croissance de ce secteur. Voici ce qu'a déclaré Stephen Vandervalk, président des Producteurs de grains du Canada: « Nous avons bon espoir que le marché libre permettra d'accroître la capacité de maltage et de mouture des grains et que nous n'aurons pas besoin d'expédier notre grain de l'autre côté des montagnes. » Je pense que c'est le voeu de tous les agriculteurs de l'Ouest canadien.
Le concept de valeur ajoutée suscite un nouvel élan d'enthousiasme. J'ai déjà dit que nous avions reçu l'assurance de certains intervenants. Par exemple, l'Alliance Grain Traders a annoncé récemment la construction, au coût de 50 millions de dollars, d'une nouvelle meunerie polyvalente pour le blé dur et les pâtes à Regina. C'est une excellente nouvelle pour les producteurs de blé dur, surtout quand on sait que l'Italie est sur point d'accroître ses importations, en raison de la pénurie qui sévit au sein de l'Union européenne.
Le libre choix en matière de commercialisation vise avant tout à stimuler l'innovation et à faire en sorte que nos agriculteurs puissent innover, eux aussi. L'innovation a toujours favorisé la croissance dans le secteur de l'agriculture. J'en ai glissé mot un peu plus tôt. C'est une des principales raisons pour lesquelles le gouvernement s'affaire à accorder le libre choix en matière de commercialisation aux producteurs de blé et d'orge de l'Ouest canadien.
L'autre jour, j'ai parlé de la transformation à valeur ajoutée de nombreux autres produits agricoles, comme le canola, l'avoine et le lin, que l'on écoule sur le marché libre. Il faut que les producteurs de grains puissent eux aussi saisir ces possibilités. Nous devons profiter des nouveaux créneaux commerciaux pour le blé et l'orge. Nous pouvons y arriver par la mise en commun de produits spécialisés, par des investissements à valeur ajoutée et par toutes sortes d'autres stratégies innovatrices.
C'est toute la chaîne de valeur qui en profitera, et on pourra attirer de nouveaux investissements dans les Prairies, créer des emplois et revitaliser des collectivités rurales. On pourra accroître la richesse dans l'Ouest canadien. C'est pourquoi nous devons passer à l'action.
L'autre jour, j'ai parlé du canola et du lin, mais je ne pense pas que l'opposition soit consciente de l'importance de ces produits dans l'Ouest du pays. Parti de presque rien, le canola est maintenant la culture la plus importante dans l'Ouest sur le plan de la valeur. Chaque année, la culture du canola rapporte près de 5,5 milliards de dollars aux exploitations agricoles. Elle représente 70 p. 100 des exportations de canola dans le monde. Le canola est devenu un produit phare de notre secteur agricole. Il traduit notre capacité d'innovation de classe mondiale. Il symbolise la réputation du Canada en matière de qualité des aliments. Une fois que le projet de loi aura été adopté, nous pourrons en faire tout autant dans le cas du grain.
Le lin est une autre grande réussite canadienne. On l'utilise dans des produits aussi divers que la moulée animale et les revêtements de sol, notamment. Le Canada est l'un des fournisseurs de lin les plus importants dans le monde; il assure près de la moitié de l'approvisionnement mondial.
Ce ne sont là que deux secteurs dans lesquels les Canadiens de l'Ouest ont pu agir à leur guise, cultiver leur propre produit et le commercialiser. Ils ont très bien réussi à cet égard.
J'aimerais dire quelques mots au sujet des scientifiques agricoles canadiens. Il y a plus d'un siècle, ces scientifiques ont mis à l'essai une nouvelle variété de blé qui a permis de développer l'Ouest et de faire du Canada une force économique mondiale grâce à son industrie céréalière. Aujourd'hui, j'ai l'impression que nous sommes à l'aube d'une ère nouvelle, comme il y a un siècle, une ère qui donnera un nouveau souffle à l'industrie céréalière et qui offrira d'innombrables possibilités aux agriculteurs.
À mon avis, les découvertes que font pour nous les scientifiques sont une bonne chose. Nous avons injecté 4 millions de dollars dans le projet sur le génome du blé afin de créer plus rapidement de nouvelles variétés de blé pour les agriculteurs. Tout récemment, à Swift Current, en Saskatchewan, des scientifiques ont mis au point une nouvelle variété de blé dur fort prometteuse; celle-ci est sur le marché et offre aux producteurs un solide avantage du point du vue du rendement et une résistance accrue aux maladies. Ce n'est sûrement pas une coïncidence si c'est AC Enterprise qui est à l'origine de cette découverte. Quelle meilleure façon de marquer l'avènement du libre choix en matière de commercialisation que d'insuffler un nouvel esprit d'entreprise aux producteurs canadiens de blé dur d'un bout à l'autre des Prairies.
Le gouvernement a fait un nombre record d'investissements pour aider les agriculteurs canadiens. Nous avons été dévoués à leur cause. Nous sommes solidaires des agriculteurs et nous veillons à leurs intérêts. Nous continuerons de faire des investissements en faveur du secteur agricole. Nous voulons que les agriculteurs connaissent la prospérité à long terme.
Les agriculteurs ne veulent pas être entravés par des mécanismes obsolètes qui limitent leur capacité de gérer leurs affaires comme ils le souhaitent. Je suis fier que le gouvernement veuille donner aux agriculteurs de l'Ouest le libre choix en matière de commercialisation et qu'il puisse le faire.
La réaction des membres du conseil d'administration de la Commission canadienne du blé en ce qui concerne le projet de loi me déçoit beaucoup. Ils ont eu la possibilité de défendre les intérêts des agriculteurs, et il est temps qu'ils le fassent, car ici, nous allons de l'avant.
M. Kevin Lamoureux: C'est ce qu'ils ont fait.
M. David Anderson: Quelqu'un fait du chahut en face de moi. Le député n'aime pas que le dossier progresse et que nous donnions le libre choix aux agriculteurs. Il préférerait qu'ils soient encore entravés, comme je l'ai dit tout à l'heure, par un système obsolète qui ne leur donne pas le choix. Il semble croire que l'ancien système leur assurerait la prospérité. Or, nous savons que ce n'est pas le cas.
En fait, le conseil d'administration aurait pu dire ceci: « Nous allons collaborer avec le gouvernement. Nous savons que vous promettez depuis longtemps aux agriculteurs de l'Ouest de leur donner le libre choix en matière de commercialisation. Nous comprenons que c'est ce que vous ferez. Nous allons donc collaborer avec vous et appuyer vos démarches pour que les changements apportés puissent permettre aux agriculteurs de l'Ouest d'obtenir les meilleurs prix. »
Qu'a-t-il fait? Il a adopté la position suivante: « Nous ne raterons pas une occasion de nous opposer à ce projet de loi. Nous prendrons les mesures nécessaires pour qu'il n'aboutisse pas. »
Les membres du conseil d'administration sont même venus rencontrer les députés de l'opposition pour leur dire ceci: « Nous voulons que vous fassiez dérailler le projet de loi et fassiez traîner son étude de sorte que les marchés des agriculteurs de l'Ouest soient détruits d'ici à ce que gouvernement puisse mettre en oeuvre le projet de loi. »
Beau sens des responsabilités! Ces gens sont censés commercialiser les céréales des producteurs de l'Ouest. Au lieu de cela, ils viennent ici pour demander au député de d'essayer de perturber le processus le plus longtemps possible, de sorte que, le moment venu de livrer leur grain, les agriculteurs comme moi — qui sont au coeur de nos discussions aujourd'hui — n'auront plus de marchés. Nous n'avons pas besoin de cela. C'est pourquoi nous avons apporté ces modifications à la loi.
Nous allons instaurer une Commission canadienne du blé à participation facultative pour que les agriculteurs puissent tirer profit de sa réussite. Le gouvernement garantira ses paiements et ses emprunts. Nous sommes persuadés que d'autres entreprises manifesteront leur intérêt à la commission et voudront participer à la mise en commun du grain.
Nous sommes convaincus que l'adoption du projet de loi donnera aux agriculteurs la certitude nécessaire pour planifier leurs activités en prévision de l'année prochaine. Nous devons adopter cette mesure législative rapidement pour permettre aux agriculteurs d'entamer leur planification dès janvier.
