La Chambre reprend l'étude, interrompue le 17 novembre 2011, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre la parole au sujet du projet de loi .
Je sais que les questions relatives à la justice et aux efforts visant à améliorer nos milieux de vie intéressent tous les députés, puisque nous essayons de relever concrètement la qualité de vie des citoyens que nous représentons. Je vois le projet de loi comme un effort sincère pour apporter une amélioration dans certaines situations.
Je suis certain que nous pouvons tous nous rappeler certaines émeutes qui se sont produites dans le passé au Canada et à l'étranger. On a fait valoir des arguments valables pour défendre l'idée que nous devons protéger davantage les citoyens, les services de police, les agents de la paix et les personnes qui sont appelées à intervenir en cas d'émeute. Je pense notamment aux premiers répondants, au personnel paramédical, aux ambulanciers et aux pompiers. Ces personnes mettent leur vie en danger dans de nombreuses situations où l'on n'attendrait pas d'un citoyen moyen qu'il intervienne.
Nous voulons faire des choix intelligents et propres à assurer la protection de ces personnes et, comme je l'ai indiqué, pour les nombreux services de police, dans les situations qui se produisent pour diverses raisons. Je pourrais mentionner à cet égard le sommet du G20 et du G8.
Les réseaux de télévision ont diffusé partout au Canada les émeutes qui ont accompagné le sommet du G8 et du G20. Les images que les Canadiens ont vues à la télévision et ailleurs resteront gravées dans leur mémoire. Il faut être très sensible à ce que pense la population dans son ensemble et à ce qu'elle attend des politiciens en réaction à ce qu'elle voit.
La vaste majorité des manifestants considèrent que, vu la situation, le gouvernement n'a pas été à la hauteur et ils voient d'un mauvais oeil ce qu'il veut nous proposer année après année. Dans ce cas, des chefs d'État étrangers sont venus au Canada. Nous devons faire tout notre possible pour nous assurer que tous les habitants du Canada ont le droit de s'exprimer, d'être présents et de manifester sur les sujets qui leur tiennent à coeur.
Les manifestants sont majoritairement de bons citoyens, respectueux des lois, qui sont désireux d'exprimer leur point de vue sur des questions importantes. Malheureusement, il arrive que la situation tourne mal. Une manifestation qui au départ se voulait pacifique peut souvent être perturbée par des fauteurs de troubles. Ces derniers essaient essentiellement de causer de l'agitation et de provoquer des réactions violentes.
Il est important que nous reconnaissions la légitimité des manifestations et le droit de chacun d'y participer.
Néanmoins, il existe d'autres genres de situations. Prenons l'exemple des festivités qui ont suivi la finale de la Coupe Stanley à Vancouver, et où des citoyens ont envahi les rues. Encore une fois, la vaste majorité est descendue dans la rue parce qu'elle éprouvait un intense sentiment de fierté pour sa ville. Ces gens étaient heureux que Vancouver ait participé aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley. Ils voulaient vivre cet événement et ces émotions au sein d'une foule.
Comme dans le cas des manifestations à Toronto, malheureusement, il arrive que des personnes se mêlent à la foule pour causer du tort à l'ensemble de la collectivité. Ce qui soulève la question de la sécurité. Je soupçonne que nous serions tous d'accord pour dire que nous devrions nous concentrer sur les fomentateurs. Il serait donc raisonnable de trouver des moyens d'améliorer les choses.
Le projet de loi d'initiative parlementaire à l'étude semble être le reflet de l'opinion personnelle du député sur la question. En lisant ses observations, j'ai compris qu'il a procédé à des consultations. Toutefois, j'estime — et c'est encore plus important — que ses observations montrent qu'il est prêt à soumettre le projet de loi au processus de l'étude en comité et à lui apporter des amendements. C'est fort encourageant, car nous devrons tout faire pour nous assurer de ne pas dire aux citoyens, aux résidents permanents et aux autres, d'une manière ou d'une autre, qu'ils n'ont pas le droit de se rassembler. Dans la vaste majorité des cas — plus de 99 p. 100 —, nous devrions encourager les gens à se réunir et à échanger des idées, afin de partager leur sentiment de fierté citoyenne.
