La Chambre reprend l'étude du projet de loi , dont le comité a fait rapport avec des propositions d'amendement; ainsi que du groupe de motions no 1.
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Monsieur le Président, on nous dit que la Loi sur la sécurité des rues et des communautés endurcira les criminels et augmentera les récidives, mais que les experts s'entendent pour dire que les stratégies de réadaptation sont efficaces. Bon nombre de ces programmes se déroulent en milieu carcéral. De plus, la durée de la peine devrait être proportionnelle à l'infraction commise et il faut aussi tenir compte des victimes de crimes, trop souvent oubliées.
Plusieurs facettes de ce projet de loi visent à protéger les droits des victimes, par exemple en inscrivant dans la loi le droit des victimes de participer aux audiences de libération conditionnelle et de veiller à ce que les détenus subissent les conséquences de leurs actes. Par ailleurs, le projet de loi permet aux juges de différer la peine d'un contrevenant qui participe à un programme de désintoxication ou de traitement de l'alcoolisme. Le gouvernement continue d'investir dans des stratégies de prévention qui sont d'une importance capitale si nous voulons assurer la sécurité de nos rues et de nos collectivités.
La prévention et le traitement de la toxicomanie forment un des piliers de notre Stratégie nationale antidrogue. Depuis 2007, le ministère de la Santé a investi 577 millions de dollars sur cinq ans dans les activités de prévention, de traitement et d'application de la loi prévues dans la stratégie.
Dans le cadre de son Plan d'action sur le traitement, notre gouvernement a investi des sommes considérables pour renforcer les mesures de traitement actuelles. Les collectivités peuvent se réjouir de tous les projets de promotion de la santé et de prévention destinés aux jeunes qui sont financés par l'entremise du Fonds des initiatives communautaires de la Stratégie antidrogue. Plus de 100 projets ont été approuvés à l'échelle du pays, ce qui représente un investissement pluriannuel d'environ 40 millions de dollars dans des initiatives communautaires. Quant à la Stratégie nationale pour la prévention du crime, ses priorités s'établissent comme suit: s'attaquer aux facteurs de risque précoces qui touchent les enfants, les adolescents et les jeunes adultes vulnérables; prévenir les récidives parmi les délinquants à risque élevé; favoriser la prévention des crimes dans les collectivités autochtones et du Nord; et prévenir le crime relié aux bandes de jeunes et aux drogues. Cette stratégie comprend aussi le programme SNAP Girls Connection pour les filles.
Les messages des médias se concentrent trop souvent sur les cloisonnements administratifs au sein du gouvernent. Quand on regarde ce qui se fait dans l'ensemble des ministères, on découvre une excellente gamme de stratégies équilibrées qui visent à rendre nos rues et nos collectivités plus sécuritaires.
Le NPD revient sans cesse sur l'expérience du Texas. Je m'oppose fondamentalement à toute comparaison entre le système correctionnel canadien et celui du Texas. À lui seul, l'État du Texas a une population semblable à celle du Canada entier. Mais le taux d'incarcération est cinq fois plus élevé au Texas qu'au Canada.
Le NPD a cité un article récent, mais des experts du Texas ont omis de mentionner que le taux de criminalité de cet État a augmenté pour ce qui est des meurtres, des viols, des vols qualifiés et des cambriolages, et ce, malgré son approche éclairée concernant la criminalité et les sanctions pénales. Le Texas préconise encore la peine de mort et a éliminé les droits concernant le dernier repas des condamnés. Le taux de criminalité du Texas fluctue depuis 1960, et cela ne changera pas. Les Texans se demanderont certainement pourquoi ce taux continue de fluctuer. Lorsqu'ils discutent des réalités canadiennes, j'encourage les députés d'en face à ne pas oublier ces faits, et je les prie de ne pas se mêler des affaires du Texas.