Ce projet de loi donnerait aux clients d'ici et d'ailleurs l'assurance qu'ils peuvent continuer de compter sur le Canada pour s'approvisionner en blé et en orge de grande qualité. Le projet de loi donne suite à notre engagement de longue date envers les agriculteurs de l'Ouest, à qui nous avions promis de leur accorder la liberté qu'ils méritent en matière de commercialisation.
J'encourage les députés d'en face à se joindre à nous pour assurer l'adoption rapide du projet de loi tant à la Chambre qu'au Sénat, afin que nous puissions donner aux agriculteurs de l'Ouest la liberté et la stabilité qu'ils méritent tant.
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Monsieur le Président, je remercie la Chambre de me donner l'occasion de prendre la parole au sujet du projet de loi , à l'étape de la troisième lecture.
Je voudrais simplement répéter les observations que j'ai faites au secrétaire parlementaire. Voilà un débat aux Communes où des gens raisonnables peuvent être de bonne foi, mais ne pas être d'accord. Il y a deux points de vue dans le débat. Lorsque la question a été soumise à un vote des agriculteurs des Prairies, le résultat a été partagé. Certains disent que c'était 60-40 et d'autres, que c'était 40-60. On dit aussi que, si les agriculteurs avaient été bien informés et au courant des faits réels, le vote aurait été plus favorable encore.
Le voilà maintenant qui prend la position d'Elizabeth.
M. Pat Martin: Je ne voudrais pas être chahuté par le secrétaire parlementaire pendant tout mon discours, monsieur le Président. J'espère qu'il y aura des interventions de la présidence pour que je n'aie pas à supporter ce type pendant les 20 minutes qui me sont accordées.
Comme le secrétaire parlementaire ne nous a fourni ni études, ni analyse de rentabilité, les conservateurs en sont réduits à employer leurs manoeuvres dilatoires pour faire adopter le projet de loi à toute vapeur par la Chambre des communes. Ils n'ont même pas la courtoisie et le respect d'accorder au Parlement le temps nécessaire pour qu'il puisse examiner le projet de loi et en débattre suffisamment.
Quiconque observe le présent débat a pu se rendre compte que ce changement monumental à l'économie des Prairies a été traité de façon cavalière et étudié à toute vapeur à toutes les étapes de l'étude. Le secrétaire parlementaire a essayé de nous donner une petite leçon d'histoire sur la Commission canadienne du blé. Or, l'historique du traitement de ce projet de loi par les conservateurs est fait de tromperie, de désinformation, d'entourloupettes, de trahison et maintenant d'un refus de la procédure parlementaire ordinaire ainsi que d'un manque de respect pour la démocratie. Je compte bien prouver point par point tout ce que je viens de dire.
Lorsque les conservateurs ont été élus pour la première fois et qu'ils ont formé un gouvernement minoritaire, ils ont commencé à apporter des changements unilatéralement à la Commission canadienne du blé. Les tribunaux ont déclaré ces changements illégaux et ont empêché les conservateurs de les effectuer. Ces derniers se sont sentis frustrés. Ils ont bâillonné la Commission canadienne du blé, ce qui est indigne d'une démocratie occidentale et ressemble plutôt au comportement d'un petit dictateur dans une république de bananes. Les conservateurs ont imposé le bâillon par décret aux membres du conseil d'administration de la Commission canadienne du blé, qui se sont vus ainsi empêchés de défendre les activités de la commission.
Parallèlement, les conservateurs ont bombardé les Prairies de propagande financée à même l'argent des contribuables. Or, cette propagande contenait des faussetés ou des demi-vérités ou, à tout le mieux, si on veut être généreux, de l'information anecdotique sur les prix au comptant qui avaient cours quelque part au Montana où le secrétaire parlementaire ne pouvait pas envoyer ses camions. On ne peut acheminer 20 millions de tonnes de blé vers des marchés étrangers d'après des prix au comptant qui ont eu cours quelque part au Montana. Voilà pourquoi la Commission canadienne du blé est l'une des entreprises de commercialisation du grain les plus importantes et les plus prospères au monde.
Le gouvernement agit de façon téméraire et irresponsable en décidant unilatéralement de démanteler la Commission canadienne du blé, une grande institution canadienne, sans même avoir le respect et la courtoisie de présenter une analyse de rentabilité montrant qu'effectivement les agriculteurs se tireront mieux d'affaire sans elle. Outre le vote que le ministre a promis aux agriculteurs des Prairies, c'est tout ce que nous demandons.
J'ai reçu de nombreux appels d'agriculteurs qui vivent dans les trois principales provinces où la Commission du blé est active. En toute franchise, aucun agriculteur de la Colombie-Britannique ne m'a appelé. Quoi qu'il en soit, ceux qui ont communiqué avec moi m'ont affirmé avoir voté pour les conservateurs pour diverses raisons, mais en croyant qu'ils pourraient se prononcer sur l'avenir de la Commission du blé. Ils ont peut-être voté pour les conservateurs, mais ils étaient en faveur de la Commission du blé. Le secrétaire parlementaire ne peut nier qu'il en est ainsi d'un nombre considérable d'agriculteurs. Les élections générales du 2 mai n'étaient pas un référendum sur l'avenir de la Commission canadienne du blé. Elles portaient sur bon nombre d'autres enjeux.
Le gouvernement a ensuite manipulé la liste des agriculteurs ayant le droit de vote. Ce n'est pas digne d'une démocratie occidentale progressive.
Le gouvernement a donné de l'information erronée, il a propagé des faussetés, notamment en affirmant que le ministre permettrait la tenue d'un vote. Le 11 avril, au milieu de la campagne électorale, le ministre a officiellement dit qu'il permettrait la tenue d'un vote. Il a assuré aux agriculteurs qu'ils pourraient se prononcer sur l'avenir de la Commission du blé. Il leur a dit qu'ils pouvaient voter conservateur en toute confiance parce qu'il respectait la démocratie et qu'il les consulterait au sujet de l'avenir de la Commission du blé. Cette consultation n'a jamais eu lieu. Je ne sais pas comment qualifier la situation sans qu'on m'accuse de tenir des propos non parlementaires, mais nous savons tous quel qualificatif s'applique à une personne qui dit délibérément des faussetés.
Le comble, c'est que les conservateurs veulent faire adopter la mesure à toute vapeur en ayant recours à l'attribution de temps et à la clôture. C'est pourquoi nous ne pourrons pas l'examiner en profondeur, avec la diligence qui est attendue de nous, les députés de l'opposition. Nous sommes censés, dans un esprit de générosité, entre gens raisonnables, admettre que nous sommes en désaccord et présenter nos arguments dans le cadre d'un examen minutieux au terme duquel, avec un peu de chance, les meilleures idées feront surface et deviendront loi.
Sans cela, nous ne pouvons faire notre travail. Nous espérions, à l'étape de l'étude en comité, inviter des témoins à comparaître, entendre des agriculteurs des Prairies qui sont en faveur de la Commission canadienne du blé, en entendre qui s'y opposent, entendre des économistes et des experts en commercialisation du grain dans le monde. On ne nous a pas permis de le faire. Le projet de loi n'a pas été renvoyé au comité. Les conservateurs ont créé un comité législatif spécial chargé d'examiner le projet de loi sans pouvoir appeler des témoins à comparaître, exception faite des conseillers techniques appelés à améliorer le libellé des dispositions.
Nous n'avions pas le droit d'inviter les agriculteurs opposés à la Commission canadienne du blé qui sont venus écouter le débat à la tribune aujourd'hui. Je voulais entendre leur opinion. Je voulais...
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Monsieur le Président, c'est très juste. Je m'en abstiendrai.
Nous aurions dû pouvoir entendre les agriculteurs en faveur de la Commission canadienne du blé et les agriculteurs qui sont contre, mais nous n'avons entendu le témoignage d'aucun d'eux. Il y a eu deux séances en soirée, de quatre heures chacune. Les témoins étaient principalement des spécialistes venus expliquer quel effet aurait l'article a) et le paragraphe (b) en ce qui concerne la gestion de la Commission canadienne du blé. Toutefois, il n'y a pas eu de consultation générale.
À coup sûr, il est insensé et irresponsable de bouleverser complètement l'économie rurale des Prairies sans faire preuve de la prudence la plus élémentaire. C'est fou. Bien franchement, avoir passé outre à tout ce que nous aurions dû pouvoir faire, c'est avoir agi en idéologue fanatique. Cela m'indigne.