Certains débats ne durent pas, mais lorsqu'ils s'enflamment, les Canadiens doivent avoir des moyens de s'exprimer. Nous en avons un très bon exemple dernièrement, car depuis environ une semaine, nous débattons des questions touchant les pensions. Je peux m'imaginer qu'un grand nombre de Canadiens seront très contrariés par le plan du gouvernement. Le gouvernement présentera un budget expliquant plus en détail ce qui arrivera à nos programmes de pension.
Je m'attends à une réaction à ce sujet, et j'encouragerai les gens à participer à des rassemblements légaux pour exprimer leurs préoccupations. C'est pourquoi il est essentiel, pendant le débat entourant ce projet de loi, que nous indiquions aux Canadiens, de façon très convaincante, claire et simple, que les parlementaires voient les grands rassemblements d'un bon oeil. Nous considérons qu'ils contribuent de façon importante à la démocratie, que ce soit pour protester contre un problème, ou même pour soutenir une cause. Je citerai brièvement en exemple les grands rassemblements en l'honneur de nos anciens combattants, pendant le jour du Souvenir, et ceux qui ont lieu lors d'une activité sportive. Il est important d'en parler.
Essentiellement, le projet de loi indique que certaines personnes se rassemblent en vue de commettre des actes illégaux, et que ces personnes portent des masques ou des déguisements pour qu'on ne puisse pas les identifier. Nous avons raison de nous en préoccuper. Le projet de loi a au moins le mérite de soulever ce problème.
Après le débat d'aujourd'hui, je crois que le gouvernement pourrait être davantage en mesure d'évaluer la question. Je sais qu'un député du caucus conservateur a suggéré une peine de dix ans, plutôt que de cinq ans. Dans sa forme actuelle, je crois que le projet de loi prévoit la possibilité d'imposer une peine de cinq ans.
Toutefois, je ne veux pas que le débat entourant les masques et les déguisements prive...
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Madame la Présidente, je suis heureuse de prendre la parole pour appuyer le projet de loi d'initiative parlementaire , qui a été présenté à la Chambre des communes le 3 octobre.
Au cours de mon intervention, je compte expliquer pourquoi le projet de loi , est en accord avec l'engagement du gouvernement de protéger les citoyens respectueux des lois et d'assurer la sécurité de nos collectivités.
Lorsque mon collègue de a présenté ce projet de loi, il a indiqué qu'il était motivé par deux raisons. La première consistait à créer deux nouvelles infractions pour décourager le port d'un masque pour dissimuler son identité lors d'un attroupement illégal ou d'une émeute. La deuxième est que ces infractions faciliteront l'arrestation des émeutiers au tout début de la perpétration de ces dernières.
Pourquoi est-ce que cela est important?
Premièrement, ce projet de loi rendra nos collectivités plus sures, ce qui, encore une fois, correspond à l'engagement du gouvernement, et protégera ceux qui se rassemblent légalement et qui ont des intentions pacifiques, de même que les entreprises et les propriétés qui sont situées là où ont lieu des manifestations ou autres activités.
La common law reconnaît depuis longtemps le caractère imprévisible et les dangers des émeutes. Le comportement criminel est aggravé par le port d'un masque dans le but délibéré de rendre plus difficile l'identification des personnes qui participent à des émeutes et à des attroupements illégaux.
Comme les députés le savent, il est très facile de prendre des photos à partir d'un BlackBerry ou d'un iPhone, ce qui explique qu'on voie, depuis un an, des émeutiers porter des masques. Ils le font délibérément, afin de cacher leur identité pendant des activités criminelles. Le projet de loi vise à contrer ce problème, à décourager les émeutiers de poser des gestes plus graves et à les tenir responsables de leurs actions.
La participation à un attroupement illégal et à une émeute sont déjà considérées comme des infractions en vertu du Code criminel. Le projet de loi propose que, si une personne commet ces infractions alors qu'elle porte un masque ou un déguisement afin de dissimuler son identité sans excuse légitime, ces comportements seront considérés comme des infractions supplémentaires. Il prévoit aussi de nouvelles peines pour tenir compte de la gravité accrue des nouvelles infractions.
Pour le moment, une personne qui participe à une émeute est passible d'un maximum de deux ans d'emprisonnement. Le projet de loi prévoit que, si un émeutier porte un masque ou un autre déguisement afin de dissimuler son identité sans excuse légitime, il sera coupable d'un acte criminel et passible de cinq ans d'emprisonnement.