En ce qui concerne la culture de la marijuana, il y a eu énormément de propos alarmistes et de désinformation au sujet de cet aspect du projet de loi. Tout d'abord, il faut tenir compte de la quantité de stupéfiants et des revenus que peuvent générer six plants de marijuana. Il est irresponsable et malavisé de colporter l'idée qu'aucun préjudice ne peut être causé parce qu'il ne s'agit que de six plants. Je répète que les porte-parole de l'opposition ne tiennent pas compte des victimes et des personnes honnêtes.
Prenons l'exemple des enfants menacés par la drogue. Le dioxyde de carbone stimule la croissance des plants, mais il pose de grave risques pour la santé des humains. Une quantité élevée de dioxyde de carbone peut déplacer l'oxygène dans l'air, entraînant ainsi une déficience d'oxygène qui se combine aux effets toxiques du dioxyde de carbone. Les installations de culture de la marijuana contiennent un taux élevé d'humidité et favorisent l'accumulation de diverses moisissures qui peuvent être dommageables pour la santé humaine et causer de graves maladies immunologiques comme le rhume des foins, l'asthme, des infections, voire le cancer. Comparativement à une maison ordinaire, une maison contenant des installations de culture de la marijuana présente des risques d'incendie 24 fois plus élevés.
Les enfants menacés par la drogue risquent davantage d'être victimes de négligence, de violence familiale, du syndrome de sevrage d'alcool prénatal et postnatal ainsi que d'abus sexuel. La culture de la marijuana est souvent associée aux activités criminelles et au crime organisé. Cet environnement est également très propice aux agressions physiques, aux cambriolages à domicile, à la violence des gangs de rue et aux homicides. Les attitudes de plus en plus libérales à l'égard de la marijuana ont mené à une hausse des cas de négligence et d'abus à l'égard des enfants qui sont directement attribuables à la marijuana, selon les propos tenus par Lori Moriarty à la conférence de Stafford.
On croit aussi, à tort, que ce projet de loi crée des crimes, alors qu'en fait, tous les délits concernés relèvent du droit pénal, et le gouvernement s'engage à combattre les crimes les plus répréhensibles de notre société, notamment en protégeant les enfants contre les prédateurs sexuels.
Nous sommes, entre autres, résolus à protéger les enfants contre les prédateurs sexuels. C'est un aspect que je trouve particulièrement positif, eu égard à un rapport récent de la GRC, dans lequel il est dit que « la facilité avec laquelle il est possible d'acheter, dans Internet, du matériel dans lequel on voit des enfants exploités sexuellement, continue à poser un problème ».
Il y a également les peines sanctionnant le crime organisé en matière de drogue et celles visant à protéger le public contre des jeunes contrevenants violents et récidivistes. J'insiste sur les mots « violents » et « récidivistes ».
Il y a également la mesure visant à prévenir le trafic, la maltraitance et l'exploitation des immigrants vulnérables.
Service correctionnel Canada applaudit les efforts du projet de loi concernant la responsabilité des détenus et leur gestion en vertu de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, laquelle protège et encourage les détenus qui participent à un programme de réadaptation.
En ce qui concerne les nouvelles prisons, les projections initiales concernant l'augmentation de la population carcérale, énoncées dans la mesure législative précédente, ne se sont pas concrétisées. Il n'existe aucun lien entre les nouvelles prisons et ladite mesure législative. De nouvelles prisons sont nécessaires pour pouvoir mettre en oeuvre le modèle de réadaptation et de correction permettant d'atteindre les objectifs visés en matière de santé, d'espoir et de rétablissement des détenus.
L'opposition critique les nouvelles prisons, mais exerce des pressions pour faire augmenter le nombre de programmes et de cellules individuelles pour les détenus. Elle ne comprend cependant pas qu'il est nécessaire de construire de nouveaux établissements correctionnels — avec un environnement plus propre et sécuritaire, plus de place et un meilleur système de contrôle — afin que le personnel et les détenus disposent du meilleur environnement possible pour mener à bien les programmes de réadaptation.
Le modèle correctionnel du Yukon est un excellent exemple de transition d'un modèle de supervision étroite à un modèle de supervision directe. Le déménagement dans le nouvel établissement correctionnel, en 2012, donnera un bon coup de pouce à cette transition.