Le secrétaire parlementaire a tenté de nous présenter une leçon d'histoire sur la Commission canadienne du blé. J'ai un tableau avec moi, une illustration graphique pratique que nous avons créée. Je sais que les accessoires ne sont pas permis à la Chambre. Toutefois, pendant les périodes sans guichet unique, le prix du blé est descendu. Pendant celles avec un guichet unique, le prix a augmenté. À l'époque de la commercialisation mixte à participation volontaire à la Commission canadienne du blé, le prix du blé est descendu. Il est remonté quand nous avons eu un guichet unique.
C'est la véritable histoire de la Commission canadienne du blé depuis les années 1920. Il est trompeur de laisser entendre le contraire. Ce sont des faits dont nous aurions pu bénéficier au cours de notre débat sur le projet de loi. Nous tentons simplement de faire notre travail, mais ces gens-là sont si imprégnés par leur volonté passionnée de détruire la commission, par leur haine de la commission, que la raison, la logique, les données économiques et scientifiques, une diligence raisonnable, la surveillance et l'examen sont des concepts qui leur restent étrangers. Ils s'en remettent à des données anecdotiques provenant de leur expérience personnelle.
Je peux sympathiser avec le secrétaire parlementaire. S'il a des désaccords avec la Commission canadienne du blé, il devrait peut-être s'intéresser aux élections à cette commission, transformer l'organisme de l'intérieur ou permettre un plébiscite avec une question juste et un vote juste. Si 50 p. 100 des agriculteurs plus 1 se prononçaient en faveur de l'abolition, le gouvernement n'entendrait pas un mot de notre part. Il n'y aurait pas la résistance actuelle parce que les agriculteurs auraient été consultés, qu'ils se seraient prononcés et que leur voix aurait été entendue et respectée.
Cependant, le gouvernement ne tiendra pas de vote parce que je pense qu'il a peur du résultat. Dès que nous consultons les agriculteurs, il est vrai qu'ils sont divisés, mais la majorité règne et c'est tout à l'honneur de la Commission du blé. Son universalité est sa plus grande force et fait son succès.
Nous savons d'expérience qu'une Commission canadienne du blé à participation facultative est une chimère. C'est un mythe. Nous sommes devant une notion que le gouvernement tente de faire accepter alors qu'il se dirige vers l'abolition complète de la commission.
Il est intéressant de voir que les Américains reconnaissent l'avantage de l'existence d'une Commission du blé. Des éléments de preuve le démontrent. J'essaie d'étayer ma position avec des documents réels plutôt qu'avec les notions idéologiques, les caprices et les idées folles du ministre et de son secrétaire parlementaire. Les Américains ont reconnu que l'organisme constitue un avantage si grand pour les agriculteurs canadiens qu'ils ont présenté 13 plaintes distinctes en vertu du GATT et devant l'OMC en alléguant que la Commission canadienne du blé offre un tel avantage aux agriculteurs des Prairies qu'elle constitue une pratique commerciale déloyale et devrait être abolie. Ils ont perdu leurs 13 plaintes parce que l'OMC a déclaré qu'il n'y avait rien de déloyal au fait que les producteurs agissent collectivement pour obtenir le meilleur prix pour leurs produits, réduire leurs frais de transports et mettre en commun leurs risques au sein d'un organisme qui partage les profits et fonctionne sans but lucratif.
Cela irait peut-être à l'encontre des intérêts de Cargill et des entreprises céréalières à but lucratif, mais ne violerait aucunement les accords commerciaux du Canada. C'est une solution logique du point de vue commercial. Ils sont conscients que l'union fait la force, qu'en travaillant ensemble, ils pourraient obtenir les meilleurs prix possible et réduire les coûts. Une des principales plaintes formulées par le secrétaire parlementaire vient du fait qu'ils ont acheté quelques bateaux. Ils ont acheté des bateaux pour pouvoir offrir à leurs clients, les producteurs des Prairies, les meilleurs coûts de transport possible. Cet organisme n'est pas là pour faire des bénéfices.
J'ai entendu un des députés — j'oublie son nom... celui qui s'intéresse au registre des armes d'épaule — parler de lever le rideau de fer de la commercialisation des grains, comme s'il était question de communisme. Son commentaire nous révèle peut-être la source de la haine des conservateurs, la source du zèle idéologique qu'ils mettent à détruire la Commission du blé. Ils considèrent comme une forme de communisme le fait que les agriculteurs des Prairies agissent collectivement pour défendre leurs intérêts, et ils pensent automatiquement qu'ils faut éliminer ce genre d'activités. C'est aussi insensé que cela. Ils en rient maintenant mais nous savons qu'en privé, c'est ainsi qu'ils voient les choses.
En fait, grâce à ses résultats, la Commission canadienne du blé est l'une des sociétés de commercialisation des grains qui réussit le mieux à l'échelle mondiale, et elle garantit les meilleures céréales de qualité supérieure du monde. Elle a permis au Canada d'établir une image de marque et une réputation qui ajoutent à la valeur de notre produit. Je peux garantir, et c'est l'un des points pour lesquels j'ai de la documentation, que nous perdrons l'image de marque de grande qualité associée à nos produits si des sociétés céréalières américaines commencent à combiner des produits canadiens et des produits américains dans leurs activités de commercialisation. Nous ne bénéficierons pas de la supervision de la Commission des grains. Nous ne profiterons pas, non plus, des recherches intensives menées par l'Institut des céréales, qui soutient la production de céréales et procure à la Commission du blé la meilleure marque du monde en plus d'assurer notre réputation.
L'industrie céréalière est vitale pour la région que je représente, la région des Prairies. Les céréales, c'est notre pétrole, c'est l'armature de notre économie. Il va y avoir un transfert de richesse comme on n'en a jamais vu depuis la grande braderie de l'industrie pharmaceutique par le gouvernement libéral lorsqu'il a donné aux compagnies pharmaceutiques des garanties de 20 ans sur les brevets.
C'est un transfert de richesse encore jamais vu dans les Prairies. On va rafler des centaines de millions de dollars dans les poches des producteurs pour les refiler aux actionnaires des grandes sociétés céréalières qui bavent devant ce marché depuis la création de la Commission du blé. Ils n'ont jamais lâché prise. Tout comme les ennemis du système de santé public n'ont jamais lâché, ils ont toujours attendu patiemment en coulisse que quelqu'un vienne finalement faire le sale boulot pour eux pour qu'ils puissent récupérer cette part du marché.
Pendant la fin de semaine, je roulais dans Wellington Crescent, la rue la plus riche de Winnipeg, en réfléchissant à ce bouleversement qui va se produire. Toutes les grandes demeures de Wellington Crescent ont été construites par les requins capitalistes des années 1900, 1910 et 1920, qui ont saigné si sauvagement les agriculteurs des Prairies que ceux-ci ont été obligés de prendre des mesures collectives pour se protéger.
Ces requins de la finance se parent de beaux déguisements maintenant. L'ignominie se pare de nombreux masques, mais le plus traître, c'est le masque de la vertu. Au cours de ce débat, les fauteurs de trahison vont nous faire des discours vertueux. Nous allons entendre le secrétaire parlementaire. On peut deviner ce que sera sa prochaine carrière. Il va se retrouver au conseil d'administration de Cargill. Avec un peu de chance, on lui a déjà fait des offres. S'il est futé, il doit être en train de négocier au téléphone en ce moment même. « Devinez quoi? Ça y est. On a finalement liquidé la Commission du blé ». Infamie et traîtrise. J'accuse.
On sait déjà ce qu'il en a été de Brian Mulroney. Où s'est-il retrouvé? Au conseil d'administration d'une des trois grandes sociétés qui vont en profiter. Devinez combien il a facturé de 2009 à 2011. En tant que membre du conseil d'administration d'Archer Daniels Midland, il facturait 650 000 $. Normalement, on ne donne pas 650 000 $ en jetons de présence à un membre du conseil d'administration juste pour venir à une réunion par an pour voter sur le niveau de rémunération de ses collègues. Il livre une marchandise. Il livre la Commission canadienne du blé aux requins de l'industrie qui bavent sur cette part du marché depuis ce grand changement.
C'est un jour sombre pour la démocratie lorsqu'un changement qui a des répercussions aussi importantes et décisives sur l'économie rurale des Prairies s'effectue sans que les députés du Parlement canadien ne puissent en faire un examen minutieux et diligent.