De la même façon, la participation à un attroupement illégal est actuellement considérée comme une infraction punissable par voie de déclaration sommaire de culpabilité, qui est moins grave que l'infraction punissable par une mise en accusation, et peut entraîner une amende maximale de 5 000 $ ou une peine d'emprisonnement de six mois maximum. La sévérité de la peine augmentera dans les cas où un attroupement illégal aboutirait à une émeute.
Le projet de loi prévoit la création d'une nouvelle infraction: participer à un attroupement illégal en portant sans excuse légitime un masque ou un déguisement dans le but de dissimuler son identité. Il s'agirait d'une infraction mixte, pouvant entraîner une peine maximale de 5 000 $ d'amende et six mois d'emprisonnement, si la poursuite opte pour la procédure sommaire. Si la poursuite choisit la mise en accusation, la peine maximale sera de cinq ans d'emprisonnement.
Soulignons que le projet de loi comblerait une lacune dans la loi existante. Actuellement, une personne qui porte un masque ou un déguisement avec l'intention de commettre un acte criminel, y compris prendre part à une émeute, pourrait être arrêtée aux termes du paragraphe 351(2) du Code criminel et être passible d'une peine d'emprisonnement de dix ans.
Toutefois, le paragraphe 351(2) ne s'applique pas aux infractions punissables par voie de déclaration sommaire de culpabilité. Ainsi, le Code criminel ne fait pas expressément référence au cas des personnes qui participent à un attroupement illégal tout en portant un masque ou un déguisement dans le but de dissimuler leur identité sans excuse légitime.
Au fond, ce que cela veut dire, c'est que si une personne — qui participe à une émeute et qui sait qu'elle sera filmée au moyen d'un téléphone cellulaire — met un masque pour dissimuler son identité, nous aurions maintenant les moyens juridiques de lui demander des comptes. En effet, les dispositions de ce projet de loi sont beaucoup plus claires que ce que prévoit la common law.
Afin d'uniformiser les peines maximales imposées aux personnes qui dissimulent leur identité derrière un masque lors d'une émeute — et je crois que mon collègue d'en face en a parlé plus tôt —, le gouvernement appuiera un amendement visant à faire passer de 5 à 10 ans la peine maximale pour la nouvelle infraction prévue dans le projet de loi.
Je veux que les députés comprennent bien que le projet de loi ne ciblerait pas les personnes qui portent des masques ou des costumes dissimulant leur identité alors qu'ils participent à des manifestations légales, des marches, des rassemblements ou d'autres activités communément associées à l'exercice de la liberté de parole et d'expression dans le cadre d'un rassemblement légal. Je répète que les dispositions de ce projet de loi ne s'appliqueraient pas aux personnes qui manifestent pacifiquement ou participent à une activité respectueuse de la loi, mais à celles qui participent à une émeute et qui portent un masque pour dissimuler leur identité.
Le droit à la liberté d'expression et celui de la liberté de réunion pacifique sont expressément reconnus dans la Charte canadienne des droits et libertés. Je vais expliquer pourquoi ce projet de loi ne porte préjudice à aucune de ces libertés.
Premièrement, une personne ne peut être accusée d'avoir commis l'une des nouvelles infractions prévues par le projet de loi que si elle est en train de commettre une infraction en participant à un attroupement illégal ou à une émeute. Par conséquent, pour que les nouvelles dispositions prévues dans le projet de loi s'appliquent, il faut obligatoirement que la personne soit en train de commettre l'une des deux infractions précitées.
Deuxièmement, la personne qui porte un masque ou un autre déguisement alors qu'elle commet une infraction en participant à une émeute ou à un attroupement illégal doit le faire dans un but précis. C'est ce qu'on appelle l'« intention particulière ». C'est un niveau d'intention supérieur à l'« intention générale ».
Le procureur doit établir, hors de tout doute raisonnable, que la personne était masquée ou déguisée dans le but de dissimuler son identité pendant qu'elle perpétrait un crime. Il est sous-entendu que cette personne dissimule son identité à des fins criminelles. Plus précisément, elle dissimule son identité afin d'être difficilement reconnaissable, ce qui rend ainsi l'application légitime de la loi d'autant plus laborieuse. Comme je l'exposerai plus en détail dans un moment, il s'agit d'une notion importante, parce que la personne qui porte légitimement un masque — pour des raisons de sécurité par exemple — n'a pas l'intention précise de dissimuler son identité.