En ce qui a trait au coût d'incarcération d'un détenu dans un établissement correctionnel, il faut se rappeler que le coût de la criminalité pour les victimes est nettement plus élevé, puisqu'elles en assument 80 p. 100. Voici ce qu'a déclaré l'Association du Barreau canadien:
[...] ce projet de loi n'améliorera en rien la situation, et risque au contraire de la dégrader à force de vouloir trop en faire en réaction à des problèmes imaginaires.
S'il y a des problèmes imaginaires, alors pourquoi s'inquiéter, car la population carcérale n'augmentera pas, puisqu'il n'y aura pas de criminels imaginaires, de procès imaginaires et de peines imaginaires.
Nous savons que les problèmes sont réels et j'invite l'Association du Barreau canadien à écrire à la collectivité de Citadel, ravagée par un incendie déclenché dans une résidence abritant une installation illégale de culture de la marihuana. Cet incendie a endommagé sept résidences avoisinantes. Elle devrait également écrire au gouvernement de l'Alberta, où l'organisme ALERT a démantelé 200 installations de culture de la marihuana à Calgary et saisi près de 70 000 plantes. Au total, 151 résidences abritant une telle installation étaient impropres à l'habitation. En 2011, près de 46 000 plantes, d'une valeur totale de 56,3 millions de dollars, ont été saisies dans cette province. C'est loin d'être imaginaire.
Selon une étude effectuée par le ministère de la Justice, seulement une personne sur six reconnue coupable d'avoir cultivé de la marijuana en Colombie-Britannique, en Alberta et en Ontario, entre 1997 et 2005, a purgé une peine de prison.
Laurie Ann Bell, qui a tué Dennis Strongquill, agent de la GRC, était une toxicomane alcoolique impulsive qui n'avait que du mépris à l'égard des tribunaux et qui ne semblait ni éprouver grand remords ni très bien saisir l'incidence de son crime. Selon les dossiers de la Commission nationale des libérations conditionnelles, dont les mains étaient liées par la loi actuelle, cette personne a été mise en liberté après avoir passé moins de sept ans en prison. Le caporal Brian Auger, ancien partenaire de M. Strongquill, n'a pas été averti de la mise en liberté imminente de Mme Bell. « Personne ne m'a parlé, a-t-il dit. Peut-être qu'on devrait parler aux personnes concernées et chercher à comprendre ce que vivent les victimes. »
Le projet de loi améliorera le système; il prévoira la participation des victimes aux audiences de la Commission nationale des libérations conditionnelles et tiendra les victimes mieux informées du comportement et du traitement des contrevenants.
Peut-être que l'Association du Barreau canadien et le NPD aimeraient faire valoir au caporal Auger et à la famille de Dennis Strongquill que notre gouvernement réagit à des problèmes imaginaires.
Grâce au gouvernement, nous avons 1 000 agents de la GRC de plus sur les premières lignes. Nous avons aussi investi 400 millions de dollars pour aider les provinces et les territoires à embaucher plus d'agents de police.
Les attentats du 11 septembre ont coûté la vie à 3 000 personnes, dont des Canadiens. L'attentat à la bombe à Bali, en 2002, a été l'un des attentats les plus meurtriers de l'histoire de l'Indonésie. Des Canadiens sont morts dans cet attentat. Étaient-ce là des problèmes imaginaires?
À titre personnel, j'ai invité des jeunes dans les collectivités que je représente à participer à des ateliers sur le travail d'équipe, le leadership, la santé et la lutte contre l'intimidation réunissant autant les jeunes que les leaders communautaires; ces ateliers ont rehaussé l'estime de soi des filles et des garçons qui y ont participé. Voilà un bon exemple de ce que les particuliers peuvent faire pour établir une communauté respectueuse, saine et respectueuse des lois.
Par conséquent, si l'on retire les oeillères qu'on s'oblige à porter pour voir la situation dans son ensemble, au-delà de la législation, on constate bien que notre gouvernement atteint le bon équilibre entre les droits des victimes, la prévention du crime et la réadaptation afin de faire du Canada un pays meilleur.