Voilà la tragédie. Nous devrions peut-être tirer la sonnette d'alarme.
Récemment, on m'a accusé d'avoir publié des propos indécents sur Twitter, pendant que j'étais assis ici et que je me lamentais sur la clôture. La vraie indécence, c'est l'atteinte calculée au Parlement, le manque de respect envers le Parlement et même le manque de courtoisie, c'est-à-dire le fait de ne pas avoir présenté d'arguments valables. La vraie indécence, c'est de ne pas avoir demandé à un seul agriculteur ou producteur ordinaire de venir expliquer devant un comité parlementaire pourquoi il est pour ou contre un projet de loi qui changera les choses à jamais car, soyons réalistes, ce changement est irréversible. L'abolition de la Commission canadienne du blé est irrévocable même si, au cours des cinq prochaines années, l'organisme qui lui succédera ne répond pas à nos attentes. Cela fait l'affaire de certaines personnes — peut-être celles qui ont la chance de posséder suffisamment d'acres de terrain à proximité de la frontière américaine et qui pourraient transporter leurs produits vers une usine au Montana.
Quoiqu'il en soit, parlons de certains mythes et fabulations que répandent le secrétaire parlementaire et son ministre au sujet du libre marché. Ils disent que dès que la Commission canadienne du blé aura été abolie, toutes sortes d'industries à valeur ajoutée et secondaires pousseront comme des champignons partout dans les Prairies.
Voici le premier mensonge. Au cours des 10 dernières années, la capacité des minoteries a augmenté de 50 p. 100 dans les régions rurales des Prairies, et quatre nouvelles installations à valeur ajoutée ont vu le jour. Alors, ce n'est pas comme si la croissance était impossible.
Entre-temps, au Sud de la frontière, la capacité des minoteries s'est accrue de 9 p. 100, et aucune nouvelle installation n'a été créée.
Les conservateurs veulent nous faire croire que, pour un montant symbolique, le nouveau régime nous mènera au paradis du jour au lendemain. C'est le même vieux mythe. Ils essaient de promettre toutes sortes de changements qui, paraît-il, se feraient du jour au lendemain du simple fait qu'un type se dit prêt à ouvrir une usine dès qu'on se débarrassera de la Commission canadienne du blé. Les députés savent-ils pourquoi? Parce que cette nouvelle usine pourrait acheter ses grains moins cher. La Commission canadienne du blé n'offrait pas de prime aux producteurs parce que son mandat était d'obtenir le meilleur prix pour les agriculteurs. La seule façon d'acheter du grain pour moins cher, c'est de payer moins bien les agriculteurs. Est-ce vraiment dans l'intérêt des producteurs des Prairies?
Ce n'est là qu'une des incohérences de l'argument des conservateurs. Si on nous accordait plus de temps au comité parlementaire, nous pourrions examiner bien d'autres aspects. Je garantis que même les députés conservateurs se mettraient à douter sérieusement de la croisade idéologique qu'ils ont entreprise, sans aucun fondement logique, commercial ou même économique, pour faire adopter le projet de loi à toute vitesse. Rien ne prouve que ce serait une bonne idée.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je fais certaines observations sur la déclaration du secrétaire parlementaire concernant les dépenses de la commission. La Commission du blé est investie de l'obligation fiduciaire de se protéger et de défendre l'intérêt des producteurs de blé. Voilà pourquoi elle a fait ces dépenses.
Je suis ravi d'intervenir aujourd'hui dans ce débat à l'étape de la troisième lecture du projet de loi qu'a présenté le gouvernement conservateur et qui ferait effectivement disparaître la Commission canadienne du blé. C'est un honneur pour moi de participer à ce débat parce que je crois fermement qu'il faut une discussion approfondie à l'égard d'une mesure législative comme celle-ci qui, non seulement aurait des répercussions sur la vie et le gagne-pain des agriculteurs des provinces de l'Ouest, mais qui modifierait aussi profondément le paysage agricole au Canada. Malheureusement, en mai, le gouvernement conservateur a décidé de ne pas écouter d'autre voix que la sienne pendant les quatre prochaines années. Les agriculteurs canadiens qui se sont prononcés en faveur du maintien de la Commission canadienne du blé méritent mieux, tout comme les Canadiens de partout au pays qui comprennent que leur pain ne vient pas de la boulangerie ou de l'épicerie, mais bien du dur labeur et du dévouement des agriculteurs canadiens.
Les conservateurs ont remporté uniquement 39 p. 100 de la faveur populaire, ce qui veut dire que 61 p. 100 des Canadiens n'appuient pas les mesures que prend le gouvernement. Or, les conservateurs utilisent leur majorité comme excuse pour bafouer les agriculteurs qui ne partagent pas leurs vues idéologiques. Je rappelle à la Chambre qu'en vertu de l'article 47.1 de la Loi sur la Commission canadienne du blé actuellement en vigueur, il est nécessaire d'obtenir l'aval des producteurs de blé avant d'effectuer un changement de cette envergure.
Sans égard au fait que, lors de son passage à Minnedosa en mars, avant les élections, le a promis de permettre aux agriculteurs de voter et de ne pas prendre de décision arbitraire, le gouvernement a muselé les agriculteurs en refusant de leur permettre de se prononcer sur la question et en calomniant quiconque ose s'opposer à l'avancée de son rouleau compresseur idéologique. En août, la Commission canadienne du blé a convoqué ses membres à un vote dont les résultats ont révélé que la majorité des producteurs de grain de l'Ouest du Canada sont en faveur du maintien du guichet unique qu'offre la Commission canadienne du blé. Comment le gouvernement a-t-il réagi? Il a remis en question la validité des résultats. Rien de surprenant. Comment un gouvernement peut-il soutenir d'une part que les agriculteurs canadiens savent mieux que quiconque ce qu'il leur faut et, d'autre part, refuser carrément de les écouter?
Les conservateurs ont limité le débat sur le projet de loi à trois journées raccourcies, alors qu'il s'agit de transformer le visage de l'agriculture et de causer des changements permanents dans la vie rurale des Prairies. Puis, le gouvernement a renvoyé le projet de loi à un comité législatif spécial, plutôt qu'au comité de l'agriculture, comme cela aurait dû être le cas, de manière à limiter l'étude du projet de loi à sa dimension technique, sans que les députés puissent examiner ses répercussions sur les petites exploitations agricoles et ses effets débilitants sur la ferme familiale, donc sur l'économie des petites municipalités rurales.
Le comité législatif ne s'est pas rendu dans l'Ouest pour entendre les agriculteurs, même si j'ai essayé d'obtenir le consentement de la Chambre pour ce faire. Et, pour ajouter l'insulte à l'injure, le comité n'a eu que deux soirées pour entendre des témoins. Deux soirées seulement pour que les témoins puissent faire connaître les effets néfastes du projet de loi, puis une seule et brève soirée pour que le comité puisse effectuer l'étude article par article du projet de loi. Tous les amendements destinés à remettre aux agriculteurs les commandes de la nouvelle version de la Commission canadienne du blé ont été refusés. Craignant la vérité, les conservateurs ont tenu les agriculteurs à l'écart et en ont muselé des dizaines de milliers en racontant aux Canadiens que le projet de loi n'a jamais suscité la moindre opposition. Le gouvernement a employé la tromperie qui est devenue malheureusement sa marque de commerce.
Le gouvernement conservateur ne veut pas entendre les agriculteurs dire qu'ils s'inquiètent profondément de l'affaiblissement de leur influence lorsqu'ils ne pourront plus vendre et commercialiser leur blé et leur orge, ni en négocier le prix, au moyen du système à guichet unique. Où est le maintenant, lui qui disait, quelques heures après avoir fait élire un gouvernement majoritaire, qu'il allait gouverner pour tous les Canadiens? Je ne me souviens pas de l'avoir entendu nous expliquer qu'il y aurait une exception dans le cas des céréaliculteurs de l'Ouest, qui ne pourraient même pas obtenir une réponse par téléphone ou par courriel de la part de leur député conservateur sur cette question. C'est comme si ces gens-là n'existaient même pas. Pourquoi les agriculteurs ne peuvent-ils même pas obtenir une réunion avec les sénateurs conservateurs à Ottawa? C'est honteux.