Les mots « sans excuse légitime » — que l'on trouve dans les dispositions du projet de qui créent les nouvelles infractions — confirment que la défense des excuses légitimes peut être invoquée à l'égard de ces nouvelles infractions. Donc, même si une personne porte un masque ou un déguisement pour dissimuler son identité pendant qu'elle commet l'infraction criminelle de participer à une émeute ou à un attroupement illégal, elle pourrait se défendre en affirmant qu'elle dissimulait légitimement son identité. Je m'explique.
Dans de rares cas, il peut arriver qu'une personne qui participe à une émeute porte un masque pour dissimuler son identité afin de ne pas être reconnue par une autre personne présente, qui menace sa sécurité personnelle. Je m'attends toutefois à ce que, dans la plupart des cas, les circonstances indiquent clairement que la personne porte un masque ou un autre déguisement afin de participer de façon anonyme à une émeute.
Comme dans le cas de toutes les infractions criminelles, la poursuite serait tenue de prouver l'élément d'intention de l'infraction hors de tout doute raisonnable. Cependant, la défense pourrait invoquer l'excuse légitime pour que ne s'appliquent pas les nouvelles infractions assorties de peines plus lourdes aux personnes qui portent des masques à des fins légitimes, et ce, même si elles participent à des attroupements illégaux ou à des émeutes.
Je tiens à souligner que, même si ces personnes n'étaient pas susceptibles d'être accusées d'avoir perpétré une des nouvelles infractions prévues dans le projet de loi, les dispositions en vigueur du Code criminel continueraient de s'appliquer et que, par conséquent, ces personnes continueraient d'être responsables de leur comportement criminel devant la population canadienne.
En terminant, je crois que ce projet de loi est important, car il comble une lacune dans les dispositions législatives actuelles et il dénonce clairement le port de masques ou d'autres déguisements dans le but de dissimuler son identité sans excuse légitime au cours d'un attroupement illégal ou d'une émeute. En qualifiant ce comportement d'antithèse des libertés d'expression et de réunion pacifique, le projet de loi fait ressortir les valeurs canadiennes que sont la liberté, la tolérance, le respect et la primauté du droit.
Certains prétendent que ce projet de loi nuirait aux personnes qui participent à des manifestations pacifiques. Je pense plutôt le contraire. Il agirait comme une mesure dissuasive à l'égard des individus qui, autrement, seraient tentés de transformer l'événement en émeute et qui dissimuleraient leur identité afin de ne pas avoir de comptes à rendre aux citoyens canadiens respectueux des lois.
Au bout du compte, je pense que les émeutes qui se sont produites dans deux villes canadiennes au cours de la dernière année ont choqué beaucoup de Canadiens. Ce projet de loi vise à répondre à ces situations. Le gouvernement souhaite faire comprendre très clairement aux Canadiens qu'il est résolu à assurer la sécurité de nos rues et de nos collectivités et à faire en sorte que les entreprises soient protégées, tout en permettant la tenue de manifestations pacifiques, qui s'inscrivent dans le cadre des droits et des libertés dont jouissent les Canadiens.
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Madame la Présidente, j'aimerais dire que je suis heureux de prendre la parole au sujet de ce projet de loi, mais en fait, je suis déçu de constater qu'une fois de plus, le gouvernement conservateur a présenté un projet de loi qui a pour seul objectif de jeter les gens en prison. C'est la troisième fois que nous sommes saisis d'un projet de loi de ce type, et je me demande bien pourquoi.
C'est peut-être par naïveté que je pense ainsi, parce que je suis un nouveau député, mais je suis d'avis que dans cette enceinte, notre travail consiste à trouver des solutions. Notre travail, c'est d'élaborer des projets de loi et des outils qui permettent de résoudre certains problèmes auxquels les Canadiens se heurtent. Au lieu d'avoir recours aux projets de loi d'initiative parlementaire et de profiter de ces occasions pour présenter des idées qui pourraient aider les Canadiens, le gouvernement présente pour la troisième fois un projet de loi qui vise à jeter les Canadiens en prison.