Une fois les élections passées, la démocratie n'existe plus pour le gouvernement. C'est plus grave encore que les échanges qui se déroulent pendant les débats aux Communes. C'est bien pire que les questions auxquelles le ministre et son secrétaire parlementaire évitent de répondre. Ces agriculteurs qui ont travaillé toute leur vie à la ferme et qui tiennent à la Commission canadienne du blé sont ignorés par le gouvernement parce que celui-ci ne veut pas entendre ce qu'ils ont à dire.
En abolissant le guichet unique, on retire aux agriculteurs un recours extrêmement important parmi tous les recours à leur disposition. On détruit une infrastructure qui assure la liaison entre les différents besoins des agriculteurs en matière de commercialisation, de vente et de transport. Étant donné le manque d'action concrète à la suite de l'examen des services de transport ferroviaire depuis maintenant neuf mois, les agriculteurs s'inquiètent du fait qu'ils ne disposeront désormais plus du recours dont ils ont besoin pour se battre face aux grandes sociétés céréalières et ferroviaires, qui ont une force écrasante et qui sont avides de profits.
Les producteurs de céréales de l'Ouest ont relaté les histoires tragiques au sujet du traitement que leur font vivre les compagnies ferroviaires. Ces dernières éprouvent une telle indifférence pour les agriculteurs qu'elles leur envoient souvent des wagons percés, sans même se soucier des grains qui se perdront en cours de route. Les agriculteurs devront désormais affronter seuls ces géants, alors que leur poids collectif leur donnait un recours devant un traitement aussi médiocre. Ils ne pourront plus compter sur la force du nombre.
Bon nombre d'agriculteurs m'ont parlé du fait que la Loi sur la concurrence était loin d'être efficace pour contrer les pratiques anticoncurrentielles. Devant le vide laissé par l'abolition du guichet unique, les agriculteurs devront se débrouiller seuls et risqueront d'y perdre leur peau. Non seulement les agriculteurs devront se battre seuls, mais, en plus, même les agriculteurs qui continueront de faire affaire avec une commission du blé provisoire perdront leur voix au sein de l'organisation.
Ce projet de loi ne prévoit pas l'élection d'administrateurs à l'entrée en vigueur de la nouvelle loi et conserve le nombre d'administrateurs nommés par le gouvernement à cinq. Ces administrateurs, qui n'auront aucun compte à rendre aux producteurs de grains, ne seront rien d'autre que des marionnettes pour le ministre, étant donné les pouvoirs absolus que le projet de loi accorde à ce dernier. Et par qui le projet de loi exige-t-il que la commission soit gérée? Par nul autre que le cabinet du .
Mon collègue du côté du gouvernement, le député de , a déjà écrit ce qui suit à ses électeurs:
Le Canada est une démocratie. Or, l'un des principes fondamentaux d'une démocratie est le fait que les citoyens sont appelés à voter pour élire leurs représentants, qu'il s'agisse d'un député, d'un maire ou d'un administrateur de la Commission canadienne du blé.
Je trouve malheureux que mon collègue n'ait pas tenu l'engagement qu'il a pris à l'égard des institutions démocratiques. Il a dit quelque chose de tout à fait vrai dans cette déclaration. Les députés des deux côtés de la Chambre ont fait valoir que les agriculteurs savent ce qui est dans leur intérêt. Par conséquent, si les agriculteurs de l'Ouest du Canada élisent les administrateurs de la Commission du blé et que 80 p. 100 des administrateurs élus appuient toujours le guichet unique, on ne peut qu'en conclure que le processus démocratique a été respecté et que la volonté des agriculteurs a elle aussi été respectée.
De nombreux agriculteurs qui ont contribué à faire élire le député de et d'autres ministériels ont aussi voté pour faire élire des représentants à la Commission canadienne du blé et appuyer le guichet unique.
Par le passé, certains députés d'en face se sont interrogés sur ma position à l'égard des producteurs de blé et d'orge des Prairies parce que je viens de l'Ontario. Je leur répondrai qu'en Ontario, et partout ailleurs au pays, les gens savent que leur nourriture vient des agriculteurs, et non d'un supermarché. Les conservateurs établissent un lien arbitraire entre le guichet unique, les provinces de l'Ouest et la Commission ontarienne de commercialisation du blé. Je rectifierai certains de leurs arguments erronés avant qu'ils interviennent pendant la période des questions et observations.
Nous absolument favorables à l'idée d'offrir aux agriculteurs canadiens de l'Ouest la même possibilité de choisir que celle dont jouissent les agriculteurs en Ontario. À la fin des années 1990, le conseil d'administration du guichet unique de l'Ontario a entamé une transition pour passer à un marché libre. Ce sont les administrateurs, appuyés par les agriculteurs ontariens qui les avaient élus, qui ont pris cette décision, et non un gouvernement imposant sa volonté à des producteurs ayant majoritairement voté en faveur du maintien du guichet unique.
Il ne fait aucun doute que le Canada produit les meilleures céréales au monde. Toutefois, il y a différentes catégories de grains et les députés d'en face ne devront pas l'oublier lorsqu'ils étudieront le projet de loi. L'Ontario produit le dixième de ce que produisent les provinces de l'Ouest. Elle produit un blé tendre, qui sert surtout à la confection de pâtisseries, de biscuits et de beignes. Le blé de force roux de printemps des provinces de l'Ouest sert à la fabrication du pain, et leur blé dur, à celle des pâtes alimentaires. Les moulins de l'Ontario comptent sur le blé des Prairies pour produire de la farine.
La plus grande partie du blé ontarien est vendue au Canada ou dans le Nord des États-Unis, alors que la plus grande partie du blé de l'Ouest est expédiée dans le monde entier. Les marchés et les frais de transport pour le blé de l'Ouest ne sont en rien comparables à ceux de l'Ontario, sans parler du poids nécessaire au maintien de l'industrie du blé dans l'Ouest.
Où est-ce que je veux en venir? Si les députés d'en face tiennent à comparer l'Ontario et les provinces de l'Ouest, ils devraient d'abord permettre aux agriculteurs de l'Ouest de décider de leur avenir.
On aura beau examiner la situation sous tous ses angles, on sera forcé de constater que le gouvernement ne tient absolument pas compte de la volonté des producteurs de blé, de blé dur et d'orge de l'Ouest. Une majorité d'agriculteurs ont élu les membres du conseil d'administration. Une majorité d'agriculteurs appuient le maintien du guichet unique et une majorité d'agriculteurs sont furieux parce que leur député conservateur est muselé par le Cabinet du et ne tient compte ni leurs souhaits, ni de leurs besoins, et compromet maintenant leur gagne-pain.
Quand on leur a demandé pourquoi le conseil d'administration de la commission du blé provisoire ne sera pas élu par les agriculteurs, les témoins ont répondu au comité qu'une telle surveillance était nécessaire étant donné la dépense de deniers publics. Mais cela soulève une nouvelle préoccupation. Combien coûtera aux contribuables le démantèlement de la Commission canadienne du blé? En tant que guichet unique, la Commission canadienne du blé génère un revenu annuel de 5 à 8 milliards de dollars, ce qui représente des centaines de millions de dollars par année pour l'ensemble des agriculteurs.
À l'heure actuelle, le coût pour les contribuables est nul mais le gouvernement n'a fourni aucun estimé des coûts prévus et n'a présenté aucun plan d'affaires pour la nouvelle Commission canadienne du blé. On ne lance pas une entreprise sans plan d'affaires. Je pensais que le gouvernement envisageait peut-être refiler aux agriculteurs le coût de son entreprise ratée.
Il y a une semaine et demie, on a appris que le gouvernement a relevé le plafond du fonds de prévoyance de la Commission canadienne du blé, conçu à l'origine pour permettre à celle-ci de trouver des modes de commercialisation plus novateurs et pour protéger les agriculteurs. Ce fonds a été limité à 60 millions de dollars durant les 13 dernières années. Tout excédent était versé dans un fonds commun appartenant aux agriculteurs. À la dernière minute, au cours de la dernière semaine seulement, le gouvernement conservateur a relevé le plafond à 200 millions de dollars. J'imagine que même les agriculteurs qui appuient la position du gouvernement sont furieux depuis qu'ils ont appris que leur argent durement gagné finance maintenant une caisse noire du gouvernement conservateur dont se servira le ministre pour alimenter ses folies agricoles et couvrir toute obligation future liée au démantèlement de la commission.