La députée vient tout juste de parler de la protection des biens, des rues et des villes, mais ces projets de lois sont axés sur des mesures qui permettent d'intervenir une fois que le mal est fait. Les entreprises ne sont pas protégées, car leurs locaux sont déjà endommagés. Les rues ne sont pas plus sûres, car les émeutes ont déjà eu lieu. Oui, il y a peut-être une façon de prendre les choses en main après coup, mais je me demande pourquoi on ne déploie pas plus d'efforts pour essayer de déterminer comment nous pourrions empêcher de tels actes et dissuader les gens de les commettre.
J'ai écouté très attentivement la députée lorsqu'elle a parlé de la distinction faite dans le Code criminel. L'article 351(2) du Code criminel stipule ceci:
Est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de dix ans quiconque, dans l’intention de commettre un acte criminel, a la figure couverte d’un masque ou enduite de couleur ou est autrement déguisé.
Même si la députée a souligné certaines subtilités en ce qui concerne le libellé actuel du Code criminel, je me demande quelle est la pertinence de ce projet de loi. Je me demande pourquoi ce dernier a été présenté. Je ne sais pas pourquoi le gouvernement ne présente pas plutôt des projets de loi qui permettraient vraiment d'aider les Canadiens. C'est peut-être une façon pour lui de trouver plus de personnes à emprisonner dans le cadre de son plan relatif aux prisons, qui totalise 19 milliards de dollars. Ça fait beaucoup de prisons et beaucoup de cellules à remplir.
Des voix: Oh, oh!
M. Tyrone Benskin: Il est malheureux que les députés ne puissent pas se comporter honorablement et permettre à une personne de s'exprimer sans faire de chahut. C'est pourtant ce que nous faisons quand ils prennent la parole. Cela montre bien leur vraie nature.
Les rassemblements légaux sont considérés comme sacrés dans la Charte des droits et libertés. Lorsqu'un rassemblement devient un attroupement illégal et que des personnes portent un masque, va-t-on les accuser, en vertu du projet de loi, d'y avoir pris part, même si elles ne commettent pas nécessairement un acte criminel? Comment établir l'intention? Comment prouver l'intention lorsque des personnes courent dans la rue pour essayer d'échapper à une émeute? Et si, par hasard, elles portent un masque pour se protéger du froid — et l'on sait que les hivers canadiens peuvent être rigoureux —, va-t-on les accuser parce que leur visage est couvert, alors qu'elles tentent simplement de fuir une situation dangereuse?
Il est déplorable que le gouvernement ressente le besoin de se donner bonne conscience en s'attaquant à une situation au moyen de mesures disproportionnées, mais j'imagine que c'est ce dont il a besoin. Les députés de ce côté-ci de la Chambre s'interrogent cependant sur la pertinence de même que sur l'objet d'une mesure législative comme le projet de loi .
La possibilité de prendre part à un rassemblement légal fait partie de nos droits en tant que Canadiens, et un projet de loi comme celui dont la Chambre est saisie porte atteinte à ces droits. À mon avis, cette mesure législative aurait pour effet de menacer la sécurité des gens et d'ébranler leur conviction de pouvoir exprimer leur point de vue publiquement en toute sécurité.
J'ai l'impression que les gens seront de moins en moins enclins à critiquer ouvertement le gouvernement et à dénoncer les actes répréhensibles. Le mouvement pour la défense des droits civiques a été fondé sur la désobéissance civile. Lorsque des lois sont injustes, les citoyens ont entre autres la possibilité de descendre dans la rue pour exprimer leur opinion. Or, je crains qu'un projet de loi comme celui-ci ait surtout pour effet de dissuader les gens de s'exprimer librement, plutôt que d'assurer la protection des biens et la sécurité des rues après les faits.
Pourquoi le gouvernement ressent-il la nécessité d'agir uniquement après coup? Pourquoi ces projets de loi ont-ils été présentés? Comme je l'ai dit précédemment, il y en a trois. Un premier projet de loi prévoit l'incarcération de quiconque dégrade un monument, plutôt que des mesures de sensibilisation ou de réadaptation. Un second prévoit l'incarcération de quiconque empêche un Canadien de déployer l'unifolié, plutôt qu'un programme pour rendre les Canadiens fiers de leur drapeau ainsi que des réalisations du Canada et des valeurs qu'il représente. Voici maintenant un projet de loi qui prévoit l'emprisonnement de quiconque porte un masque. Si un individu qui dégrade un monument porte un masque au moment de son méfait et qu'il dit à un citoyen de ne pas déployer l'unifolié, cela signifie-t-il qu'il écopera d'une peine de 15 années de prison? Les peines sont-elles concurrentes? S'ajoutent-elles les unes aux autres? On ne le sait pas.
Plus il présente des projets de loi de ce genre, plus le gouvernement est perçu de ce côté-ci de la Chambre et par la majorité des Canadiens comme un gouvernement vindicatif et punitif qui ne respecte pas les Canadiens, qui n'a pas confiance en eux et qui estime nécessaire de légiférer pour qu'ils obéissent et comprennent son point de vue. Voilà une bien mauvaise note à inscrire au dossier des gens qui sont censés veiller sur les Canadiens et répondre à leurs besoins, non après les faits, mais avant.
Ce projet de loi est tellement inutile que je n'ai pas vraiment beaucoup d'autre chose à ajouter. Je laisse les députés réfléchir aux questions suivantes: pourquoi le gouvernement doit-il intervenir après les faits? Pourquoi le gouvernement estime-t-il nécessaire d'adopter une approche punitive pour faire comprendre son point de vue? Pourquoi le gouvernement ne fait-il pas confiance aux Canadiens? Pourquoi le gouvernement ne croit-il pas que les Canadiens peuvent apprendre par renforcement positif plutôt que par des mesures punitives, vindicatives et terriblement mal avisées?
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Madame la Présidente, je suis fier d'intervenir en faveur du projet de loi , présenté par le député de Wild Rose.
Ayant été agent de police, j'ai une perspective quelque peu différente. Je vais parler d'un événement précis survenu le 28 juillet 1991, point tournant pour Penticton, en Colombie-Britannique. Il s'agit d'une émeute sur laquelle j'ai fait enquête. Mon discours sur le projet de loi sera donc coloré par ma connaissance des émeutes et des attroupements illégaux.
Le 28 juillet 1991, 41 minutes passé minuit, le maire de Penticton a fait une proclamation aux termes de l'article 67 du Code criminel, qui porte sur les émeutes et attroupements illégaux. La police a attendu 30 minutes avant de prendre des mesures, comme l'exige le Code criminel. À une heure du matin, la police a pris des mesures à l'égard de 5 000 à 10 000 personnes qui s'étaient réunies dans le centre-ville de Penticton, au coin de la rue Main et de la promenade Lakeshore. Mon collègue d' s'en souviendra également. Cette nuit-là n'a jamais eu d'égal.
Quand un agent de police intervient dans une émeute, son coeur bat la chamade et il s'efforce, tant bien que mal, à trouver un moyen d'étouffer la situation et de minimiser les dégâts. C'est pourquoi il essaye d'être le plus proactif possible.
Contrairement au député qui a pris la parole avant moi, j'estime que le projet de loi est proactif. Voici pourquoi.
En 1991, nous n'avions pas les moyens électroniques que nous avons à notre disposition aujourd'hui; nous avions des bandes vidéo et des caméras de télévision. Nous avions un seul but: identifier les gens. Aux termes des articles 67 et 68 du Code criminel, seule une personne ayant été identifiée peut être poursuivie en justice. En 1991, on a dû renoncer à poursuivre les personnes qui portaient un masque — il y en avait beaucoup — parce qu'on n'a pas pu les identifier. Par conséquent, la rue Main et quelques autres rues plus au sud à Penticton ont subi des dégâts importants causés par des gens dont les visages étaient cachés, et nous n'avons rien pu faire.
Les députés doivent comprendre que les policiers ont été soumis à beaucoup de contraintes ce soir-là. Nous n'étions pas nombreux. Il n'y avait que 38 policiers pour environ 5 000 personnes. Nous avons fait ce que nous avons pu. Nous voulions avant toute chose disperser la foule, mais nous aurions pu en faire beaucoup plus si cette loi avait existé. Nous aurions pu commencer à appréhender des gens immédiatement et empêcher d'autres crimes d'être commis, comme le saccage, les entrées avec effraction et les vols.
Le projet de loi présenté par le député de a un but préventif. Je m'explique.
Au cours d'une émeute, les gens se cachent le visage pour trois raisons. Premièrement, ils veulent empêcher la police de les identifier. Deuxièmement, porter un masque protège contre les gaz lacrymogènes employés par la police dans la plupart des cas. Troisièmement, les gens se sentent ainsi autorisés à commettre des actes qu'ils ne commettraient pas si la police pouvait les identifier. Je crois que c'est l'enjeu du projet de loi: empêcher les gens de croire qu'ils peuvent se permettre n'importe quoi pendant une émeute ou un attroupement illégal.