Les agriculteurs sauraient quoi faire avec cet argent. Devant la fragilité de l'économie mondiale, la Commission canadienne du blé est plus importante que jamais pour l'exportation du grain des Prairies. Cet argent offre une protection aux producteurs. Les agriculteurs ont entendu les pronostics des grandes entreprises céréalières comme Viterra, Cargill, Richardson et même Bunge, qui ont tous vu le prix de leurs actions augmenter dès l'annonce que les conservateurs voulaient faire disparaître la Commission du blé. Même aujourd'hui, Cargill a annoncé qu'elle créerait son propre système de mise en commun pour les agriculteurs. Quelles seraient les chances de survie d'une commission canadienne du blé provisoire? Elles seraient pratiquement nulles.
Il y a quelques semaines seulement, le Wall Street Journal se réjouissait de l'élimination de la Commission canadienne du blé en soulignant que, dans le contexte actuel du comptoir unique, « davantage d'argent va dans les poches des agriculteurs que dans un système de marché ouvert ». Le journal ajoutait que les « manutentionnaires de grain comme Cargill Inc., Viterra Inc. et Bunge Limited pourraient voir leur rôle et leurs profits augmenter sur le marché canadien du grain ».
D'où proviendrait une telle croissance? Elle proviendrait des profits qui auraient pu aller dans les poches des agriculteurs de l'Ouest et dans l'économie des petites villes grâce à la Commission canadienne du blé. Faut-il davantage de preuves? Alliance Grain Traders est en train d'ouvrir une usine de pâtes alimentaires à Regina, ce qu'elle n'aurait pas pu faire auparavant à moins de savoir qu'elle pouvait payer le prix le plus bas possible aux producteurs de blé et de blé dur. L'entreprise a déclaré que le meilleur moyen de contrer l'érosion de ses marchés était de « négocier les prix les plus bas possibles avec les agriculteurs ».
Une fois disparue la protection qu'offre le comptoir unique, ces entreprises commenceront à diviser les agriculteurs et à les vaincre en négociant avec eux les prix les plus bas possibles — faisant d'eux des producteurs qui acceptent les prix plutôt que des producteurs qui les fixent — jusqu'à ce qu'inévitablement, comme on l'a observé en Australie, il ne reste qu'une seule grosse entreprise de l'agroalimentaire.
Les agriculteurs de l'Ouest du Canada des deux côtés du débat devraient examiner de plus près le modèle australien. Ce modèle laisse de nombreuses questions sans réponses, mais a démontré que la déréglementation a permis aux grandes entreprises de l'agroalimentaire de prendre le contrôle de la chaîne logistique en laissant pour compte les agriculteurs.
Jock Monro, un producteur de grain de New South Wales, en Australie, se plaignait ainsi dans un article de Grain Matters:
Nous estimons que les producteurs ont perdu 4 milliards de dollars depuis la déréglementation de l'industrie du blé, il y a trois ans.
Les calculs ne tiennent pas la route, à moins que le gouvernement agisse délibérément pour que les agriculteurs canadiens soient les perdants de son projet.
Le projet de loi ne prévoit aucun plan d'urgence pour plus tard, dans 10 ou 15 ans. Nous savons que les petits producteurs et les petites économies locales vont maintenant être en danger. En fait, même la revue The Economist en convient. On lit dans un éditorial de cette revue publié au début de notre débat actuel:
La hausse des coûts de commercialisation forcera inévitablement les petits producteurs à vendre leur exploitation agricole à de plus gros exploitants ou à des sociétés agro-industrielles [...] ce qui aura un effet dévastateur sur les petites municipalités des Prairies, dont les économies dépendent des agriculteurs autonomes ayant un revenu disponible.
Nous savons déjà que le gouvernement ne va pas intervenir, sauf pour tirer les ficelles au sein du conseil d'administration. Par conséquent, les producteurs seront à la merci des sociétés céréalières et ferroviaires. Nous savons aussi que tout montant supplémentaire qui aurait pu être remis aux producteurs cette année est retenu par le ministre et le gouvernement.
Qu'en est-il de la souveraineté alimentaire? Je crains, comme les producteurs de l'Ouest et les Canadiens d'un océan à l'autre, qu'une fois que les petites exploitations agricoles vont commencer à souffrir sous le gouvernement conservateur, celles-ci vont être achetées par de grandes entreprises agroalimentaires, ou même par des pays étrangers qui se préoccupent davantage de leurs profits et de leurs intérêts nationaux que de notre souveraineté alimentaire.
Récemment, le gouvernement a posé un certain nombre de gestes qui ne sont guère encourageants pour les industries agricoles canadiennes. Après avoir plié face à la majorité des mesures protectionnistes des États-Unis, le gouvernement est maintenant prêt à renoncer à la gestion de l'offre dans le secteur des oeufs, du lait et de la volaille. Cela a commencé avec la Commission canadienne du blé, mais le processus se poursuit maintenant avec la gestion de l'offre.
Le précédent créé par l'abolition de la Commission canadienne du blé préoccupe énormément les producteurs assujettis à la gestion de l'offre. Ceux-ci se souviennent que le a dit aux membres du partenariat transpacifique que la gestion de l'offre était négociable, tout comme ils se souviennent de l'avoir entendu tenir les mêmes propos devant nos partenaires européens. Ils s'en souviennent aussi clairement qu'ils se souviennent que la même personne, c'est-à-dire leur bien aimé, a dit: « Prenez, par exemple, la gestion de l'offre, qui est un cartel de fixation des prix parrainé par le gouvernement. » Le et le ont toujours dit clairement qu'ils étaient en faveur d'un marché libre, indépendamment des conséquences pour les producteurs canadiens et pour la souveraineté et la sécurité alimentaires du Canada.
Le projet de loi n'a rien à voir avec l'équité ou la liberté. Nous avons dit dès le début qu'il fallait laisser les producteurs décider. Et, dès le début, le gouvernement conservateur a supprimé toute expression d'une opinion s'opposant à son obsession idéologique d'abolir le guichet unique.
Cela dit, je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit:
la Chambre refuse de donner troisième lecture au projet de loi C-18, Loi réorganisant la Commission canadienne du blé et apportant des modifications corrélatives et connexes à certaines lois, parce que les membres du comité n'ont pu entendre de témoignages des producteurs touchés et préoccupés par la commercialisation future de la Commission canadienne du blé.
:
Monsieur le Président, c'est pour moi un privilège et un honneur d'intervenir dans ce débat en tant que député de Prince Albert. Quand je réfléchis à tout ce que nous souhaitons accomplir en tant que députés et à ce qu'attendent de nous nos électeurs, je constate que, dans ce projet de loi, ces deux objectifs sont réunis. La transformation de la Commission canadienne du blé, c'est quelque chose que nous souhaitons, moi et mes électeurs.
On a beaucoup parlé aujourd'hui de la Commission canadienne du blé et de ce qui se passe. Les députés libéraux voudraient nous faire croire qu'on va la démanteler complètement, que tout le monde va être mis à pied et que la commission va disparaître. Ce n'est pas vrai.
Ce qui va se passer, c'est que la commission va devenir une entité fonctionnelle répondant aux souhaits des agriculteurs. Ceux qui voudront y participer pourront le faire; ceux qui ne voudront pas auront aussi ce choix. Les agriculteurs de la région visée auront désormais le même droit et le même privilège que les agriculteurs partout ailleurs au Canada.
C'est un débat qui nous divise profondément depuis 40 ans. Depuis trois semaines, six mois ou un an, nous n'avons pas entendu un seul argument nouveau susceptible de faire changer d'opinion un député, un électeur ou un agriculteur. Chacun aborde ce débat avec sa propre idéologie. Chacun a ses raisons de croire ce qu'il croit.
Ce qui est curieux quand on reprend l'historique de ce dossier, c'est qu'on trouve un rapport de la Commission canadienne du blé, payé par cette commission, dans lequel on dit qu'elle obtient des prix supérieurs, au meilleur prix. Cela doit faire une quarantaine d'années qu'on entend répéter à l'infini ce genre d'argument dans les Prairies.
Il y a cependant un argument auquel on ne peut pas s'opposer, c'est celui de la liberté. On ne peut pas nier le droit à la propriété. On ne peut pas dire aux gens qu'on va s'approprier ce qui leur appartient. Cela ne se fait pas. Ce n'est pas bien.