L'objectif du projet de loi est d'empêcher les gens de s'arroger le droit de faire n'importe quoi. Je ne crois pas qu'il s'agisse de jeter les gens en prison simplement parce qu'on en a envie.
À ce que je sache, conformément à l'article 68 du Code criminel, toute personne qui ne se disperse pas 30 minutes après la proclamation peut être arrêtée. Il revient au policier de décider si la personne doit être arrêtée.
Comme l'a dit le député qui a pris la parole avant moi, tant mieux si des gens s'enfuient lorsque la police se dirige vers eux, car c'est exactement le but visé. On souhaite qu'ils s'en aillent. Ce sont les individus qui provoquent la police qui doivent être appréhendés, et ce sont habituellement eux qui se cachent le visage.
L'ajout d'une nouvelle infraction dans de telles circonstances est tout à fait pertinent, puisque les individus qui se cachent le visage avec un déguisement ou un masque sont ceux qui alimentent l'émeute.
Il est très difficile pour les policiers d'intervenir lorsqu'ils n'en ont pas le pouvoir.
Le projet de loi , présenté par le député de , est une mesure législative exceptionnelle, qui faciliterait énormément le travail des policiers. Cette mesure ne s'appliquerait pas aux rassemblements pacifiques. Elle ne servirait pas non plus à dissuader les gens de s'exprimer pendant un rassemblement pacifique. Mais si le rassemblement tournait à l'émeute et qu'il fallait intervenir, les règles du jeu changeraient et le rassemblement n'aurait alors plus rien de pacifique.
Le projet de loi permettrait aux policiers d'arrêter les personnes qui dissimulent leur identité. Ils pourraient ainsi agir avant que des crimes soient commis. Cette mesure législative dissuaderait les émeutiers de se croire tout permis et de se jouer des policiers. Elle pourrait raccourcir la durée des émeutes de quelques heures. En fait, le projet de loi veut encourager les gens à manifester de façon pacifique plutôt que séditieuse.
Comme j'ai déjà eu à juguler une émeute en tant que policier, je sais combien c'est difficile. Ces situations sont dangereuses pour tous les gens concernés, puisque tout le monde est très excité et veut agir.
Ce soir-là, à Penticton, les émeutiers ont causé pour plus d'un demi-million de dollars de dommages en moins de deux heures. Je ne sais plus à combien s'élevaient les dommages pendant le sommet du G20, mais je sais que nous aurions pu en éviter au moins une partie si ce projet de loi avait eu force de loi à ce moment-là.
Aux termes de la mesure législative, les policiers seraient autorisés à arrêter immédiatement un émeutier qui porte un masque et à obtenir son identité. C'est le seul objectif de ce projet de loi.
Je suis heureux que le député de ait proposé ce projet de loi. Cette mesure législative serait un outil très utile à la disposition des policiers, qui pourraient y avoir recours quand ils en ont besoin, sans en abuser. Je crois que ce projet de loi dissuaderait des gens de participer à un attroupement illégal ou à une émeute.
Je n'ai rien à ajouter. Je voulais simplement vous parler de mon expérience et vous dire qu'à mon avis, ce projet de loi serait très utile aux forces policières.
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Madame la Présidente, nous avons eu un débat constructif au sujet de mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , qui vise à interdire aux participants à une émeute ou à un attroupement illégal de dissimuler leur identité.
Le projet de loi renforcerait la sécurité publique. Les risques de blessures sont très élevés pour quiconque se trouve à proximité d'un attroupement illégal ou d'une émeute ou y participe.
Ces risques s'aggravent lorsque les fauteurs de trouble portent un masque et dissimulent leur identité puisque, selon les policiers, s'ils le font, c'est essentiellement pour commettre un crime ou faire de l'intimidation. Dans les situations chaotiques de ce genre, porter un déguisement enhardit les contrevenants en leur conférant l'anonymat nécessaire pour commettre des crimes sans en craindre les conséquences. Ils savent que s'il est impossible de les identifier, les risques sont minces qu'ils soient traduits devant les tribunaux.