On peut invoquer toutes sortes d'arguments en faveur de la commercialisation collective. On peut avancer toutes sortes d'arguments en faveur de la Commission canadienne du blé. Ces options existent, mais c'est le dur labeur des agriculteurs qui crée cette récolte. C'est grâce à leur dur labeur que ce blé et cette orge vont pousser, et il est normal qu'ils puissent jouir des fruits de ce dur labeur.
Je ne veux pas oublier de mentionner, monsieur le Président, que je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Tout l'été dernier, la CCB savait parfaitement ce qui se passait. Elle savait que la transition allait se produire. Elle disposait de tous les outils voulus pour aller de l'avant, mais elle a décidé de ne pas le faire. Au lieu de travailler avec les agriculteurs, le gouvernement, les exportateurs accrédités et leurs clients, elle a choisi de faire le contraire: devenir un groupe d'agents politiques et travailler pour le NPD et le Parti libéral. Elle a décidé de le faire avec l'argent des agriculteurs. Elle a pris l'argent des agriculteurs sans le leur demander et a lancé une campagne. Elle ne se battait pas vraiment pour ses convictions — la commission ne croit qu'en sa propre idéologie — et ne représentait pas les agriculteurs.
La CCB aurait pu s'occuper cet été de vendre le blé et l'orge pour les quatre ou cinq prochaines années, mais elle a plutôt organisé un plébiscite. Elle a repéré les électeurs qui l'appuieraient. Pourquoi n'a-t-elle pas demandé à ces agriculteurs de s'engager à lui confier leurs récoltes? Pourquoi ne leur a-t-elle pas dit que s'ils étaient en faveur du guichet unique et du concept de la mise en commun de leur produit sous sa direction, elle était encore en mesure de le faire? Elle aurait vraiment pu aller de l'avant, prendre les récoltes des agriculteurs et les commercialiser pour eux à des prix communs. La Commission canadienne du blé aurait pu mettre sur pied un programme à cette fin, mais elle ne l'a pas fait.
Fait intéressant, les différents exportateurs agréés qui ont témoigné devant le comité de la Chambre des communes sont inquiets eux aussi. Ils veulent une entité auprès de qui se procurer du grain dans les Prairies. Ils connaissent bien la Commission canadienne du blé et son personnel. Les membres du conseil d'administration de la commission n'avaient qu'à donner leur autorisation pour que les choses aillent de l'avant. L'ont-ils fait? Non, ils se sont engagés dans un débat politique, dans la défense de leurs propres intérêts et de leur idéologie.
C'est la raison pour laquelle ils doivent être démis de leurs fonctions et qu'un conseil de transition doit être formé. Ce n'est pas seulement pour protéger les employés de la commission, qui sont d'honnêtes travailleurs, mais aussi pour protéger les agriculteurs qui veulent profiter des possibilités de mise en commun que leur offre la commission et qui souhaitent passer par cette entité pour commercialiser leur blé.
Il sera intéressant de voir évoluer la nouvelle Commission canadienne du blé. Elle sera libre de toute contrainte et pourra donc faire ce que bon lui semble. Les agriculteurs qui sont en faveur de cette organisation pourront lui donner l'orientation qu'ils veulent. S'ils souhaitent qu'elle s'occupe de la vente des légumineuses et qu'ils peuvent trouver un marché où ils pourront combiner légumineuses, blé et orge, ce sera possible. S'ils veulent qu'elle vende de l'avoine ou encore du blé et de l'orge provenant de l'Ontario ou du Québec, ce sera également possible. Ils pourront lui donner la forme qui répond à leurs besoins.
C'est la première fois que les agriculteurs jouiront d'une telle liberté, car ce n'est pas la façon de faire actuelle de la Commission canadienne du blé.
Plusieurs projets d'entreprises à valeur ajoutée ont vu le jour dans les Prairies. L'usine de pâtes de la Weyburn Inland Terminal en est un bon exemple. Un groupe d'agriculteurs a voulu construire une usine de fabrication de pâtes. Ils avaient réuni les fonds nécessaires et trouvé le marché où vendre les pâtes. Ils avaient tout pour réussir et étaient prêts à aller de l'avant, mais la Commission canadienne du blé est intervenue et a mis le holà au projet.
La Commission canadienne du blé n'est pas là pour servir ses propres intérêts; elle doit être au service des agriculteurs, c'est son objectif premier. C'est un outil entre les mains des agriculteurs. Cependant, dans le cas que j'ai mentionné, elle a refusé de modifier sa façon de faire pour répondre aux besoins de ces agriculteurs. En effet, au lieu que les agriculteurs puissent profiter de son expertise, collaborer avec le conseil d'administration et trouver une solution pour aller de l'avant avec la construction de l'usine de fabrication de pâtes, la Commission canadienne du blé leur a dit non.
Voilà l'un des problèmes découlant de la façon de fonctionner de la Commission canadienne du blé par le passé. Son but ultime n'était pas d'être au service des agriculteurs, mais de défendre son idéologie de guichet unique. Elle n'a jamais collaboré avec ceux qui voulaient développer des marchés à créneaux ou saisir d'autres occasions. Elle disait qu'elle allait favoriser les rachats ou étudier d'autres solutions pour permettre aux agriculteurs de racheter les produits, mais elle mettait toujours des bâtons dans les roues ou bloquait carrément la voie.
J'attire l'attention des députés sur autre fait intéressant concernant les rachats. Ce sont des agriculteurs qui ont participé au processus qui m'en ont parlé. Ils ont trouvé leur propre marché et ont procédé au rachat. Sur le formulaire de rachat, ils devaient inscrire le nom de l'entreprise à laquelle ils allaient vendre leur blé — aux États-Unis ou ailleurs dans le monde — ce qu'ils ont fait, de bonne foi. La semaine suivante, leurs clients les appelaient pour les informer que la Commission canadienne du blé les avait court-circuités et leur avait vendu le blé moins cher.
On peut donc se demander si la Commission canadienne du blé cherchait vraiment activement des marchés pour le grain des agriculteurs ou si son monopole ne lui était pas un peu trop monté à la tête.
À mon avis, les changements apportés aux dispositions législatives sont positives pour les Prairies et l'ensemble des agriculteurs en ce sens qu'ils auraient plusieurs possibilités pour commercialiser leurs produits.
Nous avons entendu beaucoup de plaintes au sujet du service ferroviaire. La meilleure concurrence en la matière, c'est la valeur ajoutée. La meilleure concurrence consiste à ne pas utiliser les chemins de fer, mais plutôt à transformer le grain sur place et à créer un produit qui peut être transporté autrement que dans un wagon-trémie. C'est la meilleure façon de faire concurrence aux sociétés ferroviaires et c'est ce qui se produirait dans les Prairies. Par le passé, ce n'était pas possible. Cependant, on peut maintenant constater que la malterie d'Alix, en Alberta, est en expansion.
J'ai bien hâte que les producteurs puissent bénéficier de possibilités de ce genre, comme ce sera le cas, par exemple, pour les producteurs d'orge qui souhaitent expédier quatre ou cinq conteneurs en Indonésie. De nos jours, cela ne pose guère de problèmes. Ce n'est pas comme dans les années 1940 ou 1930, où il y avait des problèmes sur le plan des télécommunications et du transport. Les gens prennent maintenant l'avion tous les jours. Ils peuvent se parler facilement des deux côtés de l'océan. On peut suivre les cours de la bourse céréalière de Chicago tous les jours. Ce n'est plus aussi difficile que par le passé.
En résumé, j'aimerais parler de certaines choses que j'ai vues arriver.
Je suis très optimiste quant à l'avenir des producteurs de blé et d'orge. Je suis très optimiste quant à la situation des agriculteurs en général, et à leur avenir. Je dois avouer que je suis plus optimiste maintenant qu'à tout autre moment au cours de ma carrière en tant qu'agriculteur ou homme politique.
Nous n'en serions pas arrivés là sans l'aide d'un très grand nombre de personnes admirables. Beaucoup de gens ont mené une lutte acharnée dans ce dossier. De nombreux agriculteurs ont sué sang et eau pour faire avancer les choses. Des agriculteurs sont allés en prison pour avoir le droit de vendre eux-mêmes leurs produits. Je tiens à saluer et à remercier ces agriculteurs. Ils ont tenu le flambeau bien haut, non pas pour eux-mêmes, mais plutôt pour leurs enfants et l'ensemble de l'industrie. En fait, ils étaient motivés par la conviction qu'ils pouvaient faire mieux et déterminés à oeuvrer en ce sens.