Je pense qu'aucun député ici présent croît qu'il n'est pas dans l'intérêt public de mettre un frein aux émeutes aussi vite que possible. Voilà pourquoi le projet de loi vise à priver les criminels de leur anonymat si précieux en érigeant en infraction le port illicite d'un masque. Pouvoir appréhender toute personne qui se dissimule le visage afin de causer du grabuge serait pour les policiers un nouvel outil pour empêcher celle-ci de préparer ou de commettre des actes criminels.
Maintenant que nous nous apprêtons à clore le débat à l'étape de la deuxième lecture, j'encourage tous les députés à appuyer le projet de loi. Aux indécis, j'aimerais présenter la question du point de vue des nombreux agents de police, propriétaires d'entreprise et particuliers qui accordent leur soutien au projet de loi. Les chefs de police de Calgary, de Toronto, de Vancouver et de Victoria sont tous en faveur des objectifs qu'il vise à atteindre.
Récemment, les policiers de Toronto m'ont fait visiter les rues les plus touchées par une émeute survenue dans le secteur. Cela m'a vraiment ouvert les yeux de voir concrètement le trajet emprunté par les émeutiers et d'entendre les policiers expliquer les mesures qu'ils avaient prises pour essayer de maîtriser cette situation explosive.
Un groupe d'individus masqués qui, selon les policiers, avaient l'intention de faire du grabuge, ont causé des dommages considérables aux entreprises du coin et incendié quatre voitures de police sur leur route. Les policiers évaluent les dommages subis par les entreprises à 2,5 millions de dollars, au bas mot.
J'ose espérer que la députée néo-démocrate de et le député libéral de , qui représentent le secteur de Toronto le plus durement touché par l'émeute, prêtent une oreille très attentive à mes propos. J'espère que leur vote concernant le projet de loi témoignera de leur détermination à éviter que les électeurs et les propriétaires d'entreprise de leur circonscription soient de nouveau victimes d'un tel saccage.
Lors des émeutes, les propriétaires et les exploitants d'entreprises constituent des cibles faciles. Les vitrines de magasins semblent subir le plus de dommages. La taille des entreprises n'est pas importante. Ce sont toutes des entreprises qui ont investi dans nos économies locales. Elles emploient nos citoyens. Elles paient des impôts à tous les ordres de gouvernement. Elles améliorent notre qualité de vie en fournissant des services aux consommateurs. Elles ne méritent pas de se faire attaquer par des voyous masqués et violents.
La mise en place de mesures visant à empêcher l'intensification des émeutes est la meilleure façon d'éviter des conséquences désastreuses. Les propriétaires d'entreprises qui ont subi des pertes à cause des émeutes le savent certainement.
La Downtown Vancouver Business Improvement Association est composée des entreprises qui ont été le plus durement touchées par l'émeute dans cette ville. Ses membres ont appuyé à l'unanimité cette mesure législative. J'aimerais lire la lettre d'appui de l'association. J'espère certainement que la députée libérale de , qui est censée représenter les intérêts de ces propriétaires d'entreprises, prêtera une oreille attentive et tiendra compte des préoccupations de ses électeurs quand elle votera sur ce projet de loi. Voici ce qu'a dit la DVBIA:
Le 15 juin 2011 est une journée sombre dans l'histoire de notre ville, qui a traumatisé des milliers d'habitants, d'employés et d'entrepreneurs qui travaillent fort.
Les dommages matériels subis ce soir-là et le pillage qui s'est produit ont entraîné des millions de dollars de pertes. L'image parfaite de Vancouver a été ternie par les actes de personnes dangereuses et irresponsables qui n'ont aucun respect pour les lois du pays.
Nos membres sont en faveur de toutes les mesures visant à renforcer davantage les lois ayant pour objectif de réduire le nombre de rassemblements publics illégaux.
En terminant, je veux citer Brian Rogers, un habitant de Baie-d'Urfé, au Québec. C'est l'un des électeurs du député libéral de . Voici ce que M. Rogers écrit:
Je vous félicite d'avoir présenté votre projet de loi, qui rendrait illégal le port d'un masque lors d'une émeute ou d'une insurrection civile. L'intention morale du projet de loi est complètement conforme à la tradition de common law au Canada.
J'exhorte tous les députés à se joindre à moi pour accroître la sécurité publique en enlevant aux criminels la capacité de se cacher au vu et au su de tous durant une émeute.