Encore une fois, je lève mon chapeau à ces gars et je les remercie d'être intervenus et d'avoir fait avancer la cause. Ils sont allés en prison, sacrifiant le temps qu'ils auraient pu passer avec leur épouse et leur famille; ils ont fait le choix de passer par le système judiciaire. Je me rappelle m'être rendu à Lethbridge pour assister à l'une des audiences et m'entretenir avec quelques-uns de ces gars. C'est mon bon ami, Rick Strankman, qui m'a conduit là-bas. Il m'a dit: « Hoback, tu dois aller rencontrer ces gars. Ils incarnent la pureté même. »
Ils n'agissaient pas pour des motifs financiers. Ils étaient guidés uniquement par leur conviction que c'était la meilleure chose à faire pour le marché, pour les agriculteurs et pour leur famille. Ils étaient convaincus qu'ils devraient avoir le droit de commercialiser leurs grains comme ils l'entendaient.
C'est ce que nous allons faire ici aujourd'hui. Nous allons créer une nouvelle entité, et ce sont les agriculteurs qui décideront comment celle-ci évoluera. Un conseil de transition sera formé, après quoi l'entité passera par une période de transition pour se redécouvrir. Au bout du compte, le secteur agricole dans son ensemble sera consolidé, et beaucoup d'électeurs diront que ce débat sur le bien-fondé d'un guichet unique est enfin chose du passé.
Une fois de plus, je tiens à remercier le ministre et mes collègues. J'encourage les députés de l'opposition à collaborer avec nous pour faire avancer l'agriculture dans l'Ouest canadien.
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Monsieur le Président, je suis heureuse et honorée de représenter la circonscription de Portage—Lisgar, une circonscription remarquable du Manitoba rural où on retrouve des producteurs, des agriculteurs, des manufacturiers, des propriétaires de petites entreprises, des personnes et des familles qui se sont fait une vie et ont bâti leurs collectivités grâce à l'agriculture, qui joue un rôle important au Canada. Je suis heureuse de pouvoir soutenir et représenter ces agriculteurs ici, au Parlement.
Je remercie mon collègue, le député de , et les autres qui ont travaillé d'arrache-pied à ce dossier. Beaucoup d'entre eux sont des agriculteurs. Je tiens à donner à mes collègues le respect qu'ils méritent pour le dur travail qu'ils ont fait et étendre cette marque de respect aux députés de l'opposition, avec qui nous ne nous entendons pas sur ce qu'il convient de faire pour aider les agriculteurs. Cependant, je crois que la majorité des députés de l'opposition sont animés par de bons sentiments dans leur soutien des agriculteurs. J'espère qu'à la fin du débat, nous pourrons mettre de côté les craintes et les divisions et que nous verrons émerger une Commission canadienne du blé viable et prospère et que les agriculteurs canadiens auront des options.
Tout d'abord, je tiens à dire que j'appuie sans réserve le projet de loi . Je commencerai en parlant de liberté, de la liberté dont nous jouissons tous dans le magnifique pays qu'est le Canada. Nous sommes des individus libres et nous jouissons de la liberté de religion et de la liberté de parole. Les gens d'affaires ont la liberté de mettre leurs biens et leurs services en marché. Si les biens et les services qu'ils produisent sont légaux, ils devraient être en mesure de les commercialiser pourvu qu'ils respectent les lois et règlements du Canada. C'est une liberté que beaucoup d'agriculteurs de l'Ouest du Canada qui produisent du blé tendre et du blé dur ne connaissent pas. Si tous les Canadiens qui écoutent aujourd'hui partaient du principe que ces agriculteurs de l'Ouest canadien devraient jouir de la même liberté que les agriculteurs du reste du Canada en matière de commercialisation, ce serait un bon début pour reconnaître les points forts et la validité du projet de loi .
Le projet de loi donne suite à l'engagement que le gouvernement actuel a pris il y a longtemps de donner aux agriculteurs de l'Ouest la liberté qu'ils méritent pour mettre en marché leurs produits. Tout comme le retour des Jets à Winnipeg suscite l'enthousiasme, la possibilité de mettre librement en marché leur blé suscite l'enthousiasme d'agriculteurs et de producteurs.
Je suis fière du rôle que l'agriculture joue dans le maintien de la force et de la stabilité de notre économie. En 2009, l'industrie agroalimentaire a engendré des recettes monétaires agricoles de 4,8 milliards de dollars pour les agriculteurs du Manitoba. Elle a généré un peu plus de 4 milliards de dollars en exportations, et l'industrie agricole a employé directement 30 000 Manitobains. L'industrie agricole est en plein essor au Manitoba. Certaines des meilleures récoltes sont cultivées dans cette province. Dans l'ensemble de notre grand pays, l'industrie agricole et agroalimentaire a généré plus de 2,1 millions d'emplois et plus de 100 milliards de dollars en activités économiques.
Je veux parler un instant de certaines des industries dans ma circonscription.
Can-Oat, qui est une usine de transformation de l'avoine, s'est débrouillée extrêmement bien depuis qu'on lui a accordé la liberté de commercialiser son avoine. J'ai visité l'usine à Portage la Prairie. Je suis très fière du travail qui s'y fait et je sais que les gens qui y travaillent le sont eux aussi.
Keystone Grain, une entreprise qui est située à Winkler, au Manitoba, est en mesure de transformer tous les types de grains, de les commercialiser et de les vendre partout dans le monde.
Bunge, qui se trouve à Altona, dans ma circonscription, est une usine de transformation du canola qui fait un travail formidable. Elle vient d'agrandir ses installations. Nous avons contribué à cela grâce au Plan d'action économique du Canada. Nous avons aidé la ville d'Altona à soutenir Bunge. Il y aussi autre industrie à valeur ajoutée dans ma circonscription.
Quaker Farms cultive et vend des légumes.
Ce qui manque à ma circonscription, c'est une usine de fabrication de pâtes. Il n'y a pas d'industries à valeur ajoutée pour le blé ou le blé dur. Peu importe la position des gens à cet égard, nous voulons que les industries à valeur ajoutée prennent de l'expansion, et je veux que cela se produise dans ma circonscription.
Ces entreprises sont formidables et montrent ce que nos vaillants agriculteurs et transformateurs alimentaires peuvent faire lorsqu'ils sont libres de mener leurs affaires dans un marché libre et ouvert. Les producteurs de blé et d'orge du Manitoba ont été désavantagés pendant trop longtemps.
Le 18 octobre, le a présenté un projet de loi qui vise à égaliser les règles du jeu en accordant aux agriculteurs le droit de choisir de commercialiser leur blé, leur blé dur et leur orge, soit par eux-mêmes, soit par l'entremise d'une Commission canadienne du blé à participation facultative. La Loi sur le libre choix des producteurs de grains en matière de commercialisation donnera à tous les agriculteurs de l'Ouest canadien la liberté de commercialiser leur grain comme bon leur semble, que ce soit en vendant leurs produits à un acheteur qui paie la totalité du montant à la livraison ou par voie de mise en commun par l'entremise de la Commission canadienne du blé. Comme on l'a déjà indiqué, on a l'intention de mettre en place ce système de libre commercialisation avant le 1er août 2012.
Les agriculteurs de l'Ouest canadien veulent avoir les mêmes libertés et possibilités que les agriculteurs ailleurs au Canada et dans le monde et veulent pouvoir commercialiser leur grain en fonction de ce qui convient le mieux à leur entreprise. Je répète que, comme n'importe quel entrepreneur au Canada, ils veulent être libres de commercialiser leurs produits.
J'aimerais citer deux concitoyens de ma circonscription, des producteurs qui contribuent à notre économie.
Lyndon Thiessen, un agriculteur de Winkler, au Manitoba, m'a écrit ceci: « Nous commercialisons nous-mêmes toutes nos autres cultures et nous sommes impatients de faire de même avec le blé. »
Mark Elias, de ma ville natale, Morden, au Manitoba, a écrit ceci:
Par la présente, je vous encourage à continuer de travailler à l'abolition de la commission. Je vous prie de le faire. Elle nous coûte à tous très cher. Je connais des entreprises de votre ville natale qui ne peuvent pas transformer le blé et vendre leurs produits à cause de la commission. En tant que producteur local, je n'ai pas non plus l'option de vendre mon blé directement sur le marché américain, ce qui réduit mes profits et le potentiel productif du Manitoba.